Skip to main content

Full text of "Dictionnaire raisonné universel d'histoire naturelle : contenant l'histoire des animaux, des végétaux et des minéraux, et celle des corps célestes, des météores, et des autres principaux phénomenes de la nature : avec l'histoire des trois regnes ... et une table concordante des noms latins ...(Vol. 2)"

See other formats


-y 


<   M 


iP 


"**:tfe' 


if-*^'}. 


'^... 


»j*-^^ 


%* 


^. 


N 


\ 


LIBRARY     OF 


ie85_l056 


L^      '• 


,  DICTIONNAIRE 

RAISONNE      UNIVERSEL 

D'HISTOIRE     NATURELLE. 


riS^'- 


TOME      SECOND. 

BA  =  CAO 


DICTIONNAIRE 

RAISONNÉ       UNIVERSEL 

P' HISTOIRE    NATURELLE, 

CONTENANT 

L'HISTOIRE  DES  ANIMAUX,  DES  VÉGÉTAUX 
ET  DES  Minéraux  ,  et  celle  des  Corps  célestes  , 
des  Météores ,  et  des  autres  principaux  Phénomènes 
de  la  Nature  j 

AVEC 

L'HISTOIRE  DES  TROIS  REGNES,  et  le  détail  des 
usages  de  leurs  productions  dans  la  Médecine  ,  dans  rEconotnie 
domestique  et  champêtre ,  et  dans  les   Arts  et  Métiers  ; 

Et  une  Tabie  concordante  des  Noms  Latins  ,  etc,   et  le   renvoi 
aux  objets  mentionnés  dans  cet  Ouvrage. 

Par   M.    Valmont-Bomare,' 

Voyageur  et  Démonstrateur  d'Histoire  Naturelle  avoué  du  Gouvernement  ; 
ancien  Censeur  Royal  ;  Directeur  des  Cabinets  d'Histoire  Naturelle  , 
Ae  Physique  ,  etc.  de  S.  A.  S.  Monseigneur  le  PRINCE  DE  CONDÉ  ; 
Honoraire  de  la  Société  Economique  de  Berne  ;  Membre  des  Académies 
Royales  des  Sciences  de  Naples  ,  de  Médecine  de  Madrid  ,  Impériale  des 
Curieux  de  la  Nature ,  Impériale  et  Royale  des  Sciences  de  Bruxelles  ; 
Associé  Regnicole  des  Académies  des  Sciences  ,  Belles-Lettres  et  beaux 
Arts  de  Rouen  et  de  Dijon  ;  des  Sociétés  Royale  des  Sciences  de  Mont- 
pellier ,  Littéraires  de  Caen  ,  d'Orléans  ,  de  la  Rochelle ,  etc.  >  d'Agri* 
culture  de  Paris  ;  Membre  du  Collège  de  Pharmacie. 

Quatrième  Edition  ,    revue   et  considérablejnent    du^mentéé 
ftar  l'Auteur. 

TOME      SECOND. 


A      LYON, 

Ghez    BRU  Y  SET    Frères; 

M.    DCC.    XCL 


ï  BAC  B   A   D 

BACHE.  Nom  donné  au  fniit  4u  latankr,   Voyes 

ce   TIIOC. 

BACILE.   T^oyci  Passepîerre. 

BACKELEYS.  Foyei  Bakeleys. 

BACKER  ,  eft  le  nom  d'une  hirondelle  de  mer  , 
très-connue  aujourd'hui  en  Eiland  ou  Œlande ,  partie 
de  l'Ide  de  Gothland  en  Suéde  ,  &:  dans  Pîfle  de  Su- 
dercop  ,  près  de  Pelvorm.  Lorfque  quelqu'un  va  dans 
l'endroit  où  l'un  de  ces  oiièaux  a  fon  nid  ,  il  vole 
autour  de  fa  tête  ,  &  femble  vouloir  le  fuivre  <Sc  l'at- 
taquer à  coups  de  bec.  Son  cri  efl  fort  aigu  ,  &;  il 
répète  fans  interruption  ce  monofyîlabe  tir- tir r.  Voyez 
Hirondelle  de  mer. 

BACOPE  aquâLique  ,  Baccpa  aquatîca ,  Aubîet, 
Plante  de  la  famille  des  LyfmachUs  ,  &:  qui  croît  fur 
le  bord  des  ruiiieaiLx  dans  l'Ifle  de  Cayenne.  Les 
Habitans  l'appellent  hcrhe  aux  brûlures.  ^  &C  prétendent 
que  fon  application  f.ir  la  plaie  les  guérit  en  peu 
de  temps.  Ses  tiges  font  herbacées  ,  fucculentes  , 
cylindriques  ,  branchues  ,  noueiifes  &  rampantes  ; 
elles  pouiTent  de  leurs  nœuds  des  racines  capillaires, 
blanches  &  l'ameufcs  y  les  feuilles  font  oppcfces  , 
felîiles  ,  amp^exicaules  ,  linéaires  ^  lancéolées  ,  con- 
caves ,  pointues  ,  vertes  ,  glabres  ck  d'une  confif- 
-tance  un  peu  charnue  ;  les  fleurs  font  bleues  ,  pédun- 
culées  ,  folitaires  ,  &  naiflènt  alternativem.ent  dans 
les  aiffelîes  des  feuilles  ;  le  fruit  ell  une  capfule 
membraneuf^  ,  uniloculaire  ^  &c  remplie  de  femences- 
très-mcnues. 

BACOVE  ou  Paccbe.  Foyci  à  rartlcU  Bananier. 

BADAivîiEP».  9  Taniïiialia,  Nom  donné  à  un  genre 
de  plantes  à  fleurs  incomplètes  ,  de  la  famille  des 
Chtilefs  ,  (  Elœugnus  )  &:  qui  comprend  des  arbres  ou 
det;  arbiiifeaux  exotiques  ,  dont  les  feuilles  viennent 
pluficurs  enfemble  aux  nœuds  des  branches ,  difpofées 
en  rofettes  ou  en  manière  de  verticilles  ;  les  fleurs 
naiue,nt  en  grappes  fur.ples  ,  fituées  entre  les  feuilles  i 


B    A   D  î 

ïes  frmts  font  des  noix  cymbiformes.  Les  efpeces  de 
ce  genre  font  : 

I  ,^  BaDAMîER  de  Malabar  ,  Adamaram ,  Rheed. 
Amygdalus  Indica ,  Nieuh.  Raj.  Cet  arbre  ,  qiii  eft 
très~beau  9  très-grand  ,  d'une  forme  pyramidale  ^  com- 
parable à  celle  du  fapin  ,  croît  naturellement  dans  les 
endroits  fablonneux  des  forêts  du  Malabar.  Son  bois 
€ft  blanc  5  très-dur  ;  fort  écorce  efl  liffe  ^  grisâtre  en 
dehors  ,  rouge  en  dedans  ;  les  feuilles  font  ovoïdes , 
élargies  vers  leur  fommet  ,  avec  une  pointe  courte  ^ 
légèrement  crénelées  en  leurs  bords ,  vertes  &  lilTes 
en  deÛus  ,  velues  &:  d'un  veit  jaunâtre  en  deifous  , 
&  foutenues  par  des  péduncules  courts ,  velus  &  rou- 
geâtres  ;  elles  font  difpofées  fix  ou  fept  enfemble  ,  à 
chaque  nœud  des  rameaux  qu'elles  entourent  ;  leur 
longueur  efl  de  fix  à  neuf  pouces  ,  &:  leur  largeur  de. 
quatre  ou  cinq.  Les  fleurs  font  petites ,  inodores ,  d'un 
vert  blanchâtre  ;  les  fruits  ont  une  coque  elliptique 
&  rouilatre ,  qui  renferme  un  noyau  oblong,  très-dur^ 
lequel  contient  une  amande  blanche  dont  le  goût  ap- 
proche de  celui  de  l'aveline.  Dans  les  meilleures  tables 
de  l'înde  on  mange  ces  amandes  crues.  On  en  tire  par 
expreliion  une  huile  douce  &  qui  ne  fe  rancit  jamais.. 
Le  fuc  de  fès  feuilles  ,  mêlé  avec  de  l'eau  de  riz  ,  fert 
aux  Lidiens  pour  modérer  la  colique  ,  l'ardeur  de  la 
bile  ,  &  les  maux  de  tête  qui  ont  pour  caufe  de  mau- 


vaiies  dip-eïlions. 


2.^  Badamier  des  Mokiques  ,  Cauappd  ^Kum^h^ 
Ses  feuilles  font  glabres  des  deux  côtés  ,  nullement 
crénelées  en  leurs  bords  ;  elles  font  plus  grandes ,  plus 
larges  que  dans  l'efpece  précédente  ;  mais  le  tronc  ^ 
qui  ell  droit  &  épais ,  efl  moins  élevé  ,  auffi  fa  cime 
efl-elle  plus  belle ,  plus  étalée ,  &:  fournit  plus  d'om" 
brage.  Cette  efpece  ou  variété  ^  obfervée  par  M.  Sc7i- 
nerat ,  croît  aux  Moluques  ,  à  Java ,  &  dans  les  autres 
liles  qui  en  font  voifmes.  Les  amandes  de  fes  fruits 
fe  mangent  auiîî  tomates  crues,   A  Batavia  on  fait  des 

A  % 


4  ,     .      B    A    D 

plantations  régulières  de  cet  arbre  ,'  dans  les  jardins  &C 
les  grandes  places  publiques  ,  pour  jouir  de  fon 
ombrage. 

3  .^  B ADAMiER  de  Bourbon ,  ou  le  Faux-Benjoin  , 
Terminal ia  Mauritiana  ;  Arifiotdïa ,  Commerf.  ;  Pamea 
Guïanmfis  ,  Aubl.  Suivant  M.  de  Commerf  on  ,  c'efl  le 
plus  grand  &  le  plus  gros  arbre  des  Ifles  de  France 
&:  de  Bourbon.  Ses  feuilles  ,  qui  fe  rétrécirent  un  peu 
vers  leur  pétiole  ,  font  bien  moins  larges  à  proportion 
de  leur  longueur.  Cet  arbre  >  croît  par- tout  dans  les 
bois  des  lieux  cités  ci-defuis.  On  préfère  le  bois  de 
cet  arbre  pour  les  pirogues.  11  eil  vraifemblablement 
très-ré  fnieux  ,  car  M.  de  Commerf  on  lui  avoit  d'abord 
donné  le  nom  de  refinaria  ,  comme  on  le  voit  dans 
fon  herbier. 

4.^  B  ADAMIER  au  BENJOIN  ,  Croton  ben:{o'è  ^  Linn. 
Mant.  297.  Cet  arbrifîeau ,  que  l'on  cultive  aûuelle- 
ment  au  Jardin  du  Roi ,  croît  dans  les  Indes  Orientales4| 
Ses  rameaux  répandent  un  fuc  laiteux  quand  on  les 
coupe ,  &  l'on  préfume  aujourd'hui ,  dit  M.  de  la  Marck , 
que  c'eft  lui  qui  produit  l'efpece  de  réfine ,  connue 
fous  le  nom  de  benjoin  ,  &  non  un  laurier  ,  comme 
l'avoit  penfé  Linnœus  d'après  Commelin.  Les  nervures 
des  feuilles  de  ce  hadamier  font  rouges. 

5.**  Badamier  au  vernis  ,  Arbor  vernicis.  C'efl 
Varbre  au  vernis.   Voyez  ce  mot. 

BADA.  C'efl  VAbada.  Voyez  ce  mot. 

BADÉ  ,  Pleuroneclcs  mancus ,  BroufTonet.  C'efl 
Varamaca  de  Marcgr.  ;  dans  l'Ifle  d'Anamoka  ,  badc  ; 
&  pathi-maure  ,  dans  l'Ifle  d'Ulietea.  Ce  poifTon  efl 
du  genre  du  PUuronectc  ;  il  fe  trouve  dans  la  mer  Paci- 
fique. Son  corps  efl  comprimé  ;  les  écailles  font  en 
recouvrement  ;  il  s'en  trouve  aufîî  fur  les  deux  côtés 
de  la  tête  ;  la  ligne  latérale  eft  arquée  ;  la  partie  pof- 
térieure  de  la  tête  efl  comprimée  &  aufïï  large  que  le 
corps  ;  il  y  a  un  enfoncement  entre  les  yeux  ;  l'ou- 
verture de  la  gueule  efl  ample  ;  le  menton  ofFre  un' 


B   A   D  B  A    G  ^ 

tubercule  obtus  &  ofîeux;  il  y  a  dans  chaque  mâchoire 
deux  doubles  rangs  de  dents  ,  p^-^ites  ,  fixes  ,  déliées 
&:  pointues  ;  la  rangée  extérieure  efl  plus  courte  ëc 
plus  épaiiTe.  Les  yeux  font  fur  le  côté  gauche  de  la 
tète  ;  ils  font  ovales  ,  très-écartés  Pun  de  l'autre  ; 
l'iris  eu  argentée  ,  la  prunelle  eblongiie  eu  noire.  La 
nageoire  dorfale  commence  au  deffus  du  mufeau ,  & 
fe  termine  près  de  la  nageoire  de  la  queue  ;  fes  rayons 
font  fourchus  à  leur  fommet  ;  la  nageoire  pectorale 
gauche  eR  échancrée  ;  l'autre  eu  ovale ,  &  leurs  rayons 
ibnt  fimples  ,  ainfi  que  ceux  des  abdominales  ;  la 
nageoire  de  l'anus  eft  longue  &  écailleufe  ;  celle  de 
la  queue  efl  d'une  figure  ovale ,  plus  large  que  longue. 
La  furface  gauche  de  ce  poiffon  efi:  cendrée ,  avec  des 
points  noirs  &  des  taches  d'un  blanc  verdâtre  de  dif- 
férentes grandeurs  ;  la  furface  droite  eil  d'un  blanc 
verdâtre  ,  moucheté  de  brun. 

BADGER.  Nom  donné  par  quelques-uns  au  blaireau. 
Voyez  ce  mot, 

BADIAN  ou  Badîane  ,  Illiclum\  Linn.  Genre  de 
plante  à  fleurs  polypétalées  ,  de  la  famille  des  Anonts , 
&  qui  comprend  des  arbres  ou  des  arbriffeaux  exoti- 
ques.   Voyc:^  l'article  Anis  ÉtOîLÉ  DE  LA  ChiNE. 

BAGAGE.  Nom  donné  aux  cannes  à  fucre  qui  ont 
paffé  au  moulin ,  &:  dont  on  fe  fert  pour  brûler  après 
les  avoir  féchées  au  foleil  :  on  nourrit  les  beûiaux 
avec  celles  qui  ont  été  trop  brifées  fous  le  cylindre. 
Foyei  Canne  a  sucre. 

BAGADAL  Nom  donné  à  une  variété  ou  race  dans 
l'efpece  du  pigeon  de  volière.  Voyez  ce  mot. 

BAGASSiER  ,  Bagajfa  arbor  qud  Indi  ad  extriiendos 
lintres  utuntur ,  Barr.  Fr.  Equin.  p.  20.  C'efl  un  très- 
grand  arbre  de  la  Guiane  ;  fon  tronc  ell:  droit  & 
s'élève  à  quatre-vingts  pieds  de  hauteur  ,  fur  quatre  à 
cinq  de  diamètre.  Son  bois  efl  blanc  &  recouvert 
d'une  écorce  lifle  &  cendrée  ;  fes  rameaux  font  nom- 
breux ,  s'étendent  au  loin  de  tous  les  côtés  ,  &  lui 

A3 


«  B    A    G 

forment  une  cîme  vaiie  &  touffue  ;  ils  font  garnis  de 
feuilles  oppoiees  ,  pc*lolées  ,  amples  ,  à  demi  divifées 
en  trois  lobes  pointus  ,  âpres  au  toucher  ,  vertes  6c 
munies  chacune  à  leur  bafe  de  deux  ftipules  lancéolées 
&  caduques.  Les  fruits  ont  la  forme  &  la  groffeur 
d'une  orange  moyenne  ;  ce  font  des  baies  jaunâtres  , 
recouvertes  d'une  peau  grenue  ;  leur  chair  intérieure 
eu  ferme  ,  &  l'extérieure  ,  qui  eil  molle  6z  luccu-i 
lente  ,  enveloppe  un  grand  nombre  de  femences ,  qui 
ont  la  forme  de  pépins  bruns  &  vifqueux.  Ces  fruits 
font  d'un  tres-bon  goût  ;  les  Créoles  6c  les  Naturels 
du  pays  les  mangent  avec  plaifir. 

Le  bagajjur  fe  trouve  dans  les  forêts  de  la  Guiane, 
JLorlqu'on  l'entame  il  rend  un  fuc  laiteux.  Son  tronc 
eft  employé  pour  conftruire  de  grandes  pirogues  ,  &: 
l'on  en  peut  tirer  des  courbes ,  &c.  pour  la  conflruc- 
tion  des  navires. 

On  fait  dans  le  pays  une  différence  entre  les  arbres, 
qui  croiffenî  fur  les  mornes  eu  petites  montagnes  ,  & 
dans  les  marécages.  On  prétend  que  le  bois  du  hagaf- 
Jier  des  mornes  ,  quoique  coriace  6c  plus  difficile  à 
fe  fendre  ,  eft  plus  léger  ,  6c  qu'il  flotte  ;  celui  des 
marécages  efl  plus  pefant  ;  de  forte  que  la  pirogue  qui 
en  efl  conflruite  coule  à  fond  lorfqu'elle  fe  remplit 
d'eau  ,  tandis  que  les  autres  reviennent  fur  Teau  dans 
la  miême  circon (lance.  La  partie  d'Oyajx)ck  elî  la  plus 
abondante  en  bayajjîers.  Les  Habitans  de  ce  Canton 
font  un  commerce  de  ce  bois  ,  avec  les  Habitans  de 
Cayenne. 

BAGLAFECHT.  Oifeau  d'AbyiTmie  ,  qui  n'eit 
qu'une  variété  du  toucnam-courvi  :  il  n'en  diffcre  que 
par  quelques  nuances  &  diflributions  de  couleurs  ;  il 
fe  rapproche  encore  du  loucnarn-courvl  par  la  manière 
dont  il  fuipend  fon  nid  ,  prefque  toujours  au-dcifus. 
d'une  eau  dormante  ,  à  l'extrémité  d'une  petite, 
branche  ,  6c  l'ouverture  tournée  du  coté  de  l'Eft  ; 
5nais  il  lui  donne  une  forme  différente  de  celui  du 


B     A    G  7 

foucnam ,  &  11  le  roule  en  fpirale  ^  à-peu-près  eomme 
lin  nautile. 

BAGNAUDIER  ,  Coluua.  Genre  de  plante  à  fleurs 
polyp étalées ,  de  la  famille  des  Léguminmfts  ,  qui  a 
beaucoup  de  rapports  avec  celle  des  Jjiragaks ,  &  qui 
comprend  des  arbriffeaux,  des  fous-arbriiîeaux  &  des 
herbes  dont  les  fleurs  font  papilionacécs  ;  les  fi'uits 
véficuleux  &  fans  cloifon  ,  parfaitement  uniloculaires  , 
-avec  des  femences  réniformes  ,  attachées  aux  deux 
bords  des  futures  fupérieures  ;  les  feuilles  ailées  avec 
impaire. 

Bagnaudïer  commun  ou  Faux  Séné  ,  Colutea^ 
Dod,  Pempt.  784;  Cohitca  veJîcdria^C.  B.  Pin.  396; 
Colutea  arborefcms  ^  Linn.  1045.  ArbriiTeau  rameux  , 
haut  de  huit  à  dix  pieds ,  &  dont  les  fleurs  font  eri 
grappes  ,  jaunes  &  légumineufes  ;  on  obferve  une 
ligne  rougeâtre  ,  courbée ,  à  la  bafe  de  leur  étendard. 
Les  feuilles  font  alternes  ,  ailées  ,  compofées  de  neuf 
à  onze  folioles  ,  d'un  vert  glauque ,  fur-tout  en  delTous , 
ovales  ,  un  peu  échancrées  par  le  l^out  :  à  la  fleur 
fuccede  une  gouffe  très-renflée  ,  en  forme  de  vefîie 
alTez  groffe  &  prefque  vide  ,  dans  laquelle  on  trouve 
plufieiu'S  femences  figurées  comme  un  rein.  Cet  ar- 
briiTeau  ,  qui  croît  naturellement  en  Italie  ,  &  dans 
les  Provinces  Méridionales  de  la  France  ,  fleurit  fou- 
vent  deux  fois  par  an  ,  en  Mai  &  en  Septembre  ;  il 
efl  très-propre  à  décorer  les  bofquets  du  printemps  & 
d'automne.  Il  convient  fort  dans  les  remifes  ^  car  il 
fe  multiplie  très-facilement.  Son  écorce  efl  d'un  gris- 
brun.  Les  feuilles  &  goufles  de  cet  arbriiïeau  font 
au  bagnciîidier ,  ce  que  les  feuilles  du  féné  &  les  fol- 
licules font  à  l'égard  de  la  plante  àxxféné:  elles  font 
également  purgatives  ;  mais  il  en  faudroit  une  plus 
grande  dofe  que  de  celles  du  féné  :  on  ne  s'en  fert 
guère  en  Médecine.  Le  fruit  du  bagnaudkr ,  qui  mûrit 
fur  la  fin  d'Août ,  ferî  en  quelques  pays  à  engrailTer 
ks  brebis  ôc  à  leur  faire  avoir  beaucoup  de  lait  :  il  eflt 

A  4 


8  B    A    G 

bon  auffi  pour  les  volailles.  Les  abeilles  en  aiment  la 
ileiir.  On  dillingue  une  variété  à  gouffes  purpurines. 

On  connoît  encore  trois  autres  efpeces  aufîi  à  tige 
îigneufe  ;  la  première  fe  nomme  bagnaudur  d'Ethiopie  , 
Colutza  jEtkyopica  ,  Jlore  purpuno  ,  Tourn.  C'eft  urî 
tres-joli  arbufte  ,  mais  bien  plus  petit  que  le  nôtre  ;  Tes 
feuilles  font  oblongues  &  fes  fleurs  purpurines  ,  de 
couleur  de  feu  ou  d'im  rouge  affez  vif;  il  mérite 
d'être  placé  aufîi  dans  les  bofquets  du  printemps  & 
même  dans  ceux  d'été  :  on  l'élevé  de  femences  fur 
couche  &  fous  des  cloches  pour  en  orner  les  jardins. 

La  deuxième  eil  le  hagnaudler  du  Levant ,  Coliiua, 
Orient alis  ,  flore  fanguinei  coloris  ,  lutcd  macula  notato  , 
Tourn.  Cor.  44.  Ses  fleurs  font  d'un  rouge  de  fang , 
avec  une  double  tache  jaune  à  la  bafe  de  leur  étendard. 

La  troifieme  efl:  le  bagnaudier  d^Alep  ,  Colatca  foliis 
cvatis  intcgerrimis  ,  caule  fruticcfo  ,  Mill.  Il  commence 
à  fleurir  dans  les  premiers  jours  de  Mai ,  &  continue 
ainii  fans  interruption  jufqu'à  la  mi-0£lobre.  On  cul- 
tive ces  trois  efpeces  au  Jardin  du  Roi. 

Les  bdgnauditrs  à  tige  herbacée  font ,  i  .*^  le  bagnau- 
dier annuel  d'Afrique  ,  Colutea  A f ricana  ,  vcjiculis  corn- 
prcjjis  ,  floribus  atro-ruhuitibus  ,  Volk.  Les  fleurs  f^nt 
d'un  violet-brun. 

2.°  Le  bagnaudier  des  Alpes  ,  Phaca  Alpin  a  ,  Linn. 
Les  fleurs  font  jaunâtres  ,  avec  quelques  poils  noirâ- 
tres &:  courts  fur  leur  calice.  Cette  plante  croit  fur 
les  montagnes  du  Dauphiné ,  de  la  Suiile  ,  de  la  La- 
ponie  &  de  la  Sibérie. 

3.^  Le  bagnaudier  Auflral ^  Phaca  Auflralis  ^  Linn. 
C'eft  l'efpece  la  plus  petite  de  ce  genre  ;  elle  croît 
dans  les  montagnes  de  la  Provence  ,  de  l'Italie  &  de 
la  SuifTe.  Ses  fleurs  font  d\m  blanc-jaunatrc  avec  une 
teinte  de  violet  à  l'extrémité  de  leur  carène. 

BAGRE  ,  Silurus  Bagre  ,  Linn.  Poiffon  du  genre  du 
Silure.  Il  fe  trouve  dans  le  Bréfil ,  &  dans  les  autres 
grands  fleuves  de  l'Amérique  Méridionale  ;  on  le  fert 


B    A    G  9 

fur  les  tables.  Selon  Gronovïus  ,  ce  poiffon  n'a  point 
d'écaillés  ;  fa  peau  eft  liffe  &:  d'une  couleur  à  reflet 
d'or  &  d'argent  ,  mais  d'un  bleu  fombre  fur  le  dos. 
Le  ha^rc  a  la  tête  courte  ;  la  mâchoire  fupérieure  eft 
plus  longue  que  l'inférieure  ;  les  dents  très-fines  ,  & 
difpofées  comme  par  groupes  fur  autant  de  petits  ef- 
faces. La  gueule  très-ample  ;  les  yeux  fitués  près  les 
angles  de  cette  dernière  partie  ;  quatre  barbillons  ,  dont 
deux  font  comprimés  &  fitués  avant  les  yeux ,  &  ont 
trois  fois  la  longueur  de  la  tête  ;  ils  font  fortifiés  à  leur 
bafe  par  un  oflelet  articulé.  Les  deux  autres  barbillofts 
font  courts  ,  déliés  ,  &  pendent  fous  le  menton.  La 
ligne  latérale  efl  droite  ,  &  a  des  ramifications  courtes  & 
oppofées  ,  deux  à  deux  ,  qui  fortent  en  plus  grand 
nombre  près  de  la  queue  ;  la  première  nageoire  dorfale 
eil  petite ,  triangulaire ,  &  garnie  de  huit  rayons  ,  dont 
le  premier  ,  qui  a  une  longueur  égale  à  celle  de  tout 
le  tronc  ,  eft  triangulaire  à  fa  bafe  ,  terminé  en  forme 
d'aiguille  ,  &  hérifle  de  petites  épines  fur  la  furface 
antérieure  ;  la  féconde  nageoire  du  dos  efl  près  de  la 
<]ueue ,  &  efl  d'une  confiftance  charnue.  Les  nageoires 
pedorales  offrent  douze  rayons  ,  un  peu  rameux  ,  qui 
dépaffent  la  membrane  qui  les  unit ,  &  dont  le  premier 
efl  roide ,  aigu  &  hérillé  de  petites  dents  fur  fon  bord 
intérieur  ;  un  filam.ent  très-alongé  fort  de  la  partie  fu- 
périeure de  ce  premier  rayon.  La  nageoire  de  l'anus 
contient  trente  -  deux  rayons  fourchus  à  leur  fommet  ; 
celle  de  la  queue ,  profondément  divifée  en  deux  lobes, 
dont  le  fupérieur  efl:  le  plus  long ,  contient  quinze  rayons, 
fans  compter  ceux  des  parties  latérales  qui  font  plus 
petits  que  les  autres. 

Il  y  a  une  autre  efpece  de  ha^n  appelée  le  Matou. 
Voy^i^c^  mot. 

BAGUENAUDIER.  C'efl  le  Bagnaudier.  Voyci 
ce  mot. 

BAGUETTE  DIVINATOIRE  ou  Verge  d'Aaron. 
On  donne  ces  beaux  noms  à  une  branche  de  faule  ou 


fo  BAH 

à  un  rameau  fourchu  de  coudrier  ,  ou  d'aune  ,  ou  de 
chêne  ,  ou  de  pommier  ,  dent  les  Jongleurs  ou  Empi- 
riques  en  Métallurgie  fe  fervent   ,   lui  attribuant  des 
vertus  merveilleuies  pour  découvrir ,  en  vertu  des  éma- 
nations 5  les  mines  ,  l'eau  fouterraine  ,  une  pièce  d'or 
ou  d'argent  cachée.  Nous  doutons  très-fort  de  l'au- 
thenticité de  ce  phénomène  :  depuis  long-temps  la  faine 
Phyfique  a  défabufé  fur  ces  ufages  fuperflitieux  ,  &  nous 
ne  craignons  pas  de  dire  que  l'intérêt  mafqué  par  l'af- 
tiice  ck:  la  charlatanerie  ,  trouve  toujours  des  reliburces 
aéTurées  dans  l'efprit  des  gens  fimples  6c  crédules.  On 
trouve  cependant  des  peribnnes  -qui ,  quoique  très-inf- 
tmiîcs  d'ailleurs  ,  donnent  encore  leur  croyance  à  ces 
tours  de  main  6c  de  paiié-pafîe ,  6c  qui  ont  de  la  peine 
à  revenir  de  ces  erreurs.  Si  on  a  trouvé  effeûivement 
des  mines  dans  l'endroit  où  l'on  avoit  vu  ou  cru  voir 
tourner  la  baguette  ,  c'efi:  parce  que  celui  dans  les  mains 
de  qui  elle  tournoit  par  un  mouvement  purement  mé- 
canique ,  &  qui  dépend  de  la  pofition  initiale  d'un  point 
dpnné  par  rapport  au  centre  de  gravité  ,  ne  la  faifoit 
jouer  qu'à  propos ,  c'eft-à-dire  après  s'être  aflùré  de  la 
nature  du  terrain.  On  peut  confulter  un  Traité  qui  a 
été  fait  fur  cette  matière  par  M.  l'A]:>bé  de  Valînont^6>C 
la  DiiTertation  que  M.  Lzhman  en  a  donnée  dans  le  pre* 
mier  tome  d'un  Journal  Littéraire  qui  paroît  à  Berlin , 
fous  le  nom  à^ Amufimens  Phyfiqms, 

BAHEL-SCULLÎ,  Barkria  Longifolia ,  Linn.  ArbrifTeau 
épineux  ,  qui  croit  naturellement  dans  les  lieux  aqua- 
tiques ,  aux  Indes  &  au  Malabar.  Ses  tiges  font  fim- 
ples ,  dures ,  articulées ,  tétragones ,  rougeâtres ,  hérillees 
de  poils  blancs.  Ses  feuilles  font  oppofécs  ,  étroites, 
enfiformes  ,  rudes  au  toucher.  De  l'aifTelle  de  chaque 
feuille  fortent  trois  épines  roides ,  rougeâtres  :  fes  fleurs 
font  verticillées  &  d'une  couleur  pourpre  foncé.  C'efl 
le  ^znifla  fpïnofa  Indlca  ,  vtrticillata  ,  florz  purpuno-cœru" 
ko.  On  attribue  à  la  décoûion  de  fa  racine  6c  à  fa  feuille 
confite  dans  du  vinaigre  ,  la  vertu  de  provoquer  les 


B  A  J       .    fe  A  I  II 

urines  ,  fur-tout  û  la  déco£lion  a  été  faite  dans  l'huile 
du  Jicus  infirnûlis.  On  ajoute  que  les  feuilles  du  hahcU 
failli ,  réduites  en  poudre  &  prifes  dans  de  l'huile  tirée 
par  expreifion  à\\  ficus  infernalis  ,  réfolvent  les  tumeurs 
des  parties  natiu*elles.  (^Ancienne  Encyclopédie,  ) 

Ce  genre  de  plante  (  Barkria  )  eil  de  la  divifion  des 
Perfonnècs,  Il  offre  encore  la  BarrcUerc  à  feuilles  de  mo- 
relie ,  de  l'Amérique  Méridionale  ;  la  Barrclicre  hérijjhnne^ 
des  Indes  Orientales ,  qui  eil  le  Lycium  Indicum  de  Seba , 
&  qui  a  une  variété  délignée  ainfi  dans  Rheed.  Mal.  co- 
letta-vetla.  La  Bamliere  a  feuilles  de  buis  ;  celle  à  crête  ; 
celle  à  longues  fleurs  ,  du  Malabar  &  de  l'Inde  ;  celle  à 
feurs  écarlates ,  &  celle  à  èpïs  pyramidaux  de  Saint-Do- 
mingue, 

BAJANG.    Voyei  Bessi. 

BAIE  y  Bacca,  On  donne  ce  nom  à  de  petits  fruits 
qui  5  dans  leur  maturité  ,  font  mous  ,  pulpeux  ,  fuc- 
culens  ,  plus  ou  moins  arrondis  ou  ovales  ,  qui  ne 
font  point  réunis  en  grappes ,  mais  ilblés  ,  ^l  qui ,  fous 
une  enveloppe  charnue  ,  contiennent  des  pépins  ou  des 
noyaux  non  renfermés  dans  des  loges  ,  mais  flottans 
dans  la  chair  ou  le  parenchyme  ;  ce  qui  s'obferve  dans 
les  fruits  du  folanum  :  tels  font  encore  ceux  du  gené- 
vrier ,  du  laurier  &  autres.  On  donne  le  nom  de 
Bacciferes  aux  plantes  qui  portent  des  baies  comme  la 
brione  ,  le  chèvre  -  feuille  ,  le  fceau-de-Salomon  ^  le  lis 
des  jardins  ,  la  belle-de-nuit ,  Vajperge. 

Lorfque  de  pareils  fruits  font  petits  ,  réunis  en 
grappes  ou  en  corymbe ,  on  leur  donne  alors  le  nom 
de  grains.  Par  exemple  ,  on  dit  des  grains  de  grofeille , 
un  grairz  de  raiiin  ,  un  grain  de  fureau.  On  coniidere 
fouvent  le  nombre  de  femences  contenues  dans  la 
baie  ;  on  dit  baie  monofperme  ,  quand  il  n'en  a  qu'une , 
comme  dans  les  thymélces  6c  les  fumacs  ;  dijperme  , 
quand  il  y  en  a  deux  ,  com.me  dans  le  caffcyer  ,  le 
vinetier  ;  trifperme  ,  quand  il  y  en  a  trois  ,  comme 
dans  le  muguet  ;  polyfperme  ,    quand  il  y  en  a  un 


12  B  A  f         B  A   K 

.nombre  indéterminé ,  comme  dans  le  câprier,  Voyeî 
Vanicle  Plante. 

Baie  ou  Baye  ,  jEJluarlum.  Nom  donné  à  un  petit 
golfe.  C'efl  un  petit  bras  de  mer  qui  le  jette  entre 
deux  terres  ,  &:  qui  s'y  termine  en  cul-de-fac  ,  par 
im  enfoncement  plus  grand  que  celui  de  Vanfc  ,  ÔC 
plus  petit  que  celui  du  golfe.  Dans  une  baie  les  vaif- 
feaul  font  ordinairement  à  l'abri  des  vents  &:  des 
.tempêtes.  Tous  les  Navigateurs  connoiffent  la  baie  de 
Sierra-Leona  ,  &  celle  de  Bénin  en  Afrique.  Foye^  Us 
articles  GOLfE   &    Mer. 

Baie  a  ondes.  On  lit  dans  VEjfaï  fur  PHifloirc 
Naturelle  de  Saint-Domingue  ,  que  ce  nom  eft  donné 
dans  cette  contrée  à  un  arbre  de  moyenne  grandeur , 
qui  eft  fort  commun  dans  les  Savannes.  Il  fe  plaît 
dans  les  endroits  fabîonneux^  Sa  racine  elt  fibreufe 
&  traçante  ;  fon  tronc  noirâtre  ,  droit  ,  crevafle.  Il 
fe  divife  en  plufieurs  branches  qui  fe  fiibdivifent  en 
ramilles  fourchues  ,  auxquelles  les  feuilles  font  atta- 
chées. Ces  feuilles  font  oblongues  de  quatre  à  cinq 
lignes  ,  larges  d'une  à  deux  lignes  ,  difpofées  par  paires 
Jufqu'au  nombre  de  vingt  fur  une  même  ramille  , 
travttfées  dans  toute  leur  longueur  par  un  petit  filet , 
écartées  durant  le  jour  ,  repliées  durant  la  nuit  les 
unes  fur  les  autres.  Les  fleurs  font  légumineufes ,  jau- 
nâtres ,  inodores  ;  elles  croiffent  par  bouquets  aux 
extrémités  des  branches.  A  ces  fleurs  fuccedent  des 
gouiTes  longues  d'un  demi-pied  ,  arrondies ,  &:  qui 
renferment  plufieurs  petites  graines  plates  ,  alongées  , 
bnmes  ,  luifantes  ,  groffes  comme  une  lentille ,  envi- 
ronnées d'une  pulpe  blanchâtre  ,  fans  odeur  ni  faveur. 

BAISONGE  ou  Badzenge.  Foyei  Cartick  Puce- 
ron. 

BAKELEYS  ou  Bakkeleyers  ou  Backeleys. 
Efpece  de  bœufs  A  bojfe  ou  bifons  que  l'on  voit  en 
Afrique  chez  les  Hottentots  ,  où  il  y  en  a  de  difFé^ 
rentes  tailles  ^  des  grands  ,  des  petits  ,  des  moyens  ^ 


B     A    K  15 

de  même  qu'on  en  voit  aux  Indes  :  les  Hottentoîs 
prennent  pour  ces  animaux  les  mêmes  foins  que  les 
Arabes  pour  leurs  chevaux  ;  ils  les  élèvent  avec  tant 
de  douceur ,  que  ces  quadrupèdes  courageux  devien- 
nent afFeôionnés  ,  feniibles  ,  intelligens ,  &  qu'ils  font 
par  amour  ce  qu'ils  ne  font  chez  nous  que  par  crainte  ; 
leur  nature  s'élève  même  par  la  douceur  de  l'éduca- 
tion &  par  les  attentions  alîidues  ,  au  point  qu'ils 
deviennent  capables  d'adions  prefque  humaines  :  auiîî 
le  bœuf  efl-il  l'objet  de  la  vénération  6c  du  culte 
fuperllitieux  des  Indiens. 

Les  Hottentots  en  élèvent  pour  la  guerre  ,  dont  ils 
fe  fervent  comme  les  peuples  de  l'A  fie  emploient  les 
éléphans  ;  on  choifit  toujours  les  plus  fiers  6c  les  plus 
généreux.  Chaque  armée  eu.  fournie  d'un  bon  trou- 
peau de  ces  bœufs  de  combat ,  qui  fe  lailTent  gouver- 
ner fans  peine  ,  6c  que  leurs  conduûeurs  lâchent  à 
propos  :  ils  font  auffi  dociles  à  leur  voix  que  le  font 
ici  nos  chiens  ;  habitués  à  connoître  l'ami  6c  l'en- 
nemi ,  au  moindre  fignal  ,  ces  animaux  belliqueux 
tombent  fur  l'armée  ennemie  avec  fureur  ;  rien  ne 
peut  les  arrêter  ;  ils  frappent  des  cornes  ,  ils  ruent , 
ils  renverfent ,  éventrent ,  foulent  aux  pieds  avec  une 
férocité  alfreufe  ,  tout  ce  qui  fe  préfente  devant  eux; 
ils  s'élancent  au  milieu  des  rangs  ,  y  jettent  le  défor- 
dre  6c  la  confulion  fans  que  rien  les  effraie  ,  6c  pré- 
parent ainfi  une  vicloire  facile  à  leurs  maîtres  ;  mai^ 
dociles  à  la  voix  de  leur  conduQeur  ,  ils  modèrent 
leur  furie  ,  6c  rentrent  dans  l'obéiffance  à  fa  volonté. 
Ainfi  cet  animal  joint  à  l'intrépidité  martiale  du  cheval 
Faifection  6c  la  fidélité  du  chien. 

Le  génie  des  animaux  qui  fe  flétrit  par  la  crainte, 
fe  développe  donc  ,  comme  on  le  voit  ,  lorfqu'on 
les  traite  avec  douceur ,  &  qu'on  les  élevé  avec  art. 

Les  Hottentots  ont  encore  de  ces  bœufs  qui  font 
inflruits  à  garder  les  troupeaux  lorfqu'ils  font  au  pâ- 
turage ,  à  les  raiîiener  quand  ils  s'écartea:it ,  6c  les  défen- 


!4  B     A     It 

dre  des  bêtes  féroces.   Dans  chaque  village  il  y  eii  a 
plufieurs  qui  font  dreffés  k   ce  manège  ;  ils  connoif- 
ient  tous  les  Habitans  du  lieu ,  hommes  ,  femmes ,  en- 
fans,  qui  peuvent   impunément    approcher  des  trou- 
peaux ,  &c  pour  lefquels  ils  ont  le  même  refpe£i:  qu'un 
chien  a  peur  tous  ceux  qui  demeurent  dans  la  maifon 
de  fon  maître  ;  mais  fi  quelque  étranger ,  6c  en  parti- 
culier un  Européen ,  s'avifoit  d'approcher  du  troupeau , 
fans  être  accompagné  d'un  Hotteutot,  ils  iroient  fur 
lui  au  grand  galop ,  6c  s'il  n'étoit  pas  à  portée  d'être 
entendu  du  Kraal  (  Village  Hottentot  ) ,  ou  qu'il  n'eût 
point  d'armes  à  feu ,  ou  qu'il  ne  trouvât  pas  d'arbre 
pour  s'y  fauver  en  y  grimpant ,  il  feroit  tué  à  coups 
de  cornes  6c  foulé  aux  pieds.  Cette  fureur  à  la  vue 
d'un  étranger  qu'ils  ne  connoilîent  pas ,  leur  vient  de 
ce  qu'on  les  a  dreffés  à  courir  contre  tous  ceux  qui 
approchent   des .  troupeaux ,   afin   de  fe    garantir   des 
lufchis  ou  voleurs  qui  font  affee  fréquens    dans    ces 
pajo ,  6c  qui   en   veulent  aux  troupeaux.  Toutes  les 
habitudes  qu'on  voit  prendre  à  ces  fortes  de  bœufs  à 
bojfe ,  font  beaucoup  d'honneur  au  génie  6c  à  l'induf- 
trie  des  Hottentots.  Bachzkys ,  dit  Kolh ,  en  langue 
des  Hottentots ,  fignine  la  giizrre. 

Aux  Indes  on  ie  fert  aulfi  de  ces  bœufs  à  boffe  ^ 
comme  nous  nous  fervons  ici  des  chevaux  pour 
voyager  ;  il  y  en  a  qui  font  tout  blancs  ;  leur  aUure 
ordinaire  eil  douce  ,  on  ne  leur  met  au  lieu  de  mors 
qu'une  cordelette  paiîee  en  double  par  le  tendon  des 
narines  ,  6c  on  renverfe  par-defTus  la  tête  de  l'animal 
un  gros  cordon  attaché  à  ces  cordelettes  ,  qui  fait  l'ef-* 
fet  d'une  bride  que  l'on  alfujettit  par  la  boffe.  On  les 
couvre  de  belles  bouffes  ,  on  leur  met  quantité  de 
fonnettes  au  cou  ,  on  garnit  les  bouts  des  cornes  d'é- 
tuis de  cuivre  ou  d'un  autre  métal.  On  leur  met  des 
felles ,  &  il  y  en  a  qui  courent  auffi  vite  C[ue  de  bons 
chevaux.  On  fe  fert  de  ces  bêtes  généralement  par 
toutes  les  IikIcs  ,  pour  tirer  les  carroffes  ^  les  voitures: 


B    A    K  T| 

tômniimes,  les  chariots.  On  attelle  ces  animaux  avec 
un  long  joug  qui  eil  au  bout  du  timon  ,  &  qu'on  pofe 
iiir  le  cou  de  deux  bœufs  ;  le  cocher  tient  à  la  main 
le  cordon  qui  fert  de  bride  pour  les  conduire.  Ces 
bœufs  attelés  à  une  voiture  peuvent  faire  des  voyages 
de  foixante  journées,  en  parcourant  depuis  douze 
jufqu'à  quinze  lieues  par  jour  &  toujours  au  trot  : 
à  la  moitié  de  la  journée  on  leur  donne  à  chacun  deux 
ou  trois  pelottes  de  la  groffeur  de  nos  pains  d\in  fou, 
faites  de  farine  de  froment ,  pétrie  avec  du  beurre  6c 
du  fucre  noir  ;  le  foir  on  leur  donne  des  pois-chiches 
concafTés  qu'en  a  laifîes  trem.per  une  demi-heure  dans 
Peau.  TaverTikr  avoit  deux  de  ces  bœufs  attelés  à  fon 
carrofîe.  Ils  avoient  coûté  fix  cents  roupies. 

Il  femble  que  le  bœuf  eil  né  d'up  naturel  propre 
à  fupporter  toutes  fortes  de  climats  ,  les  plus  chauds 
Gomm.e  les  plus  froids.  On  a  trouvé  ,  dit  M.  de  Bufon , 
quantité  de  bifoiis  ou  bœufs  bojjus  dans  toute  la  partie 
Septentrionale  de  l'Amérique.  Ces  blfons  qui  habitoient 
autrefois  les  bois  des  terres  du  Nord ,  ont  probablement 
paiTé  d'un  Continent  à  l'autre;  ils  font  devenus ,  comm_e 
tous  les  autres  animaux ,  plus  petits  dans  ce  nouveau 
Monde  ;  &  félon  qu'ils  fe  font  habitués  dans  des  cli- 
mats plus  ou  moins  froids  ,  ils  ont  confervé  des  four- 
rures plus  ou  moins  chaudes  :  leur  poil  eil  plus  long  & 
plus  fourni ,  leur  barbe  plus  longue  à  la  Baie  d'Hudibn 
qu'au  Mexique  ^  <k  ^n  général  ce  .poil  efi:  plus  doux 
que  la  laine  la  plus  fine.  On  ne  peut  guère  fe  refufer 
à  croire  que  ces  bifons  du  nouveau  Continent  ne  foient 
de  la  même  efpece  que  ceux  de  l'ancien  ;  ils  en  ont 
tous  les  cara£leres  principaux ,  la  boiie  fur  les  épaules , 
les  longs  poils  fous  le  mufeau  &  fur  les  parties  anté- 
rieures du  corps  ;  les  jambes  &;  la  queue  courtes.  On 
voit  auiîi  a£aieUement  dans  toute  l'Amérique  Aqs 
bœufs  fans  boffc ,  que  les  Efpagnols  oC  les  Européens 
y  ont  uicceiTivement  tranfportés  ;  ils  s'y  font  très- 
ijieu  multipliés  ^  mais  ils  font  devenus  plus  petits  d^ns 


i6  B    A    K  BAL 

ces  terres  nouvelles.  Foyci  Bison  &  rartich  Aurochs. 

BAKKA.    Voyci^   à  f article  Bangue. 

BALANïTE  ,  ell:  le  gland  de  mer  devenu  foflile. 
Nous  en  avons  trouvé  aux  environs  de  Lamoffon  , 
près  Montpellier ,  &c  en  SuilTe  dans  le  territoire  de 
Baie. 

BALAOU.  Foyci  à  ranide  Bécasse  (poifTon).    ^ 

BALATAS.  Arbre  qui  croît  en  Amérique  &  fur- 
tout  dans  la  Guiane  :  on  en  di flingue  de  plufieurs 
eipeces.  Il  y  a  i  .^  le  Balatas  blanc  ou  maou  des  Nègres, 
dont  le  tronc  s'élève  dans  les  bois  de  la  Guiane  ,  à 
foixante  pieds  de  hauteur  ,  fur  près  de  quatre  pieds 
de  diamètre  ;  il  efi  afTez  droit  ;  fon  écorce  extérieure 
eft  gercée ,  Tinténeure  eu  compofée  de  plufieurs  feuillets 
minces  qui  fe  leparent ,  &  qui ,  en  fe  deflechant ,  de- 
viennent d'une  couleur  de  cannelle.  Son  bois  a  aifez 
d'aubier  blanc  ;  le  centre  eft  rougeâtre  ;  les  branches 
forment  une  grande  cime  ;  les  feuilles  font  alternes  , 
entières  ,  ovales  ,  acuminées ,  glabres ,  rougeâtres  étant 
jeunes ,  longues  de  fix  pouces ,  fur  deux  &:  demi  de 
lai-geur.  Le  fruit  eil  une  capfule  ligncufe  ,  trigone  , 
&  comme  tronquée  ;  fes  graines  font  oblongues ,  apla- 
ties, 6c  bordées  d'une  aile  membraneufe.  Les  Natu- 
rels du  pays  fe  fervent  de  fon  écorce ,  qu'ils  coupent 
par  larges  bandes  ,  dont  ils  forment  une  corde  en 
manière  d'anneau  autour  des  grands  arbres ,  6c  par  le 
m_oyen  de  laquelle  ,  en  fe  plaçant  entre  le  tronc  6c  la 
corde ,  ils  parviennent  à  grimper  jufqu'au  fommet. 
Le  bois  de  ce  balatas  fe  fend  au  foleil;  il  attire  les 
poux  de  bois  qui  le  pénètrent  jufqu'au  centre  ,  &  s'in- 
fmucnt  d'un  bout  à  l'autre  du  tronc  :  quand  on  em- 
ploie le  bois  du  centre  pour  la  charpente  ,  fa  couleur 
rougeâtre  difparoît  dans  la  fuite ,  &  le  bois  devient 
afTez  blanc.  Cet  arbre  efl  le  couratarl  de  la  Guiane. 
an  Bdlaboué  &  caouroubara  des   Caraïbes  ? 

2.^  Le  Balatas  rouge  ,  appelé  à  Saint  -  Domingue 
fapotilUr  maron  ,   fe  trouve  fiu"  les  mornes  dans  les 

terrains 


BAL  17 

terrains  rocheiK  &  arides  :  il  vient  ordinairement  au 
bord  des  rivières  :  il  l'emporte  fur  tous  les  autres  par  la 
beauté  5  par  fa  tige  droite  ^  ainii  que  par  fa  grolfeur 
6c  par  fa  longueur  :  il  a  moins  d'aubier  que  le  balatas 
Uanc  ,  par  conféquent  il  eil  plus  abondant  en  bois 
proprement  dit.  Son  écorce  eu  grife  -  jaunâtre  ,  cre- 
vaPfée  ,  gommeufe  &  filamenteufe  ,  comme  dans  les 
plantes  malvacées.  Son  bois  eil  dur ,  compade ,  & 
d'un  rouge-brun.  Sa  feuille  eil  grande  ,  ovale  ,  mou- 
chetée ;  fa  fleur  grande  ;  fon  fruit  ovale  ,  pointu  ôc 
gris  ,  ou  longuet  &  jaune  ;  quelques-uns  le  trouvent 
d'une  faveur  douce ,  agréable  &:  fucrée  ,  d'autres  le 
trouvent  fade  :  on  en  mange  au  deffert.  Ce  balatas 
efl  eflirné  à  Cayenne  le  premier  des  bois  pour  bâtir  : 
c'efl  un  de  ceux  qui  réfiilent  le  plus  à  Pair  ,  &  lorfqull 
ell:  à  couvert ,  il  dure  auiîi  long-temps  que  le  chêne  ; 
en  un  mot ,  il  efl:  excellent  pour  toutes  fortes  d'ou- 
vrages. Il  s'éclate  quelquefois  &:  fe  fend  au  foleil  ; 
il  perd  auflî  de  fa  couleur  rouge-brune ,  mais  elle  ne 
devient  que  grifâtre.  Son  écorce  ell  propre  à  faire  des 
cordes. 

3  ^  Le  Balatas  n  grojfc  icorcc  :  il  vient  aulîi  haut  & 
plus  gros  que.  le  balatas  rouge  ,  mais  il  efl  tortu  & 
plein  de  nœuds.  Son  bois  vlo-Çi  bon  qu'à  de  gros  ou- 
vrages 5  étant  trop  plein  de  fève  ,  &  trop  fujet  à  fe 
reiirer  ou  à  faire  la  gouttière.  Mabf.  Rujl,  de  Cayenne, 

BALAUSTIER  ,  Punica  balaufius.  Nom  que  quel- 
ques-uns donnent  au  grenadier  fauvage.  En  Provence 
on  donne  auili  ce  nom  ,  ou  celui  de  paparoi ,  à  une 
efpece  de  grenadier  qui  donne  des  fleurs  doubles.  Le 
calice  de  ces  fleurs  efl  aplati  &  large  :  les  pétales 
font  quelquefois  û  nombreux  ,  que  ces  fleurs  reflem- 
blent  à  de  grandes  rofes  de  couleur  foncée.  Les 
Apothicaires  font  ufage  de  CQS  fleurs  fous  le  nom 
de  balaufles  ;  mais  ils  donnent  ce  nom  indifférem- 
ment aux  fleurs  de  toutçs  fortes  de  grenadiers.  Voye^ 
Grenadier. 

Tome  IL  B 


i8  BAL 

BALBUZARD ,  Aquila  marina ,  aqitita  anatarla^ 
Cet  oifeau  a  été  nommé  aufîi  aig/e  dt  mer  ,  craupe- 
chtrot ,  ou  corbeau  pêcheur  en  Bourgogne.  Tout  confi- 
déré  5  dit  M.  de  Buffon  ,  on  doit  dire  que  cet  oileau 
n'efl  pas  un  aigle  ,  quoiqu'il  refîemble  plus  aux  aigles 
qu'aux  autres  oifeaux  de  proie  :  il  eft  bien  plus  pe- 
tit que  l'aigle  ,  il  n'en  a  ni  le  port ,  ni  la  figure  ,  ni 
le  vol  ;  fes  habitudes  naturelles  font  aufTi  tres-difFé- 
rentes  ,  ainli  que  fes  appétits ,  ne  vivant  guère  que 
de  poiiTcns  qu'il  prend  dans  l'eau  ,  même  à  quel- 
ques pieds  de  profondeur.  Ce  qui  prouve  que  le  poifTon 
efl:  en  effet  fa  nourriture  la  plus  ordinaire  ,  c'eft  que 
fa  chair  en  a  une  très-forte  odeur;  il  a  les  jambes 
nues  5  &  ordinairement  de  couleur  bleuâtre  ;  cependant 
il  y  en  a  quelques-uns  qui  ont  les  écailles  des  j  amibes 
&  des  pieds  jaunâtres ,  les  ongles  noirs  ,  très  -  grands 
&  très-aigus  ;  les  pieds  &:  les  doigts  fi  roides  qu'on 
ne  peut  les  fléchir  ;  le  ventre  tout  blanc  ,  la  queue 
large ,  6c  la  tête  grofle  &  épaiffe  ;  il  diffère  donc  des 
aigles  en  ce  qu'il  a  les  pieds  ôc  le  bas  des  jambes  de 
derrière  dégarnis  de  plumes ,  &  que  l'ongle  de  derrière 
efl  le  plus  court ,  tandis  que  dans  les  aigles  cet  ongle 
de  derrière  eft  le  plus  long  de  tous;  il  diffère  encore 
en  ce  qu'il  a  le  bec  plus  noir  que  les  aigles ,  &  que 
les  pieds  ,  les  doigts  6c  la  peau  qui  recouvre  la  bafe 
du  bec  ,  font  ordinairement  bleus  ,  au  lieu  que  dans 
les  aigles  toutes  ces  parties  font  jaunes.  C'efl  une 
erreur  populaire  de  croire  que  cet  oifeau  nage  avec 
un  pied ,  tandis  qu'il  prend  le  poiffon  avec  l'autre. 
Le  balbuzard  ne  peut  pas  être  nommé  proprement 
aigk  de  mer ,  car  il  ne  fréquente  pas  de  préférence  les 
côtes  de  la  mer;  on  le  trouve  le  plus  fouvent  dans 
les  terres  médiîeiTanées  voilines  des  rivières ,  des  étangs 
ôc  d'autres  eaux  douces  ;  il  eft  peut-être  plus  commun 
en  Bourgogne  ,  qui  efî  au  centre  de  la  France  ,  que 
fur  aucune  de  nos  côtes  maritimes.  Le  balbuzard  pond 
fouvent   quatre  oeufs,  ôc  rarement  moins  de  trois; 


BAL  îp 

au  lieu  d'habiter  les  rochers  efcarpés  &  les  hautes 
montagnes  comme  les  aigles  ,  il  fe  tient  plus  volon- 
tiers perché  fur  un  arbre  élevé ,  dans  les  terres  balles 
&  marécageufes ,  à  portée  des  étangs  &  des  lacs 
poiffonneux  :  on  prétend  qu'on  peut  le  dreffer  pour 
la  pêche  ,  comme  on  dreffe  les  autres  oifeaux  pour  la 
chafie  ;  il  eft  moins  fier  que  Vaigle  :  il  a  un  pied 
onze  pouces  du  bout  du  bec  à  celui  de  la  queue  ; 
fon  envergure  efl  de  cinq  pieds,  &  Tes  ailes  piiées 
dépaflent  un  peu  la  queue.  Le  halhu\ard  eft  une  efpece 
des  plus  nombreufes  des  grands  oifeaux  de  proie ,  & 
elle  efl  répandue  affez  généralement  en  Europe  ,  du 
Nord  au  Midi ,  depuis  la  Suéde  jufqu'en  Grèce  ,  & 
même  on  la  retrouve  dans  des  pays  plus  chauds, 
comme  en  Egypte ,  &  jufqu'en  Nigritie  ;  &;  il  paroît 
que  cet  oifeau  appartient  également  au  nouveau  Con- 
tinent ,  car  on  en  a  reçu  plufieurs  fois  de  la  Louifiane. 

BALEINE  ,  Balczna.  La  baleine  tient ,  fans  contredit, 
le  premier  rang  entre  les  animaux  de  mer  de  l'ordre  des 
Cétades.  C'efî:  le  plus  grand  de  tous  les  animaux  connus  y 
&  on  peut  le  regarder  comme  le  roi  des  mers. 

Perfbnne  n'a  donné  des  détails  auiîi  curieux  &  aufîî 
fatisfaifans  fur  les  différentes  efpeces  de  baleines  ,  que 
M.  Anderfon  ,  dans  fon  Hijîoire  Naturelle  d'IJlande  & 
du  Groenland,  On  ne  s'attachera  ici ,  fuivant  le  plan 
qu'on  s'eil:  propofé ,  qu'à  jeter  un  coup  d'œil  général 
fur  les  efpeces  de  baleines  les  plus  curieufes  ,  &:  fur 
celles  dont  on  retire  le  plus  d'utilité.  On  ne  peut 
rien  faire  de  mieux  que  de  parler ,  en  partie ,  d'après 
le  curieux  Navigateur  Andcrfon  ,  ainii  que  l'ont  fait 
tous  ceux  qui  depuis  lui ,   ont  traité  des  baleines, 

HiJloire  des  BALEINES  en  général. 

Ce  genre  de  faux  poiffon  de  mer  fe  diflingue  d'une 
manière  très-marquée  de  tous  les  vrais  poifions  de 
mer.  La  baleine  ,  notamment  celle  de  Groenland  ,  dans 
fa  forme  extérieure  6i  dans  le  total   de  fa  figure  ^ 

B   2 


iQ  BAL 

prélente  celle  d'un  mcnilrueux  poifTon  ,  au  corps 
enfié  ,  au  muleau  arrondi  ,  6cc.  ;  mais  à  l'intérieur  , 
Ion  organilatlon  offre  preique  toute  la  charpente  d'un 
énorme  quadrupède  ,  comme  emprifonné  «Se  couiu  dans 
la  peau  d'un  poiflbn  :  nous  expoferons  ici  les  traits 
d'analogie  les  plus  frappa ns  ,  les  mieux  connus. 

Le  iang  des  baleines  eft  chaud  :  elles  reipirent  par 
îe  moyen  des  poumons  ;  6c  ci^^i  pour  cette  raiion 
qu'elles  ne  peuvent  refier  Ibus  l'eau.  Elles  s'accou- 
plent comme  les  animaux  terreflres  :  elles  font  vivi- 
pares :  elles  ont  du  lait ,  &:  leurs  petits  tettent.  Tous 
les  animaux  du  genre  des  baleines  ont  fur  la  tête  use 
ou  deux  ouvertures  par  où  ils  rejettent ,  en  forme  de 
j.et ,  l'eau  qu'ils  ont  avalée.  Ces  ouvertures  fe  nom- 
ment cvcnts. 

La  Nature  a  pour\ai  ces  animaux  de  nageoires  d'une 
{irutrare  ^l  d'une  force  proportionnées  à  leur  malle. 
Les  nageoires  des  vrais  poiiions  font  compofées  d'arêtes 
^ointes  les  unes  aux  autres  par  des  membranes  fort 
minces  ;  les  baleines  ont  à  leur  place  des  os  articulés , 
Gui  5  tant  par  leur  flrudure  que  par  l'ufage  qu'en  fait 
La  bakim  pour  embrafler  &  emporter  fon  baleineau  , 
refTemblent  à  des  bras  ;  au  moins  ,  ils  font  figurés 
comme  ceux  de  la  main  &  des  doigts  de  l'homme  , 
&  font  foutenus  &  mis  en  mouvement  par  des  muf- 
cles  vigoureux.  Il  ell:  bon  d'obferver  ici  en  paflant , 
que  ces  os  ont  été  pris  quelquefois ,  par  des  perfonnes 
peu  inftniites  ,  pour  des  os  de  mains  à^ hommes  marins  y 
ou  àÇi  Jirenes,  Dans  la  charpente  des  os  de  la  baleine  , 
on  diflingue  les  côtes  articulées  &  conformées  de 
iTkême  que  celles  des  animaux  de  la  terre.  A  la  vérité , 
la  fubflance  de  ces  divers  os  efl  plus  cellulaire  & 
moins  compacte  que  celle  des  os  des  quadrupèdes  ter- 
reftres ,  néanmoins  elle  efl  de  la  même  natuiv. 

Tout  le  genre  de  ces  animaux  de  mer  a  ,  outre  ces 
vigoureufes  nageoires  ,  une  queue  large  (Se  épalfTe  y 
î^illcç  comme  en  dçux  demi-liyîes  ^  6c  couchée  hori^ 


BAL  21 

îontaîement  fur  l'eau  ,  qui  leur  a  été  dorinée  pour 
diriger  leur  courfe  6z  modérer  leur  defcente  ,  afin  que 
rénorme  malTe  de  leur  corps  ne  (c  brisât  pas  contre 
les  rochers  ,  loriqu'ils  viennent  à  plonger. 

La  Nature  a  conilniit  ces  malles  organifées  ^  de 
manière  qu'elles  peuvent  s'élever  à  la  furtace  des  eaux , 
ou  s'abaiffer  dans  leur  profondeur  à  volonté.  Du  fond 
de  leur  gueule  part  un  gros  inteffin  fort  épais  ,  fort 
long  ,  &  fi  large  qu'vm  homme  y  pafferoit  tout  entier. 
Cet  inteitin  efl  un  grand  m.agafm  d'air  que  ce  cétacée 
porte  avec  lui ,  &  par  le  moyen  duquel  il  fe  rend  à 
l'on  gré  plus  léger  ou  plus  pefant ,  fuivant  qu'il  l'ouvre 
ou  qu'il  le  comprime  ,  pour  augmenter  ou  pour  dimi- 
nuer la  quantité  d'air  qu'il  contient. 

La  couche  énorme  de  graiffe  qui  enveloppe  les 
haUines  ,  allège  beaucoup  la  mafle  de  leur  corps ,  qui 
auroit  été  trop  pefante  pour  pouvoir  être  mife  en 
mouvement.  D'ailleurs  cette  enveloppe  de  graiffe  tient 
l'eau  à  une  diilance  convenable  du  fang  qui ,  fans  cela , 
pourroit  fe  refroidir  ;  &  elle  fert  ainfi  à  conferver  la 
chaleur  naturelle  de  l'animal. 

On  ne  peut  rien  dire  de  bien  certain  fur  la  grandeur 
des  différentes  efpeces  de  baleines.  On  en  a  vu  qui 
avoient  jufqu'à  cent  trente  ,  &  même  jufqu'à  deu?£ 
cents  pieds  de  long.  On  lit  dans  l'ancienne  Encyclo- 
pidle  ,  à  l'article  baleine  ,  que  l'on  trouva  en  1620  , 
près  de  l'Ide  de  Corfe  ,  une  baleine  qui  avoit  cent 
pieds  de  longueiu*.  On  en  tira  cent  trente-cinq  mille 
livres  de  lard ,  &  il  fallut  employer  l'effort  de  dix-fept 
hommes  pour  tirer  du  corps  de  l'animal  le  gros  in- 
teftin  ,  dont  la  capacité  étoit  fi  grande  ,  qu'un  homme 
à  cheval  auroit  pu  y  entrer.  L'épine  du  dos  étoit 
com.pofée  de  trente-deux  vertèbres.  Cette  baleine  étoit 
femelle  &  pleine  :  on  tira  fon  fœtus  ,  qui  avoit  trente 
pieds  de  longueur  ,  &  pefoit  quinze  cents  livres, 
(Cette  longueur  &  ce  poids  du  fœtus  de  la  baleine  ^ 
nous   paroiffent  exagérés.  )    Quelque    énormes  que 


11  BAL 

foient  ces  proportions  ,  &  fi  monftnieux  que  {oit 
réellement  cet  animal  marin  ,  l'amour  du  merveilleuTi 
a  fans  doute  fait  dire  qu'on  a  voit  vu  dans  les  mers 
de  la  Chine  des  baleines  qui  avoient  jufqu'à  neuf 
cents  foixante  pieds  de  longueur  ;  auiîi  les  a-t-on 
com.parées  à  des  écueils  ou  à  des  Iiles  flottantes  ,  & 
de  là ,  fans  doute  ,  eii  née  chez  les  Pécheurs  du  Nord , 
l'idée  de  leur  krakcn  ou  po'-jjon  montagne.  Voyez 
Kraken. 

Quoi  qu'il  en  foit  de  ces  relations ,  on  aiTure  que 
les  premières  baUlms  que  l'on  a  pêchées  dans  le  Nord  , 
ëtoicnt  beaucoup  plus  grandes  que  celles  que  l'on  y 
pêche  préfentement ,  parce  qu'elles  étoient  plus  vieilles. 
On  ignore  la  durée  de  la  vie  de  ces  animaux  ;  mais 
il  y  a  apparence  qu'ils  vivent  très-long-temps.  On  les 
voit  quelquefois  dormir  fur  la  furface  des  eaux ,  où  ils 
font  comme  immobiles. 

Anderfon  décrit  jufqu'à  quinze  efpeces  de  baleines 
différentes.  On  pourroit  les  divifer  en  baleines  à  tuyaux 
&C  en  baleines  à  narines.  Ces  dernières  efpeces  font  très- 
rares.  A  l'égard  de  celles  qui  refpirent  par  les  tuyaux , 
les  imes  en  ont  deux  ,  comme  la  véritable  baleine  de 
Groenland  ,  6c  d'autres  n'en  ont  qu'un  ,  comme  le 
cachalot. 

Quelques  efpeces  de  baleines  n'ont  point  de  dents  , 
&  n'ont  qvie  des  lames  barbues  ;  telles  font  celles  de 
Groenland  6c  le  nord-caper  ;  d'autres  ont  des  dents. 
De  ces  dernières ,  les  unes  ont  une  ieuie  dent  comme 
la  liCGrne  ;  d'autres  en  ont  plufieurs  ,  qui  font  placées 
uniquement ,  ou  du  moins  pour  la  plus  grande  partie , 
à  la  mâchoire  d'en  bas ,  comme  dans  le  cachalot ,  ou 
égakment  dans  les  deux  mâchoires  ,  comme  dans  le 
dauphin  6c  le  marfouin. 

La  divifion  la  plus  frappante  à  la  vue  ,  de  ce  genre 
d'animaux  de  mer ,  eft  en  baleines  à  dos  uni ,  &  en 
haleims  à  dos  raboteux.  La  véritable  baleine  de  Groen- 
land 6w  le  nord-c.ipir  font  de  la  première  fous-divifion; 


BAL  25 

îe  poiffon  de  Jupittr  &C  Vépéc  des  GroMandois  font  de 
la  féconde  fous-divifion. 

Baleine  de   Groenland, 

La  baleine  de  Graènland  ^  Balœnavulgaris  ,  edcniula  , 
dorfo  non  pinnato  ,  Ray.  Cette  baleine  dont  on  retire 
tant  de  profit ,  &  pour  laquelle  fe  font  proprement 
toutes  les  expéditions  de  la  pêche  ,  eil  très-groile  & 
très-maiTive.  Sa  tête  feule  fait  un  tiers  de  fa  maffe  ; 
elle  parvient  jufqu'à  foixante  à  foixante-dix  pieds  de 
long  ;  l'endroit  le  plus  gros  de  l'animal ,  &  qui  efl 
près  de  la  tête  ,  a  en  circonférence  ,  le  tiers  de  la 
longueur  totale  de  l'animal. 

Aux  côtés  du  corps ,  près  de  la  tête  ,  font  deux 
grandes  nageoires  ou  larges  palmes  ,  de  fix  à  huit  pieds 
de  long  ;  fa  queue ,  qui  eft  étendue  &  couchée  hori- 
7:ontalement ,  a  quatre  brafTes  de  large.  Lorfque  cette 
baleine  eft  couchée  fur  le  côté  ,  elle  en  donne  des  coups 
terribles  ,  capables  de  renverfer  &  de  fubmerger  la 
plus  forte  chaloupe.  On  ne  peut  voir  fans  étonne- 
ment  avec  quelle  vîteffe  cette  mafle  énorme  &  pelante 
fend  les  flots  de  la  mer  à  l'aide  de  fa  queue  ,  qui  lui 
fert  comme  d'une  efpece  de  rame. 

Cet  animal  marin  ne  fe  fert  de  fes  nageoires  ou 
bras  que  pour  fe  diriger  &  aller  de  côté  ou  tourner 
dans  l'eau  ;  mais  la  femelle  en  fait  aufîi  ufige  lorf^ 
qu'elle  eft  en  fuite  ,  pour  embraffer  &:  emporter  fon 
baleineau, 

La  peau  de  cette  baleine  eft  un  cuir  fort  dur  ,  de 
couleur  noire  ,  lifte  &:  fans  aucun  poil  ,  de  l'épaifteur 
d'un  doigt  ;  il  recouvre  immédiatement  la  graifte  qui 
a  huit ,  dix  &  douze  pouces  d'épaifteur ,  &.  eft  d'un 
beau  jaune  quand  l'animal  fe  porte  bien.  (  Il  y  a  des 
haleims  dont  la  graifte  ou  lard  eft  blanchâtre  ,  d'autres 
l'ont  rougeâtre.  )  La  chair  qu'on  trouve  fous  la  graifte 
eft  rouge  ,  &  femblable  à  celle  des  anim.aux  terreftres. 
L'ouverture  de  la  gueule  a  quelquefois  plus  de  vingt 

B  4 


24  BAL 

pieds  ;  les  mâchoires  ne  font  pas  armées  de  dent^  % 
mais  garnies  des  deux  côtés  de  longues  &;  larges  lames  , 
qui  ont  la  courbure  d'une  lame  de  faux  ,  pointues 
comme  elle  ,  &  d'une  fubllance  de  corne  noire  , 
flexible  ,  élaftique  ,  &  qui  finit  par  fe  franger  aux 
bords  en  manière  de  foie  de  fanglier.  Ces  lames  font 
appelées  fanor.s.  On  obferve  que  ces  lames ,  dans  la 
mâchoire  fupérieure ,  s'ajuftent  obliquement  entre  les 
lames  de  la  mâchoire  inférieure  comme  dans  un  four- 
reau ,  &  qu'elles  em.braiTent  pour  ainfi  dire  la  langue 
des  deux  côtés.  Ces  lames  font  garnies  du  côté  de  leur 
tranchant  de  plufieurs  appendices  ;  &  ces  appendices 
ou  franges  fervent  en  partie  à  l'animal  pour  empêcher 
fes  lèvres  &:  fa  langue  d'être  coupées  par  les  lames  , 
&  en  partie  à  prendre  &:  à  contenir  ,  comme  dans  un 
filet ,  les  petits  poiffons  &  les  vers  ou  infe£tes  que  ce 
cétacée  attire  pour  fa  nourriture  ,  &  qu'il  écrafe  entre 
fes  lam.es. 

La  langue  de  ce  fuix  poiiTon  n'efl:  prefque  qu'un 
gros  morceau  de  graiffe ,  dont  on  peut  remplir  plufieurs 
tonneaux  ;  elle  eft  fi  molle  que  lorfqu'on  l'a  tirée  hors 
de  la  gueule  ,  on  ne  peut  plus  l'y  faire  rentrer.  Les 
yeux  ne  font  pas  plus  grands  que  ceux  d'un  bœuf: 
quelle  petitefTe  pour  un  animal  aufîi  volumineux  !  Ils 
font  dirtans  de  feize  ou  vingt  pieds  l'un  de  l'autre.  Contre 
l'économie  animale  des  poiifon-s ,  ces  yeux  font  revêtus 
de  paupières  &:  de  fourcils ,  comm.e  ceux  des  animaiLX 
terreflres  :  ils  font  placés  fur  le  derrière  de  la  tête  ; 
pofition  fans  doute  la  plus  avantageufe  pour  que  cet 
animal  marin ,  d'une  fi  longue  étendue  ,  pût  voir  éga- 
lement en  avant  comme  en  arrière  ,  &  perpendiculai- 
rement au-defuis  de  lui  ;  ce  qui  femble  convenir  le 
plus  à  fes  befoins  journaliers. 

Ces  cétacées  ont  un  inftind  naturel  &  convenable 

à  leur  fureté  ,  qui  eft  de  fe  tenir  volontiers  cachés 

■fous  les  glaces  ;  mais  comme  d'un  autre  côté  ils  ne 

fauroient  vivre  long- temps  fans  refpirer ,  ils  cherchent 


BAL  ly 

au-deilus  d'eux  des  endroits  oii  la  lumière  traverfe  la 
glace  ,  6c  où  par  conléquent  celle-ci  eu  la  plus  mince. 
Ils  font  en  ces  endroits  des  efforts  ;  6c  quoique  la 
glace  ait  fouvent  deux  ou  trois  pieds  d'épaifleur ,  ils 
la  rompent  avec  leur  tête  pour  refpirer  un  nouvel  air. 
Sans  cette  reilburce  ,  ils  feroient  dans  la  nécefTité  de 
fortir  chaque  fois  des  glaces  ,  &  de  s'expofer  aux  pour- 
fuites  de  leurs  ennemis.  C'efl  fur  la  tête  qu'efi:  ouvert 
le  tuyau  au  évent ,  par  lequel  elle  afpire  l'air  6c  rejette 
l'eau  avec  une  force  6c  un  bruit  prodigieux. 

La  baleine  a  l'ouïe  extrêmement  fine ,  &:  reconnoit 
de  fort  loin  le  danger  qui  la  menace.  Comme  ce  cétacée 
multiplie  très-peu  ,  la  Nature  lui  a  donné  fans  doute 
cet  avantage  lur  les  vrais  poifTons  ,  pouf  l'avertir  à 
temps  des  pièges  continuels  que  lui  tendeiit  les  hommes 
6c  certains  monflres  de  mer.  On  n'apperçoit  au  dehors 
aucun  veflige  d'oreilles  ;  mais  on  découvre  fous  l'épi-r 
derme  derrière  l'œil ,  une  tache  noire  qui  marque  le 
conduit  auditif  par  lequel  le  fon  pénètre  fans  doute 
jufqu'au  tympan.  C'efl  par  ce  conduit  que  les  Marins 
introduifent  leurs  crochets  jufqu'à  environ  quatre  pieds 
de  profondeur  ,  où  ils  rencontrent  la  coquille  qui  efl 
un  os  fervant  à  l'organe  de  l'ouïe  ,  6c  qu'ils  nomment 
oreille  de  baleme. 

Ces  os  font  communément  appelés  dans  les  Apo- 
thicaireries  ,  mais  très-improprement ,  pierres  de  tiburon 
ou  de  loup  marin  ,  ou  pierres  de  manati  ou  de  lamentin , 
animaux  de  mer  bien  difFérens.  Voye^^  Lamentin  , 
Tiburon  ,  Manati  &  Loup  maf.in  ,  celui  qui  efl 
amphibie.  Ces  os  d'oreille  de  haleine  n'ont  pas  la 
moindre  refTemblance  avec  ce  qu'on  appelle  pierre  de 
poijfon  :  on  en  fait  ufage  comme  abforbans. 

Excrémens  ,    parties    génitales    &     accouplement     de 
la   Baleine, 

Les  excrémens  de  la  baleine  n'ont  rien  de  répugnant 
poiu:  l'odorat.  Leur  couleur  efl  communément  d'un 


26  BAL 

rouge  de  vermillon.  Quelques  perfonnes  ont  tenté  d'en 
faire  uliige  en  teinture  ,  notamment  fur  la  toile  :  la 
couleur  a  toujours  paru  conllante  ùc  agréable. 

Le  mâle  de  la  baUim  a  une  verge  de  plus  de  fix 
pieds  de  long  ,  de  figure  conique  (  la  bafe  du  cône  ell: 
à  fon  origine ,  &  a  lèpt  à  huit  pouces  de  diamètre  ) , 
renfermée  au-dedans  du  corps ,  6c  cachée  comme  dans 
\\n  fourreau  ;  par  ce  moyen  elle  efl  garantie  de  tous 
les  accidens  extérieurs.  Il  ne  paroît  point  de  teflicules 
en  dehors  :  cette  ver^e  a  des  corps  caverneux ,  6c  ne 
fort  de  l'intérieur  de  Ion  corps  qu'à  l'inilant  de  l'accou- 
plement. La  partie  naturelle  de  la  femelle  eft  faite 
comme  dans  les  quadrupèdes.  A  la  partie  antérieure 
du  corps  (  on  dit  que  c'efl  près  de  la  vidve ,  )  il 
y  a  de  chaque  côté  une  mamelle ,  que  la  mère  ^ 
lorfqu'elle  a  des  petits  ,  peut  pouiler  en  dehors 
pour  les  faire  teter.  Ces  mamelles  ont  dix  ou  douze 
pouces  de  diamètre ,  6c  fept  ou  huit  de  longueur 
dans  le  moment  que  la  haUlm  allaite.  Ce  mom.ent 
paffé  ,  la  baleine  retire  par  contraûion  fes  mamelles  , 
de  manière  à  ne  lailTer  paroître  aucune  éminence  fur 
fon  ventre. 

Suivant  le  rapport  unanime  des  Pêcheurs  Groen- 
landois  ,  l'accouplement  des  baldncs  fe  fait  de  telle 
forte  ,  que  les  deux  animaux  fe  laifient  tomber  per- 
pendiculairement fur  leur  queue.  Ils  s'approchent  en 
le  tenant  fufpendus  droits  dans  l'eau  ,  &:  fe  ferrent 
l'un  contre  l'autre  avec  leurs  nageoires  qui  font  l'of- 
fice de  bras  :  il  paroît  que  l'accouplement  ne  fe  fait 
pas  de  même  dans  toutes  les  efpeces  de  baleine.  Les 
Tranfaciions  PhilofopÈiques  parlent  d'un  accouplement 
où  la  femelle  fe  couche  fur  le  dos  ,  replie  fa  queue  ^ 
6c  reçoit  le  mâle  fur  elle  ,  en  le  ferrant  6c  l'embraf- 
fant  avec  fes  nageoires. 

Chaque  efpece  de  baleine  s'accouple  en  particulier, 
&  ne  le  mêle  jamais  avec  les  autres.  On  prétend 
que  l'accouplement  n'a  lieu  que  tous  les  deux  ans.  Au 


BAL  27 

telïe  ,    les  hdchus  fe  tiennent  toujours  enfembîe  ,  & 
voyagent  en  grandes  troupes. 

Temps  de  la  portée  de  la  BALEINE,  Soin  quelle  prend 
de  fon  petit, 

La  mère  porte  fon  fœtus  pendant  envifon  dix  mois  : 
«lîe  efl:  alors  plus  grafie  ,  principalement  vers  le  temps 
où  elle  doit  mettre  bas.  Le  baleineau  ,  lorsqu'il  vient 
de  naître  ,  a  dix  pieds  &  plus  de  longueur ,  &  eilpour 
le  moins  de  la  groileur  d'un  taureau.  La  baleine  ne 
porte  ordinairement  qu'un  petit ,  rarement  deux.  Lors- 
qu'elle veut  donner  à  teter  ,  elle  fe  jette  de  côté  à  la 
furface  de  la  mer  ,  &:  le  petit  s'attache  à  la  mamelle. 
Son  lait  efl  comme  le  lait  de  vache.  La  baleine  a  un 
foin  particidier  de  fon  petit  :  elle  le  tient  pour  l'allaiter  , 
l'emporte  par-tout  avec  elle  lorfqu'on  la  pourfuit ,  en 
le  ferrant  étroitement  entre  fes  bras  ou  nageoires  :  elle 
ne  le  quitte  pas  même  étant  bleffée.  On  a  remarqué 
que  quand  elle  plonge  au  fond  de  l'eau  ,  où  elle 
pourroit  refier  pendant  plus  d'une  demi-heure  fans  re- 
venir prendre  l'air  ,  elle  remonte  plutôt  ,  malgré  le 
danger  qui  la  menace  ,  parce  qu'elle  fent  que  fon  petit 
ne  peut  pas  refier  fi  long-temps  fous  l'eau  fans  refpirer. 

Les  petits  tettent  pendant  un  an  ,  &  les  Anglois 
les  appellent  alors  courtes-têtes.  Ils  font  extrêmement 
gras  ,  &  dofinent  ,  dit-on  ,  cinquante  tonneaux  de 
graille  ;  les  mères  au  contraire  font  alors  fort  mai- 
gres. Lorfqu'ils  ont  deux  ans  ,  on  les  nomme  bêtes  , 
parce  qu'ils  font  comme  hébétés  après  avoir  quitté 
la  mamelle.  Ils  ne  donnent  alors  que  vingt-huit  ton- 
neaux de  graiffe  :  après  ce  temps  on  ne  fait  guère 
leur  âge  que  par  la  longueur  de  leurs  barbes. 

Nourriture  de  la  BALEINE, 

On  ne  peut  apprendre  fans  étonnement  qu'une 
bête  aufîi  énorme  que  la  baleine  ne  fe  nourrit  que 
de  petits  animaux  marins  ;  oC  que  malgré  cela  elle 


^8  BAL 

engraiffe  beaucoup  plus  que  les  autres  animaux.  II 
paroît  qu'elle  le  nourrit ,  entre  autres  ,  de  beaucoup 
<le  petits  vers  qui  flottent  par  pelotons  dans  la  mer , 
ou  qui  fourmillent  par  millions  fur  le  fond  de  plufieurs 
mers  ,  6c  notamment  dans  celles  du  Nord,  Les  Pê- 
cheurs HoUandois  ont  nommé  ces  vers  ou  infe£les 
de  mer  Walfifchaas  ,  c'eft-à-dire  ,  amorce  ou  nourri" 
tun  de  la  haLeine.  Ces  vers  font  conformés  en  rond 
comme  les  limaçons ,  ayant  des  appendices  membra- 
neux d'une  iîrutfure  admirable  ,  dont  ils  fe  fervent 
pour  nager.  Les  fanons  des  baUims  en  font  toujours 
garnis  ;  oc  ces  fanons  ,  dont  les  plus  grands  ont  de  fix , 
jufqu'à  dix  &  douze  pieds  de  longueur  ,  fix  pouces 
de  largeur  moyenne  ,  ôc  environ  trois  ,  quatre  à 
cinq  lignes  d'épaiffeur ,  font  autant  de  grands  râteaux 
ou  de  iilcts  avec  lefquels  la  baleine  va  recueillant  au 
fond  des  mers  fa  pâture.  Il  efl:  à  préfumer  qu'en 
ramaffar.t  ainii  fa  nourriture  ,  la  haleine  doit  aufîi 
engloutir  dans  fon  large  gouffre  différens  poifTons  , 
tels  que  des  harengs  ,  des  petites  morues ,  &c.  Mais 
il  ne  paroit  pas  qu'elle  les  chafTe  ni  les  recherche , 
à  la  différence  du  cachalot  qui  les  dévore  par  milliers  : 
&  le  cachalot  a  de  véritables  dents. 

Ce  que  les  Anciens  ont  dit  fur  le  poifTon  con- 
ducteur de  la  baleine  ,  paroît  abfolument  fabuleux  ; 
car  les  Modernes  n'ont  rien  obfervé  tle  femblable. 
Peut-être  ont -ils  pris  pour  guide  de  la  bakim  le 
haleimau  ,  que  la  mère  fuit  toujours  jufqu'à  ce  qu'elle 
l'ait  fevré. 

Il  n'ell  pas  rare  de  voir  fur  les  haleines  des  plantes 
de  mer  ,  des  coquillages  ,  ou  autres  animaux  tefla- 
cées  qui  y  font  attachés  :  ce  moriflre  flottant  efl 
pour  eux  une  ifle  ou  un  rocher.  Il  y  a  une  efpece 
de  gland  de  mer  qui  s'attache  fur  le  corps  &  jufque 
dans  la  graiffe  d'une  efpece  de  haleine  femblable  à  la 
haleine  du  Groenland  ,  qui  fe  trouve  dans  les  mêmes 
parages  ,  6c  que  l'on  nomme  le  nord-caper.  Elle  n'en 


\ 


BAL  29 

diffère  qiie  par  fa  petiteile  ;  aufu  efl-elle  plus  agile  , 
ôc  la  pêche  en  eft~elle  plus  dangereufe. 

Après  avoir  vu  les  baleines  qui  ,  au  lieu  de  dents  , 
ont  des  barbes  ou  fanons  ,  on  va  jeter  un  coup  d'œil 
fur  les  efpeces  de  baleines  à  dents  ,  en  commençajQt 
par  celle  qui  n'en  a  qu'une  ;  on  la  nomme  licorne  dç 
mer. 

Licorne  de  mer  ou  Narhwal, 

La  licorn^  de  mer  efl  le  monoceros-pifiis  ,  nakrwal 
IJlandis  ,  de  Ray  ,  Vunicornu  marinum  de  Cliarleton  , 
le  touwack  des  Groënlandois  &  le  narhwal  des  Danois 
ëc  des  Iflandois.  La  licorne  de  mer  eft  un  grand  ani- 
mal du  genre  des  Cétacéis  ,  &:  qui  fe  trouve  de  même 
que  la  grande  baleine  dans  les  mers  du  Groenland,  La 
licorne  de  mer  a  trente  à  quarante  pieds  &  plus  dfe 
longueur.  Ce  cétacée  efl:  remarquable  entre  tous  les 
autres.  Sa  tête  ell  armée  extérieurement  d'une  défènfe 
qui  efl  cannelée  en  fpirale  ,  comme  tordue  dans  toute 
fa  longueur ,  &:  iiniiTant  en  pointe  ;  cette  défenfe  efl 
longue  de  fept  pieds  &  davantage.  On  tend  à  prouver 
que  c'efl  une  véritable  dent,  &  non  pas  une  corne. 
Cette  défenfe  qui  fort  de  la  mâchoire  fupérieure , 
î^u-deffus  de  la  lèvre ,  &  plus  communément  du  côté 
gauche  que  du  côté  droit ,  fe  dirige  en  avant ,  imite 
rivoire;  mais  on  peut  l'en  diftinguer,  tant  parce  que 
fes  nbres  font  plus  déliées ,  que  parce  qu'elle  eft  plus 
folide ,  plus  peTante  que  l'ivoire  y  oC  n'eu  pas  fi  fu jette 
à  jaunir  :  en  un  mot ,  le  tilTu  de  la  corne  ou  défenfe 
du  narhwal  n'ocre  pas  à  l'œil  la  même  crganifation 
que  celle  de  V ivoire.  Voyez  ce  mot. 

On  a  vu  des  narhwals  avec  deux  àà.ïç.vi{çs  ;  (  en 
1684,  le  Capitaine  Dirk  Peterfcn  apporta  à  Hambourg 
une  tête  de  narhwal  armée  de  deiuî  longues  dents  ) , 
&  l'on  prétend  que  dans  ceux  qui ,  comme  il  arrive 
plus  communément ,  n'en  portent  qu'une  ^  on  diilingue 
de  l'autre  côté  l'alvéole  de  la  fççonde  ^   qui  n'a  pas 


30  BAL 

pris  fon  accroîiïement  :  mais  nous  certifions  n'avoir 
pas  toujours  reconnu  le  trou  ou  alvéole  dans  les  têtes 
de  narawals  qui  n'avoient  qu'une  défenfe. 

C'e/l  cette  défenfe  ofTeufe  que  l'on  voit  depuis  long- 
temps dans  les  Cabinets  des  Curieux ,  fous  le  nom  de 
corne  de  licorne.  ,    &  que   quelques  perfonnes  avoient 
regardée  autrefois  comme  la  corne  d'un  animal  qua- 
drupède ,  auquel  on   prétendoit  donner  auffi  le  nom 
de  licorne,  La  licorne  quadrupède  eft  un  être  fabuleux. 
Les  licornes  de  mer  font  vivipares  comme  la  baldm , 
&  ont  pluiieurs  des   caraderes   propres  aux  baleines, 
Anderfon  vit,  en   1736  ,  un  narhwaï  échouer  à  l'em- 
bouchiu-e  de  l'Elbe.  Ce  cétacée  ,  dit-il ,  étoit  fort  gros 
relativement  à  fa  longueur  :  il  n'avoit  que  deux  na- 
geoires ;  la  tête  étoit  comme  tronquée  ;  la   dent  ou 
défenfe  fortoit  du  côté  gauche  de  la  mâchoire  fupé- 
rieure  au-deffus  de  la  lèvre.  Elle  étoit  contournée  en 
fpirale  ,   &   elle  avoit  cinq  pieds    quatre  pouces  de 
longueur.  Le  côté  droit  du  mufeau   étoit   fermé  &: 
couvert  par  la  peau.   La  queue  étoit   fort  large  & 
couchée   horizontalement.    La   peau  avoit   beaucoup 
d'épaiffeiu:  ;  elle  étoit  très-blanche  &  parfemée  fur  le 
dos  d'une  grande  quantité  de  taches  noires  ,  qui  péné- 
troient  fort  avant  dans  la  fubftance  ;  la  peau  du  ventre 
étoit  très-blanche  aufîi ,  mais  fans  taches ,  luifante  & 
très-douce  au  toucher.   Ce  narhwal  n'avoit  point  de 
dents  au-devant  de  la  gueule  ,  dont  l'ouverture  étoit 
très-petite  ,  car  elle  n'excédoit  pas  la  largeur  de  lit 
main ,  Ôc  la  langue  rempliffoit  toute  fa  largeur.  Les 
bords  du  mufeau  étoient  un  peu  durs  &  raboteux.  Il 
y  avoit  au-deffus  de  la  tête  un  trou  ou  tuyau  garni 
d'une  foupape  qui  s'ouvroit  &  qui  fe  fermoit  au  gré 
de  l'animal  ,  par  oti  il  jetoit  l'eau  en   expirant  l'air. 
Les  yeux  étoient  petits ,  fitués  au  bas  de  la  tête ,  & 
garnis  d'une  efpece  de  paupière.  Ce  narhwal  étoit  mâle. 
Sa  longueur  étoit  de  dix  pieds  6c  demi ,  depuis  le  bout 
du  mufeau  Jufqu'à  l'extrémité  de  la  queue  ,  qui  avoiî 


BAL  31 

troîs  pîeds  deux  pouces  &c  demi  de  largeur  ;  chaque 
nageoire  n'avoit  que  deux  pieds  de  longueur.  Par  cet 
expofé  on  voit  que  ce  narhwal  étoit  d'une  bien  petite 
taille  ;  car  ,  fi  l'on  en  croit  Anderfon  ,  il  s'en  trouve  qui 
ont  plus  de  ibixante  pieds  de  longueur. 

Les  narhwals  mâles  &  femelles  font  armés  de  ces 
vigcureufes  àkïtni^^  olieufes  dont  nous  venons  de  parler, 
pour  rompre  les  glaces ,  lorfque  ces  animaux  veulent 
venir  fin-  la  furface  des  eaux  pour  refpirer. 

On  rencontre  fouvent  de  ces  cétacées  dont  la  dé- 
fenfe  efl  mutilée  ,  &  Ton  trouve  une  grande  quantité 
de  ces  armes  fur  les  Côtes  d'Hlande  ,  de  Groenland ,  & 
du  Détroit  de  Davis. 

11  arrive  quelquefois  à  ces  animaux  de  mer  d^en 
donner  un  coup  contre  les  navires  ;  ce  qui  leur  occa- 
fionne  une  fecouffe  fenfible.  Lorf qu'on  radoube  enfuite 
les  navires ,  on  y  trouve  im  morceau  de  cette  défenfe 
rompu  &  enfoncé  dans  le  bordage. 

Les  Groënlandois  &  les  Danois  qui  vont  à  la  pêche 
de  ce  grand  animal ,  regardent  les  licornes  comme  les 
avant-coureurs  des  baleines  :  l'expérience  leur  ayant 
appris  que  par-tout  où  il  y  a  des  licornes  ,  il  doit  y 
avoir  des  baleines  dahs  les  environs  ;  ce  qui  peut  venir 
de  ce  qu'elles  vivent  de  la  même  nourriture  ,  ôc  que 
par  conféquent  elles  fui  vent  toujours  les  mêmes  bancs, 
La  licorm  ,  faute  de  dents  ,  ne  peut  mâcher  rien  de 
dur  ;  elle  efi  obligée  de  s'en  tenir  à  fucer  des  infeâes 
de  mer.  Au  reile  ,  le  narhwal  fe  rend  redoutable  à  la 
baleine  ,  qu'il  coml)at  &  qu'il  perce  fouvent  de  fa 
longue  défenfe. 

Ces  animaux  font  d'excellens  nageurs  :  leur  queite 
leur  fert  de  rame  &:  les  fait  avancer  avec  ime  vlteK^ 
étonnante  :  on  auroit  de  la  peine  à  en  attrap(fl- ,  s'ils  ne 
fe  joignoient  par  troupes.  Auili-tôt  qu'on  les  attaque  , 
ils  fe  ferrent  de  fi  près  en  m.ettant  leurs  dents  ou 
iléfenfes  les  uns  fur  le  dos  des  autres  ,  qu'ils  s'em- 
JbarraiTent  ,    êc  s'empêchent   par -là   eux -^  mêmes  de 


ji  BAL 

plonger  &  de  s'échapper  :  aiifTi  en  attrape-t-on  toujours 
quelqu'un  des  derniers. 

Il  eft  parlé  dans  VHlJIoire  naturelle  des  Antilles  , 
d'une  efpece  de  licorne  qui  difFcre  du  narhwal  par  fa 
corne  qui  lort  du  front ,  &  non  de  la  mâchoire  fupé- 
rieure  ;  par  les  dents  qui  garniffent  fa  gueule  ,  &  par 
fil  nourriture  qui  diffère  de  celle  du  narhwal.  Suivant 
les  relations ,  les  UcGmes  des  grandes  Indes ,  de  l'Afrique 
&  de  l'Amérique  ,  font  des  efpeces  différentes  de  celles 
du  Nord.  Il  lemble  par-là  que  les  mers  du  Nord  ne 
font  pas  les  feules  oiices  cétacées  foient  confinés.  Peut- 
être  aufîi  que  la  prétendue  licorne  des  Indes  n'eit  pas 
ce  même  animal  du  Nord. 

On  retire  de  la  dent  ou  défenfe  de  licorne  les  mêmes 
principes  que  de  l'ivoire  ;  aulîi  peut-on  l'employer 
aux  mêmes  ufages.  Voye^^  l'article  Ivoire  du  Narhwal^ 
éclemot  Licorne. 

Cachalot  ou  la  petite  Baleine, 

Quelques  Ecrivains  ont  regardé  le  cachalot  comme 
le  mâle  de  la  baleine  ,  mais  M.  Anderfon  croit  que 
c'eil  une  haleine  d'une  efpece  particulière  ,  &  il  a 
raifon. 

Les  cachalots  font  de  l'efpece  des  baleines  qui  au  lieu 
de  fanons  ont  des  dents.  Il  y  en  a  de  plufieurs  fortes  : 
les  ims  ont  la  mâchoire  inférieure  toute  garnie  d'un 
ou  de  deux  rangs  de  fortes  dents  ,  &  n'ont  point ,  ou 
n'ont  que  très-peu  de  dents  uniquement  mâchelieres 
dans  celle  d'en-haut  ;  le  refte  de  cette  mâchoire  fupé- 
rieure  eft  parfemé  de  trous  ou  alvéoles ,  defiinés  appa- 
remment à  recevoir  les  dents  de  la  mâchoire  inférieure , 
lorfque  les  deux  mâchoires  fe  rapprochent  ;  d'autres 
ont  de  grofies  dents ,  courtes  ,  arrondies  &  plates  par 
le  bout ,  d'autres  les  ont  minces  &  recourbées  en  fau- 
cilles :  la  fubitarice  de  ces  dents  psroît  femblable  à  celle 
^e  l'ivoire  :  elle  en  a  la  dureté.  TFillughhy  a  décrit  un 
cachalot  dont  le   palais  étoit  percé  d«  quarante  deux 

alvéoles  ^ 


BAL  3^ 

alvéoles  ,  vingt  -  un  de  chaque  côté  ,  dans  ïefquels 
entroient  autant  de  dents  dont  étoit  garnie  la  mâchoire 
inférieure. 

Les  Marins  dirtinguent  encore  deux  efpeces  de  cacha- 
lots ,  qui  fe  rexTemblent  parfaitement  par  la  figure  du 
corps  &  par  les  dents  ,  mais  qui  différent  en  ce  que 
les  uns  font  d'un  noir  verdâtre  fur  le  dos  ,  &  ont  un 
crâne  ou  couvercle  dur  &  oiTeux  par-defilis  le  cerveau  ^ 
oC  que  les  autres  au  contraire  font  gris  fur  le  dos  ,  &: 
blancs  fous  le  ventre  ,  &  que  leur  cerveau  n'eft  recou- 
vert que  d'une  forte  membrane  de  l'épaiiTeur  du  doigt  s 
on  prétend  que  cette  différence  ne  dépend  pas  de  l'âge 
du  poiiTon.  C'efl  de  cette  dernière  efpece  qu'eft  le 
'cachalot ,  dont  les  olTemens  ont  été  expofés  à  la  vue 
du  public  à  l'Hôtel  de  Soiflons ,  (  aujourd'hui  la  Nou- 
velle Halle  )  &:  fur  les  Boulevarts  à  Paris  :  le  fpe6i:aclé 
de  ce  fquelette  fert  à  fe  former  une  idée  de  ces  monf- 
trueux  animaux.  Le  cachalot  eil  le  plus  grand  cétacée  ^ 
après  la  baleine  de  Groenland. 

On  ne  trouve  ,  dans  le  Détroit  de  Davis  &  aux 
environs  de  Spiîzberg  ,  qu'une  efpece  de  cachalot.  C'eft 
celle  qui  a  les  dents  courtes  ,  groffes  &  aplaties  ;  la 
tête  fort  grofle  ;  deux  nageoires  épaifies  ^  longues  aux 
côtés ,  &:  une  forte  de  petite  nageoire  fur  le  dos  ;  la 
queue  large  de  douze  à  quinze  pieds  ,  bifurquée  & 
horizontale. 

Le  cachalot  que  l'on  prend  fur  les  Côtes  de  la  Nou- 
velle Angleterre  &  aux  Bermudes ,  eil  diftérentifle  celui 
de  Groenland  ;  fes  dents  font  plus  grofles  &  plus  larges  ^ 
elles  reffemblent  aux  dents  de  la  roue  d'engrainage  d'un 
moulin ,  &:  font  de  la  groiieur  dii  poignet. 

C'efl  prefque  toujours  vers  le  Cap  du  Nord  &  fut 
les  Côtes  de  Finmarchle  ,  qu'habitent  aufîi  ces  efpeces 
de  baUims,  Un  Capitaine  de  vaiffeau  afiiire  avoir  vu 
arriver  un  jour  du  côté  de  Groenland ,  une  grande 
troupe  de  pareils  animaux ,  à  la  teîe  de  laquelle  il  y 
en  avoit  un  de  plus  de  cent  pieds  (  du  Pvhin  )  ds 
Tomi  lit  *         C  . 


54  BAL 

longueur ,  qui  paroifToît  ctre  le  roi ,  &  qui ,  à  rafpefl  du 
vaifieau  ,  avoit  fait  un  bruit  fi  terrible  en  fbufïlant 
Teau  ,  que  ce  bruit  avoit  été  comme  celui  des  cloches , 
&:  û  fort ,  que  le  vaiffeau  en  avoit  tremblé  pendant 
quelque  temps  ;  qu'à  ce  fignal  toute  la  troupe  s'étoit 
fauvee  avec  précipitation. 

Ces  efpeces  de  baleines  font  plus  agiles  que  la  vraie 
h.iUine  de  Groenland ,  &  plus  fauvages  ;  aufTi  font-elles 
fort  difficiles  à  attraper ,  parce  qu'il  n'y  a  qu'un  endroit 
ou  deux  auprès  de  la  nageoire  où  puiile  prendre  faci- 
lement le  harpon  ;  d  ailleurs  leur  graiiTe  eil  tendineufe 
&  ne  rend  pdS  beaucoup  d'huile.  Le  cachalot  a  fur  le 
mufle  une  ouverture  ou  évent  ,  qui  lui  fert  à 
rejeter  l'eau. 

On  trouve  dans  le  premier  volume  des  Mémoires 
fur  différentes  parties  des  Sciences  &  des  Arts  ,  par 
M.  Guettard ,  la  defcription  d'un  cachalot  jeté  à  la 
côte  près  Saint-Pô  ,  au  mois  de  Mars  1 76 1 .  Cette 
defcription  qui  eft  faite  par  M.  Serard ,  Médecin  de 
Calais  ,  &  par  M.  Blondeau ,  alors  ProfefTeur  d'Hy- 
drographie de  la  même  ville ,  efl  curieufe  &:  inilrudive  ; 
on  y  îit  que  l'animal  doit  être  beaucoup  plus  léger 
que  fa  malle  énorme  ne  femble  le  comporter  ,  &:  qu'il 
doit  fe  mouvoir  facilem.ent  dans  le  milieu  où  il  vit. 
Comme  le  fang  de  cet  animal ,  mort  depuis  plufieurs 
jours  ,  eil  encore  très-liquide  ,  très-vermeil  6c  très- 
mifcible  à  l'eau  ,  &  qu'une  petite  partie  de  ce  fang 
peut  temdre  une  grande  quantité  d'eau  ,  on  a  la  facilite 
de  fuivre  cet  anim.al  très-loin  à  la  pifte  de  fon  fang 
dans  l'eau  de  la  mer ,  lorfqu'il  a  été  bleffé. 

L'efpece  de  cachalot  des  Bermudes  eft  d'autant  plus 
remarquable  ,  qu'indépendamment  de  fon  lard  ,  elle 
fournit  deux  précieux  médicamens,  le  blanc  de  baleine  ^ 
&  ,  félon  M.  Anderfon  ,  V ambre  gris.  On  lit  dans  les 
Tranficlions  Philofophiques  ,  que  l'on  trouve  Vambrc 
gris  dans  les  entrailles  de  cet  animal  ,  &  qu'on  peut 
le  regarder  comme  une  concrétion  de  paities  huileufes 


B     AL  3y 

&  flottantes  au  milieu  d'une  liqueur  couleur  d'orange 
foncée ,  qui  a  la  même  odeur  &  encore  plus  forte 
que  les  boules  d'ambre  qui  y  nagent  librement.  On 
prétend  que  ces  boules  d'ambre  ne  fe  trouvent  que 
dans  les  cachalots  vieux  &  bien  formés  ,  & ,  comme 
l'on  croit  communément  ,  dans  les  feuls  mâles  ;  mais 
on  ne  fauroit  décider  quelle  efl  leur  matière  &;  d'oii 
elles  fe  forment.  Ce  qu'on  avoit  pris  dans  les  boules 
d'ambre  pour  des  becs  d'oifeaux  uniquement  ,  ne 
font  communément  que  des  becs  de  Jlchcs  y  dont 
ces  baleines  font  leur  principale  nourriture.  On  dit 
cependant  qu'on  a  trouvé  auffi  dans  l'eftomac  d'un 
de  ces  monftres ,  des  arêtes  &  des  carcafles  à  moitié 
digérées  de  poifTons  de  fept  pieds  &  davantage  de 
longueur. 

Il  réfulte  de  ces  obfervations  qu'il  refte  beaucoup 
d'incertitude  fur  la  nature  de  V ambre  gris.  Voyez  ce  mot» 

Blanc  de   Baleine^  furnommé  improprement ^^r/72^  ou 
•   nature  de  Baleine  ,  ou  ambre  blanc, 

La  tête  du  cachalot  eft  énorme  à  proportion  de  fon 
corps  ,  mais  elle  efl  certainement  bien  proportionnée 
fuivant  l'intention  du  Créateur ,  qui  lui  a  donné  cette 
tête  immenfe  pour  pouvoir  contenir  dans  fa  vafte  capa- 
cité la  quantité  fuffifante  de  ce  précieux  cerveau ,  non- 
feulement  pour  les  befoins  de  l'animal  même  ,  mais 
encore  pour  fervir  de  réceptacle  à  un  médicament  utile 
au  genre  humain ,  &  fur-tout  néceffaire  dans  un  climat 
tel  que  celui  du  Nord  ,  oii  les  maux  de  poitrine 
font  très-fréquens.  C'ell  ce  cerveau  préparé  qui  donne 
le  blanc  de  baleine  (a). 

(  a  )  Il  eft  très-probable ,  dît  M.  HalUr  ,  que  le  cachalot  a  le  cerveau 
fait  comme  les  poiffons.  Ils  ont  généralement  la  dure-mere  attachée  au 
crâne,  &  très-éloignée  de  la  pie-mere  &  du  cerveau.  L'intervalle  eft 
rempli  d'un  tiffu  cellulaire  extrêmement  tendu  ,  &  tout  rempli  d'huile. 
Dans  l'Anatomie  fuperficielle  des  Matelots  ,  cette  huile  aura  été  prife 
pour  le  cerveau,  qui  n'occupe  que  la  partie  inférieure  du  crâne.  M.  Hill 
aifure  que  Iq  blanc  de  balsim  n'çft  qu^  l'huiis  ordinaire  de  baleine  nïHnéti 

c  2 


y6  BAL 

Lorfqii'on  a  enlevé  l'épahïe  membrane  qiiî  recou- 
vre le  cerveau  du  cachalot  qui  n'a  point  de  crâne  , 
on  trouve  une  couche  de  graiffe  épaiffe  de  quatre 
doigts;  au-delTous  une  membrane  très-nerveufe,  qui 
fert  de  crâne  ,  6c  plus  bas  une  autre  cloifon ,  aflez 
femblable  à  la  première  ,  &  qui  s'étend  dans  toute  la 
tête  depuis  le  mufeau  jufqu'à  la  nuque.  La  première 
chambre  qui  eft  entre  ces  deux  membranes  ,  renfermée 
le  cerveau  le  plus  précieux  6c  dont  on  prépare  le 
meilleur  blanc  de  bakïm.  Cette  chambre  du  cerveau 
ell  divifée  en  plufieurs  cellules  ,  formées  par  une 
Ibrte  de  réfeau  ,  reffemblant  en  quelque  façon  à  un 
gros  crêpe  ;  &  elle  fournit  dans  le  cachalot  jufqu'à 
fept  à  huit  tonneaux  d'huile  claire  &  blanche  :  au- 
ceiTous  de  cette  première  chambre  ,  il  y  en  a  une 
ai-Ure  qui  fe  trouve  au-defïïis  du  palais ,  &  qui ,  félon 
la  grandeur  de  l'animal ,  a  depuis  quatre  jufqu'à  fept 
pieds  &  demi  de  hauteur ,  &  eft  également  remplie  de 
la  matière  du  *blanc  do  bak'mz ,  qu'on  nomme  matière 
fpermatiqiic  à  caufe  de  l'ufage  qu'on  en  fait  fous  le 
nom  impropre  de  fpcrmc  de  baleine ,  (  Sperma  cetî,  ) 
Il  y  isft  diftribué ,  renfermé  comme  le  miel  dans  de 
petites  cellules ,  dont  les  parois  reffemblent  à  la  pelli- 
cule intérieure  d'un  œuf.  A  mefure  que  l'on  enlevé  le 
liane  de  baleine  de  cette  chambre  ou  cavité  ,  elle  fe 
r.emplit  de  nouveau  de  fperme  qui  y  eft  conduit  de 
tout  le  corps  par  un  gros  vaijfeauj  &  l'on  en  tire 
fouvent  de  cette  façon  jufqu'à  onze  petits  tonneaux. 
Le  vaiiTeau  dont  on  vient  de  parler  ,  a  la  grolleur 
de  la  cuiffe  d'un  homm.e  ;  il  s'étend  le  long  de 
l'épine  du  dos  .jufqu'à  la  queue  ,  oii  fa  groffeur 
n'eft  plus  que  à\m  doigt.  Ainfi  l'on  voit  que  ce 
prétendu  fperme  qui  vient  remplir  la  cavité  d'où  on 

en  là  faifant  cuire  à  diflférentes  fcprifes  avec  beaucoup  d'eau.  Des 
Chirurgiens  ,  témoins  cîe  la  préparation  du  blanc  de  baleine  ,  nous  ont 
cependant  affuré  qu'on  fe  fervoit  des  fubftances  médullaires  du  cerveau  . 
du  cervelet  &  de  la  moelle  épiniere  ;  à  la  vérité  on  y  joijnoit  «ufli 
l'huile  (|ui  étoit  contenue  dans  le  tifl'u  cellulaire» 


BAL  37 

a  tîré  le  hlanc  de  hakinc  ,    n'efl:  autre  chofe  que  la 
moelle  de  l'épine. 

Lorfque  l'on  dépecé  le  corps  du  cachalot  pour  en 
trancher  le  lard ,  on  évite  avec  grand  foin  de  couper 
le  canal  de  la  moelle  épiniere  ,  de  peur  que  le  hlanc 
de  bakim  ne  s'en  écoule  &;  ne  fe  perde. 

A  Bayonne  8c  à  Saint- Jean-de-Luz  on  prépare  beau- 
coup de  blanc  de  bakim  ;  on  fait  fondre  la  cervelle 
du  cachalot  fur  un  petit  feu  ,  on  la  met  enfuite  dans 
des  moules  femblables  à  ceux  où  l'on  jette  le  fucre  ; 
après  qu'elle  eil  refroidie  ôc  égouttée  de  fon  huile  , 
on  la  retire  &  on  la  refond  jufqu'à  ce  qu'elle  foit 
bien  purifiée  &  très-blanche  ;  on  la  coupe  enfuite  en 
écailles  telle  qu'on  la  voit  dans  le  commerce. 

Le  plus  beau  blanc  de  baleine  eft  en  écailles  blan- 
ches 5  claires  ,  tranfparentes ,  d'une  odeur  fauvagine  : 
on  reconnoît  facilement  s'il  eft  falfiiié  avec  de  la  cire  , 
à  fon  odeur ,  à  fon  blanc  mat  &  à  fon  peu  d'épailTeur. 
On  conferve  cette  drogue  dans  des  vaiileaux  de  verre 
bien  fermés  ,  parce  que  le  contad  de  l'air  la  rend 
jaune  6c  lui  donne  une  odeur  rance. 

Le  blanc  de  haleine  efl ,  dit^on ,  un  des  meilleurs 
remèdes  pour  la  poitrine  ;  il  en  adoucit  les  âcretés ,  en 
déterge  &  confolide  les  ulcères  :  appliqué  extérieure- 
ment ,  il  ell  adouciffant ,  émollient  ,  confolidant.  Cette 
dernière  propriété  n'efl  pas  équivoque  ,  car ,  fuivant 
la  remarque  de  M.  B aller  ^  toutes  les  huiles  6c  tous 
les  baumes  emI:arraiTent  les  paffages  du  poumon ,  & 
laiiTent  une  difficulté  de  refpirer  très  -  feniible  ;  par 
ccnféquent  le  hlanc  de  baleine  ne  peut  être  que  très- 
nuiiible  à  la  poitrine.  On  l'emploie  auffi ,  &  peut-être 
avec  plus  d'efficacité ,  comme  un  cofmétique  dans  le 
fard  &  dans  les  pommades ,  pour  adoucir  la  peau  ôc 
peur  embellir  le  teint. 


Cj 


i$  BAL 

Pèche  des  BALEINÉS.  Avantages  qu'on  en  rttlre. 

De  toutes  les  pêches  qui  fe  font  dans  l'Océan  & 
<3ans  les  autres  mers ,  la  plus  difficile  &:  la  plus  péril- 
leufe  eft  fans  contredit  celle  de  la  baleine.  Les  Bafques 
font  les  premiers  qui  l'aient  entreprife ,  vers  le  XV^® 
fiecle,  malgré  l'âpreté  des  mers  du  Nord  5  &i  les  mon- 
tagnes de  glaces  au  travers  defquelles  il  falloit  paffer  : 
(  car  un  inftind  falutaire  fait  appréhender  à  la  baleine 
les  bas-fonds;  fa  groffeur  l'empêche  d'approcher  des 
côtes  y  &C  la  retient  dans  les  abymes  prefque  inaccef- 
fibles  de  la  mer  du  Pôle  ,  vers  le  Spitzberg ,  le  Groen- 
land ,  &  le  Détroit  de  Davis.  )  Ils  ont  les  premiers 
enhardi  aux  différens  détails  de  cette  pêche  les  autres 
Peuples  Maritimes  de  l'Europe.  Les  Hollandois,  tou- 
jours habiles  à  profiter  des  découvertes  des  autres 
Peuples,  &  attentifs  à  faifir  les  différentes  manières 
de  s'enrichir  ,  fe  font  formés  à  cette  pêche ,  qui  efl 
devenue  un  des  objets  les  plus  importans  de  leur 
commerce  ;  ils  y  ont  employé ,  dit-on  ,  jufqu'à  trois 
ou  quatre  cents  bâtimens ,  munis  de  harpons ,  de  lances, 
d'une  grande  quantité  de  cordes ,  &c  deux  ou  trois 
mille  Matelots  ,  (  fans  compter  neuf  à  dix  mille  per- 
fonnes  que  cette  pêche  occupe  encore  après  le  retour 
des  navires  )  ,  ce  qui  leur  produit  des  fommes  très- 
confidérables  ,  car  ils  fourniffent  feuls  ,  eu  prefque 
feuls  ,  toute  l'Europe ,  d'huile  &c  de  favon  de  haleine. 

L'année  1667  efl  citée  dans  les  annales  de  la 
pêche  de  la  baleine ,  comme  la  plus  riche  &  la  plus 
abondante  :  ici  vaiffeaux  de  différentes  Nations  ,  dont 
les  Hollandois  en  avoient  à  eux  feuls  1 29 ,  prirent  1968 
haleines  ,  dont  on  tira  3784490  florins.  Cette  pêche 
n'a  pas  été  depuis  auffi  ccnfidérable  \  néanmoins  les 
Hollandois  exportent  affez  régulièrement  par  année ,  tant 
en  fanons  qu'en  huile,  pour  un  million  de  florins  ;  par-là, 
ainfi  que  par  les  pêches  du  hareng  &  de  la  morue ,  (Voyez 
ces  mots ,  )  ils  ont ,  depuis  plus  d'un  fiecle  ,  ajouté  des 


BAL  39 

femmes  Immenfes  à  leurs  rlcheffes  ^  aiiffi-bien  qu'à 
la  force  de  leur  Etat  confidéré  comme  PuifTance 
Maritime. 

C'efl  dans  le  Détroit  de  Davis  que  la  vraie  baleine. 
fe  trouve  en  abondance  ,  dans  les  mois  de  Février  ëc 
de  Mars  ;  après  ce  temps  les  baleines  fe  perdent  peu-à- 
peu  fur  ces  côtes  ,  en  prenant  la  route  de  l'Oueu  vers 
celles  de  l'Amérique.  Elles  ne  font  plus  fi  abondantes 
préfentement  ;  car  voilà  près  d'un  fiecle  &  demi  qu'elles 
y  font  attaquées  par  les  HoUandois  &  par  les  autres  Na- 
tions. On  trouve  dans  le  Détroit  de  Davis ,  vers  Plfle 
Difco  ,  des  baleines  de  foixante  -  dix  pieds  de  long. 
Elles  font  plus  difficiles  à  harponner .  parce  qu'elles 
plongent,  &  reviennent  alternativement  fur  l'eau.  Cette 
pêche  n'efl 'point  fi  périlleufe  que  celle  qui  fe  fait  iur 
les  Côtes  de  Groenland ,  oii  les  navires  courent  de 
grands  dangers,  à  caufe  des  glaces  qui  viennent  s'y 
attacher ,  les  "arrêtent  fans  qu'ils  puiffent  s'en  débar- 
raffer  ,  &  les  font  périr  fans  reiiource  ,  ainfi  que 
réprouvent  tous  les  ans  quelques  HoUandois  (  ^  ). 

On  avitaille  pour  neuf  mois  les  vaiffeaux  qm  par- 
tent pour  la  pêche  de  la  baleine  :  ils  vont  pourfuivre 
les  baleines  jufque  fur  les  Côtes  de  l'Amérique  ,  & 
continuent  la  pêche  jufqu'à  la  fin  du  mois  d'Août. 

Quelques  Pêcheurs  rebutés  des  dangers  ,  font  venus 
faire  la  pêche  de  la  baleine  vers  l'Ide  de  Finlande  , 
dans  l'endroit  nommé  Sarde,  Les  baklncs  y  font  plus 
petites  que  celles  du  Groenland.  La  pêche  de  la  baleine 
fur  les  Côtes  de  Spitzberg  ,  étoit  déjà  confidérable 
vers  la  fin  du  feiaieme  fiecle. 

Voici  en  peu  de  mots  la  manière  dont  fe  fait  la 
pêche  de  ce  monflrueux  cétacée. 

(a)  Les  hardis  Navigateurs,  qui  vont  nous  chercher  de  I*liuîre  aa 
milieu  des  glaces  ,  y  vont  plufieurs  enfemble  i  &  ,  prefque  chaque 
année  ,  il  y  périt  quelques  bâtimcns  baleiniers  reftés  dans  les  glaces  ^ 
mais  les  Matelots  des  autres  ,  qui  n'y  font  pas  encore  enfermés  ,  vont 
chercher  leurs  camarades  fur  les  glaces  ,  &  c'eft  ce  qui  les  enhardit 
à  aUer  fi  loin, 

G  4 


40  BAL 

Lorfau'un  bâtiment  eft  arrivé  dans  les  parages  ov! 
doit  fe  faire  le  paiTage  &  la  pêche  des  haleines ,  un 
Matelot  placé  au  haut  du  mât  de  hune  ,  en  vedette", 
avertit  aufTi-tot  qu'il  voit  une  haUïne.  Il  crie  ,  en  langue 
bafque  ,  batla  !  balial  L'équipage  le  jette  auiri-tôt  dans 
les  chaloupes  qui  étoient  iiilpendues  aux  côtés  du  bâ- 
timent ,  6c  qu'on  a  mifes  à  Teau ,  &  on  fait  force  de 
rames  pour  atteindre  la  huldnc  apperçue.  Le  plus  hardi 
ôc  le  plus  vigoureux  Pêcheur ,  armé  d'un  harpon ,  fe 
place  fur  l'avant  de  la  chaloupe  ;  dès  qu'il  eil  à  portée 
de  la  bakinc ,  il  lance  avec  adreffe  le  harpon  flir  les 
endroits  les  plus  fenfibles  de  l'animal ,  tels  que  le 
deflous  de  l'ouïe  ,  la  plus  grande  partie  du  dos  &  les 
parties  de  la  génération ,  quelquefois  la  tête.  Le  Kar- 
ponneur  court  de  grands  rifques  ;  car  la  halzim  ,  après 
avoir  été  blefiee  ,  s'agite  ,  fait  de  grands  mouvemens , 
donne  de  furieux  coups  de  queue  &  de  nageoires  qui 
battent  l'eau ,  la  font  fauter  Se  jaillir  en^brouillards  , 
tuent  fouvent  le  Harponneur  &  les  Rameurs ,  brifent  ou 
renverfent  la  chaloupe  (  ^  ). 

Lorlque  le  harpon  a  bien  pris ,  on  fe  haie  de  filer  la 
corde  à  laquelle  il  tient ,  &:  la  chaloupe  fuit  à  la  vue. 
Lorfcjue  la  haUlne  ,  qui  au  coup  de  harpon  a  pris  la 
fuite  &  plongé  dans  la  mer  ,  revient  fur  l'eau  pour 
refpirtr  ,  en  tâche  d'achever  de  la  tuer  en  la  perçant 
à  coups  de  lance  ,  mais  en  évitant  toujours  avec  grand 
foin  fa  queue  ôc  fes  nageoires ,  qui  donnent  des  coups 

(a)  Le  harpon  eft  un  inftrument  de  fer  légèrement  trempé,  de  trois 
pieds  de  longueur  ,  avec  un  manche  de  bois  de  fix  pieds  de  long  ,  plus 
gros  en  haut  qu'en  bas,  &  creux  jufqu'à  la  moitié  pour  y  faire  entrer 
Je  fer.  La  pointe  du  harpon  eft  triangulaire  ,  &  a  la  forme  d'une  f;eche. 
Le  poids  du  fer  étant  en  bas,  de  quelque  manière  que  le  harpon  foil 
lancé  ,  il  tombe  toujours  fur  fa  pointe.  A  ce  fer  ,  près  du  m<jnche  ,  eft 
attachée  la  ha'-pcire^  qui  eft  Uîie  corde  de  fix  à  fept  hrafles  de  longueur 
fur  un  pouce  d'épaiffeur  ;  elle  doit  être  faite  du  chanvre  le  plus  doux 
^  ie  plus  fin  ,  &  fans  être  goudronnée  ;  on  la  roule  ,  afin  qu'elle  ne 
retienne  pas  le  harpon  lorfqu'on  le  lance.  Cette  corde  eft  liée  à  une 
autre,  placée  à  i'aurre  bout  du  harpon  ,  pour  fuivre  l'animal  dans  fii 
fuite.  Cette  dernière  cil  bien  goudronnée,  faite  d'un  chanvre  rude,  Ô6 
tgaucoup  plus  grolVe  &  j>lus  forte  que  la  harpoirç. 


BAL  4t 

mortels.  Ce  moment  eft  le  plus  dangereux.  Toujours 
elle  rejette  l'eau  avec  fureur  &c  un  bruit  épouvantable  ; 
fouvent  elle  fuît  rejaillir  fon  fang  en  il  grande  quan- 
tité ,  qu'elle  en  couvre  les  chaloupes  &  les  Pêcheurs , 
6z  que  la  mer  en  paroît  teinte  dans  un  grand  efpace. 
Le  bâtiment  toujours  à  la  voile ,  fuit  de  près  ,  afin 
d'être  à  portée  de  remorquer  la  baleine  harponnée. 
Loriqu'elle  eu  morte  ,  ou  que  l'animal  épuifé  n'a 
plus  de  force  ,  ce  qui  fe  reconnoît  à  la  corde  qui 
paroît  lâche  ,  Se  au  foible  bruit  de  l'eau  que  la  haleine 
rejette  alors  par  fes  nafeaux  ,  on  la  remorque ,  on 
lui  coupe  la  queue  ,  &C  on  l'attache  aux  côtés  du 
bâtiment  avec  d^s  chaînes  de  fer  :  la  tête  ell:  vers  la 
poupe  5  &  l'endroit  oii  l'on  a  coupé  la  queue ,  vers  la 
proue.  AufTi-tôt  les  Charpentiers  fe  mettent  delïiis  la 
kîkine  ,  vêtus  d'habits  de  cuir ,  avec  des  bottes  ar- 
mées de  crampons  de  fer  aux  femelles ,  crainte  de  gliiTer 
fur  la  peau.  Dans  cet  état  ,  ils  enlèvent  le  lard  de  la 
baleine  fufpendue  dans  l'eau ,  &:  on  le  porte  à  l'inilant 
dans  le  bâtiment  où  on  le  fait  fondre. 

Les  Hollandois  craignant  les  dangers  du  feu  dans  les 
vaiHeaiLx  ,  tranfpcrtent  les  barriques  de  graifle  dans 
leur  pays  pour  la  faire  fondre  ,  en  quoi  ils  fe  mon- 
trent moins  hardis*  que  les  Bafques.  La  hardielTe  de 
ces  derniers  eu  récompenfée  par  le  profit  qu'ils  font , 
qid  efî  communément  triple  de  celui  des  Hollandois. 

Comme  les  François  6c  les  Bafques  font  fondre  la 
graille  ou  le  lard  des  haleines  à  mefure  qu'on  l'enlevé  , 
les  huiles  françoifes  font  auffi  meilleures  &  moim 
puantes  que  celles  que  préparent  les  Hollandois. 

Une  haleine  moyenne  produit  environ  i  looô  livres 
pefant  d'huile.  Elle  donne  un  plus  grand  nombre  de 
barriques  d'huile  ,  à  raifon  de  fa  grandeur  &  de  fon 
embonpoint.  En  général ,  la  couche  de  lard  dont  une 
bonne  haleine  efl  totalement  recouverte ,  a  dix  ou 
douze  pouces  d'épaiffeur.  Les  couteaux  dont  on  fe 
fert  dans  cette  opération   ont   jufqu'à  cinq  pieds  de 


42  BAL 

longueur  :  on  fe  tient  loin  de  la  graifle  ,  on  la  croît 
capable  de  caufer  une  cohtradion  de  nerfs ,  &c  de  ren- 
dre perclus  les  bras  6c  les  mains. 

Lorsqu'on  a  tourné  6c  retourné  la  baleine  pour  en 
enlever  la  graiffe  ,  on  retire  les  barbes  ou  fanons  qui 
font  attachés  dans  la  gueule  ,  &  que  nous  avons  dit 
lui  fervir  de  dents. 

La  côte  entière  &  ofTeufe  appartient  non-feulement 
au  propriétaire  du  vaiffeau  ,  mais  encore  à  tous  les 
intéreflés  dans  l'entreprife.  L'Equipage  a  la  moitié  du 
produit  de  l'huile  ,  6c  le  Capitaine  ,  le  Pilote  ,  le 
Charpentier ,  ont  encore  par  -  defîiis  les  autres  une 
gratihcation  fur  le  produit  des  barbes  ou  fanons. 

L'huile  &.  les  fanons  iont  les  grands  produits  que 
l'on  retire  de  la  baUïne,  L'huile  fert  à  brûler  à  la 
lampe  ,  à  faire  le  favon  du  Nord ,  à  la  préparation 
des  laines  des  Drapiers  ,  aux  Corroyeurs  pour  adoucir 
les  cuirs ,  aux  Peintres  pour  délayer  certaines  cou- 
leurs ,  aux  Marins  pour  graiifer  le  brai  qui  fert  à 
enduire  &  fpalmer  les  vaifl'eaux  ,  aux  Architedes  & 
aux  Sculpteurs  pour  faire  une  efpece  de  maflic  avec 
de  la  cérufe  ôc  de  la  chaux ,  lequel  durci  ,  fait  une 
croûte  fur  la  pierre ,  &  la  garantit  des  imprefTions 
de  l'air  &:  des  injures  du  temps.    ' 

On  diflingue  à  Paris  deux  fortes  à^huile  de  haleine. 
Celle  qu'on  nomme  de  grande  haie  ou  de  pkhe  fran-^ 
çoife  ,  efl  la  meilleure ,  pai*  la  raifon  que  l'on  a  dite 
ci-defîlis.  A  l'égard  à^s  lames ,  appelées  fanons  de  ba^ 
leine  ,  &  que  le  vulgaire  nomme  improprement  côtes 
de  baleine  ,  leur  ufage  s'étend  à  une  infinité  de  choies 
utiles  :  on  s'en  fert  dans  les  Arts ,  &  en  particulier 
dans  l'ajuftement  des  femmes  ,  à  faire  tout  ce  qui 
exige  à  la  fois  de  la  force  &  de  la  fouplelTe  ,  du  reffort 
fans  roideur ,  ôc  de  la  flexibilité  fans  moUeffe  ;  en  un 
mot ,  on  en  fait  des  bufques  de  corps ,  des  branches 
de  parafol ,  &:  mille  autres  ouvrages. 

La  chair  des  bakines  eft  difficile  à  digérer  ,  mais 


BAL  45 

cependant  propre  aux  eftomacs  robufles  des  Habitans 
des  contrées  qu'elles  fréquentent. 

La  néceffité  a  appris  aux  Iflandois  &  aux  Pêcheurs 
des  Ifles  de  Féroe  ,  le  moyen  de  s'emparer  de  l'ef- 
pece  de  baleine  qu'on  nomme  le  nord-caper^  quoiqu'ils 
foient  dépourvus  de  chaloupes  ,  de  bâtimens  &:  des 
uilenfiles  nécefîaires  à  cette  pêche.  Lorfqu'ils  apper- 
çoivent  le  nord-capcr  donner  la  chafîe  aux  harengs  , 
&  les  poufler  adroitement  fur  les  côtes  pour  en  attra- 
per un  plus  grand  nombre  à  la  fois ,  ils  fe  jettent  à 
l'inflant  dans  leurs  canots  ;  ils  pourfuivent  la  baleine 
par-derriere  à  force  de  rames  ;  &  fi  le  vent  fouffle  fur 
la  côte  ,  ils  verfent  dans  la  mer  quantité  de  fang  , 
dont  ils  ont  fait  bonne  provifion.  La  baleine  qui  veut 
regagner  la  haute  mer ,  s'effraie  lorfqu'elle  voit  ce 
fang  ;  &  plutôt  que  de  nager  à  travers ,  elle  retourne 
en  fuyant  vers  la  côte ,  où  elle  échoue ,  6c  alors  ils 
s''tn  emparent  aifément. 

Ennemis    des   BALEINES, 

Les  baleines  ont,  indépendamment  de  l'homme  ,' 
plufieurs  ennemis  très-dangereux ,  dont  quelques-uns 
font  eux-mêmes  de  véritables  baleines  ,  mais  d'efpece 
différente  ;  telle  efl  la  licorne  de  mer  ou  le  narhwaL 
Voyez  au  commencement  de  cet  article  Ll CORNE  DE 
Mer.  Tel  efl  Vourque  ou  épaulard  dont  nous  parlerons 
ci-après. 

Les  baleines ,  malgré  leur  force  &:  la  groffeur  pro- 
digieufe  de  leur  maffe  ,  tremblent  à  l'afped  de  Vépée 
de  mer  de  Groenland,  &  de  hifcie  de  mer  ;  elles  s'a- 
gitent en  fautant  d'une  façon  extraordinaire  ,  &  fe 
fauvent  avec  précipitation  du  côté  oppofé.  Voye^^  t ar- 
ticle Scie  de  Mer  ,  &  à-aprïs  Épée  de  Mer  de 
Groenland. 

La  baleine  a  un  autre  ennemi  qui  la  tourmente  beau- 
coup ,  quoiqu'il  foit  en  apparence  infiniment  moins 
redoutable  que    ceux   dont  nous  venons  de  parler  i 


44  BAL 

c'cll  un  ver  teftacée  ,  qui ,  lorfqu'il  eu  étendu ,  peut 
avoir  fix  à  fept  pouces  de  long  ,  &  qu'on  nomme 
peu  de  baleine.  Cet  animal  eft  armé  d'une  coquille  à 
nombre  de  pans  ,  dont  les  deux  extrémités  forment 
une  ouverture  par  où  il  paiTe  fes  bras ,  avec  de  longs 
poils  qui  lui  fervent  à  piquer  la  baleine  ^k{t  nourrir 
de  fa  graifie.  Cet  animal  fe  loge  fous  les  nageoires  , 
dans  les  oreilles  &  vers  le  membre  génital.  Lorfqu'ii 
efl  étendu  ,  il  a  tout  l'air  d'un  polype  de  mer.  Voyez 
Pou  DE  Baleine, 

Eph  de  mer  de  Groenland. 

VÉpée  du  Groenland  eil  une  petite  efpece  de  ba-^ 
leine  de  la  longueur  de  dix  à  douze  çïeàs  ,  d'une 
agilité  étonnante.  Ses  deux  mâchoires  font  armées  de 
petites  dents  pointues  :  fa  queue  efl  horizontale  ;  & 
elle  rejette  ,  comme  la  baleine  ,  par  un  évent  ,  l'eau 
qu'elle  avale.  Elle  porte  fur  le  bas  du  dos  une  efpece 
d'épée  ou  de  fabre  ,  d'où  lui  efl  venu  fon  nom.  Cette 
efpece  de  fabre  a  trois  ou  quatre  pieds  de  haut  ,  & 
rcifemble  plutôt  à  un  pieu  pointu  qu'à  un  fabre.  De 
plus  ,  il  efl  revêtu  de  la  même  peau  que  l'animal  ,  & 
paroît  être  hors  d'état  de  blefTer  la  baleine.  On  penfe 
qu'il  fert  à  cet  animal  pour  s'arrêter  dans  fa  courfe  , 
ou  pour  en  modérer  quelquefois  la  trop  grande  rapi- 
dité. Ce  pieu  efl-il  une  efpece  de  nageoire  ?  M.  Briffi^n 
défigne  ainfi  cette  efpece  à^épée  de  mer  :  Ddphinus  pinnâ 
in  dorjo  unâ  gladii  recurvi  amuld  ,  dentihus  acutis  ,  rofiro 
quaji.  truncato. 

C'efi  par  leur  gueule  que  ces  animaux  font  à  crain- 
dre :  ils  marchent  en  troupe  ,  &:  attaquent  tous  enfcmble 
la  baleine  :  ils  lui  arrachent  avec  leurs  dents  ,  chacun 
de  leur  côté  ,  quelques  morceaux  du  corps  ,  jufqu'à 
ce  qu^étant  harcelée  &  fatiguée  ,  elle  ouvre  la  gueule 
6c  en  fait  fortir  fa  langue.  A  l'inflant  ils  s'élancent 
fur  cette  langue ,  qui  eu  prefqué  la  feule  partie  de  la 
haleine  propre  à  leur  nourrirure  ,  6c  s'éîant  prefque 


BAL  45 

întroduits  dans  la  gueule  ,  ils  Tarrachent  toute  entière  : 
ce  qui  fait  que  les  Marins  trouvent  quelquefois  des 
haldms  mortes  qui  ont  perdu  la  langue.  \Jipk  de 
mer  eft  le  kafatkl  des  Kamtfchadales  :  il  efl  aufii  très- 
commun  dans  leurs  mers.  Les  Pêcheurs  de  ces  înfu- 
laires  le  redoutent  tellement .,  que  loin  de  l'attaquer , 
ils  l'évitent  ,  &  lui  font  même  des  offres  pour  qu'il 
ne  leur  faffe  pas  de  mal  :  tout  cela  ne  l'empêche  pas 
de  renverfer  leurs  barques.  Les  Pêcheurs  de  haldms , 
fur  les  Côtes  de  la  Nouvelle  Angleterre ,  l'appellent 
kïlU-zrs  ,  ^a.ffajjin^,  A  l'égard  de  VlpU  de  mer  dite 
efpadon  ^^o'Aon  feul  de  fon  genre  ,  /^<?y^{  Espadon. 

Marfouïn ,  félon  quelques-uns ,  U  Souffleur  vulgaire. 

Le  Marfouïn  ou  cochon  de  mer^  on  porc  de  mer  ^  c'efl 
le  turjio  des  Latins  ,  le  phoccena  des  Grecs.  Le  nom  de 
mnrjouin  eil  dérivé ,  fuivant  Belon  ,  de  deux  mots  du 
bas- Allemand  ;  meer  ^  mer  ,  ^cfchwein  ,  povirceau  ;  de 
forte  que  marfouïn  veut  dire  pourceau  de  mer ,  OC  cette 
dénomination  eft  affez  jufle.  Le  marfouïn  ,  par  la  flruc* 
ture  de  fon  mufeau ,  6c  par  fa  conformation  intérieure , 
ayant  beaucoup  de  rapports  avec  le  cochon. 

Le  marfouïn  efl  le  plus  petit  des  animaux  cétacées , 
&  efl:  regardé  par  M.  Anderfon  comme  une  très-petite 
efpece  de  haleïne.  Sa  longueur  ordinaire  eft  de  cinq  à 
fix  pieds  ;  mais  ,  quoique  moins  long  que  le  dauphin  , 
il  a  le  corps  plus  fourni  à  proportion ,  &:  plus  épais  ; 
il  a ,  comme  lui  ,  un  trou  ou  évent  fur  la  tête ,  par 
lequel  il  rejette  l'eau.  Sur  le  dos  s'élève  une  nageoire 
échancrée  en  demi-lune  vers  la  queue ,  laquelle  efl 
taillée  en  faucille  &  horizontale  ,  de  même  que  les 
nageoires.  La  gueule  eft  garnie  ,  tant  en  haut  qu'en 
bas  ,  de  petites  dents  fort  pointues ,  efpacées  &  dif- 
pofées  de  manière  qu'elles  s'engrènent  réciproque- 
ment les  unes  dans  les  autres.  Le  marfouïn  n'a  point 
d'oreilles  externes  ,  &  l'œil  peut  à  peine  reconnoître 
ks  conduits  auditifs  •,  les  deux  trous  des  narines  font 


46  BAL 

furmoiités  chacun  par  un  poil  ou  une  foie  rude  , 
longue  d'un  demi-pouce  ,  &  qui  fe  trouve  même  dans 
le  tbetus  de  cet  animal.  Sa  langue  ei\  frangée  par  les 
bords  ,  courte  &  attachée  au  fond  de  la  bouche.  Les 
parties  de  la  génération  font  apparentes  dans  les  deux 
fexes.  La  femelle  ne  produit  qu'un  ou  deux  petits. 

Le  marfouin  n'a  pas  la  gaieté  pétulante  du  dauphin  ; 
il  paroît  morne  &  lourd  ;  il  a  beaucoup  de  reifem- 
blance  avec  l'ourque  pour  la  forme  du  corps ,  mais 
il  eil  plus  petit.  Au  reil:e  ,  l'efpece  du  marfouin 
renferme  quelques  variétés  ;  car  on  en  voit  de  cou- 
leur bmne  ,  èc  d'autres  tout  à  fait  blancs.  Il  paroît 
que  les  marfouins  blancs  habitent  les  fleuves  de  pré- 
férence à  la  mer  ;  qu'ils  font  moins  nombreux ,  plus 
folitaires  que  les  bnms  ;  qu'ils  ont  aufîi  la  chair  moins 
bonne.  Quelques-uns  nomment  pourJiLU  ,  l'efpece 
bnme  ,  &  moine,  de  mer  ,  Tefpece  qui  eft  blanche  & 
qui  a  comme  une  forte  de  coqueluchon.  Cette  efpece 
ert  très-nombreufe  Ôc  univerfellement  répandue.  On  la 
trouve  dans  toutes  les  mers  ,  &  même  dans  quelques- 
uns  des  grands  fleuves  de  la  Chine  &  de  l'Amérique. 
Ces  petits  cétacées  vont  par  troupes ,  quelquefois  de 
plufieurs  miniers ,  &  en  telle  quantité  que  la  mer  en 
efl:  couverte  dans  un  efpace  de  plufieurs  lieues.  Ils 
fuivent  les  navires ,  &:  quand  ils  s'en  approchent  de 
fort  près ,  c'eft ,  au  dire  des  Mariniers ,  un  préfage  de 
tempête  prochaine. 

Le  marfouin  entre  &  monte  affez  haut  dans  les 
grandes  rivières  avec  le  flux  ;  on  l'y  voit  s'y  jouer  , 
en  pirouettant  &  s'élançant  à  mi-corps  hors  de  l'eau  : 
fouvent  il  fait  entendre  un  fifflement  pareil  à  celui  que 
rend  un  bœuf  par  une  refpiration  profonde  ;  &  c'eft , 
à  ce  qu'on  prétend  encore  ,  le  préfage  d'un  temps 
orageux. 

La  nourriture  des  marfouim  conlifte  en  fardines  , 
maquereaux  ,  &  fur-tout  en  harengs.  La  pêche  de  ces 
petits  cétacées  fe  fait  de  différentes  manières  i  la  plus 


BAL  47 

uiitée  eu  de  les  harponner  avec  le  hargout ,  •qui  eil  un 
gros  javelot  monté  d'un  fort  bâton ,  auquel  eft  attaché 
une  corde  que  le  Pêcheur  laiile  hier  à  meflire  que  le 
marfouin  bleffé  s'éloigne.  On  a  obfervé  que  les  autres 
marfouins  viennent  s'abreuver  du  fang  qui  fort  en 
grande  abondance  de  la  blefïïire  de  celui  qui  eiî  har- 
ponné ,  &  que  fi  par  hafard  le  harpon  fe  détache  , 
ou  que  le  marfouin  retombe  lorfqu'on  le  tire  de  l'eau  ^ 
les  autres  ne  le  quittent  point  qu'ils  ne  l'aient  mangé, 
Lorfqu'on  les  jette  fur  le  tillac  après  la  pêche  ,  ils 
pouflent  une  forte  de  gémiffement  femblable  à  celui 
d'un  cochon  qu'on  vient  d'égorger.  Le  fang  des  mar-^ 
foulns  efl  auiTi  chaud  que  celui  des  animaux  terreflres. 
Les  Pêcheurs  du  Mont-Farville  en  Normandie  fe  fer- 
vent pour  la  pêche  des  marfouins ,  de  rets  ou  filets 
de  gros  fil ,  avec  des  mailles  de  neuf  pouces  en  carré  : 
lorfque  les  Pêcheurs  apperçoivent  de  haute  mer  à  la 
côte  des  marfouins  dans  les  petites  anfes  que  forment 
les  pointes  des  rochers  ,  ils  approchent  ,  forment  une 
efpece  d'enceinte  au  moyen  du  filet  ;  alors  les  mar- 
fouins refient  à  fec  ,  au  reflux  de  la  mer  ,  &  échouent 
les  uns  fiu'  les  autres  ;  on  les  prend  facilement ,  on  les 
affomme  :  on  en  voit  quelquefois  franchir  le  filet  en 
s'élançant ,  quand  il  y  a  encore  affez  d'eau  pour  qu'ils 
puifTent  nager.  Au  Canada  ,  dans  le  temps  de  la  bafTe- 
marée ,  on  fiche  dans  la  vafe  ou  dans  le  fable  des 
piquets  garnis  par  le  haut  de  verdure  :  on  attache  à 
ces  piquets  des  filets  en  forme  d'entonnoirs  ,  &  lorique 
la  marée  monte  ,  les  marfouins  qui  pourfulvent  les^ 
harengs  que  la  verdure  attire  ,  paffent  par  l'entonnoir  ^ 
fans  pouvoir  retourner  à  la  haute  mer  ;  ils  refient  à 
fec  lors  du  reflux  parfait ,  &  on  les  affomme  à  coups 
de  bâton. 

On  dit  (  ce  qui  paroît  très-fmgulier  )  que  tous  les 
ans,  dans  le  mois  de  Juin, le  marfouin  devient  aveugle, 
par  l'effet  d'une  petite  membrane  ou  efpece  de  taie  qui 
le  forme  fur  fes  yeux,  Les  Iflandois  ne  manquent  pas 


4  BAL 

cie  profîtei?  de  cette  faifon  ,  &:  ils  en  chafTent  queî^ 
quefois  jufqu'à  trois  cents  à  la  fois  vers  les  côtes , 
cil  ils  les  prennent  facilement.  Ils  mangent  les  jeunes 
marjbuins ,  ëi  retirent  un  peu  d'huile  des  autres.  En 
général  la  chair  des  marfouins  cit  peu  délicate  6c  de 
difficile  digeflion  ;  il  n')^  a  guère  que  le  fcic  &  la 
tête  qui  en  foient  mangeables  ;  6c  la  plus  grande  utilité 
qu'on  retire  de  la  pêche  des  marfouins ,  confiile  dans 
leur  lard  ,  qu'on  fait  fondre  pour  en  tirer  de  l'huile , 
qui  fert  à  brûler  ,  &  qu'on  emploie  aufTi  dans  les 
Tanneries ,  les  Savonneries ,  &:c.  On  prétend  que  la  peau 
du  marfouïn  ,  apprêtée  ,  donne  un  cuir  léger ,  fouple 
6c  impénétrable  aux  coups  de  feu. 

Epaulard  ou  Ourque  (Orca). 

Rct'dekt  donne  ce  nom  à  une  efpece  de  baleine ,  quî 
eft  le  biiti'kopf  d'Anderfon*  On  le  nomme  dor^ua  en 
Langue  doc  ;  c'eft  le  ddphinus  pinnâ  in  dorjo  imâ  , 
dentibus  ohtufis  de  M.  Briflbn  ;  le  ddphinus  roftro  fur- 
fùm  rtpcndo ,  dentibus  lads  ferrads  d'Artedi.  C'eft  un 
cétacée  d  e  moyenne  grandeur  ;  il  n'a  guère  que  quinze 
à  feize  pieds  de  longueur ,  &:  reflemble  en  tout  îi  fort 
au  marfoui.n  ,  tant  à  l'intérieur  qu'à  l'extérieur ,  qu'on 
ne  pourroit  le  regarder  que  comme  une  efpece  de  très- 
grand  maryoum  ,  ou  comme  la  première  entre  celle 
des  petits  c  étacces ,  marfouins  &  dauphins.  Uourque 
a ,  comme  t>  dus  ces  animaux  marins  ,  un  conduit  pour 
alpirer  l'air  &  rejeter  l'eau  :  c'efl  un  ennemi  qui  fe 
rend -redoutable 9  même  aux  plus  grandes  baleines^  par 
fa  férocité,  fa  force  &  fon  agilité  dans  l'attaque,  & 
par  le  s  dents  larges  ,  tranchantes  &  pointues  ,  dont  fa 
gueule  eft  ar,  tnée  ;  il  mord  la  baleine  6c  la  fait  mugir 
ôc  fuir'  fur  l  es  côtes ,  ce  qui  eft  très-favorable  aux 
Pêcheurs:  au.  iîi  empêchent-ils  autant  qu'ils  peuvent, 
qu'on    ne  blelTe  6c  qu'on  ne  tue  Us  épaulards. 

Dauphin^ 


BAL  49 

Dauphin. 

Le  Dauphin  efl  mis  au  rang  des  haleines.  Son  nom 
cfl:  formé  dans  la  plupart  des  langues  du  Grec  hx^piv  ; 
c'efi:  la  balœna  minor ,  mrâquz  niaxiUâ  dcntatd ,  dorfo 
pinnato  ,  delphmus  vulgo  dtcla  ,  d'Anderfon.  C'cfl  un 
animai  marin  dont  la  tigure  a  peu  de  rapport  à  celle 
qui  entre  dans  le  Blalbn ,  &  à  la  forme  fous  laquelle 
les  Sculpteurs  &  les  Peintres  repréfentent  cet  animal. 
Le  dauphin  eil  un  cétacée  moins  grand  que  Vourque  , 
&  plus  grand  que  le  marfoum  ;  tous  trois  forment  le 
groupe  à.ts  petits  cétacées  ,  qui ,  pour  toutes  les  di- 
mentions  ,  font  infiniment  au-delTous  des  baleines  &c 
ces  cachalots.  Le  dauphin  a  communément  dix  pieds 
de  longueur  &:  deux  d'épaiffeur  à  l'endroit  le  plus  gros 
du  corps  ;  fa  queue  eil  à-peu-près  de  la  même  largeur. 
(  Celui  qu'on  a  vu  à  Paris  en  1773  ,  avoit  un  peu  plus 
de  dix  pieds  de  longueur ,  il  étoit  gros  comme  un  bœuf, 
ôc  du  fexe  mâle  :  on  le  montroit  au  public  fous  le 
nom  àe petite  balclm.)  Il  a  deux  nageoires  ou  palmes 
latérales  ,  longues  d'environ  feize  pouces ,  &  larges 
de  dix  ;  &  une  autre  d'un  pied  &;  demi  de  hauteur  ," 
élevée  en  manière  de  gouvernail  Rir  le  nûlieu  du  dos. 
La  forme  du  corps  efï  ronde  ,  oblongue ,  renflée  à  la 
partie  antérieure ,  &  fe  terminant  en  pointe  ;  fa  peau 
eil  dure  6^  très-liiTe  ,  noire  fur  le  dos  oc  blanche  fous 
le  ventre.  Le  mufeau  efl  cylindrique ,  très-alongé  eu 
manière  de  bec ,  d'où  vient  le  furnom  de  bec  d'oie  , 
que  l'on  a  donné  au  dauphin  :  ce  long  bec  ou  mufeau 
efl  profondément  fendu ,  &:  les  deux  mâchoires  font 
garnies  ,  fur  plus  d'un  pied  de  longueur ,  de  petites 
dents  pointues  ,  rangées  en  peigne ,  &  dont  l'atteinte 
paiIe  pour  être  venim-eufe.  Sur  la  tête  paroit  l'évent 
ou  l'ouverture  de  la  trachée  par  laquelle  il  afpire  l'air 
&  rejette  l'eau.  Les  yeux  font  allez  grands  ,  6c  beau- 
coup plus  à  proportion  du  corps  ,  que  dans  les  plus 
grands  cétacées. 

Tome  IL  D 


*çô  BAL 

Bélon  dit  que  le  fquelette  du  dauphin  refîemble  k 
celui  de  l'homme  ;  il  faut  en  excepter  les  jambes  ,  il 
n'en  a  pas.  On  y  diflingue  vingt- quatre  groiTes  ver- 
tèbres ,  dont  les  premières  font  percées  &:  contiennent 
la  moelle  épiniere  ;  mais  celles  qui  dcfcendent  depuis 
l'anus  jufqu'à  l'extrémité  de  la  queue ,  ibnt  autant  de 
petites  rouelles  rondes  ,  attachées  les  imes  aux  autres 
&  non  percées.  La  queue  ell  uniquement  compcfée 
d'une  matière  nerveufe  ,  fans  autres  ofTemens  ;  mais 
les  bras  &  avant-bras ,  quoique  courts ,  ont  les  mêmes 
ojfremens  que  dans  l'homme.  Le  dauphin  a  auiïi  vingt- 
quatre  côtes  ,  un  flernum  ,  des  omoplates  ,  des  clavicu- 
les ;  l'efpece  de  main  efl:  compofée  auffi  de  cinq  doigts 
à  articulation  ;  le  pouce  a  deux  os  ,  le  doigt  d'après 
en  a  trois  ,  le  maître  doigt  en  a  quatre ,  celui  d'après 
en  a  trois ,  le  petit  doigt  n'en  a  qu'un.  On  lui  trouve 
auffi  les  os  du  poignet  in  carpo ,  au  dedans  de  la  main. 
Etr,  Poif  foi.  4S  &  46, 

Le  dauphin  paroît  être  le  plus  vif,  le  plus  léger  & 
le  plus  intelligent  des  cétacées  :  il  nage ,  s'élance  dans 
l'eau  &  pouruiit  fa  proie  avec  tant  de  vîteiTe ,  qu'on 
l'a  nommé  la  Jleche  de  mer  :  il  devance  les  navires  à 
la  voile  ;  il  eft  ,  dit  Pline  ,  plus  vite  qu'un  oifeau  , 
plus  rapide  qu'un  trait  :  Ocyor  volucre  ,  ocyor  tclo  ; 
6c  fuivant  la  remarque  du  même  Naturalise  ,  aucun 
pciflbn  ne  pourroit  échapper  à  fa  pourfuite  ,  ni  éviter 
de  devenir  fa  proie ,  fi  l'ouverture  de  fa  bouche  n'étoit 
coupée  de  manière  qu'il  eu  obligé  de  fe  renverfer  llir 
le  flanc  pour  faifir ,  ce  qui  laifTe  au  poiflbn  un  inftant 
pour  échapper.  Cependant  les  nageoires  du  dauphin 
font  aflez  petites  ,  &:  la  rapidité  de  les  mouvemens 
tient  plus  à  l'élancement  &  à  la  force  mufcuJaire  de 
fon  corps  qu'à  l'impulfion  de  fes  rames.  Il  lui  arrive 
quelquefois ,  en  pourfuivant  avec  cette  impétuofité 
les  poifîbns  fur  les  bords  de  la  mer, de  fe  mettre  à  fec,ainfi 
que  lorfqu'il  eil ,  dit-on ,  tourmenté  par  de  certains  petits 
infedes  qui  le  moleflent  d'une  manière  infupportable. 


B    A    L  51 

La  génération  Se  l'accouplement  de  ces  efpeces  de 
cétacées  font  les  mêmes  que  dans  la  baleine  :  la 
femelle  ne  porte  ordinairement  qu'un  fœtus  ,  &  rare- 
ment deux  ;  Ion  terme  efl  à  fix  mois  ;  elle  allaite  fon 
petit ,  &  le  perte  tant  qu'il  ne  peut  nager  :  tout  fon 
accroiiTement  efl  à  dix  ans.  On  croit  que  la  durée  de 
leur  vie  eft  de  vingt-cinq  à  trente  ans.  On  les  voit 
ordinairement  nager  par  troupes  ,  ou  feulement  deux 
à  deux.  On  en  voit  dans  prefque  toutes  les  mers  : 
les  Grecs  difent  qu'ils  font  des  migrations  ,  qu'ils  vont 
de  la  Méditerranée  vers  l'HcUelpont  ,  qu'ils  reftent 
quelque  temps  au  fond  du  Pont-Euxin ,  Se  qu'ils  re- 
viennent enfuite  d'où  ils  font  partis.  Lorfqu'on  les 
voit  s'agiter ,  s'élancer  ,  bondir  à  la  furface  de  l'eau , 
&  pour  ainfi  dire  fe  jouer  fur  la  mer,  en  temps  calme, 
on  en  tire  l'augure  d'une  tempête.  On  dit  qu'ils  fe 
battent  par  troupes  contre  les  bonites  6c  les  albicores. 
Ces  bonites ,  ainfi  que  les  albicores  (  ou  thons  )  pour- 
fuivent  les  poijjons  volans  pour  s'en  nourrir.  Voye^ 
Bonite  &  Poisson  volant. 

Malgré  ce  qu'on  a  dit  du  caradlere  focial  de  ces 
animaux  ,  de  l'aiFedlion  que  les  dauphins  ont  pour 
les  hommes  ,  &  leur  goût  prétendu  peur  la  mufique , 
s'ils  fuivent  les  vaiiTeaux  ,  s'ils  en  approchent  de  très- 
près  lorfque  les  Mariniers  les  fifïïent ,  c'eil  plutôt  par 
la  gourmandife  d'attraper  ce  qu'on  leur  jette ,  que  par 
amour  pour  l'homme  ;  aufîi  les  attrape-t-on  avec  un 
morceau  de  viande  mis  au  bout  d'un  hameçon  ;  d'autre- 
fois on  les  pêche  en  les  harponnant  comme  les  autres 
cétacées.  Néanmoins ,  dans  les  mers  de  Grèce  ils  çon- 
fervent  une  efpece  de  franchife  fondée  apparemment 
fur  la  tradition  des  hiftoires  que  contoit  l'ancienne 
Grèce  ,  du  fervice  qu'ils  avoient  rendu  à  plufieurs 
Grecs ,  &c. ,  en  les  fauvant  du  naufrage  :  &  Bclon  dit 
que  jamais  aucun  des  Pêcheurs  Turcs ,  Grecs ,  Efclavons^ 
&  Albanois  ,  ne  fait  de  m.al  à  un  dauphin,  Conililtes 
Etr.  Poijf,  pa^,  7.  ver^o^ 

D  ^ 


52  BAL 

Le  dauphin  peut  vivre  plus  long-temps  6.-?:^%  Taîr 
fans  eau ,  que  ians  air  dans  l'eau  ,  oii  il  fercit  furoqué , 
s'il  ne  pouvoit  venir  de  temps  en  temps  refpirer  à  la 
furface.  Gcfmr  en  a  vu  un  qui  vécut  trois  jours  hors 
de  l'eau.  On  raconte  que  lorfqu'ils  font  pris  ,  ils  ré- 
pandent des  larmes  &  font  entendre  quelques  fons 
plaintifs.  On  prétend  auiîi  que ,  flottant  &  dormant  à 
la  lurface  de  la  mer,  on  les  entend  ronfler. 

Le  dauphtr  a,  comme  tous  les  cétacées ,  un  lard  ou 
une  graille  qui  lui  recouvre  tout  le  corps  ,  d'où  vient 
que  quc'lqueS'Uns  l'ont  appelé  porc  de  mer ,  nom  qui 
néanmoins  appartient  au  marfouin.  On  retire  de  la 
grajife  ou  larci  du  dauphin  une  huile  qui  n'cft  bonne 
qu'à  brûler.  Sa  chair  eft  noirâtre  ,  a  une  odeur  &  un 
goût  défagréables  ;  elle  eft  difficile  à  digérer. 

Autres  efpcccs  de  BALEINES, 

Les  mers  du  Nord  ne  font  pas  les  feules  où  l'on 
trouve  des  hakims  ;  on  en  voit  auffi  dans  la  mer  des 
Indes ,  au  Cap  de  Bonne-Efpérance.  Ces  animaux  ont 
en  général  la  môme  conformation  ,  à  l'exception  , 
peut-ctre  ,  de  quelques  petites  diiTérences.  L'hiftoire 
qu'en  a  donnée  des  hakïnes  convient  donc  aufîi  à 
celles-ci. 

On  ne  peut  apprendre  fans  étonnement  quelle  eft  la 
force  oc  l'adrefle  de  l'homme  fauvage ,  privé  de  tous 
les  fecours  que  l'indullrie  de  l'homme  civilifé  a 
imaginés  ,  &  jouiiTant  de  toutes  les  forces  de  la 
Nature. 

Lorfque  les  Sauvages  de  l'Amérique  apperçoivent 
une  hakïnz  ,  ils  fe  jettent  à  la  nage ,  vont  droit  à  elle 
&  ont  l'adreile  de  fe  jeter  fur  fon  cou ,  en  évitant  fes 
nageoires  &:  fa  queue. 

Lorfque  la  baleine  a  lancé  fon  premier  jet  d'eau  ,  le 
Sauvr.ge  prévient  le  fécond  ,  en  mettant  un  tampon 
c?^  bois  qu'il  enfonce  à  coups  de  malfue  dans  un  des 
i^ver.ti    ou  nafeaux    dç  la    baUim  :  celle-ci  plonge 


B    A'   L  .  55 

auffi-tôt ,  &Z  entraîne  avee  elle  le  Sauvage  qui  la  tient 
fortement  embrailee  ,  au  moyen  de  crochets,  qu'il  a. 
promptement  fait  entrer  dans  ia  ^em,h3.  l^akine  ^  qui 
a  heihin  de  reipirer ,  remonte  fur  l'eau  ,  &  donne  le 
temps  au  Sauvage  de  lid  enfoiicer  un  fécond  tampon 
dansU'autre  nafeau,  ce:  qui  l'oblige  à  replonger  dans 
le  fond  de  la  mer ,  oii  elle  ell:  étouffée  faute  de  pouvoir 
faire  évacuation  ce  fes  eaux  pour  refpirer. 

Dans  les  mers  qui, -baignent  les  Mes  de  Fercë  ,  on 
voit  plufieurs  efpeces  dé  ces  baleines ,  que  les  Pêcheurs 
de  ce  pays  ,  qui  ne  l'ont  pas  auili  hardis  que  les 
Sauvages  ,  n'oient  attaquer.  La  plus  dàngereufe  de 
toutes  eu.  celle  au'ils  apnellent  trold-wal.,  oui  culbute 
fouvent  leurs  barques  ,  eu  qui  les  foule ve  en  palTant 
par-deiTous. ,  &  les  foutient  fur  fon  dos ,  comme  fur 
wxï  rocher.  Les  Pêcheurs  ont  cependant  trouvé  un 
fecret  de  les  éloigner,  en  cachant  du  cajiorcum  entre 
des  pfenches  fur  le  devant  de  leur  barque  ;  l'odeur 
défagréable  qui  s'en  exhale  ,  ck  qui  fe  fût  fentir  des 
baleines  ,  dont  l'odorat  eil  très  -  délicat ,  les  fait  fuir 
auiîi-iôt.  L-es  Kamtfchadales  n'ont  pas  d'autres  manières 
de  prendre  les  baleines  ,  qu'en  les  perçant  de  traits 
empoifonnés.  On  a  remarqué  depuis  quelques  années ,  - 
que  ces  cétacées  fréquentent  volontiers  les  mers  de 
Kamtfchatka  ;  on  y  en  voit  de.  très-grands  qui  appro- 
chent quelquefois  des  bords  du  rivage ,  &:  élèvent  leur 
dos  au-deilus  des  eaux  ,  afin  que  les  grolles  &  les 
mouettes  puifTent  enlever  les  coquillages  qui  s'attachent 
à  leur  corps  &  les  incommodent  beaucoup. 

B  A  L  î ,  Coluber  plicatilis  ,  Linn.  Ce  ferpent  a  au 
moins  un  pied  de  longue-ar.  Sa  tête  efl  ovale  ,  liiTe  ,  à 
peine  anguleufe  ;  les  yeux  très-petits  ,  les  ouvertures  des 
narines  très -peu  fenfibles  ,  &  fituées  au  fommet  du 
mufeau  ;  les  dents  peu  confidérables  ;  le  tronc  épais  , 
livide  en  delTus  ,  marqué  fur  les  côtés  d'une  bande 
longitudinale  5  formée  par  des  écailles  brunes,  excepter 
à  leur  fommet  où  elles  font  blanchâtres  ;   l'abdomea 

D  X 


U  BAL 

eft  aflez  btanc  ,  mais  fur  chacun  de  fes  côtés  eft  une 
rangée  de  petites  écailles  jaunâtres  ;  les  grandes  plaques 
qui  (Couvrent  l'abdomen  font'  au  nombre  de  128  ;  la 
queue  eu  très-courte  &  garnie  de  46  paires  de  petites 
plaques ,  ayant  chacune  une  tache  brune  afiez  grande  ; 
on  diUingue  aufTi  quelques  points  bruns  fur  l'abdomen 
6c  fur  les  premières  grandes"  plaques.  Ce  ferpent  eil 
du  trcifienie  genre. 

EALICASSE.  C'eil  le  choucas  des  Philippines  ,  de 
M.  Bnjfjn  ^  &  des  pL  cjil.  603.  Il  efl:  à-peu-près  de  la 
groficur  du  nurlc  ;  fa  queue  eft  fourchue  ;  le  bec  ,  les 
ongles  &  les  pieds  font  noirs.  On  prétend  que  le  chant 
du  bal'c.tjje  efl  auiïi  agréable  que  le  cri  des  choucas  efl 
rauque.  Le  plumage  du  ballcajfz  efl  noir  changeant  en  vert. 
BALISIER,  ou  Canne  d'înde  ou  Baralou  , 
(  Baroulou  )  Arundo  înd'ua  Florida  ^  Cannacorus 
quorumdam  ^  Lcbel.  Icon.  57;  Cannacoiis  mufcc  foUo 
&  facLC ,  Barr.  Efl.  p.  30  ;  Racua-cau^a  ,  Pil*.  Kutu-hala  , 
Rheed.  Mal.  ;  Alpina  ractmofa  ,  Pluni.  ;  Canna  Indica  , 
Linn.  i .  Les  Caraïbes  l'appellent  ccuroualy ,  halyri  ;  c'efl 
le  canmicoru^  latif^Uus  ,  vulgaris  ,  Tourn.  /nfl.  367,  Le 
halijier  efl  une  fort  belle  plante  qui  croit  en  Amérique, 
notamment  au  bord  des  ruiffeaux.  Sa  racine  efl  un  peu 
tubéreufe  &  garnie  de  fibres;  elle  poufîe- des  tiges 
fimples ,  droites  ,  feuillées  &:  hautes  de  trois  à  quatre 
pieds  &  plir,.  Ses  fleurs  font  en  épi  terminal,  d'une 
btlle  couleur  rouge  ,  &  reflémblent  en  quelque  forte 
à  celles  du  glaïeul  :  elles  font ,  dit  M.  Ddmi_e^  d'une 
feule  pièce  droite  ,  partagée  en  fix  lanières ,  dont  une 
efl  courbée  en  dehors  :  elles  n'ont  qu'une  étamine  &: 
qu'un  piflil,  auquel  fuccede  une  capfule  ovale  à  trois 
loges ,  garnies  de  femences  globuleufes.  Ses  feuilles  , 
qui  ont  environ  quatre  pieds  de  long  fur  vingt  pouces 
de  large ,  font  ovales  &:  reffemblent  à  celles  du  bananier  : 
elles  font  alternes  ,  pétiolées  ,  d'un  vert  fatiné  ,  munies 
de  nervures  très- fines  &  parallèles  :  elles  fe  développent 
en  fe  déroulant  comme  un  cornet.  C'efl  fur  ces  feuilles 


BAL  55 

que  Von  étend  k  cacao ,  lorfqu'on  le  fait  fécher.  Les 
feuilles  du  balijier  fervent  quelquefois  à  envelopper  la 
gomme  cléml ,  &  à  faire  des  cabas.  Les  Sauvages  s'en 
fervent  en  guife  de  ferviettes.Onen  faitufage  à  Cayenne 
pour  couvrir  les  cafés ,  en  les  fendant  par  le  milieu  le 
long  de  la  côte,  &  les  rangeant  eniuite  fuccelTivement 
fur  le  toit  qu'on  veut  couvrir  ;  on  les  coud  de  pied  en 
pied,  pour  qu'elles  ne  foient  pas  endommagées  par  le 
vent  :  d'autres  les  attachent  côte  à  côte  ;  de  cette 
dernière  manière  les  couvertures  durent  le  double  du 
tiemp5.  La  racine  de  cette  plante  eft  regardée  comme 
diurétique  &  déterfive.  La  graine  du  balijier  teint  en 
beau  pourpre  :  il  feroit  à  défu'er  qu'on  pût  fixer  cette 
couleur  &;  la  rendre  durable.  Divers  oifeaux ,  les  pigeons 
ramiers  fur-tout ,  font  fort  friands  de  cette  graine ,  ce  qui 
rend  leur  chair  amere  dans  la  faifon  où  ils  en  mangent. 
Barrere  dit  que  les  Sauvages  mangent  aufîi  ces  graines 
par  délices.  Dans  quelques  contrées  on  fe  fert  de  ces 
mêmes  graines  en  place  de  plomb ,  pour  tuer  les 
animaux.  On  aflùre  que  le  balijier  fe  trouve  aufîi  dans 
rifle  de  Madagafcar,  ôc  dans  les  régions  chaudes  de 
l'Afie  &:  de  l'Afrique. 

Il  y  a  le  balijier  à  feuilles  étroites  ,  Canna  Indica  , 
angujîifolia ,  Linn.  Cette  efpece  eft  plus  petite  ,  &  fes 
feuilles  font  lancéolées ,  étroites  ;  fes  fleurs  jaunâtres. 
Elle  croît  en  Amérique  entre  les  Tropiques. 

On  diûingue  une  variété  à  fleurs  d'un  jaune  pâle  , 
tacheté  de  rouge. 

M.  Le  Vicomte  de  Querhoènt^  habitant  du  Croific  en 
Bretagne ,  nous  mande  que  le  Balifur  d'Amérique  s'eft 
parfaitement  naturalifé  au  climat  du  Croific.  »  J'en  ai , 
»  dit-il  ,  en  pleine  terre  depuis  plufieurs  années  ,  à 
»  différentes  expofitions  &  fans  aucun  abri,  qui  me 
»  donnent  tous  les  ans  des  graines  parfaitement  mûres. 
>>  Ses  tiges  périflent  tous  les  ans  aux  premières  gelées , 
»  &  dès  le  mois  d'Avril  les  nouvelles  pouffes  repa- 
»  roiifent.  Comme  il  n'a  pas  encore  gelé  ici ,  C  i  î 

D4 


56  BAL 

»  Novembre  1779)  j'ai  aduellement  des  haîijlcrs  en 
»  fleur.  Il  en  efl  de  cette  plante  comme  de  Vyucca  de 
»  \^irginie  que  l'on  a  d'abord  tenu  en  ferre  ,  ôc  qu'on 
»  a  éprouvé  foutcnir  enfuite  les  plus  niJes  hivers  de 
»  ce  pays.  Barrcrz  fait  un  conte,  lorfqu'il  dit  que  les 
»  Sauvages  mettent  les  fruits  capfufeires  du  baiijier 
»  auprès  du  feu  pour  qu'ils  s'ouvrent  &:  donnent 
»  leurs  fcinences.  Lesgixiines  du /'.j/z/Tir  font  renfermées 
»  dans  iwie  enveloppe  herbacée  ,  à  trois  loges  ,  tré^s- 
»  aifées  i\  rompre  i<. 

EALISTE.  Nom  d'im  genre  de  poifTons  cartilagineux. 
Foyci  à  VanicU  PoiSSCN. 

BALIVEAU.  Voyti  U  mot  Bois. 

BALLOTE.  Foyi:^  Marrube  noir  &  puant.  Les 
Arabes  donnent  le  nom  de  ballotz  à  un  chêne  dont  les 
fruits  ,  deux  comme  les  châtaignes ,  donnent  de  l'huile 
&  fei-vent  de  nourriture  aux  Habitans  de  l'Atlas. 

BALSAMINE ,  Balfam'ma  f.mina  ,  C.  B.  Pin.  306  ; 
Balfamina  pcrjiccz  folio  ,  impatiens  balfamma  ,  Linn. 
1 5  28  ;  TilcHjnapu ,  Rheed.  Mal.  Plante  annuelle ,  cultivée 
dans  les  jardins  pour  l'ornement  des  parterres  en 
automne.  Des  mômes  graines  que  l'on  leme ,  il  levé 
des  plantes  dont  les  unes  donnent  der;  fleurs  fimples,  les 
autres  des  fleurs  doubles. 

Cette  plante  pouiTe  des  tiges  droites ,  cylindriques , 
hautes  d'environ  im  pied  &  demi ,  tendres ,  facculentes  , 
im  peu  renflées  ,  qui  portent  des  feuilles  d'un  beau 
vert  ,  alternes  ,  oblongues  ,  pointues  ,  lancéolées  , 
dentées,  affez  femblables  à  celles  du /^V/z^r.  Des  aiflelies 
des  feuilles  fortent  des  fleurs  ou  d'un  beau  rouge  ou 
panachées ,  compofées  de  cinq  pétales  inégaux  ,  dont 
la  fupérieure  efl:  voûtée ,  &  dont  l'inférieure  reflemble 
à  une  chaufle  d'hippocras  ou  à  un  capuchon  :  les  deux 
latérales  tombent  en  devant  en  manière  de  rabat  , 
garnies  chacune  d'une  oreillette.  A  la  fleur  fuccede  un 
fruit  de  la  longueur  d'un  pouce,  ayant  la  forme  d'une 
poire,  ôc  compofé  de  pluiiçurs  pièces  aflembiécs  coîiLne 


BAL  57 

les  douves  d'un  tonneau.  Lorfque  ce  fruit  qÛ  mur  , 
auffi-tôt  qu'on  le  touche  il  fe  détache  une  des  pièces  ; 
îes  autres  ,  par  une  force  élaflique ,  fe  roulent  fur  elk-s- 
memes  ,  &  la  graine  cû  lancée  aux  environs  ;  aind 
toutes  les  parties  de  ce  fruit  paroilTent  tendues  comme 
des  reilbrts ,  que  la  maturité  ou  le  conta£l  détendent. 
C'eil  un  des  moyens  dont  la  Nature  fe  iért  dans 
certaines  plantes  pour  femer  les  graines.  Cette  balfaminc 
■ell;  originaire  des  Indes. 

La  plante  connue  fous  le  nom  à- herbe  impatiente  ou 
de  merveille  à  fleur  jaune  ,  s'appelle  balfamine  faiivage  ou 
des  bois  ,  Balfamina  lutea ,  (  impatiens  )  ,  iioli  me  tanière , 
C.  B.  Pin.  306,  Linn.  1319.  Sa  racine  efl  vivace  ,  à 
fleu.r  de  terre,  &:  nbreufe.  Sa  tige  efc  haute  de  plus  d'un 
pied  ,  cylindrique  ,  glabre  ,  verdâtre  ,  genouillée  , 
creufe  ;  les  feuilles  "pétiolées  ,  ovales  ,  dentelées  ôc 
alternes  ;  fes  fleurs  font  jaunes  &  fuccédées  de  fruits 
longs  ,  menus  ,  noueux  ,  &  qui  s'ouvrent  comme 
ceux  de  la  balfamine  ordinaire.  Cette  plante  croît  dans 
les  bofquets  ,  aux  lieux  humides  &:  ombragés  de 
l'Europe  ,  de  la  Sibérie  &^  de  l'Amérique  Septen- 
trionale :  on  la  peut  placer  entre  les  plus  puiilans 
diurétiques.  M.  Bo'érhaave  aiTure  que  les  feuilles  de 
cette  plante  ayant  été  employées  pour  des  lavemens 
au  lieu  de  mercuriale^  à  laquelle  elles  relTemblent  allez , 
l'effet  en  a  été  trè- -pernicieux.  M.  Odhelius  a  décrit 
dans  les  Actes  d'Upf al  de  1774  5  une  fubftance  concrète 
de  la  groffeur  d'im  grain  d'orge ,  qu'il  a  trouvée  dans 
le  nedaire  de  cette  balfamine  ,  &:  qui  ctoit  un  vrai 
fucre  natif ,  dur  ,  tranfparent.  On  a  appelé  noli  me 
tangerz  cette  plante  ,  parce  que  ,  quand  elle  eil  mûre  , 
elle  a  cette  propriété  fmguliere ,  que  pour  peu  qu'on 
touche  aux  liliques  qui  contiennent  fa  femence ,  elles 
s'ouvrent  &  la  laiiient  échapper  :  c'eil  une  propriété 
commune  à  l'une  &:  à  l'autre  efj^ece. 

Le  genre  des  balfamines  offre  encore  d'autres  efpeces. 
Il  7  a  la  halfauilni  de  U  Chi^ze  ^  Impatiens  Chinenjis  ^ 


58  BAL 

Llnn.  ;  fa  tîge  eft  rouge  ,  &c  fa  fleur  pourpre.  La 
baljamine  à  feuilles  larges  de  l'Inde  ,  Impatiens  Ladfolia  , 
Linn.  ;  Valli-onapu ,  Rheed.  Mal.  ;  la  fleur  eli  rougcntre, 
La  balfamim  Jafciculée  du  Malabar ,  Impatiens  fafcicu-* 
lata  ,  Linn.  ;  Onapu ,  Rheed.  Malab.  ;  l'a  ileur  eft  rouge. 
La  balfamïnt  à  feuilles  oppqfées ,  Impatiens  oppofitifolia  ^ 
Linn.  ;  Koudan-pullu  ^  Rheed.  ;  iei  fleurs  font  d'ua 
pourpre-bleuâtre  :  cette  efpece  fe  trouve  dans  les  Ueux 
fablonneux  de  l'Ifle  du  Ceylan  &  du  Malabar.  La 
halfamine  cornue  ,  Impatiens  cornuta  ,  Linn.  ;  fon 
capuchon  efl  très -long  &:  filiforme  :  cette  plante  fe 
trouve  à  Ceylan.  La  halfamine  à  trois  fleurs ,  Impatiens 
trïflora ,  Linn.  ;  la  ileur  efl  d'un  rouge  agréable  :  cette 
plante  croît  dans  les  lieux  humides  à  Ceylan. 

BALTIMORE  ,  Ickrus.  Oifeau  du  genre  des 
Troiipiahs.  On  en  diftingue  de  plufieurs  efpeces.  Ces 
oifeaux  font  à-peu-près  de  la  grolTcur  du  pinçon  ; 
ils  ont  la  tête ,  la  gorge  ,  les  parties  fupérieures  du 
cou  ,  le  haut  du  dos  ,  les  ailes  &  la  queue  d'un  beau 
noir  brillant  ;  le  bas  du  dos  &  les  autres  parties  du 
corps  d'un  très-bel  orangé.  Il  y  a  une  bande  de  cette 
couleur  à  l'origine  des  ailes  &.  au  bout  de  la  queue  ; 
les  pieds  &  les  ongles  font  de  couleur  plombée.  Ces 
oifeaux  fe  trouvent  en  été  dans  la  Virginie  &:  le 
Maryland.  Le  Baltimore  vulgaire  ell  repréfenté  ,/?/.  enL. 
506  5  fig.  I.  Celui  du  Canada  efl  appelé  baltimore 
bâtard  ,  pL  enl.  506,  fig.  1  ;  il  a  les  couleurs  un  peu 
fombres.  Le  baltimore  vzrt  de  Saint  -  Domingue  efl 
appelé  y^^^z^r.   Voyez  ce  mot. 

Ces  oifeaux  difparoillent  en  hiver.  Ils  placent  leur 
nid  fur  les  arbres  les  plus  élevés  ,  ordinairement  à 
l'extrémité  d'une  branche  alfez  forte ,  &  pour  l'afTurer 
ils  entrelacent  dans  its  bords  une  menue  branche  de 
chaque  côté.  Les  femelles  ont  les  couleurs  moins  vives 
que  les  mâles  :  il  y  a  des  haltimores  mâles  qui  ont  les 
grandes  plumes  des  ailes  bordées ,  à  l'extérieur ,  d'iuie 
ligne  blanche. 


BAL  BAN  î9 

Baltimore  ,  Baltlmora  ercBa  ,  Linn.  ;  Chryjanthemiinz 
Americanuîji  ,  cauk  alato  ,  ampiioribus  fol'ds  hïnatis  , 
pùbus  palllde  lut^funiïbus^  parvis  ,  Pluk.  Cette  efpece 
de  plante  radiée  croît  dans  le  Maryland  ,  auprès  de 
la  ville  de  Baltimore  ;  elle  eft  annuelle.  Sa  tige  eft 
tétragone  ,  velue  ,  rude  au  toucher  ,  ainfi  que  i^s, 
feuilles.  Ses  fleurs  font  compofées  ,  jaunes ,  terminales. 

BALTRACAN.  Plante  qui  croît  dans  la  Tartarie  , 
dont  les  feuilles ,  dit-on  ,  reiiemblent  à  celles  de  la 
rave.  Sa  tige  eâ  grolTe  comme  le  pouce  ,  haute  de 
deux  pieds  ,  creufe  U  revêtue  d'une  écorce  verte- 
jaunâtre.  Son  fruit  s'ouvre  dans  la  faifon  ,  &:  il  répand 
alors  l'odeur  de  l'oranger  :  il  contient  des  graines 
femblables  ,  pour  la  figure  &  l'odeur  ,  à  celles  du 
fenouil.  Les  Tartares  mangent  ce  fruit  pour  fe  foutenir 
en  voyage. 

BAiMBLA  ,  pi  enL  703.  Nom  donné  à  un  oifeaii 
de  l'ordre  des  Fourmïllkrs  ,  &  qui  fe  trouve  quelquefois 
à    la   Guiane  ;  fon  plumage   eft  d'un  brun-roulTatre. 

Voyei^  FOURMÎLLIER. 

BAMBOCHE.    Voyci  à  VartïcU  BoiS  DE  BAMBOU. 

BAMBOU,  ^oyci  les  mots  Bois  de  Bambou  & 

VOULOU. 

BANANIER  ou  Figuier  d'Adam  ,  ou  fi^udra  , 
en  latin  ,  mufa  ,  Plum.  ;  Bala  ,  Hort.  Malab  ;  Poma 
paradlfi^  palma  humilïs  ^  longls  latïfquz  folâs  ,  C.  B.  Le 
bananier  paroît  être  plutôt  une  plante  herbacée  qu'un 
arbre ,  dit  le  Père  Nicolfon  ;  car  il  n'y  a  point  d'arbre 
fans  bois  ni  branches ,  &:  le  bananier  n'a  ni  l'un  ni  les 
autres  :  fon  port ,  fa  grandeur  repréfentent  cependant  à 
la  vue  un  arbre  plutôt  qu'une  plante  herbacée.  Le 
bananier  ne  feroit-il  pas  un  paiTage  de  la  Nature  entre 
ces  deux  manières  d'être  des  végétaux  ?  Le  bananier 
eft ,  fi  l'on  veut ,  une  efpece  d'arbre  exotique  qui  croît 
dans  les  climats  chauds  de  l'Afie ,  de  l'Afrique  &  de 
l'Amérique,  &  dont  le  plus  grand  diamttre  du  tronc 
cil:  de  huit  à  dix  pouces.  On  n'y  diilingue  ni  écorce  nî 


6o  BAN 

bois  proprement  dit  ;  on  ne  peut  reprifenter  le  tronc 
ou  tige  arborée  ci,  nmple ,  que  comme  un  gros  rouleau 
de  plufieurs  feuilles  couchées  les  unes  fur  les  autres  , 
&  non  adhérentes.  Cette  groffe  tige,  qui  eft  verdâtre , 
très-tendre  ,  s'élève  à  la  hauteur  de  dix  à  douze  pieds  , 
(  d  Saint-Domingue  de  fix  à  fept)  :  on  l'abat  facilement 
d'un  coup   de   labre.    On    voit    cette   grande    plante 
dans  les   ferres   du  Jardin   du  Roi  ,   mais    bien  infé- 
rieure fans  doute  à  celles  qui  croiffent  dans  leur  pays 
natal   :    on  l'a  cependant   vu   fleurir    6c  porter    des 
fruits  en   1744.    Lorfque  la  tige  commence   à  fortir 
de  terre ,  elle  a  la  figure  conique  ;  elle  produit  enfui  te 
deux  feuilles  roulées  ,  qui   pcu-à-peu  fe   déploient , 
s'éloignent  du  centre  pour  faire  place  à  deux  autres  qui 
en  fortent  de  même  ;  à  celles-ci  fuccede  une  troifieme 
paire  ,  6c  ainfi  de  fuite  (  en  total  quatre  à  cinq  paires  )  , 
jufqu'à  ce  que  la  plante  foit  parvenue  à  fa  grandeur 
naturelle. 

Les  feuilles ,  en  y  comprenant  le  pétiole  ou  la  queue 
qui  les  foutient ,  ont  fix  à  neuf  pieds  de  longueur ,  6c 
prefque  deux  pieds  dans  leur  plus  grande  largeur.  Ges 
feuilles  font  donc  plus  longues  6i  plus  larges  qu'aucunes 
que  nous  connoiifions  ;  deux  fuffifent  pour  envelopper 
tm  homme  :  elles  font  d'un  vert  fatiné  admirable  , 
foncé  en  deffus ,  &  pâle  en  deflbus  ;  oblufes  à  leur 
fommet;  compofées  d'une  quantité  de  petites  nervures 
tranfverfales ,  parallèles  6c  ferrées  étroitement  les  unes 
aux  autres;  quelques-unes  d'entre  elles  (ont  plus  appa- 
rentes ,  &  forment  autant  de  bandelettes  de  huit  k  dix 
lignes  de  lartT,eur  :  le  moindre  vent  fdffit  pour  les  diviler  ; 
mais  le  plus  fort  ne  peut  leur  faire  quitter  la  côte  ,  qui  eil 
le  prolongement  du  pétiole  auquel  elles  font  attachées. 
Ces  pétioles  s'élèvent  du  centre  de  la  tige  en  ligne 
droite ,  fe  fuccedent  à  mefure  que  la  plante  croît ,  6c  ne 
s'écartent  que  peu  les  uns  des  autres  ;  ils  font  convexes 
en  dehors ,  plats  en  dedans ,  verdâtres ,  d'un  goût  fade  , 
(  les  feuilles  font  d'un  goCit  douceâtre  6i  un  peu 


BAN  6t 

aflîingent)  ,  compofés  de  filamens  blancs  de  fermes , 
dîvifés  intérieurement  par  des  cellules  &  des  cloilbns  , 
qui  fe  refferrent  à  mefure  qu'elles  approchent  de  Textré- 
mité  de  la  feuille.  Lorfque  toutes  les  fe-uilles  ont  paru  ^ 
il  s'élève  de  leur  centre  une  greffe  tige  comme  un 
rameau  unique  ,  ligneufe  ,  verte  ,  penchée  ou  pen- 
dante,  divifée  par  nœuds  ,  terminée  par  un  bouton 
alongé  ,  pointu,  long  d'un  demi-pied.  Il  efl  compofé 
de  plufieurs  feuilles  oblongues ,  appliquées  les  unes  fur 
les  autres ,  verticillées ,  veinées ,  d'un  rouge  ~  clair  en 
dedans  ,  rembruni  en  dehors ,  couvertes  d'une  efpece 
de  rofée  bleuâtre.  Ces  petites  feuilles  ou  écailles 
fpathacées  s'ouvrent  les  unes  après  les  autres ,  tombent 
éc  laiflenî  à  découvert  les  fieurs  &  les  embryons  des 
fruits  attachés  quatre  ou  cinq  enfemble  fur  le  même 
péduncule. 

La  corolle  du  bananier^  félon  Nicolfon ,  ell  compcfée 

de  quatre  pétales  blancs,  dont  deux  oblongs ,  droits, 

épais,  veinés ,  creufés  en  cuillers  ;  les  deux  autres  font 

minces ,  terminés  en  pointe  :  le  centre  eft  occupé  par 

cinq  étamines  droites  ,  blanches  ,  qui  environnent  un 

piflil   cylindrique  ,    terminé  par  un  Oigmate    épais  , 

arrondi ,  roufTâtre.  Les  fleurs  qui  fortent  des  aiffelles 

des  dernières  feuilles  vers  la  pointe  du  bouton ,  font 

ftériles  &  ne  produifent  point  de  fruits  ,  fans   doute 

parce  que  l'arbre  ,  dit  le  Père  Nicolfon ,  a  épuifé  toute 

fa  vertu  prolifique  en  fécondant  les  premières  fleurs  ; 

celles-ci  fe  changent  en  un  fruit  oblong  ,  arrondi ,  long 

de  cinq  à  huit  pouces ,  tantôt  droit,  tantôt  arqué  com.me 

nos  concombres  ,  recouvert  d\me  pellicule  épailTe  , 

unie  ,  d'abord  verte  ,  enfuite  jaune  ,    compofée   de 

filamens  longitudinaux.  L'intérieur  efl:  rempli  par  une 

ilibflance  jaunâtre  ,  molle  ,  onclueufe  ,  humedante  , 

d'un  goût  douceâtre  ,  aigrelet ,  agréable  ,   divifée   par 

plufieurs  filets  longitudinaux  ,  parlëmés  de  petits  points 

noirs  ,  qui  font  les   feules  graines  ^que    cette  plante 

produit  :  elles  ne  fruOifiÇnt  point.  Ces  u-uit§  çroifTent 


6i  BAN 

en  grappe  ,  &  ferment  neuf  à  dix  étages  autour  de 
la  tige  ligneufe  :  plus  ces  étages  approchent  du  fommet 
de  la  tige  ,  plus  l'intervalle  qui  les  fépare  efl  grand. 
Ils  font  compofés  de  5  ,  6,7,  8  ou  9  individus  "terres 
les  uns  contre  les  autres  :  c'eil  ce  qu'on  appelle 
aux  nies  ,  pattz  de  banane  ;  l'enfemble  cies  pattes  fe 
nomme  régime  de  banane.  Chaque  fruit  eft  appelé 
banam  par  les  Indiens  :  il  devient  d'un  brun-noir  quand 
fa  maturité  eft  paffée.  Les  plus  gros  régimes  font 
compofés  de  plus  de  cent  fruits  dans  les  individus 
vigoureux  qui  vivent  dans  leur  climat  naturel. 

Les  fruits  appelés  bananes  font  très-nourriiTans  , 
mais  de  difficile  digeftion.  Les  Egyptiens  en  font  ufage 
contre  les  âcretés  de  la  poitrine.  A  Caycnne  , 
on  les  mange  crus  ou  cuits  au  four  ,  ou  coupés  en 
trois  morceaux  fur  le  gril  ,  ou  coupés  en  deux  & 
féchés  au  foleil  :  on  les  mange  aufîi  au  vin ,  à  l'eau  , 
au  fel,  ou  cuits  avec  de  la  graifle.  Dans  ce  même 
pays  ,  on  donne  le  nom  ^embagnon  k  une  forte  de 
bouillie  qui  fe  fait  avec  des  bananes.  Les  Habitans  de  la 
Grenade  en  font  une  efpece  de  pain ,  qui  eil  d'un  grand 
ufage  parmi  eux.  Enfin  on  en  fait  une  boiffon  agréable  : 
des  bananes  cuites  avec  leur  peau  dans  de  l'eau,  la 
rendent  fucrée  ;  après  avoir  ôté  la  peau ,  on  les  brafTe. 
Cette  boillbn  efi:  très-néceifaire  aux  Nègres. 

Quelques  Auteurs  croient  que  c'eft  ce  fruit  qu'ap- 
portèrent à  Mdifc  les  efpions  qu'il  avoit  envoyés  à  la 
découverte  dans  la  Terre  Promife ,  &:  que  deux  hom- 
mes avoient  peine  à  porter ,  (  c'étoit  lans  doute  un 
régime  entier.  )  Dans  les  pays  où  croît  le  bananier  ^ 
on  retire  des  fils  de  fa  tige ,  en  lui  donnant  certaines 
préparations. 

L'eau  qui  fort  du  corps  de  la  plante  ou  d'une  feuille 
qu'on  romproit,  efl  jaunâtre,  &  laiffe  au  linge  une  tache 
qui  ne  s'etface  jan'iais  :  mêlée  avec  le  jus  des  feuillet 
du  pois  dz  fept  am^  qui  rend  une  belle  couleur  verte  , 
die  lui  donne  de  la  confiilaiice ,  ôc  l'empêche  de  pâlir» 


BAN  6y 

On  lit  5  dans  VHiJloirc  générale  des  f^oyages  , 
Tome  1 ,  que  la  banane  ,  fruit  qui  croît  dans  l'Ifle  de 
Madère  ,  eit  eilimée  des  Habitans  avec  une  forte  de 
vénération  ,  comme  le  plus  délicieux  de  tous  les  fruits  ; 
jufqu'à  fe  perfuader  que  c'eft  le  fruit  défendu  du  Pa- 
radis Terreflre ,  fource  de  tous  les  maux  du  genre 
humain.  Pour  confirmer  cette  opinion,  ils  allèguent 
la  grandeur  de  (es  feuilles^  qui  ont  allez  de  largeur 
pour  avoir  fervi  à  couvrir  la  nudité  à^s  pr^^miers  pères 
du  genre  humain. 

M.  de  Préfontaine  dit  aufli  (  Malf.  Ruji,  de  Cay,  ) 
que  les  Portugais  n'oient  manger  de  ces  fruits  par  iii- 
periliition  ,  parce  qu'en  les  coupant  en  travers  ,  ils 
croient ,  dans  la  figure  qui  s'y  trouve  marquée  ,  recon* 
noître  la  croix  du  Chrifl.  Ce  n'eft  qu'un  Y.  Ce  même 
Auteur  dit  que  dans  la  Cuiane  il  y  a  deux  efpeces  de 
bananiers ,  ou  deux  variétés  qui  ditierent  par  le  fruit. 
Le  fruit  de  l'une  s'appelle  pacobe  ou  bacove  ,  &  on 
lui  donne  le  nom  de  figue  banane.  Il  ell:  plus  court , 
plus  gros  ,  plus  droit  6l  même  moins  pâteux  ,  plus 
fondant  &:  plus  délicat  que  celui  de  la  banane  com- 
mune &  ordinaire  ,  qui  efl  plus  long.  La  tige  du 
hacovier^  Miifa  fruclu  cucumerino  breviori  ,  Plum.  ,  efl 
en  dehors  d'un  vert-jaunâtre  ,  taché  de  noir  ;  celle  du 
bananier  eu  toute  verte.  Le  bacovier  croît  dans  les 
Indes ,  &  fpécîalement  en  Guinée ,  au  Brélîl ,  aux 
Antilles  &  dans  la  Guiane.  M.  de  Préfontaine  ajoute 
qu'il  n'y  a  qu'une  figue  bacove  à  Cayenne ,  mais  qu'il 
y  a  plufieurs  fortes  de  bananes  qu'on  difî:ingue  par 
des  noms  différens  ,  &  qu'un  Habitant  doit  avoir  de 
toutes  fur  fon  habitation.  La  Jimple  &C  la  mi/Jquée 
font  celles  dont  les  Blancs  font  le  plus  d'ufage.  C'efl 
une  excellente  nourriture  :  les  Ne9;res  de  la  Grenade 
ne  vivent  prefque  pas  d'autre  chofe.  Les  fruits  du 
bananier  miifqué  font  de  quatre  à  cinq  pouces  de  lon- 
gueur ,  un  peu  arqivés  &  d'un  bon  pouce  de  diamètre, 
lia  hanar^e-^QQhon   eft  la  plus  grofle  ^  elle  eft  arquée 


64  BAN 

&i  a  quelquefois  plus  d'un  pied  de  longueur  fur  deux 
à  trois  pouces  de  diamètre.  C'cil  une  variété  de  la 
banane  proprement  dite ,  Miifa  fruclu  cucumerino  ,  Ion-- 
glori  y  Plum.  ,  c'efl  le  plantain  ou  plantanier  des 
Efpagnols  ;  le  pljfang-tando  de  Rumph.  :  fon  fruit', 
quoique  moins  délicat  ,  fe  mange  avec  plaifir  ,  fur- 
tout  quand  il  cil  cuit  au  four.  La  gidnga  fournit 
moins  que  les  autres  :  elle  ne  rapporte  que  cinq  ou 
iix  fruits  par  régime  ,  les  autres  en  donnent  vingt- 
cinq  ou  trente.  Les  Sauvages ,  pour  avancer  la  maturité 
de  ces  fruits  ,  les  enveloppent  dans  des  feuilles  de  la 
plante  même  ,  &  les  mettent  dans  im  trou  pratique 
au  coin  de  leurs  cafés  ;  quelques  jours  après  ils  les 
retirent  mûrs  &  d'un  beau  jaune. 

On  voit  aux  Lndes  Orientales  une  autre  forte  de 
petite  banane  appelée  bananz  de  fingc  ,  parce  que  ces 
animaux  en  font  très-friands  ;  elle  n'a  que  deux  à  trois 
pouces  de  longueur  fur  cinq  à  fix  lignes  de  diamètre  : 
c'eil  de  toutes  les  bananes  celle  dont  le  goût  efl:  le 
plus  iin  &  le  plus  délicat.  On  trouve  dans  les  Molu- 
Gues  un  bananier  à  grappe  droite ,  Kntfa  trc^^lodytarum  , 
Linn.  ;  Mufa  uranojcopus  ,  Rumph.  Son  fruit  ne  fe 
mange  que  cuit.  Il  provoque  l'urine  ,  &  la  teint  en 
rouge.  Les  régimes  en  contiennent  jufqu'à  cent  cin- 
quante &:  plus. 

Les  régimes  des  bananes  ont  cela  de  particulier , 
qu*ils  ne  miûrifTent  jamais  bien  tant  qu'ils  font  atta- 
chés à  la  plante  ;  il  faut  les  couper  verts  ,  &  leur 
laifTer  prendre  ainfi  toute  leur  maturité.  Les  bœufs, 
moutons ,  &:c.  aiment  beaucoup  les  tiges  des  bana-- 
nien  ;  6z  comme  elles  confervent  long-temps  leur  fraî- 
cheur ,  on  en  embarque  fur  les  vaifleaux  en  guife  de 
fourrage ,  pour  la  nourriture  de  ces  befiiaux ,  dans  les 
voyages  de  long  cours. 

Le  bananier  offre  un  genre  de  plante  qui  paroît  trcs- 
voifm  de  celui  des  balijiers.  Le  bananier  fe  multiplie  , 
comme  Xananas  ,  par  des  œilletons  qui  naiffent  au 

pied. 


B    A    M/  df 

Jvîed;  Il  ne  porte  jamais  qu'une  feuîe  fois  ;  après  quoi  ^ 
io'it  qu'on  le  coupe  ou  non  ,  il  fe  flétrit  peu  -  à  -  peu 
comme  un  rofeau  ,  fe  feche  &  tombe  ordinairement  : 
mais  fa  racine  ,  qui  eu  une  efpece  de  groffe  bulbe  ar^ 
rondie  ^  rem.plie  d'une  liqueur  vifqueuië  ,  couverte  de 
petites  fibres  ligneufes ,  &  qui  forme  une  touiie  d'envi- 
ron un  pied  de  diamètre ,  produit  des  caieux  avant  que  (k 
tige  périlTe  ;  ainli  cette  racine  a  bientôt  pouilé  d'autres 
rejetons  ,  qui  dans  l'efpace  de  douze  à  quatorze  moii» 
portent  du  fruit  &C  meurent  enfuite*  Un  caieu  de 
bananier  ^  planté  dans  un  terrain  convenable  à  ce 
végétal  ,  fleurit  communément  au  bout  de  w^xd  h 
dix  mois  ;  il  a  acquis  en  quelque  forte  toute  fa 
grandeur  à  cet  âge  ;  fa  culture  exige  un  terroit 
humide ,  gras  &  profond. 

Les  étoffes  faites  avec  la  fiîaffe  de  bananier ,  font 
beaucoup  plus  belles  que  celles  qui  font  faites  avec  lé 
fil  d^agave. 

Les  Caraïbes  appellent  halatana  les  groifes  bananes  i 
baloufou ,  les  petites  bananes, 

BANC  ,  Stratum.  On  donne  ce  nom  à  des  lits  de 
pierre  qui  s'élèvent  les  uns  fur  les  autres  ,  tantôt  ho- 
rizontalement ,  comme  la  pierre  calcaire  ,  &  tantôt 
inclinés  à  l'horizon  ,  comme  ceux  de  l'ardoife.  On  n^ 
peut  fixer  ni  la  hauteur  ^  ni  la  largeur  du  banc  ;  elles 
varient  l'une  &  l'autre  ,  félon  la  quantité  de  la  ma« 
tiere  ,  la  profondeur  ,  l'étendue  &  la  nature  de  la 
carrière. 

On  dit  aufii  un  hanc  de  fable  ,  (  arenarum  cumtdi  )  5 
c^QÛ.  \u\  amas  de  fable  qui  s'élève  dans  la  mer  vers  la 
f  iirface  de  l'eau  ;  celui  de  Terre-Neuve  eil  le  plus  grand 
qu'on  connoiife  ;  il  a  environ  cent  cinquante  lieues  de 
long  fur  cinquante  de  large  ,  &  n'a  au-deiTus  de  ku 
qu'environ  vingt  brafles  d'eau.  Ce  banc  n'efl  pas  dan- 
gereux ;  les  Européens  y  'ïoïit  la  pêche  de  la  morue^ 
Foye7^  ce  mot.  On  dit  aufîi  banc  de  baldnes  &C  banc  d^ 
pales.  Voyez  Baleîne^Ê' /VmV/^  Nacre  de  Perler, 
Tvme  //a  Et 


66  BAN 

BANCHE.  Efpece  de  pierre  tendre  &  feuilletée,  qiie 
M.  de  Réaumur  regarde  comme  de  la  glailë  durcie  par 
la  vifcofité  des  eaux  de  la  mer.  La  hanche  ,  à  fa  furface 
fupérieure  ,  eft  affez  dure  ;  plus  on  approche  de  la 
pure  glaife  ,  plus  elle  paroît  aufîi  infenfiblement  s'ap- 
procher de  la  nature  de  cette  terre  ,  &  cela  par  degrés 
il  infenfibles  ,  qu'il  n'efl  pas  poffible  de  déterminer 
précifément  oii  la  hanche  finit  &  oii  la  glaife  commence. 
La  hanche ,  de  grife  qu'elle  eft  ,  devient  blanche  & 
dure  lorfqu'elle  n'efl  plus  humeftée  par  l'eau.  Nous 
avons  obfervé  que  la  hanche  (  celle  que  M.  de  Réaumur 
a  défignée  fous  ce  nom  ,  &  qu'il  dit  faire  partie  des 
couches  de  terres  qui  bordent  certains  parages  )  eft 
une  forte  de  marne  compofée  du  trltus  des  coquilles 
marines ,  &  de  glaife  ou  vafe  fine  de  la  mer  ;  le  tout 
plus  ou  moins  endurci. 

BANDE  BLANCHE  (k)  , Efpece  de  tortue;  Tefiudo 
terrejlris  puJilLa  ,  ex  Indïâ  Orlentalï ,  'W^orm.  ;  Tejludo 
tejfellata  mïnor  A f ricana ,  Edwards  &  Rai  ;  Tejludo  pedi" 
bus  fuhdï^itatïs  ,  tejlâ  hemifphœricâ  ,  fcutellis  convexis 
trape^iis  y  marginejîrlatls  ^  difco  punHatis  ^  Linn.  L'écaillé 
fupérieure  de  cette  tortue  efl  à  peine  longue  de  quatre 
doigts  ;  elle  n'a  pas  plus  de  largeur  ;  elle  eft  compofée 
de  trois  rangées  de  lames  ,  &  d'un  rebord  qui  règne 
tout  autour.  Ces  lames  font  agréablement  panachées 
de  noir  ,  de  blanc ,  de  purpurin  ,  de  verdâtre  &  de 
jaune  ;  &  lorfqu'elles  tombent  en  s'exfoliant ,  les  par- 
ties dont  elles  fe  font  détachées  paroifTent  d'un  jaune 
noirâtre,'  L'écaillé  inférieure  efl  blanchâtre  dans  toute 
fon  étendue  ,  avec  différentes  lignes  qui  imitent  des 
dentelures.  La  tête  ,  en  y  comprenant  le  mufeau  , 
reffemble  à  celle  d'un  perroquet  avec  fon  bec  ;  elle  a 
fur  fon  fommet  quelques  protubérances  d'une  couleur 
de  vermillon  ,  mélangée  de  jaune  ;  le  cou  efl  étroit. 
Les  pieds  de  devant  font  garnis  ,  ainfi  que  les  bras  , 
de  petites  écailles  qui  reffemblent  à  de  la  corne  ;  ils 
font  armés  de  quatre  ongles.  Les  cuifTes  ,  à\\  plutôt 


BAN  67 

les  Jambes  de  derrière  ,  font  plus  alongées  ,  plus 
minces  ,  &  couvertes  d'une  peau  commune  qui  a 
rafpe<a  d'un  cuir  ;  les  pieds  de  ce  même  côté  font 
écailleux  &c  pourvus  de  quatre  ongles  comme  ceux 
de  devant.  La  queue  eR  efBlée ,  terminée  en  pointe , 
&  à  peine  longue  de  la  moitié  d'un  doigt.  TFormius , 
qui  a  donné  cette  defcription  ,  rapporte  dans  fon 
Mufœum  ^  p.  317,  qu'il  a  nourri  long- temps  dans 
fon  jardin  une  tortue  de  cette  efpece ,  qui  lui  a  voit  été 
apportée  par  des  Marchands. 

Bande  d'argent  ,  Clupea  atherinoïdes  ,  Linn. 
Poiffon  du  genre  du  Clupc  ;  il  fe  trouve  à  Surinam. 
Selon  Linnœus  ,  le  caraftere  de  ce  poiffon  coniifte  danf 
une  large  bande  de  couleur  argentée  ,  qu'il  a  fur  les 
deux  côtés  :  à  l'endroit  oii  la  plupart  des  poiffons' 
n'ont  qu'une  fimple  ligne  latérale  ,  le  poijfon  (Varient 
proprement  dit  ,  &  le  jod  ont  une  pareille  bande  ; 
mais  ils  appartiennent  d'ailleurs  à  des  genres  très- 
différens.  Voyc^^  à  V article  PoiSSON.  Le  poiffon  bandt 
d'argent ,  a  le  corps  comprimé  ;  la  nageoire  dorfale  a 
douze  rayons  ;  chacune  des  peftorales  en  a  quatorze  ; 
chacune  des  abdominales  ,  &  qui  font  petites  ,  en  a 
huit  ;  celle  de  l'anus  en  a  trente  -  deux  ;  celle  de  la 
queue  dix-huit. 

Bande  noire.  Voyei  Serpent  esculape. 

BANDURA.  Voyei  AnramatIque. 

BANGUE  ou  Banque  ou  Chanvre  des  Indes  l 
Cannabis  Indica  ,  Rumph.  Amb.  ;  Cannabis  Jimilis 
exotlca  ^  Bauh.  Pin.  310  ;  Kalengi  cansjava  ,  Rheed. 
Mal.  ;  Tsjeru-cansjava  ,  ibid.  Plante  qui  croît  dans  les 
Indes  Orientales ,  &  qui  a  beaucoup  de  reffemblance 
avec  le  chanvre  :  elle  efl  moins  grande  ,  plus  ra- 
meufe  ,  à  tige  plus  dure  ,  prefque  cylindrique  ,  & 
ÏQS  feuilles  Ibnt  toutes  conffamment  alternes.  Les 
individus  mâles  portent  cinq  ou  fept  folioles  ;  les 
individus  femelles  n'en  ont  communément  que  trois 
fur    chaque  pétiole.    La  dureté   de  la  tige  ,  &  foa 

E  2 


68  BAN 

ccorce  mînce  ,  fendent  cette  plante  incapable  de  foiir^ 
nir  des  filamens  pour  la  filature. 

Les  Indiens  font  ufage  de  la  graine  de  cette  plante 
de  diverfes  manières.  Ils  la  pulvérifenf  avec  de  l'opium, 
de  l'aréca  &c  du  fucre  ,  6c  prennent  de  cette  compo- 
lition  lorsqu'ils  veulent  s'étoiu-dir  le  cerVeau  pouf 
oublier  leur  chagrin  ,  calmer  leurs  maux  &  dormif 
fans  inquiétude.  Lorfqu'ils  veulent  être  joyeux  6c 
facétieux ,  ils  mêlent  cette  graine  avec  du  mufc ,  de 
l'ambre  &  du  lucre.  Cette  préparation  du  banguc ,  que 
les  Indiens  appellent  majuh ,  paroît  avoir  beaucoup" de 
rapport  avec  le  majfac  ou  malach  des  Turcs  ,  dont  ils 
font  ufage  en  plufieurs  maladies.  Lcmzry  dit  que  les 
Indiens  mangent  des  feuilles  ôi  de  la  graine  de  cette 
plante  pour  exciter  leur  appétit  ,  &  fe  rendre  plus 
habiles  à  l'ade  vénérien  ;  ils  y  joignent  du  camphre. 

Il  paroît  que  cette  même  plante  croît  au  Cap  de 
Bonne-Efpérance  chez  les  Hottentots  ,  où  elle  ell 
connue  fous  le  nom  de  hakka,  C'eft  un  chanvre  fauvage  , 
que  les  Européens  fement  &  qu^ils  y  cultivent  prin- 
cipalement poiu-  les  Hottentots  qui  l'elîiment  beaucoup. 
Ils  en  font  ufage'  en  guife  de  tabac ,  lorfqu'ils  ne 
peuvent  s'en  procurer  ,  ou  ils  le  mêlent  avec  leur 
ïabac  5  lorfque  la  provifion  vient  à  s'épuifer. 

BANIAHBOU.  Les  Habitans  du  Bengale  donnent 
ce  nom  à  un  oifeau  o\\^ Edwards  a  défigné  fous  le 
nom  de  grive  brune  des  Indes  ;  c'efl  le  merU  de  Bengale, 
de  M.  Briffcn.  On  foupçonne  que  c'efl  le  canorus  de 
Linnœus  ,  ^  probablement  une  efpece  de  moqueur, 

BANISTERE  ,  Èamficria.  Genre  de  plante  à  fleurs 
polypétalées  ,  qui  a  beaucoup  de  rapports  avec  les 
mourellLers  ,  &  qui  comprend  des  arbres  ou  des  arbrif- 
feaux  exotiques ,  la  plupart  farmenteux  ou  grimpans  , 
dont  les  feuilles  font  ordinairement  oppofées  ;  le  calice 
divifé  en  cinq  parties  ;  la  corolle  à  cinq  pétales  &: 
ouverte  en  rofe.  Le  fruit  compofé  de  trois  capfules 
inonofperriies ,  ôc  terminées  chacune  par  une  aile  ou 


BAN  é^ 

ïangitette  membraneufe  ,  comme  dans  les  fruits  de 
i'érable.  M.  le  Chevalier  de  la  Marck  en  cite  treize 
f fpeces  : 

i.°  Banistere  anguleuse,  Baniflcria  folïïs finuato* 
iingulojis  5  Linn.  Cette  plante  farmenteufe  croît  fpécia- 
lement  à  Saint-Domingue  ;  fes  fleurs  font  jaunes. 

2.^  Banistere  a  fleurs  pourprées  ,  Banijlcrla. 
foliïs  ovatis  ,  fp'icïs  lauralïhus  ,  fcminïbus  cnclis ,  Linnl 
Elle  croît  naturellement  àsifïs  l'Amérique  Méridionale. 

3.°  Banistere  a  feuilles  de  laurier,  Banif-^ 
urïa  lau-rifolia. ,  Linn.  Elle  croît  à  la  Jamaïque  &:  dans 
Ja  Guiane  ;  fes  fleurs  font  jaunes. 

4.^  Banistere  a  fleurs  bleues,  Banifteria  cœru-' 
ha ,  Linn.  Elle  croît  dans  l'Amérique  Méridionale. 

5.°  Banistere  unicapsulaire  ,  Banifteria  unicap^ 
fidaris ,  an  Banift:cria  Benghalenjis  y  Linn.  ?  Toutes  les 
parties  de  la  fleur  font  cotonneufes  ;  la  corolle  efl 
rougeâtre.  Ce  petit  arbre  croît  à  la  Côte  de  Malabar. 
Les  Indiens  le  cultivent  dans  leurs  jardins  ,  &  fe  fer- 
vent de  {qs  fleurs  ,  dît  M.  donnerai  ,  pour  parer 
leurs  Dieux. 

6.°  Banistere  a  rameaux  fourchus  ,  Banif- 
teria dichotoma  ,  Linn.  Elle  croît  dans  l'Amérique 
Méridionale  ;  fes  fleurs  font  jaunes. 

7.^  Banistere  a  fruits  éclatans  ,  Banifteria 
fidgcns  ,  Linn.  Elle  fe  trouve  dans  l'Amérique  Méri-^ 
dionale  ;  fes  fruits  font  d'un  jaune  d'or  éclatant. 

8.^  Banistere  branchue  ,  Banifteria  branchiata^ 
Linn.  Elle  fe  trouve  dans  la  Contrée  citée  ci-defTuSe 
Ses  rameaux  font  ramifiés  ,  diifus  &  grimpans. 

9.°  Banistere  de  SINEMARI  ,  Banifteria  Sinoma* 
rienfts  ,  foliis  ovatis  ,  acuminatis  ,  ftorihus  luteis  , 
corymbofts  ,  Aubl.  C'efl  un  arbrifleau  qui  croît  dans 
la  Guiane  ,  au  bord  des  forêts  qui  entourent  les 
Savanes  &  les  terrains  défrichés;  fes  branches  font 
rameufes ,  farmenteufes  ,  &  fe  roulent  ôc  s'étendent 
fur  les  branches  des  arbres  voifms. 


70  B     A     N         ^ 

lo.^  Banistere  a  corymbes,  Bamjlcria  quapara^^ 
Aubl.  C'efl  le  quaparicr  des  Galibis  ;  il  ne  diffère  guère 
du  précédent  qu'en  ce  qu'il  efl  un  peu  plus  élevé  ; 
fes  fleurs  font  jaunes  auifi  ,  axillaires  ôc  corymbi- 
formes. 

Ii.°  Banistere  dorée  ,  Banijlcria  chryfopkylla. 
M.  de  Commerfon  a  cbfervé  cet  arbre  au  Brélil  ;  {qs 
feuilles  refl'emblent  à  celles  du  cairp.iiier.  Voyez  ce  mot. 
Celles  de  cette  hanijierc  ont  en-defTous  un  duvet  très- 
court  ,  foyeux ,  luifant  &  d'un  roux  doré. 

11.^  Banistere  a  feuilles  luisantes  ,  Banif- 
teria  nitida,  M.  de  Commerfon  a  encore  obfervé  cette 
efpece  dans  le  Bréfil  ;  mais  fes  rameaux  ne  font  point 
parfemés  de  petits  points  vcrniqueux ,  comme  dans 
Tefpece  précédente.  Le  defîbus  des  feuilles  eft  blan- 
châtre ,  luifant  &  comme  fatiné  ;  le  deffus  efi  glabre. 

13.°  Banistere  ciliée,  Banijlaia  folils  cordaw^ 
fuhrotundis  ,  aunculatis  ,  glabris  ,  margine  ciliatis  ,  La 
Marck.  Elle  a  été  obfervée  au  Bréfd  ,  par  M.  de 
Commerfon,  Ses  fleurs  font  jaimes  ,  afTez  grandes  ,  àc 
ramaflées  prefque  en  tête. 

BANTAME.  Voyez  Coq  de  Bantam^kV article  Coq. 

BANTIALE  ,  Bantiala,  C'efl  le  nom  MacafTare 
d'une  plante  parafite  ,  qui  fe  trouve  dans  les  Molu- 
ques  fur  les  arbres.  Les  Malais  appellent  cette  plante 
parafite  ruma-fumot  ,  qui  fignifie  nid  de  fourmis, 
Riimphius  en  diflingue  deux  efpeces ,  l'une  noire  y 
l'autre  rouge. 

BantialE  noire,  Nidus formlcarum  niger,  Herbar, 
Amb.  p.  1 19.  t.  55.  f.  I.  C'eltune  tubérofité  arrondie, 
i^rife  en  dehors ,  couverte  de  verrues  ,  lefquelles  font 
Dointillées  comme  un  dé  à  coudre  ;  elle  pend  aux 
branches  des  arbres  ,  où  elle  fe  trouve  attachée  par 
de  petites  racines  qui  naifîent  de  fa  partie  inférieure. 
Sa  fubflance  interne  efl  blanche  ,  verdâtre  fur  les  bords  , 
&  toute  percée  de  trous  en  galeries  6c  en  labyrinthes , 
qui  fervent  d'habitations  aux  fourmis.  Du  fomnaet  de 


BAN  B   A   Q  7» 

Cette  tiibérofité  partent  quatre  à  cinq  tiges  cylindri- 
ques articulées  ,  longues  de  plus  d'un  pied  ,  chargées 
en  leur  fommité  de  quelques  feuilles  amplexicaules  , 
alternes ,  ovales  ,  pointues  aux  deux  bouts  ,  un  peu 
epaiffes ,  fermes  ,  glabres  ^  liiTes  ,  fans  nervures  laté- 
rales, &  longues  de  quatre  à  cinq  pouces.  Rumphius  dit 
que  du  milieu  des  feuilles  fupérieures  naît  une  petite 
fleur  fimple  ôc  folitaire ,  à  quatre  pétales  blancs. 

Bantiale  rouge  ,  Nidiis  formicarum  mhcr ,  Herb. 
Amb.  Ibid.  C'eil  une  tubérofité  un  peu  plus  groffe 
que  la  précédente  ;  elle  ell  fphéroïde  ,  couverte  de 
rugoûtés  5  à-peu-près  comme  l'orange  dite  pampel-* 
moufc ,  d'un  beau  vert ,  à  écorce  molle  ,  tendre  & 
féparée  de  la  fub fiance  intérieure  ,  qui  efl  ch  irnue ,  & 
que  l'on  peut  comparer  ,  par  fon  organlfation  ,  aux 
gâteaux  des  ruches  à  miel  ;  les  cloifons  de  la  fubilance 
interne  de  la  bantiak  rouge  font  habitées  par  des  four- 
mis. De  la  partie  fupérieure  de  cette  tubérofité  part 
une  petite  tige  trigone ,  ftriée  ,  dont  l'écorce  efl  écail- 
leufe  ;  elle  eft  chargée  vers  fon  fommet  de  pluiieurs 
feuilles  difpofées  prefque  en  faifceau ,  lancéolées ,  poin- 
tues ,  rnoiles  ,  avec  quelques  nervures  latérales  & 
obliques.  Après  la  chute  des  feuilles  paroiffent  les 
fleurs  ;  elles  font  blanches  &  à  quatre  pétales.  Cette 
efpece  de  tubérofité  eit  fufpendue  au  tronc  &  aux 
groffes  branches  des  arbres.  La  groffeur  de  ces  tubé- 
rofités  qvii  leur  fert  de  racine  ,  paroît  occafionnée 
par  Textravafation  d'une  portion  de  la  fève ,  caufée  par 
les  fourmis  qui  les  habitent.  La  fubflance  de  ces  tu- 
béro fîtes  efl  d'une  nature  un  peu  cauflique.  (  Encyclo-' 
pédie  ancienne.  ) 

BAOBAB.  Foyei  à  Vartick  Pain  de  singe. 

BAQUOIS  5  Pandanus,  Genre  de  plante  unilobée, 
qui ,  ielon  M.  de  la  Marck  ,  paroît  avoir  des  rapport; 
avec  les  ananas  ,  &  qui  comprend  des  plantes  exoti- 
ques qui  s'élèvent  prefque  à  la  manière  des  palmiers, 
font  munies  de  feuilles  Amples  bordées  de  cils  épineux  ^ 

E4 


7î  S  >    Q 

&  portent  des  fieiirs  dioïques ,  difpofées  fur  une  forte 
de  chaton  terminal ,  qui  tll:  environné  de  toutes  parts 
de  ramifications  courtes  oC  très-nombreufes.  Le  fruit 
efl  ime  greffe  tête  ovoïde ,  fermée  par  l'auemblage  de 
quantité  de  noix  anguleufes ,  rétrécies  prefque  en  forme 
de  coin  par  leur  bafe  ,  ferrées  les  unes  contre  les  autres , 
&  qui  renferment  chacune  une  femence  lifTe  &c  ovale, 
(  Linnœus  fils  ^  Suppl.  64.  ) 

BaquoiS  odorant  ,  Pandamis  verus  ,  Paimph, 
Amb.  ;  Kaida  ,  Rheed,;  Keura  odoiifcra  ,  For.sk.  ^^gypt. 
Cette  efpece  croit  naturellement  dans  l'Inde  oc  aux 
Moluc[ues  :  on  la  cultive  à  l'Iile  de  France  ,  où  elle 
en.  connue  fous  le  nom  de  baquois  ou  de  vdcoiut.  Le$ 
chatons  des  fleurs  mâles  répandent  une  odeur  tres- 
^gréabîe  ,  &  affez  forte  pour  qu'un  ou  deux  chatons 
fîtruris  puiflent  fuffire  pour  parfumer  une  chambre 
pendant  un  temps  aiTez  long.  En  Egypte  on  vend  ces 
cliiitons  à  un  grand  prix  pour  la  bonne  odeur  qu'ils 
exhalent  lorfqu'ils  font  cueillis  nouvellement. 
'  Baquois  a  plusieurs  têtes,  Fandanus  (^poly^ 
çzphalus  )  humils ,  Riimph.  Cette  efpece  croît  dans  les 
Moluques  ,  dans  les  terrains  fablonneux  eu  pierreux 
cru:  avoifinent  la  mer,  Ses  fleurs  font  inodores.  Du 
îniiieu  des  feuilles  ,  dans  les  individus  femelles  ,  fort 
im  péduncule  trigone  ,  dur  ,  t<,  qui  foutient  cinq  à 
huit  têtes  glcbuleufes ,  difpofées  en  une  grappe  droite  ; 
les  feuilles  intérieures  de  chaque  faifceau  de  feuilles 
font ,  dans  leur  jeunefle  ,  très-blanches  vers  leur  bafe , 
molles  ,  d'une  faveur  douce  ,  &:  fe  mangent  comme  les 
bourgeons  ou  les  jeunes  feuilles  de  certains  palmiers 
qu'on  nomme  choux  palmïfus, 

Baquois  'ÇK.%Q\Qv\.xiK^^Kaïdatadai^  Rheed.  Mal. 
Cette  ei'pece  croît  au  Malabar.  Son  fruit  efl:  une  très- 
groffe  tête  ovoïde ,  formée  par  l'affemblage  d'un  grand 
pombre  de  faifceaux  particuliers  ,  féparés  les  uns  des 
autres  dans  leur  partie  fupérieure ,  &  compofés  chacun 
^e  fLX  à  huit  ncl^  oblongues,  Ce  gros  frvùt  çfl  rouge 


BAR  75 

dans  fa  maturité  ;  la  chair  intérieure  de  chaque  noix 
eft  jaune  ;  celle  du  réceptacle  commun  efl  blanche , 
fpongieufe  ,  &  a  une  cavité  dans  fon  milieu. 

BaquOIS  CONOÏDE  ,  Pandanus  ceramicus  ,  Rumph. 
Amb.  Cette  efpece  fe  trouve  dans  les  Moluques  ,  & 
fpécialement  dans  l'Iile  de  Ceram.  Son  fruit,  qui  efl 
rouge  dans  fa  maturité  ,  a  plus  d'un  pied  de  long  ; 
il  eit  conique ,  obtufément  trigone.  Ses  noix  font  très- 
nom-breufes  &  petites. 

BARALOU  ou  Baroulou.  Foye^  Balisier. 

BARBAIAN.   Foyei  Duc. 

BAR-BARESQUE    ou    Écureuil  de  Barbarie. 

^Fojei  CL  la  fin  de.  r article  Rat   PALMISTE. 

BARBARINE  ou  Barbaresque.  Voye^  à  la  fuits, 
de  l'article  CoURGE  à  limbe  droit. 

BARBARINS.  Nom  donné  aux  petits  barbeaux ,  & 
au  furmulet, 

BARBASTELLE.  C'eft  une  efpece  de  chauve-fouris. 
Voyez  ce  mot. 

BARBE  ,  Barba.  Nom  donné  au  poil  qui  croît  fur 
la  partie  inférieure  du  vifage  de  l'homme.  Ce  poil  efl 
le  caraûere  de  virilité  le  plus  confiant  ;  la  barbe  pa- 
roît  à  l'âge  de  puberté  ,  &  croît  jufque  dans  l'âge  le 
plus  décrépit  ;  feulement  elle  change  de  couleur  &  de 
îblidité.  Voyei  ce  qui  en  ejl  dit  à  P article  POIL  ,  &  à 
<,elui  de  /'HoMME. 

Barbe  ou  Fanons  de  baleine.  Voyei  â  l'article 
Baleine  de   Groenland. 

Barbe  de  bouc.  Foye^  au  mot  Sersifi  sauvage: 

Barbe  de  Chèvre,  Barba  caprœ  fioribus  oblongis ^ 
C.  B.  Pin.  163  ,  Tourn.  ;  Spirœa  aruncus  ^  Linn. 
Cette  plante  reffemble  à  la  reine  des  prés  (  ulmaria  ). 
Ses  tiges  font  hautes  de  quatre  pieds  ou  environ  , 
rondes  ,  rameufes;  fes  feuilles  oblongues  ,  pointues  , 
dentelées  ,  attachées  plufieurs  fur  une  même  côte  qui 
efl  terminée  par  une  feule  feuille  ,  n'ayant  entre  elles 
aucunes  petites  feuilles ,  comme  dans  la  reine  des  prés. 


74  BAR 

Ses  fleurs  naliTent  en  grappes  longues  aux  fommités 
des  branches  ;  elles  Ibnt  blanches  &c  compoiees 
de  cinq  pétales  dilpofés  en  rofe.  Ses  femences  font 
oblongues.  Sa  racine  eil  fîbreule.  Cette  plante  vivace 
&  propre  à  l'Europe  ,  croît  aux  lieux  humides  ,  dans 
les  bois  ,  iiir  les  montagnes ,  6c  eil  eftimée  aftringente. 
La  petite  l^arbe  de  clicvre  eft  la  reim  dis  pris.  Voyez 
ce  mot. 

Barbe  espagnole  ou  Caragate  muiciforme  , 
Vïfcum  carycphylloidcs  ,  tenuiffimum  è  ramis  arborum 
mufci  in  modum  dcpcndens  ,  folïïs  pruincs,  injîar  candi^ 
canùbus  ,  jlon  tnpaalo ,  femim  filamcntofo ,  Sloan.  Jam. 
Suivant  le  Père  Nicolfon  ,  c'ell"  une  efpece  de  gui  qui 
s'attache  aux  arbres  6l  forme  de  longs  filamens  enchâflés 
les  uns  dans  les  autres ,  (  ils  ne  font  que  mâles  )  &  qui 
flottent  au  gré  des  vents.  Ils  font  couverts  de  petites 
écailles ,  &  renferment  un  petit  filet  noirâtre ,  élaftique , 
afTez  femblable  au  crin  de  cheval.  Ils  font  divifés  dans 
leur  longueur  par  des  nœuds  ,  placés  à  deux  ou  trois 
pouces  les  uns  des  autres  ;  de  chaque  nœud  fort  une 
petite  fleur  oblongue  ,  jaunâtre  ,  à  trois  pétales  ,  envi- 
ronnée de  cinq ,  lix ,  fept  ou  huit  filaméns  ,  qui  s 'éten- 
dent de  tous  côtés  ,  &;  fe  divifent  également  en  nœuds 
qui  en  produifent  d'autres  ,  &  ainfi  de  fuite.  Aux  fleurs 
iuccede  une  capfule  oblongue  à  trois  côtes ,  qui  s'ouvre 
en  trois  parties  par  le  fommet ,  &  qui  contient  les 
femences.  Cette  plante  parafite  fe  trouve  fur  les  arbres 
qui  croifTent  au  bord  de  la  mer  ,  le  long  des  rivières 
&  des  étangs  ,  à  Saint-Domingue  ,  à  la  Jamaïque  , 
dans  le  Brélil  &  dans  la  Virginie. 

Barbe  de  Jupiter  ,  Barba  Jovls ,  pulchre  luuns , 
J.  B.  J.  385  ,  Tourn.  651  ;  Anthyllïs  barba  jovis  y 
Linn.  Petit  arbrifTeau ,  haut  de  trois  pieds  à  fix  , 
qui  croît  dans  les  lieux  pien-eux  &  montagneux ,  eiî 
Efpagne  ,  en  Provence  ,  en  Languedoc  &  dans  le 
Levant.  Cette  plante ,  dont  l'afped  efl  aflez  agréable , 
a  une  tige  dure ,  ligneufe  ,  droite  ^  rameufe  j  fes  jeunes 


BAR  7$ 

rameaux  &  fes  feuilles  font  couverts  d'un  duvet  court, 
couché ,  luifant ,  très-foyeux  &  d'une  couleur  argentée  ; 
ies  feuilles  font  rangées  comme  par  paires  fur  leurs 
côtes  ;  la  foliole  terminale  eu  feifile.  Ses  fleurs  petites  , 
jaunâtres  ,  légumineufes  ,  qui  reffemblent  à  celles  du 
genêt ,  naiffent  aux  fommités  des  tiges  :  à  ces  fleurs 
liiccedent  des  gouffes  ovales  ^  contenant  chacune  une 
femence.  Cette  plante  eu  apéritive. 

Barbe  de  renard  ,  Adragant  ou  Épine  de 
BOUC  ,  Tragacamha^  C.  B.  Pin.  388  ,  Cluf  Cur.  Poil. 
Add.  60;  Tragacantha  MaJJHunjîs ^  J.  B.  J.  407,Tourn. 
417.  Sous-arbriffeau  épineux  qui  croît  naturellement 
en  Provence.  Sa  tige  eil  épaifîe  d'un  pouce  ,  haute 
d'environ  un  pied  ;  elle  forme  par  fes  ramifications 
nombreufes  une  touffe  large  ,  diffufe  ,  couchée  en 
rond  fur  la  terre  ;  fes  rameaux ,  qui  font  comme  hériffés 
d'épines  ,  font  dénués  de  feuilles  à  la  partie  inférieure , 
qui  paroît  feche  &  comme  morte  :  la  partie  fupérieure 
efl  chargée  de  petites  feuilles  oppofées ,  oblongues  , 
obtufes  y  cotonneufes  ,  blanchâtres  ,  &  même  un  peu 
foyeufes  ou  argentées  lorfqu'elles  font  jeunes.  Les 
fleurs  font  petites  ,  légumineufes  ,  axillaires  &;  blan- 
châtres :  aux  fleurs  fuccedent  des  gouffes  velues  , 
renflées  ,  à  deux  loges  &  remplies  de  petites  graines 
de  la  figure  d'un  rein.  Cette  plante  ,  ainfi  que  la 
fuivante  ,  eft  de  la  famille  des  AflragaUs, 

Barbe  de  renard  de  Crète  ,  Tragacantha,  Credca 
tncajia  ,  jlon  pan'o  l'inùs  purpuras  flrlato  ,  Tournef. 
Cor.  29.  Sous-arbriffeau  qui  croît  dans  le  Levant ,  &: 
fpécialement  dans  l'Ille  de  Candie.  M.  di  Tournefort  en 
a  trouvé  une  grande  quantité  dans  les  vallées  qui  font 
auprès  du  Mont  Ida.  Ce  fous-arbriffeau  à  tiges  ligneu- 
fes  5  très-rameufes  ,  velues  ,  noirâtres  ,  très-piquantes , 
hautes  ou  longues  de  deux  à  trois  pieds ,  forme  une 
touffe  par-tout  bien  garnie  ;  les  épines  ,  comme  dans 
l'efpece  précédente  ,  font  les  pétioles  dépouillés  de 
leurs  folioles  ;  ils  font  fort  aigus ,  roides  ôc  jaunâtres  ^ 


75  BAR 

les  feuilles  cotonneufes  &  blanchâtres  ;  le5  fleurs  font 
d'un  pourpre  clair  &  rayées  de  blanc. 

Au  commencement  de  Juin  ,  jufqu'en  Août ,  découle 
naturellement  le  fuc  gommeux  ,  qui  eft  connu  dans  le 
commerce  fous  le  nom  de  gomme  adragarukc ,  Traga-^ 
cantha  gummi.  Les  fibres  dont  la  tige  &:  les  branches 
font  tiflues  ,  dit  M.  de  Tournefon  ,  fe  contraftant  dans 
les  grandes  chaleurs  ,  exprim.ent  le  fuc  glaireux  dont 
cette  plante  abonde  ;  ce  fuc  extravafé  le  congelé  en 
gros  filets  ,  ou  en  manière  de  petits  rubans  tortillés  , 
ou  comme  autant  de  petits  vermiffeaux  ,  qui  percent 
à  travers  l'écorce  dans  les  endroits  où  elle  réfifle 
le  moins  ;  les  Bergers  meurtriffent  en  marchant  diffé- 
rentes parties  de  ce  fous  -  arbrifieau  ,  &  c'efl  par 
ces  endroits  meurtris  plutôt  que  par  les  autres  ,  que 
les  lames  ou  filets  vermiformes  de  la  gomme,  adraganu 
s'échappent. 

Lorsqu'on  met  tremper  dans  l'eau  cette  gomme  ,  elle 
fe  gonfle  beaucoup  ,  Ôc  paroît  comme  une  efpece  de 
crème  enlacée  :  c'eil  ce  mucilas:e  de  ^ommc  adracranthe 
que  Ton  emploie  en  Pharmacie  &  chez  les  Confîfeurs , 
pour  donner  du  corps  aux  comportions  dont  on  veut 
former  des  pilules  ,  des  pâtes  ,  des  tablettes  ,  des  paf- 
tilles  ,  &:c.  On  mêle  aufïï  cette  gom.me  avec  du  lait 
pour  faire  des  crèmes  fouettées ,  &  l'on  y  joint  un  peu 
d'eau-rofe  ou  de  fleur  d'orange. 

La  gomme  adraganthe ,  prilë  intérieurement ,  efl  hu- 
medante  ,  rafraîchiffante ,  aglutinante  ,  propre  à  calmer 
les  douleurs  de  colique  ,  les  ardeurs  d'itrine  &  la  toux, 
Lorfqu'on  veut  la  pidvérifer  promptement ,  il  faut  que 
le  mortier  foit  chaud ,  afin  de  difTiper  l'humidité  aqueufe 
qu'elle  contient. 

Les  Peintres  en  miniature  rendent  le  vélin  fur  lequel 
Ils  veulent  peindre ,  auiTi  uni  qu'une  table  d'ivoire ,  en 
le  vernifTant  avec  de  la  gomme  adraganthe.  Pour  cet  effet , 
ils  mettent  du  mucilage  de  cette  gomme  dans  un  nouet 
de  linge  fin  ,  5c  en  frottent  le  vélin.  Les  Teinturiers» 


BAR  77 

tn  foie  Se  les  Gaziers  emploient  fouvent  cette  gomme 
par  préférence  pour  donner  de  la  confiHance  ôc  un 
luflre  particulier  à  leurs  ouvrages. 

Profper  Alpin  ,  de  exoticis  ,  fait  mention  d'une  féconde 
efpece  de  plante  adraganthe  ,  tragacantha  alura  y  qui 
reffemble  en  quelque  forte  au  dos  du  hérilTon  ter- 
reilre ,  &  même  à  certains  gros  ourfms  garnis  de  leurs 
piquans.  Sa  racine  eil  fibrée.  (  On  voit  cette  plante 
dans  le  Cabinet  de  Chantilly  avec  cette  étiquette ,  Lïmo" 
nïiim  mnaccum  Crcticum.  Plante  cueillie  fur  le  Mont 
Ida  ou  Pfillority ,  le  20  Juillet  1730,  par  M.  Baume  ^ 
Conful  à  Candie  ). 

BARBEAU  ouBarbot  ,  Cyprinus  barbus  ,  Linn.  Eft 
Italie  ,  barbio  ;  en  Allemagne  ,  barble  ;  en  Angleterre 
harbel.  Poiflbn  de  rivière  &  de  lac  d'eau  douce  ,  du 
genre  du  Cyprin,  Au  bout  ou  plutôt  aux  angles  de  foii. 
mufeau ,  qui  efl  pointu  &:  cartilagineux ,  pendent  deux 
barbillons  de  chaque  côté  ,  d'où  lui  eft  venu  le  nom 
de  barbeau.  Une  petite  veine  rouge  règne  dans  l'inté- 
rieur de  ces  barbillons.  Les  yeux  font  petits  &  tournés 
vers  le  bas  ;  la  couleur  des  iris  efl  dorée  ou  argentée, 
avec  des  taches  brunes.  La  forme  du  corps  du  barbeau 
efl  oblongue  &:  un  peu  arrondie  dans  fon  contour  ;  le 
dos  fe  courbe  en  arc  ,  &  a  à  fon  fommet  une  arête 
aiguë.  Le  ventre  efl:  plat ,  en  forte  que  quand  ce  poif- 
fon  repofe  fur  cette  partie ,  fa  gueule  touche  la  terre , 
ainfi  qu'on  l'obferve  dans  prefque  tous  les  poiffons  qui 
fe  tiennent  au  fond  de  l'eau.  La  ligne  latérale  efl  for- 
mée d'une  fuite  de  petits  points  ;  le  dos  efl  aufîi  par- 
femé  de  points  noirs.  La  mâchoire  fupérieure  plus  longue 
que  l'inférieure.  Il  n'a  point  de  dents  ;  la  fente  des 
ouïes  efl  petite  ,  ce  qui  fait  qu'il  vit  long-temps  hors 
de  l'eau.  Ses  écailles  foht  peu  grandes  ,  tendres  ,  &: 
minces  ;  leur  couleur  efl  olivâtre  fur  le  dos  ,  &  argentée 
fur  le  ventre.  Les  nageoires  du  ventre  font  jaunes ,  & 
celles  de  la  queue  font  rougeâtres.  La  nageoire  dorfale 
a  dix  rayons  ^  dont  \%  fécond  efl  le  plus  élevé  ;  les  n^- 


7?  BAR 

^^eoires  pe£lorales  font  d'une  grandeur  moyenne  ;  les 
abdominales  ont  chacune  neuf  rayons  ;  celle  de  l'anus 
en  a  fept  ;  celle  de  la  queue  efl  échancrée  en  forme  de 
fourche.  Ce  poiffon  a  communément  un  pied  ou  un 
pied  &  demi  de  longueur  ,  &  pelé  ordinairement  deux 
ou  trois  livres  ;  il  s'en  trouve  dont  le  poids  va  à  huit 
livres  &  plus.  Quand  il  eu  pêche  dans  les  eaux  pures, 
ia  chair  eil  blanche  &  d'un  très-bon  goût.  Les  anciens 
Romains  faifoient  un  grand  cas  de  ce  poifTon  ,  qui  fe 
plaît  plus  dans  les  rivières  que  dans  les  lacs.  Le  froid 
leur  eil:  nuifible  ,  car  ils  font  languifîans  en  hiver.  On 
doit  éviter  en  tout  temps  de  manger  les  œufs  du  tar- 
beau  ,  car  ils  troublent  la  digeftion  ,  &:  purgent  par 
haut  &  par  bas  ,  quelquefois  très-violemment  ,  fur- 
tout  dans  le  printemps.  Comme  ce  poiflbn  eft  vorace, 
il  fe  prend  facilement  à  la  ligne.  Son  fiel  efl  eflimé 
très-propre  à  rétablir  la  vue  :  on  en  a  eu  un  exemple 
bien  frappant  à  Paris  en  1767  ,  dans  M.  BaraddU  , 
Artiife  très-connu  pour  les  inftrumens  de  Mathéma- 
tiques. L'on  prétend  mêm.e  que  c'étoit  là  le  remède 
qu'avoit  employé  le  jeune  Tohk  pour  guérir  la 
cécité  de  fon  père.  Les  infeftes ,  les  petits  poiiTons  , 
même  ceux  de  fon  efpece  ,  font  fa  nourriture  ordi- 
naire. Il  eft  moins  gras  &  moins  bon  à  manger  en 
hiver  qu'en  été.  La  laite  de  ce  poiffon  efl,  en  certaines 
faifons,  groffe  ,  d'un  blanc-rougeâtre  &  bonne  à 
manger.  On  donne  à  ce  poifibn  le  nom  de  barbillon 
quand  il  ell  jeune  ,  &  celui  de  barbeau  quand  il  a 
acquis  fa  croiffance. 

Barbeau.  FoyeiBLVET,  A  l'égard  du  barbeau  Jaune  ^ 
ÔCC.    Foyei  à  Vartïck  CENTAURÉE. 

Barbeau  de  Mer.  C'eil  le  PvOUGEt. 

BAPv.BET.  Nom  donné  à  une  race  de  chiens  qui 
font  couverts  d'un  poil  long  ,  fourni  &  laineux 
comme  une  toifon.  Pour  le  refte  des  cara£leres  du 
barba ,  Voyez  à  V article  Chien. 

BARBICAN  ,  pi.  enU  601.  M,  de  Buffon  a  donne 


BAR       ^  79 

ce  nom  à  un  oifeau  apporté  des  Côtes  de  Barbarie, 
cil  il  n'eft  pas  rare.  Son  nom  indique  d'une  manière 
affez  jufte  fa  nature  mixte.  11  reflemble  aux  toucans  ^ 
aux  harkis  par  le  nombre  &  la  pofition  de  fes  doigts. 
H  a  le  bec  fort  6c  dentelé  comme  le  toucan ,  mais  bien 
plus  compacte ,  bien  moins  long ,  comprimé  fur  les  côtés 
&  cannelé  ;  il  reflemble  au  harhu  par  des  poils  qui 
entourent  la  bafe  de  fon  bec  ,  &  par  la  conformation 
de  fa  langue.  Le  harhïcan  a  le  plumage  de  couleur 
noire  fur  la  tête ,  le  cou  ,  le  corps  ,  les  ailes  ,  les  cuifles 
&;  la  queue  ;  la  gorge  efl  rouge  ;  le  ventre  eil:  rougeâ- 
tre  ;  une  large  bande  noire  traverfe  la  poitrine  ;  le  bec 
efl  jaunâtre  ,  long  de  dix-huit  lignes  fur  dix  d'épaifîeur. 
Les  pieds  font  bruns.  Cet  oifeau  a  neuf  pouces  de 
long;  fa  queue  en  a  trois  &:  demi. 

BARBICKON , /?/.  ml,  803.  Efpece  A^goU- mouche 
de  Cayenne  ,  long  de  près  de  cinq  pouces  ,  &  d'un 
jaune  verdâtre.  Sa  femelle  efl  un  peu  plus  grande  que 
lui ,  &  la  couleur  du  plumage  eft  plus  foncée  ;  le  bec 
efl:  noir ,  les  pieds  grifâtres  ;  de  longues  barbes  ou  foies 
entourent  la  bafe  du  bec.  Cet  oifeau  femble  fifîler  dou- 
cement les  deux  fyllabes  pïpi.  Le  mâle  ôc  la  femelle 
vont  aiTez  de  compagnie  ;  leur  nid  efl  pofé  fur  les  ra- 
meaux les  moins  touffus  ,  &  conflruit  avec  de  b  moufle. 
Ce  nid  efl  d'une  groffeur  excefllve ,  il  a  un  pied  de  haut  ^ 
cinq  pouces  de  diamètre  ,  &  une  petite  ouverture  fur 
le  côté  à  trois  pouces  du  fommet. 

BARBIER  ,  Labrus  anthïas ,  Linn.  Poiflbn  du  genre 
du  Labre  ;  il  fe  trouve  dans  les  Mers  de  l'Europe  &:  de 
l'Amérique  Méridionale.  Ce  poiflbn ,  dit  Linnœus  ,  a 
toute  la  furface  du  corps  de  couleur  rouge  ;  la  queue 
efl  fencjue  en  forme  de  fourche  ;  la  nageoire  dorfale 
a  dix-neuf  rayons  ,  dont  dix-fept  font  épineux  ;  les 
opercules  des  ouïes  font  dentelés  comme  la  lame 
d'une  fcie. 

Se^on  Rondelet  ,  cet  anthïas  a  le  premier  rayon 
de  la  nageoire  du  dos  long  ,  fort  ôc  tranchant  comme 


8o  BAR 

un  rafoif ,  &  de  là  eu  venu  le  nom  de  harhhr  à  ce  poîftorîi 
Les  Anciens  étoient  dans  l'opinion  que  Vamhias  voyoit! 
fort  clair  &  de  loin  ,  &  que  quand  il  étoit  pris  à 
la  ligne  ,  il  la  coupoit  avec  fon  aiguillon  tranchant  : 
on  a  dit  plus  ,  on  a  ajouté  que  les  autres  poiûbns  de 
la  même  efpece  venoient  au  fecours  de  celui  qui 
étoit  pris ,  &  le  délivroient  en  coupant  la  ligne...  La 
chair  de  ce  poiflbn  eil  d'un  goût  agréable  &:  le  digère 
facilement.  Voilà  tout  ce  qu'on  fait  fur  le  barbUr, 

BARBILLON.  Nom  donné  au  barbeau  encore  petit. 
*Voyei  Barbeau. 

On  donne  aufiî  le  nom  de  barbillon  à  une  efpece  de 
chien  de  mer  ,  dont  il  eil  mention  à  la  fuite  de  l'article 
barbu.  Voyez  ce  dernier  mot. 

BARBI-ROUSSA  ou  Barbi-ronsa  ouBaby-roesa 
ouBabiroussa.  Faux  fanglier  des  Indes  Orientales ,  de 
la  grandeur  du  cerf  ,  dont  il  a  à  -  peu  -  près  la  figure* 
Ce  n'eil  ni  un  fanglier  ni  un  cochon  ;  il  n'en  a  ni  la 
tête  ,  ni  les  foies  ,  ni  la  queue  ;  il  a  les  jambes  phi  s 
hautes  &:  le  mufeau  moins  long  ;  il  eft  couvert  d'un 
poil  court  &  doux  comme  de  la  laine ,  &  fa  queue  eiî 
terminée  par  une  touffe  de  cette  laine  ;  il  a  aufîi  le 
corps  moins  lourd  &  moins  épais  que  le  cochon  ;  fon 
poil  eft  gris  ,  mêlé  de  roux,&  d'un  peu  de  noir  ;  fes 
oreilles  font  courtes  &:  pointues.  Le  caradere  le  plus 
remarquable  ,  &  qui  diftingue  le  babiroujfa  de  tous  les 
autres  animaux  ,  ce  font  quatre  énormes  défenfes  ou 
dents  canines  ,  dont  deux  fortent  de  la  mâchoire  fupc- 
rieure  en  perçant  les  lèvres  ,  tl  s'étendent  en  courbe 
jufqu'au  -  deffus  des  yeux  ,  en  imitant  parfaitement 
des  cornes  ;  les  deux  autres  dents  ,  qui  font  moins 
longues  ,  partent ,  comme  celles  du  fanglier  ,  de  la 
mâchoire  inférieure.  Ces  défenfes  font  d'un  très -bel 
ivoire  ,  plus  net  &  plus  iîn  ,  mais  moins  dur  que 
celui  de  l'éléphant.  On  prétend  que  les  femelles 
manquent  de  celles  de  la  mâchoire  fupérieiire.  Ces 
jnormes   défenfes    donnent   à  ces    animaux   un   air 

formidable; 


BAR  Bt 

foîmîdable  ;  cependant  ils  font  peut-être  moins  dan- 
gereux que  nos  fangliers.  Quoique  grofîiers  6c  féroces 
ils  s'apprivoifent  ailëment. 

Cet  animal ,  dit-on ,  fe  fufpend  la  nuit  par  fes  dents 
d'en  haut  à  une  branche  fort  élevée  d  un  arbre  ,  pour 
dormir  en  fureté  &  à  Tabri  des  tigres  &c  autres  ani- 
maux fauvages  :  refle  à  concevoir  de  quelle  manière 
ce  quadrupède  grim.pe  plus  facilement  fur  des  arbres 
que  fes  ennemis  ,  d'ailleurs  plus  agiles  &  plus  fouples 
que  lui.  Il  paroîtplus  naturel  de  dire  avec  M.  de  Buffon^ 
que  le  bahlrouffa  ne  s'accroche  ainfi  à  des  branches  que 
pour  repofer  fa  tête  ou  pour  dormir  debout.  Cette 
hcibitude  lui  efl  commune  avec  l'éléphant  ,  qui  pour 
dormir  fans  fe  coucher ,  foutient  fa  tête  en  mettant  le 
bout  de  fes  défenfes  dans  des  trous  qu'il  creufe  à  cet 
effet  dans  les  murs  de  fa  loge. 

Le  babïroujfa  marche  légèrement  &  en  troupe  ;  il 
exhale  une  odeur  forte  qui  le  décelé  ,  ce  qui  fait  que 
les  chiens  le  chafTent  avec  fuccès.  Il  grogne  terrible- 
ment ,  fe  défend  &  bleffe  des  défenfes  de  deflbus  :  car 
celles  de  delîus  lui  nuifent  plutôt  qu'elles  ne  lui  fer- 
vent. Comme  il  a  le  poil  fin  &;  la  peau  mince  ,  il  ne 
réiiile  pas  à  la  dent  des  chiens ,  qui  le  chaffent  de  pré- 
férence aux  fangliers ,  &:  en  viennent  facilement  à  bout. 
Il  a  l'odorat  très-fin  ,  &c  fe  dreffe  fouvent  contre  les 
arbres  pour  éventer  de  loin  les  chiens  &:  les  Chaffeurs  : 
mais  s'il  eil  pourfuivi  fans  relâche  &  long  -  temps  ,  il 
court  fe  jeter  à  l'eau ,  oii  il  nage  aufii  bien  que  le  canard  , 
plonge  de  même  ,  &  échappe  de  cette  manière  fou- 
vent  aux  ChaiTeurs. 

Les  Indiens  trouvent  la  chair  de  cet  animal  très- 
délicate  ,  .la  plus  favoureufe  &  la  meilleure  de  toutes 
celles  des  bêtes  fauvages  ;  cette  chair  fe  corrompt  en 
alitez  peu  de  temps. 

Le    hahïrouffa    fe  trouve  en   Afie  ^  dans  Tlfie    de 
Bouro ,  l'une  des  Moluques  :  on  prétend  qu'il  fe  trouve 
auffi  dans  les  Contrées  Méridionales  de  l'Afrique. 
Toim  //.  F 


82  BAR 

BARBON ,  Andropogon.  M.  le  Chevalier  de  la  Marck 
donne  ce  nom  à  un  genre  de  plante  iinilobée,  de  la 
famille  des  Graminées  ,  &  qui  comprend  des  herbes 
dont  les  fleurs ,  en  général  ,  font  difpofces  fur  un 
réceptacle  linéaire  ,  denté  alternativement  ,  formant 
foit  un  feul  épi ,  foit  plufieurs  épis  fitués  en  faifceau 
ou  comme  des  digitations.  Les  fleurs  font  glumacées  , 
velues  ou  laineules  à  leur  bafe ,  &  de  deux  fortes  fur 
chaque  épi  ;  les  unes  font  hermaphrodites  &:  fefîiles , 
bl  les  autres  font  mâles  &  légèrement  pédiculées. 

Parmi  les  efpeces  dont  les  fleurs  font  difpofées  en 
un  feul  épi  ou  en  panicule ,  on  compte  : 

I .°  Barbon  CARIQUEUX  ,  Andropogon  fpïcd folïtanâ , 
imbricatd ,  feminibus  hirfutis  ,  arijlls  nudis  ,  contortis  , 
Linn.  Selon  Rhumphius  ,  fes  tiges  ont  quatre  à  cinq 
pieds  de  hauteur.  Cette  plante  croît  dans  les  Indes 
Orientales  ;  on  s'en  fert  à  Java  &  à  Balaya  pour  couvrir 
les  maifons  ;  les  pauvres  ramaffent  le  duvet  foyeux  de 
fes  épis  pour  en  former  des  coufTms  &:  en  garnir  leurs 
lits.  En  général ,  comme  cette  plante  eft  plus  nuifible 
en  incommodant  les  Chaffeurs  ,  en  bouchant  les 
chemins  ,  &  en  gênant  les  befliaux  dans  leur  pâtu- 
rage ,  qu'elle  n'efl  utile  ,  on  la  détmit  ordinairement 
par  le  feu. 

i.**  Barbon  a  épis  tors,  Andropogon  fpicd  falharld^ 
florihus  infiriorihus  muticis  ,  Linn.  ;  uEgilops  Madcraf- 
patana  ,  glumïs  pllofis  ^  arïflatïs  ,  Scheuchz.  Cette  efpece 
croît  naturellement  dans  l'Inde  ;  fon  épi  eil  un  peu 
tors  en  fpîrale. 

3.^  Barbon  a  fleurs  divergentes  ,  Lagurus 
humïlïor  ,  panïculd  conicd  ,  laxd  ,  mitante  ,  culnimn 
terminante ,  Gronov.  Virgin.  Cette  efpece  fe  trouve 
dans  la  Virginie. 

4.^  Barbon  panicule  ,  Andropogon  panicule 
pedunculis  fimpUciffîmis  trifloris  (  aut  quadrijloris  )  , 
Jlofculo  hermaphrodito  ,  arïjlato  ,  ciliato  ,  bafi  barbato  , 
Linn,  \  Phœnix  ,    Hall.  ;    ALgylops  bronioïdes  ,  juba. 


BAR  83 

purpurafcente  ,  Baiih.  Hift.  Cette  efpece  croît  à 
Vérone  ,  aux  environs  de  Montpellier  &;  dans  la 
Siiiûe. 

5.°  Barbon  penché  ,  Andropogon paniculâ  nutante  , 
arlftis  tonuojis  lavibus  ,  glumis  calycinis  hirfutis  ,  Linn. 
Cette  efpece  croît  dans  la  Virginie  &  à  la  Jamaïque. 

6.^  Barbon  QUADRI valve  ,  Andropogon  paniculâ 
nutante  ,  calycïbus  quadrivalvulibus  ,  trifioris  ,  jlofculo 
hermaphrodito  arijîato  ^  Linn.  Mant.  Cette  elpece  croît 
dans   l'Inde. 

7.°  Barbon  cymbifere  ,  Andropogon  cymharium^ 
Linn.    Ses  bradées   font  purpurines  &:  cymbiformes. 

8.^  Barbon  couché  des  Indes  Orientales , 
Andropogon  projlratum  ,  Linn.  Ses  tiges ,  qui  font  très- 
rameufes ,  Ibnt  couchées  fur  la  terre  ,  &  y  prennent 
racine. 

9.°  Barbon  AlopÉCUROÏDE  ,  Andropogon  Alope^ 
€uroïdes  ,  Linn.  Cette  efpece  croît  dans  l'Amérique 
Septentrionale.  Sa  tige  eil  haute  de  fix  pieds  ;  foa 
panicule    eft  long,  lâche   &  laineux. 

lo."^  Barbon  a  balles  rudes  de  ITfle  de  Ceylan  , 
'Andropogon  fquarrofum  ,  Linn.  Ses  tiges  font  glabres 
&  flottent  à  la  furface  de  l'eau  des  étangs  profonds  oit 
elles  croifTent. 

11.^  Barbon  des  Isles  ,  Andropogon  infulare  ; 
Linn.  Cette  efpece  croît  à  la  Jamaïque.  Brown  dit 
qu'elle  efl  vulnéraire  OC  déteriive. 

12.°  Barbon  NARD  ,  Andropogon  nardus  ^  Linn. 
On  croit  que  c'eft  le  nard  Indien  des  boutiques  ,  c'eft- 
à-dire ,  le  fpica-nard.  Voyez  l'article  NarD. 

Les  barbons  à  fleurs  difpofées  fur  plufieurs  épis 
fitués  en  faifceau ,  ou  en  forme  de  digitations  ,  ou 
par  paires  ,  font  : 

i.*^  Barbon  double  kv\  ^  Andropogon  dlflachium , 
Linn.  Cette  plante  croît  dans  les  Provinces  Méridio» 
nales  de  la  France ,  fur  les  côtes  feches  &:  pierreufesj 
Ses  épis  font  fouvent  un  peu  violets. 

F  2 


84  BAR 

2.°  Barbon  hérissé  ,  Andropogum  hlnmn ,  Lînn. 
Cette  efpece  croît  dans  la  Sicile  ,  en  Provence  ,  dans 
l'Elpagne  &:  le  Portugal.  Ses  épis  font  courts ,  barbus 
&  hérilles. 

3.^  Barbon  OTtORKKT  ^  Andropcgon  fchœnantus  y 
Linn.  C'eft  \e  jonc  odorant.  Voyez  ScHÉNANTE. 

4.°  Barbon  de  Virginie  ,  Andropogon  Vlrglnicum , 
Linn. 

5.*^  Barbon  bicorne  ,  Andropogon  bicorne.  ,  Linn. 
C'eil  le  cupiiplha  de  Pifon.  Cette  efpece  croît  à  la 
Jamaïque  ,  au  Bréfil  ;  on  la  trouve  auffi  en  Arabie. 

6.^  Barbon  CRÊTELÉ  ,  Andropogon  barhatum  , 
Linn.  Cette  efpece  ,  qui  efl  le  kouda-pidlii  ^  Rheed. 
Mal.  ,  croît  dans  les  Lndes  Orientales. 

7.^  Barbon  MUTIQUE  ,  Andropogon  miiticum  ^ 
Linn.  Cette  efpece  croît  au  Cap  de  Eoniie-Efpérance. 

8.^  Barbon  BIGITÉ,  Andropogon  ifchczmum ,  Linn, 
Cette  plante  fe  trouve  dans  les  lieux  flériles  &  pierreux 
de  l'Europe  auilrale. 

9.^  Barbon  de  Provence  ,  Gramen  dacîylon, 
yïllofum  ,  ramofum  ^  altijjîmum  ^  Galloprovinciak  , 
Tournef.  321.  On  foupçonne  que  c'efl  une  variété  de 
l'efpece  précédente. 

10.^  Barbon  fascicule  ,  Andropogon  fafcicU' 
latum  ,  Linn.  Cette  efpece  croît  dans  les  Indes. 

ii.°  Barbon  a  épis  nOxMBReux  ,  Andropogon 
polydaciylon  ,  Linn.  Cette  efJ3ece  croît  à  la  Jamaïque. 

1 2.^  Barbon  a  anneaux  ,  Andropogon  annulaïuni  , 
Forsk.  Cette  efpece  croît  en  Egypte ,  le  long  des  rives 
du  Nil. 

BARBOTE  franche.  Voye^  Franche-barbote. 

BARBOTINE.  Voy^i  Poudre  a  vers. 

BARBU  ,  Bucco,  Genre  d'oifeau  dont  le  caraftere 
efl  d'avoir  quatre  doigts  ,  deux  devant  &  deux  der- 
rière ,  le  bec  un  peu  convexe  en  deffous  &  comprimé 
par  les  côtés.  On  en  diflingue  plufieurs  efpeces  ,  qui 
toutes  oiU  pour  trait  fpéçialemeot   caraftériHique  , 


BAR  85 

une  efpece  de  harhe  à  la  baie  du  bec ,  qui  eft  compofée 
de  plumes  roides  comme  du  crin ,  &  tournées  en 
devant.  Ces  oiieaux  ont  les  mœurs  fanguinaires  , 
à-peu-près  comme  les  pies-grieches  ^  &  font  propres 
à  l'Ancien  Continent  :  les  tamanas  qui  ont  beaucoup 
de  rapports  extérieurs  avec  les  barbus  ,  font  d'un  na- 
turel tranquille  ,  qui  approche  de  la  flupidité ,  &:  font 
propres  au  Nouveau  Continent.  Les  barbus  &  les 
tamanas  ayant  les  ailes  fort  courtes ,  ne  peuvent  four- 
nir un  long  vol ,  &:  par  conféquent ,  dit  M.  de  Bu^on  , 
n'ont  pu  paffer  d'un  Continent  à  l'autre  ;  ainfi  les 
tamanas  doivent  compofer  un  fous-genre  du  Barbu. 

Barbu  (  à  gorge  jaune  )  des  Philippines  ,  pi.  cnL 
331.  11  eft  au  moins  de  la  groffeur  du  moimau-franc  ; 
ia  longueur  totale  eft  de  cinq  pouces  trois  lignes  ; 
l'envergure  de  neuf  pouces  quatre  lignes  ;  la  queue 
n'a  que  quinze  lignes  de  longueur  :  la  partie  anté- 
rieure de  la  tête  eft  dans  le  mâle  d'un  beau  rouge  ;  une 
bande  de  cette  même  couleur  fur  la  poitrine  ;  le  refte  du 
plumage  fupérieur  d'un  vert  obfcur  ;  le  refle  de  l'in- 
férieur jaune  ,  mais  d'une  teinte  foible  fur  le  ventre  , 
avec  des  traits  d'un  vert  obfcur  ;  l'œil  eil  auffi  entouré 
de  jaune  ;  le  deffous  de  la  queue  d'un  cendré-bleu  : 
les  jambes  &  les  pieds  jaunâtres  ;  le  bec  &:  les  ongles 
bruns.  Il  y  a  le  barbu  â  gorge  noire  de  Tlfle  de 
Lucon.  (  Foyage  à  la  Nguv.  Gu'm.  )  Le  barbu  à plajîron 
noir  du  Cap  de  Bonne-Efpérance , /?/.  ml.  688,  jig,  \. 
Le  grajid  barbu  de  la  Chine,  pi.  enl.  871  ;  le  vert  eil 
la  couleur  dominante  de  fon  plumage  :  cet  oifeau  a 
près  de  onze  pouces  de  long.  Le  barbu  vert  de  Mahé  ; 
ion  bec  efl  blanchâtre.  Voyez  pi.  enl.  870.  Le  petit 
barbu  du  Sénégal  ;  fon  bec  &;  fes  pieds  font  jaunâtres, 
'WoyQxpL  enl.  746  ^fig,  2.  A  l'égard  du  barbu  à  gros 
hzc ,  de  celui  à  poinine  ?toire  ,  de  celui  à  ventre  tacheté  , 
&  ceux  à  tête  6c  gorge  rouges  de  Cayenne  &C  de  Saint- 
Domingue  ,  de  du  barbu  des  Maynas  ,  Foyei  r article 
Tamatia, 

F3 


86  BAR 

Barbu.  M.  BrouJJomt  donne  ce  nom  à  une  efpece 
de  chien  de  mer  de  la  iedion  de  ceux  qui  ont  une  nageoire 
derrière  l'anus ,  avec  les  trous  des  tempes  ;  mais  ce  qui 
diilingue  ce  barbu ,  e  le  grand  nombre  d'appendices 
qu'il  a  fur  la  partie  inférieure  du  mufeau.  La  delcription 
de  cette  efpece  ,  donnée  par  M.  Brcujjcnet^  eft  extraite 
des  manufcrits  du  Dodeur  Solander. 

»  Sa  tête  étoit  large ,  aplatie  &  courte  ;  l'ouvertiu'e 
»  de  la  gueule  fituée  prefque  au  bout  du  mufeau  ;  les 
>>  dents  en  forme  de  lance  ,  &  difpofées  en  plufieurs 
»  rangs  :  à  la  partie  inférieure  du  mufeau  étoient 
»  plufieurs  appendices  de  différentes  forme  &  longueur  ; 
»  il  y  en  avoit  une  d'un  demi-pouce  de  long ,  placée 
»  au-devant  de  chaque  narine  ;  elle  étoit  diviiée  latéra- 
>>  lement  en  plufieurs  autres  plus  petites  ;  il  y  en  avoit 
^>  cinq  autres  de  chaque  côté  ;  au-defîiis  de  l'angle 
^>   que  formoit  l'ouverture  de  la  gueule ,  elles  étoient 

V  vermiformes ,  &  avoient  un  demi-pouce  de  long  : 
»  on  en  obfervoit  encore  deux  de  chaque  côté  au-delà 
^>  de  l'angle  de  l'ouverture  de  la  gueule  ;  l'antérieure 
^>  étoit  la  plus  longue  &  bifide  :  on  en  voyoit  en  outre 
>>  deux  autres  au-delà  de  celles-ci  ;  la  poftérieure 
»  formoit  plufieurs  divifions  :  enfin ,  entre  ces  dernières 
»  &:  les  nageoires  pedorales  ,  on  en  trouvoit  deux 
w  affez  grandes  ,  divifées  fur  un  de  leurs  côtés  en 
^>  lobules  obtus  ;  les  trous  des  tempes  étoient  grands  ; 
>>  les  narines  placées  immédiatement  au-devant  de 
»  l'ouverture  de  la  gueule  ;  il  y  avoit  cinq  bouton- 
»  nieres  ou  évents  (  expiracula  )  de  chaque  côté  ; 
>>  l'anus  placé  au-delà  du  milieu  du  corps  ;  la  pre- 
>>  miere  nageoire  dorfale  à  l'aplomb  de  l'anus  ;  la 
^>  féconde  fituée  entre  la  première  &  l'aplomb  de  la 

V  nageoire  de  derrière  l'anus  :  les  pedorales  plus  grandes 
»  que  les  abdominales;  la  nageoire  de  la  queue  légé- 
»  rement  divifée  ;  la  peau  recouverte  de  très-petites 
»  écailles ,  dures  ,  liffes  &  luifantes  :  le  corps  avoit 
>*  trois  pieds  &:  demi  de  long  ^  &  il  étoit  garni  de  taches 


BAR  87 

^>  dé  différentes  grandeurs ,  noires  ,  placées  fans  ordre , 
»  rondes  6c  anguleufes  ,  entourées  d'un  cercle  blan- 
»  châtre  ,  &  reiîembiant  en  quelque  forte  à  des  yeux. 
»  Cette  efpece  de  chien  de  mer  a  été  prife  dans  la  Mer 
»  du  Sud  ,  fur  la  Côte  de  la  Nouvelle  Hollande  , 
»  dans  une  Baie  que  le  Capitaine  Cook  a  nommée 
»  Stîng  RayS'Bay  ,  à  caufe  de  la  grande  quantité  de 
»  raies  qu'il  y  a  trouvées  «. 

M.  Broujfonet  fait  mention  d'une  autre  efpece  de  chien 
de  mer ,  qu'il  nomme  le  barbillon  :  »  Celui-ci  (  dit-il  ) 
»  eil  de  la  même  fedion  que  le  barbu  ;  mais  une 
>y  appendice  vermiforme  à  chaque  narine  forme  un 
»  caradere  diilindif  dans  l'efpece  du  barbillon  ,  &:  lui 
»  en  a  fourni  le  nom.  Le  barbillon  eit  de  couleur 
»  rouffe.  Les  individus  dont  la  longueur  n'excède  pas 
»  un  pied ,  ont  fur  tout  le  corps  de  petites  taches 
»  noires,  rondes,  qu'on  ne  retrouve  point  dans  les 
»  gros.  Cette  efpece  de  chien  de  mer  fe  trouve  dans 
»  les  Mers  d'Amérique  «.  M.  Broujjomt  en  a  vu  plu- 
sieurs individus  qui  avoient  été  péchés  aux  environs 
de  la  Jamaïque  ;  M.  le  Chevalier  Banks  l'a  encore  vue 
dans  la  Mer  du  Sud  ,  fur  la  côte  de  la  Nouvelle 
Hollande.  Les  plus  '  longs  que  M.  Broujfonet  a  eu 
occafion  d'examiner ,  avoient  un  peu  plus  de  cinq  pieds  ; 
les  écailles  font  larges  ,  aplaties  ,  très-luifanles  :  comme 
elles  font  aufîi  très  -  rapprochées  ,  notre  Obfervateur 
préfiime  qu'on  pourroit  faire  avec  leurs  peaux  def- 
féchées  ,  les  plus  beaux  ouvrages  en  galluchat  ;  mais 
qu'elles  prendroient  ,  à  la  vérité  ,  difficilement  les 
couleurs.  On  voit  au  Cabinet  du  Roi  un  affez  grand 
nombre  d'individus  de  cette  efpece  defféchés  ,  d'après 
îefquels  M.  Broujfomt  a  fait  la  defcription  fuivante  , 
&  d'après  plufieurs  individus  confervés  dans  la  liqueur , 
&  qui  fe  voient  dans  la  Colledion  de  M.  le  Che- 
valier Banks. 

»  La  tête  du  chien  de  mer ,  appelé  le  barbillon ,  ef^ 
»  aplatie  ;   le  mufeaii  coïirt    ôc  obtus  ;   les  lèvres 

F  4 


88  B    A    R 

»  ëpaifles  fur  les  côtés  ;  les  dents  en  grand  nombre  , 
»  alongées  ,  aiguës  6c  dilatées  à  leur  bafe  ;  au-devant 
»  de  chaque  narine ,  une  appendice  vermiforme  ;  les 
»  yeux  6c  les  trous  des  tempes  très-petits  ;  cinq  évents 
»  ou  boutonnières  de  chaque  côté  ,  dont  les  deux 
»  derniers  plus  rapprochés  ,  îiir-tout  dans  les  adultes  , 
»  femblent  n'en  faire  qu'un  feul  :  les  nageoires  pedo- 
»  raies  grandes  ;  l'anus  également  diilant  du  bout  du 
»  mufeau  6c  du  bout  de  la  queue  ;  les  nageoires  qui 
»  l'entourent  arrondies ,  6c  plus  petites  que  les  pefto- 
»  raies  ;  la  première  du  dos  à  l'aplomb  des  abdominales  ; 
»  la  féconde  fituée  avant  l'aplomb  de  la  nageoire  de 
»  derrière  l'anus  ;  celle-ci  eft  petite  6c  très-rapprochée 
>>  de  la  queue  :  la  queue  forme  le  quart  de  la  longueur 
»  de  tout  l'animal  ;  elle  eft  d'abord  divifée  en  deux 
»  lobes  5  6c  légèrement  échancrée  vers  l'extrémité  «. 
BARBUE  ,  Ophidium  harhatwn  ,  Linn.  PoilTon  du 
genre  de  la  Don^dU.  Il  efr  commun  dans  le  Golfe 
de  Venife  ;  fa  chair  eft  blanche  6c  ferme  ;  Bclon 
dit  qu'elle  eft  d'un  goût  très  -  délicat.  Ce  poillbn  a 
beaucoup  de  rapport ,  pour  la  figure ,  avec  1  ^anguille. 
6c  le  congre  ;  mais  la  barbue  a  le  corps  bien  plus  court 
à  proportion  de  fon  volume  ,  plus  comprimé  par  les 
côtés  ,  6c  d'une  couleur  plus  claire  :  le  dos  efl  d'une 
teinte  cendrée  ;  le  milieu  des  côtés  a  un  éclat  argenté  ; 
la  peau  a  de  petites  écailles  oblongues  ,  étroites  , 
éparfes  6c  fans  aucun  ordre  ;  la  gueule  eft  fpacieufe  ; 
les  mâchoires  6c  le  palais  font  hériffés  de  très-petites 
dents  ;  la  langue  eft  aiguë  ;  les  yeux  font  grands  , 
recouverts  par  une  membrane  commune  ,  tranfparente , 
leurs  iris  argentés.  Les  quatre  barbillons  que  ce  poiftbn 
a  fous  la  mâchoire  mférieure ,  partent  d'un  point 
commun  ,  6c  ont  un  pouce  de  longueur.  De  môme  que 
V anguille  ,  la  barbue  n'a  que  trois  nageoires  ;  favoir  , 
deux  pe£lorales  ;  &  l'autre  fur  le  dos  ,  à  la  diftance 
de  deux  pouces  &  demi  de  la  tête  ;  elle  fe  prolonge 
de  manière   qu'elle  fait  ,  fans  interruption  ,    l'office 


BAR  89 

de  nageoire  dorfale  ;  de  celles  de  la  queue  &  de 
Panug  ,  elle  fe  termine  à  cette  dernière  partie  ;  le  bord 
fupérieur  de  cette  nageoire  unique  ,  efl  noir  comme 
dans  le  ccnj^re. 

FUlughby  obferveque  laveiîie  aérienne  de  cepoiffon, 
a  le  fond  percé  d'un  trou  dans  lequel  s'infère  un  petit 
tube  fermé  feulement  par  une  membrane  d'im  tiiiu 
lâche  &  délié;  en  forte  que  quand  on  comprime  la 
veffie ,  l'air  entre  dans  le  tube  &  le  diftend  :  ce  même 
tube  ell  rempli  d'une  liqueur  vifqueufe  &  tranfpa- 
rente.  A  la  partie  oppofée  de  la  velTie  ,  efl  un  corps 
dur  &  glanduleux ,  lemblable  à  un  opercule  ;  en  forte 
que  cette  veiîie  paroît  avoir  deux  prolongemens  dans 
la  diredion  de  fon  axe. 

BARDANE  ,  Glouteron  ou  Herbe  aux  tei- 
gneux, Zi^/^p^/zz^'or,  arciium  Diofcoridis  ^  C.  B.  Pin. 
198  ;  Pcrfonatafeii  Lappa  major  aiit  Bardana^  J.  B.  3. 
570;  Lappa  tommtofa  ,  arciium  lappa  ,  Linn.  1143. 
C'eil  une  plante  annuelle  qui  croît  naturellement  dans 
les  prairies  &:  fur  les  chemins  ,  dont  la  racine  efl: 
blanche  en  dedans  &  noirâtre  en  dehors  ,  d'une  faveur 
douceâtre ,  terreufe  &  un  peu  auftere  ;  elle  rougit  légè- 
rement le  papier  bleu.  Sa  tige  efl  haute  de  deux  ou  trois 
pieds  ,  épaiffe  ,  flriée  ,  un  peu  cotonneufe.  Les  feuilles 
de  la  bar  dam  font  molles  ,  cordiformes  ,  p  étiolées  _, 
vertes  en-deffus  ,  blanchâtres  en-deffous  ,  larges ,  6c 
longues  d'un  pied  &  plus.  Ses  fleurs  ,  ramaffées  en 
bouquets  ,  font  compofees  de  plufieurs  fleurons  pur- 
purins ,  contenus  dans  un  calice  globuleux  ,  compofé 
d'écaillés  imbricées  ,  terminées  par  un  crochet  qui 
s'attache  aux  habits  lorfqu'on  en  approche.  Aux  fleurs* 
fuccedent  des  femences  ovales  à  aigrette. 

La  racine  de  cette  plante  efl  regardée  comme  un 
excellent  fudorifique  ;  fa  décodion  efl  préférable  à 
celle  de  la  fcorfonere  dans  les  fièvres  malignes  ; 
on  prétend  que  fon  infufion  a  guéri  des  goutteux  : 
mais  elle  efl  bien  défagréable  à  boire.  Les  feuilles  de 


90  BAR 

hardam  font  réfolutives  ,  vulnéraires  ,  &  doivent  leur 
vertu  au  nitre  qu'elles  contiennent  ;  car  étant  (eches , 
fes  feuilles  fufent  fur  les  charbons.  Sa  femence  efl  un 
puiiTant  diurétique.  On  appelle  aufTi  la  hardam  ,  hzrbù 
aux  teigneux  ^  parce  qu'employée  extérieurement  elle 
eft  très-utile  pour  la  gale.  On  fe  fervoit  autrefois  de 
fes  feuilles  pour  fe  mafquer  le  vifage  ,  ce  qui  l'avoit 
fait  nomm.er  pajonata. 

Le  genre  de  la  hardam  a  de  très -grands  rapports 
avec  les  chardons.  La  petite  hardane  eft  le  glaitcron. 
Voyez  ce  mot. 

BARDEAU.  C'eil  le  nom  donné  au  mulet  provenant 
du  cheval  &  de  l'âneffe.   Foye^  à  r article  MuLET. 

BARDEAUT  ,  en  Guienne  ,  eft  le  hruant, 

BARGE  ,  Capriceps  aut  Limofa.  Oifeaii  aquatique  & 
de  pafiage  ,  très-commun  en  Egypte ,  affez  femblable 
au  courlis.  Cet  oifeau  ,  très-délicat  à  manger  ,  a  un 
cri  qiii  imite  celui  du  bouc  &  de  la  chèvre.  Il  vient 
fur  nos  Côtes  en  Septembre  ,  &:  cherche  à  vivre  la 
nuit  dans  les  marais  falugineux  ,  ainfi  que  font  la  plu- 
part des  oifeaux  de  nuit  :  comme  les  bécaffes  ,  la  barge 
vit  de  vers  &  de  vermiffeaux  qu'elle  tire  de  la  vafe  : 
cet  oifeau  court  très-vite. 

M.  de  Buffon  ,  à  l'occafion  des  barges  ,  obferve  que 
de  tous  ces  êtres  légers  (  les  oifeaux  )  ,  fur  lefquels  la 
Nature  a  répandu  tant  de  vie  &  de  grâces ,  &  qu'elle 
paroît  avoir  jetés  à  travers  la  grande  fcene  de  {^s> 
ouvrages  ,  pour  animer  le  vide  de  l'efpace  &  y  pro- 
duire du  mouvement  ;  les  oifeaux  de  marais  font  ceux 

qui  ont  le  moins  de  part  à  fes  dons Aucun  d'eux 

n'a  les  grâces  ni  la  gaieté  de  nos  oifeaiix  des  champs  : 
ils  ne  favent  point  ,  comme  ceux-ci  ,  s'amufer  ,  fe 
réjouir  enfemble,  ni  prendre  de  doux  ébats  entre  eux 
fur  la  terre  ou  dans  l'air  ;  leur  vol  n'efl:  qu'une  fuite , 
une  traite  rapide  d'un  froid  marécage  à  un  autre. . . . 
Ils  gifent  à  terre  &  fe  tiennent  à  l'ombre  pendant  le 
jour  ;  une  vue  foible  ,  un  naturel  timide ,  leur  font 


BAR  9  r 

préférer  l'obfcurité  de  la  nuit ,  ou  la  lueur  des  cré- 
pufcules ,  à  la  clarté  du  jour  ;  6c  c'eft  moins  par  les 
yeux  que  par  le  tacl ,  ou  par  Podorat ,  qu'ils  cherchent 
leur  nourriture.  C'eil:  ainfi  que  vivent  les  bécaffes ,  les 
bécafTmes  ,  les  Barges  ,  &:  la  plupart  des  autres  oifeaux 
de  marais. 

La  barge  eft  d'un  genre  particulier  ;  on  en  diftingue 
plufieurs  efpeces  :  leur  caraflere  ei\  d'avoir  quatre 
doigts  ,  trois  devant  6c  un  derrière  ;  le  bec  eft  menu , 
fort  long  ,  plutôt  recourbé  en  haut  que  droit ,  & 
obtus  par  la  pointe. 

Il  y  a  la  Barge  grife  ,  pi.  enl.  876  ;  c'efl  la  barge 
aboyeufe  ,  le  totano  des  Vénitiens  ,  le  crex  de  Belon  : 
la  barge  aux  jambes  &  pieds  rouges  :  la  barge  brune  , 
pi.  enl.  876  :  la  barge  commune  ,  pi.  enl.  874  ,  fon 
plumage  efl  en  général  d'un  brun  roufîatre  :  la  barge 
rou[fe ,  pi.  enl.  900  ;  elle  fe  trouve  dans  le  Nord  Aqs 
deux  Continens  ;  c'eft  le  francolin  à  poitrine  rouge 
d'Edwards  ,  &:  l'on  en  diflingue  en  Amérique  une  très- 
grande  efpece ,  pL  enl.  916:  la  barge  variée  relTemble 
à  la  barge  grife  ou  aboyeufe ,  mais  le  croupion  de  celle- 
ci  eil  blanc  ,  &  i^s  pieds  font  gris  ;  l'autre  a  le  crou- 
pion brun  &  les  pieds  d\m  noir  verdâtre  :  la  barge 
blanche  fe  trouve  à  la  Baie  d'Hudfon  ;  Edwards  lui 
donne  le  nom  de  francolin  blanc, 

BARNAQUE.  Voye^  Bernacle  &  Conque  ana- 

TIFERE. 

BARNET.  Nom  donné  par  M.  Adanfon  à  une  efpece 
de  buccin  qui  offre  une  fmgularité  remarquable.  Toutes 
les  vieilles  coquilles ,  dit-on  ,  foit  mâles ,  foit  femelles , 
fe  caiTent  par  l'extrémité  du  fommet ,  loriqu'elles  ont 
atteint  le  nombre  d'onze  à  douze  fpires  ,  de  manière 
qu'il  ne  refle  que  les  quatre  ou  cinq  fpires  d'en-haut 
ou  de  fa  bafe.  Par  quelle  mécanique  l'animal  peut-il 
procurer  cette  rupture  dans  une  coquille  operculée , 
auffi  dure  &'auiîi  épaiife  que  l'eil  celle-ci  dans  fa 
yieilleiTe  ? 


91  BAR 

BAROUTOUS.  Nom  que  l'on  donne  à  Cayenne 
à  une  tourtirclLe,  qui  y  efl:  affez  commune  ;  on  diroit 
d'un  grand  cocot^iji.  Voyez  ce  mot, 

BARRAS.  Voyei   Galipot. 

BARRE.  Nom  donné  par  les  Normands  au  flot  ou 
flux  des  eau5^  de  la  Seine ,  lorfque  la  mer  monte.  Voyei 
PanicU  Mer. 

Barre  ou  Barrus  aux  Indes  Orientales  ,  eft  Vêlé- 
phant.  Voyez  ÉLÉPHANT. 

BARRE  ,  (le)  Sïlurus  fafilatus  ,  Linn.  Poiffon  du 
genre  du  Silure.  Cette  efpece  fe  trouve  au  Brélil  &  à 
Surinam  :  c'efl:  le  myjlus  cirris  fex  ,  maxïllâ  inferiore 
brcviorl ,  roflro  plagïo-plateo ,  lato  ,  de  Gronovius.  Cet 
Auteur  dit  que  la  tête  de  ce  poiiTon  eft  aplatie  en 
deffus  ,  marquée  d'un  fillon  longitudinal  ;  elle  eil  par- 
tout de  la  même  largeur  que  la  plus  grande  de  celle 
du  corps  ;  la  gueule  efl:  un  peu  ouverte  &:  placée  fur 
le  defliis  du  mufeau  ;  les  mâchoires  ,  le  palais  &  le 
go  fier  font  garnis  de  petites  dents  ;  la  mâchoire 
fupérieure  efl  immobile  ,  &  beaucoup  plus  longue  que 
celle  de  deflbus  ;  des  fix  barbillons  ,  deux  font  beau- 
coup plus  longs  que  la  tête,  &  fortent  de  l'angle  de 
la  mâchoire  inférieure  ;  les  quatre  autres  ,  un  peu 
moins  longs  ,  font  difpofés  fur  cette  même  mâchoire. 
Les  yeux  font  faillans  ,  arrondis  ,  petits ,  fitués  fur  le 
-fommet  de  la  tête  ;  les  opercules  font  dépourvus 
d'aiguillons  ;  les  lignes  latérales  font  liffes  &  relevées 
à  leur  naiiTance.  La  première  nageoire  dorfale  eft  garnie 
de  fept  rayons  rameux  ,  excepté  le  premier  qui  eft 
fim.ple  ;  la  féconde  dorfale  eft  petite  ;  les  pectorales 
ont  chacune  dix  rayons  ,  dont  l'antérieur  eft  roide  ; 
les  abdominales  font  dépourvues  d'aiguillons  ,  m.ais 
garnies  chacune  de  fix  rayons  ;  celle  de  l'anus  en  a 
treize  ou  quatorze  ;  la  queue  eft  très-échancrée  ,  & 
fon  lobe  inférieur  bien  plus  long  que  celui  de  deftus. 
La  peau  lifte  &  fans  écailles  ;  la  couleur  des  parties 
de  deffus  eft  rouffàtre  ;  celle  de  deffous  eft  blanchâtre  ; 


BAR  BAS  93 

les  côtés  font  panachés  de  grandes  taches  d'une  teinte 
fombre ,  &  les  nageoires  parlemées  de  taches  noires, 
Lïnnmis  prétend  que  le  dos  eft  marqué  de  bandes 
blanches  fur  un  fond  noir. 

BAPvRELIERE.   Voy^i  à  VarticU  Bahel-sculli. 

BARRIS  ou  Homme  des  bois  ,  ou  Grand  Orang- 
outang.  Voy^i  Homme  sauvage  ,  VarticU  Singe 

&  celui  ûf'ORANG-OUTANG. 

BARROS,   Foyei  Bucaros. 

BARTAVELLE.  Efpece  de  perdrix  de  Savoie  &  de 
Grèce.   Voyei  à  l' article  PERDRIX. 

BASAAL.  Genre  de  plante  à  fleurs  polypetalées  ^ 
qui  paroît  avoir  des  rapports  avec  les  Antifdcrms  ; 
Voyez  cù  mot,  11  y  a  le  hafaal  à  pétales  pointus  , 
Rhccd,  Mal.  ;  les  Brames  l'appellent  ^'ikngi  ;  les  Por- 
tugais 5  frnita  perdrica  ;  &  les  Hollandois  ,  fiVin-beJfen. 
C'eft  un  arbrilTeau  toujoi^trs  vert  ;  il  croit  dans  les 
terres  fablonneufes  du  Malabar  ,  &  particulièrement 
aux  environs  de  Cochin.  Sa  durée  efl  d'environ  quinze 
ans.  La  décoftion  de  fes  feuilles  dans  l>eau ,  avec  un 
peu  de  gingembre  ,  foulage  dans  les  maux  de  gorge  ; 
les  Naturels  frottent  le  front  6i  les  tempes  des  fré- 
nétiques avec  fes  baies  rouges ,  fucculentes  &  frites 
dans  le  beurre  ;  {qs  amandes  font  blanchâtres  &  efti- 
mées  vermifuges. 

Une  autre  efpece  de  hafaal ,  efl;  à  pétales  arrondis. 
C'eil  le  tsjerium-cottam ,  Rheed.  Mal.  ;  le  ramifol  des 
Portugais  ,  &  le  liis-hejfcn  des  Hollandois.  Cet  arbrif- 
feau  croît  naturellement  à  la  Côte  de  Malabar. 

BASALTE  5  Bafaltes,  Ce  nom  déligne ,  en  Minéra- 
logie 5  une  efpece  de  pierre  de  touche  propre  à  éprou- 
ver les  métaux  ,  &  qui  fe  trouve  en  Lorraine ,  en 
Bohême  ,  en  Saxe ,  en  Siléfie.  C'efl  une  pierre  dure 
dont  Pline  a  parlé  le  premier ,  &  qu'il  dit  fe  trouver 
en  Ethiopie  {a).   Quelques  Naturaliftes  modernes  re- 

(â)  Pline  entend  par  le  nom  hafahe  ,  la  pierre  d'Lchiopis  noire  5c 
très-dure ,  dont  Strahn  a  vu  des  cttlonngs  &  ùes  mwceaujt  d'une 


94  BAS 

gardent  comme  un  hafdte  la  fameufe  pierre  de  Stoîpen 
en  Miihie ,  près  de  Drefde  :  cette  pierre ,  qui  a  diveries 
configurations  &  grandeurs  ,  eft  en  malles  qui  fe  dé- 
tachent communément  en  morceaux  de  figure  carrée. 
On  a  aufTi  trouvé  dans  le  lit  du  Rhin  ,  proche  Bonne , 
lin  véritable  bapJte ,  &  nous  en  avons  conlervé  un 
bel  échantillon  dans  notre  Cabinet  :  il  efî  hexagone. 
Telle  eft  encore  la  pierre  connue  fous  le  nom  de  pavé 
de  la  chaujféc  des  Géans  y  (  bafanos  maximus  Hïbcrnicus^  ) 
ÔC  que  l'on  voit  dans  le  Comté  d'Antrim  ,  au  Nord 
de  l'Irlande. 

La  pofition  naturelle  des  morceaux  de  cette  forte  de 
pierre  ou  pavé  des  Géans  ,  offre  en  cette  contrée  un 
fpedacle  cligne  de  l'attention  des  Naturalises  :  qu'on  fe 
figure  une  immenfe  quantité  de  pierres  fort  obfcures , 
noirâtres ,  pefantes ,  très-dures ,  alfez  lilTes  en  leur  fur- 
face  extérieure  ,  d  une  figure  prifm.atique  ou  polygone , 
communément  à  cinq  pans  &  quelquefois  à  fix  ,  à 
fept,  rarement  à  huit,  à  neuf,  à  trois  &  à  quatre 
pans;  chaque  pierre  ordinairement  convexe  par  une 
furface  &  concave  par  l'autre  ,  très-rarement  plane 
par  les  deux  furfaces  :  plufieurs  de  ces  pierres  de  la 
même  configuration  ,  empilées  perpendiculairement 
à  l'horizon  les  unes  fur  les  autres ,  de  manière  que 
ce  font  comme  autant  d'articulations  qui  s'emboî- 
tent ,  s'engrènent  ou  fe  joignent  toujours  exacte- 
ment pour  former  une  colonne.  Chaque  articulation 
efl  facile  à  iéparer.  Voilà  la  première  efquiffe  de 
ce  phénomène  aufTi  curieux  que  fingulier.  On  rc- 
connoît  déjà  que  la  nature  ,  la  figure  &  la  pofition 
de  ces  pierres  leur  donnent  un  caradere  unique  ;  main- 
tenant qu'on  fe  figure  un  aflemblage  de  plufieurs 
milliers  de  colonnes  angulaires,  (on  diroit  d'un  groupe 
de  foiides  piliers  artificiels  )  dans    une  grande   éten- 

cpaifTsur  confidérable.  D'une  feule  colonne  ,  l'Empereur  Vcfpafiin  £t 
faire  une  ftatue  entière  ,  avec  feize  enûns  ,  qu'il  dédia  au  Nil ,  dans 
Jç  Temple  de  la  Pîiix. 


BAS  95 

(lue  de  terrain  ,  &C  qui  fait  une  digue  vers  PEcofle  ; 
autre  beauté  des  plus  frappantes.  Chaque  articula- 
tion ou  morceau  a  environ  dix-huit  pouces  de  haut 
&  vingt  de  large,  &  même  plus.  Quant  à  la  diffé- 
rence des  figures  que  l'on  obierve  entre  quelques- 
unes  de  ces  pierres,  ne  pourroit-on  pas  dire  que  ceci 
a  dépendu  de  la  différence  des  milieux,  dans  lefquels 
les  matières  conflituantes  fe  feront  réunies  pour  s'y 
criftallifer?  L'équilibie  des  fluides  ou  leur  agitation, 
peut-être  l'intervention  accidentelle  de  corps  étran- 
gers ,  auront  produit  ces  différences.  Quant  à  l'efpece 
d'irrégularité  dans  les  affiles  continues  (k.  refpedives 
des  colonnes ,  ce  fait  eil  plus  difficile  à  expliquer. 
On  peut  dire  feulement  qu'elles  auront  pris  leurs  hau- 
teurs par  intervalles  dans  l'eau  chargée  de  la  matière 
du  bafalu  ;  6c  comme  dans  une  même  mafie  chargée 
de  criffaux  de  roche  ou  de  fels ,  il  y  des  crillaux  plus 
gros ,  plus  grands  6c  plus  réguliers  les  uns  que  les  au- 
tres ,  il  a  dii  arriver  que  les  articulations  ayant  acquis 
chacune  dans  la  même  direcfion  plus  de  volume,  les 
colonnes  qui  en  feront  compofées  dépalferont  les  co- 
lonnes voifmes.  La  féconde  articulation  fe  fera  criflallifée 
fur  la  première  déjà  confohdée;  la  fuperficie  convexe 
de  la  première  aura  donné  fon  empreinte  en  creux 
dans  la  culalle  de  celle  du  deflus ,  6c  ainfi  de  fuite. 
Cette  exphcation  fuppofe  des  dépôts  affez  tranquilles, 
ou  des  fluides  peu  agités  :  cependant  un  bon  Obfev- 
vateur  trés-connu ,  M.  Defmanjis ,  regarde  ces  criftal- 
lifations  comme  le  produit  des  volcans,  une  matière 
graniteufe  comme  vitrifiée  ou  en  fuiion;  &:  cette 
forte  de  lave ,  en  fe  refroidiffant ,  a  dû  fe  criff aUier , 
peut-être  fe  fêler  ,  fe  fendre ,  fe  divifer  en  morceaux 
aufîi  réguliers  :  il  a  trouvé  des  articulations  de  bafalu 
en  Auvergne  ,  d'une  groffeur  énorme  ,  dans  des  en- 
droits qui  ont  autretois  fubi  des  éruptions  &  à^s 
catarades  de  feux  fouterrains.  Ce  dernier  fyflême  ne 
laiflé  pas  d'avoir  des  partifans,  M.  Dcfmantis  dit  encore 


ç,6  B    A    S         ^ 

que  les  hafjît:s  articules  ne  peuvent  être  confulérés 
comme  l'efet  de  la  retraite  de  la  matière  de  la  lave, 
mais  comme  celui  de  la  comprelîion  des  boules  de  lave. 
Journal  de  Phyjiquc  ^  Juillet  &  Août  lySy.  Peut-être 
ces  boules  balaltiques  ont-elles  été  formées  ainfi  lors  de 
l'éruption  du  volcan;  peut-être  fcnt-ce  des  noyaux 
de  priimes  ou  de  colonnes  baialtiques  ufées  &  chariées 
par  l'eau.  Revenons  à  la  hmteur  des  colonnes  en 
Irlande;  il  y  en  a  depuis  trois  6c  quatre  pieds  julqu'à 
trente  &  quarante  ;  on  n'en  trouve  prelque  point  d'ilb- 
lées  ;  elles  forment  des  mafles  énormes  ;  la  plus  grande 
efl  particulièrement  appelée  h  chauffée  des  géans ^  l'autre 
pone  le  nom  de  jeu  d'orgue  ;  celle-ci  n'ell  compofée 
que  de  foixante  piliers,  tandis  que  dans  celle  de  la 
chauiTce  on  en  compte  plus  de  trente  mille.  Dans  les 
balles  marées  on  obferv^  que  cette  chauflee  s'avance 
de  Cent  to!fes  dans  la  mer,  &  il  ell  probable  que  fa 
longueur  eil  beaucoup  plus  confidérable.  On  eftime  fa 
plus  grande  largeur  à  deux  cents  quarante  pieds ,  <k.  fa 
plus  petite  à  cent  vingt.  Du  côté  des  terres  on  trouve 
piufieurs  de  ces  colonnes  à  plufieurs  milles  à  la  ronde. 
On  en  a  découvert  aufîi  dans  les  roches  graniteufes 
des  montagnes  Euganéennes  près  Padoue  en  Italie. 

Cette  pierre  efî  d'un  tifTu  ferré,  fait  feu  avec  le 
briquet ,  &  prend  un  beau  poli  ;  elle  eft  brillante  dans 
fes  frathires;  on  n'y  découvre  point  de  coips  étrangers, 
ni  bulles,  ni  pores;  fa  dureté  la  rend  ditHcile  à  être 
travaillée  ;  elle  peut  fervir  de  pierre  de  touche  pour 
effayer  les  métaux  ;  elle  ne  fe  calcine  point  au  feu 
ordinaire ,  elle  y  acquiert  une  couleur  terrugineufe , 
&  fe  convertit ,  à  l'aide  de  la  foude  dans  un  feu  vio- 
lent, en  un  verre  noir.  On  voit  trois  beaux  mor- 
ceaux de  hafalte  d'Irlande  dans  le  Cabinet  de  Leyde, 
'&  fept  à  huit  au  pied  du  grand  efcalier  du  Mujœum  à 
Londres,  yoyti  rarticle  Lave  ,  &  coiifului  notre 
Minéralogie  6c  le  Supplément  du  Dictionnaire  de  Cham- 
bers,    au    met  Giaists-Cause^jay, 

Dom 


BAS  97 

Dom  de  Aliatt  y  Ramyns  a  mandé  du  Mexico  à 
V Académie  Royale  des  Sciences  ,  qiron  volt  dans  le 
domaine  royal  des  mines  de  Paducca  une  montagne 
formée  de  pierres  taillées  de  la  grofTeur  &  de  la 
figure  dont  on  peut  les  défirer.  On  n'a  que  la  peine 
de  les  détacher  du  monceau.  Ces  pierres  ne  font  pas 
rangées  horizontalement,  mais  perpendiculairement  à 
l'horizon;  oC  telle  qu'efl  une  de  ces  pierres,  on  peut 
être  affuré  que  toutes  celles  qui  font  au-defîUs  ou  au- 
deffous  lui  reffemblent.  Ces  pierres  paroiflent  être 
encore  un  bafalte  de  même  nature  que  celui  de  la 
chauffée  des  Géans.  M.  Moment  a  aufîi  trouvé  du 
hafalte  en  Languedoc.  Le  bafalte  du  Nord  efl  bien 
différent,    Voye:^^  l'article  Pierre  de  Bafalte, 

A  l'égard  du  bafalte  de  roche  y  Voyez  à  l'article 
'Pierre  de    Corne, 

BASELLE,  Bafella,  Genre  de  plante  à  fleurs  incom- 
plètes, de  la  famille  des  Arroches ,,  6c  qui  comprend 
des  herbes  exotiques,  dont  les  tiges  font  grimpantes, 
les  feuilles  fimples  6c  alternes ,  6c  les  fleurs  difpofées 
en  épis  axillaires  qui  n'ont  aucun  éclat.  Le  fruit  efl 
ime  femence  recouverte  par  le  calice  qui ,  en  grofTiffant , 
a  acquis  une  confillance  charnue  ,  6c  pris  la  forme 
d'une  baie. 

11  y  a  la  Bafdlt  à  tiges  d'un  rouge-pourpre  ,  Bafclla 
rubra ,  Linn.  ;  c'eil  le  gandola  rubra  ,  Rumph.  Amb, 
Cette  efpece  croît  dans  les  Indes  Orientales ,  6c  on  l'y 
cultive  dans  les  jardins ,  pour  en  manger  les  feuilles 
cuites  en  guife  d'épinards.  Ses  baies  donnent  une 
belle  couleur  rouge,  en  teinture,  mais  peu  durable. 
La  bafelle  blanche  efl:  le  marafakki  de  Kaempfer  ; 
cette  efpece  croît  au  Japon  ,  dans  la  Chine  6c  aux 
Moluques  :  la  bafelle  à  feuilles  en  cœur  du  Malabar  : 
celle  à  feuilles  luifantes  de  l'Inde  :  celle  à  feuilles 
ovales  -  rhomboïdaUs  du  Japon  :  enfin  celle  à  fruits 
tyificuleux  du  Pérou  ^  celle  -  ci  efl  Vanrédéra  des 
Efpagnols. 

Tome  IL  •  G 


o8  B    A    S 

BASILE  à  épi  couronné,  Bajîlœa  coronata\  Corona 
regalis  ^  Idù' folio  cunato^  DiU.  ;  tntillarïa  régla  ^  Linn. 
Son  épi  de  tleur  eft  denfe ,  6c  couronné  par  un  bouquet 
de  feuilles  femblables  à  celles  du  bas  de  la  plante ,  mais 
petites  5  6c  qui  a  quelque  analogie  avec  la  couronne  de 
Vananas.  Cette  plante  croît  nauirellement  au  Cap  de 
Bonne-Efpérance  ;  M.  Linnaus  la  rapporte  au  genre  des 
Fntillaires  ;  m^\S  M.  di  laMarck,  dit  que  la  racine  efl 
tubéreule  comme  celle  des  afphodeUs. 

BASILIC ,  Ocymum,  Plante  des  plus  agréables  par 
fa  forme  élégante  ,  par  fon  odeur  fuave  6c  aroma- 
tique. Elle  &ii  indigène  aux  Indes ,  en  Perfe ,  à  Saint- 
Domingue  :  elle  s'ell  naturalifée  en  Europe  ,  oii  elle 
eil  allez  commune  :  elle  croit  dans  les  lieux  fablonneux 
6c  incultes.  On  en  connoit  de  plulieurs  fortes  ,  qui 
croilTent  avec  ou  fans  culture.  Il  y  a  le  bajzlic  grand  ou 
franc'hafin  des  Indes  &  de  l'Amérique  ;  c'eft  \efoladi^ 
tïrtava ,  nala-tïrtava  de  Rheed.  Mal.  ;  Ocymum  vulgadus  , 
C.  B.  Pin.  226  ;  Ocymum  magnum  ,  Tabern.  Icon.  343  ; 
Ocymum  bajilicum  ,  Linn.  833  :  le  baJUic  moyen  6c  vert , 
Ocymum  médium  ;  le  bafJic  moyen  6l  violet  ;  le  baJiUc 
petit  6c  violet  ;  le  bajilic  petit  6c  vert ,  Ocymum  minimum  , 
C.  B.  Pin.  126,  Linn.  833  :  c'ell  la  petite  efpece  verte 
que  l'on  élevé  communément  dans  des  pots ,  6c  fes 
fleurs  font  hermaphrodites ,  chacune  a  quatre  étamines 
6c  un  piftil.  Les  fleurs  de  ce  genre  de  plante  font  en 
verticilles ,  axillaires ,  difpofees  en  épis ,  fort  odorantes  , 
variées  en  couleur  fuivant  les  efpeces  ;  chacune  de  ces 
fleurs  efl  en  gueule ,  la  lèvre  inférieure  eil  entière , 
la  fupérieure  divifée  en  quatre  ;  le  calice  efl  à  deux 
lèvres ,  dit  M.  Deku\e.  L'efpece  de  bafdic  dont  on  fait 
ufage  dans  les  fauces ,  ell  le  bafdic  moyen ,  qui  s'élève 
à  la  hauteur  d'environ  un  demi -pied  ,  &  dont  les 
feuilles  relTemb^ent  à  celles  de  la  pariétaire.  Ces  plantes 
annuelles  fieuriffent  en  Jidllet  6c  Août  ;  l'excellence  de 
leur  octur  les  a  fait  nommer  bafdïç  ,  comme  qui  diroit 
plante  royale^ 


BAS  99 

Llnnœus  fait  mention  ou  haJiUc  blanc^  Ocymum  album  y 
Linn. ,  Mant.  84.  Il  eft  originaire  de  Java  6c  annuel  ; 
fa  tige  eft  haute  d'un  pied  ,  verdâtre  ;  les  feuilles  larges 
d'un  pouce  ou  environ ,  concaves ,  ner/eufes ,  glabres  , 
à  peine  dentées  ;  fes  fleurs  verticillées ,  garnies  de  brac- 
tées ,  ovales ,  cordiformes  6l  pointues  ;  la  corolle  efl 
blanche. 

On  diiVingue  encore  le  grand  hafilic  fauvage  ,  Cllncpo» 
dium  origano  Jimile  ,  datïiis  ,  majore  folio  ,  C.  B.  Pin, 
225  ;  &  le  petit  bafUic  fauvage  ,  Clïncpodium  arvmfe  ^ 
ocymifacie ,  C.  B.  Pin.  22 5  ;  Acinos  multis ,  J.  B.  3 ,  2  59, 
Le  grand  bajilïc fauvage^  Clinopodium  vu! gare ,  Linn.  821, 
a  une  tige  de  deux  à  trois  pieds  ,  fimple  ,  velue ,  carrée  ; 
fes  feuilles  font  oppofées ,  pétiolées ,  ovales  ,  un  peu 
dentées  &  velues  ;  fes  fleurs  font  verticillées  &  termi- 
nales en  tête ,  garnies  de  bradées  fétacées.  Cette  plante 
croît  le  long  des  bois. 

On  diflingue  auffi  le  bafillc  des  Moines  ou  le  baJiUc 
velu  d'Egypte  ;  le  bajillc  inodore  de  l'Inde  :  c'eft  le 
fulajji-putïutan  de  Java. 

M.  de  Préfontaine  (  Maifon  Ruflique  de  Cayenne  ,  ) 
fait  mention  du  bajilic  du  Para  ou  baume  de  Savanne. 
Cette  plante  s'élève  à  deux  pieds  de  hauteur  ;  fa  feidlle 
efl  rude  &  d'un  vert-noir;  la  fleur  eu  petite  &  bleue. 
Une  poignée  de  ce  bajilx  cuite  dans  du  fort  vinaigre  , 
&  appliquée  fort  chaud  lur  le  point  de  côté  ,  le  guérit 
s'il  ne  provient  que  de  vents. 

Toutes  les  efpeces  de  baJilic  ,  dont  nous  n'avons 
cité  que  les  plus  rem.arquables ,  font  eflimées  cordiales 
&  céphaliques  ;  defTéchées  &c  réduites  en  poudre ,  on 
les  mêle  avec  les  autres  herbes  aromatiques  :  bien  des 
perfonnes  s'accommodent  mieux  de  cette  poudre  que 
du  tabac ,  qui  leur  irrite  trop  les  fibrilles  nerveufes  es 
la  membrane  pituitaire.  L'infiifion  de  cette  plante  , 
prife  en  guife  de  thé ,  eft  très-utile  pour  les  douleurs  de 
tête.  Il  y  a  des  Cuiûniers  aflez  habiles  pour  employer 
avec  tant  d'art  le  baJilic  ,  le  ferpoUt ,  la  farriuu  ,  Je 

G  X 


100  BAS  BAT 

thim  ,  &  quelques  autres  herbes  aromatiques  ,  que  les 
mets  qu'ils  préparent  avec  ces  affaifonnemens  ,  font 
auiîi  agréables  au  goût,  que  s'ils  y  employoient  les 
épices  des  pays  étrangers  ;  aufîi  ne  faut- il  pas  s'étonner 
fi  quelques  Épiciers  font  aujourd'hui  dans  l'ufage  de 
faire  entrer  dans  leur  compofition  d'épices  ces  fortes 
d'aromates  indigènes  avec  les  exotiques. 

Basilic  (  le  )  ,  Lacerta  (  bajillfcus  )  uiudd  tereti 
longâ  ,  pïnnâ  dorfalï  radiatâ  ,  occïpïu  crijîato  ,  Linn. 
Ce  léiard ,  qui  fe  trouve  dans  l'Amérique  Méridionale  , 
eft  remarquable  par  une  el'pece  de  crête  ou  de  mem- 
brane qu'il  porte  fur  1  occiput  ;  cette  crête  eil  couverte 
d'écaillés  &:  s'élève  en  forme  de  cône  comprimé  ;  le 
dos  &  la  queue  font  ornés  d'une  autre  crête  également 
élevée ,  partagée  en  plufieurs  fegmens  par  des  efpeces 
de  rayons  ,  &.  couverte  de  petites  écailles.  Lorfque 
l'animal  eil  tranquille  fur  un  arbre  ,  il  replie  &  déve- 
loppe alternativement  cette  crête  comme  un  éventail. 
Ce  lé{ard  eil  du  quatrième  genre. 

Des  Ecrivains  ont  donné  auiTi  le  nom  de  bajilic  à  un 
animal  fabuleux  ,  que  Ton  mettoit  au  rang  des  dragons 
ôcdesfcrpms;  l'on  prétendoit  qu'il  tiroit  fon  origine 
de  l'œuf  d'un  coq  ,  &  que  le  feul  regard  de  ce 
ha^^iîc  donnoit  la  mort.  On  débito.it  fur  cela  plufieurs 
autres  contes,  qui  ne  méritent  point  qu'on  en  parle. 
Nous  nous  contenterons  feulement  de  dire  'ci  que  le 
hajilic  que  les  Charlatans  &  les  Saltimbanques  expofent 
tous  les  jours  avec  tant  d'appareil  aux  yeux  du  Public 
pour  l'attirer  &c  lui  en  impofer ,  n'elf  qu'une  forte  de 
petite  raie ,  qui  fe  trouve  dans  la  Méditerranée ,  &  qu'on 
fait  defiécher  fous  la  bizarre  configuration  qu'on  lui 
donne. 

BASSE.  Foyei  à  Particlc  Perche. 

BASSET.  Nom  donné  à  une  race  de  chiens  à  jambes 
courtes  &  baffes.  On  peut  voir  à  l'article  Chien  les 
carafteres  &  la  filiation  de  cette  race. 

BASSQMBE.  Foyci^kcQKvs  des  Indes. 


BAT  loi 

BATATTE  ou  Patatte.  On  va  réunir  dans  cet 
article  le  topinambour  6c  la  pomme  de  terre  ,  parce  qu'on 
diflinguera  mieux  par  oppofition  ces  plantes  ;*  qui 
toutes  font  originaires  de  l'Amérique ,  &  que  quelques 
Auteurs  ont  confondues  enfemble  ,  en  attribuant  ces 
différens  noms  à  une  feule  plante.  Cette  réunion 
fera  d'autant  plus  à  propos ,  que  ces  plantes ,  dont 
la  grande  utilité  dépend  des  racines  ,  demandent  à-peu- 
près  la  même  culture. 

La  batatte  ,  ou  patatte  ,  Battata ,  efl  ^  dit-on  ,  un 
convolvulus  dont  la  tige  eil  verte  &  rampante ,  &  pouffe 
de  nouvelles  racines  chevelues  &  laiteufes.  Ses  feuilles 
font  d'un  vert  clair  en-delTus ,  &:  un  peu  blanchâtre 
en-deilbus ,  le  plus  fouvent  taillées  en  cœur  pointu  ; 
fes  fleurs  font  petites ,  vertes  extérieurement  Ôc  blanches 
intérieurement ,  femblables  par  leur  forme  à  celles  du 
liferon,  A  ces  fleurs  fuccede  un  fruit  qui  renferme  de 
petites  graines.  La  battate  fe  multiplie  par  les  racines  ; 
il  ne  s'agit  que  de  les  fendre  par  quartiers  &  de  les 
tranfplanter  ,  elles  reprennent  aifément.  Suivant  des 
avis  reçus  de  Stockholm  ,  la  culture  de  cette  plante  ^ 
introduite  en  Suéde  par  la  ComteflTe  de  Gardie  ,  y 
réuflit  parfaitement  ;  on  en  fait  du  pain  ,  de  l'amidon ,  '\ 
de  la  poudre  ,  &  l'on  en  tire  aufli  de  l'eau-de-vie. 
Cette  plante  n'aime  que  les  pays  chauds  :  elle  vient 
naturellement  entre  les  deux  Tropiques  ,  en  Aiie  ,  en 
Afrique  &  en  Amérique  :  on  en  cultive  auffi  en 
Efpagne.  Sa  racine  eil  tuberculeufe  ,  plus  ronde  que 
longue,  d'un  jaune  plus  ou  moins  rougeâtre.  La  patatte 
cuite  dans  l'eau  ou  fous  la  cendre ,  a  un  goût  approchant 
de  celui  du  marron,  C'eil  Vapichu  des  Péruviens ,  &:  le 
maby  des  Caraïbes  :  ces  peuples  appellent  camlcha  la 
patatte  blanche  ;  hucleronum ,  la  patatte  à  mademoifelle  ; 
alattl ,  la  patatte  marbrée  ;  ch'imouU  ,  la  romilliere  ; 
yahiiïra  ,  la  verte  ;  hueUche  ,  celle  qui  eft  rouge  en 
dehors  ,  jaune  en  dedans. 

Nicolfon  diftingue  fix  efpeces  de  patattes  ;  favoir, 

^  3 


tôî  BAT 

les  patattes  blanches  à  greffes  racines ,  dîtes  à  gros  hoîs  ;f 
les  patattes  blanches  ,  moins  greffes ,  dites  patattes  fuif; 
\qs patattes  violettes  en  dehors  &:  en  dedans  ;  hs  patattes 
jaunes  ,  à  feuilles  luifantes  ;  les  patattes  £un  jaunt 
d^ abricot ,  dites  de  Samana,  A  Saint-Domingue  les  tiges 
de  QQS  patattes  fe  donnent  aux  chevaux  ,  6c  le  nomment 
bois  patatte;  elles  leur  tiennent  lieu  de  fourrage;  les 
racines  font  la  nourriture  ordinaire  des  Nègres* 

Pomme  de   Terre, 

La  Pomme  de  terre  ouMorelle  tubéreuse  ali- 
mentaire 5  Solanum  tuberofum  efculentum^  C.B.  Pin.  i  Gf^ 
Linn.  265;  Battata  Virginiana  ^  Park.  Theat.  1383. 
Cette  plante  pouffe,  dit  M.  Lefeiboudols^  une  tige  groffe 
comme  le  pouce  ,  &  qui  s'élève  r.  deux  ou  trois  pieds 
de  hauteur  :  elle  eff  rameufe  ,  anguleufe  ,  ffriée  , 
légèrement  velue  ;  fes  feu  lies  font  conjuguées  & 
rangées  fur  une  côte ,  fans  pédicule ,  de  figure  oblongue  ; 
fa  couleur  eft  d'un  vert  triiie,  tachetée  fouvent  d'un 
point  noir-purpurin  ;  fes  grandes  feuilles  un  peu  lanu- 
gineufes  5c  découpées  ,  fe  trouvent  ordinairement 
au  nombre  de  fept  ou  neuf ,  toujours  terminées  par 
une  impaire  plus  ample  que  les  autres  :  dans  les  inter- 
valles de  CCS  feuilles ,  il  s'en  trouve  d'autres  plus  petites 
à  la  côte ,  qui  forment  ce  que  les  Botaniftes  appellent 
aile.  Cette  plante  a  de  plus  une  petite  feuille  particu- 
lière que  l'on  appelle  decur.ente^  (  parce  qu'elle  règne 
vaguement  le  long  de  la  tige  ,  fans  pédicule  ,  )  un  peu 
frangée  ou  repliffée.  Ses  fleurs ,  qui  par^iffent  en  Juin 
&  Juillet ,  fort?nt  par  bouquets  du  fommet  des  tiges  ; 
elles  font  compofées  d'une  feule  pièce  à  cinq  angles  , 
formant  une  rofette  un  peu  pliffée;  elles  font  commu- 
nément au  nombre  de  huit  ,  dix ,  douze  ,  s'ouvrant 
alternativement ,  &  de  couleur  blanche-purpurine  ou 
gris  de  lin ,  &:  d'une  odeur  qui  approche  de  celle  du 
tilleul  ;  chaque  fleur  a  cinq  étamines  &  un  piflil ,  qui 
le  raffembleut  ôc  forment  une  forte  de  bouclier  qui 


BAT  103 

orne  la  Heur.  Ses  fruits  font  de  greffes  baîes  charnues  ^ 
molles  ,  à-peu-près  de  la  groffeur  de  nos  cerifes  ,  de 
couleur  verte  ;  elles  deviennent  jaunes  en  mùriffant , 
même  d'un  rouge  fale  ^  &  contiennent  une  pulpe 
mucilagineufe  ,  d'un  goût  défagréable  ,  remplies  de 
quantité  de  petites  femences  plates.  Cette  plante  pouffe 
en  terre  vers  fon  pied  trente  ou  quarante  racines  tube- 
reufes  ,  de  différentes  grofféurs  ,  irrégulieres  ,  qui 
reffemblent  en  quelque  façon  à  un  rognon  de  veau  ^ 
d'oii  partent  les  tiges  &  les  petites  racines  blanches  &C 
chevelues  r  il  y  a  de  ces  tubercules  longs,  oblongs, 
cjuelquefois  gros  comme  le  poing  ,  &  qui  pefent 
jui'qu'à  huit  6c  douze  onces  ;  il  s'en  trouve  de  diffé- 
rentes couleurs ,  blanchâtres ,  jaunes  ,  gris  ,  couleur  de 
chair  ,  rouges ,  purpurins  :  ces  derniers  font  les  plus 
communs.  Lorfqu'on  les  tire  de  la  terre ,  on  les  voit 
garnis ,  outre  leur  pellicule ,  de  petits  nœuds  ou  mame- 
lons qui  annoncent  les  germes  d'autres  p-antes  toutes 
prêtes  à  fe  développer ,  h  on  les  remettoit  en  terre. 

Cette  plante  aime  les  pays  froids,  une  terre  meuble 
&  un  peu  humide.  A  force  de  la  cultiver ,  on  parvient 
bientôt  à  des  variétés  qui  pourroient  paffer  (  mais  mal- 
à-propos  )  pour  des  elpeces  originaires.  Cette  plante 
eft  originaire  du  Chily ,  où  les  Naturels  l'appellent 
papas  :  fa  racine  leur  fert  de  pain  ;  ils  la  mangent 
bouillie  ou  rôtie ,  &  ne  la  confervent  qu'après  l'avoir 
expofée  au  foleil  ou  à  la  gelée.  On  verra  par  ce  qui 
fuit,  que  la  pomme  de  terre  eil  peut-être  le  meilleur  pré- 
fent  que  nous  ait  fait  le  Nouveau-Monde.  C'eft  le 
Kartoffd  des  Allemands    (^). 

(a)  M.  Z?om^fij  a  écrit  à  M.  Duchefne  à  Paris  ,  une  Lettre  datée  de  Lima 
le  20  Mai  1779  :  en  voici  l'extrait:  >♦  Les  Péruviens,  de  temps  immémorial  , 
M  ont  fu  fe  préferver  de  toute  efpece  de  difette  &  de  famine  ,  par  la  culture 
M  de  cette  plante,  qui,  avec  le  maïs  »  eft  leur  unique  nourriture.  Comme 
«  cette  denrée  eft  fufceptible  de  la  pourriture  ,  les  Péruviens  ont  obvié 
î»  à  cet  inconvénient  par  deux  manières  (impies  de  les  préparer.  Ces 
>»  Peuples  fobres  entreprennent  les  plus  grands  voyages  à  pied  avec  un 
>»  havrefac  plein  de  pomma  de  um  defféchées  &  un  peu  de  màU  qu'ils 

G4 


104  ^  BAT 

On  doit  être  fiirpris  qiie  ce  n'ait  été  qu'au  corri'^ 
mencement  du  dix-feptieme  fiecle  ,  long-temps  après 
la  découverte  de  l'Amérique,  que  les  Européens  ont 
penfé  à  en  faire  ufage.  Les  Irlandois  commencèrent  les 
premiers  cette  culture.  La  Bretagne  eft,  après  l'Irlande, 
l'endroit  où  elle  croît  le  mieux.  De  l'Irlande ,  la  cul- 
ture de  cette  plante  a  paiTé  bientôt  en  Angleterre ,  de  là 
fucceiTivement  en  Flandres ,  en  Picardie ,  en  Franche- 
Comté,  en  Alface ,  en  Bourgogne ,  en  Languedoc  6c  dans 
d'autres  endroits  de  la  France  ;  enfin  en  SuilTe ,  où  depuis 
vingt-cinq  à  trente  ans  la  culture  s'en  ell:  tellement 
accrue  dans  les  champs ,  que  cette  manne  fait  en  hiver 
la  nourriture  du  peuple ,  fur-tout  des  enfans ,  qui , 
comme  l'on  fait,  ne  deviennent  pas  des  hommes 
moins  robuites  que  nos  François  nourris  avec  le  plus 
beau   froment. 

La  culture  de  la  pomme  dt  une  n'a  pas  été  traitée 
Jufqu'à  préfent  avec  autant  de  foin  qu'elle  le  méri- 
toit.  Elle  eil  digne  d'attirer  l'attention  du  gouver- 
nem.ént  &  de  chacun  de  nos  Cultivateurs  modernes, 
fur-tout  il  l'on  fait  réflexion  à  la  grande  utilité  dont 
elle  peut  être  en  cas  de  difette;  &  avec  d'autant 
plus  de  raifon,  qu'un  petit  efpace  de  terrain  peut 
iùiîire  pour  produire  la  nourriture  d'une  famille  con- 
fidérable  ;  car  par  la  culture  dont  on  parlera  plus 
bas,  un  arpent  de  terre  qui  produirait  douze  quin- 
taux de  froment,  en  rapporteroit  deux  cents  àt pommes 

s»  mâchent  continuellement  :  la  première  préparation  nommée  par  les 
3»  Péruviens  p^pa  féca ,  confiée  à  faire  cuire  la  porr.mi  de  terre  dans  l'eau; 
5»  on  la  pelé  ,  on  l'expoie  enfuite  au  ferein  ,  puis  au  foleil  ,  jufqu'à  ce 
ri  qu'elle  foit  feche  ;  dans  cet  état ,  elle  peut  fe  conferver  pîufieurs  fîecles  , 
5»  en  la  garantiflant  He  l'humidité.  Dans  le  pays  on  en  fait  une  grande 
«  confommation  ,  mélangée  avec  d'autres  alimens.  L'autre  préparation  eil 
>»  appelée  chunno  :  on  fait  geler  la  pomme  de  terre  ,  on  la  foule  enfuit* 
SI  aux  pieds  pour  lui  faire  quitter  la  peau  :  ainlî  préparée  ,  les  Péruviens 
>»  lamettcr.'-  dans  un  creux  d'eau  courante  ,  &  la  chargent  de  pierres;  quinze 
>»  ou  vingt  jours  après,  ils  la  fortent  de  l'eau,  &  l'expcfent  au  ferein  6c 
r>  au  foleil  jufqu'a  ce  qu'elle  foit  feche.  Ces  Peuples  en  font  des  efpeces 
yy  de  conn:ures ,  une  farine  pour  les  coow»Iefcens,  &  If  reélangent  avec 
>»  prefque  tous  leurs  met*  **, 


BAT  Ï05 

'de  terre.  Dans  les  cas  même  d'abondance  de  grains ,  cette 
plante ,  tant  par  fes  tiges  que  par  les  racines ,  four- 
nira une  excellente  nourriture  à  nos  animaux  domef- 
tiques.  La  culture  en  feroit  beaucoup  plus  lucrative 
que  celle  des  menus  grains;  d'autant  mieux  que, 
lorfque  les  chevaux  y  font  habitués,  ils  mangent 
la  pomme  de  terre  avec  le  même  plaifir  que  Vavoine. 
Cet  alim.ent  étant  cru  paroît  un  peu  acre,  &  étant 
cuit  un  peu  fade;  mais  des  peribnnes  qui  ne  deman- 
dent qu  a  fe  fubftanter ,  s'y  accoutument  bientôt , 
avec  d'autant  plus  de  facilité,  qu'il  n'eft  point  mal- 
faifant.  Des  Sybarites  reprochent  à  la  pomme  de 
terre  d'être  venteufe  ;  mais  qu'efl-ce  que  des  vents 
pour  les  organes  vigoureux  des  Payfans  &:  des  Manœu- 
vres ?  On  peut  faire  manger  généralement  à  toutes 
fortes  de  volailles  les  pommes  de  terre  cuites  ;  on 
peut  de  même  les  faire  cuire  pour  commencer  à 
y  habimer  les  bœufs,  vaches,  chevaux,  moutons 
&  cochons;  enfuite  ils  en  viennent  à  les  manger 
toutes    crues. 

A^xhs  avoir  labouré  la  terre,  on  doit  fonger,  à 
la  fin  de  Février  ou  au  commencement  de  Mars , 
fuivant  que  la  faifon  eft  précoce,  à  femer  les  pommes 
de  terre.  On  met  les  petites  tout  entières  à  deux 
pieds  les  unes  des  autres  :  on  peut  couper  les  grofles 
pommes  (^racines)  par  tranches  ;  car  il  fuffit  qu'il 
y  ait  fur  chacune  de  ces  tranches  un  ou  deux  yeux 
(  germes  )  pour  qu'elles  puiflent  pouffer.  (  M.  Bourgeois 
dit  que  les  Cultivateurs  ont  cependant  obfervé  que 
les  pommes  de  tare  qu'on  coupe  par  tranches ,  &  les 
petites  qu'on  plante ,  ne  viennent  jamais  auffi  groffes 
que  lorfqu'on  fait  un  choix  des  plus  belles  &  des 
plus  groffes  pour  les  planter;  d'ailleurs  elles  produi- 
fent  moins  de  pommes  latérales ,  &  la  récolte  en  eit 
beaucoup  moins  abondante  ).  On  peut  faire  cet  enfemen- 
cement  en  fe  fervant  d  une  charrue  qui  trace  les  rigoles , 
à  laquelle  eft  attachée  une   trémie,  d'où  fortent  les 


io6  BAT 

tronçons  de  pomme  de  terre ,  qui  fur  le  champ 
font  recouverts  par  un  râteau  qui  eft  attaché  à  la 
charrue;  autant  de  germes  qui  fe  trouvent  dans  cha- 
que tronçon,  ne  tardent  pas  à  fe  montrer  par  une 
petite  pointe  blanche ,  rouge ,  purpurine ,  qui  efl  le 
principe  de  la  plante.  A  mefure  qu'elle  s'élève  on 
l'entoure  de  nouvelle  terre,  afin  de  la  foutenir  &:  de 
faire  multiplier  les  racines  ;  par  ce  moyen  on  s'afliire 
d'une  plus  grande  récolte  ordinairement  affez  confi- 
dérable;  quelque  temps  qu'il  faffe  on  ne  la  voit  jamais 
manquer  entièrement.  Vers  le  mois  d'Août,  on  peut 
faucher  le  feuillage,  que  les  befliaux  mangent  très* 
bien  en  vert  ;  &:  en  automne ,  même  dans  prefque 
tout  le  coiu-s  de  l'hiver^  on  peut  récolter  les  pommes- 
de  terre. 

Suivant  un  Cultivateur  zélé,  (Voyez  le /oz/r;2.  Ecorio. 
1762.)  la.  pomme  de  terre  eit  nourriffante ,  légère  6c 
tempérante  :  elle  tient  le  ventre  libre;  elle  efl  ua 
excellent  anti-fcorbutique.  Les  Anglois  la  cultivent, 
avec  foin  dans  toutes  leurs  Colonies,  notamment  à 
Sainte-Hélène ,  &  la  préfèrent  à  toutes  les  autres 
racines  qui  y  croiffent.  Nous  avons  dit  ci-defTus  que 
quand  les  hommes  fe  font  accoutumés  à  cette  nour- 
riture, elle  plaît  au  goût,  fur-tout  fi  on  fait  cuire 
ces  pommes  avec  un  peu  de  lard.  On  peut  retirer^ 
dit  M.  Duhamel^  de  la  pomme  de  terre  ^  une  farine 
très-blanche ,  laquelle ,  mêlée  avec  celle  du  froment , 
fait  d'affez  bon  pain.  J'en  ai  mangé,  dit-il,  où  il 
n'étoit  entré  de  farine  de  froment,  que  ce  qui  avoit 
été  neceflaire  pour  faire  lever  la  pâte.  M;  Mujîcl^  Che- 
valier de  Saint -Louis  ,  a  préfenté  ,  en  1770  ,  à  la. 
Société  Royale  d'Agriculture  de  Paris  du  pain  fait 
avec  moitié  farine  de  froment  ,  &  moitié  farine  de 
pomme  de  terre  :  nous  goûtâmes  ce  pain  ,  qui  fut 
trouvé  très  -  bon  &  fans  fadeur.  Le  même  citoyen 
fît  goûter  du  pain  oii  il  n'étoit  entré  que  très- 
peu    de    froment  ,  6c  il  fut  trouvé   excellent»    Cet 


BAT  107 

tifage  de  la  pomme  de  terre  eft  fans  contredît  le  pliis 
utile  :  il  efl  facile  d'y  réuffir  en  fuivant  la  méthode 
imaginée  par  M.  MuJleL  On  fe  fert  pour  .cela  d'une 
efpece  de  varlope  renverfée ,  en  un  mot  femblabîe 
à  celle  des  Tonneliers  ;  on  promené  fur  la  longueur 
de  cette  varlope,  garnie  de  fon  fer,  une  efpece  de 
petit  coffre  fans  fond  &  rempli  à-peu~près  aux  trois 
quarts  de  pommes  de  terre  ,  que  l'on  a  pelées  aupara- 
vant ;  ces  pommes  font  recouvertes  d'une  planche  qui 
puifle  facilement  entrer  dans  l'intérieur  du  coffre  ;  on 
met  un  poids  quelconque  fur  cette  planche,  afin  de 
la  charger  &  de  la  faire  pefer  fur  les  pommes  :  la 
planche  doit  être  percée  de  plufieurs  trous,  qui 
lalflent  un  paffage  à  l'eau  que  l'on  verfe  de  temps 
en  temps  pour  faciliter  l'opération  :  à  l'aide  des  deux 
mains ,  on  fait  aller  &:  venir  liir  la  varlope  le  coffre 
garni  de  pommes  de  terre;  ce  qui  s'en  trouve  râpé 
à  chaque  coup  de  main,  tombe  par  la  lumière  de 
la  varlope,  en  une  bouillie  que  reçoit  un  vafe  placé 
deffous. 

En  veut-on  faire  du  pain ,  on  incorpore  cette  bouillie 
avec  telle  quantité  que  l'on  veut  de  farine  de  froment 
ou  de  feigle  ,  ôcc.  Quelques  perfonnes ,  pour  manger  les 
gommes  de  terre ,  fe  contentent  de  les  faire  cuire  fous  la 
cendre ,  puis  on  enlevé  leur  pellicule ,  &  on  accommode 
la  chair  pulpeufe  coupée  par  tranches  ,  en  la  manière 
des  culs  d'artichauts ,  Ôcc.  On  en  retire  aufîi  une  fécule 
qui  produit  une  efpece  d'amidon  ,  &c. 

M.  Mufid  obferve  que  les  terres  qu'on  lailTe  en 
jachère  peuvent  être  employées  à  la  culture  des  pom- 
mes de  terre  :  elle  améliorera  celle  du  blé  ;  &  même  la 
terre  déjà  bien  difpofée  par  le  remuage  qu'on  eu  obligé 
de  faire  pour  leur  récolte  ,  n'exigera  qu'un  labour. 
Que  d'avantages  réunis  !  Maintenant  on  peut  confulter 
VExamtn  chimique  des  pommes  de  terre  ,  &  les  divers 
Mémoires  fur  cette  plante ,  par  un  vertueux  &  favant 
citoyen ,  M,  Parmmtier ,  Apothicaire  Major  des  Inya- 


io8  BAT 

lides.  Heufeux  celui  qui  confacre  (es  fueufs  au  bien 
de  l'Etat  &c  au  bonheur  de  l'humanité  !  Confultez  aufîi 
les  Obfervations  fur  ce  végétal  ,  par  M.  Lcjiiboudois , 

Journ,  de  Phyjiquc  ijy^. 

Topinambour, 

Le  Topinambour,  Corona  folls parvo fiorc ^  tuberosd 
radiez  ,  Tourn.  Infl.  489  ;  Battatas  de  Canada  ,  Park. 
1383  ;  Hdianthiis  tuberofus  ,  Linn.  1278  ;  c'efi:  le 
grundbim  des  Allemands  ;  V artichaut  de  terre  ;  la  poire 
de  terre  ;  la  turatouflc,  C'efl  une  plante  dont  la  tige  eil 
affez  groiïe  ,  &  s'élève  à  la  hauteur  de  cinq  à  fix  pieds  , 
quelquefois  plus.  Son  écorce  eil  verte  ,  rude  au  tou- 
cher ;  fes  feuilles  ,  qui  ont  plufieurs  nervures  ,  font 
larges  vers  la  queue  ,  &  fe  terminent  en  pointe.  Sur 
le  haut  des  tiges  font  des  ileurs  radiées  ,  comme  nos 
foleils  vivaces  de  jardin  ,  mais  plus  petites.  Ses  racines 
font  de  gros  tubercules  verdâtres  ,  qui  tiennent  fou- 
vent  de  la  figure  de  nos  poires  ;  mais  quelquefois  de 
forme  irréguliere.  Ces  tubercules  pouffent  en  telle 
abondance  ,  que  fix  pieds  en  carré  peuvent  en  donneî 
trois  à  quatre  boiffeaux. 

Cette  plante  eff  originaire  de  l'Amérique  Septen- 
trionale ,  &  naturelle  à  la  Nouvelle-Angleterre  :  elle 
porte  rarement  graine  en  France ,  quoiqu'elle  y  fleu- 
riffe  ;  mais  elle  fe  multiplie  par  fes  racines  ,  &  fa  cul- 
ture eil  la  même  que  celle  de  la  pomme  de  terre  :  on 
dit  qu'on  pourroit  préparer  fon  écorce  comme  celle 
du  chanvre.  Les  beftiaux  en  mangent  bien  les  feuilles  ; 
les  vers  à  foie  pourroient  même  s'en  nourrir.  On  peut 
faire  des  mèches  avec  la  moelle  des  tiges ,  comme  on 
en  fait  avec  celle  des  rameaux  du  fureau.  On  mange 
quelquefois  fes  tubercules  cuits  à  la  manière  des 
artichauts. 

BATAULE.  Voyei  Beurre  de  Bambuck. 

BATIS  maritime  ,  Bâtis  maritima  ,  Linn.  ;  Kali  fru^ 
tlcofum  coniferum ,  fiorc  albo  ,  Slcan.    Petit  arbrilïeau 


BAT  B  A  U  109 

qui  croît  à  la  Jamaïque  &  aux  Antilles  ,  dans  les  lieux 
falés  6c  voiïins  de  la  mer.  Les  jeunes  rameaux  font 
verts  6c  tétragones ,  munis  de  quatre  filions  &  oppofés. 
Ses  feuilles  font  courtes ,  convexes  fur  le  dos  ,  un  peu 
aplaties  en  deffus ,  charnues  &c  fucculentes  comme 
celles  de  certaines  foudes.  Ses  fleurs  font  incom- 
plètes ,  dioïques  ,  fort  petites  ,  &  viennent  fur  des 
chatons  axillaires  ;  les  fruits  Ibnt  des  baies  unilocu- 
laires ,  qui  renferment  chacune  quatre  femences  trian- 
gulaires Se  pointues. 

BATRACHITE.  Foyei  Brontias. 

BATTAJASSE  ,  Battelessive  ou  Battequeue. 
Foyei  Lavandière. 

BAVANG  5  Alliaria^  Rumph.;  Maliace  caju-hawang, 
C'eft  un  grand  arbre  des  Moiuques,  très-remarquable 
par  l'odeur  d'ail  qu'exhalent  prefque  toutes  fes  parties. 
Ses  feuilles  ont  un  côté  plus  large  que  l'autre  ;  {t% 
fruits  font  des  noix  piriformes  ,  verdâtres  en  {dehors , 
&  qui ,  fous  une  coque  d'un  rouge  de  fang  ,  renfer- 
ment un  noyau  dont  l'amande  peut  fe  divifer  en 
trois  à  cinq  parties.  Onfe  fervoit  autrefois ,  à  Amboine, 
de  ces  fruits  pour  affaifonner  les  alimens  en  guife  d'ail 
&  d'oignon ,  qui  font  maintenant  en  ufage  depuis  qu'on 
les  y  a  tranfportés  de  Java  6c  des  autres  Régions  de 
l'Inde.  Le  bavang  femble  avoir  des  rapports  avec  les 
crotons,   (  Encycl.    Méth.  ) 

BAUBIS.  Efpece  de  chien  Anglois  ,  qui  fe  plaît  à 
chalTer  le  renard ,  le  fanglier ,  6c  autres  bêtes  d'une 
odeur  forte.  Les  bauhis  ont  le  nez  dur ,  6c  font  comme 
des  barbets  à  demi-poil ,  plus  longs  &  plus  bas  de  terre 
que  les  autres  chiens.   Foyei  Chien. 

BAUD.  Nom  donné  à  une  race  de  chiens  courans 
qui  viennent  de  Barbarie.  Ils  font  propres  à  la  chafîe 
du  cerf:  la  plupart  font  blancs  6c  d'une  feule  couleur. 
On  les  appelle  aulîi  chiens  muets ,  parce  qu'ils  ceiïent 
d'aboyer  quand  le  cerf  vient   au  change. 

BAUDIR  les  chiens,  en  tçrmes  d«  chafTe,  ç'eft  les 
exciter,  Foy,  Chien. 


iio  B    A    U 

BAUDET,  f^oyei  Ane. 

BAUDROIE ,  Lophius ,  Linn.  Nom  d'un  genre  de 
poiiTons  à  nageoires  cartilagineufes  ,  &  qui  ont  un 
év^ent  près  des  ouïes.  H  y  a  : 

La  grande  Baudroie  ,  Lophius  plfcatorius  ,  Linn.  ; 
Rima  pifcatrix ,  (  marina  )  Belon  ;  en  Italie  ,  Marina 
pefcatore  &  Diavolo-di-niare ,  c'eft  le  galanga  de  Ronde- 
let ;  Pcfcheteau  à  Montpellier.  Ce  poiflbn  efl  commun 
près  de  la  côte  de  Gênes  ;  mais  il  fe  trouve  aufli  dans 
la  Manche  &  dans  l'Océan.  Willughby  dit  que  fa  chair 
eil  blanche  &  d'un  goût  femblable  à  celui  de  la  gre- 
nouille de  marais.  Ronddct  dit  qu'elle  efl  molle,  de 
mauvais  goût  &  facile  à  digérer. 

La  forme  de  ce  poiHbn  fingulier  a  du  rapport  avec 
celle  d'un  têtard^  6c  cette  reliemblance ,  jointe  à  fon 
adreile  pour  pêcher  ,  lui  a  fait  donner  le  nom  de 
grenouille  pêcheufc.  Le  volume  de  fa  tête  égale  ou  même 
iurpafîe  celui  de  fon  corps  ;  elle  eft  d  une  figure  cir- 
ailaire.  L'ouverture  de  la  gueule  efl  très-fpacieufe  , 
&  la  mâchoire  de  deffous  dépaffe  celle  de  deffus ,  ce 
qui  fait  que  ce  poiiTon  a  toujours  la  gueule  ouverte 
en  partie  ;  les  mâchoires ,  &  fur-tout  l'inférieure  ,  font 
armées  de  dents  longues ,  aiguës  ^  ferrées  ,  dont  plu- 
fieurs  font  mobiles ';  le  palais  &:  la  bafe  de  la  langue 
offrent  auffi  des  dents.  Dans  la  gueule  fous  l'angle  de 
la  mâchoire  fupérieure ,  efl  un  large  trou ,  avec  une 
cavité  fituée  vers  le  cerveau  ,  que  Willughby  foup- 
çonne  faire  la  fonûion  de  narine  ;  il  y  a  auffi  deux 
rangées  de  chacune  huit  dents ,  qui  partent  des  angles 
de  ce  trou  ;  la  langue  efl  grande  &  large.  Les  yeux 
peu  faillans  ,  &  litués  fur  la  partie  fupérieure  du 
corps  ;  les  iris  font  blancs.  Il  y  a  quelques  rides  qui 
vont  des  yeux  vers  la  gueule. 

Sur  la  tête  font  deux  rayons  mobiles  au  gré  de  l'ani- 
mal ,  longs  d'environ  un  pied  ;  on  prétend  que  la 
h.nidroic  s'en  fert  comme  de  lignes  pour  pêcher  les 
autres  poifions  qui  viçnaent  en  mordre  l'extrémité. 


B    A    U  lit 

ôl  qu'il  recourbe  alors  ces  mêmes  rayons  vers  fa  gueule 
pour  y  faire  tomber  fa  proie.  Vers  le  milieu  du  dos 
font  trois  rayons  moins  longs  que  les  précédens.  Au- 
deifus  des  deux  côtés  de  la  mâchoire  fupérieure  fe 
trouvent  deux  fortes  épines.  A  l'entour  &  au-deflus 
des  yeux  paroiffent  des  tubercules  épineux  ;  la  nageoire 
dorfale  eft  placée  près  de  la  queue ,  &  garnie  de  dix 
rayons  ;  le  dos  eu  brunâtre  ou  verdâtre ,  avec  une 
teinte  de  rouge  ,  parfemée  de  taches  blanches  ;  la 
queue  affez  ample ,  n'efl  point  fourchue ,  6c  les  rayons 
dont  elle  eu  garnie  font  ramifiés.  Les  rayons  de 
toutes  les  nageoires  dépaffent  les  membranes  qui  les 
réunifient.  Les  nageoires  pe£lorales  font  placées  fous 
la  gorge  ,  voifmes  l'une  de  l'autre ,  6c  divifées  en  cinq 
rayons  ou  efpeces  de  doigts.  (  Bchn  a  comparé  ces 
nageoires  à  des  efpeces  de  pieds  femblables  à  ceux  de  la 
grenouille,  ôc  prétend  que  Id  baudroie  s'en  fert  pour  mar- 
cher au  fond  de  l'eau.  )  Les  nageoires  abdominales  font 
fituées  vers  les  bords  latéraux  du  corps ,  chacune  con- 
tient vingt  rayons  ;  l'extrémité  de  ces  nageoires ,  ainfi 
que  celle  de  la  queue ,  efl  d'une  couleur  noire  ;  fous 
ces  mêmes  nageoires  du  ventre  font  deux  grands  trous , 
au  fond  defquels  fe  trouvent  les  ouïes.  Le  corps  de  ce 
poifTon  efl  entouré  dans  fes  bords  d'appendices  char- 
nues 5  difpofées  par  intervalles.  Nous  avons  vu  plu- 
fieurs  de  ces  polfTons ,  au  fortir  de  la  mer ,  dont  l'un 
avoit  plus  de  quatre  pieds  &  demi  de  long  ;  fa  plus 
grande  largeur  étoit  d'environ  deux  pieds ,  fur  un  pied 
d'épaiffeur.  On  trouve  dans  le  Journal  de  Médecine , 
(Janvier  1765  )  li  defcription  6c  la  figure  de  deux 
diables  de  mer ,  échoués  fur  le  fable  dans  la  Rade  de 
Brefl ,  en  1764  :  l'un  d'eux  avoit  dans  fon  eftomac 
un  petit  chien  de  mer  de  la  longueur  du  bras ,  6c  une 
anguille  de  mer  ;  ce  fait  prouve  la  voracité  de  la 
grande  baudroie. 

Comme  la  figure  de  ce  pcifTon  a  quelque  chofe  de 
înoiîflrueux ,  quel(^ues*uns  l'ont  nommé  diable  ds  rmry 


'tl^  B     A    U 

en  effet ,  fa  figure  hideufe  ,  fon  regard  de  côté ,  fa 
gueule  énorme  ,  tout  répond  affez  à  l'idée  fantaftique 
cjue  l'on  s'ell:  formée  de  l'être  mal-faiiknt ,  furnommé 
le  Prince  des  ténèbres ,  (  le  Diable.  )  Des  perfonnes  fe 
font  un  amufement  puéril ,  de  produire  ,  à  l'aide  du 
corps  de  ce  poiffon  mort  ,  une  illufion  effrayante  ,  en- 
lui  introduisant  une  bougie  allumée  dans  le  corps  , 
après  en  avoir  retiré  les  entrailles ,  &:  en  l'expofant 
ainfi  comme  un  fpectre  dans  l'obfcurité. 

Baudroie  tachée  ,  Lophïus  hijlrio  ,  Linn.  ;  Gua" 
perva  Brafilïmfihus  ,  "^illug. ,  Marcg.  ;  i^ifcis  Brajîlknjîs 
cornutus ,  Petiv.  Gaz.  Cette  efpece  ,  dit  Linnœus  ,  fe 
trouve  dans  l'Océan  ,  parmi  les  fucus  qui  flottent  fur 
l'eau.  Lorfque  ce  poiffon  nage  il  étend  fes  nageoires 
en  même  temps  qvi'il  enfle  fon  corps ,  qui  prend  à-peu- 
près  la  forme  d'un  ballon.  Il  fe  nourrit  de  fquilles  ; 
fa  chair  ne  fe  mange  point.  Selon  Wdlughby ,  fa  gueule 
étant  ouverte  ,  imite  à-peu-près  celle  d'un  chien.  Ses 
dents  font  très-petites  ;  fes  yeux  ont  à  peine  la  grof- 
feur  d'un  grain  de  millet  ;  ils  font  d'un  bleu  de  tur- 
quoife.  Sur  le  frOnt  eil  une  petite  corne  qui  fe  redreffe 
vers  l'arriére  ,  oc  devant  cette  corne  efl  un  fil  délié  , 
mobile  au  gré  de  l'animal ,  long  d'un  pouce ,  dirigé  en 
avant  &  terminé  par  une  petite  appendice.  La  nageoire 
doriale  longue  d'un  pouce  ,  ainfi  que  celles  de  l'anus 
àc  de  la  queue  ;  les  deux  pedorales  très-petites.  Vers 
le  milieu  du  corps  ,  il  fort  de  chaque  côté  une  efpece 
de  bras  ,  terminé  par  une  nageoire  longue  de  huit 
lignes  5  fur  autant  de  largeur  ;  cette  nageoire  renferme 
huit  petits  rayons  divergens  ,  épineux  &  faillans  ; 
chaque  bras  eîl  compofé  d'une  feule  articulation,  &: 
fe  recourbe  vers  la  partie  antérieure  du  corps.  Ce 
poiffon  n'a  point  d'ouïes  ;  fa  peau  eit  fans  écailles  , 
molle  à  l'endroit  du  ventre  ^  &  par-tout  ailleurs  rude 
au  toucher.  Ce  poiffon  a  environ  quatre  pouces  de  lon- 
gueur,  fur  fix  d'épaiffeur  ;  la  couleur  eft  d'un  rouge-brun, 
avec  des  taches  noirçs  ondées ,  ép^fçsfur  toiit  le  corps. 

Unç 


B    A    U  '         lïî 

Une  troificme  efpece  du  genre  de  là  baudroie  porte 
le  nom  de  Chau.ve-SOURïs  (poiilbn).  Voye^  ce  mot. 

BAUDRUCHE.  Nom  donné  à  la  pellicule  d'un 
boyau  de  bœuf  apprêtée  ,  dont  les  Batteurs  d'or  fe 
ferve/it  pour  étendre  l'cr  ,  &:c.  Foyc^  à  la  fuiu  de. 
rhlfiolre  du  TauREAU. 

BAVEUSE  ,  BUnnlus  pholîs  ,  Linn.  ;  Bavofa  ,  à 
Livoiu-ne  ;  Galeio  ,  llir  les  Côtes  de  Cornouailles  ;  en 
Angleterre  ,  Mulgranoc  6c  Bulcard^  PoiiTon  du  genre 
du  Blâme  :  il  fe  tient  dans  les  cavités  des  rochers  ,  ce 
qui  lui  a  fait  donner  par  plufieurs  Naturalises  le  nom 
de  percz-pierre.  On  le  trouve  fréquemment  dans  la 
Méditerranée ,  fur-tout  près  d'Antibes ,  &  dans  TOcéan. 
On  dit  qu'il  mord  quelquefois  la  main  des  Pêcheurs  , 
mais  que  cette  morfure  n'eil  point  dangereufe  ;  retiré 
de  l'eau  ,  il  vit  encore  pendant  plufieurs  heures.  Sa 
chair  n'eft  pas  un  mets  très-eflimé.  Le  nom  de  bayehfi 
a  été  donné  à  ce  poifTon  à  caufe  du  fuc  muqueux  , 
ou  de  l'efpece  de  bave  gluante  dont  tout  fon  corps  eft 
enduit  ;  il  a  plus  de  facilité  à  nager  ,  à  l'aide  de  cette 
onduofité  qui  rend  fa  furface  gliilante. 

CepoiiTon  a  la  tête  comprimée  latéralement ,  amincie 
en  forme  de  tranchant  par  fon  bord  fupcrieur  ;  les 
yeux  petits  ,  recouverts  d'une  membrane  ;  les  iris  blancs 
nues  de  rouge  ;  la  gueule  médiocrement  fendue  ;  la 
mâchoire  de  deiTus  plus  longue  que  l'inférieure  ;  les 
dents  difpofées  dans  un  ordre  régulier  ;  un  enfonce- 
ment entre  la  tête  &  le  corps  femble  former  un  cou 
à  ce  poifTon  ;  les  opercules  des  ouïes  font  réunies  & 
forment  une  membrane  continue.  Gronovïus  a  obfervé 
autour  des  narines  plufieurs  barbillons  courts  ,  fem- 
blables  à  des  poils  foyeux.  La  nageoire  dorfale  efl 
fort  étendue,  oc  garnie  de  trente-deux  rayons;  celle 
de  l'anus  en  a  vuigt-huît  ;  la  queue  bien  déployée  eil 
de  forme  circulaire.  La  veiîie  aérienne  eil  adhérente 
au  dos.  La  couleur  de  la  bavcufc  varie  beaucoup  ;  il 
y  en  a  qui  font  olivâtres  ,  d'autres  ont  fur  les  côtés , 
Tom^  IL  H 


114  B    A    U 

fur  le  dos  &  Tur  la  nageoire  dorfale  ,  des  bandes  tfanA 
verfales  d'un  bleu  clair ,  qui  font  un  effet  agréable  ; 
celles  du  dos  ont  leurs  interllices  d'une  couleur  qui  , 
félon  l'exprelîion  de  Willughby ,  imite  celle  des  feuilles 
de  vigne  defféchées  ;  d'autres  individus  ont  deux  b-andes 
de  cette  même  couleur ,  &:  une  jaunâtre  ,  fur  la  lon- 
gueur du  dos  :  il  y  a  aufîi  entre  les  yeux  de  petites 
bandes  brunes  qui  aboutiffent  à  trois  autres  bandes 
azurées.  Le  ventre  eft  blanchâtre. 

BAUGE  ,  Apri  volutabrum.  Les  ChalTeurs  donnent 
ce  nom  au  lit  du  fanglier ,  qui  eft  ordinairement  dans 
l'endroit  de  la  forêt  le  plus  fort  &  le  plus  fourré ,  fuB 
\\n  tas  de  feuilles  feches.  Foyei  Sanglier, 

BAUHINE  ^  Bauhinia,  Genre  de  plante  à  fleurs  po* 
lyp étalées ,  de  la  famille  des  Légumincufcs  ,  qui  a  des 
rapports  avec  les  cajfes  &  lecozirbaril  ^  &  qui  comprend 
des  arbres  ôl  des  arbriîTeaux  remarquables  par  leurs 
feuilles  5  qui  font  toujours  partagées  en  deux  lobes 
plus  ou  moins  profonds  :  les  fraits  font  des  gouffes 
affez  longues ,  communément  comprimées  ,  unilocu- 
laires ,  &  qui  contiennent  plufieurs  femences  aplaties , 
réniformes  ou  elliptiques. 

il  y  a  douze  efpeces  de  ce  genre  :  favoir ,  la  hauhi/zs 
grimpante  ;  c'eft  le  Naga-ma-valli  ^  Rheed.  Mal.  La 
bauhine  à  fleurs  pourprées  ,  celle  à  fleurs  couleur  de 
rofe  &  panachées  de  jaune  &  de  pourpre  ,  celle  à 
feuilles  cotonneufes  ;  les  Indiens  fe  fervent  de  (q^ 
fleurs  ,  qui  font  d'un  blanc  jaunâtre ,  pour  parer  leurs 
idoles  ;  la  bauhine  à  fleurs  en  grappe  ,  celle  à  feuilles 
un  peu  pubefcentes  en  deifous ,  &  dont  les  deux  lobes 
font  acuminés  ;  c'efl  le  Velutta-mandam  ,  P».heed.  Mal. 
Toutes  ces  efpeces  croiffent  dans  les  Indes  ,  notam- 
ment au  Malabar ,  dans  les  Moluques.  Il  y  a  la  bauhine 
à  feuilles  d'un  brun  -  roulfâtre  d'Afrique  :  les  autres 
efpeces  font  de  l'Amérique  Méridionale  ,  telles  que  la 
hauhinc  à  tige  &:  rameaux  épineux  ;  celle  dont  les  deux 
lobes  des  feuilles  font  pointus  &  dlvergens  ;  celle  à 


B    A    U  iiç 

lobes  droits  ;  celle  k   feuilles    glabres  ;  celle    de   la 
Guiane  ,  appelée  Jtimouta  à  feuilles  dorées. 

BAVION  àQs  Allemands.  C'ell  le  Babouin.  Foyci 
ce  mot. 

BAUME  5  Bcilfamum,  On  ne  donnoit  autrefois  ce 
nom  qu'à  Parbre  d'oii  découle  le  baiimt  ^  nommé  en 
latin  opobalfamum  ,  dont  on  verra  l'hiftoire  au  mot 
Baume  de  Judée  ,  jointe  à  la  defcription  de  l'arbre 
d'où  découle  cette  liqueur  balfamique  <k  réfineufe. 
On  appelle  en  latin  cet  arbre,  balfumurn  nrum.  Main- 
tenant le  mot  hainm  efl  devenu  un  nom  générique  ^ 
fous  lequel  on  comprend  non-feulement  le  baume  de 
Judée .  opobalfamum  ,  mais  au/îi  tous  les  fucs  réfîneux , 
balfamiques  ,  foit  deiféchés ,  foit  liquides  ,  plus  com- 
munément fluides  ou  mollaffes  ,  &  qui  approchent  ^ 
par  hiir  odeur  ou  par  leur  vertu  ,  du  baume  de  Judée^ 
Tels  font  les  baumes  de  Copahu  ,  de  Tolii ,  du  Pérou  ^ 
du   Canada  ,  même  la  tirîbiruhïm  vulgaire  ,  Sic* 

On  comprend  auHi  fous  le  nom  de  baume  ,  les 
liqueurs  fpiritueufes  faites  par  l'art ,  dont  les  vertus 
font  vulnéraires ,  &  dans  lelquelles  il  entre  des  liqueurs 
balfamiques  ,  telles  que  font  le  baume  vulniraln  de 
Fïoravmtt  6c  autres  ,  dont  la  recette  fe  trouve  dans 
tous  les  D'ifpenfaircs  de  Pharmacie,  Les  Charlatans 
n'ont  pas  m.anqué  d'appliquer  à  leurs  remèdes  le 
nom  de  baume ,  auquel  eft  attachée  l'idée  d'un  re- 
mède excellent.  Le  baume  naturel  n'eft  qu'une  fiib^ 
fiance  réfmeufe  ,  huileufe  ,  odoriférante  ^  provenant 
des  incifions  faites  à  certaines  plantes  ou  arbres  :  les 
réfmes  ne  font  en  quelque  forte  que  des  baumes  def- 
féchés  ;  cependant  l'analyfe  chimique ,  dit  M.  Mefai7^e  ,- 
Apothicaire  à  Rouen ,  donne  dans  les  baumes  des  fels 
volatils  5  6c  les  réfines  n'en  fournirent  jamais.  Foye:^ 

RÉSINE. 

Baume  de  l'Amérique  ,  ou  Baume  de  Cartha-^ 

CENE.  Foye?^  BaUME  DE  TOLU. 

Baume  du  Brésil,  Foye^  Baume  de  Copahu** 


ii6  B     A    U 

Baume  de  Calaba.  P^ojei  a  ranlck  Baume  vert; 

Baume  du  Canada  ,  Balfamum  Canadcnfe,  C'ell 
une  réfine  plus  ou  moins  liquide ,  très-limpide  ,  prel'que 
fans  couleur  &  fans  odeur  ,  mais  d'un  goût  de  téré- 
benthine la  plus  agréable  ,  ne  caufant  aucune  naulee  : 
on  s  en  fert  intérieurement ,  &  de  préférence  à  toutes 
autres  fortes  de  térébenthines  ,  dont  elle  eil  une  efpece. 
Des  perfonnes  ,  attaquées  d'abcès  internes ,  en  prennent 
à  la  dofe  de  deiLx  gros  ,  foit  dans  le  bouillon  ,  foitavec 
l'huile  d'amandes  douces ,  ou  plus  ordinairement  incor- 
porés avec  un  jaune  d'œuf.  Cette  térébenthine ,  ainfi 
nommée  baurm  ,  à  caufe  de  fes  bons  effets  ,  découle 
d'une  forte  de  fapin  appelée  épïmttc  ,  fort  femblable  à 
la  pcffe  5  par  fon  port ,  '6c  qui  croît  dans  le  Canada  & 
dans  la  Virginie,  On  a  donné  ,  dans  le  commerce  ,  le 
nom.  de  baume  dur  ,  fapimttc  de  Québec  ,  ou  de  réfiic 
épimtte  du  Canada  ,  à  cette  mêmie  térébenthine  épaiîiie , 
parce  qu'elle  découle  d'une  forte  de  fapin  de  Canada ,  • 
abks  Canadcnjîs  ,  dent  les  feuilles  foni  rangées  en  ma- 
nière de  dents  de  peignes  ou  de  touJics  dîpuutu.  Voyez 
à  VartïcU  Sapin. 

Baume  a  Cochon,  ou  S^^crier  de  Montagne, 
Terebinthus  buulœ,  contez ,  P.  pLUMIER.  C'efl  une  liqueur 
réfmeufe  d'une  couleur  &  d'une  confiilance  femblables 
à  celle  du  baume  de  Copahu  ;  elle  en  a  aufn  un  peu 
l'odeur  &  la  faveur.  En  vieilli ffant  ,  le  baume  fucrkr 
rougit  un  peu.  On  l'eilime  un  excellent  vulnéraire  ap- 
pliqué far  les  plaies  ,  &  pris  intérieurement  pour  les 
maladies  de  poitrine.  Du  temps  des  premiers  Naviga- 
teurs ,  lors  de  la  découverte  de  l'Amérique  ,  oii  croît 
le  fucrkr  de  montagne  ,  ce  baum.e  ,  d'une  odeur  forte  6c 
aromiatique  ,  y  étoit  déjà  d'un  grand ufage;  on  le  tire  par 
incifion  faite  à  l'écorce  d'un  arbie  qui  porte  le  mém.e  nom. 
On  prétend  que  les  cochons  marrons  ,  lorfqu'ils  ont  été 
bjedés  par  les  Chalïeurs  ,  vont  fe  frotter  contre  Tarbre 
peur  s'oindre  du  laume  qui  en  îraiiffude  ,  tL  que  deL\ 
UÎ  venu  k  nom  de  baume  u  cochon  yik  k  l'iu-bre ,  celui 


B    A    U  117 

de  hols  à  CQclion.  On  l'a  appelé  aiifTi  fumer  ch  mon^ 
tagne  ,  parce  qu'on  fait  avec  le  bois  de  l'arbre  les  douves 
<]es  tonneaux  à  fucre-caflbnade.  On  trouve  fréquemment 
cet  arbre  dans  les  mornes ,  à  Saint-Domingue  &  dans 
quelques  autres  Ifles  de  l'Amérique. 

L'arbre  du  bois  à  cochon  ell  très-élevé  ;  on  en  volt 
monter  jufqu'à  cinquante  ce  même  foixanie  pieds  :  fon 
tronc  ,  alors  ,  a  quatre  à  cinq  pieds  de  circonférence» 
Sa  première  écorce  efl  grifôtre  ,  unie  ;  l'enveloppe 
<:ellulaîre  ,  verdâtre  ,  comrne  gommeufe  ;  le  liber  rouge 
6c  gommeux  aufli  ;  le  bois  foiide  ,  rougeâtre ,  fendant  ; 
{qs  feuilles  ovales  ,  terminées  au  fommet  par  une 
peinte  alongée  ,  fans  dentelure  ,  minces  ,  luifantes  , 
ondées  ,  d'un  vert  mêlé  de  jaune  ,  longues  de  cinq 
à  fix  pouces  fur  trois  de  largeur  ^  rangées  par  paire 
fur  une  côte  qui  eu  toujours  terminée  par  une  feuille 
impaire.  Ses  fleurs  naiiTent  par  grappe  aux  extré- 
mités des  ramilles  :  elles  font  blanches  &  fe  changent 
en  un  fruit  aufli  en  grappe  ,  gros  comme  une  petite 
noix  ,  divifé  en  deux  eu  trois  parties  ,  couvert  d'une 
écorce  verte ,  coriace  ,  qui  renferme  une  pulpe  blan- 
che ,  charnue  ,  fucrée  ,  d'une  odeur  aromatique  : 
chaque  divifion  contient  un  noyau  aplati  ,  ligneux  , 
qui  renferme  une  amande  amere  6i  on£^ueufe.  Du 
bois  de  cet  arbre  ,  on  en  fait  du  merrain  &  des  effentes. 
On  tire  de  fes  amandes  une  huile  aromatique,  qu'on 
elllme  beaucoup  pour  les  maladies  de  la  poitrine. 

Baume  de  Copahu  ou  Huile  Copau  ,  Balfa^^ 
miun  Brajilknfc  aut  Copaïha.  Il  y  en  a  de  deux  efpeces  ,' 
dont  l'une  ell  un  fuc  réfmeux  ,  de  la  confiflance  de 
l'huile  ,  loifqu'il  efl  récent  ,  mais  qui  devient  tenace 
avec  le  temps.  Il  efl:  à\m  blanc- jaunâtre  ,  d'im  goût 
amer  ,  acre  ^  &  d'une  odeur  aromatique  :  c'efl  le  plus 
agréable  6^  le  plus  efîimé.  L'autre  ,  qui  a  la  confif- 
tance  du  miel ,  &:  une  odeur  pénétrante  ,  approchante 
de  celle  de  tcûbcnthim  ,  efl  chargée  d'un  peu  de  liqueur 
trouble  3  6c  eft  extrait  des  ranx^cUix  &;  de  l'écgrçe  de 

H  3. 


ïiS  B    A    U 

î'arbre  par  dccoftîon.  On  le  vendait ,  il  y  a  quelques 
années  ,  ibus  le  nom  de  baume  Malp.:yr  ou  Malpaïr-z  , 
du  nom  d'un  Epicier  de  Paris  qui  en  faiibit  un  gros 
.débit.  La  première  efpece  ,  au  contraire,  découle  par 
incifion  ,  quelquefois  à  la  dofe  de  douze  livres  dans 
i'intcrv'alle  de  trois  heures  ,  lorfque  le  temps  eft  favo- 
rable 5  du  tronc  de  l'arbre  Ccfahu.  Il  faut  que  Pinxi- 
fion  foit  profonde  ,  perpendiculaire  ,  &  de  fix  à  fept 
pouces  de  longueur  ;  on  gliffe  enfaiîe  dans  cette  fente 
un  morceau  de  calebaffe  ,  pour  diriger  VJwiU  hcilfa- 
mique  &  la  faire  tomber  dans  une  calebaffe  entière. 
Cette  inciiion  étant  couverte  aufïi-tôt  que  l'écoule- 
ment c^^Q  ,  avec  de  la  cire  ou  de  l'argile  ,  elle  répand 
encore  fa  liqueur  réfineufe  en  aiTez  grande  quantité  , 
-une  quinzaine  de  jours  après.  On  fait  Tincifion  en 
'Mars  ou  en  Septembre. 

Cet  arbre  doublement  utile ,  dont  Marcgrave  (  Dcf- 
crlpt.  du  Brcjil ,  in-foL  1 648  )  donne  l'hiiloire ,  s'appelle 
Copcdba  ou  Capaicr^  Pif.  ;  Arbor  balfamifcra  Brajilicnjis  , 
Ray.  ;  Copaïfira  cficlnalîs  ^  Linn.  ;  Ccpaïva  ,  Jacq.  Amer. 
'Il  croit  dans  les  forêts  épaiiies  qui  font  au  milieu 
•des  terres  du  Bréfil  ;  il  vient  aulFi  dans  Tlfie  de 
Maranhaon  ou  Maragnan  ,  &  dans  les  liles  Antilles 
voifines.  Il  s'élève  droit  ,  devient  fort  gros  ,  &  a 
vingt-deux  pieds  de  haut  :  fes  racines  font  groiles  & 
nombreufes  ;  fon  écorce  ell:  épaiffe  ,  grifâtre  ;  fon  bois , 
d'un  rouge  foncé  ,  &  parlem.é  de  taches  qui  font 
d'un  rouge  vif  ,  comme  celui  du  vermillon  ,  a  la 
dureté  du  hêtre  ;  auffi  eft-il  très-recherché  par  les  Me- 
nuifiers  pour  en  faire  des  meubles  ,  6c  pour  à^^ 
ouvrages  de  marqueterie  ,  à  caufe  de  fa  riche  cou- 
leur :  ce  bois  fert  auiîi  dans  la  teinture.  Ses  plus 
petits  rameaux  font  fléchis  en  zig-zag.  Ses  feuilles 
font  nombreufes ,  alternes  ,  ailées  &  portées  fur  une 
affez  groffe  queue  de  la  longueur  d'environ  deux 
pouces.  Les  folioles  font  plus  étroites  d'un  côté  que 
ie  l'autre  ,  &  à  pédicule  court.   Les  fleurs  de  cet 


B    A    U  119 

ir.ibre  font  blanches ,  compofées  de  quatre  à  cinq  pé- 
tales ,  &  croiffent  fur  des  grappes  paniculées  &  axil- 
laires  ,  à  l'extrémité  des  rameaux  ;  à  ces  fleurs  fuccedent 
des  gouffes  arrondies  ,  qui  contiennent  une  amande 
de  la  grofleur  d'une  aveline  ,  munie  d'une  enveloppe 
pulpeufe  dent  les  fmges  font  très-friands. 

Les  Portugais  apportent  en  Europe  le  l^aume  de 
Copahu  du  Bréfil  ,  de  Rio-Janeiro  ,  de  Fernambouc 
&  de  Saint  -  Vincent  ;  on  le  tranfporte  dans  des  pots 
de  terre  pointus  par  le  bout  ,  &  qui  contiennent 
encore  beaucoup  d'humidité  &  d'ordures  mêlées  dans 
le  baume ,  mais  dont  on  le  purifie  ;  après  quoi  on  le 
met  en  baril  ou  en  ef^agnon  de  fer-blanc. 

On  fait  beaucoup  d'éloge  de  ce  baume  pris  intérieu- 
rement depuis  dix  gouttes  jufqu'à  trente  ,  dans  quelque 
liqueur  convenable  ou  en  pilules ,  foit  avec  la  poudre 
de  régliiTe,  foit  avec  celle  du  fucre ,  ou  difïous  dans  un 
jaune  d'œuf.  Outre  les  vertus  femblables  à  celles  des 
autres  baumes  que  pofTede  le  baume  de  Copahu  ,  il  a 
de  plus  éminemment  la  propriété  d'arrêter  le  cours  de 
ventre ,  la  dyifenterie ,  les  pertes  rouges  &:  bl?nches 
des  femmes  &:  les  gonorrhées  :  il  convient  auiTi  dans  le 
fcorbut ,  mais  il  faut  ne  le  donner  qu'avec  connoiiTance , 
loin  des  repas ,  &  en  petites  dofes  ;  autrement  il  irrite 
les  tuniques  délicates  des  premières  voies ,  &  porte  le 
fang  à  l'inflammation.  Ce  baume ,  ainfi  que  l'obferve 
M.  Bourgeois  ,  a  encore  la  propriété  de  purger  douce- 
ment par  les  felles  ,  comme  la  térébenthine  ,  &  de 
pouffer  fortement  par  les  urines  ;  ce  qui  le  rend  recom- 
mandable  pour  chaffer  les  glaires  &  les  graviers  arrêtés 
dans  les  reins  &  dans  la  vefîie  :  il  efl  auffi  utile  dans 
rhydropifie  pour  rétablir  le  cours  des  urines. 

Ce  baume  eil  admirable  pour  déterger ,  confolider  & 
produire  la  fynthefe  des  plaies  :  les  Juifs  s'en  fervent 
après  la  circonciiion  pour  étancher  le  fang.  Indépen- 
damment de  la  propriété  vulnéraire  &  aflringente  qu'a 
ce  baume  ^  il  communique ,  de  même  que  la  îérébeiir 

H  4 


lîo  B    A    U 

îhine ,  l'odeur  de  la  violette  à  l'urîne  de  ceux  qui  en 
font  ufage  intérieurement. 

Baume  d'Egypte  ou  du  Grand -Caire.  Fovci 
BAUiMF  DE  Judée. 

Baume  Focot  ou  Faux  Tacamaca.  Fbyei  â 
VardcU  RÉSINE  Tacamaque. 

Baume  de  Galaad  ou  de  Gilead.  F'6Jw'{  Baume 
DE  Judée. 

Baume    ou    Huile   d'Ambre    liquide.    Voyei^ 

LiQUIDAMBAR. 

Baume  des  Jardins  ou  Menthe  domestique  , 

'Mzntlia  honmfis  ^  verticillata  ,  ocymi  odore  ,  C.  B. 
Pin.  217  ;  Mcntha  fufca  Jive  vulgaris  ,  Ray  Sy- 
nopf.  3  ,  131;  Mcntha  gentills  ^  Linn.  Il  y  a  un  très- 
grand  nombre  d'efpeces  de  menthe  ,  qui  ont  toutes 
prefque  les  mêmes  propriétés.  L'efpece  que  l'on  cul- 
tive dans  les  jardins  ,  &:  dont  on  met  les  feuilles 
dans  la  falade  ,  eil  d'une  odeur  très  -  agréable. 
Sa  vertu  balfamique  lui  a  fait  donner  le  nom  de 
buume. 

Cette  plante  pouffe  des  tiges  qui  s'élèvent  à  la 
hauteur  d'un  pied  &:  plus ,  carrées  ,  velues  &  rougeatres. 
Les  feuilles  du  bas  font  cppofées  &  arrondies ,  celles  du 
haut  font  plus  pointues  ;  les  fleurs  font  en  gueule , 
petites  5  purpurines ,  &  paroiffent  en  Juillet  &  Août. 

On  fait  infufer  les  feuilles  &  les  fleurs  de  cette 
plante  dans  de  l'huile ,  &:  elles  lui  communiquent  une 
vertu  balfamique ,  qui  la  rend  propre  pour  toutes  fortes 
de  plaies  6l  de  contufions  :  toutes  les  menthes  en 
général  font  carminatives  ,  ftomachiques  ôc  hépatiques  ; 
mais  on  fait  ufage  par  préférence  du  baume  des  jardins. 
L'eau  de  cette  menthe  diftillée  efl  d'un  grand  ufage  dans 
la  Médecine  :  c'efl  un  excellent  remède  dans  toutes 
les  eipeces  de  cohques  ,  notamment  dans  celle  qui  efi 
venteufe.  Elle  arrête  le  cours  de  ventre  &:  les  vomiffe- 
mens,  &  calme  ks  douleurs  de  la  dyffenterie.  Voyei;^ 
Menthe, 


B    A    U  T2I 

Baume  de  Judéte  ,  d'Egypte  ,  du  Grand-C a!re  , 

DE  LA  Mecque  ,  de  Syrie  ,  de  Constantîncple  ^ 

ou  Baume  blanc  ,  Opohalfamum  feu  Bcufamum  Jii- 
ddicum.  C'efî  une  réfine  liquide,  d'un  blanc  jaunâtre, 
d'un  goût  acre  &  aromatique ,  &  d'une  odeur  péné- 
trante ,  approchante  de  celle  du  citron  ,  d'une  laveur 
amere  &  ailringente.  Comme  cette  réline  ellprécieufe, 
on  la  falfiiie  fouvent  avec  le  baume  de  Canada  6c  l'huile 
effentielle  de  citron ,  ou  avec  de  la  térébenthine  f  ne  ou 
autres  drogues  ;  tromperie  qui  peut  fe  connoître  à 
l'odorat  6c  au  goût.  Pour  parvenir  à  diflinguer  le 
baume  de  Judée  nouveau ,  qui  eft  toujours  le  mieilleur , 
on  en  verfe  dans  l'eau  ;  s'il  efl  récent ,  il  fera  fiuide 
ôc  lurnagera  ,  quoique  verfé  de  haut  ,  &  formera 
une  pellicule  fur  la  furface  de  l'eau  ,  laquelle  fe 
coagule  ,  &  on  le  retire  de  l'eau  en  entier  6c  trcs- 
laiteux  :  le  baume  qui  eil  vieux  a  beaucoup  plus  de 
confillance  ,  de  couleur ,  &:  va  tout  de  fuite  au  fond 
de  l'eau  ;  il  ne  revient  à  fa  furface  que  lentement. 

Ce  baume  fi  précieux  pour  fon  ufage  ,  tant  interne 
qu'externe ,  cft  une  renne  qui  découle  par  incifion  pen- 
dant la  canicule ,  &  que  l'on  retire  d'im  arbrifleau  que 
l'on  appelle  amyrïs  de  Gilead  ou  baume  véritable  (  ba/Jh" 
mum  verum  lemifci  folio  ,  jE^yptiacum  ^  Belon.  ) 

Cet  arbriifeau  ,  qui  ell  toujours  vert  ,  s'cleve  à  la 
hauteur  du  troène ,  porte  des  feuilles  femblables  à  celles 
du  lentifque  ,  &  des  fleurs  purpurines  ,  odorantes  , 
blanches  &  en  étoiles,  (M.  H  aller  ^\i  que  cet  arbrifleau 
ell  effedivement  de  la  famille  des  Térébinthes  &c  des 
Lentifques.  )  Les  iemences  font  renfermées  dans  des 
follicules  rougeâtres ,  oc  on  en  exprime  une  liqueur 
jaune  ,  femblable  à  du  miel.  Le  véritable  pays  natal 
de  cet  arbre  précieux  ,  ell  l'Arabie  heureufe.  Il  a  été 
aulîi  cultivé  dans  la  Judée  &  l'Egypte  ,  d'cii  lui  ell 
venu  le  nom  de  baiane  de  Judée  ou  à^ Egypte^  ou 
haumier  du  Levant,  Lors  de  l'invafion  des  Turcs  dans 
la  Judée  y  cçs  orbrçs  y  furent  détruits  \  mais  un  Sultan 


112  B    A    U 

en  fît  apporter  de  l'Arable  heurcufe  dans  Tes  jardins  J 
où  ils  font  cultivés  foigneufement ,  &  gardés  par  des 
JanifTaircs  ;  ce  qui  fait  que  ce  baume  mérite  plutôt 
le  nom  de  baunu  du  Grand-Caire  que  celui  de  bannie 
de  Judée,  Les  Arabes  l'appellent  hakjfan. 

Les  Anciens  ne  recueilloient ,  pendant  la  canicule  , 
que  le  baume  qui  découloit  de  lui-même  ou  par  incifion , 
de  cet  arbrlffeau  ;  mais  aujourd'hui  on  en  recueille  de 
trois  efpeces.  Celui  qui  découle  à'^?,  arbres  efl  très- 
rare  en  Europe ,  parce  qu'il  efl  employé  par  les  Grands 
de  la  Mecque  &  de  Confîantinople  :  l'autre  efpece  efl 
celle  que  l'on  retire  à  la  première  ébuUition  ,  &  qui 
fumage  fur  l'eau ,  dans  laquelle  on  fait  bouillir  les  ra- 
meaux &  les  feuilles  du  baiimicr  :  cette  féconde  efpece 
efl  comme  une  huile  limpide  &  fluide  ,  &:  efl  réfervée 
pour  lufage  des  Dames  Turques  ,  d'Egypte  &:  de 
quelques  Afiatiques ,  qui  s'en  fervent  pour  adoucir  & 
blanchir  la  peau  du  vifage  ^  de  la  gorge  ,  &  pour  en 
oindre  les  cheveux  ;  aufîi  ne  nous  parvient-elle  que 
par  le  m.oyen  des  Grands  qui  en  font  des  préfens. 
L'huile  qui  furnage  après  la  première  ébuUition  ,  efl 
plus  épaifl'e  ,  moins  odorante  ;  elle  efl  apportée  par 
\qs  Caravanes  ;  &  c'efl  ce  baume  blanc  qui  efl  le  plus 
commun.  Les  Dames  qui  fe  fervent  de  ce  baume  parmi 
nous  en  qualité  de  cofmétique ,  en  font  par  art  le  lait 
virginal  &  une  pommade  à  la  fultane ,  qui  font  fort 
eflimés  pour  rembellifTement  de  la  peau. 

Comme  la  grande  vertu  de  ce  baume  pour  l'ufage 
Intérieur  dépend  de  parties  très-volatiles ,  il  a  d'autant 
plus  d'efficacité  ,  qu'il  efl  plus  nouveau.  Les  Egyptiens 
en  font  un  ufage  très-fréquent  en  Médecine  ;  ils  en 
prennent  tous  les  jours  un  demi-gros ,  comme  le  remède 
le  plus  efîicace  dans  la  contagion  de  la  pefle.  Il  efl 
efîimé  alexipharmaque  ôc  em.ployé  chez  eux  à  diverfes 
maladies.  On  dit  que  les  fem.mes  d'Egypte  fe  guérif- 
foient  de  la  flérilité  ,  foit  en  l'avalant  ,  foit  en  rem- 
ployant en  fuppofitoire  eu  en  fumigation.  Quoi  qu'il 


B    A    U  lij 

^n  foît ,  ce  haume  a  toujours  été  fort  recommandé  pour 
guérir  les  plaies. 

Il  eil  intéreffanî  d'obferver  que  le  baume  de  U  Mecque^ 
comme  tous  les  ballamiques  &  réûneux  ,  efl  très- 
utile  pour  la  réunion  des  plaies  oii  il  n'y  a  que  fo- 
lution  de  continuité  ,  parce  qu'en  empêchant  le  con- 
taél  de  l'air  ,  ils  hâtent  la  réunion  qui  fe  feroit  faite 
naturellement  ,  mais  plus  lentement.  Si  la  plaie  eil 
accompagnée  de  contufions  ,  qui  font  ordinairement 
fuivies  de  fuppuration  ,  ces  haimus  ,  au  lieu  d'être 
utiles  5  font  défavorables  ,  parce  qu'alors  la  matière 
qui  doit  s  écouler  étant  retenue  ,  augmente  par  fon 
acrimonie  l'inflammation  de  la  partie  malade ,  &  les 
chairs  ne  peuvent  bien  fe  réunir  qu'après  la  fuppura- 
tion. On  trouve  dans  les  boutiques  des  Droguiiîes  le 
fruit  du  baumicr  fous  le  nom  de  carpohalfcimum  ,  &;  le 
bois  ,  ou  plutôt  l'extrémité  des  petites  branches ,  fous 
celui  de  xilobalfamum.  Quoique  productions  du  même 
arbriffeau  ,  leurs  vertus  font  bien  inférieures  à  celles 
du  baume  dont  il  vient  d'être  queffion  ;  &  cependant 
les  Difpenfaires  recommandent  aux  Apothicaires  de  les 
employer  toutes  trois  dans  leur  plus  fameux  antidote , 
qui  eil  la  Thériaque. 

On  donne  auiîi  le  nom  de  baumicr  à  une  efpece  de 
peuplier.  Voyez  ce  mot. 

Baume  de  ?\1arie  ou  Baume  de  Calaba.  Foyei 
JBaume  vert. 

Baume  de  momies  ,  Gummi  funerum.  Nom  que 
l'on  donne  aujourd'hui  dans  le  commerce  &  chez  les 
Curieux  ,  à  Vafphalte  ou  bitume  de  Judée  ,  parce  qu'on 
l'employoît  dans  les  embaumemens  des  corps.  Voye:^ 
Asphalte  &  L'article  Momie. 

Baume  du  Pérou  ,  Balfamum  Peruvianum,  On 
■en  diilingue  de  quatre  efpeces  ;  le  blanc  qui  eJft 
liquide  ,  le  roux  ou  rouge  qui  efl  fec  ,  &  le  brun  ou 
7ioir  liquide  ;  ils  tirent  cependant  tous  les  quatre  leur 
icrigine    du  mêai2  arbre  ,    que  l'on  appelle  hoitiL- 


114  B    A    U 

loxi/t   OU  arhor  ba^fxmi  IndicL   C'eft  le  capurciha  de^ 
Brafiliens. 

Cet  arbre  efl  de  la  hauteur  du  citronnier  ,  &  porte 
des  feuilles  qui  ont  qudque  reïïemblance  à  celles  de 
Tamandier  ;  fon  bois  eil  rouge  &  odoriférant  comme 
le  cèdre  ;  fon  écorce  efî  cendrée ,  épaiife  d'un  doigt  &: 
couverte  d'une  pellicule  roufsâtre  ;  fon  fruit  eil  de  la 
grofleur  d'un  pois  ,  &  fe  trouve  à  l'extrémité  d'une 
gouffe  étroite  de  la  longueur  d'un  doigt.  Cet  arbre 
croît  dans  les  pays  chauds  de  l'Amérique  Méridionale , 
comme  le  Pérou  ,  &  plus  fréquemment  encore  dans  le 
Mexique  &  dans  le  Bréfil,  fur  les  rives  de  Rio-Janeiro. 
Il  découle  de  fon  écorce  ,  fur-tout  après  \m  temps  de 
pkiie  ,  ëc  dans  le  mois  de  Mars  ,  un  fuc  réilneux  , 
fluide  ,  d'un  blanc  jaunâtre  ,  inflammable  ,  d'une  odeur 
approchante  de  celle  du  ftyrax  :  il  n'efl  alors  que  peu 
coloré  ;  ^  quelques  Naturels  du  pays  en  confervent 
en  cet  état  dans  des  bouteilles  bien  bouchées  :  on 
l'appelle  baume  d'incijLcn.  Celui  que  l'on  trouve  dans 
le  commerce  ,  efc  ordinairement  dans  des  coques  de  la 
grofieur  du  poing  ,  qui  ont  fervi  à  le  recevoir  :  voilà 
le  baume  en  coque.  Lorfqu'il  découle  de  l'arbre  ,  il  ell 
d'abord  mollaffe  ;  mais  il  devient  fec  6c  d'un  brua 
rougeâtre  plus  ou  moins  tranfparent.  On  nous  l'envoie 
dans  des  boîtes  :  c'efu  le  baume  dur  ou  fec. 

On  retire  ,  en  faiîànt  bouillir  dans  de  l'eau  l'écorce 
&  les  rameaux  de  cet  arbre  ,  un  fuc  réfmeux  tenace , 
d'un  roux  qui  tire  far  le  noir  ,  d'une  odeur  approchante 
de  celle  du  benjoin  ;  c'eil  ce  dernier  qui  porte  le  nom 
de  baume  brun  ou  noir ,  ou  de  baume  de  lotion.  On  doit 
jejeter  celui  qui  ell  abfolument  noir  &  quia  une  odeur 
d'empyreume. 

Lemeri  nous  apprend  que  les  Indiens  ,  après  avoir 
tiré  ce  baume  brun  des  rameaux  de  l'arbre  ,  font  évapo- 
rer la  décodion  ref tante  jufqu'à  confillance  d'extrait  ; 
ils  y  mêlent  un  peu  de  gomme  ,  &  ils  en  font  une 
pâte  folide  dont  ils  forment  des  grains  de  chapelet  qui 


B    A    U  Î2Î 

^meurent  noirs  &  odorans  ,  principalement  fi  après 
les  avoir  formés  ,  on  les  enduit  extérieurement  avec 
un  peu  de  baume.  On  nous  apporte  beaucoup  de  ces 
chai3elets  d'Efpagne  &  de  Portugal. 

On  eftime  le  baume  du  Pérou  ,  propre  aux  mêmes 
ufages  que  le  baume  de  Judée  ou  d^ Arabie  :  il  eft  eflimé 
extérieurem-ent  pour  la  contufion  des  nerfs  :  fon  odeur 
vive  peut  quelquefois  affefter  la  tête.  En  unifTant  un 
•peu  de  camphre  au  baume  noir ,  l'en  en  fait  un  fpécifi- 
que  pour  les  engelures.  On  a  aufii  quelquefois  contre- 
dit le  baume  du  Pérou  en  faifant  bouillir  une  demi-once 
de  fantal  rouge  dans  une  livre  ëc  demie  d'huile  d'olive , 
puis  y  ajoutant  une  livre  de  cire  jaune  fondue  ,  une 
livre  &:  demie  de  térébenthine  de  Venife  ,  &  une 
once  de  baume  noir  du  Pérou  ;  mais  ce  mélange  fe  re- 
connoît  facilement. 

On  donne  aufli  le  nom  de  faux  baume  du  Pérou  au 
lotier  odorant.  Voyez  ce  mot. 

Baume  de  Savanne  ou  Basilic  du  Para.  Voye^ 
à  l'article  Basilic. 

Baume  de  Tolu  ,  Balfamum  Tolutanum  ,  connu 
aufîl  fous  le  nom  de  Baume  de  l'Amérique  , 
Baume  de  Carthagene  ,  Baume  dur  ,  Baume 
SEC.  C'efl  un  fuc  réfnieux  ,  tenace  ,  d  une  confiflance 
qui  tient  le  milieu  entre  le  baume  liquide  6c  le  fec  ^ 
tirant  fur  la  couleur  d'or  ou  d'un  blond  rouftatre ,  d'une 
odeur  qui  approche  de  celle  du  benjoin  ;  d'un  goût  doux 
ôc  agréable  ,  ce  qui  le  fait  différer  effentiellement  àois 
autres  baumes  qui  ont  ime  faveur  acre  &:  amere.  La 
faveur  agréable  de  celui-ci  le  rend  plus  propre  à  être 
pris  intérieuremerit  ,  ayant  fur-tout  l'avantage  de  ne 
point  exciter  de  nauiée  comme  les  autres  baumes'^  lorf- 
qu'îl  eil  bien  fec  ,  il  eil  fragile  &  caiTant. 

Ce  baume  découle ,  com.me  les  autres  ,  par  incifion 
de  l'écorce  d'un  arbre  qui  croît  dans  une  Province  de 
l'Amérique  Méridionale  ,  fituée  entre  Carthagene  &: 
Mcmbre-de-Djos ,  pays  ou  provi^ice  que  les  Indiens 


i%6  B    A    U 

appellent  Tolu  ,  &  les  Eipagnols  Hojiduras,  Cet  arbfé 
a  quelque  refîemblance  aux  bas  -plus  ,  &  porte  des 
feiulles  tciijcurs  vertes ,  femblables  à  celles  du  carou- 
bier. Les  Indiens  en  recueillent  le  lue  réiineux  lorfqu'il 
découle  5  dans  des  couïs  ou  cuillers  faites  de  cire  noire , 
ôc  le  verfent  dans  des  calebaïïes.  Les  Anglois  font  fur- 
toutufage  de  ce  baume  dans  la  phthifie  &:  les  ulcères 
internes.  En  général  il  a  les  mêmes  vertus  que  \z 
baume  de  Judée,  Voyez  ce  mot. 

Baume  vert  ,  ou  Baume  de  Calaba  ,  ou  Baume 
DE  Marie.  C'eil  la  réiine  que  fournit  un  arbre  appelé 
focraha  à  Madagafcar  ,  palo-Marla  aux  Philippines  , 
&  tacamaque  aux  Ifles  de  France  &  de  Bourbon.  C'eft 
le  Calaba  de  Plumier  ^  le  Calophylluni  de  Linné,  Cet  arbre 
que  l'on  trouve  aufïî  fur  les  bords  de  la  mer ,  aiuc 
Antilles  ,  a  la  tige  haute  de  vingt  à  trente  pieds  y 
droite ,  d'une  moyenne  groiTeur.  Son  écorce  eiî  liiTe , 
fpongieufe  ,  brune  ;  l'enveloppe  cellulaire  verdâtre  ; 
ion  bois  flexible,  d'un  vert-jaune.  Ses  feuilles  ovales , 
fans  dentelures  ni  nervures  ,  apparentes ,  obtufes  ,  lar- 
ges de  quinze  à  dix-huit  lignes  ,  longues  de  deux  à 
trois  pouces  ,  liiies  ,  luifantes  ,  douces  au  toucher, 
d'un  vert  gai  en  defîiis  ,  pâle  en  deffous  ,  couvertes 
d'une  infinité  de  petites  fibres  ferrées  les  unes  contre 
les  autres  ;  elles  font  oppofées  deux  à  deux  fur  une 
ramille  ,  qui  efi:  terminée  par  une  paire  de  feuilles  ; 
fa  fleur  efl  petite  ,  blanche  ,  odorante  ,  en  rofe  , 
compofée  de  quatre  pétales  arrondis  ,  creufés  en  cuil- 
ler ;  il  y  a  plufieurs  étamines  dont  les  anthères  font 
jaunes  ,  &  un  pifîil  arrondi  ,  lequel  fe  change  eit 
un  petit  fruit  fphérique  ,  d'un  vert  pâle  ,  charnu  , 
gros  comme  une  cerife  ,  dans  lequel  e^l  renfermé  lui 
noyau  ligneux  qui  contient  une  am^ande.  Cet  arbre, 
qui  prend  aifément  de  bouture ,  fert  aux  Ifles  à  faii-e 
des  entourages.  M.  Fouppé  des  Portes  dit  qu'on  en  tire 
par  incifion  un  fuc  gommeux  ,  d'un  j  aune-ver dâtre  , 
qui  s'épaiiTit  &;  devient  d'un  vert  très-foncé,  C'eft  unç 


B    A    U  127 

réfine  d'un  jaune-verdâtre  qui  ,  lors  de  fa  tranffuda- 
tion  ,  efl  liquide  au-delliis  du  vingtième  degré  de 
chaleur  ,  &  qui  devient  concrète  &:  caiTante  comnie 
une  réfine  feche  au-dedbus  de  ce  degré.  Les  Efpa- 
gnols  l'appellent  balfamum  dd  Maria  ,  &  le  préfèrent 
au  baume  de  Copahu  ,  &:  fouvent  à  celui  du  Pérou, 
Son  odeur  efl  fuave  ,  aromatique,   f^oyei  Calaba. 

BAUMIER  ou  Balsamier.  Nom  d'une  famille  de 
plantes  qui  contient  plufieurs  genres  ;  on  y  trouve  des 
arbres  ou  des  arbrifleaux  ,  dont  le  lue  propre  eil  ordi- 
nairement réfmeux ,  coloré  ,  odorant  ;  les  fleurs  de  ces 
végétaux  exotiques  font  polypétalées.  Amyr'is  eft  le 
nom  latin  du  genre  à^s  Balfamkrs  proprement  dits. 
Il  y  a,  dit  M.  le  Chevalier  de  la  Marck  ,  le  baumier 
de  la  Mecque  ^  ceux  qui  donnent  les  rejines  Elbnï. 

Le  Balfamkr  des  bois  ,  Amyrls  fylvadca  ,  Linn.  Il  fe 
trouve  près  de  Carthagene  en  Amérique  ,  dans  les 
bois  &:  les  lieux  maritimes  ombragés. 

Le  Balfamier  \z:iz:iziix  ,  Amyris  toxifcra  ,  Linn. 
Cette  efpece  fe  trouve  à  la  Caroline  &  dans  les  liles 
de  Bahama. 

Le  Balfamier  de  Java  ,  Amyris  protium  ,  Linn.  Il 
croît  fur  les  montagnes. 

Le  Balfamier  de  la  Jamaïque  ,  Amyris  balfamifera  ,' 
Linn.  C'ell  le  bois  dz  BJiodes  de  la  Jamaïque.  Voye^  cet 
article. 

Le  Balfamier  de  la  Guiane  ,  Amyris  Giùaiienfis  ;  Terc-* 
hinthus  niaxima  ,  piniiis  paucioribus  majorlbus  atque 
rotundioribus  ,  fruclu  raccmofo  fparfo  ,  Sloan.  Jam.  Hifl*. 
C'eil  un  grand  arbre  qui  croît  dans  les  forêts  de 
la  Guiane  ,  &  à  l'Ifle  de  France  ,  au  quartier  de 
Moka  ;  fon  écorce  incifée  rend  un  fuc  balfamique , 
qui ,  étant  defléché ,  devient  rouffâtre  àc  d'une  odeur 
de  citron. 

Le  Balfamier  kataf  y  Amyris  kataf ,  foliis  ternatls  , 
apice  ferratis  ^  pedicuUs  dichotomis  ^Forsk.  iEgypt.  p.  8o, 
Cet  arbre  croît  dans  l'Arabie  ;  fon  bois  efl  bl^^iç. 


Î28  B    A    U 

Dans  les  mois  pluvieux  ,  au  rapport  des  Arabes  ,  cet 
arbre  paroît  fe  gonfler  ,  &  enfuite  cette  forte  d'épaif- 
liiTement  fe  réfout  en  une  pouiïïere  rouge  d'une  odeur 
tres-agréable  ,  6c  dont  les  Dames  du  pays  fe  fervent 
pour  fe  parfumer  la  tête. 

Le  Balfamicr  kafal ,  Amyrïs  kafal ,  Forsk.  ibid.  Cet 
arbre  fe  trouve  aufîi  en  Arabie  ;  mais  il  efl  plus  haut  ; 
fon  bois  eft  rouge  &:  fes  rameaux  font  épineux  à  leur 
fommet  ;  fes  feuilles  font  velues  dans  leur  jeunefTe  ; 
elles  deviennent  glabres  en  vieilliiTant  ;  fl  on  entame 
fes  fruits  ,  dont  la  pulpe  efl  verte  ,  &  d'une  odeur 
de  baume  trei-fuave  ,  il  en  découle  un  baume  réfi- 
neux  ,  qui  (^il  blanchâtre.  Son  bois  efl  im  objet  con- 
fidérable  de  commerce  dans  ce  pays  ;  on  le  tranfporte 
en  Egypte ,  où  l'on  s'en  fert  pour  faire  contracter  aux 
vaiiTeaux  ae  tcne  qu'on  expofe  à  fa  fumée ,  un  goût 
qui  plaît  dans  cette  région.  M.  le  Chevalier  de  la  Marck 
préfume  que  le  Balfanifr  kafal  pourroit  bien  être 
î'arbre  m^eme  d'où  découle  la  myrrhe.  Voyez  ce  mot. 

Le  Baljamhr  huileux  ;  Amyas  oleofa  :  Nanarï  menjac 
Malaicenfiiim.  Cet  arbre  croît  dans  les  Moluques  ; 
fes  fruits  font  d'un  bleu-noirâtre  ;  lorfqu'on  entams 
l'écorcede  fon  tronc  ,  il  en  découle  d'abord  un  fuc  hui- 
leux ,  tranfpar  rnt  &:  jaunâtre ,  &  enfuite  une  vifcclité 
qui  noircit  en  peu  de  jours  ,  &:  fe  change  en  petits 
grumeaiLX  qui  adhèrent  à  l'arbre.  Ces  fucs  réfmevix  ont 
une  odeur  forte  ,  cependant  agréable. 

B  AU  QUE.  C'ell  le  nom  eue  l'on  donne  en  Lan- 
guedoc à  une  efpece  à^ algue  à  feuilles  étroites  ,  qui 
croît  dans  les  étangs  falés  aux  environs  de  Montpellier. 
On  s'en  fert  ,  dit  M.  Deleuie  ,  pour  fumer  les  terres 
&:  pour  emballer.   Voyei  AlgtjE. 

BAURD-MANNETJES.  Le  Voyageur  Bofman  a 
appelé  ainfi  une  forte  de  guenon  noire  à  barbe  blan- 
che ,  &  qui  doit  être  rapportée  à  i'efpece  du  Talapoin, 
Voyez  ce  mot, 

BAZAN.   Foye?  Pasan. 

BDELLIUM. 


B   D    E  BEA  129 

BDELLIUM.  C'eft  une  gommc-réfine  qui  vient  d'Arabie 
&  des  Indes  :  les  Auteurs  ne  s'accordent  point  fur  l'arbre 
qui  la  produit.  Samuel  Date  foupçonne  que  c'eft  un 
arbre  femblable  à  celui  qui  s'appelle  arbor  laclefceiis  acu- 
katii  ,  folÏLs  qiurnis  ,  Amtricana^  D'autres  prétendent 
que  c'efl  une  efpece  de  palmier  appelé  par  les  Arabes 
Diiiun  ou  MokhL  Quoi  qu'il  en  loit ,  l'expérience  ap- 
prend qu'une  partie  du  bddlium  le  dilTout  dans  l'eau ,  & 
l'autre  dans  l'efprit  de  vin  ;  que  toute  fa  fubftance  fe 
diffout  dans  l'efprit  de  vin  tartarifé  ,  dans  les  liqueurs 
alkalines ,  dans  le  vin  &c  le  vinaigre.  Cette  gomme^réJïne\ 
à  l'extérieur  ,  reffemble  un  peu  à  la  myrrhe  commune  ; 
elle  eft  ou  en  lames  demi  -  tranfparentes  ,  de  couleur 
grife  -  jaunâtre  ,  ou  en  malles ,  &  d'un  brun  un  peu 
îouffâtre  à  l'intérieur  ;  elle  s'amollit  dans  la  bouche  &: 
s'attache  aux  dents  ;  elle  eft  d'une  faveur  un  peu  amere 
&  vapide  :  la  partie  réfmeufe  s'enflamme  en  partie  fur  le 
feu  ,  &  pétille  à  caufe  de  la  partie  faline  aqueufe.  On 
lait  peu  d'ufage  à  l'intérieur  du  bdcluum ,  mais  on  l'em- 
ploie extérieurement  pour  réfcudre  les  tumeurs ,  déter- 
ger  les  plaies  &:  les  conduire  à  cicatrice. 

BEARFISCH  ,  Infede  marin  ,  très-malfaifant ,  & 
nommé  ainfi  en  Norvège.  Son  corps  eft  recouvert 
d'une  écaille  blanchâtre  ,  dure  ,  brillante  &  cornée  ^ 
divifée  en  deux  anneaux  de  cercles  ;  &  par  le  deffous 
&  du  côté  plat ,  il  a  douze  pattes.  Cet  infeûe  attaque 
diverfes  fortes  de  poifibns  ,  Ôc  fur -tout  la  morue. 
Hijîoirc    Naturelle  dz  Norwege. 

BEAUMARIS  -  SHARK.  Penn.  Brit.  Zool.  tom.  j. 
p.  104.  tah,  ly.  Voyez  Nez  (le). 

BEAUMARQUET.  Nom  donné  à  un  moineau  de 
la  Côte  d'Afrique  ,  (/?/.  enL  203./^,  i.)  d  ne  le  pli- 
mage  eft  varié  &:  peint  de  couleurs  fort  brillantes  ; 
près  du  bec  &  à  la  gorge ,  d'un  rouge  éclatant  ;  cendré 
fur  le  derrière  de  la  tête  ;  le  dos  &  les  couvertures 
des  ailes  ,  jaune-verdâtre  ;  le  pennage  des  ailes  noir  ; 
les  plumes  de  la  queue  rouges  ^  le  cou  orné  d  ua 
Tome  IL  I 


130  BEC 

collier  d'un  beau  jaune  ;  tout  le  deffous  du  ventre  &Z 
de  la  poitrine  à  cercles  noirs- jaunâtres  ,  avec  un  point 
blanc  ;  le  bec  &:  les  pieds  rougeâtres» 

EÉCADE.    Foye:^  BÉCASSE. 

BÉCARDE.  M.  c^e  Bujffon  donne  ce  nom  à  une 
efpece  d'oifeaux  qui  lui  a  été  envoyée  de  Cayenne  , 
l'une  fous  le  nom  de  pk-gmchc  grife ,  pi.  enl.  304, 
&  l'autre  fous  le  nom  de  pk-gricche  t achetée  ,  pi.  enl. 
373.  Ces  oileaux  lui  paroiflent  être  d'une  efpece  dif- 
férente de  nos  pies-grieches  d'Europe  :  il  les  nomme 
hécardes  à  caufe  de  la  groileur  &.  de  la  longueur  de  leur 
bec  ,  qui  eft  de  couleur  rougeâtre  ,  mais  noir  à  fa 
pointe  ,  où  il  fe  courbe  en  un  crochet  très-fort;  ces 
hécardes  différent  encore  de  nos  pies  -  giicches  ,  en  ce 
qu'elles  ont  la  tête  toute  noire  ,  ainii  que  le  pli  de 
l'aile  ,  les  grandes  pennes  &;  la  queue  ,  &  l'habitude 
du  corps  plus  épailïe  6c  plus  longue  ;  le  refie  du  plu- 
mage efl  cendré  ,  même  les  pieds  ;  les  ongles  font 
noirs.  L'oifeau  qu'on  lui  a  envoyé  de  Madagalcar  fous 
le  nom  de  vanga  ,  lui  paroît  être  de  ce  genre  :  on 
l'appelle  hécarde  à  ventre  blanc  ;  c'eft  Yécorcheur  de 
Madagafcar  5  pi.  ml,  228  ;  l'occiput  ell  d'un  noir- 
verdâtre  ;  le  relfe  de  la  tête  &  tout  le  plumage  in- 
férieur font  d'un  beau  blanc  ;  le  refie  du  plumage 
fupéri^ur  elt  noir ,  chaque  plume  étant  bordée  de  noir- 
verdâtre  ;  les  plumes  de  la  queue  &  des  ailes  offrent 
vm  peu  de  blanc.  On  diflingue  encore  une  bécarde  à  veritr^ 
jaune  ;  c^eûl^pie-griechc  Jaune  de  Cayenne,  de  M.  Brijjon^ 

BEC  d'oiseau  ,  Pvofirum.  C'eft  cette  partie  de  la 
tête  des  oifeaux  qui  leur  tient  lieu  de  bouche  ,  &  qui , 
en  effet ,  répond  par  fes  ufages  à  la  bouche  de  l'homme  ^ 
à  la  gueule  des  animaux ,  aux  mâchoires ,  à  la  trompe 
des  infectes  ,  au  lucoir  &  aux  mâchoires  des  vers  6c 
des  zoophytes ,  fans  refTembler  en  rien  d'ailleurs  à  ces 
organes.  Cette  partie  de  l'oifeau  (  le  bec ,  )  eil  remar- 
quable ;  elle  ell  en  général  longue  ,  épaifle  ,  faite 
€11  pointe  pour  fendre  l'air  y  dure  ,  folide  ,  liffe  p  àc 


BEC  131 

de  la  nature  de  la  corne  pour  fuppléer  au  défaut 
de  dents  ;  cependant  il  y  a  des  oifeaux  ,  tels  que  les 
plongeons  ,  dont  le  kx  eft  dentelé  à-peu-près  comme 
une  Icie  :  l'ufage  de  ces  faufTes  dents ,  car  elles  ne  font 
point  logées  dans  des  alvéoles  comme  les  dents  des 
quadrupèdes  ,  efî  de  retenir  le  poiiTon  gliflant  qtte 
l'oifeau  a  attrapé.  D'autres  oifeaux  ont  le  bec  crochu 
ou  arqué  pour  arrêter  &  déchirer  la  proie.  Chez  ceux 
qui  doivent  chercher  leur  nourriture  dans  les  endroits 
marécageux ,  le  bec  efl  long  &  mince  ;  au  contraire  , 
chez  ceux  qui  la  cherchent  dans  la  vafe  ,  le  bec  ell 
long  &  large.  Le  bec  des  oifeaux  leur  fert  non-feule- 
ment pour  prendre  leurs  alimens  ,  mais  ils  l'emploient 
auffi  comme  arme  ofFcnfive  &  défenfive  ;  c'eft  avec 
leur  b^c  qu'ils  conflruifent  leur  nid  ,  qu'ils  donnent 
à  manger  à  leurs  petits  ,  6c  qu'ils  arrangent  leurs 
plumes.  Quelques-uns ,  tels  que  les  perroquets  ,  les 
becs-croifés ,  &;c.  s'en  fervent  comme  d'ime  main  pour 
faifir  &  tenir  les  objets  ,  &  pour  monter  le  long  des 
arbres.  En  un  mot ,  la  Nature  a  donné  aux  difFérens 
oifeaux  des  becs  très-variés  pour  la  grandeur  &  pour 
la  forme  ,  mais  appropriés  chacun  aux  befoins  de 
l'animal ,  ainli  qu'on  aura  lieu  de  le  remarquer  à  la 
defcription  des  diverfes  efpeces  d'oifeaux.  Ce  tableau 
eft  frappant  dans  les  Cabinets  des  Curieux  ,  011  l'on 
voit  réunis  un  grand  nombre  d'oifeaux.  Foye^  Canïck 
Oiseau. 

Voici  les  dénominations  employées  par  les  Auteurs,^ 
&  qui  concernent  les  caradcres  génériques  établis  ou 
tirés  de  la  conformation  du  bec  de  l'oifeau  :  bec  en  toit  ^ 
rofîru/n  umbricatum  ;  en  hameçon  ,  hamatum  ;  en  faux  ^ 
falcatiim  ;  partie  en  faux  &  partie  en  hameçon ,  hamato^ 
falcatum  :  bec  courbe  ,  araiatum  ;  en  fautoir  ,  detuf-^ 
fatum  ;  en  forme  d'alêne  ,  fubulatum  ;  en  forme  de 
couteau  ,  cultratum  ;  en  forme  de  couteau  &  voûté  ^ 
cultrato-glbberiun  ;  en  forme  de  f[)atiile  ,  fpathulatum  ; 
conique  ,  çGnkum  ;  conique  ôc  covu'be  ,  conico-inciirvum» 

I  2 


132  BEC 

Bec  ALONGE,  Chœtodonroftrauis  ^\Ànn.\  Jacnlatorl, 
Acl.  Angl.  1765  ,  p.  89  5  t.  9.  PoiiTon  du  genre  du 
Chetodon  :  il  fe  trouve  dans  la  mer  des  Indes.  Les  in- 
fe£les  font  fa  nouniture  ordinaire  ;  auffi-tôt  qu'il  en 
apperçoit  un  qui  voltige  à  une  petite  diflance  ,  il  lui 
lance  adroitement ,  à  l'aide  de  fon  mufeau  en  forme  de 
tuyau  ,  ou  aflez  femblable  au  long  hec  de  certains 
oifeaux  ,  une  goutte  d'eau  qui  le  fait  tomber ,  6z  à 
l'inflant  il  faifit  fa  proie  6c  la  dévore.  Ainfi  la  déno- 
mination de  bec  alon^é^  &  celle  de  jacidator  y  indiquent 
le  cara£l:ere  fpéciiique  de  ce  poiiTon. 

Ce  poifibn  a  le  corps  large  ,  court ,  &  peu  épais  ; 
la  tête  large  ,  aplatie  par  les  côtés  ,  &:  tres-inclinée 
vers  le  mufeau  ,  qui  eil  d'une  fubilance  oiTeufe. 
L'ouverture  de  la  gueule  ample  ;  la  mâchoire  de  deffus 
efl  un  peu  dépaffée  par  celle  de  deffous  ;  les  narines 
ont  chacune  deux  ouvertures  ;  les  yeux  font  placés 
haut  5  arrondis  6c  tournés  de  côté.  Les  opercules  des 
ouïes  ont  beaucoup  d'écaillés ,  &  les  ouvertures  des  ouïes 
font  très-amples.  Le  dos  eil  un  peu  arqué  ;  la  nageoire 
dorfale  offre  trente-neuf  rayons  ,  dont  les  premiers 
font  fermes  ,  courts  &  épineux  ;  les  pe£lcrales  font 
amples  &  garnies  de  quinze  rayons  ;  les  abdominales 
en  ont  chacune  fix  ,  flexibles  &  rameux  ,  excepté  le 
premier  qui  eft  épais  &:  aigu  ;  celle  de  l'anus  en  a 
vingt-quatre  ,  dont  les  trois  premiers  font  épineux.  La 
queue  eft  large ,  courte  êc  d'une  forme  arrondie  ;  les 
écailles  font  grandes  &  peu  adhérentes  à  la  peau.  La 
couleur  de  tout  le  corps  eil  d'un  blanc- jaunâtre,  mar- 
qué dans  la  longueur  de  quatre  bandes  tranfverfales  ; 
il  y  a  en  outre  ,  à  l'origine  de  la  queue ,  une  ligne 
noire  tranfverfale  ,  &:  à  la  bafe  de  la  nageobre  dorlale 
une  tache  noire  alfez  grande. 

Eec    d'argent.    Voyei  à  Carùch  CARDINAL. 

Bec  de  cire.  Nom  donné  au  Smegall  rayé.  Voyez 
cî  mot. 

Bec  en  ciseaux  ,  />/,   tnL    357.  ou  Coupeur 


BEC  135 

D^EiU  ,  de  Catesby  ^  en  latin  RygchopfaÛa..  Genre 
croifeaii  dont  îe  caradere  efl:  d'avoir  trois  doigts  anté- 
rieurs palmés ,  &  un  pcftérieiir  ifolé  ;  un  trait  bien  plus 
faillant ,  &  qui  n'appartient  qu'à  lui ,  le  diûingue  de 
tous  les  bipèdes  :  le  bcc^  compoie  de  deux  pièces  minces  y 
mouiTes  à  leur  extrémité  ,  eft  édenté ,  droit ,  aplati  & 
déprimé  par  les  cotes  ;  la  mâchoire  inférieure  eft  beau- 
coup plus  longue  que  la  lupérîeure ,  fillonnée  &  creufée 
dans  fa  longueur  ,  &  les  bords  en  font  fort  tranchans. 
La  mâchoire  fupérieure*,  qui ,  lori'que  le  bec  eft  fermé , 
fe  trouve  comme  emboîtée  dans  l'inférieure ,  à  la  ma- 
nière du  tranchant  d'un  couteau  entre  les  deux  côtés 
du  m  mche  ,  cil  arrondie  en  deffus  ;  en  deffous  elle  eft 
tranchante  &  en  forme  de  lance.  C'eft  avec  ce  hzc 
d'une  conformation  fi  particulière ,  &  qui  paroît  d'un 
ufage  fi  difficile  ,  que  le  bec  m  cffcaux  prend  le  poif- 
fon  dont  il  fe  nourrit  :  il  le  failît  en  rafant  d'un  vol 
lent  la  furface  de  l'eau ,  d'aftez  près  pour  que  la  partie 
inférieure  de  fon  bec  plonge  dans  Peau  par  fon 
extrémité  ;  c'eft  de  là  qu'on  a  donné  à  cet  oifeau  le 
nom  de  coupeur  d'eau  ,  comme  celui  de  bec  m  cijcaux 
exprime  le  mouvement  &:  le  Jeu  de  fon  bec. 

Le  bec  en  c' féaux  a  plus  d'un  pied  &  demi  de  lon- 
gueur ;  fon  envergure  eft  de  trois  pieds  &  demi  ;  fon 
plumage  eft  ,  fur  le  cou  &:  le  dos ,  d'un  brun  noirâtre  ; 
le  deftbus  du  cou  &  du  corps  eft  blanc  ;  la  queue  eft 
fourchue  &:  variée ,  ainfi  que  fes  ailes ,  de  hrun-noirâtre 
fur  vm  fond  blanc  ;  fes  pieds  font  rouges  ,  les  ongles 
noirs  ;  le  bec  eft  rouge  à  fon  origine  ^  &  noir  dans  le 
refte  de  fa  longueur.  On-  trouve  cet  oifeau  ,  qui  eft 
unique  dans  fon  genre  ,  à  Cayenne  ,  à  la  Louiftane  & 
à  Saint-Domingue. 

Bec  courbé,  Voye^  Avocette. 

Bec  croise  ,  pL  eiiL  118,  en  XdXmLoxïa,  Genre 
d'oifeau  un  peu  plus  gros  que  le  moineau  franc  ,  re- 
connoiftable  fur-tout  par  la  forme  fmguliere  &;  unique 
de  fon  bec  ,  lequel  eft  compofé  de  deux  pièces  pro« 

1 3 


lon2;ées  ,  courbées  à  leur  extrémité  en  fens  contraire 
l'une  de  l'autre  ,  (  la  iupérieure  de  haut  en  bas  ,  & 
l'intérieure  de  bas  en  haut  )  &  qui  fe  croifent  mutuel- 
lement ;  ce  qui  a  fait  donner  à  cet  oifeau  le  nom  de 
h.c  crcijc.  La  fituation  de  ces  pièces  n'efl:  pas  toujours 
la  même  dans  les  oifeaux  de  cette  efpece.  Il  y  en  a 
dont  la  pièce  fupérieure  pafle  à  droite  en  fe  croifant 
avec  la  pièce  inférieure  :  &;  dans  d'autres  ,  elle  fe 
trouve  à  gauche.  La  forme  de  ce  bec  fert  à  ces  oifeaux 
pour  gi imper,  pour  s'accrocher,  pour  ouvrir,  fendre 
par  le  milieu  les  pommes  de  fapïn  ,  tous  les  fruits  des 
arbres  conifères ,  même ,  luivant  la  faifon ,  les  pommes , 
les  poires  &  autres  fruits  ,  pour  prendre  dans  leur 
intérieur  les  pépins  ou  femences  ou  amandes ,  dont  ils 
font  fort  friands  :  on  voit  cet  oifeau  au  Cabinet  du 
Jardin  du  R.oi.  On  dit  que  la  couleur  de  fon  plumage , 
excepté  celui  de  la  queue  ^  des  ailes  ,  change  trois 
fois  de  couleur  par  an  ,  fuivant  les  faifons  de  l'année  ; 
qu'il  efl  vert  en  automne  ,  jaune  en  hiver  ,  &  rougeâtre 
au  printemps  ;  d'autres  afiurent  qu'il  paile  par  chacune 
de  ces  couleurs  d'une  année  à  une  autre  :  fentiment 
qui  parcît  auffi  vraifemblable  ,  ce  changement  pouvant 
très-bien  dépendre  autant  de  l'âge  ëc  du  iéxe  de  l'oifeau 
que  de  la  mue.  Le  chant  de  cet  animal  eil  foible  mais 
afîez  agréable  ,  &  ne  fe  fait  entendre  que  pendant 
l'hiver.  Il  fait  ordinairement  fon  nid  fur  les  fapins  , 
vers  la  fin  de  l'hiver  ;  il  ne  fait  qu'une  ponte  par  an  ^ 
&  elle  ell  de  quatre  ou  cinq  œufs.  Ces  oifeaux  qui 
font  fortement  imprégnés  de  l'odeur  de  térébenthine , 
ont  cependant  la  chair  d'un  bon  goût  ;  ils  font  com- 
muns en  Allemagne  ,  en  Suéde  &  en  Nor^'ege  ;  il  en 
vient  aufTi  quelquefois  fur  les  Côtes  Occidentales 
d'Angleterre ,  où  ils  font  grand  dégât  dans  les  vergers. 
Il  y  a  environ  trente  ans  qu'on  en  vit  arriver  une 
grande  quantité  aux  environs  de  Paris.  On  ne  compte 
qu'une  véritable  efpece  de  hec  crcifé ,  celle  dont  nous 
Venons   de  parler^  Loxia  yafuolor ,   dont  le   dos  eil 


BEC  IÎ5 

ïioirâtre  ,  la  poitrine  &  le  ventre  font  d'un  brun- 
pourpre  ;  l'autre  n'eneft  qu'une  variété  ,&:  s'appelle  le  bec 
croifé  roufs atre^  Loxia  rufefccns.  Sa  tête  eil  affez  rouge. 

Bec  a   cuiller.   Voyei   Cuiller. 

Bec  a  Faucon  de  Dampkr,  Voyez  <z  /W.  Tortue, 

Becf-aaL.    Voyci   à    Carùck    TORPILLE. 

Bec-Figue,/?/,  ad.  668,  fi§,  i  ,  en  hiiin ficedula. 
Genre  de  petit  oiieau  à-peu-près  de  la  grofieur  de 
la  linotte^  qui  a  été  connu  des  Anciens;  ion  plu- 
mage efl  fort  Ibmbre  ou  d'un  gris-brun  liir  le  dos, 
&  d'un  gris-blanc  fous  le  corps.  Le  bec ,  les  pieds  & 
les  ongles  font  noirâtres.  Le  caractère  du  bec-figiLc  eft 
d'avoir  les  narines  découvertes  comme  Valouette  ;  mais 
le  doigt  poftérieur  efr  arqué.  Les  fauvettes  appartiennent 
au  genre  du  hec  -figue  ,  ainfi  que  les  petits  oifeaux 
appelés  figuiers. 

Les  hec- figues  font  friands  en  général  de  tous  les 
fruits  qui  ont  une  faveur  fucrée.  Ils  n'aiment  pas 
moins  le  raiiin  que  les  figues,  comme  le  marque 
Martial   dans  ce  diilique. 

Ciim  me  ficus  alat ,   cùm  pafcar  dulcihus   uvis  ; 
Cur  potïîis  nomen  non   dédit  uva   mihi  ? 

On  voit  de  ces  oifeaux  dans  les  lieux  oii  il  y  a 
beaucoup  de  ces  fruits;  ils  ne  quittent  que  tard,  au 
printemps ,  les  régions  du  Midi  ,  &  y  reviennent  de 
bonne  heure  en  automne  :  il  y  en  a  qui  pénètrent 
jufqu'en  Suéde.  Dans  les  pays  chauds ,  ils  deviennent 
comme  de  petites  pelottes  de  graiffe  légère  &  fon- 
dante, &  font  alors  un  manger  très-délicat.  A  Venife, 
oii  on  les  appelle  heccafico ,  on  en  fait  un  grand  corn- 
m.erce. 

En  été,  le  bec-figue  ne  fe  réunit  point  par  bandes  : 
le  mâle  ne  vit  guère  en  fociété  qu'avec  fa  femelle  ; 
il  habite  les  bois  ,  s'y  nourrit  d'infedes ,  en  atten- 
dant la  faifon  des  fruits  ,  s'y  tient  dans  les  parties 
les   plus   fourrées  ,  y  cache  fon  nid  avec  art.    Aux 

14 


136  BEC 

approches  des  premiers  froids,  les  hec-figms-  gagnent 
peu-à-peu  les  régions  Méridionales ,  ils  lé  réunillent  ^ 
ils  volent  par  bandes  :  c'efl  alors  qu'ils  font  com- 
muns dans  ces  Contrées ,  en  Italie ,  en  Grèce ,  fur  les 
Côtes  d'Afrique,  ëcc. 

Chaque  Province,  chaque  Canton  a  ,  pour  ainû 
dire  ,  lés  prétendus  bec-figues  ;  on  en  applique  le  nom 
aux  différentes  efpeces  de  cette  nombreuie  claffe  d'oi- 
féaux  à  bec  effilé,  qui,  en  automne,  becqueîent  les  figues 
6c  en  font  une  partie  de  leur  nourriture  :  c'efl:  ainfi 
que  dans  le  Bugey ,  on  donne  improprement  le  nom 
de  bec -figue  d'hiver  à  V  alouette  -  pipi  ;  &  dans  la 
Provence  à  la  linotte  vulgaire  des  vignes  :  on  l'appelle 
r'inette  en  Bourgogne;  mûrier  ou  petit  pinçon  des  bois  ^ 
en  Lorraine. 

Dans  l'Ille  de  Cayenne  il  y  a  ,  dit-on ,  plufieurs 
efpeces  de  bec-figues  qui  font ,  pour  ainfi  dire ,  les 
deiîrudeurs  des  papales^  des  goyaves^  des  baco\'es  & 
des  bananes^  dont  ils  fe  nourriiient.  Ces  oifeaux  font 
des  figuiers.   Voyez  ce  met. 

Bec  de  grue  ,  en  latin  Géranium,.  D'un  très-grand 
nombre  d'efpeces  qu'il  y  a  de  géraniums ,  on  ne  fait 
ufage  en  Médecine  que  de  trois;  favoir,  i.^  D'une 
efpece  annuelle  dont  les  feuilles  reffemblent  à  celles 
à.e\3.  mauve;  c'eft  le  Géranium columbinum  ^  Linn.  956, 
aut  folio  malvœ  rotundo  ^  C.  B.  Pin.  318;  Pes  colum- 
binum ,  Dod.  Pempt.  6 1  ,  en  françois  pied  de  pigeon 
ou  bec  de  grue;  fes  fleurs  font  affez  grandes,  rouges 
oii  bleuâtres,  portées  fur  de  longs  pédicules.  Il  vient 
en  abondance  dans  les  prés  &  dans  les  jardins. 

2.^  D'une  autre  nommée  herbe  à  Robert ,  Géranium 
Robertianum  ,  Linn.  95  5  ;  i  ,  vlride  ,  C.  B.  Pin.  3 1  ,  aut 
murale  ^  J.  B.  3  ,  480  ,  dont  les  fetiilles  font  découpées 
comme  celles  de  la  matricaire .  &  ont  ime  odeur  àt panais , 
ou  plutôt  de  lamium  :  elle  eft  bifannuelle ,  croît  fur 
les  vieux  murs ,  dans  les  haies  &  fur  les   décombres. 

La  îroifîcme  efpece,   que  l'on  nom.me   bec  de  grm 


BEC  137 

fanguin^  Géranium  fan^uincum  ,  Linn.  958  ,  ^maximo 
flore  ^  C.  B.  Pin,  318,  porte  des  tiges  nombreiifes  ,  rou- 
geâtres ,  velues  ,  &  noueufes  ,  rameufes ,  hautes  d'une 
coudée.  Sa  racine  eil  vivace  ,  épaiffe  ,  rouge  & 
fîbreufe  :  elle  poulie  tous  les  ans  de  nouvelles 
racines  dans  les  forêts  &  les  buiiTons,  même  dans 
les  prés.  Ses  feuilles  font  pétioîées  ,  partagées  ordi- 
nairement en  cinq  lobes  ou  lanières  découpées  juf- 
qu'à  la  queue  ;  chaque  lobe  eft  découpé  en  trois. 
Toutes  ces  efpeces  de  géranium  portent  des  fleurs  en 
rofe  de  couleur  purpurine,  petites,  excepté  la  der- 
nière efpece  dont  les  fleurs  font  grandes.  La  fleur 
efl  grande,  folitaire,  compofée  d'un  calice  à  cinq 
feuilles  ,  d'une  corolle  rouge  à  cinq  pétales  ,  de  dix 
étamines  réunies  à  leur  baie  autour  d'un  piilil  à  cinq 
ftigmates.  Ces  plantes  font  remarquables  par  leur 
fruit  ,  qui  reffemble  à  \m  bec  de  grue  marqué  de 
cinq  rainures.  Leur  graine  eft  jetée  dehors  quand 
elle  efl  mCire ,  par  le  recoquillement  du  bec  des  cap- 
fules.  Ces  capfules,  au  nombre  de  cinq,  renfermant 
chacune  une  femence ,  dit  M.  Delcuic ,  font  attachées 
à  la  bafe  du  pivot  du  fruit ,  &  furmontées  chacune  d'une 
lame  élaflique  placée  dans  une  des  rainures  du  pivot. 

Tournefort  compte  foixante  -  dix  -  huit  efpeces  de 
géranium  ;  ^{,  de  Cavanilk  en  porte  le  nombre  à  cent 
vingt  -  huit.  Ce  Botanifle  divife  les  géraniums  en  deux 
grandes  clafTes  ,  à  corolles  régulières  ,  &:  à  corolles 
irrégulieres.  La  première  contient  en  général  les  ef- 
peces Européennes  ,  &  a  communément  les  feuilles 
oppofées.  La  féconde  réunit  la  plupart  des  efpeces 
Africaines ,  dont  les  feuilles  font  le  plus  fouvent 
alternes  ,  &:  contient  foixante  -  onze  efpeces.  Ce 
genre  de  plantes  efl  ,  dans  l'ordre  naturel  ,  très- 
voifm  des  Malvacées,  Miller  nomme  au  moins  qua- 
rante géraniums  ,  qui  font  cultivés  en  Angleterre 
dans  les  jardins  des  Curieux  :  de  ce  nombre  il  y 
en  a    plufiçnrs   qui    le    méritent  par   la  beauté   de 


158  BEC 

leurs   fleurs.  Tels  font    le  gcramum   annuel  à  larges 
feuilles    &    à    fleurs    bleues;    le  glranlum    à    petites 
feuilles   &:  à   grandes   fleurs  purpurines;   le  géranium 
d'Afrique   à   feuilles    d'œillet  6c  à  fleurs    d'écarlate; 
îe   gcranium  Africain  qui  s'élève    en  buiffon  ,  &  qui 
efî  à  feuilles   de    mauve    &  à   fleurs    d'un  rouge  de 
carmin.   On   l'appelle  bec   de  grue ,  pot  de  feu  ,  Géra- 
nium fui  gidum.   D'autres  efpeces  de  géraniums^   outre 
la   beauté    de    leurs    fleurs   nombreufes ,   rouges    ou 
violettes ,  répandent  dans  l'atmofphere ,  après  le  cou- 
cher du   foleil,   une  odeur  fort  balfamique  ou  muf- 
quée.    Tel    ell:   le    glrajùum    mufquê ,    Géranium    mof- 
thatum  ^  folio   ad  myrrhidcm    acccdenie  ^    minus  ^   J.    B. 
3  ,  479  J  Géranium  cicutcz  foli) ,  minus  &  fupinum  ,  C. 
B.   Pin.    319;  Géranium  cicutarium  y  Linn.  951.   11  efl 
annuel.    On  en  cultive  dans    les  ferres,  chaudes  une 
efpece  dont  les  feuilles  ,  légèrement  preflees ,  laiflent 
aux  doigts  l'odeur   de  l'encens.  On   diflingue  encore 
le  glranium  trijîe ,    Géranium  trifie  ^  Linn.   950.    Il    eft 
vivace  par  la  racine.  Sa  tige  efl  une  hampe  avec  une 
feule   feuille  ,    foutenant    plufieurs    fleurs   jaunâtres , 
d'un    œil    trifle  ,    mais   répandant  la    nuit    beaucoup 
d'odeur.  Les   pétales  font  marqués   de   brun-noir  ;  le 
calice  efl  d'une  feule  pièce;  les  feuilles    qui    partent 
de   la  racine   font  très  -  découpées.     Ce    géranium   efl 
originaire  des  Indes.    Il  y   a  le  bec   de  grue    à  cercle 
non-    fur  la  feuille ,   Géranium  tonale.    Le   bec  de  grue 
panaché  ,     Géranium   variegamm.    Le  géranium  brun , 
Géranium  fufcum  ,  Linn.    (  Mantiff.  97  ).  Le  calice  efl 
velu,  &  les  pédicules  à  deux  fleurs  brunes  ôc  fran- 
gées.   Kolbe  a   le    premier  fait  mention   du  géranium 
épineux  du  Cap  de  Bonne-Efpérance ,  dont  la  racine  deffé- 
chée  efl  d'un  blanc  citrin ,  à  trous  étoiles  à  l'endroit  des 
nœuds  d'où  partent  le  chevelu.  Cette  hnguliere  racine 
«ft  très-inflammable  ,  fur-tout  au  centre  ,   noirâtre  & 
d'une  odeur   de  benjoin  mêlée  de  florax. 

M.  Linnizus  (^Mantiff,  97.  )  a  donné  l'épithete  d'/^i- 


BEC  139 

^rldum  à  un  beau  géranium^  à  prefent  très-commun, 
dont  les  fleurs  font  d'un  rouge  éclatant.  Cette  efpece 
qui  periiHe  l'hiver  ,  ell ,  fuivant  ce  Botaniile  ,  une 
production  du  géranium  inquïnans^  avec  le  géranium 
acaofum   d'Afrique. 

Ces  diverfes  efpeces  de  géraniums  font  d'excellens 
vulnéraires  aflringens  ,  fur-tout  V herbe  à  Robert^  qui 
efl  un  aflringent  très-tempéré.  L'infufion  de  izs 
feuilles  dans  du  vin  arrête  toutes  fortes  d'hémor- 
ragies ;  mais  elle  n'eil  pas  fébrifuge,  com.me  on  la 
prétendu.  Le  bec  de  grue  fangiiin ,  dont  les  feuilles 
font  ftiptiques  ,  &  dont  le  fuc  colore  en  rouge  le 
papier  bleu  auiîi  vivem_ent  que  l'alun,  arrête  le  fang 
d'une  manière  furprenante;  auffi  les  gens  de  la  cam- 
pagne en  font-ils  grand  ufage  pour  leurs  blefîiires. 
On  donne  à  ces  plantes  le  nom  à'herbe  a  Pefquinancie  , 
parce  qu'elles  font  utiles  dans  cette  maladie  ;  mais  la 
véritable  herbe  à  l'cfquinancie  ell:   la  petite  garance. 

Bec  de  hache.  Voyei   Pied-rouge. 

Bec  d'oie.  Nom  que  l'on  donne  au  Dauphin. 
Voyez  Varticle  Dauphin  ,  à  la  fuite  du  mot  Ba- 
leine. 

Bec  ouvert.  Nom  donné  à  un  oifeau  trouvé  aux 
environs  de  Pondicheri,  par  M.  Sonnerat.  Cet  oifeau 
qui  efl  de  paflage  ,  &  paroit  fur  la  Côte  de  Coro- 
mandel  ,  dans  les  trois  derniers  mois  de  l'année  , 
relTemble  aflez  au  héron,  il  en  a  les  habitudes  &: 
vit  de  la  mêm.e  manière  ;  mais  la  mandibule  fupé- 
rieure  n'a  point  fur  chaque  côté  la  rainure  longi- 
tudinale qu'on  obferve  chez  le  héron  ;  fon  bec  eft 
renflé  dans  le  milieu,  tant  en  deffus  qu'en  defîbus, 
&  ces  portions  convexes  en  dehors  du  bec  ,  font 
excavées  ou  échancrées  en  dedans  ,  ce  qui  fait  que 
les  bords  des  deux  mandibules  laiiTent  entre  elles  un 
vide  dans  le  milieu  de  leur  longueur  ;  l'ongle  du 
milieu  n'eft  pas  dentelé  comme  dans  les  hérons.  Le 
bout   du    bec   fupérieur  eil  dentelé  ;    les  doigts    de 


140  BEC 

devant  iinîs  par  une  membrane    jufqu'à  la  première 
crticulation. 

Bec  rond.  A  la  Giiiane  on  donne  ce  nom  à  des 
cfpeces  de  petits  bouvreuils^  l'un  à  plumage  bleu,  6c 
l'autre  à  ventre  roux  ,  pi.  enl.  319,  fig»  2  ;  le  premier  fe 
trouve  au  Bréfd  &  à  la  Caroline ,  l'autre  à  Cayenne  ; 
leur  bec  eft  moins  crochu  &  plus  arrondi  que  celui  de 
nos  bouvreuils.  Voyez  ce  mot. 

Bec-scie.  Oifeau  aquatique  de  laLouifiane,  dont 
le  bec  efl:  réellement  dentelé  comme  la  lame  d'une 
fcie  :  les  dents  de  la  partie  lupérieure  s'adaptent 
exaftement  avec  celles  de  la  partie  inférieure.  Cet 
oileau   ell  un  harle.  Voyez   ce  mot. 

Bec  a  spatule  ou  Palette.  Foye^  Spatule. 

BÉCASSE,  pi.  enl.  885  ,  en  latin  Stolopax.  Oifeau 
de  paffage,  très-bon  à  manger,  un  peu  moins  gros 
que  la  perdrix  .^  &  pourvu  d'un  long  bec  obtus  par 
le  bout  ;  fon  vol  efl  affez  pefant  :  le  roux ,  le  noir 
&  le  cendré  ferment  fa  couleur.  Il  a  quatre  doigts , 
trois  en  devant  &  un  en  arrière. 

Ces  oifeaux  fe  retirent  dans  l'été  fur  le  haut  ^'^s, 
montagnes  de  la  Suifle,  de  la  Savoie,  des  Pyrénées, 
des  Alpes.  L'hiver  (  dès  la  mi-Oclobre  )  ils  defcen- 
dent  dans  la  plaine,  &  alors  on  en  voit  en  France 
&:  dans  tous  les  pays  voifms.  Ils  s'envolent  par 
paires  ,  ou  un  à  un,  &  fréquentent  les  bois  humi- 
des &  les  ruiffeaux  près  des  haies ,  oii  ils  trouvent 
des  vers  dont  ils  font  leur  nourriture  ,  &  où  ils 
fe  lavent  en  même  temps  les  pieds  &:  le  bec  qui 
fe  trouvent  enduits  de  terre.  Il  paroît  qu'une  lumière 
foible  leur  convient  ;  car  c'eft  le  foir  &  le  matin 
que  les  bkajfes  volent  pour  chercher  leur  picorée; 
auffi  eil-ce  l'heure  où  on  les  prend  fur  les  lifieres 
des  bois,  dans  des  filets  à  la  paffée,  ou  fur  le  bord 
des  ruiffeaux  avec  des  lacets.  Pendant  le  jour,  elles 
fe  tiennent  cachées  :  on  dit  qu'elles  viennent  &  s'en 
vont  la  nuit  ou  par  des  temps  de  brouillards.  Les 


BEC  141 

hicajjes  regagnent  les  hauteurs  au  mois  de  Mars  ; 
elles  partent  appariées.  Il  en  refte  quelquefois  dans 
le  pays  ;  elles  y  pondent  &  y  couvent.  Elles  font 
leur  nid  à  terre ,  &:  ce  nid  eft  compofé  d'herbes 
feches  &:  de  petits  brins  de  bois  ;  elles  l'appuient 
contre  un  tronc  d'arbre  ou  une  groffe  racine  :  leurs 
œufs,  au  nombre  de  quatre  ou  cinq  par  nid,  font 
oblongs  5  un  peu  plus  gros  que  ceux  du  pigeon  ,  de 
couleur  rougêatre-pâle ,  &  bigarrés  d'ondes  &;  de 
taches  bien  foncées.  Le  père  &  la  mère  prennent 
également  foin  des  petits.  Pendant  l'incubation  ,  le 
mâle  demeure  fouvent  couché  près  de  la  femelle,  & 
ils  paffent  réciproquement  leur  bec  fur  le  dos  l'un 
de  l'autre  ,  ce  qui  ell  probablement  chez  eux  une 
marque  de  tendreffe.  Les  petits  quittent  le  nid  fort 
peu  de  temps  après  être  éclos.  Ces  oifeaux  ne  font 
entendre  le  cri  qui  leur  efl  particulier  que  dans  le 
temps  de  leurs  amours  ;  car  les  bkajfcs  font  muettes 
le  refte  de  l'année.  Si  le  vol  de  cet  oifeau  paroît 
rapide ,  il  n'eft  ni  élevé ,  ni  foutenu  ;  il  bat  des  ailes 
avec  bruit  en  partant ,  file  ou  fait  le  crochet ,  fui- 
vant  le  Heu  d'où  il  s'eft  levé  ,  s'abat  bientôt  comme 
une  màfle  abandonnée  à  fon  poids;  après  fa  chute, 
il  trotte  à  terre  avec  une  grande  vîtefîe ,  &  efl  déjà 
bien  loin  du  Chaffeur  à  Pinftant  où  il  l'apperçoit.  Au 
refle  la  hécajjl  ell  d'un  naturel  obtus ,  prefque  fhi- 
pide  ,  &:  l'efpece  de  cet  oifeau  eil:  généralement 
répandue  dans  l'un  &  l'autre  Continent.  La  chair 
de  la  bicajfc  efl:  noire  ,  mais  excellente  &  nourrif- 
fante  ;  auiïi  cet  oifeau  efl-il  très-connu  fur  nos  tables. 
Autant  l'homme  en  aime  le  fumet  &  la  faveur , 
autant  fon  odeur  &:  fon  goût  déplaifent-ils  aux  chiens  ; 
ils  répugnent  à  la  rapporter  :  on  n'y  peut  guère 
accoutumer  que  les  chiens  barbets  ,  &  tous  reiufent 
d'en  manger  la  chair. 

On  diflingue  plufieurs    variétés  de    bicajfc.   On  a 
vu,  pendant  quelques  années ,  au  Café  de  Southampton^ 


i4i  BEC 

me  de  la  Chancellerie  à  Londres ,  une  hécajfe  Manche 
confervée  dans  une  boîte  de  verre.  Son  bec  étoit 
jaunâtre,  ainfi  que    fes  jambes  &  fes  pieds. 

La  bccajjl  efl  la  bicade  de  la  Guienne  ,  &:  le  vldecoq 
de  plufieurs  autres  Contrées. 

BÉCASSE    DE     MER  ,    VOye^    HuiTRIER. 

BÉCASSE  ÉPINEUSE.  Coquillage  univalve,  cannelé  & 
tubercule ,  que  les  Conchyliologiiles  eiliment  appar- 
tenir au   genre  des   Pourpres,    Voyez    ce  mot. 

La  bécaffe  èpineufe  eil  très-fragile ,  fa  bouche  ovale 
eil  bordée  d'un  liferé  couleur  de  chair  vive.  Sa  robe 
efi  grife  &:  fauve;  elle  eft  armée,  tout  le  long  de  fa 
queue ,  d'un  grand  nombre  d'épines  courbées  ôc  arran- 
gées en  dents  de  peigne  par  quatre  compartimens  : 
il  y  en  a  une  efpece  qui  n'a  point  d'épines  ,  &  que 
l'on  nomme  feulement  tête  de  bécajfe. 

BÉCASSE  d'arbre.  Voyci  ^  l'article  Huppe. 

BÉCASSE  des  Sav ANNES  ,  pi,  enl.  895.  Sorte  de  bkaff'c 
qui  fe  trouve  très-communément  à  Cayenne;  elle  efl 
près  d'un  tiers  plus  petite  que  celle  d'Europe ,  mais 
fa  chair  eil:  auïïi  bonne  ,  &  fon  bec  eli  plus  long. 
Son  plumage  eil  d'un  brun-rouflatre ,  varié  ou  rayé 
de  noir,  fur-tout  à  la  tête;  le  haut  de  la  gorge  efl 
blanchâtre.  Cette  bka[fe  n'habite  que  les  lieux  les  plus 
bas  des  favannes  ou  prairies  qui  ne  font  pas  noyées. 
Elles  vont  par  paires ,  font  pluiieurs  pontes  de  deux 
œufs ,  nichent  fur  des  tertres ,  dans  des  trous  tapiffés 
d'herbes  feches  :  elles  fuient  les  bois. 

BÉCASSE  ,  (  poiffon  )  Centrifcus  Scolopax  ,  Linn.  A 
Gcnes  ,  Trombata  ;  à  Rome ,  Foffietta.  Poilfon  du  genre 
du  Centr'ifque,  Il  efl  long  de  quatre  pouces  ;  fon  muïèau , 
efpece  de  trompe  très  -  alongée  ,  eil:  compofé  d'un 
os  fmiple  ,  large  vers  la  tête,  droit,  étroit  par  le  bout, 
terminé  par  un  orifice  recouvert  d'un  opercule  qui 
tient  à  la  partie  inférieure ,  &  qui  s'élève  pour  fermer 
l'entrée  de  la  trompe  ,  &  s'abaifTe  pour  l'ouvrir.  La 
relTcmblaiice  vague  qu'un  premier  coup  d'oeil  a  indi* 


BEC  143 

qiiée  entre  cette  partie  &  celle  qui  lui  correfpond 
dans  certains  animaux ,  a  fait  donner  à  ce  poitibn  , 
félon  les  pays  ,  les  noms  ^cUphant  &c  de  hécaffe . 
D'autres  rapprochemens  ont  produit  les  dénominations 
populaires  de  JcuJIa  &C  de  trompuu. 

Le  corps  de  ce  poiilon  eil:  comprimé,  large  d'un 
pouce ,  couvert  d'ccailles  rudes  ;  les  yeux  grands  ; 
les  iris  blancs ,  nues  de  rouge  ;  le  devant  du  ventre 
en  forme  de  tranchant  aigu  ;  les  deux  nageoires  dor- 
fales;  la  première  confiile  en  une  arête  trts-longue, 
très-forte,  &  articulée;  elle  s'abaifle  vk  le  relevé; 
elle  eft  dentée  fur  les  côtés  :  autour  de  cette  arcte 
font  trois  autres  petites  ;  la  deuxième  nageoire  dorfale 
a  douze  rayons;  les  pedorales  en  ont  quatorze;  celle 
de  l'anus  en  a  dix  -  huit  ;  la  queue  eft  légèrement 
fourchue;  au  lieu  des  nageoires  abdominales  fe  trou- 
vent deux  dents  comme  offeufes,  &:  au-dcilbus  une 
troifieme  dent ,  plus  longue  que  les  autres. 

On  préfume  que  ce  poiffon  efl:  le  même  que  le 
Balaou ,  qui  fe  trouve  abondamment  à  la  Martinique , 
ôc  qui  eft  bon  à  manger;  il  fe  laifl'e  facilement  prendre 
à  la  lueur  d'un  flamibeau ,  avec  de  petites  foênes  garnies 
d'hameçons  redreffés  ou  d'un  rets  autour  d'un  cercle. 

BÉCASSEAU ,  Trin^a ,  (quelques  Auteurs  l'ont  non> 
mé  C indus  ,  &  d'autres  Glanola  ).  Nom  donné  à  un 
genre  d'oifeau  différent  de  celui  de  la  bécajjl ,  6l  dont  on 
diflingue  plufieurs  efpeces.  Le  caraâere  du  bUaffeau 
efl  d'avoir  quatre  doigts  à  chaque  pied,  trois  devant 
&  un  derrière,  le  bec  d'un  vert  obfcur,  croit  juf- 
qu'au  milieu  de  la  longueur  un  peu  obtus  ,  &  légère- 
ment courbé  vers  la  pointe. 

Le  bécajfeaîi  vulgaire  ,  pi.  enL  843  ,  Gui  perte  aufîl 
le  nom  de  cul-blanc  ^pied-vert  ,  pive:te  ^Jiffl^jjon  ,a  les 
pieds  verts  ,  le  corps  bmn  tacheté  de  blanc  ,  le  cou 
cendré  tacheté  de  brun ,  ck  eft  de  la  grofîeiLr  du  pluvier 
doré.  Les  ailes  étant  croifées  font  prefoue  de  la  lon- 
gueur de  la  queue  j  les  pieds  font  verdâtres  6c  les 


144  BEC 

ongles  noirâtres  :  ce  bécajfcau  fe  plaît  'dans  les  lieux 
pailîbles  &  iblitaires  ,  excepté  dans  les  temps  de  l'ap- 
pariement;  alors  le  mâle  &  la  femelle  vont  de  com- 
paonie  ;  mais  on  ignore  en  quels  lieux  ils  font  leur 
j3onte.  Ils  fréquentent  ordinairement ,  pendant  la  fin  de 
l'Eté  &  l'Automne  ,  les  bords  découverts  ëc  fableux 
des  rivières  &:  des  ruilleaux  ;  cet  oifeau  fe  nourrit  de 
vers  &  de  différentes  efpeces  d'infedes  qui  vivent  dans 
i'eau  ou  en  peuplent  les  bords  ;  il  les  prend  à  la 
courfe  ou  au  vol  ;  il  entre  aifez  fouvent  dans  Peau , 
&  on  l'y  voit  faifir  fa  proie  ;  il  court  légèrement  &: 
avec  grâce  ,  en  balançant  fouvent  la  queue  ;  il  rafe 
en  volant  la  furface  de  l'eau  ;  fon  cri  n'eft  pas  défa- 
gréable.  Les  bicajfcaux  n'ont  de  rixes  entre  eux  qu'à 
la  découverte  d'une  proie  ou  plus  abondante  ,  ou  pour 
laquelle  ils  ont  un  goût  plus  décidé. 

BECASSINE  ,  pL  ml,  883  ,  en  latin  Gallinago 
mïnor.  Oifeau  de  paffage  ,  de  la  groffeur  à-peu-prés 
de  la  caille ,  remarquable  par  la  longueur  de  fon  bec 
qui  a  près  de  trois  pouces.  Les  plumes  du  dos  de  cet 
oifeau  font  de  la  couleur  de  celles  de  l'alouette  ;  le 
dellous  de  la  gorge  &  des  ailes  elf  blanc  Ôc  entremêlé 
agréablement  de  noir  dans  plufieurs  endroits.  L'iris  des 
yeux  ell  de  couleur  de  noifette  ,  les  pattes  font  d'un 
vert  pâle  ,  les  doigts  font  longs  &  féparés  dès  leur 
naiflance.   La  bkafjim  eft  du  genre  de  la  bécajfc. 

Ces  oifeaux  nous  arrivent  de  l'Allemagne  en  Au- 
tomne 5  &:  s'en  retournent  au  Printemps  :  ils  vivent 
afléz  folitaires  ,  &  habitent  les  prairies  balles ,  les  lieux 
marécageux  :  ils  fe  plaifent  fur  les  bords  des  petites 
mares  d'eau ,  ou  dans  les  herbages  &  les  plants  d'ofiers 
qui  bordent  les  rivières  ,  où  ils  cherchent  des  vers 
&  d'autres  infedes  à  l'aide  de  leur  bec.  Ils  nichent 
quelquefois  dans  les  parties  les  moins  acceffibles  de 
nos  marais  ;  ils  placent  leur  nid  au  pied  des  faules 
ou  des  aunes  ;  ce  nid  efl  conllruit  d'herbes  feches , 
àc  garni  de  plumes   à  l'intérieur.   La  femelle   pond 

quatre 


BEC  14^ 

t[uatfe  où  cinq  œufs  blancs  tiquetés  ck  rouge.  Lorfqué 
k  bkajjinz  prend  Ion  efîbr  ,  elle  jette  un  petit  cri  : 
€lle  eft  fort  diiîicile  à  tirer ,  à  moins  qu'on  ne  choiiifle 
l'inflant  où  elle  vole  en  ligne  droite  ;  car  fon  vol  eft 
k  plus  communément  îrèi-fiaueux  ,  c'eil-à-dire  ,  en 
crochet. 

L'efpece  de  la  hkajjim  ell  très-rcpandue  flir  les  terres 
<ies  deux  Continens.  On  en  voit  beaucoup  dans  les 
parties  Méridionales  de  la  France.  Elles  font  très- 
communes  en  Hollande  depuis  le  mois  de  Décembre 
jufqu'à  l'entrée  du  Printemps.  Celle  du  Cap  de  Bonne- 
Efpérance  ,  pL  ml,  270  ,  a  en  quelque  forte  le  plumage 
du  geai  ;  celle  de  Madagafcar ,  pL  enl.  ^"i-^L  ^  eft  de  la 
groffeur  <le  la  nôtre ,  mais  elle  a  le  bec  beaucoup  plus 
court  &:  les  jambes  moins  longues  ;  celle  de  la  Chine  , 
pL  e?îL  881  ,  a  le  plumage  fuperieur  rayé  ou  moucheté 
de  brun ,  de  noir  ,  de  blanc  &  de  jaimâtre  ,  fur  un 
fond  gris-bleuâtre  ;  l'inférieur  eft  blanc  ou  blanchâtre, 
cependant  le  haut  de  la  poitrine  offre  une  large  bande 
noire.  Celle  de  Madras  a  le  plumage  de  la  perdrix ,  & 
le  doigt  poflérieur  eft  auiîi  long  que  ceux  de  devant. 
La  hkajjîn-z  d'Angleterre  ou  d'Écofle  a  au  contraire  le 
doigt  poilérieur  fort  coiu-t.  C'elt  le  dunlin  des  Anglois , 
ou  la  brwutu,  La  blcajfim  de  favannc ,  ou  de  Cayenne  , 
efl  im  peu  plus  groiie  que  la  nôtre.  A  l  égard  de  la 
bécafjhie  blanche ,  Voyez  Chevalier  blanc,  La  bccajjîne.  eft 
im  mets  délicat  &  fort  recherché. 

La  petite  bkajjîne  proprement  dite  ,  pi.  enl,  884  ," 
ri*eft  pas  li  répandue  que  la  grande  bkajjim  ;  elle  fô 
tient  cachée  fous  les  joncs  &  les  plantes  aquatiques  ; 
elle  ne  quitte  pas  nos  marais  ^  elle  y  niche  ;  fa  chair 
ell  aulU  très  -  eilimée  ;  les  Chafleurs  l'appellent  la 
fourde  ,  par  ce.  qu'elle  reife  obflinément  à  terre  ,  malgré 
îe  bruit  qu'on  fait  en  venant  à  elle  ;  fon  vol  eil 
moins  rapide .  &  moins  finueux.  Les  Pourvoyeurs  & 
les  Traiteurs  à  Paris  lui  donnent  improprement  le  nom 
de  bkajfcau. 

Tome  11^  K 


t46  .BEC 

BECCABUNêfA  ,  Vcronica  aquatlca.  Cette  planté 
eft  une  véronique  aquatique  qtii  croît  fur  le  bord  des 
niifTeaux.  On  en  diltinge  deux  efpeces  : 

'  La  première  eft  la  Véronique  crejjonnée  ,  Veronica, 
Bcccabunga  y  Linn.  1 6  ;  Vcronica  aquatica  major  folio 
fubrotundû  ,  Morif.  Hifî.  Oxon.  Part,  i ,  322  ;  c'eft  le 
Beccabunga  à  feuilles  rondes.  Ses  racines  font  vivaces , 
fîbreufes ,  blanches  &:  rampantes  ;  fes  tiges  font  un  peu 
couchées  fur  terre ,  ^stendres  ,  cylindriques  ,  rougeâtres 
&  branchues.  Ses  feuilles  font  très-liifes  ,  d'un  vert 
foncé  ,  épaiffes ,  ovales ,  arrondies  ,  oppofées  deux  à 
^eux.  Des  nœuds  des  tiges  s'élèvent  des  pédicules 
branchus  portant  quelques  fleurs  bleues  ,  fort  jolies  , 
en  rofette ,  découpées  en  quatre  parties  ,  dont  il  y  en 
a  toujours  une  plus  petite  ;  caradere  diftin£lif  des 
véroniques  :  le  fruit  a  la  figure  d'un  cœur.  On  fait 
im  grand  ufage  de  cette  plante  ,  ainfi  que  de  l'autre 
efpece  qui  efl  plus  petite  :  on  les  préfère  à  toutes  les 
autres  plantes  antifcorbutiques  ,  parce  qu'elles  font 
moins  acres.  Mangée  en  falade  comme  le  crefTon  de 
fontaine ,  elle  efl  très-utile  aux  tempéramens  fecs  & 
chauds. 

La  deuxième  efpece  eft  le  Bcccabunga  à  feuilles 
longues  ,  Vcronica  aquatica  ,  major ,  folio  oblongo  , 
Morif.  ibid.  323;  Vcronica  anagallis  ,lÀnn.  16;  on 
l'appelle  aufTi  Véronique  mouronnéc.  Elle  diffère  peu  de 
la  précédente  ;  fes  tiges  font  plus  droites ,  mais  fes 
feuilles  font  étroites  ^l  pointues. 
"V  BECCARD.    Voyei  à  l'article  SAUMON. 

BECHARU.  Hifi.  de  l'Acad,  toni.  lîl.  C'efl  le  Fia-- 
mant  de  M.  Briffon  ,  ou  le  Flambant  de  Belon  ;  le 
Flamant  d'Amérique  des  pL  cnL  63  ;  le  Phénicoptere  ^ 
en  latLn  Phœnicoptcrus  ;  en  anglois  Flamingo  :  les  Habi- 
tans  de  la  Guiane  l'appellent  Tococo.  M.  Mauduyt  dit 
que  le  mot  phénicoptôre  dérivé  du  nom  que  les  Grecs 
avoient  donné  à  l'oifeau  que  nous  nommons  aujcur-* 
à'h\xi  flambant  çu  flamant^  fignifie ,  feloii  ion  étymo-j 


BEC  î^'7 

îogîe  5  ci/eau  aux  ailes  de  jlamtiu  ,  &  peînt  bien  le 
phénicoptere  ,  dont  les  ailes  font  en  effet  d'un  rouge 
très-vif.  Le  nom  de  becharu  lui  a  été  donné  à  caufe 
de  la  figure  particulière  de  fon  bec  ,  qui  eft  recourbé 
comme  le  manche  d  une  charrue. 

Cet  oifeau  eil  feul  de  fon  efpece ,  &  compofe  lui  feul 
un  genre  particulier  :  fes  caraâeres  font  quatre  doigts  , 
dont  les  trois  antérieurs  fe  trouvent  joints  enfemble 
par  des  membranes  entières ,  le  polîérieur  efî  féparé  ; 
les  jambes  avancées  vers  le  milieu  du  corps ,  hors  de 
l'abdomen  ,  6c  plus  longues  que  le  corps  ;  le  bec  affez 
gros ,  dentelé  ,  courbé  en  en-bas  vers  le  milieu  de  fa 
longueur  ;  la  mandibule  inférieure  plus  large  que  la 
fupérieure  ;  la  partie  inférieure  des  jambes  (^àts  cuiffes) 
dégarnie  de  plumes. 

Le  becharu  ou  phénlcoptere  a  le  corps  peu  épais  , 
les  jambes  &  le  cou  menus  &  exceffivement  longs. 
Cette  difpofition  &  la  forme  fmguliere  de  fon  bec  le 
rendent  un  oifeau  en  quelque  forte  bizarre ,  mais  dis- 
tingué par  la  beauté  de  fon  plumage  ;  il  a  les  pieds 
palmés ,  quoiqu'il  ne  nage  pas  &:  qu'il  ne  fréquente 
que  les  rivages.  Les  phznïcoptercs  différent  beaucoup 
pour  la  taille  &  même  pour  le  plumage.  M.  Maudayt 
dit  que  ceux  qu'on  voit  le  plus  ordinairement  ont 
quatre  pieds  quelques  pouces  du  bout  du  bec  à  celui 
de  la  queue  ,  &:  environ  fix  pieds  jufqu'à  l'extrémité 
des  doigts  :  ils  ne  font  guère  plus  gros  que  VoU 
dojnejîiqiie'^  leur  envergure  efl  de  cinq  pieds  quelques 
pouces  ,  &  les  ailes  pliées  s'étendent  jufqu'au  bout  de  la 
queue  ;  les  yeux  font  petits  ;  l'iris  ordinairement  rouge  : 
tout  le  plumage  ,  pourfuit  M.  Mauduyt  ,  efl  d'un 
très-beau  rouge  ,  plus  vif  cependant  fur  les  ailes  , 
excepté  les  grandes  pennes  qui  font  noires  ;  le  bec  , 
îa  partie  nue  des  cuiiTes,  les  jambes,  les  doigts,  leurs 
membranes  &  les  ongles  font  rouges  ;  mais  le  bec  eft 
noir  par  le  bout. 

li  ffiut  obfervcr  que  ^  dans  la  première  année  ,  îe-§ 

'Kl 


148  ^    E    C 

phcnicoptcres  ont  le  plumage  varié  de  blanc  &  de  grïs  J 
excepté  les  grandes  pennes  de  l'aile  qui  font  déjà  noi- 
res ;  le  bec  &  les  pieds  font  gris  :  dans  la  ieconde 
année  ,  la  tête  ,  la  gorge  &  tout  le  corps  font  d'un 
blanc  animé  par  une  teinte  couleur  de  rôle  ;  les  grandes 
pennes  de  l'aile  font  noires  ;  les  plumes  fcapulaires 
&  les  couvertures  des  ailes  font  d'un  rouge  aflezvif, 
&  Ce^  alors  que  cet  oifeau  mérite  vraiment  l'épithete 
(  aux  ailes  de  fiarmm  )  que  les  Grecs  lui  avoient  donnée  ; 
il  a  le  bec  &  les  pieds  jaunes  ,  ou  d'un  jaune  -  rou- 
geâtre  avec  l'extrémité  d'un  bleu -noirâtre  :  ce  n'efl 
qu'à  la  troifieme  année  que  le  pkénicopterc  devient  tout 
rouge  ,  &:  tel  que  nous  l'avons  décrit  d'abord  ;  &: 
comme  il  y  a  de  ces  oifeaux  d'un  rouge  plus  vif  les 
uns  que  les  autres  ,  il  eil  très-probable  que  ce  font 
les  mâles  qui  font  les  plus  fortement  colorés  ;  l'Or- 
nithologiile ,  que  nous  citons ,  a  obfervé  que  tous  les 
phénicoptzrcs  qui  nous  viennent  d'Amérique  ,  ont  le 
plumage  de  tout  le  corps  d'un  rouge  plus  uniforme  & 
plus  foncé  que  ceux  qifi  nous  font  apportés  de  l'an^ 
cien  Continent  ;  le  corps  de  ces  derniers  efl  d'un 
rouge-rofe  vif,  &:  les  ailes  couleur  de  ponceau  :  ceux 
d'Amérique  font  aufîi ,  en  général ,  un  peu  plus  grands 
que  ceux  du  vieux  Monde  ;  au  refte  ,  les  dilférens/7/zti- 
nicopteres  font  tous  de  la  même  efpece  ,  &:  les  diffé- 
rences qu'on  remarque  entre  eux  ne  tiennent  qu'à  des 
circonflances  locales  &:  dépendantes  probablement  du 
climat  ;  ajoutons  ,  de  l'âge  &  du  fexe. 

M.  Mauduyt  dit  que  le  phèiiicopt^re  habite  en  général 
les  Contrées  du  Midi  :  on  le  trouve  dans  l'ancien 
Continent  ,  depuis  les  bords  de  la  Méditerranée  , 
jufqu'à  la  pointe  la  plus  auHrale  de  l'A.frique  ;  les 
Côtes  qu'il  fréquente  en  Europe  ,  font  celles  d'Ef- 
pagne  ,  d'Italie  ,  de  Provence ,  de  Languedoc  ,  parti- 
culièrement vers  Montpellier  &  Martigues ,  &,  les 
marais  près  d'Arles.  Ces  oifeaux  font  très-communs 
fur  toutes  les  Côt*s  Occidentales  de  l'Afrique  ;  on  les 


BEC  149 

connoît  en  Amérique ,  à  Cuba,  à  la  Côte  de  Vénézula  , 
aux  Ifles  de  Bahama ,  à  Saint-Domingue ,  aux  Antilles  , 
à  la  Guiane  ,  au  Pérou  ,  au  Chili,  &c. 

Le  Père  Labat  dit  que  ,  près  de  Gefines  ,  eft  ua 
village  habité  par  des  Nègres  ,  où  ces  oifeaux  font 
regardés  comme  facrés  ;  ils  s'y  raffemblent  par  milliers  , 
fur  les  arbres  ,  &  y  font  un  bruit  qu'on  entend  d'un 
quart  de  lieue  :  malheur  à  un  étranger  qui  feroit  fur- 
pris  ,  par  ces  Nègres  fuperflitieux  ,  à  tuer  un  de  ces 
oifeaux  facrés  ,  ils  en  vengeroient  l'injure  &C  la  mort. 

Ces  oifeaux  font  voyageurs ,  mais  feulement  entre 
les  latitudes  méridionales  ;  ceux  que  l'on  voit  quel- 
quefois dans  l'intérieur  des  terres  &  dans  les  Régions 
Septentrionales ,  font  égarés  6c  hors  de  leur  route.  Ils 
volent  fouvent  en  troupes  très-nombreufes  ,  &  quel- 
quefois ils  voyagent  feuls  ;  ils  font  leurs  nids  fur  les 
terres  baffes  6c  noyées  ;  ce  font  des  amas  d'une  ten-e 
glaifeufe  ,  relevés  d'environ  vingt  pouces  ;  ils  ont  la 
forme  d'un  cône  tronqué  ,  dont  la  bafe  ,  qui  a  ua 
pied  &  demi  de  diamètre  ,  refte  plongée  dans  l'eau  , 
èc  dont  le  fommet ,  à  fec  &  defféché  ,  creux  ôc  dé- 
primé ,  reçoit  immédiatement  les  œufs  ,  fans  aucune 
fub fiance  intermédiaire.  Au  rapport  des  Voyageurs  , 
la  femelle  couve  fes  œufs  ,  les  jambes  pendantes  6c 
tombantes  dans  l'eau  ,  comme  un  homme  affis  ou  à 
califourchon  fur  un  tabouret  ;  la  ponte  efl  de  deux  ou 
trois  œufs  ,  blancs ,  gros  comme  ceux  de  Voie ,  un  peu- 
plus  alongés  ;  les  petits  ,  peu  de  jours  après  leur  naif- 
fance  ,  courent  avec  une  linguliere  vîteffe  ,  mais  ils  ne 
volent  que  quand  ils  ont  acquis  à-peu-près  toute  leur 
grandeur. 

Ces  oifeaux  fe  nourriffent  de  coquillages  ,  de  frai  de 
poiffons  ,  d'infedes  aquatiques  ;  ils  cherchent  leurs  ali- 
mens  en  enfonçant  leur  bec  dans  la  vafe  ,  &  en  la 
remuant  continuellement  avec  leurs  pieds ,  qu'ils  agi- 
tent en  les  levant  &  les  baiffant  fans  ceffe  :  ils  man- 
jgent  auffi  du  poiffon  ,   &  les  dentelures  de  leur  beg 


îjo  BEC 

leur  fervent  également  à  faifir  &c  retenir  tous  lès  alî- 
mens  qui  leur  font  propres. 

Ces  oifeaux  ,  en  cherchant  &  faififfant  leur  picorée , 
remuent  ça  &  là  leur  tête ,  mettent  le  defiiis  du  bout 
du  bec  à  plate  terre  ,  &:  leur  cou  femble  ie  tordre. 
Le  bec  linguher  du  phmicoptcre  a  mérité  l'attention  de 
plufieurs  favans  Naturalises  &  d'Anatomilîes  habiles  , 
ïans  qu'ils  Ibient  d'accord  laquelle  de  la  portion  fupé- 
rieure  du  bec ,  ou  de  l'inférieure ,  efl  mobile ,  6c  laquelle 
efl  immobile  ;    c'efl:  encore   ,  dit  M.   Mauduyt  ,  un 
point  à  éclaircir  dans  l'hifîoire  de  cet  oifeau  fmgulier 
&  unique  dans  fon  genre.  Les  plièiiïccpurcs  s'éloignent 
fort  peu  des  rivages  de  la  mer  ,  &  ne  fréquentent  guère 
ceux  des  fleuves  qu'à  leur  embouchure  ;  foit  qu'ils  pè- 
chent ou  qu'ils  fe  rcpofent  fur  la  plage  ,  ils  ont  l'ha- 
bitude ,  quand  ils  font  en  troupe ,  ce  qui  efl  le  plus 
ordinaire  ,  de  fe  ranger  ,  \ts  jeunes  &  les  vieux  mêlés, 
fur  une  feule  file:  m.ais  ,  comme  ils  font  tres-méfîans, 
il  relie  toujours  quelqu'un  d'eux  pour  faire  fentinelle , 
examiner  ce  qui  fe  pafîe  ,  &  au  befoin ,  donner  l'alarme 
par   un  cri  ailez  ienibîable  au  fon  d'une  trompette  : 
alors  toute  la    troupe  ,    voyant    le  danger    de  refrcr 
plus  long-teînps  dans  cette  liation ,  prend  fon  vol ,  en 
obfei-v-ant   un  ordre   femblable   à   celui    des  ^rucs.  Si 
cependant  on  peut  les  approcher  en  fe  cachant,  &  que 
l'on  en  tue  \\\\  à  coup  de  fufil ,  il  arrive  quelquefois 
eue  les  autres ,  faifis  d'étonnement ,  prennent  difficile- 
ment leur  eiibr.  On  prétend  que  ,  comme  les  grues  ^ 
les  phênlcopures  dorment ,  en  Europe ,  les  pieds  pofés 
a  terre  fur  un  pied. 

Le  phinicopure  ,  quoique  très-fauvage  ,  ou  peut- 
être  très  -  craintif  dans  l'état  de  liberté  ,  s'apprivoife 
affez  facilement  ,  fur-tout  étant  pris  jeune  ;  mais  il  a 
de^  la  peine  à  s'accoutumer  à  nos  cUmats  ,  dans  les 
ménageries  où  il  languit  &  vit  peu  de  temps  :  dans 
quelque  pays  qu'on  le  retienne  captif,  il  refufe  de  fe 
reproduire.  ;  il  y  a  apparence  que  le  défaut  d'alimens^ 


BEC  ijt 

convenables  lui  nuit  autant  en  domeflicité  dans  nos 
contrées  ,  que  la  température  du  climat  ;  il  trempe 
dans  l'eau  le  pain  dont  on  le  nourrit  ,  6c  il  mange 
plus  de  nuit  que  de  jour. 

En  Amérique  ,  les  Indiens  tirent  parti  du  beau 
plumage  de  cet  oifeau  ;  ils  en  font  des  colliers  ,  des 
bonnets  ou  tours  de  tête  ,  des  ceintures  &  autres 
atours  dont  ils  fe  parent  très-fouvent.  On  peut  em- 
ployer le  duvet  de  ces  oifeaux  aux  mêmes  ufages 
que  celui  du  cygne.  Les  Anciens  regardoient  la  chair 
du  phinicc'ptere  ,  encore  jeune  ,  comme  un  mets  fort 
exquis  ,  &:  c'eit  encore  le  fentiment  de  plufieurs  Voya- 
geurs ;  fa  langue  ,  dit-on  ,  a  un  goût  de  moelle  de 
bœuf;  on  en  fervoit  affez  communément  fur  la  table 
du  Prince  Héliogabale,  Cependant  à  Montpellier  ,  où 
l'on  tue  quelquefois  de  ces  oifeaux ,  ils  font  peu  efti- 
més  comme  comeilible  ;  mais  la  diverfité  des  climats 
&  de  la  nourriture  peut  apporter  beaucoup  de  diffé- 
rence à  cet  égard. 

On  trouve  ,  dans  les  Mêm.  de  VAcad,  des  Sciences  , 
tom.  III,  part  3  ,  page  43  ,  la  defcription  anatomique 
du  phénicoptcre  ou  bécharu, 

BECHE  ou  Coupe-bourgeon.  Foyci  fon  article^  à 
la  fuite  du  mot  Lisette. 

BECHET  &  Becquet.  Dans  le  Maine  &  l'Anjou, 
c'eft  le  Brochet.  On  l'a  nommé  ainfi  à  caufe  de  fon 
long  bec. 

BECMARE  ,  PJiinomacer,  ïnfeéle  coléoptere  qui  ref- 
femble  au  charançon  :  il  n'en  diffère  que  par  (qs  antennes 
qui  font  toutes  droites  ,  &  leurs  articles  qui  font 
prefque  tout  aufîi  longs  les  uns  que  les  autres.  Au 
bout  de  la  trompe  on  obferve  les  mâchoires  de  l'in- 
fefte ,  qui  font  fort  petites.  On  trouve  le  htcmare  fur 
les  fleurs  ,  le  chardon ,  le  charme  ôc  dans  les  bois. 

BECONGUILLES.  Voye^  Ipécacuanha. 

BECOT  &  Becquerolle.  Noms  triviaux  donnés 
à  la  petite  hécajjine.  Le  bccqucbo  efl  le  pic-vert^ 

K  4 


iji  BEC  B    E    G 

BECQUE-FLEUR   ou   Quindé.  Nom    donné  aii 

Pérou  à  une  efpece  de  colibri.  Voyez  ce  mot, 

BEC  UNE.  Il  eil:  à  préfumer  que  l'animal  de  mer 
déligné  fous  ce  nom  par  quelques  Voyageurs  ,  eft  , 
ou  une  efpece  de  requin  ,  ou  Vefpadon. 

BEDAUDE.  Efpece  de  chenille  épineufe  qui  fe 
trouve  lur  l'orme ,  fui*  quelques  autres  plantes ,  év:  que 
l'on  nomme  ainfi,  parce  qu'elle  eft  habillée  de  deux 
couleurs.  Sa  partie  antérieure  eft  d'un  cannelle  clair ,  & 
le  refle  du  defTus  de  fon  corps  eft  d'un  blanc-jau- 
nâtre. Elle  fe  change  en  un  papillon  roux,  tacheté 
de  noir,  &  à  qui  la  découpure  linguliere  de  fes  ailes 
a  fait  donner ,  dit  M.  DeUuic ,  le  nom  de  Robert  U 
diable ,  &  qui  efl  décrit  fous  le  nom  de  double  c.  Voyez 
ce  mot.  Il  y  a  aufîi  la  cigale  bédaude.  Voyez  à  l'article 
Cigale. 

On  a  donné  encore  le  nom  de  bédaude  à  la  corneille 
mantdu.   Voyez  r art: de  C0P.NEILLE. 

BEDEGUAR  ou  Eponge  d'Eglantier.  Voyei  à 

tarticlz  RosiER. 

BEEKBOK.    Voyei  ^  l'article  Nagor. 

BÉFROI.  Oifeau  du  genre  des  Fourmiliers  ,  &  du 
genre  XXII.*  de  M.  Briffon.  On  en  diftingue  deux 
efpeces  ,  l'une  grande  &  l'autre  petite  &:  gTivelée; 
on  les  trouve  à  la  Guiane.  Le  béfroi ,  grand  ,  a  envi- 
ron fix  pouces  &  demi  de  longueur  ;  le  deilus  du  corps 
d'un  brun  pâle  ,  le  deflbus  ell  blanc  ;  le  bec  efl  noir 
en  deilus  ,  blanchâtre  en  defîbus  ;  les  pieds  &  les 
ongles  d'une  couleur  plombée.  Cet  oifeau  a  une  voix 
tres-forte  ,  femblable  au  fon  d'une  cloche  qui  fonne 
l'alarme.  Son  chant ,  qui  offre  des  fons  précipités  , 
fe  tait  entendre  foir  &  matin  ,  pendant  v^xiç.  heure  , 
6c  on  le  diflingue  de  très-loin.  PL  enl.  823  &:  706. 

BEGONE  ,  Bégonia.  Genre  de  plante  à  fleurs  in- 
complètes &  irrégulieres  ,  qui  comprend  des  herbes 
exotiques ,  qui ,  par  leur  port  &:  leur  faveur ,  femblent 
fe  rapprocher  des  ofeilles.  Les  fleurs  font  ordinairer 


B    E    H  1^5 

ment  toutes  tlmfexiielles  ,  ôc  de  deux  fortes  fur  chaque 
individu. 

Il  y  a  la  bigone  à  racine  tubéreufe  des  Indes  Orien- 
tales ;  la  bégom  à  tiges  rougeâtres  du  Malabar  ;  c'eft 
le  Tsjeria-nannampuLi  ,  Rheed.  Mal.  Il  y  en  a  une 
variété  dans  l'Ille  de  Bourbon  ;  on  l'y  appelle  ofeillô 
fauvage.  La  bégom  à  feuilles  velues  de  la  Guiane  ; 
c'efl  Vherbe  à  klmuffun.  Voyez  u  mot.  Les  Colons 
l'appellent  ofdlk  des  bols.  Ses  feuilles  font  couvertes  de 
poils  courts  ;  elles  ont  un  côté  plus  large  &:  plus  long 
que  l'autre,  &  font  veinées  de  rouge  ;  les  fleurs  mâles 
font  fur  un  pied  ,  &  les  femelles  fur  un  autre.  La 
hégond  à  feuilles  liffes  ;  on  la  trouve  fur  les  troncs  des 
vieux  arbres  ,  dans  la  Guiane.  La  iégone  rampante  de 
Saint-Domingue  ;  elle  croît  dans  le  voifmage  des  ruif- 
feaux.  La  hégonc  à  grandes  feuilles  de  la  Martinique  ; 
la  bêgone  à  feuilles  rondes  ;  elle  fe  trouve  attachée 
aux  rochers  ou  aux  troncs  d'arbres  dans  l'Amérique 
Méridionale.  La  begmc  à  fleurs  violettes  de  l'Amérique, 
La  bégone  ferrugineufe  de  la  Nouvelle  Grenade  ;  le 
deffous  de  fes  feuilles  eil  muni  de  petites  écailles  colo- 
rées ;  les  fleurs  font  monoïques  &:  de  couleur  de  fang. 

BEHEMOT.  On  foupçonne  que  cet  animal,  grand, 
puiflant ,  formidable  ,  dont  Job  a  parlé ,  efl  le  cheval 
de  rivière  appelé  hippopotame.  Voyez  ce  mot.  Peut-être 
le  behemot  n'efl-il  autre  chofe  que  la  vache  marine -^ 
car  on  prétend  que  les  os  fofTiles  qui  fe  trouvent  en 
Rufîie  &  en  d'autres  Contrées  du  Nord  ,  font  àts 
dents  d'un  bel  ivoire.  Les  Turcs  &;  les  Perfans  font 
des  manches  de  poignard  &  des  poignées  de  fabre 
avec  cet  ivoire,  qui  peut  foufrrir  le  poli.  Tout  ceci 
convient  fort  aux  deux  grandes  dents  de  la  vachs, 
marine  6c  à  celles  de  Véléphant,  Voyez  ces  mots  6c 
celui  YvOIRE   FOSSILE. 

BÉHEN.  C'efl  une  racine  dont  il  y  a  deux  efpeces, 
l'une  blanche  &  l'autre  rouge.  Il  y  a  en  grande  diver- 
iité  de  fentimens  au  fujet  de  cette  racine,  que  les  uns 


1-^4  B    E    H 

attribiioient  à  une  plante  d'une  efpece,  les  autres  à 
une  autre.  L'illuftre  Tourne/on  a  rapporté  de  l'Orient 
la  Icmence  d'une  plante  qu'il  a  lemée  au  Jardin  du  Roi 
fous  le  nom  de  jacé:  Orientale^  qui  porte  des  feuilles 
femblables  à  celles  du  carthamc  ,  &:  des  fleurs  jaunes  : 
on  a  reconnu  cette  plante  pour  être  celle  qui  donne 
le  bèhcn  blanc  ries  Arabes ,  Jacca  Orkntalls  panda , 
carthami  fade  ^  flore  luteo  magno^  Tourn.  Cor.  32.  L'ori- 
gine du  béhen  rouge  n'efl  point  encore  connue.  On 
fait  prëfentement  peu  d'ufage  de  ces  racines,  quoique 
les  Arabes  difent  qu'elles  fortifient,  engraiffent  &  aug- 
mentent la  fenience.  L'une  &  l'autre  nous  viennent  du 
Levant.  M.  HalUr  rapporte  que  le  favant  M.  Hyde 
donne ,  dans  fon  livre  fur  la  religion  des  Perfes ,  deux 
figures  des  deux  béhens  qui  ne  permettent  pas  de  les 
placer  parmi  les  jades,  C'eft  plutôt  une  valériane  ou 
quelque  autre  plante  à  petites  fleurs  pentapétoïdes  y 
rangées  en  ombelles.  M.  de  Tonmefort  n'ctoit  paS  affez 
inftruit  dans  les  langues  Orientales  pour  faiiir  le  fens 
des  Auteurs   Arabes. 

T>QS  Botanifles  défignent  ainfi  le  bmen  rouge  ^  Valc* 
rianœ  rubrœ  Jîmilïs pro  Limonio  mljja^  Dod.  Pempt.  351; 
Limonium  Maridmum  majus  ^  C.  B.  Pin.  192  ;  Limonium 
majus  miiltïs ,  alus  Behcn  rubrum  ,  J.  B.  3 ,  app.  876. 
Ils  ont  ainfî  déiigné  le  béen  ou  béhen  blanc  des  jardins , 
Lychnis  fylvcjîris^  quce  Behen  album  vulgo ,  Tourn.  335, 
C.  B.  Pin.  20^  ;  Been  album  cffxïnar,  J.  B.  3  ,  356;  Been 
album  fîve   Polemonium^  Dod.   Pempt.   172. 

Pour  ce  qui  concerne  le  Béhen  rouge  de  nos  jardins  ; 
Voye^^  à  la  fuite  de  Vartlck  Statice. 

L'efpece  appelée  Béhen  blanc  ou  Carnillet  ,  Cucu^ 
halus  Behcn ^  Linn.  591 ,  eil  vivace  par  la  racine.  Ses 
tiges  font  longues  de  deux  à  trois  pieds ,  noueufes  vers 
le  bas,  branchues,  étalées,  foibles  &:  garnies  de  poils 
foibles.  Ses  fleurs  font  pédunculées,  blanchâtres  & 
pendantes  :  la  corolle  eft  à  cinq  pétales  écartés;  le 
calice  eft  globuleux  &  veiné  :  les  feuilles  font  lancéo- 


BEI  BEL  I5Î 

îées,  cîîgiiës,  glabres  5c  d'un  vert-glauque.  Cette  efpece 
croît  naturellement  dans  les  prés  fecs,  lur  le  bord 
des  champs  &  des  chemins.  Foye^  Vartick  Cucubalf. 
'  BEÎDELSAR  ou  Beidel-ossar.  Efpece  à'apodn 
ou  plutôt  à'afckpias^  dont  on  fait  beaucoup  d'ufage 
en  Afrique  contre  la  fièvre,  &:  ûir-tout  contre  la 
niorfure  des  bêtes  venimeufes.  Les  Nègres  réduifent 
en  poudre  l'écorce  de  fa  racine,  &  la  mêlent  avec 
de  la  poupre  de  charbon  de  la  même  racine  :  ce  mé- 
lange eil  un  excellent  caufiique  qui  ronge  les  boutons 
galeux  &  vénériens.   Voye:(  Apocin. 

BÉJUCO  GRIMPANT,  Hippocratea  fcandens  ^  Linn, 
Jacq.;  Coafcandens  ^fructu  trigemino  ^fubrotundo  ^  Plum.  ; 
Bejîico  pmdulus  ^  flonhus  pmdïcidatis  y  Laefl.  C'eii  un 
arbre  fannenteux,  qui  grimpe  &  fe  foutient  fur  les 
arbres  qui  font  près  de  lui ,  fans  s'entortiller  autour 
de  leur  tronc.  S^s  fleurs  font  fans  odeur,  petites,  à 
cinq  pétales,  &  d'un  jaune- verdâtre;  les  fruits  font 
compofés  de  trois  capfules  obtufes,  comprimées  ;  elles 
contiennent  chacune  environ  cinq  femences,  garnies 
d'une  aile  membraneufe.  Les  feuilles  font  oppofées, 
ovalaires,  légèrement  dentées.  Cet  arbre  croît  à  Saint- 
Domingue,  à  la  Martinique,  &  aux  environs  de  Car- 
thagene    dans  l'Amérique  Méridionale. 

BEKKER-EL-\YASH.  Les  Arabes  donnent  ce  nom 
au  Zehu  ,  petit  bœuf  à  boffe.  Voyc^^  AuROCHS  &  Zebu. 

BEL  AME,  Cliipea  Bcclama^  Forsk:  Cliipca  fetirojîns  ^ 
Broullbnet ,  Icht,  decas  prima.  Poificn  du  genre  du 
dupe.  Il  fe  trouve  dans  la  Mer  Pacifique.  Son  corps 
eft  comprimé,  de  la  forme  d'un  fer  de  lance;  entre 
îa  gueule  oC  l'anus ,  '  efl  une  efpece  de  dentelure  for- 
mée par  environ  vingt- cinq  ofTelets  pointus ,  dont 
chacun  a  deux  autres  ofTelets  adjacens  qui  s'élèvent 
en  ligne  droite  ;  les  écailles  font  en  recouvrement ,  dif- 
pofées  fur  des  lignes  obliques ,  peu  adhérentes  à  la  peau  ; 
la  iètt  com.primée  par  les  côtés,  en  forme  de  carène 
^jar-deiTous  ;  la  peau  de  la  tête  percée  d'une  multitude 


1^6  ^  .^    L 

de  trous  inégaux;  la  mâchoire  de  defTus  p^us  largué 
que  celle  de  defibus;  les  dents  courtes  &  d'inégale 
grandeur  ;  chaque  narine  a  deux  ouvertures  ;  les  yeux 
Tont  orbiculaires ,  les  paupières  noires  ;  leurs  iris  ar- 
gentés, &  nues  de  vert  6c  de  rougeâtre,  fur -tout  vers 
le  haut  ;  les  opercules  argentés  ;  la  nageoire  dorfale 
a  fes  rayons  mous  &  flexibles ,  &  les  derniers  font 
fourchus  à  leur  extrémité.  Ce  poifTon  a  des  nageoires 
pedorales ,  abdominales  ;  celle  de  l'anus  &  celle  de  la 
queue  font  partagées  en  deux  lobes  égaux.  La  couleur 
du  dos  eft  d'un  bleu-verdâtre  ;  les  côtés  &  le  ventre 
d'un  brillant  d'argent;  les  nageoires  font  blanchâtres. 

BÊLEMENT ,  Balatus.  Se  dit  du  cri  du  bélier ,  des 
brebis ,  des  agneaux  &  de  la  chèvre.  Quand  le  petit 
de  ces  efpeces  bêU  ,  la  mère  qui  l'entend  lui  répond. 
Les  moutons  bêlmt  beaucoup  en  fortant  le  matin  de 
l'étable ,  pour  aller  aux  champs  ,  &  le  foir  quand  ils 
en  reviennent,  l^oyci  Brebis  &  Chèvre. 

BÉLEMNITE.  Corps  tcfîile,  dur,  pierreux,  cal- 
caire ,  de  forme  conique ,  de  diverfes  grolieurs ,  6c  que 
l'on  trouve  dans  toutes  fortes  de  lits  de  terr- ,  de 
fable ,  de  marne  ou  de  pierre  ,  prefque  toujours  accon>^ 
pagné  de  coquillages  ou  autres  dépouilles  de  l'Océan, 
Dans  toutes  les  langues  on  a  nommé  les  hélemnltes 
pierres  de  foudre  ou  de  tonnerre ,  dans  la  fauffe  luppo- 
fition  qu'elles  étoient  formées  dans  les  nues,  &  qu'elles 
tomboient  avec  la  foudre.  D'autres  les  ont  nommées 
pierres  de  lynx  ^  prétendant  qu'elles  fe  formoient  dans 
l'urine  du  lynx.  Les  Naturalises  ne  font  point  d'accord 
fur  l'origine  de  ce  fofTile  :  on  n'a  pas  encore  prouvé 
d'une  manière  bien  décifive,  fl  c'eft  une  pétrification 
originaire  du  règne  animal.  Eft-ce  une  holothurie  fojjile  ^ 
ou  une  forte  à'orthocératite^  ou  une  pointe  d'ourjin 
d'une  efpece  particulière,   ou  une  dent  d'animal? 

Quant  à  leur  ilruâure  ,  on  peut  remarquer  que 
les  béUmnites  font  en  général  d'une  figure  fort  régu- 
lière ,  quoique  de  formes  différentes  entre  elles.  Les  u^c:^ 


B    EL  157 

font  parfaitement  coniques ,  ou  reflfemblent  au  fer  d'une 
flèche,  les  autres  prefque  cylindriques,  &  les  autres 
renflées  dans  le  milieu  ou  en  fufeau ,  ou  comprimées. 
(M.  V'iaht^  de  la  Société  de  Chatons^  en  a  trouvé  près 
de  cette  ville  une  à  deux  pointes  :  l'on  en  a  vu  auiîi 
deux  femblables  dans  notre  Cabinet ,  qui  ont  été  trou- 
vées p'-ès  de  Caën).  Leur  longueur  efl  depuis  deux  pouces 
jufqu'à  huit  &  plus.  Leur  grolTeur  efl:  depuis  celle 
d'une  plume  à  écrire  jufqu'à  trois  ou  quatre  pouces 
de  c'^rconférence.  Elles  ont  à  leur  furface  une  ou  plu- 
fieurs  cannelures  plus  ou  moins  marquées  qui  régnent 
depuis  la  bafe  jufqu'à  la  pointe.  Dans  leur  intérieur 
on  obterve  un  petit  tuyau  ou  (iphon  pyramidal ,  qui 
traverfe  tout  le  cône  &  en  fait  l'axe,  &  la  matière 
paroît  difpofée  en  rayons  qui  divergent  du  centre  à 
la  circonférence  ,  ainfi  qu'on  l'obferve  dans  celles 
qui  font  cafTées.  Elles  font  aufîi  toutes  compofées  de 
couches  circulaires,  qu'on  peut  aifément  féparer  les 
unes  des  autres,  en  mettant  la  pierre  fur  un  charbon 
ardent  ou  à  la  flamme  d'une  forte  bougie ,  &  la  plon- 
geant enfuite  dans  de  l'eau  froide.  Alors  il  en  fort 
une  mauvaife  odeur  de  corne  brûlée,  ou  d'urine  de 
chat. 

C'efl  cette  conformation  organique  qui  a  déterminé 
M.  Bourguct ,  dans  fes  Latres  philofophiques  fur  la  fcr^ 
mation  des  fels  &  des  criflaux  ,  à  regarder  les  béUmnites 
comme  les  dents  de  quelques  animaux ,  &  particuliè- 
rement comme  les  dents  droites  du  crocodile.  M.  U 
Monnïer ,  d'après  d'autres  obfervations  ,  les  regarde 
comme  appartenantes  au  règne  minéral. 

Enfin  dans  le  Diclïonnaïre  d^Oriclolog'ie  ,  oii  l'on 
voit  une  afTez  longue  differtation  fur  les  béUmnites  , 
on  les  foupçonne  d'avoir  été  la  demeure  &:  l'ou- 
vrage d'un  polype  articulé  ,  olTeux  ,  ôc  doué  d'un 
fiphon. 

D'après  cet  expofé ,  &  la  comparaifon  du  nombre 
prodigieux  de  héUmnlus  quç  nous  ayons  pu  faire  y  foit 


îj8  BEL 

dans  les  Cabinets ,  foit  en  voyageant  ,  nous  ferions 
tentés  de  croire  que  la  hclcjnn'm efî:  un  coquillage  droit , 
fans  Jplrales  y  mais  chambre  &  fojjlk  ^  d'autant  plus  que 
toutes  celles  qui  font  entières  ou  les  mieux  confer- 
vées  5  ont  à  leur  bafe  une  cavité  de  figure  conique , 
plus  ou  moins  large  &  longue  ;   cette  cavité  eil  fou- 
vent  vide ,  &  quelquefois  pleine  de  fable  ;  d'autres  fois 
aufîî  on  y  trouve  une  alvéole  fort   curieiu^e  ,  com- 
pofée   de   petites    clôifons    ou    coupes    orbiculaires  , 
convexes  en  defiiis ,  femblables  aux  verres  des  montres 
de  poche  ,  empilées  l'une  dans  l'autre  ,  &  qui ,  toutes 
enfemble ,  forment  un  cône  fort  analogue  à  Vorthccé- 
ratite.  Voyez  ce  mot.    Ces    coupes   femblent   commu- 
niquer entre  elles    par  un    petit  fiphon    ou   canal  , 
qui  fe  prolonge  dans  toute  la  longueur  de  l'axe  de  la 
héUmnitc» 

On  prétend  que  la  hlkmnite  calcinée  eft  la  bafe  du 
fameiLX  remède  lithontriptique  de  Mademoifelle  Stcfms 
de  Londres.  Les  Allemands  la  croient  bonne  contre  le 
cauchemar. 

BELETTE  ,  Bhnnius  mujldaris  ,  Linn.  Poiflbn  du 
genre  du  Blewie  ;  il  fe  trouve  dans  la  Mer  des  Indes. 
La  première  nageoire  dorfale  n'a  que  trois  rayons  ;  la 
féconde  en  a  environ  quarante  ;  les  nageoires  peclorales 
en  ont  chacune  feize  ou  dix-fept  ;  les  abdominales 
deux;  celle  de  l'anus  vingt-huit  ou  vingt-neuf;  celle 
de  la  queue  en  a  environ  douze.  Cette  efpece  de  hlmnt 
n'a  point  de  crête  fur  la  tête. 

Belette  ,  Muflda  vuLgaris.  Joli  petit  quadrupède , 
d'une  forme  alongée  ,  très-bas  de  pattes ,  &  qui  femble 
fait  pour  fe  gliffer  &:  s'infmuer  dans  les  plus  petites 
ouvertures.  Son  dos  &  les  côtés  du  corps  font  de  cou- 
leur rouffe  ;  la  gorge  &  le  ventre  font  blancs  ;  fa  tête 
efl  alongée  ;  fes  oreilles  qui  font  courtes ,  ont  de  fm- 
gulier  que  la  partie  poUérieure  de  la  conque  eft  dcubie , 
c'eft-à-dire  compofée  de  deux  panneaux  qui  forment  une 
forte  de  poçhep  dont  l'enti'ée  çft  au  bord  de  1^  conque. 


BEL  i^^ 

Cet  anîmaî ,  qui  a  ûx  dents  incifîves  à  chaque  mâ- 
choire 6c  les  doigts  onguiculés ,  eft  aufTi  commun  dans 
les  pays  tempérés  &:  chauds  ,  qu'il  eii  rare  dans  les 
climats  froids.  Comme  parmi  les  l^eUttes  ordinaires  il 
y  en  a  quelques-unes  qui ,  comme  V hermine  ,  devien- 
nent blanches  pendant  l'Hiver ,  même  dans  notre  climat^ 
cela  avoir  donné  lieu  de  les  confondre  ,  &  de  les 
prendre  pour  le  même  animal.  Il  eli  à  oblerver  que 
V hermine  ,  roufTe  en  Eté  ,  blanche  en  Hiver ,  a  en  tout 
temps  le  bout  de  la  queue  noire  :  la  belette  au  contraire  , 
même  celle  qui  blanchit  en  Hiver  ,  a  le  bout  de  la 
queue  jaune  ;  &  cette  queue ,  ainfi  que  la  corpulence 
de  la  belette  ,  font  fenfibîement  plus  petites.  De  plus , 
V hermine  habite  les  déferts  6c  les  bois  ,  &  ne  fe  trouve 
qu'en  très-petit  nombre  dans  les  régions  tempérées  : 
on  n'en  trouve  point  vers  le  Midi  ;  mais  elles  font 
tr^s-abondantes  dans  le  Nord,  /^ojq  Hermine. 

La  belette  eft  avec  l'hermine  ,  la  plus  petite  ,  mais 
non  la  moins  fmguinaire  de  cette  claffe  inférieure  de 
menues  bêtes  de  proie  à  corps  alongé  6c  à  marche 
rampante  ,  furets^  fouines  ^  putois  ^  qui  s'infmuent  dans 
les  colombiers  ,  les  poulaillers ,  dans  les  volières  ,  6c 
y  font  les  exécutions  les  plus  fanglantes. 

La  belette  eil:  fort  vive  6c  fort  agile  :  en  Hiver  elle 
habite  dans  les  greniers  ,  les  granges ,  les  é tables ,  6c 
fur-tout  dans  les  trous  en  terre.  En  Été  ,  elle  va  à 
quelque  diiîance  des  maifons ,  fur-tout  dans  les  lieux 
bas ,  autour  des  moulins ,  le  long  des  ruiffeaux  6c  àQS 
rivières.  Sa  rufe  la  porte  à  fe  cacher  dans  les  builfons 
pour  attraper  de  petits  oifeaux.  La  belette  ,  quoique 
moins  forte  que  le  putois  6c  la  fouine  ,  puifqu'elle  n'a 
que  fept  pouces  de  longueur ,  fait  néanmoins  la  guerre 
aux  volailles,  aux  pigeons,  &c.  En  eitet ,  elle  eil 
le  fléau  des  baifes-cours  6c  du  gibier.  Elle  cherche  avec 
avidité  les  œufs  de  poules  6c  de  pigeons ,  qu'elle  caiTe 
pour  les  fucer.  Ce  petit  animal  tue  les  jeunes  poulets 
&  les  petits  pouffins  ^  4'uu  coup  de-  dent  qu'il  leui 


i^o  BEL 

donne  à  la  tête  ,  Se  les  emporte  les  uns  aprèà  les  autres 
dans  ion  trou.  Il  eil  tres-triand  de  cervelle.  Il  parcourt 
les  champs  &  les  prairies ,  dévore  les  cailles  6c  leurs 
ceufs.  Il  eil  fi  courageux  &:  li  hardi ,  qu'il  attaque  des 
animaux  plus  gros  que  lui ,  tels  que  de  gros  rats  d'eau  ; 
on  prétend  même  qu'il  leur  donne  la  chaffe  de  quelque 
efpece  qu'ils  foient.  Il  furprend  les  taupes  dans  leur 
îrou  :  il  efl  affez  lefle  &:  affez  fin  pour  attraper  des 
chauve-fouris  6c  des  moineaux  ,  6cc.  dont  il  llice  le 
fang.  Il  ne  dédaigne  point  d'attaquer  les  mulots  &  les 
couleuvres  ,  6c  de  lavourer  la  chair  corrompue.  II 
n'entre  point  dans  les  ruches  comme  le  putois  6c  la 
fouine ,  n'étant  point  friand  de  miel.  Dans  fes  courfes 
fanguinaires  ,  la  belette  ne  marche  jamais  d'un  pas  égal, 
elle  ne  va  qu'en  bondiffant  par  petits  fauts  inégaux  6c 
précipités  ;  6c  lorfqu'elle  veut  monter  fur  un  arbre  , 
elle  fait  un  bond  par  lequel  elle  s'élève  tout  d'un 
coup  à  plufieurs  pieds  de  hauteur  ;  elle  bondit  de  même 
iorfqu'elle  veut  attraper  un  oiiéau.  La  femelle  met  bas 
au  Printemps  ;  fes  portées  font  de  quatre  ou  cinq  petits , 
qu'elle  tient  dans  le  foin  ou  la  paille.  Lorfqu'elle  met 
bas  dans  le  creux  d'un  vieux  faule  ,  elle  leur  prépare 
un  lit  avec  de  l'herbe ,  de  la  paille  ,  des  feuilles.  Ces 
petits  naiffent  les  yeux  fermés  ,  mais  en  peu  de  temps 
ils  prennent  affez  d'accroiifement  6c  de  force  pour  fuivre 
leur  mère  à  la  chalTe. 

Cet  animal  dort  les  trois  quarts  du  jour  ,  6c  emploie 
îa  plus  grande  partie  de  la  nuit  à  manger  ou  à  chercher 
fa  proie.  Il  marche  toujours  en  filence ,  6c  ne  donne 
jamais  de  voix  qu'on  ne  le  frappe  ;  il  pouÛe  alors  un 
cri  aigre  6c  enroué  qui  exprime  la  colère  ou  la  dou- 
leur. En  Été  il  a  une  odeur  extrêmement  forte  6c 
défagréable  :  on  dit  cependant  qu'en  fe  frottant  fur  les 
arbres  il  y  laiffe  une  efpece  d'humeur  onciueufe ,  qui 
fent  beaucoup  le  mufc  ;  ce  qui  pourroit  être ,  puifque 
l'odeur  du  mufc  elle-même  eu  tres-défagréable  lorf- 
qu'elle eil  trop  concentrée,  La  kkuc  eu  ix  farouche , 


BEL  i6i 

fi  conftamment  fauvage  ,  qu'on  ne  peut  rapprivoifer  : 
elle  s'agite  dans  fa  cage ,  &  cherche  à  fe  cacher  ;  c'eft 
pourquoi ,  fi  on  veut  la  conferver  ,  il  faut  mettre 
dedans  un  paquet  d'étoupes  ,  dans  lequel  elle  puilie  fe 
fourrer. 

A  l'égard  de  la  belene  Amériquaine  à  longue  queue 
&  à  griffes  d'écureuil  ,  Foye^  à  Vanïck  PoTTO. 

La  bd-uu  de  Java  ,  elf  le  Vansire.  Voyti^  ce  mot» 

La  grojfc  belette  noire  du  Bréjîl ,  efl  le  Tayra.  Foye:i^ 
ce  mot. 

BELIER ,  Arles.  Ce  quadrupède  à  pied  fourchu  eft 
le  mâle  de  la  brebis,  il  porte  le  nom  à' agneau  (  agnus  ) 
dans  les  premiers  temps  de  fa  vie  ,  &  prend  celui  de 
mouton  (^vervcx")  ,  lorlqu'il  a  été  coupé. 

La  brebis  (ovis)  porte  auiïi  les  noms  à^agmau  &  de 
mouton  dans  les  mêmes  cir confiances.  Foye^  Agneau. 

On  peut  dire  en  quelque  forte  ,  que  les  moutons 
font  des  animaux  factices ,  que  l'induftrie  humaine  a 
façonnés  pour  en  tirer  plus  d'avantages.  L'homme  a 
joui  de  tout  fon  empire  fur  cette  efpece  d'animal , 
qui  5  fuivant  la  remarque  de  M.  de  Buffon  ,  ne  doit  , 
pour  ainfi  dire  ,  fon  exiflence  qu  a  la  protection  qui 
lui  a  été  donnée.  Sans  le  fecours  de  l'homme  ,  cet 
animal  foible  feroit  devenu  &  dévie ndr oit  encore  la 
proie  de  la  voracité  des  efpeces  qui  font  fes  ennemis  : 
aulîi  obferve-t-on  que  l'on  ne  trouve  point  de  brebis 
fauvages  dans  les  défe rts  ,  tandis  qu'on  y  retrouve  les 
analogues  des  diverfes  autres  efpeces  d'animaux  domef- 
tiques.  Nous  difons  que  notre  brebis  domeflique ,  telle 
qu'elle  eil  aujourd'hui  ,  ne  pourroit  fubiifler  d'elle- 
même  ,  c'ell~à-dire  ,  fans  le  fecours  de  Phomme  ;  mais 
il  eft  également  certain  que  la  Nature  ne  l'a  pas  pro- 
duite auiîi  fcible  qu'elle  l'cfl  préfentement  :  cet  animal 
a  donc  dégénéré  «  il  s'ell  abâtardi  entre  nos  mains  ^  ôC 
l'on  en  peut  reconnaître  la  fouche  primitive  dans  le 
moufflon  qui  fe  trouve  en  RuiFie  ,  en  Tartarie,  en  Perfe^ 
en  Syrie  ,  &c.  Foys^  MouFFLON, 

Tome  IL  L 


i6i  BEL 

De  tous  les  animaux  quadrupèdes  dans  î'ctat  de 
domeliicité  ,  cette  efpece  eft  la  plus  ftupide  ;  elle  a 
moins  de  rellources  &  de  fentiment  que  la  chevn  : 
&C  ce  qui  dans  les  animaux  ,  dit  l'illuftre  M.  de  Buffon , 
paroît  être  le  dernier  degré  de  la  timidité  ou  de  l'in- 
lénfibilité ,  la  brebis  fe  laiffe  enlever  fon  agneau  fans 
le  défendre  ,  fans  s'irriter ,  fans  réfijfter  &  fans  marquer 
fa  douleur  par  lui  en  différent  du  bêlement  ordinaire. 
Mais  cet  animal ,  ajoute-t-il ,  fi  chétif  en  lui-même , 
fi  dénué  de  qualités  intérieures  ,  tû  pour  l'homme 
J'animai  le  plus  précieux  ,  celui  dont  l'utilité  eil  la  plus 
immédiate  6c  la  plus  étendue  ;  feul ,  il  peut  fufîire  aux 
befoins  de  première  néceiïité  ;  il  fournit  tout  à  la  fois 
de  quoi  fe  nourrir  &  fe  vêtir ,  fans  compter  les  avan- 
tages parti cifiiers  qu'on  fait  tirer  du  iiiif ,  du  lait ,  de 
la  peau  ,  &:  même  des  boyaux  ,  àts  os  &  du  fumier 
de  cet  animal ,  auquel  il  femble  que  la  Nature  n'ait 
pour  ainfi  dire  rien  accordé  en  propre  ,  rien  donné 
que  pour  le  rendre  à  1'hom.me  ;  auiii  cette  efpece  cil- 
elle  immolée  à  nos  befoins. 

Il  n'y  a  que  l'amour  ,  dit  M.  de  Buffon  ,  qui  dans  les 
animaux  eii:  le  fentiment  le  plus  vif  oc  le  plus  général , 
qui  femble  donner  quelque  vivacité  ôc  quelque  mou- 
vement au  bclier  :  lorfqu'il  ell:  en  rut ,  il  devient  pétu- 
lant ,  il  fe  bat ,  il  s'élance  contre  les  autres  béuers  ; 
quelquefois  même  il  attaque  fon  Berger.  Mais  la  brebis 
quoique  en  chaleur  ,  n'en  paroît  pas  plus  animée  ,  pas 
plus  émue  :  elle  n'a  d'inftind  qu'autant  qu'il  en  faut 
pour  ne  pas  refiifer  les  approches  du  mâle ,  pour  choifir 
fa  nourriture ,  &  pour  reconnoître  fon  agneau.  L'inftin£t 
eft  d'autant  plus  sûr ,  qu'il  efî  plus  machinal ,  6c ,  pour 
ainli  dire  ,  plus  inné.  Le  jeune  agneau  cherche  lui- 
même  dans  un  nombreux  troupeau  ,  trouve  &  faifit 
la  mamelle  de  fa  mère  ,  fans  jamais  fe  méprendre. 

Il  y  a  des  efpeces  dans  la  Nature  où  la  femelle  peut 
également  fervir  à  deux  mâles  d'efpeces  différentes  , 
êc  produire  de  tous  deux  ;  la  brebis  produit  aA'ec  le 


BEL  165 

houe  aiiffi  bien  qu'avec  le  bélier ,  &  produit  toujours 
des  agneaux ,  des  individus  de  fon  eipece  ;  le  bélier^  au 
contraire,  ne  produit  point  avec  la  chèvre  ;  on  peut 
donc  regarder  la  brebis  comme  une  femelle  commune 
à  deux  mâles  difFérens ,  ôc  par  conféquent  elle  conftitue 
l'efpece  indépendamment  du  mâle.  Que  de  conjedures 
fur  le  croiiement  des  efpeces  s'offrent  ici  à  l'elprit  qui 
réfléchit  ? 

Le  bélier  porte  fur  la  tête  des  cornes ,  qui  viennent 
fe  coPxtourner  fur  le  devant  en  forme  de  demi-cercle  : 
elles  font  aulîi  quelquefois  contournées  en  fpirale  , 
creufes  &  ridées.  On  connoît  l'âge  du  bélier  par  ces 
cornes  :  elles  parolffent  dès  la  première  année ,  fouvent 
même  dès  la  naifiance ,  &:  croillent  tous  les  ans  d'un 
anneau  jufqu'à  l'extrémité  de  fa  vie.  Communément 
les  brebis  n'ont  pas  de  cornes  ,  mais  elles  ont  fur  la 
tête  des  proéminences  offeufes  aux  mêmes  endroits  où 
naiffent  les  cornes  des  béliers,  A  un  an  les  béliers ,  les 
brebis  6c  les  moutons  perdent  les  deux  dents  de  devant 
de  la  mâchoire  inférieure  ;  car  ils  manquent  de  dents 
incifives  à  la  mâchoire  fupérieure.  Ils  perdent  le  refte 
de  leurs  premières  dents  jufqu'à  l'âge  de  trois  ans  , 
cil  elles  font  remplacées  par  d'autres  qui  font  égales, 
affez  blanches  ,  mais  qui ,  à  mefure  que  l'animal  vieil- 
lit ,  fe  déchaufïent  quelquefois  ,  s'émouffent ,  &  de- 
viennent inégales  6c  noires.  Ainfi  on  juge  de  l'âge 
des  moutons  par  l'état  de  leurs  dents.  Ils  n'ont  d'abord 
que  huit  dents  canines  à  la  mâchoire  inférieure  ;  deux 
de  ces  dents  font ,  au  bout  d'un  an ,  remplacées  par  des 
mâchelieres ,  quatre  à  deux  ans ,  fix  à  trois  ans  ,  ôc  les 
huit  enfin  à  quatre  ans.  Elles  fe  foutîennent  en  bon 
état  environ  un  an  ;  &  leur  dépériffement  fucceilif 
indique  la  fuite  de  cet  âge. 

Il  y  a  des  béliers  qui  n'ont  point  de  cornes  ;  on  en 
voit  beaucoup  en  Angleterre  ;  mais  ceux  qui  en  ont 
paffent  pour  être  plus  ardens  &  plus  propres  à  féconder 
les  hreh'is.  On  doit  choiiir   pour  couvrir   les  brebis^ 

L  i 


i(Î4  BEL 

&  pour  fe  procurer  une  belle  race  ,  les  héliers  qui 
paroiflent  les  plus  vigoureux  6c  les  plus  propres  à  la 
génération.  Tels  font  ceux  dont  les  teflicules  font  les 
plus  gros  ,  qui  font  les  plus  garnis  de  laine  dans  les 
endroits  oii  il  en  manque  ordinairement.  Ils  doivent 
avoir  la  tête  forte  ôc  grolTe ,  le  nez  camus ,  le  front 
large ,  les  yeux  noirs  6c  gros  ,  les  oreilles  grandes  , 
le  corps  long  6c  élevé ,  l'encolure  6c  le  râble  large , 
le  ventre  grand ,  la  queue  longue  ,  6c  de  belles  cornes , 
quoique  ces  armes  les  rendent  dangereux  ou  incom- 
modes dans  un  troupeau  ;  mais  pour  les  empêcher  de 
daguer ,  on  leur  perce  les  cornes  près  des  oreilles ,  à 
l'endroit  où  elles  fe  courbent  ;  d'autres  fois  on  attache 
à  la  racine  des  cornes  un  morceau  de  planche  garni 
de  pointes  de  fer  tournées  du  côté  du  front ,  qui  piquent 
l'animal  toutes  les  fois  qu'il  donne  un  coup  de  tête. 
Les  brebis  dont  la  laine  eft  la  plus  abondante ,  la  plus 
touffue  5  la  plus  longue  ,  la  plus  foyeufe  6c  la  plus 
blanche  ,  font  aufTi  les  meilleures  pour  la  propagation  ; 
fur-tout  fi  elles  ont  en  même  temps  le  corps  grand , 
le  cou  épais  6c  la  démarche  légtre.  On  obferve  auffi 
que  celles  qui  font  plutôt  maigres  que  graffes ,  pro- 
duifent  plus  sûrement  que  les  autres.  La  durée  la  plus 
ordinaire  des  béliers  efl  de  douze  à  quatorze  ans.  Cet 
animal  pourroit  engendrer  à  dix-huit  ou  vingt-mois  , 
mais  on  ne  doit  lui  permettre  de  faire  uiage  de  fes 
forces  qu'à  l'âge  de  trois  ans  ;  (  à  deux  ans  pour  les 
brebis  ;  )  un  feul  peut  fafîire  à  vingt-cinq  ou  trente 
brebis  ;  6c  par  un  goût  qui  doit  nous  paroître  bizarre , 
il  s'attache  de  préférence  aux  brebis  âgées ,  6c  dédaigne 
les  jeunes.  Au  bout  de  huit  ans  il  n'eft  plus  guère 
propre  à  la  génération  de  l'efpece.  Alors  on  le  bif- 
tourne ,  (  c'eû  lui  comprimer  6c  lui  tordre  les  tefli- 
cules ,  )  afin  de  le  faire  engraiffer  ;  mais  fa  chair  tient 
toujours  un  peu  de  l'odeur  6c  du  goût  de  celle  du 
bouc.  Il  n'en  efl:  pas  de  même  de  celle  du  mouton 
qui  a  fiibi  la  caûration  d^ns  fa  jeunefle. 


BAL  i^j' 

Quoique  la  toifon  d'un  hélkr  foit  entièrement  blan-» 
tîie  ,  on  prétend  qu'il  ne  produit  que  des  agneaux 
tachetés ,  lorlqu'il  a  la  moindre  tache  à  la  langue  ou 
au  palais.  On  ne  voit  en  France  que  des  moutons 
blancs ,  bruns,  noirs  &  tachetés  ;  il  y  en  a  de  roux 
en  Efpagne  ,  de  jaunes  en  EcoiTe. 

La  bnhis  &  les  moutons  ^  dont  le  naturel  efl  fi  {im- 
pie ,  font  d'un  tempérament  délicat.  Dès  qu'ils  cou- 
rent ,  ils  palpitent ,  &:  font  bientôt  effoufflés  ;  la  fatigue 
les  abat;  la  grande  chaleur,  l'ardeur  du  foleil  les 
incommodent  autant  que  l'humidité  y  le  froid  &  la 
neige  :  quelquefois  ils  deviennent  boiteux,  ou  de 
lafîîtude ,  ou  parce  que  leurs  ongles  font  ramollis  pour 
avoir  refté  long-temps  dans  la  fiente  de  l'animal.  Les 
moutons  &  les  brebis  font  fujets  à  la  vermine ,  à  la 
gale ,  à  la  fièvre ,  à  l'enflure ,  à  la  difficulté  de  ref- 
pirer,  à  la  morve,  à  Vavcrtln^  vertige  ou  étourdif- 
fement  (  ^  )  ,  en  un  mot  à  un  grand  nombre  de  ma- 
ladies ,  dont  la  plupart  font  contagleufes.  Les  mauvaifes 
herbes  qu'ils  peuvent  rencontrer  dans  les  pâturages  y 
contribuent  beaucoup  ;  notamment  la  crapaudine  & 
une  efpece  de  renoncule,  appelée  par  les  Payfans  douve j^, 
&  par  les  Botaniftes ,  Ranunculus  longifolius  palujlrïs  , 
(  Gafp.  Bauh.  Pin.  );  cependant  la  crapaudine, T^^m^w, 
ne  leur  eft  point  encore  li  dangereufe  que  cette  efpece 
de  renoncule.  Les  moutons  font  quelquefois  tourmen- 
tés par  un  infefte  qui  dépofe  fes  œufs  dans  leur  nez, 
C'eft  un  Oîjïre.  Voyez  l'article  MouCHE  DES  VERS. 
BU  NEZ  DES  Moutons, 

Les  Bergers  appellent  du  nom  de  claveau  ou  cla^ 
velée ,  ou  clavin  ,  une  maladie  qui  fait  beaucoup  de 
ravage  parmi  les  brebis  ;  c'efl:  une  efpece  de  petite 
vérole  qui   eu    beaucoup   moins    dangereufe  dans   le 

(a)  M.  l'Abbé  Fontana  dit  qu'il  fe  trouve  une  vefTie  au  cerveau  ^ 
dans  le  côté  oppofé  à  celui  fur  lequel  les  moutons  ^  dans  leur  accès  de 
folie,  tombent;  c'eft  une  efpece  d'hydatid»  remplie  d'une  lymphe  partie. 
euUere,  &  dans  laquelle  fe  trouvent  des  vers  oviformes. 

L5 


i66  BEL 

printemps  &  l'automne  qu'en  été  &  en  hiver.  Cette 
maladie  fe  manifefle  par  des  puftuîes  ou  boutons  qui 
s'élèvent  fur  tout  le  corps  de  l'animal ,  &  principa* 
îement  fur  les  parties  dénuées  de  laine.  L'éruption  eiî 
retardée  ou  accélérée  félon  la  température  de  l'air  , 
la  force  &  l'âge  des  bêtes ,  &  que  le  troupeau  eft 
pli; s  ou  moins  nombreux.  En  un  mot ,  les  périodes 
&  les  circonflances  de  cette  maladie  ont  beaucoup  de 
reffemblance  avec  ceux  de  la  petite  vérole  qui  affefte 
les  hommes.  Confultez  le  Traité  intitulé  :  Médecine 
des  Bêtes  à  laine.  Il  paroît  que  l'air  eft  le  véhicule  de 
ce  venin  contagieux ,  de  même  que  dans  la  plupart  des 
maladies  épidémiques  ou  épizootiques.  En  effet  ,  une 
brebis  attaquée  du  virus  variolique,  communique  très 
rapidement  ce  mal  à  tout  un  troupeau.  Une  obfer- 
vation  bien  digne  de  remarque,  c'eft  que  tous  les 
agne  aux  qui  naiflent  de  brebis  infeftées ,  ne  font  point 
attaqués,  même  en  tétant  leur  mère  durant  tout  le 
cours  de  la  maladie.  Ces  agneaux  n'auroient  -  ils  pas 
eu  la  maladie  dans  le  ventre  de  la  mère  ?  Dès  que  le 
clavin  fe  manifefte  ,  la  brebis  devient  trifte  &  lan- 
guiffante  ;  il  faut  aufTi-tôt  la  mettre  dans  une  étable  à 
part  5  valle  ,  plus  aérée  en  été  qu'en  hiver.  Il  faut 
faire  prendre  du  foufrc  ou  de  Vajfa  fœtida  en  poudre 
à  l'animal ,  à  la  dofe  d'une  demi-once  mêlée  avec  du 
fon  &  un  peu  de  fel  marin.  L'un  de  ces  remèdes  agit 
par  tranfpiration  ,  &  l'autre  par  les  urines.  Il  faut  auiîi 
faire  ufage  d'un  feton  enduit  de  bafiUcum,  On  propofe 
aujourd'hui  d'inoculer  le  clavin  à  l'inflar  de  l'inocula- 
tion de  la  petite  vérole. 

La  faifon  de  la  chaleur  des  hrehis  eft  depuis  le 
commencement  de  Novembre  jufqu'à  la  fin  d'Avril. 
Cependant  elles  ne  laifTent  pas  de  concevoir  en  tout 
temps ,  fi  on  leur  donne  ,  auffi-bien  qu'au  hélicr ,  des 
nourritures  qui  les  échauffent,  comme  de  l'eau  falée 
&  du  pain  de  chenevis.  Elles  portent  cinq  mois  ,  & 
mettent  bas  au  commencement  du  fixieme  :  elles  ne 


BEL  i6y 

prodiilfent  ordinairement  qu'un  agneau  ,  &  quelquefois 
àtwK,  Dans  les  climats  chauds  elles  peuvent  produire 
deux  fois  par  an  ;  mais  en  France  &  dans  les  pays 
plus  froids ,  elles  ne  produifent  qunne  fois  par  année. 
Pendant  les  premiers  jours  qui  fui  vent  la  fécondation  , 
l'œuf  d'une  hnhis  ,  dit  M.  de  Halhr  ^  (  Mémoires  dz 
r Académie  des  Sciences  ,  année  ijdo^  ,  )  paroît  ne  ren- 
fermer qu'une  efpece  de  lymphe  ;  il  eit  encore  gélati- 
neux le  dix-feptieme  jour.  Après  ce  terme ,  l'on  diilin* 
gue  fort  bien  le  fœtus  enveloppé  de  fes  membranes. 
Sa  longueur  eft  d'environ  trois  lignes.  Il  avoit  donc 
pris  un  accroiffement  conhdérable  fous  la  forme  de 
fluide ,  &  enfuite  fous  celle  de  gelée  ;  mais  fa  tranf- 
parence  ne  permettoit  pas  de  le  reconnoître. 

Les  brebis  mettent  bas  difficilement  :  auffi  eft  -  on 
fouvent  obligé  d'aider  à  leur  accouchement  ;  elles  font 
fujettes  à  fe  bleifer,  à  avorter  fréquemment  ;  elles  devien- 
nent quelquefois  llériles  ,  &  il  n'efl  pas  rare  qu'elles 
fajffent  des  monftres  ;  auiîi  demandent-elles  beaucoup 
plus  de  foins  qu'aucun  des  autres  animaux  domeftiques. 
On  ne  îaiiTe  point  teter  à  l'agneau  le  premier  lait 
contenu  dans  les  mamelles  de  fa  mère  ,  parce  que  ce 
lait ,  dit-on ,  efl:  gâté ,  &  feroit  beaucoup  de  mal  à 
l'agneau  ;  mais  c'eil  une  erreur. 

La  brebis  a  du  lait  pendant  fept  ou  huit  mois  ,  & 
en  grande  abondance.  Ce  lait  efl  une  alTez  bonne  nour- 
riture pour  les  enfans  &  les  gens  de  la  campagne  ;  on 
en  fait  auiîi  de  bon  fromage  ,  fur  -  tout  en  le  mêlant 
avec  celui  de  vache.  Le  temps  de  traire  les^  brebis  efl 
avant  qu'elles  aillent  aux  champs ,  ou  immédiatement 
après  qu'elles  en  font  revenues  :  on  peut  les  traire  deux 
fois  par  jour  en  été ,  &  une  fois  en  hiver. 

Les  brebis  &  les  moutons  aiment  beaucoup  le  fel, 
qui  leur  efl  en  effet  très-favorable  ;  car  on  a  obfervé 
que  quelques  troupeaux  avoient  été  garantis  de  mala- 
dies contagieufes  par  l'ufage  du  fel ,  ainfi  que  des  trou- 
peaux de  vaches  &  autres  bêt^s  à  cornes  ;  le  fel  pro- 

L4 


î6S  BEL 

duit  un  effet  merveilleux  ;  il  leur  facilite  la  digertîoîi  ; 
&  ces  animaux  extraient  de  la  même  quantité  d'herbes 
une  p'us  grande  quantité  de  fubitance  nutritive  ,  ce 
qui  leur  procure  une  plus  grande  abondance  de  lait. 
On  efl  dans  Tufage,  en  Languedoc,  de  ne  donner  du  lel 
aux  beftiaux  que  pendant  l'hiver.  La  quantité  qui  leur 
fuffit  eft  une  livre  de  fel  en  huit  jours  pour  vingt 
moutons  :  on  a  foin  de  les  empêcher  de  boire  le  reile 
du  jour  oii  ils  ont  mangé  du  fel  ;  ils  ont  enfuite  un 
grand  appétit.  Les  laines  des  moutons  qui  ufent  de 
fel ,  font  plus  belles  &  meilleures.  Il  n'y  a  que  le 
Gouvernement  qui  puifTe  faciliter  cet  ufage  important, 
en  diminuant  le  prix  du  fel  ;  ce  feroit  une  perte  paf- 
fagere  qui  tourneroit  en  plus  grand  émolument.  Voyc^ 
le  Tome  1  des  Mémoires  prifcntés  à  l^ Académie  Royale 
des  Sciences, 

La  cb?ar  des  moutons  qui  paifTent  dans  un  terrain 
fec  &  dans  des  pacages  ou  près  falés ,  acquiert  im  goût 
des  plus  agréables,  (tels  font  les  moutons  de  Dieppe^ 
connus  tous  le  nom  de  moutons  de  pré  f aie  ,  ceux  de 
Ganges  en  bas  Languedoc  ,  &:  ceux  de  la  plaine  de  la 
Crau  en  Provence  ) .  Aufîi  dans  quelques  bergeries 
a-t-on  foin  de  mettre  dans  quelque  endroit  un  fac  de 
fel  ou  une  pierre  falée  ,  {falégre)  ,  que  les  moutons 
yont  tous  lécher  tour-à-tour. 

Rien  ne  contribue  plus  à  l'engrais  des  moutons  que 
l'eau  prife  en  grande  quantité  ,  6c  rien  ne  s'y  oppofe 
davantage  que  l'ardeur  du  foleil  ;  mais  ceux  qui  les 
ont  engraiiiés  de  cette  manière  ,  &  même  de  toute 
autre  ,  doivent  s'en  défaire  aufîi-tôt  qu'ils  font  en- 
grailTés ,  c'eil-à-dire  les  vendre  pour  la  boucherie  ;  car 
on  ne  peut  jamais  les  engraifler  deux  fois  ,  &  ils 
périment  par  des  maladies  du  foie ,  occafionées  par  les 
vers  qui  s'y  engendrent.  Les  moutons  n'ont  pas  d'au- 
tre graijfc  que  \e  fui/ ^  &  cette  matière  domine  û  fort 
dans  l'habitude  de  leur  corps  ,  que  toutes  les  extrémi- 
tés de  la  chair  en  font  garnies  ;  ôc  le  mouton  a  le  fuif 


BEL  1^9 

|>!iî§  abondant ,  plus  blanc ,  plus  fec  ,  plus  ferme  &  de 
meilleure  qualité  qu'aucun  autre  animal.  Voyti  l'arti- 
cle Graisse. 

La  caflration  doit  fe  faire  à  l'âge  de  cmq  ou  lix 
mois  ,  ou  même  un  peu  plus  tard  ,  au  printemps  ou 
en  automne,  dans  un  temps  doux.  Cette  opération  peut 
fe  pratiquer  de  deux  manières.  La  plus  ordinaire  fe  fait 
par  incifion  en  enlevant  les  tefticules  ;  mais  on  peut 
aulTi  fimplement  lier  avec  une  corde  les  bourfes  au-def- 
fus  des  tefticules  ;  &:  l'on  détruit  par  cette  compreiTion 
îes  vaifTeaux  fpermatiques. 

Tous  les  ans  on  fait  la  tonte  de  la  laine  des  moii' 
tons ,  des  brebis  &  des  agneaux.  Dans  les  pays  chauds , 
où  Ton  ne  craint  pas  de  mettre  l'animal  tout- à- fait  à 
nu  ,  l'on  ne  coupe  pas  la  laine  ,  on  l'arrache  ,  & 
on  en  fait  fouvent  deux  récoltes  par  an.  En  France 
&  dans  les  climats  plus  froids  ,  on  fe  contente  de  ton- 
dre les  moutons  une  fois  par  an.  Le  temps  le  plus 
favorable  efl  au  mois  de  Mai  ;  la  toifon  a  le  temps  de 
recroître  pour  garantir  les  moutons  du  froid  de  l'hiver. 
La  laine  du  cou  &  du  dos  des  moutons  eft  de  la  pre- 
mière qualité  :  celle  qui  recouvre  les  autres  parties  efl 
moins  bonne.  La  laine  blanche  efl  plus  eflimée  que  celle 
qui  efl  colorée  ,  parce  qu'à  la  teinture  elle  peut  pren- 
dre toutes  fortes  de  couleurs.  La  laine  lifle  vaut  mieux 
que  la  laine  crépue. 

Les  laines  d'Italie  ,  d'Efpagne  &  même  d'An- 
gleterre ,  pafTent  pour  être  plus  fines  que  les  laines 
3e  France  ,  &  la  France  fe  voit  nécefîitée  d'ache- 
ter fort  cher  de  l'Étranger  des  laines  longues  , 
blanches  ,  fines  &  foyeufes  qu'elle  pourroit  tirer 
de  fon  propre  fonds  ,  ainfi  que  le  prouve  un  bon 
Citoyen  dans  un  Mémoire  qui  a  pour  titre  ;  Cou-- 
Jzciirations  fur  Us  moyens  de  rétablir  en  France  Us 
bonnes  efpeces  de  bêtes  à  laines.  Cet  objet  mérite 
tellement  d'attirer  notre  attention  par  fa  grande  utilité 
&  par  fon  importance  pour  la  richefTe    de   l'Etat , 


Î70  BEL 

eue  l'on  va  préfenter  un  tableau  raccourci  cles  vues 
de  ce  Patriote. 

La  France  ,  ainii  que  le  prouve  très-bien  cet  Auteur , 
a  été  en  poffeiTion ,  pendant  près  de  ilx  fiecles ,  de  pro- 
duire d'excellentes  laines  ,  tant  de  carde  que  de  peigne , 
de  toutes  les  qualités  ,  6c  fi  belles ,  que  l'Etranger  étoit 
obligé  de  venir  fe  fournir  en  France  des  laines  &  mcme 
des  étofres  dont  il  avoit  befoin.  Elle  a  perdu  cet  avan- 
tage depuis  que  l'Efpagne  6c  TAngleterre  ,  la  Hollande 
&  la  Suéde  ont  eu  le  fecret  de  perfedicnner  la  qualité , 
&  d'augmenter  la  quantité  de  leurs  laines  par  l'impor- 
tation d'une  race  étrangère  m^eilleure  que  celle  du  pays. 

L'avantage  qu'a  eu  la  France  autrefois  ,  peut  fe 
recouvrer.  Le  climat  6c  les  pâturages  qui  influent  tant 
fur  la  qualité  des  laines  ,  font  les  mêmes  qu'autrefois , 
peut-être  même  ces  derniers  font-ils  perfectionnés.  Les 
véritables  moyens  à  employer  font  d'importer  &  de 
multiplier  en  France  de  bonnes  efpeces  de  moutons ,  6c 
à.es  races  choifies  ,  appropriées  au  climat  6>c  à  l'efpece 
de  pâturage  des  Provinces  où  on  les  renouvellera  ;  car 
on  a  dans  la  France  plusieurs  fortes  de  climats  ,  &  qui 
font  pour  le  m.oins  auffi  avantageux  pour  élever  les 
moutons  ,  que  ceux  des  voifms  qui  nous  ont  fupplantés. 
Les  foins  que  l'on  prendra  dé  ces  animaux  influent 
aufli  beaucoup  fur  la  beauté  de  leurs  laines. 

Il  eft  utile  de  détniire  un  préjugé  enraciné  depuis 
long-temps ,  6c  de  montrer  dans  le  dernier  degré  d'évi- 
dence ,  que  la  France  poiTede  des  laines  de  la  même 
qualité  que  celles  d'Angleterre.  L'Auteur  ,  d'après 
lequel  nous  parlons ,  s'eil  afîiiré ,  par  un  examen  exacl: , 
que  la  laine  des  plus  beaux  moutons  de  Flandres  ,  eft 
d'une  qualité  femiblable  à  celle  d'Angleterre  ,  en  lon- 
gueur ,  en  blancheur  6c  en  fîneiTe.  Après  avoir  fait 
pafTer  par  un  Ouvrier  intelligent  une  peau  en  fuint  à\\n 
mouton  de  la  meilleure  efpece  des  environs  de  Lille  en 
Flandres  ,  il  obferva  que  lorfqu'on  enlevoiî  la  fuperficie 
de  la  toilbn  où  la  fiente  avoit  féjourné  ,  6c  qui  avoit 


BEL  17Î 

une  couleur  jaune  fale  ,  le  refte  étolt  d*une  blancheur 
éclatante.  Les  tlocons  de  la  mere-laine  de  cette  toifon 
avoient  fept  pouces  de  longueur  ;  encore  faut -il  ob- 
ferver  que  l'on  avcit  tué  l'animal  cinq  mois  avant  le 
temps  de  la  tonte  :  les  filets  de  la  laïm  préfervée  ref- 
fembloient  à  de  la  foie  blanche  ,  tant  ils  étoient  fins 
&  luifans.  Cette  laïm  comparée  à  celle  d'Angleterre 
filée  ,  car  on  ne  la  reçoit  jamais  autrement  en  droiture  , 
ne  préfenta  pas  la  moindre  diîiérence  en  qualité.  Il 
fuit  donc  de  ces  obfervations ,  que  l'on  pourroit  recueil- 
hr,  fans  fortir  du  Royaume  ,  en  tenant  les  bêtes  à  laine 
proprement  ,  &;  en  en  prenant  les  foins  néceiTaires  , 
des  laïms  aufli  longues ,  aufïi  blanches  &  auiîi  fines  que 
celles  d'Angleterre. 

Le  François  ayant  la  manie  de  préférer  les  matières 
étrangères ,  à  qualités  égales  ^  à  celles  de  fon  crû,  les  Mar- 
chands font  convenus  dans  le  commerce  de  vendre 
fous  le  nom  de  lalm  d^ Angleterre  la  belle  laine  de  Flan- 
dres triée ,  qui ,  ainfi  que  celle  d'Angleterre ,  fe  vend 
jufqu'à  cent  fous  la  livre.  Les  Hollandois  en  ufent  de 
même,  &  on  a  recours  à  la  même  fupercherie  pour 
certaines  étoffes  de  foie. 

S'il  exifte  quelque  légère  différence  entre  nos  belles 
laines  de  Flandres  &:  celles  d'Angleterre,  c'efl  que  les 
nôtres  ne  prennent  pas  auiîi  bien  la  teinture  de  cou- 
leur de  feu  que  celles  d'Angleterre,  défaut  qui  difpa- 
roîtra  dès  qu'on  aura  foin  de  tenir  proprement  les 
bêtes  à  laine. 

On  peut  faire  de  toutes  les  qualités  de  laines  deux 
claffes  principales ,  &  rapporter  toutes  les  laines  cour- 
tes à  la  clafie  des  laines  d'Efpagne,  les  longues  à  la 
claiTe  de  celles  d'Angleterre.  Le  Roufîillon-,  le  Langue- 
doc ,  le  Berry ,  font  des  qualités  d'Efpagne  ;  les  mou- 
tons de  ces  Provinces  donnent  ordinairement  quatre 
livres  d'une  laine  qui  diffère  peu  de  celle  que  donnent 
les  moutons  des  plaines  de  Ségovie  en  El  pagne.  Les 
moutons  Flandrins ,  qui  font  notre  efpece  la  plui>  groiïé. 


\ji  BEL 

donnent  depuis  huit  jufqu'à  dix  livres  cfe  laîne  de  U 
même  efpece  que  celle  d'Angleterre.  En  jetant  ainfi 
lin  coup  d'œil  général  fur  les  diverfes  Provinces  du 
Royaume,  on  voit  qu'elles  font  propres  à  nourril" 
diverfes  efpeces  de  moutons. 

Comme  il  y  a  une  analogie,  un  rapport  eflentiel 
entre  les  pâturages,  la  laine  &  la  chair  des  moutons^ 
il  faut  nécelTairement  aiTortir  les  pâturages  à  chaque 
efpece  de  moutons,  L'efpcce  de  mouton  choifie,  que 
Ton  fera  paître  fur  le  penchant  des  coUines,  fur  les 
peloufes  d'herbes  fines,  donnera  une  laine  fine,  courte 
&  très-belle.  L'efpece  dont  la  corpulence  demande  une 
nourriture  plus  fubilantielle ,  donnera  ,dans  des  pâtu- 
rages abondans  &  fous  un  climat  favorable,  une  laine 
longue,  belle  &  foyeufe,  La  France  pourroit  donc  fe 
pafier  de  tout  fecours  étranger  en  pcrf.dionnant ,  mul- 
tipliant les  bonnes  races,  fupprim.ant  les  moindres ^ 
&  appropriant  chaque  efpece  de  mouton  au  climat  & 
à  îa  nourriture  qui  lui  ell  propre. 

\]n  coup  d'œil  jeté  fur  la  manière  dont  les  étran-- 
gers  s'y  font  pris  pour  nous  fupplanter  dans  cette 
efpece  de  commerce,  fera  peut-être  très-propre  à  rani- 
mer notre  émulation ,  &  à  nous  faire  profiter  de  leurs 
leçons  pour  recouvrer  notre  ancienne  fupériorité. 

Vers  le  milieu  du  quatorzième  fiecle,  Dom  Pedr& 
IV ^  Roi  de  Caftille ,  fuccefleur  ^Alphonfi ,  ayant  appris 
qu'il  y  avoir  en  Barbarie  des  moutons  qui  faifoient  à 
leurs  propriétaires  un  grand  profit ,  fit  venir  en  Efpagne 
im  certain  nombre  de  cette  belle  efpece  de  hélurs  & 
de  brebis  d*outremcr,  ganados-mmnos\  voilà  l'origine 
è.ts  belles  laines  de  Caftille.  Cette  race  de  moutons 
tranfportée  en  Efpagne  réufiit  affez  bien  pendant  deux 
fiecles.  Le  Cardinal  Ximmes  ^  fous  le  règne  de  Ferdi- 
nand h  Catholique  &  à'ifabelle  de  Cajlille  ,  la  voyant 
dégénérer,  fit  venir  de  nouveau  des  béliers  de  Barbarie 
de  la  plus  belle  efpece.  En  Minière  intelligent,  ce  grand 
homme  eut  foin  d'exciter   parmi  les  Efpagnols  une 


BEL  I7Î 

îioHe  émulation  pour  le  foin  des  troupeaux ,  en  forte 
qu  encore  aujourd'hui  des  Chefs  de  familles  très-diilin- 
guées  fe  font  un  plaifir  de  vifiter  eux-mêmes  leurs 
troupeaux,  &  que  le  jour  de  la  tonte,  jour  d'une 
nouvelle  fource  de  richefles ,  eft  célébré  par  des  fêtes 
brillantes  &  fomptueufes.  Les  Efpagnols  fe  fcuviennent 
que  les  Rois  étoient  autrefois  propriétaires  de  la  plus 
grande  partie  de  ces  troupeaux  :  de  là  ce  grand  nom- 
bre d'Ordonnances,  dé  lois  pénales,  de  privilèges  & 
d'immunités,  établis  fous  difFérens  règnes  pour  la  conr 
fervation  &c  le  gouvernement  des  troupeaux;  de  là 
cet  ancien  Tribunal  formé  fous  le  titre  de  Conjkil  du 
grand  troupeau  royal ,  (  Conc.jo  de  la  méfia.  )  C'eil  par 
une  telle  attention  que  les  moutons  rapportent  annuel- 
lement dans  le  tréfor  plus  de  trente  millions  de  réaux  : 
aufïï  les  Rois  d'Efpagne^  dans  leurs  Ordonnances ,  les 
appellent- ils  h  précieux  joyau  de  la  Couronne.  On  fe 
rappelle  que  Philippe  établit,  en  1429,  C Ordre  de  U 
Toifon-d'Or^  en  mémoire  d'une  vente  de  laine  très- 
confiderable  ,  dont  le  produit  avoit  beaucoup  aug- 
menté la  rlcheffe  de  (qs  peuples  dans  fes  domaines  de 
Flandres  &  de  Brabant.  Tout  cela  annonce  de  quelle 
importance  eft  pour  la  Nation  ce  genre  de  richelies. 
La  Nature  s'embellit  &  fe  perfeâ:ionne  fous  la  main 
du  riche  poiTefîeur;  cette  ém-ulation  à  foutenirla  bonne 
race  des  moutons  par  le  choix  des  béliers^  efi  même 
devenue  en  Efpagne  une  forte  de  jaloufie  ii  grande, 
qu'on  a  vu  de  riches  particuliers  payer  jufqu'à  deux 
cents  ducats  un  excellent  bélier.  Ce  font  ces  mêmes 
.foins  qui  leur  procurent  des  chevaux  d'une  fi  belle 
forme  ,  &  d'une  taille  fi  élégante,  Foyc^  à  fanick 
Cheval. 

Au  quinzième  fiecle-,  Edouard  IV  ,  Roi  d'Angle- 
terre ,  fit  venir  ,  avec  la  permiffion  du  Roi  d'Efpagnej 
îrois  mille  bêtes  blanches  de  cette  belle  race  de  mou- 
tons dont  on  vient  de  parler.  Par  la  fageiTe  de  l'admi- 
niftration;^  l'Angleterre^  au  bout  de  quelques  aimées  ^ 


174  B    E     L 

fut  peuplée  de  cette  précieufe  efpece.  On  forma  des 
écoles  de  Bergers ,  on  leur  donna  les  inilruâ:ions  né- 
ceffaires  ;  on  parvint  par  degrés  à  habituer  les  moutons 
qui  paiîoient  d'un  climat  fous  un  autre  bien  différent, 
à  fupporter  le  froid  de  l'hiver  en  plein  air  au  milieu 
d'un  parc.  L'Angleterre  nous  fupplanta  alors  par  les 
foins  qu'avoit  eus  le  prédécelTeur  q\  Edouard ,  d'attirer 
en  Angleterre  des  ouvriers  François.  La  Reine  Elifabcth 
s'eil  couronnée  de  gloire  par  l'attention  de  renouveler 
cette  race  de  moutons ,  pour  l'empêcher  de  dégénérer  ; 
gloire  que  lui  avoit  préparée  Henri  VIII.  L'Angleterre 
doit  beaucoup  à  ce  Roi. 

Toutes  les  laines  d'Angleterre  ne  font  pas  de  la 
même  beauté  ;  les  Anglois  ont  trois  fortes  de  bêtes  à 
laine  :  l'efpece  commune  qui  eft  l'ancienne  ,  oc  dont 
les  toifons  ne  valent  pas  mieux  que  nos  groffes  laines 
de  Picardie  ;  l'efpece  bâtarde  produite  par  les  bclUrs 
d'Efpagne  &  les  brebis  d'Angleterre ,  dont  la  laine  tient 
le  milieu  pour  la  bonté  ;  6c  enfin  la  troifieme  efpece 
qui  efl  celle  d'Efpagne.  11  ell  digne  de  remarque  que 
le  féjcur  des  bêtes  Efpagnoles  en  Angleterre  a  fait 
changer  leur  laine  de  nature.  Elle  eft  beaucoup  plus 
longue  ,  mais  moins  fine  que  celle  d'Efpagne ,  appa- 
remment par  la  nature  des  pâturages  àc  du  climat. 
Elle  eil  auifi  plus  blanche  &:  plus  nette  ,  parce  qu'on 
y  a  l'attention  de  tenir  les  troupeaux  plus  proprement 
qu'en  Efpagne.  Une  des  caufes  en  général  qui  peut 
contribuer  le  plus  à  la  beauté  ÔC  à  la  blancheur  àts 
laines  ,  c'eil  la  méthode  de  laver  la  toifon  fur  le  corps 
des  moutons  ,  fur-tout  lorfqu'on  fait  ufage  d'eau  favon- 
neufe  ,  telle  qu'en  donnent  quelques  fontaines  ;  ce 
lavage  purifie  parfaitement  bien  les  laines.  En  Efpagne , 
des  Paileurs  conduifent  leur  bétail  dans  des  vacans 
immenfes  ,  fous  un  ciel  doux  pour  la  faifon  ,  &:  c'efi: 
de  ces  promenades  d'un  territoire  à  l'autre  ,  que  ces 
moutons  ont  été  nommés  bêtes  trafumantes  ,  (^trans- 
humantîs,  )  La  vie  de  ces  animaux  6c  des  Bergers  qui, 


BEL  175 

les  gouvernent  ,  eu  un  voyage  continuel ,  un  palTage 
des  pâturages  d'été  dans  les  pâturages  d'hiver  ;  poirit 
de  bergerie  ;  point  d'abri  ni  de  parcs  domeftiques  ; 
point  de  féjour  que  le  temps  néceilaire  à  l'opération 
de  la  tonte.  Les  Anglois  rafîemblent  leurs  bêtes  à  laine 
dans  de  vaftes  enceintes ,  le  long  des  côtes  de  la  mer, 
ou  à  la  campagne  dans  des  terrains  circonfcrits  de 
haies  vives ,  ou  par  d'autres  défenfes.  Ce  font  autant 
de  prairies  naturelles  ou  artificielles  ;  les  moutons  y 
mènent  la  vie  fauvage  ,  tant  de  jour  que  de  nuit  , 
fans  Berger  &  fans  chiens.  Il  faut  en  convenir ,  on  ne 
voit  point  de  loups  en  Angleterre  ,  &c  les  voleurs 
n'exercent  guère  leur  cupidité  que  fur  les  grands 
chemins. 

Au  fiecîe  paffé  les  Kollandois  convaincus  par  l'exem- 
ple des  pigeons ,  des  poules-d'Inde  &  d'autres  animaux 
transfplantés  ,  que  les  efpeces  de  la  vafle  contrée  des 
Indes  Orientales  ,  accoutumées  une  fois  à  Pair  de 
l'Europe ,  y  deviennent  plus  fécondes  &  y  multiplient 
à  fouhait  ,  tranfporterent  des  Indes  Orientales  une 
efpece  de  béliers  &  de  brebis ,  haute  ,  alongée ,  groiTe 
de  corfage  ,  <k  dont  la  laine  égaloit  prefque  les  laines 
d'Angleterre  en  fineffe  &  en  bonté.  Cette  race  ,  tranf- 
plantée  dans  le  Texel  ôc  dans  la  Frife  Orientale  ^  y 
réuiîit  au  point  que  les  femelles  donnoient  qTiatre 
agneaux  par  année.  En  général  l'expérience  a  toujours 
démontré  que  les  moutons  profperent  lorfqu'ils  font 
accoutumés  au  froid  ,  &  qu'ils  ne  foufirent  point  d'al- 
tération en  pafTant  d'un  pays  chaud  dans  un  pays  froid. 
Il  en  efl  tout  autrement ,  lorfqu'on  les  tranfporte  d'un 
climat  froid  fous  un  ciel  beaucoup  chaud. 

Dans  le  Texel  on  retire  de  ces  moutons  tranfpîantés 
des  Orientales  ,  des  toifons  qui  donnent  depuis 
fqu'à  feize  livres  d'une  laine  longue  ,  fine  c^: 
foyeufe  ,  dont  on  fait  commerce  fous  le  nom  de  l^n& 
d'Angleterre.  Les  Hollandois  permirent  aux  Flamands 
de  tranfporîer  quelques  bêtes  Indiennes  aux  environs 


des  Ind 
dix  ju 


176  BEL 

de  Lille  &:  de  Varneton  ;  elles  y  réuffirent  û  bien  ; 
que  toute  Pefpece  tranfplantée  des  Indes  en  prit  le 
nom  de  moutons  Flandrlns, 

Les  Suédois  ,  quoique  fous  un  climat  plus  rigou- 
reux ,  ont  auffi  transporté  chez  eux  des  bêtes  à  laine 
de  la  meilleure  efpece  d'Angleterre  &:  d'Efpagne  ;  & 
par  les  foins  qu'ils  en  ont  pris  ,  ils  recueillent  pré- 
iéntement  des  laines  aufTi  belles  que  celles  d'Angleterre 
&  d'Efpagne.  Confultez  le  Difcoiirs  fur  la  race  des 
Brebis  à  laine  fine  ,  prononcé  par  M.  Aljîroemer  dans 
V Académie  Royale  de  Stockholm  ,  le  25  Avril  1770. 
Ce  difcours  eil  rempli  de  recherches  très-favantes  & 
trcs-airieufes. 

De  femblables  exem.ples  ne  doivent-ils  pas  nous 
animer  ?  Que  l'on  'multiplie  cette  efpece  de  mouton 
Flandrin  ^  qu'on  en  conferve  la  race  pure  &  fans 
mélange ,  qu'on  la  répande  dans  toutes  les  Provinces 
cil  elle  peut  trouver  à  fe  nourrir ,  ôc  on  fe  procurera 
par  la  fuite  des  moutons  couverts  d'une  belle  laine  & 
en  grande  quantité  ;  car  le  mouton  a  ordinairement 
près  d'un  tiers  de  laine  de  plus  que  le  bélier  &c  la 
frcbis.  Que  l'on  multiplie  dans  le  Cotentin ,  prelqu'lfle 
de  la  Normandie ,  l'efpece  de  bêtes  à  laine  d'Angleterre , 
celle  à  grand  corfage  :  la  nature  du  pâturage ,  la  difpo- 
fition  du  lieu ,  tout  annonce  qu'on  y  recueillera  une 
laine  pareille  à  celle  des  plus  belles  toifons  d'Angle- 
terre. Que  l'on  répande  enfuite  ces  efpeces  dans  les 
diiierentes  Provinces  ,  fuivant  la  nature  de  leur  climat. 
C'efl  dans  l'original  même  qu'il  faut  voir  les  caufes 
ciiii  ont  fait  dégénérer  jufqu'ici  les  meilleures  efpeces 
de  mcutcns  dans  nos  différentes  Provinces  ,  les  abus 
qui  ont  nui  à  la  perfeftion  des  laines  de  France  ,  & 
les  divers  moyens  propolés  d'après  l'exemple  des  étran- 
gers pour  rétablir  cette  branche  de  commerce  ;  tels 
font  les  foins  de  former  des  écoles  de  Bergers ,  &  ce 
qui  concerne  les  parcs  &  les  étables.  Cet  objet,  d'un 
ddtail  abfolument  économique  5  deviçndroit  ici  trop 

long. 


BEL  177 

ïong.  Les  vues  de  cet  excellent  Citoyen  poiirroient 
peut-être  devenir  aufTi  très-utiles  ,  appliquées  à  une 
autre  efpece  d'animaux  domeftiques  ,  dont  on  retire 
déjà  tant  d'avantages  ;  je  veux  parler  de  la  chèvre  &;  du 
bouc.  Voyez  à  r article  Bouc.  On  devroit  aufîi  s'atta- 
cher à  marquer  les  moutons  autrement  qu'on  ne  fait; 
la  marque  en  couleur  à  l'huile  ,  au  goudron ,  au  tare 
ou  à  la  poix  noire  ,  efl:  une  forte  de  cara£tere  indélébile 
qui  gâte  la  portion  de  laine  qui  en  efl  flétrie  &  la  fait 
mettre  au  rebut. 

La  France  ne  tirant  pas  tout  le  profit  poffible  de  fou 
propre  fonds ,  &  emplo^/ant  beaucoup  de  matières  dans 
les  xManufaclures  ,  eil  obligée  de  tirer  aufîi  des  laines 
du  Levant  par  la  voie  de  Marfeille.  Smyrne  oC  Conftan* 
tinople  fournirent  les  meilleures.  (On  fait  qu'en  Syrie, 
les  brebis  ont  la  toifon  d'une  beauté  parfaite  ;  &  la 
brebis  d'Angora  ,  de  même  que  le  chat  &  la  chèvre  de 
la  même  Contrée  ,  femble  être  vêtue  de  foie  plutôt 
que  de  laine  ou  de  poil.  Tavernier  dit  que  la  plus 
grande  partie  de  ces  laines  du  Levant ,  fi  belles  &  fi 
Sues,  fe  trouve  dans  la -Province  de  Kerman^  qui  eft 
l'ancienne  Caramanie.  )  La  laine  nouvelle  eil  toujours 
préférable  ,  parce  que ,  gardée  dans  le  magafin  ,  elle 
jaunit  &;  devient  huileufe.  Lorfqu'on  embarque  la  laine 
du  Levant ,  il  faut  qu'elle  foit  extrêmement  feche  ,  de 
peur  que  l'humidité  ne  s'y  mette  6c  ne  l'échauife. 

On  donne ,  dans  le  commerce  ,  le  nom  de  laine  d^ 
chevron  ,  à  une  forte  de  laine  noire  ,  rciiiTe  ou  grife , 
que  l'on  tire  du  Levant  :  la  noire  eil  la  plus  recherchée  ; 
elle  entre  dans  la  fabrique  des  chapeaux.  On  diiiingue 
aifément  cette  laine  parmi  les  autres  ,  par  la  perfection 
de  fa  couleur  ,  par  fa  fineffe  ,  par  Ion  odeur  ,  qui 
approche  de  celle  du  mufc ,  odeur  qu'elle  retient  des 
chèvres  fur  lefquelles  on  la  tond.  Il  fembleroit  qu'on 
devroit  plutôt  lui  donner  le  nom  de  poil  de  chevron. 
Quoi  qu'ifl  en  foit ,  toutes  les  Nations  qui  trafiquent 
au  Levant ,  enlèvent  de  cette  marchandife.  Voye^  pouoi 


178  BEL 

rhifîoire  de  la  ckevn  ,  le  mot  Bcuc.  H  noïts  refle 
maintenant  à  faire  mention  de  quelques  elpeces  de 
^nouions  qui  méritent  encore  d'être  connus  ;  tels  que 
le  mouton  d'Iilande ,  celui  des  liles  Danoiies  ,  ceux 
du  Cap  de  Bonne-Efpérance ,  ôic. 

Notre  hnhis  ,  telle  que  nous  la  connoiflbns  ,  ne  fe 
trouve  qu'en  Europe  &  dans  quelques  parties  tempé- 
rées de  l'Aile  ;  tranfportée  dans  des  pays  plus  chauds , 
elle  perd  fa  laine  &  fe  couvre  de  poil  :  elle  y  multiplie 
peu  5  oc  fa  chair  n'a  plus  le  même  goût.  Dans  les 
pays  très-froids  elle  ne  peut  fubfifter  ;  mais  on  trouve 
dans  ces  mêmes  pays  froids  ,  &  fur-tout  en  Iflande , 
une  race  de  hrzhïs  à  plufieurs  cornes  ,  à  queue  courte , 
à  laine  dure  &:  épaiffe  ,  au-deffous  de  laquelle  fe 
trouve  une  féconde  fourrure  d'ime  laine  plus  douce, 
plus  fine  &  plus  touffue.  Ces  moutons  ont  ,  dit 
M.  Anderfojt ,  le  même  fort  que  les  chevaux  du  pays , 
c'eft-à-dire  qu'il  n'y  a  point  d'étable  pour  eux  ni  en 
été  5  ni  en  hiver.  Cette  efpece  de  mouton  reile  toujours 
en  pleine  campagne ,  où  ils  fe  mettent  à  couvert  fous 
les  éminences  des  rochers  ,  ou  dans  les  creux  à^s 
montagnes ,  &  fe  nourrinent  comme  ils  peuvent ,  étant 
pour  ainii  dire  abandonnés  à  eux-mêmes.  Ils  vivent 
toujours  avec  les  chevaux ,  qu'ils  fuivent  par-tout  en 
hiver ,  pour  profiter ,  à?sis  les  fortes  gelées ,  du  peu  de 
moufTe  qui  reile  à  découvert  dans  les  creux  que  les 
chevaux  font  pour  eux-mêmes  dans  la  neige  ,  &  où 
les  moutons  n'auroient  pu  atteindre  à  caufe  de  la  foi- 
blefîe  de  leurs  jambes  :  on  a  même  fouvent  obfervé 
que  5  tourmentés  par  la  faim ,  ils  m.angent  le  crin  des 
queues  des  chevaux  ,  ce  qui  leur  forme  bientôt  une 
égagropile  dans  l'efîomac.  Quand  il  neige  avec  un  grand 
vent  5  ils  quittent  les  montagnes ,  &  courent  comme 
s'ils  vouloient  devancer  le  vent  ;  ils  prennent  alors  la 
route  de  la  mer ,  6c  s'y  jettent  quelquefois  ;  en  forte 
qu'il  en  périt  fouvent  de  grandes  quantités.  Si  au 
contraire  ils  fe  trouvent  furpris  par  une  neige  fubite  j 


BEL  179 

&  fi  confidérable  ,  qu'ils  en  foient  proffiptemsnt  coih 
verts  ,  alors  ils  fe  joignent  en  très-grandes  troupes  , 
en  mettant  leurs  têtes  enfemble  ,  ol  refient  immobiles 
en  préfentant  le  dos  à  la  neige  ;  fouvent  ils  y  périlTent 
par  le  froid.  La  faim  les  oblige  quelquefois  de  fe 
jonger  réciproquement  ^la  laine  ,  pour  fe  foutenir 
îufqu'à  ce  qu'ils  foient  fecourus.  Les  payfans  coil- 
ïîoilïent  Pendroit  où  fe  tient  la  troupe ,  par  la  vaoeui' 
qui  s'en  élevé.  La  fourrure  extérieure  de  ces  moutons 
eft  fort  groffe  &c  rude  ;  on  ne  la  tond  jamais  ,  mais 
elle  fe  renouvelle  tous  les  ans  vers  la  Saint- Jean ,  après 
avoir  formé  fur  le  dos  de  l'animal  une  couverture 
compofée  de  fils  entortillés  ,  qui  tombe  d'elle-même 
tout  à  la  fois  comme  une  peau  fuperficielle.  Pour 
recueillir  leurs  toifons  ,  on  les  aflemble  en  leur  don- 
nant la  chafîe.  Un  Berger ,  accompagné  de  chiens  bien 
dreffés  ,  monte  fur  une  colline  ,  6c  ayant  donné  le 
fignal  avec  fa  corne  ,  les  chiens  fe  détachent  chacun 
de  fon  côté  ,  &  chalTent  les  moutons  de  tous  les  en- 
droits ,  en  les  forçant  d'entrer  dans  un  certain  parc 
immenfe  ,  qui  efl  fort  large  fur  le  devant ,  ôc  qui  fe 
rétrécit  peu-à-peu  vers  l'autre  extrémité.  Forcés  dans 
ce  retranchement ,  il  efl  aifé  de  les  dépouiller  de  la 
fourrure  extérieure  qui  ne  tient  plus  à  leur  peau  ; 
enfuite  on  tond  aux  deux  tiers  de  longueur  ,  la  four- 
rure intérieure  dont  nous  avons  fait  mention.  Au  refte , 
ces  moutons  fe  propagent  volontiers  dans  ces  cam- 
pagnes gelées  ,  comme  les  nôtres  dans  l'afile  d'un  parc  , 
ou  clans  la  paix  d'une  étable. 

Toutes  les  efpeces  de  moutons  d'Iflande  ont  les 
cornes  extrêmement  grandes  &  tournées  en  fpirale  ; 
il  y  en  a  qui  en  ont  deux  ,  quelquefois  quatre  & 
quelquefois  cinq ,  &  une  feule  ,  dit-on  ,  qui  fort  droite 
de  la  tête  en  avant.  Au  contraire  les  autres  bêtes  à 
cornes  des  autres  pays  en  ont  moins  ou  point  du  tout 
quand  elles  font  tranfplantées  dans  cette  ille.  Les 
corjies  foj:iit  d'un  grand  feiviçe  aux  moutons  d'L^ande  ;, 

M    2 


i8o  BEL 

pour  les  défencîre  contre  les  oifeaux  de  proie  cîe  toute 
cfpece  qui  abondent  dans  ce  pays  défert. 

II  y  a  cependant  certains  endroits  de  l'Iflande  où  le 
commerce  confifle  principalement  en  moutons  ;  les 
Payfans  g;ardent  chez  eux  les  brebis ,  &;  envoient  les 
béliers  à  la  montagne.  Dans  l'automne  ,  lorfqu'il  s'agit 
de  tuer  des  moutons  pour  les  vaifîeaux  qui  font  à  la 
rade  ,  on  les  chaffe  ,  par  le  moyen  des  chiens ,  en 
préfence  des  Juges ,  afin  que  chacun  puifle  retirer  la 
bête  qui  porte  fa  marque. 

Les  moutons  des  Ifles  Danoifes  ou  de  Feroë  font 
vagabonvds  com.me  ceux  d'Iflande  ;  ils  fe  retirent  dans 
l'hiver  fous  les  rochers  ,  &  ils  s'y  tiennent  ferrés  entre 
eux  autant  qu'il  eft  poiîible  :  ceux  qui  font  bien 
échauffés  au  dedans  de  la  troupe,  vont  relever  de 
temps  en  temps  ceux  qui  font  en  dehors  ,  6^  qui  vont 
à  leur  tour  s'échauffer  pour  en  relever  enfuite  d'autres. 
Quand  la  terre  efl  gelée  &  couverte  de  neige ,  au 
point  qu'ils  ne  peuvent  plus  atteindre  la  bruyère  ou  la 
mouffe  avec  leurs  pieds,  ils  fe  mangent  la  laine  les 
ims  aux  autres ,  &  fe  foutiennent  par-là  jufqu'au  dégel  ; 
dans  rété  leur  pâturage  efl  affez  bon. 

Dans  les  pays  chauds  on  ne  voit  que  des  moutons 
à  cornes  courtes  &  à  queue  longue  ,  dont  les  unes 
font  couvertes  de  laine ,  les  autres  de  poil ,  &  d'au- 
tres encore  de  poil  mêlé  de  laine.  En  plufieurs  endroits 
de  l'Afrique  les  Européens  donnent  le  nom  de  mou- 
tons de  cinq  quartiers  ,  aux  brebis  à  grofie  &  longue 
queue.  Le  mouton  de  Barbarie  efl  connu  aufïi  fous  le 
nom  de  mouton  d^ Arabie, 

Les  moutons  du  Cap  de  Benne  -  Efpérance  font  fort 
nombreux  ;  leur  chair  ell  de  bon  goût  :  les  pauvres 
emploient  la  graiffe  de  ces  animaux  au  lieu  de  beurre 
&  de  fain-doux,  &  cette  graiffe  n'a  pas  la  confiflance 
du  fuif  de  nos  brebis  ;  on  diroit  que  c'eft  un  fain-doux 
ou  une  huile  figée.  La  queue  de  ces  moutons^  ainft 
que  de  ceux  de  Madagafcar,  eft  fouvent  large  de  plu^ 


BEL  iSi 

d\m  pied  &  pefe  quinze  à  vingt  livres.  Au  refte,  ces 
moutcns  n'ont  rien  de  remarquable  qiie  la  queue , 
qu'ils  portent  comme  fi  on  leur  avoit  attaché  un  couflirt 
fous  la  queue.  La  furabondance  de  la  graiffe  qui,  dans 
nos  moutons^  fe  fixe  fur  les  reins,  defcend  dans  cette 
race  de  moutons  à  grcjfe ,  à  large  &  longue  queue ,  fous 
les  vertèbres  de  la  queue.  Les  autres  parties  du  corps 
en  font  moins  chargées  que  dans  nos  moutons  gras^ 
&  cette  race  de  m.outons  à  queue  fi  volumineufe  j 
paroît  plus  répandue  que  la  nôtre  :  on  la  trouve  com- 
munément en  Tartarie ,  en  Perfe ,  en  Syrie ,  en  Egypte, 
en  Barbarie ,  en  Ethiopie ,  à  Mofambique ,  à  Madagafcar  , 
&  au  Cap  de  Bonne-Eipérance,  ainfi  qu'il  efl:  dit  ci-deffus. 

Les  moutons  des  Côtes  d'Yeman  6c  de  Zeïla  ont  la 
laine  du  corps  blanche ,  &  celle  de  la  tête  noire  :  il 
leur  pend  à  l'extrémité  du  dos  une  groffe  maife  de 
chair  ,  d'où  fort  une  queue  femblable  à  celle  du  cochon 
de  lait.  Les  moutons  de  la  Cambra  ont  une  queue  fî 
groiïe ,  fi  longue ,  ii  graffe  &  fi  pefante ,  que  les  Ber- 
gers font  obligés  de  la  foutenir  fur  une  efpece  de  petite 
brouette,  pour  foulager  l'animal  dans  fa  marche.  La 
queue  des  moutons  des  Eleuthas  en  Tartarie ,  pefe  quel- 
quefois jufqu'à  quatre-vingts  livres  :  ils  ont  une  bofle 
ilir  le  nez  comme  les  chameaux,  &  les  oreilles  pen- 
dantes. Quelques  -  unes  de  ces  bêtes  ont  jufqu'à  fix 
cornes  de  différentes  formes. 

Les  moutons  de  la  Côte  de  Malagiiette  ont  une  cri- 
nière alTez  fembdable  à  celle  du  lion  :  ceux  de  la  Côte 
<l'Or  ont  du  poil  au  lieu  de  laine  ;  c'eft  ce  qui  a  fait 
dire  à  Anus  ,  qu'en  ce  pays  le  monde  eft  renverfé  : 
les  hommes  y  ont  de  la  laine ,  &  les  moutons  du  poil. 
Les  moutons  de  Guinée ,  les  grandes  bnh'is  du  Sénégal , 
ont  un  bêlement  abfolument  difFérent  de  celui  de  nos 
moutons  :  ils  font  différens  aulîi  par  leur  poil  brun  &: 
noir.    Voyei^  l'article  Adimain. 

Les  moutons  de  la  Baie  de  Sambras  font  fort  grands 
^  d'une  extrême  beauté  ;  ils  ont  auifi,  au  lieu  de  laine ^ 

M  3 


î§2  BEL 

lin  poil  fembîable  k  celui  des  chèvres  :  le  tour  de  leur 
Cîueue  a  près  de  deux  pieds. 

Les  moutons  de  rindoflan  &  de  la  Perfe  ont  une 
laine  courte  &:  très-fine,  qui  tombe  d'elle-même  en 
certains  temps. 

Olêar'ius  dit  que  les  moutons  des  Tartares  Usbecks 
êc  de  Eefchac ,  font  chargés  d'une  laine  gtifâtre  & 
longue ,  frifée  au  bout  en  petites  boucles  blanches  & 
ferrées  en  forme  de  perles ,  ce  qui  fait  un  très  -  bel 
effet  ;  c'efl  pourquoi  l'on  eflime  bien  plus  la  toifon 
que  la  chair  ;  cette  forte  de  fourrure  étant  la  plus  pré- 
cieufe  de  toutes  celles  dont  on  fe  fert  en  Perfe  &  à 
Aftracan  ^  après  la  Zibeline.  Ces  fortes  de  moutons 
que  l'on  retrouve  auffi  en  Afie,  n'ont  point  de  queue, 
mais  le  train  de  derrière  efl  fort  gras.  A  l'égard  de  la  race 
de  brebis  dcmeiliques ,  que  Bdon  appelle  hrchïs  Jlrep^ 
ftcheros ,  elle  ne  diffère  de  nos  brebis  ordinaires  que 
par  les  cornes  qu'elle  a  droites  &  cannelées  en  fpirale. 
Elle  fe  trouve  dans  les  liles  de  l'Archipel ,  &  princi- 
palement dans  rifle  de  Candie.  On  lui  donne  aufli  le 
nom  de  mouton  de  Crète, 

L'on  a  toujours  remarqué  dans  ces  contrées  étran- 
gères, alnfi  que  dans  les  nôtres,  que  plus  les  climats 
font  froids  oC  peu  herbeux,  plus  les  moutons  font 
couverts  d'une  laine  roide ,  peu  blanche ,  courte  &: 
mauvaife  ;  mais  que  plus  les  climats  font  doux  ou 
tempérés  ,  ôc  les  pâturages  abondans ,  plus  la  laine  àiZ% 
moutons  &C  le  poil  des  chevr.s  font  fins  ,  fouples  , 
longs  ôi  de  bonne  qualité.  Une  autre  confidération  , 
c'efl  que  fi  un  mouton  refle  toute  l'année  dans  le  même 
endroit ,  &  pendant  les  nuits  d'hiver  enfermé  dans  une 
bergerie  bien  clofe  ,  fa  laine  fera  grofîiere  ;  au  lieu 
que  fi  un  mouton  vit  toujours  en  plein  air  (  au  moins 
dans  une  étable  ouverte  nuit  &  jour,  &  dont  la  litière 
foit  bien  propre  ^  enlevée  tous  les  huit  ou  quinze 
jours  )  ,  &  qu'il  voyage  deux  fois  l'année ,  fa  laine 
fera  fme,  ainîi  qu'on  le  pourroit   pratiquer  dans  le 


B    E    L  î8î 

Dauphlné ,  dans  la  Provence  ,  dans  îe  Languedoc  &l 
d'autres  Provinces  Méridionales ,  où  les  pacages  mon- 
tueux  &  les  herbages  font  convenables,  obfervant 
toutefois  de  ne  leur  faire  palier  l'hiver  que  dans  les 
plaines  tempérées ,  &  que  le  Berger  ne  les  laiiTe  pas 
manquer  de  fel  ;  ce  qui  fert  beaucoup  à  entretenir  la 
fantë  des  moutons  ,  èl  à  rendre  leur  conflitution  plus 
ferme  lorfqu'ils  paiffent  fur  des  terres  argilcufes  ;  car 
û  la  terre  de  leur  pâturage  efl  un  débris  ce  terre  cal- 
caire, ils  dédaignent  le  fel  ;  &  en  effet  ils  n'en  ont  pas 
befoin.  On  ne  peut  encore  qu'approuver  ceux  qui  la- 
vent par  intervalles  le  corps  des  moutons  avec  une 
eau  chargée  de  terre  favonneufe.  - 

Dans  deux  Mémoires  lus  à  t Académie  des  Sciences 
en  1768  &  1769,  M.  Daukcnton  rapporte  les  e?:pé- 
riences  qu'il  a  faites  pour  conftater  les  avantages  réels 
qu'on  trouve  à  tenir  les  bêtes  à  laine  en  plein  air  pendant 
rhlver ,  fans  qu'il  leur  arrive  même  aucun  accicfent. 
Il  démontre  que  la  fueur  eft  plus  à  craindre  pour  les 
animaux  ruminans  que  pour  les  autres  ,  parce  qu'elle 
fufpend  ou  diminuera  fecrétion  de  la  férofité  du  fang 
qui  eft  nécefiaire  pour  la  nmiination.  Les  bêtes  à  laine 
étant  en  fueur  lorsqu'elles  ruminent ,  ont  une  double 
évacuation  de  férofité  :  alors  leur  corps  fe  defîeche  , 
le  fang  s'épaiiïït  &  s'échauffe,  l'animal  devient  altéré, 
il  boit  plus  qu'il  ne  convient  à  fon  tempérament  :  l'ex- 
cès de  tranfpiration  &:  de  chaleur  prive  la  laine  d'une 
partie  de  fa  nourriture ,  ou  la  fait  croître  trop  promp- 
tement ,  pour  qu'elle  prenne  affez  de  confiilance.  Ainfi 
€n  logeant  nos 'bêtes  à  laine  dans  des  étables  où  elles 
^aaw'C^w  été  &  en  hiver,  par  des  foins  mal-entendus, 
par  une  dépenfe  inutile  ^l  même  nuifible ,  nous  alté- 
rons leur  fanté  &:  nous  gâtons  leur  laine. 

La  Nature  a  vêtu  ces  animaux  de  façon  qu'ils  n'ont 

*-  pas  befcin  de  couvert.  Le  froîd,  la  pkiie  ,  ni  les  injures 

de  l'air  dans  nos  climats ,  ne  leur  font  point  de  mal  : 

ils  ne  craignent  que  la  grande  chaleur.  M.  Dauhnton 

M  4 


184  BEL 

5  fait  parquer  en  plein  air,  nnit  Se  -Jour  ,  fans  aucutî 
abri ,  un  petit  trcupeau  p-cnd^nt  tout  Thiver  de  1768, 
Ces  animaux  ,  tous  de  la  race  des  bêtes  à  laine  de 
l'Auxois,  ëtoîent  placés  dans  un  lieu  expofë  au  Nord, 
&i  l'un  des  plus  froids  du  canton;  ils  ont  éprouvé  des 
gelées  qui  ont  fait  defcendre  le  thermomètre  de  Rcaumur 
ji'fqu'à  quatorze  degrés  &  demi  au-deifous  de  la  congé- 
lation ;  ils  ont  été  expofés  à  des  vents  très-violens ,  à 
^^s  pluies  continuelles ,  à  des  brouillards ,  au  givre  & 
à  la  neige  ;  ils  ont  fubi  toutes  fortes  d'épreuves  des 
intempéries  de  l'air,  &  cependant  ils  ont  été  plus  fains, 

6  même  par  la  fuite  plus  vigoureux  que  ceux  que  Ton 
avoit  renfermés  dans  des  étables.  L'épaifTeur  de  la  laine, 
fon  fuint ,  empêchent  l'eau  de  la  pluie  de  pénétrer  jufqu'à 
la  peau  de  l'animal ,  &  la  partie  de  la  laine  qui  fe  mouille 
cfl  bien  plutôt  féchée  au  grand  air  que  dans  les  étables. 
Des  brebis  ont  mis  bas  lors  de  ces  fortes  gelées ,  & 
les  agneaux ,  comme  les  mères ,  n'en  ont  eu  aucun  mal. 
Notre  Obfervateur  prétend  qu'en  gouvernant  ainfi  les 
bêtes  à  laine ,,  il  n'y  a  point  de  fnoyen  plus  sûr  pour 
les  maintenir  en  bonne  fanté ,  pour  leur  donner  de  la 
vigueur,  pour  les  préferver  de  la  plupart  des  maladies 
auxquelles  elles  font  fujettes  ,  pour  donner  un  meilleur 
goût  à  leur  chair  &  pour  rendre  la  laine  plus  blanche, 
plus  abondante  &:  de  meilleure  qualité.  A  la  force  du 
raifonnem.ent  fe  joint  ici  l'authenticité  A^s^  faits  :  ce 
font  des  innovations  dont  on  démontre  le  fuccès  au 
doigt  &  à  l'œil.  Les  économes  vraiment  citoyens  doivent 
mettre  en  pratique  un  exemple  aufîi  utile ,  ôe  ne 
jamais  perdre  de  vue  ce  point  de  difcipline  rurale.  Il 
n'y  a  qu'à  gagner ,  puifque  l'on  augmentera  la  vigueur 
du  bétail ,  la  bonne  qualité  &  la  quantité  de  la  laine  ;  les 
peaux  en  feront  aufîi  plus  grandes  &  phis  fortes.  Voilà 
le  meilleur  mxoyen  pour  relever  l'efpece  des  bêtes  à  laine 
en  France  ,  y  miultiplier ,  y  maintenir  de  bonnes  races, 
&  procurer  à  la  Nation  les  laines  néceffaires  pour  fes 
Manufadures.  Nous  pouvons  attefter ,  comme  témoin 


BEL  iSy 

iscuîairG  5  que  les  Anglois  ,  les  Ecoiïbîs  ,  les  Irlandois 
ne  retirent  à  l'étable  en  aucun  temps  leurs  montons  & 
autres  belliaux.  (  Nous  avons  déjà  dit  que  ces  moutons 
infulaires  n'ont  rien  à  craindre  du  loup.  )  Il  y  a  feule- 
ment quelques  endroits  où  on  les  met  à  demi-abri , 
mais  en  plein  champ  ,  au  moyen  de  toits  foutenus  par 
des  perches  ,  &  oii  Ton  arrange  A^s  râteliers  que  l'on 
garnit  de  bon  fourrage  ;  mais  (^A  uniquement  quand 
la  terre  eil  couverte  de  neige. 

Cet  article  étant  très-important ,  vu  l'utilité  de  fon 
objet ,  nous  invitons  encore  notre  Leé^eur  à  conlulter 
ini  txhS'hon  Mémoire  fur  f  éducation  des  troupeaux  & 
la  culture  des  laines  ,  par  M.  R.  D.  L.  Infpecleur  général 
des  Manufactures  de  Picardie ,  &c,  coniigné  dans  le 
Journal  de  Phyfique  ,  Juillet  lyy^*  L'éducation  des  trou- 
peaux &  la  culture  des  laines  font  une  des  fources  les 
plus  fécondes  de  la  profpérité  des  Empires.. Les  laines, 
dit-il ,  font  aux  manufadures  ce  que  l'argent  eii  à  la 
guerre.  La  France  ,  ce  Royaume  puifTant  par  fon 
étendue  ,  fa  population  ,  fa  fituation ,  fes  produdions , 
îe  génie  &  l'adiivité  de  {ts  Habitans  ,  peut  rendre  tri- 
butaire le  refle  du  monde  ;  cependant  la  France  Teft 
des  Etats  agricoles  qui  l'entourent.  Son  induflrie  ell 
gênée  dans  la  partie  dont  il  efl:  queftion.  L'Angleterre, 
la  Hollande, ie  Danemarck,  le  Bas-Rhin ,  preique  toute 
l'Allemagne ,  &  principalement  la  Saxe  &  les  Marches 
du  Brandebourg ,  qui  produifent  les  plus  belles  laines 
de  ces  valles  contrées ,  font  les  fources  oii  notre  induf- 
trie  va  puifer  la  matière  première.  Sans  elles  il  fau droit 
renoncer  aux  étoffes  remarquables  parleur  finefTe  &:  leur 
légèreté  :  fans  elles  ,  plus  de  ces  chef- d'oeuvres  de  l'art 
qui  montrent  la  fupériorité  de  l'induiîrie  Françoife ,  (  les 
camelots  ,  les  bouracans  ,  les  ferges  ,  les  étamines  ,  les 
tamifes  ,  les  calmamhs  ,  &c.  &c.  ,  la  bonneterie  ,  le 
tricoté^  &c.  &c.  ,  les  tapijferizz  des  Gobelins  ,  &  tant 
de  beaux  ouvrages  à  l'aiguille.  )  Jaloufe  de  cette  main- 
d'œuvre  ,   l'Angleterre    s'efforce   encore  de  nous  en 


i8(?  BEL 

priver.  On  fer  oit  eiTrayé  par  le  calcul  des  fommes  qih 
nous  faifons  pafTer  chaque  annce  pour  l'acquit  de  la 
prodigieufe  quantité  d'étofTes  dont  elle  inonde  la  France. 
La  Saxe  nous  confidere  du  même  œil ,  &  nous  lie  des 
mêmes  chaînes.  Du  côté  du  Midi ,  rEfpagne ,  l'Italie  , 
la  Turquie  d'Europe  &  d'Afie  ,  les  Côtes  de  la  Barba- 
rie ,  alimentent  nos  Manufadures  de  draperies  fines  , 
6c  la  plupart  des  communes ,  qui  fans  elles  n'exifleroient 
pas.  La  France ,  dans  toute  ion  étendue ,  fabrique  des 
étofFes  de  laine.  Ses  etabUfîemens  en  matières  natio- 
nales font  5  du  côté  du  Midi ,  en  draperies  ;  &c  du  côté 
du  Nord ,  en  étoffes  rafes.  Les  grandes  Fabriques  de  ce 
dernier  genre  ,  font  celles  de  la  Picardie ,  de  la  Flandre , 
de  la  Champagne  &  du  Mans.  Les  Manufadlures  de 
draps  d'Abbeville,  de  Sedan  ,  de  Louviers  ,  d'Elbeuf, 
des  Andelis ,  de  Darnetal  &  autres  ,  n'emploient  que 
des  laines  étrangères.  C'eft  d'après  ces  confidérations 
que  notre  Obfervatcur  ,  Citoyen  zélé ,  voudroit  qu'on 
s'occupât  davantage  en  France  de  l'éducation  des  trou- 
peaux &  de  la  culture  des  laines.  Nos  Fabriques  ne 
feroient  alimxentées  que  des  laines  de  nos  moutons.  La 
France  ,  dit-il ,  pourroit  en  exporter  ,  &:  plus  aifément 
arrêter  l'introdudion  des  étrangères.  L'éducation  ,  îa 
culture  augmentent  ou  altèrent  les  qualités  primitives , 
&  les  variétés  immenfes  des  êtres  ne  proviennent  que 
de  l'une  ou  de  l'autre.  Les  animaux  ,  comme  les  plantes , 
prennent  un  caraâ:ere  particulier  au  climat  où  ils  fe 
trouvent  tranfportés.  La  France  pourroit  avoir  de  toutes 
les  qualités  &  de  toutes  les  fortes  de  laines.  Il  faut  en- 
courager le  Cultivateur  dans  l'éducation  des  troupeaux , 
&:  les  Manufactures  dans  leurs  entreprifes.  M.  R.  D,  L, 
convient  de  la  beauté  des  laines  des  valles  plaines  de 
Narbonne ,  mais  il  fe  plaint  de  l'éducation  qu'on  y  ob- 
ferve.  Il  profcrit  a^-ifTi  l'ufage  des  érables.  Une  bergerie  efl 
toujours  mal-propre:  le  crottin,  l'urine  croupiffent  dans 
les  toifons  ;  le  fuint  en  devient  cauflique  ,  les  rend  jau- 
nâtres &  les  brûle.  L'idée  feule  de  la  chaleur  étouffante. 


BEL  187 

<le  Taîr  empefté  que  les  Enimaiix  refpîrent  entaffés  dans 
CCS  établcF  toujours  trop  étroites  ,  oii  ils  font  conti- 
nuellement dans  l'ordure  5l  mal  nourris  ,  doit  faire 
juger  de  leur  état  de  foibleile  ,  de  langueur  ,  du 
iio^mbre  de  maladies  qui  les  afîligent,  Si  de  la  quantité 
qui  en  périt.  Ce  tableau  efl:  plus  ou  moins  conforme 
à  ce  qui  fe  pratique  généralem.ent  en  France.  Notre 
Obfervateur  convient  aufîi  que  les  moutons  devrcient 
être  toujours  à  Tair  libre  ,  hiver  &  été ,  quelque  tem.ps 
qu'il  faiTe  :  jamais  à  l'étable  ,  au  plus  fous  des  hangars 
ou  dans  un  parc  en  barricades  ;  car  on  obferve  <2^.\t  les 
înoiitons  craignent  beaucoup  la  grande  chaleur,  même  à 
l'air  libre,  &  qu'ils  ne  mangent  point  aux  heures  cii  elle 
fe  fait  le  plus  fentir ,  quand  ils  ont  pu  fe  ralTafxer  dès  le 
matin ,  &  à  leur  choix.  Il  ne  faut  pas  attendre  que  les 
hllUrs  foient  ufés  &  que  les  hnhïs  n'aient  plus  de  lait, 
pour  s'en  défaire.  La  laine  diminue  ,  &  la  vigueur  de 
l'individu  s'altère  par  l'âge.  Il  faut  donc  fe  hâter  de 
remplacer  l'efpece  avant  la  caducité  ;  en  un  mot ,  fou- 
tenir  &  renouveler  les  belles  races  ;  -de  là  les  belles 
toifons.  On  peut  croifer  les  moutons  de  la  plaine  avec 
ceux  qui  vivent  fur  les  hauteurs  ;  c'eil  un  m03Aen  de 
varier  les  laines.  On  ne  doit  donner  le  bélier  ziix  brehs, 
la  premiiere  fois  ,  qu'à  l'âge  de  dix-neuf  à  vingt  mois , 
êdles  brebis  ne  doivent  être  couvertes  qu'au  même  âge, 
tl  au  nomibre  de  vingt  par  bélier,  La  féconde  &  troifieme 
année  de  fervice  on  peut  donner  à  chaque  béher  qua- 
rante à  cinquante  brebis.  On  ne  doit  pas  faire  l'ampu- 
tation de  la  queue  de  l'animal ,  mais  en  tondre  fouvent 
la  laine  ,ainfi  qu'aux  proximités  de  l'anus  ôi  des  parties 
fexuelles  où  s'attachent  ordinairement  beaucoup  d'or- 
dures. L'amputation  de  la  queue ,  quoique  ufitée  en 
Angleterre  ,  en  Hollande  ,  en  Allemagne  ,  en  Efpagne 
&  ailleurs  ,  n'eil  pas  {-ans  conféquence  pour  la  fanté 
de  l'animal.  Il  faut  laver  la  laine  iiir  le  dos  de  l'animal 
huit  à  dix  jours  avant  la  tonte  ,  ôc  préférer  l'eau 
courante  à  une  eau  ilagnante.  Tous ,  ou  prefque  tous 


i88  BEL 

les  autres  clétaîls  qii  on  lit  dans  le  Mémoire  de  M.  R.  D.  hl 
confirment  ce  que  nous  avons  dit  dans  tout  cet  article, 
Confultez  encore  un  Mémoire  fur  Us  moyens  de  per- 
fcBionner  les  laines  de  la  France  ,  &c,  par  M.  VAbhé- 
Carller  :  Journal  de  Phyjique  ,  Février  ,  Mars  &  Avril , 
èG8^  ;  &  enfin  le  Mémoire  fur  le  premier  drap  de  laint 
fuperfine  du  cm  de  la  France ,  par  M.  Dauhznton.  Même 
Jonrn,  Août  lyS^, 

En  Agronomie  on  donne  aufîi  le  nom  de  bélier  au 
premier  des  douze  Signes  du  Zodiaque.  Voye^^  h  mot 
Constellation. 

EELLE-D-AME.  Ce  nom  a  été  donné  à  un  papillon 
remarquable  par  la  beauté  de  fes  couleurs  &;  l'élégance 
de  fa  forme.   Ce  nom  lui  convient  d'autant  mieux , 
que  la  parure  de  fes  trois  états  (  chenille ,  chryfalide  & 
papillon  )  femble  avoir  été  très-recherchée.   Sa  robe 
n'eil  point  déchiquetée  ;  le  diapré  du  deffus  eft  brun , 
orné  vers  le  bord  des  ailes  inférieures  ,  de  bandes  de 
couleur  de  cannelle  foncée  ,  avec  des  points  noirs  ,  & 
deux  en  bleu  chatoyant.  Les  ailes  fupérieures  offrent 
àts  taches  blanches  ,  fauves  &  rouges.  Le  defTous  des 
siles  eft  marbré  de  prefque  toutes  les  couleurs  :  on  y 
diiîingue  cinq  petits  yeux.  Le  papillon  belle-dame  paroît 
pendant  tout  l'été.  On  en  voit  fouvent  une  prodigieufe 
quantité  pendant  l'automne.  Il  parcourt  les  prairies  & 
les  chemins  ;  il  vifite  fur-tout  les  fleurs  de  navette  pen- 
dant l'automne.  Il  fe  borne  à  une  enceinte  dans  laquelle 
il  pafTe  fes  beaux  jours  ;  il  s'en  écarte  peu.  Il  efl  connu 
clans  toute  l'Europe.  On  le  trouve  aufîi  dans  les  autres 
Parties  du  Monde  ;  en  un  mot  il  fe  voit  par-tout  oii 
il  y  a  des  chardons  &  des  épines.  On  l'approche  aifé- 
ment ,  &  par  cette  raifon  il  efl  facile  à  prendre.  C'eû 
peut-être  de  tous  les  papillons  celui  qu'on  trouve  dans 
la  faifon  la  plus  avancée  :  on  en  voit  encore  au  mois 
de  Novembre  :  il  eil  aufîi  celui  des  papillons  de  jour 
qui  vole  le  plus  tard  ;  les  autres  fe  rerirent  au  coucher 
du  foleil  ;  la  belk-^dame  au  contraire  vole  encore  long*- 


BEL  189 

temps  après ,  Se  avec  beaucoup  d'agiîltë  :  on  en  voit 
fouvent  dans  les  grands  jours  à  neuf  heures  du  ibir  , 
particulièrement  le  long  des  grands  chemins.  Ce  papillon 
n'emploie  que  quatre  pattes  pour  march;:r,  Pafîbns  à 
fon  état  de  chenille. 

Dans  cet  état  d'enfance ,  les  deux  fexes  fe  diilingiient 
par  la  divcrfiré  des  couleurs  &  des  ornemens.  Cepern 
dant  l'efpece  mâle  &  l'efpece  femelle  varient  beaucoup 
pour  la  couleur.  Il  en  efl  de  brunâtres  ,  de  rcugeâîres, 
&Z  quelques-unes  des  chenilles  ont  une  bande  blanche 
de  chaque  côté  du  corps,  les  interférions  toujours  jau- 
nâtres ;  mais  en  général  les  mâles  font  plus  bruns  que 
les  femelles.  Cette  chenille  qui  efl  de  l'ordre  des  épineiifis^ 
n'a  point  de  piquans  à  la  tête  ni  fur  l'anneau  du  cou  ;  les 
troifieme  ôc quatrième  en  ont  chacun  quatre  ;  les  fuivans 
chacun  fept  ;  l'avant-dernier  quatre,  &  le  dernier  deux; 
en  tout  foixante  ôc  dix  épines.  Ces  chenilles  paroifTent 
deux  fois  l'an  ,  au  mois  de  Juin  &  au  mois  d'Août.  Elles 
fe  nourriflent  de  toutes  les  efpeces  de  chardons  ,  c'efl 
pourquoi  des  Auteurs  en  ont  appelé  les  papillons  char- 
donnerets ,  ou  papillons  du  chardon  ,  Pavillo  carduK 
Elles  fe  trouvent  auffi  fur  l'artichaut ,  &  rarement  fur 
les  orties  ;  elles  vivent  folitaires  Ôc  féparées.  En  fortant 
de  l'œuf  elles  fe  forment  avec  leur  foie  des  loges  d'un 
tilTu  blanc  ;  elles  mangent  les  parties  les  plus  délicates 
des  feuilles  dont  elles  n'attaquent  jamais  la  nervure  ; 
elles  ne  percent  pas  même  ces  feuilles  tout-à-fait.  Quelque 
temps  après  ,  elles  quittent  leur  première  demeure  &: 
s'en  Gonftruifent  une  autre  ,  en  rapprochant  quelques 
feuilles  dent  elles  fe  forment  une  retraite  arrondie 
qu'elles  cimentent  avec  leur  foie.  Elles  y  laiiTent  une 
porte  pour  fortir  oL  aller  picorer  ,  Se  elles  n'y  renirent 
que  lorfque  leur  faim  efl  afTouvie.  Elles  bâtiffent  plu- 
fieurs  de  cts  maifons  pendant  leur  état  de  chenilles  ; 
mais  fi  une  fois  elles  fe  trouvent  comme  emprifonnées 
ou  trop  gênées  dans  leurs  loges ,  elles  renoncent  ab- 
jfolunxent  à  la  bâtiffç ,  vivenl  à  déççuYêJ î  9v  çl«ia§  un 


190  BEL 

état  de  liberté.  Quoique  leux*-  habitude  foît  d'êti-e  foîî- 
taires  ck  ifolées ,  on  en  trouve  cependant  quelquefois 
pîufieurs  raflemblées  flir  la  même  plante  :  leur  tifTu 
alors  eu  femblabîe  à  des  nids  d'araignce,  Leur'chry- 
falide  ,  qui  efl  nue  ,  angulaire  &  lufpc-ndue  par  *Ia 
queue  ,  varie  beaucoup  de  couleur  comme  dans  l'état 
de  chenille  :  plufieurs  ont  des  taclies  d'or  ,  d'autres 
d'argent  ;  il  en  eil  même  qui  font  tout-à-fait  dorées  ; 
quelques-unes  font  fimplement  grifâtrcs  ou  brunâtres. 

BiiLLE-DAME  OU  Belladon£  baccîfere  &  vul- 
gaire ,  Belladona  aut  Solarium   kthalc  fiu   maniacam  ; 
Bdladona  majorihus  foliis  &  fioribus  ^  Tourn.  Infl.  77; 
Solanum  melaTWcerafus  j  C.  B.  Pin.  166;  Atropa  hzllci- 
dona ,  Linn.  260.  Fiante  qui  s'élève  à  la  hauteur  de 
quatre  à  cinq  pieds ,  branchue  ,  refTembîante  à  la  mordU 
des  jardins  ,  m.ais  plus  grande  &  plus  velue.  Ses  feuilles 
font  ovales  ,  entières  ,  géminées ,  v^r^t  grande  oc  une 
petite,  ^^s  fleurs  font  en  cloche  ,  découpées  en  cinq 
quartiers  ,  rayées  ,  un  peu  velues  ,  d'un  pourpre  noi- 
râtre: aux  fleurs  fuccedcnr  des  fruits  prcfque  fphériques, 
mous  ,  fembîables  à  un  grain  de  raiiin ,  noirs ,  luifans , 
fefnics  &  remplis  d'un  fuc  vineux.  Sa  racine  efî  vivace , 
épaiffe  ,  longue ,  ram.eufe  &  blanchâtre. 

Cette  plante  croît  afîez  volontiers  autour  de  Chan- 
tilly ,  à  dix  lieues  de  Paris  ;  elle  fe  trouve  autour  dts 
forêts  ,  dans  les  ïdi^ ,  le  long  des  murailles  &  des 
haies  ombragées  :  elle  eft  commune  en  Angleterre  ;  il 
eft  utile  de  la  connoître  ,  car  l'ignorance  à<^s  effets  de 
fon  fruit  a  été  fatale  à  plus  d'une  perfonne.  Il  efî  parlé 
de  jeunes  Anglois  qui,  preiTés  de  la  foifdans  un  voyage, 
mangèrent  imprudemment  des  baies  de  bdladona  ; 
ils  moururent  fous  dans  un  demi-affoupiffement.  De 
deux  jeunes  gens  qui  dans  le  Jardin  des  Plantes  de 
Leyde  mangèrent  deux  ou  trois  de  ces  baies ,  l'un  mou- 
rut le  lendemain,  &  l'autre  fut  très-mal.  On  eil  d'abord 
attaqué  d'un  court  délire  ;  on  fait  des  éclats  de  rire  6r 
difféientes  gc(liculations  même  audaçieufes  ;  enfuitc  en. 


BEL  i9f 

tombe  dans  une  véritable  fo-lie  ,  après  cela  dans  une 
Hiipidité  femblable  à  celle  d'une  peribnne  ivre  furieufe, 
6c  qui  ne  dort  pas  ;  enfin  l'on  meurt.  On  trouve  dans 
le  Recuùl  périodique  de  Médecine  ,  Août  lySc)  ,  une 
oblervation  remarquable  au  fujet  de  deux  jeunes  filles 
qui  furent  frappées  de  manie  &  des  fyîriptômes  pré- 
cédens  ,  pour  avoir  mangé  deux  à  trois  baies  de  morclU 
furiaifi  ou  hdladone  ,  6c  qu'un  Médecin  guérit  par, 
Tufage  de  l'émétique  en  lavage. 

Le  vinaigre ,  le  fuc  de  limon  ,  6c  en  général  tous 
les  acides  végétaux,  palTent  pour  être  les  contre-poifons 
de  toutes  les  efpeces  dangereufes  de  mcrelk.  Les  feuilles 
de  la  helladona  appliquées  extérieurement  en  cataplafme , 
font  réfolutives.  Ces  remèdes  afToupilTans  ne  doivent 
pas  être  appliqués ,  même  à  l'extérieur ,  fans  beaucoup 
de  précaution. 

M.  Gataker  ,  Chirurgien  de  Londres  ,  vient  de  com-« 
muniquer  à^s  Obfervatioris  fur  l'itrage  intérieur  du 
folanum  :  on  y  lit  que  M.  LambergcTi ,  Profefleur  à 
Groningue  ,  a  publié,  en  1754 ,  Phiiloire  d'un  cancer 
guéri  avec  le  folanum  lethale  ou  la  hdladona  (  belle- 
dame  )  ;  ce  qui  donna  lieu  à  M.  Gataker  de  travailler 
fur  cette  plante.  Il  commença  par  le  folanum  de  jardin 
ou  la  mordle ,  dont  il  prit  lui-même  Tinfuiion  avant 
de  la  donner  à  fes  malades.  Il  y  trouva  à-peu-près  les 
mêmes  vertus  que  dans  le  folanum  Ictkale.  Son  ufage  , 
dit-il  ,  guérit  les  ulcères  les  plus  invétérés  ,  ramollit 
les  parties  adjacentes  ,  &  diffipe  les  éruptions  fcorbu- 
tiques  :  un  grain  de  cette  feuille  infufé  dans  une  once 
d'eau  bouillante  ,  poulTe  par  la  tranfpiration  &  les 
urines.  La  décoftion  de  deux  grains  manque  rarement 
de  faire  vomir  :  notre  Auteur  confeille  de  ne  com- 
mencer que  par  l'infulion  d'un  demi-grain  de  la  feuille  , 
de  fe  mettre  enfuite  au  lit ,  &  de  continuer  un  peu 
plus  long-tem.ps  l'ufage  du  remède.  M.  de  Haller  ob- 
lerve  ici  que  l'ufage  interne  de  la  hdladona  eft  entiè- 
rement îpmbé.  C'efl,  dit- il,  un  potfoa  violent  ôc 


192  BEL 

narcotique  ,  qui  a  pu  diminuer  l'irritabilité  des  fibres  | 
mais  il  prétend  qu'il  ne  change  pas  la  nature  des  iiics 
corrompus.  Le  Docteur  Miuich  a  fait  une  diflertation 
llir  l'utilité  de  l'ufage  de  la  belladona  dans  la  mélan- 
colie ,  la  manie ,  l'épilepfie  &  la  rage.  Des  Peintres 
en  miniature  font  macérer  le  fruit  de  cette  plante  ,  & 
en  préparent  un  très-beau  vert. 

On  diftingue  deux  autres  belladones  :  l'efpece  à 
feuilles  de  nicotiane  ,  Belladona  friit:jcms  ,  jlore  albo  ^ 
nïcoùaniz  foliis ,  Plum.  ;  elle  croît  dans  l'Amérique 
Méridionale.  L'autre  efl  la  Belladone  d'Efpagne  , 
Belladona  frutcfcens  ,  rotundïfolïa  y  Hifpamca,  Tourn, 
Voyci  MORELLE. 

Belle-dame  des  Italiens ,  Amaryllis  rofea  ;  Lillo^ 
narcijfus  Indiens  ,  faturato  colore  purpirafcens  ,  Morif.  , 
Tourner.  385.  C'eft  une  amaryllis  à  ficur  rofe  ,  &  à 
fpathe  multiflore  ;  une  hampe  élevée  d'environ  deux 
pieds,  porte"* à  foij^ommet  une  ombelle  magnifique, 
compofée  de  cinq  à  huit  grandes  fleurs  campanulées  y 
régulières  ;  fes  feuilles  ,  qui  reffemblent  un  peu  à  celles 
des  narcifles  ,  ne  naifTent  cju'après  que  les  fleurs  ont 
paru  5  &  fe  confervent  jufqu'à-peu-près  au  temps  oii 
la  tige  qui  doit  porter  de  nouvelles  fleurs  commence 
à  croître  ;  alors  les  feuilles  fe  fanent  &  fe  détachent 
de  l'oignon  qui  les  nourrifToiî.  Cette  belle  plante  croît 
naturellement  aux  Antilles  &  à  Cayenne  ;  elle  ne  fleurit 
qu'en  Septembre  &  même  en  Oàobre.  On  la  cultive 
dans  les  jardins ,  oc  fur- tout  en  Italie  ,  pour  la  beauté 
de  fes  fleurs  qui  y  font  un  bel  effet.  Les  Dames 
d'Italie  font,  avec  le  fuc  ou  l'eau  diflillée  de  cette 
plante,  un  fard  dont  elles  fe  frottent  le  vifage  pour- 
blanchir  la  peau. 

La  Belle-dame  {^ Belladona^  jaune  d'Afrique,  Ama- 
ryllis Africana  ,  a  fes  feuilles  longues  ,  étroites  ,  lan- 
céolées ëc  en  gouttière  ;  elles  font  plus  longues  que 
la  hampe  n'eft  haute  ;  quati^  fleurs  jaunes  ;  les  éta- 
mines  dépaffent  la  corolle. 

BELLE^f 


BEL  19} 

BELLE-DE-NUIT.  Plante  à  racine  vivace  ,  que 
l'on  cultive  pour  l'ornement  des  jardins  dans  l'au- 
tomne ,  &c  que  quelques-uns  rapportent  au  genre  de 
la  plante  appelée  Jalap.  On  en  diftingue  deux  fortes, 
la  grande  6c  la  petite  efpece.  La  grande  belU-de-nuit 
eft  défignée  ainfi  par  les  Botaniftes  ,  Mirabilis  Icngi- 
jî'jra  ^  Linn.  352;  elle  diiiere  des  hdUs -de- nuit  ow 
mirabdUs  de  la  petite  efpece  de  notre  pays ,  jlos  mira- 
hilis ,  par  fa  tige  qui  eil  beaucoup  plus  élevée  ,  par 
fes  feuilles  tapiflees  de  duvet,  gluantes  &  d'un  vert 
grifâtre, 

La  grande  bzlU -de- mât  efl:  originaire  du  Pérou  ; 
suffi  Tappelle-t-on  quelquefois  merveilU  du  Pérou,  On 
lui  donne  le  nom  de  bdU-dz-jiuit ,  parce  que  fes  fleurs 
qui  font  odoriférantes  ,  ne  commencent  à  s'épanouir 
qu'à  l'approche  de  la  nuit  :  l'imprefîion  des  rayons 
de  la  lumière  les  fait  refermer.  C'elf  parmi  les  végé- 
taux une  petite  maîtrefle  ,  qui  dérobe  aux  ardeurs  du 
foleil  &:  à  réclat  de  la  lumière  la  délicatefle  de  fes 
couleurs  :  le  jour  la  blelfe  ;  mais  lorfqu'il  vient  à  baif- 
1er  5  elle  déploie  fes  richelies  ,  fes  fleurs  fe  dévelop- 
pent ,  elle  étale  dans  un  parterre  fes  grâces  &  les 
atours. 

La  tige  de  cette  plante  eft  cylindrique ,  &  s'élève  à 
la  hauteur  de  deux  à  trois  pieds ,  quelquefois  davantage  ; 
ibuvent  elle  ell  couchée.  Ses  feuilles  font  oppolëes , 
d'un  beau  vert ,  garnies  d'un  duvet  doux  û,  court , 
entières  ,  ovales  ,  pointues  ;  fes  fleurs  font  axillaires  ^ 
en  entonnoir ,  de  couleur  rouge  ou  jaune  ,  ou  mêlée 
de  blanc.  (  Il  y  en  a  une  variété  qui  tiï  blanche  ,  &  dans 
laquelle  le  tuyau  de  l'entonnoir ,  c'efl-à-dire ,  le  tube 
de  la  corolle  ,  efl  long  de  trois  pouces ,  quelquefois 
davantage  ;  elle  répand  le  foir  &  pendant  la  nuit  une 
odeur  très-agréable.  )  Aux  fleurs  fuccede  le  fruit  qui 
a  la  forme  d'une  capfule  à  cinq  angles. 

On  prétend  que  la  racine  dont  on  fait  ufage  dans 
les   boutiques  fous   le  nom    de  jalap  ^  fe  tire  d'une 
Tonu  //,  N.    ' 


194  B    E    L         ^ 

plante' alTez  femblable  à  la  bzlk-de-mùt  vulgaire,  6d 
qui  n'en  difFere  que  parce  que  fon  fruit  efl  plus  ridé  : 
c'ell  une  efpece  de  liferon  d'Amérique.  On  prétend 
encore  que  la  plus  grande  différence  qui  exifle  entre 
ces  deux  plantes ,  dépend  fans  doute  de  celle  qu'apporte 
le  climat  ;  car  la  racine  de  la  hdk-dz-nuit  ,  quoique 
cultivée  en  Europe ,  eft  charnue  &  efl  auffi  purgative  à 
la  dofe  de  deux  gros.  Cependant  i\4.  Haller  &c  d'autres 
Botaniftes  inflruits  ,  difent  que  le  jalap  eil  la  racine 
d'une  efpece  de  convolvuliis  d^Amérique  ,  au  lieu  que  la 
hzlU-dc-nuït  ell  d'un  genre  très-différent  des  convol- 
vulus  par  le  fruit ,  &  par  la  pofition  de  la  fleur. 

On  a  donné  encore  dans  quelques  Provinces  le  nom 
de  hdlc-de-nuk  à  l'oifeau  appelé   roujferole.    Voyez 

ce    7710t. 

BELLES-DE-JOUR.  Nom  donné  aux  plantes  dont 
les  fleurs  ne  s'ouvrent  que  le  matin  ,  &  fe  ferment 
à  l'approche  de  la  nuit  ;  telles  font  les  fleurs  du  genre 
des  Malvacées,  Voyez  ce  mot. 

Le  nom  de  hlU-dc-jour  efl  donné  particulièrement 
à  une  efpece  de  convolvulus  dont  la  fleur  a  le  tour 
fiipérieur  ou  les  bords  de  couleur  bleue  ,  eft  blanche  au 
milieu  du  limbe ,  &  d'un  jaune  de  foufre  au  fond  , 
c'efl-à-dire  au  centre  de  la  fleur.  C'eil  le  liferon  à 
trois  couleurs,  Convolvulus  trkolor ^  Linn.  225.  On 
cultive  cette  plante  annuelle  dans  les  jardins  ;  elle  efl 
originaire  d'Efpagne  ;  fa  tige  efl  longue  d'un  pied  & 
plus  ,  foible  ;  fes  feuilles  font  lancéolées  ,  ovales  , 
glabres  &  liffes  ;  fes  fleurs  folitaires  &:  pédunculées. 

BELLUGE  ou  Bélouga.  C'efl  le  grand  ejlurgeon. 
Voyez  ce  mot. 

BELO  ou  Bois  de  pieux  ,  Arhor palomm ,  Rumph.  ; 
c'efl  le  caju'hdo  des  Malais.  Rumphuis  fait  mention 
de  trois  arbres  ou  arbriffcaux  belo  ,  dont  il  diilingue 
deux  fous  le  nom  de  bois  dz  pieux  blanc  ,  l'un  à 
petites  feuilles  ,  &  l'autre  à  feuilles  larges  ;  &  le  troi- 
lieme  qu'il  app^^lle  bols  de  pieu:ç  noir;  ils  croiflent  dan§ 


BEL  19J 

les  Moîuqiies,  L'écorce  des  premiers  efl  grifâtre  ;  celle 
du  troifieme  eft  noirâtre.  Les  fleurs  font  odorantes  6c 
reffemblent  aiTez  à  celles  de  V aubépine.  Le  bois  des  tiges  , 
en  vieiiliiTant ,  devient  tortueux  ,  noueux  &  difficile 
à  couper.  Les  tiges  les  plus  longues  &:  les  plus  droites 
fervent  à  faire  les  pieux  dont  on  forme  les  viviers  & 
autres  enceintes  deilinées  à  renfermer  le  poiffon. 

BELONE  ,  Efox  Bdom  ,  Linn.  ;  Ahanlgcr ,  Albert.  ; 
Acus  Oppïanï ,  Aldrov.  Jonfl.  ;  en  Angleterre  ,  Garfisk 
ou  Homjish  ;  à  Rome ,  Acuzdla  ;  à  Venife ,  Angujicula  ; 
ailleurs  Aiguille  6c  Broche  ,  par  allufion  à  la  forme 
effilée  de  ce  poifTon.  Il  fe  trouve  dans  la  Méditerranée 
&  rOcéan  ;  il  prend  peu  d'accroiflement  ;  il  pefe  or- 
dinairement de  deux  à  quatre  onces.  Rondelet  dit  que 
fa  chair  eft  dure  &  feche.  La  helone  ,  félon  Wlllughby , 
a  le  corps  long  ^  fluet  ,  un  peu  arrondi  ,  aplati  à 
l'endroit  du  ventre  ,  &  approchant  de  la  forme  qua- 
drangulaire  vers  la  queue.  La  tête  eft  plane  ;  le  mufeaii 
très-alongé ,  mince ,  aigu  ;  la  mâchoire  de  defibus  dépciffe 
celle  de  deiïiis  ;  l'une  &;  l'autre  font  armées  d'une  mul- 
titude de  petites  dents  aiguës  ;  les  yeux  font  grands , 
arrondis  ,  jaunes  ;  les  narines  bien  ouvertes  ;  la  ligne 
latérale  eiî:  droite.  La  nageoire  dorfale  offre  dix-huit 
rayons  ;  les  pectorales  ,  chacune  treize  ;  les  abdomi- 
nales en  cnt  fix ,  rameux  à  leur  fommet ,  excepté  le 
premier  ;  celle  de  l'anus  a  vingt  rayons.  La  queue  eil 
fourchue.  On  trouve  à  la  fuite  de  l'article  poijfon  , 
une  obfervation  de  M.  Mauduit ,  qui  tend  à  prouver 
que  cette  aiguille  de  mer  eit  vivipare.  La  belone  paroît 
être  Vorphïe.  Voyez  ce  mot. 

BELUGO.   Voyei  Mtlan  marin. 

BELVEDERE  ou  Belle -a- voir  ,  Chenopodium 
fcoparium  Linn.  DodonU  la  nomme  Gfyris.  Par  {ç.s. 
feuilles  elle  reiïemble  un  peu  à  la  linaire ,  &  efl  auHi 
commune  à  la  Chine  que  le  faule  :  fa  racine  eft  fibreufe  ; 
fes  tiges  font  menues  ,  un  peu  velues  ,  droites  5  fort 
rameules ,  cannelées  ,  rougeâtres  vers  le  fommet ,  t<. 

N  % 


196  BEL 

i'élevent  en  Avril  &  Mai  à  la  hauteur  de  trois  à 
quatre  pieds  :  les  branches  forment  naturellement  une 
pvraniide  :  fes  feuilles  font  vertes  ,  étroites ,  longuettes , 
pointues  ,  un  peu  velues  en  leurs  bords  ,  attachées 
îans  queue  le  long  des  rameaux  :  fes  fleurs  naiffent  en 
petit  paquets  fefTilcs  &c  verdatres  ,  le  long  des  rameaux 
6z  à  l'extrémité  des  tiges  ;  elles  font  compofces 
chacune  de  cinq  pétales  difpofés  en  rofe,  &  de  plufieurs 
étamines  :  il  leur  fuccede  des  femences  menues  6c 
noirâtres  :  elles  mûrifTent  en  automne. 

Cette  plante  eft  en  vigueur  en  été  ,  6c  eft  très- 
agréable  à  la  vue.  Le  Dofteur  Marquet  ,  dans  fon 
Dïaionnain  portatif  des  Herborijîes  ,  lui  attribue  une 
vertu  apéritive  ,  déterfive  ,  atténuante  ,  propre  pour 
enlever  les  obftrudlions  du  foie  &  de  la  rate  ,  foit 
qu'on  l'emploie  intérieurement ,  foit  qu'on  l'applique 
extérieurement. 

Le  P.  du  Haldc  ,  dans  une  de  fes  lettres  datée  de 
Pékin ,  &  inférée  dans  le  Recueil  des  Lettres  édifiantes  , 
fait  connoitre  particulièrement  les  vertus  de  cette 
plante.  Les  Boîaniiles  François  n'en  font  pas  l^eaucoup 
de  cas.  Cette  plante  fe  nomme  en  Chinois /zc>-/<:/2^o/^- 
tfao  ou  kive  ,  c'efl-à-dlre  plante  pour  les  balais.  U Her- 
bier Chinois  cite  les  vertus  fans  nombre  de  cette  plante 
qui  croît  naturellement  dans  la  Grèce  &  en  Italie. 

BELZEBUT  de  M.  Brifion,  Efpece  de  finge  de  la 
famille  des  Sapajous  ^  qu'on  voit  aduellement  au  Jar- 
din du  Roi  ,  ëc  qui  a  paru ,  il  y  a  quelques  années 
u  Paris ,  aux  yeux  du  public ,  fous  les  noms  de  behe- 
but ,  de  diable  de  l'Inde.  On  l'appelle  quonti  à  la  Guiane , 
ôc  chamcck  au  Pérou.  C'eft  le  quatto  de  Surinam.  Les 
Hollandois  lui  donnent  le  nom  de  flinger-aap  (  finge 
voltigeur  )  qui  exprime  très-bien  l'allure  de  ce  qua- 
drumane ,  d'autres  l'ont  appelé  dlabk  des  bois  à  caufe 
de  fa  couleur  noire.  Ce  Ul^ebut  du  Lardin  du  Roi , 
refTemble  un  peu  à  l'homme  par  la  face.  Il  l'a  efFedive- 
ment  moins  alongée  ou  phis  aplatit^    que  celle    des 


BEL  197 

iahouîns  ^l  des  guenons^  ûir-îout  aii-defiiis  des  yeux. 
Sa  face  efl  de  couleur  roudatre ,  (k.  fercit  entièrement 
nue  s'il  n'y  avoit  par-ci  par-là  quelques  poils  aiTez 
longs.  Ses  oreilles  font  noirâtres ,  nues  ùz,  faites  comme 
celles  de  l'homme  ;  fur  les  côtés  de  la  tête ,  au  devant 
des  oreilles ,  fe  voit  un  petit  rang  de  poils  ;  la  lèvre 
fupérieure  a  un  peu  de  barbe ,  l'inférieure  en  a  davan- 
tage ;  les  yeux  font  fort  gros  :  le  front  n'a  point  de  cils , 
mais  il  e^  élevé ,  ëc  le  poil  qui  y  croît  entre  les  yeux 
fe  dirige  en  bas  &  fe  termine  en  pointe.  Le  nez  eft  aflez 
large ,  long ,  aplati ,  6c  defcend  avec  tout  le  mufeaii 
en  ligne  oblique.  Les  narines  ne  font  ouvertes  qxio. 
vers  les  côtés.  Les  dents  antérieures  font  au  nombre 
de  quatre  à  chaque  mâchoire ,  indépendamment  des 
autres  dents  de  chaque  côté,  qui,  fur-tout  celles  de 
deffus,  font  plus  pointues  éc  la  moitié  plus  longues 
que  les  autres.  Ce  Jingc  n'a  point  de  falles  ou  poches 
au-deiTous  des  joues;  prefque  tout  fon  corps  eil  d'un 
beau  noir  ;  les  poils  des  côtés  font  roux  ;  toute  la  partie 
inférieure  du  corps  &  l'intérieur  des  jambes,  (ont  d'un 
blanc-jaunâtre  :  il  manque  de  pouce  aux  pieds  de  devant  ; 
fes  ongles  font  noirs.  On  obierve  que  fa  queue ,  qui 
ell  longue ,  eil  à  fon  origine  fort  épaiffe ,  couverte  d'un 
poil  ferré ,  noir  &:  fe  terminant  en  une  pointe  ;  mais 
elle  n'a  point  de  poils  en-deffous  vers  l'extrémité  :  on 
y  voit  une  efpece  de  peau  noire  &  feniblable  pour  la 
dureté  à  celle  de  la  plante  de  pieds  de  l'homme.  Cette 
queue  lui  lért  comme  d'une  cinquième  m.ain  :  elle  fait, 
de  même  que  la  trompe  de  l'éléphant,  l'oflice  de  main, 
&  lui  fert  pour  porter  fa  nourriture  à  la  bouche ,  &: 
pour  tout  faifir.  On  voit  adluellement  (en  1 77  5  )  à  la 
Ménagerie  de  Chantilly ,  un  de  ces  fmges  :  il  efl  affez 
docile  ;  il  donne  la  main  aux  dames ,  fouille  dans  leur 
poche  &  fait  y  prendre  la  boite  aux  bonbons  qu'il 
mange  :  il  prend  à  pleines  mains  le  tabac  en  poudre  & 
€n  frotte  tout  fon  poil.  Il  marche  fur  la  corde  lâche, 
ôc  s'y  fufpend  par  la  queue  qui  ferre  très-fort, 

N  3 


198  BEL 

Il  y  a  quelques  années  que  je  vis  un  fembîabîe  quâ- 
dnimane  à  Amflerdam,  dans  la  Ménagerie  de  M.  Berg- 
mcycr.  Il  étoit  attaché  par  une  chaîne  &:  un  anneau ,  à  une 
longue  corde  tendue,  autour  de  laquelle  il  entortillcit 
fa  queue  d'une  manière  fi  ferrée ,  que  fans  autre  appui  il 
s'y  fufpendoit,  faifoit  toutes  fortes  de  tours  ,&  volti- 
geoit  d'une  manière  furprenante.  Je  me  fouviens  que 
pour  avoir  voulu  badiner  avec  cet  animal,  il  faifit  ma 
main  de  fa  queue ,  6c  la  ferra  alTez  fortement  pour  me 
caufer  de  la  douleur  :  on  fut  même  obligé  de  frapper 
l'animal  pour  lui  faire  quitter  prife.  J'eus  le  temps  d'ob- 
ferver  que  cette  efpece  àt  fmge  ^  fans  être  méchant, 
eft  un  peu  traître.  Je  remarquai  aufîi  que  le  hdryvut 
mange  prefque  de  tout  ce  qu'on  lui  prefente;  mais  il 
fembloit  préférer  les  fruits,  ainfi  que  le  font  toutes 
les  efpeces  de  fmges.  Dampier  dans  fes  Foyages ,  Edit, 
Fnznç,  d'Awft,  171 1  ,  in-8'%  T.  ///,  /;.  91  ;  &  Wafcr^ 
dont  les  Voyages  font  imprimés  à  la  fuite  de  ceux  de 
Dampkr ^T.  IV^  p,  87,  font  mention  de  cette  efpece 
de  fmg- ,  ùC  ce  qu'ils  en  difent  mérite  d'avoir  place 
ici.  En  voici  Texti-ait  : 

Ces  Jinges  fe  trouvent  à  l'Ifle  de  Séries  dans  la  Baie 
de  Campêche ,  &c.  Ce  font  les  plus  laids  du  genre  des 
Shzgcs.  Tout  le  deifus  de  leur  queue  ell  garni ,  ainfi 
que  tout  le  refte  du  corps,  d'un  poil  rude,  long,  noir 
&  hériile.  Ils  vont  vingt  ou  trente  de  compagnie  rôder 
dans  les  bois ,  011  ils  fautent  d'un  arbre  à  l'autre  :  s'ils 
trouvent  une  perfonne  feule ,  ils  font  mine  de  vouloir 
la  dévorer  ;  c'efl  ce  qui  arriva  à  Dampkr.  Les  uns 
craquettoient  des  dents  &  faifoient  beaucoup  de  bruit , 
tandis  que  d'autres  faifoient  des  grimaces  de  la  bouche  ^ 
des  yeux ,  &;  mille  pcflures  grotefques.  Quelques-ims 
Tompoient  des  branches  &:  les  lui  jetoient;  d^autres 
répandoient  leur  urine  &  leurs  excrémens  fur  lui  :  le 
plus  hardi  d'entr'eux  dei'cendit  de  branche  en  branche 
ëc  fauta  tout  droit  contre  Dampkr^  ce  qui  le  fît  reculer 
tn  arrière  :  bientôt  le  fmge  bdiebut  fe  prit  à  une  bran- 


BEL  199 

che  avec  le  bout  de  fa  queue  ;  là  il  demeura  fufpendu 
en  le  balançant  &  lui  failant  des  mines.  11  faut  la  pré- 
fence  de  plufieurs  hommes  pour  les  faire  enfuir.  Les 
femelles  font  fort  embarralTées  pour  fauter  après  le? 
mâles  avec  leurs  deux  petits  :  elles  en  portent  un  de 
leurs  bras,  &  l'autre,  qui  efl  affis  fur  leur  dos,  fe  tient 
accroché  à  leur  cou  avec  fes  deux  mains.  Quand  ils 
veulent  paffer  du  fommet  d'un  arbre  à  un  autre  ,  dont 
les  branches  font  trop  éloignées  pour  y  pouvoir  attein- 
dre d'un  faut,  ils  s'attachent  à  la  queue  les  uns  des 
autres ,  6c  ils  fe  balancent  anifi  jufqu'à  ce  que  le  der- 
nier attrape  une  branche  de  l'arbre  voifm,  &  tire  tous 
les  autres  après  lui.  JFafir  dit  que  ces  Jinges  font  fort 
gras  dans  la  belle  faifcn ,  lorfque  les  fruits  font  mûrs  : 
la  chair  en  eft  bonne  à  manofer. 

Ce  finge  hdiibut  eft  le  Coaita.  Foye^  ce  mot. 

M.  Vofmaér  a  donné  la  defcription  d'un  Sïngz  Vold- 
gr^z/r  Américain ,  furnommé  \ejifflcur\  ce  fapajou  fiffl^ur 
reffemble ,  dit-il  plus  ^Lwfajouhrun  qu'au  bd^thu^\  cepen- 
dant il  en  diffère  tant  par  la  forme  que  par  cette  pro- 
priété naturelle  &:  remarquable  qui  lui  a  fait  donner  le 
nom  àtjiffleiir,  Lefiige  de  cette  efpece  efl  naturellement 
affez  bon;  mais  il  fe  fouvient  des  perfonnes  qui  l'ont 
offenfé ,  éc  alors  il  paroît  méchant  envers  elles ,  &  il 
crie  lorfqu'il  fe  met  en  colère  :  mais  quand  l'animal 
n'eil  point  provoqué  6c  qu'il  eft  en  paix ,  il  fiffle  comme 
un  homme,  &  à  chaque  infiant;  ce  fon  eil  monotone, 
très-fort  en  commençant  &  s'affoibliifant  par  degrés. 
Ce  Jirzge  qui  fe  voit  aujourd'hui  dans  le  Cabinet  du 
Stathouder  à  la  Haye ,  ell  grand  ou  long  de  quatorze 
pouces ,  à  prendre  du  fommet  de  la  tête  jufqu'à  l'ori- 
gine de  fa  queue  :  la  face  tout  autour  des  yeux  &  du 
nez  eu.  nue  ou  pelée ,  mais  un  peu  plus  loin  fe  voient 
des  poils  très-courts,  gris-bruns,  couchés  à  plat  jufque 
fur  les  lèvres  ;  les  oreilles  font  fort  grandes  6c  peu 
velues  ;  les  yeux  gros  6c  fans  fourcils  ;  le  nez  plat  &  les 
narines  ouvertes  ;  les  dents  antérieures  ou  incifives  font 

N4 


200  B    E    N      ^      ^ 

au  nombre  de  quatre  à  la  mâchoire  inférieure ,  &  de 
trois  à  la  fupérieure;  les  canines  font  au  nombre  de 
quatre  de  chaque  côté,  tant  en  haut  qu'en  bas,  &  une 
fort  grofTe  défenie ,  &c.  Chaque  pied  efl  a  cinq  doigts 
fort  longs  &  à  trois  articulations;  (le  couita  ou  hdiçbut 
n  a  que  trois  doigts  aux  mains  ou  pieds  de  devant  )  les 
deux  doigts  du  milieu  font  X^^s  plus  longs ,  &  les  pouces 
les  plus  courts;  les  ongles  ionX  noirs,  aplatis  par  les 
côtés ,  recourbés  en  bas  &  pointus  ;  ceux  des  pouces 
des  pieds  de  derrière  font  un  peu  plus  larges  &  mieux 
arrondis  :  les  doigts  font  couverts  de  poils  courts  & 
noirs  jufque  fur  les  ongles.  La  queue  eft  affez  longue 
&  garnie  jufqu'au  bout  d'un  poil  noir ,  fort  ferré  :  la 
couleur  du  dos  eft  d'un  brun  obfcur,  plus  clair  aux 
flancs  &  à  la  poitrine  ;  la  tête  &;  les  pieds  de  derrière 
tirent  plus  fur  le  noir;  l'articulation  fupérieure  des 
pieds  antérieurs  eil  en  devant  d'un  jaune-brunâtre  clair  ; 
îa  face  chauve  &  d'un  gris-rouffâtre ,  donne  à  ce  fmge 
une  figure  de  mafque.  Quoique  fa  queue  foit  totale- 
ment velue  ,  il  s'en  fert  comme  le  belicbut  pour 
tout  faifir ,  pour  fe  tenir  ferme  en  montant  &  en  àd- 
cendant,  ou  pour  foulever  fa  chaîne  dans  les  maifons 
lorlqu'il  grimpe,  &  fouvent  on  le  voit,  au  moyen  de 
cette  queue ,  raniader  à  terre  &  porter  en  haut  plufieurs 
chofes  qu'on  lui  jette.  Ce'  caudimane  prend  plaifir  à 
voltiger  fufpendu  uniquement  par  fa  queue ,  &  la  plu- 
part du  temps  il  marche  en  portant  le  bout  de  cette 
efpece  de  main  recourbé.  Il  eli  trés-friand  d'œufs  ^ 
d'araio;nées  ,  qu'il  cherche  avidement.  Au  refle  il  mange 
&  boit  volontiers  de  tout.  Celui  qui  a  vécu  pendant 
plufieurs  années  à  la  iMénagerie  du  Stathouder  ne  rcfu- 
foit  pas  Feau.-de-vie  de  genièvre  :  c'étoit  un  mâle  d'un 
tempérament  fort  chaud;  fouvent  il  fe  lavoit  toute  la 
face  avec  fa  propre  urine ,  qu'il  recevoir  à  cet  eixet  dans 
fes  pattes  antérieures. 

BEN.  Petite  noix  de  figure  tantôt  "oblongue ,  tantôt 
arrondie  eu  tiiangulaire,  couverte  d'une  coque  blan- 


BEN  201 

châtre,  fragile,  contenant  une  amande  blanchâtre  allez 
greffe  :  on  Tapporte  d'Egypte. 

C'efl  le  fruit  d'un  arbre  appelé  gUns  unguentarla , 
Bauh.  Pin.  402,  dont  on  voit  la  figure  dans  VHortus 
Farnefianus  :  arbre  que  Bclon  dit  reffcmbler  au  bou- 
leau ,  &  qu'il  a  vu  auprès  d'une  montagne  d'Arabie  que 
l'on  appelle  pharagou ,  dans  le  chemin  qui  conduit  du 
Caire  au  Mont  Sinaï.  Cet  arbre  porte  ,  dit -on,  deux 
fortes  de  feuilles,  l'une  funple  &  l'autre  branchue; 
la  feuille  branchue  eu  affez  femhiable  à  un  petit  rameau 
de  genêt;  ces  rameaux  de  feuilles  en  portent  d'autres 
petites  à  leurs  nœuds. 

On  retire  par  exprefîion  de  l'amande  de  la  noix  de 
hn  une  huile  épaiffe  &:  une  autre  huile  effentielle  acre, 
d'où  dépend  la  vertu  que  Ton  attribue  à  ces  noix 
d'exciter  le  vomiffement  &  de  purger.  Mais  comme 
elles  troublent  l'eilomac  &  qu'elles  ont  même  quelque 
chofe  de  cauflique,  on  en  ""a  aboli  l'ufage  parmi  nous  ; 
on  ne  fe  fert  qu'extérieurement  de  Phuile  tirée  par 
expreiïïon  pour  corriger  les  vices  de  la  peau ,  6c  cette 
huile  efl:  prefque  toujours  figée.  Nous  devons  dire  que 
dans  le  commerce  on  fubititue  fou  vent  à  l'huile  de^^/z, 
celle  Aq  fefame.  Voyez  Vanidc  JuGOLiNE. 

Les  Parfumeurs  recherchent  beaucoup  cette  dernière 
efpece  ^  huile  de  h  en ,  parce  qu'elle  efl:  très-propre  pour 
fe  charger  de  l'odeur  des  fleurs  odorantes  ,  puiiqu'à 
peine  parvitnt-elle  jamais  à  rancir;  la  raifon  en  efl:,  dit 
M.  Bucquet  ^  qu'elle  efl  éloignée  de  la  fluidité  ,  état 
favorable  à  la  fermentation ,  Se  qu'étant  fans  odeur,  elle 
n'altère  point  celle  des  fleurs.  Pour  cet  effet ,  on  prend 
un  vaiffeau  de  verre  ou  de  terre,  large  en  haut ,  étroit  par 
le  bas  ;  on  y  arrange  de  petits  tamis  de  crin  par  étage  ; 
enfuite  on  met  des  fleurs  par  lits  fur  ces  tamis ,  & 
fur  ces  fleurs  du  coton  cardé  imbibé  ^hulle  de  ben. 
Cette  huile  fe  charge  de  l'efprit  relieur  des  fleurs 
qui  conflitue  l'odeur  :  on  remet  ce  même  coton 
fur   de  nouvelles   fleurs  ;  on  exprime  enfuite  l'huile 


îol  BEN 

du  coton  5  &  elle  a  l'odeur  de  VhuUc  eJfcntldU  de  c^% 
plantes. 

Il  y  a  une  autre  forte  de  groffe  noix  de  bcn  triangulaire, 
qui  s'appelle  mouringou ,  Rheed.  ;  Guilandïna  mcringa  , 
Linn.  ;  Balanus  myrtpfica ,  Black^'.;  Moringa  oUifcra,  C'eli 
le  fruit  d'un  arbre  qui  croît  abondamment  dans  les  iables 
du  Malabar,  de  Ceylan  ,  Mor'mg.i  Zeyianua ,  follorum 
plnnïs  pinnatis  ^  jion  majore^  ffuciu  angulofo ,  Burm.  Les 
Indiens  le  cultivent  dans  leurs  jardins,  à  caufe  de  fa 
femence  que  Ton  envoie  vendre  comme  les  fèves  au 
marché.  Cet  arbre  ell:  haut  d'environ  quatre  toifes  ;  fon 
ëcorce  ell  blanchâtre  en  dedans  &  noirâtre  en  dehors  , 
d'une  odeur  6l  d'un  goût  de  raifort  lauvage.  L'écorce 
des  branches  eil  verte,  &:  celle  des  racines  jaunâtre. 
Les  feuilles  font  ailées ,  alternes  ;  &  les  fleurs  qui 
paroiflent  en  Juin ,  font  blanchâtres ,  hermaphrodites , 
difpofées  en  grappes  éparfes  à  l'extrémité  des  rameaiLX. 
A  ces  fleurs  luccedent  des  gouffes  cylindriques,  lon- 
gues d'im  pied  ou  environ,  cannelées,  à  trois  pan- 
neaux ,  contenant  dix-huit  à  vingt  noix  fur  un  feul 
rang ,  triangulaires ,  de  la  grofleur  d'une  noifette.  Sous 
l'écorce  de  ces  coques  font  des  amandes  blanchâtres 
très-huileufes.  Les  Indiens  préparent  des  pilules  anti- 
fpafmodiques  avec  les  feuilles ,  l'écorce  de  la  racine  & 
les  fruits.  Hort,  Malab.  Tom.  Vî ^  page  19,  tab,  11. 
Cette  efpece  paroit  la  même  que  la  précédente. 

BENARL  Efpece  à'Ortoldn  paffager  en  Languedoc, 
qui  devient  trcs-gras,  ^  qu'on  fert  fur  les  grandes 
tables  comme  un  mets  des  plus  exquis.  Voye^  Ortolan. 

BENÊT.  Nom  donné  par  quelques  Voyageurs  à 
l'oifeau   appelé  Fou.  f'^oyc^  ce  mot. 

BENGALI.  Nom  donné  à  de  petits  oifeaux  du  genre 
des  Moineaux  :  il  y  en  a  de  bruns ,  à  ventre  bleu  6c  de 
piquetés.  Ces  petits  bipèdes,  qui  ont  la  plupart  le 
bec  rouge,  font  d'une  forme  charmante,  du  plumage 
le  plus  agréable,  de  la  grofleur  de  la  hnotte  :  ils  habi- 
tent également  la  Terre  Ferme  ôc.les  Illes  de  l'Afrique 


BEN  203 

&  de  l'Afie^  maïs  notamment  le  Royaume  de  Bengale, 
ce  qui  les  a  fait  appeler  bengalis  :  ctux-ci  ont  le  defîus 
du  corps  d'un  joli  gris  ÔC  le  refte  bleu,  au-defîbus 
des  yeux  un  trait  pourpre  ou  rouge;  ceux  de  Java 
font  piquetés  de  petits  points  blancs  iur  un  plumage 
rouge  différemment  nuancé,  comme  du  nougat  :  on 
les  appelle  cunandava. 

Les  bengalis  vivent  de  grain,  &  ils  font,  par  leur 
nombre,  de  grands  dégâts  dans  les  plantations  de  millet. 
Les  Nègres  en  prennent  une  grande  quantité  par  le 
moyen  de  calebafîes  qu'ils  tiennent  à  demi-fculevées 
avec  V.ÏÏ  bâton  auquel  ils  ont  attaché  une  ficelle  qu'ils 
tirent  quand  le  grain ,  mis  fous  la  calebaffe ,  y  a  attiré  un 
nombre  fufRfant  de  ces  bipèdes.  Ces  oileaux  s'appri- 
vcifent  aifément;  quoique  vifs,  leurs  habitudes  lent 
très-douces.  On  en  peut  nourrir  plufieurs  (  mâles  & 
femelles  )  dans  une  m-ême  cage  ;  leur  chant  eil  foible , 
cependant  agréable.  On  en  apporte  fouvent  dans  nos 
climats ,  mxais  il  en  périt  beaucoup  en  route.  On  diflin- 
gue  le  bengali ,  appelé  par  nos  oifeleurs  le  cordon 
bleu ,  &  le  marlpofa  ;  celui-ci  a  le  trait  rouge  fous  l'œil , 
en  travers  :  le  bengali  brun  :  le  bengali  piqueté.  Voyez 
^/.  e/2/.  1 1  5  ,  fig.  I  ,  1 ,  3.  A  l'égard  du  bengali  rouge  de 
la  Guiane  ,    Foye^  Senegali. 

Benguelinha  à'Euward,  Voyez  â  tartlcle  Ven- 
GOLINE. 

BENJOIN ,  Benicinum  aut  Bel^oinum  ,  feu  AJfa  dulcis 
Cficinarum.  C'efl  une  réfme  feche ,  dure ,  fragile  , 
inflammable  ,  d'une  odeur  fuave  &  pénétrante ,  fur-tout 
lorfqu'on  la  brûle.  Cette  réfine  découle  naturellement 
ou  par  incifion  d'un  arbre  appelé  bel^of ,  (  c'efl  le 
comingham  des  Chinois  ,  le  louanjaoy  des  Malais  ,  ) 
lequel  croît  dans  les  bois  du  Royaume  de  Siam  &; 
dans  ceux  des  Ifles  deMalacca,  de  Java  &:  de  Sumatra. 
M.  LinncBus ^  Spec,  s  30,  le  place  parmi  les  lauriers.  Mais 
M.  Bernard  de  Jujjieu  obferve  dans  la  Pkarmaccpée  de 
Ulle  ^  que  ce  vCtÛ.  pas  le  lodiru  s -benjoin  qui  fournit 


104  ^  BEN 

»  la  vraie  ùjinc  de  benjoin.  Nous  ne  connoiflbns  point 
»  encore ,  dit  ce  l'avant  Botanifle  ,  l'arbre  d'où  elle 
»  découle;  cet  arbre  ne  croît  que  dans  les  Indes  Orien- 
V  taies.  Le  Liurus  bm^c.in  ne  vient  que  dans  la  Virgir- 
»  nie  &;  autres  pays  d'Amérique  ;  fes  feuilles  froiiTées 
»  ont  une  odeur  approchante  de  celle  du  hmjoin  , 
»  ce  qui  avoit  fait  croire  à  Boèrhaave  que  c'étoit  le  vrai 
»  benjoin.  Enfin  l'on  croit  aujourd'hui  que  Varhrc  aie 
»  bmjoin  eft  le  Badamïcr  au  benjoin.  Voyez  tarticlz 
Badamier. 

Quand  l'arbre  qui  donne  le  benjoin  a  cinq  ou  fix 
ans ,  on  lui  fait  àits  incifions  en  longueur  &  un  peu 
obliquement  à  la  couronne  du  tronc;  c'eft  de  là  qu^ 
découle  cette  excellente  réfinc,  qui  efl  d'abord  blan- 
che ,  glutineufe  &  tranfparente  ,  &  qui  fe  fige  &  fe 
durcit  peu-à-peu  à  l'air ,  ëc  devient  grfe-jaunâtre,  quel- 
quefois d'un  brun-rougeâtre ,  macu.lé  comme  des  aman- 
des calfées  ou  du  nougat ,  ce  qui  l'a  fait  appeler  benjoin 
amygdaloïde  ou  amande.  Si  on  lépare  cette  réfme  dans 
le  temps  convenable ,  elle  efl  belle  &  brillante  ;  mais 
fi  elle  rtile  long-tcmips  à  l'arbre ,  elle  devient  brune  , 
&  il  s'y  mêle  des  ordures.  Voilà  ce  qui  lait  la  dilïé- 
rence  des  deux  fortes  de  benjoins  ^n  forte  cl  en  larmes  ^ 
qu'on  trouve  dans  les  boutiques. 

On  ne  retire  pas  plus  de  trois  livres  de  benjoin  d'un 
même  arbre.  Comme  les  jeunes  arbres  donnent  pliis 
de  réfine  que  les  vieux  ,  les  Habitans  ne  les  laiilent 
pas  croître  au-delà  de  fix  ans  ,  à  compter  de  i'inftant 
<Ju'ils  commencent  à  donner  de  la  réfine. 

Le  benjoin  fe  fublime  en  fleurs  argentées ,  lorfqu'on 
le  tient  fur  le  feu  dans  une  cucurbite  entourée  de  fable 
ôc  couverte  d'un  cornet  de  papier,  &:  mieux  encore 
d'un  cône  de  verre.  Les  fleurs  de  berijoin  font  le  fel 
cfîentiel  que  l'on  retire  par  la  fublimation.  Ce  fel  a 
une  laveur  acide  très-marquée;  il  rougit  le  firop  de 
violette  ,  ôc  fait  erïervefcence  avec  les  alkalis.  Les 
fels  neutres  qu'il  forme  avec  eux,  n'ont   pas  encore 


BEN  ^        205 

été  bien  examinés.  Ce  fel  de  benjoin  paroît  être  l'acide 
de  ce  baume  rendu  concret  par  une  portion  de  fon  huile. 
Ces  fleurs  de  benjoin  font  employées  dans  les  par- 
fums ,  en  Médecine  pour  les  maladies  du  poumon ,  6c 
dans  la  Chirurgie  pour  réfiHer  à  la  gangrené  :  on  pré- 
tend qu'elles  enlèvent  les  taches  de  ronfleur.  La  réiine 
en  nature ,  dilîbute  dans  de  refprit  de  vin  ,  donne 
ime  teinture  dont  quelques  gouttes  jetées  dans  de 
l'eau ,  la  rendent  trouble  îk  laiteufe  ;  c^q{\.  ce  que  quel- 
ques-uns appellent  lait  virginal.  Les  Dames  en  font  ufage 
à  la  toilette  comme  d'un  colmétique.  Le  b.njoln  en 
nature  eft  aufîi ,  félon  M.  Bourgeois  ,  un  tres-bon  re- 
mède dans  la  phthifie  pour  fondre  &  déterger  les  ul- 
cères tuberculeux  du  poumon;  il  efl  moins  a£lif  & 
ftimulant  que  les  fleurs  qui  font ,  dit-il ,  très-efficaces 
dans  l'aflhme  pituiteux. 

On  donne  le  nom  de  benjoin  français  à  Vimpéra^ 
ioire.  Voyez  ce  mot,  A  l'égard  de  l'arbre  ^.^^ûé  faux 
benjoin  ,  Voyez  Badamier  de  Bourbon. 

BENITIER.  Nom  donné  à  une  coquille  de  la  fa- 
mille des  Peignes  :  fes  oreilles  font  égales  :  la  valve 
inférieure  elt  très-convexe  ,  &c  la  fupérieure  un  peu 
concave.   Foye^  Peigne. 

BENOIT,  Foyei  l'article  Fou. 

BENOITE  ,  Galiote  ou  Recize  ,  en  latin  Ca- 
rlophylLita  vulgaris  ^  C.  B.  Pin.  321  ;  Et  flore  parvo 
lutee  ,J.  B.  2,  39^;  Geum  urhanwn  ^  Linn.  716.  C'eil 
uîie  plante  dont  la  racine  eft  vivace  ,  un  peu  fibreufe , 
Ô^  qui ,  lorfqu'elle  croît  dans  un  lieu  fec  &  chaud ,  & 
qu'on  la  recueille  au  printemps ,  a  une  légère  odeur  de 
clou  de  girofle.  Sa  couleur  eft  brune-noirâtre;  fes  tiges 
font  droites  ,  hautes  d  une  coudée ,  velues  ,  garnies  de 
rameaux  alternes  &  feuillées.  Les  fleurs  de  cette  plante 
naiftent  au  fommet  des  rameaux  &;  font  en  rofe  ,  de 
couleur  jaune,  pédunculées  ,  compofées  de  cinq  pétales, 
&  de  plufteurs  étairiines  attachées  au  bord  intérieur  du 
calice;  il  leur  fuçcede  une  i:ête  {J3hérique,  com.pofée 


io6  BEN 

de  pluiieurs  femences  velues  ,  terminées  chacune  ^ 
dit  M.  De/euic ,  par  un  filet  recourbé  par  le  boi;t. 
Ce  filet  eft  plus  alongé  dans  d'autres  efpeces  ,  &  garni 
de  poils  qui  le  font  relfembler  à  une  plume.  Les  feuilles 
fupérieures ,  c'efl-à-dire  ,  celles  de  la  tige ,  font  d'un  vert 
foncé ,  découpées  en  trois  lobes;  les  inférieures  ou  radi- 
cales font  dentées  &  accompagnées  de  deux  petites  ailes  à 
la  bafe.  Ces  deux  fortes  de  feuilles  font  un  peu  velues. 

Cette  plante  croît  le  long  des  haies  ,  dans  les  bois 
&:  dans  les  lieux  incultes  en  Europe.  La  racine  fraîche 
contient  beaucoup  de  fel  volatil ,  ce  qui  la  rend  très- 
vuile  dans  les  obflrudions  de  la  tête  :  lorfqu'elle  efl 
feche ,  elle  contient  moins  de  ces  parties  volatiles  ,  6c 
eft  plus  aflringente.  L'infuiion  de  cette  racine  dans  du 
vin  occafionne  la  fueur ,  ôc,  donnée  au  commencement 
du  friflbn,  facilite  la  guérifon  des  fièvres  intermit- 
tentes. On  prétend  qu'un  fachet  de  cette  même  racine 
coupée  par  morceaux  ,  &  mis  dans  un  tonneau  de 
bière  ,  empêche  cette  liqueur  de  s'aigrir.  Toujours 
eft  -  il  vrai  que  la  tifane  faite  avec  toute  la  plante  , 
eft  un  vulnéraire  très-utile  dans  les  chutes  ,  6c  dans 
tous  les  cas  où  il  y  a  à  craindre  qu'il  n'y  ait  intérieu- 
rement du  fang  extravafé. 

On  diflingue  dans  ce  genre  de  plantes  vivaces  ,  à 
fleurs  polypétalées  6c  terminales ,  6c  à  fruit  en  tête , 
plufieurs  autres  efpeces.  Il  y  a  la  hcnoîte.  de  Virginie , 
G  mm  Vïr^inianum  ,  Linn.  ;  fes  fleurs  font  petites  & 
blanches.  La  benoîte  aquatique  ,  Geum  rivale  ,  Linn.  ; 
elle  fe  trouve  dans  les  lieux  humides  ou  voîfms  des 
ruilTearx ,  en  Europe  ;  fes  fleurs  font  penchées  &  d\me 
légère  couleur  de  rofe.  Il  y  a  une  variété  appelée  par- 
ticulièrement hmoite  a  Jleurs  penchées  ,  Gmm  nutans  , 
Hort.  Reg.  :  fes  fleurs  font  jaunes  ,  les  pétales  cordi- 
formes  ;  fes  tiges  forment  de  larges  touffes.  La  benoîte 
de  montagne  ,  Geum  montanum  ,  Linn.  :  une  feule  fleur 
grande  &:  d'vm  beau  jaune  :  on  la  trouve  fur  les  mon- 
tagnes des  Pyrénées ,  du  Dauphiné  ,  de  l'Auvergne  , 


BEN  B   E    R  207 

de  la  SuiiTe ,  &  de  l'Autriche.  La  be7îoitc  rampante  , 
Geum  nptans  ,  Linn.  ;  indépendamment  des  feuilles  ê^ 
des  tiges  qui  portent  chacune  une  belle  fleur  jaune , 
elle  pouffe  des  rejets  grêles ,  munis  de  quelques  petites 
feuilles ,  couchés  &:  rampans  :  cette  efpece  fe  trouve 
dans  la  Vallée  de  Barcelonnette ,  dans  les  montagnes 
de  la  Provence ,  du  Dauphiné ,  &  de  la  Suiffe.  La  benoîte 
de  Kamtfchatka  ,  Dry  as  pentapetala  ,  Linn.  Amœn. 
Acad.  :  la  tige  de  cette  benoîte  qui  croît  naturelle- 
ment au  Kamtfchatka  ,  eft  une  hampe  terminée  par 
une  fleur  blanche.  La  benoîte  à  feuilles  de  potentille  ; 
c'ell  le  dry  as  geoïdes  de  M.  Pallas  :  elle  croît  dans 
la  Sibérie. 

BENTAVEO.  Voyci  Tyran. 

BEORI  ou  Dante  ou  Manipouris.  Foyei  Tapira 

BEPOLE.   royei  NiMBO. 

BERBÉ.  Nom  que  les  Nègres  de  Guinée  donnent 
à  l'efpece  de  genette  ou  de  fouine ,  que  nous  appelons 
foffane.  Voyez  Fossane. 

BERBERIS,  Voyei  Épine-vinette. 

BERCE  ou  Fausse  Branc-ursine  ,  Sphondillum 
rulgare^  hirfutum  ,  C.  B.  Pin.  137;  Sphondilium  qui-' 
biifdani  Jive  Branca-urjina  Germanïca  ,  J.  B.  3.  Part.  2, 
160;  Spondllium  ^  Dodon.  Pempt.  307.  Heracleum 
fphondïlium  ,  Linn.  358.  C'eft  une  plante  qui  croît  au 
bord  des  bois  ,  dans  les  prairies  humides  ,  &:  fleurit 
en  Mai  &  Juin.  Sa  racine  efl  vivace  ,  charnue  ëc  pleine 
d'un  fuc  jaunâtre  ;  elle  pouffe  une  tige  haute  de  deux 
à  trois  pieds  ,  &  même  plus  ,  creufe ,  cannelée ,  cylin- 
drique ,  rameufe  ,  velue  ,  qui  foutient  des  feuilles  cou^ 
vertes  ,  noîamm.ent  en  deffous ,  d'un  duvet  affez  fin  , 
fort  amples  &  découpées  en  plufieurs  lobes  ou  parties 
qui  font  affez  reffemblantes  à  celles  du  panais.  On  a 
donné  à  cette  plante  l'épithete  de  fauffe  branc-urjine  , 
parce  qu'on  a  cru  trouver  dans  fes  feuilles  quelque 
reffemblance  avec  les  pieds  d'un  ours.  Ses  fleurs  font 
en  ombelle ,  blsinçhes  ou  purpiirin<;^s ,  à  cinq  pétales 


2o8  B     E    R 

inégaux  ;  il  leur  fuccede  des  graines  aplaties ,  rayées 
fur  le  dos. 

Dans  ce  genre  de  plantes  à  fleurs  conjointes  ,  & 
de  la  famille  des  Oml-e//:feres  ,  en  compte  auffi  la 
I^erce  à  feuilles  étroites  ,  Htrackum  an^ufiïfoUum ,  Linn.  ; 
elle  croit  en  Suéde  ck:  en  Angleterre.  La  hcrcc  de  Si- 
bérie ,  Hcrackiwi  Sïhmcum^  Linn.  ;  on  mange  fes  jeunes 
feuilles  en  guii'e  de  légumes  dans  le  pays.  La  b&rcs,  à 
larges  feuilles ,  Voyez  Grande  berce.  La  berce  d'Autriche, 
Htracleum  Aiifiriacum  ^  Linn.  Il  y  a  aufîi  la  berce  des 
Pyrénées  ôi  celle  des  Alpes.  Enfin  la  berce  naine  du 
Dauphiné. 

Quelques  -  uns  prétendent  que  notre  berce  vulgaire 
eft  plus  nuiiible  qu'utile ,  qu'elle  infefte  les  prés  & 
les  pâturages ,  &  détériore  les  foins  oii  elle  fe  trouve 
trop  abondante.  Cependant  les  feuilles  de  la  berce  font 
réputées  émollientes;  la  femence  &:  les  racines  font 
incifives  &  apéritives  ;  la  racine  ,  appliquée  en  cata- 
plafme ,  difîipe  les  callofités.  Les  Polonois  &  les  Lithua- 
niens font  avec  fes  feuilles  &  fa  femence  une  forte  de 
boiffon  qu'ils  appellent  parjl ,  &  qui  tient  lieu  de  bière 
aux  pauvres  gens.  Les  lapins  font  friands  des  feuilles 
de  cette  plante.  On  fait  quelquefois  ufage  du  fuc  de 
cette  plante  afpiré  par  le  nez  avec  de  l'eau  de  mar- 
jolaine 5  pour  faire  couler  la  pituite  lorfqu'cn  eil:  enchi- 
frené ;  m^ais  OlaiLs  Borrichius  dit  dans  les  Acies  de 
Coppenhame  ,  en  avoir  vu  des  effets  trés-fâcheux  :  le 
viiage  grofiit  prodigieufement ,  &;  la  perfonne  eif  atta- 
quée de  vertiges  ,  d'infomaiie ,  ôcc.  M.  Hallcr  dit  que 
les  mem.branes  blanches  de  l'intérieur  des  tiges  fiflu- 
leufes  de  la  berce ,  macérées  &  diiiiliées  ,  donnent  un 
efprit  inflammable  ,  que  les  RuiTiens  préparent  dans  le 
Kamtfchatka.  On  vante  la  berce ,  dit  le  même  Auteur , 
pour  guérir  X-àplica  Polonica.  Voici ,  fuivant  M.  Stdler^ 
r  ufage  &:  les  propriétés  de  cette  plante  chez  les 
Kamtfchadales  : 

La  berce  leur  efl  d'un  auffi  grand  ufage  que  la  farane, 

Vovcz 


B    E    R  209 

Voyez  ce  TUGt.  Ils  en  mettent  dans  leurs  tartes  &  leurs 
foupes ,  &;  ne  peuvent  s'en  palier  dans  leurs  cérémo- 
nies fuperflitieufes  :  elle  ell  au  nombre  de  leurs  plantes 
douces.  Lorfque  les  Ruffes  fê  furent  établis  dans  ce 
pays ,  ils  remarquèrent  qu'on  pouvoit  tirer  de  la  berc& 
une  liqueur  fpiritueufe  ,  &  c'eft  la  feule  eau-de-vie 
qu'on  y  vend  aujourd'hui  publiquement.  La  berce  y 
eft  très-commune.  Les  Habitans  la  cueillent  &:  la  pré- 
parent de  la  manière  fuivante  :  ils  coupent  les  pédi- 
cules des  feuilles  à  l'endroit  de  leur  infertion  ,  ils  les 
ratifient  avec  un  coquillage  ,  &  en  font  des  paquets 
de  dix  chacun  ;  à^s  que  ces  paquets  commencent  à 
fentir ,  ils  les  enferment  dans  un  fac ,  &  il  s'y  forme 
une  poulTiere  douce  qui  provient  vraifemblablement 
du  fucre  ou  fuc  de  la  moelle  de  la  plante.  Cette  pré- 
tendue plante  fucrée ,  comme  ils  l'appellent ,  approche , 
difent-ils  ,  du  goût  de  la  régliife  :  elle  eu  affez  agréable. 

Ce  font  les  femmes  qui  en  font  la  récolte  ;  elles 
font  néanmoins  obligées  de  mettre  des  gants  ;  car  fon 
fuc  eu.  û  acre  &C  fi  cauftique ,  qu'il  fait  élever  des 
ampoules  fur  la  chair  par-tout  où  il  tom.be.  Quand 
les  RufTes  veulent  en  manger  dans  la  faifon  du  prin- 
temps ,  ils  fe  contentent  de  la  mordre,  &c  prennent 
garde  d'y  toucher  avec  les  lèvres.  M.  Stdler  dit  avoir 
vu  des  perfonnes  qui ,  pour  n'avoir  pas  pris  cette 
précaution ,  ont  eu  les  lèvres ,  le  menton ,  le  nez  & 
les  joues  couverts  de  puftules;  &  quand  elles  crèvent, 
l'enflure  ne  fe  difTipe  qu'au  bout  de  huit  jours. 

Pour  retirer  de  l'eau-de-vie  de  cette  plante ,  on  met 
plufieurs  braffées  de  berce  dans  un  petit  vaifTeau  qu'on 
place  dans  un  lieu  chaud  ,  où  on  le  laiiTe  jufqu'à  ce 
que  la  liqueur  fermente ,  ce  qu'elle  ne  tarde  pas  à 
opérer  ;  &c  fouvent  en  caiTant  le  vaifTeau.  Après  en 
avoir  préparé  d'autres  de  la  même  manière ,  on  les 
mêle  enfemble ,  &  le  tout  fermente  au  bout  de  vingt- 
quatre  heures.  On  met  les  herbes  6c  la  liqueur  qu'elles 
^nt  produites  dans  une  chaudière  que  l'on  couvre  (eu-». 
Tome  II.  O 


lement  avec  un  chapiteau  de  bois  ,  auquel  on  acîapté 
un  canon  de  fufil.  La  première  liqueur  qui  en  fort  a 
la  force  de  l'eau-de-vie.  Cette  eau-de-vie  cohobée  , 
c'efl-à-dire  diililWe  une  féconde  fois ,  produit  un  efprit 
qui  coîTode  le  fer.  Ce  font  les  riches  du  pays  qui 
ufent  de  cet  efprit  rectifié;  le  peuple  fe  contente  de  la 
première. 

Le  marc  qui  refle  dans  l'alambic  fert  à  faire  fer- 
menter de  nouvelles  infufions  ;  quelquefois  on  le  donne 
au  bétail  pour  l'engraiffer.  Il  convient  d'obferver  que 
i'eau-de-vie  qu'on  retire  de  la  plante  fans  l'avoir  ratif- 
fée  ,  jette  dans  la  mélancolie  ceux  qui  en  boivent , 
&  leur  caufe  des  délires.  Suivant  les  remarques  de 
M.  Stellcr ,  cette  eau-de-vie  efl  très-pénétrante  &  con- 
tient un  efprit  acide  qui  noircit  &  coagule  le  fang. 
Elle  enivre  pour  peu  qu'on  en  boive ,  &;  rend  le  vifage 
îioir  :  il  fuffit  d*en  avaler  quelques  drachmes  pour  avoir 
pendant  toute  la  nuit  des  fonges  affligeans  ,  &  le  len- 
demain des  inquiétudes  &  des  frayeurs  ,  telles  qu'on 
fe  croit  être  menacé  de  grands  malheurs  ;  6c  ce  qui 
efl  très-extraordinaire  ,  c'efî  que  notre  Auteur  a  vu 
des  gens  qui  ayant  bu  de  l'eau  froide  le  lendemain 
qu'ils  s'étoient  enivrés  avec  cette  eau  -  de  -  vie ,  font 
retombés  dans  une  ivrefle  qui  les  empêchoit  de  fe 
pouvoir  tenir  debout.  Les  Habitans  fe  lavent  les  che- 
veux avec  le  fuc  qu'ils  tirent  de  cette  plante  au  prin- 
temps pour  fe  garantir  de  la  vermine ,  &  trouvent  que 
te  remède  eil  le  feul  qui  leur  réufîiffe.  Parmi  les  Kamtf- 
chadales ,  ceux  qui  veulent  avoir  des  enfans ,  ne  man- 
gent point  de  la  berce  fermentée  ,  dans  la  perfuafion 
où  ils  font  que  cette   plante   ainii   préparée  éteint  la 

puifîance  reproductive Tel  eft  l'extrait  du  détail 

tiftorique  fur  la  berce ,  par  M.  Steller.  Que  de  propriétés 
étranges  &  oppofées  !  Cette  berce  eil-elle  bien  la  nôtre  ? 
Eft-ce  le  clim.at  ou  la  préparation  qui  lui  donnent  de 
telles  vertus  ?  N'eil-ce  pas  la  berce  de  Sibérie  ?  On  lui 
a  donné  le  nom  de  fphondïlium ,  parce  que  fa  femence 


B    E    R  iir 

u  l'odeur  défagréable  du  fphondUe ,  efpece  de  ver   qui 
ronge  les  racines  des  plantes. 

On  donne  auiîi  le  nom  de  berce  à  la  gorgs^rouge  6c  à 
la  plante  qui  donne  Vopopanax.  Voyez  ces  mots  6c 
Vartich  GRANDE   BercE. 

BERGAMOTE.  Voye^  Citronnier. 

BERGE.  Nom  donné  aux  rochers  élevés  à  pic  Air 
l'eau.  Il  y  a  fur  la  côte  de  Poitou  des  rochers  que  Voxt 
appelle  les  herbes  cPOloniie. 

BEP.GERONNETTE  ,  Motadlla.  Petit  oifeau  du 
genre  XL  de  M.  Briffon^  &  dont  on  a  plufieurs  eï^tcQs 
ou  variétés  très  -  répandues  dans  l'ancien  Continent. 
i.°  La  h&rgtronmtu  grîfi^pl,  enl.  674  ,7%-.  i.  Tout  fon 
corps  eft  de  couleur  cendrée  ;  les  couvertures  de  la  queue 
font  noirâtres  ;  la  gorge  &  le  cou ,  dim  gris-blanc ,  avec 
une  efpece  de  collier  d'un  gris-brun  chez  le  mâle  unique- 
ment ;  le  deiTous  du  corps  el]  d'un  blanc-gris  ;  les  plumes 
des  ailes  ,  brunes  &  terminées  de  blanchâtre  ;  le  bec  , 
les  pieds  &  les  ongles  font  bruns-grifâtres. 

Ces  jolies  efpeces  d'oifeaux  ont  reçu  leur  nom  de 
l'habitude  qu'ils  ont  de  fuivre  les  troupeaux  dans  les 
champs,  &  fpécialement  les  moutons.  Ils  font  naturel- 
lement familiers  &  ne  paroifTent  pas  éviter  la  fociété 
de  l'homme  ;  ils  ne  fuient  pas  loin  ;  ils  reviennent  auffi- 
tôt  que  l'apparence  du  péril  eil  paiTée.  En  été,  ils  fe 
nourriffent  de  mouches  ,  de  moucherons  ;  en  hiver,  ils 
fe  retirent  fur  le  bord  des  lieux  aquatiques  pour  s'y 
nourrir  de  vers.  Les  hcrgiromiettcs  ne  s'accoutument 
point  à  la  captivité.  Quand  ces  cifeaux  font  en  amour, 
leurs  mouvemens  font  précipites,  les  mâles  courent  &: 
tournent  autour  de  leurs  femelles ,  en  renflant  les  plumes 
du  dos.  Ils  font  communément  leur  nid  à  terre  ,  près 
des  ruiffeaux  ,  fur  les  rivages  ,  &  quelquefois  au  milieu 
des  blés.  Ce  nid  eil  conftruit  eritérieurement  de  mouffe 
&  d'herbes  feches,  garni  en  dedans  de  laine,  de  crin, 
de  plimies.  La  femelle  fait  d'une  feule  ponte  (ix  ou  huit 
œuf^}  d'un  blanc  fale ,  parfemçs  de  taches  ck  de  lignes. 

O  % 


m  B    E    R 

brunes  difpofées  irrégulièrement.  L'efpece  de  la  herge^ 
ronnau  paroît  s'étendre  dans  l'Europe* en  général.  Leur 
chant  eft  doux,  très-difFérent  d'un  cri  aigu  qu'elles 
jettent  en  prenant  leur  effor.  (  Bclon  les  déligne  ainfi  ; 
Autre foru  de  LAVANDIERES.  ) 

Il  y  a  auffi  :  hzhrgeronnctte  gr'ife  des  Indes.  La  bergeron- 
nette  jaune  y  pi.  enL  28.  La  berger ette;  c'eft  \t  ficedula  de 
M.  Brijjon  5  6c  le  cauda  tr émula  des  Italiens  ;  elle  efl  un 
peu  plus  grande  que  l'efpece  grife  :  le  mâle  a  une  tache 
noire  placée  fur  la  gorge ,  &  une  raie  blanche  fous  chaque 
joue;  le  defîbus  du  corps  eft  jaune.  La  bergeronnette  du 
printemps^  pi.  enl.  6j^^fig.  2  ,  reparoît  des  premières 
dans  nos  campagnes  à  la  fin  de  l'hiver.  Ces  oifeaux  ne 
différent  entre  eux  ,  peut-être ,  que  par  l'âge.  La  berge-- 
ronnette  a  cellier ,  de  l'Ifle  de  Luçon  ;  la  bergeronnette  de 
Madras  ,  grande  &  petite  ,  (  motacilla  Maderaspatana  , 
nigro  alboque  mïxta ,  Rai.  ) ,  ont  le  bec  ,  les  ongles  &  les 
pieds  noirâtres  ,  ainfi  que  les  bergeronnettes  du  Cap 
de  Bonne-Efpérance , /?/.  enl.  x^^fig.  2.  Celle  de  l'Ifîe 
de  Timor ,  a  les  pieds  d'un  rouge- pâle  ;  fon  bec  efl 
large  d'abord ,  rétréci  enfuite ,  puis  renflé.  La  bergeron- 
nette de  Java  ne  paroît  être  qu'une  variété  de  la  berge^ 
geronnette  jaune. 

BERGFORELLE,  Salmo  alpius,  Linn.  ;  Umbla 
?ninor,  Gefn. ,  Aldr.,Wilîugh.  ;  en  Suéde,  Rotele  ^  Roding ; 
en  Suiile  5  Renteie;  en  Angleterre,  Torgoch.  Ce  poiflon 
efl  du  genre  du  Salmonc  :  il  fe  trouve  dans  les  lacs  de 
la  Laponie  &  de  l'Angleterre ,  où  l'on  prétend  qu'il  n'y 
a  aucune  autre  efpece  de  poifTon.  TVillughby  dit  qu'ils 
nagent  par  troupes  :  leur  chair  efl  molle  &  tendre  ;  elle 
prend  une  légère  teinte  de  rouge  par  la  cuifTon  :  on  la 
regarde ,  dans  le  Comté  de  Galles ,  comme  un  aliment 
très-délicat,  &  on  lui  donne  la  préférence  fur  les  mets 
les  plus  recherchés.  La  forme  de  ce  poifTon  a  des  rap- 
ports avec  celle  de  la  truite  ;  mais  elle  efl  plus  alongée 
&  plus  effilée  :  l'ouverture  de  la  gueule  efl  ample  ;  la 
ixiâçhoirç  inférieure  çfl  plus  rétréçie  &c  un  peu  plus 


B    E    R  lîj 

longue  que  la  fupérieure:  elles  font,  alnfi  que  la  langue^ 
garnies  de  petites  dents  aiguës  :  les  trous  des  narines 
Ibnt  doubles  de  chaque  côté.  Il  y  a  treize  rayons  à  la 
nageoire  du  dos  ;  quatorze  ,  aux  peftorales  ;  dix  ,  aux 
abdominales  ;  douze ,  à  celles  de  l'anus  ;  dix  -  neuf ,  à 
celle  de  la  queue.  Le  dos  eft  d'un  vert-olivâtre,  par- 
femc  de  points  d'un  gris-obfcur  ;  le  ventre  d'un  rouge 
plus  ou  moins  clair ,  ainfi  que  les  nageoires  de  la  partie 
inférieure.  Les  yeux|  ont  l'iris  jaune ,  marqué  de  points 
noirs.  Il  y  a  de  ces  poifîbns  qui  ont  douze  à  felze 
pouces  de  longueur. 

BERGSNYLTRE  ,  Labrus  fuillus  ,  Linn.  ;  Spavus 
hergfnyltra  ,  It.  ^ygoth.  179.  PoifTon  du  genre  du 
Labre,  On  le  trouve  dans  l'Occan.  La  nageoire  du  dos 
a  dix-fept  rayons  ,  dont  neuf  font  épineux ,  accom- 
pagnés d'un  filament  qui  fort  de  la  partie  poftérieure 
de  leur  bafe.  Les  peftorales  ont  chacune  treize  rayons; 
les  abdominales  fix  ,  dont  trois  épineux  ;  celle  de 
l'anus  dix  ,  dont  trois  épineux  ;  celle  de  la  queue  en 
a  quatorze  :  la  furface  fupérieure  eft  marquée  d'une 
tache  noire. 

BERICHÔT.  Voyci  Roitelet. 

BERIL ,  Beryllus,  Nom  que  les  anciens  ont  donné  à 
Vaigue- marine  Orientale  des  Modernes  ,  &  même  à 
plufieurs  autres  efpeces  de  pierres  précieufes  qui  por- 
tent préfentement  d'autres  noms.  Le  beril  tenoit  le 
huitième  rang  fur  le  peôoral  du  Grand -Prêtre  Juif. 
Foyei  AlGUE-MARINE. 

BERINGENE.  royei  Melongene. 

BERLE  ou  Ache-d'eau,  Siuni  aut  Jplum palujîre^ 
folïis  oblongis  ^  C.  B.  Pin.  154  ;  Berula  ojfidnarum  y 
Chom.  4 1 6  ;  Sium  latifolium ,  Linn.  361.  C'eit  une  plante 
aquatique  qui  croît  dans  les  ruiffeaux  ^  les  foffés  aqua- 
tiques, comme  le  creffon  de  fontaim.  Ses  racines  font 
vivaces  ,  noueufes  ,  rampantes  ,  blanches  &  fibreufes. 
Sa  tige  eft  cannelée  ,  droite  &  branchue  ,  haute  de  deux 
pieds  ou  environ,  ^^s  feuilles  font  lancéolées ,  longues 


'214  ^      ^      ^, 

de  deux  pouces ,  dentées  &c  rangées  par  paire  fur  une 
côte  terminée  par  une  feule  feuille  ;  elles  ont  une 
faveur  acre.  Ses  fleurs  font  blanches,  en  rofe,  difpofées 
en  ombelle  ;  il  leur  fuccede  de  petits  fruits  arron- 
dis ,  compofés  de  deux  graines  acres  ,  odorantes. 
M.  Ddeu^c  obferve  qu'à  la  naiffance  de  l'ombelle  p;éné- 
rale  &:  de  chacune  de  fes  fubclivifions  efl  une  fraife  de 
feuilles  courtes  rabattues.  Cette  plante  efi  antifcorbu- 
tique  :  on  la  mange  en  falade  :  on  la  prefcrit  dans  les 
bouillons  apéritifs ,  lorfqu'il  s'agit  de  rétablir  le  refibrt 
des  fohdes  &  la  fluidité  des  liqueurs.  On  prétend 
qu'elle  efl  nuifibîe  aux  befîiaux  qui  en  mangent  ,  ck: 
qu'elle  produit  une  frénéfie  dans  les  bœufs  ou  les 
vaches ,  qui  les  porte  à  fe  battre  à  coups  de  tête.  La 
hcrU  diffère  de  Vache  ordinaire  _,  qui  n'efi:  qu'une  efpece 
de  cùUri  iuuvage.  Voyc\_  Céleri. 

On  difîingue  la  bcrU  aîvmatique ,  Siuni  arcmatiaim  ^ 
Slfcn  cfficinanmi ,  Tourn.  Infl.  308  ,  on  la  cultive  dans 
nos  jardins  ;  c'efl  le  fifon  faux-arnorm  ,  Sifon  amoimtm  y 
Linn.  362.  ^^s  femcnces  ont  l'odeur  de  Vauiome  en 
grappe  des  boutiques.  On  nous  apporte  quelquefois 
cette  femence  du  Levant  :  on  Feuime  propre  pour  la 
colique  venteufe.  Il  y  a  la  berle  des  blés,  Sifon  fegetum, 
Linn.  La  bedc  nodiflore  ,  Sium  iiod'ijlorum  ,  Linn.  La 
berk  de  Virginie^  S  mm  ngidius ,  Linn.  La  berle  à  feuilles 
dentées  en  manière  de  faucille ,  Sium  falcaria  :  c'efl 
XAmmi pcruine  de  Tournef.  305  ;  VEryngium  monta- 
num  ^  Lobel.  La  berle  à  feuilles  de  panais ,  de  la  Sicile , 
Sium  Siculum^  Linn.  :  c'eft  \^  Myrrhïs  pafiinacœ  foUis  ^ 
Iccte  virentibus  ,  Tourn.  Cor.  li.  La  hi.rk  Grecque, 
Sium  Gmcum ,  Linn.  :  c'efl  le  Ligufticum  Gracum ,  jolio 
Apii  5  Tourn.  Cor.  23.  La  berle  de  Canada,  Sifon 
Canadmfc^  Linn.  ;  Myrrhis  Canadenjis  tri k bâta  ,  Morif. 
La  berk  inondée  ,  ^ifo/i  immdatum  ,  Linn.  La  berk 
vcrticillée  ,  Carvi  foliis  tenuiff.mis  ,  Afphoddi  radiée  , 
Tourn.  300  :  c'efl  le  Daucus  pratenfs  de  Dalechairtp. 
La  bcrU  à  tige  nue ,  Sium  nudicauk  :  cette  cfuece  croît 


B    E    R  215 

dans  la  Riiflîe  &:  dans  les  lieux  falins ,  fangeux  &  fté- 
riles  qui  avoifinent  le  Woîga  :  elle  fleurit  en  Août.  Le 
chervi ,  le  niiijin  appartiennent  auffi  au  genre  de  la  Bcrlc. 

EERMUDIENNE(la).  Foyei  à  l'art.  Iris  Bulbeux. 

BERNACLE  ,  ou  Bernache  ,  ou  Bernicle  en 
Bretagne  ,  Conque  anatïfere.  Efpece  de  coquillage 
multivalve  des  plus  finguliers  ,  qui ,  félon  les  obferva- 
tions  de  Nkdham  ,  paroît  tenir  beaucoup  des  polypes  à 
panaches.  Voyes  ce  qu'il  en  eji  dit  au  mot  CONQUE 
anatïfere. 

Le  nom  de  bernache  ou  hrenache  fe  donne  auiîi  à 
une  efpece  d'oie ,  Bernicla.  Voyez  Oie  Nonnette. 

BERNARD-L'HERM:ITE  ou  le  Soldat,  Cancellus: 
Animal  demi-cruftacée  qui  reffemble  beaucoup  par  la 
partie  antérieure  à  Vécrevijfe  ou  à  la  langoujie  ,  mais  dont 
la  partie  poftérieure  n'eli  point  recouverte  d'écaillés* 
La  Nature  lui  a  donné  l'inftinft  de  fe  réfugier  dans  des 
coquilles  vides ,  univalves  &  contournées  ,  qu'il  ren- 
contre ,  &  de  s'en  approprier  une  pour  un  an ,  plus  ou 
moins  grande ,  félon  le  degré  de  fon  accroiffement  an- 
nuel. On  en  diftingue  deux  efpeces ,  celui  de  mer  &  celui 
de  terre.  Celui  de  mer  ,  Cancellus  marïnus ,  fe  loge  quel- 
quefois aufTi  dans  les  loophytes  qui  ont  des  cavités  propres 
à  le  recevoir,  ou  dans  d'autres  corps  qu'il  trouve  conve- 
nables pour  mettre  les  parties  molles  de  fon  corps  à 
l'abri  de  tout  ce  qui  pourroit  le  bleffer,  &  alTez  légers 
pour  qu'il  puiffe  fe  déplacer  avec  fa  loge ,  lorfqu'il  veut 
changer  de  lieu. 

On  donne  à  cet  animal  le  nom  de  bernard-riiermlte  ; 
parce  qu'il  vit  folitaire  dans  fa  cellule;  &  celui  à^fol- 
dat ,  parce  qu'il  eft  dans  fa  coquille  comme  un  foldat 
dans  fa  guérite.  La  partie  antérieure  de  fon  corps  eil 
cruftacée ,  couverte  de  quelques  poils  épars  çà  &  là  : 
elle  eft  garnie  ou  environnée  de  cinq  paires  de  pattes 
violettes  ,  quelquefois  de  couleur  rofe  ,  velues  &  cou- 
vertes de  tubercules  ,  tantôt  aplatis  ,  tantôt  pointus. 
Nicolfon  dit  que  la  première  paire  de  pattes  eil  corn- 

O  4 


ît6  B    E    R 

polee  de  cinq  articulations,  dont  la  dernière  efl  terminée 
par  une  tenaille  garnie  de  dents  :  les  deux  autres  paires 
Suivantes  font  compoiees  de  fix  articulations ,  dont  la 
dernière  eu  terminée  par  une  griffe  pointue  Se  arquée. 
Ces  quatre  pattes  fervent  diwjoldat  pour  marcher,  La 
quatrième  paire  de  pattes  efl  plus  mince ,  plus  courte , 
&  a  cinq  articulations  ,  dont  la  dernière  porte  une 
petite  tenaille  arquée  dans  la  partie  fupérieure.  Les 
<leux  dernières  pattes  font  les  plus  petites  ,  à  cinq 
articulations  ,  une  tenaille  dentelée  les  termine.  Les 
yeux ,  les  antennes ,  la  bouche  font  comme  chez  Vêcre" 
vijfe  de  mer  :  deux  petits  bras  articulés  fervent  à 
pOi  ter  la  nourriture  à  la  bouche.  Le  dos  efl  divifé  en 
quatre  ccippartimens  cuiraiTés  ou  cniiîacées ,  unis  en- 
femble  par  une  membrane.  La  partie  poflérieure  du 
corps  eff  charnue ,  mollafîe ,  couverte  d'une  membrane 
unie  ,  divifée  en  defTous  par  quatre  anneaux  terminés 
fur  les  bords  des  deux  côtés  par  une  efpece  d'aileron 
mince ,  tranfparent  &  un  peu  velu.  La  queue ,  propre- 
ment dite ,  efl:  à  la  fuite  des  anneaux;  plulieurs  lames 
sfîez  m.inces  6c  légèrement  cruflacées  ,  la  compofent  : 
l'anus  efl  placé  un  peu  au-defliis  des  lames. 

C'cfî  par  le  moyen  de  ces  groffes  pattes  ou  tenailles, 
femblables  à  celles  des  écrevijfes ,  que  le  foldat  fe  cram- 
ponne fur  le  fable ,  &  qu'il  défend  l'entrée  de  fa 
coquille  :  elles  lui  fervent  auiTi  à  faifir  les  petits  poiiTons 
&  les  infedes  dont  il  fe  nourrit.  Lorfqu'il  entend  quelque 
bruit,  il  fe  retire  fi  avant  dans  fa  coquille,  qu'on  la 
prendroir  pour  une  coquille  vide. 

Cet  animal  ne  fort  tc  n'abandonne  fa  coquille  que 
pour  dcpofer  fes  œufs  &  chercher  fur  le  rivage  une 
nouvelle  coquille  :  car  à  mefure  qu'il  prend  de  l'ac- 
croifiement  ,  la  coquille  qu'il  avoit  habitée  devient 
trop  étroite.  C'eft  un  fpedacle  affez  agréable  de  voir 
un  de  ces  foldats  occupé  à  chercher  un  nouveau  domi- 
cile. Dès  qu'il  rencontre  une  coquille ,  il  fort  de  fon 
ancienne  ,  ôc  il  effaie  ce  nouveau  logement.   Si  elle 


B    E    R  217 

n'eft  pas  proportionnée  à  fa  taille ,  il  va  plus  loin  en 
chercher  une  autre ,  jufqu'à  ce  qu'il  en  trouve  une  qui 
lui  convienne.  L'a-t-il  trouvée ,  il  fourre  fon  derrière 
nu  dedans  avec  grande  précipitation ,  &  fait  gaiement 
trois  ou  quatre  caracoles  fur  le  rivage.  Ce  cynique, 
fi  l'on  peut  parler  ainfi  ,  roule  la  coquille  d'autrui 
comme  (on  propre  tonneau.  S'il  arrive  que  deux 
foldats  ^'arrêtent  à  la  même  coquille  ^  il  fe  livre  un 
combat,  &  le  foible,  obligé  de  céder  au  plus  fort, 
abandonne  la  coquille,  qui  devient  le  prix  du  vainqueur. 

On  trouve  le  bernard-Phcnnite  fur  le  bord  de  la  mer  , 
dans  la  boue.  C'eft  une  erreur  de  penfer  que  chaque 
efpece  àefoldat  foit  attachée  à  une  efpece  de  coquills; 
chacun  clioifit  celle  qui  lui  convient  le  mieux ,  ëc  c'efl 
toujours  dans  celles  qui  ont  des  fpires.  Lorfqu'on 
prend  ce  demi-cruftacée  ,  il  jette  ,  dit-on  ,  un  petit 
cri  ,  &  tache  de  faifir  avec  fa  ferre  celui  qui  veut 
le  prendre  ;  s'il  l'attrape  ,  il  le  pince  de  toutes  fes 
forces.  Le  meilleur  moyen  de  lui  faire  lâcher  prife  , 
eft  de  chauffer  fa  coquille  ;  c'cil  même  auffi  le  moyen 
de  l'en  faire  fortir  ;  car  on  ne  l'en  retire  pas  faci- 
lem.ent. 

En  Amérique ,  il  y  a  àes  foldats  ,  (  Caracol-foldado ^) 
que  les  habitans  mangent ,  &:  ils  les  trouvent  affez 
bons  ;  mais  on  dit  qu'ils  font  pernicieux  pour  les 
étrangers.  On  trouve  dans  leur  coquille  environ  une 
demi-cuillerée  d'eau  claire ,  qui  eil  un  remède  fouve- 
rain  contre  les  puftules ,  qu'excite  fur  la  peau  le  lait 
du  manclnillkr  ,  efpece  d'arbre.  Voyc^^  MancÉ- 
NILLIER. 

Lorfque  les  Sauvages  pèchent  un  certain  nombre  de 
ces  çmilacées  ,  ils  les  enfilent  &  les  expofent  au  fo- 
îeil  pour  en  faire  fondre  la  graiffe ,  qui  fe  convertit  en 
une  efpece  d'huile  ,  dont  la  vertu  efl  admirable  pour 
les  rhumatifmes,  auxquels  ils  font  fujets.  On  obferve 
que  les  foldats  marins  ,  qui  ont  été  pris  dans  les 
iilets   des  Pêcheurs  languifTent  ôc   meurent  au   bout 


ii§  B   E  R  B  E  S 

de  quelques  heures ,  s'ils  font  privés  de  leur  élément 
habituel.  On  en  voit  quelquefois  de  monllnieux  qui 
font  logés  dans  les  lambis  ou  dans  d'autres  grofles 
coquilles. 

Le  foidat  de  urn ,  Cancdlus  terrejlris ,  eft  affez  fem- 
blable  à  celui  de  mer;  mais  il  eft  com.munément  plus 
petit.  Les  plus  gros  ont  à  peine  quatre  pouces  de 
longueur.  Il  ne  le  loge  que  dans  les  coquilles  ter- 
reilres;  il  recherche  les  endroits  fecs.  Gn  en  trouve 
vers  les  bords  de  la  mer  &;  dans  les  mornes.  Il  évite 
les  lieux  fangeux  où  l'on  ne  trouve  que  de  petits 
crabes.  Il  fe  nourrit  d'excrémens ,  d'infedes  ,  d'herbes, 
de  feuillages.  Nicolfon  dit  que  fi  on  le  met  dans  l'eau , 
folt  de  mer ,  foit  de  rivière  ,  &:  qu'un  obilacle  l'em- 
pêche d'en  fortir ,  il  y  périt  en  peu  de  temps. 

Nicolfon  fait  mention  du  faux  bcrnard-Phcrmite  ,  qu'il 
définit  ainfi  ;  Cancdlus  marinus  in  bivalvibus  degens.  Le 
defîbus  de  fon  corps  ell:  feulement'  cruftacée  ,  tandis 
que  le  deffus  efl  mollaife,  membraneux  ,  &:  tient  com- 
munément à  la  valve  d'une  came  eu  d'un  cœur.  Des 
Obfervateurs  inilruits ,  &  qui  ont  vifité  les  parages 
qu'a  parcourus  Nicolfon ,  nient  Texiftence  d'un  tel 
bernard-rhcrmiu  ,  6i  les  fingularités  qu'il  attribue  à 
cet  animal.  Au  reile ,  confultez  cette  merveille  dans 
VEjfai  fur  rHifl.  Natur.  de,  Saint-Domingue  ,  pag.  338 
&  fuiv. 

BERTONNEAU.  C'eft  le  tudwt.  Voyez   ce  mot. 

BERVISCH.  Nom  que  les  HoUandois  donnent  i 
la  LOMPE.    J^oyei^  ce  mot. 

BESONS.   Foyci  a  C article  BouC. 

BESSI  ,  Metroflderos  Amhoimnfis  ,  Rumph.  Amb.  ; 
Lignum  ferreum  vulgarc  Amhoinmjium  ;  Malaice  Caju- 
beffî^  Macajfarice  Bajang.  Le  beffieû.  un  grand  arbre  affez 
commun  dans  les  Moluques  ;  il  paroit  être  de  la  famille 
des  Léguminaifes  ,  &  avoir  des  rapports  avec  les  ca- 
îicfiàcrs.  Son  tronc  ,  qui  efl  rarement  droit  ,  foutient 
une  cime  fort  étendue  de  toutes  parts  ;  fcn   écorcc 


B   E   s  B   E    T  219 

eft  grifatre ,  liiTe  ,  mais  crevaflee  &  détachée  par  lam- 
beaux vers  le  bas  du  tronc.  Ses  feuilles  font  ovales  , 
fermes ,  coriaces  ,  glabres  &:  d'un  vert  gai.  Ses  fleurs 
font  jaunâtres  ,  à  cinq  pétales  ,  &C  viennent  en  grappes 
courtes  à  l'extrémité  des  rameaux.  Les  fruits  font  des 
goufîes  aplaties  ,  affez  droites  ,  longues  de  huit  à 
onze  pouces  ,  larges  de  deux  pouces  &  demi ,  d'un  brun 
foncé  dans  leur  maturité ,  &:  qui  renferment  quatre  à 
iix  graines. 

Lorfqu'on  entame  un  peu  profondément  la  fubilance 
de  cet  arbre,  il  en  découle  un  fuc  d'un  beau  rouge 
de  fang  ,  qui  fait  fur  le  linge  des  taches  prefque  inef- 
façables. Dans  les  individus  tout-à-fait  développés  , 
l'aubier  n'a  pas  plus  de  deux  doigts  d'épaiffeur  ;  le 
bois ,  proprement  dit ,  que  cet  aubier  recouvre ,  eu. 
d'un  beau  brun  ,  pefant  6c  très-dur.  Rumphlus  cite  une 
variété  de  cet  arbre ,  dont  la  couleur  du  bois  eft  d'un 
roux  pâle  ,  Mctrojideros  ruhra.  Le  bcjji  efl  le  principal 
&  le  meilleur  des  bois  de  charpente  que  l'on  emploie 
dans  les  Moluques  ;  &:  comme  le  bois  prend  un  beau 
poli  ,  à  caufe  de  fa  dureté ,  on  en  fait  divers  meubles 
6c  des  ouvrages  de  tour  qui  préfentent  une  furface 
luifante ,  d'un  brun  très-agréable.  Il  paroit  que  le  bcjji 
efl  le  lois  de  fer   de  l'Aûe. 

BESTEG ,  Terra  pinguis.  Nom  que  les  Mineurs 
Allemands  donnent  à  une  terre  ondueufe  de  différentes 
couleurs  ,  qui  paroît  être  la  même  que  celle  que  des 
Minéralogilies  ont  nommée  bejlieg  ^  &  dont  la  décou- 
verte annonce  ,  de  même  que  le  quan^  gras  ,  la  pro- 
ximité des  filons  ;  car  cette  terre  les  accompagne  tou- 
jours &  indique  leur  richeffe. 

BÉTAIL ,  Pecus,  Nom  donné  à  toutes  les  efpeces 
de  quadrupèdes  dont  l'homme  fe  fert,  foit  pour  fa 
nourriture  ,  foit  pour  la  culture  des  terres.  On  diflri- 
bue  les  beiliaux  en  bêtes  à  cornes ,  (  armmta  ^  )  tels  que 
les  bœufs  &  les  vaches  ;  ou  en  bues  a  laine  ,  tels  font 
ks  moutons ,  les  brebis ,  les  boucs  &  les  chèvres, 


220^  B    E    T 

BÊTE  ,  Be/Iîa,  On  entend  par  ce  irïbt  un  animal 
ÎDriite  y  affranchi  des  lois  de  la  raifon ,  qui  conferve 
fon  être  particulier  &  fon  efpece  par  l'attrait  dtb^laifir , 
&  par  l'inflinc^  du  befoin.  La  bête  veut  &  agit  ;  mais 
toutes  les  fondions  qui  marquent  de  l'intelligence  font 
bornées  chez  elle.  Elle  fubit  ^  comme  nous ,  la  mort , 
mais  fans  la  connoître.  La  hêu  efl:  comme  un  inftru- 
ment  aclif  qui  exécute  &  fuit  les  volontés  de  l'homme. 
Voyez  au  mot  HoMME ,  la  différence  de  la  bêu  avec 
Tefpece  humaine.  Voyez  auffi  au  mot  Animal,  la 
progreiTion  comparée  dans  l'échelle  des  différens  genres 
d^animaux. 

BetE  a  la  grande  dent.  Voyei  VaCKE  MARINE. 

BÊTE  A  DIEU.  Vcyei  Coccinelle. 

BÊTE  A  FEU.   Voyci  ^  l"" article  MouCHE  LUISANTE. 

Bete  NOIRE  des  Boulangers.  C'efl:  une  efpece  de 
Blatte.  Voyc^  ce  mot. 

Bete  puante.  C'eft  le  nom  d'un  animal  qui  efl 
fort  commun  à  la  Louifiane  ;  il  eil  plus  petit  qu'un 
chat  de  huit  mois.  Le  poil  du  maie  eft  d'un  très- 
beau  noir  ;  celui  de  la  femelle  ell  mêlé  de  blanc  :  il 
2  les  oreilles  &;  les  pattes  d'une  fouris.  Cet  animal 
fbible  &  très-lent  dans  fa  démarche  ,  a  été  pourv^u 
par  la  Nature  d'une  fmguhere  arme  défenfîve.  Lorf qu'on 
cfî:  prêt  de  l'atteindre  en  le  pourfuivant ,  il  lance  fon 
urine  fur  celui  qui  le  pourfuit  ;  &  elle  eft  d'une 
cdeur  il  forte  &  fi  fuffoquante  ,  qu'aucun  homm.e  & 
aucun  animal  n'ofe  en  approcher ,  ou  l'on  eft  obligé 
de  fe  retirer  pour  reprendre  haleine  ,  ce  qui  donne  le 
temps  à  la  bête  puante  de  s'éloigner  par  la  fuite. 
Recommence -t- on  à  la  pourfuivre  ,  elle  lâche  une 
féconde  dofe  &  continue  ainfi  de  battre  en  retraite ,  juf- 
qu'à  ce  qu'elle  fe  trouve  en  fureté.  De  plus  ,  cette 
odeur  infupportable  eil  fi  tenace ,  qu'elle  ne  fe  di.iîipe 
que  très-difficilement.  Ce  qu'il  y  a  de  remarquable  , 
c'eft  que  cependant  cet  animal  n*  fe  nourrit  que  de 
fruits  &  de  différentes  graines.  La  bétc  puante  du  Cap- 


B     E    T  în 

cle  Bonne  -  Efpérance  ,  appelée  par  quelques -uns  le 
blaireau  puant ,  fe  fert  de  la  même  ruie.  Foyei  Blaireau 
PUANT.  La  hétc  puante  de  la  Louifiane  eil:  ou  le  coafc 
ou  le  ccncpatt.  Voyez  à  t  article  Molffettes. 

BÊTES  ROUGES.  Petits  animaux  d'une  belle  couleur 
rouge  ,  luifans  ,  &  de  la  grolTeur  de  la  pointe  d'uiœ 
épingle.  Ces  inledes  fe  font  tellement  multipliés  à  la 
Martinique  &  dans    les   autres   Iiles  de  TAmérique , 
qu'on  ne  fauroit  faire  un  pas  fans  en  être  fcrt  incom- 
modé ,    à  moins  qu'on  ne  foit  dans  les  bois  :  on  les 
trouve  par- tout  &  par  milliers  fur  la  terre  nue ,  comme 
fur  les  plantes ,  mais  particulièrement  dans  les  favannes 
ou  prairies.  Quand  on  s'y  promené  ,  on  eft  auffi-tôt 
aflailii   de  ces  petites   bêtes  par  tout  le   corps.  Elles 
montent   quelquefois  jufque  dans  les  cheveux.    Elles 
s'attachent  à  la  chair  ,  où  elles  enfoncent  leur  trompe 
pour  fucer  ;  cette  piqûre  fait  naître  auili-tôt  une  petite 
enflure  enflammée,  &  qui  caufe  les  plus  cuifantes  dé- 
mangeaifons.    Comme  il   efl   prefque   impofîible    d'y 
réfifter  fans  fe  gratter  ,  il  en  réfulte  fou  vent  des  ul- 
cères qui  font  toujours  dangereux  &  longs  à  guérir. 
Pour  fe  délivrer  des  hêtes  rouges  ,  on  fe  lave  avec  de 
l'eau  dans  laquelle  on  mêle  du  jus  de  citron ,  ou  de 
l'eau-de-vie  ,  ou  du  tafia.   Ces  animaux ,  quoiqu'un 
peu    moins    dangereux   que    les   chiques  ,    s'attachent 
encore  à  la   peau  des  animaux  ,  notamment  à  ceux 
qui   font   à   la   pâture  ,    &    leur   caufent   aufîi   une 
démangeaifon  fi  cruelle ,  fi  épouvantable ,  que  ,  pour 
s'en   déUvrer  ,   ils   fe  frottent   contre   les  pierres  & 
les  arbres  ,  comme  s'ils  vouloient  fe  déchirer.  Foye^ 
Chiques. 

BETEL  ,  BÉTRE  ou  Temboul  ,  Betcla-codu  Ceô 
une  plante  que  l'on  dit  être  de  la  famille  des  Convolvulusy 
&  qui  croît  dans  les  lieux  maritimes  aux  Indes  Orien- 
tales. Elle  s'attache  ,  comme  le  Uerre  ,  aux  arbres 
voilins.  Ses  feuilles  font  en  cœur  ;  elles  refTemblent 
jDoins  à  celles  du  citronnier  qu'à  celles  du  grand  l'if^ron-^ 


21Î  _         B    E    T 

&  ont  un  petit  goîit  d'amertume.  Ses  fruits  reffembîent 
à  la  queue  d'un  lézard  ou  d'un  loir.  On  cultive  cette 
plante  comme  la  vigne. 

Les  Indiens  mâchent  prefque  toujours  de  ces  feuilles, 
qu'ils  mêlent  avec  de  Varéca ,  du  cardamome ,  àes^gi  rafles  y 
du  eau  ou  autres  aromates ,  &  des  écailles  d'huîtres 
calcinées  ;  ce  qui  donne  à  leur  falive  &c  à  leurs  lèvres 
unQ  couleur  rouge  enfanglantée  ,  qui  nous  déplairoit 
beaucoup.  Cette  compofition  raréfie  la  pituite ,  fortifie 
l'eftomac  ,  raffermit  les  gencives  ,  &  donne  à  leur 
haleine  une  odeur  très-agréable.  On  prétend  que,  fans 
l'ufage  du  ùétel ,  ils  aiu-oient  naturellement  l'haleine 
fort  puante. 

Lorfqu'on  fe  quitte  pour  quelque  tem.ps ,  on  fe  fait 
préfent  de  l^étd  ,  que  l'on  offre  dans  une  bourfe  de 
foie.  On  n'ofe  parler  à  un  hcmm.e  en  dignité  fans  avoir 
du  hétel  dans  la  bouche.   Les  femmes  ,  &  fur-tout  les 
femmes  galantes ,  en  font  grand  ufage ,  de  le  regardent 
comme  un  puifTant  attrait  pour  l'am^our.   On  mâche 
du  I^éte/  pendant  les  vifites  ;  on  en  tient  à  la  m.ain  ; 
on  s 'en  offre  en  fe  faluant  &  à  toute  heure ,  com.me 
nous  faifons  ici  de  la  poudre  du  tabac.  Une  boite  à 
tétel  eu  ordinairement  garnie  des  drogues  fuivantes  : 
i.°  de  feuilles  de  bétel;   2.^  de   chaux  de  coquilles  ; 
3.°   de  noix  d'areque  ;  4.°  de  caté-cambé  ,  ou  caté 
Indien  ;   ^ .°  de  cardam.ome  ;  6.°  de  feuilles  de  tabac. 
Par  ce  moyen  chacun  affaifonne  fa  feuille  de  bétel  fui- 
vant  fon  goût.  Le  grand  ufage  qu'en  font  les  Indiens 
leur  carie  les  dents  de  bonne  heure  ;  fouvent  ils  r^^n 
ont  plus  à  l'âge  de  vingt-cinq  ans.  On  lit  néanmoins 
dans  V Encyclopédie  ,  que  l'ufage  du  bétel  devrcit  être 
préféré  au  tabac  ,  au  m.oins  pour  l'odeur  ;  &  que  fî 
les  dents  s'en  trouvoient  mal ,  l'eflomac  en  feroit  plus 
fain  &:  plus  fort  ;  car  il  y  a  dans  ce  pays-ci  plus  de 
gens  qui  manquent  par  Teflomac  que  par  les  dents. 

BÉTOINE  ,  Betonica  vulgarls purpurea,  J.  B.  3  ,  301, 
C.  B.  Pin,  235  j  Bctonica  ofîcinalis  ^  Linn.  810  ;  c'eil 


.         B    E    T  Î23 

-ilne  plante  qiiî  croît  communément  dans  les  bois  6c 
les  lieux  ombragés ,  en  Europe.  Sa  racine  eu  annuelle , 
de  la  grofîeur  du  pouce  ,  coudée ,  brune ,  fibreule  6c 
amere.  Ses  tiges  quadrangulaires  ,  droites  6c  iimples , 
légèrement  velues ,  s'élèvent  à  la  hauteur  d'un  pied  6c 
demi.  Ses  feuilles  font  d'un  vert  foncé ,  crénelées  tout 
autour,  d'une  odeur  aromatique,  ovales,  cblon^ues, 
ridées  6c  un  peu  velues  ,  oppofées  deux  à  deux  , 
pétiolées ,  6c  laifTant  entre  (es  feuilles  beaucoup  d'in- 
tervalle de  la  tige  à  nu  ;  les  feuilles  fupérieures 
prefque  fefTiîes  &  dentelées.  Ses  fleurs  font  verticillées, 
en  gueule ,  purpurines  ( une  variété  les  a  blanches,  )  6c 
difpofées  en  épis  denfes  6c  interrompus  ;  la  lèvre 
fupérieure  eu  peu  concave  ,  échancrée  par  le  bout.  Ses, 
graines  font  arrondies ,  brunes  ,  6c  renfermées  au  fond 
d'une  capfule  qui  étoit  le  calice  de  la  fleur ,  6c  le  cahce 
eft  à  cinq  pointes  égales. 

On  difnngue  une  l^ctoine  du  Levant ,  Baonlca  Oricn-- 
talïs ,  Linn.  8 1 1 ,  Tourn.  Cor.  1 3 .  Sa  tige  ell  haute  de 
deux  pieds  ,  carrée  6c  velue  ;  les  feuilles  qui  partent 
de  la  racine  font  en  cœur ,  très-alcngées  ,  crénelées 
&  velues  ;  celles  de  la  tige  prefque  feffiles.  Ses  fleurs 
font  d'un  pourpre  clair ,  en  verticilles  rapprochés  & 
non  Interrompus.  On  trouve  encore  dans  le  Levant 
\me  autre  efpece  de  ce  genre  ,  c'efl  la  bétoine  laïncufi  ^ 
Buonica  heradca  ,  Linn,  Il  y  a  aufîi  la  bctolne  velue  ^ 
Betonica  hirfiita ,  Linn.  Betonica  rublcujidljjîmo  flore  , 
Montïs  Aurd ,  Tourn.  203  :  cette  efpece  fe  trouve  fur 
les  Alpes  ,  les  Pyrénées  &  le  Mont  d'Or.  Il  ne  faut 
pas  la  confondre  avec  la  bétolne  alopéciiroïde  ,  Betonica 
alopeciiros  ,  Linn.  ;  Betonica  Alpina  latifolia  major  , 
villofa  y  flore  liiteo^  Tourn.  203  ;  Betonica  montana  , 
lutea,  ^  Barell.  Icon.  339  :  cette  efpece  croît  fur  les 
montagnes  de  la  Provence  6c  des  Alpes.  Ses  fleurs  font 
d'un  jaune  pâle. 

Les  feuilles  &  les  fleurs  de  la  hltoïne  vulgaire  font 
d'un  grand  iifage  en  Médecine  ;  elles  font  apéritives  ^ 


114  ,      .    ^    E    T  . 

rëfoliitives,  céphaîiqnes  &  vulnéraires.  Leur  décoùiott 
eu  utile  dans  les  migraines  &  engourdiffemens  des 
membres  ;  on  prétend  que  plufieurs  goutteux  ont  été 
guéris  par  lufage  continué  des  feuilles  &c  fleurs  de 
tétoine  ,  accompagné  d'un  régime  approprié. 

Les  parties  fubtiles  odorantes  qui  s'élèvent  de  cette 
plante  lorfqu'elle  eft  verte ,  font  11  vives ,  que  l'on  dit  que 
les  Jardiniers  &  autres  gens  qui  arrachent  de  la  bitoincy 
deviennent  ivres  &:  chancelans  ,  comme  s'ils  avoient  bu 
du  vin.  AuiTi  M.  HalUr  dit-il  que  la  bètoim  ayant  une 
odeur  de  lamlum  ,  en  a  apparemment  les  effets ,  qui  ne 
peuvent  être  céphaliques  ;  &  que  les  Anciens  avoient 
iine  plante  du  nom  de  bkoim ,  dont  on  a  attribué  les 
vertus  à  la  nôtre ,  qui  pourroit  bien  être  très-différente 
de  celle  des  Anciens. 

Les  racines  de  bétolne  purgent  par  haut  &  par  bas , 
effet  bien  différent  de  celui  des  feuilles  &:  des  fleurs  ; 
ce  qui  prouve  que  les  diverfes  parties  d'une  même 
plante  peuvent  avoir  des  vertus  différentes  ,  fuivant 
la  nature  des  fucs  qu'elles  contiennent  ÔC  la  différence 
d'organifation. 

BetOINE  d'eau.  Foyei  SCROPHULAIRE  AQUA- 
TIQUE. 

Bltoine   des  montagnes  ,  dite  le  Tabac  de 

MONTAGNE.    Foyc^  à  V artïcU  DORONIC. 

BETOIRES.  Nom  donné  dans  les  campagnes  à  des 
trous  peu  larges  &  peu  profonds  en  apparence  ,  qui 
abforbent ,  dans  les  terrains  oii  il  s'en  trouve ,  l'eau  de 
la  pluie  fans  la  dégorger.  Voyc^^  l'article  Rivière,  wfiré 
a  la  fuite  du  mot  FONTAINE.  La  bétoire  eft  une  forte 
d'cjbyme  ou  de  gouffre  aquatique.  Foyc^  Abyme. 

BETTE  ou  POIRÉE  COMMUNE  ,  Bcta  yulgaris  ^ 
Linn.  322.  Plante  bifannuelle,  potagère,  dont  on  dif- 
tingiie  plufieurs  efpeces  ;  fa  voir ,  la  bette  ou  poirée  blanche 
ou  réparée ,  Beta  alba  vel  pallefcens  ,  qua  Cicla  officinal 
rum^  C.  B.  Pin.  118,  Tourn.  502  ;  Beta  candida^  Dod. 
Pemp t.  620  i  6c  la  rou^e  ,  Beta  rubra  yul^aris ,  C.  B.. 

Pin, 


B    E    T  Î2J 

Pui.  1 1 8  :  ces  plantes ,  de  la  famille  des  Arrockes  ,  ont 
des  racines  dures  éc  cylindriques ,  blanches  &:  de  la 
groffeur  du  petit  doigt.  Elles  portent  fur  des  tiges 
droites ,  hautes  de  trois  pieds  &  cannelées ,  des  fleurs 
petites  ,  à  étamines  ,  formant  de  longs  épis ,  &:  aux- 
quelles fuccedent  des  fruits  prefque  fphériques  ,  qui 
contiennent  deux  ou  trois  grain-es.  Les  feuilles  de  ces 
plantes  font  alternes  ,  larges ,  épaiffes  &  fucculentes  ; 
les  unes  font  blanches ,  les  autres  rouges.  Il  y  a  aufîi 
la  bdtte  de  Crète  à  femence  épineufe. 

Les  cardes  polrées  fe  replantent  aux  mois  d'Avril  & 
de  Mai  :  ce  ne  font  guère  que  les  pieds  de  poirée  blonde 
ou  légèrement  jaunâtre  ,  replantés  en  planche  ,  qui 
pouflent  de  grandes  feuilles  ,  dont  la  côte  blanche  & 
ëpailTe  eil  la  véritable  carde  qui  fert  aux  potages  & 
aux  entremets  ,  comme  celles  du  cardon  d'Efpagne  , 
avec  Icfquelles  il  ne  faut  pas  les  confondre. 

Les  bettes  appelées  betteraves ,  font  à  grofles  racines 
de  rave.  Ce  font  des  efpeces  ou  des  variétés  du  genre 
de  la  Bette,  Il  y  en  a  à  racine  rouge ,  Beta  rubra  y 
radlce  rapœ  ,  Bauh.  Pin.  ii8  ;  Beta  rubra  Romana  , 
Dod.  Pempt.  ;  d'autres  font  jaunes  ,  Beta  lutea  ,  major  ; 
d'autres  font  blanches  ,  Beta  pallïdl  virens  ,  major  y 
Bauh.  Pin. ,  Tourn.  ;  ces  racines  font  charnues ,  tendres , 
ëpaiffes  de  deux  ou  trois  pouces ,  longues  de  fept  à  dix 
pouces ,  &  faites  comme  celle  de  la  rave.  La  tige  des 
betteraves  s'élève  un  peu  plus  que  celle  des  poirées, 
La  betterave  rouge  a  fa  racine  de  couleur  de  fang  en 
dedans  &  en  dehors  ;  &  fes  feuilles  ,  fur-tout  leurs 
pétioles ,  d'un  rouge  foncé.  La  betterave  à  racine  jaune 
a  les  côtes  de  fes  feuilles  jaunes  ;  tout  ce  qui  eil 
rouge  ou  jaune  dans  ces  deux  betteraves  ^  efl  blanc  ou 
d'un  vert  pâle  dans  la  betterave  blanche.  Ces  plantes 
font  originaires  des  lieux  maritimes  de  l'Europe  Auf- 
trale.  On  mange  les  betteraves  coupées  par  tranches 
en  falade  ,  après  les  avoir  fait  cuire  :  les  jaunes  font 
les  plus  délicates.  Qn  prétend  que  J'efpece  qui  eil 
Tome  II,  P 


226  B   E    T  B   E   U 

rouge  ,  donne  à  l'urine  cette  couleur.  Les  feuilles  He 
pohéi  font  émollientes  ;  le  fuc  de  la  racine  ,  pris  par 
le  nez  ,  excite  l'éternuement  ;  mais. cette  errhine  a  été 
fatale  à  une  jeune  perfonne  ,  qui  en  fouffrit  des  dou- 
leurs cruelles  dans  la  tête  qui  enfla  prodigieufement. 
Malgré  cette  propriété  de  la  bette  ,  M.  Mjrgraf  en  a 
tiré  5  ainfi  que  de  la  racine  du  clurvis ,  un  fel  effentiel 
qui  efl  un  véritable  fucre.  La  racine  de  la  betterave 
fauvage  eu  champêtre,  eil  appelée  aujourd'hui  racine 
de  difette  :  on  l'emploie  ,  ainfi  que  fes  feuilles  ,  en 
fourrage. 

On  trouve  fur  les  bords  de  la  mer ,  en  Provence  & 
en  Angleterre  ,  une  po.réc  bifannuelle  ,  dont  la  tige 
longue  d'un  pied  &  demi  ,  efl:  un  peu  couchée  à  fa 
bafe  ,  glabre  ,  cannelée  ;  les  feuilles  alternes  ,  ovales  y 
Mes  &  fucculentes  ;  les  fleurs  font  axi  lia  ires ,  pref que 
en  épi  alongé ,  garnies  de  petites  feuilles.  Les  iémences 
en  forme  de  rein. 

BETTERAVE.  Foye^  d-dejfus  Bette. 

BEURICKON.  Nom  ,  en  quelques  Provinces  ,  du 
Roitelet  huppé. 

BEURRE  DE  BAMBUK  ou  Batalle.  C'efl  une 
efpece  de  graifl^e  végétale 'que  les  Maures  6l  les  Nègres 
du  Sénégal  recueillent  d'un  arbre  qui  croît  dans  le  pays 
de  Bambuk,  6c  dans  quelques  autres  endroits  fur  les 
bords  du  Sénégal. 

L'arbre  qui  produit  le  fruit  dont  on  tire  cette 
graiffe  efl  d'une  grofléur  médiocre.  Ses  feuilles  font 
petites  ,  rudes  ,  6c  rendent  un  jus  huileux  lori qu'on 
les  preflfe.  Le  tronc  de  l'arbre  même  donne  auiii 
par  inciflon  un  peu  de  cette  liqueur  grafl'e.  Son 
fruit  efl  rond  ,  de  la  groflTeur  d'une  noix  '6l  couvert 
d'une  coque  ,  avec  une  petite  peau  feche  6c  brillante. 
Il  efl  d"un  blanc  rougeârre  ,  ferme  comme  le  g- and , 
huileux  ,  6c  d'une  odeur  aromatique.  Le  noyau 
efl  de  la  grofliiu:  d'une  mufcade  ,  6c  contient  une 
amande. 


B   E   U         B   E   Z  ÎÎ7 

Les  Nègres  font  palîionnés  pour  ce  fruit.  Après  en 
avoir  féparé  une  partie  qui  tient  de  la  nature  du  fuif , 
ils  pilent  le  refte ,  6c  le  mettent  dans  l'eau  chaude.  Il 
fumage  pour  lors  une  graifie  qui  leur  tient  lieu  de 
beurre  &  de  lard.  Les  Européens  qui  en  mangent  ne  le 
trouvent  pas  différent  du  lard  ,  à  l'exception  d'une 
petite  âcreté  qui  n'eft  pas  défagréable.  Cette  graiffe , 
ians  être  aufîi  blanche  que  celle  du  mouton ,  a  la  même 
confiftance.  Les  Nègres  l'emploient  ik  la  préfèrent  à 
l'huile  de  palmier  pour  les  douleurs  de  nerfs.  Hifloirc 
des  Foyages  ,  tome  II, 

Beurre  de  pierre.   Voye^  à  Vartick  Alun. 

BEZETTA.    Voyei^  la  fin  de  V article  CoCHENILLE.' 

BÉZOARD  ou  Calcul  d'animal  ,  CaUulus  ani- 
mails.  Concrétion  inorganique  ,  folide  ,  comme  pier- 
reufe  ,  qui  lé  trouve  &  fe  forme  dans  le  corps  de 
certains  animaux  ,  &  dans  différentes  parties ,  telles 
que  l'eflomac  ,  le  canal  falivah-e  ,  les  inteflins ,  la 
véiicule  du  fiel ,  la  veffie  &  les  reins.  Ces  divers  bé-- 
loards  différent  par  lafubflance,  la  forme  &  le  volume; 
il  y  en  a  qui  relTemblent  à  une  fève  ,  d'autres  font 
ronds  ou  oblongs  ,  ou  ovoïdes ,  tantôt  unis  ,  tantôt 
raboteux  ,  6lc.  Il  y  en  a  depuis  la  groffeur  d'un  pois 
jufqu'à  celle  d'un  melon  ;  mais  on  les  connoîtra  mieux 
en  les  examinant  dans  les  Cabinets  des  Curieux  ,  que 
par  les  defcriprions  qu'on  en  pourroit  donner. 

Les  animaux  herbivores  des  régions  de  l'Afie  Méri- 
dionale ,  &:  aufîi  de  l'Afrique  &  de  l'Amérique ,  pro- 
duifent  plus  communément  des  beioards  que  les  ani- 
maux des  climxats  tempérés  :  ceux  des  pays  froids  en 
fourniifent  encore  moins. 

On  ditlingue  principalement  les  bcipards  en  Orien- 
taux &  en  Occidentaux.  Les  gabelles  ou  chèvres  des 
Indes  donnent  le  ^/{<?^r^  Oriental  ;  V y  fard  o\\  chamois  ^ 
le  lama  &  ^alpaca  du  Pérou ,  donnent  le  hl^^pard  Oc- 
cidental ;  les  chèvres  domefiiqius  donnent  les  biioards 
ordinaires,   Ceux  qui  viennent  d'Egypte ,  de  Perfe  |» 

V  % 


Si8  B    E    Z 

des  Indes  ,  de  la  Cîiine  ,  font  tirés  d'une  eTpece  de 
houe.  Il  y  a  aufîl  les  biipards  du  caïman  ,  du  porc-épic, 
du  ianglier  5  du  finge-douc  ,  de  la  tortue ,  de  l'éléphant , 
du  cheval ,  du  mulet ,  du  rhinocéros  ,  de  la  vigogne  , 
du  chien  ,  du  bœuf,  du  morfe  ,  du  caflor.  La  pierre 
de  la  vefîie  de  l'homme  eft  auffi  une  efpece  de  bcioard. 
Voyez  l'article  Calcul. 

Les  blioards  font  compofés  de  couches  concentri- 
ques ,  de  couleur  verdâtre  ou  olivâtre  ,  tachetées  de 
blanc  dans  leur  épaifleur.  Toutes  les  lames  n'ont  ni 
la  même  couleur  ni  la  même  épaiffeur  :  elles  s'écrafent 
facilement  fous  la  dent  ,  ont  une  faveur  glutineufe  , 
urineufe  ,  &  donnent  une  légère  teinte  à  la  falive. 
On  remarque  prefque  toujours  au  centre  du  béioard 
quelques  corps ,  tels  que  des  pailles  ,  du  poil  ,  des 
grains  ,  du  bois ,  des  noyaux  ,  Sic,  Ces  corps  ont  fervi 
de  point  d'appui  pour  la  formation  des  couches.  Les 
hé^oards  fonnent  quelquefois  comme  les  géodes  ,  en  les 
agitant  ;  elïet  produit  par  le  corps  dur  qui  avoit  fervi 
de  point  d'appui ,  &  qui  s'eft  détaché. 

On  attribue  au  bé{oard^  fur-tout  à  l'Oriental,  de 
grandes  vertus  fudorifiques  :  on  croit  qu'il  chalTe  les 
venins  hors  du  corps.  Ces  béipards  qui  proviennent 
des  chèvres  &  gazelles  de  l'Afie ,  font  d'autant  plus 
chers  ,  qu'ils  font  plus  gros.  Comme  les  vrais  biioards 
font  très-chers ,  on  en  a  fait  de  fadices.  Par  exemple , 
les  compoiitions  nommées  pierres  de  Goa  ou  de  Malacca^ 
font  de  faux  bé{oards.  Voici  la  manière  dont  on  s'y 
prend. 

On  fait  avec  des  ferres  à^krevijTts  de  mer ,  des  co- 
quilles ^huîtres  broyées  fur  le  porphyre,  du  mufc  & 
de  V ambre  gris ,  une  pâte  que  l'on  réduit  en  boulettes , 
de  la  forme  des  bè^oards ,  &  qu'on  roule  enfuite  dans 
des  feuilles  d'or.  Ceux  qui  veulent  imiter  davantage 
les  vrais  bè^^oards  ne  les  recouvrent  point  de  feuilles 
d'or.  Cette  fupercherie  feroit  cependant  utile  pour  imi- 
tf r  les  téioardi  de  hçnjf^  s'il  étçit  vrai ,  comme  on  le 


B    E    Z  %i^ 

îlt  dans  une  obfervation  des  Ephéméndes ,  que  les  hiioards 
de  cet  animal  ont  une  couleur  d'or  &  vin  brillant 
métallique  ,  lorfqu'on  a  enlevé  les  premières  couches. 
On  diflingue  ces  béipards  fa61ices ,  en  imprimant  une 
trace  fur  un  morceau  de  papier  frotté  de  cérufe  ,  de 
craie  ou  de  chaux  ;  ii  la  trace  devient  d'un  jaune  ver- 
dâtre  ou  olivâtre  ,  c'efl  la  marque  que  le  béioard  eft 
naturel;  du  moins  jufqu'à  préfent  on  n'a  pu  donner 
cette  propriété  aux  bé{oards  fa£lices.  Les  béioards  na- 
turels s'imbibent  d'eau  6c  d'efprit  de  vin ,  troublent 
ces  liqueurs  ,  &C  font  effervefcence  avec  les  acides. 

On  peut  regarder  comme  des  efpeces  de  béioards 
les  pierres  Jiommées  improprement  yeux  d'écreviffcs. 
Quant  aux  perles  ,  ce  font  des  efpeces  d'exoftofes  na- 
crées. 

De  tous  les  béioards ,  celui  du  porc- épie  (  piedra  dd 
porco  ) ,  elî  le  plus  cher.  Il  eil  gras  &:  favonneux  à 
l'œil  &;  au  toucher,  d'une  couleur  verdâtre  ou  jau- 
nâtre :  on  en  trouve  auiTi  de  rougeâtres  &  de  noirâtres. 
On  auroit  peine  à  croire  le  cas  qu'on  en  fait  en  Hol- 
lande. Nous  avons  vu  un  de  ces  bé^oards^  de  la  grofTeur 
d'un,  petit  œuf  de  pigeon,  chez  un  Juif  à  Amfterdam^ 
qui  le  vouloit  vendre  fix  mille  livres.  On  les  loue 
dans  ce  pays  &  en  Portugal  dix  livres  dix  fous  (  un 
ducat  )  par  jour  aux  gens  qui  fe  croient  attaqués  de 
contagion ,  &  qui  s'en  préfervent  en  les  portant  e» 
amulette  ,  de  même  qu'on  fait  en  Allemagne  des  pierres 
A^ aigle  ,  pour  faciliter  l'accouchement  ;  de  V aimant  en 
France  ,  pour  guérir  de  la  fièvre  ;  du  jade  en  Efpagne , 
pour  préferver  de  la  gravelle.  Voilà  un  tableau  affez 
frappant  de  la  fuperflition  &  des  folies  de  l'imagina* 
tion  humaine.  Foye^  Pierre  de  Porc-épic, 

Ainfi  les  béioards  varient  relativement  à  la  différence 
des  animaux ,  des  climats  ,  &  des  caufes  accidentelles. 
En  général ,  il  paroît  que  le  bé{oard  eu  ,  ou  une  fubf^ 
tance  mucilagineufe  &  tartareufe  ,  durcie  ;  ou  un 
réfidu  de  noiuriture  végétale ,  ôc  qui  ne  fe  trouve  pas, 

P  % 


230  B    E    Z  B    I    B 

ou  rarement ,  dans  les  animaux  carnaflîers ,  Se  qui  ne 
fe  produit  que  dans  ceux  qui  fe  nourriflent  de  plantes  : 
quelques  Chimifles  loupçonnent  que  les  béioards  de  la 
vefTie  font  formés ,  pour  la  plus  grande  partie ,  par  un 
acide  concret  particulier. 

Le  hl^oard  d'Allemagne  eft  le  bé{oard  de  poil ,  plus 
connu  fous  le  nom  d'égagropile.  Voyez  ce  mot  ^  6c  ce 
qui  eil  dit  des  béioards  que  fourniffent  les  lamas ,  6cc.  à 
Vartick   PacOS. 

BÉZOARD  FOSSILE.  Pierre  arrondie  ,  de  couleur 
cendrée  ,  compofée  de  couches  concentriques  ,  friables , 
depiûs  la  groiieur  d'une  aveline  juiqu'à  celle  d'un  œuf 
d'oie.  Au  centre  de  cette  pierre  eft  quelquefois  un  grain 
de  fable  ,  une  petite  coquille  ,  ou  un  morceau  de  char- 
bon de  terre.  Une  de  ces  matières  a  fervi  de  noyau  , 
de  point  d'appui ,  &:  venant  à  rouler  fur  des  terres 
molles,  à  demi-trempées,  elle  s'efl  ainii  accrue  par 
couches  roulées  comme  une  pelotte  de  rubans.  On  en 
trouve  dans  divers  terrains  près  de  Montpellier  &  de 
Compoftelle  :  les  plus  gros  le  rencontrent  en  Sicile  &: 
dans  le  fleuve  de  Dezhuatlan  à  la  Nouvelle-Efpagne. 
Les  Italiens  vantent  beaucoup  cette  pierre  contre  le 
poifon,  &c. 

BÉzoLE  DE  Rondelet.  Selon  Arudï ,  c'efl  une 
variété  du  lavarct.  Voyez  ce  mot, 

BIBBY.  Arbre  qui  croît  dans  l'Iilhme  de  l'Amérique. 
On  dit  que  c'efl  une  efpece  de  palmier;  il  efl:  de  la  grofîeur 
de  la  cuifTe  d'un  homme  :  fon  tronc  ell  droit  &  haut 
de  foixante  à  foixante-dix  pieds,  fans  branches  ni  feuilles 
jufqu'au  fommet.  Cet  arbre  eft  chargé  de  pointes.  Son 
bois  eft  dur  &;  noir  comme  l'encre.  Son  fruit ,  qui 
efl:  de  la  groffeur  d'une  noix  mufcade,  blanchâtre  & 
huileux ,  croît  au-defTous  &  tout  autour  de  l'endroit 
où  ks  branches  commencent  à  pouffer.  Les  Indiens 
tirent  une  luiile  de  fes  fruits  écrafés  ;  pour  l'obtenir  , 
on  les  écrafe  dans  un  mortier ,  on  les  fait  bouillir ,  &£ 
on  les  met  à  la  prefe  j  on  écume  la  liqueur  à  îiaefure 


B    I    B  231 

qu'elle  fe  refroidit ,  6c  ce  deffus  devient  une  huile 
très-claire  ,  que  les  Indiens  mêlent  avec  les  couleurs 
dont  ils  le  peignent  le  corps.  Lorfque  cet  arbre  eft  jeune, 
on  y  fait  une  incifion  ,  d'où  il  découle  par  une  feuille 
roulée  en  forme  d'entonnoir ,  un  jus  qui  rellemble  à 
du  petit-lait ,  d'un  goût  aigrelet ,  affez  agréable ,  que 
leis  Indiens  boivent  après  l'avoir  laifle  repofer  pendant 
quelques  jours.  Les  Indiens  donnent  auiîi  à  ce  fuc  le 
nom  de  /^/Mj'.  Ce  palmier  paroit  avoir  beaucoup  de 
rapport  avec  celui  appelé  Aavora. 

BIBE  ,  Gadujculus  ,  Linn.  ;  en  Angleterre  ,  au  pays 
de  Cornouaille  ,  hïb   &  blïnds.  Poillon  du   genre   du 
Gadc.  Il  fe  trouve  dans  l'Océan  Européen  ;  il  n'a  ja- 
mais 5  félon  WilliL^^hhy ,  plus  d'un  pied  de  longueur  ; 
£a  couleur  eft  olivâtre  ou  d'un  jaune  fale  fur  le  dos  , 
&  argentée  fous  le  ventre  ;  fes  écailles  ont  plus   du 
double  en  grandeur  que  celles  de  la  morue.  Sa  gueule 
eft  médiocrement  fendue  ;   il  a  un   barbillon  fous  la 
mâchoire  inférieure;  les  deux  mâchoires  garnies  d'un 
rang  de  dents  aiguës  &:  recourbées  ,  avec  d'autres  ran- 
gées intérieures  6l  tournées  en  dedans  de  la  gueule  ; 
il  fe    trouve  aufli   fur    le  palais  plufieurs    rangs    de 
petites   dents.  Les  narines   ont  chacune  deux  ouver- 
tures ;  les  yeux  font  couverts  d'une  membrane  lâche  , 
qui   s'enfle  ,    dit  -  on  ,    comme    une   vefTie  ,   au  gré 
du  poiiTon  ;  la  langue  eft  molle  &  liffe  :  il  y  a  trois 
nageoires  dorfales  ;  la  première  a  douze  rayons ,  dont 
le   fécond  eit  le  plus   élevé  ;  la   nageoire   du  m^ilieu 
€fl  la  plus  longue  des  trois ,  &  a  vingt-trois  rayons; 
la  dernière  dorfale  en  a  vingt  :  la  queue  n'a  aucune 
échancrure  ;    fes   deux    nageoires   ont  ,    la  première 
vingt-fept  rayons  ,  &  l'autre  vingt-un  ;  les  peûorales 
en  ont  feize  ;   les  abdominales  ont  chacune  fept  ou 
huit  rayons ,  dont  le   premier  s'avance  en  forme  de 
pointe  alongée. 

BIBION.  Nom  que  l'on  doniie  à  la  moucha  de  Salnt^ 
Marc,  Voyez  ce  moi, 

?4 


232  B   I    B  B    I   D 

BIBLIOLITES.  On  donne  ce  nom  aux  pierres  qui 
portent  l'empreinte  des  feuilles  de  végétattx.  On  en 
trouve  en  différens  endroits  ,  notamment  dans  le  Pié- 
mont &C  à  (Eninghen. 

BICHE.  C'efl  la  femelle  du  cer/^  Voyez  ce  mot.  MM. 
de  l'Académie  ont  donné  le  nom  de  biche  de  Sardaignc  à 
Vaxls  ,  Voyez  ce  mot.  La  biche  des  bois  &c  la  biche 
des  palétuvieres  à  Cayenne ,  font  des  chevreuils ,  Voyez 
r article  CHEVREUIL. 

Biche.  M.  Deleuie  obferve  qu'on  a  donné  aufli 
le  nom  de  biche  à  un  infede  coléoptere  du  genre  du 
cerf  volant  ,  &  qui  en  diffère  principalement  par  la 
forme  de  fes  pinces  ,  qui ,  au  lieu  d'être  longues  & 
rameufes ,  font  petites ,  faites  en  croiflant  ,  &  font 
feulement  garnies  chacune  d'un  petit  denttcule.  La 
grande  biche  infede ,  eft  un  peu  moins  grande  que  le 
cerf  volant ,  auquel  elle  reffemble  pour  la  couleur  ;  la 
petite   n'a  que  la  moitié  de  fa  grandeur. 

Biche.  Nom  donné  par  quelques-uns  à  l'efpece  de 
chien  de  mer  bleu.   Voyez  GLAUQUE. 

BICHON  ou  Chien  de  Malthe.  Très-jolie  petite 
efpece  de  chiens  dont  le  nez  eft  court ,  le  poil  long, 
ôc  fort  délié  ;  ces  petits  chiens  font  fort  recherchés 
&  fort  aimés   des  Dames.    Foye^  à  tarticle  Chien. 

BïDENT  ,  Bidens.  Nom  d'un  genre  de  plante  à  fleurs 
conjointes  ,  qui  ,  félon  M.  de  la  Marck  ,  a  beaucoup  de 
rapport  avec  les  verbejines ,  &  qui  comprend  des 
herbes  dont  les  feuilles  font  oppofées  ,  6c  dont  les 
fleurs  commimément  flofculeufes^  ont  quelquefois  quel- 
ques demi-fleurons  à  leur  circonférence  :  le  fruit  con- 
fifl:e  en  plufieurs  femences  oblongues ,  terminées  cha- 
cune par  deux  dents  (  quelquefois  quatre  ,  dont  deux 
oppofées  font  plus  petites  )  ,  ou  deux  pointes  droites  , 
roides  ,  &  qui  ont  fouvent  de  petites  afpérités  tournées 
en  bas.  M.  de  la  Marck  réunit  au  genre  du  bidens  ,  celui 
du  fpilanthus  ,  de  Linnceus,  Il  y  a  le  bident  à  calice 
feuille  i   c'eft  Veupatoirc  femelle  ou  bâtarde ,  Voyez  c& 


B  I  D  B  lE  2î? 

mot.  Le  hUznt  velu  ,  de  l'Amérique  ;  on  en  trouve 
une  variété  à  la  Chine  &:  clans  les  Moluques  ,  &  qui 
ell  VAgrimojiia  Molucca  de  Riimphius.  Le  ^id^e/zr  à  feuilles 
de  clguè  ,  de  la  Virginie.  Le  bidmt  à  fleurs  penchées 
à^s  lieux  aquatiques  de  l'Europe;  cette  efpece  donne 
une  teinture  jaune  ,  comme  le  bldent  à  calice  feuilles 
Le  bident  à  tiges  filiformes  ,  du  Cap  de  Bonne-Efpé- 
rance.  Le  bident  à  feuilles  lobées ,  d'Italie  ;  il  eil  orî-- 
ginaire  d'Amérique.  Le  bident  a  fleurs  blanches ,  de  la 
Caroline.  Le  bident  à  fleurs  venicillées  ,  de  la  Vera- 
Crux.  Le  bident  à  tige  grimpante  ,  de  la  même 
contrée.  Le  bident  nodiflore  ,  du  Bengale.  Le  bident 
dit  acmella  ,  Voyez  Acmella.  Le  bident  à  faveur 
de  pyrethrc  ,  vulgairement  le  crejfon  de  Para  ,  Spilan- 
thus  oleracca  ,  Linn.  Le  bident  à  fleuillcs  de  bafillc  , 
du  Pérou.  Le  bident  à  feuilles  d'un  rouge-brun  ,  de 
l'Amérique  Méridionale.  Le  bident  à  feuilles  étroites  ; 
il  croît  dans  les  endroits  fablonneux ,  près  de  Cartha- 
gène ,  en  Amérique  ;  fa  faveur  efl  piquante.  Le  bident 
injîpide  ,  de  la  Havane.  Le  bident  à  feuilles  d^arroche^ 
de  l'Amérique  Méridionale. 

BIDET.  Petit  cheval  qu'on  trouve  en  quantité  à 
OuëlTant  en  Baffe-Bretagne.  On  en  voit  d'une  petiteffe 
extrême  en  Chine  ,  ëc  dont  la  forme  efl  très-belle, 
Foyei  Cheval. 

BIERKNE ,  Cyprinus  biœrkna  ,  Linn.  ;  Cyprinus  quin-- 
cuncialis  ,  &c,  Arted.  Poiffon  du  genre  du  Cyprin,  Il 
eil:  commun  dans  le  Lac  Mêler ,  en  Uplande.  Il  fraie 
vers  la  fin  de  Juillet.  Ce  poiffon  a  tant  de  reffem- 
blance  avec  celui  appelé  le  rougedtre  ,  qu'il  n'y  a  guère 
que  les  Pêcheurs  exercés  qui  puiffent  diffinguer  facile* 
ment  l'un  de  l'autre. 

Le  corps  du  bierkne  ,  félon  Artcdi ,  eff  à  peine  long 
d'une  demi-palme  ;  la  tête  eft  comprimée  latéralement  ; 
l'ouverture  de  la  gueule  très-étroite  ;  les  mâchoires 
de  longueur  égale  ;  les  dents  fituées  près  du  gofier  ; 
l'iris  des  yeux  de  couleur  argentée  &  nuée  de  quel* 


2 


lU     ^       ^.ï   E  B   I   G 

u,:.  points  verdâtres  ;  les  nageoires  ou  blanches  ,  ou 
'un  gris  oblcur;  celles  du  ventre  ont  dans  quelques 
iiiaividus ,  une  légère  teinte  de  rouge  ;  elles  ont  cha- 
cune neuf  rayons  ;  les  pcdorales  en  ont  quinze;  celle 
de  l'anus  vingt-cinq  ;  la  dorlale  en  a  onze  ;  celle  de  la 
qucue  ,  qui  elt  fourchue  ,  en  a  dix-neuf ,  outre  d'autres 
bien  plus  courts,  6c  qui  ie  trouvent  vers  rextrémité. 

BiEVRE.  rojei  Castor.  On  donne  auffi  le  nom 
de  l^Uvre  à  un  oileau  aquatique  &  palmé,  l^oyei  Harle. 

BIFEÙILLE.  Nomque  UA'Abhé  Dicqutmare  donne 
à  un-  efpece  de  icophyu^  qui  fe  trouve  dans  les  plages 
du  Havre;  l'enfembie  de  l'animal  imite  une  rofette 
un  peu  tranfparente,  &,  en  général,  d'un  très-beau 
blanc.  Ctîte  rofette  efl  compofée  de  tuyaux  ronds  , 
dirigés  du  centre  vers  la  circonférence ,  &  placés  l'un 
fur  l'autre  comme  les  pétales  des  rofes  ;  l'ouverture 
de  cet  enfemble  ell  ovale;  de  chaque  tuyau  fort  un 
tube  tranlparent ,  flexible ,  évafé  par  le  bout  ;  cette 
efpece  de  fourreau  efl  d'un  vert  f:ncé.  On  voit  de 
temps  en  temps  fortir  de  fon  intérieur^  &  beaucoup 
au  dehors ,  une  tige  auffi  tranfparente  &:  de  même 
couleur,  terminée  par  un  bouton  oui  fe  déploie 
comme  deux  feuilles ,  lefquelles  fe  ferment ,  fe  con- 
trarient, foit  à  l'attouchement,  foit  fpontanément , 
avec  une  vivacité  étonnante  ;  tout  annonce  ici  l'ani- 
inalité  cachée  fous  une  forme  finguliere.  Journ,  d& 
Phvfique  ^  Juin  iy86, 

BIGARADIER.   Voyc^  à  Vankk  Oranger. 

BÏGARREAUTIER.  Voyc^  Cerisier. 

BIGNONE  ,  blgnonia.  Nom  donné  à  un  genre  de 
plante  à  fleurs  monopétalées ,  de  la  divifion  "des  Pcr- 
f années  ,  qui ,  félon  M.  de  la  Marck ,  paroît  avoir  quel- 
ques rapports  avec  les  gratioUs  ^  les  digitales  ^  &c. ,  & 
qui  comprend  un  affez  grand  nombre  d'efpeces  qui  , 
la  plupart ,  font  des  fous-arbriffeaux  ,  des  arbrifleaux 
&  d^s  arbres  exotiques,  dont  les  feuilles  font  commu- 
nément oppofées ,  &  dont  Içs  fleurs  campanulées ,  ou 


B    I    G  235 

en  entonnoir ,  ont  en  général  un  afpeél  agréable  éc 
d'aflez  belles  couleurs.  Le  calice  eil  court;  les  fleurs 
n  ont  que  deux  ëtamines  fertiles  ,  &  trois  filamens 
flériles  ;  un  piitil.  Le  fruit  eft  une  capfule  partagée 
intérieurement  en  deux  loges  ;  elle  s'ouvre  par  deux 
battans  ,  &c  renferme  des  femences  nombreufes  ,  apla- 
ties ,  munies  de  chaque  côté  d'un  aile  membraneufe  ^ 
&  couchées  les  unes  fur  les  autres.  Des  Auteurs  ont 
réuni  à  ce  genre  de  plante ,  des  lianes ,  des  éknes  ^ 
de  faux  jafmins  _,  &c. 

Bignones  à  feuilles  Jimples* 

Catalpa  ou  Bignone  à  feuille  en  cœur ^  B'gnoma. 
catalpa ,  Linn.  C'eil  un  arbre  d'un  beau  port ,  &  qu'il 
nous  intérefle  de  connoître.  Il  croît  naturellement  dans 
la  Caroline  &  au  Japon.  La  beauté  &  la  fraîcheur  de 
fon  feuillage ,  l'élégance  de  fes  panicules  de  fleurs 
qui  paroiffent  dans  un  temps  où  la  plupart  des  autres 
arbres  en  font  dépourvus ,  &:  l'avantage  de  pouvoir 
fubfifler  en  pleine  terre  dans  nos  climats  ,  tout  afîigne 
à  cet  arbre  une  place  diilinguée  dans  nos  bofquets 
d'été  ,  dont  il  peut  faire  le  plus  bel  ornement  ;  ainlî 
qu'on  le  voit  à  Chantilly  ,  dans  l'endroit  appelé  k 
Hameau, 

Le  Catalpa  s'éleve  à  la  hauteur  de  quinze  à  vingt 
pieds  5  fur  un  tronc  droit ,  robufte ,  recouvert  d'une 
ëcorce  grifâtre  ,  &  qui  foutient  une  cime  aflez  ample  , 
hémifphérique ,  &  bien  garnie.  Son  bois  eit  blanc , 
peu  dur ,  &  contient  une  moelle  aflez  abondante  ; 
l'écorce  des  rameaux  eil  d'un  beau  vert  ;  ils  portent 
des  feuilles  difpofées  communément  trois  à  trois  à 
chaque  nœud ,  fort  grandes  ,  pétiolées  ,  cordi formes  , 
pointues  ,  entières ,  d'un  vert  agréable  ^  glabres  en 
deffus  5  &  chargées  de  poils  courts  en  defîbus  ,  avec 
des  nervures  alternes  &  faillantes.  Elles  font  larges  de 
quatre  à  fept  pouces ,  &  longues  de  fept  à  onze  ,  non 
compris^  leur  pétiole ,  qui  a  quatre  à  fix   pouces  de 


a36  B    I    G 

longueur;  les  fleurs  viennent  à  l'extrëmîté  des  bran- 
ches ,  en  beaux  panicules  ,  dont  les  ramifications  font 
oppofees  ;  elles  font  campanulées  ,  courtes  &  bien  éva- 
{é^s  ;  leur  corolle  elt  d'un  blanc  de  perle ,  marquée 
de  points  pourpres  ou  violets ,  &  rayée  de  jaune  dans 
fon  intérieur.  En  Amérique  ,  elles  produifent  des  cap- 
fiiîes  longues  de  quinze  à  dix-huit  pouces  ,  prefque  cy- 
lindriques ,  très-grêles  ,  droites ,  pendantes  ,  &  qui 
reflemblent  à  de  longues  filiques  ;  les  femences  qui  y 
font  contenues ,  font  minces  &  munies  de  chaque  côté 
d'une  aile  membraneufe ,  longue ,  étroite ,  &  terminée 
par  une  petite  houppe  de  poils. 

H  y  a  une  variété  dont  les  feuilles  font  velues  des 
deux  côtés  ;  c'efl  le  kakusju  ,  vulgb  kawara-fifagl  ,  de 
Kasmpfer. 

BiGNONE  à  feuilles  ondées  ^  Bignonia  quercus  ,  Hort, 
Reg.  On  l'appelle  vulgairement  le  chine  noir  ^  à  filiques, 
d'Amérique.  Voye^  cet  article. 

BiGNONE  toujours  verte  ,  Bignonia  fcmpervirens  , 
Linn.  C'eft  le  grand  jafmin  odorant ,  de  la  Cai'oline. 
Foyei^  a  V article  JaSiMIN. 

BiGNONE  à  feuilles  de  C affine.  M.  de  Commerfon  a 
découvert  cet  arbriffeau  aux  environs  de  Rio-Janeiro  , 
au  Bréfil ,  &:  un  autre  à  feuilles    obtufes. 

BiGNONE  a  petites  fuilles  ,  Bignonia  arbor  ^  Buxi 
folio  tenuiore^  Plum.  Cet  arbrifleau  croît  à  Saint- 
Domingue. 

Bignones  à  feuilles  conjuguées  ou  temées, 

BiGNONE  à  griffe  de  chat ,  Bignonia  Americana  ,  cd" 
preolis  aduncis  donata ,  filiquâ  longifjlmâ ,  Tourn.  1 64. 
Cette  efpece  ell  la  liane  a  griffe  de  chat.  Voyez  cet 
article, 

BlG'SO^E  équinoxiale  ^  Bignonia  œquinoxialis ^hinn., 
vulgairement  liane  à  crabes^  liane  à  paniers^  liane 
blanche.  Voyez  as  mots^ 


B    I    G  237 

BiGNONE  paniculic  ,  Bignonia  hïfolia  fcandens ,  jlore 
yîolaceo  odoro  ,  frueiu  ovato  duro ,  Plum.  Elle  croît  dans 
rAmérique  Méridionale. 

BiGNONE  porte  -  croix  ,  Bignonia  cruc'igcra.  ,  Linn.  ; 
fa  tige ,  qui  eft  farmenteufe  ,  eft  remarquable  en  ce 
que,  lorfqu'on  la  coupe  en  travers,  elle  repréfente 
une  croix.  Elle  croît  dans  l'Amérique  Méridionale. 

BiGNONE  à  Jleiirs  orangées  ,  Bignonia  capreolata  , 
Linn.   Elle  fe  trouve  en  Amérique. 

BiGNONE  pubefcente ,  Bignonia  pubefcens ,  Linn.  Cette 
efpece  croît  aux  environs  de  Campêche  &  dans  la 
Guiane.  M.  Aubla  d^t  qu'elle  s'étend  fur  la  cime  des 
plus  grands  arbres  des  forêts  de  la  Guiane. 

Il  y  a  encore  :  La  blgnom  a  trois  fcuilks  ,  de  la  Vera- 
Crux  ;  la  bignone  à  râpe. ,  des  forêts  de  la  Guiane  & 
des  environs  de  Carthagene:  les  fruits  font  hériiTés 
de  pointes  dures.  La  bignone  à  longues  étamines  ,  de 
Saint-Domingue  ,  Tourn.  164.  La  bignone  à  fleurs  in- 
carnates'^ elle  fe  trouve  dans  les  forêts  de  la  Guiane, 
&  particulièrement  vers  les  bords  de  la  rivière  de 
Sinèmari.  Le*  Galibis  fe  fervent  de  fes  farmens  ea 
place  de  cordes  ;  les  Nègres  en  fabriquent  des  paniers 
&  de  grands  chapeaux  comme  des  parafols ,  qui  les 
garantiffent  de  la  pluie  &  de  l'ardeur  du  foleil.  La 
bignone  a  liens ,  c'eil  la  liane  franche ,  Voyez  ce  mot, 
La  bignone  a  odeur  £ail ,  c'eft  la  liane  à  Vail ,  Voyez. 
cet  article, 

Bignones  à  feuilles  digitèes. 

On  diflingue  l'efpece  à  cinq  feuilles  ;  c'efl:  le  poirier 
des  Antilles ,  Voyez  ce  mot,  La  bignone  à  Ibene ,  Voyez 
ébene  jaune  &  verte.  Ces  arbres  fe  trouvent  dans  l'Amé-^ 
rique  Méridionale.  La  bignone  aquatique ,  de  la  Guiane, 
L'efpece  h.  fleurs  velues  &  jaunes ,  de  l'Inde.  La  bignone 
à  feuilles  divergentes  en  manière  de  rayons  ;  elle  croît  au 
Pérou. 


258  B   I   G  B   I    H 

Bl^noncs  à  feuilles  une  ou  deux  fois  ailées. 

Il  y  a  :  La  bignonc  de  Virginie  ,  Bignonia  radicans  l 
Linn.  ;  c'eft  le  Gelfminum  hederaceum  Indicum  ,  Corn. 
Canad. ,  vulgairement  le  jafmin  de  Virginie.  La  bignone 
multijîore  &  rouge  ^  de  la  Chine  ;  la  bignone  à  feuilles  de 
frêne ,  de  Saint  -  Domingue ,  &:  la  même  efpcce  du 
Pérou;  la  bignone  de  l'Inde  &  du  Malabar ,  c'eft  le 
Palega-pajanelliy  Rheed.  Mal.  ;  (ts  fleurs  font  d'un  blanc- 
jaunâtre  ,  &:  ont  une  odeur  délagrëable.  La  bignone 
d^ Afrique  ou  du  Sénégal'^  fes  fruits  font  de  la  forme 
de  nos  concombres  &  longs  de  deux  pieds ,  coriaces  ; 
la  bignone  a  grappes ,  de  Madagafcar  ;  celle  à  rameaux 
aplatis  ,  de  l'Inde  ,  c'eft  le  fvarantou  de  V Herbier  de 
M.  Poivre,  La  bignone  fpathacie  ,  Bignonia  fpathacea  , 
Linn.  ;  cette  efpece  croît  au  Malabar ,  dans  l'iile  de 
Ceylan  ,  à  Java  &  à  Amboine,  dans  les  lieux  humides 
ou  près  des  rivières  :  la  frxilité  de  travailler  fon  bois 
le  rend  propre  à  en  former  divers  uftenfiles  commodes  : 
cet  arbre  eft  le  Lignum  equinum  ,  Riimiph.  Amb.  ; 
le  Niir-pongdion  ,  Rheed,  Mal.;  Singi  Bram. 

M.  de  la  Marck  range  auiîi  dans  cette  dernière  (ec" 
tion  des  bignoms  à  feuilles  digitêes  :  la  bignone  à  fruits 
tors^  Bignonia  chelonoïdes  ^  Linn.  ;  Padri  ,  Rheed.  Mal.  ; 
oet  arbre  croît  au  Malabar  &  dans  l'Inde;  ^s  fleurs 
fraîches ,  jetées  dans  l'eau  ,  lui  communiquent  une  odeur 
agréable  ;  on  fe  fert  de  cette  eau  pour  arrofer  le  matin 
les  Temples  ,  &  en  purifier  l'air  croupiffant.  La 
bignone  farmcntcufe  ^  noueufe  ■&  à  fleurs  blanches^  de  la 
Guiane.  L'elpvCj  k  fleurs  bleues  ,  des  Ifles  de  Bahama; 
M.  Aubin  défîgne  ainfi  une  variété  ,  Bignonia  copaia. 
La  Bignone  du  Brifil  ;  on  préfume  que  c'efl  le  Jaca-- 
randa  de  Pijtn.  \'oyez  ce  mot. 

BIHAI ,  Heliccnia,  Nom  d'un  genre  de  plante  uni- 
lobée  ,  de  la  famille  des  Bananiers  ,  ÔC  cui  comprend 
des  herbes  exotiques  d^nt  les  feuilles  font  fimp^es  & 
engaînées  à  Itur  bafe ,  &  dont   Içs   fieurs   viennent 


B    I    H  239 

communément  dans  des  fpathes  diftiques  &  (^mbifor- 
nies  ;  le  fruit  eft  une  capfule  ob'ongue ,  à  trois  côtes 
arrondis,  tronquée  à  fon  fommet ,  6c  divifée  intérieu- 
rement en  trois  loges  qui,  chacune,  contiennent  une 
feule  femence  dure  61  ob'ongue. 

Il  y  a  :  Le  l^ihai  des  Antilles  ,  Helkcnia  Carihœa  ,  b'ihdi 
joUïs  amplijjîmis  ^  floriim  vaJicuUs  coccimis  ,  Pliim.;  cette 
belle  plante  eft  commune  aux  Antilles,  dans  les  boi^ 
humides  &  les  lieux  fangeux.  M.  AubUt  dit  qu'on  la 
cultive  à  rifle  de  France  ;  que  c'eft  avec  fes  feuilles 
que  les  Nègres  couvrent  leurs  cafés  ,  &  que  les  Créoles 
éc  les  Galibis  (  dans  la  Guiane  )  les  emploient  à  faire 
des  cabanes  fur  leurs  pirogues  ,  pour  fe  garantir  de  la 
pluie  &  de  l'ardeur  du  foleil.  Il  y  a  auffi  :  Le  bihù  à 
feuilles  pointues  ,  Helicoma  bihaï ,  Linn.  ;  cette  efpece 
croît  dans  l'Amérique  Méridionale  ,  où  on  lui  donne 
le  nom  de  balijier.  Le  bihai  des  Indes  Orientales  & 
des  Moluques ,  c'efl:  le  Folium  bucdnatum  afperwn  , 
Rumph.  Amb.  Le  bihaï  des  perroquets  ,  Hellconla  pjit- 
tacorum ,  Linn.  ;  cette  efpece  croît  à  Surinam.  Le  bihai 
velu  ,  Helicoma  hirfuta ,  Linn.  ;  l'axe  qui  foutient  la 
fru61:ihcation  ell  velu ,  &  fléchit  en  zig-zag  ;  cette  ef- 
pece fe  trouve  dans  l'Amérique  Méridionale. 

BÎHOR.  Voyei  Butor. 

BÏHOREAU,;;/.  enl,  758  le  mâle;  759  la  femelle; 
c'efl  le  roupeau  de  Bclon  ,  en  latin  Pfeudo-nycllcorax  ; 
c'efl  une  efpece  de  héron  de  moyenne  taille ,  &  qui 
fe  trouve  fur  les  côtes  de  Bretagne  ;  le  bihoreau  a  la 
tête,  le  cou  plus  gros  à  proportion  ,  les  jambes  moins 
longues  &:  le  corps  plus  épais  &  plus  fourni  que  dans 
la  plupart  des  autres  hérons  ;  il  a  un  pied  huit  pouces 
du  bout  du  bec  à  celui  de  la  queue  ,  &  trois  pieds 
deux  pouces  d'envergure  ;  il  efl  à-peu-près  de  la  grof- 
feur  d'une  corneille ,  coiffé  d'un  noir  changeant  en  vert , 
ayant  fur  le  fmciput  une  bande  branche,  courte  8^ 
étroite  ;  de  l'occiput  partent  trois  plumes  (  rarement 
^avantage  )  longues    d'çnviron  cinq  pouces ,  étroites 


240  B    I   H  B    I   M 

Bc  terminées  par  une  pointe  fort  aiguë,  ce  qui  lui 
forme  une  huppe  élégante  &  d'un  très -beau  blanc; 
l'oifeau ,  à  volonté ,  écarte  &c  roule  les  unes  autour  des 
autres ,  ces  trois  plumes  ;  un  blanc  tirant  un  peu  fur  le 
cendré  diftingue  la  partie  fupérieure  &  les  côtés  du 
cou  ;  le  haut  du  dos  &  les  plumes  fcapuîaires  font 
d'un  vert  foncé-obfcur  ;  le  refte  du  corps  en  defliis  efl 
cendré  ,  &C  le  deffous  blanc;  l'iris  eft  d'un  jaune-orangé; 
le  bec  d'un  vert-jaunâtre  à  fon  origine ,  &  noirâtre 
dans  le  refte  de  fa  longueur  ;  les  pieds  d'un  vert-jau- 
nâtre ,  &  les  ongles  noirâtres.  La  femelle  du  bihorcau 
n'a  point  de  huppe  ;  fon  plumage  eft  cendré-rouffâtre , 
&  fes  ongles  d'un  gris-brun. 

Le  bihoreau  eft  un  oifeau  erratique  &  trifte  ; 
fon  cri  efl:  rauque,  très-fort,  &  n'imite  pas  mal  le 
bruit  produit  par  les  efforts  que  fait  l'homme  en  vo- 
mifîant  :  c'efl  la  nuit ,  fur-tout ,  qu'il  le  fait  entendre  , 
&  qu'il  fe  met  en  mouvement  :  il  fe  tient  caché  pref- 
que  tout  le  jour  ;  il  fe  trouve  dans  les  deux  Conti- 
nens ,  fréquente  également  le  bord  des  eaux  douces  & 
les  rivages  de  la  mer  ;  à  défaut  de  poifTons ,  il  fe  nourrit 
de  reptiles ,  de  vers  ,  d'infeftes. 

On  a  repréfenté  le  bihoreau  de  Cayenne  ,/?/.  enL  899. 

Le  véritable  nyBicorax  des  Grecs ,  ou  le  vrai  corbeau^ 
dc-nuit ,  efl  la  hulotte.  Voyez  ce  moi. 

BIJON.    Foyei   TÉRÉBENTHINE. 

BFLIMBL  Voyii  ran'ide  Carambolier. 

BILL  ON  S.  Voye^^  a  l'artlck  Garance. 

BIMBELÉ  ou  Fausse  Linotte.  Les  Nègres  , 
à  Saint-Domingue  ,  donnent  le  nom  de  blmbdé  à  un 
oifeau  qui  paroît  être  du  genre  XL  de  M.  Brijfon'^ 
c'efl  un  des  oifeaux  de  la  leftion  particulière,  faite 
par  M.  de  Montbcillard  ^  fous  le  nom  de  demi-fins  :  il 
n'a  aucun  rapport  avec  la  vraie  linotte  ;  fon  chant 
ne  roule  que  fur  quatre  ou  cinq  notes  ;  mais  les 
tons  en  font  pleins  ,  doux  &  moelleux  ;  le  deffiis 
du   corps   efl   brunâtre  ;  le  deffous   eft  d'un  blanc 

fale; 


B    I    N  241 

fale  ;  on  diftlngue  une  teinte  jaune  au  ventre  &  fous 
la  queue. 

BINERY.  royei  Bruant. 

BINOCLE.  Nom  que  Ton  donne  dans  VUiJîolre  abrégée 
des  Infeciis  des  environs  de  Paris ,  à  une  efpece  d'ani- 
mal aquatique  qui  s'attache  aux  poifTons.  Plufieurs 
autres  animaux  qui  s'attachent  aux  poiflbns  de  mer, 
paroiffent  être  de  ce  genre  ;  auiîi  Baker  en  a-t-il  donné 
pkifieurs  figures  fous  le  nom  de  poux  des  poijjons. 

On  va  réunir  auiîi  fous  cet  article  les  petits  ani- 
maux que  l'Auteur  de  VHiJlolre  des  Infectes  appelle 
monocles  ,  parce  que  ce  font  deux  genres  d'animaux  qui 
fe  rapprochent  beaucoup.  Le  monocle  a  été  décrit  par 
Swammerdam  ,  fous  le  nom  de  puce  aquatique  arboref- 
cente  _,   Pulex  arborefcens, 

La  puce  aquatique  ou  le  monocle  ,  ou  Perroquet 
d'eau  5  que  l'on  trouve  dans  les  eaux  des  mares  &: 
des  baffms ,  eft  un  animal  très-petit ,  qui  n'a  guère 
plus  d'une  ligne  de  longueur.  Tous  les  animaux  de  ce 
genre  font  tres-fmguliers  &:  très  -  reconnoifTables  par 
des  caraderes  qui  leur  font  propres.  Ils  ont  des  an- 
tennes branchues  ,  qui  font  garnies  de  poils  ,  ce  qui 
les  fait  paroître  toufrues.  Ces  antennes  leur  fervent 
comme  de  bras  pour  nager  :  ils  s'avancent  &:  s'élèvent 
dans  l'eau  comme  par  bonds  &:  en  fautillant;  ce  qui 
les  a  fait  nommer  puces  d\au  ;  &z  arborefcentcs ,  à  caufe 
de  la  ramification  de  leurs  antennes.  A  l'aide  de  leurs 
fix  pattes  6c  de  leur  queue  ,  dont  la  forme  varie , 
ûmple  dans  quelques  efpeces ,  fourchue  dans  d'autres, 
mais  toujours  mobile  &:  qui  leur  fert  d'aviron ,  ils 
exécutent  dans  l'eau  diverfes  fortes  de  mouvemens. 
Un  des  caraderes  de  ces  petits  animaux,  c'efl  celui  de 
n'avoir  qu'un  feul  œil,  ainfi  que  l'a  obiervé  M.  G^of^roi; 
ce  qui  les  lui  a  fait  nomm<  r  monocles ,  quoique  cepen- 
dant Swammerdam  ait  cru  en  voir  deux.  Ces  animaux 
font  tous  ovipares  ;  &  leur  corps ,  plus  ou  moins  ferme 
&  dur  ,  eft  fi  tranfparent ,  que  l'gn  voit  leurs  oeufs  d^\\ 
Tome  IL  Q 


i4t  B    I    N 

travers  de  la  peau.  On  en  voit  quelques-uns  qui  pOf«^ 
tent  ces  œufs  à  l'extérieur  fufpendus  en  paquets  à  leurs 
côtés.  Obfervés  dans  des  bocaux  pleins  d'eau,  on  les 
voit  fe  défaire  de  chacun  de  ces  paquets  à  la  fois  ou 
féparément. 

Les  puces  d\au  font  des  animaux  fi  petits ,  qu'ils 
n'ont  pas  befoin  de  prendre  beaucoup  de  nourriture  ; 
auiTi  ne  font-ils  point  carnafliers  :  il  paroît  qu'ils  ne 
fe  nourriffent  que  du  débris  des  plantes  ,  ôc  c'efl  pro- 
bablement la  différence  de  la  couleur  des  fucs  de  ces 
plantes  qui  donne  à  ces  animaux  la  différence  des  cou- 
leurs qu'on  leur  voit.  On  obiërve  ,  du  moins  dans 
plufieurs  efpeces ,  qu'ils  varient  du  blanc  au  vert  6c 
au  rouge  plus  ou  moins  foncé.  C'ed  la  multitude  de 
ces  vcrs-infcctcs  dans  certaines  eaux  qui  les  a  fait  pa- 
roître  quelquefois  rouges  comme  du-  fang ,  &  à  porté 
îa  terreur  dans  Tefprit  du  peuple.  Cette  prétendue  tranf- 
mutation  d'eau  en  fang  fe  remarque  en  tout  pays,  ô^ 
notamment  en  Suéde,  oii,  dit  M.  Linnœiis  ^  l'un  des 
trois  étangs  qui  fe  voient  dans  le  Jardin  d'Upfal ,  & 
dans  lequel  il  n'y  a  point  de  plantes  aquatiques  ,  paroît 
toujours  fe  changer  en  fang  au  temps  du  folfHce  d'été, 
fur-tout  par  le  temps  calme  ;  alors  tous  les  matins  , 
ajoute  le  môme  Auteur ,  cet  étang  paroît  de  tous  les 
quatre  coins  comme  fi  l'on  y  avoit  répandu  de  la  poudre 
à  canon.  Cette  poudre  voyage  peu-à-peu  des  bords  au 
centre,  comme  autant  d'armées,  marchant  en  boa 
ordre  ;  &  au  bout  de  quelques  heures  elle  s'arrête  & 
s'affemble  toute  au  centre  de  l'étang.  L'eau  fur  laquelle 
cette  poudre  a  pafle  ,  paroît  couverte  d'une  pellicule 
grisâtre ,  &,  prefque  imperceptible  :  fi  l'on  amafle  un 
peu  de  cette  poudre  dans  une  cuiller ,  on  voit  avec 
ëtonnement  que  tout  eil  en  vie,  &  com.pofé  de  mil- 
lions de  vers-infccîcs  ,  que  M.  de  Géer  a  parfaitement 
bien  décrits  &  defîinés  fous  le  nom  à^podura  aquatica. 
En  môme  temps  on  voit  fous  l'eau  une  fubflance  fan- 
guine  qui  rougit  l'eau  où  elle  fe  trouve,  6c  la  fait 


B    I    N  245 

paroître  de  couleur  de  chair  :  cette  iiibflance  efl  tantôt 
plus ,  tantôt  moins  folide  ;  elle  ie  diffout  quelquefois 
&  devient  inviiible ,  pendant  qu'une  autre  nouvelle 
prend  fa  place.  L'eau  en  eu  alors  il  remplie  ,  que  per- 
fonne  n'ofe  s'en  fervir  pour  la  cuifme.  Vers  neuf  ou 
dix  heures  du  matin  ,  tout  femble  fe  difîbudre  &  difpa- 
roître;  mais  le  même  phénomène  fe  renouvelle  vers 
le  foir.  On  l'obferve  aulTi  de  grand  matin  ,  fur  -  tout 
quand  il  a  plu  pendant  la  nuit.  AufTi-tôt  que  Peau 
croupit ,  elle  devient  trouble  ;  alors  ces  vers-wfi&es 
y  trouvent  abondamment  de  la  nourriture.  On  ne 
peut  que  s'étonner  de  la  quantité  inconcevable  de  ces 
petits  animaux  &  de  leur  multiplication  rapide  par 
millions.  Trop  foibles  par  nature  ,  ils  deviennent  la 
proie  des  canards  qui  en  font  leurs  meilleurs  repas. 

Ces  monocjjf^ieïvent  auiTi  de  pâture  à  plufieurs  in- 
fe6^es  aquatiques  ,  &c  même  aux  polypts ,  qui  les  en- 
trelacent dans  leurs  bras ,  &  les  avalent  enluiîe.  Il  y  3 
cependant  quelques  efpeces  de  monocles  qui  font  ren- 
fermés dans  une  coquille  bivalve  ,  &  qui  par  confé- 
quent  ne  peuvent  devenir  la  proie  des  polypes,  Cq 
monocle  refte  dans  fa  coquille  ,  fi  on  le  tire  de  l'eau* 
Cette  coquille  s'entr'ouvre  en  deflbus  ,  l'animal  fait 
fortir  fes  antennes ,  à  l'aide  defquelles  il  nage  très-vite 
dans  l'eau  de  côté  &  d'autre ,  cherchant  un  corps  folide. 
pour  s'y  arrêter,  &  c'eil  alors  qu'il  fait  ufage  de  {^^ 
pattes  pour  marcher  ,  en  les  alongeant  par  l'ouverture 
de  -fa  coquille.  On  trouve  volontiers  ces  vers-inf:cies 
dans  les  ruiffeaux  bourbeux  &  dans  les  eaux  dormantes. 
Lorfque ,  dans  un  verre  de  cette  eau  ,  on  met  quelques 
gouttes  d'eau  -  de  -  vie  ,  ils  meurent  fur  le  champ  6c 
tombent  au  fond.   Koyei  Pucerons  branchus. 

Le  binocle  ou  le  pou  des  poljjons ,  a  beaucoup  de  ref- 
femblance  avec  l'infecle  que  l'on  vient  de  décrire  :  il 
en  diffère ,  parce  qu'il  a  deux  yeux  bien  diilinds  ;  ce 
qui  l'a  fait  nommer  binocle.  ïl  eil  pourvu  d'antennes 
qui  ne  font  point  garnies  de  poils  latérau-i.  Sa  queue 


244  B  I  O  BIS 

eu.  fourchue  dans  quelques  efpeces  ,  &  en  plumet  dans 
d'autres  :  fon  corps  eil  recouvert  d'écaillés.  Les  infedes 
de  ce  genre  ont  en  général  une  figure  qui  les  fait  ref- 
fembler  en  petit  aux  crabes  de  mer ,  fur-tout  à  l'efpece 
appelée  crabe  des  Moluques ,  oc  qu'on  voit  dans  les 
Cabinets.  Foyei  Pou  des  Poissons. 

Les  binocles  vivent  dans  l'eau  ;  mais  ils  font  voraces  : 
ils  s'attachent  aux  poiffons  ,  qu'ils  fucent  fortement 
par  le  moyen  des  organes  (  fuçoirs  )  placés  à  la  partie 
inférieure  de  leur  corps.  On  en  voit  des  efpeces  qui 
ont  près  d'un  pouce  de  longueur  ,  d'autres  moins  : 
on  en  voit  peu  dans  les  eaux  des  environs  de  Paris  , 
mais  beaucoup  fur  les  poiilbns  de  mer. 

BIONDELLA.   Foyei  à  ranïck  Bois  gentil. 

BIOURNEAU  ou  Bigourneau.   Voyei  Vignot. 

BIPEDE.  C'eil  un  animal  qui  a  deim  pieds.  Voye:^ 
Oiseau. 

BIQUE.  Nom  populaire  de  la  chèvre  qui  allaite  ou 
qui  donne  abondamment  du  lait.  Ce  mot  efl:  trivial  ; 
néanmoins  il  femble  confacré  dans  notre  langue ,  par 
l'ufage  qu'en  a  fait  un  Poète  très  -  aimable  (  La 
Fontaine  ),  La  biquz  alloit  remplir  fa  traînante  mamelle, 
Fab.  XV.  Liv.  iv. 

BIRCKHAKN.  Voyei  à  fart.  Coq  des  Bruyères. 

BISEMUS.  Nom  donné  en  Silélie  à  la  mufaraigne^ 
Voyez  ce  mot, 

BIS -ERGOT.  Cet  oifeau  a  été  envoyé  à  M.  ds, 
Buffon  iows  le  nom  de  p:rdrix  du  Sénégal ^pL.  ml,  137; 
mais  il  lui  paroît  avoir  plus  de  rapport  avec  les 
francolins  qu'avec  les  perdrix  ,  foit  par  fa  grolTeur  ^  foit 
par  la  longueur  du  bec  &  des  ailes  ,  foit  par  fes  éperons. 
Son  plumage  efl  mêlé  de  gris  &  de  brun.  Il  donne  à 
cet  oifeau  le  nom  de  bis-ergot ,  parce  qu'il  a  à  chaque 
pied  deux  ergots  ou  plutôt  deux  tubercules  de  chair 
diu'e  de  calleufe  ;  caradere  qui  lui  paroît  en  faire  une 
efpece  &:  une  race  particulière.  On  trouve  aufîi ,  dit-on , 
à  rifle  de  France  Iç  bis  -  €rgot.  On  y  appelle  raçUuJ^ 


BIS  245 

cette  efpece  de  perdrix  ,  parce  qu'on  trouve  que  fon 
cri  a  quelque  rapport  au  bruit  produit  par  deux  corps 
durs ,  frottés  l'un  contre  l'autre  ;  fon  plumage  tient 
un  peu  de  celui  de  la  caille  ;  les  pattes  &  le  bec  font 
verdâtres  ;  elle  niche  en  Septembre  ou  Odobre  ,  & 
habite  de  préférence  les  bois  des  montagnes  ;  elle  fe 
perche  fur  les  arbres ,  hors  le  temps  de  fes  amours.  Au 
refle ,  cette  perdrix  à  deux  ergots  efl  étrangère  à  l'Ifle 
de  France ,  fuivant  ce  que  nous  a  mandé  M.  le  Vicomte 
de  Querho'cnt  ;  la  chair  de  cet  oifeau  efl  blanche. 

La  perdrix  rouge  de  Madagafcar  a  aufli  deux  ergots 
à  chaque  pied. 

BISET,  pL  enl.  510.  Voyez  à  V article  Pigeon. 

BISMUTH ,  Wifmuthum,  Demi-métal  connu  auffi 
fous  le  nom  ^étain  de  glace ,  &  qu'on  a  fouvent  qua- 
lifié de  marcajfîte  par  excellence.  Cette  fubflance,  dans 
l'état  de  régule  ,  paroît  formée  d'un  affemblage  de 
feuillets  groupés  en  cubes  ou  en  flries ,  fort  pefans 
&  cafTans.  Sa  couleur  approche  de  celle  de  l'étain. 
Le  caraQere  diflinûif  de  la  mine  de  hifmuth  efl  de  pré- 
fenter  ,  lorfqu'elle  a  été  expofée  à  l'air ,  les  couleurs 
variées  de  la  gorge  de  pigeon  ;  telle  efl  la  mine  appelée 
fleurs  de  hifmuth,  La  mine  de  hifmuth  efl  minéralifée  ou 
par  le  foufre  ou  par  l'arfenic.  Elle  contient  ordinaire- 
ment ou  du  cobalt  ou  de  l'argent ,  mais  en  très-petite 
quantité.  Il  y  a  plufieurs  efpeces  de  mines  de  hifmuth  , 
que  l'on  trouve  dans  la  Saxe ,  dans  la  Bohême  ^  dans 
la  Suéde ,  &:c.  &  qui  varient  en  couleur ,  ainfi  qu'on 
peut  le  voir 'dans  les  ouvrages  des  Minéralogifles.  Il 
y  en  a  de  grifes  ,  de  bleuâtres  &:  brillantes  ,  &c. 

On  diflingue  le  hifmuth  vierge  ou  natifs  il  efl  quel- 
quefois en  mafle ,  quelquefois  en  écailles  minces  ,  ou 
appliquées  les  unes  fur  les  autres  ,  ou  incruflées  fur 
une  gangue  ou  fur  d'autres  fubflances  métalliques  ;  la 
mine  de  hifmuth  grife-cendrée  ,  efl  la  mine  de  hifmuth 
commune:  Il  fon  tiflu  reflemble  à  l'antimoine  ,  elle 
efl  minéralifée  par  le  foufre  ,  efl  très-fufible  ôc  diffo- 

Q3 


14S  BIS 

liîble  dans  les  acides.  Celle  qui  cil:  d'un  gns  cîaîr  efl 
du  h'ifrîiuth  combiné  avec  le  cobalt,  &  plus  d'arfenic 
eue  de  foutre.  La  mine  de  hïfmuth  chatoyante ,  eft  la 
mine  de  bifmuth  qui  paiie  à  l'état  de  chaux.  Cronjîedt 
tait  mention  d'une  mine  de  bifmuth  fcrrugimufc  ;  elle 
ell  en  écailles  angulaires. 

Le  bifmuth  fe  fond  à  la  fimple  flamme  d'une  bougie  ; 
par  conféquent  il  facilite  la  fufion  des  autres  métaux, 
mais  il  les  rend  aufîi  caflans  que  lui  :  mêlé  au  cuivre 
dans  la  fonte  ,  il  le  blanchit ,  aiiifi  que  l'étam ,  qu'il 
rend  plus  fonore.  II  donne  même  à  ce  dernier  une 
confiftance  qui  approche  de  celle  de  l'argent  ,  ainli 
qu'on  l'obferve  dans  l'étain  d'Angleterre,  qui,  dit-on, 
efl  allié  d'un  mélange  de  bfmuth  ,  de  régule  d'anti- 
.  moine ,  &:  même  d'une  portion  de  cuivre.  Lorfque 
l'on  fond  le  bifmuth  avec  l'argent ,  l'étain  &  le  plomb  , 
îl  rend  ces  m.éiaux  plus  propres  à  s'amalgamer  avec 
le  mercure;  &  fi  en  paiTe  l'amalgame  à  la  peau  de 
cham^ois  ,  on  remarque  que  le  mercure  entraîne  vifi- 
blement  avec  lui  beaucoup  plus  de  métal  qu'il  n'auroit 
fait  fans  cela.  On  dit  même  que  c'ell:  un  moyen  que 
certaines  gens  emploient  pour  augmenter  le  poids ,  ou 
plutôt  la  quantité  apparente  du  mercure.  La  propriété 
qu'a  le  bifmuth  de  s\inir  à  toutes  les  fubftances  mé- 
talliques 5  môme  les  plus  dures  (  excepté  le  zinc  ) ,  lui 
a  mérité  quelquefois  le  nom  û' aimant -des  métaux.  Le 
bifmuth  eil  volatil  :  expofé  au  feu ,  il  s'en  élevé  des  fleurs 
en  flocons  qui  font  la  terre  métallique  privée  de  prefque 
tout  phlogiftique. 

On  retire  du  bifmuth  ,  en  le  diflolvant  par  l'acide 
nitreux  &  le  précipitant  par  la  fnnple  addition  de  l'eau, 
une  chaux  blanche  que  l'on  nomme  blanc  de  bifmuth  , 
blanc  d'Ff pagne  ou  blanc  de  perles.  Lorfque  cette  chaux 
efl  bien  édulcorée  ,  elle  donne  un  beau  blanc  éclatant, 
qu'on  fait  entrer  dans  la  compofition  d'un  fard  dont 
les  Dames  font  uf  ige  à  la  toilette  peur  fe  blanchir  la 
peau.  Comme  ce  fard  n'efl  qu'une  chaux  métallique  , 


BIS  147 

qui  fe  charge  très -facilement  du  phlogîftîque  réduit  en 
vapeurs ,  &  qu'elle  devient  noirâtre  par  cette  addition  ^ 
les  femmes  fardées  avec  ce  blanc  courent  rifque  de 
voir  leur  blanc  fe  changer  en  noir ,  fi  elles  s'expofent 
aux  vapeurs  phlogiftiquées  qui  s'exhalent  des  matières 
en  putréfa£lion ,  des  latrines  ,  du  foufre  ,  du  foie  de 
foufre ,  de  l'ail  écrafé  ,  ôcc.  Ainfi  l'avantage  de  ce  fard 
eil  contre-balancé  par  de  grands  défauts ,  fans  compter 
celui  de  dégrader  êc  de  gâter  confidérablement  la  peau 
à  la  longue.  Puifque  ce  fard ,  ainfi  que  tous  ceux  qu'on 
peut  employer ,  altèrent  la  peau  des  jeunes  perfonnes, 
ôc  ne  réparent  point  les  ruines  du  vifage ,  voici  ce 
qu'il  faut  mettre  en  ufage  ,  dit  un  Auteur  moderne  : 
»  Des  grâces  fimples  &  naturelles  ,  le  rouge  de  la  pu- 
»  deur ,  l'enjouement  &  la  complaifance  :  voilà  le  fard 
»  de  la  jeuneffe.  Pour  la  vieilleffe,  il  n'eft  point  de 
»  fard  qui  puiffe  l'embellir  que  l'efprit  6c  les  connoif- 
»  fances  «.  F'oyei  maintenant  l'article  PlERRE  A  FARD. 
Le  bifmuth  diffous  dans  l'acide  nitreux  donne  une  encre 
de  fympathie.  On  écrit  fur  du  papier  avec  cette  dif- 
folution ,  &  il  n'en  reile  pas  la  moindre  empreinte  appa- 
rente. Que  l'on  étende  enfuite  légèrement  fur  le  papier  , 
avec  un  pinceau ,  du  foie  de  foufre  diffous  dans  l'eau , 
à  l'inflant  l'écriture  devient  hfible  ,  effet  produit  par 
le  phlogiitique  du  foufre  qui  refTufcite  le  métal  en 
s'uniffant  avec  lui  ,  &  lui  fait  reprendre  fa  couleur 
naturelle. 

BISON,  Bos  juhatus.  Race  de  bœufs  à  boffe  ,  en 
partie  fauvage  &  en  partie  domeflique ,  qui  fe  trouve 
dans  les  Contrées  de  l'Afrique  ,  dans  la  plupart  de 
celles  de  l'Afie ,  &  qui  s'eil  retrouvée  dans  le  nord  de 
l'Amérique. 

Cet  animal  peut  être  regardé  comme  une  variété 
de  X aurochs ,  qui  eft  le  taureau  fauvage  ;  car  ces  ani- 
maux produifent  enfemble.  Le  hlfon  eft  le  chef  de  la 
race  fecondaire  provenue  de  V aurochs  ;  il  eft  aufîî  le 
chef  des  boçufs  à  bofte.  Cette  bofte  du  hifon ,  ainfi  quQ 

Q4 


248  B    I     S 

cclie  de  toutes  les  efpeces  de  bœufs  boiïiis  ,  n'efl 
qu'une  excroiiîance ,  une  efpece  de  loupe  ,  un  morceau 
de  chair  tendre  ,  aulîi  bonne  à  mangtr  que  la  langue 
des  bœufs.  Il  y  a  de  ces  boffes  qui  pefent  jufqu'à  qua- 
rante ou  cinquante  livres.  Voye^  au  mot  AuROCHS, 
la  manière  dent  on  prouve  que  le  bïfon  n'efl:  qu'une 
variété  du  taureau  fauvage. 

En  1769  nous  avons  vu  à  Paris  un  de  ces  hifons 
vivans.  Il  avoir  été  pris,  en  1763  ,  dans  l'Amérique  Sep- 
tentrionale ,  au  nord  du  Miffiiîipi  ,  près  de  la  petite 
rivière  Arreco  :  le  propriétaire  nous  affura  que  peu  de 
temps  avant  fon  départ ,  cet  animal,  qui  étoit  du  fexe 
ïiiâle ,  avoit  couvert  deux  vaches  appartenant  au  Gou- 
verneur du  lieu  ;  mais  qu'il  ne  favoit  pas  ce  qui  en  étoit 
provenu  :  il  nous  affura  encore  que  ces  animaux  vont 
dans  les  bois  par  troupes  de  dix  ,  jufqu'à  vingt  , 
tous  l'un  après  l'autre ,  &  que  la  femelle  eïl  plus  grande 
que  le  mâle  ;  que  la  chair  en  eft  bonne  &;  d'un  excel- 
lent goût  de  venaifon  ;  qu'ils  courent  fort  vite  ,  & 
qu'étant  pourfuivis  ils  jettent  en  arrière  toutes  les 
pierres  qu'ils  rencontrent;  qu'ils  joignent  en  certaines 
circonftances  à  la  force  ,  le  courage  &  la  férocité  ; 
qu'il  eft  très-difficile  de  réduire  leur  inftind  naturel , 
qui  efl  infiniment  moins  brut  que  celui  de  nos  bœufs 
domeftiques  ;  que  ce  n'a  voit  pas  été  fans  danger  qu'on 
avoit  forcé  le  bifon  qui  fe  voyoit  à  Paris  ,  à  paffer 
les  mers  ,  &  qu'on  avoit  éprouvé  les  mêmes  diffi- 
cultés pour  le  débarquer  en  Hollande  ,  à  fon  arrivée 
en  Europe;  comme  il  refufoit  quelquefois  démarcher, 
&  Qu'il  s'efForçoit  de  maltraiter  fes  condu6i:eurs  ,  le 
propriétaire  prit  le  parti  de  l'enfermer  dans  une  forte 
cage  en  bois  ,  pofée  fur  quatre  roues  ,  &  tirée  par 
des  chevaux. 

Nous  avons  examiné  en  Naturalise  cet  animal  pen- 
dant fon  féjour  à  Paris  :  ce  blfon  arraché  des  miains  de 
la  vieille  Nature,  devenu  captif,  fon  caradlere  pétu- 
laiTt  s'efl  flétri  ou  adouci  par  l'efclavage ,  par  les  mau- 


BIS  249 

vais  traîtemsns  &  par  le  befoin  :  on  l'a  dompté  en 
quelque  forte  ;  il  annonce  une  forte  d'intelligence , 
de  docilité  &  d'éducation  :  il  y  avoit  des  momens  où 
il  paroiiToit  afFe£tionné  &  fenfible  à  l'afpecl:  &  à  la 
voix  de  fon  maître  :  dans  les  inftans  où  la  Nature  lui 
faifoit  fentir  l'efTervefcence  du  rut ,  il  en  annonçoit  le 
befoin  ou  le  délir  avec  vigueur  &  fureur  ;  il  mugifToit 
tantôt  d'une  manière  lamentable  ,  &  tantôt  il  rugiffoit 
xm  peu  à  la  manière  du  lion  ;  &  alors  il  s'efforçoit  de 
rompre  fes  liens  ,  donnoit  des  coups  de  tête  contre 
un  poteau  avec  tant  de  force  que  fes  cornes  en  étoient 
mutilées. 

Nous  avons  mefuré  exa£lement  ce  quadrupède  :  la 
ligne  horizontale  ,  latéralement ,  depuis  le  mufeau  juf- 
qu'à  la  queue  ou  au  jarret ,  étoit  de  neuf  pieds  deux 
pouces  (  il  faut  obferver  qu'il  porte  fa  tête  dans  une 
'  pofrtion  alongée  )  ;  la  hauteur  prife  du  garrot  ou  du 
Ibmmet  de  la  boffe  jufqu'à  la  pointe  du  fabot  ou  pied 
antérieur ,  étoit  de  cinq  pieds  quatre  pouces  ;  la  hau- 
teur ,  prife  au  niveau  ou  à  l'origine  de  la  queue  juf- 
qu'au  bout  du  fabot  ou  pied  poftérieur,  étoit  de  trois 
pieds  dix  pouces  ;  la  groffeur  ,  mefurée  par  le  garrot 
&  le  fanon ,  avoit  dix  pieds  de  circonférence  ;  la  grof-< 
feur ,  prife  entre  les  faufies  côtes  6c  les  cuiffes  ,  étoit 
de  cinq  pieds  &  demi  ;  la  ligne  diagonale  de  la  tête, 
depuis  la  bafe  des  cornes  jufqu'au  bout  du  mufeau, 
étoit  de  vingt-trois  pouces  ;  la  largeur  du  front ,  entre 
les  cornes  ,  étoit  de  feize  pouces  &  demi.  Les  cornes 
petites,  eu  égard  au  volume  du  hifon  comparé  avec 
nos  bœufs  domeftiques  ,  font  d'un  brun  -  grifâtre 
depuis  la  bafe  jufqu'au  milieu  de  leur  longueur ,  &C 
noirâtres  dans  le  refte  de  leur  longueur  jufqu'à  la 
pointe.  Les  pointes  des  cernes  font  éloignées  l'une  de 
l'autre  de  deux  pieds.  Leur  poiition  ou  leur  direction 
€Û  à-peu-près  la  même  que  dans  nos  bœufs. 

Ce  quadrupède  colofial,  qui  femble  n'offrir  que  des 
difformités^  des  monilruofités,  eil  cependant  un  animal 


ijo  BIS 

d'une  beauté  furprenante  ;  fon  enfemble  offre  tout-à-îa- 
fois  à  l'œil  6c  à  l'eiprit  un  ilijet  d'étonnement  &  d'admi- 
ration ;  fa  tête  ,  qui  eft  pallablement  grofîe  à  propor- 
tion du  corps  ,  paroit  d'un  volume  prodigieux  par  la 
quantité  &  la  longueur  du  poil  brun-fauve  dont  elle 
eu  garnie ,  on  diroit  de  cette  jubé  ,  une  couronne  de 
poils  ;  d'autres  poils  plus  foyeux  ,  très-longs  ,  plus 
doux  au  toucher  que  la  laine ,  &  luflrés  ,  forment  en- 
deçà  du  bourlet  de  la  mâchoire  inférieure  &c  fur  les 
abajoues  ,  une  barbe  merveilleufe.  Ces  mêmes  poils 
garnirent  aufîi  la  gorge ,  le  fanon  ,  &c  le  dedans  des 
jambes  antérieures  jufqu'au  genou.  Ses  épaules  &c  fon 
cou  font  couverts ,  ainfi  que  la  bofTe  ,  d'un  poil  dru , 
long ,  comme  crépu ,  mais  fin  &c  extrêmement  doux  au 
toucher.  Cette  forte  de  chevelure  forme  une  four- 
rure très-chaude  ,  &  donne  au  H/on  l'afpecl:  noble  8c 
impofant  du  lion  :  aufîi  l'a-t-on  appelé  hs  Jiéatus  : 
les  Sauvages  Pont  nom.mé  muthufufa.  Les  oreilles  ne 
font  pas  tort  grandes ,  le  long  poil  de  la  tête  les  cache 
prefque  entièrement  ;  leur  poiition  efi:  afTez  droite  : 
près  des  cornes  elles  paroifTent  comme  pliffées ,  prefque 
pointues  &  garnies  de  poil  ras.  Ses  yeux  qui  font 
grands ,  orbiculaires ,  bruns  &  bleuâtres  au  milieu  , 
fur  une  cornée  blanche  ,  manîfeflent  d'une  manière 
prompte  &:  pathétique  la  douceur  ou  la  colère.  Autour 
des  paupières,  de  la  largeur  de  deux  doigts  en  deffus 
&  de  trois  en  defTous  ,  la  peau  eil:  d'un  noir  fauve , 
rafe ,  fans  poil.  Le  nez  nu  ,  fort  large ,  d'un  noir  fauve. 
Les  narines  font  fort  grandes ,  &  par  le  haut  beaucoup 
plus  élo.'gnées  Tune  de  l'autre  que  par  le  bas.  Quand 
cet  animal  ouvroit  la  bouche  ,  on  comptoit  huit  dents 
încifives  &  très -blanches  à  la  mâchoire  inférieure. 
Lorfqu'on  lui  préfentoit  un  miOrceau  de  pain  ,  il 
faifoit  fortir  fa  langue  ,  qui  eft  longue  ,  épaiffe  , 
noirâtre ,  &  alors  il  attiroit  &  faififfoit  le  pain ,  en 
formant  un  crochet  avec  fâ  langue.  A  la  moitié  du 
dos ,  même  plus  près  des  épaules  ,  s'élève  une  bolTe 


B    I    S  25Î 

ou  loupe  (  qui  eu  une  vafle  maffe  de  chair  )  qui  s'abaiiTe 
latéralement  &  vers  la  tête.  La  partie  la  plus  élevée 
de  cette  bofTe  efl  perpendiculaire  aux  omoplates  ,  c'eil- 
à-dire ,  entre  les  épaules.  Ses  jambes  font  affez  courtes^ 
Le  bas  des  jambes  antérieures  ,  depuis  le  genou ,  ainlî 
que  la  partie  poilérieure  du  corps ,  font  en  été  rafes , 
èc  la  peau  eu  d'un  noir  fauve.  En  hiver  le  derrière  du 
corps  ,  la  croupe  &  les  cuiûes  font  garnis  d'un  poil 
court  &  affez  doux  :  il  n'y  a  que  ce  poil  qui  tombe 
au  moment  de  la  mue.  Sa  queue  eu  longue  de  feize 
pouces,  rafe  ,  mais  garnie  par  le  bout  d'une  houppe  de 
crins  fort  doux ,  &  qui  pendent  à  la  longueur  de  huit 
pouces.  La  croupe  efl  rctrécie ,  très- effilée.  Les  fabots 
font  pointus  ,  noirâtres  ,  ainfi  que  l'ergot. 

On  donne  aufîi  au  bifon  le  nom  de  bœuf  Illinois ,  parce 
que  les  prairies  de  ce  pays  font  couvertes  de  boeufs  à 
bolTe.  Les  femmes  des  Illinois  n'ont  d'autre  occupa- 
tion que  de  préparer  le  poil  de  ces  fortes  de  bœufs, 
&C  d'en  faire  des  jarretières ,  des  ceintures  &  des  facs. 
Ces  peuples  ont  l'art  aufîi  de  préparer  les  peaux  des 
hifons  ,  de  les  rendre  fort  fouples  &  blanches  :  ils  y 
tracent  des  com.partimens  de  différentes  couleurs.  On 
voit  une  de  ces  peaux  dans  l'un  des  Cabinets  de  curio- 
(ités  de  Chantilly. 

BISSUS  ou  Poil  de  nacre  ,  By£us  animdis.  C'efl 
le  nom  que  l'on  donne  à  des  fiîamens  d'une  efpece  de 
foie  brune  ,  &  longs  d'environ  cinq  ou  fix  pouces  , 
dont  la  pinm  manm  fe  fert  pour  s'attacher  &  fe  fixer 
aux  corps  contre  lefquels  elle  veut  s'arrêter.  Ils  lui 
fervent  comme  autant  de  cordages  pour  fe  foutenir , 
de  même  que  font  les  moules.  Ces  fils  ,  vus  au  microf- 
cope  ,  paroiffent  creux  ,  &  donnent ,  quand  on  les 
brûle  5  une  odeur  urineufe  comme  la  foie.  Le  biffiis  de  la 
pinne  marine  efl  propre  à  l'ourdifiage ,  &  plus  précieux 
que  la  laine.  Les  plus  habiles  Critiques  n'ont  pas  en- 
core bien  éclairci  ce  que  les  Anciens  entendoient  par 
le  hijfus.   Comme  ils  confondoient  fous  ce  nom  les 


252  BIS 

cotons ,  les  oiiattes ,  même  l'amiante ,  en  un  mot  foirt 
ce  qiii  (e  fîloit  &  ëtoit  plus  précieux  que  la  laine ,  il 
n'efl  pas  aifë  de  dire  ce  que  c'étoit ,  &  s'ils  n^en  tiroient 
point  de  la  /?mne  marine. 

Au  refte  on  voit  communément  en  Italie  &  en  Corfe 
des  camifoles  ,  des  bonnets  ,  des  gr.nts  ,  des  bas  & 
autres  ouvrages  fabriqués  avec  le  biffus  des  pinnes 
marines.  L'on  a  de  la  peine  à  foutenir  la  chaleur  de 
tds  vêtemens  ,  que  l'on  eftime  fpécifîques  pour  les 
rhumatifmes  &  la  goutte.  Ces  ouvrages  feroient  peut- 
être  plus  recherchés  fi  la  foie  étoit  moins  commune. 
Avant  de  filer  ce  hï^us  ,  on  le  laiffe  quelques  jours 
dans  la  cave  afin  qu'il  s'hume61e  &  fe  ramollilTe  ;  en- 
fuite  on  le  peigne  pour  en  féparer  la  bourre  &:  les 
autres  ordures ,  &:  on  le  file  comme  la  foie.  Il  eft  bon 
d'obferver  que  ce  bïj[us  ne  prend  point  la  teinture 
fans  en  être  altéré.  Voye^^  Pinne  marine  ,  &  Us  Mlm, 
de    'ÛAcad,  des  Sciences  ^  ann,  ij  12^  page  204* 

Bissvs  ,  Bijjtis,  Genre  de  plante  cryptogame ,  de 
îa  famille  des  Algues  ,  dit  M.  de  la  Marck ,  qui  a  beau- 
coup de  rapport  avec  les  conferves ,  &  qui  comprend 
des  fubfîances  qui  naiffent  fur  des  matières  humides  : 
elles  ont  l'apparence  ou  d'un  duvet  poudreux  plus  ou 
moins  coloré  ,  ou  d'un  duvet  filamenteux ,  à  filets  fim- 
ples  ,  cylindriques ,  tantôt  ramifiés ,  tantôt  en  réfeau  , 
îbuvent  articulés  ,  &  plus  ou  moins  longs.  Quelques- 
uns  regardent  les  bijjus  comme  des  plantes  imparfaites  ; 
parce  qu'elles  paroifTent  dépourvues  de  quelques  par- 
ties qu'on  obferve  dans  les  autres.  On  n'y  découvre 
aucunes  racines  ,  ni  feuilles  ,  ni  fleurs  ,  ni  fruits. 
Micheli  ,  Boccone  &c  Dillen  n'ont  donné  rien  de  fatls- 
faifant  fur  les  graines  des  bijfus  ou  fur  la  manière 
dont  ils  fe  reproduifent.  M.  Adanfon  dit  avoir  élevé 
pendant  quinze  mois  des  touffes  de  cette  plante  dans 
des  bocaux  ,  &  avoir  reconnu  affez  clairement  que 
chacfue  articulation  féparée  naturellement  ou  par  l'art, 
vcgétoit  comme  une  graine ,  6c  produifoit  une  plante 


BIS  253 

toute  femblable  à  fa  mère.  On  a  un  exemple  de  ce 
genre  de  plante  fî  fmgulier  dans  le  conferva.  On  en 
trouve  qui  reffemblent  à  un  amas  de  fils  de  foie ,  à  un 
tapis  ,  à  une  peau  de  bête  à  poil  ,  à  une  toifon  de 
brebis ,  à  un  morceau  de  drap ,  à  une  toile  d'araignée. 
M.  Halkr  dit  avoir  vu  les  articulations  d'un  petit 
h'ijfus  vert  ,  &  qu'elles  fe  détachent  efFe£livement  ; 
mais  on  doit  à  M.  Adanfon  l'expérience  qui  femble 
prouver  que  cette  plante  eft  vivipare ,  comme  de 
certains  polypes.  Voyc\^  maintenant  l'article  tmmlh. 
On  feroit  prefque  tenté  de  regarder  cette  forte  de 
plante  comme  un  corps  organique  faifant  la  nuance 
ou  le  paffage  du  végétal  à  l'animal.  Voici  les  efpeces 
de  bijjus  connues. 

Bis  su  s  en  duvet  filamenteux. 

Il  y  a  :  Le  bijfus  des  caves  ,  Fl.  Franc.  ;  Bijjus 
feptica ,  Linn.  ;  il  a  un  tiflii  très-mou  ,  épais  d'en- 
viron deux  lignes ,  fort  large  ,  léger ,  d'abord  blan- 
châtre ,  enfuite  brun.  Ce  tifTu  eft  formé  de  fîîamens 
{impies  5  très -menus  ,  entrelacés  ,  &  reffemble  en 
quelque  forte  à  un  morceau  de  drap ,  ou  à  une  pièce 
d'amadou.  On  trouve  cette  efpece  dans  les  caves,  fur 
les  tonneaux ,  ou  fur  leur  chantier  ;  dans  les  celliers ,  fur 
les  bois  qui  fe  pourrifTent  ,  &  fous  les  carreaux  qui 
pavent  les  maifons.  Le  bijfus  flottant  ou  Jlmr-d\au , 
Bijfus  Jlos  aquce  ^  Linn.  1637;  il  offre  des  filamens 
courts ,  plumeux ,  extrêmement  fins ,  formant  à  la  fur- 
face  des  eaux  croupifTantes  une  croûte  verdâtre  &  très- 
molle.  Le  bijfus  à  filamens  croifés  &  comme  grillés 
de  toutes  parts,  Bijfus  cancellata  ,  Linn.  ;  il  flotte, 
comme  une  moifiiTure  ,  d'un  vert  jaunâtre  ,  dans  les 
eaux  douces  &  tranquilles.  Le  biff'us  à  filamens  fort 
courts  ,  formant  un  duvet  lanugineux ,  d'un  pourpre- 
violet  ,  Bijfus  phojphorea  ,  Linn.  ;  il  fe  trouve  fur  les 
bois  qui  pourrifTent.  Le  bijfus  velouté ,  Bifius  vcL^ 
ûna^  Lipjn,  j  cç.ttç  efpscç  fe  trouve  fur  la  terre  ^  fur 


Î54  ,  BIS 

les  pierres ,  oii  elle  forme  un  duvet  très-fîn ,  foyeux  ^ 
court  &  de  couleur  verte  :  (qs  filamens  font  rameux. 
Le  bljfus  doré,  Bijfus  aurea ^  Linn.  ;  on  le  trouve  fur 
les  niurs  &  fur  les  pierres  ;  il  forme  des  efpeces  de 
couiTinets  laineux  ,  convexes  ,  ramaffis  ,  d'un  jaune 
rouflatre ,  &  qui  deviennent  grifâtres  en  fe  defféchant. 
Le  bljjus  des  cavernes  ,  Bijfus  cryptamni ,  Linn.  ;  oa 
le  trouve  dans  des  cavernes  ,  fous  des  rochers  ,  en 
Laponie  &  en  Suéde.  Il  a  des  filamens  capillaires , 
grifâtres ,  permanens,  &  fortement  adhérens  aux  rochers. 
Le  hiriis  orangé  ,  Bijfus  aurantiaca  ;  M.  ^2  la  Marck 
dit  avoir  trouvé  cette  belle  efpece  fur  des  morceaux 
de  bois  qui  pourriffoient  &  étoient  expofés  à  la 
pluie.  Ce  kijfus  efl  aifez  grand  ,  forme  une  barbe  d'un 
jaune-orangé,  compofée  de  filamens  droits,  très-mous, 
longs  de  dix-huit  lignes ,  com.me  entrelacés  à  leur  bafe , 
mais  libres ,  &  un  peu  plus  épais  dans  leur  partie  fupé- 
rieiure. 

B  ISSU  s    à   tijfu  prefquc  poudreux. 

Il  y  a  :  Le  Bijfus  des  antiques,  Bijfus  antiquitatls ^ 
Linn.  ;  c'efl:  lui  qui  noircit  les  anciennes  murailles , 
la  fuperficie  des  marbres  blancs  &  des  flaîues  cal-  ^ 
caires  fculptées  depuis  un  temps  confidérable  :  il 
eft  compofé  de  filamens  très-menus  ,  couverts  d'une 
poudre  noire.  Le  bijfus  poudreux  &  cendré  des 
vieux  rochers  ,  Bijfus  faxadlis  ,  Linn.  Le  bijfus 
rouge  &  odorant,  Bijfus  joUthus  ^Hmn,  1638,  Mich» 
r.  89  ,  /  3  :  il  fe  trouve  fur  les  pierres  &  dans  les 
fentes  des  rochers  ;  il  y  forme  une  croûte  large ,  prefque 
poudreufe ,  aiTez  rouge  dans  fa  jeuneiTe  &:  qui  pâlit  en 
fe  féchant  :  il  exhale  une  odeur  de  violette  ou  d'iris 
affez  remarquable.  Le  bijjus  bleu ,  Bijfus  cccrulea  ,  Fl.Fr.  ; 
cette  efpece  ,  que  M.  de  Bcauvois  a  trouvée  fur  des 
planches  à  demi-pourries ,  forme  une  croûte  mince , 
large  ,  prefque  poudreufe  ,  &  d'un  beau  bleu  d'indigo , 
niais  qui  devient  un  peu  grifâtrç  çn  féchant.  Le  ti[lus 


BIS  Î55 

jaune  ,  Blpis  canddarïs  ,  Linn.  ;  il  fe  trouve  fur  les 
vieux  murs  ,  fur  l'écorce  des  arbres  ,  &  fur  les  bois 
des  bâtimens ,  à  l'expofition  du  vent  &  de  la  pluie ,  où 
il  forme  une  croûte  jaune  ,  poudreufe ,  &  qui  a  l'afped 
d'un  lichen  naiffant.  Le  hijfus  pourpre,  Bijfus purpurea-^ 
FI.  Fr.  ;  cette  efpece  fe  trouve  au  bas  des  murailles 
humides  &  fur  le  bois  à  demi-pourri  ;  elle  forme  une 
croûte  poudreufe ,  très- étendue ,  &  de  couleur  de  lie  de 
vin  rouge.  Le  bijfus  vert ,  Bijfus  botryoïdcs ,  Linn.  ;  cette 
efpece  eft  très-commune ,  6c  reflemble  à  une  poudre 
verte ,  répandue  fur  Técorce  des  arbres ,  fur  les  pierres 
&  fur  la  terre  ,  dans  les  lieux  obfciirs  &  un  peu 
humides.  Le  bijfus  blanchâtre  ,  B'/JJus  incana  ,  Linn.  ; 
on  le  trouve  fur  la  terre  nue  &  glaifeufe  ,  fur  le  bord 
,des  folles  &  des  chemins  ;  il  forme  une  croûte  blan- 
châtre 5  farineufe  &  peu  cohérente.  Le  bïffia  d'un  blanc 
de  lait ,  Bijfus  laciea  ,  Linn.  ;  cette  efpece  vient  fur 
récorce  des  arbres  &  fur  les  mouffes ,  oii  elle  forme 
une  croûte  très-blanche ,  fpongieufe ,  farineufe ,  ou  qui 
reflemble  à  de  la  chaux. 

BîSSUS  MINÉRAL.  Nom  donné  à  Vamiante,  Voyez 
ce  met. 

BISTORTE  5  Polygonum  bijlona  ^  Linn.  516.  Cette 
plante  efl  ainfi  nommée ,  parce  que  fa  racine  vivace , 
ob longue  oc  noueufe  eft  plus  ou  moins  torfe  ou  re- 
pliée fur  elle-même  à  la  manière  du  ferpent.  Elle  pouffe 
des  feuilles  longues ,  larges  &  pointues  comme  celles 
de  la  patience  ,  courantes  fur  leurs  pétioles.  Ses  tiges 
s'élèvent  à  la  hauteur  d'un  pied  &:  plus ,  garnies  de 
quelques  feuilles  ;  elles  foutiennent  des  fleurs  à  étamines 
de  couleur  purpurine ,  rangées  en  épi  &:  formées  d'une 
corolle  fans  calice  divifée  en  cinq  quartiers  ,  &:  portant 
huit  étamines.  A  ces  fleurs  fuccedent  des  femences  à 
trois  coins.  La  racine  de  la  bïfioru  eil  brune  en  dehors  , 
rougeâtre  en  dedans  :  elle  a  une  vertu  balfamique  vul- 
néraire &  aftringente  ;  elle  efl  auiTi  alexipharmaque. 
On  nous  l'apporte  feçhe  des  pays  chauds  ,  où  cette 


256  BIS  BIT 

plante  croît  dans  les  lieux  humides  &  montagneux  i 
elle  croît  chez  nous  dans  les  prés  6c  les  bofquets.  On 
diilingue  la  bijîorte  à  racine  moins  repliée  ,  Bijlona 
major  ^  radicc  minus  intond ^  C.  B.  Pin.  192.;  BifiGrta, 
major  rugojioribus  foliis  ;  Biflorta  ,  Dod.  Pempt.  333. 
Voilà  pour  la  grande  hijioru  :  car  la  petite  bijîorte  ell 
déiignée  ainfi  par  Cafp,  Bauhln  ,  dans  Ion  Pinax  ^  ^93  > 
Bijiorta  major ,  radice  magis  intortd, 

BISTOURNÉE.  Foye^  Dévidoir. 

BISULCE.  Voyei  Quadrupède. 

BITARDE  ou  BISTARDE.  Foyei  Outarde. 

BITUME  5  Bitumen,  Les  bitumes  font  des  matières 
huileufes  &  minéralifées ,  qu'on  rencontre  dans  le  fein 
de  la  terre  fous  une  forme  fluide  ,  ëc  nageant  quelque- 
fois à  la  furface  des  eaux ,  ou  fous  une  forme  tantôt 
moUafle  ,  tantôt  concrète  ,  &  plus  ou  moins  folide. 

On  ne  connoît  qu'une  feule  efpece  de  bitume  liquide  ; 
c'eil  la  (  ou  le  )  pétrole  ou  huile  de  pierre ,  ainfi  nommée 
parce  qu'elle  découle  des  fentes  des  rochers  :  car  il 
paroît  que  ce  qu'on  nomme  n aphte  n'efl  autre  chofe 
que  la  pétrole  la  plus  fluide ,  la  plus  blanche  6c  la  plus 
pure.  Foyei  Pétrole. 

Les  bitumes  folides  font  le  fucdn  ,  le  jayet  ou  jais  ^ 
Vûfphalte  6c  le  charbon  de  terre  :  il  y  en  a  de  mollaffes 
&  qui  poifTent  la  main  comme  la  piffafphalte.  Voyez 
chacun  de  ces  articles. 

Le  délir  de  répandre  quelque  jour  fur  l'origine  des 
bitumes  ,  queflion  intéreflante  fur  laquelle  les  Natu- 
ralifles  ne  font  point  d'accord ,  nous  a  engagé  à  ob- 
ferver  foigneufement ,  toutes  les  fois  que  nou  avons 
vifité  des  minières  bitumineufes ,  les  différentes  fubf- 
tances  dans  l'ordre  où  elles  s'y  trouvoient ,  &  les  fm- 
gularités  qu'elles  pouvoient  offrir.  Plufieurs  phénomènes 
nous  ont  déjà  paru  expliqués  dans  notre  Minéralogie ,  & 
à  l'article  charbon  minéral  de  ce  Diciionnaire  :  on  y  lit 
que  l'origine  des  bitumes  paroît  due  à  des  végétaux 
enfévelis  dans   la  terre  par  des  révolutions  locales. 

Cettq 


BIT  257 

Cette  opinion  eu  nouvellement  appuyée  paf  des  expé- 
riences chimiques  ,  prélentées  fous  un  feul  point  de 
vue  dans  le  ï>lciionna'nc  de  Cklmic  ^  oii  l'on  tâche 
de  démontrer  que  les  bitumas  font  le  réfultat  des  fub- 
fiances  végétales ,  qui  ont  été  amenées  à  ces  différens 
états  de  pétrole  ,  de  fuccin  ,  &:c.  par  leur  union  avec 
les  acides  minéraux  ,  (S:  par  leur  long  féjour  dans  les 
entrailles  de  la  terre  ;  car  il  eft  bien  démontré  qu'il 
n'y  a  pas  un  feul  corps  d'une  origine  bien  décidément 
minérale ,  dans  lequel  on  trouve  un  feul  atome  d'huile  , 
puii  qu'il  n'y  en  a  pas  même  dans  le  foutre  ,  celle  de 
toutes  les  fubflances  minérales  qui  approche  le  plus 
des  bitumes, 

L'analyfe  chimique  démontre  que  les  bitumes ,  ainfî 
que  toutes  les  matières  huileufes  concrètes  du  règne 
végétal  6c  animal  ,  font  compofés  d'huile  &  d'acide. 
Ils  différent  des  réfmes  par  leur  folidité  qui  eft  plus 
confidérable  ,  par  leur  indiâfolubilité  dans  l'efprit  de 
vin  ,  6c  par  quelques  autres  cara6leres  chimiques ,  ainfî 
qu'on  peut  le  voir  dans  le  Dictionnaire  de  Chimie. 
Entre  les  bitumes ,  il  y  en  a  d'affez  compares  pour  fe 
tailler  6c  fe  polir  :  tels  font  le  fuccin  6c  le  /ûyet. 
Voyez  CCS  mots.  On  vient  de  découvrir  dans  le  Der- 
byshire  un  bitume  iLiJlique  ,  mou  6c  foffile  ,  6c  qui 
réunit  les  propriétés  phyfico-chimiques  de  la  gomme 
élailique  ou  caout-chouc  ;  fa  couleur  efl  d'un  brun 
foncé  à  l'extérieur ,  6c  d'un  jaune-verdâtre  intérieure- 
ment ;  les  morceaux  fe  trouvent  mélangés  avec  de  la 
galène  de  plomb  6c  du  fpath  calcaire.  Il  paroît  que 
le  bitJime  ûajliqne  en  queflion  eft  la  même  fubftance 
ou  au  moins  une  fiibilance  très-analogue  au  caout-chouc; 
mais  ce  der  ier  ne  fe  trouve  aujourd'hui  que  dans 
l'Amérique  Méridionale.  Ceci  confirme  donc  les  an- 
ciennes révolutions  qu'a  éprouvées  notre  globe.  Voyez 

RÉSINE   ÉLASTIQUE. 

Les  bitumes  étant  très-inflammables  &  très-abondans, 
on  les  regarde  comme  une  des  caufes  de  la  flamme 
Tome  IL  R 


258  BIT  B   L  A 

perpétuelle,  des  volcans  ,  &  de  tous  ces  autres  phéno-^ 
menés  défaftreux  qui  ont  donné  lieu  à  tant  de  differ- 
tations ,  &  qui  méritent  bien  de  fixer  encore  l'attention 
à.ts  Savans.  Voy^i^  Volcans. 

Bitume  des  Arabes.  C'eil  un  compofé  de  poix 
minérale  &  de  poix  végétale.  Voyc^^  Pissasphalte. 

Bitume  de  Judée.  Voye^^  Asphalte. 

BIVALVES  ,  Bïvalvïa.  Nom  que  l'on  donne  aux 
coquilles  à  deuxbattans ,  c'eil-à-dire ,  pièces  ou  écailles. 
Les  HoUandois  les  appellent  doublâtes  ;  telles  ibnt  les 
huîtres ,  les  moules  ,  &c.  Il  y  a  des  bivalves  de  mer 
dont  les  pièces  font  irrégales  ;  d'autres  les  ont  égales 
&  femblables  l'une  à  Pautre.  Les  premiers  font  les 
huîtres  de  notre  pays  ;  les  autres  font  la  mere-perle  , 
la  moule ,  &c.  Parmi  les  bivalves  ^  il  y  en  a  dont  les 
deux  pièces  ferment  exactement  de  tous  côtés ,  comme 
la  came  ,  le  peigne  ;  dans  d'autres  ,  les  deux  pièces  ne 
fe  touchent  qu'en  partie  ,  &  laiffent  une  ouverture  à 
chaque  bout ,  comme  le  coutelier.  Voye^^  Coquille. 

BIZARDA.  Voye^^  ce  que  c'ejl  à  P article  CITRONNIER. 

BLACOUEL  ,  Blakwellia,  C'eft  ,  félon  M.  delà 
Marck  ,  un  nouveau  genre  de  plante  ,  qui  paroît  avoir 
beaucoup  de  rapports  avec  Vaccmas ,  &:'  qui  com.prend 
des  arbres  6c  des  arbriiTeaux  exotiques  ,  dont  les 
feuilles  font  fimples  &  alternes  ;  &:  dent  les  fleurs 
velues,  petites  &  nombreufes ,  font  difpofées  en  grappes 
ou  en  panicules  :  le  fruit  paroît  être  une  petite  caplule 
iiniloculaire  ,  polyfperme.  Il  y  a  le  blacouel  à  feuilles 
entières  ,  de  l'Ifle  de  France  ;  le  blacouel  paniculé  ou  le 
lois  à,  écorce  blanche ,  de  l'Ifie  Bourbon  ;  le  blacouel  à 
fleurs  axillaires ,  de  l'Hle  de  Madagafcar.  Les  fleurs  font 
terminales  dans  les  deux  efpeces  précédentes. 

BLAIREAU  ,  en  vieux  françois  Taîsson  ,  en  latia 
Taxus  ou  Mêles,  Le  blaireau  qui  reffem-ble  au  chien 
par  le  înufeau ,  efl  un  animal  lourd ,  bas  de  jambes.  Il 
a  le  corps  alongé  ,  le  cou  court ,  les  oreilles  courtes , 
îUi"ondies ,  ^liez  femblables  à  celles  du  rat  domeilique , 


B    L    A  .259 

le  poîl  long ,  très-épais  ,  Se  rucle  à-peii-près  comme 
des  foies  de  cochon.  Le  dos  de  cet  animal  eil  mclé  de 
noir  &C  de  blanc ,  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  furnom 
de  grlfart  :  les  poils  de  deffous  le  ventre  font  prefque 
noirs  ,  ce  qui  efl  allez  remarquable  ;  car  dans  prefque 
tous  les  animaux  le  poil  du  ventre  eft  d'ime  couleur 
moins  foncée  que  celle  du  dos.  Ses  jambes,  quoique 
courtes ,  font  très-fortes  ,  ainfi  que  la  mâchoire  &  les 
dents  :  les  ongles  ,  fur-tout  ceux  ^qs  pieds  de  devant  , 
font  très-longs  &  très-fermes.  Il  a  des  caraderes  tran» 
chés  &  dignes  de  remarque  qui  lui  font  propres  :  tels 
font  les  bandes  alternativement  noires  &  blanches 
qu'il  a  fur  la  tête  ,  &  l'efp^ce  de  poche  qu'il  a  entre 
l'anus  &  la  queue.  Cette  poche  aifez  large  ne  com- 
munique point  à  l'intérieur  ,  elle  ne  pénètre  guère 
qu'à  un  pouce  de  profondeur  ;  il  en  iulnte  continuel- 
lement vme  liqueur  onctueufe  d'aR'ez  mauv^aife  oaeur, 
qu'il  fe  plaît  à  fucer  :  la  queue  eil  courte  &  garnie  de 
poils  longs  &  forts. 

Le  blaireau ,  dit  M.  de  Buffon ,  eft  un  animal  paref- 
feux  ,  défiant ,  folitaire ,  qui  fe  retire  dans  les  lieux  les 
phis  écartés  ,  dans  les  bois  les  plus  fcmbres  ,  &  s'y 
creufe  une  demeure  foutcrraine  ;  il  fcmbie  fuir  la  fo- 
ciété ,  môme  la  lumière  ,  &  paile  les  trois  quarts  de 
fa  vie  dans  ce  féjour  ténébreux ,  d'oii  il  ne  fort  que 
pour  chercher  fa  fubfiflance.  Cette  demeure  eil  tor- 
tueufe ,  oblique  ,  &:  pouiiée  quelquefois  fort  loin.  Le 
renard  ,  qui  n'a  pas  la  même  facilité  que  lui  à  creufer 
la  terre  ,  tâche  de  profiter  de  fes  travaux:  ne  pouvant 
le  contraindre  par  la  force ,  il  l'oblige  par  adreiTe  à 
quitter  fon  domicile  ,  en  l'inquiétant ,  en  faifant  fen- 
tinelle  à  l'entrée  ,  en  l'infedant  même  de  fes  ordures  ; 
enfdite  il  s'en  empare  ,  l'élargit ,  l'approprie  &  en  fait 
fon  terrier.  Le  blaireau  ne  change  pas  pour  cela  de 
pciys  ,  il  va  à  quelque  diilance  de  là  fe  pratiquer  un 
nouveau  gîte  ,  d'où  il  ne  fort  que  la  nuit ,  d'oii  il  ne 
s'écarte  guère ,  ôc  où  il  revient  dès  qu'il  craint  quelque 

R  z 


i6o  B    L    A 

dan<yer  :  11  n'a  que  ce  moyen  de  fe  mettre  en  fureté  ^ 
car  il  ne  peut  échapper  par  la  fuite  ,  il  a  les  jambes 
trop  courtes  pour  pouvoir  bien  courir.  Lorfqu'jl  eft 
furpris  par  les  chiens  ,  il  fe  jette  fur  le  dos  ,  combat 
long-temps  ,  &  fe  défend  courageufement  Oc  jufqu'à 
la  dernière  extrémité ,  avec  fes  griffes  &  fes  dents 
qui  font  de  profondes  bleiiures  ;  quelquefois  il 
s'accule  comme  le  fanglier  &  fe  lance  comme  lui 
fur  les  chiens.  Sa  peau  ,  com^me  fa  vie  ,  eft  fi  dure 
qu'il  eil:  peu  fenfible  à  leurs  morfures  :  on  dit  cepen- 
dant que  pour  peu  qu'on  le  frappe  fur  le  nez ,  il  en 
meurt. 

La  chaiTe  du  blaireau  efl  un  peu  laborieufe  ;  il  n'y 
a  guère  que  les  bajjets  à  jambes  torfes  qui  puiflent  entrer 
dans  leurs  terriers.  Le  blaireau  fe  détend  en  reculant , 
&  éboule  de  la  terre  afin  d'arrêter  ou  d'enterrer  les 
chiens.  Lorfqu'on  juge  que  les  chiens  l'ont  acculé 
jufqu'au  fond ,  on  fe  met  à  ouvrir  le  terrier  par-deiTus  ; 
on  ferre  le  blaireau  avec  des  tenailles ,  &  enfuite  on 
le  mufelle  pour  l'empêcher  de  mordre. 

Les  petits  s'apprivoifent  aifément  ,  ainïl  que  l'a 
.  obfervé  M.  de  Buffon  :  ils  jouent  avec  les  petits  chiens 
&  fuivent  comme  eux  la  perfonne  qu'ils  connoiflent 
ëc  qui  leur  donne  à  manger  ;  mais  ceux  que  Vow  prend 
vieux  demeurent  toujours  fauvages.  Ils  ne  font  ni  mal- 
faifans  ,  ni  gourmands  comme  le  renard  &  le  loup  , 
&  cependant  ils  font  carnafîiers  ;  ils  mangent  de  tout 
ce  qu'on  leur  offre  ,  de  la  chair ,  des  œufs  ,  &:c.  ;  ils 
préfèrent  la  viande  crue  à  tout  le  refle  :  ils  dorment 
la  nuit  entière  &  les  trois  quarts  du  jour ,  fans  être 
cependant  fujets  à  l'engourdiffement  que  les  marmottes 
ou  lés  loirs  éprouvent  pendant  l'hiver.  Ce  fommeil  fré- 
quent fait  qu'ils  font  toujours  gras  ,  quoiqu'ils  ne 
mangent  pas  beaucoup  ;  &  c'efl  par  la  même  railbn 
qu'ils  fupportent  aifément  la  diète  ,  &:  qu'ils  reffent 
fou  vent  dans  leur  terrier  trois  ou  quatre  jours  fans 
en  fortir ,  fur-tout  dans  les  temps  de  neige, 


B    L    A  261 

Les  hlaîreaux  tiennent  toujours  leur  domicile  propre  ^ 
ils  n'y  font  jamais  leur  ordure.  On  trouve  rarement 
le  mâle  avec  la  femelle  :  lorfque  celle-ci  eiî:  prête  à 
mettre  bas  ,  elle  coupe  de  l'herbe  ,  en  fait  une  efpece 
de  fagot  qu'elle  traîne  entre  fes  jambes  jufqu'au  fond 
du  terrier  ,  où  elle  fait  un  lit  commode  peur  elle  &C 
pour  fes  petits.  C'efl  en  été  qu'elle  met  bas ,  &c  fa 
portée  eu  ordinairement  de  trois  ou  quatre  petits. 
Lorfqu'ils  font  devenus  un  peu  grands ,  elle  leur  ap- 
porte à  manger  ;  elle  ne  fort  que  la  nuit ,  va  plus  au 
loin  que  dans  les  autres  temps  ;  elle  déteiTe  les  nids  des 
abeilles  -  bourdons ,  &:  en  emporte  le  miel  ;  elle  prend 
les  jeunes  lapereaux  ,  faifit  auffi  les  mulots  ,  lézards  , 
ferpens ,  fauterelles  ,  enlevé  les  œufs  des  oifeaux  &  tout 
ce  qu'elle  peut  attraper ,  pour  le  porter  à  fes  petits , 
qu'elle  fait  fouvent  fortir  fur  le  bord  du  terrier ,  foit 
pour  les  allaiter ,  foit  pour  leur  donner  à  manger. 

Les  blaireaux  font  naturellement  frileux,  &  ceux 
qu'on  élevé  dans  la  maifon  ne  veulent  pas  quitter  le 
coin  du  feu  :  ils  s'en  approchent  fouvent  de  fi  près 
qu'ils  fe  brûlent  les  pattes  ,  &  ne  guérifîent  pas  aifé- 
ment.  Ils  font  auiîi  fort  fujets  à  la  gale  :  les  chiens 
qui  entrent  dans  leurs  terriers  prennent  le  même  mal, 
à  moins  qu'cn  n'ait  grand  foin  de  les  laver. 

L'elpece  de  blaireau  ,  originaire  des  climats  tem- 
pérés de  l'Europe  ,  ne  s'ell  guère  répandue  au-delà  de 
l'Efpagne ,  de  la  France  ,  de  l'Italie  ,  de  l'Allemagne  , 
<le  la  Pologne  &  de  la  Suéde  ;  &  elle  eft  par-tout 
aiTez  rare.  Il  n'y  a  que  peu  ou  point  de  variétés  dans 
l'elpece  ,  &  même  elle  n'approche  d'aucune  autre  par 
les  caraderes  finguliers  dont  on  a  parlé  plus  haut.  En 
effet  ,  l'efpece  de  cet  animal  ne  fe  trouve  point  en 
Afrique  ni  en  Afie  ,  ëc  Ton  n'efl  pas  fur  qu'elle  foit 
en  Amérique ,  à  moins  qu'on  ne  regarde  comme  une 
variété  de  l'efpece ,  un  animal  envoyé  de  la  Nouvelle 
Yorck  ,  &  décrit  par  M.  Brijfon  ,  fous  le  nom  de  blai- 
rmu  blanc  ;   &  quant  à  cette    race  ou  variété  dont 

R3 


i6i  B    L    A 

parlant  les  Chaffeurs  ,  &  qu'ils  appellent  hlaina,u^ 
cvchon  (  Du  Fouilloux  ,  dans  fon  vicUX  langage  , 
dit  teffon  - porchin  )  ;  elle  n'eft  caractcrifée  que  par 
quelques  différences  légères  dans  la  grandeur  ,  la 
couleur ,  &c. ,  qui  font  toutes  accidentelles  ;  &  les 
plus  grandes  recherches  des  Naturaliiies  n'ont  pu 
faire  trou^^er  ce  prétendu  blaireau  à  groin  de  cochon. 
On  peut  donc  conclure  que  le  blaireau  efl  une  efpece 
unique  &  iit>lée. 

La  chair  du  blaireau  n^efl  pas  abfolument  mauvaife 
à  manger ,  &  l'on  fait  de  fa  peau  des  fourmres  grof- 
fieres ,  des  colHers  pour  les  chiens  ,  des  couvertures 
pour  les  chevaux  de  trait.  Quant  à  fon  poil  /il  efl 
toujours  gras  &  ma -propre. 

Blaireau  puant  du  Cap  de  Bonne-Espérance. 
M.  de  Biiffon  regarde  cet  animal,  décrit  fous  ce  nom 
par  Kolbe ,  comme  une  eiJDece  tout-à-fait  différente  du 
blaireau.  Cet  animal  efl  le  plus  grand  peteur ,  le  plus 
grand  veiTeur  &  le  |.his  puant  animal  qu'il  y  ait  fous 
le  foleil ,  dit  le  P.  Labat,  Cette  puanteur  efl:  même  la 
meilleure  défenfe  que  la  Nature  lui  ait  donnée  centre 
fes  ennemis  ;  car  dès  qu'il  fent  fon  ennemi  affez  près 
de  lui  5  il  lui  lance  en  fuyant  une  bouffée  d'odeur  fi 
détefîable  ,  qu'elle  étourdit  l'animal ,  &  l'oblige  de  fe 
retirer.  La  bête  puante  de  la  Zoz^i/?iZ«^  fc  défend  à-peu- 
près  de  même  en  lançant   Ion  urine.    Voye^^  Bête 

PUANTE. 

Blaireau  de  rochers.  Les  Zoclogifles  HoUan- 
dois  l'appellent  klipdaas,  C'efl  le  même  animal  que  le 
daman  du  Cap.  Voyez  Parncle  MARMOTTE  BATARDE. 

BLANC,  (le)  Foyei  à  Canicle  Quatre  dents. 

BLANCHAILLE  ,  Rouiss aille  &  Blanquet. 
Noms  donnés  aux  poiffons  des  étangs  qui  ne  font 
point  encore  marchands ,  &  plus  particulièrement  aux 
petits  poiffons  blancs  ,  dont  les  Pêcheurs  ne  peuvent 
encore  diflinguer  l'efpece ,  ôc  dont  on  emploie  la  chair 
pour  faire  à.^^  appâts. 


B    L    A  265 

BLANCHET  ,  Siliims  fœtens  ,  Linn.  PoifTon  du 
genre  du  Silure  :  il  fe  trouve  à  la  Caroline  ;  il  a  le 
corps  long  &:  effilé  ;  la  tête  affez  ovale  ;  les  yeux 
noirs  ,  &  leurs  iris  rcugeâtres  ;  la  gueule  très-fendue  ; 
les  mâchoires  ,  le  palais  &  la  langue  garnis  d'une  mul- 
titude de  petites  dents  aiguës.  La  première  nageoire 
du  dos  a  douze  rayons  ;  la  féconde  ,  très-petite  ,  efl 
d'une  fubllance  charnue  ;  les  pe£lorales  ont  chacune 
quatorze  rayons  ;  celle  du  ventre  en  a  huit  ;  celle 
de  la  queue  douze  ;  celle-ci  eft  échancrée  en  formée  de 
croiffant  ;  la  couleur  du  corps  eft  d'un  noir  cendré. 

BLANC-JAUNE,  Salrjio  Nïlotkus  ^  Linn.  Poiffon  du 
genre  du  Salmom  :  il  fe  trouve  dans  le  Nil  ;  toute  la 
iiu-face  de  fon  corps  eft  blanche  ;  les  nageoires  font 
d'une  couleur  jaune  ;  celle  du'  dos  a  neuf  rayons  ;  les 
pedorales  en  ont  chacune  treize  ;  celle  du  ventre  ea 
a  neuf  ;  celle  de  l'anus  vingt-fïx  ;  celle  de  la  queue 
dix-neuf,  celle-ci  eu.  fourchue. 

Blanc  de  baleine.  Foyei  Cachalot  â  l'article 
Baleiné. 

Blanc-nez.  Nom  donné  à  la  petite  guenon  à  lèvres 
blanches  ,  dont  l'efpece  eft  rapportée  au  Moullac. 
Foyei  Moustac. 

Blanc  d'Espagne  ,  Blanc  de  perle  ou  Blang 
DE  BISMUTH.  Foyei  BïSMUTH.  On  donne  auffi  le 
nom  de  Manc  d'Efpagne  à  de  la  craie  très-friable. 

Blanche-coiffe  ou  Geai  de  Cayenne  ,/?/.  cnL 
373.  Cet  oifeau  eft  un  peu  plus  gros  &  plus  grand  que 
notre  geai ,  mais  fa  forme  eft  moins  maiîive  ;  le  finci- 
put ,  les  joues ,  la  gorge  &:  le  bas  du  cou  font  noirs  \ 
trois  taches  blanches  fur  chaque  côté  de  la  tête  ;  le 
fommet  &  le  derrière  de  la  tête  blancs  ,  ainfi  que  le 
haut  du  cou  ,  la  poitrine  ,  le  ventre  &  les  côtés  ;  le 
dos  d'un  violet  clair  ^  ainfi  que  prefcue  tout  le  reile 
du  plumage  ;  le  bec  ,  les  pieds  &  les  ongles  gris. 

BLANCHE-RAlE,efl:  Vctourneau  des  Terres  Magella* 
niques. 

R4 


2.64  B    L    A 

BLASÎE  naine  ,  B/a/za  piiïilla ,  Llnn..  ;  &  llchenis 
pyxidaù  fcic'u  ,  Michel.  ;  Mnlum  lichmis  fack  ,  Dill. 
Mule.  237.  Cette  plante  ,  que  l'on  trouve  iiir  les 
bords  des  ïo^és  ,  &  dans  les  bois  humides  de  l'Europe  ^ 
eil  très-petite  ;  elle  eft  cryptogame  &  de  la  famille  des 
Algues,  Elle  a  l'afped  d'un  lïchm  ,  &  fa  frudification 
paroît  conftituée  par  deux  ibrtes  de  parties  ,  qu'on 
prend  ,  l'une  pour  des  fleurs  mâles  ,  &:  l'autre  pour  des 
fleurs  femelles. 

BLATTAIRE.  C'eft  Vhcrhe  aux  mites.  Voyez  ce  mot. 

BLATTE    DE    CONSTANTINOPLE  ,    Blatta    Bj^an- 

tlna.  Nom  donné  au  couvercle  ou  opercule  carti- 
lagineux d'une  coquille  univalve  ,  oblongue  ,  dont  la 
fubftance  reiiemble  afTez  à  de  la  corne  :  il  y  en  a  de 
très-grands  qu'on  nomme  feudUs  de  laurier  :  cet  oper- 
cule étoit  autrefois  fort  en  ufage  pour  fumiger  la 
matrice ,  &:  en  fuppofitoire.  Il  y  a  eu  de  grandes  dif- 
putes  entre  les  Naturalises ,  pour  favoir  fi  le  blatta  étoit 
le  couvercle  de  la  pourpre  murex  ,  ou  fi  ce  n'étoit  pas 
Vongle  odorant.  Tout  ce  cjue  nous  pouvons  dire  ici  , 
c'efl  que  les  divers  blatta  que  nous  avons  eu  occafion 
de  voir  ,  font  des  opercules  de  buccin.  Foye^  Ongle 

ODORANT. 

Blatte  ,  Blatta.  Nom  que  l'on  a  donné  à  plufieurs 
fortes  d'infedes  de  nature  très-différente  ,  tels  que  les 
vers  qui  naiffent  dans  les  ore  lies  ,  &  ceux  qui  rongent 
les  étoffes  ;  très  -  connus  fous  le  nom  de  teigne. 
Voyez  leur  hijloire  au  mot  TeiGNE.  Suivant  M.  Lin- 
nœus  ,  on  ne  doit  réunir  fous  le  nom  de  blatte  que  les 
infeftes  dont  les  antennes  font  longues  ,  filiformes  , 
dont  les  fourreaux  des  ailes  font  mous  &  comme  mem- 
braneux ,  &;  dont  la  poitrine  eft  aplatie  &:  arrondie. 
•Ces  infedes  courent  affez  vite  ;  ils  ont  cinq  articles 
aux  deux  premières  paires  de  pattes ,  &  quatre  feule- 
ment à  la  dernière  ;  ils  font  affez  hideux  à  la  vue ,  & 
remarquables  fur-tout  par  deux  appendices  en  forme 
de  longues  véficules  ridées  &:  placées  aux  deux  côtés 


B    L    A  16^ 

de  l'anus  :  quelques-unes  de  ces  efpeces  d'infedes 
volent ,  fur-tout  les  mâles  ;  car  la  femelle  n'ayant  que 
des  moignons  d'ailes  fort  courts ,  ne  peut  aucunement 
voler.  \jne  autre  diftindion  ,  c'ell:  que  les  étuis  dé- 
bordent le  ventre  d'un  bon  tiers  dans  les  mâles ,  & 
nullement  dans  les  femelles. 

La  larve  des  bLnt^s  ne  diffère  guère  de  l'infefte  par- 
fait que  par  le  défaut  total  d'ailes  6c  d'étuis.  Cette 
larve  fe  nourrit  de  farine  ,  dont  elle  efl  très-vorace  ;  à 
fon  défaut  elle  ronge  à  la  campagne  les  racines  des 
plantes.  C'eft  de  ce  m.ême  genre  qu'ell  ce  fameux  ka- 
kerlac  des  [fies  de  l'Amérique,  qui  dévDre  fi  avidement 
les  provifions  des  Habitans.  Foyci  Kakerlac.  Cet 
infecte  ,  ainfi  que  nos  blancs  ,  fuit  le  jour  &C  la  lumière  : 
tous  ces  infedes  fe  tiennent  cachés  dans  des  trous  dont 
ils  ne  fortent  que  pendant  la  nuit. 

Du  nombre  des  hLmes  font  les  infedes  qu'on  trouve 
fur  les  lunettes  des  latrines  ,  dans  les  bains ,  dans  les 
boulangeries ,  dans  les  étuves  ,  dans  les  cuifnies.  Ils 
font  très-fréquens  dans  les  poêles  des  Finlandois  ,  où 
ils  rongent  leur  pain  pendant  la  nuit.  On  trouve  aufîl 
cet  infede  dans  les  cafés  des  Lapons  :  il  y  en  a  une 
efpece  qui  fe  loge  entre  les  écailles  des  poifTons  que 
l'on  fait  defTécher  fans  être  falés.  La  biatie  des  cuifmes 
eu  l'opprobre  des  maifons  qu'elle  habite ,  par  fa  fécon- 
dité ,-  fa  figure  &  fa  mauvaife  odeur  ;  c'efl  la  béte  noire 
des  Boulangers  ;  Blatta  OrUntaUs  de  Linnœus,  On  la 
croit  originaire  du  Levant. 

ELATTI  acide  ,  Blattl  feu  Jamhos  fylvefirls,  Rheed. 
Mal.  ;  Mano'ium  cafcolare  ruhruni ,  Rumph.  Amb.  ;  Rhi- 
\ophora  cafeolaris  ^  Linn.  ;  Bagatbat  Camdli  ^  P^aj.  Luz. 
85  ,  N.^  10  ;  Pcigapatt  ,  Sonnerat.  Arbre  qui  croît  au 
Malabar ,  dans  les  Moluques  &  à  la  Nouvelle  Guinée  , 
dans  les  lieux  humides.  Il  efl  de  la  famille  des  Myrus , 
&  ne  s'élève  qu'à  environ  quatorze  pieds  de  hauteur  ; 
fa  cime  efl  arrondie  ;  fes  rameaux  font  oppofés  ,  à 
quatre  angles  îranchans  ^  &  d'un  rouge-brun ,  l'écorce 


i66  B    L    A  BLÉ 

eft  épaiffe  &  cendrée  ;  les  feuilles  oppofées  ,  ovales  j; 
glabres  ,  épaiiïes  <k,  velneufes  ;  les  fleurs  rouges  , 
grandes ,  folitaires  &  terminales.  Le  fruit  eft  une  groffe 
Éaie  prefque  fphérique ,  enveloppée  dans  fa  moitié  in- 
férieure par  le  calice  ,  auquel  elle  adhère  par  fon  fond, 
divifée  intérieurement  en  vingt -lix  loges  ,  par  des 
membranes  fines  ;  chaque  loge  efl  un  tiffu  véficuleux 
rempli  d'un  hic  acide  ,  &  dans  lequel  font  répandus 
quelques  pépins  ovoïdes  &  anguleux.  Le  fuc ,  tiré  de 
ce  fruit  par  exprefîion  ,  fe  donne  avec  le  miel  pour 
guérir  les  aphtes  &  pour  tempérer  l'ardeur  des  fièvres. 
Les  Malabares  font  cuire  ces  fruits  pour  les  manger 
avec  d'autres  mets.  Ils  font ,  avec  (qs  feuilles  pilées  , 
un  cataplafme  qu'ils  appliquent  fur  la  tête  pour  difTiper 
les  vertiges  ,  &  procurer  le  fommeil  dans  les  fièvres 
continues. 

BLAVÉOLE.  Voyei  Bluet. 

BLÉ  ou  Bled  ,  ou  Froment  ,  Tritlaim  hyher^ 
num  ,  anjîis  carens  ^  C.  B.  Pin.  21  ,  Tourn.  ;  Tri^ 
tïcum  vulgarc  ,  glwnas  trïturando  dcponens  ,  J.  B.  2 , 
407.  C'eft  fans  contredit  de  toutes  les  plantes  la  plus 
précieufe  à  l'hum^anité  :  c'efl  elle  qui ,  dans  nos  climats  , 
fait  la  nourriture  de  la  plus  grande  partie  du  genre 
humain  ;  elle  efl ,  ainfi  que  les  autres  dons  du  Créa- 
teur ,  un  bien  toujours  renaiffant ,  fe  rajeuniffant  ,  fe 
perpétuant  fans  cefTe  pour  la  confervation  de  l'efpece 
humaine.  Quelle  fécondité  furprenante  dans  chacun  de 
fcs  grains  !  quelle  nourriture  plus  falutaire  &  plus  ap- 
propriée à  nos  organes  ,  fur-tout  depuis  que  l'art  a 
trouvé  le  moyen  de  faire  de  ces  grains  une  nourriture 
légère  !  L'origine  de  cette  plante  &  de  fa  culture  fe 
perd  prefque  dans  l'origine  du  monde  ;  peut-être  a-t-elle 
été  d'abord  foulée  aux  pieds ,  &  n'étoit-elle  point  plus 
remarquable  qu'un  fimple  grarncn  :  la  culture  l'aura 
amenée  au  point  de  perfe£tion  où  on  la  voit  ;  car  on 
obferve  tous  les  jours  que  l'Auteur  de  la  Nature  a 
donné  à  Thomniç  vmQ  forte  d'empire  àc  un  pouvoir 


BLÉ  4^7 

prefqiie  créateur  fur  les  fruits ,  fur  les  fleurs  &c  fur 
plufieurs  autres  productions  naturelles  ;  il  les  embellit , 
les  perfedionne ,  les  rend  prefque  miconnoiilables  par 
la  beauté  qu'il  leur  procure  à  force  de  foins  &  de 
travaux  alTidus ,  &  par  fa  fagacité  à  mettre  à  proiit  les 
moyens  que  lui  préfente  la  Nature.  C'eft  une  forte  de 
récompenfe  utile  &  agréable ,  accordée  à  l'homme  pour 
le  fruit  de  fes  travaux. 

Quel  que  fût  le  hié  dans  fon  origine  que  l'on  pour- 
roit  peut-être  connoître  par  voie  de  dégénération  , 
c'eil  préfentement  une  plante  qui  pouffe ,  d'une  racine 
compofée  de  fibres  déliées ,  plufieurs  tuyaux  de  quatre 
ou  cinq  pieds  de  hauteur  ,  plus  ou  moins  gros  ,  félon 
la  nature  du  fol ,  6c  félon  que  le  grain  a  été  femé 
plus  ou  moins  clair.  Ces  tuyaux  font  garnis  d'efpace 
en  efpace  de  nœuds  qui  leur  donnent  de  la  force.  Ils 
font  creux  en  dedans ,  &  garnis  au  dehors'  de  feuilles 
longues  ,  étroites  ,  femblables  à  celles  du  chiendent. 
Ils  foutiennent  à  leur  extrémité  des  épis  longs ,  oii 
naiffent  des  fleurs  par  petits  paquets  ,  compofées 
d'étamines  auxquelles  fuccedent  des  grains  ovales  , 
moufles  par  les  deux  bouts ,  convexes  fur  le  dos  & 
fiUonnés  de  l'autre  côté,  de  couleur  jaune  en  dehors, 
remplis  en  dedans  d'une  matière  blanche  &c  farineufe  , 
avec  laquelle  on  fait  le  pain.  Ces  grains  font  enve* 
loppés  dans  les  écailles  qui  ont  fervi  de  calice  à  la 
fleur ,  èc  qu'on  appelle  la  balle  du  froment. 

De  tout  temps  les  travaux  des  Cultivateurs  ont 
tendu  à  recueillir  la  plus  grande  quantité  pofîible  de 
b/é  dans  un  efpace  donné  ,  parce  que  defliné  à  la 
nourriture  de  l'homme  ,  fon  excellence  le  rend  la 
matière  d'un  commerce  nécefTaire  qui  ajoute  encore 
à  fon  prix.  L'on  peut  avancer  que  la  fécondité  des 
Mes  dans  une  terre  nouvelle  tient  quelquefois  du 
prodige. 

P/ine  dit  qu'un  des  Intendans  d'Augufle  lui  envoya 
d'un  canton  d'Afrique  oii  il  réfidoit  ^  une  curiofité  alTe^: 


iS8  BLÉ 

furprenante  ;  c'étoit  un  pied  de  bU  qui  contenoit  quatre; 
cents  tiges ,  toutes  provenues  d'un  ieul  &  même  grain 
de  bl:  ;  Ti  ce  fait  eil  vrai ,  on  peut  dire  que  ce  font-là 
de  ces  phénomènes  curieux  oii  la  Nature  fignale  fon 
exceiîive  libéralité.  Cette  terre  n'étant  plus  auiîi  riche 
préfentement  en  principes  nutritifs  ,  les  chofes  ont 
bien  changé  depuis  ;  car ,  fuivant  le  rapport  exaâ:  d'un 
Voyageur  Anglois  ,  nommé  Thomas  Shaw ,  un  boiiTeau 
de  froment  n'y  rapporte  aujourd'hui  que  douze  ,  ou 
tout  au  plus  que  dix-huit  boiffeaux  ,  encore  dans  le 
meilleur  terrain  ;  au  lieu  qu'autrefois  il  rapportoit 
cinquante  boifleaux ,  &  pour  la  fécondité  ,  un  grain 
ne  produit  que  douze ,  quinze  ou  vingt  tiges  ,  quel- 
quefois cinquante  ;  mais  cela  eil  extrêmement  rare. 
Voyc^^  Blé  de  miracle. 

M.  BucVioi ,  dans  la  cinquième  Lettre  fur  les  végétaux ^ 
dit  avoir  vu  dans  les  mains  d'un  Laboureur ,  à  Caftel- 
naudary  en  Languedoc  ,  une  trouffe  de  blé  compofée 
de  cent  dix-fept  tiges  ;  cette  trouffe  lui  parut  de  l'efpece 
qu'on  nomme  Triticum  arijîis  longiorlbus  ,  fpïcd  albd. 
Les  tiges  avoient  cinq  pieds  de  hauteur ,  plus  folides 
&  plus  groffes  que  celles  du  froment  ordinaire.  Chaque 
épi  contenoit  foixante  grains  ,  &  la  troulTe  en  tout 
fept  mille  vingt  grains.  Nous  avons  vu  dans  un  petit 
terrain  du  Faubourg  Saint- Antoine  à  Paris  ,  toutes 
les  trouffes  d'un  blé  qu'on  avoit  fait  tremper  dans  une 
liqueur  végétale  avant  de  le  femer  ,  composées  de 
foixante  à  quatre-vingts  épis  :  quelle  fécondité  !  Il 
faut  croire  que  la  macération  appropriée  ouvre  les 
conduits  des  germes  multipliés  dans  chaque  grain ,  &: 
les  développe  &  les  rend  propres  à  recevoir  une  plus 
grande  abondance  de  fève.  Cette  grande  multiplication 
tiendroit-elle  au  principe  de  la  fuperfétation  ? 

En  France  il  n'y  a  rien  de  décidé  fur  la  multipli- 
cation du  blé  :  cependant  on  peut  dire  en  général , 
que  dans  les  terres  médiocres  un  boiffeau  de  blé  trié 
rend  deux  ou  trois  boifleaux ,  dans  les  bonnes  terres 


B    L    Ê  2(^9: 

huit  &  dix  ,  dans  les  meilleures  douze ,  &  par  extia- 
ordinaire  quinze;  mais  tout  cela  efl:  fujet  à  des  varia- 
tions infinies.  11  eu  des  pays  où  ,  pour  procurer  la 
multiplication  des  tuyaux  fur  un  pied  de  froment , 
on  fait  brouter  le  fuperflu  du  vert  par  des  beftiaux  , 
afin  de  ne  laifTer  à  chaque  pied  de  froment  que  la  fève 
nécefTaire  pour  bien  nourrir  l'épi  principal  ,  &  faire 
végéter  les  épis  latéraux.  Virgile  nous  apprend  ,  qu'on 
pratiquoit  de  fon  temps  cette  méthode  :  Luxuriem  fegc- 
liim  temrd  depafcit  in  herbâ. 

Les  récoltes  font  plus  ou  moins  abondantes  fuivant 
que  la  faifon  a  été  pkis  ou  moins  favorable  ,  félon  la 
bonté  des  terres  ,  &  les  préparations  que  lui  donne 
le  Cultivateur  intelligent.  Ces  préparations  de  la  terre 
varient  fuivant  la  nature  du  terrain ,  que  chaque  éco-* 
nome  doit  étudier.  En  général  la  bafe  de  l'agriculture 
eit  que  la  terre  foit,  avant  de  femer,  bien  préparée 
par  les  labours  &:  par  les  engrais ,  tels  que  la  marne , 
le  fumier  &  autres.  11  faut  qu'elle  foit  nettoyée  de  toute 
herbe  étrangère  qui  enleveroit  la  nourriture  aux  blés  ^ 
6l  lui  conièrver  le  plus  qu'il  efl  pofTible  fon  état 
d'humidité  fi  favorable  à  la  végétation  :  moyen  qu'on 
ne  peut  employer  qu'en  faififiant  l'infîant  propre  à 
faire  paffer  la  herfe  fur  la  terre.  Les  blés  pouffent 
alors  avec  vigueur,  donnent  en  abondance  de  beaux 
grains;  &:  lorlique  la  faifon  devient  favorable,  on  fait 
d'amples  récoltes. 

La  méthode  ordinaire  des  Laboureurs  avant  de  femer 
le  blé^  eft  de  donner  un  premier  labour  à  la  terre  qui 
a  rapporté  de  l'avoine ,  &  dès-lors  la  terre  refle  en 
jachère  :  c'efl-à-dire ,  fans  qu'on  lui  fafle  rien  rapporter 
pendant  une  année ,  afin  qu'elle  profite  des  influences 
de  l'atmofphere,  &  qu'elle  recouvre  de  nouveaux  fels. 
Lorfque  la  terre  s'efl  repofée  ainii  pendant  une  année , 
on  y  feme  le  blé  vers  le  mois  d'Odobre ,  après  avoir 
eu  loin  de  donner  deux  ou  trois  labours ,  fuivant  la 
lîature  de  la  terre;  peadant  l'année  de  repos,  ht  grand 


270  B    L    Ê 

art  efl  de  femer  bien  également,  afin  qiie  îes  racines 
des  blés  fe  répandant  également  fur  la  lurface  de  la 
terre ,  piiiffent  également  tirer  leur  nourriture  :  on  fait 
rapporter  à  la  terre  qui  a  donné  du  blé  cette  année ,  de 
l'avoine  l'année  fuivante,  &  à  la  troifieme  année  on 
la  laifle  repofer. 

M.  Duhamel^  ce  citoyen  fi  éclairé  &  fî  zélé  pour  le 
bien  public ,  propofe ,  d'après  M.  Tidl ,  une  nouvelle 
culture  des  terres  très-ufitée  en  Angleterre,  la  grande 
école  de  l'Agriculture  ;  m.éthode  fur  laquelle  M.  Duha- 
mel &  plufieurs  bons  Citoyens  ont  fait  un  nom.bre 
infini  d'expériences.  Voici  ime  légère  idée  de  cette 
nouvelle  méthode  qui  paroît  avoir  de  très- grands  avan- 
tages 5  &  dont  le  but  cil  de  difpofer  le  blé  de  manière 
à  extraire  de  la  terre  &  de  l'atmofphere  la  plus  grande 
quantité  de  nourriture  pofiible,  ëc  de  profiter  des 
îabours  donnés  à  propos. 

Lorfqu'on  veut  femer,  par  exemple,  un  arpent,  la 
terre  ayant  été  préparée  par  les  Libours  nécefiaires, 
on  laiffe  fur  le  bord  de  la  pièce  deux  pieds  de  terre 
fans  la  femer;  on  feme  enfuite  avec  im  femoir  fait 
exprès,  &  qui  femie  avec  égalité,  trois  rangées  de 
from.ent  qui  occupent  deux  pieds  de  largeur  ;  parce  que 
îes  grains  des  rangées  fe  trouvent  éloignes  de  fept  à  huit 
pouces.  On  laifTe  enfuite  quatre  pieds  de  terre  fans  y 
mettre  de  femence  :  de  ces  quatre  pieds  de  terre ,  deux 
l'année  fuivante  feront  lemes  en  hlé^  &  les  deux  autres 
de  même,  la  troifieme  année.  Après  ces  quatre  pieds 
de  terre  laifies  fans  femence,  on  feme  encore  trois 
rangées  de  froment ,  &  ainfi  de  fuite  dans  toute  l'éten- 
due de  l'arpent  :  on  a  foin  au  printemps  de  vifiter  les 
rangées,  &  d'arracher  les  pieds  de  blé  qui  font  plus 
près  les  uns  des  autres  que  de  quatre  à  cinq  pouces,  & 
de  donner  aux  plates  bandes  qui  font  entre  les  rangées, 
avec  une  charrue  faite  exprès,  un  premier  labour,  ce 
qui  fait  taller  le  blé  ^  au  point  que  chaque  grain  qui 
dans  l'ancienne  méthode  n'auroit  donné  que  deux  ou 


BLÉ  271 

trois  tuyaux,  en  produit  depuis  douze  jufqu'à  vingt, 
qui  portent  tous  de  gros  épis.  Lorique  le  hll  des  ran- 
gées eil  en  épis,  on  lui  donne  un  fécond  labour  qui 
lui  fait  preixire  de  la  nourriture ,  en  forte  qu'il  fîeiuit 
& déileurit  promptement  5  &  s'il  furvient  des  chaleurs, 
il  mûrit  fubitement. 

Selon  cette  méthode ,  la  terre  étant  toujours  dégagée 
d'herbes  étrang  res,  la  plante  proiite  de  toutes  les  in- 
fluences deFatmcibbere.  llréfultecle  diverfes  expériences, 
qu'un  arpent  aink  cultivé  rapporte  un  tiers  de  plus 
de  bll  que  fuivant  la  méthode  ordinaire,  &  quelque- 
fois le  double ,  par  la  longueur  &  la  groffeur  des  tuyaux 
&  la  quantité  de  beaux  grains  qu'ils  contiennent.  On 
fait  entrer  en  ligne  de  compte  dans  cette  méthode  le 
prix  qu'il  en  coùteroit  pour  les  fumiers  que  l'on  emploie 
très-peu,  &  la  moindre  quantité  de  femenct  qu'on 
efl  obligé  d'employer.  On  a  l'avantage  de  recueillir 
trois  ans  de  fuite  du  bU ,  dont  le  rapport  eil  plus  grand 
que  celui  de  Tavoine;  car  la  récoke  d'avoine  n'eil 
eilimée  que  le  tiers  de  celle  du  froment,  C'eft  dans  le 
livre  de  la  Culture  des  terres  par  M.  Duhamel ,  qu'il 
faut  voir  un  détail  plus  ample  de  cette  méthode ,  de 
fes  avantages ,  de  la  réponfe  aux  objections  faites  contre 
cette   nouvelle  culture. 

Quoique  cette  méthode  ait  parfaitement  bien  réufîî 
à  quelques  Cultivateurs ,  les  difficultés ,  dit  M.  Dului-^ 
mel^  fe  multiplient  à  mefure  qu'on  veut  la  pratiquer 
plus  en  grand.  Un  Payfan  n'éprouvera  aucun  embarras 
à  la  pratiquer  lui-même ,  oL  fùrement  il  fe  procurera 
des  avantages  réels  ;  le  Fermier  au  contraire  qui  doit 
faire  prelque  toutes  fes  opérations  avec  des  charrues, 
y  trouvera  plus  d'embarras.  La  difficulté  fe  réduit 
cependant  à  avoir  l'adre^Te  d'exécuter  le  labour  dans 
des  bandes  de  terre  qui  ont  tout  au  plus  trois  pieds  & 
demi  de  largeur.  On  ne  doit  pas  efpcr  :r  d'y  réuflir 
dans  les  terres  trop  difficiles  à  cultiver.  Les  vrais 
principes  de  l'agriculture  étaiit  démontrés  dans  cette 


272  BLÉ 

nouvelle  méthode  ,  après  avoir  apperçii  le  but  oîi  îl 
faut  parvenir,  c'eft  à  chacun  d'imaginer  les  moyens 
d'y   atteindre. 

Des  circcnilances ,  qui  naiffent  de  la  diilribution 
des  terres,  rendent  dans  certains  endroits  cette  méthode 
impraticable.  Une  branche  de  cette  nouvelle  culture 
qui  eft  plus  aifée  à  pratiquer,  &  qui  pour  cette  raiiba 
eil  déjà  adoptée  par  plulieurs  Cultivateurs,  c'eft  Pufage 
du  nouveau  yc/7Z(?ir  qui  épargne  beaucoup  de  femence 
par  la  manière  dont  il  la  répand  ,  &  qui  procure  vme 
meilleure  récolte» 

On  a  obfervé  plus  haut  que  l'on  feme  le  hll  en 
automne  ;  il  levé  fort  vite ,  il  a  déjà  pris  du  corps  avant 
l'hiver,  auquel  il  réfifte  ordinairement  très-bien,  & 
cette  faifoû  lui  eft  très-favorable  pour  lui  faire  pouifer 
une  plus  grande  quantité  de  racines.  Si  on  ne  femoit 
le  hli  qu'en  Mars ,  il  ne  réufiiroit  pas  ;  aufîi  dans  la 
terrible  année  de  1 709 ,  les  hlis  ayant  été  gelés  par  une 
alternative  continuelle  de  gelées  &  de  dégels,  on 
fema  en  Mars  une  autre  efpece  de  hU^  que  l'on  nomme 
bU  barbu.  Voyez  ci-apûs  BlÉ  DE  MARS. 

Nous  voyons  tous  les  jours  que  prefque  chaque 
plante  eil:  appropriée  à  chaque  chmat  :  c'eft  donc  ici 
que  l'économie  de  la  Providence  eft  remarquable ,  en 
ce  que  notre  hll  ^  l'aliment  d'une  partie  de  l'efpece 
humaine,  foutient  également  les  deux  extrêmes,  le 
chaud  &:  le  froid.  Il  coït  aufîi  bien  en  Ecoffe  &:  en 
Danemarck,  qu'en  Egypte  &:  en  Barbarie. 

Maladies  du  blé. 

Avant  que  le  hU  parvienne  à  fa  parfaite  maturité  y 
il  eft  fujet  à  plufieurs  accidens  &  à  plufieurs  mala- 
dies. Lorfque  fon  épi  commence  à  fe  fermer,  il  fur- 
vient  quelquefois  des  vents  fi  impétueux,  qu'ils  brl- 
fent  ou  plient  la  paille  du  tuyau  ;  alors  la  fève  ne  peut 
plus  monter  dans  l'épi ,  le  grain  ne  prend  plus  de  nour- 
riture, ne  fe  remplit  point  de  feu-ine^  il  reiîe  petit  & 

menu  * 


B    L    Ê  â75 

îllenit ,  c^eft  ce  qu'on  nomme  des  blés  retraits.  La  même 
chofe  arrive  lorfque  les  blés  ont  été  nourris  d'humidité  ^ 
&  que  fur  le  champ  il  furvient  de  grandes  chaleurs  qui 
deffechent  la  paille  &  le  grain;  il  mûrit  fans  être  rem- 
pli de  farine ,  ce  que  l'on  appelle  blés  échaudés  &  retraits^ 
Si  les  vents  ou  les  pluies  qui  font  ainfl  verfer  les  blés 
furviennent  lorfque  le  grain  efi:  déjà  formé,  il  n'en 
réfulte  point  le  même  inconvénient.  Au  relie,  ces 
efpeces  de  blé  font  de  très-bon  pain,  mais  deux  facs 
de  blé  retrait:  ne  fournirent  quelquefois  pas  plus  de  pain 
qu'un  fac  de  bon  blé, 

La  rouille  (  rublgo  )  eft  une  maladie  des  blés  qui  con- 
lifie  en  une  fubflance  rouïïe ,  pulvérulente  ,  de  couleur 
de  rouille ,  qui  bouche  les  pores  des  feuilles  &  des  tuyaux 
du  froment  ,  6^  em.pêche  de  croître  les  parties  de  la 
plante -qui  en  font  attaquées.  Elle  y  produit  une  défor- 
ganifation^  &  noircit  les  tiges.  Cette  pouiîiere,  peu 
adhérente,  inodore  &  fans  faveur,  jaunit  tout  ce  qu'elle 
touche.  Si  la  rouilU  attaque  la  plante  avant  que  les 
tuyaux  foient  formés ,  le  mal  n'efl  pas  grand ,  il  croît 
d'autres  feuilles;  mais  ii  elle  attaque  les  jeunes  tuyaux, 
la  moilTon  en  foufire,  à  moins  qu'il  ne  furvienne 
une  pluie  abondante  qui  détache  la  rouille  &  lave  tous 
les  tuyaux  :  on  attribue  cette  maladie  à  des  brouillards 
fecs  ftiivis  d'un  foleil  ardent.  La  rouille  qui  fe  trouve 
aufîi  fur  les  feuilles  du  roiier  &  fur  celles  du  tithy- 
înale  à  feuilles  ds  cyprès  ,  reconnoît  la  même  caufe 
que  le  givre  des  plantes.  Voye^  ce  mot  à  la  fuite  de 
Varticle  ArbrE. 

La  coulure  efl:  une  autre  forte  de  maladie  At^  blé^% 
on  la  reconnoît  lorfqu'an  lieu  de  trouver  les  épis  rem- 
plis de  bon  grains  dans  toute  leur  longueur,  on  en 
trouve  l'extrémité  dépourvue,  ou  lorfqu'ils  ne  con- 
tiennent que  de  petits  grains  fans  farine.  Cette  mala- 
die eft  occaiionnée  par  un  défaut  de  fécondation;  s'il 
furvient  des  pluies  abondantes  &  de  gros  vents  lorf- 
que le  blé  eft  en  fleur,  toutes  ks  pouiîieres  des  éta-s. 
Tome  //,  ^ 


274  BLE 

mines  font  enlevées  par  ces  fluides,  &  la  graine  qin 
n'a  point  été  fécondée  rell:e  petite  6c  fans  farine.  On 
prétend  auffi  que  la  vivacité  des  éclairs  fait  couler  les 
blés,  M.  Duhamel  a  vu  ,  après  de  grands  orages ,  des 
arbres  perdre  toutes  leurs  feuilles,  6l  d'autres  mourir 
fans  qu'ils  paruffent  avoir  été  frappés  du  tonnerre.  La 
eelée  qui  attaque  les  épis  les  fait  aufîi  couler. 

La  n'ulU  &  le  charbon  font  deux  maladies  qui  ren- 
dent les  hUs  noirs.  Ces  maladies  ont  été  fouvent  con- 
fondues; elles  ont  cependant  des  caraâ:eres  qui  leur 
font  propres ,  &  qui  doivent  les  faire  diftinguer  l'une 
de  l'autre.  Il  efl  vrai  que  dans  les  années  cii  les  grains 
font  infectés  de  riidU  ,  on  trouve  ordinairement  beau- 
coup de  charbon, 

La  nklU  eft  une  maladie  qui  détruit  totalement  le 
germe  &  la  lubilance  du  grain.  Toute  la  partie  fari- 
neufe  du  grain  6l  fon  enveloppe  font  réduites  en  une 
poufîiere  noire  &  de  mauvaife  ocieur,  qui  n'a  nulle  confif- 
tancft.  Cette  poufîiere  légère  efl:  facilement  emportée  par 
les  vents  &:  lavée  par  les  pluies  :  elle  ne  peut  donc  point 
faire  de  tort  aux  grains  l'ai ns  que  l'on  enferme  dans  la 
grange,  &  il  ne  paroît  pas  même  que  cette  poufîiere 
foit  contagieufe  comme  celle  du  charbon, 

La  maladie  de  la  nidle  peut  fe  reconnoître  dès  les 
rûois  de  Mars  &  d'Avril ,  lorfque  l'épi  eft  encore  tout 
près  des  racines  &  n'a  que  deux  lignes  de  longueur  : 
en  le  développant  on  voit  que  l'embryon  étoit  déjà 
noir.  Lorfque  l'épi  fort  enluite  des  enveloppes  des 
feuilles ,  il  paroît  menu  &  m.aigre  :  les  enveloppes  des 
grains  font  tellement  amincies  ,  que  la  poufTiere  noire 
fe  manifeile  au  travers. 

Il  y  a  eu  grande  diverfité  de  fentimens  fur  la  véri- 
table caufe  de  cette  maladie ,  qui  paroît  être  la  même 
que  celle  du  givre.  Les  expériences  de  M.  Aimm  lui 
ont  fait  conclure  que  la  mo^ARiire  efl  une  des  caufe.; 
de  la  nldk.  Après  avoir  examiné  plufieurs  grains  d'orge, 
&  avoir  mis  à  part  ceux  fur  lefquels  il  appercevoit; 


BLE  27J 

des  taches  noires  ,  qui  à  la  loupe  fe  montroîent  cou- 
vertes de  moififfure ,  il  fema  ces  grains  ,  qui  tous  pro- 
duilirent  des  épis  nulles  ;  tandis  que  des  autres  grains 
mis  en  referve  ,  les  uns  ou  ne  levèrent  point ,  ou  ne 
produisirent  point  de  hielk,  (  Voyez  Us  Mémoires  pré" 
fiantes  CL  V Académie  ^  Tom,  ///,  iy(^o  y  pag.  ^j ,  6* 
To/rz.  If^,  pag.  36^3.  )  Cependant  les  expériences  de 
M.  Tillet  nous  affiirent  que  la  moiliiTure  ne  fe  com- 
nuinique  nullement ,  même  en  faupouarant  les  grains 
avec  cette  poufTiere  noire  ,  ëc  qu'elle  eil  due  à  un  vice 
interne  dont  la  blancheur  du  calice  ou  de  l'enveloppe 
extérieure  de  la  fleur  ,  indique  l'cxifLcnce  avant  Ion 
développement.  On  a  remarqué  dans  le  maïs  &  dans 
l'œillet  lauvage ,  que  ce  mal  commence  par  les  anthères, 
&:  pourroit  bien  être  une  maladie  différente  ;  car  dans 
les  autres  plantes  il  commence  par  le  réceptacle  de  la- 
fleur  y  fous  la  forme  de  petits  points  noirs  qui  gagnent 
peu-à-peu  les  autres  parties  de  la  fleur,  la  corolle  àc 
les  étamines ,  fans  attaquer  autrement  le  piflil  qui 
avorte  cependant  pour  l'ordinaire.  Des  Cultivateurs 
croient  avoir  reconnu  que  la  femence  du  hlé  qui  a 
mûri  &:  féché  fur  fon  pied ,  avant  d'être  fcié ,  n'eft 
que  peu  ou  point  fujette  à  la  nidle. 

Le  remède  pour  prévenir  cette  maladie,  ell  celui 
qui  convient  à  la  maladie  d^s  blés  charhonnés  dont  on 
va  parler. 

Le  charbon  (  ujîllago  ) ,  que  l'on  nomme  aufîî  carie 
ou  bojf^.  en  quelques  pays  ,  fur  -  tout  en  Beauce , 
cloque  dans  le  Vexin  ,  chambiiche  dans  le  Lyonnois  ,  &c. 
efl  une  maladie  beaucoup  plus  fiuiefte  &  contagieufe 
aux  blés  que  la  nielle.  Les  épis  attaqués  du  charbon^ 
font  d'abord  alTez  difîiciles  à  diflinguer  des  épis  fains  ; 
mais  lorfque  la  fleur  des  blés  cfl  pafTée  ,  ils  prennent, 
en  partie ,  une  couleur  d'un  vert  foncé  tirant  fur  le 
bleu ,  &;  deviennent  enfaite  blanchâtres.  Lorfqu'on  vient 
à  prefTer  ces  grains ,  qui  font  petits ,  &  qui  à  l'exté- 
rieur paroifTent  très- fains  ,  on  les  trouve  remplis  d'ime 

S  z 


':2L75  B     L      Ê 

matière  graffe  au  toucher ,  pulvérulente ,  bnuie  ,  tîranf 
ilir  le  noir ,  oC  de  mauvaile  odeur  ,  comme  la  pouiîiere 
•Se  la  vefTe-de-loup.  Une  partie  des  grains  cfiarbonnci 
efl  écrafée  par  le  fléau  ;  l'odeur  de  maquereau  pourri 
qui  s'en  exhale ,  rempliflant  dans  ce  moment  la  grange, 
incommode  les  Batteurs.  Cette  poufîiere  noire  infecle 
Jes  bons  grains  (k  s'attache  principalement  aux  poils 
-<jui  Ibnt  à  l'extrémité  du  grain  oppofée  au  ger;r.e ,  ce 
que  les  Fermiers  défignent  en  difant  que  ce  blé  a  le 
bout.  Ces  grains  ainfi  infe£lés  donnent  à  la  farine  une 
couleur  violette  ,  un  goût  &;  notamment  une  odeur 
défagréable.  On  a  oblervé  que  la  n'ulU  endommage 
Iqs  grains  beaucoup  plutôt  que  le  charbon  ,  &  que  le 
charbon  attaque  plus  particulièrement  l'avoine  que  le 
froment  ;  au  reile  ,  la  paille  des  épis  cariés  déplaît 
aux  beiliaux ,  ôc  fon  ufage  peut  même  leur  devenir 
préjudiciable, 

La  véritable  caufe  de  la  maladie  du  charbon  n'efl 
pas  encore  bien  connue  jufqu'à  préfent.  Quoi  qu'il  en 
îbit  5  l'expérience  dén:ontre  que  cette  maladie  cft  ccn- 
îagieufe  ;  6^:  il  a  paru  que  les  pailles  infedées  de  cette 
poufîiere  ,  mais  qui  n'étoient  point  réduites  en  fumier, 
communiquoient  cette  maladie  aux  grains.  La  conta- 
gion eil  encore  plus  feniible ,  lorfqu'on  mêle  avec  de 
la  terre  de  la  poudre  ^cpls  charbcnncs.  M.  Auncn  affure 
avoir  procuré  cette  maladie  par  la  pouiîiere  de  vcjfc 
dc-loup.  De  nouvelles  obfervations  à  cet  égard  pour- 
roient  donner  lieu  à  une  découverte  très-im.portante  , 
d'autant  mieux  que  cette  maladie  fe  communique  aux 
grains  d'autres  plantes  ,  comme  l'ivroie ,  &  récipro- 
quement. La  pcufTiere  noire  fi  contagieufe  pour  le 
froment ,  ne  Teft  ni  pour  \e  faille  ,  ni  pour  Vcrg:  carré. 
Le  blé  de  miracle  ou  de  Sniyrne  eft  moins  fulceptible 
de  cette  maladie  que  les  autres  grains;  mais  les  blés 
de  Mars  en  fouftrent  de  grands  dommages  ,  ainfi  que 
le  for^o  ou  ^rand  millet ,  ^^  la  perficahe  bridante.  On 
jpeut  confiiltcr  ^xx'^  Mémoire  fur  Us  animakuUs  du   blé 


B    L    Ê  277 

TdcJiinqm  ^  par  Dom  Maurice  Rofredi  ;  Journal  de  Phy- 
Jiqui  &  d'Hlfi.  Natiir.  Janvier  &  Mars   ijy5, 

A  une  année  abondante  en  charbon  ,  il  en  fuccede 
une  autre  où  on  n'en  trouve  prefque  pas  :  la  raifon 
en  eiî  que  les  grands  hivers  faifant  fans  doute  périr 
les  pieds  afFedés  du  charbon  ,  ils  arrêtent  les  progrès 
que  cette  maladie  pourroit  taire  fans  cette  heureufe 
circonflance.  On  peut  prévenir  le  charbon ,  en  chauffant 
le  grain  avant  de  le  femer  ,  c'efl-à-dire  ,  en  le  lavant 
dans  une  forte  lefTive  de  cendre  aiguifée  d'un  peu  de 
chaux  vive. 

Vcrgot  ou  le  clou  eft  une  autre  maladie  différente 
de  la  nidlc  &C  du  charbon  ,  qui  attaque  quelquefois  le 
fromeni  y  mais  plus  communément  \q  fei^^le.  Voyez  ce 
qui  en  eji  dit  à  rartick   Seigle. 

Les  Cultivateurs  ont  obfervé  qu'un  des  meilleurs 
moyens  pour  fe  garantir  des  blés  iioirs  ou  mouchetés  ,  eil 
de  leffiver  lafemence  dans  de  l'eau  de  chaux.  Cette  mé-, 
thode ,  quoique  très-bonne  ^  eft  quelquefois  infufHfante  : 
le  mieux  eft  d'avoir  recours  à  de  fortes  lelfives  alka- 
lines  ,  telles  que  celles  de  la  fonde  ,  de  la  potaffe ,  à.^% 
cendres  gravelées  ,  ou  des  cendres  ordinaires  ,  ou  bien 
à  une  forte  faumure  de  fel  marin ,  dans  lefquelles  on 
fait  paffer  le  bli  en  le  tenant  dans  des  corbeilles  ,  ainfi 
qu'il  réfulte  des  expériences  qui  en  ont  été  faites  à 
Trianon  par  M.  Tilkt ,  par  ordre  de  Louis  XV. 
M.  Duhamel  penfe  que  l'eau  de  la  leinve  qui  a  fervi 
à  blanchir  le  linge ,  en  la  fortifiant  avec  un  peu  de  foude 
&  doublant  la  dcfe  de  chaux  vive,  produiroiî  les 
mêmes  effets. 

\}xï  Cultivateur  intelligent  a  appris  par  l'expérience 
que  la  bonne  préparation  5c  l'excellente  culture  que 
l'on  donne  aux  terres  avant  de  femer ,  garantiffent  auffi 
beaucoup  des  blés  niellés.  La  plus  sûre  méthode  pour 
s'en  préferver  ,  eil  de  changer  de  femence  ,  & 
l'on  ellime  la  meilleure  celle  qui  vient  dans  les  terres 
fortes. 


27»  BLÉ 

Il  y  a  des  années  où  la  paille  du  hll  eft  parfemée 
de  taches  noires  ;  on  croit  que  ces  taches  font  des 
excrémens  d'infedes  qui  attaquent  la  paille.  Si  ces  in- 
fectes n'endommagent  la  paille  que  lorfque  l'épi  efl 
formé  ,  ils  ne  font  point  de  tort ,  mais  plutôt  ils  ren- 
deni:  le  blé  retrait  en  interceptant  la  nourriture.  Les 
récoltes  font  donc  plus  ou  moins  abondantes  ,  félon 
que  les  faifons  ont  été  plus  ou  moins  favorables  ,  &£ 
eue  ces  caufes  de  deftruétion,  ainii  que  quelques  au- 
tres ,  telles  que  les  mulots ,  vers  &  autres ,  n'ont  point 
eu  lieu. 

On  fait  que  le  blé  eft  une  plante  robulle  qui  réfifte 
très-bien  à  la  gelée  ;  on  obferve  mtme  que  les  récoltes 
font  plus  abondantes  lorsqu'il  y  a  eu  des  gelées  ,  qui , 
empêchant  Pherbe  de  pouilér ,  donnent  aux  racines  le 
temps  de  pouffer ,  de  croître  davantage  ,  &  de  fournir 
enluite  un  fuc  plus  abondant.  On  lit  dans  les  Mémoires 
de  r Académie  de  Stockholm ,  qu'on  a  oblervé  que  le  bU 
qui  avoit  paffé  l'hiver  fous  la  neige  battue  &  fcellée  , 
donnoit  une  récolte  plus  belle  àc  plus  abondante;  ce 
qui  indiqueroit  qu'il  feroit  peut-être  très  -  favorable 
de  fouler  la  neige  avec  des  rouleaux.  Ces  bons  e^itts 
font  attribués  à  ce  que  la  gelée  pénètre  plutôt  fous  de 
la  neige  battue  ,  que  fous  celle  qui  ne  l'eil  pas. 

Les  caradteres  dlftindifs  d'un  beau  blé  ^  font  d'être 
pefant ,  compade  ,  bien  mûr ,  d'un  jaune  clair  ,  bril- 
lant ,  {qc  ,  confervant  néanmoins  une  forte  de  fraîcheur , 
ce  que  les  Marchands  appellent  avoir  de  la  main.  Le 
hlé  retrait  fe  diffingue  au  premier  coup  d'ceil  :  on  re- 
connoît  que  le  blé  a  été  mouillé  ,  lorfqu'il  ell  d'un 
blanc  mat. 

Une  année  trop  humide ,  ainfi  qu'une  année  trop 
feche,  font  contraires  au  blé  ;  l'année  trop  fëche  dimi- 
nue la  quantité ,  car  les  blés  font  petits  ;  l'année  trop 
humide  eft  préjudiciable  à  la  qualité  &  non  à  la  quan- 
tité. On  reconnoît  encore  la  bonté  des  blés  à  la  quan- 
tité d'eau  que  boit  la  farine  lorfqu'on  la  pétrit.  Mais 


BLÉ  i79 

une  des  méthodes  les  plus  sûres  pour  diUlnguer  les 
bons  bUs  5  &  celle  à  laquelle  ont  recours  les  Boulangers , 
c'eft  de  comparer  leur  peianteur  fpéciiîque.  Le  blé  le 
plus  pefant  à  volume  égal ,  eil  toujours  le  meilleur  ; 
car  il  eii  bon  de  faire  remarquer  que  même  le  blé 
mouillé  a  une  pei'ameur  abfolue  moindre  que  le  blé 
bien  {qc.  Cette  diflerence  eil  même  fi  confidérable  , 
qu'un  feptier  de  bon  blé  6c  bien  {qc  pefera  deux  cents 
quatre-vingts  livres ,  au  lieu  qu'un  fèptier  de  blé  mouillé 
n'en  pefera  que  deux  cents  quarante. 

La  France  eil  de  toutes  les  contrées  la  plus  fertile 
en  froment  de  toutes  les  efpeces  ,  principalement  dans  les 
Provinces  qui  environnent  Paris;  entre  autres  l'Iile  de 
France ,  la  Brie  ,  le  Hurepoix ,  la  Beauce  &  le  Vexin. 

Lorfque  le  blé  a  été  récolté ,  battu  &  mis  dans  les 
greniers ,  il  demande  des  foins  pour  pouvoir  être  con- 
fervé ,  car  il  eil  fujet  à  être  attaqué  par  des  ennemis 
très-dangereux  ,  tels  que  rats ,  fouris  ,  teignes ,  charm- 
çons  6c  vers  de  blé.  Voyez  ces  mots, 

Confcrvation  du  blé. 

Le  charençGn ,  le  plus  grand  deilrudeur  du  blé  ,  fe 
nourrit  de  fa  fubilance  farineufe  :  cet  înfeQe  fe  mul- 
tiplie quelquefois  fi  prodigieufement,  far-tout  lorfqu'on 
a  mis  les  blés  en  grange  avant  d'être  parfaitement  fecs , 
qu'il  réduit  une  grande  quantité  de  blé  en  fon  ^  & 
qu'on  eil  obligé  de  ie  défaire  de  ces  blés  &c  de  les 
vendre  à  bas  prix.    Foyei  Charençon. 

La  teigne  e(l  un  petit  papillon  brun  qui  dépofe  fur 
les  tas  de  blé  des  œufs  d'oii  fortent  des  vers  qui  s'en- 
veloppent fous  des  grains  de  blé  qu'ils  réunifient  & 
qu'ils  détruifent.  Ils  commAmiquent  de  plus  au  blé  une 
odeur  défagréable ,  qu'on  défigne  en  dâfant  que  le  blé 
a  l'odeur  de  /rnte. 

Tous  les  moyens  propofés  iufqu'à  préfent  pour 
garantir  les  blés  àts  charencons  ^  font  ou  infaflifans  ou 
impraticables,  malgré  les  recheixhes  qui  en  ont  été 

S  4 


28o  B    L    Ê 

faites  par  les  Naturaliiles ,  par  les  Phyficlens  Se  par 
les  Amateurs  ou  bien  public.  L'expérience  faite  par 
M.  Duhamel^  de  renfermer  du  hU  attaqué  ^^%  chann." 
çons  dans  une  caiiTe  verniffée  d'huile  effentielle  de  téré- 
benthine ,  oii  les  ckarençons  fe  font  très-bien  maintenus, 
donne  lieu  de  fe  méfier  de  ces  prétendus  moyens  de 
les  faire  périr  ou  de  les  chaffer  avec  des  décodions 
d'ail  ou  d'autres  plantes  d'une  odeur  forte  &  défagréa- 
blc.  La  feule  vapeur  du  foufre  les  fait  périr  ,  mais 
communique  au  blé  une  odeur  défagréable.  Si  quelqu'un 
poiledoit  le  précieux  fecret  de  garantir  les  blés  de  ces 
infectes  deftruQeurs ,  dans  les  greniers  de  conilrudion 
ordinaire ,  l'amour  de  l'humanité  devroit  l'engager  à  le 
divulguer.  M.  Argond  a  déjà  propofé  de  répandre  fur 
le  plancher  d'une  grange  qui  ne  contiendra  alors  ni 
grains ,  ni  pailles  ,  ni  foins ,  quelques  facs  de  fourmil- 
lieres  ^  parce  qu'auffi  -  tôt  les  fourmis  fe  mettent  en 
quête  de  tous  les  côtés  ,  attaquent  &  dévorent  en  peu 
de  jours  tous  les  ckarençons  :  il  fuffit  de  balayer  enfuite 
^c  de  îranfporter  ailleurs  la  terre  des  fourmillieres  , 
pour  que  les  fourmis  elles  -  mêmes  difparoiffent.  On 
peut  tenter  ce  moyen  aux  approches  de  la  Saint- Jean. 
L'ufage  ordinaire,  qui  ne  fait  que  diminuer  le  mal 
fans  le  détruire  dans  fa  fource,  eft  de  remuer  le  b/é 
fréquemment ,  de  le  cribler  &  de  le  pafTer  fur  un  gril- 
lage de  fil  de  fer  en  plan  incliné,  dont  les  fils  font 
adez  ferrés  pour  que  le  bon  grain  ne  faiîe  que  couler 
deiliis ,  tandis  que  le  grain  vermoulu  &  les  ckarençons 
paiTent  entre  les  fils,  font  reçus  dans  une  poche  de 
peau ,  &c  fe  trouvent  ainfi  féparés  d'avec  les  bons  grains. 
Dans  quelques  Provinces  on  mêle  des  grains  de  millet 
avec  les  b/és ,  parce  qu'on  a  remarqué  que  les  ckarençons 
s'attachent  par  préférence  à  ces  grains.  On  a  enfui  te 
lin  crible  fait  exprès,  fur  lequel  on  jette  les  blés  qui  y 
font  retenus ,  ôc  le  millet  avec  fa  poulTiere  pafîe  à  tra- 
vers. Dans  l'Ouvrage  qui  a  remporté  le  prix  propofé 
par  la  Sccicté  cT Agriculture  de  Limoges  j  fur  la  manlen 


B    L    Ê  iSi 

c/c  détruire  ks  ckarmçons ,  on  lit  que  ces  înfedes  aimant 
ia  tranquillité ,  pour  peu  qu'on  les  inquiète  en  remuant 
le  blé  ^  &i  qu'ils  ne  fe  lentent  pas  en  lureté ,  ils  percent 
les  grains  où  ils  ont  pris  naiffance ,  ils  fortent ,  ils  les 
quittent,  6c  cherchent  à  fe  procurer  un  autre   abri, 
C'eil  fur  quoi  font  fondés  la  plupart  des  bons  eifets 
qui  réfultent  du  pellage  du  hié;  des  qu'on  les  remue 
vigoureufement  à  la  pelle  ,  ces  infeûes  commencent  à 
fuir  ;  ils    grimpent     même    aux    murailles ,    loriqu'il 
s'y  en    trouve    d'oppofées    à   leur    paflage;   6c    dès 
qu'ils    font  parvenus   à  la  hauteur  ,  ils  s'en   précipi- 
tent fans  rien  craindre ,  à  caufe  de  la  folidité  de  leur 
cuiralTe;   après    leur   chute    on   les   voit   quelquefois 
immobiles,  non  par  rufe  ou  pour  contrefaire  les  nicrts, 
comme    il  leur  arrive  quelquefois,   mais    par   étour- 
diiTement;  ils  en  reviennent  peu-à-peu  dans  l'intervalle 
de  deux  minutes  ,  &  ils  continuent  leur  marche  du  côté 
où  rien  ne  s'oppofe  à  leur  paffage  6c  à  leur  fuite.  On 
eil;  quelquefois  étonné   de  voir  fortir   des  eifaims   de 
àiarençons  d'un  tas  de  blé,  qui  peu  auparavant  a  voit 
paru  bien  fain  ,  6c  qui  cependant  eit  prefque  à  moitié 
rongé.  Les  channçons  n'aim.ent  pas  feulement  la  tran- 
quillité, mais  encore  l'obfcurité.  Ils  fuient  conftamment 
la  lumière,  &  s'ils  habitent  de  préférence  le  zbl.'k  du 
midi  y  il  n'en  eil  pas  moins  vrai  qu'ils  afîedent  l'endroit 
du  grenier  le  plus  abrité ,  le  plus  reculé  &  le  plus  obf- 
cur.  Voilà  le  principal  motif  pour  lequel  les  chann- 
çons fe  plaifent  dans  le  bli ,  pour  y  faire  leur  ponte  6c 
s'tn  nourrir.  Les  grains  de  ce  végétal  fort  rapprochés  par 
leur  petitefîe ,  les  dérobent  entièrement  à  la  clarté  du 
.jour,  à  une  profondeur  cependant  peu  confidérable , à 
deux  ou  trois  pouces  au  plus.  Dans  Thiver  ces  animaux 
reilent  tapis,  &  fans  bouger,  , dans   des  trous  où  ils 
ne  mangent  pas.  Dès  le  mois  d'Avril  ils  fe  mettent  en 
quête  ;  vers  les  fept  heures  du  matin  ils  mangent  avec- 
avidité  &  fans  relâche ,  ce  qui  prouve  leur  ht  foin  ;  en 
cette  faifon  ils  ne  pourroient  pas  même  refier  huit  jours 


282  BLE 

fans  prendre  de  nourriture ,  ils  quittent  volontiers  le  hli 
quand  ils  trouvent  un  autre  aliment  plus  tendre ,  de  leur 
goût ,  6c  la  liberté  du  choix.  Ils  ne  préfèrent  le  blé  que 
pour  y  dépofer  leurs  œufs.  Au  printemps  &.  en  été ,  le 
grain ,  par  fa  fermeté ,  par  fa  configuration ,  par  fa  peti- 
tt^e ,  ell:  de  toutes  les  iubftances  peut-être  la  plus  pro- 
pre pour  conferver  leurs  petits ,  depuis  la  ponte  julqu'à 
leur  métamorphcfe.  L'on  a  obfervé  qu'on  ne  trouve 
guère  dans  le  bU  que  des  charençcns  jeunes.  Ceux-ci  ne 
s'en  vont  qu'après  avoir  dépofé  à  leur  tour  une  ponte, 
ik  leurs  générations  en  font  de  même.  Pour  cela  la 
femelle  fait  une  piqûre  (  avec  fa  trompe ,  qui  eft  com- 
pofée  d'anneaux  oC  armée  d'un  dard,  )  à  la  peau  du 
grain ,  qui  la  tient  un  peu  foulevée  en  cet  endroit ,  & 
y  forme  une  éruption  prefque  infenfible.  Ces  fortes  de 
trous  ne  font  point  perpendiculaires  à  la  lurface  du 
grain,  mais  ils  font  obliques  ou m^éme parallèles.  La  fe- 
melle ne  dépofe  ordinairement  dans  le  grain  de  blé  qu'un 
œuf,  au  plus  deux.  Dans  les  grains  des  végétaux  qui 
font  plus  volumineux ,  elle  y  en  dépofe  trois  &  quatre  : 
leur  multiplication  eft  prodigieufe.  On  a  démontré  que 
deux  chcu-cnçGîis ,  un  mâle ,  l'autre  femelle ,  peuvent 
produire  depuis  le  1 5  Avril  jufqu'au  1 5  Septembre , 
tant  par  eux  que  par  leur  génération,  lix  mille  qua- 
rante-cinq individus.  Les  jeunes  vers  une  fois  éclos, 
s'enfoncent  dans  le  cœur  du  srain,  en  ronsreant  tou- 
jours  devant  eux;  les  avenues  de  ces  trous  font  toujours 
remplies  par  les  excrémens  qu'ils  laiûent  après  eux ,  & 
qui  ne  différent  prefque  point  en  couleur  ni  en  confi- 
ilance  de  la  fubilance  du  grain  :  on  diroit  d'une  poudre 
grenue  que  l'on  reconnoît  en  la  froiiTant  entre  les  doigts. 
Le  charmçon  fortant  de  Tétat  de  nvniphe ,  eil  tout  blanc , 
comme  tranfparent  ;  mais  bientôt  il  acquiert  de  la 
confiflance  &:  une  couleur  de  châtain  clair,  tant  qu'il 
TQ^ïç:  dans  le  grain.  Efl-il  expofé  à  l'air ,  il  devient  brun. 
On  ne  peut  trop  admirer  ,  à  l'aide  du  microlcope,  la 
manière  avec  laquelle  le  channçon  fait  fon  trou  pour 


BLÉ  28î 

fortir  du  grain  où  il  a  fiibi  {es  développemens.  Le  mé- 
canifme  du  bout  de  ia  trompe  efl  fort  fingulier.  On 
croit  y  voir  deux  efpeces  de  mâchoires  tout-à-fait 
noires ,  qui  s'ouvrent  horizontalement ,  &  raclent  avec 
une  viteiîe  &c  une  adivité  étonnantes.  Confultez  le 
Journal  d'Hiflcin  Naturelle  par  yi.V^hé  Rozier,  Mois 
de  Janvier  7772. 

La  Méthode  qu'on  emploie  ordinairement  dans  la 
plupart  des  Provinces  pour  conferver  les  blés^  eil  fujette 
a  des  déchets  &  à  des  frais  confidérables,  &  demande 
des  bâtimens  fpacieux  lorfqu'on  veut  en  conf^^rver  de 
grandes  quantités;  fans  compter  qu'il  eil  expofé  à  la 
rapacité  d'un  très-grand  nombre  d'animaux.  M.  Duha- 
vid  a  imaginé  une  forte  de  machine  qu'il  appelle  un 
grenier  de  conf.rvation  ,  ek  qui  mérite  par  fon  utilité  ,  la 
plus  férieufe  attention  &  les  plus  grands  éloges.  Cette 
machine  a  l'avantage ,  i  .^  de  renfermer  une  très-grande 
quantité  à-e  froment  dans  le  plus  petit  éfpace  poiilble; 
2.°  d'empêcher  qu'il  ne  fermente,  qu'il  ne  s'y  échaulTe, 
qu'il  n'y  contrarie  un  mauvais  goût  ;  3.° de  le  garantir  de 
la  voracité  des  rats ,  des  fouris ,  des  oifeaux,  fans  1  expo- 
fer  à  être  endommagé  par  les  chats  ;  4."  de  le  préferver 
àes  mites ,  des  teignes ,  des  charençons ,  &  de  toute  efpece 
d'infeftes;  5.^  de  le  conferver  aulli  long-temps  qvJoïi 
voudra ,  &  cela  fans  frais  &  fans  embarras.  On  va  don- 
ner une  légère  idée  de  fes  curieufes  recherches;  mais 
c'efl  dans  fon  Traité  de  la  confervation  des  grains  qu'il 
faut  voir    ce  détail  fi  intéreffant. 

M.  Duhamel  a  donné  des  defcriptions  de  greniers  de 
toutes  fortes  de  grandeurs ,  depuis  celui  qui  fufôt  ]>our 
la  fubfifîance  d'une  famille,  jufqu'à  celui  qu'il  faudroit 
pour  l'approvifionnement  d'une  ville  entière.  Voici 
l'idée  d'un  grenier  de  moyenne  grandeur ,  propre  à  con- 
tenir mille  pieds  cubes  de  f:oinent  :  il  eÛ  bon  d'obfer- 
ver  que  pour  les  conferver  fuivant  l'ufage  ordinaire ,  il 
faudroit  un  grenier  de  cinquante-neuf  pieds  de  long  fiîr 
dix-neuf  de  large.  Le  grenier  dppt  il  s'agit  doit  être  fait 


iS4  BLÉ 

à-pcu-près  comme  une  grande  calfîe,  à  laquelle  Oîf 
donne  treize  pieds  en  carré  ilir  fix  de  haut  :  on  fait 
avec  de  fortes  planches  les  côtés  &  le  fond  :  on  la 
poie  fur  des  chantiers.  A  quatre  pouces  de  ce  premier 
fond,  on  en  fait  un  autre  de  deux  rangs  de  tringles 
qui  fe  cro'fent  à  angles  droits  ;  on  le  recouvre  d'une 
forte  toile  de  crin,  qui  empêche  le  blé  de  s'échapper, 
&  laiiTe  à  Pair  un  pafTage  libre.  A  la  partie  fupérieure , 
de  cette  caiffe ,  on  fait  un  couvercle  plein ,  pour  empê- 
cher les  fouris  &  autres  anim.aux  d'y  entrer  :  on  y  prati- 
que feulem.ent  quelques  trous  qni  s'ouvrent  &C  fe  fer- 
ment à  volonté  :  on  m.et  le  b/é  dans  cette  grande 
caiffe;  &  pour  le  conferver,  en  fait  jouer  des  foufflets. 
Un  homme  peut  faire  jouer,  à  l'aide  d'un  levier,  deux 
de  ces  foufUeîs  imaginés  par  M.  Haks ,  6^  auxquels  il 
a  donné  le  nom  de  vmtïlauurs.  Ce  fouifiet ,  appliqué 
fi  heureufement  par  M.  Duhamel  à  (on  grenier  de  con- 
fcrvation,  afpire  l'air  extérieur,  &,  par  le  moyen  d'un 
porte-vpnt,  introduit  l'air  par  un  trou  pratiqué  au  fond 
de  la  caiffe.  L'air,  pouffé  vivement  dans  l'efpace  qui  fe 
trouve  entre  les  deux  fonds ,  traverfe  rapidement  le  grain  , 
fe  charge  de  l'humidité,  &  fort  par  les  ouvertures  du 
couvercle  fupérieur  :  le  vent  traverfe  fi  puiffamment 
le  froment^  qu'il  élevé  des  grains  jufqu'à  un  pied  de 
hauteur. 

Comme  dans  nos  pays  &  dans  tous  les  pays  Septen- 
trionaux les  blés  font  toujours  humides,  M,  Duhamd 
exige,  avant  de  mettre  le  grain  dans  le  grenier  de  con- 
fervaticn,  de  lui  donner  deux  préparations  :  la  pre- 
mière, celle  du  nettoiement;  la  féconde,  celle  de  le  faire 
paffer  à  Tétuve.  La  manière  dont  nous  avons  dit  que 
l'on  s'y  prenoit  comimunément  pour  la  confervation 
des  grains,  continuée  pendant  une  année ,  fufHt  lorfqu'on 
ne  met  que  peu  de  grains  dans  le  grenier  de  conferva- 
tion; mais  lorfque  la  quantité  de  ^/V  eff  grande,  après 
avoir  paffé  le  grain  à  travers  les  cribles,  on  peut  le  laver 
dan:;  l'eau ,  6c  le  mettre  fécher  dans  une  ctuye.  Le  hU  y 


BLÉ  2S5 

perd  toute  fon  humidité  :  la  chaleur  de  l'étuve  fait 
périr  les  teignes  fans  exterminer  les  charcriçons  ;  mais 
toutes  les  expériences  donnent  lieu  de  penfer  qu'ils  ne 
peuvent  fe  multiplier  dans  le  grenier  de  confervation, 
parce  que  le  blé  y  eft  tenu  dans  un  état  de  fraîcheur 
contraire  à  leur  multiphcation. 

Un  Fermier  qui  n'auroit  que  mille  pieds  cubes  de  fro- 
ment à  conferver,  peut  condruire  à  peu  de  frais  une 
petite  étuve  de  cinq  à  lix  pieds  en  carré  avec  des  claies, 
&  réchauffer  par  le  moyen  d'un  grand  faurneau  de  tôle 
où  il  mettroit  du  charbon.  On  ne  dépenfe  que  pour 
vingt  à  trente  fous  de  bois  pour  étuver  deux  cents  pieds 
cubes  à^  froment.  La  chaleur  de  Fétuve  pour  le  parfait 
dcfféchement,  doit  être  de  cinquante  à  foixante  degrés; 
on  reconnoîfque  le  hic  ell  bien  hc^  lorfqu'en  le  caiTant 
fous  la  dent ,  il  rompt  comme  un  grain  de  riz ,  fans 
que  la  dent  y  fafTe  impreiTion.  C'eA  dans  les  fources 
même  qu'il  faut  puifcr  un  plus  grand  détail  de  tous 
ces  objets. 

Malgré  les  grandes  difficultés  qui  fe  rencontrent  dans 
la  conservation  des  grains ,  on  a  l'exemple  d'un  m_a- 
gafm  dans  la  citadelle  de  Metz ,  011  le  blé  g\\q  le  Duc 
à^Epernon  y  avoit  fait  dépofer ,  s'efl  ccnfervé  dans 
fon  entier  pendant  cent  trente-deux  ans,  ainfi  qu'on 
l'apprit  par  la  date  marquée  fur  le  /'/Vmeme.  En  1707, 
on  en  fit  du  pain  qui  fut  trouvé  très- bon;  Louis  XÎV 
en  mangea  &  plufieurs  perfonnes  de  fa  Cour.  Il  s'étoit 
formé  à  la  furface  du  tas  de  ce  grain ,  une  croûte  qui 
contribua  le  plus  à  fa  confervation.  On  dit  qu'à  Metz 
les  Habitans  font  dans  l'uiage  de  conferver  ainii  du 
hlè  dans  des  m^agafms  fouterrains ,  ayant  grand  foin 
d'y  former ,  par  le  moyen  de  la  chaux  ,  wno.  croûte 
fupcrfîcielle.  Le  blé  qui  efl:  far  la  furface  du  tas ,  germe , 
&  poufle  une  tige  qui  périt  l'hiver  ;  après  cela  on  cil 
sûr  que  le  tas  de  hlè  le  confervera  :  on  n'y  regarde 
plus  que  lorfque  la  nécefiité  prefTe  les  Habitans.  Lor§ 
de  ia  maladie  de  Loids  XV  y  à  Metz  5  en  17443  on 


286  B    L     Ê 

fit  avec  du  hU  gardé  un  iiecle  &  demi,  du  paîn  que. 
feu  Mgr.  le  Dauphin  goûta  &  trouva  excellent. 

Dans  toute  TAfrique  on  conferve  les  grains  dans 
des  puits  très-profonds ,  creufés  au  milieu  des  rochers , 
&  qui  font  fecs  en  tout  temps  :  les  Arabes  les  nom- 
ment mattamons.  L'entrée  de  ces  puits  eft  fort  étroite  ; 
ils  vont  en  s'élarglfTant  ;  on  en  tapiffe  le  fond  avec 
de  la  paille  feche  avant  que  d'y  jeter  le  grain  :  lorfqu'ils 
font  pleins  ,  on  les  ferme  d'une  manière  bien  fimple , 
avec  de  petits  morceaux  de  bois  bien  entrelacés  ,  fur 
lefquels  on  jette  du  fable,  &  par-deffus  quatre  pieds 
de  bonne  terre  en  talus ,  afin  que  l'eau  de  pluie  n'y 
féjourne  pas.  Les  blés  fe  confervent  dans  ces  fouter- 
rains  un  temps  confidérable  fans  fe  gâter ,  ni  fe  cor- 
rompre. Il  arrive  même  quelquefois  que  les  proprié- 
taires ,  qui  ont  tout  à  craindre  fous  une  domination 
arbitraire  &  defjjoti que ,  n'en  ofent  faire  aucun  ufage , 
&  qu'on  ne  les  retrouve  que  plufieurs  années  après 
leur  mort. 

En  L'kraine  &  dans  le  Grand-Duché  de  Lithuanie , 
les  Habitans  ne  ferrent  leurs  bUs  que  dans  de  fem- 
blables  greniers  fouterrains  ;  mais  ils  ont  foin  de  ne 
point  ouvrir  ces  foifes  à  blé  tout  d'un  coup,  &  de 
les  éventer  par  degrés,  fans  quoi  il  en  lortiroit,  dit- 
on  ,  des  exhalaifons  (i  meurtrières ,  qu'elles  étouffe- 
roient  tous  ceux  qui,  par  ignorance  ou  par  mcgdrde, 
fe  trouveroient  expcfés  à  cette  ouverture  :  c'  ft  ce  que 
l'en  apprend  de  M.,  Dijl^ndes  ^  dans  fon  Traité  fur  la 
manicre  de  conjèrver  les  grains.  L'ufage  des  mattamores 
ell  certainement  d'un  grand  avantage  ;  en  cas  d'incen- 
dip  ,^  la  perte  de  l'habitation  n'entraîne  point  celle  des 
fuhiifl:ances ,  malheur  trop  ordinaire  dans  nos  pays. 
Voye:^  maniunant  P article  Farine.  Confu^tez  aufîi  les 
Obfcrvations  f'ir  les  blés  germes  ,  par  le  Comité  de  t Ecole 
gratuite  de  BouUmprie  ,  à  Pa:is  ;  &  Recherches  fur 
l^originc  des  mattamores  ,  par  M,  le  Baron  de  Servieres, 
Journ^  de  Phyf  Dec.  i/S'j. 


B    L    È  î§7 

Blé  d'abondance.  Foyei  Blé  de  miracle. 

Blé   barbu  ou  SorGO.    Foyei  aux  articles  MiLLET 

&  Blé  de  Mars. 

Blé  de  Guinée.  Voyci  Millet. 

Blé  d'Inde  ou  Blé  d'Espagne.  Foyci  Blé  de 
Turquie. 

Blé  ergoté  ou  cornu.  Foyci  VankU    Seigle. 

Blé  de  Mars  ,  Tritlcum  œjîivîim,  C'eft  une  efpece 
de  ^Qtit fromzm  qu'en  ne  fenie  guère  qu'au  printemps, 
&  que  l'on  récolte  dans  la  même  faiibn  que  le  blé 
ordinaire  qu'on  a  Icmé  en  automne.  Il  y  en  a  de  deux 
efpeces  ;  l'une  qui  a  les  balles  renflées ,  velues  &  garnies 
de  longues  barbes  ,  &  que  l'on  nomme  bU  barbu  ro?/ge  , 
Trilicum  ariflis  drcumvallatum  ,  granïs  &fp'icâ rubmtïbus , 
glianis  lœyibus  &  fpïtndmtïbus  ,  Pvaii  Slnopf.  224  ;  &: 
l'autre  qui  eli  ras  ,  c'eft-à-dire ,  à  balles  non  velues. 
Tous  les  deux  donnent  une  bonne  farine ,  mais  rendent 
peu.  Ces  efpeces  de  bll  ont  été  d'une  grande  relTource 
en  1 709  ;  comme  les  bUs  furent  gelés  ,  on  fema  , 
après  l'hiver  ,  de  ces  bUs  ,  qui  donnèrent  leurs  épis  en 
abondance  au  mois  d'Août;  au  lieu  que  le  bU  d'au- 
tomne, ,  que  l'on  femercit  en  Mars ,  ne  donneroit  que 
peu  de  tuyaux  &  des  épis  fort  petits,  dans  lefquels 
le  grain  feroit  à  peine  formé ,  à  moins  qu'après  le 
printemps  il  ne  furvînt  un  temps  des  plus  favorables 
pour  le  froment. 

La  paille  du  bU  barbu  diffère  effentiellement  de  celle 
du  /'/t/ ordinaire  ;  car  elle  eft  pleine  de  moelle  ,  &  n'ell 
creufe  que  vers  le  pied  ;  aulfi  cette  efpece  de  blé  étaat 
fur  pied,  eft-elle  moins  fii  jette  à  être  attaqué  par  les  in-- 
fedes  ;  ou  fi  la  paille  l'efl,  le  grain  n'en  fouifre  point, 
Ôi  efl  toujours  plein,  dur  &  pefant. 

Dans  les  hivers  doux ,  les  blés  de  Mars  ne  périfTent 
point,  &  dans  ce  cas  ceux  qu'on  a  femés  en  automme 
viennent  plus  beaux,  &:  donnent  plus  de  gra'ns  que 
ceux  qu'on  a  femés  vers  le  printemps.  Ces  bUs  font 
auffi  llijeîs  à  la  nielle  que  les  bUs  ordinaires, 


288  .^    L    È 

Deux  raîjfons  empêchent  les  Fermiers  de  femer  beau^ 
coup  de  ces  blés  de  Mars  ;  l'une ,  parce  que  quand  ils 
font  à  leur  maturité ,  ils  s'égrènent  trop  ailemcnt  ; 
&  la  féconde,  parce  que  s'il  falloit  femer  leurs  blés 
dans  le  temps  de  Mars  ,  ils  ne  pourroient  fufnre  à 
tous  leurs  travaux.  Il  ell  cependant  effentiel  que  les 
Fermiers  en  recueillent  une  certaine  quantité  pour  fcrvir 
de  reiTource  dans  les  cas  malheureux. 

Blé  de  Miracle , Tridcum fpkd multiplia ^Q. Eauh, 
Tourn.  Inil.  511;  Triùcum  tiirgldum ,  Linn.  Cette  ef- 
pece  de  blé  ^  qu  on  nomme  aufli  blé  de  Smyrm^  (^abon- 
dance ou  de  Providence^  produit,  outre  l'épi  principal, 
des  épis  latéraux.  Il  n'eft  pas  rare  de  voir  des  trouffes 
de  ce  blé  compofées  de  trente-fix  tuyaux  ou  chalu- 
meaux ,  &  chaque  chalumeau  avoir  dix  épis  ,  dont 
l'un  occupe  le  milieu.  Tous  ces  épis  de  chaque  cha- 
lumeau réunis  forment  un  volume  plus  gros  qu'un 
ceuf  de  poule  ordinaire.  Chaque  épi  contient  trente , 
trente-cinq  à  quarante  grains  ,  &  le  total  des  épis  efl 
de  trois  cents  cinquante  grains  ou  environ;  &  le  pro- 
duit total  àts  trentc-fix  brins  ou  chalumeaux  fera  de 
douze  mille  fept  cents  quatre-vingts  grains  ou  environ , 
pour  la  fécondité  d'un  feul.  C'eft  fans  doute  de  ce 
blé  dont  le  Gouverneur  de  Byzance  envoya  à  Néron 
une  trouiTe  compofce  de  trois  cents  quarante  tiges* 
C'ell  probablement  le  mcme  que  F  une  cite ,  &:  dont 
nous  avons  fait  mention  à  l'article  Bléfioj::ent.  De  fept 
livres  de  femence ,  on  en  a  retiré  quatre  cents  trente 
livres  de  grains,  dont  on  a  fait  de  bon  pain.  Suivant 
M.  Bourgeois ,  on  crue  le  blé  de  Smvrm  comme  Torae 
ci  1  avome ,  2c  on  en  fait  d'excellentes  fcupes  ;  mais 
ce  gram  ne  peut  réufiir  que  dans  les  terres  fubilan- 
tiellcs  ,  bien  amendées  oc  bien  cultivées,  parce  qu'il 
demande  beaucoup  de  nourriture  ;  femé  dans  des  terres 
trop  maigres  ou  trop  fechcs ,  il  n'a  prefque  pas  d'épis  ra- 
tneux.  On  feme  ce  blé  en  autom.ne;  mais  étant  femc 
en  Mars ,  Iqrfque  la  faifoa  devient  favorable ,  c'eft-à- 


BLÉ  289 

éite ,  îorfquVlle  cft  chaude  &c  légèrement  humide ,  il 
produit  dcivanlage  que  le  l^U  de  Mars  ,  que  l'on  leme 
au  printenips.  Ce  hlé  a  encore  un  avantage  fmgulier  , 
c'eft  de  n'être  pas  iujet  au  charbon  :  on  a  feulement  la 
précaution  de  l'enfoncer  avec  la  herfe  un  peu  plus 
avant  que  le  blé  ordinaire  ,  parce  qu'il  prend  plus  de 
racine.  Il  ne  doit  pas  être  femé  fi  dru  que  le  froment. 
Huit  boiileaux  faffifent  pour  cnfemencer  un  arpent. 
Ce  ferbit  bien  ici  le  cas  de  dire ,  O  fcrtunatos  nimiùm  , 
fua  Ji  kona  nôrlnt  „  agrkolas.  On  connoît  aufli  \\n  défa- 
yantage  dans  ce  blé ,  c'eil  que  les  lièvres  en  font  fort 
friands  lorfqu'il  efr  jeune  ,&  qu'ils  le  détruifent  prefque 
entièrement ,  fi  on  n'a  pas  foin  de  les  éloigner  ;  & 
quand  il  efl  à  fa  maturité ,  la  force  de  fa  paille  eil 
lelle  5  que  les  oifeaux  s'y  perchent  &  en  dévorent  tous 
les  grains  :  on  efi  pour  lors  obligé  d'avoir  recours  à 
des  épouvantails.  Les  gelées  fortes  lui  font  aufli  quel- 
quefois préjudiciables.  Le  blé  de  miracU  eft  à-peu-près 
de  la  même  groffeur  que  le  blé  de  Mars  ;  mais  fon  poids 
excède  d'un  douzième  celui  du  froîmnt  ordinaire.  Au 
xdà.t ,  le  blé  de  Smyrm ,  luivant  M.  Adanfon  ,  peut 
£tre  qualifié ,  préférablement  à  toute  autre  plante ,  d'^/- 
pece  nci.ivdk.  C'eil  une  m-onflruofité  par  excès  &  plus 
confiante  dans  la  multiplication  qu'aucune  autre  ;  néan- 
moins fi  on  néglige  fa  culture ,  il  rentre  bientôt  dans 
Teipece  dont  il  efî:  originaire  ,  qui  eiî  en  épi  fimple 
.ëc  régulièrement  conformé. 

Bl£    noir.  Voyei_  à  l'article  SarrasîN. 

Blé   de  Providence.  Koyei  Blé  de  miracle.. 

Blé    rouge.   Voyc^   à  L'article  SarRASîN. 

Blé    de  Smyrne.  ^oyei  Blé  de  miracle. 

Blé    trÉmois.  C'eil  le  fiigle  d'été. 

Blé  de  Turquie  ou  Blé  d'Inde  ,  connu  au/ïï 
fous  le  nom  de  maïs.  On  donne  à  cette  plante  eu- 
rieufe  &  utile  le  nom  de  blé  d'Inde  ,  Triticiim  Indiciim  ; 
Frumentum  Indicum  ^  May  s  dlcliun  ^  C.  B.  Pin.  25  ; 
Zea  mays .^  Linn.  1378  y  parce  qu'elle  tire,  dit-on, 
'       Toine   IL  ■  •  î 


îço  BLÉ 

fon  origine  des  Indes ,  d'où  elle  fut  apportée  en 
Turquie  ,  Trhicum  Turcicum  ,  &  de  là  dans  toutes 
les  autres  parties  de  l'Europe  ,  de  l'Afrique  &  de 
l'Amérique.  On  donne  à  cette  plante  ,  dans  la 
Guienne  ,  dans  l'Angoumois  &  dans  le  Limoufin 
où  on  en  cultive  ,  le  nom  de  LU  d'Ej pagne.  Maïs 
efî:  le  nom  Américain.  Quelques-uns  l'appellent  au/îi 
gros  milUt  ;  (  en  Allemand  ,  TurJdjcIur  wcu:ien  ;  en 
Anglois  ,  îndian  Wluat  ;  en  Italien  ,  Mallga ,  Mdlica , 
Sagg'na.  ) 

Cette  plante  poufTe  une  grofTe  tige  roide ,  noueufe, 
haute  de  quatre  à  fix  pieds,  bi  pleine  d'une  moelle 
blanche  qui  a  le.  goût  fucré.  Elle  porte  llir  le  même 
pied  des  fleurs  mâles  &  femelles  ,  mais  fans  pétales  ; 
les  fieurs  mâles  font  au  fom.met  de  l'épi  ,  compofées 
de  trois  étamines  ou  blanches,  ou  jaunâtres,  ou  pur- 
purines ,  &  formées  d'un  grand  nombre  de  panicules. 
Des  nœuds  des  tiges  fortent  des  tuniques  compofées 
de  plufieurs  feuilles  ;  &  du  fomimet  de  ces  tuniques  , 
il  fort  de  longs  filamens  qui  font  autant  de  piflils  ,  au 
bas  defquels  font  les  embryons  de  chaque  graine.  Lorf- 
que  les  étamines  font  m.ûres ,  elles  s'ouvrent  &  fé- 
condent ces  piflils  qui  font  au-deiTous.  Les  feuilles  du 
Hé  d^Indd  font  engainées ,  d'un  beau  vert,  très-longues , 
larges  d'un  à  trois  pouces ,  &  femblables  à  celles  du 
roleau  ;  fes  racines  font  nômbreufes  ,  dures ,  blanchâ- 
tres ,  fibreufes  &  traçantes. 

La  tige  fraîche  de  cette  plante  ,  efpece  de  grami- 
r.ée ,  eft  de  couleur  de  vert  d'eau ,  &  contient  un  fuc 
de  même  que  la  canne  à  fiicre  ;  on  en  peut  faire  un 
firop  très-doux,  &  qui  a  1-  véritable  goût  du  fucre. 
On  propofe  ,  dans  les  Mémclres  de  VAcadîmic ,  d'efiayer 
s'il  ne  pourroit  point  le  crillallifer  comme  le  fuc  de 
ia  canne  à  fucre.  Les  Américains  tirent  aulîi  un  bon 
parti  des  tiges  defféchées  ;  ils  les  taillent  en  plufieurs 
iilamens  ,  dont  ils  font  des  paniers  6c  des  corbeilles 
Aq  différentes  formes  &  grandeurs. 


B    L    Ê  291 

''■  L'épî  du  maïs  croît  par  degrés ,  quelquefois  jufqu'à 
la  groiïeur  du  poignet ,  &  à  la  longueur  de  près  d'ua 
pied.  A  mefure  qu'il  groffit  &  qu'il  mûrit,  il  écarte 
les  tuniques  &  paroît  jaune  ,  rouge  ,  violet,  bleu  ou 
blanc  ,  luivant  l'efpece  ou  variété  :  celle  à  grains  jaunes 
ell  la  plus  eftimée  ;  c'eil  du  moins  la  plus  univerfel- 
lement  répandue  ;  Mays  granis  auras  ,  Toum.  Infl. 
551.  Les  hommes  Caraïbes  l'appellent  AouaJû  ,  &: 
le;  femmes  ,  Marichl.  On  voit  des  épis  ,  6l  même  à^^ 
grains  qui  préfentent  à  eux  feuls  cette  bigarrure  de  trois 
'6l  quatre  couleurs.  Lorfqu'cn  feme  •  cette  plante  en 
plein  champ ,  comme  le  blé ,  elle  ne  rapporte  qu'ua 
cpi  ;  mais  fi  on  la  feme ,  ou  plutôt  fi  on  la  plante 
féparément ,  même  par  touffes ,  à  dix-huit  pouces  de 
diilaiice  les  unes  des  autres ,  fes  racines  prenant  plus 
de  nourriture  ,  elles  rapportent  plufieurs  grappes  ,  c'efl- 
à-dire ,  plufieurs  épis.  Ces  grains  de  blé  de  Turquie 
multiplient  prodigieufement  ;  celui  qui  croît  dans  les 
Indes  ,  rapporte  quelquefois  des  épis  qui  ont  fept  cents 


grains. 


Il  n'eil  peut-être  point  de  plante  où  la  diflribution 
des  grains  foit  plus  fenfible  que  dans  le  mais  ou  blé 
di  Turquie.  On  fe  plaît  à  l'y  obfcrver.  Les  épis  de 
cette  plante ,  fi  féconde  &  fi  utile ,  forment  des  mafiTes 
coniques  qui  ont  quelquefois  plus  de  neuf  à  dix  pouces 
de  longueur ,  fur  deux  à  trois  pouces  de  diamètre  à 
leur  bafe;  nous  l'avons  déjà  dit.  Les  grains  de  figure 
elliptique,  &:  un  peu  plus  gros  que  des  pois,  font, 
dit  M.  Bonnet ,  rangés  à  la  file  fur  plufieurs  lignes  , 
tantôt  droites  ou  parallèles  à  l'axe  de  l'épi  ,  tantôt 
courbes  ou  qui  montent  en  fpirales  autour  de  cet 
axe.  Les  grains  font  placés  fur  ces  lignes  de  façon 
que  leur  grand  diamètre  coupe  à  angles  droits  l'axe 
de  l'épi.  M.  Bonnet  ayant  eu  la  curiofité  de  compter 
le  nombre  des  lignes  ,  ou  des  rangées  de  diiférens, 
épis ,  a  reconnu  que  la  plupart  en  avoient  douze  ou 
quatorze  \  notre  Obfervâteur  ,  curieux  de  s'affurér  fi 


ic,2  BLÉ 

l'Auteur  de  la  Nature  avcit  préféré  ces  polygones  î' 
toute  autre  figure  pour  la  cliflribution  des  grains  dt^ 
b/c  di  Turquie  ,  examina  eniuite  fept  cents  vingt- 
Quatre  épis  de  cette  plante.  De  ce  noiribre  il  en  trouva 
cent  quarrc-vingt-dix-neuf  où  la  diilribuiion  des  grains^ 
éîoit  iiTéguliere  ,  c'efl-à-dire  ,  oii  les  rangées  étoient 
tellement  confondues  les  unes  dans  les  autres ,  qu'il  ne 
put  les  fuivre  dliiindement  d'un  bout  à  l'autre  de  l'épi. 
Il- a  reconnu  que  cette  confufion  étoit  bien  plus  grande 
à  la  bafe  de  Tépi  que  vers  îcn  extrémité  iupérleure. 
Venons  aux  épis  réguliers ,  ceux  dont  les  rangées 
étoient  parfaitement  diiHncles  :  il  en  trouva  trois  où 
la  diilribution  des  grains  étoit  fur  huit  lignes;  feize 
où  cette  dillribution  étcit  fur  dix-huit  lignes;  trente- 
deux  fur  dix  lignes  ;  foixante-dix-hu:t  fur  feize  lignes; 
cent  quarante-quatre  fur  quatorze  lignes;  deux  cents 
cinquante- deux  fur  douze  lignes.  On  voit  par  cet  exa- 
men que  les  polygones  de  douze  &:  de  quatorze  côtés 
font  ceux  qui  dominent  dans  les  épis  du  blé  di  Turquie^ 
Nous  avons  dit  ci-delfus  que  les  grains  de  blé  de 
Turquie  font  elliptiques  ;  cela  eft  très-vrai  ,  comme 
Ta  remarqué  M,  Bonnet ,  de  ceux  qui  font  placés  vers 
le  milieu  de  l'épi  ;  mais  il  a  paru  à  cet  Obfervaîeur 
que  ces  grains  s'arrondiiToient  à  mefure  qu'ils  s'ap- 
prc choient  de  la  baie  de  l'épi  ou  de  fon  fom.met.  Quelle 
c£i  la  raifon  phyfique  de  ce  changement  de  forme  ? 
Quelle  en  ed  la  caufe  finale  ?  Les  grains  placés  dans 
le  milieu  de  l'épi ,  plus  preflés  par  les  grains  qui  font 
au-deiTus  &  au-deffous  d'eux,  que  par  ceux  qui  font 
placés  fur  les  côtés,  trouveroient-ils  plus  de  facilité 
à  s'étendre  dans  ce  dernier  fens  que  dans  le  premier  ? 
Le  blé  dz  Turquie  offre  une  efpece  précoce  &  une 
efpece  tardive  ;  ck  l'on  en  diftingue  pUifieurs  variétés 
par  rapport  a  la  longueur  de  la  tige  ,  le  volume  & 
la  couleur  de  l'épi.  Le  blé  dz  Turquie  donne  une  farine 
blanche  ,  lorfqu'elle  efl  féparée  du  fon ,  &  on  en 
^it  du  pai^  âiÎÊ^f  agréable.,  mais  qiii  eft  peûmt ,  oc  qui 


BLE  295 

a^eil:  bon  qiie  pour  les  eflomacs  vigoureux  Se  les  per- 
fonnes  qui  y  font  habituées  de  jeunefTe.  Cette  farine, 
mêlée  en  petite  quantité  ,  comme  d'une  huitième 
partie  ,  avec  de  la  farine  de  froment ,  donne  au  pain 
un  goût  favoureux. 

Les  avantages  que  l'humanité  retire  de  ce  grain  font 
infinis.  Une  grande  partie  des  hommes  &  des  animaux 
privés  en  font  leur  nourriture.  Cette  plante  efl  cultivée 
avantageufement  dans  prefque  tous  les  climats  des 
quatre  Parties  du  Monde  :  elle  eil  un  objet  intéreffant 
de  commerce  dans  la  Bourgogne  ,  la  Franche-Comté, 
la  Brelfe ,  oii  on  engraiiie  des  volailles  qui  profitent 
à  vue  d'œil  avec  cette  feule  nourriture  :  les  chapons  de 
Breffe,  fi  fort  en  réputation,  &c  qui  pefent  dix  à  douze 
livres  ,  en  font  preuve.  Cette  noumture  fait  prendre 
aux  cochons  un  lard  ferme  :  les  femeux  cochons  de 
Naples  ,  qui  pefent  jufqu'à  cinq  cents  livres  ,  ne  font 
engraiffés  qu'avec  ce  grain.  La  chair  des  pigeons  de 
volière  qu'on  en  nourrit  ,  eu  blanche  6c  tendre  ;  lem- 
graifîe  eu  ferme  &:  favoureufe.  Les  feuilles  en  vert  font  ua 
excellent  fourrage  pour  les  beftiaux ,  qui  en  font  avides. 

Ce  b/é  ,  qui  ne  demande  à  être  femé  qu'après 
l'hiver  ,  peut  être  quelquefois  d'une  grande  reliburce  : 
on  le  mange  &  on  le  prépare  de  diverfes  manières. 
Les  Indiens  en  mandent  les  orrains  en  vert  comme  les 
petits  pois ,  ou  grillés  ou  bouillis.  On  le  mêle,  comme 
nous  l'avons  dit ,  avec  la  fiirine  du  blé  pour  en  faire 
du  pain  :  on  en  fait  aufîi  de  la  bouillie.  On  a  même 
trouvé  le  moyen  d'en  faire  un  mets  délicat  :  on  cueille 
les  jeunes  grappes  lorfqu'elles  font  de  la  grolfeur  du 
petit  doigt ,  &  encore  vertes  ;  on  les  fend  en  deux ,  ôc 
on  les  fait  frire  avec  de  la  pâte  comme  des  artichauts. 
On  les  confit  auiTi  dans  du  vinaigre  comme  des  corni- 
chons ,  ck  ils  font  très-agréables  dans  la  falade.  Quand 
le  grain  eil  prefque  mûr  ,  il  efl  encore  fucré  :  nous 
avons  dit  qu'on  peut  en  m.anger  comme  des  petits 
pois ,  ëC  les  préparer  de  même.  Les  Am.éricains  reti- 
^  T  3 


^94  BLÉ 

rent  de  ces  grains  piles  &  macérés  dans  de  Peait ,  une 
liqueur  vineufe  qui  enivre  (  c'eft  la  chicka  )  ,  &  dont  on 
peut  extraire  un  efprit  ardent.  Les  Sauvages  de  la  Loui- 
îiane ,  dès  que  le  Tiiaïs  du  printemps  commence  à  mûrir , 
font  une  fête  qui  dure  huit  jours,  pour  remercier  le  Bon 
Efprit^  qu'ils  logent  dans  le  foleil,  de  leur  avoir  fait  un 
aiiffi  beau  préfent.  Les  François  de  ce  pays  nomment 
ces  réjouiiïances  la  ^randt  fêé  du  petit  blé. 

Le  blé  de  Turquie  fe  conferve  plus  facilement  que  le 
froment  vulgaire  :  il  fe  plaît  principalement  dans  les 
terres  grafTes  &  fcrtes  ;  le  binage  que  l'on  donne  au 
pied  de  la  tige ,  fait  qu'elle  poufle  avec  vigueur.  Lorf- 
<[ue  les  feuilles  font  grandes ,  &  que  la  pouffiere  fécon- 
dante efl  diiîipée  ,  on  coupe  une  partie  des  feuilles, 
ainfi  que  la  tête  de  la  tige  ,  afin  que  la  plante  prenne 
plus  de  corps.  Le  blé  de  Turquie  efl  fujet  à  la  nielle  ou 
au  charbon.  Voyez  ce  que  c'eft  à  V article  Blé.  Mainte- 
nant confultez  le  favant  Mémoire  fur  le  mais  ,  couronné 
en  1^84  y  par  l'Académie  de  Bourdeaux  :  ce  Mémoire 
€Û  de  M.  Parmentier. 

Blé  DE  VACHE.  Voyei  a  V article  SarRASIN. 

BLhCHNE,  BUchnum^\l\ïm,Ç]t^  un  genre  -de  plante 
cryptogame ,  de  la  famille  des  Fougères ,  qui  a  des  rap- 
ports avec  les  doradilhs^  &  dont  le  caradere  difrin^tif 
efl  d'avoir  la  frudificaiion  difpofée  fur  deux  lignes 
parallèles  &  rapprochées  de  la  côte  des  feuilles.  Il  y  a 
la  blechne  Occidentale,  de  l'Amérique  Méridionale  ;  la 
llechm  Orientale  ,  de  la  Chine  ;  la  blechne  Auftrale  ,  du 
Cap  de  Bcnne-Efpérance  ;  la  bLchne  de  Virginie  ;  la 
llechne  à  feuilles  radicantes ,  de  Madère  ;  la  blechne  du 
Japon. 

BLENDE ,  Galena  inanis  aut  Pfeudo-galena.  Subf- 
tance  minérale.  Ce  mot  ,  dans  le  langage  des  Mineurs 
Allemands  ,  lignifie  une  fulfiance  qui  aveugle  ou  qui 
trompe  ,  parce  qu'il  y  en  a  qu'on  prendroit  au 
premier  coup  d'oeil  pour  de  la  mine  de  plomb,  tant 
leur  tiflli  efl  également  feuilleté  ou  ccmpofé  de  lames- 


BLE  295 

ide  différentes  gran:!curs  ,  &  difpofëes  de  manière  à 
produire  quelquetcis  des  cubes.  MM.  Pott  &i  Margraf^ 
de  l'Académie  de  Berlin  ,  &  dont  rautorité  eft  d'un 
grand  poids  en  Chimie  ,  ont  examiné  cette  fubilance  : 
il  réfulte  de  leurs  obfervations  ,  fur-tout  de  celles  de 
M.  Margraf^  que  la  blendz  efl  une  vraie  mine  de  ^inc; 
qu'on  peut  s'en  fervir  comme  de  la  calamine  peur 
convertir  le  cuivre  rouge  en  laiton.  Elle  a  une  forte  de 
conformité  extérieure  avec  la  galène  ou  mine  de  plomb 
cubique.  Outre  le  zinc  ,  elle  contient  du  foufre  & 
quelquefois  de  Parfenic ,  communément  du  fer ,  quel- 
quefois même  de  l'argent  ;  mais  qu'il  ed  très-difficile 
d'en  féparer ,  à  caufe  des  parties  arfenicales  &  volatiles 
avec  lefquelles  il  eil:  combiné.  Là  blende  ^ix  une  mine  de 
zinc  vitreufe  ;  elle  fe  trouve  dans  prefque  toutes  les 
mines  en  Allemagne,  en  Suéde,  &c.  fous  difrérens  états 
de  couleur ,  de  dureté  &  de  denfité  ,  &  avec  diflerentes 
propriétés  particulières  ;  l'une  eft  fort  femblable  à  de 
la  corne  ,  &  s'appelle  hom-bUndc  ;  une  autre  efl  noire , 
lamelleufe,  à  petites  écailles  ,  luifantes  comme  la  poix, 
&  porte  le  nom  de  pech-bknde.  On  en  rencontre  encore 
une  efpece  qui  efl;  brune ,  jaunâtre  ou  rougeâtre  ,  quel- 
quefois criflallifée  &  traniparente  comme  la  mine  d'ar- 
gent rouge  :  celle-ci  efl  rare  &  paroît  phofphorique , 
fi  on  la  frotte  dans  l'obfcurité  ;  elle  abonde  en  foufre , 
tandis  que  celle  qui  eil  grife  ^  jaunâtre  ,  participe 
encore  de  beaucoup  d'arfenic  :  il  y  en  a  atifîi  de  flriée. 

M.  B'irgmann  obferve  que  plufieurs  variétés  àpp/eudo- 
galènes  (  fauHes  galènes ,  ou  efpeces  de  blende  )  frottées 
dans  les  ténèbres ,  donnent  de  la  lumière  :  celle  d'entre 
elles  qui  m.ér-ite  ,  dit-il ,  le  plus  de  colébrité ,  efl  celle 
de  Scharfenberg  en  Mifnie.  Frottée  avec  du  verre,  un 
os ,  du  fer  ,  ou  quelque  autre  matière  dur^  ,  elle  fent 
mauvais  ,  &:  dans  l'inftant  du  contad  ,  donne  une 
lumière  couleur  d'or ,  même  dans  l'eau  ;  &  enfin  dans 
les  acides ,  elle  retient  cette  propriété  après  une  forte 
iûcandefcencc.  Jeiihial  de  l'Aï)\}i  Koznr  ^Juillet  ^  1780. 

T  4 


ipô  BLE 

M.  Ddmic  obferve  que  prerqiie  toutes  les  hkncfes 
font  cfFervefcence  avec  les  acides;  calcinées,  elles  de- 
viennent rouges  ou  griles.  On  en  compte,  dit-il ,  deux 
cfpeces  principales  :  la  première  ,  de  couleur  cbfcure 
ou  noire ,  a  pour  variétés  Xhorn-blendc  6c  la  pech-hlende 
dont  il  efl:  parlé  ci  -  defTus ,  &  qui  font  teiTulaires  ;  la 
Jlrahl-blendi  ,  qui  eft  à  écailles  en  parallélogrammes , 
&  quelques  autres.  La  féconde  efl  rougeâtre  :  il  en  eft 
parlé  à  la  fin  de  cet  article.  Foye^  Calamine  &  Zinc. 

B.LENDE  DE  FER,  OU  miïie  de  fir  en  blende^  efl  une 
efpcce  de  wolfram.  Voyez  ce.  mot. 

BLENNE  ,  BUnnius,  Nom  d'un  genre  de  poîjTon. 
.Voyez  ce  mot. 

ELETTE,  en  latin  Blhum.  Plante  très-commune  ^  qui 
croît  dans  les  terres  graftes ,  dans  les  potagers ,  &  dont 
on  diilingue  deux  efpcces  générales  ;  l'une  blanche  &c 
l'autre  roi/f^e.  La  première,  Blitimi  album  niajus^  C,  B. 
Pin.  ii8,  croît  jufquà  la  hauteur  de  quatre  pieds. 
Sa  racine  efl  longue  &  ^vgKq  comme  le  pouce ,  &  d'un 
goût  fade»  Sa  tige  efl  ferme,  blanche  &  rameufe.  Ses 
feuilles  forrt  femblables  à  celles  de  la  poirée.  Ses 
fleurs  .font  petites-,  à  étamânes  ,  verdâtres  ;  il  leur  fuc- 
cede  des  femences  oblongucs  ,  qui  ont  beaucoup  de 
rapport  à  celle  de  Vatriplex  (  arroche  )  :  il  y  a  aufTi  la 
petite  blette  blanche'.  La  deuxième  efpece ,  qui  efl  rouge, 
lin  peu  noire,  Blitum  nibrum  majus  ,  C.  B.  Pin.  1 18; 
Blïtum  nigrum:^  Ang. ,  ne  diffère  ,  pour  ainfi  dire  ,  de  la 
précédente  que  par  la  couleur  &  par  la  petitefTe  de  (qs 
feuilles  ,  qui  font  quelquefois  femblables  à  celles  du 
folanum.  Il  y  a  aufîî  la  petite  blette  rouge.  On  eflime 
leurs  vertus  humedantes,  rafraîchiffantes  &  émollientes. 

îl  y  a  encore  la  blette  épineufe  de  l'Amérique  ;  la  blette 
cl  fruits  en  tçte,  Blitum  capitatum ,  Lin.  ;  elle  croît  dans 
quelques  régions  de  l'Europe  tempérée  &;  auflrale  :  la 
blette  effilée ,  Blitum  virgatum ,  Linn.  ;  elle  croît  dans  la 
Tartarie,  FEfpagne  ,  le  Languedoc  &  la  SuifTe  ;  la  blette. 
à  feuilles  d  anferine ,  de  la  Tartariev»^ 


BLE  297 

BLEU  (le).  Voyci  Glauque. 

Bleu  d'émail  ,  ou  Bleu  d'azur,  ou  Bleu  de 
Cobalt.  Voyc?^  Vanlck  Azur  &  le  mot  Cobalt. 

Bleu  d'Inde.  Voy-z^  Indigo. 

Bleu-manteau.  Foye^  Goéland  à  manteau  gris. 

Bleu  de  MOJ-îTAGNE,  CœruUum  moîîtaJiuîn.Mmérû 
ou  efpece  de  pierre  bleuâtre ,  tirant  un  peu  lur  le  vert- 
d'cau,  &  allez  fetiiblable  au  lapis- la'{uli  ^  ou  à  la  pierre 
Arménienne  d^ Europe,  Voy^^:  ces  mots. 

Le  hlcu  de  montagne  difFcre  cependant  de  ces  fub- 
ûances  ,  parce  qu'il  eft  plus  tendre  ,  plus  léger  ,  plus 
poreux  &;  plus  callant  :  en  un  mot ,  il  ne  peut  recevoir 
le  poli ,  &  fa  couleur  ne  rëfiiîe  point  de  même  au  feu. 
Il  ne  faut  pas  confondre  la  mine  de  cui\Te  appelée 
hku  de  montagne ,  avec  celle  qui  cfl:  connue  fous  le  nom 
de  mine  de  cuivre  aiiirie  ;  le  bleu  de  montagne  cft  tou- 
jours graveleux,  pierreux,  fouvent  lamelleux Juperfî- 
cicllement  ,  quelquefois  étoile  ,  plus  communément 
folide. 

On  trouve  cette  fubilance  minérale  en  Sibérie ,  en 
France ,  en  Italie ,  en  Allemagne ,  oL  fur-tout  dans  le 
Tirol  Ôi  la  Saxe  ,  près  des  li-ux  où  il  y  a  des  mines 
de  cuivre.  On  la  regarde  aujourd'hui  comme  une  terre 
colorée  par  un  ocre  cuivreux  :  quoique  l'on  fâche  que 
cette  couleur  bleue  n'appartient  pas  feulement  aux 
mines  de  cuivre  ;  car  l'expérience  a  appris  que  le  fer, 
furchargé  d'une  plus  grande  quantité  de  phlogiflique , 
donne  aufîi  avec  Talkali  minéral  cette  couleur  :  tel  eil 
le  bleu  de  Friiffe  ou  de  Berlin  ;  &  on  dit  ç\\\^  les  Hol- 
landois  Timitent  ,  en  faifant  fondre  du  foufre  ,  &  y 
mêlant  du  vert-de-gris  pulvérifé. 

On  réduit  cette  pierre  en  poudre  ;  on  la  broie  pour 
remployer  en  peinture  en  détrem^pe  ;  mais  ce  bleu  dans 
la  peinture  à  Thuile  efl  fujet  à  devenir  verdâtre ,  tout 
au  contraire  du  bleu  d'' email ^  qui  efl  fort  vif  au  jour, 
êc  qui  paroît  gris  aux  lumières.  Voye^^  Cen'DRES 
BLEUES, 


198  BLE  B    L    O 

Bleu  d'outremer,  roje^  Lapis-Lazult. 
Bleu  pe  Prusse  i^u  Commerce.  Ce  n'eft  point  une 
prodiiôion  de  la  Nature  ,  c'efl  une  compofition  tirée 
du  fer  divifë  par  un  acide ,  &  par  le  moyen  de  l'alkali 
iiXQ:  végétal ,  bien  phlogiiliqué  ,  Ôcc.  M.  Baunach , 
Apothicaire  à  P Hôpital  militaire  de  Met^,  a  configné  dans 
le  Journal  de  Phyjique ,  &c.  Avril  lyyS ,  des  Obfer va- 
lions chimiques  llir  la  préparation  du  bku  de  Pmjje  y 
ufitée  en  Souabe  près  d'Augsbourg,  dans  les  Fabriques 
en  grand.  Confultez  aufîi  le  Diclionnaire  de  Chimie, 

Le  bleu  de  PruJJe  naturel  eft  un  fer  qui  s'efl  uni  avec 

l'alkali  minéral  Ôc  le  principe  inflammable.  Cette  fub- 

tance  préparée  par  les  mains  de  la  Nature ,  eft  fort  rare. 

BLEUET.  Nom  que  l'on  donne  en  Canada  à  V airelle. 

Voyez  ce  mot. 

Bleuet  eft  au/Ti  le  nom  du  martin-pêchzur  y  en  Pro- 
vence. 

BLONGÎOS  de  SuifTe,  pi.  enl  113,  Ardeola.  Oifeau, 
l'un  des  plus  petits  du  genre  des  Hérons  ,  &  de  la  fec- 
tion  de  ceux  que  M.  de  Buffon  nomme  crahiers ,  de 
l'ancien  Continent.  C'eft  le  petit  butor  ^Edwards  ;  il  n'efl 
pas  plus  gros  qu'an  râle,  6c  il  habite  les  marais  de  la 
SuifTe.  On  en  dillingue  deux  efpeces  ou  variétés  :  la 
première  a  le  bec  &  les  pieds  d'un  vert-jaunâtre  ,  le 
defTus  de  la  tête  &  du  corps,  ainfi  que  les  pennes  des  ailes 
6c  de  la  queue ,  d'un  noir  vert-brillant  &  un  peu  doré  ; 
le  cou  ,  le  ventre  ,  le  delTus  des  ailes  font  d'un  gris- 
fauve  ou  marron  :  un  blanc  mêlé  d'une  légère  teinte  de 
fauve  marque  le  bas- ventre  ;  celles  de  la  poitrine  font' 
cfueiqi.ipfois  mêlées  ou  variées  de  grandes  taches  noires. 
Q<tt  oifeau  replie  fon  cou ,  l'efface  quelquefois  au  point . 
de  paroître  n'en  point  avoir  ,  &;  que  fa  tête  femble 
pofer  fur  le  haut  de  fon  dos  :  à  volonté  il  déploie  fon 
cou  ,  &  frappe  de  la  pointe  de  fon  bec  qu'il  tient  fermé. 
La  féconde  q^zc^  ou  variété  de  blongios  ell  coiffée  d'un 
noir-verdâtre ,  avec  des  bords  couleur  de  marron  fur  le 
î:o\V:  ;  tout  ion  pliunage  eil  d'un  roux  plus  eu  moins 


B    L    U  2ç^ 

foncé,  n  y  â  un  hlong'ws  tacheté ,  Ardeola  nczv'ia  :  on 
fcupçonne  que.c'efl  la  femelle  ,  ou  un  jeune  de  la  pre- 
mière efpece.  Ses  couleurs  font  moins  foncées. 

BLUET  ,  Cyanus  ,  J.  Bau.  3,21;  Cyanus  fegetum  , 
flore  cœruko  ,  C.  B.  Pin.  273  ,  Tourn.  466  ;  Cyanus 
^os  ,  Dod.  Pempt.  251';  Jacca  fcgetum  ,  Cmtaurea 
cyanus  \,  Linn.  1289.  Cette  plante  annuelle  eft  connue 
auffi  fous  les  noms  à'aubifoin  ,  blavéok^péroole,  barbeau^ 
jade  des  blés  &  cajje- lunette.  Elle  croît  communément 
dans  les  champs ,  parmi  les  blés.  Sa  racine  eft  ligneufe 
&  garnie  de  fibres.  Sa  tige  eft  haute,  d'un  à  deux  pieds , 
anguleufe  j  creufe ,  un  peu  cotonneufe  &  branchue.  Ses 
feuilles  inférieures  font  découpées  profondément  &  f^rt 
menues  :  les  autres  font  longiies  ,  entières  ,  garnies  de 
nervures.  Elle  efl  remarquable  par  fes  fleurs  terminales , 
à  fleurons  de  différentes  fortes  ;  ceux  qui  occupent  le 
centre  de  la  fleur  font  plus  petits  que  les  autres ,  ^l 
partagés  en  cinq  lanières  ;  ceux  de  la  circonférence 
font  partagés  en  deux  lèvres.  Les  bluets  font  ordinaire- 
ment d'une  belle  couleur  bleue.  On  cultive  cette  plante 
dans  les  jardins ,  où  elle  devient  double  par  la  culture  ; 
&  par  la  femence  qui  efl  oblongue  &  aigretée  ,  on 
obtient  beaucoup  de  variétés  :  on  efl  a  à  fleurs  blan- 
ches ,  couleur  de  chair  ,  purpurines  ,  panachées  ,  qui 
font  fort  agréables  à  la  vue  par  leur  élégance.  On 
retire ,  par  la  diflillation  des  fleurs  du  bluet  commun , 
une  eau  qui  diflipe  la  rougeur  &  l'inflammation  des 
yeux  ;  comme  cette  eau  efl  bonne  pour  éclaircir  la 
vue  5  on  lui  a  donné  le  nom  à\au  de  cajje-lum'tte. 
M.  HalUr  dit  qu'on  a  imaginé  en  Angleterre  de  faire 
une  couleur  de  miniature  bleue  de  fleurs  de  bluct  .^ 
comim'e  on  l'a  fait  jaune  avec  le  fafran  :  l'opération  efî 
affez  difHcile  ;  il  fiut  faire  une  efpece  de  gâteau  avec 
les  fleurons  de  bluet ,  qu'il  faut  fécher  avec  beaucoup 


de  précautions. 


Bluet  (oifeau).  ^oye^  Eveque. 
Il  y  a  aufli  le  ferpcnt  dit  le  bluet. 


300      ^  B    L   U  BOB 

BLUETTE.  Quelques-uns  ont  donné  ce  nom  à  h 
yintade^  oifeau  d'Afrique.  Foye^  Pîntade. 

BOA.  Suivant  Plme ,  on  nommoit  ainfi  des  ferpens 
qui  ëtoient  fi  grands  que  l'on  trouva  un  enfant  tout 
entier  dans  le  corps  d'un  de  ces  animaux  ,  que  l'on 
avoit  tué  au  Vatican.  Lènuri  dit  (3^\\ç.  cet  événement 
arriva  fous  le  règne  de  l'Empereur  Claude ,  &  qu'il  fe 
trouve  ^  quelquefois  de  ces  ferpens  dans  la  Calabre. 
Tlim  ajoute  que  le  nom  de  boa  venoit  de  ce  que  ces 
ferpens  fe  nourriffoient  de  lait  de  vache  ;  M.  Dau- 
Imton  doute  qu'il  y  ait  jamais  eu  d'aufn  grands  ferpens 
en  Italie ,  &  il  ne  lui  paroît  pas  vraifemblable  que  ces 
grands  ferpens  fe  nourriiïënt  de  lait  de  vache  ;  mais 
il  paroît  ,  dit  -  il  ,  que  le  nom  de  boa  vient  de  bos^ 
Voyez  rartidc  Serpent.  Le  firpcnt  itoufeur  efl  du 
genre  du  boa.  Voyez  VankU  Devin. 

BOBA.  Arbre  des  Moluques,  dont  il  efl:  mention 
dans  XHcrbkr  i^Amboine.  Ses  fruits  reffemblent  affez  aux: 
myrobolans  chebides  ^  mais  ils  font  moins  anguleux  ;, 
l'am.ande  eil  d'un  mauvais  goût. 

BOBAK  ou  BOBAQUE.  Petit  quadrupède  qui  fe 
trouve  en  Pologne  &  dans  les  autres  contrées  du  Nord  ; 
il  reffcmble  beaucoup  à  la  marmotte  par  les  habitudes 
naturelles  :  il  fe  creufe  de  même  un  terrier  qu'il  garnit 
de  foin  ,  &  oii  il  paffe  l'hiver  ,  y  vivant  de  la  pro- 
Vifion  d'herbes  feches  qu'il  y  a  amaffées  en  été.  Soa 
poil  efi  d'un  jaune  foncé.  Les  pieds  de  devant  ont  une 
efpece  de  pouce  ou  plutôt  de  cinquième  ongle  :  au 
lieu  que  la  marmotte  n'a  que  quatre  doigts ,  le  pouce 
lui  manque. 

On  prétend  que  le  bobak  n'a  que  quatre  dents ,  deux 
en  haut  &  deux  en  bas  ;  qu'on  apprivoife  cet  animal  ^ 
&  que  fes  manières  ,  alors  ,  font  des  minauderies  qui 
font  autant  de  plaifir  que  celles  du  fmge.  Quelques- 
uns  ont  écrit  que  les  bohaques  font  des  animaux  her- 
maphrodites ;  mais  cela  eil  plus  que  douteux.  Ils  font  ^ 
dit- on ,  fi  rufés  ,  que  lorfqu'ils  fortent  pour  picorer 


BOB         B    O   D  îoi 

dans  la  plaine  ,  il  y  en  a  un  qui  fait  lentinelle ,  &  qui. 
au  moindre  bruit  iiitle  pour  avertir  les  autres  de  ce 
qu*il  découvre  ^  &  chacun  le  fauve  dans  fon  trou.  Des 
Auteurs  placent  cet  animal  dans  le  genre  des  Marmottes, 
Voyez  ce  mot, 

BOBART  des  Indes  Orientales  ,  Bohartla  Indien  ,, 
Linn.  Cette  plante ,  qui  n'efl  pas  rare  aux  environs  de 
Madras ,  eil  une  graniinée  qui  a  Tafped  ^ViVifoudut  ou 
d'un  fcirpe.  C'eft  le  Gramen  Cyperoïdes  Madcrafpatanum  , 
capïtc  l  fpicLS  plurimis  acumïnatis  in  cacnmine  caidis 
'glomerato  ,  Pluk.  Alm. 

BOBR.  Ce  nom  qui  veut  dire  cafior ,  efl  donné  par 
les  Rufles  de  Kamtibhatka  ,  à  la  fariccvimne.  Voyez 
ce  mot, 

BOCAMELE.  Nom  que  les  Italiens  donnent  à  une 
efpece  de  belette ,  o^xAriflote  a  décrit  fous  le  nom 
^iitidi ,  &  qui  ne  fe  trouve  guère  qu*en  Sardaigne. 

EOCCA  DINFERNO.  Nom  donné  en  Italie  à  un 
météore  qui  paroît  fouvent  aux  environs  de  Bologne  y 
lorfqu'il  fait  obfcur.  Ce  font  des  exhalaifons  enflam- 
mées 5  auxquelles  les  gens  du  pays  attribuent  la  malice 
de  chercher  à  égarer  les  voyageurs.  Les  gens  du  peuple 
en  difent  autant  parmi  nous  de  ce  qu'on  appelle  ftux. 
follets.  Voyez  ce  mot. 

EOCCONE  ,  Bocconia  fnitefcens  ,  Linn.  ;  Boccojjia 
racemofa  ,  fpJiondilii  folio  tomentofo  ,  Plum.  ;  ^herul'..-^ 
nium  majiis  arhoreum  ,  fuliis qucrcinis jS\od.n.  Jam.  H'Pr.  ; 
Cocoxihuitl  ^  Hern.  Mex.  158.  Petit  arbrifïeau  qui 
croit  naturellement  au  Mexique,  à  la  Jamaïque,  dans 
l'I/le  de  Cuba  &  dans  celle  de  Saint-Domingue  :  il 
s'élève  à  la  hauteur  d'environ  neuf  pieds  ;  il  a  quel- 
ques rapports  avec  les  chélidoines.  Son  tronc  eil  creux 
&  moelleux  comme  celui  du  fireau  ;  toutes  its  par- 
ties donnent  un  fiic  jaunâtre  ,  dont  on  fe  fert  dans  le 
pays  pour  teindre  de  cette  couleur. 

BODDART ,  Gohius  boddarii ,  Palîas.  Poiffon  du 
geî3^-e  du  Gçl^ie  :  on  4it  cju'il  fe  trouve  dans  la  mer  de 


302  B   Π   T  B   (E   U 

rinde.  Il  eil  à-peu-près  de  la  grandeur  du  goujon  or- 
dinaire ;  la  tête  obtule  ;  la  membrane  des  ouïes  d  une 
couleur  bleue ,  &  à  quatre  eu  cinq  rayons  ;  les  écailles 
petites  6i  molles  ;  cinq  rayons  mous  .1  la  première 
nageoire  dorfale  ,  qui  ell  d'un  bîeu-noirâtre ,  tachetée 
de  blanc  ;  la  féconde  dorfale  a  vingt-cinq  rayons  déliés 
comme  d«s  fils  de  foie  ,  avec  des  lignes  blanches ,  dif- 
pofées  fix  à  fix  ;  les  peciorales  ont  chacune  vingt-un 
rayons;  les  abdominales,  comme  réunies  en  une  feule, 
ont  en  tout  trente-quatre  rayons  ;  celle  de  l'anus  en 
a  vingt-cinq  ;  la  queue  efl  bleuâtre  &  en  a  dix-huit. 
La  couleur  du  ventre  ^{i  d'un  jaune  pâle  ;  celle  du 
refte  du  corps  efl  ardoifce  ;  il  y  a  des  mouchetures  de 
brun  &:  de  blanc  fur  la  tête  ;  fept  taches  très-brunes 
fur  chacun  des  côtés. 

BCETSOÎ.  Nom  du  Rhcnm  en  Laponie.  Foy,  Rhenne. 

BŒUF.  Voyei  à  Vanick  Taureau. 

BcguF  A  BOSSE.   Voyei  Bison. 

BcEUF  d'Afrique.  Voyc?^  Buffle. 

Bœuf  des  Illinois.  Voyc^  Bison. 

Bœuf  domestique.  C'eft  le  taureau  châtré.  Voyc^ 
Taureau. 

Bœuf  gris  du  Mogol  ,  de  plufieurs  Voyageurs. 
C'eft  le  Nil-gaut.  Fbjq  ce  mot. 

Bœuf  guerrier  &:  Berger.  Voyc:;^  Bakeleys. 

Bœuf  de  marais.  Voyc^^  Butor. 

Bœuf  de  mer.  Voye^^  Phocas.  On  donne  encore 
le  nom  de  bczi'f  mann  au  lamz7itni ,  £:  a  la  rah  au  long 
bec.  Voyez  ces  mots.  A  Saint-Domingue  ,  le  bœuf  mann 
eft  Vofcahrlo?!, 

Bœuf  musqué.  Nom  donné  à  une  variété  de  l'iiriis 
mâle ,  qui  fe  trouve  dans  les  parties  Septentrionales 
de  l'Amérique ,  ùL  qui  eit  le  hlfm  du  Canada»  Voyez. 
Bison  &  Ùrus. 

Bœuf  sauvage.  Voyc?^  à  tanicU  Taureau.  A 
l'égard  de  l'animal  appelé  le  ptrc  aux  hœrfs  des  Sau^^ 
vagjs  du  Canada^  Voyez  à  Varùck  M  AMANT, 


B    O    G         B    O    H  303 

BOGGO  ou  BoOGOO.  Nom  donné  par  les  Nègres 
de  la  Côte  d'Or  au  mandrill^  grande  efpece  de  babouin. 
Voyez  Mandrill. 

BOGUE  ,  Spams  hoops  ,  Linn.  ;  Boga ,  fur  les  bords 
de  la  Méditerranée  ;  il  eft  abondant  dans  la  mer  de 
Tofcane.  Ce  poiiTon  eft  du  genre  du  Spare.  Sa  lon- 
gueur efl:  à-peu-près  d'un  pied  ;  le  corps  eil  long  , 
effilé,  un  peu  cylindrique;  la  tête  courte;  les  yeux 
très-grands  ;  les  iris  argentés  ;  la  gueule  médiocre  ; 
les  dents  petites  ;  la  langue  aiguë  ;  la  ligne  latérale 
large  &  brune.  La  nageoire  doriale  a  vingt -neuf  à 
trente  rayons  ,  dont  les  quinze  premiers  iont  épineux  ; 
celle  de  l'anus  a  trente  rayons.  Les  écailles  font  aflez 
grandes  fur  le  dos ,  &  de  couleur  changeante  d  olivâtre 
en  jaune  brillant  ;  le  ventre  efl  de  couleur  blanche 
argentée.  On  remarque  fur  les  parties  latérales  de  fon 
corps  de  légers  traits  ,  qui  régnent  de  la  tête  à  la 
queue  ,  fur  quatre  lignes  de  chaque  côté ,  dont  les  uns 
femblent  être  dorés  ,  les  autres  argentés. 

On  mange  de  ces  poifTons  en  Italie  :  leur  chair  eil 
faine  ,  d'un  goût  agréable  ,  ôc  convient  aux  eilomacs 
les  plus  délicais. 

BOHON-UPAS.  Nom  d'un  arbre  qui  croît  dans 
rifle  de  Java ,  &:  qui  paroît  être  du  genre  de  Vj-Jkczial, 
Voyez  ce  mot.  On  l'appelle  arhn-polfon  ,  par  excellence  ; 
on  prétend  qu'il  n'y  a  point  de  poifon  plus  fubtil  de 
plus  dangereux  que  Tefp^ce  de  gomme  qui  tranlTude  à 
travers  le  bois  &  Técorce  du  bohon-upas ,  &  que  fes 
vapeurs  détruifent  tout  ce.  qui  a  vie  à  trois  ou  quatre 
lieues  à  la  ronde  ;  on  afliu*e  que  le  Mataram  ou  Em^r 
pereur  de  l'îfle  ,  le  fait  recueillir  par  les  criminels 
condamnés  à  mort.  La  plupart  y  périment  ;  mais  quel- 
ques-uns en  reviennent ,  &  obtiennent  alors  leur  grâce. 
Le  Prince  pourvoit  même  à  leurs  befoins  pendant  le 
s:ell:e  de  leurs  jours.  Ainli  dans  l'efpoir  de  conferver  Ici 
vie ,  ils  ne  balancent  point  à  fe  charger  de  ceîtt  com- 
mifîlon  périlleufe.  Us  ont  foin  de  prendre  le  vent ,  & 


304  B     O    I 

recueillent  la  gomme  cans  une  boîte  d'argent  ou 
d'ccaillc  de  tortue.  (  în  aiiiire  qu'il  en  revient  à  peine 
lin  fur  dix.  On  tren-oe  dans  ce  poil  on  la  pointe  de 
toutes  les  armes.  Il  f-iut  en  convenir ,  fi  le  bohon-upas 
exifloit  dans  un  Rovaume  d'Europe,  il  Icroit  bientôt 
détruit  ;  mais  le  Mataram  de  Jctva  le  conlerve  avec 
foin  comme  un  don  prccivux  de  la  Providence.  Con- 
fuhez  Journ,  géucr.  de  Franc,  x\^  74;  ëc  Journ.  dt 
Paris  ,  n.*^  ^39  9  d'après  les  Mélanges  de  Littérature 
étrangère  ^  torn.   i.^'  ,  17^5-    ^oye?^  ÎPPO. 

BOICININGUA  de  Marcgrave  ;  ou  BoiQUiRA  des 
Brafiliens  ,  Crotalus  horridus  ,  Linn.  ;  Serpzns  crotalo- 
phora  ,  feu  Viper  a  caudifona  ,  Amcricana  ,  Seba.  (Je 
ferpént  du  genre  de  ceux  à  quew:  formante  ou  à  chaî- 
nons ,  eft  comm.un  aux  deux  Indes  ,  &  particidicre- 
ment  dans  les  Occidentales  ;  il  eil  très-clangereux  par 
fon  poifon  ,  &  communément  déîagréable  par  fon 
odcur.  C'efl  le  cafcavel  des  Portugais  ,  &  le  tojigcdor 
des  Efpagnols. 

.  Ce  ferpent  ,  qui  eft  du  premier  genre  ,  n'a  guère 
plus  de  fix  à  huit  pieds  de  longueur ,  &:  efî  quelque- 
fois de  la  grolïeur  du  bras.  On  en  voit  deux  de  cette 
taille  dans  le  Cabinet  de  Chantilly.  Sa  tête  efl  plate 
en  delTus ,  étroite  ou  ovale  fur  le  devant ,  ëc  s'élargit 
en  arrière  vers  le  coros  :  les  narines  rondes  ,  creuies 
&  très-près  de  la  gueule  ;  fes  yeux  font  étincelans  , 
d'un  brun  foncé  ,  &  pouvant ,  comm.e  les  chats ,  con- 
centrer la  lumière  dans  fes  yeux  au  moyen  de  deux 
tuniques  qui  s'approchent  l'une  de  l'autre  ;  fa  langue 
efî  noire ,  flexible  ,  fourchue  en  devant  ,  &  comme 
renfermée  dans  une  gaîne  au  fond  de  la  gueule.  Le 
defTus  de  la  tête  de  ce  ferpent  eil  joliment  figuré  de 
raies  noires  tranfverles  &  latérales ,  de  la  même  cou- 
leur de  celies  du  cou  qui  font  au  nombre  de  deux. 
Son  dos  ert  peint  de  taches  d'un  brun-noir ,  difpofées 
fur  une'  ligne  longitudinale ,  &  dont  chacune  efl  bordée 
de  blanchâtre.  Les  éc^iUçç  qui  garaiffçnt  Iç  deifiis  du 

corps 


B    O    I  30f 

corps  font  d\ine  couleur  cendrée-jaunâtre  ;  les  grandes 
plaques  de  l'abdomen  font  d'un  jaune  plus  clair  ;  on 
en  compte  cent  ibixante-fept  fur  cette  même  partie  , 
&  vingt-trois  fur  la  furface  inférieure  de  la  queue  ; 
ces  dtriiieres  font  comme  blanchâtres. 

Sa  cafcabdk  ou  crefcerelU  ou  fonnette  eft  placée  à 
l'extrémité  de  la  queue  ;  c'efl:  un  affemblage  d'anneaux 
d'une  fubUance  de  corne  très-mince ,  fonores ,  emboîtés 
les  uns  dans  les  autres ,  &:  attachés  à  un  mufcle  de  la 
dernière  vertèbre  de  cet  animal.  Chaque  articulation 
efl  mobile  ^  &  ,  félon  M.  Vofmaèr  ,  intérieurement 
compofée  de  trois  offelets  qui  tiennent  lun  à  l'autre 
d'une  manière  admirable.  Marcgrave  dit  que  l'on  con-* 
ncît  l'âge  de  ce  ferpent  par  le  nombre  des  grelots  ou 
offelets  de  fa  fonnette,  parce  qu'il  hii  en  croît  un  tous 
les  ans.  Q/wt  a?inos  ferpens ,  tôt  kabet  annulas  cupita-^ 
cultim  hoc,  La  Nature  a  voulu  que  ce  dangereux  animal 
ne  pût  cacher  fa  marche  ;  car  il  ne  peut  fe  remuer  fans 
faire  entendre  fa  fonnette. 

Ce  ferpent  rampe  avec  tant  de  vîteffe  fur  les  ro- 
chers ,  que  les  Mexicains  lui  ont  donné  le  nom  âicca-^ 
coati ,  qui  lignifie  le  vent.  Sur  terre  il  marche  plus  len- 
tement ,  &  même  la  lenteur  de  fa  courfe  ne  Iid  permet 
pas  de  pouvoir  y  pourfuivre  les  hommes  ;  mais  fa  ra- 
pidité ,  dit-on  ,  efî  extrême  fur  l'eau  ,  où ,  quand  il 
nage,  il  reffemble  exaftement  à  une  longue  vefîie.  Il 
y  a  autant  de  danger  à  l'attaquer  fur  cet  élément  , 
qu'il  y  a  d'imprudence  de  refier  fur  le  tillac  dès  petits 
vaifTeaux ,  quand  il  nage  auprès  :  il  s'y  lance  avec  tant 
de  vîtelTe ,  qu'il  n'eil  plus  pofîible  d'éviter  fes  morfures. 

On  prétend  que  ce  reptile ,  l'un  des  plus  dangereux 
qu'il  y  ait ,  n'efl  furieux  &  terrible  que  lorfqu'il  pleut , 
ou  qu'il  efl  tourmenté  par  la  faim.  Alors  il  pouffe  des 
fifUemens  qui  tiennent  beaucoup  du  bruit  que  font  les 
cigales.  Les  écailles  dont  il  efl  couvert  font  articulées  fi 
librement  ,  qu'il  peut  les  drefTer  &  même  les  faire 
bruire ,  lorfqu'il  efl  en  ÇQlere.  Suivant  les  obfervations 
Tonii  IL  '  V. 


3o6  B     O    I 

(le  M.  Kalm ,  de  l'Acadëmie  de  Suéde ,  la  mâchoire  de 
ce  ferpent  eft  garnie  de  quantité  de  dents  canines  ,  fur- 
tout  la  mâchoire  fupérieure ,  où  Ton  obfcrve  de  phis 
deux  longues  dents  crochues  &  aiguës  ,  cachées  dans 
une  efpece  de  fourreau ,  d'où  Fanimal  les  fait  fortir 
lorfqu'il  veut  mordre.  (  La  forme  ,  tant  des  dents  ve- 
nimeufes  que  des  autres  ,  ainfi  que  celle  de  toute  la 
xkX!^  diflequée  ,  eil  parfaitement  repréfentée  &  décrite 
par  le  Bocleur  Mèad.  Voyez  Meckanical  Account  of 
Polfons  ,  Lond.  iy4y.')  Les  Indiens  difent  qu'on  voit 
fou  vent  \(i  ferpent  à  fonmtte  entortillé  autour  d'un  arbre, 
les  yeux  fixés  en  haut  fur  quelque  écureuil  ,  qui  , 
après  avoir  manifefté  fa  frayeur  par  fes  cris  &  fou 
agitation ,  tombe  enfin  au  pied  de  l'arbre  ,  &  eil  dévoré 
fur  le  champ.  M.  Vofmdèr  qui  a  fait  à  la  Haye  de  nou- 
velles expériences  fur  les  effets  mortels  de  la  morfure 
d'un  boiciningua  qu'il  avoit  en  vie ,  dit  que  les  animaux 
qu'on  lui  jetoit  dans  fa  cage,  oifeaux  ,  fouris  ,  témoi- 
gnoient  une  grande  frayeur  de  ce  reptile  ;  d'abord  ils 
cherchoient  à  fe  tapir  dans  un  coin  ,  enfuite  ils  cou- 
roient  comme  faifis  des  angoiïTes  de  la  mort ,  à  la 
rencontre  de  leur  ennemi  qui  ne  celToit  de  fonner  de 
fa  queue.  Watfon  décrit  fort  agréablement  cette  faculté 
attra£live  ,  ce  charme  invincible  qu'on  attribue  aux 
hoiclningnas  quand  ils  regardent  fixement  leur  proie ,  &: 
au  moyen  de  laquelle  tous  les  animaux  devroient 
comme  accourir  ,  ou  tomber  d'eux-mêmes  dans  leur 
gueule  béante. 

Ces  ferpens  fe  raflTemblent  tous  aux  approches  de 
l'hiver,  &  pafTent  cette  faifon  enfévelis  fous  terre  ou 
dans  les  fentes  des  rochers  ,  ^  ne  reparoiiTent  qu'au 
printemps.  Les  Indiens  faififfent  ce  temps ,  oii  ils  font 
fbibles  &  encore  engourdis  ,  pour  les  détruire.  Des 
Nègres  ou  Efclaves  qui  favent  les  furprendre  quand 
ils  font  entortillés  ,  ou ,  comme  ils  difent ,  endormis , 
les  faififfent  très-promptement  près  de  la  tête  ;  le  fer- 
pent veut  fe  débattre  autour  du  bras ,  mais  fes  mou- 


B    O    I  307 

Vemens  font  infniûiieiix.  C'eft  ainfl  qu'on  les  prend 
en  vie.  De  tous  les  ferpens  qui  crcilTent  dans  l'Amé- 
rique Septentrionale  ,  le  boidningua  qui  s'y  trouve 
aufîi ,  eft  celui  qui  franchit  le  plus  grand  elpace  ;  ce- 
pendant cet  efpace  ne  s'ct^nd  jamais  au-delà  de  la 
moitié  de  fon  corps.  Se  replier  en  cercle  ,  s'appuyer 
fur  fa  queue  ,  s'élancer  fur  fa  proie  ,  la  bleffer  &  fe 
retirer ,  n'cfl:  pour  lui  qu'un  niflant.  On  a  cru  remar- 
quer que  le  bruit  de  leurs  grelots  eft  autant  l'effet  de 
la  crainte  que  de  la  colère,  &  leur  fert  auffi  pour 
appeler  leurs  femelles  au  temps  de  l'accouplement. 

Ces  ferpens  ne  pondent  pas  un  aulîi  grand  nombre 
d'œufs  que  les  autres  ;  par  conféquent  ils  ne  multi- 
plient pas  tant  ;  mais  en  échange  ils  vivent  plufieurs 
années.  Les  Indiens  en  mangent  la  chair  ,  qu'ils  trou- 
vent très-bonne  ;  miais  qui ,  à  ce  qu'on  affure ,  devient 
un  poilon  lorfque  l'animal  s'efl  mordu ,  comme  il  lui 
arrive  quelquefois  dans  fa  fureur. 

Dans  les  Trarifacîions  Phllnfopliiqms ,  l'on  trouve  une 
ample  diiiertation  renfermant  plufieurs  expériences  que 
le  Capitaine  Hall  a  faites  dans  la  Caroline  ,  touchant 
les  effets  de  la  morfure  du  boidningua  fur  divers  ani- 
maux. Il  fit  attacher  à  un  piquet  im  de  ces  Jcrpms  à 
fomizcu  ,  long  d'environ  quatre  pieds.  Trois  chiens  en 
furent  mordus.  Le  premier  en  mourut  en  moins  d'un 
quart  de  minute.  Le  fécond,  mordu  peu  de  temps  après , 
mourut  au  bout  de  deux  heures  dans  des  convulfions. 
Le  îrcifieme  ,  mordu  une  demi-heure  après ,  fubit  l'effet 
vifible  du  v^nin  au  bout  de  trois  heures  feulement. 
Quatre  jours  après  une  femblable  expérience,  mourut 
un  chitn  en  une  demi- minute  ,  &:  un  autre  enfuite 
dans  quatre  minutes.  Un  chat  fat  trouvé  mort  le  len- 
demiain.  Huit  jours  après  une  grenouille  mordue  mourut 
en  deux  minutes  ,  &  un  poulet  de  trois  mois  ,  dans 
trois  minutes.  Quelque  temps  après  on  mit  auprès  de 
ce  hoiciningua  un  ferpent  commun  blanc ,  fain  &  vi- 
goureux ;  ils  fe  mordirent  l'un  l'autre.  Ce  fervent  à 

Y  % 


3cS  B    O    I 

formtu  répandit  mcme  quelques  gouttes  de  lang  , 
néanmoins  le  ferpent  blanc  mourut  en  moins  de  huit 
minutes ,  &  l'autre  ne  donna  aucun  figne  de  maladie. 
On  agita  affez  le  boklningua  pour  le  forcer  à  fe  mordre 
lui-même ,  ce  qui  réuffit,  &;  en  moins  de  douze  m.inutes 
il  mourut.  Ceci  nous  paroît  fort  furprenant  ;  feroit-ce 
l'efT^-t  d'un  excès  de  colère  ? 

Le  poifon  de  ce  ferpent  à  formate  eft  fi  violent  qu'il 
réduit  la  perfonne  qui  en  a  été  mordue  dans  l'état  le 
plus  fâcheux  :  il  furvient  une  enflure  générale  ;  la  bou- 
che s'enfiamme  ,  &  ne  peut  contenir  le  volume  de  la 
langue  ,  tant  elle  efl  enflée.  Une  foif  dévorante  accable 
le  malade  :  s'il  boit ,  il  ell  perdu  ;  la  plus  petite  goutte 
d'eau  hâte  fa  mort  ,  &  re:'oubîe  \q.s  tourmens  de  fon 
agonie.  Parmi  ceux  qui  ,  bleffés  par  le  hckiningua ,  ont 
le  bonheur  de  guérir  ,  il  n'y  en  a  aucun  qui  ne  porte 
toute  fa  vie  les  marques  de  fon  trifte  accident.  Les  uns 
reftent  jaunes  ,  ou  gardent  jnfqu'a  la  mort  des  taches 
qui  confondent  leurs  traits.  Ceux  qui  paroident  parfai- 
iement  guéris  reffentent ,  pendant  \me  ou  à^ux  années , 
auili  vivement  que  les  premiers  jours  qu'ils  ont  été 
mordus  ,  de  violentes  doukurs  ,  accompagnées  d'en- 
flure. Le  remède  le  plus  préfent  contre  la  mcrfure  de 
ce  frpmt ,  dont  faffent  ufage  les  Américains  ,  eft  d'en 
écrafer  la  tête  ,  dont  ils  font  un  emplâtre.  D'autres 
fois  ils  appliquent  fur  la  plaie  ,  après  l'avoir  fcarifîée  , 
la  racine  d'une  plante  qu'ils  cip^QWent  fanguine  du  nom 
de  la  couleur  rouge  de  (on  fuc. 

La  racine  de  collinfonia  (  de  vipérine  )  ,  ainfî  que 
quelques  autres  ,  eft  très-Ci^icace.  L'huile  d'ohve  ,  le 
beurre  ,  appliqués  fur  la  blefïïire  &  pris  intérieure- 
ment 5  font  5  de  même  que  le  fel  commam  ,  du  nombre 
des  remèdes  indiqués  par  M.  Kalm, 

Quelque  dangereux  que  foit  ce  reptile  ,  un  afTez 
léger  coup  de  baguette  frappé  fur  fon  dos  ,  le  fait 
mourir  incontinent.  Les  fignes  de  mort  font  fouvent 
équivoques  dans  les  autres  efpeces  de  ferpens  ;  mais 


B    O    I  309 

par  le  filence  de  la  fonnette  de  celui-ci  ,  on  ed  fur 
qu'il  ne  refpire  plus.  Les  animaux  les  plus  féroces 
tremblent  à  leur  tour  devant  d  autres  animaux  ;  lennemi 
le  plus  cruel  de  et  ferpcnt  ,  eil  le  cGchon-marron  ,  qui 
le  recherche  &  le  dévore  avec  avidité  fans  en  être  in- 
commodé. AufTi  ,  lorfqu'on  veut  cultiver  un  champ 
occupé  par  ces  reptiles  ,  commence-t-on  par  y  renfer- 
mer des  cochons-marrons.  Voyez  le  Journal  Encyclopédie 
que  ^  Oci.  iy62.  Nous  préfumons  que  la  gralfVe  qui  eil 
un  corps  infenfible  ,  &  dont  l'arrangement  eft  bien  diffé- 
rent chez  le  porc  que  chez  les  autres  animaux  ,  eft  un 
moyen  pour  que  la  morfure  du  boiclningua  n  altère  que 
peu  ou  point  Tefpece  du  cochon.  On  a  encore  obfervé 
que  par- tout  oii  croît  le  pouliot  fauvage  ,  on  didlame 
de  Virginie ,  on  ne  voit  point  de  bolcininî^ua  ,  &  1  on 
prétend  que  ,  quand  ce  ferpcnt  mord  ,  il  s'engourdit 
pour  quelques  momtns,  P^oye^  maintenant  l  article T^r- 
pent  àfcnncm. 

BOÎCUAiB A.  Serpent  du  pays  des  Incas ,  long  d'envi- 
ron vingt  pieds ,  noir  dans  la  moitié  antérieure  de  ion 
corps ,  (k  jaunâtre  dans  le  refle.  Cet  animal  fait  une 
guerre  perpétuelle  aux  autres  ferpens  &  les  dévore  , 
fur-tout  une  efpece  Aq  fcrpent  àfonnate.  Il  n'en  con- 
trarie pour  cela  aucun  venin  dans  fa  chair  ^  puifque 
les  Indiens  le  mangent ,  dit-on  ,  fans  crainte. 

BOIGA  ,  Cohiher  ahc^tulla  ,  Linn.  Serpent  qui  fe 
trouve  en  Afie  &  en  Amérique  ;  il  efl  du  troifieme 
genre.  Le  tronc  eft  plus  long  de  moitié  que  la  queue  ; 
fa  groifeur  ,  vers  la  tête  ,  furpaife  à  j)eine  celle  d'u.ne 
plume  d'oie  ,  &  elle  eil:  égale  à  celle  d'une  plume  de 
cygne  ,  à  l'endroit  de  fa  plus  grande  largeur. 

Le  hoiga  a  la  tête  garnie  de  neuf  écailles  difpofées 
par  paires  ,  excepté  qu'entre  les  yeux  il  y  en  a  trois  : 
celles  de  la  féconde  &  de  la  dernière  paire  font  plus 
grandes  que  les  autres.  Les  narines  très-petites  &  arron- 
dies. Les  écailles  ont  toute  leur  furface  lifTe  ,  leur  fom- 
met  fans  divifion,  ôcjie  font  relevées  par  aucune  arête^ 


310  B    O    I  B    O    J 

L  abdomen  eft  recouvert  par  cent  foixantr-deu?:  gran- 
des plaques  ,  qui  forment  fur  cette  partie  de  légères 
faillies  anguleufes.  La  queue  ,  qui  eil:  très-déliée ,  eft 
garnie  par-defTous  de  cent  cinquante  paires  de  petites 
plaques.  La  mâchoire  fupéricure  tû  blanche,  &  le  defTus 
de  la  tête  bleuâtre  ;  ces  deux  couleurs  font  féparées  par 
une  ligne  noire  qui  s'étend  derrière  les  yeux.  L  abdo- 
men eft  d'une  teinte  branche  ;  la  couleur  du  dos  , 
notamment  celle  de  la  partie  volline  de  la  tête  ,  efl 
ci 'un  vrrt-bleuâtre  ,  avec  une  ligne  blanchâtre  ,  qui  la 
traverfe  longitudinalement.  Le  bord  des  écailles  efl  noir, 
fur-tout  vers  leur  fom.met.  Toutes  ces  bordures  for- 
ment i  ne  efpece  de  réfeu  ,dont  l'efîeî  efl:  t-ès-agréa- 
ble  à  la  vue  ,  &  font  fortr  la  couleur  principale  , 
en  forte  que  le  dos  de  ce  ferp..r2tpRroh  moucheté  d'une 
multitude  de  taches  rhombcïda'es ,  verdâtres ,  difpofées 
dans  un  ordre  régulier.  On  a  obfervé  que  les  reflets 
de  la  lumière  dv  fokil  fur  la  couleur  du  hoiga  ,  lui 
donnoient  im  éclat;  femblable  n  celui  de  l'or. 
^   BOIGUACU.  Fojei  Ibjbcboca. 

BOJOBI  ,  Boa  can'ina  ,  Lnn.  ;  Serpens  ornatlffima  , 
^Amhoinmjîs^  Boiguatrar:?  diUa  ,  Seba  Muf.  i,  t.  8i, 
f,    I  ;  Serpens  Bojobi  ^  Brajilienjïs  ^  id.  t.  96  ,  f.  2. 

Le  ferpent  défigné  par  la  première  phraie  de  Seba^ 
efl  du  deuxième  gtnre  ,  ainfi  que  l'autre  variété.  Il 
fe  trouve  à  Amboine  6c  à  Ceylan  :  il  a  le  regard 
affreux  ,  les  lèvres  épaifTes  &:  pendantes  ,  les  dents 
pointues  ,  cachées  dans  im  fourreau  qui  s'enfonce 
dans  la  mâchoire  ,  &  qui  efl  couvert  d'une  enveloppe 
membraneufe.  Les  lèvres  font  bordées  de  grandes 
écailles  ,  relevées  en  boffe  ,  ôc  d'un  rouge  pâle.  Les 
yeux  font  enflammés  ;  le  deffus  du  corps  efl  orangé , 
luiiant ,  parfemé  de  taches  d'un  jaun3  c'air  ,  avec  \m^ 
bordure  d'un  rouge  foncé.  Ces  taches  courent  en  ftr- 
pentant  fur  le  dos  ,  &  tout  cet  affortiment  de  cou- 
leurs ,  diverfement  nuancées ,  produit  un  effet  agréable 
a  la  vue. 


B    O    I  îii 

Le  ferpent  défigné  par  la  féconde  phrafe  de  Seba , 
fe  trouvée  au  Bréiil  &.  dans  d'autres  pays  de  l' Amé- 
rique ;  il  reffemble  au  précédent ,  excepté  que  le  fond 
de  fa  couleur  eft  le  vert  de  mer  ,  au  lieu  de  l'orangé. 
On  aiuire  que  les  hojohïs  entrent  quelquefois  dans  les 
maifons  ,  où  ils  ne  nuifent  à  perfonne  ;  mais  fi  on  les 
irrite  ,  ils  font  des  morfures  dangereufes  ,  non  par  le 
venin  qu'ils  infmuent  dans  la  plaie  ,  comme  quelques 
Auteurs  l'ont  avancé  ,  mais  en  déchirant  la  partie 
mordue  avec  leurs  dents  fines  &  acérées  ,  ce  qui  pro- 
duit une  inflammation  qui  efl  fuivie  de  la  mort  ,  (i  l'on 
ne  remédie  promptement  au  mal. 

Linnœus  dit  que  dans  cette  efpece  ,  le  delTous  de  îa 
queue  eil  garni  de  foixante-dix-fept  plaques  ,  &  l'ab- 
domen ell  recouvert  par  deux  cents  trois  grandes  pla- 
ques.  Foye^  maintenant  Y  article  GuiMPE. 

BOIQUiRA.  Foyci  Boiciiningua. 

BOIS.  Ce  teim.e  a  deux  grandes  acceptions  :  ou  il 
fe  prend  pour  un  grand  canton  de  terre  planté  d'ar- 
bres (^fylva  )  propres  à  la  conilrudion  des  édifices  , 
au  charronnage  ,  au  fciage  ,  au  chauffage  ,  &c. ,  ou 
pour  cette  matière  dure  que  nous  fournit  l'intérieur 
êiQS  arbres  &  arbriifeaux. 

Le  bois  proprement  dit  (  lignum  )  ,  varie  en  pefan- 
téur  ,  en  denlité  ,  en  dureté  dans  les  divers  arbres  , 
&  même  dans  les  mêmes  efpeces  d'arbres  qui  ont  crû 
dans  diiFérens  terrains  ,  ou  dans  des  climats  difFérens. 
La  denfité  du  bois  a  toujours  un  rapport  avec  le  temps 
de  fon  accroilTement  :  les  arbres  qui  croifTent  le  plus 
lentement  ont  le  bois  le  plus  dur  ,  au  contraire  des 
autres.  Les  couches  ligneufes  commencent  d'abord 
par  être  molles  &  tendres  avant  d'acquérir  la  folidité 
qu'elles  ne  prennent  que  peu-à-peu  ;  &  comme  elles 
s'appliquent  extérieurement  les  unes  fur  les  autres  ^ 
il  s'enfuit  que  les  intérieures ,  dans  im  arbre  bien  fain , 
font  plus  dures  &  plus  colorées  que  les  extérieures , 
&  ont  leurs  fibres  plus  reiTerrées  :  ce  font  ces  couches 

V  4 


3IÎ  B    o    r 

intérieures  que  l'on  appelle  bois\  les  couches  exterietî- 
res  ,  qui  font  plus  tendres  6l  communément  d'une 
couleur  différente  ,  s'appellent  aubUr  ;  ainfi  Vuubicr  n'efl 
lui-même  qu'un  bois  nouveau  ,  fort  imparfait  ,  qui  n'a 
pas  encore  acquis  toute  fa  folidité  ;  mais  qui  en  eft 
iufceptible  ,  comme  on  le  verra  ci-après.  V aubier  n'efl 
bien  diftindt  que  dans  les  bois  durs  ,  comme  Vibcne  , 
le  ^ayac  ,  la  grenadille  ,  même  le  chêne  6c  le  pin  ,  &c. 
Dans  les  arbres  mous  au  contraire  ,  qui  ne  peuvent 
pas  prendre  beaucoup  de  folidité  ,  tels  que  le  til/eul  , 
le  bouleau  ,  Xaune  ,  le  ceiba ,  le  baobab  ,  &c. ,  il  n'y  a  pas 
à^ aubier ,  ou  ,  pour  mieux  dire  ,  il  n'y  a  pas  de  bois  , 
parce  que  le  corps  îigneiuc  refle  toujours  dans  fon  pre- 
mier état  à! aubier  ^  fans  jamais  fe  durcir.  C'ell  cet  au- 
bier qu  attaquent  &  rongent  les  infedes  qui  s'y  logent 
&  s'en  nourrilTent.  Les  arbres  vigoureux  ont  plus  cl  au- 
bier y  mais  en  moindre  nombre  de  couches ,  que  ceux 
(jui  languifTent.  Le  chêne  a  communément  depuis  fept 
jufqu'à  vingt-cinq  de  ces  couches,  quife  rejettent  dans 
l'emploi  que  l'on  fait  de  ce  bois  pour  la  menuiferie. 

La  nature  différenie  des  bo!s ,  dont  les  uns  fe  con- 
fer/ent  mieux  dans  Peau  ,  d'autres  dans  l'air  ,  les  rend 
propres  à  divers  ufages.  Il  y  en  a  qui  font  fufceptibles 
d'un  beau  poli  6c  d'une  grande  divisibilité ,  ainfi  qu'on 
le  voit  dans  les  ouvrages  de  placage.  Plus  ks  bois  ont 
de  dureté ,  de  folidité ,  meilleurs  ils  font  pour  toutes 
fortes  d'ouvrages ,  6c  fur-tout  pour  le  pilotage  6c  la 
menuiferie.  Les  Allemands ,  chez  qui  les  Hollandois 
vont  chercher  leurs  bois  de  menuiferie ,  ont  un  fecret 
bien  fimple  pour  leur  procurer  ces  qualités.  Au  prin- 
temps ,  lorfque  la  fève  monte  en  abondance ,  on  enlevé 
l'écorce  qui  fe  détache  très -facilement  ,  6c  on  les 
laiffe  fur  pied  ainii  pendant  toute  l'année.  Le  prin- 
temps fuivant  ils  pouffent  encore  quelques  bourgeons , 
des  feuilles,  des  fleurs  6c  même  des  fruits  (la  féconde 
année  il  ne  paroîtroit  point  de  fruits)  :  6c  lors  de 
la  faifon  de  la  coupe  on  abat  ces  arbres,  qui  poiir 


B    O    I  315 

lors  fourniffent  un  bols  bien  meilleur  par  îa  durée. 
Suivant  les  expériences  qu'a  faites  M.  de  Buffon , 
V aubier  de  l'arbre  ainfi  écorcé  &  laiffë  fur  pied ,  devient 
auili  dur  que  le  cœur ,  il  augmente  de  force  &  d'in- 
tenfité  ;  par  conféquent  cet  aubier ,  qui  auroit  été 
perdu ,  devient  propre  à  être  travaillé  comme  le  reile 
du  bois ,  &  n'eft  point  alors  plus  fujet  que  lui  à  la 
piqûre  des  vers. 

La  connoifîance  de  la  force  des  bois  ,  auxquels  on 
fait  fupporter  tous  les  jours  des  fardeaux  énormes  , 
étant  un  objet  important  d'utilité  ,  a  mérité  l'attention 
des  yeux  philofophiques  du  favant  Académicien  que 
nous  venons  de  citer.  Il  a  fait  fur  ce  lujet  un  très- 
grand  nombre  d'expériences  ,  dont  on  peut  voir  un 
ample  détail  dans  les  Mémoires  de  P  Académie,  Suivant 
{qs  obfervations ,  la  force  du  bois  n'ed  pas  propor- 
tionnelle à  fon  volum.e  :  une  pièce  ,  double  pour  la 
groffeur  d'une  autre  d'égale  longueur  ,  eft  beaucoup 
plus  du  double  plus  forte.  Le  bois  de  même  nature, 
qui  dans  le  même  terrain  a  crû  le  plus  vite  ,  eft  le 
plus  fort  ;  celui  qui  a  crû  plus  lentement ,  dont  les 
cercles  annuels  font  plus  m^inces  ^  eil  moins  fort.  La 
force  du  bois  eft  proportionnelle  à  fa  pefanteur.  De  deux 
pièces  de  mêm.e  groffeur  &  longueur,  la  plus  pefante 
eft  la  plus  forte  ,  à-peu-près  dans  la  même  proportion 
qu'elle  ell  plus  pelante.  Une  pièce  de  bois  chargée 
llmplement  des  deux  tiers  du  poids  capable  de  la  taire 
rompre,  ne  rompt  pas  d'abord,  mais  bien  au  bout 
d'un  certain  temps.  Il  réfulte  de  ces  ingénieufes  expé- 
riences ,  que  dans  un  bâtiment  qui  doit  durer  long- 
temps ,  il  ne  faut  donner  au  bois  tout  au  plus  que  la 
moitié  de  la  charge  qui  peut  le  faire  rompre. 

Dans  certaines  contrées  oii  le  travail  du  fer  eft  encore 
inconnu  ,  les  Nègres  ,  quoique  les  moins  ingénieux  de 
tous  les  hommes  ,  ont  néanmoins  imaginé  ,  dit 
M.  de  Buffon  ,  (  Hiji,  Natur,  des  Miner,  )  de  tremper 
le  bois  dans  rhiiile  ou  dans  des  grailles ,  dont  ils  le 


314  ^.    ^     f 

laiHent  s'imbiber ,  enfuite  ils  l'enveloppent   avec    cîe 

grandes  teuilles  ,  comme  celles  du  hanankr  ,  &  mettent 
fous  de  la  cendre  chaude  ,  les  inftrumens  de  hoïs  qu'ils 
veulent  rendre  tranchans;  la   chaleur    fait   ouvrir  les 
pores  du  hoïs  qui  s'imbibe  encore  plus  de  ç^XXt  graifle, 
&  lorfqu'il  eft  refroidi ,  il  paroît  liffe  j  fec  &  luifant , 
&  il  ert  devenu  fi  dur  qu'il  tranche  &  perce  comme 
une  arme  de  fer  :   des  zagaies  de  bois  dur  &  trempé 
de  cette  façon ,  lancées  contre  des  arbres  à  la  diflance 
de  quarante  pieds ,  y  entrent  de  trois  ou  quatre  pouces , 
&  pourroient  travcrfer  le  corps  d'un  homme  ;  leurs 
haches  de  bois ,  trempées  de  même  ,  tranchent  tous  les 
autres  bois.  On  fait  d'ailleurs  ,  continue  M.  de  Biiffon, 
qu'on    fait  durcir  le  bois   en  le  paifant  au  feu  ,    qui 
lui  enlevé  l'humidité  qui  caufe  en  partie  fa  mollefle  ; 
ainfi  y    dans    cette  trempe  ,  à  la  graifle  ou  à  l'huile  , 
fous  la  cendre  chaude ,  on  ne  fait  que  fubftituer  aux 
parties  aqueufcs  du  bols  une  ful^flance  qui  lui  elî  plus 
analogue  &  qui  en  rapproche  les  fibres  de  plus  près. 
Il  convient  de  citer  ici  une  expérience  de  M.  Faggot^ 
de  Suéde,  qui   prouve  que  le  bois  ^    lorfqu'il  eft  im- 
prégné d'alun  ,  n'eil  plus  inflammable  :  ce  moyen  fur 
pour  garantir  les  bois  de  charpente  de  l'aftion  à\i  feu  » 
coniifle  à  les  faire  féjourner  quelque  temps  dans  une 
eau  qui  a  diffous  ou  du  vitriol  ou  de  l'alun ,  ou  même 
un  autre  fel  qui  ne  foit  point  chargé  de   parties  in- 
flammables ;  par    ce  même  procédé  .  on  garantit   le 
kfis  de  la  pourriture  ,  fur-tout  û ,  après  l'imprégnation  ^ 
on  enduit  ce  bois  de  goudron  ou  de  peinture.  M.  Salberg 
prétend  que  du  bois  qui    auroit  été  trempé   dans  un 
limple  bain  de  vitriol  ,    ne  feroit  point  infeâé  d'in- 
l'eftes ,  que  les  punaifes  n'y  logeroient  point  ,   &  que 
la  graine  des  champignons  n'y  germeroit  jamais.  Mémoires 
de  Stockholm ,  tom.  i  ,  1 740.  Confultez  aulTi  le  Mcm,oire 
fur  les    diverfes  méthodes   inventées  jufqiià  préfent  pour 
garantir  d"" incendie  les  édifices   en  bois  ,  par  M.   /'Abbé 
]\î:uin  5  Journ,  de  PhyJ\  Ociobr:  lyjS  ,    &  Avril  \yy.^* 


B     O     I  3i,ï 

Ce  Mémoire  expofe  aiiiTi  des  vues  &  des  procédés 
miles ,  par  deux  illuflres  Anglois  (  M.  Hartky  &  iMilord 
Mahon,  )  Ces  hommes  méritent  par  leurs  inventions , 
non-feulement ,  dit  M.  VAbbé  Mann  ,  la  reconnoiffance 
de  leurs  Concitoyens  &  de  leur  fiecle ,  mais  aufïi  de 
toutes  les  Nations  &  de  la  Poflérité. 

Quel  objet  plus  intéreffant  que  la  confervatiou  des 
hoïs  ou  forêts  qui  nous  relient ,  &  le  renouvellement 
de  ceux  qui  font  détruits  en  partie  !  Auiîi  ÎVÎ.  de  Buffon 
en  a-t-il  fait  le  fujet  de  fes  expériences.  Il  eft  d  ufage 
de  conferver  dans  les  coupes  des  hois  ,  des  baliveaux 
que  l'expérience  déjà  trop  longu^î  montre  être  d'une 
mauvaife  qualité.  De  plus  ,  fuivant  \ts  obfervations 
de  M.  dt  BiiffoTî ,  ils  font  beaucoup  de  tort  aux  taillis. 
Dans  deux  cantons  voifms  de  bols  taillis  ,  placés  à  la 
même  expofition  dans  un  terrain  femblable,  la  gelée 
a  fait  im  ii  grand  tort  à  un  bois  taillis  fur  chargé  de 
baliveaux  de  quatre  coupes,  qu'il  a  été  devancé  de 
cinq  ans  fur  douze  par  les  bcis  taillis  voifms ,  où  il 
n'y  avoit  que  les  baliveaux  de  la  coupe  actuelle  :  eifet 
pernicieux ,  qu'on  ne  peut  attribuer  qu'à  l'ombre  & 
à  l'humidité  occafionée  par  les  baliveaux.  On  ne 
doit  pas  compter  fur  les  glands  que  fourniffent  les 
baliveaux  pour  regarnir  les  bcis  ;  car  ,  de  cette  grande 
quantité  qui  en  tombe  ,  à  peine  en  leve-t-il  quelques- 
ims.  Le  défaut  d'air ,  les  eaux  qui  dégouttent  des  arbres , 
la  gelée  qui  eft  plus  vive  à  la  furFace  de  la  terre  , 
tous  ces  obfl:acles  réunis  détruifent  le  plant  dans  fa 
naiflance.  Si  l'on  voit  quelques  arbres  de  brin  dans  les 
taillis ,  ils  ne  viennent  que  de  graine ,  car  le  chêne  ne 
multiplie  pas  de  rejetons,  &  ne  pouile  pas  de  la  racine; 
il  efl  à  remarquer  que  ces  arbres  de  brin  étant  éloignés 
des  baliveaux  ,  ne  doivent  leur  naifiance  qu'à  des 
geais  ,  mailots  ou  autres  animaux ,  qui  y  ayant  apporté 
ces  grains  pour  leur  nourriture ,  les  y  ont  laiffés. 

La  manière  de  tirer  d'un  taillis  tout  l'avantage  Se 
tout  le  profit  pciTible ,  ^n'eil  pas  la  méthode  ordinaire 


3t6  B     O     I 

de  mettre  les  taillis  en  coupe  réglée  ;  méthode  quï 
fans  cloute  doit  ia  faveur  à  fa  grande  commodité. 
Pour  la  coupe  des  bois  ,  il  faut  avoir  égard  à  la  na- 
ture du  terrain  ;  on  gagne  à  attendre  dans  les  bons 
terrains  ;  m.ais  il  faut  les  couper  fort  jeunes  dans  les 
terrains  où  il  n'y  a  pas  de  fond.  Il  ^^i  effentiel  d'ob- 
ferver  que,  dans  les  premières  années,  le  bois  croît 
toujours  de  plus  en  plus  ;  que  la  produdtion  d'une 
année  farpaffe  celle  de  l'autre  ,  julqu'à  ce  que ,  par- 
venu à  un  certain  âge,  fon  accroiilément  diminue. 
L'économe  doit  donc  faifir  ce  point ,  ce  maximum  ,. 
pour  tirer  de  fon  bois  tout  le  proht  polTible.  Un  arbre 
entre  en  retour  ,  fuivant  M.  Duhamel  ,  quand  les 
feuilles  de  fa  cime  jauniiTent  &:  tombent  de  bonne 
heure  en  automne;  quand  une  partie  de  l'écorce  fe 
deifeche  &  fe  détache,  ou  qu'elle  fe  fépare  de  dif- 
tance  en  diflance  par  des  gerçures  qui  fe  font  en  tra- 
vers. Ces  marques  de  vieille  fie  ou  ces  progrès  de  dé- 
périfTement,  s'offrent  encore  dans  les  arbres  qui  fe 
couronnent  ,  c'efi-à-dire  ,  quand  il  meurt  quelques 
branches  du  haut,  figne  infaillible  que  le  bois  du 
centre  s'altère ,  fe  dégrade  conlidérablernent.  Nous 
avons  configné  à  l'article  arbre ,  les  différentes  mala- 
dies des  végétaux. 

L'expérience  a  encore  appris  à  M.  de  Buffon^  que 
le  foin  que  l'on  prend  de  nettoyer  &  de  bien  cultiver 
le  terrain  oii  l'on  veut  faire  des  femis  ou  plantations , 
eft  plus  nuifible  que  profitable  ;  ordinairement ,  dit-il , 
on  dépenfe  pour  acquérir  ;  ici  la  dépenfe  nuit  à  l'ac- 
quifition.  La  meilleure  manière  de  réuiTir  à  faire  croître 
du  bois  dans  toutes  fortes  de  terrains  eil:  d'y  femer  des 
épines  ,  des  buiifons  ;  &  par  une  culture  d'un  ou  deux 
ans ,  d'amener  le  terrain  à  l'état  d'une  non-culture 
de  trente  ans.  Tous  ces  buiilbns  font  autant  d'abris 
qui  garantiffent  les  jeunes  plantes  ,  bru'ent  la  force 
du  vent ,  diminuent  celle  de  la  gelée ,  &  les  défen- 
dent contre  l'intempérie  des  faifons.  Un  terrain  ccii- 


B    O    I  317 

vert  de  bruyères  eil  un  bois  à  moitié  fait,  &  qui 
peut-être  a  dix  ans  d'avance  fur  un  terrain  net  &  bien 
cultivé.  On  peut  femer  dans  certaines  terres  de  l'avoine 
avec  les  glands ,  elle  garantit  le  plant  dans  fon  enfance. 

Dans  les  deux  premières  années ,  l'accroiffement 
du  plant  va  toujours  en  augmentant  ;  mais  le  plus 
fouvent  dès  la  troilieme  il  va  en  diminuant,  à  il 
continueroit  de  fuite  d?;ns  les  années  fuivantes  ;  il  faut 
faifir  cet  infiant  pour  couper  le  jeune  plant  jufqu'au- 
pres  de  terre,  fur-tout  dans  les  terres  fortes.  L'arbre 
étant  ainfi  coupé  ,  toute  la  fève  fe  porte  aux  raci- 
nes ,  en  développe  les  germes  ;  de  tendres  &:  her- 
bacées qu'elles  étoient ,  elles  deviennent  fortes  ,  &  pé- 
nètrent dans  le  terrain  ;  il  fe  forme  une  grande  quan- 
tité de  chevelus ,  d'où  partent  autant  de  fuçoirs  ;  l'arbre 
pompe  abondamment  des  fucs  nourriiTiers  ;  &.  dès  la 
première  année ,  il  donne  un  jet  plus  vigoureux  & 
plus  élevé  que  ne  l'étoit  l'ancienne  tige  de  trois 
ans.  Par  cette  méthode  facile  &:  peu  coûteufe  ,  on  fup- 
plée  aux  labours ,  &  on  accélère  de  pluiieurs  années 
le  fuccès  d'une  plantation.  Lorfque  les  jeunes  plants 
ont  été  gelés ,  le  vrai  moyen  de  les  rétablir  ,  eil  de 
les  couper  de  même  ;  on  facrifie  trois  ans ,  pour  n'en 
pas  perdre  dix  ou  douze. 

Pour  tirer  aufîi  tout  l'avantage  poflible  d'un  ter- 
rain ,  il  faut  entremêler  les  arbres  qui  tirent  leur  nour- 
riture du  fond  de  la  terre,  avec  ceux  qui  la  tirent 
de  la  fiu-facc  ;  c'eil-à-dire  ,  il  faut  mêler  les  arbres  à 
racine  pivotante  avec  ceux  à  racine  traçante.  On  doit 
auiîi  confulter  la  nature  du  terrain  ,  pour  diflinguer 
i'efpece  de  plant  qui  lui  convient.  On  trouvera  ces 
détails  iniportans  dans  les  Mémoires  donnés  par  M.  de^ 
Buffon  ,  &  inférés  dans  ceux  de  VAcadémU  dès  Sciences , 
années  ij^)^  &  '73£)'  Voyez  aufîi  les  mots  FORÊT 
&  Taillis. 

Quant  à  la  manière  dont  le  hois  fe  forme  &  fe 
développe ,   Foye^  Arbre.    Nous    parlerons  ci-après 


3i8  B     O    I 

cies  arbres  dont  le  nom  vulgaire  commence  par  le  mot 
bois. 

Bois.  En  Zoologie  ou  dans  l'Hifloire  Naturelle 
des  animaux  ,  on  appelle  bois  cette  prcdudion  qui 
croît  en  manière  de  cerne  rameufe  &:  s'é  eve  fur  la 
tête  de  plulieurs  efpeces  d'animaux  fauvages  :  tels  fortt 
le  cerf  ^  le  daim  ^  le  chevreuil  ^  Vélan^  le  rhcnnc  ,  &c. 
Voyc:;^  maintenant  r article  CORNE. 

Bois   AGATIFîÉ.   Voyci  à  r  article  PÉTRIFICATIONS. 

Bois  d'Agouty  eu  bois  lézard.  Aux  îfles  Fran- 
çoiles ,  l'on  a  donné  ce  nom  à  un  arbre  affez  grand 
hc  mal-fait ,  dont  le  fruit  ,  qui  eft  comme  une  petite 
noifette ,  fert  quelquefois  de  nourriture  au  petit  ani- 
mal nommé  agouty.  Voyez  ce  mot.  On  prétend  que 
cet  arbre  tire  fon  nom  de  celui  de  Vagouty  ,  animal  qui 
a  coutume  de  fe  loger  dans  fon  tronc  qui  eil  fouvent 
creux.  Le  bois  de  cet  arbre  ,  qui  eft  Vyattouhai  des 
Caraïbes  dure  long-temps  en  terre.  Il  eit  employé 
dans  quelques   ouvrages   de  charpente. 

Bois  d'Agra.  Voyei  Agra. 

Bois  d'Agi;illa.  Foyc^  Fimpi. 

Bois  d'Aigle.  Voye^^  à  Vartide  Bois  d'AloAs. 

Bois  d'Ain  on.  Nom  d'un  grand  arbre  de  Saint- 
Domingue  ;  il  le  plaît  dans  les  endroits  marécageux; 
fa  tige  eil:  ailez  élevée  ,  un  peu  crochue ,  crcvafiee , 
de  couleur  cendrée.  Son  bois  fendant ,  blanchâtre  ;  fes 
feuilles  qui  font  longues  de  fix  à  fept  pouces  &  larges 
de  trois  ,  croiiTent  à  l'extrémité  des  branches  rangées 
par  paire  fur  une  côte  qui  cil  toujours  terminée 
par  une  impaire  ;  elles  font  pointues  ,  d'un  vert 
pâle  en  deffous  ,  d'un  vert  foncé  &  luifant  en  deiïïis. 
Le  bols  d\ùnon  s'emploie  dans  les  ouvrages  de   char- 


ronnage. 


Bois  d'Alors  ,  Lignum  Aloes^  autXiloaloes,feu  Agd- 
lochum..  C'efî:  le  bois  d'un  ?rbre  étranger  &  oui  efl  afifo" 
lument  différent  de  la  plante  dont  on  i étire  le  fuc 
Valois  purgatif,  fi  ufité  dans  les  boutiques.  Les  ca/ac- 


B    O    I  319 

teres  botaniques  de  l'arbre  à  bois  d'aloh  ne  font  pas 
encore  bien  connus. 

On  diilingue  trois  efpeces  de  bois  d'aloes.  La  pre- 
mière eil  le  calamhac  dis  Indiens  ou  tambac  ^  nommé 
en  latin  Agallochum  prœjlandjjîmum  ,  Bauh.  Pin.  393  ; 
Calambac  Indorum  ,  Kmarn  Cochinchincnjiiim  ,  Suk- 
kiang  Simnjium  ,  Dal.  ;  Sokio  ,  G.  Camell.  C'efc  un 
bois  gras  ,  réfuieux  ,  noirâtre  ,  veiné  de  grifâtre ,  fo- 
lide  5  peiant  ^  dont  des  parties  cèdent  en  quelque  forte 
fous  les  dents  comme  la  cire.  Il  a  une  faveur  un  peu 
amere  &  une  odeur  très-aromatique  :  il  fe  fond  fur 
les  charbons  comme  la  réfme  ,  &  répand  une  odeur 
des  plusfuaves;  auffi  efl-il  très -recherché  dans  l'Inde, 
fur-tout  par  les  Grands  de  la  Chine ,  du  Mogol  &  du 
Japon  ,  où  il  fe  vend  prefque  au  poids  de  l'or.  Les 
Chinois  en  brûlent  dans  leurs  Temples.  Lorfqu'ils 
veulent  recevoir  une  perfonne  avec  magnificence  , 
&  qu'ils  veulent  faire  des  feflins  fomptueux ,  ils  font 
mettre  Mes  petits  morceaux  de  ce  bois  de  fenteur 
dans  des  cafîblettes ,  dont  l'odeur  fuave  embaume  les 
appartemens  ,  quand  on  les  approche  des  perfonnes 
qu'on  veut  honorer  ;  ces  cafîolettes  font  couvertes 
d'une  grande  toilette  de  foie  ,  pouY  qu'elles  ne  per- 
dent rien  de  leur  parfum  ,  qui,  outre  fon  odeur  agréa- 
ble ,  a ,  dit-on ,  la  propriété  de  fortifier  le  cerveau  ^ 
le  cœur  ôc  l'eflomac  ,  de  ranimer  les  efprits  ,  chalTer 
le  mauvais  air  ,  &  réfifler  au  venin.  Ce  bois  eft  fi 
précieux  &  fi  recherché  dans  ces  pays ,  qu'il  n'en 
vient  prefque  point  ici.  Les  Grands  du  pays  s'en 
font  faire  des  poignées  de  fabre  ,  &.  divers  pedts 
ouvrages. 

La  féconde  efpece  de  bols  £aloh  ,  &  qui  eil  celle 
que  l'on  trouve  dans  les  boutiques ,  Agallochiim  officia 
narum  ,  ligmim  Aloes  vulgarc  ;  Tchin-kiang  Simnjium  ; 
Tkim-hio ,  nous  efl  apportée  en  morceaux  de  diverfes 
grolTcurs  ,  pefans ,  d'un  rouge-brun ,  parfem.és  de  lignes 
réfmeufes  6c  noirâtres ,  remplis  de  petits  trous  ,  dans 


5io  B    O    I 

lefcucls  efl  contenue  line  réiine  roiifsâtre  &  odorante  t 
ce  bois ,  mis  fur  des  charbons  ardens  ,  répand  une 
odeur  aiTcz  agréable.  On  apprend  des  Chinois  &  des 
Siamois  ,  que  le  calamhac  &  le  hois  cTaloh  croiffent 
drns  le  Royaume  de  Siam  ,  dans  les  Provinces  de 
Tsjampa  &  de  Bonna  auprès  de  la  mer ,  ainli  que  fur 
les  montagnes  prefque  inacceffibles  de  la  Cochinchine 
ou  Ananiico  ,  &  de  la  Province  de  Junam  ;  mais 
notamment  à  Sjampaha  en  Chine  ,  dans  la  Province 
de  Coinemen  ou  Quinam  ,  où  ce  bois  efl  appelé 
tsyzn  -  tsjcny.  On  ne  retire  du  calamhac  des  arbres , 
que  lorsqu'ils  commencent  à  vieillir  :  la  réfine  fe  raf- 
l'emble  alors  en  plus  grande  quantité  aux  environs  des 
nœuds.  Ce  font  ces  morceaux  épars  çà  &  là  dans 
Tarière  ,  que  l'on  fépare  &  qui  font  fi  précieux.  Le 
calamhac  le  plus  réfmeux  &  le  plus  odorant,  fe  retire 
du  tronc  près  la  racine.  Il  refte  indécis  ii  le  hois  cCaloh 
efl  la  partie  du  bois  qui  reile  lorfqu'on  a  féparé  le 
calamhac^  ou  fi  c'eft  le  bois  d'un  autre  arbre.  Les  An- 
glois  vantent  ces  efpeces  de  bois  pour  la  guérifon  de 
la  goutte  &  des  rhumatifmes. 

La  troîfieme  efpece  de  hoh  d'aloh ,  efl  ce  que  l'on 
nomme  calamhouc  ou  hois  d'aigle  ,  ou  garo  de  Maîacca  : 
Aquilaria  Malaccznjis  ,  Sin-koo  ,  Ksempf  ;  Agallochum 
ftcimdarium  ,  Pamiph.  ;  Pao  de  aqiiila  des  Portugais  ; 
Kawo  richi ,  (  c'eft-à-dire  ,  bois  d'une  bonne  odeur,  ) 
par  le  commun  des  Japonnois  ;  les  Siamois  l'appellent 
RiJJina  ;  c'efl  le  ligumn  aquilœ  des  Latins.  Il  paroît 
que  l'arbre  qui  fournit  ce  bois  fe  trouve  aufîi  aux  Ifles 
de  Timor  &  de  Sol  or  ,  &  même  au  Mexique  ;  Agallo^ 
chum  fylvcjlre  feu  Lignum  aloes  Mexicanum  :  on  en 
apporte  de  groffes  pièces  de  ces  contrées  ;  le  bois  eft 
moins  pefant  que  celui  des  précédens  :  il  efl:  peu  ré- 
fmeux ,  cependant  d'une  odeur  agréable  ,  d'un  brun- 
verdâtre  &  d'une  faveur  amere.  On  fait  ufage  de  ce 
bo^s  en  marqueterie  ;  on  en  fait  des  boîtes  ,  des 
écritoires ,  des  étuis  ,  des  chapelets  ,.  6cC, 

Le 


B    O    I  311 

Le  bols  (TciIgcs  a  étc  ainfi  nommé,  à  caufe  de  Ion 
amertume  qui  tire  llir  celle  de  l'extrait  à'aloh,  Rumphius 
d'Jmboine  a  fait  mention  d'un  agallochiim  des  Ifles 
Moluques  ,  qu'il  nomme  Arbor  cxcœcans  ;  cet  agal- 
iochtim  paroît  être  de  la  famille  des  Euphorbes  ;  les  autres 
agallockîims  paroiffent  s'en  éloigner  beaucoup. 

Bois  amer  de  Supjnaim.  f^oyei  Bois  de  Quas- 
SiE.  On  donne  aiijll  le  nom  de  bois  amzr  au  Jîniaroubct 
de  Cayenne. 

Bois  d'anis.  Voy^i  Anis  de  la  Chine  6-  ranïck 
Avocatier. 

Bois  d'anisette.  C'eft  le  Saurums  frutcfccns  de 
Plumier'^  le  Joborandl  ou  Bïhimitrou  des  Caraïbes. 

Bois  arada.  Voy^i^  Tavernon. 

Bois  eacha.  Voyc^  Bois  a  caleçons. 

Bois  de  bambou,  Tabaxifera;  Arundo  arbor.  Cet 
arbre  efl:  nommé  par  les  Chinois  tchou-tfc  ,  &  par 
les  Européens  bambou  ;  c'eil  le  Ily  chu-tfc  de  V Bonus 
Malab.  C'eft  une  efpece  de  rofeau  des  pays  maritimes 
des  Indes  Orientales ,  dont  la  racine  ell  blanchâtre , 
couverte  de  petites  fibres ,  remplie  de  nœuds  feparés 
les  uns  àQS  autres.  Ces  nœuds  en  produifent  d'autres  , 
ôc  il  s'en  élevé ,  comme  d'autant  de  racines ,  plufieurs 
tiges  vertes  ,  lefquelles  en  fortant  de  terre  paroiffent 
fous  la  forme  d'une  grofîe  afJDerge  nailTante  :  le  bambou 
croît  quelquefois  à  la  grofTeur  d'un  arbre  ;  communé- 
ment il  efl  de  la  groiïeur  de  la  cuiile  par  la  bafe ,  & 
va  toujours  en  diminuant  jufqu'à  fon  fommet ,  qui 
porte  un  panicule  de  fleurs.  Cette  tige  s'élève  per- 
pendiculairement &  rapidement  depuis  vingt  jufqu'à 
'trente  ,  &  même  plus  de  quarante  pieds  de  hauteur. 
Son  bois  eft  dur  ,  fendant  ,  creux  &  moelleux  en 
dedans ,  ôc  divifé  par  des  nœuds  ou  articles  plus  durs 
encore  ;  de  ces  nœuds  ,  lorfque  le  bambou  efl  parvenu 
à  la  hauteur  de  dix  à  douze  pieds  ,  félon  le  climat , 
fortent  des  rejetons  ,  c'efl-à- dire,  divers  rameaux  col- 
latéraux ,  creux  aufîi  en  dedans  ;  la  tige  efl  armée  à 
Tqjiic  II,  X 


3"  B,  .0     I 

l'extcrieur  de  quelques  épines  oblongiies.  îî  faut  cepen- 
dant obferver  que  les  épines  ou  piquans  noirs  font 
uniquement  fur  les  enveloppes  circulaires  placées  entre 
les  nœuds  ,  6c  ces  piquans  tombent  avec  les  enve- 
loppes. Chaque  enveloppe  s'ouvre  à  mefure  que  le  jet 
fe  développe ,  &  tombe  quelque  temps  après  avoir 
fait  place  aux  feuilles  &  aux  branches.  Ainfi  les  nœuds 
qui  garniffent  les  tiges  ,  environ  à  un  pied  de  diftance , 
produifent  des  ramilles  fur  lefquelles  les  feuilles  font 
alternativement  placées. 

An  fommet  &  des  nœuds  des  rejetons  ôxxbambou  qui  a 
atteint  une  grande  partie  de  fa  hauteur,  fortent  fucceffi- 
vement  des  feuilles  d'un  vert  pâle,  tant  en  defTus  qu'en 
dcxTous,  cannelées,  c'eft-à-dire,  Criées  dans  leur  lon- 
gueur ,  longues  d'un  empan ,  larges  d'un  pouce  près  de  la 
queue,  &  fe  terminant  en  pointe ,  féparées  en  deux  par 
une  côte  fort  mince  ,  rudes  au  toucher,  garnies  fur  les 
bords  de  petites  dents  qui  font  inclinées  vers  le  fom- 
met de  la  feuille  ,  dont  la  bafe  eft  attachée  à  la  tige 
par  un  pédicule  fi  petit  qu'on  le  prendroit  d'abord  à 
la  vue  pour  une  feuille  fefÏÏle.  Ces  feuilles  ,  dont  \q^ 
beiliaux  font  friands ,  font  fuivies  de  branches  princi- 
pales qui  fe  garniffent  A. leur  tour  de  pluiieurs  autres 
petites  branches.  Les  feuilles  font  attachées  aux  bran- 
ches &  jamais  au  tronc.  Le  bas  de  la  tige  eft  fans 
branches  :  les  fleurs  relfemblent  aux  épis  du  froment. 
Suivant  les  Auteurs  de  VHortus  Malabaiicus ,  Its  fleurs  du 
bambou  font  à  étamines  ;  elles  naiffent  aux  nœuds  des 
rameaux  &:  forment  pliifieurs  épis  écailîeux  ;  lorfqu'ils 
s'ouvrent,  ces  fleurs  femblent  en  fortir  ,  &  ne  tenir 
ou'à  des  filamens  très-minces  ;  miais  elles  y  rentrent 
bientôt  comme  font  celles  du  riz ,  6l  font  alors  affez 
femblables  au  froment  renfermé  dans  l'épi ,  mais  plus 
petites. 

Lorfque  les  jets  font  tendres  &:  nouveaux  ,  ils  font 
d'un  vert-brun ,  prefque  folides  ,  contenant  une  moël'e 
fpongieufe  ,  que  les  Indiens  fucent  avec  avidité  ,   ù 


B    O    I  325 

caufe  de  fa  faveur  agréable.  Au  bout  de  quelque  temps 
ces  jets  deviennent  d'un  blanc- jaunâtre  &  luifant.  Il 
fuinte  &  dccoule  alors  naturellement  de  ces  tiges ,  une 
liqueur  qui  fe  coagule  près  des  nœuds  par  l'ardeur  du 
foleil ,  &  form.e  des  larmes  dures  &:  fragiles.  Ces  larmes 
font  une  efpece  de  fucre  naturel  ,  qui  eft  le  tabaxir 
des  Anciens.  Les  Perfes  ,  Les  Turcs  &  les  Arabes  lui 
donnent  encore  le  même  nom  &  celui  de  faccar- 
mambu.  Il  paroît  que  les  Anciens  n'ont  connu  d'autre 
fucre  que  ce  fucre  naturel ,  qui  découloit  de  lui-même 
du  bambou  ou  de  la  canm  à  fucre  :  on  eft  porté  à 
croire  qu'ils  ont  abfolument  ignoré  l'art  de  retirer  par 
exprefTion  le  fucre  des  cannes  à  fucre.  Voyez  cé  mot. 

Les  jeunes  rejetons  du  bambou  font  très- fucculens , 
ainfi  qu'on  l'a  dit,  &  font  la  bafe  d'une  célèbre  com- 
pofition  ,  que  l'on  appelle  achar  ou  achlar ,  &  qui  eil 
recherchée  comme  délicieufe  dans  les  Indes  &  en 
Europe. 

Les  Médecins  Arabes ,  Indiens  ,  Perfàns  &  Turcs 
font  un  grand  cas  de  ce  fucre  naturel  qui  découle  du 
bambou  ;  ils  l'eftiment  très-utile  dans  les  inflammations 
internes  &  externes  ,  &  l'on  dit  qu'il  fe  vend  en 
Arabie  au  poids  de  l'argent.  La  raifon  pour  laquelle 
on  ne  voit  plus  dans  les  boutiques  de  ce  fucre  naturel , 
c'eil  que  depuis  que  l'art  a  appris  aux  hommes  la 
manière  de  tirer  une  plus  grande  quantité  de  fucre  des 
cannes  en  les  coupant  &:  en  les  comprimant,  il  eil 
arrivé  que  les  Indiens  ont  coupé  tous  les  ans  les  ro- 
feaux  ,  &:  en  ont  planté  d'autres  à  leur  place  ;  & 
comme  il  ne  relloit  plus  de  vieux  rofeaux  qui  fulTent 
remplis  du  fucre  de  plufieurs  années ,  l'opération  de  la 
.  Nature  a  été  troublée  ;  &  par  ce  moyen  le  fucre  na- 
turel des  Anciens  s'eil  perdu  ;  du  moins  tel  eft  k  {en.- 
timent  des  Auteurs  de  la  Matière  médicale. 

Le  bambou  fe  multiplie  beaucoup  par  la  racine ,  de 
laquelle  il  s'élève  une  touffe  rameufe  à  la  manière  de 
quelques  efpeces  de  gramens ,  ou  plus  naturellement  à 


324  B     O    I 

la  manière  des  cannes  de  l'Europe  ;  car  il  cfl  du 
même  genre  que  la  canne.  Nous  avons  dit  que 
le  bambou  croît  promptement.  Il  furpaiîe  tous  les 
autres  rofeaux  en  hauteur  &  groffeur  ;  il  aime  les 
lieux  humides. 

Nous  voyons  avec  quelle  facilité  certaines  plantes 
fe  naturaUlent,  &:  paiTant  de  climats  en  climats  ,  y 
croiil'ent  par  la  liiite ,  comme  fi  elles  étoient  dans  leur 
pays  natal.  Le  bambou  qui  croit  à  la  Chine  ,  fe  retrouve 
en  Afrique  ^  6c  a  été  porté  à  la  Martinique  &  à  Saint- 
Domingue  ,  où  il  vient  très-bien  :  il  y  croît  à  la  hau- 
teur de  plus  de  vingt  pieds  ;  cependant  il  n'avoit  point 
encore  donné  de  fleurs  au  bout  de  quinze  ans  qu'il 
y  avoit  été  tranfporté.  Le  rofeau  bambou  eft  d'un  ufage 
infini  dans  ces  Colonies  ;  fes  tiges  font  employées 
pour  fiiire  des  pieux  dont  on  entoure  les  champs  ,  & 
il  arrive  fouvent  que  CQS  efpeces  de  haies  deviennent 
vivantes  ,  les  pieux  prenant  quelquefois  racine  ;  on  en 
fait  des  chevrons  ,  des  fabhers  ,  &  des  faîtages  pour 
les  cafés  à  Nègres  ;  en  les  refendant  on  en  retire  de 
la  latte ,  du  cercle  &  du  clijGTage  pour  ces  cafcs.  En  un 
mot  on  peut  dire  que  cette  produdlion  eil  une  des  pkis 
utiles  qui  ait  été  tranfportée  aux  Ifles. 

Le  bois  de  bambou  ,  quoique  très-facile  à  fendre ,  eft 
îrès-ûiï?xile  à  couper  :  il  eil  fort  dur  ^  ferme  ;  les 
Indiens  en  font  des  bateaux,  des  pilotis  pour  foutenir 
de  petites  maifons  faites  du  mcîne  bois  y  &  qu'on  bâtit 
fur  les  canaux  ;  toutes  fortes  de  meubles  &  d'ullenfiles 
pour  l'ufage  de  leurs  cuilines  &  de  leurs  tables  ;  les 
bâtons  fur  lefquels  les  efclaves  portent  cette  eipece  de 
litière  qu'on  appelle  polanqula  ou  palanquin  ;  ils  cou- 
pent ce  bois  en  fils  déliés  &:  en  font  des  nattes  ,  des 
ouvrages  de  vannerie  ,  des  boîtes  &  divers  ouvrages 
afîez  propres.  Ce  bois  efl  là  dur ,  que  lorfque  les  In- 
diens veulent  fumier  du  tabac  ou  allumer  leurs  gar- 
goulis  ,  ils  en  frottent  deux  morceaux ,  &  fans  que  ce 
bois  s'enûamin^e  ni  étiiiçclle  ,  uas  feuille  feche  qu'on 


B     O     ï  325 

applique  defiiis  y  prend  feu  à  rinilant.  On  en  fait  auiïi 
des  pliiines  à  écrire. 

Il  y  a  plulieiîrs  efpeces  de  bambou.  Voyez  VouLOU. 
Les  petits  jets  font  les  cannes  que  l'on  appelle  bam- 
boches ,  qu'on  voit  en  Europe  chez  les  Merciers.  On 
fait  à  la  Chine  ime  grande  quantité  de  papier,  pref- 
qu 'auiïi  uni  que  le  vélin ,  avec  la  pellicule  ou  le  liber 
qui  enveloppe  le  bois  de  bambou  ;  la  plupart  des  livres 
imprimés  à  la  Chine  font  de  ce  papier. 

Bois  de  baume  ou  Xïlobalsame.  Foyei  à  r ar- 
ticle Baume  de  Judée.  A  l'égard  du  bois  du  petit 
baume  d'Amérique  ,  Foyei  Croton  Balsamîfere. 
Le  bois  de  baume  à  grandes  feuilles  ,  efl  le  croton  à 
feuilles  de  peuplier. 

Bois  benoist  fin.  Aux  Antilles  on  donne  ce 
nom  à  \\n  arbre  d'une  allez  belle  venue  ,  grand 
&;  gros.  On  s'en  fert  pour  faire  de  beaux  meubles. 
Ce  bois  a  les  veines  plus  rouges  que  celles  du 
bois  fatiné  ;    le   fond   en  ell  jaunâtre.    Voye^^   Bois 

DE    FÉROLES. 

Bois  BLANC  de  la  Guiane.  Aux  Mes  fous  le  vent , 
&  notamment  dans  l'Iflhme  d'Amérique  ,  or\  donne  ce 
nom  plus  communément  à  V arbre  de  Saint-Jean  qu'au 
hoLS  de  favannz  dont  il  eft  parlé  dans  l'article  Poirier 
fauvage.  Voyez  ces  mots* 

BOiS   A   BOUTONS.    /^<9>'2{  l'article  CÉPHALANTE. 

Bois  DE  Brésil  ou  Bresillet  ,  Cœfalpinia  / 
Lignum  Brafiliamun,  C'efl:  \\w  genre  de  plantes  à  fleurs 
polypétalées  ,  de  la  famille  des  Lêgumincufes  ,  qui  , 
félon  M.  le  Chevalier  ^e  la  Marcky  a  des  rapports  avec 
les  poincillades  &  les  canéficiers  ,  &  qui  comprend  àes 
arbres  ou  des  arbriiïeaux  exotiques  ,  communément 
épineux ,  &  dont  les  feuilles  font  deux  fois  ailées.  Les 
fleurs  font  à  cinq  pétales  ;  il  y  a  dix  étamines.  Le  fmit 
eft  une  goufîe  ou  ovale  ,  ou  oblongue  ,  avec  une 
pointe  oblique  à  fon  fomm.et ,  un  peu  aplatie ,  imi- 
loculaire^j  ôc  qui  contient  de  deux  à  fix  femences  ovoïdesk 


3i6  B     O    I 

OU  rhomboïdales.  On  diilingue  plufieiirs  efpeces  de  lois 
de  Bréjil  ou  hrifiLUt. 

Le  BrcfilUt  de  Fernambouc  ,  vulgairement  hois  de 
Brijil  ,  Arbor  Brajilïa  ,  Rai.  Hift.  ;  Pfiudo-fantalum 
rubrum  ^  feu  Arbor  Brajilïa^  Bauh.  Pin.  393  ;  Acacia 
glorïofa  ,  fpinïs  armata  ,  (  cujus  lignum  Brajilïa  dïcium  ) 
tinclorla  ,  Pluk.  Alm.  5  ;  Arahoutan ,  quorumdam  ; 
Ibirapitanga ,  Pifon.  C'eft  un  arbre  qui  croît  naturel- 
lement au  Bréfil ,  dans  les  bois  &  parmi  les  rochers  ; 
il  devient  fort  gros  &  fort  grand  ;  fon  écorce  ,  tant 
fur  le  tronc  que  fur  les  branches  ,  eft  brune  &  armée 
de  piquans  courts  &  épars  ;  fes  rameaux  font  longs 
&  étalés  ;  fes  feuilles  font  alternes  ,  deux  fois  ailées  , 
&  portent  des  folioles  comparables  à  celles  du  buis. 
Les  fleurs  viennent  en  grappes  fimples  ;  elles  lont 
petites  ,  panachées  de  jaune  6l  de  rouge  ,  &:  ont  une 
odeur  agréable.  Les  fruits  font  des  gouffes  aplaties  , 
oblongues,  dun  brun  obfcur ,  hériflees  à  l'extérieur 
de  beaucoup  de  petites  pointes  ,  &  qui  renferment 
quelques  femences  Hli'es  &  d'un  rouge-brun. 

Le  bois  intérieur  du  tronc  de  cet  arbre  efl:  rouge  , 
mais  il  eil  recouvert  d'un  aubier  fort  épais.  Ce  bois 
eft  très-pefant ,  fort  fec ,  ôc  pétille  dans  le  feu ,  où  il 
ne  produit  prefque  point  de  fumée,  à  caufe  de  fa 
grande  féchereffe  ;  ce  bois ,  à  l'inllant  qu'il  efl  divifé 
en  éclats ,  paroît  d'un  rouge  pâle  ,  mais  frappé  par 
l'air  5  il  devient  d'une  teinte  plus  foncée  ;  étant  mâché , 
il  donne  une  faveur  comme  fucrée.  Il  efl  propre 
pour  les  ouvrages  de  tour  ,  &  prend  bien  le  poli  ; 
mais  fon  principal  ufage  efl  pour  la  teinture  ,  où  il 
fert  à  teindre  en  rouge ,  &  fait ,  fous  ce  point  de  vue  , 
un  grand  objet  de  commerce  en  Europe  :  néanmoins 
c'efl  une  fauffe  couleur  qui  s'évapore  aifément  ,  & 
qu'on  ne  peut  employer  fans  l'alun  &  le  tartre.  C'eft 
communément  avec  ce  bois  que  l'on  teint  en  rouge 
la  coque  des  œufs  de  Pâques,  les  racines  de  guimauve 
poiir  nettoyer  les  dents ,  &  plufieurs  autres  chofes. 


B    O    I  327 

On  en  tire  auffi  ,  par  le  moyen  de  l'aîim  ,  une  efpeee 
de  carmin  végétal ,  &  le  faux  heiata  ;  on  en  fait  une 
laque  liquide  pour  la  miniature  ,  6l  c'eft  de  la  teinture 
de  ce  bois ,  qu'ell  compofée  cette  craie  rouge âtre  qu'oa 
nomme  rofette  ,  6c  qui  fert  pour  la  peinture. 

Le  Bréjilkt  de  Bahama  ,  Pfmdo-fantalum  croceum  , 
Sloan.  Jam.  ;  Catesb.  Carol.  C'eit  un  fort  arbriffeau  qui 
croît  dans  les  Mes  de  Bahama  &:  à  la  Jamaïque  ;  les 
piquans  dont  fes  rameaux  font  armés ,  font  redreffés  ; 
les  fleurs  font  blanchâtres  6l  viennent  en  grappes 
droites:  les  femences  obrondes.  Son  bois  fert  en  tein- 
ture ;  fa  couleur  efî:  d'un  rouge  de  fafran. 

Le  Bréjilkt  à  vcjfies  ,  Cœfalpinia  vejicarla  ,  Linn, 
C'eil  un  arbre  qui  croît  naturellement  à  la  Jamaïque  ; 
il  s'élève  à  la  hauteur  d'environ  quinze  pieds.  Son 
tronc  eft  à-peu-près  de  la  groffeur  de  la  cuiiTe  ,  un 
peu  tortu  ,  &  recouvert  d'une  écorce  unie  &  blan-» 
châtre  ;  fes  rameaux  font  tortueux  &  munis  de  pi- 
quans. Les  fleurs  font  jaunes  ;  les  fruits  font  des  goufles 
ovales ,  prefque  obtufes ,  noirâtres ,  lillonnées  ,  &  qui 
ne  contiennent  que  deux  ou  trois  femences.  Cet  arbre 
efl  le  Celiiua  verœ.  crucis  ^  Vcpcaria  de  Pluknet  Tab.  165, 

Le  BrifilUt  des  Antilles  ,  Cœfalpinia  crijla  ,  Linn. 
C'eil:  un  petit  arbriffeau  qui  croît  aux  Antilles  ;  fon 
tronc  efl  à  peine  de  la  groffeur  de  la  cuiffe  ,  &  ne 
s'élève  qu'à  environ  quatre  pieds  de  hauteur  ;  il  fe 
partage  à  fon  fommet  en  plufieurs  branches  ,  de  la 
groffeur  du  poignet ,  hériffées  d'aiguillons  nombreux , 
épars  5  courts  ,  crochus  ,  très-roides  ,  noirâtres ,  & 
pofés  chacun  fur  un  tubercule.  L'écorce  du  tronc  eil 
un  peu  épaifTe ,  cendrée  à  l'extérieur ,  &  rouge  à  l'in- 
térieur ;  le  bois ,  proprement  dit  ,  efl  rouge ,  pefant  , 
folide  ,  facile  à  fendre  ;  feS  fleurs  font  d'un  vert- 
blanchâtre  &  à  cinq  étamines  ;  elles  font  en  grappes 
droites  &  pyramidales. 

Le  Brljiila  des  Indes ,  vulgairement  bois  de  Sapan  ^ 
OU  bréJîlUù  du  Japon ,  Cœfalpinia  Sappan  ,    Linn,  ? 

X4 


328  .SOI 

L'igno  Brafiliano  Jimile  ,  Bauh.  Fin.  393  ;  Lignum  Sap^ 
pan ,  Riimph.  ;  Tsjampangaîji  ,  Rheed.  C'eft  un  arbre 
qui  croit  aux  Indes  Orientales  ,  à  Siam  ,  dans  les 
Moîuques  &  au  Japon  ;  il  s'élève  de  dix  à  quinze 
pieds  de  hauteur  ;  le  tronc  efl  un  peu  plus  gros  que 
la  cuifTe  ;  les  branches  font  chargées  de  beaucoup  de 
piquans ,  courts ,  courbés  &  épars.  L'écorce  efl  cen- 
drée ,  rouffâtre  à  l'intérieur  ;  le  bois  eft  dur  ,  d'un 
rouge  pâle,  ô^  la  moelle  eil  bien "diilincle  au  centre 
du  tronc.  Le»  fleurs  ibnt  jaune:3  ;  les  fruits  offrent  des 
gouffes  aplaties  ,  prefque  en  forme  de  coin  ,  d'un 
rouge-brun  ,  &  contiennent  deux  ou  trois  femences. 
Son  bois  ,  appelé  auiîi  par  corruption  hois^  de  Lamon , 
fe  vend  dans  les  Indes  peur  teindre  en  rouge  ,  & 
pour  faire  de  jolis  meubles.  Si  l'on  fait  bouillir  ce 
bois  dans  l'eau ,  il  donne  une  teinture  noirâtre  ,  mais 
qui  devient  rouge  lorfqu'on  y  m.êle  de  l'alun  ,  &:  efl 
d'un  grand  ufage  pour  teindre  en  vm  beau  rouge ,  les 
cotons  &:  les  laines. 

Le  BrijîUet  à  feuilks  d'acack  du  Malabar ,  Cœfal- 
pinia  mimcfoïdes  ;  Kal-todda-vaddl  ^  Rheed.  Mal.  C'efl 
im  arbrifieau  d'environ  quatre  pieds  de  hauteur , 
dont  la  tige  ,  les  rameaux  ,  les  pétioles  &  les  pédun- 
cules  font  chargés  de  piquans  ou  aiguillons  nombreux , 
très-aigus  ,  petits  &  épars.  Rheede  dit  que  les  pin- 
ïiules  &  les  folioles  des  feuilles  de  cet  arbriffeau  fe 
contradent  lorfqu'on  les  touche,  comme  celles  des 
fmjidves.  Voyez  ce  mot.  Ses  fleurs  font  aifez  grandes  , 
jaunes  ,  &:  difpofées  en  longues  grappes  ;  les  fruits 
font  comme  dans  l'efpece  précédente. 

Le  BréJîlUt  bâtard^  Spondias fpurius.  Cet  arbre  croît 
dans  les  mornes  ,  aux  Ifles  fous  le  vent.  Son  bois 
donne  une  couleur  plus  brune  que  rouge  ;  fon  écorce 
cfl  ailïingente. 
^  Le  BrcJilUt  faux  d'Amérique  ,  ou  BrèfîUot ,  Brajî- 
liajirum  Âtmrkanum  ,  De  la  Marck  ;  Tariri  arhor  tincio- 
ria  3  fol'ùs  alurnis  ohfcurh  vlolacco ,  Barr.    1 06.  M.  de 


B    O    I  329 

ta  Marck  dit  que  cet  arbnffeau  eft  de  la  famille  des 
Balfarnhrs,  Il  croît  dans  la  Giiiane  ,  à  la  Jamaïque 
&  à  Saint-Domingue  ;  il  s'élève  à  la  hauteur  de  huit 
à  dix  pieds  ;  fa  tige  a  deux  pouces  de  diamètre  ;  les 
rameaux  font  couronnés  de  grandes  touftes  de  feirilles  ; 
les  folioles  font  ovales  ,  pointues  ,  entières ,  îiffes  , 
vertes  &  luifantes  en  deifus  ,  velues  dans  leur  con- 
tour ,  &  foutenues  par  un  pétiole  rougeâtre.  Elles 
prennent  une  couleur  pourpre-noirâtre  en  fe  dellé- 
chant.  Les  fleurs  font  petites  ,  d'un  rouge  obfcur  , 
d'un  feul  fexe  fur  chaque  individu  ,  &  viennent  lur 
des  grappes  rameufes  &:  terminales.  Les  fruits  font 
mous  ,  pulpeux  ,  de  la  formée  de  nos  olives  ,  d\ui 
rouge  de  corail  ,  légèrement  acides  ,  &  contiennent 
chacun  un  noyau. 

Plumier  dit  que  quand  on  entame  le  tronc  ,  il  en 
fort  un  flic  qui  noircit  ,  &  qui  ,  par  fa  cauflicité  , 
forme  une  tache  prefque  ineffaçable  s'il  tombe  fur 
quelque  partie  du  corps.  Son  bois  ,  qu'on  nomme 
faux-brljillct  en  Amérique  ,  parce  qu'il  eil  comme  le 
brljilkt  de  Fernambouc  ,  propre  à  teindre  en  rouge  , 
donne  une  couleur  qui  elt  plus  brune  que  rouge.  Ce 
bois  eïl  d^m  rouge-brim  ,  ou  au  moins  prend  cette 
couleur  quelque  temps  après  qu'il  a  été  expofé  à  l'air. 
M.  AithLu  dit  que  {es  feuilles  écrafées  toutes  vertes 
&  preffées  dans  du  coton  ,  lui  donnent  d'abord  une 
teinture  verte ,  qui  peu  après  devient  d'une  couleur 
violette. 

11  croît  à  Saint-Domingue  un  bréfilUt  plus  petit , 
dont  le  bois  efl:  d'un  blanc  pâle ,  &  les  feuilles  tout- 
à-fait  glabres  :  il  eft  bien  moins  propre  en  teinture. 

Bois  cabril  bâtard.  C'eil  le  Beurrcria  de  Brown  ; 
le   Cordia  ,  de  Linnœus  ;  le  Jafminum  de  Sloane, 

Bois  caca  ou  Bois  de  merde  ^  Surculia  ,  Linn. 
Grand  arbre  affez  commun  à  Cayenne  ,  &  dont 
le  bois  étant  employé  eiî  de  peu  de  durée  en  terre. 
L'odeur  très-fétide  qu'il  répand ,  quand  on  le  coupe , 


3ÎO  B    O    I 

lui  a  fait  donner  le  nom  fous  lequel  il  eft  conni!. 
Cette  odeur  s'évapore  en  féchant.  On  prétend  que  cet 
arbre  elt  le  kavalam  de  VHortus  Malabaricus, 

Cet  arbre  qui  fe  trouve  auifi  dans  les  endroits  fa- 
blonneux  &:  incultes  ,  à  Saint-Domingue  ,  a  la  racine 
groffe ,    pivotante ,  fibreufe ,  blanchâtre    &    un  peu 
amere  ;  fon  tronc  eil  couvert  d'une  écorce   épaifle  , 
d'un   vert-cendré  en  delTus  ,  blanchâtre  en  deffous  \ 
fon  bois    eft   blanc ,  poreux ,   filandreux  ;  (es   feuilles 
oblongues  ,  terminées  par  une  pointe  qui  eft  recour- 
bée d'un  côté  ,  unies  ,  d'un  vert  clair  en  deiTus  ,  obfcur 
en  deiTous  ,  d'une  odeur  forte  ,  portées  fur  des  queues 
qui  font  gonflées  vers  la  bafe  ;  les  fleurs  font  petites  , 
à  cinq  pétales  étroits ,  formant  une  rofe  de   couleur 
rouffe    en   dehors ,    d'un   vert-jaunâtre  en  dedans  & 
velouté  ;  ces  fleurs  font  tantôt  ifolées  ,  tantôt  portées 
deux  à  deux  fur  de  longs  pétioles  ;  elles  ont  une  odeur 
femblable  à  celle  des  excrémens  de  l'homme ,  &  leur 
odeur  eil   même  plus   fétide  que  celle  du  bois.   Les 
fruits  qui  leur  iuccedent,  croiftent  à  Pextrémité  d'un 
pédicule   com.mim  ;  ils  font  ferrés  les  uns  contre  les 
autres ,  oblongs ,  couverts  d'une  écorce  épaiffe ,  dure ,  6c 
renferment  une  pulpe  blanchâtre,  &  neuf  ou  dix  graines 
attachées  à  un   placenta  ;  ces  graines  font  oblongues , 
noirâtres,  remplies  d'une  fubftance  blanche,  farineufe. 

M.  Tlumbcrg  ^  dit  que  le  bois  de  jnerde  croît  auffi 
fpontaném.ent  dans  les  Mes  de  Java  &  de  Ceylan.  Ce 
favant  Botanifte  Suédois  a  vu  fa  décodion  guérir  com- 
plètement plufieurs  vices  cutanées  chroniques. 

Bois  a  caleçons  ou  Bots  Bâcha.  C'eft ,  félon 
Nicoljàn ,  un  arbrifieau  qui  fe  pi  ait  dans  les  endroits 
montagneux  &  dans  les  rochers  à  Saint-Domingue  ;  fa 
racine  eft  fibreufe ,  peu  profonde  ;  il  s'en  élevé  plufieurs 
tiges  hautes  de  dix  à  douze  pieds  ,  &  d'un  pouce  de 
diamètre  par  le  bas  ;  elles  fe  fubdivifent  par  le  haut 
en  plufieurs  petites  branches  flexibles  ;  fon  écorce  eft 
grisâtre  ,   lifle  ^  fon  bois  mou ,  blanc ,  fendant  ;  fes 


B     O    I  331 

feuilles  minces  ,  d'un  vert  foncé ,  oblongues ,  alternes , 
longues  de  deux  à  trois  pouces,  &  larges  d'environ 
deux  pouces  ,  divifées  vers  le  milieu  en  deux  parties 
obtiifes  ;  fes  fleurs  font  blanches  ,  difpofées  par  bou- 
quets ,  légumineufes  ,  inodores  ;  au  centre  fe  trouvent 
plufieurs  ëtamines  longues ,  déliées  ,  &  -un  piilil  dont  le 
ftyle  eil  terminé  par  un  fligmate  brun ,  oblong  :  à  ces 
fleurs  fuccedent  des  gouffes  de  quatre  à  cinq  pouces 
de  longueur  &  d'un  demi-pouce  de  largeur ,  brunes , 
très-minces  ,  brillantes  ,  qui  renferment  dix  à  douze 
petites  graines  aplaties  &  grifâtres. 

Bois  de  Campêche  ou  Bois  de  la  Jamaïque  , 
Lignum  Campcfcanum  ,  Sloan.  Jam.  ;  c'eft  VHamatoxi- 
liim  de  Linnœus  y  le  TJiam  pcngam  de  VHort,  Malabar.  ; 
le  faux  briJilUt  d'Amérique  ,  Pfmdo-brafilium ,  Plum. 
Les  Auteurs  ont  contondu  mal-à-propos  cet  arbre  avec 
celui  appelé  bois  d'Inde  :  ce  dernier  efl  de  la  famille 
des  Myrtes,  Le  bois  de  Campêche  ell  de  la  famille 
des  Légumineufes,  On  trouvera  à  la  fin  de  cet  article 
la  deicription  des  ufages  du  bois  d'Inde  ;  &c  aiin  qu'on 
en  puifTe  mieux  juger  ,  ou  trouvera  à  l'article  Poivre 
de  la  Jamaïque  ,  la  defcription  de  l'arbre  appelé  bois 
d'Inde,  L'arbre  qui  donne  le  bois  de  bréjïl  ou  brèfilkt 
de  Fernambouc  eft  auiîi  très-différent. 

L'arbre  appelé  bois  de  Campêche  efl  très-grand  & 
fort  épineux  ;  fon  tronc  s'élève  perpendiculairement  , 
répand  des  rameaux  de  tous  côtés  ;  il  efl  communé- 
>  ment  à  côtes,  fur-tout  par  le  bas;  fon  écorce  efl 
grife  -  brunâtre  ;  l'aubier  jaunâtre  ;  le  cœur  du  bois 
efl  rouge  ;  fes  feuilles  font  petites ,  prefque  rondes , 
rangées  deux  à  deux  fur  une  côte  ;  fa  fleur  efl  d'un 
jaune-blanc  ,  petite  ,  &  fe  change  en  une  follicule 
membraneufe  ,  lancéolée  ,  mince  ,  plate  ,  qui  ren- 
ferme quelques  petites  graines  aplaties  :  cet  arbre 
croît  également  bien  par-tout  ,  à  Saint-Domingue  , 
&  particulièrement  aux  environs  de  Campêche.  A 
Saint  -  Domingue ,  félon   Nicolfon  ,   on  en   fait  des 


532  B     O    I 

haies  vives  qui  croiiîent  en  peu  de  temps ,  &  font  un 
aiifîi  bel  effet  que  le  citronnier ,  pourvu  qu'on  ait 
foin  de  les  tailler  cinq  ou  fix  fois  par  an  ,  ce  qu'un 
Habitant  attentif  ne  manque  jamais  de  faire  ,  car  lorf- 
que  l'on  cefTe  de  couper  les  branches  de  cet  arbre  , 
elles  s'élèvent  en  peu  de  temps  à  une  hauteur  confi- 
dérable  ,  produifent  quantité  de  graines  qui  donnent 
nai fiance  à  une  infinité  de  jeunes  plants  qu'on  a  bien 
de  la  peine  à  détruire;  les  épines  viennent  fur  les 
branches  ,  Se  ont  ouatre  à  fix  li2;nes  de   loneiueur. 

Le  bois  d  Inde  dont  l'arbre  elt  décrit  à  l'article 
Poivre  de  la  Jamaïqiu ,  ell:  un  bois  dont  on  fait  ufagé 
en  teinture  pour  les  couleurs  noires  &:  violettes  , 
&  pour  les  gris  :  il  A  fourni  par  un  grand  arbre  qui 
croît  en  Amérique ,  dans  PIfle  de  Sainte-Croix  ,  à  la 
grande  Terre  de  la  Guadeloupe,  à  la  Grenade  ,  aux 
Grenadins  ,  à  Marie-Galante  ,  au  gros  Morne  de  la 
Martinique  ,  au  quartier  des  Tartanes.  Ses  feuilles  font 
aromatiques  &  ont  quelque  reifemblance  avec  celles 
du  laurier  ordinaire ,  ce  qui  l'a  fait  nommer  aufîi  lau- 
rier aromatique  ;  mifes  dans  les  fauces  ,  elles  leur  don- 
nent un  goût  femblable  à  celui  de  plufieurs  épices. 
Ses  fruits  font  de  la  groffeur  d'un  pois ,  d'un  goût 
piquant ,  femblable  à  un  mélange  de  cannelle  ,  de 
girofle  &  de  poivre.  On  connoît  ce  fruit,  en  Angle- 
terre ,  fous  le  nom  de  graine  des  quatre  épices  ;  il  efl 
propre  à  alTaifonner  les  lauces.  Les  ramiers  ,  les  grives , 
les  perroquets  font  avides  de  ces  graines  :  fi  on  en  met 
digérer  dans  de  l'eau-de-vie  ,  on  en  retire  par  la  diilil- 
îation  une  liqueur  d'une  odeur  agréable  ;,  qui  devient 
délicieufe  au  goût ,  &  propre  à  fortifier  l'eflomac  , 
en  y  ajoutant  une  quantité  fufRfante  de  fucre.  Cette 
liqueur  efl  très-eflimée  dans  les  Ifles. 

Le  bois  d'Inde  eft  dur  ,  compacte ,  d'un  beau  brun- 
marron  ,  tirant  quelquefois  fur  le  violet  &  fur  le 
noir  :  on  en  voit  à  fond  brun  tacheté  de  noir  très- 
réguliérçment ;  on  en  fait  des  meubles  très-précieux. 


car  il  prend  un  très-beau  poli  ,  &  ne  fe  corrompt 
jamais  :  les  Luthiers  emploient  ce  bois  ,  qui  a  quel- 
quefois le  coup-d'œil  de  l'écaillé ,  pour  faire  des 
archets.  On  s'en  fert  dans  la  teinture  :  fa  décodion 
efl  fort  rouge  ,  lorfqu'on  fait  ufage  d'alun  ;  mais  fi 
on  n'y  en  ajoute  point ,  la  décoftion  devient  jaunâtre  , 
&  au  bout  de  quelque  temps  noire  comme  de  Pencre  : 
au-ii  fait-on  ufage  de  cette  décodlion  pour  adoucir  & 
velouter  les  noirs  ;  c'efl  ce  velouté  qui  fait  tout  le 
mérite  des  noirs  de  Sedan. 

Le  hois  de  Campêchc  efl:  pefant ,  rouge  ;  il  brûle  fort 
bien  ^  &  fert  à  teindre  en  rouge  ou  en  violet  ;  comme 
c'eft  le  cœur  de  l'arbre  qu'on  emploie  pour  la  tein- 
ture ,  on  enlevé  tout  l'aubier  qui  l'environne  avant 
de  le  tranfporter  en  Europe.  Q^ielque  temps  après 
qu'il  eft  coupé ,  il  devient  noir  ;  &  s'il  eil  mis  dans 
l'eau ,  il  lui  donne  une  couleur  d'encre  affez  vive ,  & 
on  s'en  peut  fervir  pour  écrire  :  il  peut  donc  teindre 
aufTi  en  noir. 

Bois  de  Cannelle.  Nom  donné  à  la  Cannelle 
ELANCHE.  Voye7^  ce  mot. 

Bois  a  canon.  Foyci  Ambaïba. 

Bois  Capitaine.   Voyei  Cerisier  Capitaine. 

Bois  Capucin  ou  Bois  signor.  Très-î>rand  arbre 
du  pays  de  Cayenne ,  que  Ton  peut  regarder  comme 
iiîie  efpece  de  balatas  (  Voyez  cz  mot  )  ,  mais  ^v^.n 
grain  plus  fin.  Son  bois  ,  quoique  bon  pour  bâtir  , 
eil  encore  de  peu  d'ufage  ;  peu  d'Habitans  le  connoif- 
fent^  quoique  les  quartiers  de  Ko  &  de  Provaî  en 
foient  affez  fournis.  On  en  doit  même  la  connoiffance 
à   des  Indiens  fugitifs  du   Para.  Maif.   Ru(î,  de  Cayzn. 

Bois  de  Cavalam.  Il  a  l'odeur  fétide  d'excré- 
mens  humains  ,  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de 
ho'is  de  jnerdc  dans  les  Pays  chauds.  Voye^  Bois  caca. 

Bois  de  Cayan.    Foy^i  Simarouba. 

Eois  DE  chambre.  Nom  donné  dans  nos  Mes , 
©a  Amérique ,  à  une  plaiite  dont  la  tige  fert  d'amadou. 


334  B    O    I 

Cette  plante  qui  eil  annuelle ,  croît  dans  les  lieux  maré- 
cageux &c  incultes  ;  elle  s'élève  à  plus  de  fix  pieds  ;  fa 
racine  efl  blanche ,  chevelue  ;  fa  tige  eft  groffe  comme  le 
doigt ,  cannelée  &  fpongieufe ,  rougeâtre  ;  fes  rameaux 
oppofés  en  croix  ;  fes  feuilles  alongées  ,  d'un  pouce  <^ 
demi  de  longueur  fur  deux  lignes  de  largeur  ,  difpofées 
deux  à  deux  jufqu'au  nombre  de  cinquante  fur  une  côte, 
d'un  vert  pâle  ,  couvertes  d'une  pouiTiere  fine. 

Bois  de  chandelle.  C'eft  le  Taouia  ou  Alacolay 
des  Caraïbes  :  on  en  diflingue  à^xu.  efpeces ,  le  blarx 
&  le  noir  ;  le  premier  eft  un  arbre  de  moyenne  gran- 
deur ,  &  croît  dans  nos  Ifles  ,  en  Amérique  ,  dans  les 
bois  qui  font  fitués  aux  bords  de  la  mer.  Son  bois 
eil  compa<^e ,  dur,  pefant ,  réfmeux  ,  odorant;  aulîi  les 
Indiens  le  coupent  par  éclats  ,  &  s'en  fervent  pour 
s'éclairer  la  nuit ,  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom 
de  bois  de  chandelle.  Sa  belle  couleur  citrine  le  rend 
propre  à  faire  de  beaux  ouvrages  de  marqueterie  ; 
il  prend  avec  le  temps  un  poli  auffi  beau  que  celui 
du  coco  :  à  la  beauté  de  la  couleur  il  réunit  ime  odeur 
approchante  de  celle  du  citron ,  ce  qui  Pa  fait  appeler 
hois  de  citron ,  Lignum  citri  ,  par  quelques-uns.  S^s 
feuilles  font  pointues,  en  forme  de  fer  de  lance  , 
fermes ,  odorantes ,  fans  dentelure  ,  de  deux  pouces  de 
longueur  ,  larges  d'un  pouce  ,  paroilTant  percées  lorf- 
qu'on  les  regarde  au  foleil ,  luifantes ,  d'un  vert  foncé 
en  deffus ,  d'un  vert  pâle  en  deiTous  ,  difpofées  trois 
à  trois  à  l'extrémité  des  branches  ,  qui  font  toujours 
terminées  par  une  feuille  impaire  :  fes  fleurs  font 
petites  ,  blanches  ;  il  leur  fuccede  de  petites  baies 
noires  ,  qui ,  comme  les  fleurs,  font  d'un  goût  aro- 
matique ,  &  d'une  odeur  qui  tire  un  peu  fur  celle 
du  jaimin,  (ce  qui  a  fait  auiîi  nommer  par  quelques- 
uns  ,  cet  arbre ,  bois  de  jafmin.  ) 

Le  bois  de  chandelle  noir  a  i^s  feuilles  plus  longues 
&  plus  larges  ;  fon  éccrce  efl  noire ,  &  fon  bois  efl 
plus  pefant ,  plus  réiineux  ôc  noirâtre. 


B     O     I  335 

A  l'égard  du  hols  de  ckaizdelk  de  l'îfle  de  France, 
Voyez  Dragonkr  à  feuilles  rcjléchus. 

Quelques-uns  prétendent  encore  que  le  bois  de  rofc 
de  la  Guiane  eft  le  même  arbre  :  on  le  nomme  aufîi 
bols  citron  &C  bois  jaune  aux  Illes  ;  c'eft  Varbor  ligna  ci- 
trïno  rofam  fpirante  de  Barrere  ^  p.  i6.  Son  bois  efi:  de 
couleur  de  citron  ,  ayant  une  petite  odeur  de  rofe  ; 
fa  feuille  a  l'odeur  de  citronnelle ,  &  quand  on  la  fait 
bouillir  avec  le  bois  de  crabe  ^  elle  donne  à  l'eau  une 
odeur  qui  tient  du  citron  &  de  la  cannelle  :  cette  liqueur 
eit  agréable  à  boire.  Les  Naturels  l'emploient  auffi 
dans  les  bains  contre  les  eifervefcences  de  fang ,  appe- 
lées échauboulures. 

Bois  de  Cheval,  royci  Bois  major. 
Bois  de  la  Chine.  Voyc^  au  dernier  article  du  mot 
Bois  de  Palixandre. 

Bois  de  Chypre.  Voye^^  Bois  de  R.ose. 
Bois  Citron.   Voye^^  à  la  fin  de  V article  Bois  de 
Chandelle. 

Bois  de  Clou  du  Para.  Voyei  Cannelle  giro- 
flée. 

Bois  a  cochon.  Voye^^  Baume  a  cochon. 
Bois  de  corail  d'Amérique.  Voye\^  Bois  immor- 
tel. Le  bois  de  corail  des  grandes  Lides ,  eft  le  condori 
rouge.  Voyez  cz  mot. 

Bois  CÔTELET  OU  BOïS  DEGuiTARD,  Citharcxilum 
cinereum.  Lmn.  Arbre  qu'on  trouve  aux  îiles ,  particu- 
lièrement à  Saint-Domingue  ,  &  qu'on  a  nommé  ainfî 
à  caufe  de  fa  tige  qui  efi:  garnie  de  côtes  faillantes  ;  fon 
écorce  eil  d'un  brun- cendré,  unie  ,  peu  crevaffée:  fon 
bois  eil  blanc  ,  tendre  ;  on  l'emploie  dans  la  charpente 
du  pays  ,  &  il  dure  aiîez  long- temps ,  pourvu  qu'il  foit 
à  l'abri  du  foleil  &  de  la  pluie  ;  fes  feuilles  font  oblcn- 
gués  5  pointues  aux  deux  bouts ,  d'un  vert  commun , 
lifTes  tant  en  delTus  qu'en  deilous,  luifantes,  fans  den- 
telure 5  alternativement  pofées  ,  très-veinées  :  fes  fleurs 
font  petites  ,  monopétales ,  blanchâtres  ,  odorantes  ^  il 


336  B     O    I 

leur  fiiccede  de  petits  fruits  a  trois  côtes  ,  verts ,  enfuite 


joiiges-noirs 


Bois  de  couille  ou  Pétard,  Breynia.  Cefl,  dit 
Nicclfon^  le  Menecouy  ou  AkpcUcou  des  Caraïbes.  »  C'ell 
,>  un  arbrilTeau  qui  le  trouve  fréquemment  fur  les  bords 
»  de  la  mer,  à  Sainî-Domingue.  Ses  tiges  font  grêles, 
»  minces,  droites,  6é  ie  divifent  en  plufieurs  rameaux 
»  quj  s'éievent  perpendiculairement.  Son  ëcorce  eft  gri- 
»  latre,  unie  ;  fon  bois  blanc ,  fendant  >.lcger  ;  fes  feuilles 
»  font  fermes ,  bien  noun  les  ,  caffantes ,  d'un  vert  foncé , 
»  longues  de  quatre  à  cinq  pouces  &  larges  de  deux  à 
»  trois  pouces,  ovales,  très-veinées,  fans  dentelure, 
.»  divifces  par  une  côte  rouge âtre ,  portées  fur  un  petit 
»  pédicule  d'un  rouge-brun.  La  fleur  eft  en  rofe , 
»  compofée  de  cinq  pétales  blancs ,  arrondis ,  pointus  , 
»  creulés  en  cuiller  ,  portée  fur  un  calice  mono- 
»  pétale  ,  dentelé  :  le  centre  efl  occupé  par  plufieurs 
»  étamines  minces ,  dont  les  anthères  font  fphériques  ; 
»  elles  environnent  le  piftil ,  qui  efl  très-long  ,  blan- 
»  châtre  ,  arrondi,  gonflé  au  fommet  :  ce  piflil  devient 
»  une  goufie  d'un  demxi-pied  de  long ,  boiïelée ,  arron- 
»  die,  d'un  demi-pouce  au  plus  de  diamètre,  jaunâtre 
»  en  dehors ,  rcitge  en  dedans  ,  ligneufe ,  d'un  goût 
»  un  peu  amer  ,  divifée  intérieurement  en  plufieurs 
»  loges  :  les  graines  qui  y  font  contenues  ont  environ 
?>  deux  lignes  de  diamètre  &  quatre  lignes  de  longueur, 
»  d'un  vert  fcmbre  ,  couvertes  d'une  pellicule  rou- 
»  geâtre,  d'un  goût  fort  amer.  La  racine  de  cet  arbrif- 
•»  feau  efl  employée  en  décodion  dans  les  maladies 
»  v^énérienncs  «. 

»  Jacquin  ,  à  l'article  Marcgravia  umhzllata ,  donne  la 
»  dcfcription  d'une  plante  parafite  que  les  Habitans  de 
»  la  Martiniqu.e  appellent  bols  des  ccuïlles  ;  mais  elle 
>>  n'a  aucune  reffembiance  avec  l'arbriffeau  dont  on 
»  vient  de  faire  mention  «. 

EOIS  DE  COULEUVRE  OU  EoiS    COULEUVRE,  Lig- 

num  ce lubr'mum 'dwl  OphiGxïluni  ferpmtïnum  ;  en  langue 

Malaie , 


B     O     I  337 

Mâlaie ,  Caju-ular  ;  à  Ceylan  ,  &c.  Rametul ,  Camc^ 
îui  ,  Nay-ldU  ,  Ehawcya,  C'caI  une  rac'ne  ligneiiie, 
de  la  groiTeur  du  bras  ,  qui  renferme  fous  une  ëcorce 
brune,  marbrée  ,  un  bois  dur,  compare,  fans  odeur, 
d'un  goût  acre  &  très-amer.  On  appelle  citte  racine 
bois  de,  couleuvre ,  parce  que  Ton  dit  (:\i\Q  ce  bois  guérit 
de  la  moriiire  des  ferpens ,  ou ,  félon  d'autres ,  à  caufe 
de  l'écorce  des  racines  ,  qui  efl  marbrée  comme  la  peau 
des  ferpens.  On  nous  apporte  ce  bois  des  Ifles  de  Samar 
ou  Soloo  ,  &  de  Timor ,  oii  il  efl  appelé  caju-najjî. 
Cet  arbre  porte  une  efpece  de  noix  vomique  ,  beau- 
coup plus  petite  que  la  noix  vomique  ordinaire  ;  mais 
qui  lui  reilemble  par  la  confifîance,  le  grût  &  la  cou- 
leur. Quoique  quelques  perfonnnes  faffent  beaucoup 
d'éloges  de  cette  racine  pour  chaffer  les  vers  &  pour 
les  fièvres  intermittentes  ,  elle  ne  paroît  cependant  pas 
exempte  de  danger  ;  car  on  fait  mention  de  perfonnes 
qui ,  en  ayant  fait  ufage  ,  ont  été  faifies  de  tremblement 
éc  de  ftupeur ,  fymptômts  prefque  femblabJes  à  ceux 
qui  font  produits  par  la  noix  vomique.  Voyez  ce  mot. 
Le  pohon  ou  foulamoe-caju  des  Malais  ,  &  qui  efl:  peut- 
être  le  bouati  amer ,  (  Voye:^  ce  mot ,  )  eil  encore  un 
pareil  remède  en  vogue  à  Ternate  ,  où  il  eft  appelé 
panawa-maffou  ,  oepas-majfou  ,  &  panawar-pipis  :  c'eil: 
la  racine  d'une  plante  qui  croit  à  Java  &  dans  les  Ifles 
Moluques.  On  foupçonne  que  c'eft  aufîi  une  efpece 
^ophioxylon  :  quelques-uns  prétendent  que  c!^£t  la 
racine  du  bois  des  Moluques,  Voyez  cz  mot.  Le  bois  ds. 
couleuvre  des  Antilles  efl  une  efpece  à^arum.  Voyez  Var- 
tick  PiÉ  DE  Veau. 

Bois  de  crabe  ou  de  grave.  Voye^^  Cannelle 

GIROFLÉE. 

Bois  de  Cranganor.  Voye^  Pavate. 

Bois  de  cuir.  Voye^  Bois  de  plomb  ^^s  Cana- 
diens. 

Bois  des  Dames  ou  Bois  d'huile.  C'efl  ^Érytrho- 
xylon  à  feuilles  de  millepertuis.  Foye?  Érytroxylou^ 
Tome  II.  Y 


33S  B    O    I 

BOîS  DE  DENTELLE.  f^:)yei  LâGETTO. 

Bois  dur  du  Canada.  /%2{  Charme  &  Acacia 

COMMUN. 

BoîS  d'écaillé.  Foyei  à  l'article  Bols  de  Campêchc» 
Bois  a  écorce  blanche.  Foyei  Balouet. 
Bois  a  enivrer  le   poisson  ou   Bois-ivrant. 

Foyei  Arbre  a  enivrer  les  poissons  ,  &  rarticU 

CONANÏ. 

Bois  d'ébene.  Voyci  Ébene. 

Bois  épineux  des  Antilles.  Sous  ce  nom  on  en 
diftingue  deux  fortes  ;  l'un  qui  eft  blanc ,  &  appelé 
cotonnur-mapou  ;  Voyez  à  l'article  FROMAGER  :  l'ciutre 
eft  jaune  ;  c'eil  un  dav aller  ^  Voyez  ce  mot  ;  &  on  en 
diftingue  deux  fortes ,  le  grand  &:  le  petit. 

Le  hois  épineux  jaune  ,  ^rand ,  eft  VAgoualaly  des 
Caraïbes  :  on  le  trouve  par-tout  ,  fur- tout  dans  les 
mornes  ,  tant  aux  Antilles  qu'à  Saint-Domingue. 
Nkolfon  dit  qu'il  s'élève  &:  devient  gros  comme  le 
chêne  du  pays  :  fon  tronc  efl  droit  ,  élevé  ,  très-bran* 
chu  ,  couvert  d'épines  fortes ,  peu  nombreufes  ;  î'écorce 
rude  5  légèrement  crevafTée  ,  roufîatre  ;  le  bois  jaune  , 
dur  5  compade  ;  les  feuilles  oblongues  ,  pointues  ,  un 
peu  dentelées ,  rangées  deux  à  deux  fur  une  côte  qui 
eft  termjnée  par  une  feuille  impaire  ,  d'un  vert  gai  en 
deifus ,  pâles  en  deflbus  ,  armées  de  trois  ou  quatre 
petites  épines.  Les  fleurs  naiffent  le  long  des  ramilles  : 
elles  font  blanches  &  produifent  une  graine  noirâtre , 
groffe  comme  un  grain  de  m.illet.  Son  bois  eil  recherché 
pour  les  bfitimens. 

La  féconde  efpece  de  hols  épineux  jaune  ,  efc  bien 
})uis  petite  que  la  première  ;  elle  s'élève  à  peine  à 
douze  pieds  :  fon  tronc  n'a  guère  que  cinq  à  fix. 
pouces  de  diamètre.  L'écorce  eft  noirâtre  en  dehors, 
jaune  en  dedans  ,  couverte  de  cjuantité  d'épines  plus 
petites  &  plus  aigucs  que  celles  du  précédent ,  d'un 
"goût  fort  amer  :  il  lui  refîemble  dans  tout  le  reile.  Soa 
bois  &  fou  écorce  peuvent  fournir  en  teinture  une  belle 


B    O    I  339 

êôuleur  jaune -fafranée.  Les  Sauvages  font  iifage  de 
rinfufion  de  fon  ëcorce  pour  guérir  les  vieux  idceres  : 
c'eft  un  vulnéraire  déterfif  qui  paffe  pour  excellent. 
Elle  a  encore  la  réputation  d'être  fébrifuge. 

Bois  de  fer  ,  Llgnum  firri  ;  Ib^ra  puterana  ;  Iblra. 
obi ,  Marcg.  ;  Sidcroxylum  Amcricanum  ^  Pluk.  ;  Slde^ 
roxyloïdes  ferreum  ,  Jacq.  Ce  bois  eft  ainfi  nommé  k 
cauie  de  fa  dureté  :  il  nous  efl  apporté  de  l'Amérique 
en  grolies  pièces.  Il  efl  très-pefant  &  va  au  fond  de 
l'eau  ;  fa  couleur  eft  rouge âtre  ou  obfcure  ,  &  on  l'em- 
ploie pour  des  ouvrages  de  menuiferie  :  il  prend  un 
très-beau  poli.  Les  Indiens  en  font  divers  inftrumens; 
les  Sauvages  en  font  leurs  flèches  :  mais  ce  qui  eft 
fmgulier  ,  c'eft  que  fon  bois  ,  quoique  dur ,  eft  très- 
fujet  à  être  attaqué  par  les  poux  de  bois.  Les  Indiens 
font  ufage  de  l'écorce  de  bols  de  fer  râpée ,  dans  les 
maladies  oii  il  faut  exciter  la  tranfpiration.  L'arbre  du 
bois  de  fer  fe  voit  dans  les  ferres  du  Jardin  du  Roi. 

Dans  nos  Mes  en  Amérique ,  on  diftingue  deux  efpeces 
de  bois  de  fer;  le  blanc,  &c  le  rouge.  Le  bois  de  fer  blanc 
eftun  grand  arbre  dont  la  tige  efl:  droite,  haute,  très- 
branchue,  garnie  de  feuilles  au  fommet;  l'écorce  efl 
épaiffe ,  cendrée  en  dehors  ,  brune  en  dedans  ,  d'une 
faveur  aflringente,  profondément  fillonnée;  fon  bois 
amer,  fort  dur,  jaunâtre;  le  centre  efl  de  couleur  de 
fer  rouillé  ;  fes  feuilles  font  ovales ,  terminées  par  une 
pointe  moufTe,  larges  d'environ  un  pouce,  longues  de 
deux  pouces,  peu  veinées,  difpofées  tantôt  alternati- 
vement ,  tantôt  deux  à  deux  fur  les  rameaux  ,  d'un  vert 
foncé  en  deffus,  un  peu  pâle  en  deffous,  luifantes,  fans 
dentelure  :  fes  fleurs  croifTent  par  bouquets  ;  elles  font 
en  entonnoir,  d'une  couleur  violette  &  blanchâtre ,  afTez. 
femblable  à  celles  du  lilas.  Il  leur  fuccede  une  baie 
d'abord  violette ,  enfulte  noirâtre,  qui  renferme  trois 
petites  graines.  Cet  arbre  fe  trouve  dans  les  mornes  : 
Xo'o.  bois  efl  employé  dans  les  ouvrages  de  charpente  & 
de  menuiferie. 

Y  X 


34Ô  B    O    I 

L'arbre  appelé  le  his  de  fer  rouge  diffère  du  précé- 
dent ,  par  ies  feuilles  qui  font  longues  de  cinq  à  fix 
pouces,  larges  d'environ  deux  pouces,  divifées  dans 
toute  leur  longueur  par  trois  côtes  faillantes,  fans 
nervure  apparente  ni  denttlure ,  fermes ,  d'un  vert  fom- 
bre  ;  fon  écorce  efl  rouge  en  dedans  ;  (on  bois  eft  rouge , 
pcfant ,  plus  dur  que  le  blanc ,  <k  prend  un  bien  plus 
beau  poli.  On  l'emploie  aux  mêmes  ufages  que  le  pré- 
cédent ,  &  on  lui  attribue  les  mômes  vertus  aritivéné- 
riennes  &  antifcorbutiques. 

M.  de  Commzrfon  a  obfervé  à  l'Ifle  de  France,  un 
arbrifTeau  appelé  vulgairement  le  bols  de  fer  de  Judas  ^ 
Coffinïa  pinnata.  Ses  feuilles  font  ailées ,  alternes ,  lan- 
céolées, à  cmq  ou  fept  folioles,  vertes  en  defTus,  un 
peu  cotonneufes  &  blanchâtres  en  defîbus  ;  le  bout  des 
rameaux  efl:  couvert  d'un  duvet  roulfâtre;  les  fleurs 
font  blanches ,  paniculées ,  terminales  ;  elles  ont  cinq 
pétales  ;  le  fruit  efl  une  capfule  ovale ,  trigone  &  coton- 
neufe;  les  femences  font  globuleufes  &:  noirâtres. 

Il  croît  aufTi  à  la  Chine ,  dans  la  province  de  Quang- 
Tong,  une  efpece  de  Bois  de  fer  y  qui  en  a  la  couleur, 
^  qui  eft  fi  dur,  qu'au  rapport  du  P.  du  II aide  ^  les 
Chinois  en  font  des  ancres  pour  leurs  vaifTeaux  de 
guerre.  Ce  hols  de  fer  de  la  Chine  efl  probablement 
l'arbre  appelé  Beffy,  Voyez  ce  mot. 

Bois  de  Fernambouc.  VoyzT^  Bois  de  Brésil, 

Bois  de  Féroles  ou  Bois  marbre  ,  Ferolïa  arhor^ 
l'igno  in  modum  marmorls  varUgato  ,  Barr.  ElT.  p.  ^  i , 
Arbre  de  Cayenne  &  des  Antilles;  il  eu  fort  touffu:  à 
Saint-Domingue,  c'efî:  im  arbriffeau  dont  les  tiges  ne 
s'élèvent  guère  ;  elles  font  couvertes  d'une  écorce  mince , 
niembraneufe ,  blanchâtre;  le  bois  efl  dur,  très-pefant, 
lifTe ,  à  fond  blanc  ,  rempli  de  veines  colorées  ;  il  eft 
comme  jafpé  ou  comme  parfemé  de  taches  qui  reffem- 
blent  à  celle  d'un  marbre  veiné  de  rouge,  de  blanc  & 
de  jaune  ;  ce  qui  lui  a  fait  aufîi  donner  le  nom  de  Bois 
marbré  ou  çolorU,  M,  d^  Préfontalm  dit  qu'il  conferve  le 


B    O    I  341 

BOm  de  hois  de  Féroks ,  parce  qu'il  a  été  trouvé  pour  la 
première  fois  dans  une  habitation  de  M,  de  F  croies^  alors 
Gouverneur  de  Cayenne.  C'efl,  dit-il,  le  bois  le  plus 
recherché  pour  les  ouvrages  de  marqueterie  &  pour 
difFérens  meubles  :  nous  avons  dit  que  le  fond  en  efl 
blanc.  Quand  le  fond  en  eft  jaunâtre,  on  l'appelle  bois 
henoïjifin  \  c'eft  le  même  arbre  que  le  bols  fitiné^  ou  une 
variété;  &  on  lui  donne  ces  difFérens  noms,  fuivant 
les  couleurs,  les  nuances  &  d'autres  accidens  qu'on  y 
remarque,  &  qu'il  offre  étant  coupé  à  différentes  hau- 
teurs. Ses  feuilles  font  oblongues ,  pointues  parles  deux 
bouts  5  fans  dentelures ,  très-veinées,  d'un  vert  foncé  & 
luifant  en  deffus ,  pâle  en  deffous ,  portées  fur  de  petits 
pédicules. 

Bois  des  Fièvres.  Voyei  Quinquina. 

Bois  à  flambeau.  Nom  donné  au  bols  rouge  par  la 
propriété  qu'a  fon  écorce  de  brûler  &:  de  faire  l'ofîice 
d'un  flambeau.  Voy:^  BoiS  ROUGE. 

Bois  de  Fléau  ou  Bois  Flot.  Voyez  Cotonnier 
Jîffleux^  à  l'article  Mahot. 

Bois  fossile  ,  Llgnum  inhumatum.  C'efl  commu- 
nément du  bois  non  dénaturé ,  qui  s'efl  trouvé  enfévelî 
à  différentes  profondeurs  par  des  éboulemens  de 
terre  &  d'autres  déplacemens  occafionés  par  diffé- 
rentes caufes ,  foit  par  des  torrens ,  foit  par  des  inon- 
dations, foit  par  des  tremblemens  déterre  ou  par  d'autres 
résolutions  de  la  Nature.  On  peut  citer  en  exemple  une 
forêt  entière  qu'on  a  découverte  ces  années  dernières 
dans  les  marais  du  Comté  de  Lancaflre  en  Angleterre  : 
les  arbres  s'y  trouvent  couchés  l'un  auprès  de  l'autre ,  & 
étendus  fous  une  terre  molle,  fpongieufe  &  noire,  à  la 
profondeur  de  trois  pieds  ou  environ.  Ces  arbres  font 
la  plupart  entiers  ou  flétris  de  coups  de  hache  ;  mais  ils 
font  aufîi  noirs  &  aufîi  durs  que  1  ébene.  On  ell  porté 
a  croire  que  cette  forêt  fouterraine  a  été  enfévelie  du 
temps  que  les  Romains'  conquirent  l'Angleterre.  En 
J754,  des  gens  du  lieu  fouillant  parmi  ces  arbres,  trou- 


U^  B    O    I 

v^erent  un  cadavre  humain  très-bien  confervé  :  feshabits^ 
qui  ëtoient  aufTi  entiers  que  le  corps ,  ont  fait  juger  que 
c'étoit  quelque  Voyageur  qui ,  en  pafTant  par  ce  marais , 
y  a  été  englouti  ;  &  l'on  erfime  que  l'accident  peut  être 
arrivé  depuis  un  fiecle.  Tous  les  jours  des  Chafîeurs 
s'enfoncent  en  parcourant  la  furface  de  ce  terrain  mou 
&  poreux;  ils  fe  meurtriiTent  même  les  jambes  contre  les 
branches  de  ces  arbres  fouterrains.  Un  ruifîeau  groiîi  par 
les  pluies  ayant  entraîné,  en  fe  débordant,  plus  de 
huit  arpens  de  la  furface  de  la  terre  d'un  de  ces  marais , 
donna  l'occafion  de  cette  découverte. 

On  trouve  en  Iflande  quantité  de  gros  troncs  dV- 
hrc5  fojJiUs ,  pénétrés  de  pétrole  concrète ,  qui  leur  a 
donné  une  couleur  noire  &  une  manière  de  brûler  qui 
lî'eft  pas  propre  au  bois  feul.  L'aflemblage  des  cercles 
de  couches  concentriques  qui  ,  dans  un  tronc  d'arbre 
toupc  tranfverfalement ,  montrent  les  accroiffemens  an- 
nuels parallèles  aux  plus  éloignés  ,  fe  trouve  com- 
primé en  une  lame  mince. 

Il  efl  digne  de  remarque  que  la  plupart  des  terrains 
bourbeux  ont  la  propriété  de  conferver  les  bois ,  &c. , 
témoins  quelques  pilotis  de  l'ailcien  Pont  d'Orléans, 
&  ce  tronc  d'arbre  trouvé  parmi  les  fouilles  de  la  Gare 
de  Paris  ,  &:  ceux  de  chêne  découverts  dans  le  lit  de 
la  Seine ,  à  l'occafion  des  fouilles  faites  pour  la  conilruc- 
tion  du  Pont  de  Louis  XVI.  Ces  bois  font  noirs ,  très- 
durs  &:  femblables  à  ceux  de  Lancaflre.  On  a  vu  à 
Paris  quantité  de  cannes  à  main  faites  des  pilotis  de 
l'ancien  Pont  d'Orléans. 

En  1768  on  découvrit,  en  creufant  les  fondations 
des  nouveaux  murs  de  Nanci ,  un  chêne  d'environ  cin- 
cjfuante  pieds  de  longueur  fur  cinq  de  diamètre;  ce  chêne 
étoit  entièrement  de  couleur  d'ébene ,  néanmoins  très- 
fain,  à  l'exception  de  quelques  nœuds  qui  fe  trou- 
voient  changés  en  une  efpcce  de  charbon  foffile.  Il  efl 
probable  que  cet  arbre  y  étoit  enterré  depuis  pluiieurs 
liecles,  hl  qu'il  n'a  été  '  entièrement  couvert  de  terre 


^irà  la  longue ,  par  le  changement  de  lit  Je  la  nviere 
de  Meurthe ,  qui  pafîe  aâ:ueilement  à  près  de  trois  cents 
toifes  de  l'endroit  marécageux  où  il  s'eft  trouvé.,  &C 
oii  il  étoit  enfoncé  environ  à  cinq  pieds  de  profondeur. 

Enfin ,  on  trouve  près  de  Bruges ,  en  fouillant  la 
terre  à  cinquante  pieds  de  profondeur,  une  quantité 
immenfe  de  hoisfdffile;  on  y  voit  des  troncs ,  des  rameaux 
&  des  feuilles ,  ô  bien  confervés ,  qu'on  difringue  les 
différentes  efpeces  d'arbres. 

Bois  de  Frédoche  ou  Bois  d'Ortie  ,  on  Bois 
PELÉ.  Nom  qu'ion  donne  à  Saint-Domingue  à  un  arbre 
très-élevé  qu'on  trouve  dans  les  endroits  roch  ux  & 
arides  de  cette  Contrée,  Son  tronc  eu  droit,  grand  &C 
gros  ;  l'écorce  unie ,  membraneufe ,  grifâtre  ;  fon  bois , 
qui  efl  dur ,  compa£le  6l  blanc ,  efl  recherché  par  les 
Charpentiers  ;  il  dure  long-temps  étant  garanti  du  foleil 
&c  de  la  pluie.  Ses  feuilles  font  en  forme  de  lance, 
pointues  au  fommet ,  arrondies  vers  la  bafe ,  fans  den- 
telure, d'un  vert  foncé  en  defTus,  clair  &:  luifant  en 
deiTo us ,  longues  de  huit  à  neuf  pouces  ,  &  larges  de 
cinq  à  fix  ,  iiblées ,  les  unes  éloignées  des  autres. 

BoîS  DE  FuSTET,  Cotinus  cofiara,  Dod.  Pempt.  780; 
Connus  ,  Linn.  383.  L'arbrifTeau  qui  donne  ce  bois, 
s'élève  de  cinq  à  fix  pieds,  &  croit  en  Italie  &  dans  les 
Provinces  Méridionales  de  la  France  ,  à  Antibes ,  &  à  ce 
qu'il  paroît,  auÏÏi  à  la  Jamaiique.  Ses  feuilles  font  ovales , 
Simples ,  arrondies  par  le  bout ,  liffes ,  pétlolées ,  nerveu- 
fes ,  blanchâtres  en  deffous  :  fes  fleurs ,  d'un  vert  obfcur, 
viennent  dans  des  touffes  de  filamens  rameux.  Lorfque 
le  bois  de  cet  arbriffeau  eft  d'un  beau  jaune  &  agréa- 
blement veiné,  les  Ebénifles  &  les  Luthiers  l'emploient 
â  difiérens  ouvrages.  Ce  bois ,  garni  de  fon  écorce ,  donne 
€n  teinture  une  couleur  jaune  ,  qui  n'efl  point  folide. 
Les  Teinturiers  l'emploient  aufîi  pour  les  couleurs  ver- 
tes ,  en  faifant  paiTer  dans  le  bain  de  gaude  les  étoffes 
qui  fortent  de  la  cuve  de  paflel.  Sa  feuille  eil  employée 
chez  les  Corroyeurs. 

y  4 


344  B     O     I 

Bois  a  gaulettes.  Arbriffeau  trè^-commiin  Jan^ 
le  pays  de  Caycnne  :  c'efî:  le  coubouliroua  des  Caraïbes, 
Il  eft  droit,  &  a  environ  neuf  a  dix  pieds  de  hauteur  ; 
on  en  ftnd  It  bois  en  morceaux  très-minces,  &:  on  leur 
cionne  le  nom  de  gauUttJs  ;  elles  fervent  en  guife  de 
lattes  pour  tapifllrles  murailles.  MaiJ\  Rufl.  de  Cayznnc, 

EOIS  GENTIL,  MÉzÉnÉONj  GaROU  ,  TrENTANEL  , 
THYaMELÉE,    LaLRÉOLE  ,    SaîN-EOîS  ,     MaLKERBE. 

Ce  font  autant  d'efpeces  de  p.tits  arb.iiTeaux  que  Ton 
cultive    Le  Bols  gentil  eft  le  Daphne  me{ereum  ,  Linn, 
509;  c'C'l  la  Lauréole  femelle.    La    Thynielêe  ^  Daphne 
Thymœ^ea  ^  Linn.  509  ;  la  Lauréole  mâle  ^  Daphne  Lau" 
reola  ,    Linn.    ^io.     La  petite    ThymeUe    des    Alpes  , 
Dcphne  Cneorum  ^   Linn.   Le  Sain-bois  ou  Garou^  Da- 
phne Griidinm  ,  Linn.  Ces  arbriiTe-mx  font  des  efpeces 
de  lauréoles  qui  croilTent  bien  dans  les  pays  chauds  ,  fur- 
tout  dans  les  environs  de  Ccrtone,.  011  ils  font  appelés 
hlo^Jella  par  les  gens  du  pays  ;  ils  portent  au  fcmmet 
de   kurs  rameaux  des  bouquets  de  fleurs  en  forme  de 
luyau,  ëvafées  en  haut  &  découpées  en  quatre  parties 
oppofces  &  contenant  huit  étamines.  Les  uns  ont  Ats 
fie  jrs  rouges ,  les  autres  des  fleurs  blanches ,  d'autres 
des  fleurs  d'un  rouge  pâle,  &:c.  Elles  paroifient  avant  les  ' 
feuilles.  Il  y  a  de  ces  a.brifTeaux  qui  le  trouvent  auili  dans 
les  bois  de  la  parte  Septentrionale  de  l'Europe  ,  & 
jufque  dans  'a  Laponie.  Ils  fe  plaifent  aux  expofitions  du 
Nord  ,   &  fur-tout  à   l'ombre  ;  ils   fe  n:ultiplient  de 
bouture  &  de  graine.  On  les  plante  dans  les  terres  fran- 
ches, humides  &  m.êlées  de  fable  ou  de  pierrailles. 

Cts  arbuftes  donnent  des  baies  ou  fruits  de  la  grof- 
feur  de  ceux  du  myrte ,  ovales ,  remplis  d'un  fuc  fort 
acre  &  cauftiaue  ;  rouges  lorfqu'ils  font  mûrs ,  caufant 
des  diarihces  &  des  douleurs  très-vives  dans  les  tw- 
trailles  ;  on  en  prépare  avec  de  la  viande  un  appât  pour 
fa're  mourir  ^es  loups  &  les  renards,  m.ais  les  perdrix: 
&  autres  oiicaux  en  font  très-fnands  ,  6c  n'en  font 
point  jncommcdés. 


B    O    I  34S 

Le  Boh  gentil  annonce  le  printemps  par  fes  fleurs 
rouges,  qui  font  très-jolies,  ôc  qui  s'épanouiffent  dès 
le  commencement  de  Mars.  La  beauté ,  la  durée  &:  la 
bonne  odeur  de  ces  fleurs  feiîiles,  latérales,  difpofées 
trois  à  trois,  font  un  ornement  dans  les  jardins. 

La  tige  du  bois  gentil^  eft  haute  de  deux  ou  trois 
pieds ,  &:  rameufe  :  l'écorce  eft  brune ,  fes  feuilles  font 
ovales  &  lancéolées ,  alternes.  Le  bois  gentil  croît  dans 
les  bois  du  Nord. 

Tous  les  mêlerions^  laurloUs ^  &c.  font  de  violens 
purgatifs  dont  on  ne  fait  plus  d'ufage ,  finon  en  Tur- 
quie. L'écorce  du  garou  à  feuille  de  lin^  connu  auffi  fous 
le  nom  à^.faln-bois  ,  ThymœLafoliis  Uni ,  appliquée  fur  le 
bras,  tient lieud'un cautère.  Cette écorce  eftliffejépaiffe 
&  jaunâtre.  Les  racines  de  cet  arbre  font  jaunes,  mollaffes, 
courtes  &  liiles.  Ses  feuilles  font  longues  ,  étroites ,  ver- 
dâtres  en  deffus  &  bleuâtres  en  deffous.  On  perce  quel- 
quefois les  oreilles ,  &  on  y  introduit  un  petit  morceau 
de  bois  de  ce  garou  pour  attirer  la  férofité.  Les  Tein- 
turiers fe  fer  voient  autrefois  de  ce  bois  pour  colorer 
en  jaune  ou  en  vert ,  en  le  faifant  bouillir  avec  le  jpaftel 
îndigoté.  Foyc7^  MALHERBE  ,  ThYMELÉE  &  LaUREOLE. 

Bois  de  Girofle  ou  Bois  de  Grave.  Foyei  Gan- 
nelle  giroflée. 

Bois  de  Grenadille.  Voyei  à  Vartick  Ebene. 

Bois  de  Grignon.  Voye^^  Grignon. 

Bois  de  Guitard.  Foye^  Bois  côtelet. 

Bois  d'Huile.  V(yei  Bois  des  dames. 

Bois  de  la  Jamaïque.  Voye^  Bois  de  Campêche. 

Bois  de  Jasmin.  Voyc^  Bois  de  Chandelle. 

Bois  Jaune.  Voye^  Tulipier.  Aux  Ifles  on  donne 
aufli  le  nom  de  bois  jaune  au  b:)is  citron.  Voyez  ce  mot. 

Bois  immortel  ,  Erythrine  ou  Arbre  de  Co- 
rail des  Antilles  ,  Coralhdendron  triphyllum  America- 
num  ,  fpinofum ,  flore  rubirrimo ,  Tourn.  66 1  ;  Siliqua 
fylvejmsfpinofa.,arb3rIn£ca ,  Bauh.  Pin.  402;  Coralarbor 
Americana ,  Cluf. ,  Comm.,  Barr. ,  p.  41 .  i  c'eil  VAJdpkl^ 


34^  B     O    I 

TuiTiantL-Iba  des  Caraïbes.  Arbre  de  la  Giûane  qui  vient 
aifémerxt  de  bouture  &  de  graine ,  &:  qui  efl  excellent 
pour  faire  des  entourages  ou  des  haies.  Toutes  les  parties 
de  cet  arbre  ,  écorce,  branches  ,  bois  &  racines ,  font 
e/linices  dans  le  pays,  pour  guérir  le  mal  d'eflomac» 
Les  Nègres  en  font  ufage  dans  l'eau  ferrée.  On  l'a 
nommé  bols  immortel^  parce  qu'il  efl  d'un  très-bon 
ufage ,  &  dure  très-long-tem.ps  étant  employé.  Il  croît 
par-tout  5  ôc  trcs-promptement.  Sa  tige  s'élève  à  douze 
ou  quinze  pieds  6c  fe  divife  en  plufieurs  branches  qui 
forment  une  t^te  très-tounue.  Ses  feuilles  font  alternes, 
à  trois  folioles ,  fans  dentelure ,  arrondies ,  terminées  en 
pointe,  liffes,  minces,  d'un  vert- jaunâtre  &  rougeâtre, 
portées  fur  de  longues  queues.  Ses  fleurs ,  qui  paroiffent 
en  Février  &  Mars ,  font  de  l'ordre  des  Légumineufcs , 
d'un  rouge  de  corail  très-vif,  &  naiffent  avant  les 
feuilles  ;  il  leur  fiiccede  des  gcufïes  longues  de  cinq  à 
fix  pouces ,  cylindriques ,  boflelées ,  d'un  vert-rougeâtre, 
qui  contiennent  plufieurs  graines  en  forme  de  fève  , 
îirrondies ,  couvertes  d'une  pellicule  de  rouge  foncé; 
elles  renferment  une  fubflance  blanchâtre ,  farineufe , 
un  peu  amere.  Cet  arbre  fe  trouve  aufli  à  Saint-Domin- 
gue. Son  tronc  efl:  quelquefois  muni  d'aiguillons. 

Bois  d'Ixde.  Voyc^  à  tartkk  Bois  DE  Campêche. 

Bois  Indien.  Nom  que  l'on  donne  à  Cayenne  à  une 
grolTe  liane^  qui  fe  trouve  dans  les  gros  bois  dont  la  racine 
battue  &  jetée  dans  l'eau  des  trous  des  favannes^  a  la  pro- 
priété d'enivrer  le  poiilbn,  Voye^  les  artïcks  LiANE  & 
Conani-Franc. 

Boîs  Joli.  C'eil  le  hoïs  gentil  Voyez  ce  mot. 

Bois  laiteux.  Foye7^  V article  Arbre  laiteux  des 
Antilles. 

Bois  de  Lamon.  Voye:^  Brésïllet  des  Indes. 

Bois  de  Lance.  Voye?^  à  rartide  Cornouiller. 

Bois  Latanier.  Nom  donné  à  Saint-Dom.ingue  à 
un  arbre  de  moyenne  grandeur ,  &  qu'on  trouve  com- 
munément fur  le  bord"  des  rivières  j  il  ne  faut  pas  le 


B     O    I  347 

confondre ,  dit  Nlcolfon ,  avec  l'arbre  nommé  Latankr* 
Voyez  ce,  mot.  Le  ho'is  latanier  a  l'es  feuilles  diilribuées 
deux  cT  deux  fur  une  côte  ;  elles  font  minces ,  d'un  vert 
pâle,  oblongues,  pointues.  Ses  fleurs  fe  changent  en 
vm  petit  fruit  rond  ,  alongé ,  divifé  en  quatre  capiules 
qui  renferment  autant  de  graines  triangulaires ,  un  peu 
oblongues,  revêtues  d'une  pellicule  liiie,  mince,  jau- 
nâtre, greffe  comme  une  petite  fève. 

Bois  de  Laurier  des  Antilles.  C'efl  le  croton  à 
feuilles  de  noifetier. 

Bois  de  Lettres.  Arhor  laurï folio ^  ligna  varie gato  , 
vulgb  Lignum  lituratiun^  Barr.  p.  i6.  C'efl:  le  Baïra  des 
Caraïbes.  Arbre  de  la  Guiane  ,  dont  les  feuilles  ref- 
femblent  à  celles  du  laurier  :  le  bois  efl  beau ,  luifant, 
très-dur,  à  fond  rouge  &  moucheté  de  noir.  Il  y  en 
a  dont  le  fond  efl:  jaune  :  l'un  &;  l'autre  s'emploient  en 
meubles,  fur-tout  pour  des  montans  de  chaife  &  des 
pilons ,  parce  que  le  cœur  a  peu  de  largeur  ^  n'excédant 
pas  trois  à  quatre  pouces  de  diamètre.  L'efpece  à  bois 
jaune  fert  plus  ordinairement  de  canne  rux  Nègres.  Ce 
bois  efl  fort  recherché  en  Europe  par  les  Ébénifles.  On 
dit  que  c'efl  le  même  que  le  bois  tapivL  Voyez  u  mou 

Bois  Lézard.  Voyci_  Bois  d'Agouty. 

Bois  de  Liège.  Voyez  Cotonnier  Jîfflcux ,  à  l'article 
Makot. 

Bois  long.  Arbre  laiteux,  qui  efl  le  pao  comprido 
des  Portugais  du  Para.  Son  fuc  acre  &  corroflf  efl  ii 
dangereux  pour  les  yeux ,  qu'on  ne  peut  trop  prendre 
de  précautions  quand  on  en  taille  le  tronc:  ce  fuc  s'épaifllt 
fans  aucun  mélange ,  &  a  beaucoup  de  rapport  avec 
celui  du  bois  de  feringue ,  pao-xiringa  qui  produit  la 
rljim  llajlique.  Voyez  cet  article.  Cet  arbre  efl  très- 
rare  dans  la  Guiane ,  &  n'y  efl  connu  fous  aucun  nom. 

Suivant  la  defcription  que  nous  en  donne  M.  Frefnaii, 
il  efl  extrêmement  haut  ,  de  groffeur  proportionnée  , 
fans  branches  autour  de  fa  tige,  avec  une  belle  tête  ronde 
&:  de  petites  racines.  Sa  feuille  efl  pointue  par  les  deux 
.extrémités ,  liilç  en  deffus  ^  rude  en  deffous  ^  de  cculeiu* 


548  B    O    I 

vert  clair  tirant  fur  le  jaune  :  fon  fruit  eft  long  &  gros 
à-peu-près  comme  le  petit  doigt ,  jaune  dans  fa  matu- 
rité :  fon  noyau  eft  fort  long  &  dur.  On  mange  ce  friiit 
qui  efl  doux  6c  agréable  au  goùr .  Confultez  les  Mémoires 
de  l'Académie  des  Sciences  de  Paris,  17^^' •>?- 3^^^^ 33^  » 
y.  19 ,  n.""  6  ,  7  ,  8  ,  9.  On  y  voit  la  figure  de  l'arbre , 
de  fa  feuille ,  de  fon  fruit  ,  &:  ds  fon  noyau. 

Bois  de  LuiMiere  ou  Pala  de  Luz.  On  donne 
ce  nom  dans  l'Inde  Efpagnole  à  vme  plante  qui  s'élève 
ordinairement  de  la  hauteur  de  deux  pieds  ;  elle  eft 
compofée  de  plufieurs  tiges  qui  fortent  d'une  racine 
commune  ;    qui    font     droites     &;    unies    jufqu'aii 
fommet  ,  où  elles  pouftent  de  petits  rameaux  garnis 
de  feuilles   très  -  menues  ;   ces   tiges  font  à-peu-près 
égales  :  elles    ont  environ  trois  lignes  de  diamètre  ; 
lorfqu'on  a  coupé  cette  plante  ,  elle  s'allume  quoique 
toute  verte  ,  &:  donne  une  lumière  auffi  forte  que  celle 
d'un  flambeau.    Ce   phénomène  ,  tel  qu'on  l'expofe  , 
paroît  hors  de  vralfemblance  :  il  eft  vrr-i  que  des  plantes 
qui  abondent  en  fubftance  huileufe  ,  inflammable ,  vo- 
latile 5  peuvent  s'enflammer  ;  mais  il  faut  exciter  cette 
fiamme  en  y  approchant  la  lumière  ,  comme  on  le  fait 
à  la  fraxinelle  ,  Voyez  DiCTAME  BLANC  ;  ou  bien  il 
faudroit  fuppofer  que   le  frottement  occafioné  en  la 
coupant ,  fiit  aifez  violent  pour  déterminer  la  plante 
à  l'inflammation.   Obfervez  encore  que   cette  plante 
croît  dans  les  pardmos  du  Pérou  :  ce  font  des  efpeces 
de  plaines   extrêmement    froides  ,  &.   communément 
couvertes  de  neige ,  qui  fe  trouvent  entre  les  fommets 
des  montagnes  qui  forment  les  Cordillieres  des  Andes. 
Bois   de  Mafoutre  des  Madagafles.  Voyei  An- 

TIDESME. 

Bois   de    M  ah  agoni  ou   de    Mahogani.    Les 

Anglois  &;  les  Hollandois  donnexit  ce  nom  à  un  bois 
dont  ils  fe  fervent  très-communément  pour  faire  des 
tables  ,  des  boites  ,  &  ce  qui  eft  en  bois  dans  les 
inftmmens  de  Phyftque.  Ce  bois  eft  d'un  rouge  de 


B     O    I  349 

bols  de  brcjillet  ou  à' amarante  ;  il  eft  fufceptîbîe  de  pcli, 
&:  devient  brun  à  la  longue.  On  prétend  que  les  An- 
glois  tirent  ce  bois  d'une  de  leurs  Colonies  Améri- 
caines. Catesby  a  fait  mention  de  l'arbre  qui  fournit 
ce  bois  ;  voici  fes  cara£^eres  botaniques  :  Cinq  à  onze 
feuilles  impaires  &  paires  ;  les  fleurs  en  épis  &  pani- 
cules  ;  le  calice  à  quatre  ou  cinq  dents  ;  la  corolle  à 
quatre  ou  cinq  pétales  ;  les  étamines ,  huit  ou  dix  réu- 
nies ;  le  piftil ,  un  ftyle  &  un  iligmate  ;  le  fruit  eft  à 
quatre  ou  cinq  loges  &:  de  quatre  ou  cinq  valves  ; 
les  graines  font  plates ,  ailées ,  imbriquées  dans  chaque 
loge.'  On  prétend  que  le  makigoni  eft  V acajou  à 
planches.  Voyez  à  f-article  ACAJOU. 

Bois  major  ou  Bois  de  Cheval.  «  Sa  racine, 
»  dit  Nicolfcn ,  eft  mince ,  fibreufe ,  grifâtre  ;  il  s'en  élevé 
»  plufieurs  tiges  articulées  de  trois  à  quatre  pouces  de 
»  diamètre  ,  droites  ,  couvertes  d'une  écorce  mince  , 
»  liffe  ,  grifâtre  dans  les  vieilles  branches ,  vertes  daiis 
»  les  jeunes.  Le  bois  eilléger,  blanc ,  compare ,  flexible, 
»  rempli  d'une  moelle  blanche  comme  le  fureau,  Sts 
»  feuilles  font  alongées ,  pointues  au  fommet ,  rudes  au 
»  toucher ,  fans  dentelure  ,  divifées  par  une  côte  qui  fe 
»  fubdivife  en  plufieurs  nervures ,  qui  font  toutes  diii- 
»  gées  vers  le  fommet ,  d'un  vert  pâle  tant  en  deffus 
»  qu'en  deffous ,  portées  fur  un  pédicule  très-court , 
»  longues  d'un  demi-pied  ,  &  larges  de  deux  à  trois 
»  pouces.  Ses  fleurs  croifîent  par  bouquets  au  fommet 
»  des  branches  ;  il  leur  fuccede  une  petite  graine  jau- 
»  nâtre  de  forme  ovale.  On  emploie  les  feuilles  du  boi§ 
»  major  en:  décodlion  pour  panfer  les  plaies  des  che- 
»  vaux.  Ce  bois  croît  dans  tous  les  endroits  humides 
»  à  Saint-Domingue  >k 

Bois  Mandrou.  On  lit  dans  VEjfai  fur  Vlîijloir^ 
Naturelle  de  Saint-Domingue  ^  que  c'eft  un  arbre  dont 
les  feuilles  font  de   différente  grandeur  ;  les  unes  ne 
font  longues  que  de  trois  pouces  &.  demi ,  d'autres 
onl  jufqu'à  neuf  pouces  de  lo*ngueur  ,  &".  deux  à  trois 


^50  Soi 

pouces  de  largeur  ;  elles  font  lilTes  ,  d'un  vert  foncé 
en  defTus  ,  d'un  vert  pâle  en  deiTous  ,  pointues ,  fans 
dentelure  ,  divifées  par  une  groffe  côte  faillante  , 
portées  fur  un  pédicule  recourbé  du  côté  de  la  branche 
où  il  eil  attaché. 

Bois  Makaque.  Grand  arbre  des  Antilles  &  de 
peu  de  durée  :  il  eft  plein  de  trous.  L'arbre  efl  ainû 
appelé ,  parce  que  l'efpece  de  fmge  makaque  préfère 
ion  fruit  à  tout  autre. 

Bois  marbré.  Voyc^  Bois  de  Féroles. 

Bois  Marie.  Nom  donné  à  l'arbre  dont  on  tire 
par  incilion  le  baume  veit.  Voyez  ce  mot. 

Bois  de  mèche.  Voyei  Kàratas  &  Ouaye. 
Le  bois  de  mèche  des  Créoles  ,  eil:  VApeîba  foLiis  glabris  y 
ficribus  vlrefcmtibus  ,  fruclu  afpero  ,  de  M.  Auhlet.  C'efl 
un  arbre  de  la  Guiane ,  qui  croît  près  de  la  Crique 
des  Galibîs  ;  fon  tronc  s'élève  à  la  hauteur  de  douze 
pieds  ou  environ  ;  il  a  huit  à  dix  pouces  de  diamètre  ; 
les  fleurs  font  pclypétalées  ,  en  graj^pes  &  terminales  ; 
le  fruit  efl  une  capfule  arrondie  ,  aplatie  en  deffus  & 
en  deiTous ,  &  chargée  dans  toute  f  i  farface  de  petites 
afpérités  qui  reffemblent  aux  dents  d'une  lime.  Les 
Garipous  appellent  cet  arbre  yvouyra  ;  ils  fe  ferv^ent  de 
fon  bois ,  ainfi  que  les  Galibis ,  pour  avoir  du  feu  :  en 
frottant  l'un  contre  l'autre  deux  morceaux  de  ce  bois 
arrondis  &  pointus  ,  ils  parviennent  bientôt  à  en  avoir. 

Bois  de  merde.' /^tjye^  Bois  caca. 

Bois  de  Merle.  Cq^Xq  célajîre  ondulé  ^  Celafims 
vndulatus  ,  Hort.  Reg.  ;  Ornitropha  merularla  y  Comm. 
Cette  efpece  de  céiajlre  efl  un  arbiiffeau  haut  de  huit 
à  douze  pieds  ,  ^L  qui  croît  à  Madagafcar  &  aux  Ifles 
de  France  6c  de  Bourbon.  Ses  fleurs  font  blanchâtres 
&  difpofées  en  bouquets  ombcUiformes. 

Bois  minéralisé]  Voyei  à  l'article  Minéraux. 

Bois  des  Moluques  ,  Lignum  Molucenfi.  C'eil  le 
bois  d'tfn  arbrifleau  qui  croit  aux  Ifles  Moluques  , 
(  Crotum  Tigtium  ,  Linn.  Sp.  )  Voyez  RiCïN  Indien, 


B    O    I  îjï 

"Bois  néphrétique  ,  Lignum  mphraicum  aiit  pcn- 
grïnum,  C'eil  un  bois  d'un  jaune  pâle  ,  pelant  ^  d'iia 
goût  acre  &  un  peu  amer  ,  dont  l'écorce  eil  noirâtre  : 
le  cœur  du  bois  efl  d'un  rouge-brun.  Ce  bois  a  une 
fmgularité  remarquable  :  lorfqu'on  a  fait  infufer  dans 
de  l'eau  le  véritable  bois  néphrétique  ^  l'eau  mife  dans 
un  vafe  tranfparent ,  paroît  d'un  beau  jaune  fi  on  la 
regarde  en  tenant  le  vafe  entre  fon  œil  &  la  lumière; 
mais  fi  on  tourne  le  dos  au  jour  ,  l'eau  paroîtra  bleue  ; 
effet  qu'il  faut  vraifemblablement  attrPDuer  aux  parties 
colorantes  ,  qui  font  conilituées  de  manière  à  laiffer 
paiTer  les  rayons  jaunes  comme  un  tamis ,  5c  à  réfléchir 
les  rayons  bleus  que  l'œil  ne  peut   appcrcevoir  que 
lorf qu'il  eil  entre  le  vafe  &  la  lumière.   Si  l'on  mêle 
une  liqueur  acide  dans  le  vafe  ,  la  couleur  bleue  dif- 
paroît  fur  le  champ  ;  &;  de  quelque   manière  qu'on 
regarde  l'eau  ,  elle  a  toujours  alors  la  couleur  d'or  ; 
auiîi-tôt   que  l'on  y  .ajoute  un  fel  alkali ,  la  couleur 
bleue  lui  eil:  rendue.  Tous  ces  effets  fi  fmguliers  font 
produits  par  les  divers  arrangemens  des  parties  colo-^ 
rantes  ,  &  leurs  combinaifons  avec  les  matières  falines. 
L'arbre  dont  on  retire  ce  bois  ,  efl  le  Guilandinct 
îjiorïnga  ,  Linn,  Sp. ,  ol  croît  en  Amérique  ,  dans  1^. 
Nouvelle  Efpagne.    On  prétend  que  cet  arbre  efl, ori- 
ginaire du  Ceylan.   On  l'appelle  dans  le  Malabar  mo-* 
rlngu  ,  &   dans   le  Ceylan  kaiu-murimgka  ou  wcittu-* 
imirunga.    Ses  feuilles  reffemblent   à  celles   des  pois- 
chiches.  L'infufion  de    ce  bois  eil  apéritive  &  utile  ^ 
dit-on  ,  dans  la  néphrétique  ,  ce  qui  lui  a  fait  donner 
ce  nom  ;  on  l'eflime  auffi  très-fébrifuge.  Quoique  biea 
des  perfonnes  fallent  de  grands  éloges  de  cette  infu- 
iion  pour  difToudre  la  pierre  ,  les  Auteurs  de  la  Matierd 
médicale  doutent  fort  de  cette  vertu.  S'il  exifloit  quel- 
que dilfolvant  véritable  de  la  pierre  ,   ce  feroient  les 
favôns  5  qui ,  compofés  de  parties  falines  &  huileufes  , 
font  propres  à  diiioudre  les  parties  coriilituantes  de 
ia  pierre. 


35^  B     O    I 

Comme  ce  bois  ell  peu  uiité ,  on  le  trouve  tare^ 
ment  dans  le  commerce  :  des  Marchands  de  mauvaife 
foi  lui  fubflituent  fouvent  l'aubier  du  gayac  d'Europe. 
Quelques-uns  foupçonnent  que  le  mimcudu  ou  bcn- 
cudu  ou  lakki'lakki  ,  dont  les  racines  donnent  dans  la 
teinture  une  belle  couleur  rouge  ,  efl  l'arbre  à  bois 
ncphritique  du  Ceylan  ,  tranfporté  à  Malacca ,  à  Java 
&  aux  Moluques  ;  d'autres  prétendent  que  cette  ra- 
cine à  teinture  rouge  efl  le  Ronas.  Voyez  Racine 
d' Armcnh, 

Le  bois  néphrétique  d'Europe  efl  le  bouleau.  Voyez 
ce  mot. 

Bois  de  lait  de  l'Ifle  de  France  ,  Antafara.  Il 
paroît  que  c'eft  le  franchipanier  à  feuilles  retufes.  Son 
bois  eft  eftimé  pour  toutes  fortes  d'ouvrages  au  tour 
6c  pour  la  marqueterie. 

Bois  de  Nicarague.  C'efl  le  Bols  defang.  Voyez 
ce  mot. 

Bois  noir.  Ses  feuilles  croiflent  oppofées  le  long 
des  ramilles  ;  elles  font  cblongues ,  pointues,  longues 
de  quatre  à  cinq  pouces  ,  &  larges  d'environ  deux 
pouces  ,  fans  dentelure  ;  portées  fur  de  petites  queues , 
elles  font  d'un  vert  tres-foncé  en  defiiis ,  tirant  fur 
le  noir  &  luifantes  ,  d'un  vert  fombre  en  deffous. 
Telle  eil  la  defcrlption  trop  fuccinte  de  ce  bois ,  par 
l'Auteur  de  VEJuiifiir  fHJI.  Nat.  di  Salnt-Dominpie. 

On  diilingue  le  bols  noir  de  Malabar  ;  c'ell  V Acacia 
de  Malabar  ,  Mimofa  Ubbcck ,  Linn.  ;  Acacia  non  fpi^ 
nofa  Indice  Orientdis  ,  colutice  foliis  ,  jiliquâ  crujla^ 
c:d  ^  &c.  Pluk.  Cet  arbre  croît  dans  l'Inde  &  dans 
l'Arabie.  L'écorce  en  eft  aiîcz  unie  &  grifâtre  ;  fes 
feuilles  font  deux  fois  ailées  ;  les  folioles  ovales  , 
oblongues  ,  glabres  &  d'un  vert  glauque  ;  les  fleurs 
font  blanchâtres,  difpofées  en  faifceau  ombel li forme  ; 
les  étamines  ncmbreufes  &:  très -longues  ;  les  fruits 
font  des  gouiTes  longues  de  fept  pouces ,  larges  d'un 
pouce  ÔC  demi ,  très  -  aplaties  ,   d'un  blanc  jaunâtre  ^ 

prefque 


B    O    1  355 

pîeTque  liufantes  ,  &  qui  renferment  chacune  huit  à 
dix  lèmences  planes  &  orbicula  res. 

Bois   d'or  du  Canada,  f^oyei  à  CarticU  Charme» 

Bois  d'Ortie.  Fvyci  Bois  de  Frédoche. 

Bois  de  la  Palile.  Voyc^^  à  VanïcU  Sang- 
Dragon. 

Bois  de  Palixandre  ou  Bois  violet,  Lignum 
violaceum.  C'eft  un  bois  que  les  Hollandols  nous  en- 
voient des  Indes  en  grofîes  bûches.  Il  réunit  à  une 
odeur  douce  6l  agréable  une  belle  couleur  tirant  liir 
le  violet ,  &  enrichie  de  marbrures  :  ce  bois  eft  d'au- 
tant plus  eilimé  que  fes  veines  tranchent  davantagre. 
Comme  fon  grain  eil  ferré  ,  il  eil  fufceptible  "de 
prendre  un  poli  luifant  :  il  eli:  propre  au  tcur  &  à  la 
marqueterie.  On  en  fait  grand  ufage  pour  les  bureaux , 
les  bibliothèques  6c  autres  ouvrages.  C'eft  de  ce  bois 
que  les  Luthiers  font  la  plupart  des  archets  de  violon. 

Il  nous  vient  encore  par  la  voie  de  Hollande ,  une 
autre  efpece  de  bois  de  couleur  rougeâtre  tirant  fur 
le  violet ,  propre  à  la  marqueterie  ;  mais  il  fe  ternit 
aifément  ,  &  il  efl  trop  fujet  à  le  fendre  ,  fi  on  n'a 
foin  de  le  cirer  de  temps  en  temps  :  on  le  nomme 
improprement  bois  de  la  Chine  ;  car  on  prétend  que 
l'arbre  dont  on  le  retire  ,  ne  croît  que  dans  le  Conti- 
nent de  la  Guiane  en  Amérique ,  au  bord  des  maré- 
cages ;  il  eft  monté  fur  des  arcabos ,  dit  M,  de  Prê-^ 
■fontaine,  C'eft  le  Spartium  arboreum  tri/Jaim  iigno 
violaceo.  Barr.  Eff.    p.  105. 

Bois  Palmiste.  Les  Habitans  de  Saint-Domingue 
donnent  ce  nom  à  un  arbre  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  les  palmifles  proprement  dits.  La  tige  du  bois  pal-- 
mijie  eft  d'une  hauteur  médiocre  ,  droite  ,  branchue 
dans  fon  fommet  &  très-garnie  de  feuilles  ;  fon  écorce 
eil  d'un  noir  cendré ,  liffe  dans  la  jeuneffe  de  l'arbre  , 
&  crevafîée  lorl'qu'il  vieillit  ;  fon  bois  eft  d'un  blanc 
fale  &  pefant  ;  fes  feuilles  affez  femblables  à  celles 
du  noyer,  plus  étroites  cependant  ^  conjuguées;  fes 
Igiuc  il  Z 


354  B    O    I 

ileurs  font  fameufes  &  d'un  blanc  pourpré  ;  il  leiif 
fuccede  un  fruit  femblable  à  celui  de  Vhermodacis, 
(  Ejfai  fur  l'Hïfi.  Naturelle  de  Saint-Domingue,  ) 

Bois  pelé.  Voye?^  Bois  de  Frédoche. 

Bois  pétrifié  ou  Dendrolite  ,  Z/V^o;t^/7o/z.  Voyez 
à  l'article  PÉTRIFICATION. 

Bois  a  pians.  Nom  donné  à  Saint  -  Domingue  k 
un  arbre  très-branchu  ,  &  qui  s'élève  beaucoup  ;  il 
croît  dans  les  endroits  humides  de  cette  contrée.  Ses 
feuilles  font  cblongues  ,  arrondies  par  la  bafe  ,  ter- 
minées au  fommet  par  une  pointe  alongée  &  recourbée 
d'un  côté  5  d'un  vert  très-foncé  en  defiiis  ,  un  peu 
clair  en  deflbus  ,  liffes  ,  opaques ,  fans  dentelure  ,  lon- 
gues de  quatre  à  cinq  pouces  ,  larges  d'environ  un 
pouce ,  difpoféesf  fur  une  côte  tantôt  par  paire  ,  tantôt 
alternativement  ;  chaque  ramille  eil:  terminée  ou  par 
une  feuille  ou  par  deux  feuilles.  Aux  fleurs  fuccede 
une  gouffe  plate,  longue  de  deux  à  trois  pouces  , 
large  d'un  pouce  &  demi ,  qui  renferme  une  ou  deux: 
graines  ridées  ,  cotonneufes  ,  d'un  vert  pâle  ,  très- 
veinées  ,  plates ,  en  forme  de  cœur ,  de  douze  à  quinze 
lignes  de  diamètre ,  rouflatres  ,  d'un  goût  défagréable. 
On  prétend  que  les  feuilles  de  cet  arbre  ,  appliquées 
en  cataplafme  fur  les  pians ,  les  guériifent  radicalement. 
On  emploie  l'écorce  de  l'arbre  pour  teindre  en  jaune. 

Bois  de  pieux.  Voye^  Belo. 

Bois  piquant.  Voyei  Tavernon. 

Bois  de  plomb  des  Canadiens  ,  ou  Bois  de 
CUIR  ,  Dirca  palujlris  ,  Linn.  ;  IhymœUa  Jloribus  albis 
primo  vere  erumpentibus  ,  foliis  oblongis  acuminatis  , 
yiminihus  &  corticz  valdc  tenacibus  ,  Gron.  Virg.  Petit 
arbriffeau  de  la  famille  des  Garous  ;  il  croît  naturelle- 
ment dans  les  endroits  marécageux  &;  couverts  de 
l'Amérique  Septentrionale.  Son  bois  efl:  léger  ;  fes  ra- 
meaux &  fon  écorce  fort  tenaces ,  &:  peuvent  à  peine 
fe  rompre  fans  le  fecours  d'un  couteau  ;  fes  feuilles  , 
qui  tombent  tous  ks  ans  j  font  vertes  ôc  glabres  en 


B     O    ï  3J5 

cieffus  ,  blanchâtres  &  un  peu  velues  en  deffous  , 
alternes  ,  ovales  ;  les  rameaux  font  à  artidilations 
comme  enchevillées  les  unes  dans  les  autres.  Les  fleurs 
paroiiîent  avant  les  feuilles  développées  ,  trois  en- 
femble  ,  latérales  ,  pendantes  &c  blanchâtres  ;  le  fruit 
eft  baccifere  ,  ovale  &  monofperme. 

Bois    pouilleux.     Foye^   ce   que    c\fl  à    VartlcU 

Arbre. 

Bois  rfE  ptisane.  Dans  le  pays  de  Cayenne  on 
donne  ce  nom  à  la  lïam  feguim  ;  on  en  prend  une  ou 
deux  poignées  ,  que  Ton  mêle  avec  force  citrons  , 
pour  faire  tremper  les  malingres.  Foye^  a  Partictc 
Liane. 

Bois  puant.  Voyci  à  VanicU  Anagyris.  Il  ne 
faut  pas  confondre  ce  boïs  puant  avec  le  bois  caca. 
Voyez  ce  mot. 

Bois  punais.  Voye^  Cornouiller  sanguin. 

Bois  de  Quassie  ,  QuaJJîa  amara  ,  Linn.  Spec. 
pag.  553.  Il  nous  vient  d'un  arbrifîeau  qui  croît  dans 
les  forêts  de  Surinam ,  &  porte  le  nom  d'un  efclave 
Nègre  nommé  Quaffi  qui  l'avoit  découvert ,  &  s" ta 
fervoit  avec  fucces  pour  guérir  les  fièvres  malignes  de 
fes  camarades  dans  la  Colonie  de  Surinam ,  dont  l'air 
chaud  &  humide  eft  tres-mal-fain.  M.  de  la  Borde  , 
Médecin  à  Cayenne  ,  nous  a  dit  qu'on  a  tranfporté 
dans  l'Ifle  de  Cayenne  plufieurs  plants  de  quajjîe  ; 
qu'ils  y  ont  bien  réufTi  ;  que  vers  la  fin  de  l'^'j'i  ^  ils 
avoient  déjà  fleuri  &  frudifié  ;  qu'ils  fe  plaifent  dans 
les  lieux  frais  &  humides  ;  &  qu'en  les  plantant  fur  les 
bords  des  rivières  ,  il  y  a  lieu  de  préfumer  qu'on  les 
verra  multiplier  autant  qu'on  peut  le  défirer.  Planté 
de  graine  s  ,  cet  arbrifTeau  y  donne  fes  premières  fleurs 
au  bout  de  deux  ans  ,  ou  de  deux  ans  &  demi.  Il  efl , 
dit  M.  Patris  ,  de  moyenne  hauteur  ,  produifant» 
une  ou  plufieurs  tiges  d'un  pouce  de  diamètre  ,  qui 
s'élèvent  de  fix  à  huit  pieds  ,  avant  de  donner  Aqs 
branches.  Jufqu'à  ce  que  les  tiges  commencent  à  fe 

Z  2 


55^  B    O    I 

ramifier  ,  elles  font,  dans  toute  leur  longueur,  garnies 
de  feuilles  ,  dont  elles  fe  dépouillent  alfez  ordinaire- 
ment après  la  formation  des  branches. 

La  tige  de  l'arbriiïeau  eft  cylindrique  &C  cendrée  ou 
grifâtre.  Les  jeunes  poufles  ont  l'écorce  verte  6c  très- 
ïégérement  pointillée  de  blanc  ;  celle  des  branches  , 
dans  leur  naiffance ,  eft  d'un  beau  rouge  ,  bruniffant 
ëc  fe  marquant  de  quelques  lignes  ou  fines  grifâtres 
en  viellliffant.  Les  feuilles  font  alternes  ,  compofées 
de  trois  ou  quatre  rangs  de  folioles  fans  pétales  ,  mais 
de  forme  ovale.  Cet  arbriiTeau  quitte  rarement  fes 
feuilles. 

Les  fleurs  de  quaffie ,  dit  M,  Llnnœus ,  font  difpofées 
en  grappes  à  l'extrémité  des  branches ,  &  ont  le  port 
&  le  volume  des  fleurs  de  la  fraxinelle  ;  leur  couleur 
eft  d'un  beau  rouge  de  corail  ;  le  calice  efl  court  & 
compofé  de  cinq  pièces  ;  les  pétales  font  aufîi  au 
nombre  de  cinq  ,  égaux  ,  arrondis  ,  larges  à  leur  bafe , 
roulés  en  cornet  les  uns  fur  les  autres ,  &  ne  s'épa- 
nouilfant  jamais  ;  les  filets  des  étamines  font  au  nom- 
bre de  dix  ,  fur  montés  de  fommets  oblongs  ,  jaunes , 
&  qui  ont  une  pofition  à -peu -près  horizontale;  le 
piflil  efl  un  peu  plus  long  que  les  étamines.  Il  lui 
fuccede  cinq  femences  de  forme  ovale. 

La  racine  du  qnaffîc  efl  pivotante  ,  groffe  comme  le 
bras ,  blanchâtre  en  dedans ,  &:  jaunifTant  à  l'air.  Elle 
efl  toute  en  aubier  ,  6c  l'on  ne  peut  pas  en  féparer  la 
moelle  :  fon  écorce  efl  fine  ,  grife  ,  raboteufe  ,  6c 
comme  gercée  en  quelques  endroits. 

Cet  arbriffeau  efl  un  des  plus  agréables  à  la  vue  par 
la  multiplicité  de  fes  bouquets  &  la  variété  des  cou- 
leurs dans  fes  feuilles.  La  racine  ,  feule  partie  en  ufage 
de  l'arbre  ,  efl  légère  &  n'a  point  d'odeur ,  fur-tout  ii 
elle  a  été  defTéchée  à  propos  ;  elle  efl ,  ainfi  que  toutes 
les  parties  de  cet  arbrifleau ,  d'une  amertume  extrême , 
durable, fans  avoir  la  ilipticité  du  quinquina.  On  eflime 
ce  bois  très-ba]famique,  &  propre  ,  par  fon  amertume, 


B     O    I  357 

à  réfîfter  aux  acides  6c  à  la  putréfaâ:ion  ,  les  deux 
principaux  de{lruâ:eurs  des  végétaux  &  des  animaux. 
On  s'en  fert  dans  rAmérique  pour  les  ncvres  intermit- 
tentes 5  continues  ,  malignes  &  putrides.  On  le  prend 
en  poudre,  6c  plus  efficacement  en  déccdion.'Un  gros 
de  cette  racine  râpée  lliffit  pour  ime  livre  ou  chopine 
de  vin  ;  on  peut  aufîi  fe  fervir  d'eau  au  iieu  de  vin. 
Il  n'y  a  que  peu  d'années  que  ce  remède  s'ell  in.troduit 
dans  la  Médecine  de  l'Europe.  On  fc  fert  aufii  de  fa 
teinture  au  vin  contre  la  goutte  6c  peur  fortiacr  l'ef- 
tomac.  On  en  prend  deux  cuillerées  à  loupe  avant  le 
repas.  En  un  mot  le  bois  de  quaffie  peut  liippléer  au 
défaut  de  quinquina  ,  il  a  les  mêmes  vertus ,  6>c  fcuvent 
môme  il  termine  des  fièvres  qui  avoient  été  très- 
rebelles  au  quinquina  &  aux  fleurs  de  poincillade. 

Bois  Quinquina  ,  Malpi^hia  latifolla  conicc  fungui- 
mo^  Barr.  EfT.  p.  72  ;  dans  la  langue  desGalibis  ,  Xou- 
rouquouy.  On  ne  fait  point  ,  dit  M.  de  Préfontaine ,  ce 
qui  a  fait  donner  à  ce  bois  le  nom  de  quinquina ,  avec 
lequel  il  ne  paroît  avoir  aucun  rapport.  Cet  arbriffeau 
croît  naturellement  dans  les  grandes  favannes  ,  ou  prai- 
ries abandonnées  depuis  long-temps  dans  la  Guiane. 
Barnre  ajoute  qu'on  s'efl  fervi  quelquefois  ,  dans  la 
dyllenterie  ,  du  bois  &  de  l'écorce  de  cet  arbriffeau , 
avec  le  même  fuccès  que  du  Jimaiouba,  Voyez  ce  mot, 

M.  Deleuiç  dit  que  les  fleurs  de  cet  arbre  6c  des 
autres  plantes  du  genre  des  Ma/pigkia ,  font  à  dix  éta- 
mines  6c  trois  piftils  ,  6c  ont  dix  nedaires  en  dehors 
du  calice. 

Bois  Ramier,  f^oyei  Bois  de  soie. 

Bois  Ram  on.  Nom  d'un  arbriffeau  qui  croît  à 
Saint-Domingue  ;  fon  écorce  eu  amere  ;  fes  feuilles 
font  épaiffes  ,  rudes  au  toucher  ,  d'un  vert  foncé  , 
larges  ;  fes  fleurs  croiffent  par  bouquets ,  d'un  blanc- 
jaunâtre  6c.  d'une  odeur  agréable  ,  qui  fe  changent  en 
un  fruit  affez  femblable  à  une  amande.  (  EJ/ai  fur 
rmji,  Natur,  de  Saint-Domingue,  } 


35S  B    O    I 

Bois  de  Reinette.  P^oyei  Dodonee  â  feuilles 
étroites^ 

Bois  de  Rose  ,  Lignum  Rhodium  ;  ainfi  nommé  à 
caufe  de  fon  odeur ,  qui  approche  de  celle  de  la  rôle  : 
on  l'appelle  aufîi  bois  de  Rhodes  ou  bois  de  Chypre  , 
parce  qu'il  croît  dans  ces  Ifles  ,  ainfi  que  dans  celles 
de  Canarie  ,  aufîi  bien  qu'au  Levant ,  le  long  du  Da- 
nube ,  &  à  la  Martinique  oii  on  le  nomme  aufîi 
afpalath.  Nous  avons  obfervé  que  ce  bois  odorant 
n'ofFre  guère  que  la  partie  des  racines. 

Il  y  a  diverfité  de  fentimens  fur  l'arbre  dont  on  retire 
ce  bois  aromatique ,  qui  efl:  de  couleur  de  feuille-morte, 
dur ,  tortueux  &:  rempli  de  veines ,  qui ,  par  leurs  va- 
riétés, forment  des  compartimens  agréables.  Les  An- 
tilles en  fourniflent  beaucoup  :  il  efl  très- propre  pour 
le  tour  &  pour  la  marqueterie  ,  parce  qu'il  reçoit 
très-bien  le  poli ,  ainfi  qu'on  en  peut  juger  par  les  jolis 
meubles  qui  décorent  nos  appartemens  &  nos  cabi- 
nets :  il  efl  d'un  jaune  pâle  &  qui  devient  roux  avec 
le  temps  ;  il  efl  réfmeux/,  dur ,  amer  &  parfemé  de 
nœuds  :  fon  aubier  efl  blanc  &  fans  odeur.  Quelques- 
uns  croient  que  c'efl  le  même  que  le  bois  citron.  Voyez 
ce  mot.  D'autres  foupçonnent  que  le  lignum  Rhodium 
efl  un  cytife. 

Les  HoUandois  retirent ,  par  la  diflillation  du  bols 
de  rofe  ^  une  huile  très -pénétrante  ,  que  l'on  peut 
fubftituer  à  l'huile  effentielle  de  rofe  dans  les  baumes 
apople^liques  ,  céphaliques.  Les  Parfumeur^  font  ufage 
de  ce  bois  de  rofe  ,  à  caufe  de  fon  odeur. 

Il  y  a  une  efpece  de  bois  de  Rhodes  ,  ayant  peu 
d'odeur ,  qui  croît  à  la  Jamaïque  :  Amyris  balfamifera , 
Linn.;  Lauro  àjfnis  terebenthi  .^  folio  aluto^  ligno  odorato^ 
candldo  .,  flore  albo  ^  Sloan.  Jam.  Hifl.  ;  Lucïnium .,  Pluk. 
Quelques  perfonnes  le  prennent  pour  le  bois  de  rofe , 
quoiqu'à  bien  examiner  il  en  diffère.  L'illuflre  Natura- 
lifle  Sloane  dit  que  le  tronc  de  cet  arbre ,  qui  s'élève  à 
environ  vingt  pieds ,  efl  blanc  çn  dedans ,  &  que  ce 


B    O    I  359 

boîs  réfineux  étant  brûlé ,  répand  une  odeur  de  rofe 
très-agréable.  Ses  fleurs  font  blanches  ,  en  bouquets  , 
comme  celles  du  fureau.  Ses  fruits  reflemblent  aux 
baies  du  laurier.  Il  y  a  auiîî  à  la  Guiane  un  bois  qu'on 
appelle  bois  de  rofe.  Voyez  à  Vartide  BoiS  DE  CHAN- 
DELLE. Le  hois  de  rofe  de  Saint-Domingue  ,  dit  Nicole 
fon  y  a  les  feuilles  oblongues  ,  larges  de  douze  à  quinze 
lignes ,  longues  de  deux  à  trois  pouces  ,  terminées  au 
fommet  par  une  pointe  mouffe  ,  recourbée  d'un  côté  y 
d'un  vert  clair  en  deffous ,  plus  foncé  en  defllis  ;  très- 
veinées,  fans  dentelure. 

Il  croît  à  la  Chine  un  hoïs  de  rofe  nommé  tftan  ^ 
qui  eft  d'une  très-grande  beauté.  Sa  couleur  eil  d'un 
noir  tirant  fur  le  rouge  ,  rayé  &  femé  de  veines  très- 
£nes  qu'on  diroit  être  peintes  :  c'efl  Veryfifccptum  de 
quelques-uns.  Les  ouvrages  faits  de  ce  bois  font  ii 
effimés  qu'ils  fe  vendent  plus  cher  que  ceux  auxquels 
on  applique  le  vernis.  Du  H  aide. 

Bois  rouge  ou  Bois  de  sang  ou  Bois  sanglant; 
Terebinthus  procera  halfamïfera  ruhra  ^  Barr.  p.  107  ;  an, 
Cahiieriha  ,  Pifon.  C'efl:  V Anacoucou  des  Caraïbes.  Ce 
bois  provient  d'un  très-grand  arbre  qui  croît  en  Améri- 
que ,  près  du  Golfe  de  Nicaragua  &  dans  les  environs  de- 
Cayenne.  Le  cœur  de  ce  bois  efl  d'un  très-beau  rouge 
étant  travaillé  ,  mais  il  s'éclaircit  &:  devient  gris  à  la 
longue.  Son  écorce  qui  efl  grife  d'abord  ,  devient 
rouge  en  féchant  ,  tant  en  dehors  qu'en  dedans,. 
Les  Indiens  fe  fervent  quelquefois  de  cette  couleiu: 
pour  colorer  certains  ouvrages.  Ce  bois  efl  cher  ; 
ils  s'en  fervent  cependant  pour  s'éclairer ,  de  même 
qu'on  emploie  le  pin  dans  les  Pyrénées.  M.  d& 
Préfontaine  dit  que  c'efl ,  après  le  balatas  ^  le  meilleur 
bois  pour  bâtir. 

On  donne  aufll  le  nom  de  Bois  ROUGE  ,.  Lignum 
rubrum  ,  Pterocarpns  draconk  fanguis  ,  à  un  arbre  qui 
croît  à  Java  ,  Sumatra  &  Malacca ,  &  que  les  Indiens 
appellent  en  langue  Malaie  Anxana^ 

Z-4 


3^0  B     O    I 

Nicolfon  obferve  que  le  bois  rouge  eft  un  grand  arbre 
dont  on  diltingue  plufkiirs  efpeces ,  qui  difftrent  entre 
elles  tantôt  par  les  fleurs ,  tantôt  par  les  feuilles.  Dans 
le  quartier  de  Léogane  ,  au  bord  de  la  mer  ,  à  Saint- 
Domingue  ,  il  en  croît  une  elpece  fort  commune ,  qui 
s'élève  environ  à  vingt  pieds.  Son.  bois  eil:  liiTe ,  gri- 
fâtre ,  dur ,  pefant ,  malîif  :  fes  feuilles  ont  fix  à  lept 
pouces  de  longueur  6c  environ  deux  pouces  de  lar- 
geur ;  elles  font  oblongues ,  terminées  par  une  pointe 
recourbée  d'un  côté  ^  d'un  vert  gai  en  deffus ,  clair  en 
dellbus  5  fans  dentelure  ,  partagées  par  une  côte  &: 
plufieurs  nervures  laillantes.  Sa  fleur  devient  une  baie 
fphérique  ,  de  quatre  lignes  de  diamètre ,  remplie  d'une 
pulpe  molle,  mince,  charnue,  d'une  odeur  aromatique, 
d'un  goût  fade;  l'écorce  qui  couvre  ce  fruit  eft  mince, 
grifâtre  ,  lilTe  en  dedans.  On  trouve  au  centre  une 
graine  prefque  ronde  ,  divifée  en  deux  lobes  ,  dure  , 
noirâtre ,  farineufe ,  ayant  le  même  goût  &;  la  même 
odeur  que  la  pulpe.  Son  bois  efl:  employé  dans  les 
ouviagts  de  menuiferie. 

Bois  satn.  C'ell  le  garou.  Voyez  ce  mot. 

Bois  saint.  Foye^  Gayac. 

Bots  de  Saint-Jean.  Voyez  Arbre  de  Saint- Jearz. 

Bois  de  Sainte- Lucie.  Voyez  Mahalep^  à  l'article 
Cerisier. 

Bois  de  sang.  Voyei^  Bois  rouge. 

Bois  de  Sapan.  C'eil  le  bréfdUt  des  Indes,  Voyez  à 
Vartïck  Bois  DE  Brésil. 

Bots  satiné.  Bel  arbre  des  Antilles  ;  c'ell:  le  même 
que  le  bols  de  Féroles,  Voyez  ce  mot.  On  emploie  fon 
bois  en  marqueterie  :  il  a  le  fond  rouge ,  veiné  de  jaune. 
Le  bols  fatlnl  d'Europe  eft  le  prunier.  Voyez  ce  mot. 

Bois  de  Savanne.  Voyei  Poirier  sauvage  de 
Cayenne. 

Bois  savonneux.  Voye^  Savonnier. 

Bois  de  Saxafras.  Voyei  Sassafras. 

Bois  de  Senil.  Voye^  Conise  àj}uilks  deJauU. 


B    O    I  361 

Bois  de  seringue,  royei  à  L'anlck  RÉSINE  ELAS- 
TIQUE. 

BOïS  SIFFLEUX.  Voyer^  COTONNIER  SIFFLEUX ,  à 
VartïcU  MahOT. 

Bois  signor.  Voyc^  Bois  Capucin. 

Eois  DE  Soie  ou  Bois  Ramier  ,  Muntingïa  folio 
fcrlceo  molli  ^  frucîu  majon  ,  Piiim.  Gen.  41.  C'elt  un 
arbre  de  la  famille  des  JdUuls ;  il  s'élève  à  environ 
trente  pieds  de  hauteur  ;  fon  écorce  eit  épaifl'e  de  près 
d'un  demi-pouce  ;  elle  efl  blanche  &  toute  hachée  ; 
fon  bois  eit  gris ,  il  a  le  ni  long ,  tendre  &:  plein  de 
fève  ;  cet  arbre  elt  affez  branchu  ,  de  belle  apparence , 
bien  fourni  de  feuilles ,  qui  approchent  fort  de  celles  du 
charme  ;  elles  font  alternes ,  tendres  ,  douces  ^  fines 
6c  couvertes  notamment  en  deflbus  d'un  petit  duvet 
blanchâtre  ,  doux  ^  ï\\\  comme  de  la  foie.  Son  bois 
n'eil:  bon  qu'à  faire  des  douves  pour  les  barriques  , 
encore  durent-elles  peu.  A  Saint-Domingue  ,  où  cet 
arbre  fe  trouve,  les  Nègres  font  des  cordes  avec  fon 
écorce. 

Bois  de  Tacamaque.   Voyc^  Tacamaque. 

Bois  tapiré.  Grand  arbre  de  la  Colonie  de 
Cayenne  ,  dans  lequel  le  cœur  du  bois  eft  mêlé  de  rouge 
6c  de  jonquille  :  on  en  fait  des  meubles  dans  le  pays  ; 
&  comme  il  eil  d'une  excellente  odeur  ,  il  la  com- 
munique au  linge  qu'on  renferme  dans  les  armoires 
faites  de  ce  bois.  L'on  commence  à  nous  en  apporter 
en  Europe  pour  l'ufage  des  Ébénilfes. 

Bois  trompette.   Voyc^  ArviBAÏBA. 

Bois  veiné.  Nom  donné  par  des  Amateurs  à  une 
coquille  univalve  du  genre  des  Murex ,  parce  que  fa 
couleur  imite  celle  du  bois  veiné.  Voyez  Murex. 

Bois  vert  ,  ainfi  nommé  de  fa  couleur  dominante. 
C'eft  le  his  d'èbme  de  la  Guadeloupe  &  de  toutes  les 
Antilles.    Voyc^^  à  l^articU  Ébene. 

Bois  violet.  C'eft  le  Bois  de  Palixandre  ; 
cependant    les  Ébénifle.^jippeilent  plus  particulière^ 


362  BOL 

ment  hois  violet ,  celui  dont  les  veines  tranchent  davan- 
tage &  font  plus  vives,  f^oje^  Bois  DE  Palixandre. 

BOLDU  ,  Boldu  arbor  ollvkra  ,  Plum.  Journ,  du 
Pérou.  Arbre  qui  paroît  avoir  quelques  rapports  avec 
les  Lauriers  ,  6^  qui  croît  dans  les  forêts  du  Pérou  : 
il  s'élève  à  la  hauteur  de  vingt  à  vingt-quatre  pieds  ; 
fon  tronc  ell  de  la  grofleur  d'un  homme.  Son  écorce 
a  le  goût  de  la  cannelle  ;  fes  feuilles  font  oppofées  , 
cordiformes  ,  longues  de  trois  pouces  ,  de  moitié 
moins  larges  ,  vertes  ,  un  peu  velues  ,  &  d'une 
odeur  d'encens.  Les  fleurs  viennent  en  bouquets  au 
bout  des  branches  ;  elles  font  blanches  ,  à  fix  pétales 
difpofés  en  rofe  ;  il  y  a  iix  étamines  jaunes  ,  &  un 
piiîil  ;  le  fruit  reffemble  à  nos  olives  ;  fon  noyau  efl 
noir  ,  rond  &  olTeux.  Les  Indiens  mangent  ce  fruit 
par  déhces. 

BOLET  ,  BoUtus  ,  Linn.  Gêner.  12 10.  Voye^^  à 
VartkU  Champignon. 

On  a  donné  le  nom  de  Boht  de  cerf  ^  (  BoUtus 
Urvinus  ,  )  à  une  efpece  de  champignon  à  cavité  pul- 
vérulente ;  ceux  que  nous  avons  vu  fous  ce  nom  font 
des  vefTes-de-loup  ,  petites ,  orbiculaires. 

BOLS  ,  Terres  bolaires  ou  Terres  sigillées  , 
Terrez  bolares.  Ce  font  de  vraies  argiles  ;  mais  il  pa- 
roît qu'on  a  afFeâ:é  finguliérement  ces  noms  à  celles 
qui  font  un  peu  poreufes  ,  affez  friables  ,  s'attachent 
&  happent  fortement  en  empâtant  la  langue  ,  de  même 
qu'à  certaines  argiles  rempUes  d  une  grande  quantité 
de  terre  ferrugineufe  ,  &  colorées  par  cette  terre  d'une 
manière  uniforme  en  jaune  ou  en  rouge  ,  &:c. 

Il  y  a  une  efpece  de  terre  bolaire  de  couleur  de 
chair ,  que  l'on  voit  avec  étonnement  avoir  été  de 
tous  temps  célèbre  parmi  les  hommes  ,  puifque  du 
temps  môme  ^Homère  &  ^Hérodote  ,  on  ne  la  tiroit 
de  la  terre  qu'avec  de  grandes  cérémonies.  On  nous 
apporte  cette  terre  fous  la  forme  de  paftilles  convexes 
d'un  côté  ,  6c  aplaties  de  l'autre  par  l'impreffion  du 


BOL  3^5 

cachet  que  chaque  Souverain  des  lieux  oti  il  fe  trouve 
aujourd'hui  des  bols  ,  y  fait  appofer  ,  moyennant  un 
tribut,  ce  qui  kii  conferve  le  nom  de  terre  Jîgillée, 
Autrefois  les  Prêtres  y  imprimoient  l'image  d'une 
ihevre  ,  fymbole  de  Diane.  Les  bols  ou  terres  JigllUes 
qui  nous  viennent  de  Saxe  ,  font  en  paftllles  rondes 
au  pourtour  ,  &:  planes  tant  en  deffus  qu'en  deiTous  : 
l'une  des  faces  offre  l'empreinte  de  deux  fabres 
croifés. 

On  voit  en  Allemagne ,  dans  les  boutiques  ,  plu- 
fieurs  efpeces  de  terres  Jzglllées  ,  marquées  de  cachets 
dilférens.  La  plus  grande  partie  de  la  terre  Jîgillêe , 
que  l'on  nomme  aufli  terre  de  Lemnos  ,  parce  qu*on 
la  tire  de  cette  Me  ,  appelée  aujourd'hui  Stalimem  ^ 
eft  marquée  du  fceau  du  Grand -Seigneur.  Le  Gou- 
verneur de  rifle  en  vend  auiïi  une  partie  aux  Mar- 
chands ,  fur  laquelle  il  imprime  fon  fceau. 

Les  Anciens  ont  beaucoup  vanté  cette  terre  ,  dont 
on  ne  fait  aujourd'hui  prefque  point  d'ufage  :  les  cé- 
rémonies qu'on  employoit  pour  la  tirer  de  la  terre  , 
ne  contribuoient  pas  peu  à  augmenter  ,  dans  l'efprit 
du  peuple  toujours  crédule  ,  l'idée  de  fa  vertu.  Ils  la 
regardoient  comme  un  alexipharmaque  ,  comme  un 
remède  très-utile  à  la  dyffenterie  ,  &:  propre  à  refer- 
mer les  plaies  /écentes  ;  effets  qui ,  quoique  très-foi- 
blés  ,  pouvoient  être  produits  par  l'acide  vitriolique  , 
qui  efl  contenu  dans  les  terres  argileiifes,  Henckel  dit 
que  l'ufage  de  ces  terres  efl  propre  à  engendrer  &  à 
augmenter  les  calculs  ,  de  même  que  le  talc  que  les 
Chinois  brûlent,  &  qu'ils  boivent  mêlé  avec  du  vin, 
comme  un  remède  propre  à  prolonger  la  vie.  Il  efl 
étonnant  que  les  terres  bolaïres  foient  toujours  d'un 
ufage  aufîi  familier  dans  la  Médecine.  Il  efl  reconnu 
que  les  acides  n'agiffent  pas  fenfiblement  fur  les  terres 
grajfes  ;  fi  ces  difîblvans  ne  peuvent  les  attaquer  ,  il 
n'y  a  guère  lieu  de  croire  que  ceux  qui  fe  trouvent 
dans  l'ellomac  prodiiifent  ççt  effçt,  Nous  dirions  vor 


364  BOL 

lontiers  ,  avec  la  plus  faine  partie  des  Médecins  inf- 
traits  ,  qu'on  peut  regarder  comme  un  abus  l'ufage  des 
urres  bolaires  èc  des  terres  Jigillées.  Erredivement  ,  ii 
elles  ne  ie  diffolvent  peint  dans  les  premières  voies , 
elles  ne  peuvent  que  fatiguer  Feilomac  fans  paffer 
dans  l'économie  animale.  S'il  s'en  diflbut  une  partie  , 
c'eli:  une  preuve  que  la  terre  boUirc  ëtoit  mêlée  d'une 
portion  de  terre  calcaire  ;  &.  alors  il  vaudrcit  mieux  em- 
ployer des  terres  abforhanîes  ,  telles  que  la  craie  lavée  , 
les  yeux  (Pécrcviffes  ,  ckc.  Si  c'efl  à  la  partie  ferrugi- 
neufe  qu'on  attribue  \^s  vertus  des  terres  Jigillées  ,  il 
feroit  beaucoup  plus  fimple  d'employer  des  remèdes 
martiaux. 

On  a  des  bols  &  des  terres  Jigillées  de  plufieurs  autres 
Contrées  ,  &  ces  bols  font  aulîi  plus  ou  moins  vantés. 
La  terre  de  Mafia ,  près  de  Lisbonne  ,  a  la  réputation  de 
guérir  les  cancers.  Celle  de  Saint-Ulrich  a  ,  dit-on,  la 
vertu  de  chafler  les  rats  ;  &  celle  du  Chaw  au  Pérou 
paiTe  pour  rendre  les  femmes  fécondes.  En  Allemagne 
les  terres  bolaires  ont  encore  beaucoup  de   crédit. 

On  met  au  rang  des  bols  une  terre  du  Mogol  de 
couleur  grife  tirant  fur  le  jaune  ,  que  l'on  nomme 
terre  de  Fatna  ;  on  en  fait  des  pots  ,  des  bouteilles  , 
des  carafes  qu^  l'on  nomme  gargoulettes  ,  capables  de 
contenir  une  pinte  de  Paris  ,  mais  fi  minces  &  Il  lé- 
gères ,  que  le  fouffle  de  la  bouche  les  fait  rouler  çà 
&  là  fur  le  parquet.  On  prétend  que  l'eau  y  con- 
trade  un  goût  d>c  une  odeur  agréables  ,  ce  qui  n'a 
point  heu  dans  ce  pays-ci  ,  lorfqu'on  veut  répéter 
rexpcrience  dans  ces  vafes.  Quoi  qu'il  en  foit  ,  ce 
vafe  s'humecte  infenfiblemtnt  ,  &:  après  que  les  Da- 
mes Indiennes  ont  bu  l'eau  qu'il  contenoit  ,  elles  le 
croquent  &  mangent  avec  plaifir  ,  &  principalement 
quand  elles  font  enceintes  ;  car  alors  elles  aiment 
avec  fureur  cette  terre  de  Patna  ;  &  fi  on  ne  les  ob- 
fervoit  point  ,  dit  plaifamment  Lémeri ,  il  n'y  a  point 
de  femme  groffç  au  Mogol  qui  ,  en  peu  de  temps  , 


B    O    M  365 

n^eut  grugé  tous  les  plats ,  les  pots ,  les  bouteilles  , 
les  coupes  &  autres  vaies  de  la  maifon.  On  dit  qu'en 
Efpagne  on  fait  ufage  d'une  efpece  de  tern  qui  a  pref- 
que  les  mêmes  vertus  ,  &  qu'on  nomme  bucaws. 
Voyez  ce  mot.  Le  bol  d^ Arménie  ,  fi  célèbre  comme 
ingrédient  de  la  grande  thériaque  ,  efl:  d'un  rouge- 
brun.  Il  s'en  trouve  d'à  fiez  femblable  auprès  de  Saumur, 

Les  Naturalises  diftinguent  encore  plufieurs  autres 
efpeces  de  terres  bolair&s  par  leur  couleur ,  ainfi  qu'ils 
donnent  à  beaucoup  d'argiles  des  épitheîes  qui  indi- 
quent leur  couleur  ;  comme  argiles  blanches  ,  argiles 
grifes  j  argiles  bleues.  Mais  toutes  ces  dénominations  , 
comme  le  dit  avec  railon  l'Auteur  du  Diciionnaire  de 
Chimie  ,  ne  donnent  que  fort  peu  ou  même  point  du 
tout  de  connoifîances  fur  la  vraie  nature  des  diffé- 
rentes argiles  naturelks.  Ne  feroit-il  pas  ,  dit-il  ,  plus 
avantageux  d'examiner  d'une  manière  plus  particu- 
lière 5  ëc  fur-tout  par  des  épreuves  chimiques  ,  quelles 
font  les  m.atieres  hétérogènes  dont  le  mélange  altère 
dans  les  différentes  argiles  naturelles  la  pureté  de  la 
terre  argileufe  ,  fimple  6c  primitive  ,  à  laquelle  elles 
doivent  tout  ce  qu'elles  ont  de  propriétés  argileufes , 
&  de  leur  donner  des  noms  qui  indiquaffent  ces  ma- 
tières hétérogènes  ,  ou  du  moins  celles  d'entre  elles 
qui  dominent  ,  en  y  joignant  ,  fi  l'on  veut ,  la  cou- 
leur de  V argile  ?  Dans  ce  plan  de  nomenclature  ,  on 
auroit  les  argiles  blanches ,  fahUufes  ^  micacées  ,  cal- 
caires ;  les  argiles  grifes  ou  bleues  ,  pyriteufes  ;  les  ar-^ 
giles  jaunes  ou  rouges  ,  ferrugineufes  :  les  argiles  noire» 
ou  bitumineufes.  Ces  obfervations  judicieufes  prouvent 
combien  la  Chimie  peut  répandre  de  lumière  dafis 
VHiJloire  Naturelle  fur  l'objet  préfent  &  fur  une  infi-» 
nité  d'autres  ,  particulièrement  dans  la  Minéralogie. 

Comme  cet  article  a  une  liaifon  intime  avec 
celui  de  la  glaijé  6c  de  V argile  ,  Voyez  Argile  & 
Glaise. 

BOM  ,  Borna,  Grand  ferpent  du  Bréfil  &  du  pays 


^66  B    O    M 

d'Angola  J^  qui  fait  un  bruit  iingulier  en  rampant  ,  & 
dont  il  eft  parlé  dans  VH'iJîolrc  Générale  des  Fojages, 
Le  Borna  eA  le  Boa.  Voyez  cet  artïck. 

BOMBAPvDIER  ou  Canonnier.  Nom  donné  à  une 
efpece  de  buprejie  qui  fait  par  l'anus  une  explofion 
femblable  à  un  coup  de  feu.  Cet  infede  y  que  M. 
SoLander  a  fait  connoître  le  premier  ,  efl  de  moyenne 
grolîeur  &:  de  l'efpece  des  vers-luifans  ;  voici  la  phrafe 
qui  défigne  {ç.s  caradleres  :  Cicindela  capitc  ,  thorace  , 
pedibufque  riifis ,  elytris  nigro'CœruUis,  Le  bombardier  a 
les  yeux  faillans  6l  d'un  bleu- noirâtre  ;  fes  cornes  font 
courtes.  Il  a  la  tête  ,  l'eftomac  ,  le  ventre  &:  les  pattes 
d'un  rouge  mat  :  l'extrémité  des  pattes  de  derrière  efl 
d'un  bleu  foncé.  Les  étuis  de  fes  ailes  ont  une  largeur 
inégale  &:  des  pointes  obtufes.  C'eft  vers  le  commen- 
cement d'Avril  que  cet  infeûe  fort  de  terre  :  il  refle 
d'abord  caché  fous  des  pierres  ;  mais  lorfqu'il  fe  met 
en  marche  ,  il  va  toujoiu's  en  fautant  &  fans  faire  ufage 
de  fes  ailes  ;  ii  on  le  touche  ,  il  jette  aufTi-tôt  par 
Tanus  ,  avec  un  bruit  prefque  femblable  à  celui  d'une 
arme  à  feu  ,  une  fumée  qui  parort  d'un  bleu  fort  clair, 
L'Obfervateur  avoue  que  dans  la  frayeur  que  lui  caufa 
pour  la  première  fois  cette  explofion  ,  il  lâcha  l'in- 
îefte  ;  mais  que  dès  qu'il  en  eut  trouvé  un  autre  ,  & 
qu'il  l'eut  pris  ,  l'animal  tira  fon  coup  comme  le  pre- 
mier. M.  Solandcr ,  familiarifé  avec  l'artillerie  de  ces 
petits  animaux ,  s'avifa  de  chatouiller  celui-ci  avec  une 
épingle  fur  le  dos  ,  &  il  tira  jufqu  a  vingt  coups  de 
fuite.  Etonné  de  voir  tant  d'air  contenu  dans  un  fî 
petit  corps  ',  il  ouvrit  l'infede  ,  &:  il  lui  trouva  vers 
l'anus  une  petite  vefîie  aftaifiee.  Cette  veiîie  eft  donc 
l'arfenal  foudroyant  de  cet  infecle  ,  qui  efl  lui-même 
une  efpece  de  petite  baflille  ,  dont  la  manœuvre  pé- 
tulante ôc  fans  effet  nuifible  ,  mérite  l'attention  de 
rObfervateur.  Cet  animal  a  un  ennemi  qui  lui  donne 
continuellement  la  chaflé  ,  c'efl  le  grand  carabus  dé- 
crit dans  le  Fauna  Su^cica  de  Linn(çus.  Quand  le  tireur 


BON  367 

eft  fatigué  par  les  pourfuites  du  carahus  (  qui  efl  un 
autre  bupreue)  ,  il  fe  couche  devant  fon  emiemi.  Celui- 
ci  ,  la  bouche  béante ,  &  les  pinces  ouvertes ,  efl  tout 
prêt  à  dévorer  fa  proie  ;  mais  à  l'inflant  qu'il  s'apprête 
à  fauter  fur  elle  ,  le  tireur  lâche  fon  coup  de  bombe , 
&.le  carahus  effrayé  recule.  Le  bombardUr  pourfuivi 
cherche  à  mettre  le  chaffeur  en  défaut ,  &  s'il  eft  aifez 
heureux  pour  trouver  un  trou  ,  il  échappe  cette  fois 
au  danger  ;  autrement  le  carahus  ,  qui  revient  tou- 
jours à  la  charge ,  le  prend  par  la  tête  ,  le  coupe  & 
l'avale.  M.  Solandcr  eft  furprls  que  cet  infede  qui  a 
des  ailes  ,  ne  cherche  pas  à  fe  fauver  en  volant  ;  mais 
il  ajoute  que  cet  infede  fait  apparemment  comme 
l'oie  qui,  dit-on,  vole  devant  l'épervier  ,  6c  ne  ;fait 
que  fauter  devant  le  renard.  M.  Solandcr  vient  de  nous 
faire  connoître  une  autre  forte  d'infcde  fort  lingu- 
lier  :  c'eft  une  chenille  qui  mange  de  la  foupe  ôc 
d'autres  chc fes  graftes. 

BONANA.  Nom  tranfporté  par  corruption  au  pin- 
çon de  la  Jamaïque  de  M.  Brijfon  ,  parce  qu'il  a  l'ha^ 
bitude  de  fe  percher  fur  le  conana  pour  fe  nourrir  des 
fruits  ou  femences  de  cet  arbre.  Cateshj  dit  que  c'eft 
par  la  même  raifon  qu'on  donne  aufîi  au  troupïaU  le 
même  nom  de  bonana, 

BONASUS.  Efpece  de  taureau  que  l'on  trouve  en 
Pébnie  ,  dans  les  vaftes  forêts  de  Lithuanie  ,  &:  dans 
quelques  parties  des  Monts  Crapacs  ,  &  peut-être 
dans  le  Caucafe.  Ce  quadrupède  bifulce  eft  de  la  grof- 
feur  de  notre  taureau  domejiïque  ,  mais  fon  cou  eft 
depuis  les  épaules  jufque  fur  les  yeiLx  couvert  d'un 
long  poil  ,  bien  plus  doux  que  le  crin  du  cheval.  Cet 
animal  vient  originairement  de  V aurochs  ,  qui  eft  le 
taureau  fauvage  ,  animal  fupërieur  au  bonafus  pour  la 
grandeur  &:  pour  la  force.  Voye^  ,  au  mot  Auroghs, 
toute  la  variété  des  bœiffs  &  les  caufes  de  leur  dégé- 
nération. Le  bonafus  a  été  connu  ^Arïflotc  ;  c'eft  le 
monops  ^Elien  ,  le  taureau  fauvage  de  Péonie ,  le  même 


3é8  BON 

animal  qiie  Jules- Ce  far  a  décrit  fous  le  nom  germaîit 
aurus  ;  en  un  mot ,  ceft  une  eipece  de  blfon.  Voyez 
ce  mot, 

BONDRÉE  ^pl.  enl.  420.  GoiRAN  de  Bdon  ,  Buteo 
cpivorus.  Cet  oifeau  de  proie  a  tant  de  reffemblance 
avec  la  bufe  ,  qu'à  moins  de  les  comparer  bien  foi- 
gneufement  ,  il  ell  ailé  de  les  confondre.  Ces  deux 
efpeces  ,  quoique  voifmes ,  &  quoique  ayant  beau- 
coup de  cara^kres  communs  ,  offrent  cependant  des 
traits  de  différence  dans  le  naturel ,  dans  le  caradere , 
dans  les  habitudes  ,  fufiifans  pour  conftituer  deux 
efpeces.  La  bondrèe  efl  à-peu-près  aufTi  grolle  que  la 
bufe  ;  elle  a  vingt-deux  pouces  de  longueur  depuis 
le  bout  du  bec  jufqu'à  celui  de  la  queue  ,  &  dix- 
huit  pouces  jufqu'à  celui  des  pieds  ;  fes  ailes  ,  lorf- 
cu'elles  font  pliées  ,  atteignent  au-delà  des  trois  quarts 
de  la  queue  ;  elle  a  quatre  pieds  deux  pouces  d'en- 
vergure ;  fon  bec  efl  un  peu  plus  long  que  celui  de  la 
bufe  ;  la  peau  nue  qui  en  couvre  la  bafe  ell  jaune  , 
cpaifïe  5  inégale  ;  les  narines  font  longues  &:  cour- 
bées ;  lorfqu'elie  ouvre  le  bec  ,  elle  montre  une 
bouche  très-large  &  de  couleur  jaune  ;  l'iris  des  yeux 
efl  d'un  beau  jaune  ;  les  jambes  &  les  pieds  font  de 
la  même  couleur  ,  &  les  ongles  ,  qui  ne  font  pas 
très-crochus  ,  font  forts  &  noirâtres  ;  le  fommet  de 
la  tête  paroît  large  &  aplati  :  il  eft  d'un  gris-cen- 
dré. Ces  oifeaux  ,  ainfi  que  les  bufes ,  compofent 
leurs  nids  avec  des  bûchettes ,  &  les  tapilTent  de  laine 
à  l'intérieur  ;  c'eft  fur  elle  qu'ils  dépofent  leurs  œufs  , 
qui  font  d'une  couleur  cendrée  &:  marquetés  de  pe- 
tites taches  brunes.  Quelquefois  ils  occupent  des  nids 
étrangers  ;  on  en  a  trouvé  dans  un  vieux  nid  de  mi- 
lan. Ils  nourriflent  leurs  petits  de  chryfalides  ,  &: 
particuliérem.ent  de  chyfalides  de  guêpes.  On  a  trouvé 
des  têtes  &  des  morceaux  de  guêpes  dans  un  nid  où 
il  y  avoit  deux  petites  bondries  :  elles  font  dans  ce 
premier  âge  couvertes  d'un  duvet  blanc  ,  tacheté  de 

noir  ; 


BON  3^^ 

•Tioîf  ;  elles  ont  alors  les  pieds  d'un  jaune  pâte  ,  6c  la 
peau  ,  qui  eft  llir  la  baie  dui^bec  ,  blanche.  On  a 
auiîi  trouvé  dans  Feftomac  de  ces  oifeaux  ,  qui  efl 
fort  large  ,  des  grenouilles  ôc  des  lézards  entiers.  La 
femelle  eu  ,  dans  cette  efpece  ,  comme  dans  toutes 
celles  des  grands  oifeaux  de  proie ,  plus  grolTe  eue  le 
mâle  ;  6c  tous  deux  piettent  &:  courent ,  fans  s'aider  de 
leurs  ailes ,  auiïï  vite  que  nos  coqs  de  baffe-cour.  La 
hondrée  eu.  moins  commune  que  la  bufe  ;  fa  manière 
ordinaire  de  chaffer  ,  eft  de  fe  placer  fur  les  arbres 
en  plaine  ,  pour  épier  fa  proie.  Elle  prend  les  mu- 
lots )  les  lézards  ,  les  grenouilles  ,  les'  chenilles  &: 
autres  infectes.  Elle  ne  vole  guère  que  d'arbre  en  arbre 
^  de  buiffon  en  buifibn  ,  toujours  bas  &  fans  s'é- 
lever comme  le  milan  ,  auquel  du  reile  elle  reffemble 
aflezpar  le  naturel,  miais  dont  on  pourra  toujours  la  dif- 
tinguer  de  loin  &  de  près  ,  tant  par  fou  vol  que  par 
fa  queue  ,  qui  n'efl  pas  fourchue  comme  celle  du 
milan.  Comme  la  bondrk  cft  graffe  en  hiver  ,  &  que 
fa  chair  alors  eft  affez  bonne  à  manger  \  on  tâche 
dans  cette  faifon  de  prendre  cet  oifeau  au  pié<>e. 

BONDUC  ,  Guilandina.  Genre  de  plante  à  fleurs 
polypétalées ,  de  la  famille  des  Leguminei/fes ,  &  qui 
comprend  des  arbres  &  des  arbnffeaux  exotiques  , 
épineux ,  dont  les  feuilles  ibnt  une  ou  deux  fois  ailées  , 
&  dont  les  fruits  font  des  gouffes  courtes,  prefque 
rhom.boïdales  ,  tout-à-fait  uniloculaires ,  &  qui  renfer- 
ment quelques  femences  dures  ,  offeufes  ,  &:  la  plupart 
prefque  fphériques. 

BONDÙC  commun^  ou  PoiS  QUENÎQUE,  OU  GuENIC^ 

ou  CnîQUIER  ,  ou  (ÉIL  DE   CHAT ,  Guilandïna  Bon-^ 

duc ,  Linn.  ;  Bonduc  vulgaU ,  majus  ^polyphyllum ,  Plum  i 

Acacia  gloriofa  lentifci  folio  ,  fpinofa  ,  fion  fpïcaîo  luuo  ^ 

filïqiiâ  magna  mur Lcatd  ^  Pkik.    Alm.  ;  Lobus  échinât  us  ^ 

fnichi  fiavo  ^  folïis  rotundiorihus  ,  Sloan.  Jaiti.  ;  Frutzy: 

Glohulorum  ,  Rumph.  Amb.  C'eil  Un  arbriffeàU  épineux; 

qui  croit  naturellemçnt  daus  ks    climats  chauds  dçg 

Joim  Uf  A  H 


370  BON 

deux  Injes;  on  le  trouve  très- communément  au  bord 
de  la  mer,  aux  Ifies  fous  le  vent;  fes  tiges  font  ver- 
dâtres ,  cannelées  ^  comme  larmenteufes  &  caflantes  ;  la 
tige  ,  les  rameaux  &  les  pétioles  des  ieuilles  font  munis 
d'aiguillons  nombreux ,  fort  petits  &  en  crochets  ;  fes 
feuilles  font  deux  fois  ailées  ,  à  pinnulcs  oppofées  & 
fans  impaire  ,  &:  à  folioles  ovales  ,  glabres ,  un  peu 
pétiolées  ;  les  ileurs  font  idiez  petites  ,  jaunâtres  ou 
roufîatres  ,  terminales ,  garnies  de  dix  étamines  très- 
déliées  :  le  piilil  devient  une  gouffe  ovale  ou  rhom- 
boïdale  y  légèrement  comprimée  par  les  bords  ,  renflée 
au  milieu  ,  d'un  brun  roufTâtre  ,  large  de  quinze  à 
dix-huit  lignes  ,  longue  de  trois  à  quatre  pouces  , 
couverte  d'épines  fouples  &  nombreufes  ;  cette  goufle 
eft  uniloculaire  ,  &  contient  deux  ou  trois  graines 
fphériques  ,  fort  dures  ,  liiTes ,  d'un  gris  bleuâtre  ou 
nué  de  vert ,  groffes  comme  des  avelines  ;  chaque 
graine  renferme  une  efpece  d'am.ande  blanchâtre , 
ridée,  huileufe  ,  d'une  odeur  &C  d'un  goût  de  pois  vert, 
mais  amer  ou  peu  agréable  ;  quand  la  gonflé ,  garnie 
de  fes  graines  ,  eif  bien  defféchée  &  qu'on  l'agite ,  elles 
réfonnent. 

EONDUC  rampant^  Guïlandlna  Bonducella  ^  Linn.  ; 
Crijîa  pavonis  ,  glycirrkiiœ.  folio  ,  mïnor ,  repzns  ,  fpïno^ 
filJima  ,  &c.  Bregn.  Prodr.  ;  Carctti ,  Rheed.  Malab. 
Cette  efpece  eil  plus  petite  ÔC  plus  rampante  que  la 
précédente  ;  les  Habitans  du  Malabar  s'en  fervent 
comme  d'un  fpécifique  dans  les  hernies  :  on  en  peut 
faire  des  haie§  impénétrables  aux  animaux ,  à  caufe 
de  la  grande  quantité  d'aiguillons  dont  fes  rameaux  , 
qui  s'étalent  à  la  manière   des  ronces  ,  font  garnis. 

BONDUC  à  goujjes  lijfes  ,  Gu'dandina  nuga  ,  Linn. 
Cette  efpece  croît  à  Amboine ,  dans  les  lieux  pierreux  ^ 
vers  les  bords  de  la  mer. 

BONDUC  à  fiaurs  en  grappes  panïculks  ,  Gidlandlna 
paniculata  ,  Linn.  Cette  efpece  croît  au  Malabar^ 
M.  di  Conmcîfon  dit  l'avoir*  vue  à  la  Nouvelle  Brç^ 


BON  371 

tagne  :  c'eil  le  Cacu-mullu ,  Rheed.  Mal.  ;  le  Ticanio  de 
M.  A  dan  fort, 

BONDUC  à  Jleurs  axillains  ,  Guilandinx  axillaris. 
Cette  elpece  croît  au  Malabar ,  dans  les  bois  épais  : 
c'elî  le   Bcni'caretti ,  Rheed.  Mal.  " 

BON-HENRI  ou  Épinard  sauvage  ,  Bomis  hm-^ 
r'icus  ^  J.  B.  2^  965^  Linn.  310;  Chcnopodium  folio  tiian- 
gulo^  Toiirn.  Infl.  506.  Plante  à  fleurs  à  étam^nes  ,  allez 
i'émblable,  pour  la  figure  extérieure,  aux  épinards y  6c 
cju'on  peut  leur  iubiîituer ,  étant  également  émolliente  Se 
îaxative.  On  dit  que  (es  feuilles  écrafées  &  appliquées 
en  cataplafme  furies  plaies  nouvelles,  les  cicatrifent 
proniptement ,  révuiilTant  le  double  avantage  de  net- 
toyer les  ulcères  6c  les  plaies.  On  trouve  fréquemment 
cette  plante  dans  les  lieux  incultes  ,  les  mafures ,  6c 
le  long  des  chemins.  Des  perfonnes  la  cultivent  aufii 
avec  les  herbes  potagères  ;  l'on  mange  fes  jeunes  tiges 
en  manière  d'afperges ,  6c  fes  feuilles  en  guife  d'épinards. 

Le  bon-hcnri ,  dit  M.  Ddeuiç ,  eil  du  genre  appelé 
patu-d'ok ,  (  Chenopodium.  )  Sa  racine  efl  vivace ,  épaiiTe  , 
rameufe ,  jaunâtre  dans  {on  intérieur ,  acre  6c  amere  ; 
fes  tiges  font  hautes  d'un  pied  6c  plus,  épaiiics  y 
droites ,  creufes ,  cannelées  &  garnies  de  feuilles  alter- 
nes ,  triangulaires,  fagittées,  un  peu  ondulées  ,  liffes^ 
nerveufes ,  fans  dentelures  dans  leur  contour ,  d'un 
gros  vert  en  defîiis,  &  comme  chargées  d'une  pcuf- 
fiere  farineufe  en  deflbus  ;  elles  font  portées  fur  de 
longs  pédicules  6c  renfoncées  à  leur  infertion  :  fes  fleurs 
naiifent  en  épis  au  bout  des  branches  ;  elles  font  d'une 
couleur    herbacée. 

Bon -HOMME.  Fby^{  Bouillon-blanc. 
'  Bo  N- JOUR- COMMAN  D  EUR.  Nom  donné,  à 
Cayenne ,  à  un  petit  cifeau  qui  a  le  plumage ,  les  mœurs 
&  les  caraQeres  de  notre  moineau  ;  fon  chant  fe  fait 
entendre  de  grand  matin,  6c  dtil  le  premier  des  oifeaux 
dont  le  cri  frappe  l'oreille  àz  ceux  qui  commandent 
les  Nc^gres, 

A  a  2 


372  BON 

BONITE.  Polffon  fort  commun  dans  la  mer  Atîan^ 
tiqiie  5  d'une  couleur  affez  approchante  de  celle  des 
maqmuaiix ,  auxquels  il  refTemble  aulTi  pour  le  goût  ; 
mais  il  en  diffère  beaucoup  par  la  grandeur  ;  il  a  julqu'à 
deux  ou  trois  pieds  de  longueur.  Son  corps  eil  fort 
épais  5  charnu  &:  couvert  d'une  petite  écaille  fi  ferrée  , 
qu'à  peine  l'apperçoit-on  :  quatre  raies  jaunâtres  qui 
naiffent  du  côté  de  la  tête  ,  rognent  le  long  du  corps  à 
diflance  à-peu-près  égale ,  &:  fe  réuniffent  à  la  queue. 
La  honïu  a  l'œil  grand  &  vif. 

Ces  poiffons  fe  trouvent  plutôt  en  pleine  mer  que 
près  des  côtes  ;  ils  vont  en  troupe,  &  la  mer  en  eft 
quelquefois  prefque  toute  couverte  :  on  les  prend  à 
la  fouine ,  au  trident  &  de  diverfes  autres  manières. 
Si  l'on  attache  une  ligne  à  la  vergue  du  vaiffeau  lorf- 
qu'il  vogue ,  &  qu'on  l'amorce  avec  deux  plumes  de 
pigeon  blanc  ,  on  a  le  plaifu*  de  voir  les  borates  s'élancer 
îlir  ces  plumes  qu'elles  prennent  pour  un  poifTon  volant  y 
&  fe  prendre  ainfi  à  l'hameçon. 

Quoique  les  bonites  ou  germons  des  mers  d'Améri- 
que &  d'Europe  foient  un  excellent  manger,  on  dit 
que  la  chair  de  celles  que  l'on  pêche  dans  les  mers 
d'Angola  eil  très-pernicieufe.  Les  Nègres  de  la  Côte 
^'Or  mettent  ce  poiiTon  au  rang  de  leurs  Dieux  ou 
Fétiches.  Ce  poiûbn  n'eft-il  pas  le  Thon  ? 

EONITON.   Voyei  Amie. 

BONNE-DAME.  Voyei  Arroche. 

BONNET-CHINOIS.  C'eflun.fmge  delà  famille 
des  Guenons  ,  &  qui  paroît  n'être  qu'une  variété  de 
l'efpece   du  malhrouck.  Voyez  ce  mot. 

Bonnet  ^'Électeur.  Voyei_  à  la  fuite  de  Var^ 
ticle  Courge  à  limbe  droit  ou  BoNNET  de  Prêtre, 
C'eft  une  race   de  pepons.  On  l'appelle  pajlijfon. 

Bonnet  de  Neptune.  C'eflun  fcngipore  de  formé 
arrondie  ;  fa  partie  convexe  ed  quelquefois  terminée 
par  une  efpece  de  tubercule  en  façon  de  bouton,  d'où 
partent  en  tous  fens  des  lames  minces  fort  ferrées  , 


BON  .373 

3ont  les  dentelures  faillantes  forment  de  dlftance  en 
diilance  de  petits  tubercules  comme  étoiles ,  qui  leur 
font  donner  le  nom  de  grand  bonnet  de  Neptune  , 
ou  la  mitre  Polonoife.  Les  efpeces  ordinaires  font 
plus  petites  ,  &:  n'ont  point  ces  tubercules  étoiles  , 
mais  quelquefois  des  boucles  irrégulieres.  La  partie 
concave  du  bonnet  de  Neptune  eli  garnie  de  flries 
granuleufes  ,  quelquefois  pointues.  On  donne  auiîi 
le  nom  de  bonnet  de  Neptune  à  une  efpece 
<i'éponge  ,  dont  Porganifation  imite  celle  du  fongi- 
pore  décrit  ci-deffus.  Vcyei_  Us  mots  Madrépore  Sf 

FONGIPORE. 

Bonnet  de  Prêtre  ou  Fusain  commun ,  Evonl- 
mus  y  Dod.  Pempt.  783;  Evonimus  vulgaris ,  granls  ru- 
hentihus  ^  C.  B.  Pin.  428  ;  Evonimiis  multls  alïis  tetra- 
gonla  ,  J.  B.  7  ,  201  ;  Evonimus  Europœus  y  Linn.  286. 
C'efl  un  arbrilfeau  dont  le  bois  eft  dur ,  &:  toutefois 
facile  à  fendre  ,  de  couleur  jaunâtre  pâle  ;  fa  tige  efl 
droite  ;  les  branches  encore  jeunes  paroiflent  qua- 
drangulaires  ,  parce  que  l'écorce,  félon  M.  Deleu:{e  , 
efl  marquée  de  quatre  lignes  rougeâtres  un  peu  éle- 
vées ;  les  feuilles  font  ovales  ,  lancéolées ,  finement 
dentelées  par  les  bords  ,  vertes ,  pétiolées ,  &  pofées 
deux  à  deux  fur  les  branches  ;  les  fleurs  font  petites , 
couleur  d'herbe  ,  compofées  de  quatre  ou  cinq  feuilles 
&  d'autant  d'étamines  avec  un  feul  piftil  :  aux  fleurs 
fuccedent  des  fruits  membraneux  ,  relevés  de  quatre 
ou  cinq  côtes  de  couleur  rouge  ,  com.pofés  de  quatre 
capfules  qui  renferment  chacune  une  femence  de  cou- 
leur fafranée  en  dehors. 

Cet  arbriffeau  qui  s'élève  à  la  hauteur  de  fix  à  fept 
pieds  ,  croît  naturellement  dans  les  haies  ;  fon  bois  efl: 
employé  pour  faire  à<ti  lardoires  &:  des  fufeaux  ,  ce 
qui  l'a  fait  nommer  fufaln.  Il  fleurit  à  la  fin  de  Mai , 
èc  ell  propre  à  mettre  dans  les  remifes  ou  les  bof_^ 
quets  d'agrément.  La  belle  couleur  rouge  de  fes  fruits 
orme  iin  affez  bel  afped  en  automne. 

Aa  î 


574  B    O    O  B   O   R 

On  diiîingiie  plufieurs  autres  efpeces  ou  variétés  du 
fiifaïn  ;  favoir,  \q  fufaln  à  fruit  blanc  ;  celui  h.f.eurrcuge 
qui  le  trouve  en  hongrie ,  en  Moravie  &  dans  la  Bafle- 
j4utn^he  ;  \cf:'fain  à  Larges feui//:s  ou  le  grand fufain ; 
celui  de  Virginie  ,  dont  il  y  a  deux  efpeces  ,  l'un  qiti 
quitte  fa  feuille  ,  &  l'autre  qui  demeure  toujours  vert. 
On  dit  que  les  feuilles  6c  les  fruits  àw  jufain  fon^ 
pernicieux  au  bétail  ^  &  que  deux  ou  trois  de  ces  fruits 
purgent  violemment.  Heureufement  tout  le  bétail  a 
de  la  répugnance  pour  cet  arbriiTeau  ;  les  infedes  mêmes 
ne  s'y  attachent  pas.  La  poudre  des  capfules  àwfufam 
répandue  fur  les  cheveux  &  flir  les  habits  tue  les 
poux.  On  tire  une  teinture  rouge  de  l'enveloppe 
ciei  graines.  En  fa ifant  bouillir  les  baies  àwfufain  dans 
vme  lefîive  ,  elles  peuvent  fervir  à  donner  aux  che- 
veiLX  une  couleur  blonde  ;  fcn  bois  qui  eft  jaune  , 
obéit  au  cifeau  ,  &  efl:  quelquefois  employé  dans  les 
ouvrages  de  fculpture.  On  fait  avec  des  baguettes  de 
fiijain  des  crayons  noirs  pour  les  Defîinateurs.  Pour 
cet  effet ,  on  prend  un  petit  canon  de  fer  que  l'on 
bouche  par  les  deux  bputs ,  on  le  remplit  de  baguettes 
de  fvfain  ,  on  le  met  dans  le  feu ,  &  le  fufain  s'y  con- 
vertit en  un  charbon  tendre  &  très-propre  pour  les 
efquiires.  Lorfque  l'on  taille  ces  crayons ,  il  faut  faire 
la    pointe  fur   un   des  côtés    pour   éviter   la  moelle. 

Quelques-uns  donnent  auffi  le  nom  de  bonnet  de 
Prêtre  au  lowiet  d^Èhcieur.    Voyez  cî  dernier  mot, 

EOOSCHRATTE  ou  R.at  des  boîs.  Nom  donné 
par  les  Hollandots  au  fûrigue  ,  efpece  de  didelphe. 
Voyez  à  V article  DiDELPHE. 

PiCRAMETZ.    y'oyei  Agneau  Tartare    ou  de 

SCYTHJE. 

BORAX   (^).  Le  borax  eft  une  combinaifon    de 

(a)  Les    dét?i!s  (^ans  lefquels  je  vsis  entrer  ,  font  longs  à  la  ▼érité  ; 
mais  comme   i!s   ont  été  lus  en  forme   (le  iMémoire,  en   1766,3  l'Acadé- 
mie  FUyaîe  ces  Sciences,    &   que   ce  Mémoire   a   été  ég^ré  deux  fois, 
perdu    trois   fois   dans   les  mains    de  l'im  é^h    Con.nr-.illaires  chargé  de 
C 


B    O    R  375 

Palkalî-minéral  avec  le  fel  fédatif  ;  c'eft  un  fel  d'un  grand 
ufage  en  Médecine  ,  &  très  -  employé  par  divers 
Articles. 

Les  Naturaliiles  le  dciignent  comme  un  fel  foiîile  ; 
des  Chimilles  le  placent  auiîi  dans  le  règne  minéral. 
Des  Commerçans  prétendent  que  cette  âibllance  n'efl 
point  un  corps  naturel  ,maîs  un  produit  de  l'art.  Divers 
Auteurs  ont  dit  que  le  borax  naiflbit  ou  le  trouvoit 
dans  des  mines  de  cuivre  en  Alie  ,  dans  les  mines  d'or 
&  d'argent  des  grandes  Indes  &  de  la  Tartarie  ,  & 
iur-tout  dans  riile  de  Ceyian.  Malgré  tou.s  les  tra- 
vaux qu'on  a  tentés  fur  ce  fel  pour  en  découvrir^  la 
nature  ,  &  quoi  qu'en  aient  penfé  ou  foupçonné  la 
plupart  des  Ecrivains  6c  des  Artiiles  ,  il  paroît  qu'on 
efl  toujours  fort  incertain  fur  l'origine  &  le  raffinage 
du  borax. 

Je  me  propofe  de  donner  ici  non-feulement  une 
bonne  defcription  du  tinkal  &c  des  différentes  efpeces 
de  borax  connus  dans  le  Commerce  ,  mais  encore  leur 
origine  ,  leur  ufage  ,  la  manière  de  raffiner  le  borax  à 
riniîar  des  Hollandois,  &  de  difcuter  quelques  points 
chimiques  ,  tendans  h  éclair cir  ou  à  confirmer  les 
notions  que  nous  avons  de  la  nature  &c  de  la  forma- 
tion de  ce  fel  fmgulier.  Le  borax  brut^  ou  cru  & 
groffier ,  tel  qu'il  nous  vient  de  l'Inde  Orientale  ,  ref- 
l'emble  à  une  terre  plus  grifâtre  que  jaunâtre  ,  gru- 
meleufe ,  affez  pefante  ,  d'une  faveur  de  fucre  ,  & 
d'alkali  de  fonde  ou  de  fel  marin.  Dans  cet  état  il 
contient  beaucoup  de  corps   étrangers  ,  différemment 

Pexaminer  ;  &  qu'en  1773  M.  Cadet  ayant  été  nommé  en  pl,;ice  de  feu 
M.  Baron  y  pour  en  faire  le  rapport  conjointement  avec  M.  Bourdelin, 
ri'après  lequel  rapport  fait  ,  ^Académie  conclut  que  l'on  ne  feroit 
qu'un  extrait  de  ce  Mémoire  pour  être  inféré  dans  l'Hiftoire  de  ladite 
Académie  ,  j'ai  cru  que  mes  Le(!îleurs  ne  me  fauroiént  pas  mauvais  gré 
de  trouver  ici  la  totalité  de  mes  recherches  &  de  mon  travail  fur  le 
borax.  Quant  à  deux  autres  Mémoires,  l'un  Air  la  vitrioUfatwn  ^  VautTQ 
fur  le  camphre  ,  que  j'avois  lus  en  1760  &  1761  ,  à  la  même  Académie  , 
ils  n'ont  été  égarés  qu'une  fois  ;  mais  comme  je  les  ai  réclamés  férieufe- 
ment  ,  l'Académie  les  a  fait  imprimer  dans  les  Mémoires  des  Savans 
Etranger*, 

A  a  4 


57^  B    O    R 

colorés ,  terreux  &  pierreux.  Il  n'efl  pas  rare  d'y 
trouver  des  criilaux  d'un  borax  à  denii-tranfparent  , 
verdâtres  &  réguliers  comme  le  borax  raffiné  ;  on 
nomme  ce  iel  borax  gras  &  brut  de  VInde» 

On  trouve  aulfidans  le  Commerce  du  borax  en  pain> 
il  reffemble  à  du  lucre  peu  tranfparent  6c  candi ,  ou  à 
un  amas  de  criflaux  confus  de  tartre  vitriolé.  On  le 
nomme  borax  en  rucher  de  la  Chine, 

L'autre  efpece  de  borax  eft  aflez  tranfparent,  luifant, 
d'un  blanc  mat ,  dur  ;  fa  figure  tit  un  prifme  hexaèdre , 
com,)rimé  ,  &:  tronqué  par  les  deux  bouts.  On  le 
nomme  borax  raffuti  £  Hollande  ,  Borax  depuratus  , 
Mus  ,  ociangularis  Wallerîi  (  ^  ).  Son  goût  eft 
d'abord  allez  doux;  il  devient  enfuite  acre-piquant; 
mis  fur  des  charbons  embraies  ,  fon  odeur  ,  qui  efl 
fuave  au  commencement,  devient  enfuite  alkahne  &: 
urineufe. 

Le  raiHnage  du  borax  efl  une  efpece  de  manipulation 
que  les  Holiandois  annoncent  comme  un  fecret;  mais 
ils  s'en  font  fait  trop  gratuitement  un  privilège  exclufif. 
Je  peux  dire  d'avance  qu'il  en  efl  du  rafBnage  ccaborax 
comme  de  celui  du  camphre.  Pendant  combien  de  temps 
n'a-t-on  pas  dit  que  le  camphre  ne  fe  pouvoit  purifier 
que  par  la  fimple  liquéfaction  ?  Quelques-uns  cependant 
foupçonnoient  que  cette  réfme  fi  fmguîiere  pouvoit  être 
purifiée  par  la  fublimation  :  tant  d'incertitudes  auroient 
dû  fciire  tenter  l'expérience  ;  mais  chacun  parloit  le  lan- 
gage de  fon  Auteur  ;  il  n'y  avoit  que  les  Holiandois 


-_  jiences  que  le  ventaûie  pro- 
cédé du  ra{Hnage  du  camphre  brut ,  fe  réduifoit  à  une 
feule  fublimation,  au  procédé  que  j'ai  décrit  avec  les 
dt^tails  nécf  flaires  pour  accélérer  &  faciliter  l'opération. 
Si  l'on  eut  tenté  en  France  la  purification  du  borax  brut 


{a)  J'ai  eî^pofé    aux  yeux  de   TAcadémie    ces    différentes    efpeces 
porfix  ,  &  toutes  les  expérieiices  (^ue  j'ai  faites  lur  ce  fel. 


de 


B    O    R  377 

3e  l'Inde  &  qu'on  Peut  rendue  publique ,  on  fauroit 
qu'on  en  peut  faire  le  raffinage  lans  l'intervention  de 
l'eau  de  chaux  vive  6l  d'autres  matières ,  qu'on  a  pré- 
tendu ou  ignorer  ou  Ibupçonner.  Enfin  on  lauroit  déjà 
que  la  puritication  du  horax  eu  fondée  far  le  même 
procédé  ufité  pour  les  autres  fels  que  l'on  purifie  par 
la  voie  de  la  diflolution  ,  de  la  filtration ,  de  l'évapora- 
tion  6c  de  la  criftallifation. 

Etant  à  Amflerdam,  un  riche  Négociant  de  cette 
ville  me  fît  entrer  dans  un  de  ces  fameux  laboratoires , 
oii  l'on  ne  fait  des  opérations  de  Chimie  qu'en  grande 
quantité  :  la  théorie  efl  bannie  de  ces  efpeces  d'atteliers  , 
la  pratique  feule  conduit  la  main  d'un  ouvrier  qui  ne 
manque  jamais  de  réufïïr ,  &  de  produire  à  fon  maître 
un  bénéiice  dont  la  fpéculation  lui  tient  lieu  de  toutes 
réflexions  phyfiques.  Ce  fut  dans  ce  laboratoire  HoUan- 
dois  où  je  puifai  diverfes  inftrudions,  dont  je  rendrai 
compte  dans  un  inftant. 

Le  borax  brut  nous  efl  apporté  de  Bengale  &  d'Ormus: 
on  en  trouve  aufîi  dans  la  grande  Tartarie. 

De  tous  les  vaifTeaux  Européens  qui  mouillent  dans 
le  Bengale ,  ce  font  ceux  des  Hollandois  qui  apportent 
le  plus  de  borax  ;  je  fais  même  que  ce  qu'en  apportent 
quelquefois  les  François  ou  les  Anglois  ,  eft  auffi-tôt 
revendu  à  quelques  Négocians  d' Amflerdam  qui  ont 
l'art  de  le  purifier.  Les  Vénitiens  ont  eu  les  pre- 
miers la  réputation  de  rafîiner  ce  fel  ;  mais  ils  pré- 
tendent que  la  longue  guerre  des  Turcs  avec  les 
Perfans  ayant  interrompu  toute  efpece  de  commerce 
dans  les  Echelles  du  Levant  ,  ceux  qui  avoient  à 
Venife  l'art  de  rafnner  le  borax  des  Indes,  manquant 
de  matière  à  borax ,  périrent  de  mifere  ,  &  emportèrent 
avec  eux  leur  fecret.  Que  ce  fait  foit  ou  non ,  toujours 
cfl-il  vrai  que  les  Vénitiens  &  tous  les  Européens 
tirent  aujourd'hui  &  imiquement  le  borax  rafHné  des 
Droguifles  de  Hollande ,  &  que  ceux-ci fontiin  myflerô 
de  la  manière  dç  k  raffiner. 


37S  B    O    R 

L'Auteur  du  Dlciionnaire  du  Citoyen  dit  à  cet  égafd 
que  le  grand  fecret  des  Hollandois  efî  l'économie  &  leur 
application  à  rendre  la  main-d'œuvre  à  très-bon  marché, 
pour  empêcher  les  autres  Nations  de  tenter  la  même 
chofe;  fecret  qu^ils  appliquent  efFeftivement  à  plufieurs 
autres  objets  de  commerce,  tels  que  la  préparation  du 
minium  ,  du  cinabre  ,  du  fublimê  corroff,  les  huiles  de 
mufcadcy  de  giroflt  ^  de  bois  de  rofe  ^  de  fajfafras^  de 
^édoaire ,  de  couidawan  ,  de  cannelle  ,  &  de  plulieurs 
autres  matières  ,  dont  ils  font  feuls  le  commerce  à 
l'excîufion  de  toutes  autres  Nations.  Je  reviens  au  borax ^ 
comme  étant  le  feul  objet  que  je  me  fois  propofé 
de  traiter  dans  ce  Mémoire. 

La  quantité  de  borax  brut  qui  m'a  paffé  par  les  mains, 
ou  que  j'ai  eu  occafion  de  voir  dans  les  magafms  de 
Marfeille ,  de  Londres  ,  d'Amflerdam  &  de  plufieurs 
autres  endroits  de  l'Europe  ,  les  récits  de  plufieurs 
Négocians  Arméniens  &  de  Voyageurs  inftruits  que  j'ai 
entendus  dans  mon  dernier  voyage,  tant  en  Angleterre 
qu'en  Hollande ,  tout  me  porte  à  dire  que  le  borax  fe 
tire  par  lixiviation  d'une  terre  grafle  &  faline ,  laquelle 
fe  trouve  en  manière  de  dépôt  dans  des  efpeces  de  puits 
creiifés  exprès  en  certains  cantons  de  la  Perfe  &  du 
Mogol ,  &  où  l'on  n'a  l'art  de  purifier  ce  fel  qu'à  demi , 
même  à  l'aide  d'une  féconde  diffolution.  Le  procédé  ufité 
dans  l'Inde  pour  cette  première  purification  du  borax 
sppeîé  borax  gras  brut  de  l'Inde^  diffère  peu  de  ce  qu'on 
lit  dans  le  premier  volume  de  notre  Minéralogie ,  pre- 
mière édition,  lyCz  ^  pag,  j4^  ,  &c.  d'après  la  lettre  qui 
ni'avoit  été  écrite  en  17^4  d'Ifpahan.  Voici  le  précis 
de  cette  lettre  ; 

Le  borax  tire  fon  origine  d'une  terre  grifâtre,  fablon- 
ncule ,  graffe,  que  l'on  trouve  en  Perfe  &  dans  le  Mogol , 
proche  des  tonens  de  Radziaribron ,  &  notamment  au 
bas  des  montagnes  de  Purbeth,  d'où  il  découle  une  eau 
moiiiicufe*,  laireufe,  acre,  lixivielle  &  comme  favon- 
neufe.  Lorfque  la  terre  efl  dure  &C  par  monceaux,  on 


B     O     R  379 

rc:vpoie  à  l'humidité  de  l'air,  oîi  elle  s'amollît  8c  devient 
marbrée  en  fa  fiiperficie.  Cette  terre  ou  pierre  à  borax  ^  & 
cette  eau  ,  font  les  matrices  ,  les  matières  premières 
du  borax.  On  ramaiTe  aufîi  une  eau  de  la  confiflance 
d'une  gelée  très-claire  qui  fe  trouve  en  Perfe  dans  des 
fofTestrès  profondes,  près  d'une  mine  de  cuivre  jaune; 
cette  liqueur  a  un  œil  verdâtre ,  &  la  faveur  d'un  fel 
fade.  On  mélange  la  pierre  à  borax  avec  l'eau  favon- 
neufe  &  la  liqueur  gélatineufe  ;  on  les  leiTive  ;  on  fait 
évaporer  la  liqueur  jufqu'à  confillance  requife  ;  puis  on 
la  verfe  à  demi-refroidie  dans  des  foffes  enduites  de 
glaife  blanchâtre  ;  on  couvre  ces  foffes  d'un  toit  ou  cha- 
piteau enduit  de  la  même  matière.  Au  bout  de  trois 
mois  on  trouve  un  dépôt  terreux  ,  grilâtre  ,  d'une 
confiiîance  vifqueufe  ,  d'une  faveur  faline  &:  nau- 
féabonde,  entremêlée  de  quelques  criftaux  pUis  fales, 
verdâtres  &  afîez  opaques;  quelquefois  aufïï  le  dé- 
pôt efl  grilâtre  &  peu  tenace,  mais  d'un  goût  plus 
alkalin.  On  dilTout  aufîi  ce  dépôt  terreux  &  falin;  on 
procède  comme  ci-deffus;  on  verfe  la  liqueur  dans  une 
autre  foife  femblable  à  la  première  ,  &  deux  mois 
après  l'on  y  trouve  encore  un  dépôt  terreux ,  mais  plus 
falin ,  rempli  d'un  plus  grand  nombre  de  criflaux  plus 
réguliers  ,  demi-tranfparens.  Tel  efl  le  borax  qu'on 
apporte  en  Europe  fous  le  nom  de  borax  brut. 

Celui  qui  m'a  affuré,  en  1766,  que  ce  procédé  efi 
toujours  le  même  dans  l'Inde,  m'a  dit  auffi  que  le  pro- 
duit des  folTes  à  borax  des  diftrids  de  Patna ,  du  Décan  , 
de  Vifapour ,  de  Golconde  &  de  quelques  autres  con- 
trées du  Mogol ,  étoit  porté  à  Bengale  ;  tandis  que  le 
produit  des  fofîes  de  Schiras,  de  Kerman  &  de  quelques 
autres  lieux  de  la  Perfe ,  étoit  porté  à  Gomnon ,  eu 
Bender-AbafTy.  Le  m.ême  Narrateur  m'affura  qu'avant 
la  guerre  des  Turcs  contre  les  Perfans ,  les  Arméniens 
alloient ,  par  Smyrne ,  près  l'ancienne  Babylone ,  où  il 
y  avoit  auffi  àçts  puits  ou  foiTes  à  borax.,  éc  que  là  ils 
achetoient  le  borax  briUy  ôc  l'apportoient  aux  Véni- 


3So  B    O    R 

tiens  ,  qui  alors  avoient  l'art  ce  le  raxliner  ;  il  me  mon- 
tra aufîi  un  borax  naturel ,  qu'il  me  dit  fe  trouver  tan- 
tôt dans  des  cavernes  en  Perfe ,  &  tantôt  dans  un  lac  du 
grand  Thibet  (a)  Ce  borax  natif  Ç[\\W  me  "donna  ,  eft 
blanchâtre ,  formé  par  couches ,  ôc  un  peu  fableux ,  d'un 
goût  très-alkalin  &  peu  fucré  ,  ou  moins  fade  (^wç:  le 
borax  ordinaire  :  on  l'appel)  ey^/  de  Perje.  En  cet  état  il 
ne  peut  fonder;  il  lui  manque  Tondueux  du  tlnkal ç^x^on. 
lui  donne  à  volonté  (^)  ;  c'efl  de  ce  fel  dont  les  femmes 
Tartares  fe  fervent  quelquefois  pour  adoucir  la  peau 
des  bras  &  du  vifas^e. 


{a)  M.  j^inor ,  Chirurgien  fur  l*iin  des  vaîffe?ux  de  la  Compagnie  des 
Indes  ,  a  communiqué  les  détails  fuivans  à  M  BaLlurt  ,  de  l'Académi» 
de  Rouen  ,  à-peu-près  dans  le  même  temps  que  nous  avons  lu  ce  Mé- 
moire : 

»♦  Le  horax  eft  un  fel  foflile  qu'on  tire  d'un  endroit  du  Royaume  du 
»>  grand  Thibet  ,  nommé  Sembul.  Il  y  a  dans  ce  Iieu-!à  un  grand  lac 
f»  de  cinTJ  lieues  de  tour  ou  environ.  Dans  un  certain  temps  de  l'année, 
>»  les  gens  du  pays  débouchent  des  égouttoirs  qu'ils  ont  pratiqués  pour 
»»  faire  fortir  du  lac  autant  d'eau  qu'il  leur  eft  pcffible  :  il  en  refte  ordi- 
»»  nairement  deux  ou  trois  pieds.  Alors  fept  ou  huit  hommes  fe  jettent 
>♦  à  l'eau  .".près  s'être  bien  bouché  la  bouche  Se  les  oreilles:  fans  cette 
«précaution,  cette  eau  leur  feroit  enfler  tout  le  corps,  ce  qui  arrive 
^  louvent.  Ils  fe  rangent  en  fi!e  dans  l'eau  ,  &  tous  raclent  avec  les 
»>  mains  &  les  pieds  pour  détacher  le  korax  qui  eft  au  fond.  Ils  le 
»>  mettent  enfuite  dans  dts  bourfes  pour  le  bien  laver  en  le  frottant 
>'  entre  les  mains.  Us  le  font  paffer  ainH  de  main  en  main  jufqu'au 
«  dernier  homme  ,  qui  met  ce  borax  dans  un  grand  vafe  attaché  à  un 
5>  poteau  au  milieu  du  lac  Qu:nd  ce  vafs  eft  plein,  ils  mettent  le  tout 
9»  dans  une  out^re  ou  f'C  de  pesu  ,  &  au  moyen  d'une  corde  ,  ils  ti- 
M  rent  le  borax  hors  du  lac  ,  fans  y  faire  d'autres  préparations.  On  ne 
«  trouve  p?s  autre  chofe  dans  ce  lac.  Il  y  a  feulement  auprès  de  cet 
>»  endroit  une  minière  d'or.  En  partant  de  Négral  pour  aller  à  Sembul, 
»>  lieu  du  borax  ,  il  faut  marcher  entre  le  Levant  &  la  Tramontane  ;  le 
vt  chemin  eft  à-peu-près  de  trois  cents  lieues  »».  (  Ce  borax  ne  feroit-il 
pas  un  natron)} 

(^)  Cette  fubftance  oniHiueufe  eft  le  t'mkal  même,  cette  matière  dont 
le  borax  brut  eft  mélangé  ,  &  qui  étoit  inconnue  aux  Chimlftes  &  aux 
Katuraliftes.  Cependant,  en  1741  ,  M.  KnoU  ,  qui  étoit  à  Tranquebar  , 
«nvcya  à  M,  Langius  ,  Profeffeur  à  Hall  ,  de  la  mine  du  lorax  &  du 
fel  qui  en  avoit  été  tiré  ,  avec  du  favon  6c  du  verre  qui  en  avoient 
été  faits.  M.  Pott  ,  Chimifte  de  Berlin  ,  fit  par  la  fuite  des  recherches 
fur  la  terre  fablor.neufe  &  lixiviclle  du  horax  ,  &  découvrit  qu'elle  con- 
teno  t  en  effet  un  fel  alkali  terreftre.  Voyti  Pott  de  Borace  ,  png.  /. 
Mais  on  ignore  toujours  la  manière  dont*^le  tinkal  fe  fait  avec  un  al- 
Icali  terreftre  ,  &.  peut-être  M.  Knoll  aura-t-il  donné  de  plus  grands 
éclaifciffemeris  fur  cette  importante  madère. 


B    O    R  3S1 

On  \m  fit  en  même  temps  obferver  ïa  forme  &c 
ia  nature  des  inflrumens  dont  on  fe  fervoit  dans  le 
laboratoire  Hollandois  :  j'examinai  d'abord  le  tamis 
à  uitrer  ;  le  tiffu  de  fa  toile  étoit  ourdi  entièrement 
(de  fils  très-fins  de  cuivre  jaune  ;  cette  circonitance 
jointe  à  la  nature  &  à  l'emplacement  du  réfervoir 
qui  contient  la  liqueur  comme  gélatiaeufe ,  6c  dont 
il  eft  fait  mention  ci-deiTus  ,  me  firent  un  peu  réflé- 
chir fur  l'origine  de  la  partie  terreufe  &:  de  la  por- 
tion verte  cuivreufe  ,  foupçonnée  par  les  uns  ,  & 
comme  démontrée  par  M.  Cadet,  C'efl  cette  même 
couleur  verte  du  Borax  brut  qui  a  fait  dire  à  pref^ 
que  tous  les  Auteurs  que  le  borax  naiiToit  dans  diiié- 
rentes  mines  de  cuivre  ;  on  a  même  avancé  qu'un 
tel  borax  étoit  préférable  pour  les  Arts  à  celui  qui 
ie  tiroit  des  autres  mines. 

Examinons  maintenant  fi  les  Hollandois  ajoutent 
ou  diminuent  la  dofe  du  cuivre  dans  la  puritication 
qu'ils  font  du  borax  ,  ÔC  fi  les  artifans  qui  font  ufage 
de  ce  fel  ,  emploient  également  celui  qui  efl  tranfpa- 
rent  fans  couleur  ,  très-raffiné  ,  &  celui  qui  efl  ua 
peu  tranfparent  verdâtre  ,  &  qui  contient  plus  d^ 
cuivre  en  apparence. 

Dans  le  laboratoire  déjà  cité   j'appris  : 

I  .^  Qu'ils  diftinguoient  deux  fortes  de  borax  brut  ; 
l'un  apporté  par  mer  de  Gomnon  &  de  Bengale  , 
c'étoit  le  plus  commun.  L'autre  étoit  un  borax  de^ 
-caravane  ,  apporté  par  terre  de  Bender-AbafTy  à  If- 
pahan  ,  &  jufqu'au  Gihlan.  Là  on  l'embarque  fur  la 
Mer  Cafpienne  jufqu'à  Aflracan  ,  &  de  là  on  l'apporte 
par  terre  à  Pétersbourg  ,  &  de  Pétersbourg  par  mer 
à  Amflerdam.  Le  borax  de  caravane  efl  prefque  tout 
en  criflaux  verdâtres. 

2.°  Que  cent  livres  de  borax  brut  de  l'Inde  ne  don-^ 
noient  que  quatre-vingts  livres  de  borax  purifié. 

3.®  Que  ce  fel  ,  dans  fon  état  d'impureté  ,  efl  fî 
iiffiçil^  à  fe  dilToudre  dans  l'eau ,  qu'il  faut  s'y  pren» 


382  B     O    R 

dre  jiifqu'à  huit  2t:  quelquefois  douze  reprlfes  ,  &C 
verrer  à  chaque  fois  le  double  du  poids  d'eau  chaude, 
pour  en  extraire  ou  féparer  toute  la  matière  purement 
îaline. 

4.^  Que  par  ce  moyen  on  pouvoit  obtenir  huitô<: 
douze  criflallifations  de  l^orax  ,  différentes  entre  elles 
par  la  couleur  ,  la  figure  ,  la  tranfparence  ,  la  pefan- 
teur  <k  l'excès  des  propriétés. 

5  .^  Qu'avant  de  procéder  à  la  diflblution  du  horax 
brut ,  on  en  rctiroit  tout  ce  qui  paroiiToit  trop  hétéro- 
gène ,  purement  terreux  &  abfolument  pierreux. 

6."  Que  pour  difpofer  la  fubflance  ialine  à  fe  diffou- 
dre  plus  facilement  ,  il  étoit  important  de  la  faire 
macérer  pendant  huit  jours  avec  im  poids  égal  d'eau 
chaude. 

7.^  Qu'on  verfoit  chaque  difiblution  toute  bouil- 
lante fiir  un  tamis  à  fils  de  laiton  ,  lequel  tamis  étoit 
adapté  à  l'ouverture  d'un  filtre  de  laine  taillé  comme 
la  chauffe  d'hypocras. 

8.^  Que  les  premières  lefîives  fe  faifoient  avec  len- 
teur ,  ôc  étoient  rouffâtres.  Les  dernières  étoient  au 
contraire  peu  colorées ,  &  exigeoient  peu  de  temps. 

9.*^  Que  les  inflrumens  ,  tels  que  jattes  ,  bafîines 
ci  chaudières  ,  étoient  de  plomb. 

io.°  Que  l'aliment  du  feu  qu'ils  employoient  pour 
ces  opérations  ^  étoit  la  tourbe  du  pays  de  Gouda. 

1 1  .^  Qu'on  verfoit  la  liqueur  très-chaude  &:  éva- 
porée à  petit  feu  dans  un  vafe  de  plomb  ,  fait  comme 
un  très-grand  creufet  ;  lequel  vafe  étoit  à  l'abri  &  en- 
toure de  beaucoup  de  paille  hachée  fort  menu  ,  & 
couvei^t  d'un  rond  de  bois  plombé  en  fa  partie  infé- 
rieure ,  &  garni  de  nattes  de  rofeau  &  de  toile  en  fa 
partie  fupérieure.  Ces  précautions  ,  me  dit-on  ,•  font 
ces  moyens  fûrs  pour  que  la  liqueur  reftant  long- 
temps chaude  Se  tres-fluide  ,  les  corps  hétérogènes  s'y 
précipitent  plus  facilement  ,  &  que  la  criflallifation  fe 
faife  lentement  ^i  plus  rcguliérs;ment  ;  cette  dernierq 


B    O    R  385 

opération  ,  qui  me  parut  iùivant  les  principes  de  Part, 
exige  vingt  jours  de  temps.  Vcilà  tout  ce  que  j'ai  vu, 
tout  ce  que  j'ai  appris  en  HoDande  lur  cette  matière. 

On  m'avertit  auiïi  ou'il  y  a  voit  une  douzième  con- 
dition requife  ,  abiolument  nécciTairc  pour  le  raiiinrge. 
du  borax.  Cette  condition  devoit  être  la  hafe  du 
fecret.  Etoit-ce  l'addition  d'une  eau  de  chaux  vive  ? 
On  a  prétendu  en  Europe  que  ce  pou  voit  être  la 
baie  du  myilere.  Nous  verrons  dans  un  moment  que 
fi  Ton  n'avoiî  pas  été  fi  long-temps  dans  une  forte  d'in-^ 
diftérence  au  iujet  de  ce  fel ,  il  étoit  facile  de  dévoiler 
tout  le  feçret  que  les  Hollandois  aiiedent  de  cacher  , 
&  acquérir  par-là  une  connoiiTance  de  plus  fur  la 
fubilance  faline  que  nous   traitons. 

De  retour  à  Paris ,  j'ai  tenté  quelques  expériences 
fur  le  rafHnage  ^L  la  nature  du  borax.  J'ai  lu  d'abord 
toutes  les  analyfes  que  d'habiles  Chimiiles  François 
ont  faites  de  ce  fel.  J'ai  reconnu  que  M.  Homberg  ell 
le  premier  qui  a  retiré  le  fel  fédatif  fublimé  du  borax  , 
en  dillillant  ce  fel  avec  l'acide  vitriolique  ;  que  M.  Lémery 
le  fils  a  découvert  qu'on  pouvoit  aufTi  retirer  le  fel 
lédatif  du  borax  ,  par  les  acides  nitreux  &:  marins  ; 
que  M.  Geoffroy  a  trouvé  le  moyen  de  l'obtenir  par 
l'évaporation  &  la  criflallifaîion  ;  il  a  auiïi  démontré 
le  premier  que  le  borax  contient  la  bafe  du  fel  marin  ; 
que  le  célèbre  M.  Baron  parcît  être  le  premier  qui 
ait  bien  connu  la  nature  du  borax  ;  non-i'eulement  il 
a  prouvé  qu'il  étoit  pofïïble  d'obtenir  le  fel  fédatif 
du  borax  ,  en  fe  fervant  des  acides  minéraux  ,  mais 
encore  à  l'aide  des  acides  végétaux;  il  a  même  dé- 
montré que  ce  ^el  exiftoit  tout  formé  dans  le  borax , 
&  que  le  borax  n^ik  autre  chofe  qu'tm  compofé  de 
fel  fédatif  &  d'alkali  du  fel  marin  ;  &:  qu'en  combi- 
nant le  fel  fédatif  avec  la  bafe  du  fel  marin ,  on  re- 
faifoit  du  borax  ;  que  l'illuflre  M.  Bourddin  a  fait  un 
très -grand  travail  pour  décompofer  le  fel  fédatif; 
enfin,  que  M,  Çadu  eft  Iç  premier  qui  ait  cru  re-. 


3S4  B    O    R 

connoître  dans  le  borax  l'exiflLiice  du  cuivre  déguifi 
par  un  principe  arfenical  6c  une  terre  vitiifîable ,  terre 
aui  avoit  déjà  été  analyfée  par  M.  Poct ,  Chimifte  de 
Berlin ,  &:  dont  les  procédés  fur  cette  matière  étant 
diiFérens  de  ceux  de  M.  Cada  ,  ont  dû  nécelTaire- 
ment  amener  à  des  réfultats  dilîcrens. 

D'après  tant  de  travaux  faits  fur  la  même  matière 
par  d'auiTi  grands  Maîtres,  je  ne  devois  tenter  au- 
cune des  opérations ,  ni  répéter  aucime  des  expériences 
déjà  décrites.  Qu'il  me  foit  permis  d'avouer  que  l'exif- 
tence  du  cuivre  reconnue  par  M.  Cada  comme  partie 
ccnltituante  ëi  eiïentielle  à  la  nature  du  borax ,  me 
paroiûbit  fi  finguliere ,  que  j'ai  ofé  défirer  voir  par 
mes  yeux  un  tel  phénomène. 

On  doit  bien  préfumer  que  pour  cette  opération  Je 
devois  être  fur  du  borax  que  j'emploîrois  ;  il  me  falloir 
donc  en  purifier  moi-même  ,  &  en  même  temps  m'affu- 
rer  du  raffinage  du  borax.  Voici  mon  travail  : 

J'ai  pris  fix  livres  de  borax  brut  de  Bengale  ;  j'en 
ai  retiré  quelques  graviers  de  granité  qui  s'y  trou- 
voient ,  &:  tous  les  corps  durs  abfoliiment  pierreux  ;  il 
y  en  avoit  fix  onces.  J'ai  verfé  fur  le  borax  trié  6c 
mis  dans  une  terrine  de  grès  deux  livres  d'eau  bouil- 
lante ;  le  mélange  étant  bien  remué  avec  une  fpatule 
de  bols  dur  5  je  l'ai  laiiTé  macérer  pendant  huit  jours  ; 
EU  bout  de  ce  temps  j'ai  verfé  trente  livres  d'eau 
bouillante  fur  la  même  maffe  faline  ,  que  je  remuai 
long-temps  avec  la  fpatule  ;  je  laiii'ai  un  peu  repo- 
fer  ;  je  filtrai  la  lefTive  encore  chaude  au  travers  d'un 
morceau  de  drap  appelé  blanchet.  Je  verfai  fur  le  dé- 
pôt falin  qui  refloit  fur  le  blanchet  quinze  livres  de 
nouvelle  eau  bouillante  ;  enfin  fix  autres  livres  fur  le 
deuxième  dépôt ,  &;  quatre  livres  fur  le  troifieme  ; 
alors  la  terre  qui  reila  me  parut  infipide  ,  je  la  mis 
à  part  :  j'en  parlerai  dans  un  inliant. 

Je  mêlai  les  différentes  diflbluticns  dans  une  terrine 
de  grès  placée  dans  un  bain  de  fable  ^  ôc  j'évaporai 

juiqu'à 


B    O    R  38$ 

]ufqii'à  rinftant  oii  des  flocons  falins  partoîent  en 
abondance  du  fond  de  la  terrine  vers  la  fuperficie  de 
la  liqueur.  Je  portai  ainfi  la  terrine  avec  fon  bain  de 
fable  dans  un  endroit  bien  clos  ;  je  la  couvris  d'une 
antre  terrine  chaude,  gueule  contre  gueule;  j'entourai 
promptement  &  avec  foin  cet  appareil ,  de  gros  linges 
que  j'avois  fortement-  chauffés  ;  par  ce  moyen  ,  j'ai 
obtenu  au  bout  de  vingt  jours  (huit  m'euflent  fuffi  )  , 
des  criftaux  tranfparens  fans  couleur  ,  à  fix  pans  tron- 
qués par  les  deux  bouts  ,  &  d'une  grolTeur  propor- 
tionnée à  la  quantité  de  borax  brut  que  j'avois  em- 
ployée. 

Il  efl  peut-être  important  de  dire  qu'avant  de  retirer 
l'excédent  de  la  liqueur  qui  ne  s'étoit  pas  criftallifée , 
j'obfervai  avec  furprife  un  rhomb  de  rayons  qui  di- 
vergeoient  très-réguliérement  du  centre  à  la  circon- 
férence. Ces  rayons  étoient  les  rudimens  &  la  route 
de  la  matière  déjà  criftallifée  &  de  celle  à  criftaUifer  ; 
ils  étoient  aufli  plus  gros  ,  plus  multipliés  du  côte 
cil  la  terrine  avoit  été  le  moins  couverte  ,  par  con- 
féquent  plutôt  refroidie  ;  c'eft  aufîi  de  ce  môme  côté 
cil  il  y  avoit  le  plus  de  criilaux  ,  mais  en  même 
temps  moins  réguliers.  Cette  obfervation  juflifîe  les 
Hollandois  du  foin  qu'ils  ont  de  faire  refroidir  la  li- 
queur par  degrés  infenfxbles ,  &  de  ne  la  pas  porter 
fubitement  au  frais  ,  comme  il  efl:  d'ufage  chez  la  plu- 
part des  Chimilles  ,  à  deffein  d'accélérer  la  criflallifa- 
tion  de  leurs  fels. 

Craignant  que  mon  borax  raffiné  n'eût  foufFert  quel- 
que décompofition ,  quelque  altération ,  en  un  mot 
qu'il  ne  contînt  pas  effentiellement  autant  de  cuivre 
que  M.  Cada  en  a  reconnu  dans  celui  que  les  Hol- 
landois nous  envoient  fous  le  nom  de  borax  raffiné  y 
d'ailleurs  inilruit  par  état  que  des  artifans  de  Paris 
faifoient  moins  de  cas  d'un  borax  raffiné  par  des  Par- 
ticuliers de  cette  Capitale ,  fous  prétexte  qu'il  pétille 
trop  dans  le  feu,  qu'il  a  unç  couleur  aufli  verdâtre 
Tomi  IL  Bb 


386  B    O    R 

que  celui  d'Hollande  efl:  blanc,  &  qu'il  ne  brafe  pas 
aufli  bien  ,  ni  ne  vitrifie  pas  fi  facilement ,  je  craignois 
que  le  principe  de  cette  couleur  verte  viiible  dans  le 
horax  raffiné  à  Paris  ,  invilible ,  mais  reconnue  par 
M.  Cadet ,  dans  celui  d'Hollande  ,  je  craignois ,  dis- 
je ,  que  mon  borax  n'eut  pas  les  mêmes  propriétés  qu'on 
cléfire  en  Médecine,  en  Chimie,  pour  la  teinture,  & 
clans  la  Métallurgie.  Voici  ce  que  j'ai  fait  à  cet  égard  : 

Mon  borax  raffiné  réduit  en  poudre  ,  s'eft  affez 
bien  diffous  dans  l'efprit  de  vin  ;  arrofé  de  vinaigre ,  il 
n'a  point  fermenté  ,  il  m'a  paru  avoir  conftam- 
ment  toutes  ks  propriétés  d'un  fel  neutre  ;  il  n'a 
produit  d'effervefcence  qu'étant  diffous  dans  Teau ,  &" 
en  lui  aflbciant  peu-à-peu  les  acides  nitreux  ,  ou 
marins  ,  ou  vitrioliques.  Ces  combinaifcns  m'ont 
donné  des  liqueurs  d'un  jaune  laiteux,  &  afîez  ana- 
logues à  celles  qui  réfultent  de  l'alkali  du  fel  marin , 
laturé  féparément  par  chacun  des  trois  acides  miné- 
raux. J'ai  tiré  de  celui  qui  étoit  combiné  avec  l'acide 
vitriolique  ,  la  fubflance  faline  connue  fous  le  nom 
de  fd  fédatif  ou  fel  narcotique  de  vitriol.  Mon  borax 
expcfé  fur  le  charbon  enflammé  ,  s'y  eit  liquéfié  & 
a  bourfouflé  ;  Podeur  me  parut  d'abord  fuave ,  & 
enfuite  alkaline  urineufe.  Le  borax  mis  dans  un  creufet, 
s'y  eil  converti  en  une  maiTe  vitriforme.  Ce  verre 
falin  6i  tendre  diffous  dans  de  l'eau,  mis  enfuite  à 
évaporer  jufcju'à  pellicule,  le  borax  a  repris  fa  pre- 
mière forme  criftalline.  Ces  criflaux  avoient  la  même 
propriété  qu'avant  de  fubir  l'adion  du  feu ,  la  même 
qualité  fondante  &  vitrifiante  ;  diflbus  de  nouveau 
&  arrofés  d'alkali  très -volatil  ,  ils  n'ont  donné 
aucune  teinte  bleue.  Cette  expérience  efl  la  pierre  de 
touche  ordinaire  pour  reccnnoître  fi  une  fubflance 
contient ,  ou  non ,  du  cuivre. 

Mais  commue  la  ledure  des  Mémoires  de  M.  Cadet 
fur  le  borax  ^  m'annonçoit  que  le  cuivre  étoit  non- 
feulçcient  déguifé,  maiqué  dai)§  c^  fel  par  un  prin- 


B    O    R  387 

cîpe  arfenîcal ,  mah  encore  qu'il  y  entrolt  comme 
par  de  elîëntielle  à  fa  manière  d'être  ,  &  n'cfant ,  peur 
les  raifcns  que  j'ai  expofées  ,  me  rendr^  à  une  telle 
afitnion  ,  ayant  d'ailleurs  exécuté  mes  opérations  avec 
le  lorcix  le  moins  vert,  &.  ayant  banni  tous  inftru- 
mtus  de  cuivre ,  tout  m'engageoit  à  répéter  les  expé- 
riences décrites  par  l'Académicien  ,  d'autant  plus  que 
M.  Moddl  ^  Chimifie  renommé  à  Pétersbourg ,  n'a 
jamais  pu  découvrir  Quel  étoit  le  principe  de  la  cou- 
leur verte  du  hor.ix  brut.  Indépendamment  c  es  expé- 
riences faites  par  M.  C^d.t ,  ^  que  j'ai  répétéi^s,  j'en 
ai  tenté  un  grand  nomhre  ci'autrrs  que  je  ne  rougirai 
pas  de  rapporter  :  elles  pcairroient  paroîire  fmgulitres  , 
îi  je  n'expofois  ici  quelies  ont  été  mes  rttlexicns  iur 
le  borax  ,  telles  que  les  ciifTércnces  entre  la  cr.ftaUiia- 
tion ,  ti  la  couleur  àx\  borax  brut  6l  du  bcrcx  purifié  ; 
je  me  iuis  fait  cette  objeéîion  :  Le  borax  léiJ  ne  cionne 
point  H  la  flamme  de  l'efprit  de  vin  une  teinte  verte  , 
tandis  ciue  le  fel  ledatif ,  tiré  par  la  combinaiibn  du  borax 
61  de  l'acide  vitriolique  ,  conne  avec  l'efprit  de  vin 
une  flamme  d'un  vert  de  cuivre  rouillé.  Ce  phéno- 
mène ne  dépendroit-:l  point  d'une  portion  de  cuivre 
qui  fe  trouveroit  unie  à  l'huile  de  vitriol ,  acide  mi- 
néral que  l'on  retire  fouvent  des  pyrites  fulfuireufes , 
un  peu  martiales ,  m.ais  qui  contiennent  quelquefois 
aufîi  du  cuivre. 

i.°  J'ai  pris  du  même  acide  vitriolique  dont  je  m'étois 
fervi  pour  extraire  le  fel  fédatif ,  j'ai  verfé  ceiius  de 
l'alkali  volatil ,  &c  il  n'a  point  paru  de  teinte  bleue. 

2.^  L'alun  ,  dont  l'acide  paroît  être  vitriolique  , 
uni  au  borax  ,  l'un  6c  l'autre  réduits  en  poudre  6c 
enveloppés  dans  un  papier  blanc  que  j'ai  trempé  enfui  te 
&  en  cet  état  dans  de  l'elprit  de  vin,  préfenîé  à  une 
bougie  allumée ,  n'a  point  donné  de  flamme  verte. 

3 .°  Le  fel  de  Glauber  efl:  ccmpofé  de  l'acide  vitrio- 
lique 6c  de  la  bafe  alkaline  du  fel  marin  ,  telle  qu'on 
la  démontre  dans  le  borax  :  j'ai  fait  un  mélange  du 

\  Bb  2 


588  B    O    R 

fel  de  Glauber  avec   le  borax  ,   j'aî  procédé  comme 
ci-dedus ,  la  fiamme  n'a  point  changé  de  couleur. 

4.^  D'aprèç  les  mêmes  confidérations  ,  j'ai  effayé 
le  borax  avec  le  tartre  vitriolé  ,  avec  le  fel  de  cui- 
iine  ,  avec  le  gypie  de  Montmartre  ;  la  flamme  a  tou- 
jours été  confiante ,  c'efl-à-dire  ,  fans  couleur  cuivreufe. 

5 .°  Les  vitriols  naturels  blancs  &  verts ,  mais  très- 
purs  ,  pulvériies  féparément  avec  le  borax  ,  ou  fans 
borax ,  6l  jetés  dans  de  ref[:>nt  de  vin  enflammé  ,  n'ont 
point  altéré  la  couleur  de  la  flamme. 

6.°  Les  vitriols  du  commerce  contiennent  tous  plus 
ou  moins  de  parties  cuivreufes  ;  auiîi  ont-ils  donné  , 
étant  unis  au  borax  ,  une  couleur  verte  à  la  flamme 
de  l'efprit  de  vin.  Le  vitriol  blanc  faclice ,  &  non 
mêlé  avec  le  borax  ^  n'a  cependant  point  altéré  la 
flamme.  Le  vitriol  vert  faclice  ,  non  uni  au  borax ,  en 
a  fait  autant  ;  le  vitriol  bleu  fadice ,  non  pulvérifé  avec 
le  borax ,  a  feul  donné  à  la  flamme  de  l'efprit  de  vin 
une  teinte  légère  de  vert, 

7.°  J'ai  traite  ces  mêmes  fabflances  folides  3  tantôt 
avec  le  borax  d'Hollande ,  tantôt  avec  celui  que  j'avois 
rafîiné  ;  enfin  je  me  fuis  fervi ,  au  lieu  d'efprit  de  vin 
ordinaire  ,  tantôt  de  l'éther  vitriolique ,  &:  tantôt  de 
la  liqueur  vitriolique  d'Hoffmann  ;  toutes  mes  expé- 
riences n'ont  rien  offert  de  plus.  Je  conviendrai  ce- 
pendant qu'en  jetant  dans  de  l'éther  enflammé  le  fel 
fédatif  préparé  avec  mon  borax  ,  la  couleur  verte 
paroît  infiniment  plus  belle  qu'avec  l'efprit  de  vin. 

D'autres  expériences ,  faites  tant  chez  moi  que  chez 
divers  artifans  ,  m'ont  affuré  que  le  borax  que  j'a;).'ois 
rafîiné  vitrifîoit  très-promptement  les  pierres ,  facili- 
toit  finguliérement  la  fufion  de  l'or ,  de  l'argent  &  du 
cuivre  {a),  (  Comme  le  borax  a  la  propriété  de  pâlir 
l'or  dans  fa  fufion ,  les  AfHneurs  ont  foin  de  joindre 
à  ce   flux  ou  fondant ,  du  nitre  ou  du  fel  ammoniac 

(fl)  M.  Achard  prétend  que  la  propriété  qu'a  \q  lorax  de  vitrifier  1&5 
^£;g5 ,  viefit  du  fvl  fédatif  t^ui  entre  dan*  fa  compofuioa. 


B    O    R  3S9 

qiiî  maîntient  l'or  dans  fa  couleur  naturelle.  )  On  l'a 
auiïi  employé  avec  fuccès  pour  braler  Ôc^fouder  ces 
métaux  les  uns  avec  les  autres  ,  même  avec  le  fer. 
Un  Teinturier  ,  très-habile  dans  fon  art ,  m'a  alTuré 
qu'il  donnoit  éminemment  de  l'éclat  aux  étoffes  de  foie, 
êc  qu'il  lui  paroilToit  avoir  au  moins  toutes  les  qua- 
lités du  plus  beau  borax  d'Hollande  :  on  s'en  ell  fervi 
avec  fuccès  pour  blanchir  des  dentelles. 

Je  reviens  à  la  hqueur  reûante  de  la  première  crif- 
tallifation  ;  je  l'ai  fait  évaporer  affez  rapidement  au 
degré  d'ébullition  &< au -bain  de  fable.  J'ai  tranfvafé 
la  liqueur  dans  une  terrine  que  j'ai  couverte  d'un 
iimple  papier  gris  ,  je  l'ai  portée  au  frais ,  &  j'ai  ob- 
tenu au  bout  de  trois  jours  des  criilaux  moins  tranf- 
parens  ,  îumultuairement  groupés  ,  en  un  mot  feni-  ^ 
blables  au  borax  de  la  Chine  que  les  HoUandois  nous  ' 
vendent  fous  le  nom  de  borax  demi-raffiné.  Non  con- 
tent de  ces  imitations  des  différentes  fortes  de  borax 
plus  ou  moins  raffiné ,  j'ai  diiTous  de  nouveau  du  borax 
gras  brut  :  je  n'ai  paiTé  la  dilTolution  que  par  lui  tamis 
de  crin  ,  &  je  n'ai  obtenu  que  des  criflaux  confus  , 
colorés  &  aftez  obfcurs  ;  ainfi  l'on  peut  dire  que  le 
borax  demi -raffiné  des  Chinois,  travaillé  en  Chine  ou 
dans  le  Bengale  ,  diifere  de  celui  qui  eft  rafîiné  en 
Hollande  ,  moins  par  les  corps  étrangers  qu'on  feroit 
en  droit  d'y  foupçonner ,  vu  fon  opacité  &:  fa  difî^é- 
rence  de  criftallifation ,  que  parce  que  ces  efpeces  de 
criftaux  ne  contiennent  pas  eflentiellement  tout  ce  qui 
entre  dans  la  compofition  d'un  borax  bien  clair  &  fait 
fuivant  les  principes  de  l'art.  Mais  ceci  demande  une 
explication  plus  détaillée  &:  des  exemples. 

Nous  avons  vu  que  le  borax  brut  terreux  contient 
des  criflaux  de  ce  même  fel  ,  &  qu'ils  font  d'un  vert 
de  poireau  ,  pr'efque  opaques  &  rhomboidaux  ;  nous 
avons  vu  aufîi  que  le  borax  raffine  efl  au  contraire  en 
criltaux  aiïez  tranfparens,  &:  d'une  figure  communé- 
ment octogone..  J'ai  pris  des  criilaux  de  borax  verdâtrss. 

Bb  3 


590  B    O    R 

6c  cpacrues ,  je  les  ai  dilTous ,  &  j'en  aï  obtentî 
par  l'évaporaticn  des  criilaux  d\in  vert  plus  clair ,  plus 
purs ,  mais  rhomboidaux. 

J'ai  dilTous  une  partie  de  ces  mêmes  criilaux  vcrdâ- 
tres ,  &c  i'ans  en  leparer  la  terre  vilqueufe  &  faline 
qui  leur  iert  comme  de  matrice ,  &  j'en  ai  obtenu  des 
criilaux  o£lcgones  ;  donc  la  terre  falinc  du  horax  eH 
eficnîiejle  à  la  nature  ck  à  la  configuration  de  ce  f'el , 
indépendamment  des  autres  précautions  requifes  ,  îorf- 
qu'on  veut  avoir  des  criftaux  bien  réguliers  ,  précau- 
tions qui  dépendent  de  la  quantité  du  diilolvant  ,  de 
la  force  du  teu ,  du  degré  d'évapcration  ,  de  l'équi- 
libre que  la  liqueur  éprouve  en  fe  rt  froidiflant  ;  de 
fon  retroidilTement  même  &c  de  plufieurs  autres  cir- 
conflances  que  les  gens  de  l'art  Tentent  de  refle  ,  mais 
que  les  Chinois ,  ou  plutôt  les  H-^bitans  du  Bengale  , 
éc  d'autres  Nations  méprifent  ou  ignorent. 

Des  Chimiftes ,  dilons  plutôt  les  ouvriers  du  labo- 
ratoire Hollandois  dent  j'ai  parlé ,  m'ont  dit  auffi  que 
les  dernières  criflallifations  de  leur  borax  raffiné  étoient 
opaques  ou  rouffes  ,  parce  qu'ils  n'y  portoient  pas 
autant  d'attention  que  pour  la  première  criflallifation  ^ 
6i  qu'ils  vendoient  ce  borax  terne  pour  du  borax  demi- 
raffiné  de  Chine ,  mais  qu'il  falloit  bien  fe  donner  de 
garde  de  le  confondre  avec  le  vériti.ble  tinkal ,  cette 
drogue  fi  recherchée  dans  l'Inde  Oriente  le  ,  &  dont  les 
Auteurs  ont  parlé  avec  beaucoup  d'obfcuritéc  Le  tinkal 
eft  le  tyncar  des  Arabes  ;  le  borax  rafi7:é  eft  le  vn^w 
^ctvpctP^ii  des  anciens  Grecs  ;le  bo'itk  des  Hébreux  (  car 
le  /later  ou  nather  des  Hébreux  efl  le  nation  ;  &  quand 
les  anciens  Grecs  fe  fervoient  du  natron  ,  ils  difoient 
feidement  vn^ov  ;  )  le  ptpùço;^û;^Act  ou  le  ^m^ax^w  des 
Grecs  modernes  ;  le  baurach  ou  bo:a  des  Arabes  ;  le 
horcck  des  Perfans  ;  le  burax  des  Latins  ,  &  le  burach 
des  Turcs.  Enfin  le  tinkal  n'tfl,  à  proprement  parler, 
que  la  terre  vifqueufe  &  faline  du  borax ,  celle  qui 
fert  de   matrice  aux  çriftaiix  de  ce  fçl  encore  brut. 


B     O    R  391 

On  m'a  afTuré  que  le  tînkal  efl  infiniment  plus  efficace 
pour  la  fonte  des  pierres ,  pour  brafer  &  fouder  les 
métaux.  J'en  ai  propofé  l'expérience  à  un  Chaudron- 
nier, elle  lui  a  très-bien  réufîi.  On  m'a  dit  encore  que 
le  t'mkal  t^t  plus  efficace  en  Médecine  que  le  borax. 
Je  fais  auffi  que  les  Apothicaires  d'Allemagne  achètent 
beaucoup  de  borax  brut ,  ôi  l'emploient  ainfi  pour  les 
maladies  àts  femmes  {a). 

J'ai  examiné  la  terre  que  j'ai  ramaffée  fur  les  filtres 
de  laine  6c  de  papier  ;  elle  ell  légère ,  d'un  gris-blan- 
châtre 9  tenace  ,  d'un  goût  vifqueux ,  comme  inlipide  ; 
je  l'ai  expofée  à  l'air  libre  pendant  un  mois  ;  elle  a 
augmenté  fenfiblement  de  poids  ,  &:  la  faveur  propre 
au  borax  s'y  éfl  décélée  de  nouveau  ;  phénomène  qui 
me  confirme  de  plus  en  plus  que  la  matrice  terreufe 
des  fels,  celle  qui»efî:  comme  partie  intégrante  du  fel 
même ,  le  convertit  peu-à-peu  en  fubflance  faline.  Il 
en  faut  feulement  excepter  la  terre  abfolument  pure , 
&  qui  n'a  point  été  attaquée  ou  combinée,  elle  refle 
élémentaire. 

Maintenant  nous  favons  d'où  fe  tire  le  borax  ,  & 
comment  on  s'y  prend  pour  l'extraire  &  le   purifier.  ^ 
Nous  pouvons  déformais  le  raffi.ner  nous-mêmes  ;  nous 
avons  intérêt  de  partager  avec  les  HoUandois  le  com- 
merce lucratif  ^e  ce  fel. 

Peut-être  que  fi  l'on  faifoit  beaucoup  d'expériences 
fur  les  terres  glaifeufes  de  la  nature  de  celles  de  l'alun  , 
ou  de  la  marne  combinée  avec  des  fubilances  alka- 
lines ,  &c.  parviendroit-on  à  découvrir  en  Europe  des 
matériaux  propres  à  faire  en  grand  le  borax. 

Si  j'avois  plus  de  temps  à  moi  ,  je  continuerois  mon 

(a)  Le  horax  eft  eftimé  comme  un  excellent  apéritif,  propre  à  divi- 
fer  &  atténuer  les  humeurs  épùiffes  &  vilqueufes;  on  en  fait  un  ufnge 
fréquent  dans  la  fuppreflîon  Ats  règles  des  femmes  &  des  lochies.  On 
le  regarde  auiïi  comme  un  cofménque  propre  à  blanciiir  le  teint  ,  ôc 
à  faire  difparoître  les  taches  rie  roufîeur.  Nous  avons  dit  que  c'eft  avec 
le  borax  &  Tacide  minéral ,  connu  fous  le  nom  é^huiU  de  vitriol ,  qu'on 
obtient  le  Tel  fédatif  é^Homberg  ,  qui  eîî  fort  eftimé  pour  calmer  i§s 
cffervsfcenies  &  ios  rêveries ,  dit  M.  Bourgeois, 

Bb  4 


392  B    O    R 

travail  fur  cet  objet.  Trop  heureux  il  je  pouvoîs  par- 
venir à  une  découverte  fi  importante  pour  le  progrès 
de  la  Chimie  ,  &  ii  utile  pour  le  commerce  de  ma 
patrie  ! 

Nous  avons  déjà  l'exemple  d'un  Particulier  de 
Drefde  ,  qui  découvrit  en  1755  dans  TEleélorat  de 
Saxe  une  terre  minérale  dont  il  compofa  un  Borax 
propre  à  la  foudure  &:  à  fondre  l'or  6c  l'argent.  Les 
CommiiTaires  que  le  Gouvernement  avoit  chargés  d'en 
faire  l'examen  ,  ont  jugé  que  ce  ùorax  avoit  toutes 
les  propriétés  de  celui  qu'on  raffinoit  autrefois  à 
Venife.  Les  environs  d'Halberlladt ,  le  lac  Cerchiaco , 
ont  aufîi  fourni  ou  du  borax  combiné  ,  ou  la  matière 
du  borax   (jz). 

Tout  ce  que  j'ai  rapporté  dans  cet  article  ,  tend  à 
confirmer  de  plus  en  plus  les  connoiffances  que  nous 
avions  déjà  fur  le  borax  ,  &  on  peut  en  déduire  les 
corollaires  fuivans  ;  favoir  : 

I  .^  Que  la  matière  première  du  borax  eft  fofîile  , 
&  fe  trouve  en  Perfe  &  dans  le  Mogol. 

2.*^  Que  la  terre  grafle  &:  vifqueufe  qui  englobe 
le  borax  ,  entre  eifentiellement  dans  la  compofition  de 
ce  fel. 

(a)  M.  Baume  a  donné  ,  en  1767,  un  procédé  pour  fabriquer  du  ho- 
rfiar.'equel  confifte  à  faire  digérer  féparément  de^a  graiffe  avec  ées 
matières  vitrifiables  très- atténuées  ,  telles  que  du  fable  ,  de  la  terre 
«i'alun  ,  de  Târgile  ,  du  quartz  &  un  peu  d'eau.  Voyci  ce  procédé  qui 
a  occafioné  quelques  difcuflions  chimico-polémiques  dans  YAvant-Cou" 
Teur  ,  année  ijCy ,  mois  de  Déamb.'c  &  fuivans.  Lémcry ,  Traité  des 
Drogues  ,  dit  que  l'on  fait  un  borax  artificiel  avec  du  nitre  fixé  par  les 
charbons  ,  de  l'alun  &  de  l'urine.  On  fait  cuire  le  tout  enfemble  juf- 
qu'a.  .Gccité  ,  .&  l'on  y  ajoute  ,  dit-il ,  d'autres  matières  ,  fuivant  l'idée 
qu'on  a  dans  le  travail. 

Le  hafard  a  fait  rencontrer  à  M.  Hxfer  le  fel  fédatif  tout  formé  darvs 
les  Cdux  du  lac  de  Cçrchiaco  en  Toic^ne. 

M.  Antoine  Carrere  ,  ivlédecin  établi  au  Potofi  ,  vient  de  découvrir 
en  cette  contrée  des  Indes  Occidentales  plulîeurs  mines  de  tincan  ou 
borax  :  il  dit  que  les  mines  de  Viquintipa  ,  &:  celles  qu'on  trouve  dans 
les  environs  d'Eicapa  ,  offrent  ce  fel  en  abondance  ;  les  gens  du  pays 
l'appellent  qu.majon  ,  &  le  font  fervir  dans  la  fonte  des  mines  de  cuivre 
affez  nombreufes  dans  ces  parages.  Ils  l'emploient  tel  qu'il  fort  de  la 
terre. 


B    O    R  393 

3.^  Qu'on  peut  purifier  ce  lel  à  l'aide  de  l'eau 
pure  ,  6c  que  l'eau  de  chaux  vive  y  paroît  inutile, 
d'autant  plus  que  û  l'on  verfe  de  l'eau  de  chaux 
dans  la  leilive  filtrée  du  borax  ,  il  fe  fait  auiïi-tôt  un 
dépôt  grifâtre  qui  annonce  une  forte  de  décompofi- 
tion  ,  laquelle  me  paroît  être  de  la  nature  de  la 
terre  tinkal.  Le  point  néceffaire  à  fa  criflallifation 
s'annonce  par  des  flocons  falins  ,  femblables  à  ceux 
du  fel  fédatif  fublimé. 

4.°  Que  le  borax  efl  un  véritable  fel  neutre  ;  il  ne 
tombe  point  en  déliquefcence ,  mais  en  efîlorefcence. 

5.°  Qu'il  fe  fond ,  fe  calcine  &  le  vitrifie  fans  fe 
décompofer. 

6,^  Qu'en  raifon  de  fa  terre  ,  ce  fel  exige  beaucoup 
plus  d'eau  pour  entrer  en  diffolution  ,  qu'il  n'en  re- 
tient dans  l'état  de  criflalhfation.  J'ajoute  qu'il  femble 
que  par  des  difTolutions  réitérées ,  on  réduit  prefque 
toute  la  bafe  de  ce  fel  ondueux  à  un  état  comme 
terreux. 

7.°  Que  la  bafe  du  borax  efl  alkaline ,  terreufe  & 
minérale  ,  &  qu'elle  a  beaucoup  de  rapport  avec 
l'alkali  du  fel  marin  ^  6c  notamment  avec  le  natron 
d'Egypte. 

8.°  Que  la  portion  de  principe  cuivreux  qui  fe 
trouve  caché  dans  toutes  les  efpeces  de  borax ,  n'efl 
point  un  être  de  raifon ,  &  qu'il  y  exifîe  ,  &  que 
s'il  n'y  efl  point  effentiel ,  au  moins  il  ne  nuit  point 
à  {qs  propriétés  ;  en  un  mot ,  que  fon  origine  eil  due 
autant  &  même  plus  à  une  efpece  d'intervention  lo- 
cale ,  qu'au  produit  des  uflenliles  dont  on  s'efl  fervi 
pour  la  purification  ordinaire  de  ce  fel ,  &  dont  nous 
avons  fait  mention. 

9.^  Que  la  différence  des  criflaux  de  borax  raffine  ^ 
comparés  à  ceux  du  borax  brut ,  dépend  de  la  terre 
tbikaL  qui  fe  trouve  combinée  dans  le  borax  punfié  , 
tandis  qu'elle  fert  prefque  uniquement  d'enveloppe 
-aux  criflaux  de  borax  brut. 


35-4  B   O  R  B    O   S 

lo.^  Enfiii,  que  la  matière  grade  ,  faline ,  terreufe 
8c  vitrefcible  du  horax  brut ,  efl  le  tinkal  fi  célébré  àts 
Chinois ,  & ,  jufqu'à  ce  jour ,  ii  peu  connu  en  Europe. 
BORDELIERE  ,  Cyprmus  halUrus  ,  Linn.  PoiiTon 
<Ia  genre  du  Cyprin,  Il  eft  fort  femblable  à  la  brème , 
&  très-commun  dans  tous  les  lacs  de  la  Suéde  &  de 
la  Savoie  ;  il  fe  tient  toujours  au  bord  de  l'eau  ,  ce 
qui  lui  a  tait  donner  le  nom  de  horddkre.  Sa  tête  efl 
petite  &  comprimée  latéralement;  l'iris  de  fes  yeux 
cfî:  argenté  ,  fouvent  mêlé  de  jaunâtre  au-deiîiis  de 
la  prunelle  ;  fon  corps  efl  couvert  d'écaillés  minces  , 
petites ,  de  couleur  argentée ,  far  un  fond  noirâtre  : 
la  nageoire  dorfale  offre  dix  ou  onze  rayons  ;  les 
peûorales  ,  chacune  feize  ;  les  abdominales ,  neuf  ou 
dix  ;  celle  de  l'anus.,  qui  efî  large  &  ample  ,  qua- 
rante ou  quarante  -  un  ;  celle  de  la  queue ,  qui  efl 
fourchue  ,  en  a  dix-neuf  grands.  On  dit  qu'il  n'a 
lîi  dents  ni  langue ,  mais  les  os  de  fa  mâchoire  font 
durs,  &  fon  palais  charnu.  Artédi  dit  que  toutes  les 
nageoires  font  blanchâtres  ;  mais  Rondda  dit  que  celle 
du  dos  efl  noire,  &  les  autres  rougeâti'es  :  ce  poifibn  efl 
le  hllck  des  Allemands. 

BORÉE.  Dans  la  ColleQion  des  papillons  £  Europe , 
on  donne  ce  nom  à  un  papillon  de  jour  qui  a  beaucoup 
de  rapports  avec  l'efpece  appelée  le  fatyrz  ;  fe  hork  efl 
cependant  plus  grand  :  il  fe  trouve  aux  environs  de 
Meuron  fur  le  \Volga  en  Rufîîe. 

BORSUC.  Nom  que  l'on  donne  en  Pologne  au 
blaireau.  Voyez  ce  mot, 

BOSBOK.  Ce  nom ,  qui  veut  dire  bouc  des  bris  ,  a 
été  donné  par  les  HoUandois  établis  au  Cap  de  Bonne- 
Efpérance ,  à  une  efpece  de  gabelle  de  moyenne  gran- 
deur. Cet  animal  fe  tient  dans  les  forêts  ,  6c:  ne  fe 
trouve  guère  qu'à  foixante  lieues  de  ce  Cap  ,  dans 
l'intérieur  des  terres  ;  le  poil  qui  couvre  fon  dos ,  efl 
faiîve-brun,  tiqueté  de  petites  taches  rondes  &  blanches; 
le  mâle  perte  des  cornes ,  noires ,  légèrement  coiir-r 


B    O   s  BOT  395 

bées  en  avant,  mais  torfes  en  longues  fpirales  :  cette 
ga^elU  bosbok  n'a  point  de  larmier^  ;  iur  les  côtés  des 
quatre  mamelles  font  deux  poches ,  oii  l'on  peut  faire 
entrer  le  doigt;  la  voix  de  cet  animai  reffemble  à  l'aboie- 
ment du  chien. 

BOSTRICHE,  ^)/?r/cte.  Infefte  coléoptere,  dont 
les  antennes  en  maffe  compofée  de  trois  articles  font 
pofées  fur  la  tête  ,  qiii  na  point  de  trompe.  Son 
corfelet  velu  efl  d'une  forme  cubique  ,  excepté  fur 
le  devant ,  où  eft  un  enfoncement  qui  reçoit  la  tête 
comme  un  camail  ;  fes  pieds  font  épineux.  H'Jîo'in 
dcs  Infectes  des  environs  de  Paris.  Le  bojîriche  efl 
très -rare. 

BOTANIQUE  ,  Botanica.  C'efl  le  nom  que  l'on 
donne  à  cette  belle  partie  de  THiftoire  Naturelle ,  oui 
a  pour  objet  la  connoiffance  intime  du  règne  végétal 
en  entier;  ainfi  la  Botanique  eft  la  fcience  qui  traite 
de  tous  les  végétaux  confidérés  feulement  com.m.e  êtres 
naturels.  On  ne  peut  pai-venir  à  connoître  l'économie 
végétale  ,  (  fcience  qui  efl  la  phy fique  des  végétaux ,  )  fi 
l'on  n'efl  inilruit  de  la  manière  dont  les  plantes  fe  dé- 
veloppent ,  quel  eft  le  mécanifme  de  leur  germination , 
de  leur  accroiffement ,  de  leur  multiplication  ;  de  leur 
crganifation  en  général ,  de  la  ilrudure  de  chacune  de 
leurs  parties  en  particulier ,  &  des  termes  par  lefquels  ' 
on  les  défigne;  du  mouvement  ik.  de  la  qualité  de  la 
fève  ;  enfin  ,  fi  on  ne  fait  en  quoi  le  terrain  &  le 
climat  peuvent  influer  fur  les  plantes.  Il  faut  aufîi  avoir 
la  connoifTance  des  Sciences  &  Arts  qui  ont  des  rap- 
ports immédiats  avec  les  corps  organifés  dont  il  efl 
queftion. 

Parmi  les  produOicns  de  la  Nature ,  dont  l'homme  efl: 
parvenu  à  retirer  quelque  utilité  ,  ce  font  les  végétaux 
qui  en  offrent  les  objets  les  plus  importans  &  les  plus 
nombreux  ,  puifqu'ils  fourniffent  aux  befoins  les  plus 
effentiels  de  la  vie  ;  c;i\Q  la  Médecine ,  dans  le  traite- 
ment des  maladies  5  en  obtient  fes  principales  refiburces. 


39^  BOT 

6c  que  les  Arts  les  plus  utiles  à  la  fociété  font  tclle-i 
ment  enrichis  de  leurs  tributs ,  qu'ils  ne  feroient 
prefque  rien  fans  eux. 

Le  détail  de  la  Botajùque  eft  divifé  en  trois  parties 
principales  ;  favoir  ,  la  nonwiclatur&  des  plantes  ,  leur 
culture^  &c  \^\\xs propriétés.  Les  deux  premières  ne  doivent 
nous  occuper  qu'autant  qu'elles  peuvent  contribuer  à 
faire  valoir  la  troifieme  (  vertus  &  vfages  )  ;  mais  mal- 
heureufement  il  paroît,  par  l'état  préfent  de  la  Bota^ 
nique  &  par  l'expérience  du  paile,  que  l'on  s'efl  ap- 
pliqué à  la  nomenclature  par  préférence  aux  autres 
parties  de  cette  fcience  :  ileil  même  à  craindre ,  ainfi 
qu'il  efl:  dit  dans  l'ancienne  Encyclopédie  ,  que  cette 
conduite  ne  foit  un  obflacle  à  l'avancement  de  la 
Botanique.  Pour  s'en  convaincre ,  dit-on  ,  il  faut  exa- 
miner quelle  efl:  l'utilité  que  l'on  a  retirée  de  la  feule 
nomenclature  des  plantes  ,  pouffée  au  point  de  per- 
fection que  des  Botanijîes  fe  font  efforcés  de  lui  donner, 

La  connoiffance  des  plantes  efl  ou  dogmatique  ^  ou 
empirique, 

La  Botanique  dogmatique  ell  la  connoiffance  des  vé- 
gétaux par  principes  ,  par  une  méthode  qui  apprend 
à  reconnoître  les  caractères  fpécifîques  &:  effentiels ,  à 
mettre  de  Tordre  dans  la  nomenclature  de  ce  nombre 
-  prodigieux  de  plantes  femées  fi  conflifément  à  la  fur- 
face  du  globe  ou  au  fein  des  ^ux  ,  &  les  réduit  toutes 
à  un  petit  nombre  de  claiTes ,  par  le  moyen  defquelles 
on  defcend  enfuite  aux  différentes  fecl:ions  ^  genres  & 
efpeces  qui  les  diliinguent.  Ainfi  la  Botanique  dogma- 
tique ou  élémentaire  efl  agréable ,  utile  &  bienfaifante. 

La  Botanique  empirique  efl  la  connoiffance  fortuite 
des  plantes  ;  c'efl  un  am^as  de  notions  vagues  ,  que 
Ton  a  acquifes  par  hafard  ,  par  routine  ;  &  une  telle 
connoifTance  efl  toujours  foible ,  incertaine  ,  peu  fatis- 
faifante  ,  fouvent  nuifible  dans  l'ufage. 

Quelques  Obfervateurs  ont  diflingué  environ  dix- 
huit  à  vingt  mille  efpeces  de  plantes,  en  comptant 


BOT  397 

toutes  celles  qui  ont  été  obfervées  tant  dans  le  nou- 
veau que  dans  l'ancien  Continent  ;  (  favoir  ;  trois  mille 
en  France  &  en  Angleterre  ;  deux  mille  en  Efpagne, 
en  Italie  &  dans  le  Pays  du  Nord  de  l'Europe  ;  deux 
mille  dans  les  Pays  Orientaux  ;  mille  depids  le  Canada 
jurqu'au  Miffifîîpi  ;  autant  depuis  le  Miiïiffipi  jufqu'à 
Surinam  ;  autant  dans  les  Illes  de  l'Amérique  ;  autant 
dans  le  Bréfil  &  le  Pérou  ;  autant  fur  la  Côte  de  Bar- 
barie &c  une  partie  de  l'Egypte  ;  autant  au  Cap  de 
Bonne-Efpérance  ;  autant  dans  Flfle  de  Ceylan  6c  fur 
ia  Côte  de  Malabar  ;  autant  dans  les  Mes  Moluques  ; 
autant  dans  les  Ifles  Philippines  3i  la  Chine  ).  Si  l'on 
avoit  parcouru  toute  la  Terre ,  on  en  auroit  vraifem- 
blablement  trouvé  cent  mille  &  plus ,  à  en  juger  par 
proportion  de  ce  qui  vient  d'être  dit.  C'eft  d'après 
une  telle  comparaifon  que  M.  Adanfon  a  ajouté  au 
dénombrement  fait  ci-delTus  des  plantes  connues ,  le 
calcul  fuivant  de  vingt-cinq  mille  plantes.  Cet  Auteiu" 
dit  pofitivement  que  tout  l'intérieur  connu  de  l'AÉri- 
que  peut  fournir  au  moins  cinq  mille  plantes  ;  l'inté- 
rieur de  l'Aile ,  trois  mille  ;  la  grande  &  belle  Me 
de  Madagafcar  ,  quatre  mille  ;  les  Mes  de  France, 
Rodrigue  &:  autres  adjacentes  ,  mille  ;  Surinam  éc 
Cayenne  ,  deux  mille  ;  l'Amérique  Méridionale  depuis 
le  Bréfil  jufqu'à  la  Terre  de  Feu ,  quatre  mille  ;  les 
montagnes  du  Pérou ,  deux  m.ille  ;  les  Mes  de  la  mer 
du  Sud  ,  mille  ;  enfin ,  les  Terres  Auflrales  qui  reflent  à 
découvrir  ,  &  qui  peuvent  égaler  une  des  quatre  Par- 
ties du  Monde  connu  ,  trois  mille. 

On  remarque  en  général  que  plus  on  approche  des 
climats  chauds ,  plus  il  y  a  d'efpeces  diiterentes  de 
plantes ,  &  plus  la  totalité  efl  abondante. 

C'efl  fur  les  parties  de  la  floraifon  ou  de  la  fruc- 
tification que  font  établis  les  fyfîêmes  botaniques  les 
plus  vantés  ,  les  plus  accrédités ,  les  plus  lumineux  , 
les  plus  profonds  ;  celui  de  Toumefort  &  celui  de  Lin- 
lusus  ;  ti  ce  double  fyilême  paroît  approcher  davan- 


398  BOT 

tage  de  celui  de  la  Nature  ?  Il  faut  même  convenir 
que  cette  manière  de  connoître  les  plantes  &  de  dif- 
tinguer  leur  caraûere  eilentiel ,  cft  un  art  iur ,  facile 
6l  ingénieux,  qui  doit  surprendre  ceux  qui  ne  font  pas 
dans  l'habitude  d'exercer  leurs  yeux  &c  leur  mémoire. 
L'appareil  fcientihque  ,  connu  fous  le  nom  de  phrafc 
botanique ,  en  indiquant  les  caractères  eifentiels  6c 
naturels  de  la  plante  ,  n'efl  pas  moins  utile.  C'cll:  par 
une  fuite  de  ces  indications  ,  bien  fenties  &  bien 
déterminées ,  que  les  Boianiiles  ont  tiré  des  Etrangers 
Forme  ,  le  plane,  le  marronnier,  le  pêcher,  l'abri- 
cotier ,  le  rofiCr  6l  tant  d'autres  que  l'on  a  naturalifés 
chez  nous.  Tous  les  différens  objets  d'agriculture  font 
bien  dignes  d'occuper  les  hommes ,  &  principalement 
ceux  qui  fe  font  voués  à  la  Botanique ,  &  c'eft  ce  que 
font  continuellement  quelques  Savans  de  ce  fiecle.  En 
effet ,  n'ell-ce  pas  par  de  telles  obfervations  que  Ton 
a  reconnu  les  changemens  opérés  par  le  climat  ou 
par  la  culture  dans  les  plantes  potagères  ,  dans  les 
plantes  d'agrément ,  &  dans  les  fromens  ?  C'eft  ainfi , 
par  exemple ,  que  l'on  a  cbfervé  que  le  tabac  ôc  le 
ricin ,  qui  forment  des  arbriffeaux  vivaces  en  Afrique , 
ne  font  qu'herbacés  6c  annuels  en  Europe.  La  Nature 
paroiî  encore  moins  confiante  &  plus  diverfe  dans  les 
plantes  que  dans  les  animaux.  Il  y  a ,  dit  M.  Jdanfon  , 
des  quadrupèdes  &  des  oifeaux  parmi  lefquels  l'accou- 
plement de  deux  elpeces  différentes  ne  produit  rien  : 
il  y  en  a  d'autres  oii  il  donne  une  efpece  bâtarde  , 
mais  qui  ne  peut  fe  reproduire ,  &:  périt  des  la 
première  génération.  Les  végétaux  franchiffent  le  pas , 
&  forment ,  dit-on ,  au  lieu  de  mulets ,  des  efpeces 
vraies  &  franches ,  qui  fe  reproduifent  hiivant  les 
lois  ordinaires  à  leur  génération  ,  jufqu'à  ce  que  de 
nouvelles  caufes  les  falient  ou  rentrer  dans  leur  pre- 
mier état  ,  ou  dans  un  troifieme  état  ,  différent  de 
celle  des  deux  premières  ,  &:c.  Mais  cette  dernière 
afltrtion  mérite  d'être  difcutée  plus  amplement.  Foye^ 


BOT  399* 

fartlch  Plante  &  VanlcU  Fleur.  On  trouvera  aiuH 
aux  articles  arbre ,  bois ,  écorcc ,  feuille  ,  branche  ,  fruit  ^ 
racine ,  m^e ,  quelques  vues  générales  ,  en  un  mot ,  un 
fommaire  iur  les  connoillances  acquiles  jufqu'à  ce  jour 
fur  cette  belle  partie  de  la  Botanique ,  appelée  Phy» 
Jique  des  végétaux, 

BOTRYS.  Plante  dont  on  diflingue  deux  efpeces 
principales;  l'une  croît  en  Efpagne  le  long  des  ruif- 
leaux,  &  l'autre  eft  originaire  du  Mexique, 

i.^  BoTRYS  VULGAIRE  OU  PiMENT  ,  Chenopcdium 
ambro[ioides\  folio  finuato  ,  Tourn.  Inll.  5  06  ;  Botrys 
CTJihroJidides  ^  vulgaris  ,  C.  B.  Pin.  138;  Chenopodium 
Botrys  ^  Linn.  3  20.  Il  eil  ainii  nommé  à  caufe  de  ton 
odeur  aromatique.  Cette  plante  annuelle ,  poulTe  ime 
tige  droite ,  velue ,  rameufe ,  qui  s'élève  d'un  pied  ou. 
environ;  elle  foutient  des  temlles  découpées  com^me 
celles  du  chêne ,  mais  vertes  ,  traverfées  de  veines 
rouges ,  ou  feulement  rougeâtres  en  leurs  bords ,  & 
portées  fur  de  longues  queues  rouges  :  fes  fleurs  font 
à  étamines  ,  petites  ,  glu?ntes ,  difpofées  en  épis  ou 
en  petites  grappes  ,  dans  les  ailTelles  des  feuilles  ,  au 
haut  des  tiges  &:  des  rameaux  ;  aux  fleurs  fuccedent 
des  graines  femblables  à  celles  de  la  moutarde,  mais 
plus  petites.  Ce  botrys  croît  naturellement  dans  les 
lieux  incultes  ,  fecs  6c  fablonneux  de  nos  Provinces 
Méridionales. 

Toute  la  plante  efl  enduite  d'un  mucilage  réiineux, 
qui  tache  les  mains  quand  on  la  cueille  ;  elle  a  une 
iaveur  acre  &  aromatique.  Par  les  particules  fubîiles, 
elle  divife  oL  inciie  les  humeurs  épaiiîies  ;  ce  qui  la 
rend  utile  dans  la  toux  &  dans  l'aflhme  humide  ;  elle 
efl  carminative  ;  appliquée  extérieurement  ,  elle  eft 
utile  pour  les  tranchées  qui  furvicnnent  après  l'ac- 
couchement. Les  Dames  Vénitiennes  regardent  le  botrys 
comme  un  remède  infaillible  contre  les  accès  de  la 
paillon  hyflérique. 

2.°  Botrys  pu  Mexique  j  Chmopodlum  ambro- 


400  B    O    U 

(ioidis  ^  McxLcanum  ^  Tourn.  Inft.  506,  Lînn.  3105 
Botrys  ambrcjicidcs  ^  Mexicana  ^  C.  B.  Pin.  138.  On 
l'élevé  dans  les  jardins  ;  les  feuilles  ont  une  faveur 
aromatique  qui  approche  de  celle  du  cumin.  Sa  tige 
ell:  haute  d'un  à  deux  pieds  ,  droite  ,  rameufe  ;  fes 
rameaux  font  fimples  &  feuilles  ;  fes  feuilles  font 
fimples  ,  d'un  vert  pâle  ,  lancéolées  ,  dentées  ;  fes 
fleurs  font  verdâtres  6c  reifemblcnt  à  celles  de  l'arro- 
che  blanche  :  cette  efpece  eft  fudorifique ,  carmina- 
tive,  ut  le  dans  l'aflhnie  &  les  obflrudions.  On  l'ap- 
pelle auffi  thé  du  Mex'quc  ;  elle  croît  naturellement  au 
Mexique  &   dans  le  Portugal. 

On  allure  que  cette  plante  ,  femée  avec  le  blé , 
tue  les  vers  qui  font  nuifibles  au  grain. 

M.  Hallcr  dit,  avec  raifon  ,  que  le  piment,  Plmisntei 
efl  le  nom  du  capficum,.  Voyez  Piment  de  Guinée. 
Le  hotrys  ordinaire ,  dit-il ,  vient  en  abondance  en 
Suiffe  dans  les  graviers;  celui  du  Mexique  fe  familia- 
rife  aifément  avec  notre  climat.  L'odeur  de  l'un  &  de 
l'autre  efî  très-forte  ;  celle  du  botrys  du  Mexique  approche 
de  celle  du  cumin ,  mais  me  répugne  beaucoup.  On 
l'a  en  effet  donné  comme  une  efpece  de  thé  à  Rome  , 
fi.u"  une  reffemblance  très-légère ,  &:  on  a  recommandé 
l'influion  des  feuilles  contre  les  maux  de  reins  oc  les 
douleurs  que  caufe  la  pierre.  Les  botrys  font  de  la  fa- 
mille de  Varrochc  puante ,  ainfi  que  les  plantes  appelées 
pattes    d^oie, 

BOUATI  AMER  ,  Soulamea  amara  ,  Rex  amaroris , 
Runiph.  Amb.  Petit  arbre  ou  arbriffeau  qui  croît  dans 
les  Indes  Orientales  &:  dans  les  Moluques.  Il  a  été 
obfervé  au  Port-Praflin  dans  la  Nouvelle  Bretagne ,  par 
M.  Commerfon,  Rumphius  dit  que  toutes  les  parties  de 
cet  arbriffeau ,  fur-tout  fes  fruits ,  fa  racine  &  fon 
écorce,  ont  une  très-grande  amertume.  On  s'en  fert 
avec  fuccès  pour  guérir  les  fièvres ,  rétablir  les  forces 
&:  s'oppofer  aux  ravages  des  poifons.  Llnnaus  croit 
que  cet  arbre  eft  le  même  que  fon  ovhioxylon  (  bois 

de 


È    O    U  4ot 

de  couleuvre  )  ;  mais  M.  de  la  Marck  dit  qu'il  en  difrere 
totalement  par  ia  frudincatioii.  Son  bois  efl  jaunâtre , 
calTant  ;  l'écorce  cendrée  ;  les  feuilles  fimples ,  pétio- 
lées  ,  entières ,  molles ,  pubefceiites  fur  les  nervures 
poftérieures  ;  elles  ont  neuf  pouces  de  longueur  ôc 
trois  de  largeur  :  les  fleurs  iont  petites  ,  en  grappes  ^ 
fimples  ^  la  corolle  eit  à  trois  pétales  pointus  ;  fix 
étamines,  un  ovaire  :  le  fruit  eil  une  petite  canfule 
cordiforme ,  aplatie ,  biloculaire  ;  une  femence  dans 
chaque  loge. 

BOUBIES.    Voyci  ^  ^^rtkk  Fou. 

EOUBIL  de  la  Chine.  C'efl: ,  fuivant  M.  Sonnerai  ; 
un  oifeau  du  genre  du  Merle  ;  mais  il  efl  un  peu  moins 
gros  ;  fon  plumage  efl:  d'un  brun  fombre  ;  le  bec  Se 
ies  pieds  font  d'un  gris- jaunâtre.  C'efl  ^  dit  lé  même 
Auteur ,  le  feul  oifeau  de  ce  vafle  Empire  qui  ait  du 
chant ,  ce  qui  l'a  fait  appeler  ^  mais  improprement  , 
rojj'ïgnol ,  par  les  Européens, 

BOUC  ,  Hircus.  Le  bouc  efl  le  mâle  de  là  chèvre  ^ 
il  diffère  du  bélier  en  ce  qu'il  efl  couvert  de  poils  & 
non  pas  de  laine,  &:  en  ce  que  les  cornes  ne  font 
pas  autant  contournées  que  celles  du  bélier.  De  plus,  il 
porte  fous  le  menton  une  longue  barbe  ,  oL  il  répand 
une  mauvaife  odeur.  Du  refle ,  c'cil  un  allez  bel  ani- 
mal ,  quoique  fort  puant  \  il  t\i  très-vigoureux  &  très- 
chaud  ;  il  paiTe  même  pour  le  fymbole  de  la  lafciveté. 
En  effet ,  un  feul  peut  fuinre  à  plus  de  cent  cinquante 
chèvres  ;  mais  cette  ardeur  qui  le  confume  dès  fâ 
première  année  révolue  ,  ne  dure  que  trois  ou  quatre 
ans ,  &  ces  animaux  font  énervés  ,  &  même  vieux  , 
à  l'âge  de  cinq  ou  fix  ans. 

Communéinent  les  boucs  &  les  chèvres  ont  des  cor-» 
lies  ;  cependant  il  y  a  ,  quoique  en  moindre  nombre^ 
des  chèvres  &  des  boucs  fans  cornes  ;  ils  n'en  font  pas , 
cit-on  ,  moins  bons  pour  la  génération ,  &  font  même 
préférables  dans  un  troupeau ,  fur-tout  les  boucs  ,  parcs 
.qu'ils  font  m.oins  pétiilîuis  6c  moins,  dangereux, 
Torîie  II»  Q  Q 


402  ^       ^       ^ 

La  chèvre ,  Capra  ,  a  ,  de  même  que  le  hue ,  xm 
toupet  de  barbe  fous  le  menton ,  &  de  plus ,  deux 
glands  ou  efpeces  de  grofles  verrues  qui  lui  pendent 
fous  le  cou.  Sa  queue  efl  très -courte  ,  ainfi  que 
celle  du  houe.  Notre  efpece  de  chèvre  eïl  remarquable 
par  la  longueur  de  fes  deux  pis  qui  lui  pendent  fous 
le  ventre.  Cet  animal  étant  devenu  domeflique  , 
varie  par  la  taille  èc  a  acquis  diverfes  couleurs  ;  aufîî 
voit-on  des  chèvres  blanches  ,  noires  ,  fauves  ,  & 
d'autres  couleurs. 

La  chèvre ,  dit  M.  de  Buffon  ,  a  de  fa  nature  plus  de 
fentiment  &  de  reffource  que  la  brebis  ;  elle  vient  à 
l'homme  volontiers  :  elle  fe  familiarife  aifément  ;  elle 
^ù.  fenfible  aux  careffes  ,  &  capable  d'attachement  ; 
elle  eft  aufTi  plus  forte  ,  plus  légère  ,  plus  agile  6c 
moins  timide  que  la  brebis  ;  elle  eit  vive  ,  capricieufe  , 
lafcive  &:  vagabonde  ;  ce  n'efl  qu'avec  peine  qu'on  la 
conduit  &:  qu'on  la  réduit  en  troupeau  :  elle  aime  à 
s'écarter  dans  les  folitudes  ,  à  grimper  fur  les  lieux 
efcarpés  ,  à  fe  placer  &:  même  à  dormir  fur  la  pointe 
des  rochers  ôc  fur  le  bord  des  précipices.  Toute  la 
fouplefle  des  organes  ôc  tout  le  nerf  de  fon  corps  > 
fuffifent  à  peine  à  la  pétulance  &  à  la  rapidité  des 
mouvemens  qui  lui  font  naturels.  L'inconiîance  de  fon 
naturel  fe  marque  par  l'irrégularité  de  fes  avions  ; 
elle  marche ,  elle  s'arrête ,  elle  court ,  elle  bondit ,  elle 
faute  5  s'approche  ,  s'éloigne  ,  fe  montre  ,  fe  cache  ou 
fuit  comme  par  caprice  ,  &  fans  autre  caufe  détermi- 
nante que  celle  de  la  vivacité  bizarre  de  fon  fentiment 
intérieur.  Elle  eft  robufte  ,  aifée  à  nourrir  ;  prefque 
toutes  les  herbes  lui  font  bonnes ,  &  il  y  en  a  peu 
qui  l'incommodent.  Elle  n'eft  pas  fu jette  à  un  aufli 
grand  nombre  de  maladies  que  la  brebis  ;  elle  s'expofe 
volontiers  aux  rayons  les  plus  vifs  du  foleil ,  fans  que 
ion  ardeur  lui  caufe  ni  étourdiffement  ni  vertige  . 
comme  à  la  brebis.  Elle  ne  s'effraie  point  des  orages  j 
ne  s'impatiente  pas  à  la  pluiç, 


B    O    U  403 

Les  dîsvres  entrent  ordinairement  en  chaleur  aux 
mois  de  Septembre  ,  Odobre  &  Novembre  ;  elles 
cherchent  le  mâle  avec  emprelTement ,  &  s'accou- 
plent avec  ardeur  ;  elles  portent  cinq  mois  ,  &: 
mettent  bas  au  commencement  du  fixieme.  Elles 
allaitent  leurs  petits  pendant  un  mois  ou  cinq 
iemaines.  Elles  ne  commencent  à  produire  que  depuis 
Page  d'un  an  ou  dix  -  huit  mois  ,  jiifqu  a  fept  ans. 
Elles  ne  mettent  bas  ordinairement  qu'un  chevnau  , 
i^^ci//:f ,  quelquefois  deux,  très  -  rarement  trois,  & 
jamais  plus  de  quatre.  Elles  n'ont  point,  non  plus 
que^  la  brebis  ,  de  dents  incifives  à  la  mâchoire 
fupéi'ieure  :  le  nombre  des  dents  n'(t{ï  pas  conftant  dans 
les  chèvres  ;  elles  en  ont  ordinairement  moins  que  les 
i>oucs  :  elles  ont ,  ainfi  que  les  bœufs  &  les  moutons  , 
quatre  eflomacs  ,  &  elles  ruiTiinent. 

Dans  la  plupart  des  climats  chauds  on  nourrit  des 
chèvres  en  grande  quantité.  En  France  elles  périroient 
fi  on  ne  les  mettoit  à  l'abri  pendant  l'hiver.  Il  paroît 
cependant  que  celles  qui  font  habituées  au  froid  , 
pourvu  qu'il  ne  foit  pas  auffi  exceffif  qu'en  Iilande  , 
y  réfiftent  bien  ,  quoiqu'elles  ne  multiplient  pas  tant 
dans  les  pays  froids.  Lorfqu'on  conduit  les  chèvres  en 
troupeau  avec  les  moutons  ,  elles  ne  refient  pas  à  leur 
fuite ,  mais  les  précèdent  toujours. 

On  peut  commencer  à  traire  les  chèvres  quinze  jours 
après  qu'elles  ont  mis  bas  ;  elles  donnent  du  lait  en 
très-grande  quantité  pendant  quatre  à  cinq  mois  foir 
&  matin  ,  6c  même  plus  que  la  brebis.  Les  chèvres 
dont  le  corps  eif  grand  ,  la  croupe  large  ,  les  cuiffes 
fournies ,  la  démarche  légère  ,  le  poil  doux  &  touilu  , 
les  mamelles  groffes  &  les  pis  longs  ,  font  les  meil- 
leures. Elles  font  fi  familières  qu'elles  fe  laiflent  aifé^ 
ment  teter,  même  par  les  enfans  qui  les  appellent ,  &: 
pour  lefquels  leur  lait  eu  une  très-bonne  nourrituie. 
Elles  font ,  comme  les  vaches  ôc  les  hrehis  ,  fujettes  à 
être  tçtées  par  la  couleuvre^ 

Ce  X 


404  B    O     U 

L'efpece  clela  chcvrc  eft  beaucoup  plus  répandue  qu5 
celle  de  \d.Bnbis ,  &  on  trouve  des  chèvres  femblables  aux 
nôtres  dans  plufieurs  Parties  du  Monde  ;  car  ,  indépen.- 
damment  des  deux  races  fauvages  du  houqiuùn  6c  dit 
chamois  ,  on  trouve  en  Guinée  ,  à  Angoie  &c  fur  les 
autres  Côtes  d'Afrique  ^  vine  chèvre  à  laquelle  on  a 
donné  le  nom  de  bouc  de  Juda ,  &  qui  ne  diffère  dt 
la  nôtre  qu'en  ce  qu'elle  efl  plus  petite ,  plus  trapue 
&  plus  grafle.  Sa  chair  eft  aufîi  bien  meilleure  à 
manger  ,  &:  on  la  préfère  dans  le  pays  au  mouton» 
On  trouve  également  en  Afrique  une  autre  variété  ^  à 
laquelle  on  a  donné  le  nom  de  chèvre  naine ,  à  caulir 
de  fon  extrême  petiteffe. 

Les  chèvres  d'Héraclée  ,  ainfi  qu'on  .le  lit  dans  la 
Madère  médicale  ,  font  de  la  taille  de  nos  moutons  , 
&  ont  de  petites  cornes.  Leur  poil  eft  plus  blanc  qu« 
la  neige  ,  aifez  long ,  mais  plus  délié  qu'un  cheveu. 
On  ne  les  tond  pas  comme  les  brebis,  mais  on  leuE 
arrache  le  poil.  La  chair  en  efl  aufTi  délicate  que  celle 
du  mouton  ,  &  ne  fent  point  la  fauvagine  comm0 
celle  de  la  chcvre  ordinaire.  Tous  les  plus  fins .  cam^r 
lots  fi  eflimés ,  font  faits  de  la  laine  de  ces  chèvres. 

Les  chçyres  d'Angora  6c  de  Syrie  font  de  la  même 
efpece  que  les  nôtres  ,  car  elles  le  mêlent  &:  produi- 
fent  enfemble  ,  même  dans  nos  climats.  La  tête  du 
bouc  d'Angora  efl:  ornée  de  cornes  qui  s'étendent  hcr 
rizontalcment  de  chaque  côté  ,  cl  font  agréablement 
contournées  :  elles  forment  des  fpirales  à -peu -près 
comme  un  tire -bourre.  La  femelle  en  porte  aufii  , 
mais  d'une  forme  différente  ;  elles  font  com'tes  &:  fe 
recourbent  en  arrière  ,  en  bas  &  en  avant ,  de  forte 
qu'elles  aboutillent  auprès  de  l'œil  ;  fes  oreilles  font 
pendantes.  Il  y  a  eu  de  ces  chèvres  à  la  Ménagerie  du 
Roi  ;  &  on  voit  avec  plaifir  ces  animaux  peints  de  la 
maniQre  la  plus  élégante  dans  le  Recueil  de  l'HiJloirc 
Naturelle  qui  ell:  dans  le  Cabinet  des  Efîampes  à  la 
Bibliothèque  'Royale.   Ces  chèvres ,  ainii  que  prefque 


B    O    U  46f 

tous  les  anîmaiix  de  Natolie  6i  àe  Syrie  ,  ont  le  poil 
très-blanc ,  très-long  ,  très  -  fourm  ,  bien  frile  &  fi  fin 
qu'on  en  fait  des  étof^s  aulTi  belles  6c  aufii  liiRrées 
que  nos  étoiles  de  foie.  C'efl  de  ce  poil  précieux  qu'on 
fait  le  beau  camelot  de  Bruxelles.  D'après  ce  qu'on 
orient  de  dire ,  il  paroît  que  les  chèvres  d'Héraclée  fe 
rapprochent  beaucoup  des  chèvres  d'Angora  ou  Angouri 
X  Angora  eft  l'ancienne  Ancyre  dans  l'Afie  mineure  , 
aujourd'hui  Natolie.  Le  climat  a  fans  doute  la  propriété 
de  rendre  le  poil  des  animaux  plus  doux  &  pîus  long. 
Ceft  de  là  que  viennent  les  chats  d'Angora  ,  que  nos 
Dames  appellent  angola  ,  parce  que  le  nom  eft  plus 
doux  à  prononcer  :  ce  qui  a  induit  quelques  Natura- 
lises en  erreur.  Angola  efl  un  grand  pays  d'Afrique 
dans  le  Congo  ;  il  n'en  vient  point  de  chats.  ) 

Dans  le  même  pays  ,  en  Syrie  ,  aufîi  bien  qu'en 
Egyp'te  ce  aux  Indes  Orientales ,  on  trouve  la  chèvre 
mamhrine  ou  chèvre  du  Levant  à  longues  oreilles  pen- 
dantes ;  cette  chèvre  qui  n'efl:  qu'une  variété  de  celle 
d'Angora  ,  donne  beaucoup  plus  de  lait  ;  il  eft  d'affez 
bon  goût  ,  &  les  Orientaux  le  préfèrent  à  celui  de 
la  vache  6i  du  buffle.  Le  fromage  qu'on  en  fait  eft 
auiîi  meilleur  ;  elle  porte  ordinairement  deux  che- 
vreaux. Son  poil  eil  très-fin  6c  bien  fourni. 

Ce  font  les  chèvres  de  Barbarie  ,  de  l'Afie  mineiu-e 
&  des  Indes ,  qui  fournirent  la  plus  grande  quantité  de 
ce  beau  poil  de  chèvre  ,  arec  lequel  on  fait  des  étoffes. 
Cette  marchandife  efl  fujette  à  être  altérée  frauduleu- 
fement  par  le  mélange  de  la  laine  avec  le  fil  de  chèvre. 

En  Provence  il  y  a  une  petite  efpece  de  chèvre  à 
poil  gris ,  &  dont  les  chevreaux  s'appellent  béfons. 

La  chèvre  commune  en  Europe ,  le  chamois  ^  le  boîi^ 
quetin  ,  ne  font  point  originaires  en  Amérique  ;  ils  y 
ont  été  trànfportés  d'Europe.  Ils  çnt  y  ainfi  que  la 
brebis",  dégénéré  dans  cette  terre  nouvelle  ;  ils  y  font 
d^evenus  plus  petits  ;  la  laine  des  brebis  s'efl  changée 
lEn  wn  poil  rude ,  comme  celui  de  la  chèvre^  Dans  les 

Ce    î 


^40(J  B    O    U 

premiers  temps ,  lorfque  les  Espagnols  tranfporteferît' 
les  chèvres  au  Pérou  ,  elles  y  furent  d'abord  fi  rares 
qu'elles  s'y  vendoient  d'abord  jufqu'à  cent  dix  ducats 
pièce  ;  mais  elles  s'y  multiplièrent  enfuite  fi.  prodi- 
gieulement ,  qu'elles  le  donnoient  prefque  pour  rien  , 
6l  que  Ton  n'eflîmoit  que  la  peau  ;  elles  y  produifent 
trois  ,  quatre  &  jufqu'à  cinq  chevreaux  d'une  feuls 
portée ,  tandis  qu'en  Europe  elles  n'en  portent  Qu'un 
ou  deux.  Les  grandes  &  les  petites  Ifles  de  rAméricaie 
font  auiîi  peuplées  de  chèvres  que  les  Terres  à.\\  Conti- 
nent ;  les  Elpagnols  en  ont  porté  jufque  dans  les 
Ifles  de  la  mer  du  Sud  ;  ils  en  avoient  peuplé  Vljle  di 
Juan  Fernandcs  ,  oii  elles  avoient  extrêmement  mul- 
tiplié ;  mais  comme  c'^toit  un  fecours  pour  les  Flibuf- 
tiers  ,  qui  dans  la  fuite  coururent  ces  mers ,  les  Efpa- 
gnols  réfolurent  de  détruire  les  chèvres  dans  cette  Ifle , 
oc  pour  cela  ils  3^  lâchèrent  des  chiens  ,  qui ,  s'y 
étant  multipliés  à  leur  tour  ,  dclruifirent  les  chèvres 
dans  toiUes  les  parties  acceiîibles  de  l'Ilfle  .;  &  ces 
chiens  y  font  devenus  (i  féroces  qu'aciuellemcnt  ils 
attaquent  les  hommes. 

On  trouve  dans  le  nouveau  Continent ,  i  .^  le  capri- 
corne ,  qui  n'eft  qu'un  bouquetin  dégénéré  ;  1.^  une 
petite  chèvre  à  cornes  droites  ,  recourbées  en  arrière 
au  fommet ,  &  à  poil  court ,  qui  ne  parok  être  qu'un 
chamois  d'Europe  aufii  dégénéré  &  devenu  plus  petit 
en  Amérique  ;  3  .^  une  autre  petite  chèvre  à  cornes  tj-cs* 
courtes^  très-rabattues  ,  prefque  appliquées  fur  le  crâne, 
&  qui  a  le  poil  long.  Cette  petite  chcyre  ,  qui  tire  fon 
origine  de  celle  d'Afrique  ,  produit  avec  le  petit  cha-- 
mois  d'Amérique  dont   nous  venons  de  parler. 

Les  Hifloriens  Nomenclateurs  ,  féduits  par  quelques 
caractères  équivoques  ,  ont  fait  de  ces  variétés  autant 
d'efpeces  différentes  ;  mais  après  les  avoir  confidérées 
une  <i  une  ^i  relativement  entre  elles  ,  il  paroît  que 
de  ces  dix  efpeces  dont  ils  parlent ,  l'on  n'en  doit  faire 
qu'une  :  d'abord ,  i ,°  le  bouquetin  ou  bouc  fauvagc  efl 


B     O     U  407 

la  tige  Se  la  fouche  principale  de  l'efpece  ;  2.^  le  nt- 
prlcorm  n'eil qu'un  botcquetinhàtarà^  ou  plutôt  dégénéré 
par  l'influence  du  climat  ;  3  .'^  le  bouc  domefùqui  tire 
Ion  origine  du  bouquetin  ;  4.°  le  charnels  femble  n'être 
qu'une  variété  dans  l'efpece  fauvage  de  la  cJuvr-z  ,  avec 
laquelle  il  doit  ,  comme  le  bouquetin  ,  fe  mêler  & 
produire  ;  5  .*^  la  pttlte  chèvre  à  cornes  droites  t<,  re- 
courbées à  la  pointe  ,  n'eil:  que  le  chamois  d'Europe 
devenu  plus  petit  en  Amérique  ;  6.^  l'autre  petite  chèvre 
à  cornes  rabattues ,  &  qui  produit  avec  ce  petit  chamois 
d'Amérique  ,  efl  de  la  même  race  que  le  bouc  d'Afrique  ; 
7.^  la  chsvre  naine ,  qui  probablement  eft  la  femelle  du 
houe  d'Afrique ,  n'eft ,  aufli  bien  que  fon  mâle  ,  qu'une 
variété  de  l'efpece  commune  ;  8.°  il  en  eft  de  même 
de  la  chèvre  &  du  bouc  de  Juda  ,  &  ce  ne  font  auffi 
que  des  variétés  de  notre  chèvre  domeflique  ;  9.*^  la 
chèvre  d'Angora  efl  encore  de  la  même  efpece  ,  puif- 
qu'elle  produit  avec  nos  chèvres  ;  10.^  la  chèvre  mam- 
brine  à  très-grandes  oreilles  pendantes ,  eit  une  variété 
dans  la  race  des  chèvres  d'Angora  :  ainfi  ces  dix  ani- 
maux n'en  font  qu'un  pour  l'efpece  ;  ce  font  feule- 
ment dix  races  différentes  ,  produites  par  l'influence 
du  clim.at.  Au  refle  ,  de  l'union  de  la  brebis  &c  du 
bouc  ,  on  obtient  aifément  des  métis ,  qui  ne  différent 
guère  des  agneaux  que  par  la  toifon ,  qui ,  au  lieu 
d'être  de  laine  ,  efl  de  crin  ;  ces  individus  dont  on 
a  vu  naître  les  premiers  dans  nos  Ifles ,  y  font  appelés 
chabms. 

La  chèvre  eft  un  animal  pour  le  moins  aufîi  utile  que 
la  brebis  ;  aufti  M.  de  Buffon  dit-il  que  l'on  peut  re- 
garder en  quelque  forte  la  chèvre  ainfi  que  l'âne  , 
comme  des  efpeces  auxiliaires  qui  pourroient  à  bien 
des  égards  remplacer  la  brebis  &  le  cheval ,  &  nous 
fervir  aux  mêmes  ufages  dans  le  cas  où  ces  deux  pré- 
cieufes  efpeces  viendroient  à  nous  manquer.  Ces  ef- 
peces auxiliaires  font  même  plus  agreftes  ,  plus  robuftes 
que  les  efpeces  principales, 

pc  4 


4oS  B    O    U 

Que  de  rîcheiTes  ne  retirons -nous  pas  de  ces  anî- 
rnaux  domelliques  !  La  chèvre  nous  donne  du  fuif  err 
quantité  ,  ÔC  un  lait  qui  tient  le  milieu  entre  le  lait 
de  vache  &  le  lait  d'âneiTe  ;  &  ce  lait  efl:  moins  épais 
que  le  premier ,  &   moins  féreux  que  le  fécond  ;  ce 
qui  le  rend    très-propre  aux  temperamens  pour  lef- 
quels   le  lait  de  vache  feroit  trop  pefant  ^  &  celui 
d'âneffe   trop  aqueux.    Son  ufage   eft  très -propre  à 
3-établir  les  enfans  en  chartre  ,  &  à  donner  de  l'em- 
bonpoint  aux   perfonnes    qui    feroient    extrêmement 
rnaigres  fans  en  être  incommodées.  Le  lait  de  la  chcvrc 
a  une  petite  qualité  aftringente  ,  parce  que  cet  animal 
fe  plaît  à  brouter  les  bourgeons  des  chênes  &  autres 
plantes   aftringentes ,  ce  qui   communique  à  fon  lait 
cette  propriété  ;  auffi  eft-il  utile  dans  les  maladies  con- 
fomptives  ,  accompagnées  de  cours  de  ventre  féreux. 
Ces  propriétés  des  plantes  dont  l'animal  fe  nourrit  , 
fe  communiquent  tellement  au  lait  malgré  tous  les 
couloirs  &:  tous  les  filtres  au  travers  defquels  il  paffe , 
que  le  lait  d'une  chèvre  à   qui  l'on  a  donné  des  pur- 
gatifs ,  avalé  par  une  nourrice  ,  purge  doucement  6c 
fuffifamment  l'enfant  qu'elle  allaite.  Il  efl:  donc  effen- 
tiei  5  lorfqu'on  boit  le  lait  d'une  chèvre^  d'avoir  atten-^ 
tion  à  ne  lui  faire  brouter  que  des  herbes  dont  les  fucs 
foient  bénins  &  modérés  ;  car  elles  foTit  friandes  des 
tithymaks  \  dont  le  fuc  efl  acre  ÔC  cauftique.  On  fait 
avec  le  lait  de  cluvrc  des  fromages  excellens  :  ce  lait 
fe  caille  aifément. 

Le  houe  réformé  du  troupeau  eft  mis  à  l'engrais 
avec  les  vieilles  chèvres  Se  les  jeunes  chevreaux  mâles, 
que  l'on  coupe  à  l'âge  de  fix  mois  ,  afin  de  rendre 
leur  chair  plus  fucculente.  La  chair  du  bmic  eft  encore 
moins  bonne  que  celle  de  la  chèvre  ,  quoique  l'odeur 
forte  de  cet  animal  ne  vienne  pas  de  fa  chair ,  mais  de 
fa  peau. 

La  barbe  du  houe  croît  d'une  (i  grande  longueur , 
igu'on  s'en  fert  pour  faire  des  perruques  en  la  mêlant 


B    O    U  409 

avec  des  cheveux'.  Les  Chandeliers  font  un  grand  ulage 
du  fuif  de  cet  animal  :  cette  efpece  de  graiffe  paffe  pour 
un  excellent  émoUient.  On  prépare  les  peaux  de  bouc 
&  de  cLvre  de  différentes  manières  :  on  les  rend  auflî 
douces  6c  aufîi  moëlleules  que  celles  du  daim  ,  6c  elles 
font  d'une  aufTi  bonne  qualité  ,  &  meilleures  que  celles 
du  mouton.  On  les  prépare  auiîi  en  chamois ,  en  mé- 
gie &  en  marroquin  rouge  &  noir.  Le  plus  beau  &c 
le  meilleur  marroquin  rouge  vient  du  Levant  :  on  le 
rougit  avec  de  la  laque  6c  autres  drogues  :  on  le 
paiie  en  fumac  ou  en  galle  ,  &  à  l'alun.  Le  plus 
beau  m.arroquin  noir  vient  de  Barbarie.  Ces  marro- 
quins  font  d'autant  meilleurs ,  qu'ils  font  plus  hauts 
en  couleur  5  d'un  beau  grain  ,  doux  au  toucher,  6c 
qu'ils  n'ont  point  d'odeur  défagféable.  On  prépare 
aufîi  des  marroquins  dans  plufieurs  villes  de  France 
ôc  d'Eipagne  ;  mais  ils  n  ont  ni  la  bonté  ni  la  durée  des 
précédens. 

On  dit  que  le  houe  s'accouple  volontiers  avec  la 
hrchis  ,  6c  le  bélier  avec  la  chèvre ,  6c  que  ces  accou- 
plemens  font  quelquefois  prolifiques  ;  cependant  on 
ne  voit  point  que  le  produit  en  foit  bien  connu  :  nous 
fomnies  un  peu  mieux  informés  des  Jumars^  c'eft-à-dire 
du  produit  de  la  vache  6z  de  l'âne  ,  ou  de  la  jument  6c 
du  taureau.  Foye^  JuMAR.  Les  Latins  expriment  par 
le  mot  caper  ,  le  bouc  châtré.  Hcedus  fignifîe  le  jeune 
houe  ^  6c  eapella  la  petite  chèvre  cj.i  chevrette. 

Bouc.  Nom  du  mâle  de  la  Mendole  (poiiTon); 
Foyti  ce  mot. 

Bouc  Damoiseau.  M.  Vofmdér  a  donné  ,  il  y. 
a  quelques  années  ,  l'hifloire  naturelle  de  ce  joli 
petit  quadrupède  ruminant  &  originaire  de  Guinée* 
il  eft  connu  chez  la  plupart  des  Naturaliftes  fous  le 
nom  de  chèvre  de  Grïmm  ,  parce  que  Grïmm  ell  le 
premier  qui  en  ait  fait  mention.  C'eft  la  Gr'miia  de 
Linnceus  ;  la  Capra  fylvejlris  Afrlcana.  Grimiï  de  Ray  ; 
k  Capra  nicîitans  de  M.  P allas  ;  M.  Brijfon  le  nomme 


410  B    O    U 

chcvrot'in  d'' Afrique^  Tragulus  J/ricanus ,  page  97  ,  n.^  4^ 
M.  Fofmaér  l'a  appelé  bouc  damolfiau  ,  à  caufe  de  la 
grapxde  délicatefTe  de  cet  animal.  Il  a  la  grandeur  d  un 
faon  de  daim  ou  d'un  chevreau  de  deux  mois  ;  fes 
membres  font  bien  proportionnés  ,  &  fes  jambes  , 
quoique  minces  &:  grêles ,  très-bien  afforties  au  corps. 
A  la  courfe  cet  animal  ne  le  cède  à  aucun  de  fon 
elpece.  Sa  tête  eft  belle  &  reffemble  affez  à  celle  d'un 
chevreuil.  Les  narines  ont  la  forme  de  croiiTans  alon- 
gés  ;  les  bords  du  mufeau  font  noirs  ;  la  lèvre  fupé- 
rieiîre ,  fans  être  fendue ,  fe  divife  en  deux  lobes  ;  le 
menton  a  peu  de  poil ,  mais  plus  haut  on  leur  voit  de 
chaque  côté  une  efpece  de  petite  mouflache ,  &  fous 
le  gofier  une  verrue  garnie  de  poils.  La  langue  efl 
arrondie. 

Les  cornes  font  droites,  pyramidales,  noires ,  finement 
fillonnées ,  c'efl-à-dire  flriées  longiîudinalement  comme 
celles  des  gazelles ,  &  longues  d'environ  trois  ou  quatre 
pouces ,  ornées  en  leur  bafe  de  trois  à  quatre  anneaux , 
&  en  même  temps  dirigées  horizontalement  en  arrière  ; 
Li  pointe  en  eil:  aiguë  &  lifîe.  Les  poils  du  front  font  un 
peu  plus  longs  que  les  autres ,  rudes ,  gris ,  hériffés  à 
l'origine  des  cornes  entre  lefquelles  le  poil  fe  redreffe 
encore  davantage,  &:  y  forme  une  efj^ece  de  bouquet  ou 
de  toupet  pointu  &  noir,  d'où  defcend  une  bande  de 
poil  de  même  couleur  qui  vient  le  perdre  dans  le  nez 
également  noir. 

Les  oreilles  font  grandes ,  &  ont  en  dehors  trois  ca- 
vités qui  fe  dirigent  du  haut  en  bas.  Les  yeux  font  vifs , 
pleins  de  feu,  aile z  grands  &  d'un  brun  foncé.  Le  poil 
des  paupières  eli  noir,  long  ôc  ferré.  Des  deux  côtés , 
entre  les  yeux  &  le  nez ,  ou  au  deffous  de  chaque  œil|, 
fe  montre  une  énorme  cavité  nue  &  noii'e  :  elle  a  une 
propriété  remarquable  &  finguliere;  cet  enfoncement, 
qui  fait  d'abord  reconnoître  cet  animal ,  efl  fi  grand  dans 
la  mâchoire  fupérieure ,  qu'il  ne  laiffe  qu'une  lame  d'os 
très-mince  contre  la  doifon  du  nez.  Vers  le  milieu  de 


B     O    U  411 

cette  cavîté,  qui  eft  comme  cal!  eufe  &  toujours  humide, 
découle  une  petite  quantité  d'une  liqueur  gralTe ,  vif- 
queufe,  jaunâtre,  qui  avec  le  temps  fe  durcit  (k  devient 
noire ,  6c  dont  l'odeur  participe  de  celle  du  caftoreum 
&c  du  mufc,  L'?.nimal  lémble  lé  débarraffer  de  temps  à 
autre  de  cette  matière  excrémentitielle ,  car  on  la  trouve 
comme  collée  aux  bâtons  de  fa  loge. 

Le  cou  ell  peu  long ,  couvert  par  le  bas  d'un  poil 
affez  roide ,  d'un  gris-jaunâtre ,  tel  que  celui  de  la  tête, 
mais  blanc  au  gofier,  gris  au  ventre  6z  blanchâtre  vers 
les  cuifies.  Le  poil  du  corps  elt  noir  6c  roi  Je,  quoique 
doux  au  toucher.  Les  jambes  font  noirâtres  près  des 
fabots.  Les  genoux  font  ornés  d'une  raie  noi^'e.  C'eft  la 
même  couleur  des  fabots  ,  qui  font  pointus  &  lifles.  La 
queue  efl  fort  courte ,  blanche  en  delîiis ,  marquée  d  une 
bande  noire.  Les  parties  de  la  génération  font  fortes  ; 
le  J'croturn  ell  gros  ,  noir  ,  pendant  entre  les  jambes  ; 
le  prépuce  tfl  ample.  La  femelle  du  bouc  damoifeau  ne 
porte  point  de  cornes  ;  mais ,  fuivant  le  témoignage  de 
Gr'nnm ,  elle  a  fur  la  tête  une  touffe  de  poils  droits. 

L'efpece  du  bouc  damoifeau  fe  trouve  aux  environs 
du  Cap  de  Bonne-Efperance ,  oii  on  lui  donne  le  nom 
de  chcv replongeante^  parce  qu'elle  fe  tient  toujours  parmi 
les  broulfailles,  ôc,  dès  qu'elle  apperçoit  un  homme ,  elle 
s'élève  par  un  faut  pour  découvrir  fa  pofition  &  fes 
mouvemens ,  après  quoi  elle  replonge  dans  les  brouf- 
failles ,  s'enfuit ,  &  de  temps  en  temps  reparoît  pour 
reconnoître  fi  elle  ell  pourfuivie. 

Ces  animaux  font  d'un  naturel  fort  timide;  le  moindre 
mouvement,  &:  fur-tout  le  tonnerre,  Içs  elfraie.  Si  on 
les  pourfuit ,  ils  donnent  à  connoître  leur  épouvante  , 
en  foufflant  du  nez  fubitement  &  avec  force.  Cependant 
ils  s'apprivoifent  peu-à-peu.  Quand  on  les  appelle  par 
leur  nom  du  pays ,  tetje  (  qui  dérive  de  tcttïg ,  c'ell-à- 
dire  nu  ou  propre  ) ,  ils  fe  laiflent  volontiers  gratter  la 
tête  &  le  cou.  Ils  aiment  effedivement  la  propreté;  auffi 
ne  leur  voit-on  jamais  la  moindre  ordure  fur  le  corps  ; 


4^i  B    0    U 

ils  fe  grattent  fouvent  à  cet  effet  de  l'un  de  leurs  pieds 
de  derrière.  La  taille  fvelte ,  les  jambes  minces ,  &c. 
dénotent  dans  ces  animaux  une  agilité  extraordinaire  ; 
fouvent  ils  tiennent  une  de  leurs  jambes  antérieures  éle- 
vée &c  recourbée,  comme  s'ils  étoient  prêts  à  courir, 
te  qui  leur  donne  un  air  agréable  ;  ils  s'élèvent  avec 
grâce  fur  leurs  pieds  poftérieurs  pour  prendre  les  alimens 
^u'on  leur  préfente. 

Bouc  DE  Hongrie  ou  Saïga.  Efpece  moyenne 
€ntre  les  chèvres  &  les  gazelles.  Foyc^  Saïga. 

Bouc  DE  JuDA.  Variété  dans  l'efpece  de  la  chèvre. 
F'^ojei  à  Partidc  BouC. 

Bouc  Sauvage,  Bouc-Estain,  ou  Boug-Stein; 
on  Bouquetin  ,   ou  Bouc   des  Rochers  ,  Hircus 
fylvejlris  aia  Ibcx,  C'efl  le  bouc  fauvage  qui  habite  Jes 
Alpes  de  la  Suiffe  &  de  la  Savoie ,  fur-tout  près  des 
Placiers,  On  le  rencontre  aufTi  dans  les  Pyrénées ,  dans 
les  montagnes  de  la  Grèce  &  celles  des  ïfles  de  l'Archipel. 
Ce  bouc  reffemble  entièrement  &  exadement  au  bouc 
domefliquç  par  la  conformation ,  l'organifation ,  le  natu- 
rel 6c  les  habitudes  phyilques  ;  11  n'en  difîere  que  par 
deux  différences  ;  l'une  à  l'extérieur ,  &c  l'autre  à  l'inté- 
rieur. Le  bouquetin  furpaffe  en  grandeur  le  bouc  domef- 
tique ,  décrit  fous  le  feul  nom  de  bouc.  Ses  cornes  font 
bien  plus  grandes,  ayant  jufqu'à  trois  pieds  de  longueur  , 
brunes ,  noirâtres ,  larges  à  leur  bafe ,  un  peu  recour- 
bées en  arc  fur  le  dos,  très-fortes,  ayant  deux  arêtes 
longitudinales  (celles  du  bouc  commun  n'en  ont  qu'une  )  ^ 
marquées  au  deffus  de  toute  leur  longueur  par  des  émi-^ 
nences  qui  font  autant  de  gros  nœuds  ou  tubercules 
tranfverfaux ,  lefquels  Indiquent  les  années  de  l'accroif- 
fement;  leur  nombre  ordinaire  pour  un  bouquetin  qui 
a  pris  tout  fon  accroiffement ,  eft  de  vingt;  alors  le  poids 
des  deux  cornes  eft  de  i6  à  20  livres.  (Celles  du  bouc 
com-mun  ne  font  marquées  qwe  par  des  llries  au  lieu  de 
tubercules).  Les  cornes  de  la  femelle  font  très-diffé- 
rentes de  celles  du  mâle;  la  rate  eft  ovale  U,  faite 


B    O    U  413 

comme  celle  des  animaux  fauvages  réputés  les  meilleurs 
coureurs.  Ses  jambes  font  menues;  fon  poil  efl:  de  cou- 
leur fauve,  ainfi  que  fa  barbe  qui  eft  très-longue;  its 
yeux  font  grands  6c  pleins  de  feu. 

Les  bouquetins  vont  par  petits  troupeaux  de  douze  ou 
qumze  ;  ils  font  fi  légers  à  la  courfe  qu'ils  égalent  le 
cerf  en  vitefle  ;  ils  fautent  plus  légèrement  que  le  cher 
vreuil  ;  ils  font  plus  agiles ,  &:  plus  forts  que  le  bouc 
<lomeil:ique  ;  ils  franchiifent  les  précipices  en  bondiffant 
cle  rochers  en  rochers  les  plus  efçarpés.  S'il  leur  arrive 
en  fautant  de  fe  précipiter ,  ils  tombent  fur  leurs  cor- 
nes &  ne  fe  font  aucun  mal.  Lorfqu'on  chafTe  ces  ani- 
maux fur  les  montagnes  couvertes  de  neige  (  car  ils  ne  fe 
trouvent  point  en  plaine  ) ,  &:  qu'ils  font  au  large ,  ils 
fe  ruent  fur  les  Chafleurs,  les  frappent  d'un  coup  de  tête , 
te  les  renvcrfent  fouvent  dans  le  précipice  voifin.  Mais 
lors ,  dit-on ,  qu'ils  n'ont  pas  aiVez  d'efpace  pour  fe 
tourner ,  ils  perdent  courage  6c  fe  laiiTent  prendre. 

Le  bouquetin  comme  le  chamois^  ell  couvert  d'une 
peau  ferme ,  mais  moins  folide ,  &  vêtu  en  hiver  d'une 
double  fourrure ,  d'un  poil  extérieur  aflez  rude ,  &  d'un 
poil  intérieur  plus  fin  &  plus  fourni.  Tous  deux  ont 
aufli  une  raie  noire  fur  le  dos ,  &:  fe  frayent  des  chemins 
dans  les  neiges.  Enfin  quelques-uns  croient  qu'il  y  a 
identité  d'efpece  entre  ces  deux  animaux  ;  que  le  hou-- 
quaïn  efl  la  tige  mâle ,  &  le  chamois  la  tige  femelle  de 
i'efpece  des  chèvres  :  on  a  eu  tort  de  dire  que  les 
cornes  du  bouquetin  femelle  reffernblent  à  celles  du 
chamois.  En  été,  l'un  6c  l'autre  demeurent  au  Nord 
de  leurs  montagnes;  en  hiver,  ils  cherchent  la  face  du 
Midi ,  &c  defcendent  des  fommets  jufque  dans  les  val- 
lons. Mais  la  femelle  du  chamois  a  quatre  mamelles  , 
&  porte  deux  petits  ;  celle  du  bouquetin  n'a  que  deux 
mamelles  &  ne  porte  qu'un  petit.  Le  bouquetin  a  une 
très-longue  barbe  ;  le  chamois^  dit  M,  Girtanner^  n'en 
a  point,  &  cet  Obfervateur  prétend  que  le  bouquetin 
ne  produit  ni  avec  le  chamois  ni  avec  la  chcvre  domel's 


4T4  B     O     U 

tique.  M,Berthout  van  Berchcn  a  cependant  vii  &  décrit 
^e  petits  chevreaux  appartenans  au  Gouverneur  d'A'gle, 
&  iiîus  de  différentes  chèvres  qui  avoient  été  fécondées 
par  un  bouquetin  apprivoifé.  La  femelle  du  bouquetin 
s'appelle  Etagm. 

Les  Payfans  de  SuiiTe  fe  fervent  dans  leurs  maladies 
du  fang  de  bouquetin  comme  d'un  excellent  fudorifique  ; 
ils  font  même  fécher  de  ce  fang^  le  mettent  dans  des 
veiTies  &;  le  vendent  affez  cher.  Ce  fang  ell  d'autant 
plus  aclif ,  que  l'animal  s'ell  nourri  de  plantes  abon- 
dantes en  parties  volatiles.  On  en  faifoit  autrefois  plus 
d'ufage  dans  le  traitement  des  pleuréfies  ;  mais  aujour- 
d'hui il  n'eil  guère  employé  que  par  les  gens  de  la  cam- 
pagne qui  craignent  les  faignces,  àl  auxquels  il  réuiîit 
très-bien. 

Le  Quadrupède  ,  connu  fous  le  nom  de  capricorne , 
n'eil  qu'une  variété  du  bouquetin  ,  un  bouquztin  bâtard  y 
ou  dégénéré  par  l'influence  du  climat. 

On  trouve  dans  les  boucs  fauvages ,  'lorfqu'ils  com- 
mencent à  vieillir  ,  une  efpece  de  bé^oard  ;  on  dit  que 
fi  l'on  n'a  pas  foin  de  le  retirer  des  que  l'animal  eil 
tué  ,  il  difparoît  par  une  prompte  diflolutlon.  Quoique 
ce  bi:^oard  foit  fort  mou  lorfqu'on  le  retire,  il  acquiert 
à  l'air  une  grande  dureté.    Foye^  BÉZOARD. 

BOUCAGE  5  BoucQUETiNE,  Persil  de  Bouc, 

ou  PixMPRENELLE  SAXIFRAGE  &  BLANCHE  ,  TragG- 
felinum  nzajus  ^  umbellâ  candidd  ^  Tourn.  Infl.  309  , 
Pimpinella  faxifra^a  ^  inajcr ,  umbdld  candidd  ^  C.  B. 
Pin.  159;  Saxifi-agia  hircina  ,  major  ,  J.  B.  3, 
part.  2  ,  III.  C'efl  une  plante  qui  pouffe  d'une  racine 
fufiforme  ,  blanche  ,  acre  &  arom.atique ,  une  tige 
ffriée ,  rameufe  &  qui  s'élève  à  là  hauteur  de  deux 
à  trois  pieds.  Ses  feuilles  font  dentées  ;  les  unes  font 
radicales ,  attachées  par  des  pétioles  le  long  d'une  côte, 
ovales  ,  arrondies  &  trilobées  ;  celles  qui  tiennent  im- 
médiatement à  la  tige ,  font  compofées  de  trois  folioles  ; 
les  feuilles  fupérieurçs  dç  la  tige  font  ailées  de  cinq 

i 


B    O    U  415 

à  neuf  folioles  ;  l'impaire  eft  à  trois  Icbes.  Les  fleurs 
font  blanches ,  en  ombelles ,  nues  ou  fans  fraife  ,  aii"- 
pofées  en  fleurs  de  lis.  A  ces  fleurs  fuc cèdent  des 
îemences  jointes  deux  à  deux,  planes  d'un  côté  èc 
convexes  de   l'autre,  avec  trois  ftries  faillantes. 

Il  y  en  a  plulieurs  efpeces  qui  font  apéritives ,  dé- 
terfives  ,  vulnéraires  &  fudorifîques.  On  diflingue  une 
grande  efpece  de  boucagc  à  ombelle  rougeâtre ,  Trago- 
fdinum  majus ,  umhdlâ  ruhente ,  J.  R.  Herb.  On  trouve 
fur  les  peloufes  la  petite  efpece  de  boucagc ,  Trag-fi- 
linum  minus  y  Towxn,  Infl.  309;  PimphuLla  faxifragci 
minor^  C.  B.  Pin.  160,  Linn.  378.  La  grande  boucagc 
fe  trouve  dans  les  prés;  l'ime  6c  l'autre  font  vivaces 
par  la  racine. 

Lémery  dit  que  l'on  trouve  en  certains  lieux  fur  les 
racines  de  la  grande  efpece  de  boucagCy  des  grains 
rouges  qu'on  a  nommés  cochenille  fylvcjlre  ou  ccchmilh 
de  graine^  mais  improprement.  Voye:^  Cochenille. 
M.  Haller  obferve  qu'il  y  a  une  efpece  de  tragofdinum. 
dans  le  Brandebourg,  qui  eft  remplie  d'un  fuc  bleu, 
L'efpece  commune  étoit  avec  la  mille-feuille  ,  la  plante 
favorite  de  Stakl;  il  en  tiroit  une  teinture  vulnéraire 
&  incifive,  dont  il  fe  fervoit  quand  il  falloit  ranimer 
l'eftomac  &  le  ton  des  fibres. 

M.  de  la  Marck  dil|ingue  encore  dans  ce  genre  de  plantes 
à  fleurs  en  ombelles,  ians  collerette  :  La  bcucage  à  fruits 
velus ,  du  Dauphiné  ;  la  boucagc  annuelle ,  d'Italie  ;  la 
boucagc  à  feuilles  laciniées,  du  Levant;  la  boucage  à 
fruits  fuaves ,  c^^A  l'anis  ordinaire  ;  la  boucagt  à  feuilles 
d'angélique ,  c'efi  la  petite  angélique  fauvage  ;  la  boucags 
fourchue,  d'Efpagne  ;  la  boucage  dioïque;  il  y  a  Aqs  indi- 
vidus mâles ,  &  d'autres  qui  font  hermaphrodites.  Cette 
efpece  croît  dans  l'Autriche ,  la  Suiffe  &  la  Provence. 

BOUCARDE.  Coquille  bivalve  appelée  cœur  de, 
hœuf.  Voyez  ce  mot, 

BOUCHARI.  En  Bourgogne  ,  c'ei];  la  pie  -  grieçhc 


4i«  B    O    U 

BOUCHE  ,  Os ,  ricius,  C'eft  cette  partie  de  îa  tête 
qui  efl  campofée  des  lèvres^  des  gencives  &  des  dents, 
dfii  dedans  des  joues  &  du  palais  :  toutes  ces  parties  , 
excepté  les  dents,  font  tapiffées  d'une  tunique  glan- 
duleufe  qui  fe  continue  fur  toute  la  furface  interne 
des  joues.  Les  glandes  de  cette  tunique  féparent  une 
forte  de  falive  qui  fert  à  entretenir  dans  la  boucIiQ 
l'humidité  &:  la  fouplefTe. 

M.  Dirham  obferve  que  dans  les  animaux  zoophages 
la  bouche  ou  giimk  efl:  large  &  taillée  profondément , 
pour  brifer  plus  aifément  une  nourriture  dure ,  d'un 
gros  volume  &  qui  réfifle.  Dans  ceux  qui  vivent  d'her- 
bes ^  elle  efl  taillée  moins  avant  &  étroite.  Celle  des 
infedes  efl  très-remarquable  :  dans  les  uns  elle  eil  en 
forme  de  pinces  pour  faiiir ,  tenir  &  déchirer  la  proie: 
daris  d'autres  elle  efl  garnie  de  mâchoires  &  de  dents 
pour  ronger  &  arracher  la  nourriture  ,  &  pour  traîner 
des  fardeaux  :  dans  quelques-uns  elle  efl  pointue  pour 
percer  &  bleffer  certains  animaux  &  fucer  leur  fang , 
ou  pour  perforer  la  terre  &;  même  le  bois  le  plus  dur, 
&  jufques  aux  pierres  même ,  afin  d'y  pratiquer  des 
.retraites  &  des  nids  pour  les  petits.  La  bouche  ou  bec 
4es  oifi^aux  n'eu  pas  moins  remarquable  ,  étant  fait 
en  pointe  pour  fendre  l'air  ,.  ôcc.  Voyc^^  ce  qui  m  efl  dit  ' 
au  mot  Bec.  jM;- 

Bouche  d'Eole.  Nom-  donne^ar  les  Italiens  à 
des  crevaiTes  ou  petites  cavernes  ouvertes  par  la  Na- 
ture dans  le  flanc  d'une  montagne  qui  eft  à  Ceii ,  petite 
ville  fituée  à  cinq  à  fix  milles  au  Nord  de  Terni.  De 
ces  ouvertures  fameufes  &  appelées  par  les  Italiens  ,  . 
Bocche  dû  vend ,  fortent  des  vents  ,  qui  font  d'autant 
plus  forts  &:  d'autant  plus  froids  que  la  chaleur  de 
i'air  extérieur  efl  plus  grande  ;  on  dit  qu'en  hiver  elles 
afpirent  &:  pompent  l'air  extérieur  &  le  réchauffent 
en  même-temps.  Les  Habitans  de  Cefi  favent  tirer  un 
très-grand  parti  de  ces  vents  :  ils  bâtifîent  leurs  caves 
H  l'eriîréç  des  foupiraux  dont  ik  fortent.  Les  vins  s'y 

confervent 


B    O    U        ^  417 

confervent  des  fiecles ,  &  les  fruits ,  même  ceux  d'été  , 
y  refirent  pendant  très  -long  -  temps  à  la  pourriture. 
Ils  conduifent  par  des  tuyaiLx  cet  air  frais  jufque  dans 
leurs  appartemens  &  les  rafraîchiffent  plus  ou  moins  k 
leur  gré  ,  en  ouvrant  plus  ou  moins  les  robinets  placés 
à  l'extrémité  de  ces  tuyaux.  Il  y  en  a  même  qui  ont 
poiuïé  la  recherche  jufqu'à  conduire  cet  air  frais  fous 
la  bouteille  de  vin  qu'ils  boivent  à  leur  table. 

BOUCLÉ  (le),  Brucus,  Nom  que  iM.  BrouJJoneû 
a  donné  à  un  chien  de  mer ,  de  la  feÔion  de  ceux  qui 
ayant  les  trous  des  tempes ,  n^ont  point  de  nageoire  der^. 
riere  l'anus. 

Le  bouclé  fe  trouve  dans  l'Océan  ;  M.  BrouJJona  l'a 
décrit   d'après    un   individu   femelle    qui   fe    voit    ait 
Cabinet  du  Roi  :  il  eft  long  d'environ  quatre  pieds  ; 
fa  peau  eft  HiTe  &  recouverte  ,  même  fur  la  partie 
fupérieure    des    nageoires   ,    de    tubercules    à    bafe 
large  &  ronde,  armés  d'une  ou  deux  pointes  courtes» 
légèrement  recourbées  ;    ces   tubercules    font    placés 
ûms  ordre  ,    de  grandeur   inégale  ,    &  prefque  fem- 
biables   aux    piquans    des  raies   bouclées  ;  on  ne  peut 
les  détacher  fans  déchirer  la  peau.  Ce  cara£lere  par- 
ti cuUer  à  cette   efpece   fufnt   pour    la   difîinguer   Aqs 
autres  chiens  de  mer.  Le  mufeau  du  bouclé  elt  faillant 
ôc  de  forme  conique  ;   les  narines  placées  un  peu  en 
avant  des  yeux  ;  l'ouverture  de  la  gueule  efl  médiocre  , 
armée  de  plufieurs'  rangs  de   dents    prefque   carrées  ^ 
comprimées   ,    &:    dont    les    bords    préfentent    des 
zigzags    irréguliers  ;    les    yeux    grands   ,    placés    en 
devant  des  trous  des  tempes  ;  cinq  évents  {expiracula)^ 
de  chaque  côté  ;  les  nageoires  peàorales  larges ,  ainii 
que  celles  de  l'abdomen;   les  nageoires  dori'ales  très- 
rapprochées  de  la  queue  ;  la  première  fituée  prefque 
à  l'aplomb  des  abdominales ,  &   plus   grande  que   la 
féconde  ;  au-deffous  de  la  queue ,  efl  ime  nageoire  an? 
guleufe. 

Bouclée  (la).  Voyci  Raije  bouclée. 


jjiS  B    O    U 

BOUCLIER ,  Cyclopterus.  Nom  d'un  genre  de  poiA 
fons  à  nageoires  cartilagineufes,  Voyc^  à  CartïcU 
Poisson. 

M.  F  allas  déiigne  fous  le  nom  de  Cyclopterus  mïniuus , 
une  efpece  de  bouclier  ^  qui  paroît  appartenir  à  l'Océan 
Atîactique.  M.  Daubenton  Ta  nommée  le /tz^tz^/.  Sa  formée 
a  du  rapport  avec  la  lompe  ;  •  la  tête  plus  épaiiTe  que 
le  corps  &:  prefque  quadrangulaire  ;  le  muleau  garni 
de  trois  tubercules  ;  les  mâchoires  &  le  palais  garnis 
de  très-petites  dents;  les  iris  brunâtres.  F  allas  S  pi- 
■cikg,  fajac.  7  ,  p.  12 ,  tom.  III ,  fig.  7  ^  8 ,  9. 

Bouclier  ,  Peltls.  Nom  donné  par  M.  Geoffroy  à 
un  genre  d'iniecles  ,  à  caufe  de  leur  forme  qui  imite 
affez  celle  des  boucliers  des  Anciens.  Les  efpeces  de  ce 
genre  différent  des  cafîides  ,  parce  que  leur  tête  déborde 
•&  paroît  au  dehors ,  au  lieu  que  dans  les  cafîides  Îr 
tête  eft  tout-à-fait  cachée  fous  le  côrfelet.  Le  ca- 
racleve  des  boucliers  eft  d'avoir  les  antennes  de  plus 
en  plus  grolTes  ,  en  avançant  de  la  bafe  vers  l'extré- 
iTîité,  '6l  en  même  temps  perfoliées  ou  compofées  de 
îames  tranfverfes ,  enfilées  par  le  milieu  ^  &:  d'avoir  le 
côrfelet  aîLez  plat  &:  bien  bordé ,  ainû  que  les  étuis. 
Les  larves  des  boucliers  ont  frx  pattes  ,  font  aflez  vives, 
brunes  ^  dures  ,  prefque  écailleufes ,  aplaties  &:  plus 
étroites  vers  la  queue  qu'à  la  tête.  On  les  trouve  dans 
îe^  corps  d'animaux  morts  &  à  moitié  gâtés  ;  c^ell-là 
qu'elles  fe  nourriiTent ,  qu'elles  croiiTent  &  qu'elles  fe 
métamorphofent  ;  ^ç.^'i  auifi  dans  les  mêmes  endroits 
que  l'on  trouve  fou  vent  l'infede  parfait ,  qui  fe  nourrit 
de  ces  charog;nes  ,  &  y  dépofe  fes  œufs. 

BOUDIN^  DE  MER.  Animal  de  l'ordre  des  mol- 
lufques  ,  nommé  ainîi  par  M.  l'Abbé  Dicqiiemare  ,  àc 
que  l'on  trouve  dans  les  parages  du  Havre-dc-Grace. 
Pour  avoir  une  idée  de  ce  corps  marin  ,  qu'on  fe 
"figure  un  tuyau  mou,  gros  comme  le  pouce  ,  d'un 
blanc  fale  ,  taché  de  couleur  jaunâtre  comme  inie  vieille 
yeffie  de  cochon  ^  d'environ  un  pied  de  long ,  pîisnî  ^ 


B    O    U  4ÎÇ, 

tèvmmé  en  pointé  obtiife  &  déchiquetée  par  les  deux 
bouts  ;  telle  efl  l'enveloppe  du  boudin  de  mer.  L'animal 
renfermé  dans  ce  tuyau  efl  d'une  forme  très-finguliere. 
La  partie  antérieure  a  un  peu  la  forme  d'une  felle 
alongée  en  avant,  elle  exterminée  par  deux  crochets; 
à  chaque  côté ,  font  dix  petits  ailerons  garnis  de  poils 
fins  ,  foyeux  ,  de  couleur  dorée  ;  vers  le  quatrième 
aileron ,  il  fe  trouve  quelques  poils  courts ,  noirs  , 
roides  comme  du  crin  ;  un  appendice ,  accompagné  de 
deux  grands  ailerons,  joint  cette  partie  à  celle  du  milieu 
par  un  étranglement  fi  ^\\ ,  li  délicat ,  que  fouvent , 
îorf qu'on  ouvre  le  tuyau ,  on  trouve  l'animal  iéparé 
en  deux  ;  la  partie  du  milieu  efl  compofée  d  un  canal 
fur  lequel  font  ajuflées  dix-huit  nageoires  de  chaque 
côté  ,  de  manière  que  chaque  paire  de  nageoires  repré- 
{^ni^  une  efpece  de  fourchette  à  deux  aiguillons  ;  à  la 
partie  poflérieure  fe  trouvent  trois  poches  offrant  par 
leur  aiïembla^e ,  leur  forme  &:  leur  mouvement ,  une 
forte  de  refîemblance  avec  les  godets  ou  augets  de 
certaines  chaînes  hydrauliques  ;  ces  poches  font  bordées 
d'un  fefl'on  blanc  ,  &:  ont  au  bout  un  appendice  qui  a 
îa  forme  d'une  chryfalide,  &  qui  en  a  lui-même  d'autres 
petits ,  mais  ces  derniers  varient  dans  diffère ns  indi- 
vidus. Il  efl  bon  d'obferver  que  toute  cette  partie  & 
le  canal  de  celle  du  milieu  font  remplis  d'une  efpece 
d'éthyops  plus  épais  que  celui  de  la  feche.  Tout  l'a- 
nimal hors  de  fon  logement  a  au  moins  fix  pouces  de 
long.    Journal  de  Phyfiq,   OU  h.  lyyS. 

BOUE  ,  Lutum  ,  ef!:  en  général  un  amas  d'ordures 
&  de  terre  atténuées  par  le  frottement  des  voitures  , 
êc  détrempées  par  Peau.  La  boue  des  villes  contient 
beaucoup  plus  de  fer  que  celles  des  campagnes  ;  aufîî 
efl  -  elle    d'une   couleur   noirâtre   &  pe'fante.    Voys,^ 

LïMON. 

BOUFRON.   Voyci  Sèche. 

BOUILLEROT.  Voye^  GouJON  DE  Rivière. 

BOUILLEUR  DE  CANARI.  f^'^ouT  de  Petun. 

Dd    2 


4Î0  B     O    U 

BOUÏLLON-BLANC  ,  Molene  ,  Bon-Homme,  en 

ktin ,  yerbafiiim.  C'eft  une  plante  bifannuelle  dont  on 
cliflingue  plulieurs  efpeces  ;  nous  citerons  ici  les  plus  con- 
nues ol  celles  qui  font  d'ufage  en  Médecine  ;  la  première 
efl  le  bouillon-blanc  mâle  ou  ailé ,  Ferbafcum  mas  latifo» 
Hum  luuum  ,  C.  B.  Pin.  239  ;  Tapfus  barbatus ^  Gérard, 
619;  Vcrbafcum  thapfus  ^  Linn.  252.  Cette  plante  pouffe 
une  tige  à  la  hauteur  de  trois ,  quatre  6c  cinq  pieds  , 
droite ,  cylindrique  \  ferme  &  im  peu  velue.  Ses  feuilles 
font  grandes,  ovales,  pointues,  décurrentes,  molles, 
couvertes  d'un  duvet  blanchâtre  &:  cotonneux  des  deux 
côtés.  Mais  le  duvet  de  la  furface  inférieure  efl:  beau- 
coup plus  épais  que  celui  de  la  furface  oppofée.  Les 
fleurs  font  difpofees  en  rameaux,  ou  en  épi  fort  long 
ùl  cylindrique  ,  formées  en  rofe ,  d'un  beau  jaune  ^ 
à  cinq  étamines.  (  M.  Ddeu^c  obferve  que  la  co- 
rolle des  vcrbafcum  eil  monopétale ,  découpée  en  rofette 
un  peu  irrréguliere ,  ou  à  cinq  pièces  inégales  )  ;  il 
leur  fuccede  des  coques  ovales ,  terminées  en  pointe. 
Cette  plante  fleurit  en  Juin ,  Juillet ,  Août  ;  elle  croît 
le  long  des  chemins. 

Toute  la  plante  efl:  adoucifîante ,  vulnéraire  &:  dé- 
terfive.  Ses  fleurs  font  principalement  employées  dans 
les  tifanes  adouciffantes  ,  les  dyflenteries  ,  la  colique 
<k  le  ténefme.  Ses  feuilles  pilées  &  réduites  en  vaiq 
eipece  d'onguent  avec  de  l'huile  ,  font  excellentes  dans 
les  plaies  récentes  ainfi  que  les  emploient  les  payfans. 
Son  ufage ,  tant  interne  qu'externe ,  eft  propre  pour 
les  hémorrhoïdes  &:  les   démangealfons  de  la  peau. 

Le  bouilLon-blanc  femelle ,  Vcrbafcum  fœmina  ,  f-ort 
luteo  magno  ^  C.  B.  Pin.  239  ;  Ferbafcum  tomcntcfum ; 
Vcrbafcum  phlornoïdes  ^  Linn.  253.  Cette  efpece  croît 
dans  les  lieux  fablonneux  ;  fa  tige  eft  haute  de  deux 
à  trois  pieds  ,  un  peu  branchue  ,  garnie  de  flocons 
blancs  &  cotonneux;  les  feuilles  qui  partent  de  la 
racine  font  ovales ,  fort  grandes ,  épaiifes  &  comme 
drapées  p  recouvertes  d'un  duvet  très-blanc  ;  les  feuilles 


B     O    U  4ÎÏ 

fupérieures  embraffent  la  tige,  font  feffiles  &  non 
décurrentes  ;  les  fleurs  font  grandes  ,  jaunes  ,  forment 
un  épi  garni  de  bradées  lancéolées ,  qui  foutiennent 
quatre  fleurs  chacune  ;  la  capfule  ell  oblongue. 

Le  bouillon-noir^  Verbafcum  Jiigrum  ^  Linn.  253. 
Cette  plante  à  racine  vivace  ,  fe  trouve  dans  les  villa- 
ges ,  fur-tout  en  Flandres  ;  fa  tige  efl  haute  de  deux 
•pieds  ,  droite ,  anguleufe ,  terminée  en  épi  ;  fes  fleurs 
îbnt  jaunes ,  &  les  étamines  garnies  de  poils  rouges 
ou  purpurins  ;  les  feuilles  inférieures  oblongues  ,  cor- 
diformes  ,  pétiolées ,  crénelées  ,  un  peu  cotonneufes 
en  deffous  ;  les  fupérieures  feiîiles ,  prefque  glabres  , 
d'un  vert  obfcur. 

Le  bouillon-niiders  eil  l'herbe  aux  mittes.  Voye^  cet 
article. 

Bouillon  Sauvage.  Foyei  Sauge  en  Arbre. 

BOUIS.    Foyei  Buis. 

BOULEAU,  B^tula  ,  Dod.  Pempt.  839,  J.  B.  i, 
148  ;  Betulci  alba^  Linn.  1 393.  C'efl  un  arbre  qui  vient 
droit,  &  qui,  lorfqu'on  le  laiiTe  croître,  s'élève  juf- 
qu'à  foixante  à  foixante  -  dix  pieds  de  hauteur ,  fans 
avoir  une  groffeur  proportionnée  ;  il  n'eil  qu'un  ar- 
briiTeau  dans  les  terrains  montagneux ,  pierreux  &  arides , 
ou  lorfqu'on  le  tient  en  taillis.  Il  a  plufieurs  écorces  ; 
l'extérieure  efl  épaifle  ,  raboteufe  ,  très-blanche  ;  la 
féconde  eft  mince  ,  lifTe ,  luifante ,  fatinée ,  blanchâ- 
tre. Quelques-uns  ont  penfc  que  les  Anciens ,  avant 
îe  iiecle  d'Alexandre  le  Grand,  &  même  depuis  les 
Gaulois  ,  fe  fervoient  de  cette  dernière  &  fine  écorce 
comme  de  papier ,  fur  lequel  ils  écrivoient  ou  gra- 
voient  leurs  penfées  avec  un  poinçon.  Le  bois  du 
tronc  efl  blanc  ,  &  ce  tronc  eil  nu  dans  les  trois 
quarts  de  fa  longueur  ;  il  foutient  une  cime  médio- 
cre ,  ovale  ,  médiocrement  ramifiée ,  &  à  rameaux 
pendans  ;  fes  feuilles  font  alternes  ,  ovales  ,  un  peu 
triangulaires  ,  pointues ,  finement  dentelées  à  leur 
contour  ,  un  p^u  épaifTes ,  d'un  vert  clair  en  delTus  , 

Dd  3 


41Z  B     O     U 

blanchâtres  en  defTous  ,  odorantes,  d'une  faveur  amere  ; 
les  rameaux  qui  portent  les  feudles  font  très-menus  , 
extrêmement  flexibles  ,  glabres  ,  d'un  brun-rougcâtre  , 
&  fouvent  parfemés  de  très-petits  points  blancs ,  comme 
réflneux.  Cet  arbre  porte  des  fleurs  mâles  &  des  fleurs 
femelles ,  féparées  &  attachées  à  différentes  parties  de 
l'arbre  ;  les  fleurs  mâles  font  difpofées  en  forme  de 
chaton  affez  long ,  cylindrique  ,  grêle  ,  un  peu  lâche 
&  pendant ,  portées  fur  un  filet  commun  ,  &z  com- 
pofées  de  petites  étamines,  favoir,  quatre  dans  chaque 
fleur  ,  &  trois  fleurs  fur  un  même  calice  ;  les  fleurs 
femelles  font  plus  greffes ,  elles  font  oblongues  &C 
paroifTent  fous  la  forme  d'un  cône  écailleux:  les  jeunes 
fruits  pouffent  en  même  temps  que  les  chatons  & 
fur  les  mêmes  branches  ,  mais  dans  des  endroits 
féparés.  Chaque  fruit  contient  dans  fa  maturité  des 
femences  aplaties  ou  bordées  de  deux  petites  ailes 
membraneufes. 

Cet  arbre  eff  comm.un  dans  les  bois  de  la  France  &C 
dans  toute  l'Europe  Septentrionale.  Quoique  le  houkau 
fe  plaife  particuliérem.ent  dans  les  bonnes  terres  humi- 
des,  il  vient  cependant  auiîi  dans  les  terrains  Ifériles: 
on  l'a  vu  réufîlr  dans  des  endroits  oii  tous  les  autres 
arbres  périfibient.  M.  le  Baron  de  Tfchoudi  dit  que 
ceux  qui  ont  des  terrains  crayeux ,  arides  &  pierreux  ^ 
ne  fauroient  mieux  faire  que  d'y  établir  des  taillis  de 
bouleaux.  Cet  arbre  efi  le  dernier  que  l'on  trouve  vers 
le  Pôle  Ardique  ;  c'efl  le  feul  que  produife  le 
Groenland. 

Llnnœus  fait  mention  du  bouleau  nain  ,  Betula  nanay 
Linn.  ,  qui  fe  plaît  fur  les  hautes  montagnes  les  plus 
arides  de  la  Laponie  ,  &  n^exige  prefque  aucun  fond 
de  terre.  Il  n'a  que  deux  à  trois  pieds  de  hauteur,  &; 
fupporte  bien  le  froid  des  hivers  les  plus  rigoureux. 
Le  bouleau  nain  eft  remarquable  par  la  petite  fie  & 
la  forme  de  fes  feuilles  ,  qui  lui  donnent  un  afpeâ: 
agréable.  Cette  petite  efpece  ne  dédaigne  pas  les  lieinç 


B     O     U  4ÎÎ 

huiTîïrlcs  des  montagnes ,  même  dans  celles  de  la  SuiiTei 
fon  écorce  ell  d'un  rouge- brun. 

On  trouve  dans  l'Amérique  Septentrionale  ,  un  hou- 
leau  à  feuilles  de  Marfeaii  ,  Bctula  vum'ila  ,  Linn.  C'eft 
un  arbriiieau  \\w  peu  moins  petit  que  le  précédent  ;  il 
a  trois  à  quatre  pieds  de  hauteur  ;  Ion  écorce  eil  d'un 
brun-grifâtre  ;  tes   rameaux  font  piibefcens. 

On  diftingue  aufîi  le  bouleau  appelé  jmrlfier  par  les 
Canadiens*,  Bcrulalcnta^  Linn.  ;  Bctula juhfera  ^fruciii, 
conoïde  ,  viminihus  hntis  ,  Gronov.  Virg. ,  Duham.  Les 
Canadiens  font  un  grand  ufage  de  fon  bois  ;  fon 
écorce  a  un  goût  &  une  odeur  aromatique  affez  agréa- 
ble ;  fes  feuilles  font  oblongues ,  un  peu  échancrées 
en  cœur  à  leur  ])afe  ,  acumiuées  &  doublement  den- 
tées en  leurs  bords  ;  elles  reffemblent  en  quelque  forte 
à  celles  du  mcrijïcr  ou  cerifier  des  bois  ;  cet  arbre  croît 
naturellement  dans  le  Canada  &:  la  Virginie ,  c'elt  le 
fugap  hirch  ou  black  blrch  des  Anglois  :  oh  en  tire  une 
très-petite  quantité  de  fucre.  O^i  trouve  dans  ces 
dernières  Contrées  ,  &  même  en  Laponie ,  le  bouleau 
à  canot ,  Betula  iiigra ,  Linn.  ;  il  efl  nommé  ainfi  , 
parce  qu'on  en  fait  en  Canada  de  grands  canots  qui 
durent  long  -  temps  &c  qu'on  nomme  pirogues;  c'efl 
un  bel  arbre  qui  s'élève  encore  plus  que  notre  bouleau; 
fes  feuilles  font  plus  grandes  ,  un  peu  rhomboïdales  y 
inégalement  dentées  en  leurs  bords,  &  d'un  vert  plus 
fombre  ou  noirâtre. 

Lorfque  le  bouleau  de  France  efl  à  la  hauteur  des  tail- 
lis 5  on  en  fait  des  paniers ,  des  corbeilles  &  des  cer- 
ceaux pour  les  tonneaux  &  pour  les  cuves  ;  fon  bois  efl 
recherché  pour  faire  des  fabots.  De  jeunes  bouleaux 
courbés  de  bonne  heure ,  fervent ,  en  Suéde  &  en  Ruffie , 
à  faire  les  jantes  des  roues ,  qui  font  ,  dit-on  ,  fort 
bonnes.  Tout  le  monde  fait  que  l'on  fait  des  balais  ^\\n 
bon  ufage  avec  les  menues  branches  de  cet  arbre.  Lïnder 
donne  une  maniera  de  faire  avec  les  feuilles  de  bouleau 
une  couleur  jaune  propre  à  la  peinture  ;  on  peut  coni* 

\^^  4 


4î4  ^  ,^    U 

muniqiier  cette  couleur  à  la  laine  que  Ton  fait  bouillir 
avec  elles.  Les  feuilles  font  d'un  goût  amer,  &c  glu- 
lineufes.  Les  feuilles  du  bouleau  noir  de  la  Laponie 
donnent  une  plus  belle  couleur  que  celles  de  notre 
pays.  Les  femences  du  bouUau  nain  fervent  de  nour- 
riture aux  lémings.  Voyez  ce  mot.  On  peut  retirer  des 
-chatons  de  cet  arbre  ,  une  efpece  de  cire  ,  par  un 
procédé  femblable  à  celui  qu'on  emploie,  pour  en 
retirer  des  graines  de  Varbre  de  cire»  Voyez  ce  mot. 

Les  Canadiens  font  avec  l'écorce  de  la  grande  efpece 
Ae  bouleau ,  diff(irens  viftenfiles  &:  meubles  qui  durent 
iong-temps  ;  fon  liber  peut  fervir  de  papier  ;  nous  en 
avons  une  quantité  d'échantillons.  En  Suéde  &:  en 
Laponie  on  couvre ,  avec  l'écorce  du  bouleau  ,  les 
cabanes  ,  &  l'on  en  fait  des  efpeces  de  bouteilles.  On 
peut  vraifemblablement  attribuer  cette  efpece  d'incor- 
ruptibilité de  l'écorce  des  bouleaux  à  la  partie  réfmeufe 
dont  elle  efl  remplie  ;  aufTi  les  Habitans  des  Alpes  en 
font-ils  des  torches  qui  brûlent  &  les  éclairent  très- 
bien.  Il  n'eft  pas  rare  de  rencontrer  fous  les  climats 
glacés  ,  vers  le  Pôle  Arûique  ,  des  boukawx  dont 
le  bois  ,  depuis  un  temps  infini  ,  eiî:  mort  Ôc  détruit 
de  vétufté  5  mais  dont  l'écorce  fubfifte  feule ,  &  con- 
ierve  encore  à  l'arbre  fa  figure.  En  Norvège  ,  ou  le 
houUau  efl  très-commAin  ,  c'eit  même  le  bois  le  plus 
ordinaire  pour  le  chauffage.  A  Saint-Pétersbourg ,  l'écorce 
intérieure  de  ce  bois  fert  à  tanner  les  peaux ,  &  à  faire 
-àes,  filets  &  des  voiles  pour  des  barques.  Le  bouleau 
blanc  acquiert  une  telle  grofieur  chez  les  Kamtfcha- 
dales  5  que  l'on  en  conflruit  de  petites  chaloupes  ou 
canots  d'ime  feule  pièce.  Le  bouleau  de  ce  pays  tfl 
beaucoup  plus  rempli  de  nœuds  &:  d'excroiffances  que 
ceux  d'Europe.  Les  Habitans  fe  fervent  de  ces  nœuds 
pour  faire  des  aïïlettes ,  des  taifes  &  des  cuillers.  Ils 
font  duiîi  grand  ufage  de  l'écorce  ,  qu'ils  dépouillent 
lorlqu'elle  eil  encore  verte  ;  &:  après  l'avoir  coupé 
«û.enue  comme  le  vernûcelle  ,  ils  en  mangent  avec  le 


B    O    U  4M 

caviar  fec.  Dans  tous  les  villages  de  cette  Péninllile , 
on  voit  toujours  les  femmes  occupées  à  hacher  cette 
écorce  avec  leiu-s  haches  d'os  ou  de  pierre.  On  îa 
fait  encore  fermenter  avec  le  fuc  ou  la  fève  du  même 
arbre,  6c  cette  boifîbn  eil  fort  de  leur  goût.  En 
Rufîie ,  on  retire  per  defcenfum  ,  de  l'ëcorce  du  bouleau , 
une  huile  empyreumatique  ,  que  Ton  appelle  dans  le 
pays  ,  dioggot ,  c'eft-à-dire  huile  ou  goudron  de  bouleau  : 
cette  diftillation  s'opère  dans  des  creux  faits  dans  la 
terre. 

Sur  la  fin  de  l'hiver  ,  le  bouleau  efl  plein  de  fuc ,  & 
répand  des  larmes.  Van-Helmont  obferve  à  ce  fiijet 
ime  chofe  curieufe.  Si  on  fait  une  incifion  à  cet  arbre 
près  de  la  racine ,  la  liqueur  qui  en  fort  eil  de  l'eau 
pure  &  infipide  :  fi  ,  au  contraire  ^  on  perce  jufqu'au 
miheu.une  branche  de  la  grofîeur  de  trois  doigts,  il 
en  découle  une  liqueur  qui  a  plus  de  faveur ,  qui  eft 
légèrement  acide  &  agréable,  même  fucrée  :  elle  efl 
vantée  pour  le  calcul  des  reins  &  de  la  vefïïe  ,  &  pour 
le  piffement  de  fang.  Il  faut  recueillir  cette  liqueur 
avant  que  les  feuilles  paroijGTent  ;  car  lorsqu'elles  font 
venues ,  elle  n'eft  plus  fi  agréable  :  lorfqu'elle  a  fermenté, 
elle  devient  bonne  à  boire ,  &  comme  vineufe  ;  elle 
a  une  agréable  odeur ,  &  peut  fe  conferver  une  année 
dans  des  vaiiTeaux  bien  fermés,  avec  un  peu  d'huile 
par  deffus.  Les  Bergers  fe  défalterent  fouvent  dans  les 
forêts  avec  cette  liqueur ,  fortant  des  mains  de  la  Na- 
ture :  d'un  feul  rameau ,  dit-on  ,  dillille  quelquefois  en 
im  jour  plus  de  huit  ou  dix  livres  de  cette  liqueur  : 
on  allure  qu'elle  enlevé  les  taches  du  vifage ,  fi  on  l'en 
icLve  plufieurs  fois  par  jour,  &  qu'on  la  lailTe  fécher 
fans  l'eiliiyer. 

Les  bouleaux  prennent  leurs  feuilles  de  très-bonne 
heure  ;  ainii  il  convient  d'en  avoir  quelques  pieds  dans 
les  bofquets  du  printem.ps. 

BOULEREAU  ,  Gobïus  nlger  ,  Linn.  ;  Jojet  ,  à 
yenife  j   Zolcro ,   à  Gênes.  Efpece  de  goujon  ou  de 


4i6  B     O    U 

poiiTon  du  genre  du  Gcbie.  On  le  trouve  dans  les  mers 
d'Europe  6c  d'Aiie ,  près  du  rivage ,  &c  auiii  dans  les 
étangs  i'alés.  Sa  chair  eil  graile  6c  caiTante  ;  on  en  fait  cas 
à  Venile  ,  où  Ton  pêche  communément  ce  poifTon: 
fa  longueur  eil  d'environ  un  pied  ;  fa  tête  eft  groile, 
&  les  mâchoires  gonflées  ;  k^  yeux  petits ,  rapprochés  ; 
les  prunelUs  bordées  d'un  cercle  doré  ;  la  gueule  am- 
ple ;  les  mâchoires  garnies  d\m  double  rang  de  petites 
dems  ,  ùC  deux  groupes  de  pareilles  au  fond  du  palais  ; 
le  corps  mcn;  la  peau  giitfante ,  quoique  les  écailles 
foient  fermes  ;  le  corps  &c  les  iris  mouchetés  ;  la  pre- 
mière nageoire  dorfale  a  fix  rayons  ;  la  féconde  en  a 
quatorze;  celle  des  peftoralcs  ,  feize  ou  dix-iept;  les 
abdominales  ,  chacune  dix  ou  douze  ;  (  les  Pêcheurs 
Anglois  prétendent  que  ces  nageoires  fervent  à  ce 
poiiTon  poiu-  s'attacher  aux  rochers  ;  )  celle  de  l'anus  , 
douze  ou  quatorze  ;  la  queue ,  quatorze  à  dix- huit  ;  elle 
efl   circulaire. 

BouLEROT.  Voyez  Goujon  de  mer. 

BOULET  DE  CANON  ou  Courcupite  de  la 
Guiane ,  Pekla  fructu  maxïmo  glchcfo  ^  Barr.  pag.  92. 
C'eil  le  Kourou  Pitoutoumcii  des  Caraïbes  ;  Pcqu^ajlvc 
Pckia^  Pifon  ,  1658,  p.  141,  Sa  groffeur  &  la  forme 
fphérique  du  fniit  de  cet  arbre  ,  lui  a  fait  donner  par 
les  Créoles  ÔC  les  Nègres  le  nom  de  boula  de  cancn  : 
il  eft  de  la  grofîeur  d'un  boulet  de  trente-fix.  Quel- 
ques-uns le  nomment  abricot  fauvags.  L'écorce  de  ce 
fruit  capfulaire  6c  rond ,  eil  épailTe  ,  dure  ,  jaunâtre , 
madrée  de  gris,  ayant  dans  fa  partie  fupérieure  im 
rebord  circulaire  ;  fous  la  chair  ou  pulpe  qui  eft 
fîbreufe  ,  on  trouve  une  féconde  capfule  g-cbu- 
leufe  ,  mince  ,  caflante  ,  partagée  dans  ion  intérieur 
en  fix  loges  par  des  cloifons  membraneufes ,  &L  conte- 
nant dans  chaque  loge  plufieurs  femences  arrondies  , 
comprimées ,  nichées  dans  une  pulpe  fucculente ,  d'une 
faveur  acide.  En  agitant  ce  fruit  defiéché  ,  les  femences 
font  du  bruit.  Les  Sauvages  aiment  ce  fridt  ;  mais  les 


B    O    U  .47 

Blancs  n'en  font  iifage  que  dans  les  maladies  de  poi- 
.  trine.  La  feuille  de  cet  arbre  efl  liffe ,  longue  d'un  pied 
fur  quatre  pouces  de  largeur ,  pointue ,  entière  ,  glabre , 
liffe  &  pétiolée;  fa  nervure  principale  s'étend  jufqu'à  fon 
extrémité  ;  les  autres  font  affez  disantes  entre  elles ,  (k. 
obliques.  Les  fleurs  grandes ,  belles  ,  couleur  de  rofe , 
d'une  odeur  fuave  ,  &C  naiffent  en  grappes  droites  , 
fituées  fur  le  tronc  &  fur  les  branches.  L'arbre  s'élève 
à  une  grande  hauteur  ;  le  tronc  a  deux  pieds  de  dia- 
mètre ;  le  bois  e(l  blanc  ,  mais  rougeâtre  à  l'intérieur; 
il  efi  peu  folide. 

Fi/on  dit  qu'il  y  en  a  une  autre  efpece  que  les  Por- 
tugais nomment  Saim  ,  dont  le  bois  ne  fe  pourrit 
jamais  ,  6-C  qui  feroit  très-propre  à  faire  des  canots. 
Foyci  la  figure  de  l'arbre  6c  du  fruit  dans  VAppcjidix 
de  Marcgrave  ,  pa§(^  2C)^. 

BOULETTE.  Foye:^^  GLOBULAIRE.  On  donne  aufïï 
le  nom  de  bouktu  au  chardoji  Ichinopz,  Voyez  ut  anich, 

BOUQUETIN.  Foyei  Bouc  sauvage. 

BOUQUIN.  Ce  nom  n'ed  guère  en  ufage  que 
parmi  les  Chaffeurs ,  pour  défigner  le  lièvre  mâle.  Foye^ 
Lièvre. 

BOURAGÏNÉES  ,  Borragmes  aut  Afperifollœ.  Les 
Botanilles  donnent  ce  nom  à  une  famille  de  plantes 
qui  paroiffent  tenir  un  m.ilieu  entre  les  Apoclns  &  les 
Lahiks.  La  plupart  font  herbacées  &  vivaces  par  leurs 
racines.  Il  y  en  a  peu  d'annuelles  ,  &  quelques  -  unes 
forment  des  arbres  ou  arbriffeaux  qui  quittent  tous 
leurs  feuilles  dans  l'année.  Leurs  racines  font  rameufes 
&:  garnies  de  fibres  :  leurs  tiges  &:  branches  font 
rondes  ,  les  feuilles  rudes  au  toucher  :  les  fleurs  font 
hermaphrodites  ,  complètes  ,  monopétales  ,  à  cinq 
étamines  &  un  piflil  ,  &;  fjccédées  par  quatre  femen- 
ces.  Ces  plantes  comprennent  la  bourrache ,  la  confoudc  , 
la  cynoglojfe  ,  V héliotrope  ,  la  pulmonaire  ,  la  buglofe  , 
V herbe  aux  vipères  ,  le  gremil  ,  &c.  Foyei^  ces  mots.  La 
plupart  font  mucilagineufes ,  prefque  fans  goiit  61  fans 


428  B    O    U 

odeur  :  étant  deïïechées  ,  elles  fiifent  comme  .le  nître 
llir  les  charbons  ardens. 

BOURDAINE  ou  Bourgene  ,  ou  Aune  noir  , 
Rkainnus  frangula  ^llnn,  280,  Dod.  Pempt.  784;  Al- 
nus  nigra  baccifem  ,  C.  B.  Pin.  428  ,  J.  B.  i ,  560.  C'eft 
un  grand  arbriffeau  du  genre  du  nerprun ,  6c  qui  croît 
principalement  dans  les  lieux  humides  &  les  bois  taillis. 
On  le  voit  dans  les  bofquets  :  il  porte  des  fleurs  en 
rofe  5  auxquelles  fuccedent  des  baies  rondes  ,  divilees 
par  une  rainure  qui  les  fait  parcître  coînme  doubles  , 
vertes  d'abord  ,  enfuite  rouges  &  noires  lorfqu'elles 
font  mûres.  Ses  feuilles  font  d'un  beau  vert ,  affez  fem- 
blables  à  celles  de  Vaum ,  mais  plus  noirâtres  ,  pétio- 
îées  ,  chargées  de  nervures  parallèles  ,  placées  alterna- 
tivement fur  les  branches.  Son-  écorce  efl  noire  en 
dehors ,  d'un  jaune  fafrané  en  dedans.  Le  bois  de  cet 
arbre  eu  blanc  ,  quelquefois  jaunâtre  &  tendre  ;  fon 
écorce  eft  brune  ;  on  réduit  ce  bois  en  un  charbon  lé- 
ger ,  fort  fec  ,  &  eflimé  le  meilleur  pour  la  fabrique 
de  la  poudre  à  canon. 

Il  eft  permis  au  Commiffaire -Général  des  Poudres, 
&  à  fes  Commis  ,  de  faire  exploiter  dans  les  bois  du 
Roi  &  autres  ,  tant  de  bourdaines  qu'il  leur  plaît ,  de- 
puis l'âge  de  trois  ans  jufqu'à  quatre  ,  &  en  quelque 
laiips  qu'ils  le  jugent  à  propos  ,  après  toutefois  en 
avoir  obtenu  la  permilîion  àes  Officiers  des  Eaux  & 
Forêts ,  &  avoir  appelé  les  Gardes  à  la  coupe. 

Un  quintal  de  ce  bois  ,  dit  M.  Duhamel ,  qui  coûte 
à-peu-près  quatre  francs ,  ne  produit  que  douze  livres 
de  charbons.  Il  y  a  des  Provinces  oii  les  Cordonniers 
ne  font  point  d'ufage  d'autres  bois  pour  les  chevilles 
de  fouliers.  La  féconde  écorce, Tur- tout  celle  de  la  ra- 
cine de  cet  arbriffeau ,  eft  amere  ,  un  peu  gluante ,  apé- 
Titive  &:  employée  par  les  gens  de  la  campagne  dans 
i'hydropifie  &  les  fièvres  interm.ittentes  ;  elle  purge 
lorfqu'elle  efl  defféchée  ;  elle  efl  émétique  quand  elle 
eiî  verte.  M.  Halkr  dit  qu'on  peut  tirer  une  huile  de 


B    O    U  419 

la  graîne  de  ^aum  noir  ;  elle  fert  à  entretenir  la  lampe. 
Les  baies  de  cet  arbre  ,  étant  vertes  ,  peuvent  iervir 
à  teindre  en  vert  des  étoffes  de  laine.  L'écorce  teint 
en  jaune. 

BOURDON  ,  BombyUus,  Voyez  à  U  fuite  du  mot 
Abeille  L'article  des  Abeilles- Bourdons, 

BOURDONNEUR.Nom  donné  au  colihriM oy.  ce  mot. 

EOURET  DE  MER.  Vcyei  à  C article  BucciN. 

BOURGEON  ,  Gemma,  Les  Cultivateurs  donnent 
ce  nom  aux  boutons  ouverts  ou  développés  que  Ton 
obferve  fur  les  branches  des  arbres  ;  ils  dilent  que  les 
arbres  &  les  arbriiî'eaux  bourgeonnent  ,  lorfque  leurs 
boutons  groffiiTent  6c  commencent  à  s'ouvrir.  Ils  ap- 
pellent aulîi  bourgeons  les  jeunes  pouffes  de  l'année ,  6c 
ils  dilent  èbourgzonner  un  arbre  ,  quand  ,  pour  le  ren- 
dre plus  vigoureux  ou  pour  lui  faire  porter  plus  de  fruit , 
ils  retranchent  des  boutons  à  bois  ou  de  jeunes  pouffes 
fuperflues.  En  Botanique  ,  bourgeon  &  bouton  font  fy- 
nonymes.  Vcye:{^  aux  mots  Plante  ,  Arbre  ,  &;c. 

BOURG-EPINE.  /^qy^:[  Nerprun. 

BOURGMESTRE.  F.  Goéland  à  manteau  gris-brun, 

BOURLOTTE.  Nom  qu'en  Bretagne  l'on  donne  à 
une  efpece  de  ver  blanc  ,  dont  on  fe  fert  pour  amor- 
cer le  poiffon. 

BOURRACHE  ,  Borrago  officinalis  ,  Linn.  1 97  ;  Bor^ 
rago floribus  cœruleisyh  B.  3  ,  574,  Tourn.  133.  C'eil 
une  plante  annuelle  des  plus  ufitées  en  Médecine ,  & 
que  l'on  cultive  dans  prefque  tous  les  jardins  ;  elle 
s'y  multiplie  d'elle-même  &:  s'y  naturalife  en  quelque 
forte.  Sa  racine  eil  blanche  ,  longue  ,  de  la  groffeur 
du  doigt ,  tendre  &:  d'une  faveur  vifqueufe  ;  fa  tig;? 
eft  velue  ,  creufe  ,  haute  d'une  coudée  ,  branchue , 
cylindrique  ,  creufe  ,  fucculente  ,  hériffée  de  poils 
courts  &  rudes.  Ses  feuilles  font  d'un  vert  foncé  , 
larges ,  obtufes  ,  hériffées  de  pointes  fines  &  failmn- 
tes  ,  rudes  au  toucher  ,  pétiolées  &  oppofées  à  la 
bafe  ,   feffiles  &:  alternes  dans  le  haut  :  au  fommet 


430  B    O    U 

des  rameaux  naifTent  des  fleurs  d'une  belle  couleur 
bleue  ,  (  rarement  blanchâtres  ou  de  couleur  de  chair  )  , 
en  rofette  d'une  feule  pièce ,  formant  une  étoile ,  ou 
imitant  la  molette  d'un  éperon  :  les  fruits  contiennent 
quatre  feniences  noires  ,  prefque  femblables  à  des 
têtes  de  vipères. 

La  bourrache  commune  efl  ,  fuivant  quelques-uns  , 
originaire  d'Alep  ,  &  s'efl  répandue  prefque  par- tout 
dans  nos  climats. 

La  bourrache  vulgaire  ,  dit  M.  H  aller ,  eft  naturelle- 
ment fade  ,  vifqueufe  .,  &:  le  lieu  où  elle  prend  naif- 
lance  ,  lui  procure  des  parties  qui  la  rendent  foible- 
ment  favonneufe. 

Le  fuc  de  bourrache  clarifié  ,  évaporé  au  bain-marie , 
en  confiflance  de  miel  épais ,  efl  du  nombre  de  ceux 
qu'on  nomme  extraits  favonneux  ,  parce  qu'ils  fe 
difTolvent  en  partie  dans  l'efprit  de  vin.  Le  fuc  de 
bourrache  ,  diflillé  à  feu  nu  ,  fe  bourfoufle  confi- 
dérablement ,  donne  un  peu  de  fiegme  infipide  ,  qui 
efl  bientôt  fuivi  d'un  ef])rit  alkali  volatil  très-péné- 
trant ;  il  palTe  enfuite  une  huile  empyreumatique 
fétide  &  pefante  ;  il  refle  \\n  charbon  fort  léger  qui 
fe  réduit  afTez  difncilement  en  cendres  ;  ces  cendres 
leilivées  donnent  wxv  alkali  fixe  déliquefcent  ,  tel  que 
îe  fournifTent  la  plupart  des  végétaux  ;  le  charbon 
lui-même  lefTive  avant  l'incinération ,  fournit  beaucoup 
de  nitre  ,  quelque  peu  de  fel  marin  &:  un  fel  alkali 
fixe  déliquefcent. 

Il  Cil  clair ,  dit  M.  Bucquet ,  que  de  tous  ces  prin- 
cipes il  n'y  avoit  dans  le  lue  de  bourrache  que  le 
fiec;me,  la  partie  hulleufe,  le  nitre,  le  fel  marin,  l'ai- 
kali  fixe  û,  la  partie  terreufe.  A  l'égard  de  l'alkali 
volatil  ,  il  efl:  le  produit  du  feu  qui  l'a  formé  aux  dé- 
pefjs  de  l'alkali  fixe  &  de  l'huile ,  puifaue  ce  produit , 
quoique  très-volatil  ne  paffe  qu'après  le  flegme ,  & 
quand  la  décompofition  efl  déjà  avancée  ;  d'ailleurs  de 
quelque  maj^iere  qu'on  opère  pour  féparer   les    fels 


B    O    U  43t 

contenus  dans  le  fuc  de  bourrache  ,  on  n'y   trouve 
jamais  d'alkali  volatil. 

Cette  plante  divife  les  humeurs  épaifles  &  grofîie- 
res,  rend  le  fang  plus  fluide,  rétablit  les  lecrétions 
&  excrétions  ,  6c  eft  utile  dans  toutes  les  maladies 
cil  il  faut  éviter  les  remèdes  chauds,  comme  dans  la 
pleurcfie  ,  la  péripneumonie  ,  6-:c.  Elle  t:i\  cllimée 
diurétique  ,  adouciiiante  ,  expedcorante  &:  béchique. 
Les  fleurs  de  bcurracke  Ibnt  mal -à-propos  placées  au 
nombre  des  fleurs  cordiales;  lorfqu'elles  font  lèches, 
elles  n'ont  guère  de  vertu  ;  aiilîi  dans  l'hiver  ordonne- 
t-on  préférablement  les  racines  de  la  bourrache  ^  parce 
qu'étant  fraîches  elles  ont  toute  leur  vertu.  On  efl 
afTez  dans  Tulage  de  mettre  fes  fleurs  fur  les  falades , 
avec  celles  de  la  capucine  ,  pour  les  orner  par  leurs 
belles  couleurs. 

Il  y  a  plufieurs  autres  efj^eces  de  bourraches, 
"I .°  la  bourrache  des  Indes  Orientales ,  Borrago  Indica  , 
Linn.  La  corolle  ,  qui  s'épanouit  en  Juillet ,  efl 
d'un  bleu  pâle  ou  légèrement  purpurine  ,  ëc  mar- 
quée intérieurement  de  cinq  taches  aurores  ,  ou  de 
couleur  de  rouille  de  fer  ;  i,*'  la  bourrache  d'Ethio- 
pie ,  Borrago  A f ricana  ,  Linn.  ;  elle  eil  très  -  rude 
au  toucher  ;  fa  fleur  eft  petite ,  penchée ,  bleuâtre 
en  dehors  ,  jaune  en  dedans  ,  avec  cinq  taches 
purpurines  ;  3.^  la  bourrache  de  Ceylan  ,  Bcrrago 
Zeyianica  ,  Linn.  ;  le  calice  de  la  fleur  eil  velu , 
blanchâtre ,  point  auriculé  ,  &  au/Ti  long  que  îa 
corolle  ;  4.^  la  bourrache  de  Candie,  ou  du  Levant, 
Borrago  Orïentalis ,  Linn.  ;  cette  efpece  croît  naturel- 
lement aux  environs  de  Conflantinople  ;  Tournefort  la 
déiigne  ainfi ,  Borrago  Conjlantinopolitana  ,  flore  refexh 
ccerulco ,  calice  vcficario  ;  elle  fleurit  à  l'entrée  du  prln- 
"  temps  ,  avant  l'entier  développement  de  fes  feuilles 
radicales. 

A    l'égard   de   la    petite    bourrache  {Omphalodcs ^) 
Voyez  ilerbc  au  nonihiiL 


434  B     O    U 

BOUPvRE  ,  Tomcntum.  Nom  donné  au  poil  de  plu-î 
fleurs  quadrupèdes ,  comme  taureaux ,  bœufs  ,  vaches , 
veaux  ,  biifies  ,  cerfs ,  chevaux  ,  &c.  On  le  détache 
par  le  moyen  de  la  chaux ,  ou  on  le  rafe  avec  un  long 
couteau  ,  de  defîiis  leurs  peaux  ou  cuirs  ,  lorfqu'on  les 
prépare  dans  les  tanneries  ou  qu'on  les  paffe  en  mégie, 
La  bourre  fert  à  garnir  des  felles  ,  des  bâts  ,  des  chailes , 
des  tabourets ,  des  banquettes ,  ôcc.  yoyc:^  Carticlt  Poil. 

Il  y  a  aufii  la  bourre  de  foie  :  c'eit  la  jilofelle  ou 
jleuret ,  c'efl-à-dire  ,  cette  partie  de  la  foie  qu'on  rebute 
au  dévidage  des  cocons  ,  mais  qu'on  a  Part  de  filer  oC. 
de  mettre  en  échev^aux  comme  la  belle  foie  :  on  en 
fait  des  padous  ,  des  ceintures  ,  des  lacets  ,  du  cor- 
donnet, ScC.  Voyci^  à  VanicU  Ver  A  SOIE. 

Bourre  6c   Bourret.    Nom  donne    en  quelques 
endroits ,  à  la  femelle  &:  au  petit  du  canard  domeflique. 

BOURREAU  des  arbres.  Ko^^^/W/c/^Evonimoïde. 
BOURRIQUE.  Nom  donné  par  le  vulgaire  à  "^dm^ 
Voyez  ce  tjioi, 

BOURSE  ,  Tetraodon.  Nom  donné  aux  Ifles  de 
France  ,  de  Bourbon  &  à  Madagafcar ,  à  différentes 
efpeces  de  Guapervas,  Voyez  ce  mot,  L^s  poilTons 
bourfes  ont  des  écailles  très-fines ,  &  femblables  à  des 
épingles  ;  leur  pointe  s'éloigne  du  corps  ;  cette  direc- 
tion devenoit  indiipenfable  dans  ces  poifTons  ,  qui 
enflent  à  volonté  leur  corps  &:  le  réduilént  tout  de 
fuite  en  un  très-petit  volume. 

Bourse  a  Berger  ou  Tabouret,  Burfa  pafloris  , 
Llnn.  903  ;  &  major  ^  folio  finuato  ^  C.  B.  Pin.  108. 
Cette  plante  annuelle  croît  naturellement  dans  les 
chemins ,  dans  les  lieux  incultes  &:  déferts  ;  fa  racine 
blanche  &  fibreufe  pouffe  une  tige  qui  s'élève  à  la 
hauteur  d'une  coudée  ,  plus  ou  moins ,  félon  les 
variétés  ;  fes  feuilles  inférieures  ou  radicales  font 
découpées  comme  celles  du  pifTenlit;  celles  qui  em- 
bralTent  la  tige  font  plus  petites  ,  garnies  d'oreilles  à 
^eurs  bafes  ,    ou  fagittées  ;  {^%  fleurs  font  petites  , 

blanches 


B    O    U  433 

blanches ,  en  croix ,  &:  naiffent  au  fommet  des  rameaux  : 
à  ces  fleurs  fuccede  un  fruit  aplati  ,  en  forme  de 
petite  hourfi  ;  (c'eft  une  filique ,  en  cœur  renverfé;) 
ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de  bourfe  à  pajieiir. 

Cette  plante  eit  mife  par  quelques  Médecins  au  rang 
des  rafraîchiiTantes  &  àts  vulnéraires  aflringentes  ; 
elle  eil  regardée  comme  fpécifique  dans  le  pilTement 
de  fang  :  la  plante  pilée  ou  une  tente  de  charpie 
trempée  dans  Ion  fuc ,  arrête  les  hémorragies  des 
narines  ;  la  plante  fraîche  pilée  6c  appliquée  liir  les 
plaies  récentes  ,  arrête  le  fang  6c  prévient  Tinflam- 
mation.  Mais  M.  Haller  regarde  le  tabouret  comme 
l'aftringent  le  plus  foible  de  fa  clafle  crucifère  ;  il 
n'eil ,  dit-il ,  point  en  ufage.  Les  Méthodiftes  rangent 
le  tabouret  dans  la  feŒon  des  thlaspi.   Voyez  u  mot. 

On  a  donné  le  nom  de  drave  prïntannïzrc  ,  Draba 
vcrna  ,  à  la  petite  efpece  de  bourfe  à  berger  qui  croît 
fur  les  murs. 

BOUSCaRLE,  Les  Provençaux  donnent  ce  nom 
à  une  fauvette  qui  eil  un  peu  plus  petite  que  l'efpece 
appellée  grifette  ;  tout  le  deifus  du  corps  eft  roufTâtre , 
le  plumage  inférieur  eft  mêlé  de  blanc  &  de  roux 
clair  ;  les  pennes  des  ailes  &:  de  la  queue  font  noirâtres , 
bordées  de  rouiTâtre  ,  pi.  enl,  655. 

BOUSIER  ou  BouziER  ,  Copris.  Le  caradere  de 
ce  genre  d'ir:feâ:es  eft  d'avoir  les  antennes  en  mafte 
à  feuillets  ,  &:  de  n'avoir  point  d'écufîbn  entre  les 
étuis  ,  à  l'endroit  de  leur  origine  ou  de  leur  attache 
avec  le  corfelet.  C'eft  par  ce  dernier  caradere  qu'ils 
différent  des  fcarabées  proprement  dits  ;  outre  ce 
caractère  particulier  ,  tous  les  infedes  de  ce  genre 
ont  un  certam  port  que  leur  donnent  leurs  longues 
pattes  ;  celles  fur-tout  de  la  dernière  paire  font  fort 
longues  ;  en  forte  qu'il  femble  que  ces  animaux  foient 
montés  fur  des  échaftes  :  quelques  efpeces  ont  une 
corne  fur  la  tête;  d'autres  en  ont  deux;  leur  ufage 
n'eft  pas  aifé  à  déterminer  ,  peut-être  leur  fervent- 
Tome  //,  E  e 


4U  B     O     U 

elles  pouî  s'enfoncer  plus  aifément  dens  les  houies^ 
de  vaches  ,  les  fientes  d'anîinaux  ôc  les  immondices 
les  plus  iales,  où  on  les  trouve  ordinaireinent.  C'ed-hi 
que  ces  inle£>es  cépofent  leurs  œufs ,  que  leurs  larves 
ëclofent  ,  croiiîent  &:  fe  métamorpholent.  On  en 
diiiingue  de  plun?;urs  fortes ,  connues  feus  les  noms  de 
capucin^   hoticntot  ^  araignée^  6zc. 

BOUSSEROLE.    Foyei  Raisin  d'Ours. 

EOUTARQUE  ou  Poutargue.  Dans  les  Pays 
Méridionaux  on  donne  ce  nom  à  une  préparation 
d'œufs  de  poiffon.    l^cA-ei  ^  '^^^^tlck  MuGE. 

BOUT  DE  PETUN  ou  Ani  des  BrafiHens ,  Cro^ 
lophagî's.  Oifeau  du  LIî-  genre,  de  la  Méthode  de 
M.  Brijfrji  ;  on  en  diilingue  deux  el|:feces ,  favoir  :  le 
grand  bout  de  petiin  ,  pi.  enl.  lOi  ,  iig.  2  ,  ou  Vnni  des 
paUtuvicrs  ;  le  bout  dipetnn  petit,  ou  Winl  dds  favanms. 
Le  premier  eft  à- peu-près  à\\  double  plus  grrnd  que  le 
deuxième  :  celui-ci  eil:  gros  à- peu- près  comme  un  fort 
merle.  Ces  oifeaux  font  propres  au  nouveau  Continent. 
Ils  font  fort  communs  dans  FAm.érique  Méridionale  , 
au  Bréiil  ,  à  Cayenne  &  à  Saint-Domingue  ,  &c. 
Les  Créoles  ont  donne  à  ces  oifcaiLx  le  nom  de  bout 
de  petun  ,  bout  de  tabac ,  diable  desfavannes  ,  diable  des 
pahtuviers  ;  on  les  a  nommés  aufii  bcuilleurs  di  Canari^ 
parce  que  ,  dit-on  ,  leur  cri  rcf  emble  au  bniit  que 
l'eau  fait  en  bouillant  ;  cependant  leur  cri ,  ou  fi  Ton 
veut,  leur  chant  ,  efl  une  forte  de  fixement  toujours 
aigre  &  défagréable. 

Les  anis  ou  bouts  de  pctun  ,  vivent  en  troupes  ,  & 
l'on  prétend  que  plufieurs  femelles  fe  réunilTent  pour 
confiruire  un  nid  dans  lequel  elles  pondent ,  &  011  elles 
couvent  en  commun  ;  le  nid  eft  conftruit  de  brins  de 
bois  '  fec  ,  fans  garniture  à  l'intérieur ,  proportionné  , 
dit-on  ,  au  nombre  de  femelles  qui  fe  font  aiTociées 
pour  le  construire  &  y  couver  ;  on  prétend  qu'il  y  a 
dans  ce  nid  bannal  des  fcparations  qui  diilinguent  leurs 
ceiifs  en  particulier.  Quand  Içs  femelles  quittent  leurs 


B     O    U  43J 

œufs  ,  elles  les  couvrent  avec  des  feuilles.  Les  œufs 
font  de  couleur  d'aigue-marine  uniforme,  &c  fans  taches* 
Les  femelles  font  deux  ou  trois  pontes  par  an  ; 
elles  nourrirent  indifféremment  tous  les  petits  ,  aux- 
quels elles  donnent  la  becquée ,  &  les  maies  aident  à 
fournir  les  alimens.  Ces  oifeaux  réunis  ,  même  dans  4e 
temps  des  amours  ,  contre  ce  qui  eit  ordinaire  aux 
autres  oifeaux  ,  vivent  également  en  fociété  dans 
le  reile  de  Faurrée  ;  les  compagnies  font  compofées 
depuis  huit  à  dix  individus  jufqu'à  vingt- cinq. 

Le  plumage  des  anis  eû  noir  dans  les  deux  efpeces  ; 
mais  la  nuance  efl  plus  foncée  ,  &  les  reflets  de  violet 
&  de  vert-doré ,  font,  fuivant  les  afpects,  plus  fenfibles , 
plus  vifs  &  plus  étendus  dans  la  grande  efpece.  Le  bec 
de  les  pieds  font  noirs  ;  le  bec  eft  court ,  crochu  ,  plus 
épais  que  large  ;  la  mandibule  fupérieure  efl  déprimée 
fur  les  côtés  ,  &  relevée  en  demi-cercle  tranchant. 
Les  plumes  de  la  queue  font  au  nombre  de  dix.  Les 
doigts  longs ,  arrondis  6c  placés  deux  en  avant  6c  deux 
en  arrière. 

Ces  oifeaux  ont  le  vol  court  &  peu  élevé  ;  ils  fe 
pofent  plus  fouvent  fur  les  buiffons  que  fiu*  les  grands 
arbres  ;  ils  fe  placent  très  -  près  les  Uns  des  autres  ; 
l'inftinâ:  focial  a  beaucoup  d'impulfion  fur  tous  leurs 
mouvemens.  Ils  fe  nourrliTsnt  de  graines,  d'infedles 
&c  de  reptiles  ;  comme  les  pies ,  ils  fe  perchent  fur 
les  bœufs  ,  pour  chercher  les  tiques  éc  les  autres 
inlecles  attachés  au  cuir  de  ces  animaux  ;  ils  ne  font 
ni  farouches ,  ni  craintifs  ;  on  les  approche  aifément  ; 
mais  on  en  tue  peu  ,  parce  que  leur  chair  n'efl:  pas 
mangeable ,  &  qu'ils  ont ,  même  vivans ,  une  odeur 
défagrcable.  Vani  s'apprivoife  aifément  ,  il  apprend. 
à  parler  ,  &  dans  l'état  de  liberté  il  ne  fait  aucune, 
forte  de  tort. 

BOUTîS.  Terme  ufité  dans  la  chafTe  du  fanglkn 
yojc{^  le  Tabkau  alphahltiaju  des  termes  de  Vénerie 
à  la  fuite  de  VmicU  Cerf, 


436  B    O     U 

BOUTON  D'ARGENT.  Nom  que  les  hràmleri 
Fleuriiles  ont  donné  à  la  ptarmiquc  à  ficurs  doubles.  On 
connoît  le  bouton  d'argent  d'Angleterre  dont  la  racine 
eil  une  patte  refTemblante  à  celle  de  l'alperge ,  &:  la 
feuille  à  celle  du  fraificr. 

Bouton  de  mer.  Nom  que  l'on  donne  à  Vourjm. 
Voyez  ce  mot. 

Bouton  d'or  6c  Bouton  blanc.  Voyei  Immor- 
telle &  PtarMIQUE.  Foyei  aujji  rartïde  Herbe 
BLANCHE. 

Bouton  &  Bourgeon.  Voyez  ces  mots  dans  le 
Tableau  alphabétique ,  &;c.  de  Vanïcle  Plante. 

Bouton  gris.  Nom  donné  par  M.  V Abbé  Dkquc- 
marc  à  un  corps  marin  &  animal ,  dont  le  nom  fait 
prelque  ieul  la  définition  extérieure.  Journ,  dz  Phyf, 
Juill,  lyS;^, 

BOUT-SALLICK.  Ceil  le  coucou  brun  &  tacheté 
xle  Bengale.   Foyc^  Coucou. 

BOUTURE.  Voyez  à  X Alphabet  des  termes  à  la  fuite 
du  mot  Plante» 

BOUVERET  &:  Bouveron.  Voye^  à  r article  Bou- 
vreuil. 

BOUVIER.  Voyei  GoBE-MOUCHE  (  Oifeau  ). 

BOUVREUIL  ,  pi,  enl,  145  ,  /^.  i  ,  le  mâle  ; 
jlg,  2,  la  femelle  ;  Pivoine  de  Belon .  Pyrrhula,  Geme 
d'oifeau  \\ï\  peu  plus  gros  que  le  moineau  appelé 
pierrot  ,  ôc  que  fes  couleurs  mâles  &  foncées  rendent 
agréable  :  le  deffus  de  la  tête  eil  d'un  noir  brillant  ; 
le  deiTus  du  cou  ,  le  dos  &  les  plumes  fcapulaires 
font  de  couleur  cendrée  ,  très  -  légèrement  teintes  de 
roux  ;  le  croupion  efl  blanc ,  ainfi  que  le  bas-ventre  ; 
les  ailes  &  la  queue  d'un  noir  luHré  ôc  à  reflets 
violets.  Le  mâle  a  toute  la  poitrine ,  le  cou  &  les 
joues  d'une  b^rlle  couleur  rouge  :  (  chez  la  femelle 
cette  partie  du  phunage  eil  de  couleur  brune-vineufe  ;  ) 
fon  bec  eil:  noir  ,  gros  ,  court  ,  fort ,  convexe  eiî 
deillis   oC    en   deifcus  ,•  6c    la  partie  fupcrieure   eit 


sou  437 

courbée  en   en  bas  à  fon  extrémité  ;  fes  ongles  iont 
noirs  ,  ^  les  pieds  bruns. 

Les  bouvreuils  aiment  les  pays  montueux  &  boifés^ 
Ils  pafTent  Pété  dans  les  bois  ,  vivent  de  grains  ^  font 
leur  nid  fur  les  buiffons  ,  d>L  le  compofent  de  moufle 
en  dehors  ;  de  laine ,  de  plumes ,  &:c.  à  l'intérieur.  La 
femelle  pond  communément  quatre  œufs  ,  d'un  blanc 
teint  de  bleuâtre  ,  &C  tachetés  vers  le  gros  bout  de 
violet  &  de  noir.  En  hiver  ,  ces  oifeaux  fe  répandent 
par  bandes  dans  les  plaines  ;  on  les  prend  alors  avec 
des  nappes.  Cet  oifeau ,  pendant  le  printemps ,  fait  un 
grand  dégât  dans  les  vergers  ;  il  aime  beaucoup  les 
premiers  boutons  qui  précèdent  les  feuilles  &C  les  fleurs 
des  pommiers  ,  poiriers  ,  pêchers  &C  autres  arbres  , 
auxquels  il  caufe  de  grands  dommages  :  auiïi  les  Nor- 
mands l'appellent-ils  bourgeonnUr  ou  ihour^œnncux  ;  le 
bouvreuil  eil  un  des  oifeaux  qui  réunit  le  plus  d'agrémens  : 
il  plaît  par  la  beauté  de  fon  plumage  ,  par  les  mœurs 
fociales  &  par  la  douceur  de  fon  chant.  On  l'élevé 
facilement  en  cage  ;  mais  fa  belle  couleur  rouge  s'y 
aftoiblit.  On  en  a  vu  qui  y  prenoient  un  plumage  pres- 
que totalement  noir,  &  d'autres  prefque  tout  blanc. 
Le  bouvreuil  eil  fufceptible  d'attachement  &:  d'une  belle 
éducation  ;  il  apprend ,  fans  beaucoup  de  peine ,  à  imiter 
le  fon  de  la  flûte ,  &  à  répéter  des  airs.  Son  chant  efè 
agréable ,  mais  cependant  moins  fort  que  celui  de  la 
linotte.  On  dit  que  la  femelle  chante  auiîi  bien  que 
le  mâle  :  fi  cela  eft  vrai ,  c'eft  une  des  exceptions  que 
la  Nature  fe  plaît  à  mettre  aux  règles  générales ,  pour 
répandre  plus  de  variétés  dans  fes  produdiions.  Suivant 
M.  de  Salerne  ,  le  bouvreuil  efl  appelé  bouvreux ,  bour^ 
geonnler  en  BaiTe-Normandie  ;  bœuf ,  pinçon-mailU  en 
Cologne  ;  chovpard ,  grojfe  tête  noire  en  Picardie  ;  pive 
en  Provence  ;  pivane  en  Berry  ;  pion  ou  piene  en  Lor- 
raine ;  pinçon  £  Auvergne  en  Saintonge  ;  &  ailleurs 
pinçon  rouge  ,  fiffl^ur  ,  fiuttur  ,  groulard ,  perroquet  de 
France  ^  écojjonncux ,  rojjïgnol-momt ,  civière  ,  tapon» 

Ee  3 


438  BOY 

Parmi  l'efpece  du  bouvreuil ,  on  dlflingue  :  Le  hou^ 
vreuil  tout  noir  &  à,  bec  blanc  de  la  Guiane  :  le  bouverorz 
ou  petit  bouvreuil  noir  d'Afrique  ;  il  a  trois  bandes 
blanches  fur  la  the.  ;  la  partie  antérieure  du  cou ,  &: 
îe  defTous  du  corps  d'un  beau  blanc  ;  les  plumes  du 
bas-ventre ,  jm^qu'au-defibus  de  la  queue,  font  longues  , 
contournées  ,  frifées  à  contrc-fens.  On  trouve  auiîi 
dars  le  Eréfil ,  îe  bcuvcrcn  à  plumes  plus  ou  moins  frifées, 
^,  pL  ml,  319  ^  ji^*  I  :  Le  bouvreuil  bien  d'Amérique, 
Foyei  Bec  rond  :  Le  bouvreuil  d'Hambourg^  Voyez 
Hambouvreux  :  Le  bouvcra  ou  le  bouvreuil  de  Plile 
de  Bourbon  &  du  Cap  de  Bonne-Efpérance  ,  pL  enl, 
2.04  :  ils  ont  le  defîbus  du  corps  blanc  ,  le  deiïïis  Ô£ 
la  queue  de  couleur  orangée  ;  le  bec  brun  &  les  pieds 
rovigeâtres  :  Le  bouvreuil  huppé  d'Amérique  ;  il  eft  beau- 
coup 'plus  gros  que  les  nôtres  ;  une  belle  huppe  noire 
s'élève  fur  fa  tête  ;  le  deffiis  du  corps ,  les  ailes  & 
la  queue  font  d'un  rouge  d'écarlate  ;  le  delTous  du 
corps  efl:  d'un  bleu  éclatant  ;  fon  bec  efl  blanc. 
Le  grand  bouvreuil  noir  d'Afrique  ,  efl  de  la  taille 
de  notre  gros  -  bec  ;  tout  fon  plumage  efl  noir  , 
excepté  une  petite  tache  blanche  au  milieu  des  ailes  ; 
le  bec  &  les  pieds  d\m  gris  -  blanchâtre.  Le  bouvreuil 
noir  du  Mexique  ,  à  bec  rond ,  noir  &  blanc.  Les 
bouvreuils  violets  &c  à  bec  rond  de  la  Caroline  èc  de 
Bahama  ;  ceux  de  Bahama  ont  la  gorge ,  la  queue  &c 
les  fourcils  rouges. 

BOYAUX  ,  Intejlina,  Nom  donné  aux  inteflins.  lî 
y  a  des  animaux  dont  les  boyaux  font  utiles  dans  le 
Commerce  ,  après  avoir  été  préparés  par  les  Boyau- 
dicrs.  Tout  le  monde  connoît  les  cordes  de  violon  , 
de  baffe  61  d'autres  inflrumens  de  Mufique.  Voye^  la 
manière  dont  les  Ouvriers  s'y  prennent  pour  fabri- 
quer les  cordes  à  boyau,  à  la  fin  de  r article.  ACNEAU  , 
&  dans  le  Diclion,  des  Arts  &  Métiers. 

On  a  donné  le  nom  de  boyau  de  chat  à  1  *ulva  in* 
tcjîinalis^  Voyez  à  Variich  Ulve, 


B    R    A  439 

BRAC.   C'eft  le   Calao  d'Afrique.    Voyzi  à  VanïcU 
Calao, 

BRACELETS  ,  Armillœ,  On  voit  dans  les  Cabinets 
ces  ornemens  des  Anciens  :  ils  paroiiTent  avoir  été  du 
goût  de  prefque  toutes  les  Nations.  On  les  a  portés 
autrefois  au  haut  du  bras  .  quelquefois  auiTi  on  mettoit 
de  femblables  anneaux  aux  jambes.  Ils  ont  été  des  mar- 
ques arbitraires  d'honneur  ou  d'efclavage  ;  c'étoient 
quelquefois  des  récompenfes  de  la  valeur.  Il  y  en  a 
eu  de  fer  ,  d'ivoire  ,  d'argent ,  de  cuivre  jaune  (k.  de 
lames  d'or.  On  a  trouvé  à  Store  ,  près  de  l'Ule  Adam , 
dans  un  endroit  appelé  le  Camp  de  Jules-  Céfar ,  des 
fquelettes  humains  qui  avoient  encore  des  hauffe-cols, 
des  braccUts  Sc  des  anneaux  d\iri  cuivre  comme  doré , 
cil  l'on  fufpendoit  des  bulles  d*or  ou  d'argent.  Les 
Sauvages  en  ont  de  coco  ou  de  coquilles.  On  lait  que 
le  goût  du  luxe  &  de  la  parure  n'eft  pas  moins  vif 
chez  les  Sauvages  que  parmi  les  hommes  policés. 
N'a-t-on  pas  vu  des  peuples  barbares  vendre  leurs 
parens  ,  même  leurs  pères ,  leurs  mères  ,  leurs  femmes 
oC  leurs  enfans  pour  podeder  des  bracelets  de  verrote- 
rie ?  &:c. 

BRADYPE.  Foyei  Paresseux. 

BRAI.  Voyci  Poix  liquide  aux  articles  Pin  & 
Sapin.  Le  hral  iqc  eft  Varcançon, 

BRAÏNVÎLLIERS.  f^oy^i  Spigelîa. 

BRAIRE  ,  Braiement.  Nom  du  cri  rauque  , 
bruyant  &:  difcordant  que  pouffe  Vdne ,  lorfque  le 
défir  ,  l'impatience  ou  le  beioin  le  preffent.  Foyc^  à 
r  article  A  NE. 

BRAMIE  5  Brami ,  Rheed.  Mal.  Plante  qui  croit  dans 
rinde  ^  au  Malabar  ,  dans  les  lieux  humides  ;  elle  efc 
rampante  comme  certaines  g^atioles  ;  fes  tiges  font  d'un 
vert- rougeâtre  ;  fes  feuilles  prefque  femblables  à  celles 
du  GrzticAa  mcnnkra  de  Lïnnœus  ;  les  fleurs  font  mo- 
nopétales ,  bleues  ,  folitaires  ,  axillaires.  Le  fruit  eil 
une  çapfifj^  conic^ue  ^  environnée  par  les  feuilles  du 

Ee  4 


440  B   R    A  B    R    E 

calice  uniloculaire  ,  &  qui  contient  beaucoup  de 
femences  menues. 

BRANCHES  ,  RamL  Voyez  ce  mot  dans  le  Tableau 
alphabétique  ,  &c.    à  V article  PLANTE. 

BRANCHIALE.    Voyei   à  ranicle  LAMPROIE, 

BRANCHIES.  Se  dit  des  ouies  des  poiiTons.  Voyei^ 
Poisson. 

BRANC-URSLNE.  Voyei  Acanthe. 

BRANDHIRTZ.    Voye^  a  l'article  Cerf. 

BRAQ'JL.  Nom  donné  à  une  race  particulière  dans 
l'efpece  du  chien.  Voyez  l'es  caraderes  a  V article  Chien. 

BRASIL.  Les  Mineurs  Anglois  donnent  ce  nom  à 
une  marcafiite  fouvent  lamelleufe ,  mais  unie  &:  iem- 
blable   au  laiton    ou  au   cuivre  jaune.    Voye^^  Mar- 

CASSITE. 

BRASSICAIRES.  Ce  font  les  papillons  du  chou. 
^(TK^:^  Chenille  du  chou. 

BRÉANT  ou  Bruant.  Voye?^  Bruant. 

BREBIS.   Voyei  à  t article  BÉLIER. 

BRÉCHITE  ou  Goupillon  de  mer.  M.  Guettard 
donne  ce  nom  à  un  foffile  qui  pourroit  être  regardé 
comme  une  forte  ^arrofoir  marin  ,  mais  d'une  elpece 
iingialiere.  Le  cara£kre  générique  de  ce  polypite  ou 
polipier  foiîile  ,  eft  d'être  d'une  figure  conique  y  & 
d'être  percé  de  trous  en  fon  fommet ,  d'avoir  des 
crêtes  circulaires  &  des  ftries  longitudinales. 

BRÉDE  de  Malabar.  C'eil  Vamarante  épineufe.  On 
remarque  entre  les  fleurs  ,  qui  font  difpofées  en  épis 
verdâtres  ,  quelquefois  purpurins  ,  droits ,  plufieurs 
écailles  en  alêne  &  fpinuliformes  :  cette  plante  fe 
trouve  à  Amboine  ,  à  Ceylan ,  &  en  Amérique  dans 
les  Antilles. 

BREDIN.  royei  Lepas. 

BREHAIGNE.  Mot  populaire  reçu  en  Vénerie ,  & 
qui  exprime  que  la  biche  ou  un  autre  individu  femelle 
cft  ftérile  &  n'engendre  point.   Voye?  à  V  article  Cerf. 

BREHÉME.  Voyei  Melongéne, 


B    R    E  441 

BREHIS.  Nom  d'une  licorne  quadrupède  ,  de  la 
grandeur  d'une  chèvre  ,  &  que  l'on  dit  fe  trouver  à 
Madagalcar.  Son  exiftertce  eiî  une  chimère ,  ainfi  que 
celle  de  la  licorne  terreilre ,  appelée  camphur.  Voyez 
ce  mot. 

BHÊME,  Cyprinus  (^Intus^.  En  Angleterre  ,  Brcam; 
en  Allemagne ,  Brajfem  ;  en  Suéde ,  Brax  ;  Brama ,  Linn. 
Poiflbn  du  genre  du  Cyprin  ;  il  f  e  trouve  dans  les  eaux 
douces  de  l'Europe  ,  notamment  dans  les  lacs  &  dans 
ceux  qui  confluent  aux  embouchures  des  grandes  ri- 
vières ;  on  le  pêche  plus  fréquemment  au  printemps 
que  dans  les  autres  faifons.  Ce  poiffon  a  le  corps 
large  &  aplati  latéralement  ;  il  y  en  a  d'un  pied  de 
long  6c  même  plus.  Le  defïïis  de  la  tête  eil  prefque 
noir  ;  la  gueule  efl  petite ,  6l  les  lèvres  font  grolîes  ;  on 
diflingue  plufieurs  dents  qui  font  crochues  ;  la  langue 
efl  ivKèe  au  palais  &  rouge  ;  les  iris  des  yeux  de  cou- 
leur d'or ,  quelquefois  argentés  ;  le  dos  très-convexe  ; 
la  ligne  latérale  courbe  ;  les  écailles  grandes  &  en  re- 
couvrement ,  difpofées  fur  des  lignes  parallèles  ,  d'une 
couleur  jaune  pâle  &  mêlée  de  brun  ;  celle  du  ventre 
efl  argentée,  La  nageoire  dorfale  ,  qui  a  douze  rayons 
branchus  ,  eil  d'un  gris  foncé  ,  avec  une  bordure 
noire  ;  les  pectorales  ont  chacune  dix-fept  rayons  ;  les 
abdominales  en  ont  neuf  ou  dix  ;  celle  de  l'anus ,  qui 
efl  noirâtre  ,  en  a  vingt-fept  ;  celle  de  la  queue  ,  qui 
ell  fourchue ,  en  a  dix-neuf.  La  chair  de  ce  poiiTon 
eil  blanche  &  délicate  ;  mais  elle  paroi t  défagréable  , 
fi  le  poifTon  a  été  péché  dans  des  eaux  fangeufes.  La 
hrême  que  les  Pêcheurs  nomment  gardonnU  ,  n'eft 
qu'une  jeune  brime  qui  a  les  écailles  plus  brillantes 
^  cet  âge. 

Brème  de  mer  ou  Brame  ,  Spams  Rhomboïdes , 
Linn.  ;  Perça  Rhomboïdes  ,  Catesb.  Poiflbn  du  genre 
des  /pares  ;  il  fe  trouve  dans  les  mers  de  l'Amérique. 
Le  dos  efl:  fillonné  par  une  efpece  de  canal  comme 
dans  les  fàenes,  Lqs  mâchoires  font  garnies  de  dents 


ÎÏ4Î  B    R   E  BRI 

obtufes  ;  une  tache  noire  entre  les  nageoires  pe£loraies 
ëc  la  dorfale  ;  celle-ci  a  vingt-trois  rayons  ,  dont  les 
douze  premiers  font  épineux  ;  les  peâorales  en  ont 
chacune  (eize  ;  les  abdominales  fix  ,  dont  un  épineux  ; 
celle  de  Panus  quinze  ,  dent  trois  épineux  ;  celle  de 
la  queue  vingt.  Le  corps  eu.  de  couleur  jaune ,  marque 
longitud^nalement  de  plufieurs  lignes  qui  le  font  pa- 
roître-  flrié.  Les  trois  dcraicres  efpcces  de  nageoires 
font  rouiTes.  On  eftime  la  chair  àc  ce  poifTon  bonne 
à  manger. 

ERENACHE  ou   Berkache,    Foyei    Oie   non- 

KETTE. 

BRESILLET  &c  Bresillîot.  roye^  à  CanicU  Bois 
XE  Brésil. 

BP.ESLINGE.  Nom  d'une  race  de  Fraijlcr,  Voyez 
ctt  articU, 

BRESSDIUR.  Efpece  d'Ours  de  Ncrr/cge.  Voyci 
Ours. 

BREVE.  Nom  donné  à  des  oifeaux  de  l'ancien 
Continent ,  qui ,  dans  la  Méthode  de  M.  Brijfon ,  font 
^u  genre  XXII  :  ce  font  des  merles  ,  mais  qui  ont  le 
J^ec  plus  épais ,  plus  fort  ;  les  jambes  beaucoup  plus 
longues ,  êc  la  qu»ue  &:  les  ailes  au  contraire  beaucoup 
plus  courtes  que  les  autres  oifeaux  du  même  genre. 
On  en  dlftingue  quatre  ou  cinq  efpeces  :  \P  la,  brcvc 
de  Bengale  ,  pU  mL  258,  qui  eil  le  merle  vert  des  Mo- 
luques  de  M.  Brijfon  ;  fa  gcrge  eil  noire  ;  une  variété 
efl  la  brève  de  Bengale  à  gorge  blanche  ;  2.^  la  brève  du 
Ceylan  ,  c'eft  la  pu  à  conne  queue  des  Indes  Orienta- 
les ,  ^Edwards  ;  3.°  la  brève  de  Madngafcar  ,  c'eft  le 
merle  des  Moluques  ^  pi.  enL  257  ;  4.^  la  brève  de  Ma- 
laca  ,  (  Voyag.  aux  Indes  )  ;  5  .^  la  brève  des  Philippines, 
c'eit  le  mcrk  vert  à  tête  noire  des  ivlolucues  ,  de 
M.  Bnjfon  ,  pL  enL   89. 

BRIDÉ  ,  (le)  Chœtodon  capiflratus  ,  Linn.  ;  Pifds 
miutarïs  ^  fvldaten  or  klipvifck^  Ruyfc  Polûbn  du  genre 
du   ChétGuon  ;_  il  fe  trouve  dans  IK^céan  Atlantique  , 


BRI  445 

fous  la  Zone  tOJ-ride.  Grcnov'ms  a  dicflt  un  de  ces 
poiffons  ;  il  avoit  trois  pouces  &:  un  quart  de  lon- 
gueur ;  la  mâchoire  inférieure  plus  longue  que  celle 
d .  delîus  ,  ôc  toutes  deux  garnies  d'une  midtitude  de 
petites  dents  oblongues  ;  les  yeux  allez  grands  ;  les 
opercules  des  ouïes  liiTes  &:  écailleux.  La  nageoire 
dorfale  garnie  de  douze  rayons  épineux  ,  &  de  douze 
autres  flexibles  &:  rameux  ;  les  pedorales  ont  chacune 
quatorze  rayons  ;  les  abdominales  ea  ont  lix  ,  dont  la 
premier  efl  épineux  ;  celle  de  l'anus  en  a  dix -huit  , 
dont  les  deux  premiers  font  forts  &  épineux  ;  celle  de 
la  queue  ,  qui  eft  arrondie,  offre  d'x-huit  rayon§„ 
Les  lignes  latérales  offrent  un  arc  conv--;xe.  Le^corps 
&:  la  tête  font  recouverts  de  grandes  écailles  liffes  ;  le 
fond  de  la  couleur  eft  jaunâtre.  Il  y  a  fur  chaque  côté 
du  corps  ,  vers  l'extrémité  de  la  nageoire  du  dos  , 
deux  taches  noires  ,  grandes ,  &  une  blanche  ;  la  partie 
fupérieure  des  côtés  efl  marquée  de  plufieurs  lignes 
obfcures  ,  parallèles  entre  elles  ,  &  qui  s'étendent 
obliquement  :  une  partie  allant  de  la  nageoire  dorfale 
aux  opercules ,  &:  l'autre  allant  en  fens  contraire  du 
dos  à  la  nageoire  de  l'anus  ;  en  forte  qu'elles  coupent 
les  premières  ,  &  forment  une  fuite  d'angles  continus 
fur  les  furfaces  latérales  du  corps. 

Bridé  ,  Spa,ri:s  capifiratus  ,  Linn.  M.  Daubenton 
donne  ce  nom  à  un  poiuon  du  genre  à\\fpare;\\  fe 
trouve  dans  les  mers  de  l'Amérique.  Les  écailles  font 
difpofées  à  l'aife  ,  U  bordées  antérieurement  de  à^wx 
petites  bandes  blanchâtres  ,  qui  ,  par  leur  jonûlon  , 
forment  un  angle  droit ,  de  manière  que  le  corps  du 
poifTon  paroît  marqué  d'un  réfeau  blanc.  Les  deiLX 
premières  dents  de  la  mâchoire  de  defTus ,  &  les  quatre 
premières  dans  celle  de  deifous  ,  font  beaucoup  plus 
grandes  que  les  autres  ;  la  nageoire  dorfa'e  eft  très- 
longue  &  garnie  de  vingt  rayons  ,  dont  les  neuf  pre- 
miers font  épineux  ;  les  pe£lcrales  en  ont  chacune 
douze  ;  les  abdonainales  fix ,  dont  un  efl  épineux  ; 


444  _  BRI 

celle  de  ranus  foze,  dont  le  premier  eft  épineux;  celle 
de  la  queue  en  a  quatorze. 

BRIGNOLIER.  Nicolfon  dit  qu'on  en  diflingue 
ceiLx  elpeces  à  Saint-Domingue  ,  l'un  à  fruit  jaune, 
&  l'autre  à  fruit  violet  ou  d'un  rouge  -  violet.  Les 
feuilles  font  longues  ,  terminées  en  pointe  ,  affez 
ëpaifTes  &  bien  nourries  ,  verdâtres  &  luifantes  en 
delTus  ,  lanugineufes  en  deffous  ;  fes  fleurs  petites  , 
blanches  ,  épa'fTes ,  ferrées  par  bouquets  les  unes  contre 
les  autres  ;  elles  fe  changent  en  un  fruit  oblong ,  de 
la  forme  d'une  olive  ,  mais  plus  petit ,  mou ,  charnu  y 
un  peu  aigrelet.  On  en  mange  les  fruits  avec  plaifir. 

BPJN  D'AMOUR.  Suivant  l'Auteur  de  VEfii  fur 
VHïjl.  Natur.  de  Saint  -  Dominguc  ,  c'efl  un  végétal 
dont  la  tige  a  deux  pouces  de  diamètre  ,  &  fept  à  huit 
pieds  de  hauteur;  elle  eil  verte,  cylindrique,  tendre^ 
ipongieufe  ,  couverte  d'aiguillons  très -fins  &  très- 
aigus  ;  fes  branches  font  difpofées  alternativem^ent 
autour  de  la  tige  ;  elles  fe  foudivifent  en  pîufieurs 
petites  branches  ,  au  bout  defquelles  font  placées  des 
feuilles  tendres  ,  luifantes  ,  d'un  beau  vert  foncé  en 
deffus  &  mat  en  defTous ,  découpées  largement  fur  les 
bords  ,  longues  de  huit  à  neuf  pouces  ,  fur  fix  de  lar- 
geur ,  terminées  en  pointe  ,  portées  fur  une  grofTe 
queue  de  quinze  à  dix-huit  lignes  de  longueur  ,  cou- 
vertes d'un  duvet  fin  &  piquant ,  qui  s'infinue  pro- 
fondément dans  la  peau  lorfqu'on  y  touche ,  &:  excite 
une  démangeaifon  très-cuifante  ,  qui  dure  cinq  à  fix 
heures.  Les  nervures  de  ces  feuilles  ,  ainfi  que  la  côte 
à  laquelle  elles  aboutirent  ,  font  garnies  de  petits  ai- 
guillons jaunâtres ,  très-piquans.  A_utour  de  fa  tige  & 
des  principales  branches  ,  naiffent  de  petites  fleurs  d'un 
rouge  de  carmin,  très -agréables  à  la  vue,  qui  de- 
viennent bientôt  de  petites  baies  fphériques  ,  groffes 
comme  un  grain  de  grofeille,  tranfparentes ,  blanches, 
luifantes  ,  attachées  à  un  long  pédicule  :  elles  re^ifer- 
ment  deux  ou  trois  petites  graines  oblongues ,  envir 


BRI  445. 

tonnées  d'une  fubftance  douce ,  agréable.  On  dit  que 
ces  fruits  excitent  à  l'amour.  Cette  plante  croît  dans 
les  endroits  fecs  &  rocheux  à  Saint-Domingue. 

BRIN  BLANC  &:  Brin  Bleu.  Noms  donnés  par 
quelques-uns  à  des  efpeces  de  colibris  à  lojigue  queue  ; 
le  premier,  eu  de  Cayenne ,  &:  l'autre  du  Mexique. 
Foyei  Colibri. 

BRiNDONES.  Fruit  des  Indes  Orientales ,  &  dont 
les  Portugais ,  établis  à  Goa  ,  ont  fait  pendant  long- 
temps un  commerce  affez  confidérable  ,  fa  pulpe  étant 
d'uiage  en  teinture  ,  &  fon  écorce  fervant  à  la  confec- 
tion du  vinaigre  de  ce  pays.  Le  brindoms  eft  rougeâtre 
en  dehors  ,  &.  d'un  rouge  de  fang  en  dedans.  Il  con- 
ferve  toujours  fa  couleur  intérieure  ,  ainfi  que  fon 
goût  ,  qui  eft  affez  acre  ;  mais  à  mefure  qu'il  mûrit  , 
il  devient  noirâtre  à  l'extérieur.  On  en  mange  quel- 
quefois,  mais  rarement.  Ray,  Hiji,  Plant,    1831. 

BRISE-OS.  Foye^àr article  CHIENDENT.  On  a  donné 
aufîi  le  nom  de  brije-os  à  l'oifeau  Orfraye.  Voyez  ce  mot, 

BRISSOIDES  ou  Brissîtes.  Nom  donné  à  un  genre 
^Oiirjins  devenus  foiTiles.  Voye:^  P article  OuRSiN. 

ERIZE  ,  Bri:^a ,  Linn.  Nom  donné  à  un  genre  de 
plante  unilobée  de  l'ordre  des  Graminées  :  on  en  dlAin- 
gue  plulieurs  efpeces  :  i  .^  La  bri^e  très-grande  ,  Briy^a 
maxima  ^  Linn.  103  ,  celle  que  l'on  cultive  dans  les 
jardins  ,  qui  efl  originaire  d'Italie  &  qui  s'efr  naturalifée 
&  très-multipliée  en  France  :  fa  tige  eft  grêle  ,  cylin- 
drique ,  longue  d'un  pied  ou  environ ,  terminée  par  \\n 
panicule  de  deux  à  fept  épillets  fort  gros ,  liffes ,  pana- 
chés de  blanc  &  de  vert ,  pendans  &  compofés  chacun 
de  cinq  à  fept  fleurs  :  2.^  La  bri^e  tremblante ,  Briy^a 
trcmula  ;  la  mobilité  des  panicules  de  cette  plante  lui  a 
fait  donner  le  nom  qu'elle  porte  :  elle  produit  un  effet 
agréable  dans  les  bouquets  des  Dames  au  moment  qu'elles 
danfent.  Il  y  en  a  deujx  variétés  :  l'une ,  Bri7^a  média  ^ 
Linn.  102:  l'autre,  Bri{a  minor ^  Linn.  103  ;  elle  efl 
annuelle ,  les  épillets  font  ovales  ou  uiangulaires ,  miles 


446  B    R     O 

de  bhnc  ou  de  vîolei,  ccmpofés  de  cinq  à  fept  fleurs  : 
elle  crvOÎr  dans  les  près  lecs  :  5.^  La  briie  amourau  ^ 
Brl^ia  eragrojîls  ,  Linn.  103  ;  elle  croît  dans  les  lieux 
fablonneux  ;  (es  épirets  font  lancéolés ,  d'un  vert-brun, 
olivâtre  ou  violet  :  ils  contiennent  chacun  quinze  à 
vingt-c-nq  fleurs  imbriquées  iur  deux  rangs  oppoles  ; 
on  la  trouve  en  France  &  dans  d'autres  régions  de 
l'Europe  Auftrak  ôc  temperét.  La  bri:^e  vcrdatre  d'Ef- 
pagne  ,  Bii^a  virens ^  Linn.  La  è>n:(e  de  la  Caroline, 
Bri^a  Carolïniaîia  ,  Linn.  ;  elle  le  trouve  aufli  dans  la 
Virginie.  La  belle  bn:^e  hipïnnk  d'Egypte ,  Bri^a  bipiti- 
nata ,  Linn.  La  brÏT^  mucwnée  de  l'Inde  ,  Umola  mucro~ 
nata  ,  Linn.  La  bri^e  en  épi  ,  Uniola  fpïcata ,  Linn.  ; 
cette  efpece  fe  trouve  dans  les  lieux  maritimes  de 
l'Amérique  Septentrionale. 

BROCARD  DE  SOIE.  Nom  donné  par  les  Curieux 
à  une  coquille  du  genre  des  roukaux.  Sa  couleur  eil 
gris  de  Im  nué  de  coiîleur  de  chair  ,  à  bandes  longi- 
tudinales de  taches  d'un  rouge-brun  ,  en  forme  de 
rcfeau  ,  &  à  deux  zones  de  grandes  taches  de  même 
couleur.  Sa  tête  efl:  aplatie ,  &:  les  orbes  en  font  un 
peu  tuberculeux,  f^cyc^  Rouleaux. 

BROCHET ,  Efox  Indus  ,  Linn.  Pciflbn  du  genre 
de  Vfcz  ;  il  fe  trouve  dan^  les  lacs ,  étangs  &  rivières. 
Il  e£t  remarquable  par  fa  tête  longue ,  de  figure  fmgu- 
licre ,  aplatie  dans  fa  partie  antérieure  depuis  les  yeux 
jufqirau  bout  du  bec,  de  fcrm.e  carrée ,  &c  percée  d'en- 
viron douze  petits  trous.  Sa  mâchoire  inférieure  efl 
plus  longue  que  la  fiipérieure ,  ayant  fur  les  côtés 
environ  treize  trous  ,  elle  eit  armée  de  petites  dents  très- 
aiguës  ,  alternativement  iixes  &  mobiles  ;  il  n'y  en  a 
point  à  la  liipérieure  ,  mais  il  y  en  a  deux  rangs  fur 
le  palais.  Le  venire  du  bro:het  efl  évafé  &  large.  Il  a 
le  dos  cbfcur ,  la  queue  fourchue  ,  la  ligne  latérale 
aflTez  droite,  fon  ventre  tacheté  de  peints  blancs  &  lui- 
fans  ;  {^s  yeux  enfoncés  dans  leur  orbite  ;  les  iris  iont 
mêlés  de  ijiane  ,  de  noirâtre  ,  de  verdâtre  de  de  jaune 


B     R     O      ^  447 

obfcur  ;  les  pnmelles  ovales  &  bleuâtres  ;  les  narines 
font  placées  devant  les  yeux ,  grandes  ,  ouvertes ,  &: 
ont  deux  oriiîces. 

M,  Ddeuie  obferve  que  le  brochet  eil  du  genre  tes 
poiffons  à  nageoires  molles  :  celle  du  dos  ,  formée  de 
vingt-un  rayons ,  eil  placée  tout  près  de  la  queue ,  &: 
il  a  quatorze  rayons  à  la  membrane  des  ouïes.  Les 
rayons  de  la  nageoire  dorfale  font  en  partie  fourchus 
à  leur  extrémité ,  &:  formés  de  deux  cffelets  étroite- 
ment unis  entre  eux  ;  les  pedorales  ont  chacune  quinze 
rayons  ;  les  abdominales ,  chacune  onze  ;  celle  de  l'anus 
en  a  dix  -  huit  ;  celle  de  la  queue  en  a  dix-neuf.  Les 
nageoires  font  jaunâtres  ,  tachetées  de  noir. 

Ce  poiffon  n'aime  nullement  les  eaux  falées;  il  ne 
fe  trouve  que  rarement  aux  embouchures  des  rivières  , 
à  moins  qu'il  n'y  foit  porté  par  l'impétuofité  de  l'eau; 
alors  il  devient  maigre  &  {qc.  Il  efl  très-vcrace,  dé- 
truit les  autres  poifibns ,  &  prefTé  par  le  befoin  ,  ceux 
de  fon  efpece  ;  il  fuit  les  carpes  dans  le  temps  où  elles 
fraient  ,  pour  avaler  leur  frai.  Cts  poiiTons  ,  dont  la 
gueule  eft  ample  ôi  fendue  prefque  jufqu'aux  yeux  , 
font  il  carnalîiers ,  qu'ils  s'efforcent  d'avaler  d'autres 
poiiTons  prefque  auffi  gros  qu'eux  ;  ils  commencent  par 
la  tête ,  &  ils  attirent  peu-à-peu  le  refte  du  corps ,  à 
mefure  qu'ils  digèrent  ce  qui  eil  dans  leur  ei^omac. 
On  a  vu  de  ces  poiiTons  d'égales  forces  vouloir  fe 
dévorer  l'un  l'autre  ,  &  l'un,  reiîant  engagé  dans  la 
gorge  de  l'autre ,  s'étouffer  réciproquement  ,  &  venir 
expirer  fur  le  rivage.  Le  brochet  s'élance  avidement  fur 
la  grenouille  &  même  fur  le  crapaud  ;  il  les  avale  , 
mais  il  vomit  ce  dernier,  ainii  qu'on  en  a  fait  l'expé- 
rience. On  dit  qu'il  n'attaque  point  les  groifes  perches, 
parce  qu'elles  font  armées  d'aiguillons  Qu'elles  hériifent; 
d'autres  aiTurent  qu'il  les  prend  en  travers  ,  àc  les 
ferre  juiqu'à  les  étouffer. 

La  femelle  du  brochet  ^  lorfqu'elle  veut  jeter  fon  frai , 
(c'eil  en  Mars  S^  m  Avril ,)  s'éloigne  ,  dit-on,  du  lieu 


44»  B    R    O 

où  elle  a  coutume  de  demeurer  ,  de  peur  que  fes  œufs 
ne  foient  dévcrés  par  d'autres  brochets  :  ce  qui  paroît 
afîez  vraifemblable  ,  vu  que  les  mâles  de  plufieurs 
autres  efpeces  de  poiffons  pourluivent  les  femelles  qui 
font  prêtes  à  mettre  bas  ,  pour  en  avaler  les  œufs 
aufîi-tôt  qu'ils  font  jetés. 

Dans  bien  des  pays  on  fe  garde  bien  ,  lorfqu'on 
empoiiibnne  un  étang,  d'y  jeter  du  brochaon ;  car  il 
s'en  trouve  toujours  affez  fans  qu'on  y  en  ait  mis. 
On  croit  que  cela  vient  de  ce  que  les  œufs  du  brochet 
fe  collent  aux  pattes  ou  aux  cuifTes  du  héron  ,  s'en 
détachent  enfliite  lorfqu'il  vient  à  la  pêche  dans  un 
autre  étang,  &  le  peuplent  ainfi  de  frai  de  brochet. 
Quelques-uns  ont  dit  que  quand  un  héron,  ou  un 
canard ,  ou  quelqu'autre  oifeau  ,  après  avoir  avalé  des 
œuts  de  brochet ,  venoient  à  fîenter  fur  l'eau  d'un  étang  , 
il  naiffoit  des  brochets  de  cette  fiente  remplie  d'œufs 
intaâs  &  féconds.  On  efl  dans  l'ufage  ,  dans  certains 
pays ,  d'enfermer  les  brochets  dans  des  cailles  de  bois 
qu'on  laiiTe  flotter  fur  les  étangs  ,  &  dans  lefquelles  on 
les  engraiffe  en  leur  jetant  de  la  nourriture. 

Le  brocha  q{x  rufé  ;  il  fe  tient  comme  à  l'affût  contre 
le  courant  de  l'eau ,  &  lorfqu'il  apperçoit  quelque 
proie,  il  fe  jette  defuis  avec  avidité.  On  dit  que  ce 
poiiTon  vit  très-long-temps  :  on  cite  pour  preuve  celui 
que  l'Em-pereur  Frédéric  II  jeta  dans  un  étang  avec  un 
anneau/ d'airain  paile  dans  les  opercules 'de  fes  ouïes, 
ce  portant  une  imcription  Grecque  ;  on  aiTure  que  ce 
brocJict  flit  retrouvé  deux  cents  foixante  -  deux  ans 
après  :  mais  ce  récit  a  bien  l'air  d'une  fable.  Le  hochet 
efl  aufîi  un  des  pcifTons  qui  entend  le  mieux.  On  en 
^  vu  dans  le  vivier  du  Louvre,  du  temps  de  Charles  IX ^ 
qui  5  quand  on  crioit  lupule  ^  liipuk ,  fe  montroient  6c 
venoient  prendre  le  pain  qu'on  leur  jetoit. 

Les  brochets  différent  entre  eux  pour  la  grandeur  & 
peur  la  coulera- ,  fuivant  l'âge  &:  les  lieux  ;  il  n'efl  pas 
rare  d'en  voir  qui  ont  jufqu'à  deux  ou  trois  coudées 

'  dé 


B    R    O  449 

itîe  longueur,  M.  Darcy  ^  ancien  Contrôleur  de  la  bou- 
che de  S.  A.  S.  Mgr.  le  Prince  de  Coiidé  ^  nous  a  dit 
avoir  vu ,  chez  le  Prince  Lobkcviti  en  Bohême ,  deux 
brochets  qui  pefoient  chacun  cinquante  livres ,  &  qui 
furent  fcrvis  fur  la  table  de  fon  S.  A.  S.  Mgr.  le  Prince 
de  Cont'i.  On  a  trouvé  quelquefois  des  tœnia  attachés 
aux  intcitins  de  ce  poilTon. 

On  appelle  le  petit  brochet  ou  brocheton^  lanceron  ou 
iançon  ;  Ion  dos  eft  verdâtre  ;  le  moyen  ,  celui  qui  eil 
gros  comme  le  poing ,  brocha  ou  poignard  ;  &  le  gros  , 
qui  a  plus  de  dix-huit  pouces  entre  œil  &  bat ,  brocha- 
carreau, 

La  fécondité  de  ce  poiiTon  eïl:  merveilleufe  :  on 
a  compté  dans  un  brocha  femelle  de  moyenne  gran- 
deur ,  jufqu'à  cent  quarante  -  huit  mille  œufs.  Ces 
œufs  excitent  des  naufées  &:  purgent  violemment  : 
auffi  les  gens  du  peuple  s'en  fervent -ils  quelquefois 
pour  fe  purger. 

La  chair  du  brochet  eft  blanche ,  ferme ,  &:  fe  divife 
par  feuillets.  Ceux  des  lacs  &  des  grandes  rivières  font 
les  plus  efrimés.  Il  n'eil  pas  rare  d'en  voir  dont  la  grofle 
arête  &  ime  partie  de  la  chair  font  d'une  couleur  verte  ; 
les  gens  friands  efliment  beaucoup  cette  variété.  Le 
foie  du  brocha  efl  très-bon  à  manger.  On  les  prépare 
de  plufieurs  manières ,  au  court-bouillon  ,  à  la  fauce 
d'anchois  &  à  la  Polonoife  ;  on  les  frit ,  on  les  met 
en  ragoût ,  ou  on  les  farcit.  Il  y  a  des  brochets  ,  ainfi 
que  quelques  autres  poilTons  ,  auxquels  on  a  trouvé  en 
même  temps  des  œufs  &  une  laite  ;  d'où  l'on  peut 
conclure  qu'ils  étoient  hermaphrodites.  Comme  ce 
poiiTon  eil  fort  vorace ,  &  que  par  conféquent  il  court 
beaucoup ,  la  pêche  en  efl  fort  facile  ;  il  fe  prend  de 
lui-même  dans  les  filets  ou  mord  à  l'hameçon.  Sa 
grande  voracité  lui  a  fait  donner  le  furnom  de  loup  ou 
de  tyran  des  eaux.  On  en  a  vu  dévorer  de  petits 
chats  &  des  chiens  nouvellement  nés  que  l'on  avoit 
Jetés  dans  un  vivier.  Gmdin  dit  qu'en  Sibérie  ij  y  a 
Jcuie  II.  F  f 


450  B    R    O 

des  Pêcheurs  qui  font  fécher   les  brochets  à  l'air  libre 
au  ibleil ,  pour  les  conierver. 

On  emploie  en  Médecine  les  mâchoires  &  la  graifTe 
de  brocfut  :  cette  dernière  eil  fort  en  ufage  dans  bien 
des  pays  ,  &  on  en  oint  la  plante  des  pieds  pour 
détourner  les  caîarres  6c  pour  appaifer  la  toux.  La 
mâchoire  inférieure  eil ,  dit-on  ,  fpécifîqiie  dans  la 
pleuréfie.  Ces  mâchoires  ont  donné  le  nom  aux  Pillidx 
de.  mandibula  liscii. 

Le  brochet  s'appelle  en  Italie  ,  lucclo  ou  lu^^o  ;  en 
Allemagne ,  hccht  ;  en  Flandres  ,  fnook  ;  en  Angleterre  , 
pike  ;  en  Suéde  ,  gïadda  ;  en  Turquie  ,  turna  ;  à 
Bourdeaux  ;,  luc^i ;  en  Anjou,  bequet  &z  bcchct. 

Brochet  de  mer.  Foyei  Sfet.  On  donne  auiîî 
le  nom  de  brochet  d^  mer  ^  au  menus.  Voyez  à  r  article 
Morue. 

Brochet  de  terre.  C'eftle  lézard ,  appelé  mahouja, 
.Voyez  ce  met. 

BROCOLIS.    Fcyci  à  rartîck  ChOU-FLEUR. 

BR.OME  ou  Droue  ,  Brcmus.  Genre  de  plante  uni- 
lobée  ,  de  la  famille  à^^  Graminées ,  qui  a  beaucoup 
de  rapports  avec  les  avoines  &  les  fitiiques ,  &  qui 
comprend  des  herbes  dont  les  fleurs  font  glumacées , 
&  ont  communément  leurs  épillets  difpcfes  en  pani- 
cule  ,  oblongs ,  plus  ou  moins  cylindriques ,  contenant 
des  balles  florales ,  difpofées  fur  deux  rangs  oppofés 
&  tout  garnis  de  barbes,  placées  dans  plufieurs  efpeces 
fur  le  des  àzs>  écailles  fiorales ,  un  peu  au-delTous  de 
leur  extrémité  ;  le  fruit  eft  une  femence  oblongue , 
convexe  d'un  côté  ,  m.unie  d'un  iillcn  de  l'autre ,  & 
enveloppée  dans  la  balle  florale  qui  tombe  avec  elle 
lans  s'ouvrir. 

Ce  genre  contient  un  affez  bon  nombre  à"^i'^^^Q':ts^ 

Il  y  a  :  Le  Brome  seglin  ,  Bromus  fccallnus  6* 
mollis  ,  Linn.  m.  Cette  efpece  qui  efl:  haute  de  deirx 
pieds  ,  &:  qui  croit  fur  le  bord  des  champs ,  des  che- 
mins &  fur  les  murs  en  Europe  ,  cfrre  plufieurs  va- 


B    R    0  4P 

rietés.  Le  hrorm  rude.  &  à  barbes  divzrgzntts  ^  Brornus 
fquarrofiis ,  Llnn.  ;  il  fe  trouve  clans  les  champs.  Le  hrom€ 
cathartique^  Bromus  purgans  ^  Linn.  ;  une  efpece  croît 
dans  le  Canada  ;  une  autre  dont  parle  FeuiUée  ,  croît 
au  Chili ,  &:  fa  racine  efl  purg-.tive  ;  les  Habita ns  de 
cstte  Contrée  en  font  beaucoup  d'ufage  en  décoction. 
Le  bro^ne  à  éplllets  nus  ,  an  Fejluca  Haller  ?  Brornus 
'viermïs ,  Linn,  ;  cette  efpece  ,  qui  a  beaucoup  de  rap- 
ports avec  la  fétuque  flottante  ,  croît  en  Allemagne 
ô^:  dans  la  SuifTe.  Le  brome  de  buijjons  ,  Brornus  dumc^ 
torum  ,  Flor.  Franc.  ;  c'eft  le  plus  grand  de  tous  ;  il 
fe  trouve  dans  les  lieux  couverts  &  les  bois  ,  en  Eu- 
rope. Le  bromz  a  balles  ciliées ,  Brornus  ciliatus  ,  Linn.  ; 
il  fe  trouve  dans  le  Canada.  Le  brome  Jîérile ,  Brornus 
fierilis ,  Linn.  113;  il  croît  dans  les  lieux  incultes  y 
en  Europe  ;  une  variété  eft  la  Fcjluca.  avenacea  Jïerilis 
chtior ,  Bauh.  Pin.  9.  Une  autre  plus  petite  eil:  le 
Brornus  teclorum  ,  Linn.  Le  brow.e  à  tiges  genouillées  , 
du  Portugal ,  Brornus  geniculams  ,lÀnn,  Le  brome  à.  petits 
épillets  y  Brornus  giganteus  ,  Linn.  ;  malgré  fa  de- 
nomination  latine  ,  il  eil  moins  grand  que  celui  des 
buiilons  ;  il  fe  trouve  far  le  bord  des  champs  mon- 
lueux  &  pierreux  ,  en  Europe.  Le  brome  a  épillets 
droits^  Brornus  pratenj: s  ^  Fejlucm. pratenjis  lanuginofa  ^ 
Bauh.  Pin.  10;  il  ^{X  commun  dans  les  champs  & 
les  prés  fecs ,  an  Brornus  racemofus  ,   Linn.  ? 

On  dillingue  encore  le  brome  à  panicuks  rougcdtreSy 
d'Efpagne  ,  Brornus  rubens  ^  Linn.  Le  brome  en  balais  , 
Brornus  fcoparius  ,  Linn.  ;  cette  efpece  croît  en  Ef-' 
pagne.  Le  brome  à  épis  dilatés ,  d'Efpagne  ,  an  Brornus 
Mudritenjîs  ,  Linn.  ?  Le  brome  à  épi  roidc ,  du  Portugal  , 
Brornus  rigens ,  Linn.  Le  brome  triflore  ,  Brornus  trijlch- 
rus  ,  Linn.  ;  cette  efpece  croît  dans  les  bois  de  l'Alle- 
magne &  du  Danemarck.  Le  brome  à  panicules  épais  y 
d'Italie  &  d'Efpagne  ,  an  Brornus  flipdides  ,  Linn.  ?  Le 
brome  rameux  ^  du  Levant  &  du  Por^J2;al,  BrowMs  ra^ 
aniofus  y  Linn,  114.  Le  brome  comiculé  ^  Brornus  pin-- 

Ff  i 


451  B     R    O 

natus^  Lînn.  ii^  ;  il  le  trouve  clans  les  champs  5^  î^s 
endroits  -montiieux.  Le  broim  des  bois,  Bromusjylva- 
t'cns  ,  FI.  Franc.  1 1 8 1 .  Le  brojîic  à  barbes  en  crête , 
Bromus  crljiatus  ,  Linn.  ;  cette  eipece  croit  dans  la 
Tarîarie  &:  la  Sibérie.  Le  brome  à  épilUts  plats ,  Bromus 
dlftachyos ,  Linn.  ;  il  fe  trouve  dans  difFérentes  Régions 
de  l'Europe  Auflraîe. 

Forfkal  a  découvert  quelques  autres  bromes  en 
Egypte. 

BRONTIAS.  Pierre  fort  célèbre  chez  les  Anciens , 
qui  la  nommoient  aufîi  batrachïte  6c  chclonue  ;  ils 
prétendoient  ,  mais  fans  aucun  fondement ,  qu'elle 
tomboit  des  nuages  avec  la  grêle.  Le  brontias  n'eft 
qu'une  pyrite  fulfureufe  m.artiale  ,  brunâtre  à  l'exté- 
rieur ,  llriée  du  centre  à  la  circonférence.  Il  y  en  a 
de  difFérentes  groffeurs.  Voye:^  V article  Pyrite. 

BROU  ,  Viridc  nucis  corium,  C'eft  ain(i  qu'on  ap- 
pelle  l'enveloppe  verte   de  la  noix.   Foyc^  à  CarucU 

JNOYER. 

BROUILLARD  ,  Nebiila,  Efpece  de  météore  com- 
pofé  de  vapeurs  &  d'exlialaifons ,  que  la  chaleur  des 
rayons  du  foleil  élevé  infenfiblement  de  la  fiirface  de 
la  terre  &  des  eaux ,  &  qui  retombent  enfuite  lente- 
ment de  la  région  de  Tair ,  en  forte  qu'elles  y  paroif- 
fent  comme  fufpendues. 

Les  brouillards  ne  font  le  plus  fouvent  compofés 
que  de  parties  aqueufes  ,  alors  ils  n'ont  point  de  mau- 
vaife  odeur ,  &  ne  font  point  nuifibles  à  la  fanté  ; 
mais  quelquefois  ils  font  mêlés  d'exhalaifons ,  comme 
cela  eft  aflez  ordinaire  dans  les  pays  fulfureux  &  ma- 
récageux ;  alors  ils  ont  une  mauvaife  odeur ,  &  font 
très-mal-fains.  Selon  M.  Bourgeois  ^  les  brouillards  ùoïds 
6>c  glacés  de  l'hiver  font  prefque  toujours  nuifibles  à 
la  fanté ,  quoiqu'ils  ne  foient  point  chargés  d'exhalai- 
fons fulfureufes  &  putrides  ,  parce  qu'ils  diminuent  Se 
fuppriment  en  partie  la  tranfpiration  infenllble.  Lorf- 
qu'ils  durent  pUifieiirs  feiuaines ,  on  voit  ordinaire 


B    R    O  455 

ment  régner  à  leur  fuite  des  maladies  épklémiques 
très  -  dangereufes.  Lorfque  le  brouillard  eii  compofé 
d'exhalaiions  ,  &  qu'il  eil  tombé  ,  on  trouve  quelque- 
fois fur  la  furfice  des  eaux  une  pellicule  rouge  ,  Ôi 
même  affez  épaifle. 

En  général  ,  les  brouillards  font  plus  fréquerxs  en 
hiver  qu'en  aucun  autre  temps ,  &  plus  fenfibles  le 
foir  &  le  matin  :  lori qu'ils  paroiHent ,  l'air  eft  calme 
^  tranquille,  mais  ils  fe  diiTipent  dès  que  le  vent  vient 
à  foufîler.  Les  plus  forts  brouillards^  dans  nos  climats, 
paroifient  en  automne  6c  au  printemps. 

Quand  les  années  font  pluvieufcs ,  il  tombe  fouvent 
en  France  des  brouillards  gras ,  que  l'on  croit  caufer 
aux  blés  la  maladie  que  l'on  nomme  nidU.  Le  fdgU 
fur-tout  fe  corrompt  quelquefois  à  un  tel  point ,  que 
le  pain  dans  lequel  on  en  met ,  occafionne  la  gangrené. 
Foyei  au  m.ot  Blé  l'article  des  maladies  du  blé ,  ainfi 
qu'au  mot  Sei^j:le  les  maladies  de  ce  grain. 

Les  brouillards  ne  font  que  de  petits  nuages  places 
dans  la  plus  baife  région  de  l'air  ,  &  les  nuages  ne 
font  que  des  brouillards  qui  fe  font  élevés  plus  haut. 
M.  de  Saujfure  dit  que  les  brouillards  font  formés  par 
l'eau  réduite  fous  la  forme  de  vapeur  véficulaire. 

Les  objets  qu'on  voit  à  travers  le  brouillard ,  pa- 
roilTent  plus  grands  &  plus  éloignés  ;  eft^t  produit 
par  la  réfradion  de  la  lumière.  Si  le  brouillard  eft  fort 
délié  &  difperfé  dans  une  grande  étendue  de  l'atmof- 
phere ,  on  peut  alors  envilager  le  foleil  à  nu  fans  en 
être  incommodé  ;  mais  alors  cet  aflre  paroît  pâle  ,  tan- 
dis que  le  reile  de  l'atmoiphere  eft  bleu  <5i  ferein. 
Les  Matelots  donnent  le  nom  de  brume  au  brouillard 
qui  fe  voit  fur  mer. 

L'année  1783  e(l  devenue  mémorable  dans  une 
partie  de  l'Europe  ,  notamment  dans  les  Régions  Sep- 
tentrionales ,  par  fes  brouillards  extraordinaires  ,  no- 
tamment en  Juin  &  Juillet  ;  &  comme  ces  brouillards 
avoiçnt  été  précédés  de  la  terrible  cataftrcplie  de  la 

ff  3 


454  B    R    O  BRU 

Sicile  &  de  la  Calal^re ,  des  iciécs  finirtres  de  toute 
elpece  avoient  préocaipe  refprit  du  peuple  ;  ôc  com- 
bien dans  ce  lens  le  peuple  n'efl-il  pas  nombreux  ? 
Ces  brouillards  étoient  dus  aux  failbns  froides  &:  hu- 
mides qui  avoient  précédé  ;  le  foleil  paroiliclt  d'un 
rouge  de  grenat;  il  en  étoit  de  même  de  la  lune.  Cette 
année  1783  a  été  fertile  en  météores  de  toute  efpece. 

BROUNE,  Erowma  cQccinea  ^  Linn.  C'eil  un  arbrif- 
feau  de  la  famille  des  Légumineiifes  ;  il  croît  dans  les 
bois  de  l'Aniéiique  Méridionale.  Selon  M.  Jaccjuln  , 
il  ^£t  rameux  ;  fon  bois  allez  dur  &  jaune  ;  les  fleurs 
font  grandes  ,  de  couleur  écarlate ,  difpofées  fLX  à 
dix  enfemble  par  bouquets  latéraux  :  le  fruit  efl  une 
gouiie  unilocuîaire. 

EROUSSTN  D'ÉRABLE.  Voyei  Érable. 

BRUANT,  pL  enL  30,  j%.  i.  En  latin  Emhcriia, 
Le  bruant  des  Ornitholcgilles  efl  le  vcrdicr  çn  langue 
\-Tilgaîre  ;  &  le  verdier  des  Oiieleiu-s  &:  des  gens  de 
la  campagne  eil  le  bruant  des  Ornithologiiles  ;  le  hniant 
eit  le  verdelet  des  Provençaux  ;  verdat  en  Solo  ©ne  : 
yerdok  en  Poitou  ;  vcrdaiip  en  Périgcrd  ;  binay  dans 
rOrleanois  :  bardzaut  en  Guienne. 

Le  bruant  a  la  forme ,  les  couleurs  (^x\  plumage  , 
la  chair  délicate,  la  quantité  de  graiiTe  tl  le  l)ec  de 
Portolan  ;  il  ell  à-peu-pres  cie  la  grcfleur  du  moineau 
franc ,  m.ais  il  eil  plus  alongé  ;  la  tête  ,  les  joues  ,  & 
la  gorge  font  plus  ou  moins  jaunes;  le  defTus  du  cou 
eii  olivâtre  ;  les  plumes  du  dos  6c  les  fcapulaires  font 
mêlées  <le  roux ,  de  noir  &:  de  blanc  ;  le  croupion  eil 
marron  clair  ;  la  poitrine  eft  jaunâtre  ;  le  ventre  d'un 
jaune  l'ans  tache  :  les  grandes  plumées  des  ailes  ôc  de  la 
queue  font ,  les  unes  brunes  &:  bordées  de  gtis-blanc  , 
les  autres  font  olivâtres  ;  les  pieds  jaunâtres  ;  le  bec  Si 
les  ongles  bruns  ;  l'iris  couleur  de  ncifette;  les  jambes 
coideur  de  chair. 

Le  brîiant  fait  fon  nid  à  terre ,  au  milieu  de  quelque 
touâe  d'herbes  3  d'autres  fois  il  le  pofe  fur  un  buiffon 


BRU  455 

fort  baS  ;  îl  le  compofe  à  rextérieur  de  foin ,  d'herbes 
feches ,  de  moiilTe  ;  l'intérieur  eft  garni  de  crin,  de 
laine.  La  ponte  ell  de  quatre  ou  cinq  œufs,  tiquetés 
de  brun  fur  un  fond  blanc  ;  il  y  a  pluiieurs  pontes 
par  an  ,  &c  la  dernière  cfi  en  Août  ou  Septembre.  En 
été ,  cet  oifeau  fe  retire  en  partie  dans  les  bois  ;  en 
hiver  ,  il  fe  répand  dans  les  plaines ,  s'approche  des 
lieux  habités ,  fréquente  les  haies  ,  le  bord  des  chemins  : 
c'eil:  dans  cette  faifon  qu'on  le  prend  au  lacet  <k  avec 
des  nappes. 

Le  caractère  du  bruant  eit  d'avoir  quatre  doigts, 
trois  devant  &:  un  deniere ,  le  bec  conique  &  aigu  , 
les  bords  des  deux  portions  du  bec  rentrans  en  dedans  ; 
la  mâchoire  ilipérieure  efl:  intérieurement  armée  d'un 
petit  tubercule  oii'eux  qui  fert  à  ces  oifeaiix  pour  brifer 
les  graines  dont  ils  fe  nourrirent. 

Le  bruant  efl  l'un  de  ces  oifeaux  qui ,  par  fon  édu- 
cation privée  ,  efl  admjs  dans  l'intérieur  de  nos  mai- 
fons  ;  fon  chant  efl  agréable  &  répand  la  gaieté  dans 
nos  apparteniens.  On  élevé  cet  oifeau  facilement  en 
cage  &  dans  les  volières  ,  en  le  nourrifTant  de  milUt , 
de  navette  &C  de  ckcncvis. 

On  difllngue  plufieurs  fortes  de  bruants: 

Il  y  a  :  Le  bruant  des  haies ,  ou  ilii^pL  enl.  653  ^fig,  i 
le  maie  ,  fig.  2  la  femelle  ;  en  latin ,  Embm:^a  fcpiaria  ; 
il  n'habite  guère  que  les  Provinces  Méridionales  de 
l'Europe  ;  i^  fe  mêle  volontiers  avec  les  pinçons  dont 
il  imite  le  chant  ;  tantôt  il  fe  perche  fur  les  arbres, 
tantôt  il  court  fiu:  les  terres  nouvellement  labourées 
où  il  cherche  fa  picorée  ,  mais  les  grains  font  le  fond 
de  fa  nourriture.  Le  bruant  des  prés  de  France ,  pi.  cnU 
30,^%.  2  ;  efl  fiUTicmmé  bruant  fou  ,  parce  qu'il  donne 
plus  aifément  dans  les  pièges  que  les  autres  bruants  ;  C^it 
le  Cirlus  fiultus .,  d'Aldrovande ,  &;  le  verdier  fonnette  de 
nos  Oifeleurs.  he  bruant  du  Canada  ed  fuin^mmé  cul" 
rouj/a.  Le  bruant  familier  àW-ûe^  défigné  ainfi  par  Lin  ^ 
n^jis  y  Familiaris  cnzbm{a  grifco  maculât  a  ,  apicibus  rccii^ 

Ff4 


'45<5  BRU 

cîim  alhis ,  dorfo  poftico  jlavo.  Le  bruant  du  Mexique  ; 
appelé  thcnfi  jaune '^  pi.  enl.  386,  iîg.  i.  Le  bruant  de 
Surinam ,  indiqué  fous  le  nom  de  gonamhouch  par 
Seha,  Le  bruant  du  Bréfil  ,  connu  ious  le  nom  de 
guirncgat  ;  on  en  trouve  quelquefois  chez  nos  Oi- 
feliers  ;  ils  l'appellent  moincau-p aille  ,  nom  qui  donne 
une  idée  de  la  nuance  de  fon  plumage.  Le  bruant  de 
rifle  de  Bourbon ,  ou  le  bruant  mordoré.  Le  bruant  de 
Saint-Domingue,  furnommé  S!gIïvz ;  la  couleur  domi- 
nante de  iCn  plumage  efl  olivâtre.  Le  bruant  bleu  de 
Canada  ,  efl  Va-^iiroux, 

BRUCHE  ,  Bruckus,  Genre  d'infecre  coléoptere ,  à 
antennes  filiformes  ^  dvOnt  le  corielet  &  le  corps  font 
arrondis  en  bofie  ;  ils  ont  fix  articles  à  toutes  les 
pattes.  On  ne  connoît  guère  que  deux  efpeces  de  ce 
genre  ,  la  bruche  à  bandes ,  &  la  bruche  fans  ailes  ; 
toutes  deux  font  petites  &  vivent  dans  les  champs 
&  dans  les  maifons  ,  de  fubflances  animales  ou  végé- 
tales ,  mais  deflechées.  On  les  trouve  dans  les  tas 
de  feuilles  feches ,  dans  le  foin  &  dans  les  herbiers , 
•même  dans  les  animaux  confervés  dans  les  cabinets 
des  Curieux. 

La  bruche  à  bandes  ,  Ceramblx  fur ,  Linn.  ,  a  une 
ligne  &  demie  de  long  ;  fon  corfelet  eil  chargé  d'af- 
pérités  ,  couvert  fur  les  côtés  de  poils  blanchâtres  ;  {^^ 
étuis  font  convexes ,  couverts  de  points  enfoncés  qui 
les  font  paroître  comme  flriés  ,  &  traverfés  de  deux 
bandes  de  poils  blancs  fort  courts  ;  les  antennes  font 
beaucoup  plus  longues  que  le  corps. 

La  bruche  fans  ailes  efl  moins  abondante  que  celle 
<r  bandes  ;  elle  n'a  qu'une  ligne  de  long  :  comme  tout 
fon  corps  efl  arrondi ,  cet  infe£le  reffemble  à  un  petit 
globe  mouvant  ;  fes  antennes  n'ont  pas  tout-à~fiit  la 
longueur  de  fon  corps  qui  efl  d'im  brun  luifant  ;  les 
étuis  font  convexes ,  réunis  enfemble  ,  immobiles,  &ils 
s'étendent  en  deffous  du  corps  qu'ils  enveloppent  pref- 
que  en  entier. 


BRU  457 

La  larve  des  hruchs  a  fix  pattes  ;  elle  efl  couverte 
de  poils  qui  forment  des  anneaux  alternativement  bruns 
&  alternativement  blanchâtres.  Pour  le*  métamcrpho- 
fer ,  elle  creufe  un  trou  dans  le  bois  ou  dans  le  carton , 
y  entre  &:  forme  une  cocuc  en  banlkt  oblong  ,  d'un 
tiffu  ferré ,  foyeufe  ,  grife  en  dehors  ,  latinée  &  de 
couleur  de  perle  en  dedans. 

Ces  infedes  font  à  craindre  avant  &:  après  leur 
métam.orphofe  ;  ils  ne  font  formidables  que  par  leur 
nombre  ,  encore  n'endommagent-ils  guère  que  les  col- 
ledions  de  grands  animaux  ;  mais  ils  ravagent  fouvent 
les  collerions  d'inieâ-es  ,  eu  b'^ncroauifant  dans  leur 
corps  &  y  vivant  fans  être  vus. 

On  trouve  les  bruches  en  automne  ,  au  printemps 
&  fur-tout  en  hiver  ;  c'eil  au  milieu  des  plus  grands 
froids  pendant  les  jours  les  plus  rigoureux  de  cette 
faifon  5  dans  le  temps  que  les  autres  inlecres  Ibnt 
morts  ou  engourdis ,  ou  que  leur  race  n'exiile  que 
dans  les  œufs  ôc  les  chryfalides  qu'ils  ont  laillés ,  que 
les  bruches  ont  plus  de  vigueur  &  d'a£liviîé  ;  elles  ont 
les  mêmes  craintes  &  les  mêmes  inclinations  que  les 
dcrmcfus  ,  par  rapport  à  la  lumière  qu'elles  évitent  , 
au  bruit  &  au  mouvement  qu'elles  redoutent;  rare- 
ment fortent-elles  de  leur  gré  pendant  le  jour ,  mais 
la  nuit  elles  vont  &  viennent;  &  c'eft  alors  qu'on 
peut  les  appercevoir ,  en  obfervant ,  la  lumière  à  la 
main  ,  les  colledions  d'animaux  delTéchés.  Les  excré- 
mens  des  bruches  font  grenelés ,  grilâtres  ;  leurs  dé- 
pouilles velues,  ceintes  d'anneaux  blancs  &  d'anneaux 
grifâtres;  l'un  &  l'autre  très -peu  volumineux,  & 
dépofés  pêle-mêle  au  bas  des  animaux  que  les  bruches 
rongent. 

BRUGNON  ou  Brignon.  C'efl  une  efpece  de  pêche. 
'Voyei  PÊCHER.  Dans  le  commerce  de  l'Epicerie  on 
donne  le  nom  de  brugnoles  à  des  prunes  de  Provence 
féchées  au  fcleil  :  elles  nous  viennent  dans  des  boites  à  la 
manière  des  confitures  lèches.  Foye^  à  CatticU  pK.UNi£R. 


453  BRU 

ERUIA,  Calî-calîc.  Oifeaux  envoyés  de  xMada- 
gafcar  à  M.  di  Buffon  :  le  premier  ell:  la  femelle ,  & 
le  dernier  le  mâle.  Ils  font  de  la  groileur  de  notre /ri- 
i^ua  ;  le  deiliis  du  corps  eft  cendré  ,  le  croupion  rouf- 
fdtre  ,  la  gorge  noire  &c  le  ventre  blanc  ;  les  ailes  font 
brunes.  Par  leur  petitelTe  ils  fe  rapporteroient  à  notre 
é:o'ch:ur  cC Europe  ;  cependant  ils  en  différent  afîèz 
pour  être  regardés  comme  oifeau  d'une  efpece  diffé- 
rente. C^eiî  la  petite  pic-^riêche  de  Madagafcar  ,  des 
Pl^îzch.  mliuii.  299. 

BRUINE  5  P ruina.  C'eil:  une  petite  pluie  fort  fine  qui 
tombe  très-lentement.  Lorfqu'il  ne  fait  point  de  vent , 
la  pefanteur  fpécifîque  dé  ces  petites  gouttes  d'eau  n'eft 
preique  pas  différente  de  celle  de  l'air  ,  fur-tout  quand 
la  diffolution  de  la  nuée  commence  par  le  bas.  Voyc^^ 
Pluie. 

BPvULEBEC.   Voyei  Scandebec. 

BRULOT.  A  la  Louifiane  on  donne  ce  nom  aux 
thiquzs  &c  aux  béies  rouges.    Voyez  ces  mots. 

BRUMAZAPv  eff ,  félon  Bccchcr.,  une  m^atiere  onc- 
tueufe  ,  formée  par  les  vapeurs  &:  exhalaifons  fultu- 
reufes  &:  mercurielles  qui  viennent  des  entrailles  de 
la  terre  ,  &  qui  m^ifes  en  mouvement  par  une  chaleur 
continuelle  ,  s'uniffent  étroitement.  Cet  Auteur  dit  que 
perfonne  ne  veut  admettre  pareille  cliofe  dans  les  mé- 
taux ,  quoiqu'on  l'y  apperçoive  clairement  :  c'efl  , 
félon  lui  ,  la  matière  première  des  métaux  ,  &  le  fer- 
ment qui  les  conduit  à  la  perfedion.  Voyc^  Vartïck 
MÉTAUX  &  celui  de  Mines. 

BRUME.  Voyci  Brouillard  &  Ver  a  tuyau. 

BPvUN  -  PvOÙGE.  C'eil  le  nom  que  l'on  donne  à 
une  efpece  à'ochre  farrugineux  ,  &  dont  on  fait  ufage 
dans  la  peinture  ,  foit  à  l'huile,  foit  en  détrem.pe. 
Son  ufage  efl  fort  étendu.  Les  Hollandois  ont  puifé 
pendant  long-temps  la  matière  première  de  cette  l'ubf- 
tance.  Ils  venoient  acheter  dans  la  Province  du  Berry 
Vochre  jaune  feize   fous  le  quintal ,  ^  par  une  légère 


BRU  459 

calclnatlon  qu'ils  faifcient  fiibir  à  cette  efpece  ôiochre , 
qui  acquéroit  alors  une  couleur  rouge  plus  ou  moins 
foncée ,  ils  nous  revendoient  cet  ochre  ainfi  déguifé ,  dix 
livres  le  quintal.  Cq  brun-rouge  étoit  excellent;  quand 
on  a  lu  leur  fecret ,  on  a  voulu  s'approprier  cette 
branche  de  Commerce  ;  on  a  refufé  de  vendre  la  terre 
aux  Hollandois.  L'établiiTement  fait  dans  le  Berry  pour  la 
préparation  de  cette  terre  ,  a  langui ,  parce  que  l'empire 
du  préjugé  ell:  tel ,  qu'à  toutes  chofes  égales ,  ce  qui 
vient  de  loin  vaut  mieux  que  ce  que  nous  avons  chez 
nous.  Les  Hollandois  ont  été  ailleurs;  le  brun -rouge 
qu'ils  nous  fournilTent  aujourd'hui  eil  fablonneux  §c 
de  mauvaife  qualité.   Voyc^  Ochre. 

BRUNELLE,  BrundLa,  Tourn.  tab.  84.  Plante  à 
racine  vivace  y  dont  on  diflingue  deux  efpeces  princi- 
pales. La  brunelle  vulgaire  ,  Brunella  major  ,  folio  non 
dijfccio  ^  C.  B.  Pin.  ,  Tourn.  181  ;  Prunella  vulgaris  , 
Linh.  837.  C'eil  une  plante  d'Europe  qui  croit  dans 
les  prairies  ,  les  bois ,  ainfi  que  la  bugle ,  de  laquelle 
elle  diffère  peu  au  premier  afpecî:.  Mais  la  différence 
ell  facile  à  faifir  par  la  fleur  ,  qui  dans  la  brundle  ell 
d'une  feule  pièce  en  gueule  ,  ^  dont  la  lèvre  fupé- 
rieure  ell  en  cafque  ;  au  lieu  que  dans  la  bugle ,  à  la 
place  de  la  lèvre  fupérieure,  il  n'y  a  que  des  dente- 
lures ;  M.  Deleu^e  dit  auiîi  que  les  étamines  font  four- 
chées  par  le  haut  en  deux  petits  fdets  ,  dont  l'un  porte 
l'anthère.  Ses  tiges  font  hautes  de  fix  à  dix  pouces  , 
droites  ou  couchées  ,  carrées  ,  &  un  peu  velues  ;  (qs 
feuilles  font  oppofées  ;  les  fupérieures  un  peu  pétiolées 
&  dentées  :  fes  fleurs  font  bleuâtres  ou  purpurines  , 
quelquetois  blanches  ,  terminales ,  en  épi  verticillé  ^ 
garnies  ce  bradées  en  cœur  :  (qs  fruits  conlillent  en 
quatre  femences  nues  ,  ovoïdes ,  &:  attachées  au  fond 
du  calice.  Le  nom  de  cette  plante  dérive  de  l'Alle- 
mand y  dit  M.  H  aller  ^  6c  indique  que  fon  infufion  ell 
benne  dans  les  maux  de  gorge  ;  elle  a  auiii  la  pro- 
priété de  raffermir  les  dents  vacillantes  par  la  faliva- 


'4^0  BRU 

tion  mercurielle.  Elle  eft  employée  dans  les  dyfTenterïes 
&  autres  excrétions  fanguines.  Ses  autres  propriétés 
font  les  mêmes  que  celles  de  la  hi^gle.  Voyez  ce  mot. 
^  La  brundk  à  feuilles  découpées ,  Prundla  laciniata  , 
Linn.  837,  Cette  plante  croît  fur  les  peloufes ,  &  n'eft 
pas  une  funple  variété  de  la  précédente  ;  les  feuilles 
qui  partent  de  la  racine  font  petiolées  ,  ovales  ,  oblon- 
gues ,  entières  ;  celles  du  bas  de  la  tige  font  dentées  , 
&  les  autres  au  haut  de  la  tige  ,  font  à  découpures 
étroites  &  disantes  :  les  fleurs  font  blanches  ou  un 
peu  rougeâtres. 

Il  y  a  la  brumlle  â  feuilles  d'hyfope  ,  des  Provinces 
Méridionales  de  la  France  ,  BrukelU  hyffopifolia.  Il  y 
a  encore  la  hmnelle  odorante  de  Portugal  ,  à  grande  pur 
vdolette  ou  bleuâtre. 

BR.UNET.  Nom  donné  par  M.  Briffon,  au  merle 
hrun  àw  Cap  de  Bonne  -  Efpérance ,  T.  //,  pL  27; 
&  3?d pinçon  de  Virginie,  T.  /,  pi.  34. 

ERUNETTES.  Nom  que  les  Curieux  donnent  à 
quelques  efpeces  de  coquillages  de  la  famille  àes  Rou- 
leaux,  Voyez  ce  mot. 

On  a  donné  encore  le  nom  de  brunette  ,  traduit  du 
mot  Anglois  dunlin  ,  à  la  bécaffine  d'Angleterre.  Voye^ 
BÉCASSINE. 

BRUNOR.  C'eft  le  petit  pinçon  rouge  de  M.  Briffon , 
6c  la  pivoine  brune  petite  è^ Edwards, 

BJxU'î'(S¥EL  ^  Brun  sfel/ia  A  mer icana  y  llrm.  \  Bruns^ 
felfia  flore  albo^fuclu  croceo  molli  ^  Plum.  Gêner.  12. 
C'eft  un  arbre  médiocre  qui  croît  à  la  Martinique  , 
vers  les  bords  de  la  mer,  dans  le  lieu  appelé  le  Fonds 
de  Saint-Jacques.  Son  tronc  acquiert  la  groffeur  du 
corps  de  l'homme  ;  fon  bois  efl  blanc  ,  afTez  folide  ; 
fa  moelle  femble  charnue;  fon  écorce  efl  blanchâtre, 
avec  des  rides  rouffâtres;  fes  feuilles  refîemblent  un 
peu  à  celles  du  citronnier,  mais  elles  font  plus  minces 
6l  un  peu  plus  grandes.  Cet  arbre  fleurit  &  fruftîfie 
dans  le  mois  de  Mai  ;  les  fleurs  font  grandes ,  mono- 


BRU  4^î 

pétalées  ,  en  entonnoir  ,  d'un  blanc-jaunâtre  ,  avec  des 
points  violets  ,  difpofées  trois  ou  quatre  enfemble  aux 
fommités  des  rameaux.  Leur  tube  efl  fort  long.  Le 
fruit  eft  une  baie  fphérique ,  un  peu  plus  groiTe  qu'une 
noix ,  d'un  rouge-orangé  ,  uniloculaire ,  &Z.  qui  con- 
tient beaucoup  de  femences  rouffâtres ,  placées  entre 
récorce  de  la  baie  &  une  fubflance  charnue  qui  en 
occupe  la  capacité.  Cette  fubflance  charnue  eu  pleine 
de  fuc  ;  d'abord  fort  blanche  ,  elle  noircit  enfuite  ôc  fe 
putréfie.  (  EncycL  Méth,  ) 

BRUSC.  Voyzi^  Genêt  épineux. 
BRUTE ,  Bnitum  animal.  C'eil  la  bête.  Voyez  ce  mot, 
BRUYERE  ,  Erica,  C'efl  un  genre  de  plante  à  fleurs 
monopétalées  ;  on  en  diflingue  un  grand  nombre  d'ef- 
peces  ;  les  unes  s'élèvent  très-peu  ;  les  autres  s'élèvent 
en  petits  arbriffeaux  très-rameux  ;   leurs  tiges  font  li-. 
gneufes  &  perfiftantes  l'hiver.  Ces  plantes  font  remar- 
quables   par    la   petitefTe  de  leiu-s  feuilles;  elles  font 
fmiples  ,  entières  ,  très-nombreufes  ,  peu   écartées   les 
unes  des  autres  ,  6c  communément  oppofées  ou  verti- 
cillées  ,   deux   à  cinq  enfemble  à  chaque  nœud.    Les 
hmyeres   fleurilTent  vers  les  mois  de   Juin  &:   Juillet , 
&  font  voir  de  petites  fleurs  en  cloche  fort  jolies ,  & 
diverfement  colorées  fuivant  les  efpeces.  Elles  font  à 
huit  étamines  ;   le   calice  ed  à  quatre   feuilles ,  &  la 
corolle  monopétale  partagée  plus  ou   moins    profon- 
dément en  quatre  quartiers.  Leur   pillil   devient  dans 
la  fuite  un  fruit   ordinairement  arrondi ,  qui  s'ouvre 
en  quatre  parties.  Il  eft  plus  fouvent  partagé  en  quatre 
loges ,   &  il  renferme  àes  femences  nombreufes  allez 
petites.  M.  le  Chevalier  de  la  Marck  divife  ainli  les 
bntyerzs  : 

Bruyères  à  anthères  à  deux  cornes  ;  feuilles  oppofées. 

Bruyère  commune,  Erica  rulgaris  ,  Linn.,  & 
^labra,  Bauh.  Pin.  48s  ,  Tourn.  602.  Cette  efpece  qui 
«ft  commune  dans  les  landes ,  les  tmm&  incultes  & 


4SI  BRU 

arides  de  l'Europe ,  eil  un  fous  -  arbrliïeau  qui  formé 
des  touffes  bafTes ,  étalées  ,  difFufes  ,  hautes  d'environ- 
un  pied  (k.  demi ,  à  vieux  rameaux  tortueux  ,  roidcs  , 
afiez  épais ,  &  dont  l'écorce  eil  rude  6c  rougeâtre  ; 
fes  feuilles  font  ferrées  contre  les  rameaux,  comme  im- 
briquées fur  quatre  rangs ,  d'un  vert  tendre.  Les  fleurs 
font  petites,  d'un  rouge  vif,  quelquefois  blanches  , 
difpofées  en  grappes  fmiplcs  6z  terminales.  Ses  feuilles 
&  {qs  fleurs  font  eilimées  diurétiques  ,  propres  à  chaf- 
fer  les  fables  &  les  petits  calculs  des  reins  &  de  la 
ve^e  ;  on  prétend  que  fon  eau  difiillée  eil  ophtal- 
mique. Les  abeilles  font  d'amples  récoltes  fur  les  fleurs 
des  bruyères  ,  mais  le  miel  qu'elles  ramaifent  fur  cette 
plante  n'eil  pas  eilimé  ;  il  eil  jaune  &;  fu'upeux. 

Dans  cette  fedion ,  il  y  a  la  bruyère  à  fleurs  jaunes, 
du  Cap  de  Bonne  -  Ei'pérance. 

Bruyères  à  anthères  à  deux  cornes  ;  feuilles  ternies. 

Elles  croiiîent,  la  plupart,  au  Cap  de  Bonne-Efpé- 
rance  ;  il  y  a  ;  La  bruyère  à  fleurs  veficuleufes  ,  Erica 
hallcacabu^  Linn.  Celle  regerminante,  Erica  re^erminans^ 
Linn.  Celle  à  rameaux  chargés  de  poils  ,  Erica  hlfpi- 
dula^  Linn.  La  bruyère  à  fleurs  muqueufes  :  celle  à  caiice 
réfléchi  :  celle  à  tiges  couchées  :  la  bruyère  pilulifcre 
d'Ethiopie  :  celle  à  fleurs  d'un  vert-pourpré.  Cette  eipece 
croît  dans  le  Portugal  &:  dans  les  Provinces  Méridio- 
nales de  la  France.  La  bruyère  urcéolée ,  Erica  pznta- 
phylla ,  Linn.  Celle  à  tige  d'un  noir  rougeâtre ,  Erica 
nigrica.  Linn.  Celle  à  feuilles  planes.  La  bruyère  tar- 
dive, Erica  vcfpzrtina  ,  Linn.  La  bruyerl  blanche  ,  Erica 
monfoniana  ,  Linn.  ;  cette  efpece  fe  trouve  dans  l'in- 
térieur de  l'Afrique. 

Il  y  a  encore  dans  cette  deuxième  feftion  ,  la  bruyère 
à  corolle  tétragone  ;  fes  fleurs  font  jaunes  ;  cette  efpece 
s'élève  à  la  hauteur  de  trois  à  quatre  pieds.  La  bruyère 
à  balajs ,  Erica  fcoparia  ,  Linn.  502  ;  c'eil  un  arbrilTeau 
qui  s'élève  auffi  à  la  hauteur  de  trois  à  quatre  pieds  j; 


BRU  4(?5 

il  croît  clans  les  lieux  incultes  &  ilériles  de  l'Europe 
Auilrale  ;  il  fe  trouve  dans  les  landes  de  Bourdeaux  , 
aux  environs  d'Orléans  &  ailleurs.  Cette  efpece  quitte 
fes  feuilles  tous  les  ans  ;  fes  rameaux  font  droits ,  &C 
les  plus  petits  font  grêles ,  effilés ,  iîexibles  ,  un  peu 
blanchâtres  &c  très-glabres  :  on  s'en  fert  dans  plufieurs 
Provinces  pour  faire  des  balais.  La  bruyère  en  arbre  , 
Erica  arborea  ,  Linn. ,  Erica  maxïma  alba  ^  Bauh.  Pin. 
485  ,  Tourn.  ooz  ;  cette  efpece  fe  trouve  en  Pro- 
vence &  dans  d'autres  réglons  de  l'Europe  Méridionale  ; 
la  tige  de  z^t  arbriffeau  s'élève  de  quatre  à  fix  pieds; 
les  plus  petits  de  fes  rameaux  font  couverts  d'un  coton 
blanc  très-fin  ;  fa  racine  produit  un  charbon  très-dur 
&  excellent  pour  les  forges. 

Bruyères  à  anthères  à  deux  cornes  ;  feuilles  quaternUs't 

Il  y  a  :  La  bruyère  à  rameaux  effilés  ,  Er'ica  ramen- 
tacea^  Linn.  Celle  à  calices  ciliés.  La  bruyère  à  feuilles  dif- 
pofées  en  croix,  Erlca  tetralis ,  Linn.  ;  cette  efpece  fieurit 
en  automne  &  au  printemps  :  on  la  trouve  en  France 
dans  les  lieux  marécageux  &  dans  les  folles  humides 
qui  bordent  les  chemins.  La  bruyère  à  fleurs  pubeicentes: 
celle  à  feuilles  de  fapin  :  celle  à  fleurs  lâches ,  an 
Erica  mammofa  ,  Linn.  ?  La  bruyère  cafre  ;  cette  efpece 
efî  de  la  grandeur  du  genévrier ,  elle  fe  ti'ouve  en 
Ethiopie.  La  bruyère  à  fleurs    feiiiles. 

Bruyères  à  anthères  m  crête  ;  feuilles  ternies» 

Il  y  a  ;  La  bruyère  à  trois  fleurs  ;  celle  à  fleurs  en 
baie.  La  bruyère  gnaphaloïde  ;  celle  à  feuilles  de  (^orîs  : 
celle  à  tige  comme  articulée,  La  bruyère  bracréolée  : 
celle  à  calice  ample  &  prefque  ouvert  en  roue  :  l'ef- 
pece  à  écorce  cendrée  ;.  elle  croît  en  France  fur  les 
coteaux  arides  &  fablonneux  ;  elle  vient  auffi  en  An- 
gleterre,  dans  PEfpagne  &  dans  le  Levant.  La  bruyère 
paniculée. 


4^4  BRU 

Bruyères  a  anthères  en  crcu  ;  feuilles  quatcrnéesl 

Il  y  a  :  La  bruyère  auiîtale  ;  elle  croît  en  Elpagne: 
l'clpece  à  fleurs  enflées  :  celle  à  feuilles  de  camarine  : 
celle  à  feuilles  recourbées  ,  MaU ,  Liiin. 

Bruyères  mutiques  &  enfermées  ;  fiuilles  oppofées. 

Il  y  a  :  La  bruyère  à  feuilles  menues,  &  celle  qui 
a  le  port  de  la  paiferine. 

Br  UYEKES  à    anthères   mutiques   &  enfermées  ;  feuilles 

ter  nées. 

Il  y  a  :  La  bruyère  blanchâtre  :  celle  à  calices  trifîo- 
res  ,  Mala ,  Linn.  La  bruyère  a  fleurs  en  têtes  globu- 
Icufes  &  iaineufes  :  celle  à  anthères  noires.  La  bruyère 
qid  a  le  port  de  Tabfmthe.  La  bruyère  a  feuilles  ciliées  ; 
cette  eipece  fe  trouve  dans  le  Portugal  &:  en  France  y 
félon  M.  Richard ,  dans  les  landes  qui  avoilinent  le 
chemin  de  Tours  ,  à  deux  lieues  au-delà  du  Mans. 

Bpmyeres  à  anthères  mutiques  &  enfermées  ;  feuilles 
quaternées. 

Il  y  a  :  La  bruyère  tubiflore  :  celle  à  fleurs  courbes  : 
celle  à  fleurs  de  melinet  :  celle  à  fleurs  en  bouquet  : 
celle  à  calice  cubique  :  celle  à  fleiurs  vifqueufes  :  celle 
à  calice  court  &z  IcarieiLX ,  ou  granulé.  La  bruyère  pain- 
prée  ,  Ericii  comofi^  Linn.  Celle  à  fleurs  hériiices  , 
Erica  Sparmanni ,  Linn.  Fl.  La  bruyère  odogone  ,  Erica 
i/xaffoni ,  Linn.  Fl. 

Bruyères  à  anthères  mutiques  &  failLntes  ;  feuilles 
temées, 

11  y  a  :  La  bruyère  à  longues  étamines  :  celle  à 
fleurs  en  pinceaiLx  :  celle  à  fleurs  nues  ;  celle  à  calice 
laineux  :  celle  à  feuilles  de  mélèze.  La  bruyère  à  fleurs 
à  ombelles  :  celle  à  anthères  blanches  :  celle  à  longs 
pétioles. 

Bruyères 


BRU         B   R   Y  46$ 

ÉRUYERES  à  anthères   mutiques    &  f aillantes  ;  feuilUs 
quat:rnks  ou  plus  nombreufes  aux   vcnicilUs, 

Il  y  a  :  La  bruyère  à  fleurs  pourprées  ;  elle  croît 
dans  les  Provinces  Méridionales  de  la  France.  La  bruyère, 
herbacée,  des  lieux  montagneux  de  l'Europe  Auftrale. 
La  bruyère  multiflore  ,  des  Contrées  précédentes.  La 
■bruyère  méditerranéenne  ,  Erica  medlterranea  ,  Linn.  ; 
elle  ci'oît  dans  le  Portugal.   La  bruyère  à  têtes  velues» 

Bruy ERES  à  feuilles  alternes  ^  fans  former  de  verticllles 
diflincis. 

Il  y  a  :  La  bruyère  à  feuilles  de  roflbli.  Celle  à 
feuilles  de  myrte  ;  elle  croît  en  Irlande  &:  dans  les 
environs  de  Eayonne.  Enfin  la  bruyère  dont  les  fleurs 
font  en  un  faifceau  terminal. 

A  regard  de  la  plante  appelée  bruyère  a  fruit  noir 
ou  vûciet  ^  c'efl:  une  camarigne.    Voyez  ce  mot, 

BRY  ,  Bryum,  Nom  d'un  genre  de  plante  crypto- 
game ,  de  la  famille  des  Mouffes  ,  &  qui  comprend 
beaucoup  d'efpeces  prefque  toutes  indigènes  de  l'Eu- 
rope 5  formant  la  plupart ,  au  moyen  de  leurs  tiges 
droites  &:  la  plupart  iîmples  ,  àts  faifceaux  ou  de  petits 
gazons  convexes  &  ferrés.  Les  brys  portent  des  urnes 
munies  d'opercules ,  à  coiffe  glabre ,  &  foutenues  com- 
munément par  un  filet  terminal ,  qui  naît  d'un  tuber- 
cule, ^l  rarement  d'une  gaîne.  Ces  plantes,  dit  M.  de 
la  Marck^  n'ont  point  les  rofettes  de  feuilles  particu- 
lières ,  que:  l'on  trouve  dans  les  mnies^  les  poly tries  ,  &:c. 
&:  n'ont  point  leurs  urnes  lituées  latéralement  comme 
les  hypnzs.  Voici  les  efpeces  : 

Brys  à  urnes  fejjihs  ou  pnfque  f  effiles» 

Il  y  a  :  Le  bry  apocarpe,  Bryum  apocarpos  ^  Linn.  On 
trouve  cette  plante  fur  les  pierres  &  les  troncs  d'arbres  ; 
fa  variété  efl  le  Mufcus  fa^atilis  tonuofus  ac  nodofus  ^  ■ 
Topie  11^  G  g 


4($<5  B    R    Y    ^ 

Toiirn.  555.  Le  hry  a  coiffe  finie  ;  il  fe  trouve  fur  les 
troncs  d'arbres. 

BrY s  à  urnes  pédiadies    &   droites. 

Il  y  a  :  Le  hry  pomiforme  ;  cette  ti'^o.QÇ:  ,  à  urnes 
globuleuies ,  croît  dans  les  lieux  frais  ,  fablonneux  & 
pierreux.  Le  bry  à  urne  pyriforme  ;  il  croit  dans  les 
terrains  argileux.  Le  hry  à  urne  en  éteignoir.  Le  bry  à 
urne  en  forme  d'alêne  ,  Bryum  fuhulatum  ,  Linn.  ;  il 
croît  dans  les  bois.  Le  hry  rufiique  &  à  urnes  cylin- 
driques  ;  il  croît  fur  les  toits  des  maifons  de  campagne. 
Le  hry  des  murs  ;  il  eft  d'un  beau  vert ,  &  brunit  en 
vieillifîant.  Le  bry  à  balais ,  Bryum  fcoparlum  ,  Linn.  ; 
il  fe  trouve  dans  les  bois.  Le  bry  a  feuilles  ondulées  y 
des  bois.  Le  hry  à  feuilles  glauques  ,  des  landes.  Le 
hry  blanchâtre  ,  de  l'ille  de  la  Providence.  Le  hry  à 
feuilles  tranfparentes  ,  des  lieux  fangeux.  Le  hry  à 
urnes  fans  cils  ,  Bryum  imberbe  ,  Linn.  ;  il  fe  trouve 
auprès  des  haie?.  Le  bry  unguiculé  &  barbu ,  des  fablons. 
Le  hry  à  urne  dont  l'opercule  efc  aigu  ^  Bryum  aciculare  , 
Linn.;  il  croît  dans  les  montagnes ,  en  Angleterre,  en 
Allemagne  &:  en  Suifle. 

Cette  deuxième  fe£lîon  ou  foudiviflon ,  comprend 
aufÎ!  :  Le  hry  ■  a  pédicules  fléchis  en  ^g\cig ,  des  bois. 
Le  hry  élégant  ;  il  form.e  au  pied  des  arbres  ,  dans  les 
bois  ,  de  petits  gazons  foyeux  &  d'un  beau  vert  ;  fes 
feuilles  font  capillaires  ,  &  la  plupart  courbées  en 
faucille.  Le  hry  à  tiges  rouffes  par  le  bas ,  des  montagnes 
de  la  Suiife  &  du  Dau^jhiné.  Le  hry  à  feuilles  tortillées 
dans  divers  fens  ,  ds  montagnes.  Le  bry  à  urne  tron^ 
quée  ;  il  efl  très-petit  ,  ainii  que  le  fuivant  ;  il  croît 
dans  les  terrains  argileux.  Le  bry  verdoyant ,  des  bords 
des  foiTés  humides  ;  fes  tiges  ont  à  peine  une  ligne  &c 
demie  de  longueur.  Le  bry  hypnoïdc  ;  il  croît  fur  les 
pierres  &  dans  les  lieux  fablonneux  ;  fes  tiges  font 
couchées  &:  longues  de  deux  à  cinq  pouces.  Le  bry  ver* 
Ûci/lé  &  y  du  ;  A  croît  fur  les  côtés  dçs  collines.  Le; , 


B    R    Y  ^,6j 

Iry  d'été  ;  il  croît  dans  les  marais  ;  iî  a  Parpe£>  à\m 
confirva.  Le  bry  à  Lonp  pédicules  ;  les  tiges  font  très- 
courtes  :  cette  efpece  croît  dans  la  Sixtà^ ,  l'Alltmagi-ie 
&  la  Siiiiîe.  Le  bry  àfiidlks  imbriquées  comme  fur  cinq 
rangs  &  recourbées  ;  cette  efpece  ,  qui  croît  dans  les 
marais  de  l'Europe  Septentrionale  ,  eil  le  Bryum  fquar- 
rojum  y  Linn. 

^jy^5'  il  urnes  penchées  ou  pendantes. 

Il  y  a  :  Le  bry  d'un  vert  argenté  ;  il  croît  fur  les 
mi. railles  &  fur  les  pierres,  ainii  que  le  bry  coujjinet^ 
qui  efî  le  Bryum  pulvinatum ,  Linn  ;  celui-ci  tti  d'un 
vert- noirâtre  ,  velu  ou  laineux.  Le  bry  de  ga^on  ;  fes 
pédicules  font  purpurins  dans  leur  partie  inférieure: 
cette  elJ3ece  croît  dans  les  lieux  frais  &:  fur  les  murs. 
Le  bry  rougeâtre  ,  Bryum  carneum  ^  Linn.  ;  il  croît  dans 
les  lieux  frais  &  argileux.  Le  bry  à  tiges  fimpLs  &  à 
pédicules  rouges  ,  des  prairies.  Le  bry .  des  Alpes  ;  cette 
efpece  eil  d\m  rouge-noirâtre. 

BRYONE  ou  CouLEuvRÉE  ou  Vigne  blanche, 
Bryonia.  Quelques-uns  en  diilinguent  deux  efpeces 
principales  ,  dont  l'une  porte  des  baies  rouges  &  ovales, 
de  la  groileur  d'un  pois,  6c  l'autre  des  baies  noires.  La 
première ,  dont  on  fait  plus  a  uiage  ,  Bryonia  afpera  Jzve 
alba  ,  baccis  i-ubris  ,  C.  B.  Pin.  297  ,  Tourn.  102  ; 
Bryonia  alba  ,  Linn.  1438  ,  a  une  racine  vivace,plus 
ou  moins  greffe  ,  dont  la  fiibftance  eiî  marquée  par 
des  cercles ,  d'une  faveur  acre ,  défagréable  ,  &  d'une 
odeur  fétide.  Cette  plante  poufie  des  tiges  herbacées , 
longues  de  cinq  à  lix  pieds  ,  grêles ,  gmiipantes  ,  an- 
guleufes ,  garnies  de  petits  poils  roides  &  diflans.  Les 
feuilles  reiîemblent un  peu  à  celles  de  la  vigne,  elles  font 
alternes ,  pétiolées  ,  anguleules  ,  palmées  ,  cordiformes 
&  un  peu  rudes  au  toucher  ;  à  la  bafe  de  chaque  feuille 
naît  une  longue  vrille  ,  {im[)le  &  roulée  en  fpirale  ; 
des  aiflelles  des  feuilles  lortent  des  fleurs  monopétale^s  ,> 
petites,  d'un  blanc-verdâtre,  en  forme  de  balîin^  dé-* 

Gg  2 


468  B     R    Y 

coupces  en  cinq  parties.  Il  y  a  deux  efpeces  de  ces 
fleurs  fur  le  même  pie^  ;  les  unes  plus  grandes  ,  qui 
ne  lont  point  fertiles ,  &c  d'autres  plus  petites ,  aux- 
quelles fuccedent  des  baies  de  la  grolTeur  d'un  pois  , 
rondes  ,  rouges  lorfqu'elles  font  mures  ,  pleines  d'un 
flic  qui  excite  des  naufées.  Cette  plante  croît  dans  les 
haies ,  autour  des  villages  ,  en  Europe. 

La  racine  a  la  forme  d'un  navet ,  elle  efl  d'un  blanc- 
jaunâtre  ,  &  a  un  gcùt  acre  ;  c'eil  pourquoi  quelques-uns 
la  nomment  le  72avct  du  diable.  Des  Charlatans  &  des 
Bc.teleurs  fe  fervent  de  cette  racine  pour  en  faire  des 
cfpeces  de  figures  monftrueufes  ,  qu'ils  mettent  quel- 
ques jours  dans  le  fable  fec ,  &  qu'ils  vendent  en- 
fuite  pour  des  ma?! dragons.  Voyez  ce  mot.  On  a  pré- 
tendu que  cette  racine  étant  fraîche  ^  diffout  puiflam- 
nient  la  pitidîe  tenace  ;  mais  c'eil  im  purgatif  acre 
trop  violent  ;  on  dit  encore  qu'étant  tempérée  par  la 
crème  de  tartre ,  elle  étoit  utile  dans  l'hydropifie  ,  les 
afTeclions  foporeufes ,  &  la  plupart  des  maladies  chro- 
niques, M.  le  Dodeur  lîarmand  la  recommande  aujour- 
d'hui comme  un  fpécifique  certain  contre  les  diiien- 
teries  épidémiques  ;  cependant  cette  racine  ,  mangée 
mêm.e  en  petite  quantité  ,  eil  un  poifon.  M.  Morand^ 
réilcchiffant  fur  la  nature  de  ce  poifon  dont  il  avoit 
vu  des  effets  flmefles  ,  a  examiné  cette  racine ,  &  lui 
a  trouvé  beaucoup  d'analogie  avec  ceUe  du  manioc  , 
dont  on  retire ,  quoiqu'elle  foit  un  poifon ,  la  caffavs 
qui  eil  une  efpece  de  pain.  Il  a  fait  macérer  cette 
racine  ,  &  en  a  retiré  par  la  macération  une  efpece 
d'amidon  ramaflé  en  grumeau ,  qui ,  traité  &  préparé 
de  la  même  manière  que  le  manioc  ,  lui  a  donné  un 
pain  ou  galette  femb^able  à  la  caffave.  Voyez  la  manière 
de  prépar^^r  la  cajjavd  au  mot  Manchot.  Après  la  ma- 
cération de  la  racine  il  ne  rdle  que  le  fquelette  ifolé 
de  tout  le  parenchyme  ,  qui  étoit  renfermé  dans  le 
lacis  réticulalre.  Il  réiulte  de  ces  expériences  ,  qu'il 
n'A  pas  icipCiTiblc  d'enlever  le  mauvais  goût  ^l  le 


B     R     Y  4^9 

poifon  mie  contiennent  ces  plantes  ,  pour  s'approprier 
les  parties  amidonnées ,  qui  dans  des  temps  fâcheux 
poun-oient  devenir  une  nourriture  douce  &i  fucculènte. 
Il  en  réiiilteroit  un  avantage  conlidërable  par  la  facilité 
avec  laquelle  ces  plantes  croiflent  fpontanément  :  la 
culture  les  dépouilleroit  peut-être  de  leur  amertume  & 
de,  leur  Qualité  véneneufe.  M.  Baume  a  prouvé  auiîi 
par  des  expériences ,  que  la  fécule  que  l'on  retire  de  la 
hryonc ,  dégagée  de  fon  fuc  par  la  liltration  &  par  le 
lavage  ,  fournilToit  une  matière  fort  analogue  à  l'ami- 
don. La  racine  de  hryone  à  baies  rougis  ,  appliquée 
extérieurement ,  eil ,  félon  M.  Bourgeois ,  très-efficace 
dans  les  fciatiques  &  rhumatifmes  invétérés.  On  pile 
cette  racine  dans  un  mortier  avec  un  quart  de  fon 
poids  de  beurre  frais ,  &:  on  en  frotte  la  partie  malade 
trois  à  quatre  fois  de  vingt-quatre  heures  en  vingt- 
quatre  heures  ;  elle  fait  lever  de  petites  veiîies  qui 
rendent  beaucoup  de  férofités  acres. 

li  y  a  auiïï  la  bryone  palmée  ,  de  l'Ille  de  Ceylan  , 
Bryonla  palmata  ^  Linn.  ;  fes  baies  font  jaunâtres.  La 
hryone  a  grandes  jlairs ,  de  l'Inde  ,  Bryonla  grandis , 
Linn.  La  bryone  de  Madras ,  an  Mucca-piri  ?  Rheed. 
Mal.  ;  elle  croit  au  Malabar  &  dans  TLide.  La  bryone 
k  feuilles  en  cœur ,  du  Ceylan.  La  hryone  amplexicauU , 
de  l'Inde  ,  an  Karivi-valli  ?  R-heed.  Mal.  La  bryone  à 
feuilles  laciniécs ,  du  Ceylan  ;  fes  pcduncules  font  prefque 
épineux ,  &  le  font  même  plus  que  la  tige  ;  le  fruit 
eit  marqué  de  fix  raies  d'un  blanc  de  lait.  Cette  plante 
paroi t  être  le  Nèhoémeka  de  Rheede,  La  bryone  kériffic 
des  Indes  Orientales.  La  bryone  d'Afrique.  La  bryone 
naine  d'Afrique.  La  bryone  d'AbyfLnie.  La  bryone  de 
Crête;  fes  feuilles  font  tachées  de  blanc.  La  bryone 
d'Amérique  ;  elle  fe  trouve  aux  Antilles ,  dans  les  haies. 
La  bryone  à  feuilles  de  figuier  ;  elle  croît  aux  environ^ 
de  Buenos- Ayres. 

Le  faau  de  Notre-Dame  ,  ou  la  racine  vierge  ,  Bryo-* 
r/ia  Uvis  Jive  nigru  ^  racen^ofay  eil,  félon  quelques-uns  >- 

Gg  3 


470  B     U    B 

une  autre  efpece  de  hryone  j  inais  ^  (lûv^nt  M.  Ilal/ery 
ïe  fceau  de  Notrc-Damt  n'a  rien  de  commun  avec  la 
hryonc  ;  qui  eft  de  la  cîafTe  àes  Cucuméracics  ,  clafTe 
naturelle  &  très  -  bien  déterminée.  Foye^  Racine 
.Vierge. 

BUBALE.  Quadrupède  défigné  chez  les  Anciens 
fous  le  nom  de  Buhalus  ^  &  dans  plufieurs  Auteurs 
fous  celui  de  BucuLi  cervlna.  Animal  qui  tient  pour 
la  forme  de  celle  de  la  vachi  &  de  celle  de  la  biche  ; 
il  paroît  faire  une  efpece  moyenne  eiitie  celle  du  bœuf 
6c  celle  du  ctrf:  deux  carafteres  eitentiels  féparent  le 
bubale  du  genre  des  cerfs  ;  le  premier ,  ce  font  les  cornes 
qui  ne  tombent  pas  ;  le  (econôi ,  c'eft  la  véficule  du  fiel 
qui  fe  trouve  dans  le  bubale ,  &  qui ,  comme  l'on  fait , 
manque  dans  les  cerfs ,  les  daims  ,  les  chevreuils ,  &c. 

Le  buhj.le  efl  aiTcz  commun  en  Barbarie  &  dans  tou- 
tes les  parties  Septentrionales  de  l'Afrique.  On  retrouve 
cet  animal  dans  l'intérieur  d^es  terres  du  Cap  ^  où  on 
les  voit  courir  en  grandes  troupes  &  avec  une  vîteiTe 
qui  furpaffe  celle  de  tous  les  autres  animaux.  Il  paroît 
qu'ils  n'habitent  que  les  plaines.  Leur  cri ,  difent  les 
"Voyageurs  ,  elrune  efpece  d'éternuemerit  ;  leur  chair 
ell  d'un  très-bon  goût  ;  les  Payfans  qui  font  éloignés 
du  Cap  la  coupent  par  tranches  minces  ,  qu'ils  font 
fécher  au  foleil,  &  qu'ils  mangent  avec  d'autres  viandes 
au  lieu  de  pain. 

Le  bubale  ed  de  la  grandeur  du  cerf  d'Europe  ;  il 
a  le  train  de  devant  plus  élevé  que  celui  dç  derrière  ; 
fes  dents  font  larges ,  tronquées  &:  égales  ;  la  lèvre  in- 
lériciu-e  efï  noire ,  &  porte  un  petit  faifceau  de  poils 
noirs  de  chaque  côté.  Il  y  a  fur  le  menton  &  le  long 
du  chanfrein  ,  une  bande  noire  terminée  fur  le  front 
par  une  tou^e  de  poils  plantée  en  devant  des  cornes  ; 
des  bandes  de  même  couleur  font  placées  de  chaque 
côté  de  la  tête ,  &  fur  les  cuifTes  &  les  jambeé.  La  tête 
efl  longue  ,  étroite  ;  les  yeux  vifs ,  d'un  noir -bleu  ,  & 
des  larmiers  iiu-deffous.  Les  cornes  font  permanentee , 


B    U    C  471 

noîres ,  fortes  ,  épaifTes ,  &  chargées  de  gros  anneaux  , 
rapprochées  par  la  bafe  &  très-diftantes  à  leur  extré- 
mité ,  recourbées  en  arrière  &:  tories  comme  une  vis. 
La  queue  longue  d'un  pied  &  garnie  au  bout  d'un 
bouquet  de  ciins.  Les  oreilles  femblables  à  celles  de 
l'antilope.  Le  pelage  du  dos  d'un  rouge-brun  ,  clair 
fur  les  û^ncs  ,  blanc  au  ventre  ,  à  la  croupe  ,  à  l'inté- 
rieur des  cuifTes  &  clés  jambes. 

La  femelle  du  bubale  n'a  que  deux  mamelles  ,  ne 
fait  qu'un  petit  à  la  fois ,  met  bas  en  Septembre  ,  quel- 
quefois en  Avril  ;  fon  corps  efl  uniform.ément  roux , 
mais  toutes  fes  parties  font  plus  petites  que  dans  le 
mâle. 

On  prétend  que  cet  animal  eft  fi  timide  ,  qu'il  n'a 
d'autre  reûburcc  que  la  fuite  pour  éviter  les  bctes 
féroces  ;  mais  il  tft  très-léger  à  la  courfe. 

Quelques-uns  veulent  que  le  bubale  foit  le  même 
animal  que  la  vacJîe  de  Barbarie  dont  a  parlé  M.  Per^ 
rault  dans  les  Mcmoircs  de  P Académie.  Voyez  Vache 
DE  Barbarie.  M-  P allas  range  le  buba.le  parmi  les 
antilopes  ly ri-cornes.  Voyez  à  r article  Gazelle. 

BUCARDITE  3  eft  la  coquille  bivalve  appelée  cœur 
de  bœuf  y  &c  devenue  foffile. 

BUCAROS  ou  Barros.  Il  eft  dit  dans  l'ancienne 
Encyclopédie ,  qu'on  donne  ce  nom  en  Efpagne  &  en 
Portugal  à  une  efpece  de  terre  figillée  ou  bolaire  qui  eft 
rouge  &  fe  trouve  dans  ces  pays  ,  notamment  dans 
le  voifmage  de  la  ville  d'Eftremos ,  dans  la  Province 
d'Alentejo.  Kcye^  Terre  sigillée  &  ranicle  Bols. 

On  attribue  à  cette  terre  beaucoup  de  propriétés  ÔC 
de  vertus  ;  elle  eft  fort  ftyptique  &  aftringente  ;  on 
la  dit  bonne  dans  plufieurs  maladies  ,  on  prétend  que 
c'eft  un  excellent  antidote  contre  toutes  fortes  de  poi- 
.fons.  Les  Dames  Efpagnoles  fe  font  fait  autrefois  une 
telle  habitude  de  mâcher  &  de  prendre  conthiiielle- 
ment  du  bucaros ,  (  les  François  prononcent  hov.caro  } 
qu'on  prétend  que  la  pénitence  la  plus  féveie  que  les 

^g  4 


47Î  B     U     C 

Confefïeurs  de  ce  pays-là  pouvoient  impofer  à  îeufs 
pénitentes  ,  étoit  de  s'en  priver  feulement  pendant 
lin  jour  ,  IbJt  que  les  vertus  qu'on  lui  attribuoit ,  les 
déterminoient  à  en  prendre  û  opiniâtrement ,  foit  que 
la  force  de  l'habitude  la  leur  eût  rendu  néceffaire. 

Le  vin  confervé  dans  des  vafes  faits  de  cette  terre  ^ 
en  prend  le  goût  6c  l'odeur  qui  font  aflez  agréables.  Il 
en  efl  de  même  de  l'eau;  mais  quand  on  l'y  verfe,  il 
fe  fait  une  efpcce  de  bouillonnement  &  d'efFervefcence  ; 
&  fi  elle  y  iéjourne  quelque  temps ,  elle  en  fort  à  la 
fin  5  parce  que  la  matière  de  ces  vafes  eil  très-poreufe 
&i  Ipongieufe. 

BUCCIN ,  Buccinum,  Genre  de  coquilles  univalves  3^ 
&c  nommées  ainfi  à  caufe  de  leur  reffemblance  avec  une 
trompette.  Le  cara£lere  diflinclif  de  ce  genre  de  coquil- 
les ,  eu  d'être  contournée  en  volute,  à  plufieurs  fpirales, 
dont  la  plus  baffe  eil  beaucoup  plus  grande  que  les 
autres  ;  ce  qui  les  rend  groifes  par  le  milieu.  Un  autre 
caradere  ,  c'eil  d'avoir  le  ventre  un  peu  gros ,  l'ouver- 
ture de  la  coquille  ou  bouche ,  large,. très-alongée,  peu 
garnie  de  dents ,  ou  entière  ou  échancrée ,  ou  terminée 
par  une  efpece  de  queue  plus  ou  moins  alongée  (  cet 
alongement  produit  par  le  noyau ,  s'appelle  le  l^ec  de  la 
coquille ,  &  ce  bec  eil  fouvent  recourbé  &:  creule  en 
gouttière  )  ,  en  quoi  il  diffère  Aes pourpres ,  dont  l'ouver- 
ture efl  ronde  ;  il  diffère  aufîi  des  murex ,  en  ce  que  fa 
coquille  n'eil  point  couverte  de  pointes  proprement 
dites.  En  perçant  le  petit  bout  ou  fom.met  du  buccin  marin 
appelé  bourct  de  mer  par  quelques  -  uns ,  on  s'en  fert 
comme  d'un  cor  ou  d'une  trompette  pour  fe  faire  enten- 
dre de  loin.  Cette  efpece  de  trompette  eil  citée  plufieurs 
fois  dans  l'Exode  ;  on  attribue  l'invention  de  cet  inilru- 
nient  à  vent  à  Thyrrene  fils  à' Hercule ,  l'an  du  monde 
2884.  Les  Rabbins  prétendent  que  le  premier  buccin  ^ 
tut  une  des  cornes  du  bélier  o^^ Abraham  immola  à  Dieu 
au  lieu  de  fon  fils  Jfaac,  On  fe  fervoit  du  buccin  à  l'armée , 
pour  avertir  les  foldats ,  pendant  la  nuit,  des  heures 


B     U     C  473 

âiixqirelles  Ils  dévoient  moiiter  cl  defcendre  îa  garce. 
Les  AnciQïiS  ^liGiQvXbucc'mum  dare  ^  lonnerou  donner  du 
buccin;  delà  les  Anatomiftes  ont  appelé  mufclcs  bucci- 
nateurs^  ceux  des  joues  qui  le  dilatent  ou  s'enflent  quand 
on  foufïle  à  l'embouchure  d'un  inflrument  à  vent. 

Quoique  Ton  fafle  trois  familles  des  buccins^  des 
murex  &c  des  pourpres ,  par  rapport  à  la  figure  exté- 
rieure de  leurs  coquilles ,  l'an'mal  qui  les  habite  eil 
preique  entièrement  le  même  ;  ils  ont  tous  la  propriété 
de  donner  une  liqueur  femblable  à  celle  que  les  Anciens 
tiroient  de  la  pourpre. 

On  diflingue  les  buccins  en  buccins  à  bouche  entière 
&  fans  bec,  en  buccins  a  bouche  echancrée  &:  fans  bec, 
en  buccins  à  bouche  garnie  d'un  bec  peu  long,  &  en 
buccins  à  bouche  garnie  d'un  long  bec. 

La  famille  des  buccins  contient  un  grand  nombre 
d'efpeces  de  coquilles ,  tant  de  terre  que  d'eau  douce. 
On  a  donné  à  celles  de  mer  divers  nom.s  qui  ont  quel- 
ques rapports  avec  leurs  formes  ;  telles  font  la  quenouilU  ; 
le  grand  fufcau  blanc  ,  efpece  de  buccin  fort  rare  ;  la 
viitre.  à  fond  blanc  ,  tachetée  régiîljérement  de  rouge  ; 
Vivoirc  ou  mitre  ]aun2trz\  la  tour  de,  Babel ^  dont  les  con- 
tours font  formés  de  diîTérenîes  moulures  rayées  de 
taches  rouges  ou  noires  fur  un  fond  blanc  ;  la  tulipe 
remarquable  par  fa  belle  marbrure  de  coideur  brune 
ou  jaune  fur  \m  fond  blanc;  le  minaret^  la  tiare  ou  ccw 
renne  Papale'^  V aveline;  V oreille  de  Midûs  ;  \r  licorne;  le 
cabejlan  ;  îa  trompe  marine  ou  concilie  de  Triton  ;  la  corde- 
lière ;  le  tapis  ou  la  robe  de  Perfe  ;  6c  un  trop  grand  nom.- 
bre  d'autres  dont  la  vue  dans  un  coquillier  flatte  plus 
que  les  defcripticns  qu'on  pcurroit  en  donner,  quel- 
que détaillées  qu'elles  fuflent. 

L'animal  qui  habite  les  coquilles  que  l'on  nomme 
buccins,  cil  remarquable  par  ime  trompe  qu'il  porte  à 
l'extrémité  de  la  tête,  qui  lui  fert  à  fouiller  le  limon 
&  à  pomper  l'eau  de  la  mer;  c'til  par  ce  canal  qu'il 
iaifie  écouler  la  liqueur  purpurine   employée  par  les 


474  B     U     C 

Anciens,  ainfi  Cfiie  celle  de  la  pourpre ^  pour  teindre  en 
ronge.  Le  réfervoir  de  cette  liqueur  eu  dans  un  petit 
vairteau  à  côté  du  collier  de  l'animal.  Ce  vaiffeau  ne  con- 
tient qu'une  bonne  goutte  d  un  fluide  un  peu  jaunâtre, 
qui  pafle  A  la  couleur  de  pourpre  après  qu'il  a  été 
expofé  à  l'air  un  certain  temps.  La  trompe  du  buccin 
n'étant  point  armée  de  dents  à  ion  extrémité ,  ainfi  que 
celle  de  la  pourp^-c^  il  ne  perce  point  comme  elle  les 
coquillages.  L'animal  a  outre  cette  trompe  une  bouche 
éc  une  autre  efpece  de  petite  trompe  qui  lui  ferî  de 
langue  ;  c'efi  par  ce  mo^.en  qu'il  attire  à  foi  les  ali- 
mens  néceflaires.  L'opercule  attaché  à  la  plaque  char- 
nue fur  laquelle  il  rampe ,  lui  fert  de  clcifon  quand  il 
veut  le  renfermer. 

La  Société  Royale  de  Londres  a  découvert ,  il  y  a  en- 
viron foixante  &  dix  ans,  fur  les  côtes  d'Angleterre,  une 
efpece  de  buccin  très-commune  qui  fournit  la  coiiUitr 
pourpre  ii  recherchée  des  Anciens.  Sur  les  côtes  du  Poi- 
tou, M.  de  Réaiimur  en  a  auiH  découvert  une  efpece  qui 
donne  cette  belle  couleur.  Les  buccins  du  Poitou  qui 
donnent  la  pourpre  ,  fe  trouvent  ordinairement  affemblés 
autour  de  certaines  pierres  ou  fables ,  fur  lefquels  on  voit 
beaucoup  de  grains  ovales,  longs  de  trois  lignes,  pleins 
d'une  liqueur  blanche  un  peu  jaunâtre,  affez  femblable 
à  celle  qui  fe  tire  des  buccins  mêmes  ,  &  qui  ,  après 
quelques  changemens ,  prend  la  couleur  de  pourpre.  Il 
paroît,  par  les  cbfervations  de  M.  de  Réaumur ,  que  ce 
ne  font  point  les  œufs  des  buccins ,  ni  les  grains  de  quel- 
que plante  marine,  ni  des  plantes  naiffantes;  il  y  a  lieu 
de  croire  que  ce  font  des  œufs  de  quelque  poifîbn.  On 
ne  commence  à  les  voir  qu'en  automne.  Ces  grains 
écrafés  fur  la  toile,  ne  font  d'abord  que  la  jaunir'imper- 
ceptiblement  ;  mais  fi  on  expofe  cette  toile  au  grand  air, 
à  un  foleil  vif  ou  au  ïqw^  elle  paffe  en  trois  ou  quatre 
minutes ,  de  cette  couleur  foible  à  un  beau  rouge  de 
pourpre,  qui  s'aiToiblit  un  peu  par  le  grand  nombre  de 
blanchifiages.  Si  la  toile  n'étoit  expofée  qu'à  un  foleil 


B    U    C  475 

peu  vif,  elle  prendroit  d'abord  une  couleur  verdâtre , 
enfiiite  une  couleur  de  citron ,  un  vert  plus  clair ,  & 
puis  plus  foncé  ;  de  là  le  ^^iolet ,  &  eniîn  un  beau  pour- 
pre. Ce  feroit  une  chofe  alTez  curieufe  que  de  fixer  à 
volonté  ces  couleurs ,  à  chacune  des  nuances  par  lef- 
quelles  elles  pafîent  fucceffivement. 

Suivant  les  expériences  de  M.  dz  Rcaumur ,  l'eftet  de 
Tair  fur  la  liqueur  des  grains ,  confifle  non  en  ce  qu'il 
lui  enlevé  quelques-unes  de  fes  particules,  ni  en  ce 
qu'il  lui  en  donne  de  nouvelles^  mais  feulement  en  ce 
qu'il  change  l'arrangement  des  parties  qui  la  conipofent, 
M.  de  Rcaumur  n'a  pas  manqué  de  comparer  la  liqueur 
que  l'on  tire  des  buccins  ^yqc  celle  de  ces  grains;  &:  les 
expériences  lui  ont  démontré  que  ces  liqueurs  font  à- 
peu-près  de  même  nature.  Celle  des  grains  ell  feulement 
plus  aqueufe  ,  elle  a  une  faveur  falée  ;  au  lieu  que 
celle  des  buccins  paroît  extrêmement  poivrée  (^c  piquante. 

La  cochenille  donne  une  très  belle  couleur  rouge, 
mais  qui  n'eft  bonne  que  fur  la  laine  &  fur  la  foie.  Le 
cartamc  donne  le  beau  ponceau  &  le  couleiu-  de  rofe  ; 
mais  ce  n'efl  que  fur  la  foie ,  le  fil  &:  le  coton.  Peut-être , 
dit  M.  de  Fontcnclle ,  les  grains  de  M.  de  Rc:zumur  nous 
fourniroient-ils  le  beau  rouge  pour  la  toile.  Si  on  vou- 
loit  faire  ufage  de  cette  couleur  en  teinture ,  il  feroit  plus 
commode  &;  moins  coûteux  de  la  tirer  des  grains  que 
des  buccins.  On  pourroit  écrafer  une  grande  quantité 
de  grains  à  la  fois  ;  au  lieu  que  pour  avoir  la  liqueur 
des  buccins ,  il  faut  ouvrir  le  réfervoir  de  chac|ue  buc- 
cin çin  particulier,  ce  qui  demande  beaucoup  de  temps  : 
ou  fi,  pour  expédier,  on  écrafe  le  plus  petit  de  ces 
coquillages ,  on  gâte  la  couleur  par  le  mélange  des  diffé- 
rentes matières  que  fournit  l'animal. 

La  Chimie,  cette  fcience  qui  analyfe  tant  de  pro- 
duirions de  la  Nature  &  les  fait  paroitre  fous  di- 
verfes  formes  ,  pourroit  trouver  des  moyens  de  per- 
fedionner  cette  couleur  ,  de  la  faire  paroitre  plus 
promptemenî ,  plus  belle ,  &  de  la  rendre  plus  tenace. 


47S  }i    V    C 

M.  Je  Riaumur  a  éprouvé  que  le  faibli  me  corrofif  pro- 
duit cet  effet  fur  la  liqueur  des  buccins. 

Les  buccins  fluviatiles  périment  quelque  temps  après 
Sîvoir  été  tirés  de  Feau  ;  ils  n'ont  que  deux  tentacules 
larges  ôc  aplatis  comme  des  oreilles.  Quoique  herma- 
phrodites ,  raccouplement  n'eft  pas  double  comme  dans 
le  Limaçon,  Mais  il  x^^^  pas  rare  de  trouver  dans  les 
ruiiTeaux ,  notamment  à  Gentilly ,  près  Paris  ,  des  ban- 
des très-conlidérables  de  ces  animaux ,  dont  tous  font 
l'office  de  mâle  &  de  femelle  avec  deux  de  leurs  voi- 
fins ,  tandis  que  les  deux  qui  font  aux  extrémités  de 
ce  chapelet ,  moins  fortunés  que  les  autres  par  leur 
pofition  ^  n'agiiient  que  comme  femelle  ou  comme 
mâle  ieulement. 

BUCCINiTES.  On  appelle  ainli  des  buccins  de- 
venus folTiles.   Voyzi_  Buccin. 

BUCÉPHALE.  Voyzi  t article  Cheval /^^r  la  fin. 

BUCK-BEi\.N ,  ou  Trèfle  aquatique  à  feuilles 
moins  larges  que  celles  du  mcnianthe  vulgaire ,  Menianthes^ 
palufîre  angifftifoUum  &  triphyllum  ^  Tourn..  Inft.  ;  T/f 
foUum  palujlre  minus  ^  acuiiore  folio  ,  C.  B.  Pin.  327^ 
Trifoiium  fibrinum  ,  Tabern.  îcon.  521.  Parmi  les  ani- 
maux de  première  utilité  ,  nous  voyons  des  efpeces 
en  quelque  forte  fecondaires  ,  &:  qui  elles  feules  nous 
tiendroient  lieu  des  efpeces  principales  ,  fi  elles  ve- 
no.ient  à  manquer  :  Pane  peut  être  regardé  comme 
l'efpece  fecondaire  du  cheval ,  &  la  brebis  comme  celle 
de  la  vache.  Il  efl  encore  plus  fréquent  parmi  les 
végétaiiLx  de  trouver  des  efpeces  fecondaires  ,  &  qui 
peuvent  être  fubftituées  aux  premières  ,  lorfque 
celles-ci  ne  font  point  affez  nomibreufes ,  ou  même 
qu'elles  \';ennent  à  manquer.  La  plante  appelée  buck^ 
bean  ed  dans  ce  cas  :  elle  pourroit  aifément  remplacer 
le  houblon  ,  &  donner  à  la  bière  une  amertume  agréa- 
ble :  à  ces  qualités  elle  joint  l'avantage  de  pouvoir  fe 
multiplier  facilement  dans  des  terrains  tres-marécageiix. 
oii  il  ne  croît  que  de  mauvaifes  herbes. 


B     U     C  477 

La  racine  de  huck-han  eil  fort  grande,  d^uaê  forme 
irréguliere  &:  d'une  fublhnce  fpongieufe  ;  elle  eil  longue, 
fort  épaille  ôc  ne  perce  pas  perpendiculairement  dans 
la  terre  ,  mais  elle  coule  obliquement  fous  la  furface, 
envoyant  de  divers  côtés  les  poulies  de  fes  feuilles; 
par  ce  moyen  elle  s'étend  &  fe  multiplie  conlidérable- 
ment.  Les  feuilles  y  font  placées  far  chaque  pédicule 
comme  dans  les  trcfics  ,  mais  elles  font  beaucoup  plus 
grandes  que  dans  cqs  plantes ,  d'une  forme  ovale  &  de 
la  grandeur  d'une  feuille  de  laurier.  Il  s'élève  enfemble 
pluneurs  tiges;  de  forte  (:\\\ç.  fouvent  une  feule  plante 
produit  une  quantité  confidérable  de  feuilles.  Lorfoue 
les  tiges  fleurilTent,  elles  ont  environ  dix  pouces  de 
hauteiu:.  Les  fleurs  dont  elles  font  chargées  ont  une 
couleur  blanche  avec  une  nuance  de  rouge,  &  elles 
font  un  peu  velues  :  il  leur  fuccede  des  capfules  à 
graines  qui  font  ovales  &  contiennent  beaucoup  de 
femence.  Le  buck-bcan  eil  une  plante  fort  connue  en 
Médecine  fous  le  nom  de  trafic  de  marais  ,  &  nous 
l'avions  déjà  délignée  dans  notre  féconde  édition  fous 
le  nom  de  ménianthc  ,  nom  que  Tourmfort  a  tiré  de 
Théophrafic  pour  le  donner  à  cette  plante.  Voyc^^  V article 

MÉNIANTHE. 

Cette  plante  croît  naturellement  en  Angleterre  dans 
les  marais  &  les  lieux  humides,  &  même  autour  à^^s 
terres  à  tourbe.  Lorfqu'on  veut  faire  une  plantation  de 
cette  plante ,  on  peut  choifir  une  pièce  de  terre  cn.ii 
foit  humide  par  elle-même  ,  ou  fujette  à  être  fouvent 
fubmergée  ,  qui  ne  produife  que  des  joncs  ,  des  gra- 
mens  en  joncs  ,  &  autres  plantes  inutiles  ;  on  doit 
commencer  par  arracher  toutes  les  grandes  touffes  de 
rofeaux  ou  de  flambes  qui  peuvent  y  croître  :  quant 
aux  autres  produdions  on  peut  les  laiiTer.  Le  buck- 
hean  n'en  fleurit  que  mieux  quand  ia  racine  court 
fous  une  fmiace  couverte.  La  plantaùon  efr  des  plus 
aifées  :  il  ne  s'agit  que  de  fe  pourvoir  de  morceaux  de 
racines  de  cette  p-aiite  qui  aient  enviroa  deux  pouce 


478  B     U    C 

de  longueur ,  6z  une  bonne  tête  ou  œil.  Pour  les 
planter  on  prend  une  truelle  coupante  avec  laquelle 
on  coupe  une  touffe  d'herbes  ;  on  place  la  racine  du 
buck-bcan  à  un  pouce  ou  environ  au-deflbus  de  la 
lurface ,  &  on  en  laifie  retomber  le  gazon  par-deffus. 
Cette  plante  s'empare  peu-à-peu  du  terrain ,  ëc  fi  com- 
plètement ,  que  les  mauvaifes  herbes  ne  peuvent  plus 
y  trouver  place.  Comme  on  n'a  en  vue  dans  cette 
plantation  que  de  faire  pouffer  les  feuilles  en  abon- 
dance ,  il  faut  faire  couper  légèrement  avec  la  faux  les 
tiges  à  fleurs. 

La  manière  de  recueillir  les  feuilles  de  cette  plante 
eft  de  la  faucher  &:  de  la  tranfporter  fur  un  terrain 
{qc  ,  pour  la  faner  en  la  remuant  fréquemment  , 
comme  on  le  fait  pour  le  foin.  La  faifcn  vraiment 
favorable  pour  la  cueillette  ,  c'eft  lorfque  les  feuilles 
font  pleinement  ouvertes  ;  li  on  attend  plus  tard  , 
elles  perdent  leur  couleur  verte  6c  fraîche  ,  &:  dimi- 
nuent de  qualité.  Quand  elles  font  entièrement  fèchèes , 
il  faut  les  féparer  d'avec  les  tiges  ;  car  il  n'y  a  que  les 
feuilles  qui  poffedent  les  qualités  du  houblon.  La  tige 
eff  fpongieufe ,  acueufe  ;  &  bien  loin  d'avoir  de  Tamer- 
tume ,  elle  reffem.ble  à  de  la  farine  lorfqu'elle  a  été  bien 
léchée  &  réduite  en  poudre  au  m.oulin.  M.  Linncsus 
prétend  même  que  dans  les  pays  Septentrionaux  ,  le 
petit  peuple  ,  dans  les  difettes  de  blé ,  fe  fert  de  cette 
tige  au  lieu  de  farine  pour  faire  du  pain. 

Les  feuilles  de  buck-bean  érant  bien  defféchées  , 
peuvent  fe  conferver  en  bon  état  pendant  trois  ou 
quatre  ans  ,  ou  même  plus  long-temps ,  s^il  ne  leur 
arrive  point  d'accidens  par  l'humidité  ou  autrement  ; 
mais  elles  font  toujours  meilleures  dans  la  prem.iere 
année.  Il  paroit  certain  que  ces  feuilles  ,  employées 
d'une  manière  convenable  par  un  Braffeur  expérimenté, 
égaleroient  pour  le  moins  le  houblon  ;  elles  donnent  à 
la  bière  une  amertume  qui  n'a  rien  de  défagréable  , 
comme  eff  ceilQ  de  l'eibfimhe  qu'on  avoit  cherché  à 


B    U    F  479 

fubflituer  au  houblon  ;  peut-être  même  pourroient- 
elies  empêcher  quelques-uns  de  ces  accidens  nom- 
breux qui  arrivent  à  la  bière  lorf qu'on  la  garde ,  &  qui , 
quoique  attribués  à  des  cauf es  fort  différentes ,  font  la 
plupart  occalionés  par  le  houblon. 

Les  vertus  médicinales  du  buck-hcan  font  celles  de 
tous  les  amers ,  c'eft- à-dire ,  de  fortifier  l'eftomac  & 
d'aider  à  la  digefiion  :  fes  feuilles  fo^auffi  diuiétiques 
lorfqu'on  les  prend  ûmplement  en  infufion  ;  elles  ne 
peuvent  donc  donner  à  la  bière  que  de  très-bonnes 
qualités ,  fans  pouvoir  lui  commimiquer  rien  de  nuifible. 

BUFFLfi  ,  Buffdus,  Animal  quadrupède  bifulce , 
originaire  des  climats  les  plus  chauds  de  l'Afrique  &: 
de  l'Afie  ,  &:  qui  eil  devenu  domeflique  en  Europe  : 
il  fut  amené  en  Italie  vers  la  fin  du  feizieme  fiecle , 
où  depuis  ce  temps  l'on  s'en  fert ,  ainfi  que  dans  quel- 
ques-unes de  nos  Provinces  Méridionales ,  pour  cul- 
tiver la  terre  ;  &  il  y  a  confervé  l'avantage  de  fe  re- 
produire. Il  vit  de  dix-huit  à  vingt  ans. 

La  taille  &  la  grandeur  de  cet  animal  juftifîent  & 
rendent  confiante  une  obfervaticn  faite  par  un  grand 
Phiiofophe;  c'efl  que  l'on  trouve  les  plus  gros  qua- 
drupèdes feus  la  Zone  Torride  ;  tels  font  VéUphant  , 
le  rhinocéros  ,  Vhyppopotamz ,  après  lef quels  l'on  peut 
mettre  le  buffle  peur  la  groûeur. 

Le  hu^c  relTemble  pour  la  forme  au  taureau  ;  il  eil 
domeftique  comm.e  lui ,  fert  aux  mêmes  ufages  ,  &  fe 
nourrit  des  mêmes  alimens  que  le  bœuf;  mais  il  eft 
en  général  plus  grand  ,  plus  fort  que  le  bœuf;  il  a  le 
corps  plus  court  &  plus  gros  ,  les  jambes  plus  hautes , 
la  tête  proportionnément  plus  petite  ,  les  cornes 
moins  rondes  ,  noires  oc  eh  parties  comprimées ,  un 
toupet  de  poil  crépu  fur  le  front;  fa  peau  &  fon  poiL 
font  d'une  couleur  foncée  ;  Ion  poil  eft  fort  comme 
celui  du  fanglier  ;  le  ventre ,  la  poitrine ,  la  croupe  , 
la  plus  grande  partie  des  jambes  &:  de  la  queue  font 
^miéremçnt  ras  j  &  en  général  il  n'y  a  que  peu  de 


48o  B    U    F 

poil  liir  le  corps  de  cet  animal  ;  ia  peau  eft  dure  & 
tr  Jo-épaifie  ;  fa  chair  noire  &  dure ,  ei\  non-feulement 
défagréable  au  goût ,  mais  répugnante  à  l'odorat. 

Ce  quadrupède  efl  d'une  autre  efpece  que  le  tau- 
reau ,  car  les  maies  &c  les  femelles  de  ces  animaux  , 
quoique  également  réduits  en  efclavage  ,  &  fe  trou- 
vant fouvent  réunis  dans  les  mêmes  pâturages,  fous 
le  même  toit  ,  ma  toujours  refufé  de  s'unir  ,  malgré 
qu'on  eut  cherche  à  y  exciter  les  mâles  par  l'abfence 
de  leurs  propres  femelles  ;  leur  nature  efi:  par  confiquent 
plus  éloignée  de  celle  du  taureau  ,  que  celle  de  l'âne 
ne  l'eil  de  celle  du  cheval ,  elle  paroît  même  antipa- 
thique; car  on  afTure  que  les  mères  hnjflcs  refufent  de 
fe  laifîer  teter  par  les  veaux ,  &  que  les  vaches  re- 
fufent de  nourrir  les  petits  i^ufp:s  Qz), 

Ces  animaux  différent  aulli  par  le  caradere.  Le  buffle  ^ 
dit  M.  dd  Buffon  ,  ell  d'un  naturel  plus  dur  &  moins 
traitable  que  le  bœuf;  il  obéit  plus  difficilement  ;  il 
eft  plus  violent;  il  a  des  fantaiiies  plus  brufques  & 
plus  fréquentes  ;  toutes  fes  habitudes  font  grolTieres  & 
brutes  ;  il  eil: ,  après  le  cochon ,  le  plus  laie  des  ani- 
maux domefliqueSjpar  la  difficulté  qu'il  met  à  lé  lailTer 
nettoyer  6l  panier  :  fa  figure  eil  grolTiere  &;  repouf- 
fante ,  fon  regard  ftupidement  farouche  ;  il  a  la  vue 
très-foible  ;  il  voit  mieux  la  nuit  que  le  jour  ;  il  avance 
ignoblement  fon  cou ,  &  porte  mal  fa  tête  ,  prefque 
toujours  penchée  vers  la  terre  ;  fa  voix  eft  un  mugif- 
fement  épouvantable  ,  d'un  ton  beaucoup  plus  fort  en- 
core &  beaucoup  plus  grave  c[ue  celui  du  taureau  ;  il 
aies  membres  maigres,  la  queue  nue,  le  mufeau  noir 

comme 

(d)    Des   expériences    faites   dans  le  Brandebourg,  par  les  l'oins  de 

M  le  Préfident  de  Benck&ndorf,  prouvent  cependant  que  quelques 
T.iches  domeftiques  ont  été  fécondées  par  des  buffles  ;  m.-îis  l'on  eîl 
généralement  d'opinion  à  Af^racin  ,  que  les  veaux  m.iiets  qui  eu, 
résultent  ne  vivent  pas  ,  &  que  très-fouvent  les  vaclies  mèmei  périment 
des  fuites  d'une  telle  portée;  il  faut  en  convenir,  quoiqu'il  y  ait  beaucoup 
de  difproportion  entre  la  taille  des  bi:ffl.es  &  celle  des  vaches,  elle 
n'ert  pas  auili  conlidécibl*  qu'entie  le  taureau  ik  rànelïe  qui  produil'eat 
le  jtiTiart. 


B    U    F  481 

comme  le  poil  &  la  peau  ;  cet  animal  aime  beaucoup 
à  fe  vautrer  Ôl  même  à  iejourner  clans  l'eau  ;  il  nage 
très-bien  6c  traverie  hardiment  les  rivières  les  plus 
rapides  :  comme  il  a  les  jambes  plus  hautes  que  le 
bœuf,  il  court  aufTi  plus  légèrement  fur  la  terre. 

Le  hi^ffie  eft  très-ardent  tn  amour;  il  combat  avec 
fureur  pour  fa  femelle  ,  &c  quand  la  ^idoire  la  lui  a 
afTurée ,  il  cherche  à  en  jouir  à  l'écart  :  elle  porte  en- 
viron douze  mois ,  ne  met  bas  qu'au  printemps  ;  elle 
a  quatre  mamelles ,  &c  ne  produit  qu'un  petit  ;  ou 
fi  par  hafard  elle  en  produit  deux ,  fa  mort  eu  pref- 
que  toujours  la  fuite  de  cette  trop  grande  fécondité  ; 
elle  produit  deux  années  de  fuite ,  &  fe  repofe  à  la 
troifieme,  pendant  laquelle  elle  demeure  ftcnle,  quoi- 
qu'elle reçoive  le  mâle  ;  fa  fécondité  commence  à 
rage  de  quatre  ans ,  &  finit  à  douze  ;  quand  elle  entre 
en  chaleur ,  elle  appelle  le  mâle  par  un  mugiilement 
particulier,  &  auquel  il  ne  manque  pas  d'accourir. 

Quoique  le  buffle  naiile  &  foit  élevé  en  troupeau , 
il  conferve  cependant  fa  férocité  naturelle  ;  en  forte 
qu'on  ne  peut  s'en  fervir  à  rien ,  tant  qu'il  n'eft  pas 
dompté  :  on  commence  par  marquer ,  à  l'âge  de  quatre 
ans ,  ces  animaux  avec  un  fer  chaud ,  afin  de  pouvoir 
didinguer  les  ùu^es  d'an  troupeau,  de  ceux  d'un  autre; 
on  donne  à  chaque  kijjïe  un  nom  qu'on  répète  fou- 
vent  d'une  manière  qui  tient  du  chant ,  6c  en  careflant 
en  même  temps  l'animal  fous  le  menton.  L'habitude 
d'entendre  ces  tons  cadencés  efl  tellepour  le  ùu^^^ ,  que 
fans  cette  efpece  de  chant,  il  ne  felaifïe  point  approcher, 
fur-tout  la  femelle  pour  fe  laifier  traire.  La  marque  efl 
fuivie  de  la  caflration  ,  qui  fe  fait  à  Page  de  quatre 
ans  5  non  par  compreiîion  des  teflicules  ,  mais  par  in- 
cifion  6c  amputation.  Cette  opération  paroît  néceiTaire 
pour  diminuer  l'ardeur  violente  6c  furieufe  que  le  buff/e 
montre  au  combat ,  6c  en  même  temps  le  difpoi'er 
à  recevoir  le  joug  pour  les  difFérens  ufages  auxquels 
on  veut  l'employer.  Peu  de  temps  après  la  cailration , 
Tom^  II,  H  k 


4S2  B    U    F 

on  lui  pafle  un  anneau  de  fer  dans  les  narines  ;  mai:? 
ia  force  &  la  férocité  du  buffle  exigent  beaucoup  d'art 
pour  parvenir  à  lui  palTer  cet  anneau.  Après  l'avoir  fait 
tomber  au  moyen  d'une  corde  que  l'on  entrelace  dans 
{qs  jambes  ,  des  hommes  fe  jettent  fur  lui  pour  lui 
lier  les  quatre  pieds  enfemble ,  &:  lui  paffer  dans  les 
narines  l'anneau  de  fer;  ils  lui  délient  enfuite  les  pieds, 
^l  l'abandonnent  à  lui-même  :  le  buffle  furieux  court 
de  côté  &  d'autre  ,  &,  en  heurtant  tout  ce  qu'il  ren- 
contre ,  cherche  à  fe  débarraffer  de  cet  anneau  ;  mais 
avec  le  temps  iî  s'y  accoutume  infenfiblement ,  & 
l'habitude  autant  que  la  douleur  l'amènent  à  l'obéif» 
fance.  On  le  conduit  avec  une  corde  que  l'on  attache 
à  cet  anneau ,  qui  tombe  par  la  fuite ,  au  moyen  de 
TefFort  continuel  des  Conducteurs  ,  en  tirant  la  corde; 
mais  alors  l'anneau  efl  devenu  inutile  ,  car  l'animal 
déjà  vieux  ne  fe  refufe  plus  à  fon  devoir.  C'eil  ainfi 
que  les  hommes,  pour  dompter  &  diriger  les  anim^aux, 
les  faifilfent  par  les  parties  les  plus  fenfibles. 

Le  buffle  paroît  encore  plus  propre  que  le  taureau 
à  ces  chalTes  dont  on  fait  des  divertilTemens  publics  , 
fur-tout  en  Efpagne  ;  aulii  les  Seigneurs  qui  tiennent 
des  buffles  dans  leurs  terres ,  n'y  emploient-ils  que  ces 
animaux.  La  férocité  naturelle  du  buffle  augmente  lorf- 
qu'elle  eft  excitée ,  &:  rend  cette  joute  aufli  animée 
qu'elle  eft  périlleufe.  En  effet ,  le  buffle  pourfuit  l'homme 
svec  acharnement  ,  jufque  dans  les  maifons  ,  dont  il 
monte  les  efcaîiers  avec  une  facilité  particulière  ;  i! 
fe  préfente  aux  fenêtres  ,  d'oii  il  faute  dans  l'arène , 
franchiffant  même  les  murs ,  lorfque  les  cris  redoublés 
du  peuple  font  parvenus  à  le  rendre  furieux. 

Les  buffles  font  cependant  des  animaux  très-utiles  ; 
comme  leur  corps  eft  très-maiTif ,  ils  font  propres  au 
labour  ;  on  leur  fait  traîner  &  non  pas  porter  les 
fardeaux  ;  on  en  fait  un  grand  ufage  en  Italie  ;  il  y 
a  des  endroits  dans  ce  pays ,  comme  par  exemple  les 
con£ns  de  la  Tolcanç  ôc  de  l'Etat  Éccléfiaflique ,  daiis 


B    U    F  485 

îes  Fefnies  de  Marfiliana ,  Montaoïito  ^  Caftîglîone  , 
Corneto ,  &:q,  où  l'on  lailTe  paître  les  l>iiffles  domef- 
dques  dans  les  bois  :  (les  marais  Pontlns  &  les  ma-' 
remmes  de  Sienne  font  en  Italie  les  endroits  les  plus 
favorables  aux  huffles  ;  mais  ils  y  gagnent  fouvent  le 
harboncy  exprefîion  Italienne  qui  a  rapport  au  fiége 
principal  de  cette  maladie  très-contagieufe ,  6^  qui  eil 
dans  ces  animaux ,  à  la  gorge  &:  au  menton.)  Lorfque 
le  Laboureur  vient  à  la  charrue ,  il  fait  figne  à  un  de 
fes  chiens  (  ce  font  de  ceux  de  forte  race  )  d'aller  dans 
les  bois  ;  le  chien  court ,  faifit  avec  la  plus  grande 
adreffe  un  buffic  par  l'oreille,  &  fans  quitter  prife  il 
l'amené  à  fon  maître,  qui  l'attache  fous  le  joug  pendant 
qu'il  retourne  dans  les  bois  lui  en  chercher  un  autre  , 
qu'il  met  à  côté  du  premier.  Le  Laboureur  leur  fait 
tracer  fcs  filions ,  les  fait  tourner  à  volonté  d'un  côté 
&:  d'autre  ,  &  les  conduit  facilement  en  tirant  une 
petite  corde  qui  eil  attachée  à  cette  forte  d'anneau 
de  fer,  dont  nous  avons  fait  mention,  &  dont  la 
pointe  picote  le  nez  de  l'animal.  Lorfque  les  buffles 
ont  fourni  leur  travail ,  on  les  ôte  de  la  charrue ,  &: 
ils  retournent  dans  les  bois  fe  repofer  &  fe  nourrir 
jufqu'au  lendemain  où  les  diiens  viennent  les  y  cher- 
cher de  nouveau.  Comme  ces  animaux  portent  natu- 
rellement leur  cou  bas,  ils  emploient  en  tirant  tout 
le  poids  de  leur  corps;  auifi  un  attelage  de  deux  buffles 
enchaînés  à  un  chariot ,  tire-t-il  autant  que  quatre  forts 
chevaux.  Nous  tenons  ces  détails  d'un  homme  de  mé- 
rite, qui  a  fait  valoir  des  fermes  confidérables  dans 
les  cantons  d'Italie  dont  nous  avons  parlé  plus  haut. 
Il  y  a  une  grande  quantité  de  troupeaux  de  buffles 
fauvages  dans  les  contrées  de  l'Afrique  &  des  Ind^s , 
arroféss  de  rivières  &  où  il  fe  trouve  de  grandes 
prairies.  Ces  animaux  ne  font  point  de  mal ,  à  moins 
qu'on  ne  les  attaque  ;  mais  fi  on  vient  à  les  bleffer , 
ils  vont  droit  à  leur  ennemi ,  le  terraflent  &  le  foulent 
aux  pieds»  L'afpeil  du  feu  les  çfFraie  j  la  couleur  rouge 

«h  1 


484  B    U    F 

les  irrite  &C  les  met  en  fureur ,  au  point  que  l'on  n'ofe 
s'habiller  de  rouge  dans  les  pays  où  il  y  a  des  buf-les; 
parmi  nos  bœufs  nous  n^^n  voyons  que  peu  fur  lef- 
queîs  cette  couleur  faffe  cette  impreflion. 

Les  Nègres  de  Guinée  &:  les  Indiens  du  Malabar 
vont  à  la  chaffe  des  buffles  fauvages  :  ils  n'ofent  les 
attaquer  de  face  ni  les  pourfuivre  à  terre  ;  ils  grim- 
pent fur  les  arbres  &  de  là  ils  leur  décochent  leurs 
flèches  ;  ils  font  un  grand  profit  de  leurs  peaux  &: 
de  leurs  cornes ,  cjui  font  plus  durfs  &:  meilleures  que 
celles  du  bœuf  ;  ils  trouvent  la  chair  de  ces  animaux 
affez  bonne  à  manger  :  la  langue  eft  le  mets  le  plus 
délicat  de  tout  l'animal.  En  Italie  les  Juifs  mangent 
la  chair  du  hnffle  engraiffë ,  &  l'on  fait  d'excellens 
fromages  avec  le  lait  des  femelles  buffles ,  qui  en  donnent 
en  grande  abondance  ;  ce  lait  a  un  petit  goût  mufqué  ; 
on  dit  qu'en  Perfe  il  y  a  des  femelles  qui  en  fournif- 
fent  par  jour  jufqu'à  vingt-deux  pintes. 

Les  cornes  ,  les  ongles  ,  la  graiiïe  &  la  fiente  du 
buffle  ont,  dit-on,  les  mêmes  vertus  en  Médecine  que 
celles  du  bœuf.  Quand  fa  peau  a  été  paffée  à  l'huile 
commue  celle  du  chamois ,  elle  porte  le  nom  de  buffle,- 
Les  Militaires  s'en  fervoient  anciennement  pour  armure; 
&  les  Grenadiers  Anglois ,  de  mtme  que  la  Cavalerie 
Françoife  ^  l'emploient  encore  à  préfent,  à  caufe  de  fa 
légèreté ,  de  fa  dureté  §i  de  fa  réliftance  :  en  s'en  fert 
à  faire  des  ceinturons ,  des  bouri'es ,  &c.  Le  buffle  fait 
un  objet  de  commerce  ttès-confidérable  chez  les  Fran- 
çois,  les  Anglois  &  les  Hollandois,  qui  en  trafiquent 
à  Confiantinople  ,  à  Smyrne  <5c  le  long  des  Côtes 
d'Afrique;  mais  com.bien  de  peaux  d'élans,  de  bœufs, 
d'orignacs  ,  &  d'autres  animaux  de  la  même  efpece , 
qui  étant  pafîees  à  l'huile  ^i  préparées  comme  celles 
<lu  bufflz ,  en  prennent  le  nom  ,  6c  fervent  de  la  même 
manière  aux  gens  de  guerre  ,  &c. 

Buffle  a  qufxe  de  cheval.  On  trouve  inférée 
dans  le  Journal  de  Phyfque  ,  fupp,  qSz  ,   tom.  XXIj, 


B    U    F  485 

la  clefcriptîon  du  hufîc  à  queue  de  cheval^  par  P.  S. 
Pallas,   La  race  fauvage  de  ce  bétail  efl   connue  au 
Tibet  fous  le  nom  de  Yak\  c'eft  le  po'êphagus  à^Ellen^ 
le  farhk  des  Mongols   :   on  en  voit  chez   les  Princes 
Mongols ,  &  dans  les  troupeaux  des  plus  riches  de  ces 
Nomades.  On  emploie  les  queues  toutes  blanches  de 
quelques-uns   de  ces  buffles  ,  tant    pour  cette    efpece 
d'étendard  des  Orientaux  ,  connu  fous  le  nom  de  queue 
de  cluval j  dont  l'ufage  eft  très-ancien  aux  Indes,  & 
commun  aux  Perfans  &:  aux  Turcs  ^  que  pour  l'orne- 
ment des  éléphans ,  des  chevaux ,  &  pour  les  chafle- 
mouches  des  Indiens.  Les  Chinois,  qui  fe  fervent  du 
crin  blanc  de  ces  buffles  ,  teint  d'un  beau  rouge  ,  pour 
former  les  houppes  dont  ils  ornent  leurs  bonnets  d'été , 
en  ont  introduit  la  race  dans  leur  pays  ;  mais  ils  tirent 
la  plus  grande  partie  de  ce   crin   du   Tibet  ,  où  les 
Marchands  de  l'Inde  6c  de   la  Perfe  viennent  auffi  en 
faire  emplette,  ôc  renchérirent  fur-tout  les  queues  de 
ces  buffles ,  dont  le  prix  varie  félon  la  longueur  &  la 
beauté  du  crin ,  qui  joint  à  la  fineffe  &  au  luftre  de 
la  plus  belle  foie  ,  une  roideur  élaflique ,  approchante  de 
celle  du  crin  de  cheval.  Celles  d'entre  ces  queues  qui  ont 
plus  d'une  aune  font  les  plus  eftimées.  Grew  en  décrit 
vuie  de  la  Société  Royale  de  Londres,  qui  avoit  un 
crin  gris  de  cinq  quarts   d'aune  de  longueur  :  on  en 
conferve  une  autre  toute  blanche ,  de  fix  pieds ,  dans 
le  Mufœum  de  Londres. 

Ceci  démontre  que  cette  race  domeftique  de  buffles 
à  queue  di  cheval  varie,  W'ufen  dit  qu'il  en  naît 
chez  les  Mongols  de  roux  &  de  noirs,  &  qu'on  y 
trouve  des  vaches  qui  ont  les  cornes  blanches  comme 
l'ivoire.  Au  Tibet  &  chez  les  Mongols  on  tâche  de 
multiplier  fur-tout  la  variété  qui  naît  avec  la  queue 
&  l'arriere-train ,  ou  quelque  autre  partie  du  corps 
blanche ,  parce  que  ce  font  les  crins  &  queues  blanches 
fufceptibles  de  teinture ,  qui  font  les  plus  recherchés 
dans  le  commerce.  La  variété  que  Gmelin  a  décrite  avok 

Hh  1 


4S6  B    U    F 

des  cornes  longues ,  minces  ,  recourbées ,  fans  arêtes  ni 
aplatiiTemens.  Wujm  dit  qu'en  Daouries  les  mâles  de 
ces  bufîes  portent  de  très-grandes  cornes  aplaties  & 
courbées  en  demi  -  cercle  ,  dont  on  fe  fert  pour  la 
fabrication  des  arcs.  Ruhriiqids  rapporte  que  les  Ti- 
beîains  font  dans  l'ufage  de  leur  couper  les  cornes  ; 
M.  Pallas  n'a  vu  que  des  individus  fans  cornes  dans 
les  deux  fexes  ;  ils  font ,  dit-il ,  vifs  ,  inquiets  &  bon- 
diffent  avec  une  forte  de  légèreté  :  leur  caradere  de 
férocité  ne  permet  pas  qu'on  les  approche  de  fort 
près  ;  ils  ne  font  qu'indiiférens  pour  leurs  furveillans , 
mais  ils  ne  peuvent  fouffrir  les  étrangers.  Les  couleurs 
des  habits  d'une  teinte  vive  ,  notamment  en  jaune  ou 
en  rouge  ,  les  rend  furieux;  approcher  de  leurs  veaux, 
c'eft  fe  faire  attaquer  par  les  vaches.  Pour  premier 
figne  de  colère ,  ces  buffccs  fecouent  leurs  corps  ,  relè- 
vent &  agitent  la  queue ,  &  lancent  des  regards  me- 
naça ns  ;  ils  font  d'autant  plus  à  craindre ,  qu'ils  ont 
les  mouvemens  brufques  &  la  courfe  aifez  rapide. 
Malgré  ce  naturel  farouche  ,  ces  buffles  ,  dit  M.  Pallas  ^ 
fe  mêloient  volontiers  aux  troupeaux  de  vaches  do- 
meiliques  5  &  l'on  a  vu  les  mâles  couvrir  celles-ci  , 
quoique  les  taureaux  ordinaires  ne  vouluffent  jamais 
rendre  cette  politelfe  aux  buffles  femelles.  Les  accou- 
plemens  des  premiers  n'ont  rien  produit.  Les  mâles  de 
ces  buff.is  à  queue  de  cheval  approchent  de  leurs  fe- 
melles ,  la  tête  étendue  en  avant ,  la  bouche  béante 
à  la  manière  des  buffles  ordinaires  ,  '6c  la  queue  levée; 
ils  font  extrêmement  lourds  &  lents  à  s'accoupler. 
Dans  l'été  ,  pour  éviter  la  chaleur  ,  ces  animaux  cher- 
chent l'ombre  ,  ou  fe  plongent  dans  l'eau  Ôc  y  refient 
des  heures  entières.  C'eft  à  caufe  de  cette  propriété, 
qui  les  rapproche  encore  des  buffles  ordinaires  ,  que  les 
Cliinois  leur  ont  donné  le  nom  de  Ji-nijoû  (  vache 
qui  fe  lave  )  ;  ils  nagent  fort  bien,  fouillent  de  leur 
tête  la  terre.  les  deux  {tx^s  grognent  comm.e  le  co- 
chon y  mais  dun  fon  grave  oc  iiionoione ,  leiu:  taille 


B   U  F         BUG  4S7 

efl:  celle  d'iine  petite  vache  domeflique  ;  ils  reiTeniblent 
par  la  forme  &  le  port  de  la  tête  au  buffie  ordinaire  i 
l'encolure  des  mâles  eft  beaucoup  plus  groffe  que  celle 
des  femelles  ;  le  dos  forme  une  boiTe  à  l'endroit  des 
épaules ,  qui  paroît  confidérai^le  à  caufe  d'une  touife 
<ie  poils  crépus  ,  laquelle  s'alonge  fur  le  cou  en  forme 
de  crinière  ;  le  refte  du  poil  eft  affez  court  &  dirige 
vers  la  tête  :  le  deiïbus  du  tronc ,  la  gorge  &  le  gros 
<ies^uatre  jambes  ,  produifent  des  crins  tres-touftus  oC 
longs  d'une  demi-aune  ;  les  fabots  font  très-grands  , 
les  ergots  très-faillans.  Ce  buffle  du  Tibet  a  quatorze 
paires  de  côtes,  oc  autant  de  vertèbres  dans  la  queue; 
une  boffe  oileufe ,  convexe  à  l'occiput  ;  en  tout  trente- 
deux  dents. 

EUFOLT.   Foyei  SvCTOl^r. 

BUFONE  ,  Bufonia  uniiïjolia  ,  Linn.  Plante  de  k 
famille  des  Morgdïms  ;  fes  feuilles  font  menues  ;  i^s 
fleurs  font  blanches ,  axillaires  &:  terminales  ;  fon  fruit 
contient  deux  femences  :  cette  plante  fe  trouve  dans 
les  Provinces  Méridionales  de  la  France  ^  de  l'Efpagne 
^  de  l'Angleterre. 

BUFONITES.  Vcyii  Crapaudine. 

BUGHUR.  En  Perfe,  c'eft  le  Chamzciu  à  deux  bofTes. 
Voyti;^  r article  CHAMEAU. 

BUGLE  ,  B ligule.  Genre  de  plante  à  fleurs  mono- 
pétalées  ^  de  la  famille  à?s  Labiées ,  &  qui  comprend 
des  herbes  la  plupart  indigènes  de  l'Europe ,  dont  les 
feuilles  font  oppofées  ;  les  fleurs  viennent  en  épi  ter- 
minal ;  le  fruit  confifte  en  quatre  femences  nues  , 
ovales  5  oblongues  &  fituces  au  fond  du  calice  qui  efl: 
court  &  perfifiant.Ondiilingue  pluileurs  efpeces  de  bugle^ 

BuGLE  rampante  vulgaire,  Ajuga  nptans ,^  Linn.; 
Bîigula  ,  Dod.  Pempt.  135;  Confolida  me  cita  pratcnjïs 
<œridea  ,  Bauh.  Pin.  260.  Cette  efpece  eil  prefque 
entièrement  glabre  dans  toutes  {qs  parties  ,  &  fe  dif- 
tingue  facilement  des  efpeces  fuivantes  par  les  rejets 
îracans  ,  rampans ,  qui  naillent  de  la  baie  de  fa  tige* 

Hh  4 


4S8  BUG 

Cette  plante  croît  dans  les  bofquets  &  les  prairies  ;  fa 
racine  ei\.  vivace  ,  menue  ,  blanche  &  fîbreufe  ;  fa  tige 
eu  haute  de  cinq  à  fix  pouces ,  droite  ,  fimple  6c 
carrée  ;  fes  feuilles  font  oppofics  ,  ovales  >  oblon- 
gues,  fpatulées,  dun  vert  foncé  ^  légèrement  fmuées, 
très-peu  dentées ,  quelquefois  purpurines  à  leur  partie 
inférieure  :  leur  laveur  eil  un  peu  amere  &c  aflringente. 
Ses  fleurs  fortent  des  aifTelles  des  f:uilles  ;  elles  font 
bleues  ,  quelquefois  pourprées  ,  verticillées  &  dîfpc^ées 
en  épi  terminal  ;  ces  fleurs  font  labiées  ,  mais  n'ayant 
qu'une  leule  lèvre  :  à  la  place  de  la  lèvre  fupérieure 
ii  y  a  des  dentelures  ;  elles  font  garnies  de  bradées  , 
fouvent  colorées  en  bleu. 

Cette  plante  eft  aujourd'hui  très -peu  d'ufage  en 
Médecine  ;  cependant  on  eftime  qu'elle  eil  très-utile 
tant  à  l'intérieur  qu'à  l'extérieur  ;  car  c''eÛ  un  excel- 
lent vulnéraire  aftringent.  La  déco£rion  de  la  hug/e  efl 
reconnue  pour  un  fpécifique  dans  les  maux  de  gorge 
ulcérés  6c  gangreneux  ,  qui  fuppurent  après  des  efqui- 
nancies  rebelles.  Elle  a  de  plus  la  propriété  de  diffoudre 
le  lang  grumelé  ;  ceû  pourquoi  on  en  fait  boire  aux 
perfonnes  qui  ont  fait  de  grandes  chutes  :  elle  con- 
vient auffi  dans  les  hémorragies  ,  le  crachement  de 
fang  ,  la  dysenterie  oC  les  fleurs  blanches.  Son  fuc 
appbqué  ù  l'extérieur ,  guérit  les  coupures  ,  les  plaies 
&  les  ulcères. 

Les  autres  efpeces  de  higàs  font  :  la  bug/e  des 
Alpes  5  ^Jugcz  Alpina.  M.  de  la  Marck  l'a  auiïi  obfervée 
fur  le  Mont  Cantal  en  Auvergne.  La  buglc  en  épi  py- 
ramidal &  feuille  ,  Ajiiga  pyramidalis  ,  Linn.  ;  Bugula 
fylvcjins  villofa.^ flore.  cczruUo^  Tourn.  109  ;  cette  efpcce> 
qui  le  trouve  dans  les  endroits  fablonneux ,  &  les  prés 
montao;neux  6c  couverts ,  efl  abondam.ment  velue  & 
n'a  point  de  rejets  rampans  comme  l'efpece  première. 
La  huvU  du  Levant ,  Bugida  Orïzntalïs  vïllofa  ^  fiore 
ïnv.  rjo  cœruLo ,  alhâ  macula  notaio ,  Tourn.  Cor.  14; 
ie$  fleurs  font  panachées  de  bleu  6c  de  blanc  ,  ou  de 


B    U    G^^  4^9 

blanc  &  de  pourpre  ;  la  lèvre  inférieure  de  la  ileur  tû 
tournée  en  haut. 

BUGLOSE  vulgaire ,  Bus^Iofum  vulg.zre  mu; us  ,  J. 
^'  3  7  57^  j  ^^^  Biiglojjurn  angi^ifoliiin^  ,  LoD.  l:c.n, 
570  ;  6*  majiis  flore  œruUo  ,  C  B.  Pin.  256  ;  AnJiufa 
officinalis  ^  Linn.  191.  Cette  plante,  qui  ^^t  cie  la  fa- 
mille des  Boura^inks  ,  croît  dans  les  champs ,  lur  le 
bord  des  chtmins ,  en  France  ,  en  Italie  &  dans  TAl- 
lemagne.  Elle  efî  d'un  afpeCt  agréable  iorfqu'eile  eil  en 
fleur.  Sa  racine  eft  vivace  ,  de  la  groifeur  du  petit 
doigt ,  rougeâtre  ou  noirâtre  en  dehors ,  b- anche  en 
dedans ,  remplie  d'un  f«c  gluant  ;  les  tigf  s  font  hautes 
de  deux  pieds  ou  environ  ,  rameufes  ,  cylindriques  & 
chargées  de  poils  roides  &  épars.  Ses  feuilles  alternes , 
lancéolées ,  trés-pointues ,  fîniples ,  &:  difpv  rfées  fur  les 
tiges  auxquelles  elles  (ont  attachées  iniinédiatement , 
ne  font  point  ridées  comme  celles  de  la  bour-'-achc  , 
mais  garnies  des  deux  côtés  de  poils  iemblables  ;  &: 
la  buglofe  en  diiîere  encore  eiTentiellem^nt  par  fes 
fleurs  ,  qui  font  d'une  feule  pièce  ,  en* entonnoir,  d'un 
bleu  -  purpurin  ,  garnies  dans  leur  milieu  d'un  bouton 
obtus  ,  compofé  de  cinq  petites  écailles  velues  qui 
couvrent  cinq  étamines  ;  le  calice  cil  oblong  ,  &  re- 
fendu profondément  en  cinq  pièces  :  les  branches  qui 
portent  les  fleurs  font  repliées  comme  la  queue  d'un 
fcorpion,  avant  que  les  fleurs  s'épanouiflent. 

La  biiglofe  s'ordonne  avec  la  bourrache^ ,  ou  y  efl: 
fubflituéc  :  fa  décoftion  avec  le  lait ,  efl  utile  dans  la 
dyflenterie  ;  fes  feuilles  fufent  fur  les  charbons  comme 
le  nitre  ;  aufli  fes  vertus  font-elles  femblables  à  celles 
de  la  bourrache.  Voyez  ce  mot.  Ses  feuilles  bouillies 
dans  de  l'eau  avec  de  l'alun  donnent  une  belle  cou- 
leur verte. 

On  diflingue  plufieurs  autres  plantes  de  ce  genre  à 
fleurs  monopétalées.  Il  y  a  :  La  bugl  fi  à  feuilles  étroites , 
Buglojfum  angufllformm  minus  ,  Bauh.  Pin.  2  0  ;  ce 
n'efl  peut-être  qu'une  variété  de  la  précédente.  La 


490  BUG 

huglcfe  oncïiilëe  ,  Buglojfum  Lufitanlcum  ,  echii  folio  un^ 
ditLito  ^  Toiirn.   134;  cette  efpece  fe  trouve  dans  le 
Portugal  &  en  Efpagne  ;  its  fleurs  font  bleues,  termi- 
nales ,  &  clifpofées  en  épis  glomerulés  &  roulés  dans 
leur  jeunefTe  :  il  y  a  des  variétés  de  cette  efpece  ,  à 
feuilles  tout-à-fait  linéaires  &  légèrement  dentées.  La 
Buglofc  laineufe  ,  Anchufa  lanata  ,  Linn.  ;  cette  efpece 
qui  fe  trouve  aux  environs  d'Alger  ,  a  beaucoup  de 
rapports  avec  la  buglofc  teignante  ,  &:  qui  efl  Vorcanem 
proprement  dite.    Foye7^  Crcanette.  La  buglofe  de 
Virgmie  ,   Anchufa  minor  lutea  ,    Vïrgïniana  ,  puccoon 
(  aiLt  paccoon  )  indlgenis  dicla  ,  qiid  fe  pingunt  Americani, 
Pluk.  Alm.  30  ;  {qs>  fleurs  font  d'un  beau   jaune  & 
d'un   afpe£l    agréable.    Les    Habitans   de   l'Amérique 
Septentrionale  fe  peignent  le   corps  en  rouge  avec  fa 
racine.  La  biiglof  à  larges  feuilles  ,  Bugloffum  latifoUum 
fempervlrens  ,    Bauh.  Pin.  256;  on  dit  qu'elle  efl  ori- 
ginaire   d'Angleterre  :  cependant  elle  croît  naturelle- 
ment en  Efpagne  ;  fes  feuilles  font  periiilantes  l'hiver. 
La  bugloft  à  feuilles  longues  d'Italie ,  Anchufa  longifolia. 
La  buglofe  en  gazon  ,  Bugloffum  Creticum  ,  humifufum  , 
cicaulon  ,  perennc  ,  échu  folio  angufïffimo  ,  Tourn.  Cor.  6; 
cette  efpece  a  été  découverte   dans  l'Ifle  de  Candie , 
par  TiAimefort.  La  buglofe  k  feuilles  verruqueufes  ,  An- 
chufa venucofa  ,    H.  R.  ;    elle  croît  en  Egypte  ;  {qs 
feuilles  paroiflènt  panachées  de  vert  &:  de  blanc  ;  {qs 
fleurs  font  jaunâtres.  La  buglofe  de  Crète  à  feuilles  hui- 
lées ,  ou  chargées  comme  de  verrues  perlées ,  blanches 
&  chargées  de  piquans  ,  Bugloffum   Creticum ,  annuum  , 
foliis  bullatis  ,  flore  variegato  ,  Tourn.    134  ;  an  Lyco- 
pfis  variegaia ,  Linn.  ?  La  buglofe  hcrilTé^  ,  comme  épi- 
neufe  ,  Anchufa  echinata  ;  c'efl  Tefpece  la  plus  hérif- 
fée  ;  fes  poils  font ,  en  quelque  forte ,  de  petites  épines 
blanches. 

BUGRANE,  Ononis.  Genre  de  plante  à  fleurs  poly- 
pétalées  de  la  famille  des  Légumineufes  ,  &  qui  com- 
prend des  herbes  &  des  fous-arbriffeaux  plus  ou  moins. 


BUG  49ï 

épîneux ,  dont  les  feuilles  font  fimples  ou  ternées,  &c 
dentelées  en  leurs  bords.  Le  fruit  efl  une  gouffe  fort 
courte  ,  enflée ,  communément  un  peu  velue  ,  unilo- 
culaire,  &  qui  renferme  quelques  femences  réniformes. 
Ce  genre  de  plantes  offre  un  allez  grand  nombre 
d'efpeces.  Il  y  a ,  félon  M.  le  Chevalier  de  la  Marck  : 

Les  Bug RA NES    à  feurs  purpurines  ou  blanches  i 
mais  point  panachées   de  jaune. 

La  hugrane  à  longues  épines ,  vulgairement  arrête-hœuf. 
Voyez  ce  mot,  La  hugrane  des  champs  ou  Varrcte-bœuf 
des  champs  ;  Ononis  aryenjis  ,  Linn.  ;  cette  efpece  eil 
commune  dans  les  champs  incultes  &  fur  les  bords 
des  chemins.  Ses  tiges  font  dures,  très  -  rameufes  , 
rougeâtres  ,  velues  ,  &  ordinairement  couchées  &: 
étalées  fur  terre  ;  elles  n'acquièrent  d'épines  qu'en 
vieilliffant.  La  bugrane  rampante  ,  des  lieux  maritimes 
&  fablonneux  de  l'Angleterre,  Qnonis  repeiis ^  Linn.; 
elle  n'ell:  point  épinerife ,  mais  pubefcente  dans  prefque 
toutes  fes  parties.  La  bugrane  élevée  de  la  Siléfie ,  Ono- 
nis altijjima  ,  Linn.  Celle  à  Jlipules  blanches  ,  du  Por- 
tugal ,  Ononis  mitlfjima  ,  Linn.  La  hugrane  à  fleurs  en 
épis  feuilles  ,  épais  ,  barbus  ,  longs  ^  terminaux  , 
Ononis  alovecuroïdes ,  Linn.  ;  cette  efpece.  croît  dans  la 
Sicile  ,  l'Efoagne  &  le  Portugal.  La  bugrane  a  grand 
calice  ftrié  ,  des  Ifles  Baléares  ,  Ononis  calycina  ,  an 
Ononis  puhefcens  ,  Linn.  Mant.  267  ?  La  bugrane  à 
gouifes  penchées  ,  Ononis  reclinata  ,  Linn.  ;  cette  petite 
efpece  ,  à  duvet  vifqueux ,  fe  trouve  dans  le  Dauphiné , 
en  Italie  &  en  Elpagne.  La  bugrane  a  feuilles  cunéi- 
fornus  du  Mont  Cenis  ,  Ononis  Cenifia  ,  Linn.  La  bu,* 
grane  fluette  des  Provinces  Méridionales  de  l'Europe  , 
Ononis  Cherleri  ;  Anonis  pujilla^  vifcofa  &  villofa  ,  pur-' 
purcfcente  flore  ,  Tourn.  408,  La  bugrane  à  feuilles 
rondes  des  Alpes  &  des  Pyrénées,  Ononis  rotundifolia , 
Linn. La  /^//^r^T?^ précoce,  Ononis  fruticof a ^  Linn.;  cette 
efpece  qui  croît  dans  les  montagnes  du  Dauphiné , 


491  BUG  BUT 

forme  un  fous  -  arbri/Teau  d'un  afpe£l  très-agréable  J 
lorlcu'il  eu  en  pleine  fltur  ;  fes  fleurs  font  purpurines 
&  commencent  à  paroître  vers  la  fin  de  Mai  ;  elles 
durt nt  long-temps  ;  cette  efpece  figure  très-bien  dans 
les  plate-banucs  d  un  bolbuet  printannier ,  &c  dans  les 
parterres.  La  bugranc  à  feuilles  a  trois  dents  ci'Efpagne  , 
Ononis  trid.ntata  ,  Linn.  La  hugram  à  feuilles  étroites 
d'Eipagne  ,  0/iorâs  aîiguffijjîma  ,  Linn. 

Bu  GRAN ES   à  jlciirs  jaunes  &  plus  ou  moins  rayées 
de  pourpre. 

Il  y  a  :  La  hugrane  gluante  ,  de  l'Europe  Auftrale  , 
Anonis  vifcofa  fpmis  ca.enr. ,  lutea ^  major  ^  C.  B.  Pin. 
389  ,  Tourn.  409  ;  Ononis  natrix  &  pingus^  Linn. 
1008.  La  bugrant  vifqueufe ,  des  Contrées  McTidionales 
de  la  France  bl  de  l'Efpagne ,  Ononis  vifafa ,  Linn, 
La  bu  glane  à  goujje  aornitLopod^^  de  la  Sicile,  Ononis 
craith'pcdicLdes  ^  Linn.  ;  F cenum- g: cecum  S iculum  ^  Jiliquis 
ornithopodii  ^  Tourn.  La  hugrcne  fans  feuïLUs ,  d'Italie, 
Ononis  aphylla.  La  bugrane  des  rochers ,  Onorùs  faxatllls; 
elle  fe  trouve  en  Franc.-  ^  en  Efpagne.  La  bugrune  à 
feuilles  flriëes ,  Ononis  fzriata  ,  Gouan.  La  bugrane  à 
petites  fleurs^  dcs  Provinces  Méridionales  de  la  France, 
Anonis  flore  luteo^parvo ,  Tourn.  409.  La  bugrane  à  tiges 
effilées  y  d'Efpagne  ,  Ononis  juncea  ,  d'Af.  La  bugrane  à 
feuilles  crépues  ,  d'Efpagne  ,  Ononis  ciifpa  ,  Linn.  La 
bugrane  a'Aragon  ,  A  noms  Hifpanica  frutefcens ,  folio 
Totundljri^  Tourn.  409. 

BUHOR  ,  en  Poitou,  &  Eehors  près  d'Orléans, 
efl  le  Butor. 

BUJIS.  Petit  coquillage  ,  dit  M.  Delcuie  ,  qu'on 
nomme  aufTi  kouris  ou  kauris.  Voyez  Cauris  ÔC  Por- 
celaine, 

BDÏO  ou  AviosA.  Serpent  monilmeux  des  Indiens 
de  rOrcnoque.  Foyei  a  C article  SERPENT ,  6- /^  mot 
Cor  AL, 


B     U    I  493 

BUÎS  ou  Eouis ,  Biixus.  Genre  de  plante  à  fleurs 
Incomplètes;  il  y  en  a  de  grandes  &  de  petites  efpcces  ; 
elles  font  toujours  vertes. 

La  petite  efpece  ,  appelée  huis  nain  ou  le  biùs 
d'Artois  ,  Buxus  foUis  rotundlorlbus  ,  Bauh,  Pin.  471  , 
Toiirn.  579.  Il  eft  très-rameux  &  vient  en  touffes 
épaiffes  &:  bien  garnies  ;  il  croît  en  France ,  dans 
plufieurs  Provinces  ,  autour  des  villages  &:  dans  les 
lieux  pierreux  6i  incultes  ;  fes  feuilles  font  efiimees 
fudorifîques.  C'eft  le  huis  que  l'on  emploie  pour 
former  les  defîins  des  parterres  &  les  bordures  des 
plate-bandes. 

Il  y  a  d'autres  efpeces  de  hiùs  ,  dont  le  tronc  s'élève 
jufqu'à  feize  &  vingt-quatre  pieds  :  ce  tronc  eil  tor- 
tueux ,  quelquefois  gros  comme  la  jambe  &  garni  de 
beaucoup  de  rameaux  aff^z  droits.  L'écorce  eft  grifâtre 
ou  brune ,  raboteufe ,  &:  le  bois  compa£le ,  dur  ,  pefant ,  ' 
jaune  ,  fans  moelle.  Les  feuilles  font  nombreufes ,  tou- 
jours vertes  ,  liiTes,  luifantes,  dures  ^  entières  j,  ovales  > 
glabres  ,  fmiples  ,  oppofées  ,  grandes  ,  creufées  en 
cuilleron  ,  d'une  odeur  &  d'une  faveur  défagréables. 
Les  fleurs  viennent  par  petits  paquets  dans  les  aiilelles 
des  feuilles  ;  les  fleurs  mâles  font  compofees  d'un  calice 
à  cinq  feuilles  ,  de  deux  pétales  &  de  quatre  étamines  ; 
les  fleurs  femelles  ont  un  calice  à  quatre  feuilles ,  trois 
pétales  ^  trois  piflils ,  dit  M.  Deleuie  ;  les  fleurs  font 
jaunâtres,  ramaflées  quelquefois  fur  la  même  branche, 
&  prefque  toujours  dans  le  m.ême  paquet  de  fleurs. 
Les  fruits  font  en  quelque  façon  femblables  à  une 
marmite  renverfée  ;  ils  s'ouvrent  en  trois  parties  par 
îa  pointe  ;  ils  font  divifés  en  trois  loges ,  qui  renlër- 
jnent  chacune  deux  femences  revêtues  d'une  capfule 
élaftique. 

L'efpece  de  buis  qui  fe  trouve  dans  les  Ifles  Baléa- 
res ,  Buxus  arboreus  Balearica  ,  s'appelle  buis  de  Mahon  ; 
il  y  forme  ,  à  ce  qu'on  prétend  ^  des  bT>is  qui  en  font 
entièrement  compofés. 


494  EU!  B    U    K 

Il  y  a  le  hu'u  arhorefunt  de  l'Europe  Auflrale  &:  du 
Levant  ^  Buxus  arborëfcens  ,  Bauh.  Pin.  471  ,  Toiirn. 
1578.  Cette  efpece  s'élève  JLifqu'à  douze  6c  feize  pieds. 
Son  écorce  efl:  brune  ou  noirâtre;  les  feuilles  font  d'un 
afiez  gros  vert.  Ce  grand  arbrifleau  fe  plaît  à  l'onibre , 
&  fert  ti  faire  des  paliflades  ;  il  fupporte  le  chaud  & 
le  froid  ;  il  dure  fort  long-temps  &  n'exige  prefque 
aucun  foin  ;  on  le  multiplie  de  graine  &  de  bouture.  On 
dit  que  fon  bois  rapë  elt  fudcrinque  ,  &  peut  être  fub- 
ftitué  au  gayac.  Il  donne  un  efprit  acide  &  une  huile 
fétide  bonne  pour  l'épilepfie  &c  le  mal  de  dents  :  {qs 
feuilles  font  ameres  ôi  rougiffent  le  papier  bleu.  Elles 
ne  tombent  point  pendant  Fhiver.  Le  buis  panaché  , 
employé  en  buifTons  y  fait  un  très -bel  eifet  dans  les 
bofquets  d'hiver.  Il  eft  très -propre  à  planter  dans  les 
remifes ,  oii  il  pourroit  former  une  retraite  commode 
pour  le  gibier  pendant  l'hiver  :  on  tire  le  gros  buis  de 
Champagne  &:  d'Efpagne.  Ce  bois  qui  eil  très-dur  , 
eft  employé  par  les  Tourneurs  ,  les  Table  tiers  ,  les 
Graveurs  ,  les  Faifeurs  de  peignes  ,  &  pour  divers 
autres  ouvrages  où  il  remplace  très-bien  l'ébene  6c 
l'aubier  jaune  ,  auquel  il  reiTemble  parfaitement.  Il  porte 
bien  la  vis  ,  &  eft  très-eftimable  à  bien  des  égards. 

On  diftingue  encore  le  buis  à  feuilles  de  myrte , 
Buxus  myrtifoiia.  Sa  tige  s'élance  comme  un  petit  ar- 
briff^au  ,  &  poufle  des  rameaux  un  peu  lâches  ;  ïts 
feuilles  font  un  peu  étroites. 

Buis  piquant.   Foyc^  Houx-îrélon. 

BUISSON  ,  Dumus.  On  appelle  ainfx  un  arbre  nain, 
Voyz7^  la  Table  alphabétique  de  rarûcU  Plante. 

Buisson  ardent.   Voye^^  Néflier. 

Buisson  d'or.  Voye^  Chrysobate. 

BUKKU  ou  Bocho  des  Hottentots ,  ou  DiOSMA 
velu ,  Dinfma  hïrfuta ,  Linn.  ;  Spircca  Africana  ^  odorata  , 
foins  pilofis  ,  Comm.  Rar.  3  ,  t.  3  ;  etiam  Laricis  foliis  , 
Rai.  Suppl.  Dcndr.  91  ,  n.°  7.  C'efl:  le  nom  d'un  ar- 
briiTeau  qui  croît  au  Cap  de  Bçanç-Elpérancç,  ^  dont 


B    U    L  495 

les  Hottentots  font  grand  cas.  Lorfqiie  fes  feuilles 
font  feches ,  ils  les  réduifent ,  ainfi  que  les  capfules 
des  fruits  ,  en  une  poudre  qui  efl  odorante  ,  d'un 
jaune  luifant  ,  avec  laquelle  ils  poudrent  leur  che- 
velure :  cette  couleur  leur  paroît  une  partie  conli- 
dérable  de  leur  parure  :  en  cela  ils  ont  ainfi  que 
nous ,  plus  de  coquetterie  que  de  propreté.  Hifiolrs 
des   Voyages, 

Les  fleurs  font  blanches  ,  à  cinq  pétales  ;  les  Habi- 
tans  du  Cap  de  Bonne-Efpérance  tirent  de  cette  plante, 
par  la  diftillation  ,  une  huile  aromatique ,  très-péné- 
trante ,  dont  on  fe  fert  à  l'extérieur  pour  fortifier  les 
nerfs  ;  fa  décodion  efl  utile  à  l'intérieur  ,  dans  les 
retentions  d'urine. 

BULANGAM.  Nom  donné  par  les  Malais  à  la  ra- 
cine d'une  plante  qui  croît  à  Malacca ,  Sumatra  &  Java. 
Les  Portugais  ,  qui  en  envoient  en  quantité  à  Goa  , 
ont  une  haute  idée  de  fes  vertus  médicinales,  Ils  l'ap- 
pellent Rais  wadre  de  Dïos  (  Radlx  De'iparœ  ). 

BULBE  ,  Bulbus ,  &  Bulbeux,  Voyez  à  l'Alphabet 
de  l'article  Plante. 

BULBIPARE.  Voye^  à  la  fuite  de  r article  ViViPARE. 

BULBOCODE  printannier  ,  Bulhocodiiim  vernum^ 
Linn.  ;  Cokhicum  vernuni  Hifpanicurn  ,  Bauh.  Pin  69  ^ 
Tourn.  350.  Petite  plante  qui  croît  dans  l'Efpagne  & 
dans  le  Dauphiné.  Elle  a  beaucoup  de  rapports  avec  les 
Colchiques  ,  &  n'en  diffère  qu'en  ce  que  fon  flyle  ell 
iimple  ,  les  fleurs  des  colchiques  ayant  trois  flyles  dif- 
tinâs.  Le  bulhocode  efl  la  campanette  de  la  Flore  Fran* 
çoife.  Cette  plante  ,  qui  fleurit  à  l'entrée  du  printemps  , 
n'a  que  deux  ou  trois  pouces  de  grandeur  :  fa  racine 
efl  un  bulbe  arrondi  ,  d'oii  fortent  quelques  feuilles 
lancéolées,  qui  s'enveloppent  inférieurement.  Sa  fleur 
efl  en  entonnoir  ,  d'abord  blanche  ,  enfuite  d  un  pur- 
purin plus  ou  moins  foncé  ;  elle  naît  prefque  immé* 
diatement  de  la  racine  &  efl  compofée  de  fix  pétales 
à  languette  ^dont  les  onglets  font  fort  longs ,  étroits  ^ 


49^  B    U     L 

nipprochés  on  rciinis  en  tube  ;  de  fix  étamines ,  o^: 
d'uix  oviiire  lupericiir  ,  iuriTicnté  d  un  ftyle  fîiiforme 
qui  eil  termine  par  trois  ftigmates  :  le  fndt  eil  une 
capfule  tiiaiigulaire  ,  pointue  6c  diviiée  en  trois  loges 
pclyfpcrmes. 

BlLBONACH  ou  Lunaire  ,  Lunaria,  Genre  de 
plaiite  cnicitere  ,  dont  M.  Tourne  fort  a  diftingué  fept 
eipecej.  Nous  en  citerons  trois  principales  :  i.^  celle 
appelée  mèdailL  ,  Lunaria  majcr  ,  jîtlquâ  rotimciiore  ,  J, 
B.  2  ,  o8i  ,  lourn.  ;  Viola  lunaria  jlvc  Bulhonach  ,  Ger. 
377  5  Park.  Sa  racine  eft  glanduleufe  :  elle  pouffe  une 
tige  haute  de  deux  à  tiois  pieds  ,  groffe  cocnme  le 
petit  doigt  ,  rameiife  ,  velue  ,  de  couleur  verte-rou- 
geâtre  ;  les  feuilles  ibnt  dentelées  ,  femblables  à  celles 
de  Vonu  ,  communément  plus  grandes  :  Tes  fleurs  ,  dif- 
pofces  comme  celles  à\\  chou  ,  ^  compofées  chacune 
de  quatre  feinlles  rangées  en  croix  ,  font  rayées  ;  leur 
couleur  eft  purpurine  :  à  ces  fleurs  fuccedent  à^s  lili- 
ques  oblongues  ,  très-plates ,  arrondies  :  les  lames  ex- 
tcritures  de  Tes  cofTes  font  traverfees  àts  deux  côtés 
par  un  bord  de  couleur  d'argent,  comme  fatinées  ; 
elles  contiens  eut  des  femences  formées  en  petit  rein  y 
d  un  rouge-brun  &  d'une  faveur  acre  ,  aniere. 

2.^  L'îut^e  efpece  fe  nomme  plus  particulièrement 
hulbonach ,  Lunaria  viajor  ^fdiquâ  hngiore^  J.  B.  2,  88i  , 
Tourn.  ;  Viola  lunaria  major^JiUqiid  cblongdy  C.  B.  Pin. 
203  :  elle  croît  ,  de  même  que  la  précédente  ,  avec 
ou  fans  culture  ;  fes  feuilles  font  plus  larges  ;  lés 
fdiques  plus  longues  &  plus  étroites  que  dans  la 
médailU  ;  fes  racines  font  rameufes  &  chevelues. 
Les  femences  de  cts  plantes  font  eftimées  diurétiques 
&  antiépileptiaues. 

On  diltingut  une  petite  lunaire  qui  eft  vivace  ,  à  fleurs 
jaunes,  à  trts-petite  filique  plate  &:  arrondie,  à  feuilles 
^ herbe  à  l'ép-rxier  ,  ÔC  velue  ,  Thlafpidium  Monfpelienjîs  , 
hieracii  folio  hirfuto  ,  aut  Lunaria  liiua  ^  bifcutata  y  C  eil 

Wi  faux  thlajpi  ;  c'eft  le  thlafpidium  velu. 

La 


B    U   L  B   U   P  497 

La  petite  Lunaire  vulgaire  efl  iiPxC  drave ,  Lunana  kiLcol 
fclio ,  JiUqud  oblongd ,  majorï ,  Toiirn.  Infi:.  218,;  Luna* 
na  nd'wivci  ,  Linn.  911. 

BULITHE  DE  EŒUF.  Nom  donné  à  Vègcigropïh 
qui  le  trouve  dans  reflomac  de  cet  animal.  A^oje^ 
Égagrôpile. 

BUNE  ou  Bure.   Voyzi  Coulon- chaud. 

BuNODE  ,  Bunodus.  Nom  donné  par  M.  Gucttard 
à  des  tuyaux  vermicul aires. 

BU  PLEVRE  ,  BupUvrum,  Nom  d  un  genre  de  plante 
à  ficurs  polypétalées  ,  de  la  famille  des  Ombel/ifercs  , 
ê^  qui  comprend  d.s  h.rbes  &  des  arbuflts  la  plupart 
indigènes  de  l'Europe  ,  &  prefque  tous  munis  de 
feuilles  très-fimples.  Tous  les  hupUvres  connus  font 
très-glabres  dans  toutes  leurs  parties.  On  dlfdngue  : 

Les  BuFLtVRES  à  Uf^e  herbacée. 

Il  y  a  :  Le  buplcvre  appelé  la  perce-fcuilh  anniizlk^V oyez 
ce.  mot.  Le  huplevrt  étoile ,  des  montagnes  du  Dauphiné 
&  de  la  Siiiffe  ,  Buplcvriim  jlellatum ,  Linn.  Le  buplcvrc 
de  roche ,  Bupkvnim  petrœum  ,  Linn.  ;  cette  efpece  croît 
dans  les  montagnes  du  Dauphiné,  de  la  Suiffe  &  de 
l'Italie.  Les  feuilles  radicales  font  aiguës  ,  graminées 
&  longues  d'un  demi  -  pied  ou  environ.  Le  bupkvrs. 
à  larges  feuilles  ,  BupUvrum  montanum  latïfolium^  Tourn* 
310  ,  Bauh.  Pin.  277;  il  croît  fur  le  Mont  d'Or  ^ 
dans  les  montagnes  de  la  Provence  ,  du  Dauphiné  &: 
de  la  SuifTe.  Le  buplevre  des  Pyrénées  ^  Bupkvrum  Py» 
renœum  ,  Gouan.  Le  bupkvre  à  feuilks  en  faux  ^  c'eft 
la  perce-feuilk  vivace  ,  Voyez  ce  mot.  Le  bupkvre  a  feullks. 
nervcufcs  ,  des  Provinces  Méridionales  de  la  France  , 
Bupkvrum  rlgidum^  Linn.  Le  bupkvre  ranunculcïde,  Bu- 
pkvrum ranunculoïdes  ,  Linn  ;  il  croit  dans  les  Alpes  ôc 
dans  les  parties  Méridionales  de  la  France  :  wnQ  très- 
petite  pointe  termine  les  folioles  de  fes  collerettes  , 
&  les  feuilles  inférieures  font  étroites  ,  graminées  6c 
nerveufes  ;  les  fupérieures  font  lancéolées  &  aaipkxj^ 
Tome  JI.  I  i 


498  B     U    P 

cailles.  Le  buplevre  à  feuilles  à  trois  nervures ,  Biipkvrum 
odontltes ,  Linn.  ;  cette  efpece  fe  trouve  dans  les  mon- 
tagnes du  Valais  &  en  Italie  ,  dans  les  endroits  pier- 
reux &  les  vignes.  Le  buplevre  à  ombelles  demi-compo- 
fëes  ,  Buplevrum  femicompojituni ,  Linn.  ;  cette  plante  ie 
trouve  en  Efpagne.  M.  Goiian  dit  que  les  feme;ices  font 
chargées  de  petits  points  faillans.  Le  buplevre  menu , 
FI.  Fr.  ,  Biipkvrmn  tenul(Jimum  ,  Linn.  ;  cette  efpece  fe 
trouve  en  Italie  ,  en  France  &:  en  Efpagne ,  dans  les 
endroits  fecs  ëc  pierreux.  Le  buplevre  à  rameaux  effilés , 
Buplevrum  junceum  ,  Linn.  ;  on  le  trouve  dans  les  lieux 
incultes  en  Provence  ,  dans  la  Siiiffe  &:  dans  l'Alle- 
magne. Il  y  en  a  deux  variétés. 

BUPLEVRES  à  tige  l'igneufe. 

Il  y  a  :  Le  buplevre  frntef cent  d 'Efpagne  ,  Buplevrum 
frutefcens  ,  Linn.  ;  il  naît  fur  les  ramifications  de  la  tige 
principale ,  des  tiges  grêles  ,  herbacées  ,  garnies  à  leur 
bafe  de  feuilles  linéaires  &  aiguës.  Le  buplevre  épineux 
d 'Efpagne  ,  Buplevrum  Hifpanïcum  ,  fruticofum  acu- 
leatum  ,  gram'meo  folio  ^  Tourn.  310  ;.  les  dernières 
ramifications  font  aiguës  &  refTemblent  à  des  épines. 
Le  buplevre  d'Ethiopie  ,  Buplevrum  fruticofum^  Linn.  Ce 
petit  arbrifTeau  toujours  vert ,  toujours  garni  de  feuilles , 
convient  à  la  décoration  des  bofquets.  Il  fe  trouve 
aiifîî  dans  le  Levant  &  dans  les  Provinces  Méridionales 
de  la  France.  Toutes  fes  parties  ont  une  odeur  qui 
approche  de  celle  à\\  panais  &  du  chervi.  Sa  fem.ence 
efl  eftimée  bonne  contre  la  morfure  des  bêtes  veni- 
îTieufes.  Le  buplevre  des  environs  de  Gibraltar,  Buple- 
vrum Glbralîarium  ,  Linn.  Il  paroît  n'être  qu'une  va- 
riété du  précédent.  Ses  fleurs  font  jaunes  -  verdâtres. 
Enfin  le  buplevre  hétérophylle  ,  Buplevrum  difforme  , 
Linn.  Il  croît  dans  l'Ethiopie  ,  dans  l'hiver  ou  à  l'en- 
trée du  printemps  ;  il  porte  deux  fortes  de  feuilles  ; 
les  unes  font  petites  ,  pétiolées  ,  compofées  de  trois 
foUolcs  planes  ,  trifîdes ,  incifées  &  afTez  femblables 


B    U    P  499 

à  celles  du  perfil  ;  les  autres  ,  &  larbrifTeau  conferve 
celles-ci  en  été ,  font  plus  longues ,  menues ,  filiformes  , 
anguleufes  ^  vertes  &  à  demi-divifées  en  trois  parties 
pareillement  filiformes  ,  mais  dont  celle  du  milieu  efl 
plus  longue  ,  terminées  chacune  par  trois  petites  pointes. 

BUPRESTE  ,  Bupreftus  aut  Buprcfiis,  Ce  nom  efl 
formé  de  deux  mots  grecs  ,  qui  fignifient  faïn  crever 
les  bœufs.  Cet  infefte  efl:  le  même  ou  du  même  ordre , 
que  Venfie-bœuf.  M»  Deleuy^e  dit  avec  raifon  que  la 
nomenclature  varie  pour  les  infedes  comme  pour 
les  autres  parties  de  l'Hifloire  Naturelle.  M.  Geoffroy  ^ 
qui  a  mis  beaucoup  de  fagacité  dans  la  divifion 
fynoptique  ou  rétabliffement  des  caractères  des  infeâes , 
donne  le  nom  de  buprejie  à  un  genre  de  coléoptere 
qui  fe  diflingue  des  autres  genres  du  même  ordre. 

Les  efpeces  de  buprejîes  font  des  plus  liomhreufes  : 
leur  cara£l:fcre  eft  d  avoir  les  antennes  filiformes  ou 
faites  en  filet  ,  c 'efl- à- dire  ,  prefque  d'égale  grofTeur 
par-tout  ,  diminuant  feulement  un  peu  vers  leurs 
pointes  &  compofées  d 'anneaux  ou  articles  qui  ne  font 
pas  fort  gros  ,  ÔC  peu  faillans  ;  mais  un  caractère  parti- 
culier &  efTentiel  à  ce  genre  de  coléoptere  ^  dont 
toutes  les  jambes  ont  cinq  articulations  aux  tarfes  y 
c'efl:  une  grande  appendice  qui  fe  trouve  près  de  l'arîi-^ 
culation  ou  à  la  bafe  des  cuiiTes  poflérieures  ^  fem- 
blable  à  un  moignon  d'une  autre  cuifTe  :  ces  infe£res 
font  encore  rem.arquables  par  la  forme  de  leurs  mâ- 
choires qui  pincent  fortement  6c  qui  font  plus  groffes , 
&  débordent  davantage  la  tête  que  dans  la  plupart  des 
infeûes  à  étuis  ;  par  leurs  longues  pattes  ,  la  légèreté 
avec  laquelle  ils  courent  ,  leur  odeur  puante  &  fétide 
comme  du  tabac .  corrompu  ,  &  qui  efl  due  à  une  ef- 
pece  de  liqueur  brune  ,  acre  &  cauflique  que  jettent 
par  l'anus  &  la  bouche  la  plupart  des  btiprefl^s  lorf- 
qu'on  veut  les  prendre  ;  &:  par  le  manque  d^ailes  dans 
le  plus  grand  nombre  d 'efpeces  ,  car  on  n'en  trouve? 
point  fous  leurs  étuis* 

U  % 


5Ô0  B    U    P 

Les  hupreflcs  font  à^s  infedes  très-voraces ,  qui  man» 
gcnt  &  dévorent  iirpitoyabltmcnt  tous  les  autres  ,  & 
même  ceux  de  leur  genre  ou  de  leur  efpece  ,  &  cela 
moits  ou  vifs  ;  on  les  rencontre  fouvent  dans  les  jar- 
dins ,  dans  les  endroits  humides  ,  fous  les  pierres  dans 
les  campagnes  ,  parmâ  les  tas  de  plantes  pourries  ,  &c. 
Leur  courïe  eft  très-rapide  :  plufieurs  de  leurs  efpcces 
ont  une  parure  fort  belle  ,  fort  brillante  ;  quelques-uns 
ont  des  points  de  couleur  d'or.  Ceux  qui  font  entiè- 
rement dorés  ,  &;  qu'on  voit  courir  rapidement  dans 
les  champs  ,  font  de  ceux  qui  mianquent  d'ailes  fous 
leurs  étuis.  Il  y  a  des  buprejîes  d'un  petit  volume  , 
comme  une  puce  ;  d'autres  font  de  la  longueur  d'un 
travers  de  doigt ,  &c. 

Nous  avons  dit  que  la  plupart  de  ces  infecles  ^ 
même  ceux  qui  ont  une  parure  brillante  ,  font  dange- 
reux :  il  faut  fe  mener  de  ces  dehors  trompeurs  ,  c'eft 
un  habit  perfide  qui  cache  le  poifon  :  il  faut  donc  les 
prendre  avec  précaution  ,  car  ils  contiennent  une  li-  - 
queur  acre  ,  caufrique  6c  brûlante  ,  capable  d'occafio- 
Yi^'î  à  un  Obfervateur  une  cuifTon  &  une  douleur  aiTez 
vive  ,  lorfqu'elle  rejaillit  foit  dans  l'œil ,  foit  fur  les 
lèvres.  On  doit  aufii  fe  garantir  de  leiu-s  pinces.  On 
prétend  que  lorfque  les  bœufs  ou  autres  animaux  pâ- 
turans  en  ont  miangé  ,  ou  avalé  ,  ils  enflent ,  qu'il  leur 
furvient  une  fuppreiîion  d'urine  ôc  qu'ils  périffent  ;  ce 
qui  a  fait  nommer  cet  infefte  enfle-bœuf. 

Les  larves  de  ces  in/edes  vivent  en  teiTe  ;  c'efl  ce 
qui  fait  qu'elles  font  difHciles  à  rencontrer  ;  &:  le 
buprcfa  dans  l'étr.t  de  larve  (  ou  ver  ) ,  efl  aufîi  vorace 
que  fous  celui  d'iiifcdle  ailé  &  parfait.  Ces  larves  font 
longues  ,  cylindric[ues  ,  molles  ,  blanchâtres  ,  armées 
de^  fix  pattes  brunes  ,  écailleufes  :  leur  tête  efî  dô 
même  de  couleur  brune  ;  elle  a  en  defTus  une  efpece  de 
petite  plaque  ronde  ,  brune ,  écailleufe  ,  au-devant  de 
laquelle  efl:  la  bouche,  accompagnée  de  deux  fortes  de 
mâchoires  :  ces  larves  induiliieiifes  par  néceffité  ont 


B    U    P  501 

recours  pour  vivre  à  la  force  ou  à  la  rufe  ;  les  unes 
font  ouvertement  la  guerre  aux  infedes  qu'elles  pour- 
fuivent  ;  d'autres  s'établiflent  dans  des  nids  de  chenilles 
procefTionnaires  ;  d'autres  enfin  fe  mettent  en  embuf- 
cade  à  l'ouverture  ronde  de  leur  trou  :  car  ces  larves, 
dit  M.  Geoffrdi ,  fe  creufent  en  terre  des  trous  cylin- 
driques ,  profonds ,  perpendiculaires ,  dans  lefquels  elles 
fe  logent  ;  l'ouverture  de  ces  trous  ell  parfaitement 
ronde  ;  quelques  efpeces  les  font  dans  des  terrains  fecs 
&  arides  ou  fablonneux  ;  d'aujres  dans  des  terres  plus 
humides  ,  au  bord  des  ruiffeaux.  C'eil  au  fond  de  ces 
trous  qu'on  rencontre  fouvent  la   larve  du  bupnfie. 
Pour  la  trouver'  ti  la  furprendre ,  il  faut  creufer  peu- 
àrpeu  le  terrain  dans  lequel  ce  trou  eft  pratiqué.  Mais 
comme    fouvent    dans   cette   opcration  la  terre .,  en 
s'écroulant ,  remplit  le  trou ,  &  empêche  de  le  recon- 
noître  &:  de  le  fuivre  ,  il  t'a  nccelTaire  d'ufer  d'une  pre- 
mière précaution  ,  c'efl  de  com.mencer  par  enfoncer 
dedans  une  paille  ou  un  petit  morceau  de  bois  ,  qui 
pénétrant  jufqu'au  fond  de  la  retraite  ,  fert  à  conduire 
61  à  empêcher  de  perdre  la  fuite  de  ce  conduit.  Lorf- 
qu'on  cfl:  parvenu  au  fond  ,  on  trouve  la  larve  en 
queflion ,  qui  tirée  hors  de  terre ,  fe  replie  volontiers 
en  zigzag.  Ces  ouvertures  que  pratique  dans  la  terre 
cette  larve ,  ne  lui  iervent  pas  feulement  à  fe  loger  &: 
à  mettre  à  l'abri  fon  corps  qui  efl  mou  tk:  tendre ,  mais 
encore  à  fe  cacher  pour  drefler  des  pièges  aux  infedes 
dont  elle  fe  nourrit.  Cette  larve  fe  tient  en  ernbufcade , 
précifément  à  l'ouverture  ronde  de  ce  trou.  Sa  tête  eft 
à  fleur  de  terre  ,  &  l'ouverture  ou  entrée  eil  exade- 
ment  remplie  &  bouchée  par  la  plaque  ronde  &  écail- 
leufe  que  la  larve  a  au-deiTus  de  fa  tête.   C'efc  dans 
cet  état  que  fe  tient  patiemment  cette  larve  ,  à  moij.is 
que  quelque  alarme  ne  la  faile  enfoncer  dans  fa  retraite. 
Les  infedes  qui  ne  fe  défient  pas  du  piège  ,  fe  pro- 
meneuit  fur  ce  terrain ,  &  venant  à  paffer  fur  l'ouver- 
ture du  trou  que  ferme  la  tête  de  la  larve ,  ou  font 

îi  t 


502  B    U   P^        B    U   R 

faifis  par  les  fortes  mâchoires  de  l'ennemi  qui  les 
guette ,  ou  bien  s'ils  ne  font  pas  arrêtés  fur  le  champ 
par  ces  pinces  vigoureufes ,  ils  tombent  dans  le  préci- 
pice (  dans  le  trou  )  qui  s'ouvre  fous  leurs  pas  par  le 
mouvement  que  fait  la  tête  de  la  larve  ,  précifément, 
comme  une  bafcule.  Telle  efl:  la  nife  de  la  larve  du 
huprejh  pour  dévorer  fa  proie  à  loifir.  Rien  n'efi:  plus 
amuiant  que  d^obferver  le  manège  de  cet  infe£le ,  qui 
fans  fortir  de  fa  retraite ,  trouve  moyen  de  faire  tomber 
dans  fes  pièges  les  autres  infedes  dont  il  fe  nourrit. 
Tous  les  curieux  peuvent  trouver  un  grand  nombre  de 
ces  vers  au  commencement  du  printemps. 

M.  Linnœus  donne  le  nom  de  buprejîc  à  fept  efpeces 
d'infecles  coléoptères  ,  mais  qui  font  réellement  d'un 
genre  différent  ;  tels  font  les  hannetons ,  les  caniharides» 
.Voyez  CCS  mots. 

Bupreste.  C'eft  aufli  le  nom,  mais  impropre,  d'une 
petite  araignée  rouge ,  qui  dévorée  par  les  bœufs ,  leur 
caufe  les  mêmes   accidens   que    le  buprcfie  enfie-bœuf 
dont  on  vient  de  parler. 

BUREOT.  Nom  donné  par  quelques-uns  à  la  Lotte. 
Voyei  ce  mot. 

BURES.  Nom  donné  aux  puits  profonds  que  l'on 
pratique  dans  une  mine  :  on  en  fait  deux  ordinai- 
rement à  la  fois  ;  l'un  pour  remonter  les  m.atieres 
&  donner  de  l'air  (  c'eil  la  bure  d'airage  )  ;  l'autre 
pour  l'établifTement  des  pompes  à  épuifement.  On 
pratique  cette  dernière  bure  plus  profonde  ,  afin  de 
donner  lieu  à  l'écoulement  facile  des  eaux.  Voye^ 
r  article  M  IN  ES. 

BURGAU.  Limaçon  à  bouche  ronde  ,  qui ,  félon  le 
P.  du  Tertre  dans  fon  Hijloire  Naturelle  des  Antilles' ^  efl 
aulTi  commun  dans  ces  liles  bordées  de  rochers ,  que 
ies  limaçons  en  France.  Il  y  en  a  de  plufieurs  efpeces 
différentes  :  on  voit  de  ces  coquillages  de  la  groffeur 
du  poing  ;  mais  communément  ils  n'en  excédent  point 
la  moitié.  Il  y  en  a  une  efpece  très-grande  ,  appelée 


B     U     R  505 

olearia  ou  rotunda ,  qui  contient   quatre  livres  d'eau  : 
on  en  faiibit  ulage  autrefois  pour  mettre  de  l'huile, 

Lorfqu'on  retire  ces  coquillages  de  la  mer  ,  la 
coquille  paroît  grife'  -  brune  ;  mais  lorfqu'à  l'aide 
des  acides  on  a  enlevé  toute  la  matière  terreufe 
&  l'épiderme  qui  l'environnoient ,  &:  qu'on  l'a  fait 
paffer  fur  une  meule  douce ,  alors  on  voit  briller 
une  coquille  argentée  ou  nacrée  ,  nuancée  de  grifiiille 
d'une  manière  inimitable.  11  y  a  une  efpece  de  bureau 
très-beau ,  émaillé  de  vert ,  &;  que  l'on  appelle .  la  pian 
de.  Jh'pent, 

C'efl  de  ces  diverfes  efpeces  de  coquilles  ,  &  notam- 
ment du  nautile  épais  ,  autre  efpece  de  coquille  ,  que 
les  Ouvriers  tirent  cette  belle  nacre  qu'ils  appellent 
hurgaudine  ,  &  qui  ell  plus  brillante  que  celle  des 
perles  :  ils  font  avec  cette  nacre  de  jolis  ouvrages  de 
bijouterie  ,  comme  tabatières  ,  navettes  ,  couteaux  àc 
autres. 

Le  burgaii  a  pour  opercule  une  écaille  noire  ,  ronde  , 
&  mince  comme  une  feuille  de  papier  ,  mais  plus  forte 
que  la  corne ,  avec  laquelle  au  moindre  danger  il  s'en- 
ferme exatlement  dans  fa  coquille.  On  ne  peut  retirer 
l'animal  de  fa  coquille  qu'en  le  faifant  cuire  :  on  n'en 
mange  que  la  partie  tournée  en  limaçon ,  après  avoir 
ôté  lui  intefîin  verdâtre  qui  contient  fes  excrémens  ,  6c 
que  Ton  dit  être  fiévreux. 

BUR.MANE  ,  Burmannia,  Nom  d'un  genre  de  plante 
unilobée ,  qui  paroît  avoir  quelques  rapports  avec  les 
caragates ,  &  qui  comprend  des  herbes  exotiques  dont 
la  tige  efl  fimple  &  dont  les  feuilles  radicales  font  gra- 
minées. La  fleur  confifle  en  un  calice  monophylle  , 
coloré  ,  long ,  prifmatique ,  à  angles  mem_braneux ,  & 
divifé  en  fon  bord  en  fix  découpures ,  dont  trois  inté- 
rieures &  pétaliformes ,  petites  ;  il  y  a  fix  étamincs  & 
un  ovaire  :  le  fruit  efl  une  capfule  trigone ,  couverte 
par  le  calice ,  triloculaire  ,  ôi  qui  contient  des  femences 
très-menues, 

li  4 


504  B    U    R         ,  B    U    S 

II  y  a  :  La  burmaiie  k  deux  épis ,  Biirmannïa  dijîicha  ^ 
Linn.  ;  elle  croît  dans  les  lieux  huniiaes  <Sl  marécageux 
<ie  l'Iile  de  Ceylan*  La  burmane  à  deux  fleurs  ,  Bur- 
Tndîinui  hifiora  ,  Llnn.  ;  elle  croît  "dans  les  lieux  hiirwides 
de  la  Virginie.  Les  ilcurs  Ibnt  de  couleur  purpurine  : 
celles  de  l'elpece  précédente  ibnt  bleuâtres. 

BuRNET!    Voy^i  FiMPRENELLE. 

ELRUM  CHAi>IDALL  A  o^.  Sain-foin  oscillant. 

BUSARD  5  Circui.  Oîl'tau  de  proie  dont  on  diilingue 
plufr.'urs  efpeces  ;  il  y  a  :  Le  ^  os  bufard  ou  bufard  des 
jfl.  cnL  423  ;  c'efî:  une  variété  de  l'autour  ou  l'autour 
blond.  Le  bufard  varié  ;  autre  variété  de  l'autour.  Le 
hufard  roux  ou  harpayt  ;  il  en  exiite  auiii  fept  elpeces 
à  Cayenne.  Le  bnjard  du  Erlfil  ;  Voyez  caracara  du 
Bréiil.  Le  faux  pcrdrim  de  Bdon  ,  ou  le  bufard  de 
marais  ,  pi.  enl.  414  ,  en  latin"^,  Mllvus  œruginofus  ; 
celui-ci,  que  nous  décrirons  ,  efl  de  la  groiieur  de  la 
corneille:  les  p' urnes  du  corps  lent  de  couleur  de  rouille 
foncée  ;  le  deffus  de  la  tête  eft  d'un  jaune-rculiâtre  ;  le 
bec  efl  noir,  crochu,  &:  a  preique  un  pouce  &  demi 
de  longueur  ;  la  membrane  qui  couvre  le  bec  efl:  d'un 
jaune-verdâtre  :  l'ouverture  des  narines  efl  obiongue  : 
le  dedans  de  la  bouche  efl  moitié  noir  &  moitié  bleu  ; 
la  langue  fort. large:  les  yeux  font  peu  gros ,  l'iris  efl 
de  couleur  de  fafran  :  quand  les  ailes  font  pliées ,  elles 
s'étendent  prefque  jufqu'au  bout  de  la  queue  ;  les  pieds 
&  les  jambes  font  jaunes  ,  &  les  ongles  noirs  ;  le  doigt 
extérieur  tient  au  doigt  du  milieu  par  une  membrane. 
Il  efl  à  remarquer  que  le  côté  intérieur  dt  l'ongle  du 
m'' l'eu  efl  tranchant. 

Le  bufard  efl  en  ginéral  un  oif^au  çui  a  quelque 
refTemblnnce  avec  le  m'' lin:  il  en  diifere  parce  au'il  a, 
comme  la  bufc  &  la  bondrée ,  le  cou  gros  &;  coiirt  ;  au 
lieu  que  les  milans  l'ont  beaucoup  plus  long  :  &  on 
difl:'r!gue  aifément  le  bufard  Aq  'a  bufe ^  i.^  par  les  lieux 
qu'il  habite  ;  1.°  par  b  vol  qu'il  a  plus  rapide  &  plus 
kxiv^  -y  l.^  paice  qu'il  ne  fe  perche  pas  fur  de  grands 


BUS  505 

arbres ,  maïs  fur  des  arbufles ,  &:  que  communément 
il  fe  tient  à  terre  ou  dans  des  buifTons  ;  4.*^  on  le 
reconnoît  à  la  longueur  de  fes  jambes ,  qui  ,  comme 
celles  de  Voifeau  S aint'Ma.rtln  &  de  la  foubufc ,  font  à 
proportion  plus  hau  es  &  plus  minces  que  celles  des 
autres  oifeaux  de  rapine. 

Cet  oileau  eft  plus  vorace  &  moins  parefTeux  que 
la  bule ,  &  c'eft  peut-être  par  cette  raifon  qu'il  paroît 
moins  ftupide  &:  plus  méchant.  Il  fait  une  cruelle  guerre 
aux  lapins ,  &:  il  efl  aufîl  avide  de  poifîbn  que  de  gibier. 
Au  lieu  d'habiter ,  comme  la  bufe  ,  les  forêts  en  mon- 
tagne ,  il  ne  fe  tient  que  dans  les  buiflbns ,  les  bruyères , 
les  haies  ,  les  joncs  ,  &  à  portée  des  étangs,  des  marais, 
&  des  rivières  poifTonneufes.  Il  niche  dans  les  terres 
balles  ,  &  fait  fon  nid  à  peu  de  hauteur  de  terre , 
dans  des  buiffons  ,  ou  même  fur  des  mottes  couvertes 
d'herbes  épaifT.s  ou  en  friche.  Il  pond  trois  ceufs ,  quel- 
quefois quatre ,  oC  quoiqu'il  paroifTe  produire  en  plus 
grand  nombre  que  la  bufe  ,  qu'il  Ibit ,  comme  elle , 
pifeau  lédentaire  &  naturel  en  France  ,  &  qu'il  y 
demeure  toute  Tannée ,  il  tfl  néanmoins  bien  plus  rare 
ou  bien  plus  difficile  à  trouver.     • 

Le  hiifard  chaffe  de  préférence  les  poules  d'eau  ,  les 
plongeons ,  les  canards ,  &  les  autres  oileaux  d'eau  :  il 
prend  les  poifTons  vivans ,  &  les  enlevé  dans  fes  ferres. 
Au  défaut  de  gibier  ou  de  poifîbn  ,  il  fe  nourrit  de 
reptiles ,  de  crapauds ,  de  grenouilles  &  d'infeftes  aqua- 
tiques. Quoiqu'il  foit  plus  p-tit  que  la  bufe  ,  il  lui  faut 
une  plus  ample  pâture  ,  &  c'eil  vraifemblablement 
parce  qu'il  eil  plus  vif,  &  qu'il  fe  donne  plus  de  mou- 
vement ,  qu'il  a  plus  d'appétit  :  il  ell:  auffi  plus  vaillant. 
Bdon  aiTure  en  avoir  vu  qu'on  avoit  élevés  à  chafler 
&  prendre  des  lapins,  à.t%  perdrix  &  des  cailles.  Il  vole 
plus  pefam^ment  que  le  milan  ,  &  lorfqu'on  veut  le 
faire  chafler  par  des  faucons  ,  il  ne  s'é^eve  pas  comme 
celui-ci  ,  mais  fuit  horizontalement  :  un  feul  faucon 
ne  fufnt  pas  pour  le  prendre  >  il  fauroit  s'en  débariaffer 


îo5  BUS 

&:  même  l'abattre  ;  en  forte  qu'au  lieu  d'un  feu! 
faucon  il  en  faut  lâcher  deux  ou  trois  pour  en  venir 
à  bout.  Les  hobereaux  &  les  crécerelles  le  redoutent  ^ 
évitent  fa  rencontre  ,  &  même  fuient  lorfqu'tl  les 
approche. 

BUSE  ,  pL  etiL  419,  en  latin,  Buteo  vulgaris,  C'eil, 
après  V aigle  ,  le  condor  &  le  grand  faucon  ,  le  plus  gros 
de  nos  oifeaux  de  proie  ;  on  le  voit  fréquemment  dans 
ces  pays-ci  ;  il  eft  de  la  groffeur  àufaifan,  La  longueur 
de  fon  corps  eft  d'environ  vingt  pouces  ;  fes  ailes  éten- 
dues ont  quatre  pieds  &  plus  ;  fa  queue  n'a  que  huit 
pouces  s  &  fes  ailes,  lorfqu'elles  font  plices,  s'étendent 
un  peu  au-delà  de  fon  extrémité  ;  le  plumage  fupérieur 
de  cet  oifeau  ,  eft  mêlé  de  couleur  de  rouille  &  de 
noir  ;  celui  du  ventre  &:  de  la  poitrine  efl:  varié  de 
blanc  fale  &  de  brun  ;  l'iris  de  fes  yeux  efl  d'un  jaune 
pâle  &  prefque  blanchâtre  ;  il  a  ,  ainfi  que  tous  les 
autres  oifeaux  de  proie  ,  la  vue  perçante ,  &  efl  armé 
d'un  bec  noirâtre ,  pointu  ,  un  peu  recourbé ,  &  de 
griffes  vigoureufes  &  noires  ;  les  pieds  font  jaunes, 
auffi  bien  que  la  membrane  qui  couvre  la  bafe  du  bec. 

Lorfque  la  biifi  eft  en  colère ,  elle  ouvre  le  bec  6c 
y  tient  pendant  quelque  temps  fa  langue  avancée  juf- 
qu'à  l'extrémité.  L'obfervation  n'a  point  confirmé  ce 
que  l'on  avoit  avancé  ,  que  le  mâle  avoit  trois  tefli- 
cides.  Cet  oifeau  ,  dit  M.  de  Buffon ,  demeure  pendant 
toute  l'année  dans  nos  forêts.  11  paroît  alTez  ftupide , 
foit  dans  l'état  de  domellicité ,  foit  dans  celui  de  liberté. 
Il  eft  affez  fédentaire  &  même  pareffeux  :  il  refte  fou- 
vent  plufieurs  heures  de  fuite  perché  fur  le  même 
arbre  :  fon  nid  eft  conflruit  avec  de  petites  branches, 
&  garni  en  dedans  de  laine  ou  d'autres  petits  maté- 
riaux légers  &  mollets.  La  hifc  pond  deux  ou  trois 
œufs  qui  font  blanchâtres,  tachetés  de  jaune  :  elle 
élevé  &  foigne  fes  petits  plus  long -temps  que  les  au- 
tres oifeaux  de  proie ,  qui  prefque  tous  les  chaffent 
du  nid  avant  qu'ils  ibiçnt  çn  état  de  fe  pourvoir.  Ray^ 


BUS  507 

affure  même  que  le  maie  de  la  bufe  nonrnt  &:  foigne 
fes  petits  lorfqu'on  a  tué  la  mère.  Cet  oileau  de  rapme, 
le  plus  commun  dans  nos  campagnes  ,  eft  un  chalTeur 
qui  ne  donne  pas  la  chalTe  à  la  proie  en  la  pourfuivant 
au  vol  ;  il  relie  fur  un  arbre  ,  un  buiffon  ou  une  motte 
de  terre ,  &:  de  là  le  jette  fur  tout  le  petit  gibier  qui 
palTe  à  fa  portée  ;  il  prend  les  levrauts  &  les  jeunes 
lapins ,  aulîi  bien  que  les  perdrk  &  les  cailles  ;  pen- 
dant l'été,  il  dévalle  les  nids  de  la  plupart  des  oifeaux; 
il  fe  nourrit  aulTi  de  grenouilles ,  de  lézards ,  de  fer- 
pens  ,  de  fauterelles  ;  6l  lorfque  le  gibier  lui  manque, 
il  ne  dédaigne  pas  au  befoin  les  rats,  les  taupes  & 
même  des  vers  de  terre.  S'ell41  emparé  d'une  grofle 
proie  ,  il  fe  retire  à  l'écart  dans  un  lieu  folitaire , 
pour  y  dévorer  paifiblement  fa  picorée.  Cette  efpece 
elt  fujette  à  varier ,  au  point  que  fi  l'on  compare 
cinq  ou  fix  biifes  enfemble  ,  on  en  trouve  à  peine  deux 
bien  femblables.  Il  y  en  a  de  prefque  entièrement 
blanches ,  d'autres  qui  n'ont  que  la  tête  blanche  ,  d'au- 
tres enfin  qui  font  mélangées  différemment  les  unes  des 
autres ,  de  brun ,  de  blanc.  Ces  différences  dépendent 
principalement  de  l'âge  &:  du  fexe  ;  car  on  les  trouve 
toutes  dans  notre  climat. 

Buse   a  figure  de  Paon  ,  de  Catesby.  Voyez 
Urubu. 

Buse  cendrée  ,  Buteo  colore  cîmrco.  Cet  oifeau  , 
ap-pelé  par  M.  Brijfon  ,  Faucon  dz  la  Baie  d'Hudfon  , 
ell  de  la  grandeur  d'un  coq  ou  d'une  poule  de  moyenne 
grolTeur.  Il  relTemble  par  la  figure ,  &  en  partie  par 
les  couleurs ,  à  la  bnfe  commune  :  le  bec  &  la  peau 
qui  en  couvrent  la  bafe ,  font  d'une  couleur  plombée, 
bleuâtre  ;  la  tête  &  la  partie  fupérieure  du  cou ,  font 
couvertes  de  plumes  blanches ,  tachetées  de  brun  foncé 
dans  le  milieu  ;  la  poitrine  ell  blanche  comme  la  tête  , 
mais  marquée  de  taches  brunes  plus  grandes  ;  le  ventre 
&  les  côtés  font  couverts  de  plumes  brunes,  mar-- 
quées  de  taches  blanches ,  rondes  ou  ovales ,  les  jambes 


5o8  BUS 

font  couvertes  de  plumes  douces  &C  blanches ,  irré- 
gulièrement tachées  de  brun  ;  les  couvertures  de 
<ieiibus  la  queue  font  rayées  tranf^^rfalement  de 
blanc  6i  de  noir  ;  toutes  ier>  parties  du  cou  ,  du 
cos  y  des  ailes  6c  de  la  queue ,  font  couvertes  de 
plumes  d'un  brun  -  cendré  ,  plus  foncé  dans  leur 
milieu  ,  6c  plus  clair  fur  les  bords  ;  les  couver- 
tures du  defTous  des  ailes  font  d'un  brun  fombre , 
avec  des  taches  blaxiches  ;  les  plumes  de  la  queue 
font  croifées  par  -  defïïis  de  lignes  étroites  6c  de 
couleur  obfcure  ,  6c  par  -  delTous  croifées  de  lignes 
blanches  ;  les  jambes  6c  les  pieds  font  d'une  couleur 
cendrée  ,  bleuâtre  ;  les  ongles  font  noirs  ,  6c  les 
jambes  font  couvertes  jufqu'à  la  moitié  de  leur 
longueur ,  de  plumes  de  couleur  obfcure.  Cet  oifeau 
fe  trouve  dans  les  terres  de  la  Baie  d'Hudfon  ,  6c 
fait  fa  principale  proie  de  gelinottes  blanches.  M.  de 
Buffon  ayant  comparé  cet  oifeau  avec  les  Imfes  , 
foubufes  y  harpaycs  &  bufards ,  il  lui  a  paru  différer  de 
tous  par  la  forme  de  fon  corps  &  par  fes  jambes 
courtes  :  il  a  le  port  de  l'aigle,  &  les  jambes  courtes 
comme  le  faucon  ,  &  bleues  comme  le  lanier.  Il  lui 
a  paru  qu'il  vaudroit  mieux  le  rapporter  au  genre  du 
faucon  ou  à  celui  du  lanier  :  mais  ,  dit  M.  di  Buffon^ 
comme  M.  Ed'^/ards  eft  un  des  hommes  du  monde 
qui  connoît  le  mieux  les  oifeaux,  6c  qu'il  a  rapporté 
celui-ci  aux  bujh ,  nous  avons  cru  ne  pas  devoir  tenir 
à  notre  opinion ,  6c  fuivre  la  fienne,  Âui?i ,  par  cette 
raifon  ,  M.  de  Buffon  place-t-il  cet  oifeau  à  la  faite 
de  l'hiftoire  des  bufcs. 

Il  ell:  mention  dans  le  Voyage  aux  Indes  &  à  la 
Chine ,  d'une  petite  biife  criarde  &  difficile  à  approcher  ; 
elle  fe  tient  dans  les  champs  enfemencés  de  riz. 

BUSELAPHUS  de  Caïus  ,  eft  le  biihak.  Voyez 
Bubale. 

BUSSEP.OLE  ou  BOUSSEROLE.  Voyei  Raisin 
x>'(X;rs, 


BUT  509 

BUTONIC  ,  Buîonica.  Riimph.  Amb.  ;  Mammai 
JJiûtica ,  Linn.  ;  Ccmmcrfcna ,  Scnnerat,  Giiin.  t.  8,  9  ; 
Barrir? gtcn'ia  fpecîofa  ,  Forft.  C'eft  un  bel  arbre  de 
la  famille  des  Myrtes  ;  il  croît  ordinairement  vers 
les  bords  de  la  mer  ,  &:  près  de  l'embouchure  des 
fleuves  ,  dans  les  Indes  Orientales  ,  les  Moluques  , 
liir  la  Côte  Auurale  de  la  Chine  ,  &c.  Cet  arbre 
intéreffe  ncn-feulement  par  fon  port  &  par  l'cmibre 
cpaiffe  que  produit  l'étendue  de  fa  cimie ,  mais  encore 
par  fcs  fleurs  qui  (ont  grandes ,  terminales ,  difpofécs 
cinq  à  vingt  enfcmible  en  bouquets  iolitaires  ,  & 
d'un  blanc  éclatant ,  mêlé  de  pourpre  ;  elles  s'épa- 
nouifîent  le  foir ,  tombent  d'elles-miUiies  à  la  naif/ançe 
du  jour  ;  &:  la  terre  jonchée  de  leurs  longues  étamines  , 
qui  font  d'un  pourpre  vif ,  paroît  alors  comme 
teinte  de  fang.  Le  fruit  eu  une  greffe  noix  pyra- 
midale ,  quadrangulaire  ,  couronnée  par  le  calice  , 
confervant  le  flyle  de  la  fleur,  d'un  brun-rouffâtre  , 
de  la  grcfTeur  du  poing ,  &  qui  contient  fous  un  brou 
charnu ,  dur  &  épais  ,  un  noyau  ovale ,  obtufément 
quadrangulaire  ,  ridé  &  fibreux  à  l'extérieur  r,  unilocu^ 
laire  &  monofperme.  Les  Indiens  font  ufage  de  ces 
fruits  parmi  leurs  alimens ,  &  s'en  fervent  aufîi  pour 
prendre  le  poifîbn  qu'ils  enivrent  par  leur  moyen  , 
en  les  jetant  dans  reau.  Les  feuilles  ,  qui  ont  plus 
d'un  pied  de  longueur  ,  font  élargies  vers  leur  fcmrnet, 
cunéiformes ,  entières  ,  glabres  ,  luifantes  ,  un  peu 
épaifîés  ,  d'un  beau  vert ,  &  avec  quelques  nervures 
latérales. 

BUTOR.    C'efl   le  hércn  koïlL    Voyez  à  ranlck 

HÉRON. 

BUTRON.  Efi:ece  de  bœuf  fauvagc  de  la  Floride, 
C'efï  im  bifon  ,  efpece  à^aurcchs.  Voyez  ces  mots. 

BUTTNERE  ,  Buttneria.  Genre  de  plante  à  fleurs 
polyp étalées  ,  de  la  famille  des  Cacaoyers  ,  &  qui  com-? 
prend  des  arbrifTeaux  exotiques  ;  les  feuilles  font  fim- 
ples ,  alternes  j  les   fleurs   axillaires  ^  les  rameaux  6l 


çio  B    U   T  B    U    X 

la  tige  fouvent  munis  d'aiguillons  comme  ceux  des 
ronces  ;  le  fruit  eil  une  capfule  globuleufe  ,  hériffée 
de  petites  pointes  ,  oc  diviiée  intérieurement  en  cinq 
loges  polylpermes. 

Il  y  a  :  La  hitttntre.  à  feuilles  longues ,  de  l'Amérique 
Méridionale  ,  Buttneria  fcahra  ,  Linn.  ;  celle  à  feuilles 
cvales  ,  du  Pérou  ;  c'cil  le  China  -  cacha  àes  Péruviens, 
La  huttnere  à  feuilles  en  cœur  j  des  environs  de  Lima; 
celle  à  rameaux  cylindriques  ,  du  Pérou  ;  celle  à  puites 
feuilles ,  de  l'Amérique. 

BUTUA.   Voyzi  Pareira-brava. 

BUVEUR  DE  VIN  ou  Berbe.    Voyei  Fossanë* 

BUXBAUME,  Buxhaumia  aphilla  ^  Linn.  1570, 
Dillen.  tab.  68.  f.  5.  Efpece  de  moufîe  fort  finguliere, 
&  qui  mérite  d'être  connue ,  d'après  la  defcripticn 
qu'en  ont  publiée  MM.  Linnœus  &  Martin.  Cette  plante 
obfervée  d'abord  près  d'Ailracah  par  le  Botanifle 
Buxbaum  ,  l'a  été  depuis  dans  les  pays  SeptentrionauTi  : 
on  la  trouve  en  Avril  &  Mai  fur  les  bords  fablonneux 
des  folles.  Elle  eil  infiniment  petite  ,  &  commence 
à  fortir  de  la  terre  fous  la  forme  d'un  petit  œuf  garni 
en  deifous  de  deux  ou  trois  petites  fibres  qui  font  les 
fonctions  de  racines  :  les  côtés  font  parfemés  de  quel- 
ques petites  écailles  qui  tiennent  lieu  de  feuilles.  Cette 
efpece  d'œuf  s'ouvre  horizontalement  par  fon  milieu 
en  deux  portions  à-peu-près  égales ,  mais  dont  la  fu- 
périeure  eil  foulevée  comme  une  coiffe  (  calyptra  )  , 
pnr  une  tête  ovoïde  qui  fort  du  milieu  de  la  portion 
inférieure  creufée  en  foucoupe  ,  &  qui  reile  attachée 
à  la  terre  par  fes  racines.  La  coiffe  tombe ,  &  la  tête 
qui  efl  articulée  avec  ion  pédicule  ,  s'alonge  jufqu'à 
cinq  lignes  environ.  Cette  tête  ell  couronnée  d'un 
opeixule  qui  tombe  aufîi  après  s'être  ouvert  horizon- 
talement comme  dans  les  autres  mouffes.  Les  Obfer- 
vateurs  du  Nord  ont  remarqué  une  anthère  pendante 
par  un  petit  filet ,  ^  attachée  au-deffcus  de  cet  oper- 
cule ;  &   au   fond  de  la  capfule  des   graines    fous   la 


B    U    X  511 

îbrme  d\me  poufîiere  fort  fine ,  jaune ,  verdâtre  & 
trcs-ondueufe. 

Cette  finguiaritë  obfervée  dans  le  huxhaumia  ,  don- 
nera peut-être  lieu  d'éclaircir  quelques  points  de  la 
fru£liiication  des  autres  mouiTes  ,  fur-tout  dans  celles 
qui  ont  des  anthères  operculées  ,  parce  qu'elles  peu- 
vent avoir  auili  les  étamines  renfermées  dans  la  même 
capfule  ,  comme  il  arrive  dans  le  kmma  &  la  pillulaire. 
Voyez  ces  mots.  Il  paroît  que  ce  qu'on  a  pris  jufqu'ici 
pour  àes  grains  dans  les  cônes  des  plantes  mouffes 
regardées  comme  femelles ,  ne  font ,  dit  M.  Adanfon , 
que  des  rejetons  qui  font  les  fonâ:ions  de  graines. 
Mais  la  connoiffance  qu'on  a  de  la  nature  des  anthères 
des  autres  moufles  &  de  la  pouffiere  qu'elles  con- 
tiennent ,  femblent  nous  démontrer  que  la  tête  du 
buxbaumia  n'ell  qu'une  anthère  prefque  entièrement 
femblable  à  elle,  qu'elle  contient  une  pouffiere  de 
même  nature ,  &  qu'enfin  ce  n'eil  qu'une  étamine  , 
qu'une  fleur  mâle ,  qui  doit  faire  foupçonner  que  la 
fleur  femelle  fe  trouvera  fur  un  autre  individu.  L'Ob- 
fervateur  DilUn  afTure  avoir  femé  .  plufieurs  fois  la 
poufîiere  des  anthères  à^s  mouffes  fans  en  avoir  vu 
lever  aucuae  plante  ,  tandis  que  la  pouffiere  des  têtes 
femelles  ,  fort  différentes  des  anthères ,  étant  femée  , 
produifoit  de  petites  plantes  femblables  à  leur  mère. 
Ainfi  les  cônes  &  les  étoiles  obfervées  dans  les  mouffes, 
font  des  fleurs  femelles  de  même  que  leurs  capf.iles  ; 
&  il  paroit  de  la  dernière  évidence  que  les  corpufcules 
doués  de  la  faculté  de  végéter ,  qu'on  trouve  entre 
les  écailles  de  ces  cônes ,  font ,  comme  il  efl  dit  ci- 
deffus  ,  de  vraies  graines  ,  ou  au  moins  des  rejetons 
qui  en  tiennent  lieu. 

M.  H  aller  dit,  dans  l'édition  de  ce  Diciionnalre  faite 
à  Y  Verdun ,  être  le  premier  qui  ait  découvert  la  bux- 
baumia en  Europe,  &  il  l'a  trouvée  en  Suiffe  :  l'an- 
thère qu'on  y  a  cru  reconnoître ,  efl ,  félon  lui ,  quelque 
chofe  de  bien  difêrent  d'une  véritable  étamine,  Il.y  a 


512  B    Y    A  B    Y    S 

phîfieurs  mcuffes  qui ,  comme  la  buxhaumla ,  ont  (îeiî% 
iacs  l'un  dans  Fauti  e ,  dont  la  capfule  eft  compofée , 
l'extérieur  dur  &:  prefaue  cartilagineux ,  l'intérieur 
tendre  &  foible.  11  defcend  du  haut  de  la  capfule  un 
filet  oui  entre  dans  c^tte  capflile  ,  &  qui  s'attache  à 
fon  fond.  Plufieurs  h-yums  &  un  fphagnum  que  j'ai 
découv  rts  ,  pourfuit  M.  HalUr ,  ont  la  mêm.e  ftmc- 
ture.    Voyei   MousSE. 

BYARÎS.  Nom  eue  les  Bafcues  donnent  au  cachalot^ 

BYSSE  ou  Eyssus.   Voyc^^  Bïssus. 


CAA-APIA, 


C    A    A  5,15 


A  A  -  API  A,  Marcgr.  Braf.  52,  Pif.  Braf.  232; 
C'eft  une  efpece  de  dorjîme  qui  croît  au  Bréfil ,  à 
Monte- Video  &:  au  Magellan,  dont  la  racine  eil  de 
la  groiTeur  d'un  tuyau  de  plume  de  cygne ,  noueufe  , 
garnie  de  fîlamens  ,  d'un  gris  -  jaunâtre  en  dehors  , 
blanche  en  dedans  ;  d'abord  infipide  au  goût ,  puis 
clevenant  un  peu  acre  &  piquante.  Ses  feuilles  font 
d'un  vert  luifant  en  deffus ,  blanchâtres  en  delibus , 
prefque  arrondies  ,  légèrement  crénelées  :  fa  fleur  efl 
radiée,  &  fes  femences  font  rondes.  Les  Habitans  du 
Bréfil  pilent  la  plante  entière  ,  &  font  ufage  de  fon 
iiic  pour  arrêter  le  flux ,  faire  vomir ,  remédier  à  la 
morfure  des  ferpens  &  à  la  bleffure  des  flèches  em- 
poifonnées.  On  dit  même  qu'il  fuffit  de  préfenter  la 
racine  du  caa-apia  ou  celle  d'angélique  ,  au  ferpent 
nommé  boiciningua  ,  pour  l'étourdir  &  le  faire  périr. 
Mémoires  de  VAcadlmk  des  Sciences  ,  lyoo.  Voyez 
DORSTENE. 

C  A  AIGU  ARA.  Nom  donné  par  Marcgravc  au 
pécari  ou  tajacu  ,  efpece  de  fanglier  du  Bréfil.  Foyc^ 
Tajacu. 

CAAOPÎA.  Petit  arbre  du  Bréfil ,  dont  l'écorce  eft 
d'un  rouge-cendré ,  &:  contient  une  efpece  de  moelle. 
Son  bois  efl  fort  &  branchu  ;  fes  feuilles  font  fermes, 
rouges  en  defTous  &:  vertes  en  deffus  ;  fes  fieurs  font 
en  ombelle  ,  d'un  vert- jaunâtre  ,  cotonneufes  &  fui- 
vies  de  baies  verdâtres ,  groffes  comme  des  cerifes ,  cou- 
vertes d'une  coque  molle.  Ce  fruit  donne  par  expref- 
iion  un  fuc  d'un  beau  jaune.  Cet  arbre  fleurit  en 
Novembre ,  &  fon  fruit  mûrit  en  Janvier.  Si  l'on  fait 
une  incifion  à  fon  écorce  en  Oftobre ,  il  en  fort  une 
Tome  IL  Kk 


V4  C    A    A 

rcfine  d'un  beau  jaune,  fort  érofive.  Les  Nègres  s'eiî 
fervent  pour  fe  purger.  Ray^  Hijî,  Fiant, 

CAAPÉBA  ou  Liane  a  glacer  l'Eau  ,  ou  Liane 
A  Serpent  ,  Anfloloààa  folio  hdcracco^  trifido^  maxima 
flore  ,  radice  upmu  ^  Plum.  Cat.  5.  C'efl  une^ plante  du 
Bréfil,  qui  a  beaucoup  de  rapports  avec  V arijîoloche: 
clématite.  Elle  pouffe  des  tiges  très-farmenteufes  ,  &  qui 
s'attachent  aux  arbres  voifins.  SeSr  feuilles  font  fort 
minces ,  verdâtres  en  delTus  ,  tantôt  rondes  &  tantôt 
ayant  la  forme  d'un  cœur.  Il  s'élève  d'entre  elles  des 
pédicules  roux ,  portant  en  leurs  fommets  au  mois  de 
Juillet  des  fleurs  jaunâtres  ;  il  fuccede  à  chacune  de 
ces  fleurs  un  petit  fruit  gros  comme  un  pois  ,  ovale  ^ 
rouge  en  dehors  ,  vert  en  dedans.  Sa  racine ,  principale 
partie  de  cette  plante  d  ufage  en  Médecine  ,  efl  d'a- 
bord grisâtre  &  greffe  comme  le  petit  doigt  ;  m.ais  en 
vieilliffant,  elle  devient  noire,  brunâtre  à  lextérieur 
&  groffe  comme  le  bras.  Sa  fubilance  intérieure  eft 
eompad:e  ,  ondueufe  ,  d'un  goût  amer.  Quelques  Bo- 
taniftes  ont  cru  que  c'étoit  le  contrayerva.  Voyez 
Lochner  ,  &  les  nouveaux  genres  du  P,  Plumier.  D'au- 
tres difent ,  mais  fans  vraifembîance  ,  que  le  caapcba 
cft  le  pareira-brava.  Voyez  ce  mot.  Ne  feroit  -  ce  pas 
plutôt  Vapinel}  Voyez  ce  mot. 

Le  caapéba  eil  alexipharmaque  :  coupé  par  tranches,: 
înfufé  &:  macéré  pendant  quelques  jours  dans  de  l'eau, 
il  donne  à  cette  liqueur  un  goût  de  vin  ou  de  bière. 
Cette  déc©£tion  eff  benne  pour  la  morfure  des  ferpens 
venimeux.  On  tire  aufîi  le  fuc  de  la  feuille  &:  de.  la 
racine  pilées  cnfcmble,  &  on  le  mêle  dans  du  vin 
pour  le  même  ufage.  Il  faut  encore  avoir  foin  d'ap- 
pliquer le  marc  fur  la  morfure  après  en  avoir  un  peu 
frotté  la  plaie  :  par  ce  moyen  on  guérit  furement  en 
vingt-quatre  heures.  On  a  appelé  le  caapéba  ,  liane  à 
glacer^  parce  qu'infufée  dans  l'eau  elle  la  rend  muci- 
lagineule  comme  une  gelée.  On  a  donné  auffi  le  nom 
de  caapéba  à  la  liane  à  cœur.  Voyez  cet  article» 


C    A    B  jîj 

CAÊARET  ,  Oreille  d'Homme  ;  Rondelle  ^ 
Girard  -  Roussin  ,  Nard  sauvage  ,  Afarum  , 
Dod.  Pempt.  3s8,Tourn.  501  -^Afarum  Europœum  ^ 
Linn.  633.  C'efl  une  plante  d'Europe  qui  a  été  en 
grande  réputation  dans  le  fiecle  dernier  ,  comme 
errhine  ;  elle  fe  plaît  dans  les  forêts  ;  elle  eft  très^ 
baffe,  fans  tige,  &:  toujours  verte;  fes  feuilles,  qui 
font  toutes  radicales  ,  par  paires ,  pétiolées  ^  très-en- 
tières ,  glabres ,  très-liffes  en  deffus ,  font  réniformes 
ou  d'une  figure  affez  approchante  de  celle  de  l'oreille  ; 
ce  qui  l'a  fait  nommer  orcilU  d'homme  ;  fes  fleurs  font 
à  douze  étamines  ,  purpurines  ou  verdâtres ,  portées 
fur  des  pédicules  qui  partent  de  la  racine,  mais  fi 
courts ,  qu'elles  font  cachées  fous  les  feuilles  ;  à  ces 
fleurs  luccedent  des  fruits  divifés  en  fix  loges  ,  qui 
contiennent  des  graines  femblables  aux  grains  de  raifm; 
fa  racine  efl:  vivace ,  rampante ,  petite  ,  anguleufe ,  re- 
courbée ,  fibreufe ,  tortueiife ,  noueufe  &  brunâtre. 

Les  feuilles  6c  les  racines  du  cabant  font  douées 
d'une  odeur  pénétrante ,  &:  d'un  goût  acre»  Elles  pro-* 
voquent  fortement  le  vomiffement  &  les  felles.  \.^s^ 
femmes  enceintes  doivent  en  éviter  l'ufage  comme 
capable  d'expulfer  le  fœtus.  Les  meilleures  nous  font 
apportées  lèches  de  l'Allemagne  ,  du  Dauphiné ,  du 
Languedoc  &  de  l* Auvergne. 

Un  Médecin  Anglois  a  éprouvé  que  quatre  ou  cinq 
grains  de  feuilles  de  cette  plante  en  poudre  ^  prifes  en 
guife  de  tabac  ,  font  très-utiles  dans  les  maux  de  X.q,X.q. 
On  les  prend  le  foir  en  fe  couchant  ;  le  fommeil  n'en 
efî  peint  troublé ,  &  le  lendemain  il  s*évacue  une 
grande  quantité  de  férofités  par  les  glandes  du  nez.' 
Ce  flux ,  fuivant  l'obfervation  de  l'Auteur  de  la  Mature. 
Médicale ,  dure  quelquefois  trois  jours  entiers ,  ce  qui 
caufe  un  grand  foulagement  au  malade.  Ce  remède  a 
été  aufîi  éprouvé  avec  fuccès  dans  une  paralyfie  de  la 
langue  &:  de  la  bouche.  On  appelle  aufîi  cette  plante 
Id,  panacée  des  fiivns  quartes  :  les  Payfans  en  font  leuï 


5i6  C    A    B 

fébrifuge.  Les  Maréchaux  font  prendre  de  ïa  racine  dé 
cabaret  aux  chevaux  ,  depuis  une  once  jufqu'à  deux  , 
pour  les  guérir  du  farcin.  On  trouve  quelquefois  , 
au  rapport  de  Poma ,  fous  les  racines  du  cabaret ,  en- 
viron un  pied  dans  terre  ,  wne  manière  de  truffe  ronde, 
de  couleur  jaunâtre  en  dehors ,  blanche  en  dedans , 
empreinte  d\in  fiic  laiteux,  cauilique  &  brûlant.  On 
a  donné ,  dit-on  ,  à  Yafarum  le  nom  de  cabaret ,  parce 
qu'on  s'en  fervoit  autrefois  dans  les  cabarets  pour  fe 
faire  vomir  quand  on  avoit  trop  bu. 

On  voit  au  Jardin  du  Roi  un  très-bel  afarum  étran- 
ger ,  qui  eil  le  grand  cabaret  du  Canada  ,  afarum 
^TTiericanum ,  majus ,  Hcrt.  Reg.  Par.  ;  Afaroii  Cana- 
dcnfe  ,  Corn.  24. 

Cabaret,  pL  enl,  485  ,  fig.  2.  Oifeau  de  paf- 
fage ,  de  la  groffeur  ^  à-peu-près  de  la  couleur  du 
roitelet;  c'efl  la  plus  petite  des  linottes^  le  picaveret 
de  Belon.  Il  a  le  chant  fort  agréable  ,  &  efl  encore 
rare  ;  mais  on  en  trouve  chez  quelques  Oifeliers  dans 
l'état  de  liberté  ;  le  defîiis  de  fa  tête  efl  rouge  ;  il  y 
a  fur  le  croupion  du  mâle ,  une  tache  de  la  même 
couleur  ;  la  poitrine  eft  rouffâtre  y  le  ventre  blanchâtre  , 
les  côtés  &  le  defîlis  du  corps  variés  de  brun  &  de 
rouffâtre ,  ainfi  que  la  queue  qui  ell  fourchue  ;  le  bec 
jaunâtre  ,  &  terminé  de  noir  à  fa  pointe  ;  les  pieds 
bruns  ,  les  ongles  noirâtes.  Cet  oifeau  arrive  dans  nos 
Contrées  vers  le  milieu  de  l'automne ,  &  difparoît  au 
printemps  ;  il  vit  ou  folitaire ,  ou  en  compagnie  peu 
nombreufe. 

CABASSOU  ou  Kabassou.  Foyei  à  r article 
Armadille. 

CABÉLIAU  ou  Kabliau  ou  Cabillaud.  Efpece 
de  petite  morue  fraîche ,  nommée  ainfi  par  les  Fla- 
mands ,  &  que  l'on  fert  fur  nos  tables  en  Février ,  &:c. 
Sa  chair  ell  d'un  goût  exquis  ,  &:  pafle  généralem.ent 
par-tout  pour  un  manger  délicieux.  Fojci  au  mot 
Morue. 


C     A     B  517 

CABîAï  ou  Porc  de  Rivière,  Porcus fluvïatilis. 
Çuadrupede  demi  -  amphibie  qui  fe  trouve  dans 
toutes  les  terres  baffes  de  l'Amérique  Méridionale  , 
ainfi  qu'au  Bréfil ,  aux  Amazones  &:  à  la  Guiane  ; 
c'efl  le  capyhara  des  Braiiliens.  Conlliltez  Marc^ravù 
&  Pif  on  ;  c'efl  le  cochon  d\au  de  Def marchais  ;  le 
capivard  de  Fro^tr  ;  le  fus  maximus  palufris  de  5^r- 
rere  ;  VHydrochœrus  dans  la  Nonunclaturc  latim  de 
M.  Brljfoîi, 

Cet  animal  eft  un  fiffipede  irrégulier,  comme  le 
tapir  ;  il  ne  reffemble  que  très-peu  au  cochon  ,  auquel 
plufieurs  Naturaliftes  l'ont  comparé  ;  au  contraire  il 
en  difrere  par  de  grands  carafteres  très  -  effentiels  & 
très-apparens  :  {'à  tête  eft  beaucoup  plus  courte  ;  fa 
gueule  a  moins  d'ouverture ,  &  elle  eft  fans  dents 
canines  ;  mais  chacune  de  fes  mâchoires  eft  garnie  de 
deux  dents  incifives  &  de  huit  dents  molaires  affez 
fingulieres ,  car  elles  font  fendues  à  demi ,  chacune  en 
trois  parties ,  &  repréfentent  trois  dents  attachées  les 
unes  aux  autres.  Le  cabiai  eft  de  la  grandeur  d'un  co- 
chon de  deux  ans  ;  les  plus  grands  peuvent  pefer  juf- 
qu'à  cent  cinquante  livres  :  fon  mufeau  eft  gros  & 
obtus  ;  fes  yeux  grands  ôc  noirs  ,  {es  oreilles  petites  & 
pointues  :  il  a  des  mouftaches  longues  &  dures  comme 
celles  du  chat  ;  à  chaque  pied  de  devant  il  a  quatre 
doigts  garnis  d'ongles ,  &  aux  pieds  de  derrière  trois 
feulement  :  tout  fon  corps  eft  couvert  d'un  poil  brun  y 
rude  ,  court  ôc  affez  épais  ;  il  n'a  point  de  queue  ni  de 
défenfes,  &  il  a  les  pattes  poftérieures  palmées.  M.  de  la 
Borde  ^  Médecin,  nous  a  dit  que  \e  câblai  a  la  tête  du 
pak  ,  le  poil  du  pâtira ,  les  pieds  du  ca(Ior. 

Cet  animal  diffère  encore  du  cochon  ,  autant  par 
le  naturel  &:  les  mœurs ,  que  par  la  conformation  : 
il  ne  fouille  pas  la  terre  ;  il  fe  tient  fouvent  dans  l'eau, 
où  il  nage  comme  une  loutre  ;  il  y  cherche  de  m.ême  fa 
proie  ,  61  vient  manger  fur  \q  ^oxà  le  poiffon  qu'il 
prend  &  faifit  avec  la  gueul©  &  les  ongles  ;  il  mange 

Kk  3 


5i8  C    A     B 

aiiffi  des  herbes  aquatiques ,  des  grains ,  des  fruits ,  Sz 
fur-tout  de  la  canne  à  fucre  :  comme  fes  pieds  font 
longs  èc  plats  ,  il  fe  tient  fouvent  afTis  fur  ceux  dfe 
derrière  ;  fon  cri  n'imite  point  le  grognement  du 
cochon ,  mais  il  reffemble  aiîez  au  braiement  de  l'âne. 

On  les  voit  prefque  toujours  aller  de  compagnie 
ou  deux  à  deux  ,  mâle  éc  femelle  ;  mais  ils  ne 
marchent  que  la  nuit  ;  &  comme  ils  courent  mal , 
ils  ne  s'éloignent  pas  beaucoup  du  bord  des  rivières , 
où  ils  fe  précipitent  tout  de  fuite  au  moindre  danger, 
plongent  ÔC  nagent  entre  deux  eaux  ,  &c  en  fortent 
au  loin  ,  ou  reftent  quelquefois  allez  long -temps 
fous  l'eau  pour  faire  croire  au  Chaffeur  qu'ils  fe  font 
fauves  fans  qu'il  s'en  foit  apperçu.  Quand  on  les  tue 
dans  l'eau ,  ils  ne  vont  pas  au  fond  comme  les 
autres  animaux;  6c  comme  les  câblais  ne  courent  pas 
fur  l'homme  ni  fur  les  chiens ,  on  les  attend  volontiers 
en  fiîence  fur  le  bord  de  l'eau  ,  ou  bien  dans  les 
endroits  oii  l'eau  eft  baffe. 

La  chair  de  cet  animal  eft  gralTe  ,  blanche ,  tendre  , 
&  a  plutôt  le  goût  d'un  allez  mauvais  poiffon  ;  la 
hure  efl  la  partie  la  meilleure ,  &  qui  approche  le  plus 
du  goût  de  la  viande. 

Le  cabiai  eft  d'un  naturel  tranquille  &  doux  ;  il  ne 
fait  ni  mal  ni  querelle  aux  autres  animaux  :  pris  jeune, 
on  Tapprivoife  fans  peine  ;  il  vient  à  la  voix ,  &  fuit 
affez  volontiers  ceux  qu'il  connoît  &  qui  l'ont  bien 
traité.  Dans  l'état  de  nature ,  c'ell-à-dire  ,  fauvage  ,  il 
paroît  farouche  ;  il  fuit  les  lieux  habités  par  l'homme  ; 
il  paroît ,  par  le  grand  nombre  de  fes  mamelles ,  que 
la  femelle  produit  des  petits  en  quantité  ;  miais  nous 
ignorons  le  temps  de  la  geftation ,  celui  de  l'accroiife- 
ment ,  Ôc  par  conféquent  la  durée  de  la  vie  de  cet 
animal. 

CABINET  D'HISTOIRE  NATURELLE,  Mufium 
Naturœ ,  fe  dit  d'un  lieu  où  l'on  met  en  évidence , 
&  OÙ  Ton  réunit  &us  un  feul  point  de  vue  les 


C    A    B  519 

•âîverfes  produûlons  de  la  Nature.  Foye^  à  la  fuite  de. 
r article    HISTOIRE   NATURELLE'. 

CABIONARA.  Nom  que  l'on  donne  à  la  Guiane 
au  cabiai.  Voyez  ce  mot. 

CABOCHE.  Poiflbn  le  plus  commun  qu'il  y  ait 
dans  la  grande  rivière  de  Siam ,  &:  dont  les  Nations 
voiiines  font  grand  cas.  Les  HoUandois  en  font  de 
groffes  provifions  pour  Batavia.  Etant  fëché  au  loleil, 
il  leur  tient  lieu  de  jambon.  Ce  poiHon  eil  long  d'un 
pied  &  demi ,  &C  gros  de  dix  à  douze  pouces.  Il  a  la 
tête  im  peu  plate  6c  prefque  carrée  :  on  en  diilingue 
de  deux  efpeces  ;  l'un  gris  &  cendré  ,  ôc  l'autre  noir, 
qui  efl  le  meilleur.  P^oyei  Hijî.  génér,  des  Voy,  Tome  IX, 
■€dit^in-4.'',pagesf;^.  ,     ,      .• 

CABOT  ou  Mulet  ou  Mullet.  Foyei  â  ranicle 
Muge.    A    l'égard   du   cahot    de   la    Chine  ,    f^oye^ 

SCHLOSSER. 

CABOUÏLLE.-  C'eft  le  calmja  de  quelques  Indiens. 
Nom  donné  à  Saint-Domingue  à  I'Aloès  pitte.  Foyei 
ce  mot. 

CA.BRA.  Nom  qu'on  donne  en  Portugal  au  cke- 
vreiiil.  Voyez  ce  mot, 

CABRE.    T^oyei  à  ranicle  Negre. 

CABRIL  ou  Chevreau  ,  Hizdiis,  On  donne  ce 
nom  au  jeune  bouc  ou  petit  mâle  de  la  chèvre  ;  lorf- 
^u'il  n'a  pas  encore  fix  mois,  il  eft  bon  à  manger. 
f^oyei  au  mot  Bouc. 

CABRILLET,  Ehntla.  Genre  de  plante  à  fleurs 
monopétalées  ,  &  qui  comprend  des  arbres  ou  des  ar- 
briffeaux  exotiques,  dont  les  feuilles  font  fimples  & 
alternes  ;  la  fleur  en  entonnoir  ,  le  calice  campanule  ; 
cinq  étamines  ;  le  fruit  baccifere  ,  arrondi ,  &  conte- 
nant quatre  femences  convexes  d'un  côté  &:  angu- 
leufes  de  l'autre. 

Il  y  a  :  Le  cabrillet  à  feuilles  de  thym  ,  Ehretla  tinl- 
fclia  ,  Linn,  ;  cet  arbre  fleurit  en  janvier  ;  il  croît  à 
ia  Jamaïque  &  dans  l'ifle  de  Cuba,  Le  cahrïlkt  épineux^ 

Kk  4 


jiG  C    A    B 

Ehretia  fp'mofa ,  Liiin  ;  cet  arbrifTeau  croît  en  Amé- 
rique ,  dans  les  bois  des  environs  de  Carthagene.  Le 
cabrula  bâtard ,  Ehretia  bourreria  ,  Linn.  ;  cette  efpece 
en  arbrifleau  fe  trouve  aux  Antilles,  Le  cahrilUt  à  fruits 
fecs  ,  Ehretia  exfucca ,  Linn.  ;  cet  arbriffeau  fe  trouve 
aux  environs  de  Carthagene.  Le  cahrillet  à  longs  pétioles, 
Cordia  petiolata ,  H.  R.  ;  cet  arbrifîeau  eft  originaire 
des  Antilles  ;  on  en  trouve  une  variété  dans  les  Indes 
Orientales  &  à  Plfle  de  France.  Le  cahrillet  à  vrilles , 
Etiretia  cirrhofa^  Marlpafcandens  ^  Aublet.  Guian.  ;  cette 
ej'pece  croit  à  la  Guiane ,  fur  le  bord  des  rivières. 

CABURE  ou  Caboure.  Au  Bréfil,  on  donne   ce 
nom  à  un  hibou  qui  s'apprivoife ,  joue  avec  les  hommes 
comme  un  fmge  ;  fes  mouvemens  ,  dit  Marcgrave  .  ont 
quelque  chofe  de  plaifant.  Cet  oifeau  n'eft  pas  plus 
gros  qu'une  litorm  ;  il  a  la   tête  ronde ,  le  bec  court 
&  crochu ,  avec  deux  trous  pour    narines  ;  fes  yeux 
font  beaux ,   grands  ;  l'iris  eu  jaune   &    la  prunelle 
noire  :  fous  les  yeux  &  à  côté  du  bec  il  y  a  des  poils 
longuets  &  bruns  ;  fur  fa  tête    font    des  aigrettes  de 
plumes;  fes  jambes  font  courtes  &  entièrement  cou- 
vertes 5  ainfi  que  les  pieds ,  de  plumes  ou  d'un  duvet 
jaune  ;  quatre  doigts  armés  d'ongles  noirs  &  crochus  ; 
fa  queue  de  couleur  brune  ,  ondée   de    blanc  en  zig- 
zag ,  &:  large ,  &  à  l'origine  de  laquelle  fe  terminent 
fes  ailes  :  la  poitrine  ck  îe  bas   du  ventre   font  d'un 
gris-blanc  marqué  d'ombre  pâle  :  le  corps  ^  le  dos  , 
les  ailes  &  la  queue  font  de  couleur   brune   ferrugi- 
neufe  ^   marquée   ou  diverfifiée  fur  la  tête  &  le  cou 
de  très-petites  taches  blanches  ,  &  fur  hs  ailes  ,  de 
grandes  taches  de  cette  même  couleur  :  fa  tête  tourne 
fur  fon  cou  comme   fur   un   pivot,    de  façon    qu'il 
porte  &  préfente  facilement  le  bout  de  fcn   bec    fur 
le  milieu  du  dos.  Il  fe  nourrit  de  chair  crue  &  fait 
du  bruit,  une  efpece  de  craquement,  par  le  mouve- 
ment de  fon  bec.  Il  peut    encore  remuer  les  pîum.cs 
qui  font  des  deux  côtés  de  fa  tête,  de  manière  qu'elle  s 


C    A    C  521 

fe  redreffent ,  &C  préientent  de  petites  cornes  ou  des 
oreilles. 

CACALIE  ,  Cacalia,  Nom  d'un  genre  de  plante  à 
fleurs  conjointes,  de  la  divifion  des  flofcukujcs^  quia 
beaucoup  de  rapports  avec  les  tuffdaoes  6c  les  fineçcns^ 
&  qui  comprend  des  herbes  ou  de  petits  arb ri jffeaux, 
dont  les  fleurs  font  difpofées  en  corymbe  terminal  ; 
le  fruit  confiHe  en  plufieurs  femences  oblcngues  ,  cou- 
ronnées d'une  aigrette  feiTile  ,  longue  &:  velue. 

Il  y  a  les  Caca  lies  à  tige  charnue  &  frutcfccntc.  Telles 
font  :  La  cacalle  papilLiirc  &C  la  cacalie  antheuphorbe  , 
d'Egypte  ;  celle  à  feuilles  de  laurofc  ,  des  Cc.naries  ; 
la  cacalie  ficoïde ,  d'Afrique  ;  l'efpece  rampante ,  du  Cap 
de  Bonne-Efpérance.  On  en  confit  quelquefois  les 
feuilles  6c  les  fommitës  dans  le  vinaigre ,  pour  les  manger 
comme  celles  de  la  bacille.  La  cacalie  à  feuilles  en. 
coin  y  6c  celle  à  feuilles  roncinees  ,  du  Cap  de  Bonne- 
Efpérance  ;  la  cacalie  fous- ligncufe  ^  du  Bréfil  ;  celle  à 
feuilles  cylindriques  ,  d'Afrique  ;  la  cacalie  à  feuilles  de 
laurier,  du  Mexique;  la  cacalie  à  feuilles  en  cœur  ,  6c 
celle  à  feuilles  d'afclépiade  ,  de  l'Amérique  Méridio- 
.  nale  ;  la  cacalle  à  longs  pétioles  appendiculés ,  des  lieux 
aquatiques  de  l'Ifle  de  Ténérifle. 

On  difîingue  aufîi  les  Caca  il  es  a  tige  herbacée. 
Telles  font  :  La  cacalie  porophylle  ,  d'Amérique  ;  la 
cacalle  à  feuilles  de  laitron  ;  l'efpece  blanchâtre  ,  des  Indes  ; 
la  cacalie  des  Indes  ,  particulièrement  dite  ;  la  cacalie 
a  feuilles  de  verge  -  d\r ,  du  milieu  6c  du  Sud  de 
la  France  ;  celle  a  feuilles  hajièes  ,  de  la  Sibérie  ; 
la  cacalie  a  feuilles  fagittées  ;  celle  a,  fullles  d'^arroche  , 
du  Canada  6c  de  la  Virginie  ;  la  cacalie  à  feuilles  de 
pétajite  ,  6c  l'efpece  cotonneufe  ,  des  Alpes  ;  celle  à 
feuilles  d^alUalre  ,  des  Pyrénées  6c  des  montagnes 
du  Dauphiné  ;  la  cacalle  biplnnée ,  du  Cap  de  Bonne- 
Efpérance. 

M.  Forskal  fait  mention  de  trois  efpeces  de  cacalles , 
qui  fe  .trouvent  en  Arabie  ;  Vwxi^  pendante  ou  à  tiges 


J22  C       A       C 

penchées  :  celle  dont  les  tiges  fëchées  font  odorantes  ^^ 
&c  qui  fervent  dans  le  pays  à  faire  des  fumigations  , 
particulièrement  dans  la  petite  vérole  :  la-  troifieme  eft 
à  feuilles  de  joubarbe  ;  arrachée  de  terre  ,  elle  ne  fe 
delleche  qu'après  un  temps  confidérable. 

CACAO  eu  Cacaoyer.  C'eft  un  arbre  propre  au 
nouveau  Continent ,  &  qui  croît  naturellement  fous 
diverfes  contrées  de  la  zone  torride  de  l'Amérique  & 
particulièrement  au  Mexique  ,  dans  les  Provinces  de 
Nicaragua  &:  de  Guatimala  ,  fur  la  Côte  de  Caraque.  Il 
y  en  a  des  forêts  entières  far  les  hauteurs  d'Yapock, 
dans  la  Guiane. 

Le  cacaoyer  ou  cacaotier  cultivé,  Arhor  cacav'i  aut 
coicavLJera  ,  Plukn. ,  Hern.  ;  Tkeobroma  cacao  ,  Linn, 
C'eil  un  arbre  de  grandeur  ôc  de  groffeur  médiocres  , 
qui  varie  un  peu  fuivant  la  nature  des  fols  ;  ceux  de 
la  Côte  de  Caraque  prennent  plus  de  croifîance  que 
dans  toutes  les  liles  Françoifes.  L'écorce  de  fon  tronc 
efl  de  couleur  de  cannelle ,  plus  ou  moins  foncée  , 
fuivant  l'âge  de  l'arbre  ;  fon  bois  eft  poreux  &  fort 
léger  ;  fes  rameaux  font  garnis  de  feuilles  alternes , 
lancéolées,  acuminées,  très-entières,  glabres,  liiTes, 
pendantes  ,  nerveufes  &  veineufes  en  deiTous  ,  longues 
de  huit  à  dix  pouces ,  &:  larges  d'environ  trois 
pouces  &:  demi  ;  elles  font  foutenues  par  des  pétioles 
larges  d'un  pouce  :  aux  feuilles  qui  tombent,  il  en 
fuccede  d'autres,  en  forte  que  cet  arbre  n'en  paroît 
jamais  dépouillé  :  il  e/l  auffi  garni  en  tout  temps ,  fur 
le  tronc  &  fur  les  branches  ,  d'une  multitude  de  fleurs 
en  faifceaux ,  extrêmement  petites  &  fans  odeur  ; 
mais  il  en  efl  plus  chargé  vers  les  deux  folflices  qu'en 
toute  autre  faifon.  Une  grande  quantité  de  ces  fleurs 
coulent ,  &  à  peine  fur  mille  y  en  a-t-il  dix  qui  nouent  ; 
en  forte  que  la  terre  qui  eft  au-defîbus  paroît  toute 
couverte  de  ces  fleurs  avortées  ;  plus  la  fleur  eil  petite  , 
par  rapport  à  l'arbre  6i  au  fruit ,  plus  elle  paroît  fm- 
guliere  ôc  digne  d'attention,  Ces  fleurs  font  complètes  i 


C    A    C  523 

le  calice  efl  de  cinq  foli'oles  lancéolées ,  pointues  , 
pales  en  dehors  ,  roiigeâtres  en  dedans ,  ouvertes  &c 
caduques;  la  corolle  eft  formée  de  cinq  pétales  faits 
en  cuilleron  &  dentelés  ,  jaunâtres  ,  ou  de  couleur 
de  chair  fort  pâle ,  tachetés  de  pourpre  vers  leur  bafe  : 
au  centre  eu  wnmclanum  formé  de  cinq  lames,  auquel 
font  attachées  cinq  étamines  ,  dont  chacune  porte  cinq 
fommets.  Les  fruits,  parvenus  à  leur  perfe£lion  ,  font  de 
la  groffeur  &:  ont  la  figure  d'un  concombre  ,  qui  feroit 
roulTâtre ,  pointu  à  fon  fommet ,  &  dont  la  furface 
feroit  relevée  comme  nos  melons  par  une  dixaine  de 
côtes  peu  faillantes.  Ces  fruits  font  fufpendus  le  long 
de  la  tige  &:  des  mères  branches ,  &;  non  point  aux 
petites  branches  comme  nos  fruits  d'Europe.  Cette 
difpofition  des  fruits  n'eft  point  particulière  à  cet  arbre  ; 
elle  lui  ell:  commune  avec  le  bUimbï ,  les  cakbaffiers , 
les  ahrïcGtkrs  de  Saint-Domingue  ,  les  papayers  ,  & 
plufieurs  autres  arbres  de  l'Amérique. 

On  voit  prefque  toute  l'année  fur  le  cacaoyer  des 
fruits  de  tout  âge  ,  qui  mùrilTent  fucceiîivement  ;  la 
capfule  de  ce  fruit  ell  coriace  &  a  environ  deux  à 
quatre  lignes  d'épaiffeur  ;  elle  efl  divifée  intérieurement 
en  cinq  loges  membraneufes  ,  non  perfidantes  ,  &  rem- 
plie d'environ  vingt,  trente  &  trente -cinq  femences 
ovoïdes  ,  attachées  à  un  placenta  commun ,  &  nichées 
dans  une  pulpe  blanche ,  mucilagineufe  &  d'une  aci- 
dité agréable  ,  lorfque  le  fruit  efl  mûr  :  un  morceau 
de  cette  pulpe  ^  mis  dans  la  bouche ,  étanche  la  foif , 
&  rafraîchit  agréablement ,  pourvu  que  l'on  ne  com- 
prime point  avec  les  dents  la  peau  du  cacao ,  qui  eil 
très-amere. 

Les  femences  ou  amandes  de  cacao ,  Cacao  ,  Cîuf. 
Exot.  55  ;  Amygdalls  fîmïlïs  Giiatîrnaknfis  ,C.  B.  Pin. 
442 ,  Inil.  R.  H.  App.  660  ,  font  affez  femblables  aux 
amandes  vulgaires ,  mais  plus  grandes  &:  plus  grolTes  , 
arrondies  ^  couvertes  d\ine  pellicule  feche  &:  dure  ;  la 
fubiîance  de  l'amande  eft  un  peu  violette  ,  roufsâtre , 


514  C    A    C 

d'un  goût  amer  &  légèrement  acerbe  ,  quî  cependant 
n'ell  pas  cléfagréable.  On  en  diilingue  dans  le  commerce 
de  deux  fortes  principales  ;  la  première  5  qui  eft  la  plus 
grofTe  ,  eft  appelée  gros  canzque  ;  6c  l'autre  ,  cacao  des 
Ijlcs  ou  de  Cayenne.  Il  ell  à  remarquer  que  le  germe  du 
cacao  eft  placé  au  gros  bout  de  l'amande ,  au  lieu  que 
dans  nos  amandes  Européennes  il  efl  à  l'autre  bout. 

On  dit  que  plufieurs  Nations  de  l'Amérique  faifoient 
iifage  de  ces  amandes  comme  de  monnoie  ;  c'eil  pour- 
quoi quelques-ims  ont  appelé  ces  Rmandes  pécuniaires. 
Aujourd'hui  elles  font  la  bafe  du  chocolat, 

M.  Aiiblet  fait  mention  du  cacaoyer  fauvage  ,  dont 
la  capfule  du  fruit  n'a  point  de  côtes  ,  &  eu  cacaoyer 
dont  la  capfule  efl:  relevée  à  l'extérieur  par  cinq  côtes» 
On  trouve  ces  deux  arbres  dans  la  Guiane  ;  le  premier 
croît  dans  les  forêts  ;  6c  le  fécond ,  dans  les  endroits 


marécageux. 


Plantation  du  Cacao, 


Le  cacao  fait  un  objet  aiTez  conlidérabîe  de  com- 
merce dans  le  nouveau  Continent  ;  aufTi  apporte-t-  on 
beaucoup  de  foin  à  la  culture  des  cacaoyers.  A  la  Côte 
de  Caraque  on  difpofe  ces  arbres  à  la  didance  de 
douze  à  quinze  pieds  ,  afin  qu'ils  profitent  mieux  ; 
on  a  grande  attention  fur-tout  de  les^mettre  à  l'abri 
des  vents  &  ouragans  ,  qui  renverfent  &:  quelquefois 
déracinent  ces  arbres  ,  qui  font  à  pivot  &  n'ont  que 
quelques  racines  fuperfîcielles  ;  ils  fe  plaifent  dans  les 
lieux  plats  &  humides ,  au  milieu  des  bois  que  l'on 
a  brûlés  pour  défricher  un  emplacement.  Comme  on 
ne  fait  venir  ces  arbres  que  de  femences  ,  on  a  foin 
de  ménager  de  l'om-bre  au  jeune  plant  ;  pour  cet  effet 
on  plante  du  manihot  (arbufte  avec  la  racine  duquel 
on  fait  la  cajfave  &  la  farine  qui  fert  de  pain  à  tous 
lesHabitans  naturels  de  l'Amérique.  /^oj^^Manikot); 
&:  c'eft  à  l'ombre  de  ces  arbuiles  qu'on  plante  les 
-amandes  de  cacaoi  Lorfqu'au  bout  dç  neuf  mois  la 


C     A     C  yîç 

pkntule  a  commencé  à  s'élever ,  on  arrache  le  ma-^ 
nihot  6c  on  replante ,  entre  les  rangées  d'arbres  ,  des 
giraumonts ,  des  citrouilles  ,  des  concombres ,  des  choux 
caraïbes^  qui  par  leurs  larges  feuilles  empêchent  les 
herbes  étrangères  de  croître.  Au  bout  d\m  an  les 
cacaoyers  ont  environ  quatre  pieds  de  haut  ;  leur  ma- 
nière de  croître  ell  de  former  une  tête  en  couronne  ; 
fi  l'on  abandonne  l'arbre  à  lui-même  ,  il  fe  forme 
plufieurs  ordres  de  couronnes,  les  unes  au-deiîtis  des 
autres  ;  mais  elles  ne  font  que  nuire  à  la  première  , 
qui  efl  la  principale  ;  auffi  a-î-on  foin ,  en  cueillant 
le  fruit,  d'ébourgeonner  les  couronnes  fuperflues. 
Nous  ne  faifons  à  ces  arbres  aucune  forte  de'  taille  r 
les  Efpagnols  ,  dit-on ,  ont  des  arbres  plus  vigoureux 
&  qui  donnent  de  plus  beaux  fruits  que  les  nôtres  , 
pai-  le  foin  qu'ils  px-ennent  de  retrancher  tout  le  bois 
mort.  La  nature  eft  fi  riche  dans  ce  pays ,  que  per- 
fonne  n'a  encore  tenté  de  faire  fur  k  cacao  ufage  de 
la  greffe  ,  ce  moyen  fi  merveilleux  d'améliorer  les 
fmits  :  il  y  a  cependant  lieu  de  penfer  que  les  cacaos 
en  feroient  encore  meilleurs.  Les  cacaoyers  ne  font 
dans  leur  plein  rapport  qu'à  la  quatrième  ou  cinauieine 
année.  Un  bon  terrain  pour  le  plant  d'une  cacaotiers 
doit  avoir  au  moins  fix  pieds  de  profondeur. 

Récolte  du    Cacao  ^    &   manière  de  le  préparer  pour 
pouvoir  être  confervé  &  tra?iJponé  en  Europe, 

Lorfqu'on  juge  que  le  cacao  eft  mûr ,  on  envoie  à 
la  récolte  les  Nègres  les  plus  adroits ,  qui  ,  avec  de 
petites  gaules,  font,  tomber  les  cahojfes  ou  coffes 
mûres  ,  prenant  bien  garde  de  toucher  à  celles  qui 
ne  le  font  point ,  non  plus  qu'aux  fleurs.  Dans  les 
mois  d'un  grand  rapport  (Juin),  on  cueille  tous  les 
quinze  jours  :  dans  les  faifons  moins  abondantes ,  on 
cueille  de  mois  en  mois  ;  on  met  tous  ces  fruits  en  tas 
pendant  quatre  jours  ;  fi  les  graines  refcoient  plus  long- 
temps dans  leurs  capfules  ,  elles  germeroient;  auiïl 


^iS  C    A    C 

iorfqii  on  a  voulu  envoyer  des  graines  de  la  Martinî-*' 
que  aux  liles  voifines  pour  femer ,  a-t-on  eu  un  foin 
extrême  de  ne  commencer  à  cueillir  que  lorfqiie  le 
bâtiment  de  tranfport  alloit  mettre  à  la  voile  ,  &  de 
les  employer  d'abord  en  arrivant  :  dès  le  cinquième 
jour  au  matin  on  retire  les  amandes  de  dedans  les 
cofîes  ;  on  les  met  en  tas  fur  un  plancher  couvert  de 
grandes  feuilles  de  balifier;  on  les  recouvre  de  fem- 
blables  feuilles  qu'on  affermit  avec  des  planches ,  pqur 
faire  éprouver  au  cacao  une  légère  fermentation ,  ce 
qu'on  nomme  fur  les  lieux  le  faire  refTuer.  Les  Nègres 
vont  remuer  ces  tas  de  cacao  foir  &  matin  ;  cette 
opération  dure  cinq  jours  :  on  reconnoît ,  à  fa  cou- 
leur rouffe  5  qu'il  a  affez  rej/ué  ;  plus  le  cacao  reffue  , 
plus  il  perd  de  fa  pefanteur  &  de  fon  amertume; 
mais  s'il  ne  reffue  pas  affez ,  il  eff  plus  amer ,  fent  le 
vert  &  germe  quelquefois. 

Lorfque  le  cacao  a  reffué  ,  on  le  fait  fécher  au 
foleil  fur  des  nattes  faites  de  brins  de  rofeaux  re- 
fendus ,  6c  affen:blés  avec  des  liens  d'écorcé  de 
malwt.  Voyez  Makot.  Ce  font  ces  graines  de  cacao 
ainh  préparées  ,  qui  font  apportées  en  Europe ,  & 
vendues  par  les  Epiciers  qui  les  diffinguent  ,  com.me 
nous  l'avons  dit  ci-deffus ,  en  gros  &  en  petit  caraque , 
ou  gros  &  petit  cacao  des  Ifies  ;  diftinftion  faite 
moins  d'après  la  différente  préparation  ,  que  d'après  le 
choix  &  la  groffeur  des  amandes  elles  -  mêmes  ;  car 
il  n'exifle  point  réellement  deux  efpeces  différentes 
d'arbres  de  cacao. 

Le  cacao  de  la  Côte  de  Caraque  eft  plus  ondueux 
&  moins  amer  que  celui  de  nos  Ifles  ;  on  le  préfère 
en  Efpagne  &  en  Fiance  à  ce  dernier  ;  mais  en 
Allemagne  &  dans  le  Nord  on  efl  d'un  goût  tout  op- 
pofé.  Il  ne  iauroit  y  avoir  entre  le  caraque  &  le  cacao 
des  Illes,  des  différences  intrinfeques  bien  effentielles , 
puifqiie  c'efi:  le  même  arbre  qui  croît  auffi  naturel- 
kmeût  dans  les  bois  de  la  Martinique,  que  dans  ceux 


C    A    C  527 

'de  îa  Côte  de  Caraque;  que  le  climat  de  ces  lieux  qR 
preique  le  même ,  &  par  conféquem  la  température 
des  faifons  égale.  La  différence  des  cacaos  n'eu  pas 
confidérable  ,  puifqu'elle  n'oblige  qu'à  augmenter  ou 
diminuer  la  dofe  du  fucre  pour  tempérer  le  plus  ou 
le  moins  d'amertume  de  ce  fruit.  Quant  aux  diffé- 
rences extérieures ,  peut-être  ne  viennent-elles  que  de 
la  nature  du  fol  &  des  foins  de  ceux  qui  les  cultivent  ; 
on  dit  cependant  que  le  cacao-camque  a  été  terré  fur 
les  lieux  pendant  huit  jours  ,  c'efl-à-dire ,  que  pendant 
qu'on  l'a  fait  reinier  on  l'a  couvert  de  quelques  pouces 
d"e  terre  :  quelques-uns  prétendent  même  qu'on  le 
met  dans  une  folfe  en  terre  creufée  exprès;  mais  fi  cela 
étoit ,  ne  germeroit-il  pas  ?  M.  Jublet  dit  que  pour 
conferver  l'amande  du  cacao  ,  lorfque  le  fruit  efl 
dans  fa  parfaite  maturité ,  Ton  raffemble  auprès  d'une 
cuve  la  récolte  qu'on  en  a  faite  ;  on  coupe  par  le 
travers  îa  capfule  en  deux  portions  pour  en  tirer  toute 
la  fubilance  &  les  amandes  qu'elle  contient,  qu'on 
verfe  enfemble  dans  la  cuve.  Cette  fubflance  ,  en  vingt- 
quatre  heures  ,  entre  en  fermentation  ,  enfuite  fe 
liquéfie  &  devient  yineufe  :  on  laiffe  ces  amandes 
dans  cette  liqueur  jufqu'à  ce  que  leur  pellicule  ait 
bruni ,  &  qu'on  reconnoiffe  que  leur  germe  foit  mort; 
car^  la  bonté  du  chocolat  dépend  en  partie  de  la  ma- 
turité du  fruit  &  du  degré  de  fermentation  que  l'amande 
a  éprouvée  par  ce  procédé.  Les  amandes  fe  féparent 
avec  facilité  de  la  fabiîance  qui  les  enveloppoit ,  & 
feclient  bientôt;  la  liqueur  vineufe  eil  un  peu  acide, 
&  bonne  à  boire  :  mile  dans  un  alambic  &  diflillée  \ 
elle  donne  un  efprit  ardent,  inflammable  &  d'ui| 
bon  ooiit, 

o 

Le  cacao  de  Caraque  efl  un  peu  plat ,  &  relffemble 
affez  ,  par  fon  volume  &:  fa  figure ,  à  une  de  nos 
grofîes  fèves;  celui  de  Saint-Domingue,  de  la  Jamaïque, 
deTIile  Cuba,  efl  généralement  plus  gros  que  celui 
des  Antilles.  L'amande  du  cacao  a  l'avantage  de  ne  fe 


:528  C     A    C 

point  rancir  ;  c'eft ,  peut-être  ,  le  fruit  le  plus  oléa- 
gineux que  la  Nature  produife. 

Les  Américains  ,  avant  l'arrivée  des  Espagnols  & 
des  Portugais,  faifoient  une  liqueur  avec  le  cacao  délayé 
dans  de  l'eau  chaude  ,  affaifonné  avec  le  piment , 
coloré  par  le  rocou ,  &  mêlé  avec  une  bouillie  de 
maïs  pour  en  augmenter  le  volume  :  tout  cela  joint 
enfemble  donnoit  à  cette  compolitioa  un  air  fi  brut 
&  un  go  ut  il  fauvage ,  qu'un  Ibldat  Espagnol  difoit 
qu'il  n'auroit  jamais  pu  s'y  accoutumer ,  fi  le  manque 
de  vin  ne  l'avoit  contraint  à  fe  faire  cette  violence  , 
pour  n'être  pas  toujours  obligé  à  boire  de  l'eau  pure. 
Ils  appeloient  cette  liqueur  chocolat^  6c  nous  lui  avons 
confervé  ce  nom.  Les  Efpagnols ,  plus  induflrieux  que 
les  Mexicains  ,  cherchèrent  à  corriger  le  défagrément 
de  cette  liqueur ,  en  ajoutant  à  la  pâte  du  cacao  divers 
aromates  d'Orient ,  6c  plufieurs  drogues  du  pays.  De 
tous  ces  ingrédiens  nous  n'avons  confervé  que  le 
fucre ,  la  vanille  6c  la  cannelle. 

Préparation  &  ufage  du  Chocolat, 

On  dépouille  les  amandes  du  cacao  déjà  mondée 
de  leur  écorce  y  par  le  feu  ;  on  les  pelé  ;  on  les  rôtit 
dans  une  baffine  à  feu  modéré  ;  on  les  pile  dans  un 
mortier  bien  chaud  ;  plus  communément  on  les  écrafe 
avec  un  rouleau  de  fer  fur  une  pierre  peu  épaiffe, 
dont  la  furface  efl:  courbe  6c  creufe ,  6c  que  l'on  place 
fur  un  petit  brafier  ;  c'efl:  ainii  qu'on  en  forme  une 
pâte  qu'on  mêle  avec  prefque  poids  égal  de  fucre ,  & 
que  l'on  met  toute  chaude  dans  des  moules  de  fer- 
blanc  dont  la  forme  efl  arbitraire  ;  quelquefois  on  l'é- 
tend  fur  un  papier ,  où  elle  fe  fige  6c  fe  rend  folide 
en  très-peu  de  tem.ps.  Le  chocolat  ainfi  préparé  s'ap- 
pelle chocolat  de  famé.  Quelques  perfonnes  prétendent 
qu'il  eft  bon  d'y  mêler  une  légère  quantité  de  vanille , 
qui  en  facilite  la  digeilion  par  fa  vertu  ftomachique 
6c  cordiale. 

Lcrfqu'on 


C     A     C  529 

Lorfqu  on  veut  un  chocolat  qui  flatte  les  fens  plus 
agréablement ,  on  y  ajoute  une  poudre  très-fine  ,  faite 
avec  des  gouiTes  de' vanille  &  des  bâtons  de  cannelle, 
piles  &  tamifés  :  on  broie  le  tout  de  nouveau  ,  &  oa 
le  met  ou  en  tablettes  ou  en  moule;  ceux  qui. aiment 
les  odeurs  ,  y  ajoutent  un  peu  d'eifence  d'ambre.  Lorf- 
que  le  chocolat  fe  fait  fans  vanille ,  la  proportion  de 
la  cannelle  eil  de  deux  drachmes  par  livre  de  cacao; 
mais  lorfqu'on  emploie  la  vanille  ,  il  faut  diminuer  au 
moins  la  moitié  de  cette  dofe  de  cannelle  ;  à  l'égard  de 
la  vanille  ;,  on  en  met  une  ou  deux  petites  goulïes  dans 
une  livre  de  cacao.  Quelques,  Fabricans  de  chocolat  y 
ajoutent  du  poivre  3c  du  gingembre;  mais  les  gens 
fages  doivent  être  attentifs  à  n'en  point  ufer  qu'ils 
n'en  fâchent  la  compofuion. 

Dans  nos  îiles  Françoifes  on  fait  des  pains  de  cacao 
pur  oC  fans  addition  ;  &  lorfqu'on  veut  prendre  du 
chocolat ,  on  réduit  ces  tablettes  en  poudre ,  Si  on  y 
ajoute  plus  ou  moins  de  cannelle ,  de  fucre  en  poudre 
6c  de  iieuT  d'orange.  Le  chocolat  ainfi  préparé  efl 
brun  5  d'un  parfum  exquis  &  a'une  grande  délicateile  ; 
quoique  la  vanille  foit  très-commune  aux  îiles ,  on  n'y 
en  fait  point  du  tout  d'ufage  dans  cette  conteaion. 

L'ufage  du  chocolat  ne  mérite  ni  tout  le  bien  ,  ni 
tout  le  mal  qu'on  en  a  dit;  il  devi. nt  prefciie  indif- 
férent par  l'habitude  :  on  ne  voit  point  qu'il  faiTe  ni 
grand  bien  ,  ni  grand  mal  aux  Efpagnols ,  qui  s'en  font 
fait  une  telle  nécelTité  ,  que  manquer  de  chocolat  chez 
eux,  c'eft  être  réduit  au  même  point  de  miftre  que 
de  manquer  de  pain  chez  nous.  Le  chocolat  de  fojitl 
fait  fans  aromates  ,  a  la  propriété  d'exciter  l'appétit 
<k  ceux  qui  ne  font  point  habitués  à  en  prendre  ;  il 
foutient  très-bien  ceux  qui  ont  l'habitude  d'en  prendre 
journellement  le  ma  .m.  Moins  le  cacao  efl  rôti ,  plus  il 
nourrît  &  épaiffit  les  humeurs  ;  au  contraire  ,  plus  on 
le  brûle  ,  plus  il  excite  l'eifervefcence  des  hiyneurs 
à\\  corps ,  parce  que  fou  huile  devie;it  plus  atténuée 
Tmt  //,  L  1 


530  C    A    C 

par  le  feu.  Le  chocolat  fait  avec  du  cacao  peu  rôti  & 
très-peu  d'aromates ,  efl  très-ihlutaire  à  ceux  qui  font 
attaques  de  phthifie  &  de  confcmption. 

On  fait  avec  les  amandes  de  cacao  ,  préparées  à 


de  beurre  ,  qu'on  nomme  beurre  de  cacao  ,  &  dont 
en  fe  fert  dans  le  bcfoin  à  Cayenne  pour  la  cuifme  ; 
cette  huile  qui  t£i  propre  pour  les  rhumes  de  poitrine , 
même  contre  les  poilbns  corrofifs ,  réunit  à  la  vertu 
anodine  des  autres  huiles  l'avantage  de  ne  point  con- 
trader  d'odeur  &  de  fécher  promptement.  Les  Dames 
Efpagnoles  en  font  ufiige  comme  d'un  bon  cofmétique  y 
qui  rend  la  peau  douce  ol  polie  fans  qu'il  y  pareille 
rien  de  gras  ni  de  luifant.  Comme  cette  huile  acquiert 
chez  nous  plus  de  folidlté  Cju'en  Amérique  ,  il  faut 
nécefîairemient  que  nous  la  mêlions  avec  l'huile  de 
ben.  Si  l'on  rappeloit  jam.ais  cet  ancien  ufage  de 
l'antiquité,  fi  utile  far-tcuî  pour  les  perfonnes  âgées, 
de  fe  frotter  d'huile  pour  donner  de  la  fcupleile  aux 
mufcles  ^  les  garantir  des  rhumatifmes  ,  l'huile  de 
cacao  devroit  obtenir  la  préférence  :  elle  fe  fécheroit 
prompîem.ent  ,  ^:  ne  donneroit  point  de  mauvaife 
odeur  :  inconvéniens  auxquels  il  faut  vraifemblable- 
m.ent  attribuer  TanéantilTement  d'un  ufage  fi  autorlfé 
par  l'expérience  de  toute  l'antiquité. 

CACAOTETL.  Nom  qu'on  donne  daiis  les  Indes 
à  une  pierre  que  Bordli  appelle  en  latin  Lapis  corv'mus 
Indiœ/On  prétend  que  fi  l'on  vient  k  faire  chauffer 
cette  pierre  dans  le  feu ,  elle  fait  une  explofion ,  un 
bruit  très-confidérable  &  femblable  à  un  coup  de 
tonneiTe. 

CACASTOL  ,  il  faut  prononcer  Caxcaxtototl.  Non^ 
Mexicain  donné  à  un  oifcau  indiqué  par  Fernande^^ 
M.  Brijjon  le  regarde  comme  lui  cotinga  ,  &  M.  d^ 
^onthillard  comme    un  Itourmau  ;  il    eft  varié  fus 


C    A    C  53Ï 

tout  le  corps  de  bleu  &:  de  noirâtre  ;  fa  tête  eu.  petite , 
le  bec  alongé ,  les  yeux  noirs  ,  liris  jaune  ;  ion  chanc 
eft  défagréabie  ;  fa  chair  eil  d'un  mauvais  goût* 

Cacatin  des  Garipous.  Foye^  Poivrier  des 
Nègres. 

CACATOTOL  ou  c  atatol.  Les  Mexicains  donnent 
le  premier  de  ces  noms  à  un  petit  oifeau  de  la  grandeur 
du  tarin;  c'eft  le  tarin  noir  du  Mexique^  de  M.  Briffon: 
le  deffous  du  corps  efl  bîanc  ,  le  deiius  eft  varié  de 
noirâtre  &  de  fauve ,  ainii  que  les  ailes  &  la  queue. 

CACATOU  ou  CACATUA.  Voye^  Kakatou. 

CACHALOT.  Pour  la  defcription  de  ce  cétacée  & 
de  fes  produits,  Foyc^^  à  la  fuiu  du  mot  Baleine. 

CACHICAME  ou  Cachicamo.  Chez  les  Indiens 
de  l'Orénoque ,  c'eit  le  tatou  à  neuf  bandes.  Foye^  à. 
Vartïck  Armadille. 

CACHIMENTIER.  Foyci  à  T article  COROSSOLIERj 

CACHOLONG.  C'eft  une  efpece  d'agathe  blanche» 
de  couleur  d'opale  ,  à  peine  demi-tranlparente ,  très- 
dure  &  très-compaâ:e  ,  fufceptible  dam  afTez  beau 
poli  ;  on  la  trouve  ifolée  ,  comme  la  plupart  des 
autres  cailloux ,  dans  le  pays  des  Calmouques  ,  fur 
les  bords  de  la  rivière  Caché  ;  &c  comme  les  habitans 
du  pays  donnent  le  nom  de  cholong  à  toutes  les  pierres  > 
on  en  a  fait  celui  de  cacholong.  M.  le  Préfident  Ogier^ 
ci-devant  AmbafTadeur  de  France  auprès  du  Pvoi  de 
Danemarck  ,  a  rapporté  plufieurs  beaux  morceaux  de 
cacholong  qui  avoient  été  trouvés  en  Iflande  &  aux 
liles  de  Feroë. 

CACHONDÉ.  C'eft  une  pâte  fort  agréable  au  goût, 
te  qui  donne  une  bonne  haleine.  Elle  efl  compofée  de 
cachou  ,  de  graines  de  bangue,  de  calamus,  &  d'une 
terre  argileufe^  farinacée,  appelée  mafquïqui\  quelque- 
fois on  y  mêle  de  la  poudre  de  pierres  précieufes,  de 
l'ambre  &  du  mufc.  Zacutus  fait  un  fi  grand  éloc^e  de 
cette  compofition,  qu'il  lui  attribue  les  avantages  de 
prolonger  la  vie  &  d'éloigaçr  la  mort;  enfin  c'efl,  feloa 

Ll   2 


^x  C    A    C  ^ 

lui ,  un  femerle  vraiment  royal.  Les  Maîabares  ,  îcs 
Cliinois  &  fur-tout  les  Japonois  ^  en  mâchent  toujours 
&  en  ofFient  à  ceux  qui  leur  rendent  vifite  ,  de  même 
que  les  Indiens  &  les  Maures  font  à  réc';ard  du  cachcii  &c 
du  hétel.  Voyez  ces  mots  &  celui  du  TerRE  DE  MasquîQU J. 
CACHORRO  DOMATO.  Nom  donné  en  Portugal 
zwfarlgui^  efpece  de  dïddphc^  Voyez  a  rartïck  DiDEL- 

PKE. 

CACHOU  5  Catecliu^  &  improprement  terra  Japonica; 
terre  du  Japon ,  feul  nom  fous  lequel  il  a  été  long-temps 
connu  dans  le  commerce  ,  parce  que  les  Marchands 
trompés  par  la  fécherefTe  &  la  friabilité  de  cette  lubf- 
tance ,  Pont  pris  pour  une  terre. 

Le  cachciL  cil  un  fuc  gommo-réfineux ,  fait  &:  durci 
par  art  en  morceaux  gros  comme  un  œwï  de  poule ,  de 
différentes  couleurs  &  figures;  opaque,  ccmmuncment 
d'un  roux-noirâtre  extérieurement,  Cfuelquefois  marl^ré 
de  gris  intérieurement  ;  il  efl:  fans  odeur,  mais  d'un  goût 
aflnngent ,  un  peu  amer  d'abord ,  enfuite  plus  deux  & 
d'une  faveur  agréable  d'iris  ou  de  violette.  Le  plus  pur  fe 
fond  en  entier  dans  la  bouche  &  dans  l'eau  ;  il  s'eniîamme , 
6*:  brûle  dans  le  feu.  Les  Nations  qui  le  vendent  y  mêlent 
quelquefois  du  fable  ou  d'autres  matières  étrangères 
pour  en  augmenter  le  poids.  On  apporte  le  cachou 
des  Moluques ,  du  Mr.labar ,  de  Surate ,  du  Pégu ,  6^ 
des  autres  Côtes  des  Indes. 

Les  fentimens  avoient  été  long  -  temps  partagés  fur 
la  nature  du  cachou.  M.  de  Jiijjieu  a  donné  un  Mémoire 
"bien  circonftancié,  imprimé  parmi  ceux  de  l'Académie 
pour  l'année  1710  ,  dans  lequel  il  démontre  que  le 
cachou  n'eft  autre  chofe  qu'un  extrait  d'arec  rendu  folide 
par  évaporation.  On  donne  proprement  le  nom  à^arcc 
ou  areca  à  la  femence  ou  noix  qui  fe  trouve  dans  le 
fruit  d'une  efpece  de  palmier ,  qui  croît  fur  les  Côtes  ma- 
ritimes des  ïndes  Orientales.  F  aima  cujus  frucius  fcJjîUs , 
Faufel  tiit-vr^r,  Bauh.  Pin.  510;  Areca  prJmcz  foUïs  ; 
drcca catQcku ^Uxïxxx  Su  racine  çfi  noirâtre 5  oblongue  êc 


C     A    C  535 

fîbreuîe.  Son  tronc  eft  haut  de  trente  à  quarante  pieds, 
gros  d'un  empan  près  de  la  racine ,  droit ,  nu  ,  marqué 
dans  toute  fa  longueur  par  des  anneaux  circulaires  qui 
font  les  cicatrices  qu'ont  laiïTies  les  anciennes  feuilles 
après  leur  chute;  Ion  bois  eil  plus  fibreux  que  celui 
du  cocotier,  fpongieux  dans  fa  jcunefle,  enfuite  tenace, 
,dur  &  compare  ^  &  auiîi  facile  à  fendre  dans  ia  longueur, 
que  difhcile  à  couper  en  travers.  Son  écorce  efl:  verdâ- 
tre.  Les  branches  feuillées  fortent  du  tronc  en  fautoir 
deux  à  deux  ;  elles  enveloppent  par  leur  bafe  le  fommet 
du  tronc ,  comme  par  une  gaine  cylindrique  èl  coriace  ; 
elles  forment  par  ce  moyen  une  tête  oblongi^e  au  fom- 
met :  cette  couronne  eflplus  groffe  que  le  tronc  de  l'arbre 
même.  Le  pétiole  de  ces  branches  fe  fend  &  fe  rompt, 
&  elles  tombent  fuccefiivement  Tune  après  l'autre.  Leur 
côte  eft  creufe.  Au  haut  du  tronc  il  fort  de  chaque  aiiTelk 
de  feuille  ime  capfule  en  forme  de  gaine ,  qui  renfeima 
les  tiges  cîiargées  de  fleurs  &  de  fruits,  concaves,  par 
oii  elles  fe  rompent  &  s'ouvrent.  Ce  fruit  a  la  groifeur 
&  la  forme  d'un  œuf  de  poule  ;  fon  écorce  elr  très- 
mince  ,  liiTe  y  d'abord  d'un  vert-blanchâtre ,  jaune  enfuite , 
&  recouvre  une  chair  fucculente ,  blanche  6c  fibreafe, 
que  les  Indiens  mangent  &  nomment  pi nûngiie,  Lorfcyue 
ces  fruits  font  defTéchés,  leur  écorce  efl  grlfâtre  ou  roiif- 
iikre,  &  leur  fubflance  efl  mie  efpece  de  bourre  fila- 
menteufe ,  molle ,  rouffâtre ,  fans  flic.  Au  centre  de  cette 
bourre  efl  une  capfule  qui  contient  une  amande  ou  noix 
affez  fernblable  à  celle  de  la  mufcade.  Ce  noyau,  quand 
le  fruit  efl  (ec ,  fe  fépare  aifém.enî  de  la  pulpe  fibruiife  ; 
il  efl  dur,  difficile  à  coiiper,  de  couleur  rouge,  pana- 
ché de  veines  roufBitres  &  griiatres-  Les  Ind-ens  don- 
nent le  nom  de  kofol  ou  ckctoo/  k  celle  aman-^e  féchée. 
Son  goist  un  peu  aromatique  &  aflringent,  oui  la  r<nd 
propre  pour  l'eilomac  ,  efl  caufe  que  les  Indiens  s'en 
préfentent  dans  les  vifites  qu'ils  fe  rendent.  (ConfuJtez 
Ilclbighis  &  Cleyer,  )  Ils  les  coupent  en  morceaux, 
&  les  préfentent  fur  des  feuilles  de  bétel ,  dans  le: quelles 

Li   ? 


534  C    A    C 

ils  les  enveloppent  après  avoir  recouvert  la  feuîHe 
cl\ine  légère  couche  de  chaux  ,  pour  conferver  plus 
long-temps  dans  la  bouche  cette  laveur  agréable.  Quel- 
queîbis  ces  peuples  y  mêlent  du  lycion  Indien  ou  kaath^ 
èz  ils  mâchent  continuellement  ce  mélange  ;  qu'il  foit 
diu*  ou  qu'il  foit  mou ,  il  n'importe  ;  ils  avalent  leur 
faiive  teinte  par  ces  ingrédiens,  &  rejettent  le  refte  : 
leur  bouche  paroit  alors  toute  en  fang  &  fait  peur  à 
voir  ;  mais  c<dtXQ  efpece  d'agrément  &  de  régal  eft  chez 
eux  un  air  de  bienféance;  &  comme  l'effet  de  cette 
drogue  rend  à  la  longue  les  dents  d'une  couleur  obfcure, 
les  Indiens  de  dillinclion,  pour  éviter  l'air  de  mal-pro- 
preté ,  fe  noircifîent  tout-à-fait  les  dents.  On  dit  que 
Il  l'on  mange  Varec  encore  vert,  il  caufe  une  eftece 
d'ivrelTe  femblable  à  celle  du  vin,  mais  qu'on  diffipe 
bientôt  en  prenant  un  peu  de  fel  &  d'eau  fraîche. 

Dans  rinde,  on  fait  le  cachou  en  coupant  les  femences 
xl'aréca  encore  vertes  par  tranches ,  ôc  les  faifant  infufer 
pendant  long- temps  dans  une  eau  chargée  (  dii  Herbert 
de  Jager  )  de  chaux  de  coquilles  calcinées ,  qui  en  difTout 
ia  partie  gommo-réfmeufe ,  &  que  l'on  fait  évaporer 
enfuite  en  confiilance  d'extrait.  Les  Grands  du  pays  & 
2es  riches  ne  fe  contentent  pas  d'un  tel  cachou  :  pour 
le  rendre  plus  agréable  &  plus  flatteur  au  goût,  ils  y 
rnêlenr  dix  cardamome,  du  bois  daloès,  du  mufc,  de 
l'ambre  tl  quelques  autres  aromates.  Telle  eu  la  com- 
pofition  de  ces  pallilles  rondes  ou  plates ,  &  de  la 
grofleur  d'une  noix  vomi  que  ,  que  les  HoUandois 
apportent  de  l'Inde  en  Europe ,  fous  le  nom  de  Sirl^ 
gacagamber.  Telles  font  aufîi  des  paflilles  noires  qui  ont 
différentes  figures  ,  tantôt  rondes  comme  des  pilules , 
tantôt  comme  des  graines ,  des  fleurs  ,  des  fruits ,  des 
mouches ,  des  infedes ,  &c.  que  les  Portugais  font 
dans  la  ville  de  Goa ,  &  que  les  François  méprifent  à 
caufe  de  leur  violente  odeur  aromatique.  En  Europe , 
&  fur-tout  en  France  ,  on  mêle  le  cachou  avec  du 
fucre  y  de  l'arubre ,  ôc  quelquefois  un  peu  de  cannelle  : 


C    A    C  .       .  53$ 

f)n  fait  une  pâte  de  ce  tout  avec  une  dîffolution  de 
|;omme  adragante,  &  l'on  en  forme  des  paililles.  Ce 
<ichou  donne  à  l'haleine  une  odeur  agréable  ;  &  par 
ion  afcriftion ,  il  eft  falutaire  dans  les  fluxions  de  la 
gorge  :  il  arrête  les  vomiiTemens ,  les  diarrliées ,  &: 
convient  dans  les  dysenteries  :  il  joint  à  l'aflriôion 
de  rhypocifte  &  de  l'acacia ,  la  douceur  de  la  régliiTe 
tz  du  fang  -  dragon  ,  6l  réunit  les  vertus  de  ces 
<iifrérens  fucs  ;  il  convient  le  matin  à  jeun ,  &  après 
le  repas ,  pour  faciliter  la  digellion.  Un  gros  de  cette 
fubilance  jeté  dans  une  pinte  d'eau,  lui  donne  une 
couleur  rougeâtre ,  une  faveur  douce ,  un  peu  aflrin- 
gente  ,  &  en  forme  une  boilTon  agréable  pour  ceux 
qui  ont  de  la  répugnance  pour  les  tifanes  ,  &:  propre 
dans  les  dévoiemens ,  les  fièvres  bilieufes  &  ardentes  ; 
en  un  mot ,  le  cachou  ell  au  rang  des  bonnes  drogues 
qui  ont  le  moins  d'inconvéniens ,  quelque  dofe  qu'on 
en  prenne. 

Maintenant  il  convient  de  rapporter  une  obfervation 
de  M.  Birnard  dz  Jiijjîm ,  laquelle  fe  trouve  confignée 
dans  la  Fharmacopk  de  Lillz  ,  édit.  de  1771.  «  C'eiî 
»  fur  le  témoignage  de  M.  Albert^  Chirurgien  Major 
»  de  Pondichery  ,  que  l'on  avoit  avancé  que  le  cachou 
»  étoit  tiré  du  fruit  du  palmier  arequc  ;  mais  àzs 
»  notions  plus  exadles  ,  fournies  par  M.  Dupk'ix  ^ 
»  certifient  que  cette  fubllance  efl  une  fécule  que  l'on 
»  retire  du  fruit  d'un  arbre  Indien  ,  nomm.é  cat-chê ; 
»  &C  l'on  croit  que  cet  arbre  eft  un  acacic  y  Acacia;. 
»  m'imofa  cauchu y  Linn.  » 

CACONE.  Voyez  Liane,  à  cacoiic^  à  l'article  LiANE». 

CACTIER  ,  Caclus,  Nom  donné  à  un  genre  de 
plante  à  fleurs  polypétalées  ,  &  qui  comprend  ua 
grand  nombre  d'efpeces  qui  font  naturelles  à  l'Amé- 
rique ,  & ,  prefque  toutes ,  6qs  plantes  épaifles ,  char- 
nues, fucculentes,  munies  d'aiguillons  en  faifceaux,  la 
plupart  dépourvues  de  feuilles ,  &  tout-à-fait  fiiigulieres 
par  leur  afped  i  le  calice  de  la  fleur  couronne  l'ovaire  j 

Ll   4 


53^  C    A    C 

les  pétales  font  nombreux  ,  dirpofés  en  rofe ,  Se  fur 
plufieurs  rangs  ;  les  étamines  nombreiiles  ;  le  fruit  efl 
une  baie  ovoide  ,  ombiiiquée  à  fcn  fommet  ,  à  fuper- 
£cie  liffe  ou  chargée  d'afperitésj  iiniloculaire  ,  &  qui 
contient  beaucoup  de  lemences  diiperfées  dans  une 
pulpe.  On  voit  ces  plantes  cultivées  avec  foin  dans  les 
ferres  des  Amateurs;  elles  y  font  perfiftarues  l'hiver. 

CacTIERS   nains   &  globuleux  ou  méloniforrms. 

Il  y  a  :  Le  caciicr  à  mamelons  ,  Cactus  mammillans  ^ 
Linn.  ;  cette  efpece ,  qui  croit  dans  l'Amérique  Méri- 
dionale, parmi  les  rochers  ^  formée  un  fphéroïde  de  la 
groffeur  du  poing  ,  fans  côtes  rem.arquables  ,  mais 
hériffé  de  toutes  parts  de  mamelons  coniques  ,  nom- 
breux ,  &  cotonneux  ,  notamment  à  leur  fommet ,  qui 
eft  chargé  de  petites  épines  divergentes;  les  fleurs  font 
petites  ,  blanchâtres  ,  &  fortent  entre  les  m.amelons  ; 
les  fruits  font  liiTes  &  d'un  pourpre-bleuâtre.  Le  cacihr 
glomérulé.  Cactus glonicratus^  Linn.;  il  n'eft  pas  plus  gros 
qu'un  œuf  de  poule  ,  mais  il  vient  en  grand  nombre 
enfembie  ,  en  groupe  large  cl  ferré;  les  fleurs  font 
rouges  :  Plumier  a  obfervé  cette  efpece  à  Saint- 
Domingue  5  vers  l'étang  Saconârre ,  quartier  du  Gui- 
de-Sac. Le  caciicr  à  côtes  droites  ,  vulgairement  le 
jnelon  épineux ,  Melocaclus  Indice  Occident  dis  ,  Bauh, 
Pin.  3  84 ,  Tourn.  6  5  3  ;  Eckino  melocaclus ,  Cluf.  Exot.  ; 
cette  efpece  croît  dans  l'Amérique  Méridionale,  aux 
Ifles  fous  le  vent  ;  on  lui  a  donné  le  nom  de  tac 
d'Anglois  :  elle  eft  un  peu  plus  groffe  que  la  tcte  d'un 
homime  ,  feflile  ;  elle  a  quatorze  ou  quinze  côtes 
droites ,  régulières ,  profondes ,  &  reffemble  à  un  melon 
dont  les  côtes  feroient  munies  fur  leur  dos  d'une 
rangée  de  faifceaux  d'épines  droites ,  divergentes ,  lon- 
gues d'un  pouce,  &  rouges  vers  leur  fommet;  à  la 
bafe  de  chaque  faifceau  de  piquans  ,  fe  trouve  comme 
im  écuffon  d'un  duvet  cotonneux  ;  les  fleurs  iont 
rouges  j  ai  forteut  du  fompiet  de  la  plante.  Le  caaicr 


C    A    C  537 

couronné  ,  Cacius  ovatus  ,  piLo  tomentofo  coronatus  , 
vigina  angutaris ,  de  la  Mcirfk  ;  cette  elpece  eil  haute 
d'un  pied  ,  taite  prefque  en  pain  de  (iicre  ;  il  y  a  vingt 
cbt^s  obliques  ;  elle  eil  couroiinéè^"  par  une  toque 
cotonneui'e  ,  blanchâtre ,  de  trois  pouces  &  demi  de 
diamètre ,  épaliFe ,  marquée  d'im  lillon  en  delTus  ;  les 
faifceaux  d'épines  iont  diipcîés  iiir  le  dos  des  côtes 
comme  dans  le  cacllcr  à  côt:s  droites  ;  mais  ces  piquans 
font  moins  longs  ,  &;  la  plupart  im  peu  cou.bes  :  il 
fort  aufîi  de  toutes  parts  de  la  toque ,  des  paquets  de 
fpinules  rouges,  roides  comme  les  crins  d'une  brojTe, 
ians  être  piquantes.  Le  caclxr  rouge  ,  Cactus  nobïlis , 
Linn.  ;  cette  elpece ,  qui  croît  à  Saint-Domingue ,  dans 
des  lieux  pierreux  &  m.aritimes ,  eil  tout-à-tait  rouge 
à  l'extérieur  ;  fes  côtes  font  obliques  ou  en  fpiralt , 
&  garnies  de  faifceaux  de  longues  épines  blanches  ,  ÔC 
un  peu  courbées. 

Cactiers  droits  5    reffemblans    en    qudque  forte  à  des 

cierges. 

Il  y  a  :  Le  cacîier  àf.pt  angUs ;  il  efl  haut  d'un  à  deux 
pieds.  Le  cacîier  à  quatre  angles  ;  il  s'élève  à  la  hau- 
teiu*  de  douze  à  quinze  pieds.  Le  cactier  à  cinq  angles^ 
6l  articulé  ;  les  entre-noeuds  ibnt  longs  d'iui  pied  ; 
il  ell  rameux,  droit,  un  peu  grêle.  Le  ca&ier  à  Jix 
angles  ;  il  en  a  pkis  communément  huit  ;  il  n'ell  point 
rameux  ,  s'élève  à  une  grande  hauteur  ;  fa  fieur  efl 
blanche  &  fon  fruit  d'un  noir-pourpré  :  il  croit  à 
Surinam  &  dans  les  Antilles ,  oii  on  le  nomme  cierge 
épineux  :  il  en  vient  un  grand  nombre  enfemble ,  qui 
forment  en  quelque  forte  une  petite  forêt  d'un  alped 
très-fmgulier ,  &  hénûee  d'épines.  Le  cacîier  du  Pérou , 
roje^  Cierge  épineux  du  Pérou.  Le  caciicr  à  coiqs 
ondées  ,  Cacius  rpandus ,  Linn.  ;  cette  efpece  eil  à  huit 
côtes  aplaties  &  ondées  ;  fon  fruit  efl  jaune  en  dehors, 
avec  des  afpérités  éparfes  ,  d'un  blanc  de  neige  à  l'in- 
térieur 5  6c  contient  beaucoup  de  femences  noires.  Le 


53?  C    A    C 

caciïer  laineux ^  de  Curaçao;  il  efl  prefque  à  neiifanf^îes; 
il  eil  muni  particulièrement,  entre  les  épines  de  fort 
fommet ,  d'un  duvet  laineux ,  jaunâtre ,  &  plus  long 
que  les  épines  mêmes  ;  fon  fruit  eil  rouge  en  dehors ,, 
6c  de  la  groiîëur  d'une  noix.  Le  caclkr  cotonneux  ;  il 
a  conftamment  neuf  angles  ;  ce  n'eil  peut-être  qu'une 
variété  du  précédent.  Le  caciier  à  pétales  frangés ,  Cactus 
jimbrlatus.  Le  Père  Plumier 'à  obfervé  cette  efpece  à  Saint- 
Domingue  ,  dans  les  bois  arides  &  parmi  les  rochers 
maritimes ,  vers  le  quartier  nommé  la  Bande  du  Sud. 
Il  en  naît  un  grand  nombre  enfemble ,  &  chaque  in- 
dividu a  une  tige  qui  acquiert  la  grolTeur  du  genou 
de  rhomme  ,  &  s'élève  à  la  hauteur  de  dix-huit  à 
vingt-quatre  pieds  ;  fes  côtes  ,  garnies  d'épines ,  font 
au  nombre  de  huit,  quelquefois  neuf  &  dix  :  le  fommet 
de  la  tige ,  qui  a  la  forme  d\m  cône  épineux ,  porte 
de  belles  fleurs  couleur  de  rofe  :  ion  fruit  efi:  tendre  , 
prefque  gros  comme  une  orange,  rouge ,  tant  en  dehors 
qu'au  dedans ,  très-épineux ,  d'une  iaveur  acidulé  fort 
agréable.  Le  caciier  à  ony^e  côtes  ondulées ,  de  Saint- 
Domingue  ,  Cacius  erccius  ramofus  undecim  angularis  , 
Burm.  Son  tronc  eft  haut  d'environ  dix  pieds ,  fur  iix  ou 
fept  po\ices  de  diamètre  ;  fon  écorce  eft  grifâtre  ,  &  fon 
corps  ligneux  a  la  dureté  du  chêne  ;  il  eft  ram.eux  au 
fommet  :  fes  fleurs  font  blanches  ;  fes  fruits  font  d'un 
rouge-brun  ,  avec  des  tubercules  verruqueux.  Le 
caciier  à  tige  cylindrique ,  du  Pérou  :  fa  tige  n'a  aucunes 
côtes  ;  elle  eit  réticulée  en  fa  fuperficie  par  des  filions 
qui  ,  en  fe  croifant ,  forment  des  rhombes  ou  des' 
loi  anges.  Le  caciier  à  trois  côtes  ondées  ,  des  environs 
de  Carthagene ,  Cacius pitajay a  ^  Linn.  ;  il  acquiert  quel- 
quefois la  grofFeur  d'un  homme ,  &  s'élève  à  la  hau- 
teur de  huit  à  douze  pieds  :  fa  fleur  efl:  blanchâtre  ,  & 
ne  s'épanouit  que  le  foir  ;  fon  fruit  a  la  figure  &  le 
volume  d'un  œuf  de  poule  ;  il  efl  rougeâtre  en  dehors  ; 
fa  pulpe  efl  blanche  ,  douce  &  bonne  à  manger.  Il  y 
^n  a  une  variété  qui  efl  rameufe,  &  que  Plumier  a 


C    A    C  539 

cbfervée  à  Saint-Domingue ,  vers  le  Port  de  Paix ,  près 
du  chemin  qui  conduit  de  ce  quartier  au  Moufùque, 
Le  ca3:ier  panicuU  ;  cette  efpece ,  qui  croît  à  Saint- 
Domingue  ,  dans  les  lieux  incultes ,  ^Trs  le  quartier 
nommé  Cul-dc-Sac ,  eil  de  la  grandeur  du  précédent  ; 
mais  fa  tige  eft  à  trois  côtes ,  Si  foutient  à  fon  fommet 
des  ramsaux  à  quatre  côtes  ,  articulés  les  uns  fur  les 
autres  ,  &  difpoles  en  un  panicule  ample  &  diffus  ; 
ces  côtes  ou  angles  font  ondidés  ,  preique  crénelés. 
Le  caciler  divcrgznt  ;  il  fe  trouve  à  Saint-Domingue  , 
près  de  Léogane  :  fon  tronc  efl  im  peu  plus  gros  que  la 
jambe  de  l'homme ,  haut  de  trois  ou  quatre  pieds  , 
affez  dur ,  à  cannelures  droites  ô^  nombreufes  ,  &: 
affreufement  hériffé  d'épines  très-a'guës  ;  il  donna 
naifîance  à  des  rameaux  ,  fur  lefquels  il  en  vient 
d'autres  ,  &:  qui  tous  font  fitués  en  divers  fens  :  {ç.s 
fruits  font  d'un  jaune  d'or,  à  tubercules  verruqueux; 
la  pulpe  eft  blanche  &  douceâtre. 

CacTIERS   rampans    on    gi impans  ,    &    dont   les  tigeS 
poujfem  des   racines   latérales. 

Il  y  a  :  Le  caciier  à  grandes  fleurs,  Caclus  grandiflorus^ 
Linn.  668  ;  cette  efpece  croît  à  la  Vera-Crux ,  à  la 
Jamaïque  ,  &  félon  Plumier ,  dans  les  bois  à  Saint- 
Domingue  :  fes  fieurs  ibnt  latérales  ,  ont  fix  à  fept 
pouces  de  diamètre,  blanches,  d'une  odeur  admirable; 
chaque  foir  il  s'épanouit  une  feule  fleur;  elle  dure 
pendant  toute  la  nuit ,  &  fe  ferme  au  lever  du  foleil 
pour  ne  plus  s'épanouir  de  nouveau  ;  i^s  tiges  font 
cylindriques  ,  à  cinq  ou  fix  côtes  peu  iaillantes.  Le 
c^c?/Vr queue  de  iom'vi ou  à  tiges  de  fouet.  Cactus flagd-^ 
liformis ,  Linn.  ;  fes  tiges  ont  quelquefois  dix  angles  ; 
les  fleurs  font  d'un  rouge  vif,  &  quoique  plus  petites 
&  moins  odorantes  ,  elles  font  plus  éclatantes ,  beau- 
coup plus  durables  ,  &  paroiffent  en  grand  nombre 
à  la  fois.  Le  caciier  parafite  ,  Caclus  parafiticus ,  Linn.  ; 
cette  efpece  5  qui  croît  dans  les  bois  à  Saint-Domingue , 


540  ^         C    A    C 

a  les  tigf  s  grêles  ,  cyliiiclnques  ,  .flrices  ,  articulées  ;; 
rameufes  &c  pendantes  du  tronc  des  grands  arbres  ; 
ce  caciicr  perd  fes  épines  en  vieil  liffant.  Le  caciLr  à 
tiges  coinpoiées  d'articulations  triangulaires,  Cacius 
îrian^ulans ,  Linn.;  cette  efpeçe  croît  dans  les  Antilles ,  à 
la  Jamaïque,  dans  laGuiane  &  au  Bréfil;  les  Habitans 
des  Barbades  la  cultivent  autour  de  leurs  maifons  par 
amour  pour-vfon  fruit,  qui  efl  de  la  forme  &  groffeur 
d'un  œuf  d'oie ,  rougeâtre  tant  en  dehors  qu'au  dedans  , 
&:  d'une  faveur  acidulé  fort  agréable  :  ce  fruit  eft  le 
meilleur  de  tous  ceux  que  produifent  les  caciurs  ; 
les  fleurs  de  celui-ci  font  grandes ,  blanches  ;  fes  tiges 
grimpent  fur  les  arbres  ,  auxquels  elles  s'attachent  par 
des  racines  qu'elles  pouifent  latéralement. 

Cactiers  compofcs  a  artïculations  qui  naljfent  ordinal" 
nment  les  unes  fur  les  autres  ,  &  font  ordinairement 
aplaties  ou  comprimées  de  deux  côtés. 

Il  y  a  :  Le  caclier  monillforme ,  Cactus  moniliformis  , 
Linn.  ;  cette  efpece  croît  à  Saint-Domingue  ,  parmi 
des  rochers  voiiins  de  la  mer ,  dans  le  quartier  nommé 
la  Bande  du  Sud  :  de  fa  racine  ,  qui  eft  prefque 
ligneufe ,  rameufe  &  rougeâtre  ,  naît  d'abord  un  globe 
épineux  ,  gros  comme  une  noix  verte  ;  ce  globule 
bientôt  après  donne  naiiïance  à  deux  au.tres  qui  lui 
refîcmblent  ^  èc  ceux-ci  en  produifent  d'autres  fuccef- 
fivement  ;  de  manière  que  toute  la  plante ,  dit  M.  de 
la  Marck ,  forme  un  amas  de  globules  diffus  ,  étalés 
au  large  fur  la  terre ,  &  afrreufement  hérilTé  d'épines  ; 
les  fieurs  font  rouges ,  ainii  que  les  fruits  ,  dont  la 
chair  eft  blanche,  acidulé  ^L  agréable.  Le  caciler  en 
raquette,  Cacius  opuntia  y  Linn.;  Opuntia  vu/gà  herbario- 
rum  ,  Bauh.  Hift.  i ,  pag.  1 54  ,  Tourn.  2.39  ;  vuîf^aire- 
ment  la  raquette ,  le  figuier  d'Inde  ,  la  cardafje.  Ce 
caciLcr  fournit  un  afiez  grand  nombre  de  variétés, 
qui  croiffent  parmi  les  rochers  dans  l'Amxérique 
Méridionale  ,  fur  la  Côte  de  Barbarie ,  en  Italie  ,  en 


C     A     C  54î 

Efpagne ,  &  même  en  SiiiiTe  ;  M.  de  ht   Marck  en  a 
même  oblervé  autour  de  Monaco.  Les  variétés  diffé- 
rent entre  elles  par  la  grandeur  Ôi  la  forme  des  arti- 
culations, par  la  longueur  ^i  la  couleur  des  épines  ou 
piquans.  C'efl  wnt  eipece  d'arbriiTeau  qui  s'élève  juf- 
qu'à  fix  ou  huit  pieds  de  hauteur  ,  &  qui  dans   fa 
vieillefle  eft  porté   fur  un  tronc   court  ,   ligneux  & 
grifâtre  :    il  efl   entièrement   ccmpofé    d'articulcitions 
ovales  5  cblongues  ,  comprimées  ,  longue^,  d'un  pied , 
plus  ou  moins  ,  épaiffes    d'un  pouce  ,    charnues  ,   à 
bords  arrondis ,  vertes  ,  ferm.es ,   qui  naiffent  toutes 
les  unes  fur  les  autres ,  \\n  peu  obliquem.ent ,  formxent 
des  ramincations  &  reilemblent  en  quelque  forte  à  des 
.  raquettes  :  on  peut  regarder  comme  les  véritables  feuilles 
de  la  plante  ,  ces  petites  folioles  lancéolées ,  vertes  , 
qui   viennent   fur   les   articulations    nailiantes  ,     aux 
endroits  ou  les  épines  croiilent  par  la  fuite;  une  haie 
de  ces  caciicrs  figuiers  cTIndz ,  feroit  une  barrière  impé- 
nétrable aux  quadrupèdes  :  les  fleurs  font  jaunâtres  , 
à  dix   pétales   ou  environ  ,    &  leurs  étamines  ,  qui 
font  nombreufes  ,  ont  un  mouvement  particulier  de 
contradion  (  leurs   filets  fe    couchent  tous  circulai- 
rement  îeà  uns  fur  les  autres  )  lorfqu'cn  les   touche 
avant  qu'elles  aient  répandu  leur  pou'^liere  fécondante; 
(un  mouvement  femblable  a  été  obilivé  par  M.  de 
Jiijjuii  dans  les  étamines  de  VUlianthcnn^.  Le  fruit  a 
prefque  la  forme  d'une  %ue;  il    eil    ordinairement 
rougeâtre,  &  rend  l'urine  de  ceux  qui  en  mangent 
rouge  commue  du  fang  ,  quoiqu'il  ne  leur  caufe  aucun 
mal.  Les  parties  charnues  de  cette  plante  font  eilimées 
anodines  &  rafraîchiiîantes.   Le  cacîier  à  cochmilU^  du 
Mexique,  /'Vy^;^  Opuntia.  Le  cacî'ur  de  tî fa  de  Curaccy:>; 
les  articulations  font  prefque  cylindriques  ,  &  naiffent 
auiîi  les  unes  au  bout  des  autres ,  mais  elles  forment 
des  ramifications   trop    foibles  pour  fe  tenir   droites 
fans    appui  ;  les  piquans  font  blancs.   Le  cacller  cruci- 
forme ^   vulgai^-ement  la   croix,  de  Lor^a^ge  ,    Caclus 


j4i  C    A    C 

Jpinndimus ,  Hort.  Reg.  ;  cette  efpece  eft  très-remar- 
quable :  elle  s'cleve  à  la  hauteur  de  trois  à  cinq  pieds 
liir  une  tige  comprimée ,  non  cannelée  ,  ni  anguleuie , 
infiniment  épineuîe  &  un  peu  foible  ;  vers  fon  fommet 
naiiTent  des  articulations  oblongues ,  très-comprimées , 
rétiailées  en  leur  fuperficie ,  hériffées  d'épines  &  dif- 
pofées  prefque  en  manière  de  croix,  c'efl-à-dire,  for- 
mant les  unes  avec  les  autres  des  angles  à  peu  près 
droits  :  chaque  faifceau  d'épines  en  offre  de  deux  fortes  ; 
en  effet,  les  épines  inférieures  font  longues,  jaunâtres, 
très-minces  &;  divergentes  ;  les  fupérieures  font  courtes 
&:  ramaffées  en  paquet  droit  comme  les  poils  d'un 
pinceau.  Le  caciur  à  feuilles  de  fcolopendre ,  Cactus 
phyllanthus ,  Linn.  ;  Nopalxoch-cue:ialticqui{l ,  Hernand. 
Mex.  592;  cette  efpece  ell:  compofée  d'articulations 
afîez  longues  ,  enfiformes  ,  très-aplaties ,  larges  d'en- 
viron deux  pouces  ,  un  peu  fermes  ,  &  bordées  de 
grandes  crénelures;  ces  articulations,  qui  fe  ramifient, 
ont  une  nervure  affez  grofl'e  <k,  cylindrique  qui  les 
traverfe  longîtudinalement  :  les  fleurs  font  blanchâtres  ; 
le  fi'uit  eil  à  huit  côtes  faillantes  &  à  tubercules  écail- 
leux ,  il  efl  d'un  rouge  vif  à  l'exlcrieur  ;  fa  pulpe  eil 
noire  &  blanchâtre. 

Cactiers  garnis  de  vérîtahlcs  feuilles. 

Il  y  a  :  Le  caciler  à  fruits  feuilles ,  Cactus  pereskia , 
Linn.  ;  cette  efpece  ,  qui  croît  dans  les  Antilles  ik  à  la 
Jamaïque ,  eft  un  arbriiTeau  toujours  vert  ,  dont  la 
tige  ell  toujours  hérifTée  infcrieurement  d'épines  lon- 
gues ,  roides  &  en  faifceaux  :  il  pouffe  de  longs  rameaux 
cylindriques ,  plians  ,  farmenteux  ,  pleins  de  moelle , 
à  écorce  verte  ,  &  munis  à  leurs  nœuds  d'aiguillons 
géminés ,  courbés  en  bas  ;  les  feuilles  font  alternes  , 
ovalaires ,  liifes ,  vertes  ,  un  peu  fucculentes  ,  &:  de  la 
grandeur  de  celles  du  pourpier  :  les  fleurs  font  blan- 
ches ,  très-odorantes  ;  les  fruits  font  globuleux ,  feuilles , 
d'un  blanc-jaunâtre,  gros  comme  une  aveline,  &  d'une 


C   A   C  CAD  545 

acîJité  très-agréable.  Le  cacîler  à  feuilles  de  pourpier, 
Cacius  portidacifoUus  ,  Linn.  ;  cette  efpece ,  obiervée 
par  Plumier  dans  des  lieux  incultes ,  nommés  le  fonds 
du  Parijîen  ,  à  Saint-Domingue  ,  eil  un  petit  arbre 
qui  acquiert  l'étendue  de  nos  pommiers  ordinaires  :  ion 
tronc  efl  de  la  groffeur  de  la  cuiffe  ,  &  a  le  bois 
pâle  &  fblide  ;  Fécorce  e(l  noirâtre  ;  les  branches  font 
étalées  ,  garnies  de  faifceaux  d'épines  noirâtres  ;  les 
jeunes  rameaux  font  garnis  de  feuilles  alternes  ,  cunéi- 
formes, de  la  grandeur  &  connflance  de  celles  du 
pourpier  ;  elles  ont  à  leur  bafe  une  épine  folitaire  ôi 
longue  :  les  fleurs  font  piu-purines  &  terminales  ;  les- 
fruits  font  globuleux  ,  gros  comme  une  pomme 
médiocre  ,  verdâtres  ôc  ombiliqués  ;  la  pulpe  efl 
blanchâtre. 

CACTONITE ,  Cacîonius,  Nom  que  les  Anciens 
ont  quelquefois  donné  à  la  farde  jaunâtre  ,  pierre 
demi-précieufe ,  connue  fous  le  nom  vulgaire  de  cor^ 
nalim.  Voyez  ce  mot, 

CACUIEN.  Nom  donné  par  Thevzt  au  Sak'i^  fmge 
de  la  famille  des  Sagouins  ,  ck  le  plus  grand  de  tous. 
Foyei  Saki. 

CADAVRE ,  Cadaver.  C'efl  ainfi  qu'on  appelle  le 
corps  d'un  homme  mort.  Le  cadavre  diffère  de  la 
carcaffe  ^  qui  n'eft ,  à  proprement  parler,  que  lefque^ 
iette  de  l'animal.    Foyzi  Squelette  à  L'article  Os. 

Il  feroit  à  fouhaiter,  pour  rinflrudion  de  l'art  de 
guérir  ,  qu'un  mort ,  avant  de  jouir  de  fes  obfeques  ^ 
fût  ouvert  par  un  Anatomifle  ;  chaque  famille  en 
fatisfaifant  à  fa  curiofité  particulière  ,  produiroit  par-< 
là  un  avantage  réel  à  la  fociété.  La  confervation  des 
hommes  &  le  progrès  de  l'art  de  les  guérir ,  ainli 
qu'il  eft  dit  dans  V Encyclopédie  ,  font  des  objets  li 
importans  ,  que  dans  une  fociété  auffi  pohcée  que  la 
nôtre  ,  il  devroit  y  avoir  une  loi  qui  défendît  Tinhu- 
mation  d'un  corps  avant  qu'il  fût  réellement  mort ,  & 
làsmx.  ioïi  ouverture.  Quelle  foule  de  connoiffances 


544  CAD 

n'acqiierroit-on  pas  par  ce  moyen  ?  Combien  de  phé- 
nomènes çu'on  ne  ibupçonne  pas  &  qu'on  ignorera 
toujours  ,>parce  qu'il  n'y  a  que  la  dilTeition  fréquente 
des  cadavres  qui  puiffe  les  faire  appc-rcevoir  !  Pour 
moi ,  j'imitcrois  volontiers  Salra  François  de  Sales , 
tl  tant  d'autres  qui  étant  malades  ,  ou  à  la  v>:ille  d'être 
chaflés  des  régioiis  de  vie  &  de  lumière  ,  ont  voulu 
léguer  leur  corps  par  teilament  à  l'amphithéâtre  de  la 
Facilite  de  Mèdeclie, 

On  trouve ,  a  L' article  Momie  ,  les  moyens  de  pré- 
ierver  les  cadavres  de  la  corruption. 

CADE,  Junïperus  major  ^  baccâ  ruf:fcente.  C'eft  ime 
efpece  de  grand  genévrier,  très  -  commun  en  Langue- 
doc ,  qui  fe  diftingue  des  autres  par  la  hauteur  & 
par  la  groileur  de  fes  fruits  rouiTâtres ,  ôc  dont  le  goût 
tiï  moins  fort  ;  on  retire  de  fon  bois ,  par  la  cornue , 
une  huile  îétide  ,  cedrœleum ,  dont  on  fe  fert  en  Mé- 
decine pour  déterger.  Celle  dent  les  Maréchaux  fe 
fervent  pour  la  gale  des  chevauT-: ,  efl  une  forte  de 
réfine  tirée  des  vieux  pins  dans  le  Nord  ,  loriqu'on 
les  brûle  pour  en  obtenir  d'autres  produits  ,  que  nous 
décrirons  à  Phiiloire  des  pins  térébenthiniers.  Voyez 
à  l'article  CÉDRTA  &  à  celui  de  GENEVRIER. 

CADÎTES.  Nom  donné  aux  vertèbres  des  étoiles 
de  mer  arbreufes  ;  elles  font  en  forme  de  petits  barils , 
6c  foililes. 

CADMIE  FOSSILE  ou  Naturelle  ,  Cadmia  fof 
Jilis.  Nom  que  l'on  donne  à  la  calamine  ou  pierre, 
calaminaire  ,  efpece  de  minéral  qui  contient  du  zinc , 
du  fer ,  &:c.  Voye^^  Calamine  &  Zikc. 

Le  mot  cadmie  a  quantité  d'autres  fignifications. 
Chez  les  Artilles ,  on  dcfigne ,  par  cette  exprefllon , 
une  efpece  de  luie  ou  de  fuW imation  métallique  qui 
s'attache  au  haut  &  aux  parois  des  fourneaux  des 
Fondeurs  en  bronze,  &c.  D'autres  difent  que  le  mot 
cadmie  vient  de  Cadmus  ,  ce  célèbre  Fondeur  Phéni- 
cien 5  qui  trouva  le  pretnier  l'art  de  fondre  en  grand , 

de 


CAD  C    A   F  545 

lie  purifier ,  d'allier  &  de  jeter  en  moule  les  métaux , 
&  que  l'excellence  de  ion  art  fit  appeler  en  Grèce 
pour  y  travailler  le  bronze  ;  opération  dans  laquelle 
il  entre  du  zinc ,  lequel  fe  fublime  en  partie  5c  en 
manière  d'incruftation  contre  les  parois  intérieures  des 
fourneaux.  Telle  eu  la  tutie ,  appelée  par  excellence , 
cadmu  dis  fourneaux ,  Cadmici  fjrna.aim ,  &  qui  a  la 
même  propriété  que  la  cadmic  fojjîk ,  pour  convertir 
le  cuivre  rouge  en  laiton.    Voyzi^  Cuivre. 

Le  nom  de  cadmk  a  encore  été  donné  à  plufieurs 
fubflances  bien  différentes  entre  elles ,  telles  que  Tar- 
fenic  ,  le  cobalt  ,  le  huttm-nlcht  ,  &c.  Les  Grecs  , 
les  Arabes  &  les  Latins  ont  jeté  beaucoup  de  confufioa 
fur  cette  matière.  Confukei  notre  Minéralogie ,  Tome  IL 

CADOREUX  ,   en  Picardie ,  eft  le  chardonneret, 

CADRAN.  Nom  donné  ,  par  les  Amateurs  ,  à  une 
coquille  du  genre  des  Limaçons  à  Bouche  aplatie  ,  &  qui 
fe  trouve  dans  les  Indes.  Sa  llruâure  offre ,  à  fa  plus 
grande  furface  ,  plufieurs  plans ,  en  manière  de  cadrans  , 
mais  dont  les  diamètres  diminuent  progrefîivement  en 
gagnant  l'œil  de  la  volute 

CAFÉ.  C'efi:  le  nom  que  l'on  donne  aujourd'hui 
par-tout  à  la  graine  du  fruit  d'un  arbre  qui  s'appelle 
cafier  ou  cafeyer.  Selon  quelques-uns,  fon analogie  avec 
le  jafmïn  lui  a  fait  mériter  ,  à  jufie  titre  ,  le  nom  de 
Jafminum  Arahïcum.  Selon  M.  de  la  Marck^  le  cafiyer 
efi:  de  la  famille  des  Rublacécs ,  Voyez  ce  mot.  Voici 
les  différentes  phrafes  des  Botaiiiiles  qui  ont  déiigiié  le 
cafiir  :  Bon  officinarum  laurifollum  ;  Bon  y  Profp.  Alp/ 
iEgypt.  C.  XVI ,  pag.  26  ;  Bon  vel  Ban  arhor ,  J.  B. 
L.  IV ,  p.  422  ;  item  Buna  ,  Bunnu  &  Bunchos  ejufdem , 
ibid.  p.  421  ;  Evonymo  Jimills  jEgyptiaca  ^  frucîu  baccis 
lauri  Jimili  y  B.  Pin.  428;  Jafminum  {^fed  pirperàni  ) 
Arahicum  ,  lauri  folio  ^  cujus  femen  apud  nosc^iïk.  dicitur ^ 
Ad.  Acad.  Reg.  Se.  Parif.  ann.  171 3  ;  Jafminum  Ara- 
biçurn  ,  caflaneœ.  folio  ,  flore  albo  odoravffimo  ^  cujus 
frucius  coFFY  inoficinisdicuntur^  Boerh.ïnd.  PI.  Edit.  %, 
Tome,  II.  Mm 


54^  C    A    V 

part.  2,  p.  1 1 7  5  S' Commel.  PI.  Uf.  72  ;  Co^aa  Jrahlca^ 
Linn.  Cet  arbre  croît  en  abondance  dans  l'Arabie  Heii- 
reiife ,  &:  principalement  au  Royaume  d'Yemen ,  vers 
le  canton  d'Aden  &  de  Moka.  C'eft  dans  un  excellent 
Mémoire  de  M.  de  Jufjicu  ,  que  l'on  apprend  la  plus 
grande  partie  de  ce  que  nous  allons  dire  du  café.  Ce 
Mémoire  ell  inféré  dans  ceux  de  l'Académie,  année  1 7 1 3  » 
L'Europe ,  dit  M.  de  JuJJîeu  ,  a  l'obligation  de  la  cul- 
ture de  cet  arbre  aux  foins  des  Hollandois  ,  qui ,  de 
Moka  ,  l'ont  porté  à  Batavia  ,  &:  de  Batavia  au  Jardin 
d'Amilerdam.  La  France  en  eft  redevable  au  zèle   de 
M.  de  Rejjon  ,  qui  fe  priva ,  en  faveur  du  Jardin  du  Roi , 
d'un  jeune  pied  de  cet  arbre  qu'il  avoit  fait  venir  de 
Hollande.  Lorfque  M,  de  JuJJieu  en  donna  la  defcrip- 
tion  dans  fon  Mémoire ,  il  n'avoit  alors  que  cinq  pieds  , 
&  étoit  de  la  groffeur  du  pouce.  Le  cafier  ne  fubfifre 
guère ,  dans  les  ferres  chaudes  ,  que  dix  ou  douze  ans  : 
au  bout  de  ce  tem.ps  ,  il  peut  avoir  deux  pouces  de 
diamètre ,  &  être  haut   de  huit  ou  neuf  pieds  ,  ainii 
qu'on  peut  le  voir  dans  les  ferres  du  Jardin  du  Ptoi. 
Cet  arbre  ou  arbrilfeau  croît  aflez  vîte  ;  fa  racine 
cft  pivotante  ^  peu  fibreufe  ôc   rouffâtre  :  fon  tronc 
porte  des  branches  fouples  ,  cylindriques ,  couvertes 
d'une  écorce  qui  fe  gerce  en  fe  delTéchant;  l'épiderme 
eft  blanchâtre  ;  l'enveloppe  cellulaire  d'un  vert  léger , 
un  peu  amer  ;  les  branches  font  oppofées  deux  à  deux, 
de  manière  qu'une  paire  croife  l'autre.  Le  bois  efl  fort 
tendre   dans   les  jeunes  branches ,  affez   dur  dans  les 
anciennes  ;  fes  feuilles  font  fimples ,  entières ,  oppofées 
par  paires  ,  &  rangées  de  manière  qu'une  paire  croife 
l'autre  paire ,  comme  dans  les  branches  ;  elles  font  tou- 
jours vertes ,  liiles   6c  luifantes  en   defTus ,  pâles  en 
deffous  ,  fans  dentelure  ,  pointues    aux  deux  extré- 
mités ,  rabattues  en  dehors ,  longues  de  quatre  à  cinq 
pouces ,  6c  larges  d'environ  deux  pouces  ;  elles  n'ont 
aucun  goût  particulier  ;  elles  font  portées  fur  des  pédi- 
çulçs  allez  courts  qui  font  gonflés  vers  leur  nailTajice  ^ 


c  A  F  ^y 

Xxtiè  côte  faillante  en  deiïbus  les  divife  en  deux  parties 
égaies  :  fes  fleurs  forteiit  des  aiffelles  des  feuilles  au 
nombre  de  quatre  ou  cinq ,  foutenues  chacune  par  un 
petit  pédicule;  elles  font  blanches ,  peu  odorantes,  quel* 
quefois  d'un  rouge  pâle,  complètes  ,  régulières,  mono- 
pétales ,  c'efl-à-dire ,  d'une  feule  pièce  ,  en  forme  d'en- 
tonnoir ,  partagées  le  plus  fouvent  en  cinq  décou- 
pures ,  comme  le  jafmin  d'Efpagne ,  hermaphrodites , 
6z  portant  fur  l'ovaire  quatre  ou  cinq  étarnines  ,  dont 
les  filets  font  blancs  ,  cylindriques ,  6c  les  anthères 
jaunes  :  la  partie  poflérieure  de  la  fleur  efl  un  tuyau  , 
êz  l'antérieure  une  eipece  de  pavillon  découpé  en 
étoile  :  la  tète  de  l'ovaire  ,  de  laquelle  part  une  trompe 
fourchue  qui  enfile  la  fleur ,  eil  relevée  d'autant  de 
pointes  que  cette  fleur  a  de  découpures;  ces  pointes 
forment  un  calice  verdâtre  ,  en  façon  de  couronne 
antique ,  dans  laquelle  s'articule  le  bas  bout  du  tuyau 
de  la  fleur  :  enfin ,  le  piflil  ou  l'ovaire  devient  un  fruit 
comme  baccifere  ,  mou  ,  rond  ou  oblong  ,  partagé  in- 
térieurement en  deux  loges  par  un  placenta  pofé  en 
médiaftin;  chaque  loge  contient  une  femence  :  le  fruit 
tii  vert  d'abord  ,  enliiite  rouge,  &C  enfin  d'un  rouge- 
bnm  ou  d'une  couleur  tannée ,  lorfqu'il  eil  dans  fa 
parfaite  maturité ,  de  la  groiTeur  d\in  bigarreau ,  ayant 
à  fon  extrémité  une  efpece  d'ombilic  ;  la  queue  de  ce 
fruit  n'a  guère  que  fix  lignes  de  longueur  :  la  chair 
de  cette  baie  efl:  mucilagineufe ,  pâle  ,  d'un  goût  dou- 
ceâtre aflez  agréable ,  d'une  odeur  aromatique  ;  elle  fert, 
ainfi  que  nous  l'avons  dit,  d'enveloppe  commune  à 
deux  coques  (ou  tuniques ,  ou  loges  )  minces ,  ovales  , 
étroitement  unies  par  l'endroit  où  elles  fe  joignent , 
&  qui  contiennent  chacune  une  demi-feve  ou  femence  ^ 
îiflTe  ,  d'une  nature  cornée  ou  cartilagineufe ,  d'un 
vert  pâle  ou  jaunâtre  ,  ovale  ,  convexe  far  le  dos , 
plate  du  côté  oppofé  oui  efl:  le  ventre  _,  6c  creufée 
de  ce  même  côte ,  oc  dans  fa  longueur ,  d'un  filon 
allez  profond.  On  donne  à  ce  fruit  entier  &  defleché^ 

Mm    2, 


54?  C    A    F 

le  nom  de  tafc  m  coque  ;  &  l'on  appelle  cafc  monde  i^ 
les  lemences  dépouillées  de  leurs  enveloppes  propres 
&  communes.  On  fépare  la  pulpe  qui  environne  la 
graine  ,  en  faifant  pafier  le  fruit  entre  deux  râpes 
cylindriques  ,  que  l'on  fait  tourner  dans  un  fens  con- 
traire ;  &  l'on  détache  le  grain  de  fon  enveloppe  ,  ou 
parchemin  bien  defféché,  par  le  moyen  d'un  moulin 
à  gros  rouleaux ,  garnis  de  lames  de  fer  ,  &:c. ,  ou  d'un 
pilon  dans  un  mortier  ;  l'adion  du  Vanneur  ou  d  un 
ventilateur  chaile  les  dépouilles  qui  font  les  coques. 
C'ell  ià  ce  grain  fi  connu  fous  le  nom  de  cafi^  & 
dont  les  feuls  Kabitans  d'Yemen ,  qui  fournirent  le  cafl 
Moka  y  débitent  tous  les  ans  pour  plufieurs  millions. 

Le  cafi  Moka  a  une  couleur  jaunâtre  ,  &  une  bonne 
odeur.  Ce  font  des  navires  qui  nous  l'apportent  du 
Port  d'Ormus.  Il  efl:  plus  gros  que  celui  qui  nous 
vient  du  Caire  par  les  caravanes  de  la  Mecque,  6c 
dont  le  grain  efî  petit ,  jaune-verdâtre  ,  meilleur  au 
goût  ôc  à  conferver.  Celui  de  Bourbon  ou  de  Mafca^ 
reigm  eft  d'un  jaune-blanchâtre  ,  alongé  &:  inodore  ; 
celui  de  Java  eft  un  peu  jaunâtre  ;  mais  celui  des  Ifes 
eft  verdâtre  ,  &  a  l'odeur  &  le  goût  un  peu  herbacés , 
fur-tout  lorfqu'il  eft  nouveau.  Le  meilleur  café  de  la 
Martinique  fe  récolte  aiLx  Anfes  d'Arlet. 

L'arbre  du  café  eft  toujours  vert  ;  il  croît  dans  fon 
pays  natal ,  &:  mêm.e  à  Batavia ,  jufqu'à  la  hauteur  de 
vingt  à  vingt-cinq  pieds;  on  en  a  vu  de  trente  à 
quarante  pieds  ;  mais  le  diamètre  de  fon  tronc  n'ex- 
cède pas  quatre  à  cinq  pouces.  On  en  recueille  à  la 
main  deux  ou  trois  fois  l'année  des  fruits  mûrs  que 
l'on  fait  fécher  pour  en  avoir  la  graine ,  &  que  l'on 
retire  de  la  coque  en  la  battant  avec  un  pilon  de  bois 
dans  un  miortier  fait  en  entonnoir.  On  nétoie  la  graine 
de  la  coque  ,  la  pcuftiere  ou  la  pellicule ,  par  le  moyen 
dim  van.  Nous  l'avons  dit;  on  préfame  bien  que 
l'induftrie  a  inventé  divers  autres  m.oyens  pour  né- 
toyer  entièrement  le  grain  du  café ,  pour  le   rendre 


C     A     F  549 

tnarchând.  On  voit  fur  cet  arbre,  en  toutes  les  lai- 
fons,  des  fruits  Se  prefque  toujours  de:,  iieurs.  Les 
vieux  pieds  donnent  moins  de  fruit  que  les  jeunes ,  qui 
en  donnent  dès  la  troifreme  ou  quatrième  année  de 
leur  accroiiTernent.  La  l'emence  du  cnfé  ne  germe  point , 
aînfi  que  plufieurs  airires  femences  des  plantes ,  à  moins 
d'ctre  mile  en  terre  toute  récente  oc  garnie  de  fa  pulpe  ; 
pour  lors  on  la  voii  lever  douze  à  quinze  jours  après  : 
il  fort  de  terre  une  petite  tige  très-délicate  ,  qui  porte 
au  fommetles  deux  lobes  de  la  fève  ,  6c  qui  iè  divife, 
peu  de  temps  après,  en  deux  feuilles  oppofées;  la  tige 
pouffe  de  fon  centre  en  grandilTant  deux  autres  feuilles , 
&C  ainfi  de  fuite.  Ce  fait  ,  dit  M.  de  Juffim ,  juflifie 
les  Habitans  du  pays  oii  fe  cultive  le  café ,  de  la  ma- 
lice qu'on  leur  a  imputée  de  tremper  dans  Peau  bouil- 
lante ,  ou  de  faire  fécher  au  feu  celui  qu'ils  débitent 
aux  Etrangers  ,  dans  la  crainte  ç\ney  venant  à  élever 
comme  eux  cette  plante ,  ils  ne  perdifTeat  un  revenu 
des  plus  confidérables  (  ^  )- 

L'ulage  du  café  ,  atant  le  feizieme  fiecle ,   r^'étoit 

(a)  Nous  devons  dire  ici  qu'en  1779  ,  dans  les  premiers  jours 
croaobre  ,  un  Seigneur  étant  à  la  table  de  S.  A.  S.  Mgr.  le  Prince, 
de  Condé ,  rapporta  avoir  vu  germer  ÔC  pouffer  des  feuines  ,  à  des 
grnins  de  cafi  Moka  ,  dans  de  Teau  bouillante  ,  entretenue  en  cet  état 
pendant  un  quart  d'heure.  S.  A.  S.  m'invita  d'en  faire  rc-xpérience^  en- 
fa  préfence  :  douze  grains  de  café  Moka  mondé  furent  plongés  dans  l'eau 
bouillante  fur  un  réchaud  à  l'efpiit  de  vin  :  au  bout  de  quinze-  minutes, 
quatre  griins  offrirent  chacun  par  un  bout  une  tfpece  de  germe  long 
d'environ  une  ligne  i  en  vingt  minutes,  iix  grains  parurent  germes;  ea 
trente  minutes  ,  ces  fix  germes  s'aloagerent  JLifqu'à  environ  une  ligne 
&  demie,  dont  deux  étoient  terminés  par  un  petit  bouton  :  les  autre» 
grains  ne  germèrent  pas.  Je  ne  diftinguai  aucunement  de  feuilles  ;  l'eau 
continuant  de  bouillir  fit  que  les  grains,  à  force  de  fe  heurter,  perdirent 
leurs  germes  ;  ils  s'en  détachèrent.  Ces  apparences  de  germes  ne  m'ont 
tien  offert  qui  pût  être  cararcérifé  ,  pas  même  à  la  loupe.^  Depuis  ce 
temps  ,  i'ar  répété  l'expérience  comme  ci-defiFus  ,  c'eft-a-dire ,  par  la 
chaleur  d'un  réchaud  à  l'efprit  de  vin  ,  ainfi  que  par  les  charbons 
allumés  ,  même  par  la  fimple  infufion  dans  l'eau  bouillante  6c  dans 
l'eau  froide.  J'ai  cru  reconnoître  que  l'expérience  par  le  moyen  d'im 
réchaud  à  l'efprit  de  vin  ,  eft  plus  prompte  ,  plus  efficace  ,  plus  abon- 
dante. La  feule  aftion  de  la  chaleur  pourroit  donc  rendre  vifible  l'em- 
bryon plufieurs  jours  avant  le  temps  où  on  le  diftingue  ,  lorfqu'il  ne  fe 
jdévcloppc  ^ue  par  les  feules  forws-  de  la  nature. 

Mm  ^ 


5  50         ^  C    A    ¥ 

prefqiie  point  connu.  L'Arabie  ëtoît  autrefois  le  fêul 
lieu  d'oii  il  en  vint.  On  l'a  tranlporté  6c  cultivé  avec 
fuccès  dans  aiverfes  Colonies  appartenantes  aux  Eu- 
ropéens ,  telles  que  celles  de  Surinam  &  de  Java.  Nous 
ne  pourrions  fans  ingratitude  omettre  de  parler  du  zélé 
Citoyen  qui  a  fait  palTer  le  cafor  dans  nos  IHes.  L'État, 
le  Commerce  6c  les  Am.éricains  en  ont  l'obligation  à 
M.  Dccl'icux  ^  qui  l'apporta  de  France  à  la  Martinique. 
L'eau  douce  du  vaiileau  dans  lequel  il  paiîbit ,  deve- 
nant rare ,  &  n'étant  diflribuée  à  chacun  qu'avec  me^ 
fure ,  (  parce  que  le  pailage  fut  long  6c  pénible  ,  )  ce 
digne  Citoyen  fut  fouvent  obligé  de  partager  avec 
quelques-uns  de  ces  arbuiles  qu'on  avoit  dépofés  6c 
multipliés  dans  le  Jardin  du  Roi ,  la  portion  qu'on 
lui  donnoit  pour  fa  boiiibn  ^  afin  de  conferver  le  pré- 
cieux dépôt  dent  il  s'étoit  changé. 

C)n  eil  quelquefois  furpris  aux  îfl^s  de  voir  dépérir 
un  beau  cajicr  6<.  même  une  cnfiterle  entière  en  peu  de 
lem.ps  ;  cda  eil  iouvent  occalioné  par  un  infede  ap- 
pelé mouche  à  café  :  cette  mouche ,  extrêmem.ent  longue, 
porte  à  fa  tête  deux  fcies  avec  leiquelles  elle  entaille 
ces  arbres  jui qu'au  vif.  Quelquefois  les  pucerons  blancs 
attaquent  aufu  le  cûfier  ;  alors  il  faut  planter  des  ananas 
entre  ces  arbres ,  parce  que  ces  infedes  préfèrent  de  fe 
goigcr  du  lue  acide  de  ce  fruit  qui  les  tue  ,  ou  les 
empêche  de  pulluler.  Il  paroît  que  les  terrains  mon- 
tueux  6c  bien  acres ,  conviennent  au  caficr^  pnrce  que 
la  pluie  ,  qui  efl  nécefiaire  à  cet  arbre ,  tombe  plus 
fréquemment  daas  ces  endroits  ;  on  allure  que  l'expo- 
fitlcn  au  couchant  eil  plus  favorable  à  cet  arbre ,  o^xe 
celle  du  levant.  Les  graines  qui  tombent  du  ccfizr  ^ 
germent  dans  la  terre ,  6l  fournirent  naturellement  du 
plant  ;  il  fuffit  que  la  terre  foit  meuble  6l  profonde  , 
car  la  racine  du  caféycr  eft  pivotante  6c  nullement 
traçante  ;  au  refte  y  le  café  ne  s'élève  pas  fi  haut  dans 
nos  ïfles  ,  que  dans  foç  pays  natal.  Dans  les  cnféurks  ^ 
en  fait  des  lignes  droites,  en  quinconce;  6c  ayec  un 


C    A    F  f5ï 

loucKet  ou  la  houe ,  on  fait  des  trous  de  douze  à  dix- 
huit  pouces  de  profondeur ,  à  la  diilance  d'environ  huit 
pieds;  on  y  plante  alors  les  petits  cafias  bien  alignés, 
lefquels  rapportent  bien  à  la  troilîeme  ou  quatrième 
année  de  tranfplantation.  On  récolte  deux  fois  par 
an  le  café  à  Saint-Domingue  :  la  récolte  du  mois  de 
Septembre  efl  la  plus  abondante. 

On  préfume  bien  que  le  café  nous   étant  apporté 
de  différentes  Contrées  ,  il  ne  peut  pas ,  par  confé- 
quent ,  avoir  la  même  qualité  ;  la  variété  des  climats  , 
l'âge    des    arbres    qui   le    produifent  ,    &:c.    doivent 
nécelTairement  en  diverfiflir  les  efpeces  &  les  qualités^ 
Les   deux   efpeces  les   plus  employées   font    généra- 
lement  connues  fous  le  nom  de   cafc   du  Levant  & 
de   café  des  Antilles,  Le  café  de  Moka ,  ville  d'Arabie  , 
efl  toujours  plus  eflimé  par  fon  odeur  plus  fuave  ^ 
plus  agréable.  On  le  partage  encore  en  trois  qualités 
différentes  ,   dont  la  meilleure   appelée  bahouri  ,    efl 
léfervée    pour    le   Grand -Seigneur   &:    le  Sérail;   les 
deux  autres  qui  font  le  faki  &  le  falahi ,  fe  débitent 
dans  le  Levant  en  Europe.  On  laifîe  à  d'autres,  dit 
M.  de  Jufjîeu ,   le   foin  de  rapporter  au  vrai  ce  qui 
a  donné   occafion  à  l'ulage  du  café  ,  Se  d'examiner 
a  l'on  en  doit  la  première  expérience  à  la  vigilance  du 
Supérieur    d'un    Monaitere    d'Arabie  ,    qui  ,    voulant 
tirer  fes  Moines  du  fommeil  qui  les   tenoit  affoupis 
dans  la  nuit  aux  Offices  du  Chœur  ,  leur  en  ût  boire 
l'infufion  ,  (m  la  relation  des  effets  que  ce  fruit  caufoit 
aux  boucs  qui  en  avoient  mangé  ;  ou  s'il  fiut  en  attri- 
buer la  découverte  à  la  piété  d'un  Mufti ,  qui ,  pour 
faire  de  plus  longues  prières ,  &  pouffer  les  veilles  plus 
loin  que  les  Dervis  les  plus  dévots  ,  a  paffé  pour  s'en 
€tre  fervi  le  premier.   Quoi  qu'il  en  foit ,  l'ufage  du 
café  eu  devenu  préfentcment  fi  familier  chez  les  Turcs  „ 
chez  les  Perfans ,  chez  les  Arméniens ,  &  même  chez 
différentes  Nations  de  l'Eiu'ope ,  qu'il  eu  prefque  inu- 
tile de  s'étendre  fur  la  préparation  6c  fur  la  qualité 

Mm  4 


5  5-  C    A    F 

des  vaiiTeaux  &  înftrumens  qu'on  y  emploie.  On  doit 
préférer  les  vaiffeaux  de  fer  à  ceux  de  tout  autre 
métal.  On  ne  devroit  même  employer  que  ceux  de 
terre  bien  cuite  ;  griller  le  grain  à  propos  ;  étant  tor- 
réfié ,  renfermer  dans  un  vaiffeau  ;  attendre  qu'il  foit 
refroidi  peur  le  moudre ,  &  n'en  moudre  à  la  fois  que 
la  quantité  qu'on  veut  em.ployer  pour  l'uilige  du  jour. 
Il  doit  être  jeté  dans  l'eau  bouillante,  &  ne  fublr  que 
quelques  bouillons. 

Il  efl  bon  d'obferver  que  des  trois  manières  d'en 
prendre  l'infufion  ^  favoir  ,  ou  du  café  mondé  &c  dans 
ion  état  naturel  ,  ou  du  café  rôti ,  ou  feulement  des 
enveloppes  propres  &:  communes  de  cette  fubilance, 
auxquels  nos  François ,  au  retour  de  Moka ,  ont  im- 
proprement donné  le  nom  de  fleur  de  café  ;  la  féconde 
de  ces  manières  efl  préférable  à  la  première  &  à  la 
troifieme  ,  appelée  aulîi  petit  café  à  la  Sultane  ;  car  le 
véritable  café  a  la  Sultane  fe  fait  ^  tantôt  par  la  feule 
décodion  des  graines  non  rôties ,  &  tantôt  en  verfant 
de  l'eau  bouillante  dans  une  petite  chauffe  qui  con- 
tient de  la  poudre  des  graines  de  café  rôti.  Le  café  ^ 
par  {^s  principes  falins  ,  volatils  &  fulfureux ,  caufe 
dans  le  fang  une  fermentation  utile  aux  perfonnes 
replettes ,  pituiteufes ,  &  à  celles  qui  font  fajettes  aux 
migraines  &  aux  aftedions  foporeufes,  ou  à  dormir 
après  le  repas.  Pris  le  matin  ,  il  difperfe  les  pavots 
d'un  fom.meil  opiniâtre  ,  &  donne  de  l'invention  à 
i'ame  épuifée  par  les  fatiques  de  la  veille.  Ces  mêmes 
effets  le  rendent  nuifible  aux  perfonnes  qui  font  d'un 
tempérament  très-fenfible ,  de  même  qu'à  ceux  qui 
font  d'un  tempérament  ardent ,  fec  &  bilieux  ;  & 
l'on  peut  dire  qu'en  général  le  grand  &:  fréquent 
ufage  en  eff  dangereux  ,  fur-tout  lorfqu^on  le  prend 
fans  lait  ;  mais  il  a  l'avantage  de  ne  laiffer  dans  la 
bouche  aucune  odeur  défagréable  ,  d'accélérer  la  di- 
geffion  ,  de  faire  ceffer  l'ivreffe,  &  de  favorifer  l'ap- 
parition des  règles.  (  On  prétend  que  ceux  qui  aujour- 


C    A    G  55? 

d'hiû  grillent  ou  \epois  chuke  d'Efprcgne  ^  ou  la  racine 
de  chicorée  fauvage  ,  pour  en  faire  une  liqueur  cafëi- 
forme ,  fe  procurent  une  boifTon  plus  falutaire.  Voye^i 
aux  articles  Pois  &  Chicorée  ).  M.  Brun ,  Doyen 
des  Maîtres  en  Chirurgie  du  Cap  ,  cite  ,  dans  un 
Ouvrage  fur  Putilité  du  café  en  Médecine  ,  Tuiage  àei 
bains  entiers  de  café  ,  ou  des  bains  de  vapeurs  du 
cûfé.  Cet  Auteur  dit  en  avoir  obtenu  des  erFets  faîu- 
taires  &  très-marqués  dans  la  paralyfie  ,  dans  luie 
hémiplégie  ,  dans  une  épilepfie ,  dans  l'eipece  de  fpafme 
appelé  op/Jîhotonos  ,  dans  des  douleurs  dans  les  arti- 
culations 5  dans  ime  migraine  habituelle  ,  pendant  une 
groffeiTe  fuivie  de  vapeurs  hyftériques  ,  &c.  Dans  le 
commerce  on  appelle  café  mariné  ou  avarié ,  celui  qui , 
dans  le  tranfport,  a  été  moidîlé  d'eau  de  mer:  on  en 
fait  peu  de  cas ,  à  caufe  de  Pâcreté  faline  que  la  tor- 
réfaÔion  ne  lui  ôte  pas.  M.  Ryhiner  a  fait  Tanalyfe 
chimique  des  femences  du  café',  on  la  trouve  inférée 
dans  le  Journal  de  Phyfpar  M,  l'Abbé  Rozier ,  Siipplém, 
Tom.  XIIL    iyj8. 

Des  Botaniiles  font  mention  du  cafiycr  monofperme 
qui  croît  naturellement  à  Saint-Domingue  &  à  la  Mar- 
tinique ,  Coffœa  Occidmtalis  ,  jLoribus  quadrifidis  ,  baccis 
monoj'pcrmis  ,  Linn  ,  Jacq.  Amer.  67.  Tab.  47  ;  Pavctta 
folûs  oblongC'Cvatis  ,  cppojitis  ,  flipulis  fetaceis  ,  Brown. 
Jam.  ;  Jajminum- arborefcens  lauri  foliis ^  flore  albo  ode- 
nuifjimo ,  Plu  m. ,  Biu'm.  ;  ks  fleurs  font  blanches ,  d'une 
odeur  agréable ,  &  viennent  en  grappes  paniculées  , 
dont  les  unes  font  terminales  ,  &  les  autres  axillaires; 
les  fruits  font  d'un  noir -bleuâtre  &  ne  contiennent 
qu'une  fem^nce  arrondie  &  lîriée. 

GAGAPvEL.    Foyci  Mendole. 

GAGNOT.  Efpece  de  IpoifTon  cartilagineux  de  la 
famille  des  Chiens  de  mer.  Voyez  Milandre. 

CAGUI.  Nom  qu'on  donne  au  Bréfil  au  fagoiiin. 
Voyez  ce  mot. 

ÇAGUPUGUACU.    Foyei  SANGUINOLENTE, 


554  C   A   H  C    A  I 

CAKCANE  ou  Kaouanne.  C'efl  la  tortue  de  tmrl^ 
appelée  Caouanne. 

CAHUiTx4HU  ou  Kamichi.  Voye^  Anhima. 

CAICA.   C'efl  la  perruche  à  tête  noire  de  Cayenne^ 

CAJEPOUTOU  ou  Cajeput.  Foyei  à  Varùck 
Cardamome. 

CAIGUA.  yoye:{_  a  ranicle  POMME  DE  MERVEILLE. 

CAILLE  ,  Coturmx,  Oifeau  de  paffage  d'un  ramage 
affez  agréable  ,  plus  petit  que  la  perdrix  ^  avec  laquelle 
il  paroît  d'ailleurs  avoir  bien  des  rapports  à  l'extérieur; 
mais  la  caille  n'a  point  derrière  les  yeux  cet  efpace  nu 
&  fans  plumes  qu'ont  les  perdrix  ,  ni  le  fer-à-cheval 
que  les  mâles  de  celles-ci  ont  fur  leur  poitrine.  C'eft 
au  peu  de  durée  de  leur  vol ,  qui  efl  pefant  &;  peu 
élevé  de  terre  ,  qu'on  doit  la  facilité  de  les  prendre 
à  la  courfe  ,  quoiqu'elles  courent  beaucoup  &  dili- 
gemment. Dans  le  vol,  elles  filent  en  glilïant  obli- 
quement &  en  frappant  l'air  de  toute  l'étendue  de  l'aile 
par  reprifes.  Leur  groffeur  &  leur  plumage  difîerent 
peu  dans  tous  les  climats  où  l'on  en  trouve ,  tels  qu'à 
Madagafcar  ,  à  la  Cambra ,  à  Cayenne  &  en  Europe. 

La  caille  proprement  dite  ,  pi,  enL  1 70 ,  a  le  bec  long 
d'un  demi-pouce  ;  il  eft  wvi  peu  aplati  ;  la  pièce  inférieure 
eft  noirâtre  ;  la  fupérieure  efl:  brunâtre  ,  pointue  & 
courbée.  L'iris  des  yeux  eft  couleur  de  noifette  ;  le  ven- 
tre &  la  poitrine  d'un  jaune  pâle  ,  mêlé  de  blanc  :  la 
gorge  a  une  teinte,  de  roux.  L'on  remarque  fous  la  pièce 
inférieiu'e  du  bec  ,  une  large  bande  noirâtre  qui  s'étend 
en  bas  ,  &  au-  deiTous  des  yeux  une  ligne  blanchâtre  qui 
pafTe  fur  le  milieu  de  la  lête  ,  dont  les  plumes  font 
nuées  de  verdâtre.  Ces  diverfes  couleurs  fe  rencontrent 
fous  les  ailes  &  dans  prefque  tout  le  plumage  de  cet 
oifeau  :  elles  repréfentent  comme  des  écailles.  La 
queue  de  la  caille  eu  courte  ;  fes  pattes  font  grifes  , 
pâles  ,  recouvertes  d'une  peau  écailleufe  comme  tuiléejj, 
le  deifous  du  pied  eft  jaunâtre.  Une  chofe  remar- 
quable ,    ell    que    le  doigt  extérieur   tient   par  une 


C    A    I  nç 

menibrane  au  doigt  du  milieu  jufqu'à  la  première 
articulation. 

La  caille  eft  du  genre  de  la  perdrix ,  &  fe  nourrit 
ordinairement  de  blé  ,  de  millet,  &  de  quelques  autres 
graines  ;  elle  avale  aufTi  des  plantes  herbacées ,  même 
des  vers  &:  des  infeéles.  Elle  ne  perche  point  ,  elle  fe 
tient  à  terre ,  &  on  la  trouve  préférablement  dans  les 
blés  verts ,  ou  dans  leur  chaume  quand  ils  font  cou- 
pés ;  aufTi  ne  les  voit-on  ni  avant ,  ni  après  ce  temps. 
Cet  oifeau  huiltiplie  prodigieufement.  La  femelle,  pour 
faire  fon  nid  ,  gratte  la  terre  avec  fes  ongles,  foit 
au  milieu  des  pièces  de  blé ,  ou  des  prairies  ;  ce  nid  efl: 
cornpofé  d'herbes  &  de  feuilles  :  elle  y  dépofe  douze  , 
quinze  &  vingt  oeufs ,  mouchetés  de  brun  fur  un  fond 
grisâtre  ;  cette  ponte  fe  fait  au  comm.encement  du  niois 
de  Mai  :  la  durée  de  l'incubation  eft  de  trois  femaines  j 
auiîi-tôt  que  les  petits  font  éclos  ,  ils  fe  mettent  à 
trotter  &:  font  en  état  de  prendre  leur  nourriture.  Les 
femelles  de  cette  couvée  font  déjà  en  état  de  s'appa- 
rier vers  la  fin  d'Août  ou  le  commencement  de  Sep- 
tembre. Les  petits  fe  nomment  cailUteaux  :  on  remarque 
que  la  niere  les  conduit  dans  la  campagne ,  &  qu'elle  les 
retire  fous  fes  ailes  à  la  manière  des  poules  &  des  perdrix. 

On  fait  que  les  cailles  arrivent  au  printemps  ,  tous 
les  ans  ,  en  grand  nombre  des  Côtes  d'Afrique  fur 
les  Ifies ,  les  promontoires  de  l'Archipel ,  de  la  Sicile 
&  de  l'Italie  ;  qu'il  n'y  en  demeure  qu'une  petite  quan- 
tité ,  en  proportion  de  celles  qui  ne  font  que  s'y  repofer 
à  leur  paffage ,  &:  qui  de  là  fe  répandent  dans  les  con- 
trées de  l'Europe  :  on  fait  également  qu'au  mois  de 
Septembre ,  quand  la  faifon  des  récoltes  eft  paffée  , 
quand  la  main  de  l'homme  a  dépouillé  la  terre  ,  les 
cailles  fe  raliemblent  aux  mêmes  endroits  &:  qu'elles 
repaifent  fur  les  Côtes  d'Afrique.  Elles  voyagent  la 
nuit  ou  de  très-grand  matin ,  &  fe  repofent  pendant 
le  jour.  Le  génie  de  la  nature  qui  conduit  les  cailles 
aux  bords  des  mers  par  un  inftincl  fecret ,  ne  pouvoit 


Ï5^  C    A     I 

manquer  de  leur  révéler  les  moyens  d'en-  franchir  l'ef* 
pacc,  &  de  leur  indicruer  la  route  qu'elles  doivent 
fuivre  &  oii  elles  trouveront  vivres  &  température. 
Ces  oifeaux  muent  deux  fois  par  an  ,  à  la  fin  de  l'hiver 
&  à  la  fin  de  l'été.  Chaque  mue  dure  un  mois. 

La  caille  jeune ,  tendre  ,  grafTe  &  bien  nourrie  , 
tient  un  rang  diftingué  parmi  les  mets  les  plus  exquis 
qu'on  fert  lur  nos  "tables.  Sa  chair  eft  de  bon  fuc  ; 
elle  excite  l'appétit ,  &  convient  à  toutes  fortes  d'âges 
ô^  de  tcmpéramens  :  on  en  fait  des  confommés  laxatifsv 
^  Pour  prendre  les  caïllts  on  fe  fert  des  nifes  fuivantes. 
Si  c'efl  à  leur  nouvel  avènement  dans  nos  climats  , 
c'efl-à-dire  quand  le  blé  eft  dans  fa  verdure  &:  dans 
le  temps  de  leurs  amours  ^  l'Oifeleur  ayant  tendu  fes 
filets  de  grand  matin,  fe  cache  à  une  certaine  diftance, 
dans  les  blés  ;  là ,  il  contrefait  par  trois  fois  foir  & 
matin ,  le  chant  de  la  caïlk  ,  avec  un  inftrum.ent  de 
zviix  &  d'os  appelé  courcaïlkt  ou  carcaïllot  :  alors  le 
mâle ,  croyant  que  c'eft  la  voix  de  la  femelle ,  accourt 
au  plus  vite  pour  fe  fatisfaire  ;  auffi-tôt  l'Oiieleur  fe 
levé  &  fe  montre  à  lui  :  l'oifeau  voulant  s'envoler, 
donne  dans  le  filet  ^  fe  prend.  Mais  après  l'été , 
loffque  la  faifon  de  l'amour  eil  paflee  ,  qu'elles  ne 
chantent  plus ,  ou  qu'elles  n'accourent  plus  au  fon  de 
l'appeau  ,  &  qu'elles  fe  tiennent  dans  les  chaumes  pour 
y  vivre  àts  grains  qui  font  tombés  des  épis ,  on  les 
prend  à  la  tirafTe  ,  ov^  mieux  encore  ,  par  le  moyen 
d'un  chien  couchant  drelle  à  cette  chaiTe  ,  qui  les 
arrête  tout  court ,  alors  on  les  tire  au  fufil ,  &c. 

Les  cailles  n'ont  pas  les  mœurs  douces  &  fociales 
de  la  plupart  des  autres  oifeaux;  le  mâle  ne  tient 
pomt  compagnie  à  fa  femelle;  il  n'a  ni  tendrefie  ni 
attachement  pour  elle  ;  il  ne  connoît  que  des  befoins 
violens  &  impétueux ,  &  il  n'eit  jamais  père  dans  le 
fcns  moral ,  puifqu'il  ne  prend  aucun  foin  de  la  couvée 
&  à.^s  petits  :  il  ne  fert  à  la  propagation  de  l'efpece  que 
par  fon  ardeur,  en  accovirant  de  très-loin,  quelquefois. 


ÏTune  clemî-lîeue  ,  à  la  voix  de  la  temelle ,  &  en  en  fer- 
vant  un  gi-and  nombre  à  mefure  qu'il  en  rencontre. 

Les  mâles  font  courageux  ;  provoqués  par  leur  pro- 
pre tempérament  ,  ils  fe  montrent  jaloux  les  uns 
des  autres  ,  aufîi  ie  battent-ils  cruellement  ;  ils  aiment 
tant  à  le  battre ,  qu'autrefois  dans  Athènes  on  prenoit 
plaifir  à  les  dreffer  au  combat  à  la  manière  des  coqs: 
on  voit  encore  quelquefois  à  Naples  ,  tout  le  monde 
s^afîembler  avec  un  vif  empreflement  à  ce  fpe£racle  , 
comme  à  un  combat  de  srladiateurs.  Il  eu  étonnant  de 
voir  un  oifeau  fi  foible  montrer  autant  d'audace  &  de 
courage.  11  efl  fi  amateur  de  fa  liberté  ,  que ,  quoiqu'on 
l'ait  nourri  pendant  deux  ou  trois  ans  ,  pour  peu  qu'il 
trouve  l'occafion  de  la  recouvrer  ,  il  s'envole  &  va 
chercher  les  endroits  oii  il  fe  plaît. 

Des  Ornithologilles  font  m.ention  de  la  caille  à  gorge 
blanche  ;  de  la  calile  à  trois  doigts  ,  de  l'ifle  de  Luçon. 
Telle  eft  aufii  l'efpece  appelée  turnix ,  &  qui  fe  trouve 
à  Madagafcar.  La   cailk  blanche  eft  une  variété  de  la 
cailU  ordinaire.  La  cailk  petite  ^  de  Gingi  ;  elle  fe  trouve 
à  la  Côte  de  Coromandel.  La  caille  de  la  Chine  &:  des 
Philippines,  Voye^^  Fraise.  La  grande  caille  de  la  Chine; 
elle  eft  beaucoup  plus    groffe  que  la  nôtre.  La  cailh 
de  la  Nouvelle  Guinée  ;  elle  eil:  d'un  tiers  moins  groffe 
que  la  nôtre  ,  (  Voyag.  à  la  Nouv.  Guinée  ).  La  caille  de 
la   Louifiane  ,    Foye^  COLENICUI.  La  très -petite  cailk 
de  l'Ifle  de  Luçon  ;  elle  efl  moins  grofle  qu'un  moineau. 
La  grande  cailk  de    Madagalcar  ,    efl   du   double  plus 
grande  que  notre  cailk.  Les  cailles  du  Mexique  ,  Voyei^ 
les  articles  COYOLCOS  ,   COLIN    (  grand  )    &    ZoNE- 
COLiN  :  cette  dernière  efl  huppée.  La  cailk  des  Mo- 
luques  ;  c'efl  la  plus  petite  de  toutes  les-cailks  connues, 
elle  n'efl  guère  plus  grofle  qu'un  tarin  ;  fon  bec  n'cfl 
point    convexe    en  deflus    comme  celui    de  la  cailk  , 
mais  droit  &   conique  ,    ainfi  que   les  becs  de  s  deux 
cailles  de  l'Iûe  de  Luçon,  &  de   celle  de  la  Nouvelle 
Ruinée,  toutes  quatre  décrites  par  U.,  Sonner at  ;  ce 


558  C    A    I 

qui  feroit  foiipçonner  ces  quatre  cailUs  comme  cï^iil 
genre  différent.  La  cadU  des  liles  Malouines  <Sc  celle 
de  Madagafcar ,  font  comme  dorées  fur  un  fond  brun , 
leur  ventre  elt  fauve-cendré.  La  cailk  de  Java  ,  Voyc? 
RÉVEIL  -  MATIN.  La  caïlU  de  Cayenne  ;  elle  eli  plus 
petite  que  la  nôtre  ,  &  fon  plumage  eil  m.oucheté  de 
gris  5  de  blanc  &:  de  noir  ;  fon  bec  efl  noirâtre ,  &  les 
pieds  d'un  gris-jaunâtre.  .  ^ 

A  l'égard  de  l'efpece  appelée  Roi  dis  caïlhs ,  Nojtt 
Râle  de  terre. 

CAILLEBOT.  Voyei  Obier. 
CAILLE-LAIT  ou  petit  Muguet  ,  en  latin  Gal- 
lium, Le  caille-lait  eil  une  plante  commune  dans  nos 
campagnes ,  notamment  dans  les  prés  ,  &  qui  s'élève 
à  la  hauteur  de  neuf  ou  dix  pouces.  Sa  racine  eil  vi- 
vace  ,  noueufe,  traçante  ,  garnie  de  plufieurs  filamens, 
&  d'un  jaune  tirant  fur  le  rouge  ,  dit  M.  DcUu^. 
Elle  pouffe  plufieurs  tiges  hautes  de  deux  pieds  ,  ou 
environ ,  rameufes ,  menues  ,  carrées ,  &  qui  ont  plu- 
fieurs nœuds  :  le  long  des  tiges  ,  font  difpofées ,  à 
l'endroit  des  nœuds.,  des  feuilles  en  rayons  ou  en 
vert' cilles,  au  nombre  de  cinq,  &  le  plus  fouvent  de 
neuf.  Ces  tiges  foutiennent  à  leurs  extrémités  de  pe- 
tites fleurs  en  cloche  ,  évafées  ,  partagées  en  quatre 
parties  &:  ramaffées  en  grappe  ou  en  épi  paniculé.  Ces 
fleurs  font  jaunes  dans  une  efpece  ,  Gallium  luteuruy 
C.B. Pin.  3  3  5  ;  Gallium  vcrum ,  Linn.  i  5 5  ;  &  blanches 
dans  l'autre  ,  Gallium  album  vulgare^  Tourn.  Inil.  115; 
Mollugo  momana^  latifoUa ^  ramofa^  C.  B.  Pin.  334; 
Gallium  mollugo^  Linn.  155.  Aux  fleurs  fuccedent  des 
fruits  compofés  de  deux  femences  d'une  figure  affez 
femblable  à  celle  d'un  croiffant. 

Tournefort  compte  treize  efpeces  de  gallium  ou  caille-' 
lait ,  dont  la  plus  commune  efl  le  caille-lait  à  Jlcurs 
jaunes  ,  &  en  même  teir.ps  celle  dont  on  fait  le  plus 
d'iiiage.  Les  fommités  fleuries  de  cette  plante  font 
çaiM^x  k  lait ,  de  même  que  le  pingulcula  des  Suédois^ 


feu  grajjctte.  Le  cailk  -  /^/f  appliqué  extérieurement  , 
guérit  réryfi^ele  &:  la  brûlure  ;  mis  dans  les  narines , 
il  en  arrête  l'hémorragie.  Les  expériences  de  M.  Guet- 
tard  lui  ont  appris  que  les  racines  de  nos  cailk-laits , 
ainfi  que  celles  du  grateron  ordinaire  ,  ont  la  propriété 
de  colorer  en  rouge  les  os  des  animaux ,  comme  le 
font  les  racines  de  garance. 

L'expérience  a  été  faite  d'abord  avec  l'efpece  de 
caille-lait  à  finir  s  jaunes^  qui  croît  en  Bas -Poitou 
fur  les  côtes  de  la  mer ,  dont  les  racines  foni  groffes 
&  très-abondantes.  Les  os  des  poulets  que  l'on  nour- 
riffoit  d'une  pâtée  oii  l'on  mêloit  de  cette  racine  en 
poudre ,  devinrent  d'un  rouge  couleur  de  rofe ,  avec 
les  mêmes  circonftances  que  M.  Duhamel  a  obfervées 
dans  ceux  qu'il  a  nourris  avec  la  racine  de  garance, 
M.  Guettard  a  remarqué  dans  ces  expériences  ,  que  les 
poulets  nourris  avec  la  racine  du  grateron ,  font  devenu» 
très-gras  ;  pendant  que  ceux  qui  l'ont  été  avec  celle 
du  caille-lait^  font  devenus  étiques.  Les  femences  du 
café  grillé  ou  non  grillé ,  ont  rendu  de  même  étiques 
.les  poulets  qu'on  en  avoit  nourris. 

îl  efl  digne  de  remarque  que  les  racines  de  ces 
rubiacées  teignent  en  rouge  les  os  des  animaux  (  & 
elles  ne  teignent  les  os ,  fuivant  l'obfervation  de 
M.  Haller^  que  lorfqu'ils  font  endurcis,  &  qu'ils  ont 
quitté  l'état  de  cartilage  ;  )  tandis  que  les  tiges  ,  les 
feuilles  &  les  femences  de  ces  mêmes  plantes  n'ont 
point  produit  cet  effet ,  quoiqu'un  Auteur  ancien  ait 
rapporté  qu'une  vache  ayant  mangé  du  caille  -  lait , 
avoit  rendu  du  lait  rouge.  L'indigo  teint  leul  le  chyle, 
dit  encore  M.  H  aller  ^  6c  je  n'ai  pu  parvenir  à  le  tein- 
dre par  la  garance  ,  ni  par  aucune  autre  couleur.  On  em- 
ployoit  autrefois  les  panicules  des  feuilles  de  caille-lait , 
pour  teindre  les  étoffes  de  laine  en  jaune.  Diverfes 
expériences  faites  fur  l'orcanette  &  fur  la  cochenille , 
prouvent  que  ces  matières  colorantes  ne  produifenî 
pas  le  même  çffet  fur  les  os  des  animaux»  Comme  le^ 


560  C    A    I 

racines  du  caiLlc-lait  à  jUurs  j aunes  ^  du  Bas  -  Poitou  J 
font  très-abondantes  ,  &  que  cette  plante  croît  dans 
les  labiés  les  plus  arides  ,  on  pourroit  la  cultiver  avec 
i\\ç.6is  dans  les  mauvaifes  terres  ;  l'expérience  ayant 
appris  qu'elles  donnent  un  rouge  auiTi  beau  que  celui 
de  la  garance.  Il  y  a  lieu  de  penfer  que  toutes  les 
racines  des  rubiacées  donneroient  une  couleur  rouge , 
leurs  racines  en  ayant  toujours  quelque  teinte.  On 
fait  que  les  racines  du  cailk-laït  du  Nord  font  fort 
ufitées  en  Finlande  pour  teindre  les  laines  en  rouge: 
l'effai  en  a  été  fait  à  l'Académie  de  Stockholm.  On 
foiipçonne  que  le  chavaycr  û  fameux  du  Malabar ,  efl: 
uiie  efpece  de  caille-lait  blanc. 

CAILLETOT.  En  Normandie  on  donne  ce  nom  à 
une  efpece  de  petit  turbot  fort  délicat.  Voyc^  Turbot. 

CAILLEU-TASSART ,  Clupea-thrifi  ,  Linn.  ;  à  la 
Jamaïque ,  Sprat.  PoifTon  du  genre  du  Clupe.  Il  fe  trouve 
dans  la  mer  des  Indes  &  dans  celle  de  l'Amérique ,  &:c. 
Il  fe  tient  ordinairement  à  une  petite  diflance  du  rivage, 
entre  les  racines  des  mangliers  ;  il  recherche  la  vafe , 
l'ombrage  &  le  varech  :  il  y  fraie  &  il  s  y  nourrit  de 
cruflacées  ,  de  coquillages  ,  d'œufs  de  poifTons ,  &c. 
Les  Habitans  des  Aûtilles  le  recherchent  comme  un 
mets  déUcat  :  on  le  prend  communément  avec  la 
faine. 

Ce  poiiTon ,  félon  M.  B-vuffonet ,  efl  long  de  fept 
ou  huit  pouces  ,  fur  environ  léize  lignes  de  largeur  : 
fon  ventre  efl  aminci  en  forme  de  carène  dentelée ,  ou 
qui  of&e  environ  trente -trois  pointes  ;  fon  dos  efl 
convexe  ;  fur  le  haut  de  la  tête ,  derrière  les  yeux ,  efl 
une  petite  figure  triangulaire  ;  la  gueule  efl  ovale  ,  peu 
grande  ,  &;  n'offre  aucunes  dents  ;  les  écailles  font 
rhomboïdales  ,  ferrées  ,  &:  difpofées  en  lignes  longitu- 
dinales ;  on  ne  diflingue  aucune  ligne  latérale  ;  le  dos 
efl  d'un  bleu-verdâtre ,  ÔC  chaque  écaille  offre  un  point 
brun;  les  côtés  du  corps  font  d'un  blanc-argenté ,  ainfi 
.que  les  opercules  des  ouïes  ;  ceux  de  la  tcte  oc  près 

de 


C    A    I  5(îi 

èç  la  tête ,  font  d\in  vert  de  poireau  ;  toutes  les  nageoires 
font  blanches  ,  mais  celles  de  la  queue  &  du  dos  font 
nuées  de  brun  ;  la  nageoire  dorfale  cflre  au  dernier  de 
fes  rayons  un  offelet  triangulaire  ,  long  &  roide  ;  celle 
de  l'anus  a  vingt -huit  rayons  légèrement  rameux  à 
leur  extrémité;  la,qu  ue  eit  ample  ,  partagée  en  deux 
lobes ,  dont  l'angle  rentrant  efl  obtus. 

CAÎLLÎ.  Petit  crefîbn  d'eau  ou  de  fontaine  ,  qui 
croît  à  deux  lieues  de  Rouen  ,  6z  particulièrement  à 
Cailli.   Foyei  CRESSON  d'eau. 

CAILLOU.  Mot  fort  vague  dont  le  vulgaire  fe  fert 
pour  défigner  quantité  de  pierres  plus  ou  moins  com- 
munes,  &  plus  ou  moins  chu"es.  Il  y  en  a  de  fimples, 
de  compofés  ou  mélangés  ;  les  uns  font  plus  ou  moins 
opaques  ,  d'autres  ont  un  tiffu  irrégulier  tant  à  l'inté- 
rieur qu  a  l'extérieur  :  il  faut  nécelTairement  que  le 
Naturaliile  ernploie  une  épithete ,  s'il  veut  défigner  & 
faire  connoître  telle  &  telle  efpece  de  caillou.  On  dit 
vulgairement  caillcu  dt  roche  ^  caillou  dcjafpe  ,  caillou  dô 
Médoc ,  du  Rfdn ,  d  ^Egypte ,  de  Rennes ,  d 'agate  ,  &  c .  &c .  ; 
&  toutes  CCS  pierres  ont  des  caracî:eres  qui  leur  font 
propres  &  particuliers. 

Le  genre  de  caillou  qui  appartient  fpéciaîement  au 
Jilex  ^  efl  une  matière  plus  ou  moins  ignefcente  ,  6c 
qu'on  prétend  être  produite ,  en  grande  partie  ,  par  de 
l'argile  fableufe.  Le  caradere  efientiel  du  caillou^  efl 
d'erré  dur  &  de  faire  feu  avec  l'acier  ;  de  ne  pas  faire 
effervefcence  avec  les  acides  ;  de  fe  changer  en  verre 
avec  ou  fans  addition,  félon  qu'il  eil:  plus  ou  moins 
coloré,  plus  ou  moins  opaque  &  Compofé.  Le  feu, 
en  rcuniffant  les  parties  du  caillou  ou  du  fable  d'une 
manière  homogène  ,  ainii  que  les  parties  d'argile  que 
Fadion  de  l'air  &  des  autres  éîém.ens  a  voient  peut- 
être  divifées  ,  leur  rend ,  félon  M.  de  Buffon  ,  leur 
première  forme.  Si  l'argile  en  fe  condenfant ,  dit  cet 
Académicien  ,  peut  devenir  du  caillou  &  du  verre , 
pourquoi  le  fable  ^  en  fe  divifanî  ^  ne  poufroit~il  pas 
Tome  IL  N  n 


562  C    A    I        _ 

devcx^îr  de  l'argile  ?  Le  verre  paroît  5tre  la  véri- 
table terre  ciémentaire  ,  &c  tous  les  mixtes  un  verre 
dcdiife.  Les  métaux  ,  les  minéraux  ,  les  fels ,  &c. 
ne  font  qu'une  terre  vitrefcible.  Les  fubdances  cal- 
caires de  la  nature  des  coquillages  iemblent  faire  une 
clafîe  à  part. 

La  Nature  fait  voir  tous  les  jours  à  TObfervateur 
attentif  ce  changement  naturel  de  fable  &  de  caillou  en 
argile ,  mais  par  un  progrès  lent  ôc  infenfible.  Que  Fou 
jette  les  yeux  fur  une  de  ces  campagnes  incultes  oii 
les  cailloux  jonchés  font  épars  çà  '6l  là  ;  que  l'on 
examine  la  furfàce  des  cailloux  expofés  à  l'air  :  leur 
fliperfîcie  eil  toujours  très -blanche ,  tandis  que  le  côté 
oppofé  qui  touche  la  terre ,  conferve  fa  couleur  natu- 
relle :  fi  on  les  cafTe ,  on  oblerve  que  cette  blancheur 
pénètre  plus  ou  moins  profondément  dans  le  caillou^ 
La  partie  blanche  ed  tendre ,  &  s'attache  à  la  langue 
comme  les  bols.  Il  eft  alfé  d*y  reconnoître  le  caillou 
qui  s'altère  ,  fe  décompcfe  ,  &  tend  à  reprendre  la 
forme  &  les  propriétés  de  l'argile  &  du  bol  dont  il  a 
été  formé.  Dans  tous  les  cailloux  c'eil  la  même  uni- 
formité ;  le  côté  expole  à  l'air  ell:  blanc  &  tendre, 
tandis  que  l'autre  conferve  fa  dureté  &  fa  couleur. 
Ce  ne  font  donc  point  des  cailloux  imparfaits  de  diffé- 
rens  âges  ,  qui  n'ont  point  encore  acquis  leur  per- 
feftîon. 

Cette  poufiiere  ,  tantôt  d'un  jaune  brillant ,  tantôt 
femblable  à  des  paillettes  d'argent  dont  on  fe  fert  pour 
fécher  l'écriture  ,  n'eil  autre  chofe  qu'un  fable  très- 
pur  ,  en  quelque  forte  pourri ,  prefque  réduit  en  fes 
principes  ,  &  qui  tend  à  une  décompofition  parfaite. 
Ces  paillettes  fe  feroient  atténuées  &  divifées  au  point 
qu'elles  auroient  acquis  les  propriétés  de  l'argile.  Il 
paroit  que  le  talc  eft  un  terme  moyen  entre  le  verre 
ou  le  caillou  tranfparent ,  &  l'argile  ;  au  lieu  que  le 
caillou  groïTier  ou  impur,  en  fe  décompofant,  pâlie  à 
l'argile  fans  intermède, 


C    A    I  ^5^3 

Les  cailloux  fe  trouvent  difpofés  ou  en  grandes 
maffes  &  par  couches ,  ou  en  monceau:»:  répandus  en 
très-grande  quantité ,  (bit  à  la  furface ,  Ibit  dans  l'in- 
térieur de  ia  terre  ,  épars  quelquefois  çà  &  là  dans 
la  craie. 

L'eau ,  en  pénétrant  les  couches  de  fable  vïtrifîabîa 
(  ignefcenî  ) ,  de  grès  ,  d'argile ,  d'ardoife  ,  fe  charge  àes 
parties  les  plus  fines  &  les  plus  homogènes  de  ces. 
matières,  &  elle  en  forme  plufieiirs  concrétions  diffé- 
rentes ,  tels  que  les  talcs  ,  les  amiantes  &  autres.  Le 
criftal  de  roche  ,  les  pierres  précieufes ,  5c  même  le 
diamant ,  peuvent  être  regardés  comme  des  fdllations 
de  matières  ignefcentes ,  produites  par  les  eaux.  C'ed 
ainli  que  dans  le  fyftême  du  monde ,  la  même  fubflance 
devient  un  cercle  de  mutation  dont  les  extrémités  fe 
confondent. 

Quant  à  ce  qui  regarde  les  parties  conilituantes  dit 
caillou  filcx  ,  nous  dirions  volontiers  avec  Henckd  z 
O  caillou  .'....  caillou  !  quelle  ejl  la  matier^  qui  i*a. 
formé  ?  Mais  nous  avons  cru  faire  plaiiir  à  nos  Leàeurs  ,' 
en  leur  préfentant  d'abord  les  belles  idées  de  M.  d&. 
Bufon.  Nous  ajouterons  encore  un  extrait  de  ce  qui  a 
été  écrit  fur  cette  matière  par  divers  autres  Auteurs, 

Flenckd  penfe  que  le  caillou  ,  dans  fa  première  orî-^ 
gine ,  a  été  formé  de  la  marne  ,  fondé  fur  ce  que  laç 
marne  fans  addition  ,  a  la  propriété  de  fe  durcir  dansr 
le  feu  ,  au  point  de  donner  des  étincelles  lorfqu'on  la, 
frappe  avec  l'acier  ;  ce  qui  fait  une  des  principales 
propriétés  du  caillou:  mais  il  ne  peut  pas  croire  quet 
dans  ia  formation  le  feu  doive  être  regardé  comme 
agent  extérieur. 

Zimmermann  dit  que ,  fi  l'on  vient  à  cafTer  un  caillou  ^ 
on  le  trouvera  feuilleté  &  tranchant  à  l'endroit  où  il 
aura  été  caffé  ;  que  les  cailloux  font  toujours  plus  durs  ^ 
plus  purs  &:  plus  tranfparens  vers  le  milieu  ou  le 
centre  ,  qu'à  l'enveloppe  ;  de  manière  que  le  grain 
central  fe  diilingue  toujoui-s  des  autres  parties  enviroij? 

Nn    i 


554        ,  C    A    I 

nantes  qiû  font  plus  molles  &  moins  compacte?. 
Quand  on  Icie  &  polit  les  cailloux ,  ils  acquièrent  ou 
développent  une  tranfparence  d'autant  plus  grande  ,  que 
le  grain  en  efl:  plus  pur  ou  criftallin;  mais  il  fuit  de  là 
aue  le  caillou  dans  fon  principe  doit  avoir  été  fous  une 
forme  liquide  ;  car  la  tranfparence  fuppofe  un  ordre ,  un 
arrangement  &  une  forte  de  fymétrie  dans  les  parties, 
qite  l'on  ne  peut  trouver  que  dans  un  fuiide.  Si  le 
Ciùllcu  eft  extérieurement  gercé  &  plein  de  crevalîes, 
il  efl'  clair  que  la  matière  en  eil  aigre  ;  qualité  qui 
vient  apparemment  d'une  condenfaticn  fubite  ;  mais 
l'intérieur  qui  efl:  moins  opaque  ,  d'un  tiffu  plus  ferré, 
n'a  pas  été  faifî  ni  condenfé  fi  fubitement.  Les  cailloux 
petits  &:  graveleux  feroient  peut-être  devenus  gros , 
purs  &:  parfaits  ,  s'ils  n'eufTent  pas  été  interrom^pus 
dans  leur  formation. 

Le  caractère  de  ces  fortes  de  pierres  efc  d'être ,  oit 
lamelleufes  ;  alors  c'cfb  un  fiUx  dur  &  formé  en  cou- 
ches corftinues  par  Jlillatwn  ou  épanchement  :  ou  en 
maffes  fphériques  ,  irrégidieres ,  &  avec  une  croûte 
blanche  ;  alors  il  efl  formé  par  con^liitlnaÛGn ,  oL  le 
centre  en  efl  fouvent  criflallifé  comme  du  quartz  ; 
Tffpece  qui  fe  trouve  en  maffes  ifolées ,  &  diuribuées 
par  bancs  dans  les  crayeres  y  efl  noirâtre  &  revêtue 
d'une  croûte  blanche  farineufe  ;  c'efl:  la  plzrn  a  brlquzt  : 
l'efpece  que  l'on  taille  pour  l'ufage  des  fuiils ,  eft  de 
couleur  blonde  ,  oL  demi-tranfparente  :  on  en  trouve 
beaucoup  à  Saint-Aignan  dans  le  Berry.  S'il  efr  en 
maffes  grenues ,  poreufes  ,  friables ,  fans  dureté ,  &:  s'il 
ne  fe  caffe  pas  en  fragmens ,  convexes  d'une  part  ÔC 
concaves  de  l'autre;  alors  il  eft  formé  par  aggrégatlorz. 

Les  cailloux  un  peu  tranfparens  &C  d'un  grain  fin , 
comme  les  belles  agates  ,  ne  fe  vitrifient  point  fans 
addition  :  il  faut  les  mêler  avec  une  fuffifante  quantité 
de  fel  alkali  fixe.  Les  cailloux  blancs  tranfparens  font 
eflimés  ks  meilleurs  dans  l'ufage  de  la  verrerie,  parce 
que  ne  contenant  point  de  particules  métalliques ,  ils 


C    A    I  565 

ne  doanent  aucune  couleur  au  verre  qu'ils  forment; 
ceux  qui  font  durs,  très-fcintilbns^,  d'un  tiii\i  ferré  èc 
uni ,  colores  &:  demi>tranfparens ,  font  des  fortes  d'a- 
gates :  la  fubitance  efl  la  même.  La  couleur  met  feule 
la  différence  entre  ce  que  Ton  nomme  fardoim  5  onice, 
chalccdoine  ,  cornaline ,  jade ,  &  autres  pierres  qui  dans 
la  diilribution  fynop tique ,  appartiennent  au  même  ordre. 
Confulte:^  notre  Minéralogie  ,  vol.  1.  Vojei  dans  ce 
Dictionnaire  chacun  de  ces  mots  &  Vardcle  Agate,  A 
l'égard  des  cailloux  opaques ,  colorés  ,  marbrés ,  ou 
à  zones  d'une  ou  de  plufieurs  teintes  vives,  Foyei^ 
Jasfe.    Foyei   auffi  C  article  SïLEX. 

Caillou  d'Angleterre.  Voye^  Astroïte  & 
Poudingue. 

Cailloux  d'Alençon  ,  de  Bristol  ,  de  Médoc  , 
DU  Rhin  ,  de  Cayenne  ,  &c.  Voye^  Cailloux- 
cristaux. 

Cailloux  arborisés.  Voye^  Dendrttes  ,  & 
tartïcu  Agate. 

Cailloux-cristaux.  On  appelle  ainfi  des  pierres 
dures  ,  plus  ou  moins  tranfparentes  ,  de  différentes 
couleurs  &:  de  différentes  formes  ;  ce  font  pour  la 
plupart  des  criftaux  de  roche  ou  des  quartz.  Tels  font 
I  ^  le  caillou  en  quille  ou  diamant  £ Alençon  qui  fe 
trouve  dans  le  granit  du  village  de  Hertrey  près 
d'Alençon  ;  2.°  les  criflaux  polyèdres  qui  fe  trouvent 
enfermés  dans  des  pierres  arrondies  &  en  forme  de 
géode  ,  ôc  qu'on  trouve  en  Dauphiné  près  d'Orel  <î>c 
de  Mélan ,  de  P.emufat  &  de  Die  ;  3  .^  le  caillcu  arrondi 
de  Médoc  en  Guienne ,  &:  celui  du  Bas-Poitou  appelé 
pierre  de  Camherlau  ;  le  caillou  ovale  du  Pvhin  ,  celui 
de  Cayenne  ,&  le  caillou  de  Briftol ,  celui-ci  efl  un 
criilal  de  roche  à  deux  pointes.  Toutes  ces  efpeces  de 
cailloux  font  des  pierres  ignefcentes  dont  la  matière 
ou  fflicée  ou  quartzeufe  fe  rapproche  par  fa  pureté  de 
celle  des  criilaux  de  roche,  &  même  de  celles  des 
pierreries  dures.  Foyei  Cristal  de  kocke  &  Quartz, 

Nn  3 


5<?6  C    A     I 

Caillou  d'Egypte.  Efpece  de  petro-JiUx  opaque 
&  maculé.  C'cfl  une  efpece  de  jafpc.  Voyez  et  mot. 

Les  cailloux  ir Egypte  ont  été  trouvés  pour  la  pre- 
mière fois  ^3X  Paul  Lucas  en  1714,  dans  la  Haute- 
Egypte  5  fur  le  bord  du  Nil ,  proche  le  village  d'In- 
cheric ,  où  fe  fait  la  poudre  à  canon  pour  le  fervice  du 
Grand-Seigneur.  L'on  a  taillé  de  ces  caïllcux ,  lefquels 
ont  pris  un  très-beau  poli  :  il  s'y  rencontre  des  pay- 
sages ,  des  arborifations ,  des  mafques ,  des  têtes  &  des 
figures ,  dans  des  attitudes  fort  fingulieres ,  ôc  aux- 
quelles l'imagination  ajoute  fouvent  beaucoup  d'attri- 
buts. L'efpece  de  caillou  a  Egypte  la  plus  rare  efl:  celle 
qui  eft  mêlée  de  beaucoup  de  blanc  par  fafcies,  c'eil- 
à-dire  par  bandes  :  le  fond  eft  brun  obfcur ,  mêlé  de 
îaune.  Ces  cailloux  fe  caffent  toujours  en  éclats  tran- 
chans  comme  le  ûlex  ou  comme  le  verre  de  bouteille  , 
convexes  d'un  côté  &  concaves  de  l'autre.  On  a 
découvert  de  femblables  cailloux  dans  les  environs  de 
Freyberg  en  1743,  dont  on  fait  auiîi  divers  ouvrages, 
tels  que  boîtes ,  tabatières ,  &c. 

Caillou  de  Rennes.  Efpece  à^.  poudingue.  Voyez 
ce  mot. 

Caillou  de  Roche.  Voyei  Petro-silex. 

CALMITIER  ,  Chryfophyllum ,  Linn.  Genre  de 
plante  à  fleurs  monopétalées ,  de  la  famille  des  Sapotilles  y 
ôc  qui  comprend  des  arbres  &  des  arbriffeaux  exotiques , 
dont  les  fleurs  font  axillaires  ,  &  dont  les  feuilles 
Simples  &  alternes  ont  fouvent  leur  furface  inférieure 
l)rillante  &  comme  dorée  ;  le  fruit  eft  une  groife 
baie  globuleufe ,  ordinairement  à  dix  loges  ,  qui  con- 
tiennent chacune  une  femence  ofieufe  ,  un  peu  com- 
primée ,  luifante  6c  marquée  d'une  tache  ou  d'une 
cicatrice  latérale. 

CaÏmitïER  pomiforme  ^  Chryfophyllum  cainiio  , 
Linn. ,  Plum.  C'eft  un  arbre  des  Antilles ,  fort  branchu , 
&  qui  s'élève  jufqu'à  la  hauteur  de  trente  à  quarante 
pieds  \  fa  cime  efl  fort  amplç  ôc  fort  étalée  :  fon  écorce 


C    A    I  567 

eft  crevaffée ,  rouffâtre  ;  fon  bois  tendre  &  blanc  :  Tes 
feuilles  font  larges  de  trois  à  quatre  pouces  ,  longues 
de  fept  à  huit  pouces  ,  ovales  ,  un  peu  pointues  , 
•divifées  en  deux  parties  égales  par  une  grolie  côte  , 
d'où  partent  plufieurs  nervaires  ,  parallèles  ,  un  peu 
obliques ,  fans  dentelure ,  luifantes ,  unies  &  d*un  vert 
foncé  en  defliis  ,  couvertes  en  defîous  d'un  duvet  fin , 
ibyeux,  d'une  couleur  d'or  ferrugineufe  ,  portées  fur 
des  pétioles  longs  de  huit  à  neuf  lignes ,  difpofées 
alternativement  far  une  ramille  :  fes  fleurs  font  petites , 
en  cloche ,  évafées  par  les  bords ,  découpées  en  cinq 
ou  fix  parties  égales ,  portées  fur  un  calice  également 
découpé  &  dont  les  extrémités  font  arrondies  :  le 
centre  des  fleurs  efl  occupé  par  un  piil:il  dont  l'embryon 
devient  un  fruit  mou  ,  charnu ,  gros  comme  un  œuf, 
couvert  d'une  pellicule  lifTe ,  épaiil'e ,  d'un  rofe  nue  de 
vert  ou  de  jaune,  ou  pourprée  ou  violette-bleuâtre , 
&  qui  contient  une  pulpe  mollaffe  ,  laiteufe  ,  gluante , 
d'un  goût  fade,  d'une  odeur  purulente,  Scqm  environne 
cinq  à  dix  noyaux  bruns  en  dehors ,  un  peu  aplatis , 
raboteux  par  un  bord,  durs,  liffes;  l'amande  çft  blanche 
en  dedans ,  d'un  goût  amer.  Cet  arbre  croît  par-tout  ; 
on  en  mange  les  fruits  :  fon  bois  fert  à  bâtir ,  &  il 
dure  aflez  lorfqu'il  efl  à  l'abri  du  foleil  &c  de  la  pluie,. 
On  aflure  que  fes  feuilles  appliquées  fur  une  plaie ,  du 
côté  vert,  divifcnt,  atténuent  les  humeurs,  &c  procurent 
ime  fuppuration  abondante  ,  tandis  qu'elles  en  arrêtent 
le  flux  immodéré,  &c  qu'elles  refferrent  les  fibres,  fi  on 
les  applique  du  côté  f oyeux,  qui  efl:  Pinfirieur. 

CAÏMiTiERa  fruit  en  forme  de  groffes  olives,  Caïizuo 
folio  fubtùs  aiireo^  fruciii  oHvœ  furmi  ,  Pluni.  ,  Burm.  ; 
c'efl  Vacomas  de  Nicoljon.  Cette  elpece  efl  commune 
dans  les  bois  à  Saint-Domingue ,  &  fleurit  en  Octobre 
&  Novembre  ;  fes  fruits  font  mûrs  en  Mai  &  Juin. 

Le  caïmitierk  feuilles  glabres  des  deux  côtés,  Ckryfr 
fhyllum  glabruni  ,  Linn>  U  croît  dans  les  bois  à  la 
Mrèi'tiîiique^ 

Nîî  4 


5^8  C    A   I  CAL 

CaÏMITIER  h  fruit  pyriforme  ,  Chryfcphylhim  Ma^ 
coucou  ,  Aublet.  Ce  grand  arbre  croît  dans  la  Giiiane  ; 
fes  fruits  ont  un  goût  plus  agréable  que  ceux  des 
autres  caimitiers. 

CAJOUS  ou  Cajou.  Voyez  Acajou-pomme  à  l'article 
Acajou. 

CAÏPON.  Nom  donné  à  un  arbre  très-élcvé,  qui 
croît  à  Saint-Dcmingue.  Son  tronc  eil  droit  ,  grand 
&  branchu  au  fommet  ;  Pécorce  unie ,  épaiffe ,  d'un 
rouge-cendré  ;  fon  bois  eft  blanchâtre ,  fblide ,  peiant  : 
fes  feuilles  font  oblongues,  pointues,  dentelées  fur  les 
bords  5  luifantes  :  fes  fleurs  font  blanchâtres ,  &  fuc- 
cédées  de  fruits  ovales  ,  verdâtres  ,  qui  deviennent 
rouffâtres  en  féchant.  Son  bois  eil  employé  dans  les 
ouvrages  de  charpente  ;  mais  pour  qu':l  dure  il  doit 
"être  à  l'abri  de  la  pluie  &  du  foleil.  Ejfaï  fur  CH'ifl. 
Natur.  de  Saint-Domingue, 

CAITAIA.   AuBréfil,  Mon  Marc  grave  ^  Saïmiri; 
ef!:)cce  de  Sapajou,  Voyez  Saï:v1îri. 
'CAJU-BESSÎ.  Voy:i  Bessï. 

CAKATOCHA  ou  Catacoua.  Foye^  Kakatou. 

CAKILE  ,  Cakilc  maritima  ampliors,  folio ,  Corol. 
Ind:.  49  ;  Eruca  maritima  ,  Italica  ^  fdiquâ  Jiafœ  cufpidi 
fmili ,  C.  B.  Pin.  99,  Quelques  Auteurs  prétendent 
que  c'eft  un  raifort  marin  ;  d'autres  l'appellent  roquette 
de  mer.  Quoi  qu'il  en  foit ,  cette  plante  croît  fur  les 
parages  élevés  des  mers  dans  les  lieux  pierreux  :  elle 
pouffe  beaucoup  de  tiges  ,  hautes  d'un  pied.  Ses  feuilles 
font  oblongues,  plus  ou  moins  étroites,  grades,  d'un 
goût  acre  &  falé  :  fes  fieurs  de  couleur  purpurine  , 
reil'emblent  à  celles  de  la  roquette.  11  leur  fuccede 
pour  fruit ,  des  gouffcs  courtes  ,  pointues ,  ayant  la 
figure  du  fer  d'une  pique ,  &:  renfermant  chacune  deux 
feminces  :  on  s'en  fert  dans  les  lieux  oii  cette  plante 
naît,  pour  le  fcorbut  &:  pour  la  colique  néphrétique. 
CALABA  ,  Calophyllum,  Nom  d'un  genre  de  plante 
à   fleurs  polypétalées  ,   qui  a   des  rapports  avec  le 


CAL  .5^9 

mangoiijîan ,  &  qui  comprend  des  arbres  exotiques  dont 
les  teuiiles-iont  fimples,  oppolees  &  remarquables  par 
la  Hnefle  de  leurs  nervures.  Le  fruit  efc  une  noix  fphéri- 
que  5  charnue  ^  contenant  un  noyau  globuleux ,  dans 
lequel  efl  une  amande  de  même  forme. 

Il  y  a  :  Le  calaba  à  fruits  ronds ,  des  îfles  de  Bourbon, 
de  France ,  &c.  Calophyllum  inophyllum  ^  Linn.;  Ponna , 
Rheed.  Mal.  ;  Bitan^or  marïtima  ,  Runiph.  Amb.  C'tll 
Tarbre  qui  donne  le  baume  vert ,  Voyez  ce  mot.  Sa 
variété  s'appelle  le  bois  marie ,  6l  fe  trouve  en  Amé- 
rique. 

Le  calaba  à  fruits  alongés ,  Calophyllum  calaba  , 
Linn.  ;  Tsj croît- Ponna  ,  Rheed.  Mal.  Ses  fruits  font 
rouges ,  &  reffemblent  allez  par  leur  forme  &:  leur 
volume  à  ceux  du  cornouiller  mâle.  Les  Indiens  le 
mangent ,  &  tirent  par  expreflicn  de  fes  amandes  wv.ç. 
huile  qui  fert  pour  les  lampes. 

Le  calaba  à  feuilles  acuminées  ,  Bitangor  fylvejtrls  , 
Rumph.  Amb.  Ses  fruits  font  un  peu  pomtus.  On 
trouve  cette  dernière  efpece  dans  les  endroits  mon- 
tagneux des  Moluques ,  &:  dans  l'Ifle  de  Java. 

CALAC  5  Carïjfa.  Nom  d'un  genre  de  plante  à 
fleurs  monopétalees  ,  &  qui  comprend  des  arbriffeaiix 
exotiques  com.muném-ent  épineux  ,  dont  les  feuilles 
font  iimples  ôc  oppofées ,  &  dont  les  fleurs  ccnfor- 
niées  à-peu-près  comme  celles  des  jafmins,  produiient 
des  baies  biloculaires ,  &  à  plufieurs  femences. 

Il  y  a  :  Le  calac  à  feuilles  obtufes  ,  des  Indes ,  Cariffa 
carandas ,  Linn.  ;  on  fait  avec  fes  baies  de  très-bonnes 
confitures.  Le  calac  à  feuilles  de  faule  ,  des  Indes.  Le 
calac  à  feuilles  ovales ,  de  l'Arabie  &  àç:s  Indes  Orien- 
tales, oïL  à  feuilles  de  myrte  ,  Cariffa  jyinarum  ^Isiïm, 
Le  calac  du  Cap  de  Bonne-Efpérance  ,  CariJJa  arduina 
h'ijpinofa^  Linn. ,  Mant.  52. 

CALAF.  On  croit  que  c'eil  une  efpece  de  faule  nain  , 
qui  naît  en  Egypte  ,  en  Syrie ,  aux  lieux  humides  , 
&  dont  il  çfi  fait  mention  dan^  quelques  Auteurs,  feus 


«J70  Cal 

les  noms  de  han  ,  de  fr.fsaf  &  de  :{amth  ;  fa  fleur 
naît  avant  la  feuille.  Cette  fleur  efl  -longuette  , 
blanche  ,  lanugineufe  ,  odorante  :  l^s  feuilles  ,  graffes 
au  toucher  &  de  couleur  perlée  ,  font  beaucoup 
plus  grandes  que  celles  du  iaule  ordinaire.  Les 
Egyptiens  diflillent  les  fleiu-s  ,  &  en  tirent  cette 
famtufe  eau  cordiale  qu'ils  appellent  mac.ihaUf^  dont 
ils  font  ufage  pour  réprimer  le  trop  grand  défir  de 
l'afte  vénérien.  On  prcpare  auin  à  Damas  de  cette 
eau  ,  &  l'odeur  en  eil  fi  agréable  &  fi  pénétrante 
qu'elle  fufHt  pour  diffiper  la  défaillance.  Les  Maures 
s'en  fervent  tant  intérieurement  qu'extérieurement 
oans  les  fièvres  ardentes  &  peflilentielles.  Lcmzry 
dit  que  le  faule  que  nous  anp:4ons  mcirfza.ii  ,  eft 
fi  femblable  à  ce  calaf  ^  que  rAmbalîadeur  de  Perfe  , 
qui  vint  à  Paris  en  1 7 1 5  ,  en  fit  foigneufement 
rc.mafrer  les  fleurs  pour  les  dilliller  ,  &  en  boire 
î'eau  qu'il  re'2;ardoit  comme  un  puiffant  rafraîchifTant. 
Le  C2laf  n'eft-il  pas  un  chaUf^  celui  appelé  olhur  de 
Bohême. 

CALAGUALA.  Plante  qui  croît  à  Quito  &  à 
Popayan  dans  le  Pérou.  De  fa  racine  fortent  plu- 
fieurs  pédicules  coudés  ,  triangulaires  ,  creux  ,  flriés , 
&  portant  des  feuilles  larges  par  la  bafe ,  étroites  par 
îe  bout ,  vertes ,  luifantes ,  &  garnies  extérieurement 
d'un  nombre  de  capfules  orbiculaires,  feminales,  dentées 
&  rangées  far  deux  lignes  :  ces  femmces  font  menues 
comme  de  la  pouiTiere  ,  &:  font  lancées  au  loin  avec 
force  élallique  tous  les  ans ,  lorfque  les  capfules  vien- 
nent à  s'ouvrir. 

On  diftingue  trois  fortes  de  racine  de  cala^u.ila  , 
qui  cil  la  feule  partie  d'ufage  en  Médecine.  La  première 
ne  fe  trouve  que  fur  les  rochers ,  &  efl  épaiffe  ,  de 
couleur  i'aune-brunâtre,  entourée  de  mouffe,  cxtérieib 
lement  lieneufe  ,  compofée  intérieurement  de  fibres 
•blanches  &  longues ,  &:  au  milieu  de  cette  racine  eâ 
'  une  mz'i^'^.'-z  un  peu  fpongieufe. 


CAL  ^        '571 

La  deii^cieme  ne  croît  que  dans  les  terrains  fablon- 
neiix;  elle  efl  moins  volumineufa  que  la  précédente  , 
6c  h  couleur  eil  d'iui  bnui-rougeâtre  ,  quelquefois 
grilâtre. 

La  troifieme  forte  de  racine  de  calaguala  eft  cultivée 
dans  les  jardins  ;  fa  couleur  ell  obfcure ,  cendrée  par 
la  partie  convexe. 

On  préfère  la  première  forte  ,  qui  efl  la  mieux 
nourrie,  non  cariée  ou  vermoulue,  qui  fe  coupe  faci- 
lement 5  &  qui  a  un  goût  favonneux.  On  l'eflime  apé- 
ritive,  &  très-fudoriiique  :  on  en  fait  ufage,  lolt  en 
décoction ,  foit  en  poudre  ,  à  la  dofe  d'un  demi-gros 
6c  quelquefois  d'un  gros. 

Le  calaguala  eft  beaucoup  plus  connu  &  plus  ufiîé 
en  Efpagne  &:  en  Portugal ,  qu'en  France.  Pkarmacop. 
Matntenf.   edit.  z^. 

CALALOU,  Cucurbua  pcpo  ^  Ammca.na  ,  an  Ketmia 
Brafdknfis  ,  folïc  ficus  ^fruau  pyramidato  fiiUato  ?  înfl.  ; 
Karculou  ^  Barr.  ElT.  ,  pag.  GG  ;  Ouaouciyama  ,  des 
Caraïbes  ;  Quingombo  Lujïtanis  ,  Marcg.  Plante  ramipante 
très-eifentielle  aux  Blancs  &:  aux  Nègres  de  la  Guiane  ; 
les  Habitans  l'appellent  auiïi  citrouïlU ,  potiron ,  gombdut 
&  giraumont.  Le  giraumont  croît  naturellement  à  la 
Louifiane  :  cette  plante  ,  ou  race  particulière  dans 
i'efpece  àwpepon^  (Voyez  à  lafuïu  di  VanlcU  COVRGE 
à  limbe  droit  )  porte  des  femlles  qui  font  prefque  auffi 
larges  qu'une  aiTiette  ;  fes  fleurs  font  j aimes ,  ÔC  S 
leiu:  faccede  des  fruits  tendres  ,  remplis  de  petites 
graines  mucilagineufes.  Ce  fruit  étant  jeune  fe  cueille 
pour  être  mangé  en  falade  ,  à  l'e-.u  &"  au  fel.  Il  eft 
bon  pour  l'ellcm.ac  6c  convenable  aux  convalefcens. 
Lorfque  le  fruit  eft  miir  ,  on  le  hache  par  petits  mor- 
ceaux avec  les  feuilles  de  la  plante  ,  on  fait  cuire  le 
tout  avec  du  lard;  c'eft  le  mets  que  les  Dames  Créoles 
donnent  par  préférence  aux  perfonnes  les  plus  diftin- 
guées  ;  quelquefois  on  les  met  dans  la  foupe  ,  on  les 
îVlcaiTe  ;  d'autres  fois  on  les  fait  cuire  au  four  &  feus 


57i  CAL 

la  braife.  On  les  mange  en  purée  ;  de  toutes  façons ,' 
ils  font  bons  6c  agréables  :  on  en  fait  auffi  des  beignets. 
Quelquefois  les  glraumonts  font  très-volumineux  ,  & 
kur  écorce  varie  pour  la  couleur ,  fuivant  la  variété. 
La  chair  cil  une  pulpe  fine  d'un  jaune  pâle ,  plus  ferme , 
d'un  fucre  moins  fade,  &  dun  goût  beaucoup  plus 
relevé  que  celle  de  !a  citrouille  ;  on  en  fait  des  confi- 
tures feches.  Pour  cet  t^Qi  on  les  taille  en  forme  de 
poire  ou  de  qiielqu'autre  fruit ,  &  on  les  confit  auiîi 
à  {ec  avec  fort  peu  de  tlicre  ,  parce  qu'ils  font  natu- 
rellement fucrés.  Les  perioanes  qui  ne  les  connclfTent 
pas  font  furpris  de  voir  des  fruits  entiers  coniits ,  (ans 
trouver  en  dedans  aucuns  pépins.  Il  y  a  des  glraumouiS 
qui  fentent  un  peu  le  mufc  ;  ce  qui  en  relevé  la 
faveur. 

Nicolfon  ÇE.Jiû  fi/r  l' I-Ii.fi,  Natitr.  d:  Saïnt-Dom'tn- 
gue)  difl;ngue  trois  efpeces  de  giraujjionts  \  favor,  le 
Vert  ,  le  jaunt  &  gros  ,  le  jaune  &  pztïî.  Il  dit  que 
c'efl  Vanguria  du  Pcrc  Plumier ,  le  jujuru  ,  bahom  à.(^s 
Caraïbes. 

CALAMBAC  &CALAMBOUC.  Voyc/J^^ois  d'Aloès. 

CALAMBOîjPvG  ou  Cunamboirk.  Bois  odori- 
férant de  couleur  verdâtre  ;  il  diffère  du  calambouc 
qui  vient  de  la  Chine ,  &  dont  nous  avons  parlé  au 
mot  bois  d'aloes  ,  Voyez  ce  mot.  On  emploie  le  calam^ 
bourg  en  ouvrages  de  tabletterie,  ê^  dans  les  bains  de 
propreté. 

CALAMENT  ,  Calaminihci.  Cq.^  une  plante  qui 
s'élève  environ  à  la  hauteur  d'un  pied ,  &  qui  fe 
divife  en  plufieiu's  rejetons  anguleux  ;  i'es  feuilles  font 
prefque  rondes  ,  un  peu  pointues ,  légèrement  lanu- 
gineufes ,  &  rangées  deux  à  deux  l'une  vis-à-vis  de 
l'autre. 

On  fait  ufage  de  trois  ou  quatre  efpeces  principales 
de  calamcnt  ;  favoir  ;  le  calament  ordinaire  ,  le  cala- 
niera  a  odeur  de  pouliot  ^  le  calaïucnt  de  montagne  ou 
à  grande  fleur,  &  le  calament  dis  champs  ou  \q  pouliot-* 


CAL  573 

thym,  (  M.  DehuT^z  cbîerve  que  les  trois  premières 
font  clu  genre  de  la  Mélîjje ,  &.  la  quatrième  eil  une 
mmthi  ,  ielon  Llnnœus  :  c'eff  le  calamait  des  marais  , 
Manhafm  Calamintha  aquat'ica  ,,'^À\.Sjno^{,  3  ,  232; 
Mcmha  arvmjîs ,  verticillata ,  hirjuta  ,J.  B,  3,217.  Si^s 
fleurs  font  verticillées  ,  peu  garnies  ;  les  étamines 
égales ,  Si  quelquefois  furpaiTanî  la  corolle.  )  Elles  por^ 
tent  dans  les  aiiTelles  des  feuilles ,  des  fleurs  en  gueule  , 
de  coiileur  purpurine  ,  auxquelles  fuccedent  quatre 
embryons  qui  fe  changent  en  autant  de  graines  arron- 
dies oC  noirâtres.  Toutes  ces  efpeces  de  plantes  font 
remarquables  par  leur  odeur  forte  &  aromatique ,  qui 
les  rendent  utiles  dans  tous  les  cas  où  il  s'agit  d'in- 
cifer  puiiTamment  les  humeurs  vifqueufes  :  on  en  prend 
en  manière  de  thé  pour  provoquer  les  règles  :  appli- 
quées extérieurement ,  elles  atténuent ,  répercutent  & 
réfclvent. 

On  a  donné  le  nom  de  calaimnt  en  arbriiTeau  à  la 
farriette  de  montag^ne.   Voyez  cz  mot» 

CALAMINE  FOSSILE  ou  Pierre  Calamînaïre, 
Calaminaris  lapis,  La  pierre  calaminaire  eil  la  cadmlc- 
foffJ.e  par  excellence ,  Cadmia  native ,  ou ,  à  proprement 
parler ,  la  matrice ,  la  mine  de  zinc  terreufe ,  ou  à 
l'état  de  chaux.  Foye^  Zmc, 

La  calamine  n'afFecle  point  de  figure  déterminée  ; 
elle  efl  plus  ou  moins  friable  Se  compa£):e  ,  quelque- 
fois poreufe  ,  de  différentes  couleurs  ,  &  contient , 
outre  le  zinc ,  de  la  terre  ,  du  fable ,  du  kr  précipité , 
ou  ochre  martiale ,  fouvent  de  la  gaUnc  de  plomb , 
Voyez  ce  mot.  En  général ,  la  calamine,  eil  plus  légère 
que  les  moines  de  fer. 

Celle  qui  efr  rougeâtre  eiî:  très-pauvre  en  zinc;  elle 
contient  beaucoup  dé  fer  ;  celle  qui  eil  grife  ou  d'un 
jaune  pâle  contient  beaucoup  plus  de  zinc,  &  eft  la 
meilleure  pour  convertir  le  cuivre  rouge  en  laiton, 
Ainfi  5  toute  pierre  appelée  calaminairz ,  qui ,  mêlée 
j&vec  dçs  chaxboos  &:  ^r^fiiite  expofç^  à  l'aftion  là  pins 


574  CAL 

véhémente  d'un  feu  renfermé,  ne  produit  point  de 
zinc  ,  ou  qui  à  un  feu  découvert  ne  compofe  point 
le  laiton  lorfqu'elle  eft  mêlée  avec  le  cuivre  rolette 
&  le  charbon  ,  n'ed  point  une  vraie  pierre  calamlnaire, 
Ceft  la  règle  que  nous  en  donne  M.  Margrajff,  Toutes 
les  calamines  femblent  être  des  réfultats  ochracés  pro- 
venant naturellement  de  la  décompchtion  &:  précipi- 
tation du  vitriol  de  zinc  &  du  vitriol  martial  dans  à^^ 
matrices  limoneufes  plus  ou  moins  mélangées.  On 
trouve  la  calamine  dans  les  environs  d'Aix-la-Chapelle, 
dans  le  Berry  ,  aux  environs  de  Saumur  en  Anjou ,  & 
en  d'autres  endroits  de  l'Europe.  Elle  fe  préfente  très- 
fouvent  fous  la  première  couche  de  la  terre.  Dans  le 
Duché  de  Lîmbourg,les  mines  à^. calamine  font  abon- 
dantes &:  s'exploitent ,  de  même  que  le  charbon  de 
terre  ,  par  bures  ,  par  galeries  ,  &c.  C'eil  à  Namur 
qu'on  la  travaille  ,  à  l'aide  des  fourneaux  &  des  ma- 
chines faites  exprès ,  pour  en  extraire  le  zinc  ,  &  l'af* 
focier  au  cuivre  rouge.  Cette  opération  eit  diiiicile 
&  curieufe.  Confultci^  notre  Minéralogie  &  le  Diciion- 
naire  de  Chimie.  On  emploie  en  Médecine  la  pierre 
calaminaire  à  l'extérieur  :  on  l'eflime  adringente ,  propre 
à  fécher  &  à  cicatrifer  les  plaies  &  les  ulcères ,  mais 
pour  cela  il  faut  qu'elle  foit  bien  lavée  &  porphyrifée. 
CALAMITE.  Epithete  que  l'on  donne  au  jlorax  en 
larmes  ,  à  caufe  qu'on  le  mettoit  autrefois  dans  des 
rofeaux  appel  es  calami  pour  le  conferver.  Voye\  Stor  AX. 
M.  Guettard  donne  auiîile  nom  de  calamité^  Calamités^ 
à  des  polypites  dont  le  caradere  générique  eil:  d'être 
en  groupe  ,  dont  chaque  piirtie  font  des  tuyavix  plus 
ou  moins  cylindriques,  non  raminés  ou  très-peu  ,  ter- 
minés par  le  bout  fupé rieur  en  étoiles  uniques. 

CALaMUS  aromatique  vrai  ou  Roseau 
AROMATIQUE  ,  Calamus  aromaticus  verus.  Beaucoup 
de  Pharmaciens  confondent  le  véritable  calamus  avec 
Vacorus  vrai ,  ils  fe  trompent  :  ces  fubftances  végétales 
différent  beaucoup  l'une  de  l'autre  :  il  fuifit  de  les  exa*, 


CAL  575 

înîne^  dsns  les  boiniques  &  de  les  ccmparer  dans  les 
del  criptions  de  Diofcoridc .  de  Pline ,  de  Galicn  ,  &c, 
pour  s'en  convaincre  ;  Vasonis  eft  une  racine  ,  Voye:!^ 
AcORVS.  Le  calamus  ou  îoieau  aromatique,  Arundo 
Syrïaca  foliis  ex  adverfo  Jitis^  Morif.  ,  eft  au  contraire 
la  tige  d'une  plante  arimdinacée ,  crcufe  comme  m\ 
chalumeau ,  grofTe  comme  une  plume  médiocre  ,  ge- 
nouillée,  d'un  jaune  pale  ou  d'un  gris-rougeâtre  en 
dehors  ,  blanche  en  dedans ,  rem.plie  d'une  îubilance 
fongueufe  ou  moelle  ,  d'un  goût  acre ,  d'une  amer- 
turne  légère  ,  &:  d'une  affez  bonne  odeur.  On  nous 
l'appcrte\les  Indes  &  d'Egypte  toujours  lec  ,  en  petites 
bottes  hautes  de  deux  ou  trois  pieds ,  faciles  à  calTer. 
Paludamis ,  Piofper  Alpin  &  le  Portugais  Gar^ias  , 
font  les  premiers  &:  les  feuls  qui  aient  rencontré  & 
décrit  la  plante  du  vrai  calamus  aromatique.  Cette  plante 
s'appelle  cajfahl-d arriva.  Il  fort  de  chaque  nœud  de  la 
tige  deux  feuilles  longues,  pointues  ,  vertes  ;  fes  fleurs 
naiffent  aux  fommités  de  la  tige  &  des  rameaux ,  dif- 
pofées  en  petites  ombelles  ou  bouquets  jaunes ,  auxquels 
fuccedent  de  petites  capfules  oblongues  ,  pointues  , 
noires ,  qui  contiennent  des  graines  menues  &  de  la 
même  couleur. 

Les  Peuples  des  Indes  emploient  la  tige  pour  alTai- 
fonner  le  poiiTcn  &:  les  viandes  bouillies  ;  elle  fortifie 
Teflcmac  &:  facilite  la  digeflion  :  prife  en  déco£lion 
elle  provoque  les  micnflrues.  Les  Egyptiens  s'en  fervent 
pour  appaiier  la  toux ,  en  en  afpirant  la  flimée  avec 
wn  chakuneau.  Les  Indiens  en  font  fouvent  ufage  dans 
les  maladies  hyfîériques  &  les  douleurs  de  nerfs.  En 
Europe ,  on  l'emploie  dans  la  thériaque ,  comme  propre 
à  réfifter  au  venin. 

CALANDRE  ,  pL  enl,  363.  /j^.  2,  Calendra  en  ef- 
psgnol  &  en  italien.  C'efl  la  grolfe  &  grande  alouette; 
elle  a  les  mœurs  de  r alouette  vulgaire  ,  le  chant  ^ 
même  la  faculté  d'imiter  celui  de  pluiieurs  autres 
oifeaux  y  ainfi  que  difFérens  fons  ,   loi-fqu'çlle  a  étQ 


575  CAL 

éd'.qiiée  de  bonn3  heure  ,  par  les  foins  de  lliomme; 
La  calandre  eil  répandue  dans  les  Pays  chauds ,  &  on 
ne  la  trouve  en  France  que  dans  les  Provinces  Mcri- 
dionales  :  diiFérem.nent  de  Xaloactu  vulgaire ,  la  calandre 
brife  (en  grain  avant  de  lavaler.  La  calandre  qui  fe 
trouve  au  Cap  de  Bonne-El'pérance  ,  a  reçu  le  furnora 
de  cravattc  jaune. 

CALAO.  C'eil  le  nom  générique  de  plufieurs  efpeces 
d'oifeaux ,  allez  gros ,  &  très-remarquables  par  la  forme 
finguliere  de  leur  bec.  Les  calaos  font  du  LXI.^  genre 
de  la  Méthode  de  M.  Brijfon.  Des  Auteurs  donnent 
au  calao ,  en  latin ,  le  nom  à^iydrocorax  ;  d'autres  le 
défignent  très  -improprement  ahifi  ,  corviis  Indiens  ; 
mais  les  calaos  n'ont  aucun  rapport  avec  les  corbeaux, 
&  ne  vivent  point  au  bord  des  eaux  comme  fembleroit 
l'indiquer  le  nom  ô.-hydrocorax.  Ce  font  des  oifeaux 
terrefîres  &  qui  fc  nourriffent  de  fruits  comme  les 
toucans  ;  ces  derniers  font  propres  au  nouveau  Con- 
tinent ;  les  calaos  ne  fe  trouvant  qu'aux  Indes  Orien- 
tales &  en  Afrique  ,  appartiennent  uniquement  aux- 
contrées  chaudes  de  l'ancien  Continent.  Quelques 
Naturaliiles  appellent  les  calaos  ,  clfcaux  rhinocéros  , 
quoique  ce  nom  ne  s'applique  communément  qu'à 
une  efpece  de  ce  genre. 

Les  calaos  ont  les  jam.bes  couvertes  de  plumes  juf- 
qu'au  talon  ;  les  pieds ,  qui  font  courts ,  ont  quatre 
doigts ,  gros ,  dénués  de  membranes  ,  trois  devant , 
un  derrière  ;  celui  du  milieu  des  trois  antérieurs  efl 
étroitement  uni  au  doigt  extérieur  iufqu'à  la  troifieme 
articulation  ,  ër  au  doigt  intérieur  jufqu'à  la  première  ; 
îe  bec  très-gros  ,  à  large  ouverture  ^  cependant  foible  , 
d'une  fubiiance  fragile  &  fujette  à  fe  féparer  par  écailles; 
il  eil  alongé  &:  courbé  comme  une  faux ,  dentelé  le 
long  de  fes  bords  ;  ce  bec  ,  incommode  par  fon  poids  , 
eil  encore  fouvent  furchargé  d'excrcillances  qui  doivent 
en  augmenter  la  pefanteur  6i  en  gêner  les  mouvemens. 
Ces  gifemix  femblent  doac  être  xsx^  conformés  pour 

marcher 


CAL  iç'7'j^ 

hiaîcher ,  fe  percher ,  fe  foutenir  ^  &  même  pour 
prendre  la  nourriture  dont  ils  ont  befoin  ;  ils  font  à 
nos  yeux  des  êtres  traités  peu  favorablement,  informes 
en  quelque  forte ,  &  infortunés  ;  mais  il  faut  croire , 
dit  M.  Mauduit ,  que  la  Nature  ,  occupée  de  la  penfée 
de  la  création  ,  a  tout  vu  dans  l'avenir ,  connu  tout 
d'avance  ,  calculé  les  rapports  &  les  relations  entre 
les  parties  &  le  tout ,  entre  les  befoins  &  les  moyens , 
&  que  rien  n'a  pu  fortir  de  its  mains  informe  oU 
mal-afîbrti. 

On  diftingue  plufieurs.  efpeces  de  calaos  \  i.^  le 
calao  à  h  ce  ou  noir  ou  rou^e.  ,  du  Sénégal.  Voyez 
TOCK. 

i."*  Le  calao  (VAbyJfink ,  pi.  enl.  779.  C'efl  un  des 
plus  grands  de  ce  genre  ;  tout  fon  plumage  eft  noir  ; 
les  grandes  pennes  des  ailes  blanches  ;  le  bec  noir, 
long  de  neuf  pouces,  moufle  par  la  pointe,  &  une 
plaque  rouge  fur  chaque  côté  ;  la  proéminence  du  bec 
a  deux  pouces  &  demi  de  diamètre. 

3 .°  Le  calao  d'Afrique ,  appelé  le  brac  ou  trompette 
de  brac  ;  il  eft  de  la  groffeur  du  dindon  ;  fon  plumage 
eft  noir  ;  fon  bec  eft  en  partie  rouge  ,  en  partie  jaune 
&  bordé  de  noir. 

4.^  Le  calao  de  Gingi  ;  on  le  trouve  à  la  Côte  de 
Corornandel;  fon  bec  efl  très-long,  fortement  courbé; 
FexcroifTance  fur  le  bec  forme  comme  un  fécond  bec , 
mais  moitié  moins  long  que  le  premier  ou  véritable 
bec  ,  qui  eft  noir ,  bordé  de  blanc  ;  le  plumage  d  un 
gris-brun. 

5.^  Le  calao  à  bec  cifelé  ou  dentelé^  de  l'Iile  Panay. 
M.  Sonmrat  dit  qu'il  eîl  à-peu-près  de  la  taille  du  gros 
corbeau  d'Europe;  fon  bec,  dentelé  le  long  de^fes 
bords,  efl  fillonné  en  travers  dans  les  deux  tiers  de 
fa  longueur;  la  couleur  du  bec  eft  brune  ,  mais  les 
rainures  ou  enfoncemens  font  couleur  d'orpin  ;  l'ex- 
croiiTance  de  ce  bec  eil  comprimée  fur  les  cotés  ,  tran- 
chante en  deiîiis  ;  le  plumage  fur  le  corps  efl  d  un 
Tome  II.  O  o    . 


'^578  C     A    £• 

noir  chatoyant  le  bleu-verdâtre  ;  le  deffous  du  corp^ 
efl  roufîàtre. 

6.^  Le  calao  de  Malabar  efl:  de  la  groiTeur  dii 
corbeau  ;  l'excroifiance  furmonte  &  forme  comme  lin 
fécond  bec  ,  appliquée  &  couchée  fuivant  la  cour- 
bure du  véritable  bec ,  élevée  de  plus  de  deux  pouces  , 
^  finit  à  deux  pouces  du  vrai  bec  :  on  diroit  d'un  bec 
tronqué  &  fermé  à  fa  pointe  ;  l'intérieur  en  efl  cel- 
lulaire ;  fa  fubilance  efl  mince ,  blanche  -  jaunâtre  au 
milieu ,  les  deux  extrémités  noires  ;  de  longs  cils 
arqués  en  arrière  garniffent  la  paupière.  On  a  vu  un 
de  ces  individus  à  Paris  ;  & ,  en  général ,  la  figure  j 
l'allure  &  toute  la  tournure  de  ce  calao  ,  ont  paru 
im  compofé  des  traits  ôc  des  mouvemens  du  geai , 
du  corbeau  &:  de  la  pie  :  il  faifoit  entendre  un 
glouffement  comme  la  poule  d'Inde  qui  conduit  fes 
petits  ;  le  plumage  à-peu-près  le  même  qu'au  calao  d^ 
l'Ifle  Panay. 

7.°  Le  calao  de  Manille^  pi.  enl.  89 î.  Il  efl  de  la 
groffeur  du  tock  ;  fon  bec  5  couleur  de  chair  pâle ,  efl  fans 
dentelures  ,  afTez  pointu  ,  &  tranchant  ^ar  les  bords  ; 
ce  bec  efl  furmonte  d'un  léger  feflon  proéminent; 
fon  plumage  efl  brun-noirâtre  fur  le  corps ,  Ôc  d'un  blanc 
fale  en  delibus. 

8.^  Le  calao  des  Moliiqms  ,  pi.  enl.  283.  Il  efl  dç 
la  grofTeur  du  coq  ;  fon  plumage  efl  ,  pour  la  plus 
grande  partie  ,  de  couleur  fauve  mêlé  de  noir  ;  le 
\)(ic  efl  cendré-noirâtre  ;  PexcroifTance  du  bec  efl  blan-^ 
ch^re  5  arrondie  en  arrière ,  plate  en  de  fuis. 

9.°  Le  calao  des  Philippines  efl  de  la  grofTeur  d'un, 
dindon  ;  le  plumage  efi:  noir  fur  le  corps  &  blanc  en 
defTous  ;  les  pieds  font  verdâtres  ;  fon  bec  efl  long 
de  neuf  pouces ,  de  couleur  rougeâtre ,  ainfi  que  l'ex- 
croiiTance  qui  efl  longue  de  fix  pouces  ,  large  de 
trois ,  arrondie  en  arrière  ,  concave  en  defTus  ,  & 
terminée  par  lii^wn  angles  avancés  ;  les  narines  font 
placées  à  l'origine  du  bec^  feus  cette  exçroiffance. 


CAL  ^79 

'10.^  Le  calao  des  Indes  de  M.  Briffon  ^  OU  calao 
fhinoceros,  li  efl  bien  plus  grand  que  le  corbeau 
d'Europe  ;  fon  plumage  efl  tout  noir  ;  fon  bec  eil 
jaunâtre ,  &  feulement  rougeâtre  dans  le  haut  de  la 
partie  fupérieure  ;  l'excroiffance  eft  longue  &  en  forme 
Be  corne  courbe  ,  relevée  &:  ifolëe  par  le  bout  qui  finit 
£n  pointe  mouffe  ;  elle  elt  variée  de  rouge  &  de  jaune  ^ 
avec  une  ligne  longitudinale  &  noire  de  chaque  côté. 

1 1  .^  Un  calao  dont  on  ne  connoît  que  le  bec  , 
repréfenté  ,  pi,  enL  c)-^^;  ce  bec  a  fix  pouces  de  long  , 
prefque  droit,  fans  dentelures  ;  la  protubérance  en 
forme  de  cafque ,  d'un  rouge  de  vermillon  ,  prefque 
ronde,  haute  de  deux  pouces,  &c  huit  de  circonférence. 
M.  Brijffon  parle  d'un  calao  indiqué  par  Bomius  ^  fous 
le  nom  de  corbeau  des  Indes,  Voyez  ce  mot, 

CALCÉDOINE  ou  ChalcÉdoine  ,  Lapis  chai- 
cedoniiis,  C'ell:  une  pierre  qui  a  été  mife  dans  la 
clafîe  des  pierres  fines  demi  -  tranfparentes.  La  cal- 
cédoine efl  ignefcente  ,  &  fem]:)le  être  de  la  nature 
d'un  beau  caillou  ,  fikx  ^  ou  à  pâte  d'agate  ;  elle 
ed  nébuleufe,  de  couleur  blanche,  laiteufe  &  légè- 
rement teinte  de  gris ,  de  bleu  ^  rarement  de  jaune  : 
on  y  diftingue  prefque  toujours  trois  couleurs  dans 
lefquelles  le  bleu  laiteux  domine.  Cette  pierre  a  été 
aufïï  nommée  a§au  blanche  laiteufe.  Si  la  teinte 
du  bleu  efl  affez  foncée  pour  approcher  du  brun 
ou  du  noir ,  la^  pierre  prend  le  nom  ^ agate  noire  ; 
il  la  teinte  de  .jaune  efl  aiiez  vive  pour  approcher 
de  la  couleur  orangée  ,  la  pierre  doit  être  appelée 
fardoine  ;  fi  fa  teinte  étoit  d'un  rouge  de  chair 
vive  ,  on  l'appéleroit  cornaline.  Voyez  ces  mots. 
Si  la  teinte  de  bleu  domine  &  efl  d'une  belle  tranf- 
parence ,  la  pierre  s'appelle  calcédoine  faphirine.  Les 
calcédoines,,  dont  les  couleurs  grifes,  nuées  de  bleu 
font  les  plus  nettes  &  les  plus  vives ,  font  réputées 
orientales.  On  en  voit  de  liufantes  &  qui  chatoient 
d'une  fa^on  remarquable  ^   notamment  la  calcédoine 


580  C    A    L 

faphïrinz ,   qui  efl  la  plus  dure  ,  la  plus  rare ,  la  pîu§ 
belle  &:  la  plus  eftimée. 

La  calcédoine  laheufe  ,  d'une  feule  couleur  ,  d'un 
blanc  pâle  ou  blanc  de  lait  ,  eil  la  plus  commune  & 
moins  dure  que  la  calcédoine  orlaitak  :  elle  n'eit  dillin- 
guée  de  Vagate  blanche  qu'en  ce  qu'elle  eil  moins 
dure  ,  &:  qu'elle  eft  nébuleufe.  Il  y  a  auffi  la  calcédoine 
rayée  &  tachetée  ;  elle  eli  panachée  ;  on  y  remarque 
de  petites  raies  ,  de  petits  points  ,  tantôt  gris ,  tantôt 
rouges  ,  fur  un  fond  blanc  laiteux.  On  trouve  ces  cal- 
cédoines communes  à  Chemnitz  &  en  Flandres. 

La  calcédoine  égale  Vagate  en  dureté  :  on  en  fait 
des  bijoux,  des  bagues,  des  cachets  ,  des  manches  de 
couteaux  ,  parce  qu'on  trouve  ces  pierres  ordinaire-^ 
nient  en  petits  morceaux;  on  en  voit  cependant  quel- 
ques vafes ,  mais  qui  font  rares.  Le  Roi  de  Danemarck 
a  donné  au  Cabinet  de  Chantilly  quelques  morceaux 
de  cette  pierre  ,  ^  qui  font  d'un  très-gros  volume,  & 
très-beaux  :  ils  avoient  été  trouvés  dans  l'Ifle  de 
Feroë.  Feu  M.  le  Préfident  Ogier ,  étant  Ambadadeur 
auprès  de  ce  même  Souverain ,  en  avoit  fait  une  col- 
îedion  des  plus  rares ,  pour  le  volume  ,  pour  la  figure , 
&  la  pureté  des  blocs.  Les  m.orceâux  qui  compolbient 
cette  colle61:ion  ,  avoient  été  trouvés  en  diiîerens  en- 
droits de  la  Norvège ,  fur-tout  en  Iflance.  On  pré- 
tend que  les  Anciens  avoient  une  fi  grande  eftime 
pour  la  calcédoine ,  qu'ils  ne  l'employoient  que  dans 
les  plus  beaux  ornemens  de  leurs  édifices,  &  que  le 
Roi  Salomon  la  prodigua  ,  pour  ainfi  dire  ,  dans  le 
magnifique  Temple  qu'il  fit  bâtir  à  Jérufalem  :  aufîi 
les  Empereurs  Romains  recherchoient-ils  cette  pierre 
comme  une  matière  rare  &  précieufe. 

On  donne  le  nom  de  pierres  calcédoineujes  à  toutes 
celles  qui  ont  des  nuages  ou  des  teintes  laiteufes  irré- 
gi'.lieres  qui  ofFufquent  leur  tranfparence.  Ce  défaut  efV 
afiez  commun  dans  les  grenats  îk.  dans  les  rubis,  &: 
plus   encore  dans  les   faphirs   ôc  les  chryfolites   da 


^  C     A    L  5§i 

Bréfil.  On  tâche  de  faire  difparoître  ces  taches  par  la 
manière  de  les  tailler,  en  rendant  concave  l'une  des 
faces  de  la  pierre  ,  S:l  l'autre  convexe. 

La  Chimie  a  trouvé  l'art  d'approcher  de  ces  beautés 
de  la  Nature  ,  par  un  procédé  avec  lequel  elle  imite 
auiîi  Pagate  &:  le  jafpe. 

C ALCHITES  ,  Calchids.  Voyez  Colcothar 
Fossile. 

CALCOU  ROUGE.  Foyei  Couroucou  à  vmtrc 
Tomc. 

o  -  ■ 

CALCUL  ,  Calculus.  Aujourd'hui  on  entend  par  ce 
mot ,  des  concrétions  pierreuf es ,  inorganiques  ,  qui 
ont  beaucoup  de  rapport  avec  les  ^lejrres  des  animaux 
ou  b égards.   Voyez  u  mot. 

Le  mot  calcul  eft  même  le  nom  générique  de  toutes 
les  efpeces  de  pierres  qui  fe  trouvent  dans  les  divers 
animaux  ,  telles  que  les  perUs  ^  les  pierres  dicrevïjfcs  , 
la  pierre  des  poijfons  ,  celle  des  arriphibies  ,  des  oifeaux 
&  des  quadrupèdes.  Voyez  chacun  de  ces  mots. 

Selon  les  Lithotcmiites  ,  le  mot  caLul  eil  plus  par- 
ticulièrement confacré  à  l'efpece  de  corps  pierreux  qui 
fe  trouve  en  plufieurs  endroits  du  corps  humain ,  & 
principalement  dans  la  veille  ,  dans  les  uretères ,  dans 
les  reins  &  dans  la  véficule  à\x  fiel.  On  nomme  ces 
pierres  Calcul  d'humains  ou  Gr av^elle  ,  Calculus 
humanorum.  Elles  font  ou  graveleufes ,  ou  légèrement 
calcaires  ,  contenant  un  alcali  volatil ,  une  matière 
gélatineufe  animale  ;  formées  par  couches  concen- 
triques com.me  le  bézoard  ,  tantôt  unies  ,  tantôt  rabo- 
teufes  :  celles  de  la  veffie  font  prefque  unies ,  arron- 
dies ou  oblongues,  avec  une  couleur  grisâtre  &:  fauve  ; 
celles  des  reins  font  protubérancées  comme  le  fruit 
du  m.ùrier  ;  ce  qui  fait  qu'on  les  a  nommées  pierres 
murales.  Celles-ci  font  rougeâtres ,  mais  celles  du  fiel 
font  d'un  jaune  fafrané.  On  connoît  les  pierres  biliaires  ; 
elles  font  inflammables.  Celles  de  la  vélicuk  du  fiel 
des  bœufs,  font  d'ufage  en  peinture. 

Oo  } 


j82  CAL 

Combien  de  perfonnes  font  attaquées  plufieiirs  fois 
dans  leur  vie  de  cette  maladie  grave  ,  &  combien  en 
font  la  viclime  !  En  ouvrant  le  corps  d'un  Gentilhomme, 
mort  en  Angleterre  en  1750,  on  lui  trouva  quarante- 
deux  pierres  dans  les  reins  ,  quatorze  dans  la  véficule 
du  fiel  5  &  dix  dans  la  veffie  qui  pefoient  huit  onces  & 
demie.  On  lit  beaucoup  d'anecdotes  de  ce  genre  dans  les 
Mimoircsdcr Académie  Royale  des  Sciences^  années  1702, 
'3706,  1730&  1735.  Le  Père  Catillon^  Supérieur  des 
Earnabites  d'Étampes ,  mourut  de  douleurs  qui  annon- 
'çoient  Texiflence  de  pierres  ou  calculs  dans  la  vefTie  : 
â  l'ouverture  du  cadavre ,  on  trouva  en  effet  neuf 
pierres ,  dont  hl^it  avoient  la  dureté  du  marbre  ,  & 
ëtoient  ufées  ,  lifres^&  polies  fur  différentes  faces  , 
par  les  frottemens  qu'elles  avoient  éprouvés  les  unes 
contre  les  autres  :  la  neuvième  étoit  toute  raboteufe. 
L'illuflre  de  Buffon  ,  mort  à  l'âge  de  82  ans  de  la 
même  maladie  ,  ayant  été  ouvert ,  on  a  trouvé  dans  fà 
vefîie   56  petites  pierres. 

Les  caïues  produdives  ^ts  calculs  ,  tirent-elles  leuf 
effence  de  la  nature  &  des  propriétés  de  la  maffe  du 
fang ,  &  des  diiîérens  fluides  qui  le  compofent  ?  c'cil 
ce  que  nous  ne  favons  pas  bien  ;  car  les  recherches 
que  Ton  a  faites  jufc.u'ici  fur  la  formation  de  ces  pier- 
res &  des  concrétions  gravekufes  dans  le  corps  hu- 
main ,  font  moins  une  théorie  exade ,  que  quelques 
cbfervations  faites  au  hafard  fur  ces  fortes  de  pro- 
duâions  (  ^  ).  Il    feroit  cependant  à  défu-er    qu'on 

{n)  Les  liqueurs  qui  circulent  dnns  le  corps  hutr.nin ,  t'it  M.  Grnnd- 
charnp  j^sr.cien  Chirurgien  Major  de  THÔpital  Général  de  la  Charité,  à  Lyon, 
<loivcnt  leur  fluidité  naturelle  à  la  férofité  qui  leur  fert  de  véhicule, 
&  H  rr,flion  organique  des  folides  qui  les  mettent  en  mouvement,  les 
font  circuler  ,  &  empochent  airifi  leur  décompofîtion.  Dès  que  ces 
I;uuides  ne  font  pas  foumis  à  l'acî^ion  àes  vaiffeaux  ,  ils  s'épanchent ,  fe 
rincompcfcnt ,  &  forment  à  la  longue  des  amas  ,  des  ccncrétions  inor- 
ganiques oc  ditïirentes  denfîtés  ,  fuivant  le  volume  de  i'épanchement , 
le  lieu  qui  le  reçoit,  &  la  nature  des  liqueurs  épanchées.  Ces  concré- 
tions font  communément  appelées  calculs'^  pierres  :  ii  n'y  a  aucune  partie 
fies  animaux  ,  de  l'homme  fur-tout  ,  qui  ,^  félon  l'Ohrervatcur  cite'  ci* 
^effus ,  n'ait  contenu  de  ces  fortcj  de  con'crçtîons  inorgairiques.  Il  raj-^ 


CAL  5Sî 

trouvât  les  moyens  de  garantir  ThiTmanîté  de  cette 
maladie  û  douloureufe  &  (i  redoutable.  Les  matières 
(avonneiifes  prifes  intérieurement,  appaifent  les  dou- 
leurs ;  l'eau  de  chaux  tirée  des  écailles  d'huîtres  calci- 
nées'^  6c  injeftée  dans  la  veffie,  agit  immédiatement 
fur  la  pierre  avec  toute  fa  vertu  ,  c'efl-à-dire  ,  fuivant 
l'explication  qu'en  donne  M.  Roux ,  en  décompofant 
le  fel  ammoniac  de  la  concrétion  pierreufe. 

Le  Frère  Cofme ,  célèbre  Lithotomifte  de  Paris , 
nous  a  donné  une  pierre  qu'il  a  tirée  en  1 77 1 ,  de  la 
vefîie  d'un  hom.me  âgé  de  quatre  -  vingts  ans  :  cette 

f)ierre)    qui  eil   d'un   très-gros  volume,  pefoit  après 
'opération  treize  onces  &  demie  ;  aujourd'hui  elle  ne 
pefe  plus  que  dix  onces  &C  demie. 

Indépendamment  des  divers  endroits  du  corps  humaine 
où  nous  avons  dit  qu'il  fe  trouvoit  des  calculs ,  il  n'eil 
pas  rare  de  rencontrer  encore  une^ierre  fous  la  langue 
de  l'homme.  Voyc^^  dans  les  MMoires  de  t Académie. 
Royale  de  Chirurgie^  Tome  III ^  page  460^  une  Differ* 
tation  de  M.  Louis ,  &c.  Il  eil  rare  ,  mais  il  n'efl:  pas 
fans  exemple ,  qu'on  ait  trouvé  des  calculs  dans  l'utérus 
de  la  femme.  M.  l'Abbé  Dkquemare  en  a  trouvé  dans, 
l'utérus  d'un  marfouin. 

C ALDERON  ,  Calderonus,  Animal  de  mer ,  le  plus 
gros  après  la  baleine.  Il  a  le  corps  plus  court ,  mais  il 

porte  que  M.  Petit ,  célehre  Méfîecîft  de  Paris ,  en  a  trouvé  une  tpiantité 
prodigieufe  autour  des  (înus  du  cerveau  de  la  feue  Reine  de  France  , 
&  dans  la  fubftance  même  de  cet  organe.  On  en  a  obfervé  dans  les 
liumeurs  de  l'œil  ,  dans  le  fac  lacrymal  d'une  Dame.  François  Cçllot 
perie  d'un  Magif^rat ,  dans  le  poumon  duquel  on  trouva  dix  pierres 
très-dures  de  la  grofîeur  d'une  noifette.  Hoalier  ,  dans  fon  Commen- 
taire de  rAphorifme  75  ,  du  quatrième  Livre  d''Hippocraie  ,  fait  mentiora^ 
<de  deux  pierres  blanches,  dures,  trouvées  dans  le  coeur  d'une  femme, 
ÎVî.  Littre  trouva  à  l'ouverture  d'un  cadavre  ,  dans  la  capa<;îté  du  bas- 
ventre,  un  corps  dur,  blanc,  poli ,  ifolé.  MiVl.  Collot  &  Ledrait  donnent 
î'obfervation  d'un  enfant  qui  naquit  avec  la  plupart  des  vifceres  du  bas- 
rentre  pétrifiés.  Ambroifs  Paré  parle  d-e  la  pétrification  entière  d'un 
^nfant  qui  vint  au  monde  à  Sens  ,  que  la  mère  avoit  porté  vingt-neuf- 
.ans.  M.  Qrandchamp  a  trouvé  une  pierre  entre  la  matrice  &  la  vefTie,, 
6c  cette  pierre  étoit  en  pattie  oireuie.  M.  Louis  a  donné  un  Mémoir©. 
i^  les  calcuU  utérins». 

Oo  4 


584  CAL 

eft  également  de  la  clafTe  des  foufflmrs ,  c'efî-à-dîre  J 
qu'il  a  une  ouverture  par  où  il  lance  l'eau.  Sous  le 
règne  de  François  /,  on  en  a  vu  deux  à  Paris.  La 
peau  5  la  graifTe  ,  la  chair ,  la  langue ,  les  poumons  , 
tout  eil  comme  dans  la  baleine;  peut-être  en  -^-il 
une  efpece.  Voye^^  k  mot  Baleine. 

CALEBASSE  d'Herbe  ou  de  Terre  ;  Calebas- 
SIER  RAMPANT,  Cucurbita  lagenaria  ^  Linn.  1434; 
&Jîore  albo ,  folio  molli^  C.  B.  Pin.  313.  C'eft  VArouarou 
àç:s  Caraïbes.  Voyez  Courge  à  fleurs  blanches ,  (on  y  parle 
auffi  de  la  caUbajfc  des  Nageurs,)  à  r article  CdURGE. 

CALEBASSIER ,  Crefcemia ,  Linn.  Nom  d'un  genre 
de  plante  à  fleurs  monopétalées ,  de  la  divifion  des 
Perfonnées  ,  dit  M.  le  Chevalier  de  la  Marck  ,  &  qui 
comprend  des  arbres  d'Amérique  ,  dont  les  feuilles  font 
fimples  ,  alternes  ou  par  paquets ,  &  dont  les  fleurs 
irrégulieres  pioduifent  des  fruits  charnus,  à  écorce 
dure  ,  qui ,  par  leur*grofleur  ôi  leur  forme  ,  approchent 
fouvent  de  nos  calebajjes  ou  de  nos  courges. 

Calebassier  à  feuilles  longues  ,  Cucurbitifera  arbor 
Americana ,  Sloan.  ;  Cujzte ,  Pîum.  &  Marcgr.  C'efl:  un 
arbre  très  -  intéreflTant  par  l'utilité  que  l'on  retire  de 
fon  fruit  dans  les  pays  oii  il  croît.  Il  fe  trouve  aux 
Antilles,  à  la  Nouvelle  Efpagne ,  &  dans  la  Guiane, 
même  à  Saint- Dommgue  ,  dans  les  mornes  &;  dans  les 
plaines.  Cet  arbre  eit  de  la  grandeur  de  notre  pom- 
mier. Son  tronc  efl  tortueux ,  ainfl  que  fes  branches 
ou  rameaux  qui  prennent  ,  la  plupart ,  une  fituation 
horizontale.  Son  écorce  eft  grisâtre  &  ridée.  Son  bois 
eft  blanc  &  plus  coriace  que  dur.  Les  rameaux  font 
garnis  à  chaque  nœud  de  neuf  à  dix  feuilles ,  en  pa- 
quets ,  lancéolées ,  rétrécies  infenfiblement  vers  leur 
bafe  ,  terminées  par  une  longue  pointe,  prefque  lefîiles, 
entières  ,  glabres ,  vertes  &  un  peu  luifantes.  Elles 
ont  cinq  à  fept  pouces  de  longueur  ,  fur  un  pouce  & 
demi  dans  leur  plus  grande  largeur.  Ses  fleurs  naiflfent 
non  -  feulement  fur  toutes  les  branches,  mais  encore 


CAL  5§f 

autour  du  tronc  de  l'arbre.  Elles  font   monopétales  , 
anomales  ,    folitaires  ,    faites   en  cloche  ,    découpées 
dans  leur  contour  en  plufieurs   parties   blanchâtres  , 
d'une  odeur  défagréable ,  portées  far  un  calice  féparé  en 
deux  fegmens  verdâtres ,  oblongs ,  creufés  en  cuiller  ; 
ie  piilil  s'élève  du  fond  du  calice  environné  de  quatre 
ëtamines  dont  les  anthères  font  fortes  &  arquées  ;  k 
celles  des  fleurs  devenues  fertiles  ,  fuccedent  des  fruits 
plus  ou  moins  gros  ,  fuivant  les  individus  ,  depuis  la 
grofleur  d'un  œuf  jufqu'à  celle  d'une  citrouille ,  tantôt 
oblongs  ,  tantôt  fphériques ,  fans  pointe  ou  mamelon 
à  leur  fommet.   Leur  écorce  eft  verte ,  luiie ,  dure , 
coriace ,   prefque  ligneufe  ;  elle  recouvre    une    chair 
pulpeufe  ,  mollalTe  ,  blanche  ,  pleine  de  fuc ,  d'un  goût 
aigrelet,  &  d'une  odeur  vineufe,  qui  contient  plufieurs 
femences  brunâtres  ,  plates ,  faites  en  cœur.  On  recon- 
noît  que  les  caUbajJcs  font  mûres ,  quand  le  pédicule 
oui  les  attache  à  l'arbre  fe  flétrit  &  fe  noircit ,  alors 
on  peut  les  détacher.  Il  y  a  des  Habitans  qui  variesnt 
la  forme  de  la  cahhajfe  ;  quand  elle  efl  à  moitié  mûre  , 
ils  la  ferrent  avec  force  ,  au  moyen  d'une  ficelle ,  fui- 
vant la  figure  à  laquelle  ils  veulent  l'affujettir.  Ce  fruit 
eft  nommé  par  Lémery ,  Calebajfe  de  Guinée  ou  d^AfriquCy 
parce  que  cet  arbre ,  qui  y  a  été  apporté  d'Amérique  , 
y  eft  aufti  cultivé.  On  nomme  ce  fi-uit  mackamona  en 
Guinée,   cohyne  ou  cuieté^  ou  hygucro^  dans  la  Nou- 
velle Efpagne ,  &  couis  dans  nos  Colonies  Françoifes. 
On  creufe ,  ou  plutôt  on  vide  ces  cakbajfes  en  jetant 
dans  leur  intérieur  de  l'eau  bouillante  pour  en   faire 
macérer  &  amollir  la  pulpe  &  la  détacher  fans  peine  ;&; 
alors  elles  font  d'excellentes  bouteilles.    Quelquefois 
on  y  met  de  petites  pierres  avec  de  l'eau  ,  pour  les 
mieux  nettoyer.  ■  On  prétend  qu'en  mettant  ces  fruits 
entiers  dans  un  four  ou  fous  la  cendre  brûlante  ,   on 
peut  aufti  en  liquéfier  la  pulpe   pour  la  faire   fortir, 
Lémery  dit  que  les  Cannibales  en  font  de  petits  vafes  , 
tqu'ils  emploient  particulièrement  pour  un  myfterç  qui 


5§^  CAL 

regarde  leur  Divinité  :  ils  les  creiifent  également ,  & 
les  empliiTent  de  maïs  &  d'autres  femences  ou  de 
petites  pierres  ,  &  les  ornent  au  dehors  de  plufieurs 
fortes  de  plumes  ;  puis  les  ayant  percés  par  le  bas  , 
ils  y  mettent  un  petit  bâton ,  6c  le  fichent  en  terre. 
Ces  peuples  ont  coutume  de  garder  avec  beaucoup  de 
refpe£î:  trois  ou  quatre  de  ces  fruits ,  ainfi  accommo- 
dés ,  dans  chacune  de  leurs  cabanes  :  ils  les  appellent 
maraka  &c  tamaraka.  Ils  croient ,  quand  ils  manient  ce 
fruit  &  l'entendent  faire  quelque  bruit ,  à  caufe  des 
grains  &  des  petites  pierres  qui  font  dedans ,  qu'ils 
parlent  avec  leur  Toiipan  ,  c'efl-à-dire,  avec  leur  Dieu, 
&  qu'ils  ont  de  lui  certaines  réponfes.  Ils  font  entre- 
tenus dans  cette  fuperdition  par  leur  Paigi  ou  D^vln  , 
qui  leur  fait  croire  qu'avec  le  parfum  du  tabac ,  & 
certains  enchantemens  êi  marmotemens ,  ils  donnent 
xxno.  vertu  divine  à  leur  tamaraka. 

Les    Indiens  poliiTent  la  furface   extérieure  de  ces 
fruits  vidés  ôc  deiféchés  ,  &  remaillent  agréablement 
avec  du  roucou ,  de  l'indigo  &  autres  belles  couleurs 
apprêtées  dans  de  la  gomme  d'acajou.  Leurs  defîins 
à  la  fauvage  font  affez   jufles   pour  des  gens  qui  ne 
font  ufage  ni  de  règle  ni  de  compas.    On  voit  quel- 
quefois de  ces  ouvrages  dans  les  cabinets  des  Curieux. 
On  fait  de  l'écorce  de  ces  fruits  divers   uflenfiles  de 
ménage ,   notamment  à.ts  plats  ;  on  ne  lailTe  pas  que 
d'y  faîr'e  chauffer  de  l'eau.    Le  calchajfier  fournit  feul 
îa  plus  grande   partie  des  petits  meubles  de  ménage 
des  Caraïbes  ,  de  nos  Nègres  &:  des  Etrangers  qui  vont 
aux  Ifles.  Les  Nègres  donnent  le  nom  de  couis  à  ces 
Uileniîles ,  féaux ,  pots,  bouteilles ,  afîiettes,  verres,  cuil- 
lers ,  &c.  Le  gogligo  ou  coyembouc ,  fi  utile  aux  Nègres 
&  aux  Sauvages  pour  ferrer  &c  conferver  proprement 
leur    mangeaille  ,   n'efl  qu'une  calebajfe  vidée ,  ayant 
ime  ouverture  à  pouvoir  y  paffer  la  nicrin  ;  on  bouche 
^adement  cette  ouverture  au  moyen  d'un  morceau  de 
calebajfe  taillé  en  calote, 


CAL  ^       Î87 

Les  Habitans  des  lieux  où  croit  le  cakhajjur ,  regar- 
dent la  pulpe  de  fon  fruit  coir.nie  une  panacée  pour 
un  grand  nombre  de  maladies  &  d'accidens.  Ils  l'em- 
ploient contre  l'hydropiiie ,  la  diarrhée,  dans  les  chutes^ 
ies  contufions  ,  les  coups  de  foleil ,  les  maux  de  tête  , 
même  pour  guérir  les  brûlures.  Ils  en  retirent  une  li- 
queur femblable  à  notre  limonade.  Aujourd'hui  Ton 
eil  dans  Tulage  de  faire  bouillir  cette  pulpe,  d'en 
pafler  la  décodion  par  un  linge,  eniiiite  de  la  mêler 
avec  du  fucre  ,  oL  d'en  former  un  firop  laxatif,  dont 
on  fait  grand  ufage  aux  lues  pour  faire  vider  le  fang 
caillé  :  ce  firop  devient  commun  actuellement  en  France, 
oiî  on  l'emploie  pour  la  poitrine.  Il  eil  connu  fous  le 
nom  de  Sirop  de  cahhaffc.  Les  oifeaux  du  pays  qui 
ont  le  bec  fort  &  robuile  ,  percent  ce  fruit  pour  en 
manger  la  chair  dont  ils  font  fort  friands.  La  chair  de 
ce  fruit  defféché,  dit  Lcmery^  a  un  goût  auffi  agréable 
que  le  pain  d'épice. 

Miller  nous  apprend  qu'on  a  cultivé  ,  par  curiofité 
&  avec  fuccès  en  Europe ,  ce  cahhafjur  d'Amérique 
dans  une  ferre  d  une  chaleur  tempérée.  Cet  arbre  de- 
mande une  terre  légère  &  de  fréquens  arrofemens  : 
on  le  multiplie  de  rejetons  &  de  graines  fraîches. 

Le  P.  Plu/nier  difnngue  cinq  efpeces  de  caUhaffurS 
en  arbre.  Dans  la  première ,  les  feuilles  font  oblongues, 
étroites  ;  les  fruits  gros  j  ovales;  c*efl  l'efpece  décrite 
ci-deilus.  Dans  la  féconde ,  les  feuilles  font  larges  ;  les 
fruits  mous  ,  Cujeu  latifoUa  ,  frncîii  piitamim  fru" 
gU'u  Dans  la  troifieme ,  l'arbre  eil  petit ,  &  produit 
des  fruits  durs.  Dans  la  quatrième ,  les  feuilles  font 
étroites;  les  fcuits  petits  &;  fphériques.  Dans  la  cin- 
quième ,  les  feuilles  font  étroites ,  les  fruits  petits  & 
ovales.  M.  de  Prèfontaine,  dit,  que  dans  la  Guiane  les 
branches  des  plus  gros  cahhajjîcrs  partent  à  trois  ou 
quatre  pieds  de  terre  ,  &  portent  les  plus  gros  fruits, 
&  que  le  plus  haut  cakbafjizr  ne  paiTe  pas  feize  pieds. 
Le  grand  caUhaJjur  dx  appelé  matallou  ^  par  Içs  hommes 


ç89  CAL 

Caraïbes;  huira  ou  ^.^j^ ,  par  les  femmes  ;  tlhoucouioti  ^ 
c'tll  la  petite  calebajfe  d'arbre  ;  mouloutoucou ,  par  les 
hommes  ;  commorl ,  par  les  femmes  ;  la  cakhajfc  longue ^ 
ouverte  par  le  milieu,  qui  fert  comme  de  pot-à-vin, 
efè'  appelée  tonton ,  par  les  hommes  ;  ehuêyu ,  par  les 
femmes  Caraïbes  ;  la  calebajfe  médiocre ,  pleine  de 
petites  pierres ,  qui  leur  fert  d  mllrument,  violon,  ou 
tambourin  ,  malagali  ,  par  les  homm^es  ;  chkhïra ,  par 
les  femmes  :  la  cakbajfe  faite  comme  un  piftolet , 
tamaœulou.  A  l'égard  du  calcbajjîer  à  fleurs  de  jafmin  , 
&  qui  croît  dans  les  liles  de  Bahama  ,  il  paroît  appar- 
tenir à  un  autre  genre  de  plante. 

On  nomme  en  Amérique  calebajfe  (Therhe  ou  cale- 
hajjier  rampant^  notre  calebajfe  ou  gourde  Européenne 
qui  y  a  été  tranfportée.  Quoique  1  ecorce  de  la  calebajfe. 
d'herbe  foit  plus  épaiffe  que  celle  de  la  calebajfe  d'arbre  , 
elle  efl:  moins  propre  à  contenir  des  liqueurs  ,  parce 
que  cette  écorce  qui  eft  moins  dure  leur  fait  contrafter 
un  m.auvais  goût.  Foye^  Varticle  CouRGE  &  ci-defliis 
celui  de  Calebajfe  d'herbe,  A  l'égard  du  Calehajper  du 
Sénégal^    Voyez  Baobab  à  Tartic^e  Pain  pe  Singe. 

CALENDRE.   Fcyei  C  hareng  on. 

CALESJAM, /?/zeW.  Malab,  Grand  arbre  du  Mala- 
bar ;  il  s'élève  à  environ  60  pieds  de  hauteur.  Son 
bois  efi:  de  couleur  pourprée  ,  uni  &.  flexible  :  fes 
ileurs  croiffent  en  grappes  à  l'extrémité  de  fes  bran- 
ches ;  elles  reflemblent  aifez  à  celles  de  la  vigne  : 
elles  font  fuivies  de  baies  oblongues,  verces,  couvertes 
d'une  peau  mince ,  pulpeufes ,  infipides  ,  contenant  un 
noyeau  vert ,  aplati ,  qui  renferme  une  amande  blan- 
che :  lorfque  les  feuilles  du  calesjam^  qui  font  ailées, 
ovales  ,  lancéolées  ,  entières  ,  glabres ,  molles  &  d'un 
vert  luifant ,  viennent  à  tomber ,  il  naît  au  tronc  & 
aux  branches ,  une  excroilfance  ridée  en  forme  de  rein, 
verdâtre  &  produite  par  la  piqûre  d  une  efpece  d'in- 
fefte  qui  cherche  dans  cet  arbre  une  retraite  ÔC  de  la 
nourritu  re. 


CAL  589 

Le  cahsjam  donne  du  fruit  une  fois  l'an  ,  depuis 
dix  ans  jufqu'à  cinquante.  Son  écorce  pulvérifée  & 
mêlée  avec  le  beurre ,  s'emploie  avec  fuccès  dans  les 
ulcères  malins ,  &  calme  les  douleurs .  de  la  goutte  : 
cette  même  écorce  ,  ainii  que  les  feuilles  prifes  eu 
infufion  théïforme  ,  provoquent  l'accouchement. 

CALFAT.  Nom  d'un  oifeau  à  l'Ide  de  France  ^ 
&:  qui  ,  par  {es  caraderes  ,  doit  être  placé ,  dans  la 
Méthode  ,  à  la  fuite  des  ortolans  :  fa  tête  e(t  noire  ^ 
le  deilus  du  corps  ,  des  ailes  &  de  la  queue  ,  d'im 
cendré  -  bleuâtre  ;  la  gorge  noire  ; ,  la  poitrine  &  le 
ventre  d'une  couleur  vineufe  ;  une  bande  blanche  fur 
les  joues  ;  le  tour  des  yeux  nu  &  couleur  de  x'ofe  ^ 
ainfi  que  Tiris  &  les  pieds. 

CALIBÉ  ou  CALYBÉ,  pL  ml.  634.  Nom  de  Xo':Seau 
de  paradis  ven  ^  qui  fe  trouve  à  la  Nouvelle  Guinée  ; 
il  eil:  un  peu  plus  gros  &  plus  aîongé  que  le  roi  des 
o'f féaux  de  paradis.  11  efl ,  dit  M.  Sonnerat ,  en  entier 
d'un  beau  vert ,  qui  a  le  brillant  &  le  poli  de  l'acier 
bruni;  il  paroît,à  difFérens  afpeds,  tantôt  vert, tantôt 
bleu  ;  le  bec  &:  les  pieds  font  noirâtres  ;  l 'iris  eft  rouge. 
Le  calybéïidL  point  à  la  queue  ces  deux  longues  plumes^ 
qui  n'ont  de  barbe  qu'à  leur  origine  &:  à  leur  extré- 
mité ,  &  dont  M.  Brijfcn  fait  un  des  cara6l:eres  qui 
diflinguent  'les  oifeaux  de  paradis. 

CÀLÏ-CALIC.    Voye:^  à  V article  Bruia. 

CALICE.  Voyei^  ce  que  c'eil  à  la  fuite  de  Vartich- 
Plante. 

CALIN  ,  eft  ,  félon  Lémery  ,  un  métal  compofé 
de  plomb  &  d'étain  par  les  Chinois ,  &  dont  on  fait 
pluiieurs  uftenfiles  au  Japon  ,  à  la  Cochinchine  &  à 
Siam  ;  tels  que  la  plupart  des  cafetières  &  boîtes  de 
thé ,  fabriquées  à  la  Chine  ,  que  nous  voyons  quel- 
quefois ici ,  &  qui  ont  la  propriété  d'être  flexibles  & 
de  fe  bolTuer ,  fans  fe  caller  :  on  prétend  même  que 
les  Habitans  de  ces  Contrées  en  couvrent  leurs  mai* 
fons,  ôc  qu'ils  en  fabriquent  des  efpeces  de  bas  aloi. 


59^  CAL 

Ce  qu'il  y' a  de  certain  ,  c'eft  que  par  un  mélange 
d'ëtain  &L  de  plomb  d'Europe  ,  on  ne  parvient  pas 
à  faire  de  femblables  uflenfiles.  Le  câlin  n'efl  peut- 
être  que  la  toutenague  ou  tintenaquc  des  HoUandois, 
yoye:(^  à  l'article  ZiNC. 

CALLE  ou  Choucalle  ,  Calla ,  Llnn.  Genre  de 
plante  unilobée,  qui  a  beaucoup  de  rapports  avec  les 
jGoucts  ^  èc  qui  comprend  des  herbes  dont  les  fleurs 
naiflent  fur  unchaton ,  accompagné  d'un  fpatlie  plane 
ou  en  cornet;  elles  n'ont  ni  calice ,  ni  corolle  propre- 
ment dite  ;  il  y  a  pluiieurs  étamines.  Le  fruit  confiée 
en  plufieurs  baies  qui  renferment  chacune  fix  à  douze 
femences ,  oblongues ,  cylindriques ,  ôc  obtufes  aux 
deux  bouts. 

Il  y  a  :  La  Calle  d'Ethiopie  ,  À  mm  Africanum , 
flore  alho  odorato  ^  Tourn.  159.  Elle  s'élève  à  la  hau- 
teur de  deux  à  trois  pieds  ;  les  feuilles  font  vertes  , 
glabres  ,  radicales ,  fagittées  ,  acuminées  :  le  fpathe  eil 
d'un  blanc  de  lait ,  ÔC  terminal ,  en  cornet  ;  le  chaton 
cylindrique  &:  jaunâtre  :  cette  plante  fleurit  dans  les 
ferres  chaudes ,  vers  la  fin  de  l'hiver. 

La  Calle  des  marais,  Calla  palujlris^  Linn.  1373  ; 
Dracunculus  aquatilis ^  Dod.  Pempt.  331.  Cette  efpece 
eft  commune  en  Hollande  ,  &  dans  les  parties  boréales 
de  l'Europe ,  dans  les  marais  :  fa  hampe  eft  haute  de  trois 
à  quatre  pouces,  cylindrique ,  &  foutient  à  fon  fommet 
une  efpece  de  chaton  court ,  fleuri  dans  toute  fa  longueur, 
à  étamines  blanches,  entouré  d'un  fpathe  ovale  &:  plane, 
verdâtre  en  dehors ,  &  blanchâtre  en  dedans  ;  les  feuilles 
naiilent  de  la  racine  ,  pétiolées ,  en  forme  de  cœur , 
terminées  par  une  pointe  courte  ,  vertes,  glabres. 

On  diftingue  une  calh  à  feuilles  rondes ,  des  envi- 
rons d'Alep  ,  Calla  Oricntalis  ^  Linn. 

CALLICTE.  Voyei  Tamoata. 

CALLIMUS.  Nom  que  les  Naturalises  donnent  au 
noyau  détaché  qui  fe  trouve  dans  la  pierre  iTaigle  &C 
Içs  géodes.  Voyez  ces  mots. 


CAL  591 

CALLIONIME ,  Callïonimus  ^  ïintî.  Nom  d'un  genre 
<;âe  poijfon.  Voyez  ce  mot. 

CALLITRIC ,  Callitrlchc  ,  Linn.  Nom  d'un  genre 
<le  plantes  aquatiques,  propres  à  TEurope  ^  à  fleurs 
incomplètes  ,  de  la  diviilon  des  Naïades,  Il  y  a  le 
caUitrïc  printanier ,  &  celui  qui  fleurit  en  automne. 

CALLITRICHE.  Singe  de  la  famille  des  Guenons  ; 
ainfi  nommé  du  mot  générique  callitrix ,  employé  par 
les  Grecs ,  qui  fuccéderent  au  fiecle  àiAnjîote ,  pour 
déiigner  les  linges  remarquables  par  la  beauté  des  cou- 
leurs de  leur  poil  ;  la  couleur  dominante  du  poil  de 
celui-ci  l'a  fait  appeler  par  les  Modernes yz/2^e  vert,  Voyex 
l'article  SiNGE  VERT. 

CALLMAR  ou  Calemar  ,  Coluher  calamarïus  , 
Linn.;  An§uis  calamarïa^  Laurenti.  Serpent  du  troi- 
fieme  genre  ;  il  fe  trouve  en  Amérique  :  fon  corps  efl 
aflez  liffe,  d'une  couleur  livide  ,  parfemé  de  points 
qui  font  difpofés  à  la  flle  ,  &  marqué  de  bandes 
brunes  &  étroites  :  le  deflbus  du  corps  efl  peint  de 
diverfes  taches  pareillement  brunes ,  &  qui ,  par  leur 
aflbrtiment ,  imitent  un  ouvrage  de  marqueterie  :  on 
diflingue  fur  la  queue  une  ligne  longitudinale  d'une 
couleur  ferrugineufe  :  l'abdomen  efl  recouvert  par  cent 
quarante-quatre  grandes  plaques  ,  &  le  deflbus  de  la 
«queue  efl  garni  de  vingt-deux  paires  de  petites  plaques, 

CALMAR 5  Loligo.  Animal  marin  mou ,  fort  flngulier , 
.ayant  la  tête  entre  les  pieds  &  le  ventre ,  &;  qu'on 
prétend  avoir  la  faculté  de  voler.  Il  efl  du  genre  des 
Sèches  6c  dans  la  claflfe  des  Fers  n^oophytes.  Voyez 
^ces  mots. 

Le  calmar^  ainfl  nommé  du  rapport  qu'il  a  avec 
une  écritoire  par  fa  figure ,  ou  parce  qu'il  peut  fournir^ 
ime  forte  d'encre  pour  écrire  ,  a  quelque  chofe  de 
commun  avec  le  polype  ^  ^i  particulièrement  avec  la 
feche  ;  même  configuration  dans  les  pieds ,  on  lui  voit 
les  longues  jambes  ,  la  tête,  les  yeux,  la  bouche ,  k 
îangue  ^  le  conduit  pour  jeter  la  liqueur  noire  ^  ^ 


59^  CAL 

quelques  parties  intérieures  femblables  â  celles  de  U 
fecke  ;    en  effet ,  il  s  accouple  de  même  ;  les  femelles 
fraient  en  Odobre,  &  même  plus  tard  :  elles  dépo- 
fent  leurs  œufs  en  haute  Mer.  M.  Nlcdham  dit  qu'on 
voit  beaucoup  de  ces  animaux  fur  les  Côtes  de  Portugal. 
S'il  y  a  quelque  chofe  de  différent  dans  le  calmar  & 
Ja  fcchc  ^  c'eff  que  le  corps  du  calmar  eff  long,  rond 
&  finiffant  en  pointe  ;  tandis  que  celui  de  la  fcche  ell 
court  &  large ,  de  même  que  fon  os  qui  eff  d'ailleurs 
friable  &  fpongieux  ;  celui  du  calmar  eff  étroit ,  carti- 
lagineux &  un  peu  tranfparent  ;  fa-  jambe  droite  eff  plus 
groffe  ;   fes  ailes  plus  larges  &:  terminées  en  pointe  , 
n'environnent  pas   tout  le  ventre  ,   comme  dans   la 
fcche.    Le  calmar  mâle  n'a  qu'un  conduit  en  dedans; 
les  femelles  en  ont  deux.  Ces  animaux  rejettent  encore 
une  humeur  rouge ,  qui  les  rend  rougeâtres ,  de  même 
que  les  poiffons  mous  ,  quand  ils  font  cuits.  On  remar- 
que encore  que  les  calmars  ont  une  chair  plus  molle  que 
la  fcclu.  Ils  ont  huit  filets  affez  courts  ;  une  efpece  de 
bec  fort  dur  ;    leurs  nageoires    leur   fervent  à  nager 
dans  l'eau ,  &  à  fe  foutenir  hors   d^e   l'eau ,   dit-on , 
à  la  manière  du  poiffbn  volant ,   V^oyez  ce  mot.  Leur 
vol  préfage  la  tempête  :  ils  font  fouvent  en  troupes. 
Cet  animal  n'a  jamais  été  beaucoup  eilimé  dans  les 
alimens  ;  tel  eft  le  jugement  du  Scholiaflc  Arificphanc 
&C  de  Suidas.    Il  dit   cependant  que  les  cabîiars  que 
fourniffoit   le  Golfe  d'Ambracie  ,    éroient  ,  dans  les 
mets  ^froids  ,  les  plus  eftimés  à  Rome. 

On  rencontre  quelquefois  de  petites  efpeces  de 
calmars.,  qui  différent  de  la  précédente  par  leur  peti- 
teffe  ^  &  parce  que  leurs  nageoires  font  plus  pointues , 
6^  leur  fortent  un  peu  plus  bas  qu'au  grand  calmar.  Les 
loups  de  mer  cherchent  volontiers  ces  animaux  jeunes 
pour  en  faire  leur  proie  ;  mais  ils  la  manquent  fou- 
vent  ^  les  calmars  ayant  la  propriété  de  jeter  à  volonté 
une  Hqiicur  noire  ,  contenue  dans  deux  réceptacles  ou 
canaux  fuués  dans  leur  ventre ,  qui  trouble  l'eau  &: 

mafque 


CAL  593 

niafqiie  leur  route  ;  à  défaut  ils  s'élèvent  ,  dit-on  , 
dans  l'air  ,  &  échappent  par  ces  moyens  à  l'avidité 
de  leur  ennemi.  Le  calmar  vit  de  petits  poiflons  , 
d'écrevifles  &:  de  langouftes  de  mer.  M.  Nudham  ,  dans 
fes  nouvelles  Obfervations  microfcopiques  ,  a  décou- 
vert le  premier  la  femence  dans  le  calmar  mâle  ,  & 
le  frai  dans  les  femelles,  h^s  détails  dans  lefquels  il 
efl  entré  à  cet  égard  &  fur  l'animal  entier,  méritent 
d'être  lus  dans  l'Auteur  même  :  on  en  trouve  l'extrait 
dans  V Encyclopédie^  au  mot  Calmar. 

Calquasse,  voyci  Pie-griêche  grise. 

CALUMBÉ.  Racine  d'un  arbre  inconnu,  qu'on  nous 
apporte  des  Indes  en  morceaux  de  la  groffeur  du 
pouce  ;  elle  eil  jaune ,  amere  &  fans  odeur  fenfible. 
Cette  racine  pafTe  à  Bengale  pour  un  fpécifique  contre 
les  coliques  ,  les  indigeltions  &  contre  U  mers  du 
chim  ,  maladie  fâcheufe ,  dont  les  accidens  ont  rap- 
port au  colera-morbus.  Cette  racine  paroît  être  la  même 
appelée  aujourd'hui  racine  de  Colombo,  Elle  eft  fort  en 
ufage  en  Europe. 

CALUMET.  On  voit  dans  les  cabinets  des  Curieux  ^ 
des  pipes  à  tige  fort  longue  ,  &  qui  font  ornées  de 
différentes  manières  :  ce  Ibnt  les  Sauvages  qui  font 
ufage  de  ces  grandes  pipes.  Dans  les  alliances  ils  pré- 
fentent  le  calumet  ,  orné  de  plumes  blanches  d'aigle  , 
comme  le  fymbole  de  la  paix  ;  des  Députés  l'appor- 
tent en  cadence ,  en  agitant  les  plumes  au  vent  ,  & 
en  articulant  la  chanfon  du  calumet.  Cette  pipe  eft  une 
fauve-garde  ,  avec  laquelle  on  peut  aller  par-tout  ; 
il  n'y  a  rien  de  plus  facré  parmi  les  Nations  fauvages. 

Calumet.  Nom  qu'on  donne  aux  Ifles  ,  particu- 
lièrement à  Saint-Domingue  ,  à  une  plante  dont  on  dif- 
tingue  deux  efpeces ,  \q  franc  &c  le  marron. 

Le  calumet  franc  a   la  racine  fibreufe  ;   elle   porte 

pluneurs    tuyaux    gros    comme    celui    d'une    plume 

moyenne,  de  dix  à  douze  pieds  de   hauteur,   garnis 

§n  dehors  de  nœuds  de  diilance  en  diflance  ;  fes  tuyaux 

Tome  IL  P  p 


594  CAL  C   A   M 

font  creux  de  renferment  une  fubflance  fpongîeule  „ 
facile  à  détacher  ;  les  fleurs  croifTent  le  long  des  tiges  ; 
elles  font  fuivies  de  petites  graines  alongées ,  bleuâtres, 
luifantes ,  enveloppées  dans  les  écailles  qui  ont  fervi 
de  calice  à  la  fleur.  On  fe  fert  aux  Ifies  des  tuyaux 
de  ce  calumet  pour  fumer  ,  en  les  ajuilant ,  après  les 
avoir  vidés ,  à  une  tête  de  pipe  faite  de  terre  féchée  au 
ibleil ,  qu'on  nomme  cachimbo.  Cette  plante  croît  dans 
ÏQS  mornes. 

Le  calumet  marron  ou  fauvage  ^  diffère  du  précédent , 
en  ce  que  fes  tuyaux  font  plus  gros ,  plus  remplis  de~ 
noeuds  ,  plus  fragiles  &  plus  minces.  Il  n'eil  d'aucua 
iifage.   E([ai  fur  r Hifl,  Natur.  de,  Saint-Domingue, 

CALYBE.    i^oyey^  CalîbÉ. 

CALYCANT ,  Calycanthus ,  Linn.  Nom  d'un  genre 
de  plantes  ou  petits  arbriHeaux  exotiques  ,  à  fleurs 
polypétalées  ,  qui  a  àts  rapports  par  fa  frudification 
avec  la  famille  des  Rc-fers,  Les  pétales  font  nombreux 
&  comme  confondus  avec  le  calice  écailleux  qui  les 
foutient.  il  y  a  :  Le  calycant  de  la  Caroline,  vulgairement 
le  pompadour ^  Calycanthus  ^  Linn.  ;  il  fleurit  en  Mai; 
fes  fleurs  font  d'un  rouge-brun.  Le  calycant  du  Japon 
&  de  la  Chine ,  Calycanthus  prccox  ,  Linn.  ;  {e.s  fleurs  , 
qui  font  jaunes  ,  paroi flent  avant  les  feuilles ,  &  les 
pétales  intérieurs  font  les  plus  petits  ;  ceux  de  l'efpece 
précédente  ,  font ,  au  contraire  ,  les  plus  grands. 

CAM  AA.  des  Hottentos ,  eft  le  Bubale.  Voyez  ce  mot. 

CAMAGNOC  ou  Camanioc.  Efpece  de  magnoc 
ou  de  manioc  doux ,  qui  fe  cultive  à  Cayenne  ,  & 
dont  on  arrache  la  racine  au  bout  de  fept  mois  ;  on 
la  mange  alors  grillée  fous  la  braife  ou  bouillie  dans 
l'eau.  On  la  mange  comme  des  patates ,  elle  n'a  rien 
de  venimeux.  Si  on  la  laifle  plus  long-temps  en  terre , 
elle  n'eft  bonne  qu'à  être  réduite  en  farine  &  à  être 
travaillée  comme  le  magnoc ,  avec  cette  différence  que 
l'eau  qui  en  fort  n'eil  pas  dangereufe;  fa  farine  même 
«Il  préférée  à  selle  de  magnoc  :  on  en  fait  d'excellenje^ 


C    A    M  595 

Câjfdve  Si  de  très-bon  matai  ^  efpece  de  pain.   Vayt^^ 
MaGNOC   cl  rartïcU  xMaNIHOT. 

CAMAIL,  Surnom  donné  au  Tangara  à  cravate  noire  , 
de  Cayenne  ,  plane,  enliim,  ji^^fig.  i;  le  demi-bec 
fupérieur  eft  blanc  à  fa  bafe  ,  &;  noir  au  bout  ;  le 
demi-bec  inférieur  eft  entièrement  noir  ,  excepté  fa 
cravate  qui  eil  noire  ;  tout  le  refle  du  plumage  efl 
d'une  couleur  uniforme  cendrée. 

CAMARA  9  Lantana,  Nom  d'un  genre  de  plante  à 
fleurs  monop étalées ,  qui  a  des  rapports  avec  les  yer- 
veines  ,  6lc.  &C  qui  comprend  des  herbes  ou  de  petits 
arbriffeaux  de  l'Amérique  Méridionale  ,  dont  les 
feuilles  font  oppofées  ,  &  dont  les  fleurs  viennent  en 
têtes  ombelliformes  ,  très-agréables  à  voir  ;  elles  ont 
quatre  étamines  ;  le  fruit  efl  compofé  de  baies  glo- 
buleufes  ,  ramaflees  plufieurs  enfemble  ,  &  qui  con- 
tiennent chacune  un  noyau  à  deux  loges. 

Il  y  a  :  Le  camara  à  feuilles  de  mélifle  ,  Lantana 
camara  y  Linn.  ;  Cayolv^an  Jive  Tepocan  ^  Hern.  p.  66; 
fes  fleurs  font  d'abord  jaunes  &  paffent  bientôt  au 
rouge  -  écarlate  %  fes  feuilles  fervent  dans  les  bains 
aromatiques  en  place  de  menthe  &  de  mélilTe.  Le 
camara  piquant,  Lantana  aculeata ,  Linn.  ;  fes  rameaux 
font  chargés  d'aiguillons  petits  ,  épars  ,  &  courbés  en 
crochet  commue  ceux  des  ronces  ;  fes  fleurs  font  comme 
les  précédentes.  Le  camara  cendré  ,  Lantana  cinerea  , 
Hort.  Reg.  Le  camara  à  feuilles  obtufes  ^  Lantana  invo- 
lucrata ,  Linn.  Il  paroît  que  c'efl  l'efpece  dont  les 
Américains  fe  fervent  dans  leurs  bains  aromatiques , 
&  qu'ils  nomment  fauge  de  montagne  ;  c'efl  le  Mont- 
joli  de  Cayenne.  Le  camara  trifolié  ^  Lantana  trifoliata  ^ 
Linn.  ;  fes  baies  font  purpurines  ,  elles  font  d'un  goût 
agréable. 

CAMARIGNE  ou  Camarine  ,  Empetrum,  C'efl 
une  plante  haute  d'un  pied  &  demi ,  qui  poufle  des 
tiges  rameufes  ,  aifées  à  rompre  ,  &  couvertes  d'une 
écorce  noirâtre  ^  garnies    de  feuilles  vertes  ,  brunes 

Pp    z 


j9é  C    A    M 

ôc  menues  comme  celle  de  la  bruyère.  Vcmpctmm  5 
dit  M.  Ddcuie ,  porte  trois  fortes  de  fleurs  ;  des  fleurs 
mâles ,  des  fleurs  femelles ,  &  des  fleurs  hermaphro- 
dites :  toutes  font  cor-r'pofées  d'un  calice  partagé  en 
trois  pièces ,  &:  d'une  corolle  à  trois  pétales  :  les  fleurs 
mâles  ont  neuf  étamines  fort  longues  :  les' hermaphro- 
dites n'en  ont  que  trois  :  celles-ci  ^  ôc  les  fl^eurs  femelles , 
ont  neuf  piflils  auxquels  fuccedent  autant  de  femences 
contenues  dans  une  baie.  Ce  caradere  générique  efl 
eflentiellement  différent  de  celui  des  bruyères.  Aux  fleurs 
fuccedent,  en  automne,  de  fort  jolis  fruits  qui  font  des 
baies  rondes ,  blanches ,  tranfparentes ,  perlées ,  pleines 
d'un  fuc  acide  qui  même  plaît  beaucoup  au  peuple, 
propres  pour  les  fébricitans.  Cette  plante,  ou  plutôt 
ce  fous-arbrifleau  ,  croît  dans  les  lieux  fablonneux  du 
Portugal.  Empuriim  Lujitankum  ^  flore  albo ,  Tourn.  579, 
On  didingue  une  autre  efpece  de  camarlgnc  que  des 
Botanifles  rangent  ,  ainfl  que  la  précédente  ,  mais 
improprement  ,  parmi  les  bruyères  ;  cette  féconde 
efpece  de  camarlgnz  s'appelle  bruyère  à  fruit  noir  ou 
yaciet  ,  Empetrum  montanum  fruclu  nigro  ;  Tourn.  ; 
c'efl  un  arbriflèau  qui  s'étend  beaucoup  plus  qu'il 
ne  s'élève  :  il  pouflTe  du  pied  plufleurs  tiges  d'une 
écorce  rouffâtre  qui  rampent  par  terre  6c  s'étendent 
au  loin  ;  fa  feuille  reflemble  beaucoup  à  celle  de  la 
bruyère  commune  ;  fes  fleurs  ,  qui  paroiflent  depuis 
Juillet  jufqu'à  la  fin  d'Août,  font  d'une  couleur  her- 
beufe ,  blanchâtre ,  &  viennent  en  bouquet  au  bout 
des  branches  :  fes  fruits  font  Aqs  baies  rondes  &  noires 
pleines  de  fuc ,  dont  les  coqs  de  bruyère  fe  nourriflent 
par  préférence  ;  ces  baies  bouillies  avec  de  l'alun 
teignent  les  draps  d'une  couleur  noire-pourpre.  On 
fait  aufli  avec  ce  fruit  une  efpece  de  limonade ,  qu'on 
dit  n'être  pas  défagréable.  On  s'en  fert  encore  pour 
teindre  les  vieilles  bardes  en  couleur  de  cerife.  Les 
baies  de  cette  plante ,  qui  eft  commune  chez  les  Kamt- 
fchadîiks  ,  fervent  à  *  ces  peuples  pour  teindre  les 


C    A    M  Î97 

peaux  de  caflors  &C  de  martes-zibelines  ,  qu'ils  ven- 
dent enfuite  plus  cher  à  ceux  qui  ne  les  connoiffent 
point.  La  préparation  confifle  à  les  faire  bouillir  dans 
de  l'huile  de  baleine  chargée  d'alun  ;  l'on  frotte  les 
gencives  des  fcorbutiques  avec  les  feuilles  du  vacict. 
Les  terres  chargées  de  mouffe  ,  ftériles  &  humides 
font  celles  où  cet  arbriffeau  fe  plaît  le  mieux  :  il  a 
une  vie  fort  dure ,  foutient  les  plus  grands  froids  ,  &: 
même  les  émanations  métalliques  fans  en  périr  :  pour 
multiplier  cet  arbriffeau ,  il  faut  en  femer  les  baies 
encore  verdâtres  :   on  le  multiplie  auffi  de  plant. 

Il  y  a  encore  la  camarlne  pinnce  ,  du  Pérou. 

C AMBOGE.  Arbre  qui  donne  la  gommc-gum.  Voyez 
Carcapulli. 

CAMBROUZE.  Foyei  à  tartlcU  VOULOU. 

CAM-CHAÏN ,  efpece  d'orange  qui  croît  au  royaume 
de  Tonquin  ,  d'une  odeur  agréable ,  d'un  goût  déli- 
cieux ,  dont  la  peau  ell  épaiffe  &  remplie  d'inégalités. 
On  permet  l'ufage  de  ce  fruit  même  aux  malades. 

CAME ,  Chama,  Les  Conchyliologiftes  donnent  ce 
nom  à  un  genre  ou  famille  de  coquilles  bivalves ,  dont 
on  connoît  plufieurs  efpeces.  Q'après  les  figures  &  les 
defcriptions  données  par  les  Anciens  de  ces  coquilles  , 
les  cames  font  faciles  à  reconnoître  :  on  peut  les  divifer 
en  rondes  ou  ovales  régulières ,  &  ovales  irrégulieres  : 
ces  dernières  ont  un  des  bords  de  la  coquille  onde 
&  comme  replié.  Les  premières  font  les  vraies  cames  ; 
encore  s'en  îrouve-t-il  dont  la  bafe  ronde  elt  un  peu 
irréguliere  par  quelque  pli  ou  fmuofité.  L'on  appelle 
les  fécondes  palourdes  ;  &  les  troifiemes  ,  lavignons. 
Toutes  les  cames  ont  les  deux  pièces  convexes ,  par- 
feitement  femblables  &  également  élevées  ,  &  n'ont 
point  d'oreilles  comme  les  peignes  ;  elles  font  plus 
épaiffes  &  moins  longues  que  les  teUines ,  Voyez  ces 
mots*  Il  y  en  a  de  minces  ou  d'épaiffes  ,  de  renflées  & 
d'aplaties ,  c'efl-à-dire  très-peu  bombées,  de  rudes  &  de 
liffes,  iadiftinûcment  dans  chacune  des  trois  formes  pré**, 

PP  3 


59»  C    A    M 

cédcntes.  Leur  charnière  eil  ordinsirement  compofëe  de 
trois  dents  qui  s'engrènent  dans  trois  cavités  correfpon- 
dantes  ;  en  dehors  efl  un  ligament.  L'animal  qui  habite 
la  coquille ,  Touvre  &C  la  ferme  à  ion  gré  par  la  contrac- 
tion de  fes  mufcles ,  comme  font  tous  les  autres  bivalves , 
dont  les  battans  ferment  exadement.  Il  eft  commun  à 
toutes  les  cames  de  vivre  enfoncées  dans  le  fable  ou 
Li  fange ,  &  de  s'y  enfoncer  d'autant  plus ,  que  leurs 
trachées  ont  plus  de  longueur. 

Les  cames  font  plus  ou  moins  grandes  ,  fragiles  & 
différemment  colorées  :  on  les  trouve  fouvent  fur  le 
rivage  ,  dans  la  fange ,  fous  la  moufle  ,  parmi  les 
pierres.  Quand  la  mer  eft  tranquille  ,  &  que  ces  co- 
^<^uillages  y  ont  un  vent  favorable  ,  ils  bailfent  une  de 
leurs  coquilles  &  élèvent  l'autre;  celle-ci  leur  fert 
de  voile ,  &  l'autre  de  navire  ;  quand  ils  fentent  un 
vaiffeau  qui  approche  d'eux  ,  ou  s'ils  font  attaqués  par 
quelque  gros  poifTon  ,  qui  veuille  en  faire  fa  proie  , 
ou  enfin  fi  un  orage  fe  prépare  dans  l'air  ,  ils  refer- 
ment leur  coquille  à  l'inftant ,  &  cette  petite  flotte 
qui  voguoit  au  gré  des  zéphyrs  ,  difparoît  en  fe  plon- 
geant au  fond  des  eaux  :  dans  tout  autre  temps ,  ils 
font  il  pefans  qu'ils  ne  peuvent  pas  nager. 

Il  ne  faut  pas  confondre  les  cames  avec  les  cœurs  de 
hœuf  o\\  bucardeSy  ni  avec  la  tellïne  &  \t  peigne.  Voyez 
ces  mots,  La  came  eiî:  moins  longue  &  plus  épaiffe  que 
la  tdline.  Voici  la  nomenclature  de  quelques  variétés 
tirées  de  quatre  fous-genres  de  cames  ,  &  qui  font 
connues  dans  tous  les  Cabinets:  i.°  Celles  à  bafe  ronde 
régulière  ,  font  le  réfeau ,  le  point  d'Hongrie  ,  la  do- 
TiijTe,  zP  Celles  à  bafe  ronde  irréguliere,  font  V abricot  ^ 
la  gnillochéc.  3.°  Celles  à  bafe  ovale  régulière  ,  font 
la  cedo  nulli ,  la  tricotée  ou  la  corbeille ,  le  ^ig^ag  ,  la 
€a,7ie  violette.  4.°  Celles  à  bafe  ovale  irréguliere,  font 
Yécriture  Arabique  ou  Chinoife  ;  la  chagrinée  ou  la  langue 
de  chat  de  liumphius,  M.  d^ u4rgznville  place  les  cames 
tronquées  ou  conques  de  Fénus  parmi  les  cames ,  mais 


C    A    M  599 

M'  R-Omê  de  tljlz  les  range  parmi  ks  cœurs  ;  tels 
font  le  concha  Fcncris  ,  la  vieille  ridée  ,  &c.  F^oyei^  à 
V article  C(EUR  COQUILLE.  A  l'égard  des  cainzs  à  bouche, 
ouverte  &  béante  ,  elles  nous  paroifTent  appartenir  à 
l'ordre  des  TdUn.es.  On  appelle  les  cames  pétrifiées, 
ChamiteSy  Y oy^zV article  PÉTRIFICATIONS.  On  connoit 
quelques  cames  fluviatiUs  ;  celles  du  Mifiiiîiui  ont  l'éni- 
derme  noir  ,  a  coque  epaiiie ,  a  itries  circulaires  ex- 
térieurement ,  &:  nacrées  en  dedans ,  de  couleur  de 
chair ,  jouant  quelquefois  Fopale.  La  rivière  des  Go- 
belins  &  les  ruiffeaux  aux  environs  de  Paris  noUi^riiTent 
aufîi  wne  efpece  de  came  ,  dont  l'animal  vivant  ck: 
mis  dans  un  bocal  plein  d'eau ,  montré  un  pied  alongé 
&  deux  fiphons.  Leur  nourriture  apparente  confiile 
en  brins  de  moulTe  &  de  plantes  aquatiques.  Il  n'eil 
pas  rare  de  les  voir  accoucher  de  petits  tout  vivans. 

CAMÉE.  Nom  que  l'on  donne  à  des  portions  ^  onyx  y 
de  fardoines  &C  de  coquilles  fcidptées  ou  gravées.  Voyez. 
ces  mots. 

CA  MÊLÉE  à  trois  coques ,  Garoupe  ,  Olivier- 
Nain  5  Cneorum  tricoccum ,  Linn.  ;  Camcelea  tricoccos , 
Eauh.  Pin.  462.  C'efî:  un  petit  arbriileau  rameux  , 
toujours  vert  ,  qui  s'élève  à  la  hauteur  de  deux 
à  trois  pieds  ,  fous  la  forme  d'un  joli  buiffon  épais 
êv  touffu  ;  l'écorce  de  la  tige  ed  brune  ;  celle  des 
tiges  eft  verdâtre  :  fes  feuilles  font  vertes,  glabres, 
bi  affez  femblables  à  celles  de  l'olivier  par  leur  forme  : 
fes  fleurs  font  jaunâtres,  à  trois  pétales  égaux;  elles 
ont  trois  étamines  &  un  piflil  :  il  leur  fuccede  un 
fruit  à  trois  coques,  d'abord  verdâtre,  mais  qid  devient 
rouge  en  mûrilTant ,  &  noir  en  virilliiïanî  ;  ces  coques 
font  dures  ,  &  renferment  chacune  deux  ou  trois 
femences.  Cette  plante,  dont  la  racine  eft  dure  & 
ligneufe,  croît  aux  lieux  incultes  dans  les  pays  chauds, 
comme  en  Italie  &  en  Languedoc.  C  eft  un  purgatif 
très-violent  ,  dont  les  Anciens  faifoient  ufage ,  mais- 
que  l'en   4  abandonné  à  cau(e  de  fa  qualité  acre  ë^ 

Pp  4 


éoo  C     A     M       ' 

caiiftiqiie  ;  on  l'emploie  extérieurement  pour  déterger 
les  vieux  ukeres. 

CAMÉLÉON  ou  Chameau -Lion  par  quelques- 
lUiS.  Camdco  lacerta  (  ChamœUon  )  caudâ  tercù  bnvi 
incurva  ,  duobus  tribufque  digitlbus  coadunatis  ,  Linn. 
Ce  lézard ,  qui  efl:  du  troifieme  genre  6c  propre  aux 
contrées  chaudes  de  l'ancien  Continent ,  eft  un  animal 
connu  très-anciennement  ;  la  propriété  qu'on  lui  a 
fuppofée  de  prendre  la  couleur  des  objets  auprès 
defquels  il  fe  trouvoit  ,  l'a  fait  regarder  comme  \\n 
phénomène  en  Hiftoire  Naturelle.  La  Philofophie  & 
l'Eloquence  l'ont  adopté  comme  un  des  fymboles  les 
plus  propres  à  orner  la  Morale  par  àts  allégories 
ingénieufes.  On  lui  a  comparé  les  lâches  &  bas  cour- 
tifans  5  ces  flatteurs  trop  communs  qui ,  n'ayant  point 
de  caradere  à  eux  ,  font  habiles  à  emprunter  des  appa- 
rences afTorties  aux  goûts  &  aux  inclinations  de  ceux 
à  qui  ils  cherchent  à  plaire.  Tout  le  monde  connoît  ce 
vers  de  la  Fontaine ,  où  il  peint  les  flatteurs  de  la  Cour  : 

Peuple  caméléon^  peuple  Jinge  du  Maître, 

L.  Vm  ,  Fab.  14. 

L'opinion  où  l'on  étoit,  dit  M.  Dauhenton  ,  que  le 
caméléon  ne  vivoit  que  d'air  ,  faifoit  appercevoir  de 
nouveaux  rapports  entre  Temblême  6c  lobjet  qu'il 
repréléntoit  ;  rien  ne  m.anquoit  à  la  juflefTe  de  ces 
alluiions  que  la  vérité  des  faits  qui  leur  fervoient  de 
fondement  ;  mais  eniin ,  des  obfervations  plus  exactes  y 
dont  il  fera  mention  ci-après ,  ont  redifié  les  idées  qu'on 
avoit  eues  jufqii 'alors  de  cet  animal  devenu  trop  célè- 
bre ,  &  ont  fait  voir  en  quoi  ce  qu  'il  a  de  réellement 
fmgulier  diffère  du  merveilleux  qu'on  lui  a  prêté. 

Linnœus  ,  (  Amœn.  Acad.  )  dit  que  le  caméléon  a 
la  tête  comprimée  par  les  côtés  ,  plate  par  deffus  , 
renflée  tranfverfalement  entre  les  deux  yeux ,  &  for- 
mant, de  part  &:  d'autre,  une  faillie  qui  s'étend  depuis 
le  mufeau  jufcjue  fur  les  orbites  des  yeux  :  la  nuque 


C    A    M  6oî 

efl  diflingiiée  du  corps  par  un  enfoncement  profond  , 
ce  qui  fait  que  l'occiput  s'élève  en  un  fommet  ai^u  : 
les  yeux  font  recouverts  d'une  membrane  épaiffe  , 
demi-fphérique  ,  percée  au  milieu  d  une  fente  longi- 
tudinale ,  &  faifant  l'office  des  paupières  ;  cette  mem- 
brane eiî  toute  hériffée  de  points  calleux  :  les  trous 
des  narines  font  petits  6l  tournés  en  bas  :  l'ouverture 
de  la  gueule  efr  très -grande;  l'animal  n'a  point  de 
dents  :  fa  langue  eft  longue  &:  affez  femblable  par  fa 
forme  à  un  ver  de  terre.  Le  corps  eft  plat,  excepté 
à  l'endroit  du  dos  oii  il  eil  relevé  en  forme  de  carène  ; 
au  lieu  d'écaillés ,  il  eft  couvert  de  tubercules  ou  de 
petites  boffes ,  dont  celles  qui  fe  trouvent  vers  les 
côtés  ,  font  ordinairement  difpofées  quatre  à  quatre  : 
l'anus  ell  une  fente  tranfverfale  ,  arrondie  par  le  mi- 
lieu :  la  queue  eft  un  peu  plus  courte  que  le  corps; 
elle  eu  épaiiTe  &  légèrement  comprimée  :  les  pieds  de 
devant  ont  cinq  doigts ,  dont  les  trois  intérieurs  font 
tout-à-fait  réunis  &  recouverts  par  une  membrane  ;  il 
en  eft  de  même  des  deux  doigts  extérieurs  :  les  pieds 
de  derrière  ont  pareillement  cinq  doigts,  réunis  par 
trois  &  par  deux  ,  mais  dans  un  ordre  contraire,  c'eil- 
à-dire ,  que  les  trois  qui  tiennent  enfemble ,  font  les 
extérieurs  :  le  corps  ne  porte  aucune  crête ,  du  moins 
qui  foit  bien  fenfible;  mais  la  future  qui  s'étend  fur 
le  dos,  depuis  la  tête  jufqu'au  milieu  de  la  queue,  & 
celle  dont  la  partie  inférieure  eft  marquée  depuis  le 
fommet  du  mufeau  jufqu'à  l'anus  ,  ainfi  que  les  arêtes 
qui  font  fur  les  côtés  de  la  tête ,  font  garnies  de  lames 
coniques  ,  pointues  &  très-apparentes. 

M.  Perrault  a  configné,  dans  X^sMém,  de  VAcad,  des 
Sciences ,  la  defcription  de  trois  caméléons  ,  dont  deux 
font  refiés  vivans  pendant  plufieurs  mois  chez  M^'^. 
de  Scudery ,  qui  les  avoit  reçus  d'Egypte.  La  tête  du 
plus  grand  de  ces  caméléons  avoit  un  pouce  &:  dix 
lignes  ;  il  y  avoit  quatre  pouces  &  demi  depuis  la  tête 
iufqu'à  la  nailTance  de  la  queue  ,  qui  étoit  longue  de 


^02  C    A    M 

cinq  pouces  ;  les  pieds  avoient  chacun  deux  pouces  &C 
demi  de  longueur.  Les  deux  autres  caméléons  ëtoient 
plus  petits  d'un  tiers. 

La  grofleur  du  corps  étoit  fujette  à  varier,  car  le 
grand  caméléon  avoit  quelquefois  deux  pouces  d'épaif- 
îeur ,  depuis  le  dos  jufqu'au-defTous  du  ventre  ;  d'autres 
fois  il  n'avoit  guère  plus  d'un  pouce ,  félon  qu'il  s'en- 
floit  ou  fe  rétréciffoit.  Ces  mouvemens  alternatifs  de 
dilatation  ^  de  contraction  ne  fe  bornoient  pas  au 
thorax  &  au  ventre  ,  ils  s'étendoient  encore  jufqu'a  la 
queue  &:  aux  pieds  de  l'animal  ;  ils  ne  reiTembloient 
pas  non  plus  à  ceux  que  l'on  obferve  chez  la  plupart 
des  autres  animaux,  lorfque  ,  pour  refplrer,  ils  dilatent 
leur  poitrine ,  ^  la  reiTerrent  auffi-tôt  par  des  allions 
fucceiïives  &  compaffees  ;  mais  ces  mouvemens  étoient 
irréguliers  ,  comm.e  dans  les  tortues  ,  les  lézards  ,  les 
grenouilles.  On  a  vu  le  caméléon  refter  enflé  plus  de 
deux  heures,  pendant  lefquelles  il  fe  défenfloit  un  peu, 
puis  fe  renfloit  de  nouveau ,  mais  avec  cette  diiférence 
que  la  dilatation  étoit  plus  foudaine  &  plus  vifible  ,  & 
cela  par  des  intervalles  longs  &  inégaux.  On  l'a  vu 
aufîi  demeurer  défenflé  pendant  un  temps  ccnfidcrable; 
&  bien  plus  long-temps  qu'enflé  :  en  cet  état ,  il  pa- 
roiffoit  fi  décharné ,  que  l'épine  du  dos  étoit  aiguë  , 
&  que  la  peau  fembloit  collée  fur  les  apophyfes  épi- 
neufes  &  fur  les  obliques.  On  pcuvoit  compter  les 
côtes ,  &  l'on  appercevoit  diftindlement  les  tendons  des 
jambes  de  devant  &:  de  derrière.  Cette  maigreur  de- 
venoit  encore  fenuble  quand  l'animal  fe  contournoit  le 
corps  ;  car  on  eût  cru  voir  un  fac  vide  que  l'on 
tordoit,  ce  qui  a  fait  dire  à  Terndllen  ,  qui,  étant 
Africain ,  avoit  vu  beaucoup  de  caméléons  ,  que  cet 
animal  n'étoit  qu'une  peau  vivante.  (  Tcrt.  de  Pall.  ) 
M.  Perrault  penfe  que  ce  mouvement  alternatif  par 
lequel  le  caméléon  s'enfle  &  fe  rétrécit,  ne  peut  être 
attribué  qu'à  l'air  qu'il  refpire  ,  &  qu'il  a  la  faculté  de 
faire  fortir  de  fes  poumons ,  d'où  ce  fluide  fe  gliiTe 


C    A    M  5oî 

entre  les  mufcles  &  la  peau ,  quoiqu'il    {oit  très-dif- 
ficile d'expliquer  la  manière  dont  le  fait  ce  paffage. 

La  peau  ,  continue  M.  Perrault ,  ëtoit  très-froide  au 
touciier;  fa  furface  ëtoit  inégale  bc  relevée  par  de 
petites  boffes  comme  la  peau  appelée  chagrin  ;  ce- 
pendant elle  étoit  afTtz  douce  au  tad ,  parce  aue  ces 
petites  éminences  étoient  très-lifTes  ;  elles  différcient 
en  groiTeur.  La  plus  grande  partie  ,  favoir ,  celles  qui 
couvroient  le  ventre ,  les  jambes  &  la  queue  ^  ëtoient 
comme  la  tk'iç:  d'une  médiocre  épingle  ;  il  y  en  avoit 
d'autres  un  peu  plus  greffes  fur  les  épaules  &  fur  la 
tête  ;  on  en  voyoit  fous  la  gorge  qui  étoient  plus 
élevées  &  pointues  ;  elles  formoient  une  file  comme 
les  grains  d'un  chapelet  ,  depuis  la  lèvre  inférieure 
jufqu'à  la  poitrine  ;  les  grains  qui  étoient  fur  le  dos 
fe  trouvoient  ramaffcs  les  uns  contre  les  autres ,  par 
affemblages  de  deux ,  de  trois  ,  &c. ,  jufqu'à  fept.  Dans 
les  interftices  de  ces  groupes  ^  il  y  avoit  d'autres  petits 
grains  prefque  imperceptibles  ,  &:  qui  étoient  commu- 
nément d'un  rouge  pâle  &  jaunâtre  ,  de  même  que  le 
fond  de  la  peau  qui  paroiffoit  entre  ces  amas  de  grains. 
La  couleur  de  ce  fond  n'a  changé  qu'après  la  mort 
de  l'animal  ,  &  eft  devenue  d'un  gris  -  brun  ,  tandis 
que  les  petits  grains  ont  pris  une  couleur  blanchâtre. 
On  a  reconnu  depuis  que  tous  ces  grains  ,  tant  les 
gros  que  les  petits,  étoient  formés  en  partie  par  la 
peau  qui  ëtoit  creufe  par  deffous  chaque  grain  ^  &  en 
partie  par  plufieurs  pellicules  fort  minces  ,  &:  appli- 
quées les  unes  fur  les  autres ,  qui  augmentoient  Tépaif- 
feur  de  chaque  boffette. 

Ce  caméléon  ,  lorfqu'il  étoit  eii  repos  à  l'ombre,  & 
qu'on  l'avoit  laiffé  long-temps  fans  le  toucher,  ëtoit 
d'une  couleur  de  gris-bleuâtre ,  à  la  réferve  du  deffous 
des  pattes  qui  étoit  d'un  blanc  un  peu  jaunâtre  ,  & 
des  intervalles  qui  féparoient  les  amas  de  petits  grains  , 
&  qui  étoient  d'un  rouge  pâle,  ainfi  qu'il  a  été 
dit  çi-defliis.  Cette  couleur  grife  qui  étoit    répandue 


6o4  C     A    M 

ilir  prefque  toute  la  peau  du  caméléon ,  expofé  au  graïKÏ 
jour,  changeoit  quand  il  étoit  au  foleil,  &  tous,  les 
endroits  de  fon  corps  qui  étoient  frappés  par  les  rayons 
de  cet  aftre  ,  prenoient  un  gris  plus  brun  &:  tirant  fur 
le  minime.  Le  refte  de  la  peau  qui  n'étoit  point  éclairé 
par  le  foleil ,  fe  peignoit  de  couleurs  plus  éclatantes , 
qui  form.oient  des  taches  de  la  grandeur  de  la  moitié 
ciu  doigt.  Quelques-unes  de  ces  taches  defcendoient 
depuis  la  crête  de  l'épine  ,  jufqu'à  la  moitié  du  dos  ; 
d'autres  paroifToient  fur  les  côtés  ^  fur  les  jambes  de 
devant  &  fur  la  queue;  elles  étoient  toutes  de  couleur 
îfabelle ,  par  le  mélange  d'un  jaune  pâle  ^  dont  les 
petites  éminences  étoient  teintes  ^  &  d'un  rouge  clair, 
dont  fe  coloroit  le  fond  de  la  peau  qui  paroiffoit  entre 
les  grains.  Les  interftices  des  taches  fur  le  refîe  de  cette 
peau  qui ,  n'ayant  point  reçu  la  lumière  du  foleil ,  étoit 
demeurée  d'un  gris  plus  pâle  qu'à  l'ordinaire ,  reffem- 
bloient  aux  draps  mêlés  de  laine  de  plufieurs  couleurs  ; 
car  quelques-uns  des  grains  étoient  d'un  gris  un  peu 
verdâtre  ;  d'autres  d'un  gris-minime;  d'autres  du  gris- 
bleuâtre  qu'ils  avoient  ordinairement ,  les  parties  rou- 
geâtres  qui  étoient  entre  ces  grains  ayant  confervé 
leur  couleur  naturelle.  Lorfque  le  foleil  cefla  de  luire, 
la  couleur  grife  revint  peu-à-peu ,  &  fe  répandit  fur 
tout  le  corps ,  excepté  le  deffous  des  pieds  qui  conferva 
fa  première  couleur ,  mais  renforcée  par  une  teinte  un 
peu  plus  brune  :  & ,  lorf qu'étant  dans  cet  état ,  quelqu'un 
de  la  compagnie  le  mania  pour  l'obferver ,  il  parut 
auiîi-tôt  fur  les  épaules  &  fur  les  jambes  de  devant , 
plufieurs  taches  fort  noirâtres  de  la  grandeur  de  l'ongle  ; 
ce  qui  n'arrivoit  point  Jorfqu'il  étoit  manié  par  ceux 
qui  le  gouvernoient.  Quelquefois  il  devenoit  tout  mar- 
queté de  taches  brunes  qui  tiroient  fur  le  vert.  On 
l'enveloppa  enfuite  dans  un  linge  ,  &  après  qu'on  l'y 
eut  laifTé  deux  ou  trois  minutes  ,  on  l'en  retira  blan- 
châtre :  cette  couleur  s'effaça  infenfiblement  &  fit  place 
à  fa  couleur  ordinaire. 


C    A    M  605 

Cette  ex:périence  fît  voir  qu'il  n'étoît  pas  vrai 
qne  le  caméléon  prît  toutes  les  couleurs,  excepté  le 
blanc ,  comme  l'ont  dit  Plutarque  (  Trahi  de  lajlaturk^ 
&  Sorlin  ;  car  celui  dont  il  s'agit  avoit  tant  de  dif- 
pofition  à  recevoir  cette  dernière  couleur ,  qu'il  de- 
venoit  pâle  toutes  les  nuits  ;  &  quand  il  fut  mort ,  il 
avoit  plus  de  blanc  que  de  toute  autre  couleur.  On 
n'a  point  non  plus  obfervé  qu'il  changeât  de  couleur 
par  tout  le  corps  ,  comme  l'a  prétendu  Ariflou;  car 
les  couleurs  accidentelles  qu'il  prenoit,  ne  s'étendoient 
que  fur  certaines  parties  de  fon  corps.  Pour  n'omettre 
aucune  expérience  fur  le  changement  des  couleurs  du 
caméléon^  on  le  plaça  fur  des  étoffes  de  diverfes  teintes, 
&  même  on  l'en  enveloppa  ;  mais  il  ne  prit  point 
ces  couleurs,  comme  il  avoit  fait  la  blanche,  après 
qu'on  l'eut  enveloppé  dans  un  linge ,  &  même  cet 
effet  n'eut  lieu  que  la  première  fois  qu'on  en  fit 
l'expérience  ;  on  la  réitéra  depuis  à  plufiéurs  reprifes  & 
en  différens  jours,  mais  fans  aucun  fuccès.  Il  efl  vrai' 
femblable  que  la  blancheur  qu'on  obferva  fur  fon 
corps ,  au  fortir  d'un  linge  froid  où  on  l'avoit  tenu 
quelque  temps  caché  fous  un  manteau ,  provenoit  en 
partie  de  l'obfcurité  qui  le  fait  ordinairement  pâlir  , 
Si  en  partie  du  froid  qui  fut  ce  jour-là  plus  fenfible 
que  celui  de  tous  les  autres  jours  pendant  lefquels  on 
a  obfervé  cet  animal. 

D'après  tout  ce  qui  vient  d'être  dit ,  il  paroît  prouvé 
que  le  caméléon  ne  prend  point  la  couleur  des  objets 
ctont  on  rapproche ,  ainfî  qu'on  l'avoit  cru  ,  &  que 
Font  attefté  les  Voyageurs  Barbot  Si  Bruyn ,  mais  que 
les  changemens  de  couleur  qu'il  fubit ,  font  dus  aux 
divers  mouvemens  intérieurs  dont  il  efl:  affeQé ,  & 
aux  impreffions  que  font  fur  lui  le  chaud  &  le  froid , 
la  préfence  ou  l'abfence  de  la  lumière.  Lémsry  dit 
que  dans  la  joie ,  cet  animal  eil  d'une  couleur  éme- 
raudée  ,  mêlée  d'orangé  entrecoupé  de  bandes  grifes 
&  noirâtres j  que  dans  la  colère,  il  eft  d'une  teinta 


6oè  C    A    M 

livide  Si  obfciire;  que  dans  la  crainte,  11  eft  pâîe  & 
d'un  jaune  effacé.  Le  P.  Feuïlllc^  Minime,  prétend,  dans 
fon  Journal  d'Obfirv.  Phyf.  Math,  ^  &c.  ^  que  le  chan- 
gement de  couleurs  qu'ofîi'e  la  peau  de  cet  animal , 
peut  dépendre  àes  points  de  vue  où  le  fpei^ateur  efl 
placé.  Revenons  à  la  defcription  du  caméléon  ,  par 
M.  Perrault.  Sa  tête  refîembîoit  afiez  à  celle  d'un 
poiffon  ;  elle  tenoit  à  la  poitrine  par  un  cou  fort  court 
&  garni  fur  les  deux  côtés  de  deux  avances  cartilagi- 
neufes ,  qui  reffembloient  aux  ouïes  des  poiflbns.  Sur 
le  fommet  éroit  une  crête  droite  &:  élevée;  &  au- 
deffus  des  yeux ,  il  y  en  avoit  deux  autres  qui  étoient 
tournées  comme  une  S  couchée.  Entre  ces  trois  crêtes , 
il  y  avoit  deux  cavités  le  long  du  deifas  de  îa  tête.  ' 
Le  mufeau  formoit  une  pointe  obtufe  -,  6l  avoit ,  ainfi 
que  l'obferve  Linnœus  ,  deux  arêtes  qui  defcendoient 
depuis  les  fourcils  jufqu'à  fon  extrémité,  ce  qui  lui 
donnoit  de  la  refTemblance  avec  celui  d'une  grenouille. 
Sur  le  bout  du  mufeau ,  il  y  avoit  un  trou  de  chaque 
côté  pour  les  narines  ;  6c  comme  le  caméléon  n'a  point 
d'autres  ouvertures  à  la  tête ,  on  a  conjecturé  qu'elles 
lui  tenoient  lieu  d'ouïes.  Il  paroît  auiïi  que  c'efl  uni- 
quement par  ces  deux  ouvertures  qu'il  refpire ,  parce 
que  fa  gueule  efl:  pour  l'ordinaire  fermée  fi  exade- 
ment ,  qu'il  femble  n'en  point  avoir ,  fes  deux  mâ- 
choires étant  réunies  par  une  ligne  prefque  impercep- 
tible. Plim ,  Scrl'in  &  la  plupart  des  Auteurs  qui  ont 
décrit  le  caméléon ,  n'avoient  fans  doute  pas  vu  cet 
aninaal  vivant ,  puifqu'ils  difent  qu'il  a  la  gueule  tou- 
jours ouverte ,  ce  qui  ne  lui  arrive  que  quand  il  efl 
mort.  Les  mâchoires  étoient  garnies  de  dents,  ou  plutôt 
d'un  os  dentelé  dont  il  ne  paroifToit  faire  aucun  ufage 
pour  manger.  (  Linnœus  a  dit  que  le  caméléon  n'a  point 
de  dents  ;  apparemment  que  cet  Auteur  ne  regarde 
point  comme  de  vraies  dents  les  parties  faillantes  de 
cet  os  dont  parle  ici  M.  Perrault.  )  Il  avaloit  les  mouches 
&  les  autres  infectes ,  f^ns  les  mâcher  ;  la  gueule  étoit 


C    A    M  Goj 

fendue  June  manière  toute  particulière  ;  car  l'ouver- 
ture des  lèvres ,  qui ,  dans  les  autres  animaux  ,  eu 
plus  petite  que  celle  des  mâchoires ,  s'étendoit  au-delà 
dans  le  caméléon ,  &  ce  prolongement  de  fente  avoit 
une  direftion  oblique  de  haut  en  bas. 

Les  yeux  étcient  fenfiblement  d'une  forme  plus 
fphërique  que  dans  les  autres  animaux  ;  car  ils  n'étoient 
point  enfonces  dans  la  tète ,  comme  l'avance  Scrlin  , 
mais  faiilans  en  dehors  de  toute  la  m.oitié  de  leur  globe. 
Le  trou  de  la  membrane  qui  tenoit  lieu  de  paupière , 
n'avoit  pas  une  ligne  de  largeur ,  &c  laiiToit  voir  affez 
facilement  la  prunelle  ,  qui  étoit  brillante  ,  brune  , 
&  comme  bordée  d'un  petit  cercle  d'or.  Le  devant 
de  l'œil  paroilToit  attaché  à  la  paupière  ,  laquelle  ne 
fe  haufloit  &  ne  fe  baiiloit  pas  ,  comme  celle  des 
autres  animaux ,  qui  peuvent  donner  à  leur  paupière 
un  mouvem.ent  différent  de  celui  de  l'œil  ;  car  la 
paupière  du  camélém  fuivoit  exactement  tou.s  les  mou* 
vemens  de  l'œil  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  extraor.- 
dinaire  dans  ce  mouvement ,  c'eft  de  voir  remuer  un 
des  yeux  pendant  que  l'autre  efl  immobile;  l'un  fç 
tourne  en  avant,  tandis  que  l'autre  regarde  en  arrière  ; 
l'un  s'élève  vers  le  ciel ,  quand  l'autre  s'abaifle  vers 
la  terre  ;  &  tous  ces  mouvemens  s'étendent  fi  loin  , 
que  la  prunelle  fe  porte  jufque  fous  la  crête  qui  forme 
le  fourcil ,  &  s'enfonce  dans  les  coins  de  l'œil ,  au 
point  que  l'animal  peut  découvrir  les  objets  placés 
derrière  lui ,  &  ceux  qu'il  a  diredement  en  face ,  fans 
que  fa  tête ,  qui  eft  ferrée  contre  les  épaules  ,  folt 
tournée. 

La^  langue  du  grand  caméléon  dont  il  efl  queflion , 
que  Lïmiczus  a  comparée  à  un  ver  de  terre  ,  étoit  longue 
de  dix  lignes ,  large  de  trois,  &  un  peu  aplatie  vers 
fon  extrémité.  Il  y  a  apparence  que  les  Anciens ,  qui 
ont  cru  que  le  caméléon  ne  vit  que  d'air ,  n'avoient 
pas  vu  l'ufage  que  cet  animal  fait  de  fa  langue.  On  a 
obfervé   cju'U  fuiiite  continuellement  de  cett^  partie 


6o8  C     A     M 

une  fubflance  très-glutlneufe  ,  par  le  moyen  de  laquelle 
le  caméléon  prend  les  infedes  qu'on  lui  préfente  ou 
qu'il  rencontre ,  &  c'efl  une  chofe  furprenante  que 
la  vîtcfTe  avec  laquelle  il  retire  fa  langue  dès  que  fa 
proie  y  eft  attachée.  Linnœus  rapporte  que  les  Indiens 
laiffent  volontiers  le  caméléon  s'introduire  chez  eux  , 
pour  fe  débarrafTer  des  infeûes  qui  les  incommodent. 
Le  plus  grand  des  trois  caméléons  dont  nous  avons 
parlé  ,  fut  le  feul  auquel  on  put  faire  prendre  des 
infe£î:es.  Les  deux  autres  ne  mangèrent  prefque  point 
pendant  cinq  ou  fix  mois  qu'ils  vécurent  à  Paris,  Ils 
fucerent  feulement  quelques  grains  de  raifm  qu'on 
leur  préfenta. 

A  l'aide  de  fes  pieds ,  dont  la  forme  étoit  telle 
qu'elle  a  été  décrite  plus  haut ,  le  caméléon  faifiiToit 
les  petites  branches  des  arbres ,  comme  fait  le  perroquet , 
qui,  pour  fe  percher,  partage  fes  doigts  autrement 
que  la  plupart  des  autres  oifeaux  ;  car  ceux-ci  en 
mettent  toujours  trois  devant  &  un  derrière  ,  au  lieu 
que  le  perroquet  en  met  deux  derrière  comme  devant  : 
les  ongles  étoient  un  peu  crochus ,  fort  pointus  &  d'un 
jaune  pâle  ;  ils  ne  fortoient  que  de  la  moitié  hors  de 
la  peau  ;  ils  avoient  en  tout  deux  lignes  &  demie  de 
longueur.  La  marche  du  caméléon  étoit  encore  plus 
lente  que  celle  d'une  tortue,  mais  tout-à-fait  bizarre, 
en  ce  que  fes  jambes  étant  plus  dégagées  &  plus 
longues  que  celles  de  la  tortue ,  il  les  portoit  en  avant 
avec  une  gravité  qui  fembloit  afieftée.  Quelques-uns 
prétendent  que  cette  démarche  fi  lente  eft  un  effet  de 
la  timidité  de  ce  chétif  animal.  Il  paroît  du  moins  agir 
avec  beaucoup  de  circonfpeftion ,  car  il  femble  choifir 
les  endroits  où  il  doit  pofer  les  pieds  ;  &  l'on  a  obfervé 
que ,  quand  il  monte  fur  les  arbres  ,  il  ne  fe  fie  point 
à  fes  ongles,  quoiqu'ils  foient  plus  pointus  que  ceux 
des  écureuils  qui  graviïïent  pr-r-tout  avec  tant  de  légè- 
reté ;  mais  lorfqu'il  ne  peut  faiûr  les  branches  à  caufô 
de  leur  groffeur ,  il  cherche  long- temps  les  fentes  de 

l'écorce. 


C    A    M  (Î09 

récorce ,  pour  y  afFermir  fes  ongles.  Cette  "obfervation 
ne  s'accorde  pas  avec  ce  que  dit  LinruBus ,  que  le  camé- 
léon grimpe  aux  arbres  avec  beaucoup  de  vîtelTe. 

La  queue  du  caméléon  reflembloit  bien  à  celle  d'une 
vipère  ,  comme  PUm  le  remarque  ,  ou  à  la  queue  d'un 
grand  rat ,  lorfqu'elle  s'arrondiffoit  en  s'enflant ,  car  , 
autrement  ,  elle  étoit  relevée  dans  fa  longueur  par 
trois  éminences  tranlVerfales  :  il  entortilloit  cette  queue 
autour  des  branches ,  &  elle  lui  fervoiî  comme  d'une 
cinquième  main  :  quand  il  marchoit ,  il  la  laiffoit  rare- 
ment traîner  par  terre ,  mais  il  la  tenoit  dans  une  di- 
redion  parallèle  à  la  furface  des  lieux  fur  lefquels  il 
s'avançoit. 

Perrault  rapporte  que  ,  lorfqu'un  des  petits  camé- 
léons  mourut,  l'autre  parut  en  avoir  une  fi  grande 
horreur ,  qu'il  grimpa  au  haut  de  la  cage  cii  on  les 
avoit  enfermés  tous  les  deux  ,  ô£  fe  tint  le  plus  éloigné 
du  mort  qu'il  lui  fut  poiTible. 

MatJiiok  &C  la  plupart  des  Anciens  ont  attribué  au 
caméléon  des  propriétés  ridicules  qu'il  feroit  inutile  de 
rapporter,  M.  Perrault  a  voulu  vérifier  l'opinion  de 
Sorlin ,  fur  l'antipathie  qu'il  fuppofe  eatre  le  corbeau  & 
le  caméléon  ,  &  qu'il  dit  être  li  grande,  que  le  corbeau 
meurt  auiîi-tôt  après  avoir  mangé  de  la  chair  du  camé- 
léon, La  vérité  eft  qu'un  corbeau  donna  quelques  coups 
de  bec  à  un  caméléon  mort  qu'on  lui  préfenta  ;  mais 
on  lui  en  fît  manger  plulieurs  parties  ,  &  il  avala  le 
.cœur  même ,  fans  qu'il  en  ait  paru  incommodé. 

Le  plus  grand  des  trois  caméléons  étant  mort ,  avoit 
-environ  onze  pouces  &  demi  de  longueur  totale  ;  il 
avoit  dix-huit  côtes  ;  l'épine  compofée  de  foixante- 
cuatorze  vertèbres ,  y  compris  les  cinquante  de  la  queue. 

M.  Jacques  Parfons  a  donné  à  la  Société  Royale  de 
Londres ,  la  defcription  d'un  caméléon  dont  le  deffus 
des  vertèbres  efl  dentelé ,  avec  des  nœuds  fur  les 
côtés  ;  les  dents  de  la  mâchoire  fupérieure  fe  plaçoient, 
quand  l'animal  fermoit  la  gueule ,  dans  les  intervalles. 
Tomz  IL  Qq 


6io  C    A    M 

akernativement  pratiqués  entre  elles,  dans  celles  de  la 
mâchoire  intérieure  ;  il  n'y  avoit  ni  dents  molaires,  ni 
dents  canines. 

Il  paroît  que  l'cfpece  du  caméléon  eil  répandue  en 
Afrique  Se  en  A(ie  ,  inais  notamment  en  Egypte. 

Caméléon  blanc.  On  donne  ce  nom  à  une  efpece 
de  carl'me  ;  6c  celui  de  noir  à  une  efpece  de  cartame.  Voyez 
ces  mots. 

CAMÉLÉOPARD,  Camdo-pardaUs,  Quadrupède 
que  les  Italiens  nomment  Girajfa  (^g^rajf^)-^  c'eft  un 
des  premiers,  des  plus  grands  &:  des  plus  doux  des 
animaux  terreflres  ;  mais  les  difproportions  de  fa  flature 
femblent  rendre  cette  eipece  inutile ,  &  la  confiner 
feule  &  peu  nombreufe  dans  quelques  contrées  de 
rAfrîqiîe  h>c  de  l'Inde.  La  peau  de  la  gî-raffe  eii  tigrée 
comme  celle  de  la  panthère  &  du  léopard  ;  {on  cou  cil 
long  comme  celui  à^im  chameau  ;  &  c'efl  fans  doute 
d'après  ces  deux  traits ,  que  les  Anciens  avoient  com- 
polë  le  nom  de  Camdo-pardalis  (^chameau-léopard^  , 
qu'ils  donnoient  à  la  g'irajfe. 

Le  caméllopard  ou  la  g^raffe  ,  par  la  douceur  de  fon 
naturel  ,  par  les  habitudes  phyfiques  ,  &  même  par 
la  forme  A\\  corps  ,  approche  plus  de  la  figure  &:  de 
la  nature  du  chameau ,  que  de  celle  d'aucun  autre  ani- 
mal. La  girafe  a  la  tcte  petite ,  ainfi  que  les  oreilles  ; 
les  yeux  bnllans  ;  les  dents  petites  &  blanches.  On 
prétend  que  cet  animal  n'a  point  de  dents  inciiives  à 
la  mâchoire  fupérieure  ;  mais  il  en  a  huit  à  l'infé- 
rieure ;  fa  langue  efi  noirâtre  ;  fa  tête  porte  au-deffus 
du  front  deux  cornes  ûmples ,  moulles  ,  d'environ  fix 
pouces  de  longueur  ;  ces  cornes  ne  font  point  creufes 
comme  celles  des  chèvres  ;  elles  font  d'une  fubdance 
folide  comme  le  bois  des  cerfs  ;  mais  nous  ignorons 
fi  elles  tom.bcnt  de  même  tous  les  ans.  Outre  ces 
cornes  ,  la  giraf}  a  ,  au  milieu  du  fiont ,  un  tubercule 
élevé  d' environ  deux  pouces,  6c  qui  reiiembie  à  une 
tïoinem.e  corne  ;  les  cornes  font  revêtues  de  poil ,  3c 


C    A    M      ^  6.ÎÎ 

font  un  peu  plus  longues  dans  le  mâîe  que  dans  la 
femelle. 

La  girafe  cl  la  tête ,  étant  levée ,  de  quatorze  à  feîze 
pieds  de  hauteur  ;  le  cou  feul  a  fept  pieds  ,  6c  l'animal 
a  vingt-deux  pieds  de  longueur  depuis  l'extrémité  de 
la  queue  jufqu'au  bout  du  nez  ;  les  jambes  de  devant 
&  de  derrière  font  à  peu  près  d'égale  hauteur  ;  mais 
les  bras  ,  proprement  dits ,  font  li  longs  ,  en  com- 
paraifon  des  cuiffes  ,  qu'ils  lemblent  ramener  à  terre 
la  croupe  de  l'animal ,  6c  que  fon  dos  paroît  être 
incliné  comme  un  toit  :  tout  fon  corps  eu  blanchâtre , 
marqué  de  grandes  taches  fauves  ,  de  figure  à  peu 
près  carrée  :  cet  animal  a  le  pied  large  &  fourchu 
comme  le  bœuf;  fes  fabots  /ont  noirs,  obtus ,  écartés; 
la  lèvre  fupérieure  plus  avancée  que  l'inférieure  ;  la 
queue  menue  ,  pendante  6c  allant  aux  jarrets  ,  garnie 
de  poil  à  l'extrémité  ,  6c  ces  poils  ou  crins  de  la 
queue  font  noirâtres  6c  trois  fois  plus  gros  que  ceux 
de  la  queue  du  cheval. 

La  girajffe  rumine  comme  le  bœuf,  &  mange  comme 
lui  de  l'herbe  ;  elle  a  une  crinière  comme  le  cheval  , 
depuis  le  fommet  de  la  tête,  jufque  fur  le  dos,  & 
d'une  couleur  rouflatre  ;  quand  cet  animal  marche  , 
les  deux  pieds  de  devant  vont  enfemble  ,  ce  qui  lui 
donne  une  démarche  vacillante  ;  &  lorfqu'il  veut  paître 
ou  boire  à  terre  ,  il  faut  qu'il  écarte  prodigieuiement 
les  jambes  de  devant  :  il  mange  volontiers  les  feuilles 
6c  les  bourgeons  des  arbres.  La  girdff}  ,  dit  Belon ,  fe 
couche  le  ventre  contre  terre  ,  6c  a  une  callofité  au 
fternum  &  aux  cuilTes  comme  le  chameau. 

Le  nom  de  giraffe  tû  formé  de  l'Arabe  girnafa  ou 
^urnûfa,  h?L giraffe  eil propre  à  l'ancien  Continent,  6c  ne 
s'cfl:  jamais  répandue  dans  les  pays  du  Nord,  ni  même 
da.ns  les  régions  tempérées.  Elle  ne  fe  trouve  que  dans 
les  déferts  de  rAbyiîinie,  de  l'Ethiopie,  &  de  quel- 
ques autres  Provinces  de  l'Afrique  Méridionale  &  des 
Indes.  C'efl  un  animal  doux   à   gouverner.    Plufieurs 

Qq    2 


€ii  C    A    M 

empereurs  Romains  ont  orné  leurs  triomphes  de  quel- 
ques-uns de  ces  animaux.  On  les  montroit  aufli  en 
fpe£lacle.  Nous  avons  vu  une  girafe  au  Jardin  bota- 
nique de  Leyde.  On  obferve  que  la  Nature  ,  pour 
donner  des  preuves  de  Ion  immenfe  &  riche  fécondité , 
a  placé  aiiiîi  dans  les  mêmes  climats  brùlans  de  l'an- 
cien Monde ,  des  animaux  dont  elle  a  varié  d'une  ma- 
nière toute  iinguliere  les  formes.  Il  fuffit  de  jeter  un 
coup  d'œil  fur  les  chameaux  ,  les  éléphans  ,  les  rhi- 
nocéros ,  &c.  Nous  venons  de  voir  que  la  girafe  eft 
remarquable  par  la  hauteur  démefurée  de  fes  jambes 
de  devant  ;  la  gerboife  offre  la  même  difproportion  ^ 
mais  c'eft  dans  les  jambes  de  derrière.  La  gerboife , 
quoique  avec  quatre  piecfs ,  paroît,  dit  M.  Sonnini.^ 
s'éloigner  un  peu  de  la  claiTe  des  Quadrupèdes  ,  pour 
prendre  quelque  empreinte  de  celle  des  Oifeaux. 
Placée  fur  le  premier  échelon  du  paffage  de  l'une 
à  l'autre  ,  elle  conftitue  la  première  dégradation  des 
quadrupèdes  y  &:  commence  la  nuance  de  ceux-ci  aux 
oifeaux. 

CAMELINE  5  Myagrum.  Nom  d'un  genre  de  plan* 
tes  à  fleurs  polypétaiées  ,  de  la  famille  des  Crucifères, 
&  qui  comprend  des  herbes  dont  les  feuilles  font 
alternes ,  6i  les  fleurs  jaunes  difpofées  en  grappes  ou 
en  panicules  terminais  ;  il  y  a  fix  étamines  ,  dont 
deux  font  plus  courtes  que  les  quatre  autres.  Le  fruit 
tfl  une  filique  courte  ,  non  comprimée ,  ovale  ou 
pyriforme ,  ou  pyramidale ,  fouvent  articulée  ,  ou  an- 
2;uleufe  ,  &  qui  contient  une  ou  plufieurs  femences. 
M,  le  Chevalier  de  la  Marck  les  divife  ainfi  qu'il  fuit: 

Camelines  à  filique  articulée, 

îl  y  a  :  La  camdïne  vivace ,  Myagrum  perenne,  Lînn.; 
Rapiftrum  monofpermum  ^  J.  Bauh.  95  ,  Tourn.  211  ; 
cette  efpece  fe  trouve  dans  l'Alface ,  la  SuifTe  &  l'Al- 
lemagne, La  çameline  ridée  ,  de   l'Europe  Aiiftrale  -^ 


C    A    M  6ii 

Myagnim  rugofum  ,  Linn.  ;  elle  efl  annuelle.  La  came- 
Une  du  Levant ,  Myagrum  Orientale. ,  Linn.  Celles 
d'Efpagne  &  d'Egypte. 

Camelines  à  Jilîque  non  articulée. 

Il  y  a  :  La  camdine  perfoliée  ,  Myagrum  perfollatum, 
Linn.;  Myagrum monofpermumlatifolium^Qj,  Bauh.  Pin. 
109  ;  cette  efpece  fe  trouve  dans  les  champs  en  France 
^  dans  la  Suifle.  La  cameline  cultivée ,  ou  féfame 
jd' Allemagne  ,  Myagrum  fativum  ^  Linn.  894;  Alyjfon 
Jegetum  ,  foliis  auriculatis  acutis  ,  Tourn.  217;  cette 
efpece ,  qui  ell  annuelle ,  ne  s'élève  guère  plus  haut 
que  le  lin  ,  &  on  la  feme  de  même  en  Flandres , 
pour  exprimer  l'huile  de  fa  graine ,  huile  que  l'on 
vend  improprement  fous  le  nom  de  celle  de  camomille. 
Cette  cameline  n'ell  pas  rare  aux  environs  de  Paris  , 
dans  les  feigles ,  les  orges  &  les  avoines.  Sa  tige  e^ 
droite ,  cylindrique  &  rameufe  vers  fon  fommet.  Elle 
porte  des  fleurs  jaunâtres  ,  en  croix  ,  qui  donnent  des 
fruits  ou  petites  filiques  en  forme  de  poire ,  dans  lef- 
quelles  font  des  fe  menées  triangulaires  ,  jaunâtres  , 
d'un  goût  approchant  de  celui  de  l'ail  ,  dont  les  petits 
oifeaux  font  très-friands.  Sa  tige  efl  garnie  de  feuilles 
longuettes ,  pointues ,  un  peu  velues ,  vertes  ,  molles  , 
à  dentelures  petites  &  dînantes  ',  elles  embralTent  par 
leur  bafe  la  tige ,  de  façon  que  les  deux  côtés  repréfen- 
tent  deux  appendices  ou  oreilles.  Cette  cameline  croît 
aufîi  aux  lieux  montagneux.  L'huile  qu'on  en  retire 
efl  très-propre  pour  adoucir  la  peau ,  &:  pour  la  lampe, 

La  cameline  paniculée  ;  cette  efpece  fe  trouve  fur 
les  bords  des  champs  en  Europe.  La  cameline  à  filiques 
en  bec  d'oifeau  ;  cette  efpece  fe  trouve  en  Syrie ,  à 
Sumatra ,  &  en  Autriche.  La  cameline  à  feuilles  de 
pifTenlit ,  Cramhe  O rient alis  ,  dentis  Uonis  folio  ,  eruca- 
ginis  facie  ,  Tourn.  Cor.  41;  cette  efpece  croît -dans 
le  Levant.  La  camdine  k  filiques  verruqueufes  ^  d'E-^ 
gypte  j  Bunias  uEgyptiaca ,  Linn,  La  cameline  à  filiques 

Qq  i 


6î4  C     A    M 

en  petites  maiTes  ,  vulgairement  la  majje  au  Bedeau^ 
Voyez  Roquau  fauvagz  des  champs.  La  camel'mc  é^i-' 
neule  ,  du  Levant ,  Bunias  Jp'mofa ,  Linn.  La  camzlïne 
cornue ,  du  Levant ,  Burfa  pajlorïs  Oruntalis  ,  drahiZ 
folïis  ^  filïquïs  cornutis  ,  Tourn.  Cor.  15.  La  camdïne. 
de  Mahon  ,  Bunias  Bakarica ,  Linn.  Celle  des  Pyre- 
ni^s,^  Sïfymbnum  Pyrcnaïcum  ,  Linn.  ;  on  en  trouve 
aufîi  des  variétés  dans  les  montagnes  de  PAuvergne 
&  de  la  Suilîé.  La  cameline  naine,  Myagrum  pumilum. 
La  camclïnc  aquatique  ,  Sijymhrïum  aquaticum  ,  raphani 
^  folio  ^  fdiquâ  brevion  ^  Tourn.  226;  cette  eîpece  croît, 
ainii  que  fa  variété  ,  Raphanus  fylvejiris  ojjîcinarwn 
aquadcus ,  Lob.  le.  319,  lur  le  bord  des  eaux.  La  cami-' 
Une  des  marais  ,  Raphanus  Jive  Sifymbrium  aquaticum  , 
foliis  in  profundas  laànias  divijis  ,  Jiliquâ  bnviorl , 
Tourn.  226,  Bauh.  Prodr.  38. 

CAMERIEÎi  ,  Canuraria.  Nom  d^un  genre  de  plantes 
à  fleurs  monopétalées ,  de  la  famille  des  Apocins ,  qui 
a  des  rapports  avec  les  frangipanicrs  ,  &:  qui  com- 
prend des  arbres  &  arbrilleaux  propres  à  l'Amérique 
Méridionale  :  les  fruits  font  foliiculaires ,  lancéolés  , 
univalves.  Il  y  a  :  Le  camcricr  à  feuilles  larges  ;  celui 
à  feuilles  linéaires  ;  &  celui  à  fleurs  jaunes. 

CAMîCKl  ou  Akhima.  Voyei  Kamichi. 

CAiviOMILLE  ,  Chamœmelum.  Anthémis  ,  Linn. 
Nom  d'un  genre  de  plantes  à  fleurs  conjointes ,  de  la 
divifion  des  Ccmvofies-radiêcs  ,  &  qui  comprend  àes 
herbes  annuelles  ou  vivaces,  dont  les  feuilles  font 
alternes  &:  ordinairement  très  -  découpées.  La  fleur  a 
un  calice  commun ,  hémifphérique  ,  imbriqué  d'écaillés 
linéaires  ,  ferrées  ;  elle  efl:  compofée  de  fleurons  her- 
maphrodites ,  tubulés ,  à  cinq  dents ,  placés  dans  le 
difque  de  la  fleur ,  &  de  demi-ileurons  femelles  qui 
forment  fa  couronne.  Le  fruit  confiffe  en  plufieurs 
petites  femences  oblongues  ,  nues  ,  fituées  fur  le  récep- 
tacle commun ,  &  environnées  par  le  calice  de  la 
fleur. 


C     A     M  6i<i 

M.  le  Chevalier  a'd  la  maj-tk  diiiingue  \qs  piaiit^s- 
de  ce  genre  ^  en  : 

Camomilles  à  couronm  jlorak  tout- a- fait  blanche 

Il  y  a  :  La  camomille  commune  dans  les  champs  en 
Italie ,  Anthcmis  jlorum palds  rigidls pimg&niiius  ,  Lien.  ; 
elle  efl  annuelle  :  fes  fleurs  font  blanches  ,  à  difque 
jaune  ,  &  terminales  comme  dans  les  autres  efpeces. 
La  camomille  élevée  &:  m.ultiflcre ,  des  parties  Méri- 
dionales de  l'Europe  ,  Anthcmis  alnjjlma ,  Linn,  ;  Lha- 
mucïudum  ItucantkarMm  Hijpa.?iicitm  ,  ma&io  fiorz ,  Bauh. 
Fin.  135.  La  camcmilU  maritime  A^s  contrées  Méri- 
dionales de  l'Europe  ,  Anthcmis  maritima  ;  Chama- 
melum  marinum  Dahchampïi  ^  Tourn.  494  ;  Matri- 
caria  maritima,  Bauh.  Pin.  134;  fes  fleurs  ont  l'o- 
deur de  la  matricaire  ;  cette  efpece  elt  vivace.  La 
camomille  à  feuilles  &  calice  cotonneux,  des  lieux 
maritimes  de  la  Grèce  &:  du  Languedoc  ,  Anthcmis 
tomentofa  ,  Linn.  ;  elle  efl  vivace.  La  camomille  des 
Alpes  ;  elle  efl  velue  dans  toutes  (^s  parties  ;  vivace  , 
à  tige  unillore  :  le  calice  efl  noirâtre  en  fes  bords  , 
ainfi  qu'une  grande  partie  des  paillettes  de  ion  récep- 
tacle :  elle  croît  fur  îe  Mont  Baldus  ^  dans  le  TiroL 
La  camomille  de  montagne  ,  Chamamdum  Alpiniun  , 
abrotanl  foiio  y  Tourn.  494;  elle  eil  vivace,  6l  croît 
dans  les  Alpes  &:  les  Pyrénées.  Celle  de  l'IAe  de  Chio 
ou  Scio,  Chamœmelum  Chiiun  vzrnum,  folio  crajjîon^  ftorc 
magno^  Tourn.  Cor.  37.  La  camomille  odorante  ou  ro- 
maine 5  Anthcmis  nobilis  ^  Linn.;  Chamozmclum  ne  bile  feu 
Leucanthemum  odoraiius  ,  Bauh.  Pin.  135,  Tourn.  494  ; 
cette  eijjece  eff  vivace  &  fe  trouve  dans  les  pâturages 
fecs ,  en  Italie  ,  en  France ,  en  Efpagne  ;  c'efl  la  plus  inté- 
reflante  de  ce  genre ,  tant  par  fon  odeur ,  que  par  l'uf  ige 
fréquent  qu'on  en  fait.  L'infufion  de  fes  fleurs  eff  eftimee 
fébrifuge ,  antifpafniodlque ,  ffomachique ,  anodine ,  h  ^  f- 
tcrique ,  carminative ,  diuréticjue  ,  &  toute  la  plante  très- 
réfolutive  ^  étant  appliquée  en  cataplafme  ou  en  fomen- 

Qq  4 


6\6  C    A    M 

tation  ;  on  en  retire  par  la  dîftillation ,  une  huîle  qiiî 
devient  ài'wxv  bleu  de  faphir ,  &  qui  a  les  me  mes  pro- 
priétés que  les  fleurs  de  cette  plante  ;  on  en  cultive 
dans  les  jardins  une  belle  variété  à  fleurs  doubles , 
jiore  mulnplid.  La  camomille  des  champs  ,  y^?ithemis 
arvcnfis  ,  Linn.  ;  Chamœmdum  ïnodorum  ,  Bauh.  Pin. 
135,  Tourn.  494  ;  elle  efl  bifannuelle.  La  camomille 
puante  ,  vulgairement  la  maroutu ,  Anthémis  cotula  , 
Linn.  ;  Chamœmelum  fœtidum ,  Bauh.  pjn.  Tourn.  ; 
fixe  CotuLa  fœdda  ^  J.  Bauh.  3.  120;  elle  eiî:  vivace 
par  fa  racine  :  cette  efpece  qui  croît  dans  les  terres 
incultes  &  dans  les  champs  ,  efl  eflimée  fondante, 
réfolutive  ,  fébrifuge,  vermifuge  ,  carminative  &  anti- 
hyflérique  ;  fon  odeur  efl  un  peu  forte  &:  défagréable  : 
fes  feuilles  font  d'un  vert  auiîi  foncé  ,  que  cette  teinte 
ell  clan'e  dans  la  camomille  romaine.  La  camomille  à 
racine  falivaire  ;  c'eft  la  pyrethre.  Voyez  ce  mot» 

Camomilles   à    couronne  florale  ,  jaune   entièrement 
ou  feulement  à  fa   bafe. 

Il  y  a  :  La  camomille  mixte  ,  Anthémis  mixta^  Linn.  ; 
Chamœmduw^  annuum  ramofnm^  ,  coronopi  folio  ,  flore 
mixto  ^  Morif.  Hifl.  ;  cette  efpece  fe  trouve  en  Italie^ 
en  France ,  &  notamment  dans  le  Portugal.  La  camo- 
mille de  Valence  ,  Cotula  flore  luteo  radiato  ,  Tourn. 
49^  ;  Buphthalmum  cotulœ  folio  ,  Bauh.  Pin.  134  ; 
cette  efpece  fe  trouve  dans  les  parties  Méridionales 
de  la  France  &  dans  le  Levant.  La  camomille  à  feuilles 
crénelées  ,  Anthcmis  repanda  <,  Linn.  ;  Chryfamhcmum 
parvum  ,  flve  Bdlis  lutea parva ,  Bauh.  Hifl.  3  ,  p.  105  , 
Tourn.  491  ;  cette  efpece  croît  en  Efpagne  ôc  dans  le 
Portugal.  La  camomille  à  feuilles  oppofées  de  l'Amé- 
rique Niéridionale.  La  camicmille  des  Teinturiers ,  vuîgai- 
rçmtnxV  œil  de  bœuf  coloï^nt^  Anthémis  tincloria^Linn.  ; 
Buphthalmum  tanaceti  minoris  foliis  ^  Bciuh.  Pin.  134: 
cette  efpece ,  qui  efl  vivace  ,  fe  trouve  dans  les  pâturages 
fecs  6c  montueux  des  Provinces  Méridionales  de  Ja 


C    A    M  K17 

France ,  de  l'AUemsgne ,  en  Italie  &  en  ptufieurs  autres 
Contrées  de  l'Europe  ;  elle  eft  d'une  forme  élégante,  & 
d'un  afpedl  très-agréable  lorfqu'elle  efl  en  fleur  ;  elle 
mérite  d'être  employée  comme  ornement  dans  les  par- 
terres; elle  eu  vulnéraire,  apéritive  &c  déteriive;  dans 
le  Nord,  on  s'en  fert  dans  la  teinture  des  laines,  aux- 
quelles elle  communique  une  affez  belle  couleur  jaune. 
La  camomille  Arabique ,  AJîerlfcus  annuiis  trianthophorus 
craiFas  Arahïbus  dicîus  ^  Snaw  Afr.  58,  tab.  i;6  ,  f.  58; 
Anthémis  caule  decompofuo  ,  calicibus  ramiferîs  ,  Linn, 
Hort.  Clif.  413,  tab.  24. 

CAMPAGNOL.  C'eft  le  mus  agreflls  minor ,  de  Gefner; 
le  mus  agrejiis ,  capite  grandi ,  de  Ray  &  de  KUin  ;  le  mus 
campefiris  minor ^  de  Briffon  ;  &  le  rat  de  terre ,  des  Mi" 
moires  de  l' Académie,  ann.  \y6G\  Petit  animal  encore  plus 
commun  &  plus  généralement  répandu  que  le  mulot  .* 
celui-ci  ne  fe  trouve  guère  que  dans  les  terres  élevées. 
Le  campagnol  fe  trouve  par- tout ,  dans  les  bois ,  dans  les 
champs ,  dans  les  prés ,  &  même  dans  les  jardins.  Il  efl 
remarquable  par  la  grolTeur  de  fa  tête ,  &:  aulTi  par  fa 
queue  courte  &  tronquée ,  qui  n'a  guère  qu'un  pouce  de 
long  ,  &  eil  recouverte  de  poils  ;  au  lieu  que  celle  du 
mulot  en  efl  dépourvue.  Ce  petit  animal  reflemble 
touî-à-fait  au  rat  d'eau  pour  l'organifation  intérieure  ; 
mais  à  l'extérieur ,  il  en  diitere  beaucoup ,  ainfi  que  par 
le  naturel  &  les  mœurs.  Sa  longueur,  depuis  le  bout  du 
nez  jufqu'à  l'origine  de  la  queue ,  n'ed  tout  au  plus 
que  de  trois  pouces.  Il  ne  fe  jette  point  à  l'eau  comme 
le  rat  d'eau ,  6c  ne  fe  nourrit  point  de  pciiTon. 

Le  campagnol  fe  pratique  des  trous  en  terre ,  divifés 
en  deux  loges ,  comme  ceux  du  mulot  ;  mais  ils  font 
moins  ijîacieux  &;  moins  enfoncés  fous  terre.  Ils  y 
habitent  plufieurs  enfemble ,  &  y  font  tout  leur  petit 
ménage.  Lorfque  les  femelles  font  prêtes  à  mettre  bas , 
elles  apportent  dans  leur  trou,  des  herbes  peur  faire 
un  lit  à  leurs  petits,  &  ce  lit  a  en  quelque  forte  la 
forme  d'un  nid.   Elles  produifent  au  printemps  ôc  en 


6iS  C    A    M 

eîé  ;  les  portées  ovdinaires  ionc  de  cinq  ou  lîx ,  5r 
quelquefois  <Je  iept  ou  huit. 

Les  campagnols  font  provifion  dans  leurs  trous  de 
grains  ,  de  noifettes  ^  de  glands.  Cependant  il  paroîr 
ciu'ils  préfèrent  le  blé  à  toutes  les  autres  nourritures. 
Dans  le  mois  de  Juillet,  lorfque  les  blés  font  mûrs  , 
les  campagnols  arrivent  de  tous  côtés  des  bois  ,  & 
font  fouvent  de  grands  dommages  ,  en  coupant  les 
tiges  du  blé  pour  en  manger  l'épi.  Ces  brigands  fem- 
blent  fuivre  les  Moifîbnneurs  ;  ils  profitent  de  tous 
les  graips  tombés  &  des  épis  oubliés.  Lorfqu'ils  ont 
tout  olané  ,  ils  vont  dans  les  terres  nouvellement  enfe- 
mencées ,  &  détruifent  d'avance  la  récolte  de  l'année 
fuivante.  En  automne  ^  en  hiver ,  la  plupart  fe  reti- 
rent dans  les  bois  ,  oii  ils  trouvent  de  la  faîne  ^ 
(Voyez  Hêtre^  des  noifettes  &  du  gland.  Ces  petits 
animaux  paroiflent  en  ii  grand  nombre  dans  certaines 
années ,  qu'ils  détruiroient  tout ,  s'ils  fubfiftoient  long- 
temps ;  mais  pareils  à  CQS  individus  qui  trouvent 
dans  leurs  femblabks  leurs  plus  mortels  ennemis,  les 
campagnols  fe  détruifent  eux-mêmes  ,  &C  le  mangent 
les  uns  \qs  autres  dans  les  temps  de  difette  de  vivres  ; 
ils  fervent  d'ailleurs  de  pâture  aux  mulots,  de  gibier 
ordinaire  au  renard  ,  au  chat  fauvage ,  à  la  marte  6c 
aux  belettes.  Voyez  ces  mets. 

Campagnol  volant.  Foyc^  à  Vartick  Chauve- 
SOLTJS  (14.^  Efpece). 

CAMPA  NE  JAUNE  &  Ai  au  ,  Ixla-lulhocoamm  ; 
Narcïjfus  fylvejiris  pallidus  ,  calice  luteo ,  Pitt.  Toiirn.  i  ; 
Pfiudo-narcïjfus  ^  Linn.  414.  C'eil  une  efpece  de 
narci[fz  fauvage  ,  dont  la  hampe  efl  haute  d'un  pied 
ou  environ ,  for  tant  d'un  fpatlie  ;  fa  fleur  eft  jaime  , 
dorée ,  &:  a  en  fon  centre  une  campane  pâle ,  garnie 
à  fa  bcdé  de  fix  pièces  jaunes  ;  à  cette  fleur  fuccede 
un  fruit  rond  ,  relevé  de  trois  coins  :  les  feuilles 
partent  de  la  racine  ;  elles  font  longues  ,  linéaires  , 
5c  liffes  :  fa  racine  eil  bulbeufe  ,  vii'qucufe  6c  pur- 


C    A    M  619 

gatlve.  Cette  plante  croît  dans  les  lieux  humides  des 
bois  ,  &ic. 

On  diftingue  le  narcijfe  fauvage  à  fieur  double ,  Nar- 
cijjus  fylvejirls  multipUx  ;  on  l'appelle  narcijjc  di 
Goumas.   Voyez  NARCISSE. 

M.  Dufrefnoy ,  Médecin  à  Valenciennes  ,  a  obtenu  ^ 
par  le  moyen  de  l'extrait  du  narcijfe  des  près  ou  carn- 
pane  jaune  ,  des  fuCs  pour  la  guérifon  des  convidiions. 

CAxMPANETTE.  Foyei  Bllbocode. 

CAMPANULE ,  Campanula,  Nom  d'un  genre  de 
plantes  à  fleurs  monopétalées  ,  '6l  qui  comprend  un 
grand  nombre  d'efpeces  qui  font  des  plantes  à  fuc 
laiteux ,  à  feuilles  fnnples  6c  alternes  ,  &  dont  les  ileurs , 
qui  relfemblent  communément  à  de  petites  cloches ,  font 
d'un  afped  agréable ,  mais  elles  fe  flétriffent  fans  tomber; 
il  y  a  cinq  étamines  :  le  fruit  eil  une  capfuie  angiileufe, 
ovale  y  ou  turbinée ,  ou  prifmatique ,  divifée  intérieure- 
ment en  trois  à  cinq  loges  polyfpermes,  &  qui  s'ouvre 
fur  les  côtés  par  un  pareil  nom.bre  de  trous. 

M.  le  Chevalier  de  La  Marck  diflingue  les  Camp^^ 
nuks ,  en  : 

Campanules  dont  Us  feuilles  font  prefque  l[jf^^s ,  & 
point  rudis  au  toucher  ;  les  fînus  du  calice  non  rljUcliis, 

Telles  font  :  La  campanule  petite ,  du  Mont  Cenis  ; 
fa  fleur  eft  bleue.  La  campanule  unifLore ,  de  la  Laponie. 
La  campanule  à  feuilles  de  cymbalaire  ;  elle  le  trouve  dans 
les  lieux  couverts  &  humides  en  Europe.  Celle  à  fcuiV.es 
de  cochlearla  ,  des  Alpes.  La  campanule  élatine  ,  des 
montagnes  de  l'Europe  Auilrale.  Celle  a  tiges  filiformes  , 
d'Autriche ,  Campanula  pulla  ,  Linn.  Celle  à  feuilles 
rondes  ,  des  pâturages  fecs  &  montueux  de  l'Europe. 
Celle  à  feuilles  de  Un  ,  du  Mont  d'Or.  La  campanule 
étalée  ,  Campanula  patula ,  Linn.  ;  elle  croît  dans  les 
Alpes  de  la  Suiffe  ,  en  Suéde  &  en  Angleterre.  La 
campanule  appelée  raiponce ,  Voyez  ce  mot,  La  campa" 
nuU  à  feuilles   de  pêcher ,    Campanula  perjic(z  folio  , 


16io  C    A    iM 

Linn.  131 ,  Tourn.  1 10  ;  cette  efpece  eft  vîvace,  & 
fe  trouve  dans  les  lieiix  incultes  &:  ombragés,  en 
Europe.  On  en  trouve  une  belle  variété  à  fleurs 
doubles  dans  les  bois ,  &  qui  efl  fouvent  employée 
comme  ornement  dans  les  parterres  ;  Campanula  anguf" 
tifolïa  ,  nemorofa  ,  jTiagno  flore  ,  Tourn.  1 1 1 .  La  cam- 
panule  à  feuUUs  de  ptanniqut  ;  Tournefon  l'a  obfervée 
dans  l'Arm.énie.  Celle  à  feuilles  de  lïnaïre  ;  cette  efpece 
a  été  obi'ervée  ,  par  M.  Commerfon  >  à  Monte- Video  , 
près  de  Buenos-Ayres. 

De  la  même  fous-diviiion  font  encore  :  La  campa-- 
mile  pyi'amidale  ,  Campanida  pyramidalïs  ^  Linn.  232; 
elle  eii  bifannuelle.   Selon  M.  Scopoli ,  cette  très-belle 
efpece  croit  naturellement  dans  la  Carniole  ;  elle  efl 
employée  comme  ornement  dans  les  jardins  ,  fur  les 
terraffes ,  &:c.  Elle  pouffe  plufieurs  tiges  très-droites  y 
effilées ,  fimples  ,  glabres ,  hautes  de  quatre  ou  cinq 
pieds ,  &  feuillées  dans  toute  leur  longueur  ;  (  les  tiges 
vigoureufes  pouiTent  des  rameaux  latéraux  ;  )  les  feuilles 
font  vertes ,  glabres  6c  crénelées  ;   les    radicales  font 
cordiformes  ôc  ont  de  longs  pétioles  ;   celles  de  la  tige 
font  ovales-lancéolées ,  &  à  pétioles  bien  moins  longs  ; 
les  fleurs  font  bleues ,  quelquefois  blanches ,  &:  vien- 
nent  plufieurs   enfemjDle  ,  par  bouquets  latéraux  & 
terminaux  ,   fur  des  péduncules  courts  ,  6l  forment 
dans  la  partie  fupérieure  de  chaque  tige ,  un  long  épi 
pyramidal  d'un  afped  fort  agréable.  La  campanule  à 
fleurs  planes,  Trachelium  Americanum  minus  ^ flore  cceruleo. 
patulo ,  Dodart  ;  an  Campanula  Americana  ,  Linn.  ?  La 
campanule  à  longs  flyles  ,  de  la  Sibérie  &  de  la  Tar- 
tarie.    La   campanule  a  feuilles  de  périploque  ;    elle  fe 
trouve  dans  la  Sibérie  ,  ainfi  que  celle  à  feuilles  de  lis  , 
&  que  l'efpece  dite    campanule  gentianoïde  ;   les  fleurs 
de   cette   dernière    font   très-grandes  ,    &   d'un  bleu 
magnifique.   La  campanule  à  feuilles  rhomboïdaUs ,  des 
pâturages    fecs    &:    montueux  du  Dauphiné  ,   de  la 
Provence ,  de  la  Suiile   6c  de  l'Italie,  La  campanule 


C    A    M  621 

'S^Alph  ;  elle  croît  en  Italie ,  près  de  Baffano  ,  dans 
des  lieux  couverts  &  humides.  La  campanuU  à  feuilles 
crépues  ,  Campanula  Or'untalïs  ^  folioriim  crcnis  amplio^ 
rihus  &  crijpis  ^  flore  patulo  ^  Tourn.  Cor.  3.  Ce  Botaniile 
l'a  obfervée  dans  l'Arménie.  La  campanule  de  l'Iile  de 
Bourbon  ;  fes  feuilles  reffemblent  prefque  à  celles  de 
Vyiicca,  La  campanule  verticillée  ,  de  la  Tartarie 
Orientale. 

Campanules    a  faùlhs  rudes  au  toucher;  les  Jinus 
du  calice  non  réfléchis. 

Il  y  a  :  La  campanule  à  feuilles  larges;  elle  croît 
dans  les  endroits  montiieux  &  couverts  de  la  SuiiTe  ^ 
de  la  Suéde  &  de  l'Angleterre.  La  campanule  gantelée ,  ou 
Gant  de  Notre-Dame^  Campanula  vulgatior  ^  foliis  urticœ  ; 
yd  major  &  afperior^  C.  B.  Pin.  94  ;  Trachelïum  majus 
Jive  Cervicaria  y  Merc.  Bot.  i  ,  73  ;  Campanula  tra- 
chelïum ^  Linn.  235.  C'eil  une  plante  dont  la  racine 
eil  vivace  ,  allez  groffe ,  longue  ,  branchue  ,  blanche  , 
&  d'un  goût  aufîi  agréable  que  celui  de  la  raiponce  : 
elle  poulie  plulieurs  tiges  à  la  hauteur  de  deux  pieds  ^ 
cannelées  ,  droites  ,  rougeâtres  ôc  velues,  ^ts  feuilles 
font  difpofées  alternativement  le  long  des  tiges ,  char- 
gées de  poils  courts  ,  &  allez  femblables  à  celles  de 
l'ortie  commune  :  les  fleurs  font  bleues  ou  violettes 
ou  blanches ,  axillaires  ,  &:  contenant  un  pillil  dont 
le  Higmate  ell  divifé  en  trois  pièces,  &  cinq  étamines 
attachées  à  autant  de  petites  lames  qui  ferment  le  fond 
de  la  corolle.  Aux  fleurs  fuccede  un  fruit  membraneux 
placé  fous  le  calice ,  divifé  en  plufieurs  loges  trouées 
latéralement ,  &  qui  renferment  beaucoup  de  femences 
menues ,  luifantes  &  roulTâtres.  Cette  plante  contient 
un  fuc  laiteux,  qui  la  rend  aflringente  &  déterfive. 
Elle  croît  fréquemment  dans  les  bois  taillis ,  dans  les 
haies ,  dans  les  prés ,  &c.  en  Europe.  Elle  fleurit  en 
été  ,  &  fa  graine  mûrit  vers  l'automne.  On  la  cultive 
dgns  quelques  jardins  poti^gers,  à  caufe  de  fes.  jeunes 


<5i2  C    A    M 

racines  que  l'on  mange  dans  les  faïades  au  commen<- 
cernent  du  printemps  :  mais  les  Curieux  ont  trouvé 
Tart  de   faire  porter  à  celte  plante  de  belles   fleurs 
doubles  blanches  ,  doubles  bleues ,    même  triples  Se 
quadruples.   Une   expérience  de  M.   Marchand ,  rap- 
portée dans  les  volumes    de    V Académie   Royale    des 
Sciences^  nous  apprend  que  ii  l'on  coupe  une  racine 
de  campanule  par  tranches  de  l'épaifleur  de  trois  ou 
quatre  lignes  ,  chacune  de  ces  rouelles  mife  Séparé- 
ment en  terre ,  produit  une  plante  de  la  même  elpece. 
Nous  devons  convenir  ici  que  ,  long-temps  avant  la 
découverte  de  M.  Marchand^  les  Fleuriiles  d'Angle- 
terre, de  Hollande  &  de  Flandres  ,  ne  connoifToient 
pas  de  meilleure  m.éthode  pour  multiplier  leurs  belles 
fleurs  à  racine  tubereufe  ;   méthode  qu'ils   continuent 
toujours  de  fuivre  avec  fuccès  ,   &  qui  prouve  alfez 
ce  que  peut  l'induftrie  pour  arracher  les  iecrets  de  la 
Nature.  La  campanule  rapunculoïde  ;  cette  elpece  fe  trouve 
dans  les  lieux  iecs    &  fur   le  bord   des  vignes,   en 
France  ,  dans  la  SuifTe  &  en  Autriche.  La  campanule 
en  longs  épis  ,  terminaux  ;  elle  croît  aux  environs  de 
Bologne  &  dans  la  Carniole.  La  campanule  à  feuilles 
de  chiendent ,  Campanula  gramànifolla  ,  Linn.  ;  elle  fe 
trouve  fur  les  montagnes  ,  en  Italie.  La  campanule  k 
fleurs  ram.affées  en  tête ,  Cainpamda  glomerata  ,   Linn.  ; 
elle  croît  dans  les  lieux  fecs  &  montagneux  de  l'Eu- 
rope. La  campanvle  de  roche ,  Campanula  petrœa ,  Linn.  ; 
cette  efpece  ie  trouve  en   Italie  ,  fur  le  Mont  Baldo, 
parmi    les    rochers.     La    cam.panule    cervlcairc  ,    Flor. 
Franc. ,  Campanula    ccrvicaria  ,   Linn.  ;  elle    eil   toute 
hcrifiée  de  poils  blancs  qui  la  rendent  rude  au  toucher; 
les  fleurs  font  bleues  ,  ramaflces  en  tête  ,  en  partie 
terminales  &  en  partie  axiilcures  :  cette    efpece  croît 
dans  les  bois ,  &  les  endroits  pierreux  des  montagnes 
de  l'Europe.  La  campamde  à  fleurs  enthyrle ,  Cam.panula 
thyrfoidcs ,  Linn.  ;  Campamda  Alpïna  ,  echioïdes  pyra- 
midatay  Tourn.    109  :  cette   eîpece  croît    àms  les 


C    A    M  615 

montagnes  de  la  Provence ,  de  la  SuiiTe  ,  de  rAutnche 
&  de  la  Carniole;   elle  eil:  hérillee  comme  la  précé- 
dente, mais  fes  fleurs  font  d'un  blanc-jaunâtre,  nom- 
breufes  &  dllpcfées  en  épi  denfe  ,  ferré ,  cylindrique 
ou  pyramidal  ,  terminal ,   &  long  de  quatre  ou  cinq 
pouces.  La  campanuU  lamigÏTieuJl ,  de  Tartarle  ,  Cam^ 
panula    lanuginofa  ,    Hort.    Reg.  ,    Bauh.    Pin.  94  , 
Tourn.    j  10  :  il  y  en  a  une  eil^ece  toute  tomenteufe, 
&  dont  les   feuilles  radicales  font  fpatulées,  Tourn. 
Cor.  3 .  La  campanule  à  feuilles  argentées ,  de  l'Arménie  , 
Campanula  Orientalïs  ,  JaxatUls  ,  a^genteo  leucoii  folio  , 
Tourn.  Cor.  3.   La  canipamiU  à  feuilles  de  calament, 
CampanuLi  faxatilïs ,  foins  inferïorïhus  bdlidis  ,  cœteris 
nummularl(Z  fubliiifutis  ^  crenatis  ac  veludrugojis  ,  Tourn. 
Cor.  3.  Tourn  fort  a  trouvé  cette  efpece  dans  l'ifle  de 
Naxe  ,  dans  l'Archipel.  La  campanule  érlm  ,  Fl.  Fr. , 
Campanula  erinus  ,  Linn.  ;    Campanula  minor  annua  , 
fcliis  incifis ,  Tourn.  i  i  1  :  ct^tte  efpece  fe  trouve  dans 
les  parties  Auftrales  de  la  France ,  de  l'Efpagne  &  en 
Italie.   La  campanule  irincïde  ,  d'Afrique  ,    Campanula 
erinoïdes ,    Linn.    La   campanule    hifpide  _,    du    Cap  de 
Bonne-Efpérance ,   Fl.   Franc. 

Campanules  dont  le  calice  efl  à  flnus  réfléchis. 

Il  y  a  :  La  campanule  naine  ^  des  Alpes.  La  campawil^ 
CL  tig:  fourchue ,  de  la  Sicile  &  du  Levant.  La  camp.muk 
à  grolfes  fleurs ,  Campanula  médium  ,  Linn.  ;  6*  hortenfis 
folio  &  flore  oblcngo ,  Bauh.  Pin.  94  ;  Fiola  mariana  , 
Dod.  Pempt.  163  ;  cette  efpece  croit  dans  les  lieux 
arides  de  la  Provence ,  de  l'Italie  ^z  de  l'Ailemagne.  La 
campanule  à  corolle  blanchâtre ,  marquée  de  points  pour- 
pres à  rintérieur  ;  elle  croît  dans  la  Sibérie.  Celle  dont 
la  corolle ,  d'un  bleu  pâle  ,  eft  prefque  en  baffin  ;  elle 
fe  trouve  dans  Tlfle  de  Candie,  ainii  que  l'eipece  à 
corolle  tubuleufe.  Celle  à  corolle  b-irbue  à  l'intérieur, 
Campanula  fVis  echii ,  fl'-tribus  villcfls  ,  Bauh.  Pin.  94  , 
Tourn.   iio;  cette  eloece  croît  dans  les  montaî?,nes 


«14  C    A    M 

du  Dauphiné ,  de  la  Sulffe ,  du  Piémont  &  de  l'Au- 
triche ;  il  y  en  a  une  petite  efpece  lanugineufe  dans 
les  Alpes.  La  campanule,  à  fleurs  en  épi  lâche  ^  du  Valais, 
Campanula  Alpma  ,  altïjjima  hirfuta  ,  parvo  flore  , 
Tourn.  1 1 0.  La  campanule  à  feuilles  de  pâquerette  ;  elle 
fe  trouve  dans  l'Ifle  de  Candie ,  parmi  les  rochers  & 
les  pierres.  Celle  à  capfules  triloculaires  ,  de  Sibérie. 
Celle  à  feuilles  de  violette  ,  de  Sibérie.  La  campanule 
hétérophylle  ,  des  rochers  de  l'Archipel.  Celle  à  feuilles 
à  trois  dents ,  du  Levant.  Celle  à  petites  fleurs  ,  mais 
très-nombreufes  ,  du  Levant.  Celle  dont  les  feuilles 
font  en  lyre ,  de  la  Grèce.  La  campanule ,  de  Syrie , 
Campanula  jiricia  y  Linn.  Elle  fe  trouve  aufîi  dans  la 
Paleffine. 

Campanules  à  capfules  columniformes  ou prifmatiques. 

Il  y  a  :  La  campanule  à  tige  Ugneufe  ,  du  Cap  de 
Bonne-Efpérance  5  Campanula  fruticofa  ^  Linn.  La 
campanule  doucette  ,  délignée  par  Bradley  ,  dans  fon 
Calendrier  des  Jardiniers  ,  fous  le  nom  de  Miroir  de 
Vènus^Campanulafpeculum{^  ,Linn.  2.38;  Campanula 
arvenfis  erecla  ^  Tourn.  m  ,  Bauh.  Pin.  215.  Cette 
efpece ,  qui  eft  annuelle ,  fe  trouve  dans  les  champs  parmi 
les  blés  ;  fes  fleurs  font  d'un  pourpre- violet ,  folitaires 
&  terminales  ;  la  corolle  ell  plane ,  en  roue  ,  & 
en  fe  fermant  le  foir  ,  elle  forme  un  pentagone  dont  les 
angles  font  minces  &  tranchans.  La  campanule  bâtarde 
des  champs  ,  Campanula  hy brida  ,  Linn.  ,  eil  une 
variété  de  la  précédente  ,  ainfi  que  la  campanule 
pentagone  ,  de  Thrace.  La  campanule  à  feuilles  de 
limonium ,  du  Levant.  La  campanule  perfoliée ,  de  la 
Virginie  ;  fes  feuilles  font  cordiformcs  àl  amplexicaules. 
Enfin ,  M.  Linnœus  fils ,  cite  plufieurs  autres  cfpeces 
de  campanules  moins  connues  ;  les  unes  du  Cap  de 
Bonne-Efpcrancc ,  les  autres  de  Madère  ^  de  l'Arabie. 

CAMPHRE  ,  Camphora.  C'efl  une  réfme  végétale , 
blanche ,  tranfparente ,  friable ,  légère ,  concrète ,  très- 

volatile , 


C    A    M  6ï^ 

Volatile ,  éthérée ,  fort  odorante ,  furnageant  à  l'eau , 
&  y  brCilant ,  d'ailleurs  inflammable  à  la  manière  des 
huiles  eilentielles  ,  liquéfiable  par  le  moyen  du  feu  , 
dillbluble  dans  l'efprit  de  vin  ,  cependant  différente 
des  huiles  6c  des  réfmes  par  pluiieur.>  propriétés  eifen- 
tielles  qui  lui  font  particulières.  Cette  fubftance  eu 
d'un  goût  acre  ,  amer ,  échauir'.-int  beaucoup  la  bou- 
che ,  6c  fi  combuftible  ,  qu'elle  brûle  entier  ment  far 
l'eau  ;  propriété  qui  la  tait  employer  dans  la  matière 
des  feux  d'artifice.  On  prétend  que  le  camphre  ctoit 
aufii  un  des  principaux  ingrédkns  àwfzu  g-égeois  ,  dont 
on  faifoit  aiul'efois  tant  d'ufage.  On  en  mêle  auffi  dans 
quelques  compofitions  de  vernis ,  particulièrement  dans 
celui  qui  eu  defliné  à  imiter  le  vieux  laque.  On  dit 
que  dans  les  Cours  des  Princes  Orientaux ,  on  le  brûle 
avec  de  la  cire  pour  éclairer  pendant  la  nuit. 

Le  camphre  des  boutiques  dccoule  du  tronc  6c  des 
grofies  branches  d'un  arbre   qui  croît  abondamment 
dans  la  partie  Occidentale  du  Japon  6c  dans  les  liles  voi- 
fmes  ,  Camphor'ifcra  arbor ,  ex  quâ  camphora  officinarum , 
Kermann.  Catalog.  ;  Arbor  camphorfcra  Japorâca  ,  foUls 
laurlnïs  ^  fruttu  parvo  glolojo  ^  calice  brevïjfuno  ^  Breyn. 
Cent.  la.   Cet  arbre,  qui  eft  une  véritable  elbece  de 
laurier,  s'appelle  dans  le  pays  caphura^  6c  en  lang'.e 
Malaie  ,  capu-  &  cafur  ;  il  égale  en  hauteur  les  tilleuls 
6c  le  chêne.  Etant  jeune ,  fon  tronc  e^  rond  ,  revcîu 
d'une  écorce  lifie  &  verdâtre  ;  devenu  vieux  ,  il  ell 
raboteux,  &  fon  écorce  efl  couverte  de  boffes.  Son 
bois ,  ainfi  que  celui  àes  racines  ,  ell  d'un  tilïïi  peu 
ferré  ,  d'abord    blanc  ,   enfuite   rougeâtre  ,   panaché 
comme  le  bois  de  noyer ,    6c  d'une   odeur  forte   6c 
aromatique  :  on  en  fait  plufieurs  ouvrages.  Ses  feuilles, 
femblables  à  celles  du  laurier,  font  petites  à  propoition 
de  fa  grandeur  ;  étant  froiiiées  ,   elles  ont  une  odeur 
de  camphre^  de  même  que  tout  le  relie  de  l'arbre.  Des 
aiffclles  de  ces  feuilles  ,   s'élève  un  pédicule  long  de 
deux  pouces,  portant  plufieurs  petites  fleurs  !)lanches. 
Tome  IL  R  r 


6x6  C    A    M 

en  forme  de  tuyau ,  à  neuf  étamines  garnies  de  fommets 
ëc  d'un  piflil  tendre.  A  ces  fleurs  fuccedent  des  baies 
de  couleur  pourpre  ,  brillantes ,  ligneufes ,  de  la  grof- 
feur  d'un  pois  ,  portées  chacune  fur  un  calice  très- 
court  ,  6l  d'une  faveur  tenant  du  girofle  &:  du  camphre , 
renfermant  une  amande  blanchâtre ,  huileufe  ,  couverte 
d'une  peau  noire ,  fe  féparant  en  deux  lobes. 

Le  camphrier  de  Bornéo  &  de  Sumatra  s'appelle  i'/^ii; 
Arhor  camphorïfera  Sumatrana  ,  Grimm.  Raii  Hifi:.  ;  6* 
follis  carycphyllï  aromatici  longiiis  mucronalis  ,  frucfu 
majore  oblongo  ,  calice  amplijfuno  ^  tulipœ  fie^iiram  qiwdam" 
modh  rcprefentarzte  ,  Breyn.  Il  eft  plus  petit  ;  fongueux 
comme  le  fureau ,  ayant  des  nœuds  comme  le  rol'eau , 
&  des  fruits  de  la  grofîeur  d'une  aveline  ,  que  l'on 
confît  pour  en  faire  ufage  contre  le  m.auvais  air.  Cet 
arbre  contient  très-peu  de  camphre  ;  il  s'y  trouve  en 
petites  larmes  concrètes  ;  &:  il  fufHt  de  réduire  le  bois 
en  petits  morceaux  comme  des  allumettes  ,  &  de  les 
froiffer  ,  pour  le  retirer  au  moyen  d'un  crible.  Il 
parvient  très-peu  de  camphre  de  Bornéo  en  Europe  ; 
il  efl  réfervé  pour  les  Grands  du  Pays  :  celui  du  Japon 
eil  moins  eflimé  au  Japon  même  ,  puil'que  les  Com- 
merçans  de  cette  Contrée  donnent  depuis  loo  livres 
jufqu'à  600  livres  pefant  du  leur ,  pour  en  avoir 
feulement  une  livre  de  celui  de  Bornéo  ou  de  celui 
de  Sumatra  près  Barras. 

Le  camphre  elt  diiperfé  fur  toutes  les  parties  de 
l'arbre  caphur.  Kœmpfer  dit  que  dans  les  Provinces  de 
Satfuma  &  de  Goteo  ,  les  payfans  coupent  la  racine 
&  le  bois  du  camphrier  par  petits  morceaux  ;  ils  les 
font  bouillir  avec  de  l'eau  dans  un  pot  de  fer  fait  en 
veflie ,  fur  lequel  ils  placent  une  forte  de  grand  cha- 
piteau argileux  ,  pointu  ,  &  rempli  de  chaume  ou  de 
natte  :  le  camphre  fe  fublime  com.me  de  la  fuie  blanche  ; 
ils  le  détachent  en  fecouant  le  chapiteau  ,  &  ils  en  font 
des  mafles  friables ,  grenelées ,  jaunâtres  ou  bifes  comme 
de  la  caiioiiadej  remplies  d'impuretés  :  telle  eft  l'ef- 


C    A    M  6ij 

pece  de  camphre,  mie  les  Hollandois  nous  apportent 
des  Indes.  Ils  ont  leuls  Part  de  le  raffiner  en  grand  ; 
&  quoique  Poma ,  Létnery  <k  M.  Geoffloy  nous  en 
aient  donné  le  procédé ,  on  a  été  toujours  fort  in- 
décis fur  la  méthode  que  les  Hollandois  emploient 
pour  y  parvenir.  L'opinion  la  plus  commune  6c  la 
plus  reçue ,  efl  que  l'état  où  nous  recevons  le  camphrs. 
purifié  ,  efl  un  effet  de  la  fufion  ,  &  cette  opinion 
efl  fondée  fur  ce  que  les  huiles  effentielles  concrètes 
(  comme  eil  le  camphre,  )  ne  peuvent  fe  fondre  qu'à  un 
degré  de  chaleur  femblable  à  celui  de  l'eau  bouillante, 
&  qu'elles  fe  décompofent  à  un  degré  plus  fort,  tel 
qu'il  feroit  néceffaire  pour  opérer  la  fublimation  du 
camphre  ;  que  le  camphre ,  en  fe  refroidiffant ,  prenoit 
la  forme  du  fond  intérieur  du  vafe  où  il  s'étoit  li- 
quéfié. Auffi ,  difoit~on,  le  camphre  purifié  a  dû  conferver 
la  figure  du  ' ponds  de  la  bouteille^ 

Cet  objet  excita  ma  curiofité  dans  un  de  mes  voyages 
en  Hollande.  J'entrai  dans  un  laboratoire  à  raffinerie 
de  camphre ,  &  je  vins  à  bout  de  découvrir  une  grande 
partie  de  l'appareil  néceffaire  à  l'opération.  Un  corps 
de  fourneaux  à  hauteur  d'appui ,  pourvu  d'un  grand 
nombre  de  capfules  garnies  de  fable  &  d'autant  de 
bouteilles  à  cul  plat,  fous  des  couvercles  de  fer  étamé, 
un  feu  de  tourbe  très-gradué ,  joints  à  plufieurs  autres 
circonllances ,  me  firent  foupçonner  que  le  raffinage 
du  camphre  fe  faifoit  par  fublimation.  La  forme  des 
pains  de  camphre^  concave  d'un  côté  &  convexe  de 
l'autre ,  avec  un  ombilic  femblable  à  celui  qu'on  ol>- 
ferve  dans  les  pains  de  fel  ammoniac  fublimé  ,  ne  favo- 
rifoit  pas  l'idée  de  la  feule  fufion.  Ainfi  je  me  perfuadai 
que  le  camphre  purifié  étoit  fublimé. 

De  retour  à  Paris  ,  je  voulus  m'affi,irer  fi  mon 
foupçon  étoit  fondé  ,  &  j 'ai  fait  à  ce  fùjet  plufieurs 
expériences  fur  divers  camphres  bruts  ,  tant  du  Japon 
que  de  Bornéo ,  &c.  De  ce  travail ,  dont  j'ai  rendu 
compte  eh  1761  à  l'Académie  Royale  des  Sciences  ^  U 

Rr  a 


6ii  C    A    M 

réililte  :  i  .^  Que  l'axiome  adopté  le  plus  généralement  y 
que  le  camphre  chauffé  au  degré  à^  l'eau  bouillante , 
éc  même  au-deiTus ,  ne  peut  lé  fiiblimer  fans  fe  dé- 
compcfer  ,  doit  fouffrir  quelque  exception  :  2.^  Que 
pour  parvenir  à  la  fublimaticn  du  camphre  (  qui  eft  fa 
puriiication )  ,  le  feu  doit  être  gradué  &  alTez  violent: 
3.'^  Que  l'ufage  d'un  vafe  de  verre  vert  convient  moins 
pour  cette  opération  que  le  verre  blanchâtre,  &  que 
ces  vafes  ou  bouteilles  de  verre  n'ont  point  leur  fond 
intérieur  convexe ,  ainfi  qu'on  le  difoit  ;  il  eft  au  con- 
traire très-plat  :  4.^  Que  l'ufage  des  couvercles  efl  de  faire 
la  fondion  d'un  réverbère  qui,  confervant  &  réflé- 
chifTant  la  chaleur  ,  accélère  la  fufion  du  camphre  , 
étant  nécefTaire  à  fa  purification  &  à  fa  fublimàtion  : 
5.°  Que  le  contad:  de  l'air  extérieur  bien  ménagé  , 
contribue  à  faciliter  l'opération  ;  le  truite  ou  le  tre- 
zalé  qu'on  obferve  fur  les  parties  extérieures  des  pains 
de  camphre  ,  ne  provient  que  d'un  refroidillément  fubit 
ou  très-prompt  à  l'inflant  où  l'on  retire  les  bouteilles 
du  bain  de  fable  encore  chaud ,  &  qu'on  les  expofe  à 
l'air  libre  ;  alors  on  entend  un  cliquetis  qui  produit 
des  lignes  ou  des  raies  en  tout  fens ,  comme  le  feroit 
un  coup  de  marteau  fur  un  morceau  de  criflal  ou 
d'eau  convertie  en  glace  :  6.°  Que  le  camphre  bru.t  du 
Japon  ne  perd  que  peu  ou  point  de  fon  poids  étant 
mis  feul  fur  le  feu  dans  un  vafe  fublimatcire  ;  mais 
qu'étant  mêlé  avec  le  même  camphre  purifié ,  il  déchet 
d'un  feptieme  :  le  camphre  purifié  au  contraire ,  étant  mis 
feul  à  fublimer ,  ne  diminue  point  ;  tandis  que  le  camphre 
brut  de  Bornéo  perd  un  vingtième  de  fon  poids  :  7.^  Que 
la  partie  du  pain  de  camphre  qui  touche  immédiatement 
à  la  pointe  du  bouchon  (  qui  eft  fait  de  coton  ) ,  au 
bas  intérieur  du  goulet  de  la  bouteille  ,  &:  même 
l'incrufle  ,  efl  commiunément  poreufe ,  fans  confifîance 
&  d'un  ^ris-rouffâtre  :  pour  obtenir  ces  pains ,  on  cafTe 
les  bouteilles  à  l'aide  d'un  petit  marteau  ,  enfuite  on 
prend  v^n  inflrument  de  fer  dont  la  partie  tranchante 


C    A    M  629 

tû  c?.mbrée ,  on  pare  les  fuperiicles  de  chaque  pain , 
notamment  celles  du  cote  du  verre  ;  &c  pour  parvenir 
à  retirer  tout  le  coton  ^  on  en  arrache  une  partie  au 
moyen  des  doigts ,  &:  l'on  en  obtient  le  reile  en  tail- 
lant 61  perçant  la  maile  de  part  en  part  avec  le  même 
indrument  de  fer  ,  de  manière  à  faire  un  trou  qui  y 
refte  ,  &  qu'on  obferve  au  centre  des  pains  de  camphre  : 
8."  Enfin,  que  la  manière  de  purifier  le  camphre  telle 
que  je  l'ai  exécutée ,  n'ell:  pas  auffi  compliquée  que 
celle  qu'on  lit  dans  les  Auteurs  ,  &  notamment  dans 
la  DiJJertanon  de  M.  Jean- Frédéric  Gronovlus ,  qui  efl 
inférée  dans  la  Matière  Médicale  de  M.  Geoffroy ,  &  qu'il 
feroit  peut-être  difficile  de  répéter.  Néanmoins  toutes 
ces  efpeces  de  camphre  expofées  à  l'air  ^  s'y  font  tota- 
lement difiipées  à  la  longue,  &  m'ont  entièrement 
convaincu  que  le  camphre  eft  \\n(t  fubflance  toute  par- 
ticulière 5  &  qui  a  des  caraderes  qui  la  diilinguent  de 
tous  les  autres  corps  du  règne  végétal. 

On  retire  auffi  du  camphre ,  du  thim  ,  du  romarin  , 
des  lauriers  ,  de  Vaurone  ,  de  la  lavande  ^  de  lâfauge,  &c 
de  prefque  toutes  les  labiées  (  Conliiltez  Cartheuser  ), 
même  de  i'écorce  &  de  la  racine  du  canncUer  ^  des 
racines  de  :^êdoaire  ,  de  la  menthe ,  du  jonc  odorant  de 
l'Arabie  &  de  Perfe.  Voye^^  ces  mots. 

Le  camphre  eil  calmant,  fédatif ,  antiputride  &  réfo- 
hitif  :  il  réufîit  merveilleufement  dans  les  afredions  du 
genre  nerveux  ;  il  eft  aufîi  d\m  très-grand  fecours  dans 
les  maladies  contagieufes  &  inflammatoires  du  bétail  ; 
il  eil,  félon  M.  Bourgeois  ^  très-recommandable  dans 
les  fièvres  mialignes  &:  putrides ,  accompagnées  de  délire 
&  d'infomnie  ;  on  en  donne  deux  grains  avec  vingt 
grains  de  nitre  de  trois  heures  en  trois  heures  ,  avec 
le  plus  grand  fuccès  ,  dans  une  once  d'eau  de  tilleul. 
Quelques  perfonnes  prétendent  que  le  camphre  détruit 
les  feux  de  l'amour;  &  l'on  dit  même  que  fon  odeur 
rend  les  hommes  impuiffans  (  Camphora  per  nares  cûjhat 
edore  marcs  )  j  mais  il  efl  certain  que  les  gens  qui  tia* 


tS'^o  C    A    M 

Vaillent  continuellement   fur  le  camphre ,  n'ont  jamais 
rien  éprouvé  de  iemblable.  Il  n'en  efl  pas  moins  vrai 


entièrement  à  l'air.  Il  imprègne  donc  l'air  facilement 
c  fa  propre  fubfiance.  Si  l'on  jette  du  camphre  dans 
un  balîin  fur  de  l'eau-de-vie ,  qu'on  les  faiTc  bouillir 
jufqua  leur  entière  évaporation  dans  quelque  lieu 
étroit  &  bien  fermé,  èc  qu'on  y  entre  enfuite  avec 
un  flambeau  allume  ,  tout  cet  air  rentermé  prend  feu 
fp"  le  champ  ,  &:  paroît  comme  un  éclair  ,  fans 
inconiinodet- les  ipettateurs  ni  endommager  le  bâtiment. 
CAMPHR  EE  de  Montpellier  ,  Camphorata  Monf- 
pelienfis  ,  J.  B.  ;  &  hiijiita  ,  C.  B.  Pin.  486  ;  Cam- 
phorofma  Munjpséiaca  ^  Linn.  178.  Plante  ou  fous- 
arbrifTeau  qui  croît  aux  lieux  fablonneux  de  TEfpagne , 
de  la  Tartarie  ,  du  Languedoc  &  de  la  Provence  ; 
fa  racine  ell  vivace  &  ligneufe  ;  fes  tiges  font  nom- 
Breufes  ,  un  peu  groffes  ,  hautes  d'un  pied  ou  en- 
viron ,  ligneufes  ,  cylindriques  ,  rameufes ,  comme 
velues  &  blanchâtres  ,  garnies  de  nœuds  placés  alter- 
nativement ,  de  chacun  defquels  fortent  beaucoup  de 
pentes  feuiU.es  étroites  ,  un  peu  rudes  &  velues ,  en- 
taflees  &  médiocrement  roides,  d'une  odeur  aroma- 
tique ,  &  qui  approche  un  peu  du  camphre  lorfqu'on  les 
frotte  entre  les  doigts ,  d'une  faveur  un  peu  acre. 
Cette  plante  fleurit  au  mois  d'Août  &  de  Septembre  ; 
fa  fleur  eil  un  petit  vafe  herbeux  fans  pétales  ;  elle  a 
quatre  étamines  garnies  de  fommets  de  couleur  de 
rofe  ;  le  calice  eft  perfiflant  ,  échancré  en  quatre 
parties  ;  le  "fruit  efl  une  capfule  environnée  par  le 
calice ,  &  qui  contient  une  petite  graine  noire  ,  liu- 
fante  &  arrondie. 

L'd  camphrée  eu  vulnéraire  ,  apéritive,  céphalique  , 
fudorifiqiîe ,  &  elle  excite  les  règles  :  elle  eft  fort  en  ufage 
à  Montpellier  pour  les  hydropifies  ;  on  la  prend   en 


C    A   M  C   A   N  ^31 

guife  de  thé  :  'A  faut  la  faire  infufer  avec  précaution. 
On  en  met  une  demi-once  fur  une  pinte  d'eau  ou  de 
vin  blanc  ;  on  choifit  les  brins  les  plus  tendres  ,  les 
plus  déliés  comme  étant  le«  plus  aromatiques ,  &  on 
rejette  le  reile.  Cette  plante  eft  d'autant  meilleure  , 
qu'elle  eft  plus  récente;  cependant  elle  fe  conferve 
très-bien  une  année  entière.  On  l'emploie  encore  avec 
les  plus  grands  fuccès  dans  l'ailhme,  fur-tout  fi  l'on 
joint  à  cette  tifane ,  qu'il  faut  prendre  dans  l'accès  ou 
avant  l'accès ,  cinq  ou  fix  gouttes  d'effence  de  vipère , 
&  autant  de  laudanum,  ' 

Linnœus  fait  mention  de  plufieurs  autres  camphrées  % 
favoir ,  celle  à  feuilles  aiguës^  de  la  Tartarie  &  d'Italie; 
celle  à  feuilles  glabres ,  de  la  Suiffe  ;  celle  à  péduncuUs 
enjiformes  &  dilatés  ,  de  l'Arabie.  M.  Linnœus  fils  , 
cite  une  camphrée  a  paillettes  ,  du  Cap  de  Bonne-Ef- 
pérance. 

C  AMPHUR.  Sous  ce  nom ,  les  Anciens  ont  défigné 
un  animal  d'Arabie  &  d'Ethiopie  ,  une  licorne  terrejire , 
une  efpece  ^dne  fauvage  ,  portant  une  corne  unique  , 
pofée  au  milieu  du  front.  Cet  animal  eft  inconnu  ,  ou 
mal  décrit ,  &  même  fabuleux.  On  en  peut  dire  autant 
du  bréhis.  Voyez  ce  mot. 

CAMPULOTE,  Campulotus,  Nom  donné  par 
M.  Guettard  aux  tuyaux  de  mer  en  tire-bourre  ou 
villebrequin  ;  les  fpires  en  font  plus  ou  moins  régu- 
lières. 

CANADE  ,  Gaflerofleus  Canadus  ,  Linn.  Poifîbn  du 
genre  du  Gaflré-^  on  le  trouve  dans  les  mers  de  la 
Carohne.  Selon  Linnœus  ,  ce  poifîon  a  le  corps  oblong; 
la  première  nageoire  dorfale  eft  garnie  de  huit  rayons , 
tous  épineux  ;  la  féconde  en  a  trente-trois  ;  les  pec- 
torales en  ont  chacune  deux  ;  les  abdominales ,  fept  ; 
celle  de  l'anus  en  a  vingt-fix ,  dont  aucun  n'efl  épi- 
neux ;  cette  nageoire  eft  comme  échancrée  ;  celle  de 
la  queue  eft  à  deux  lobes ,  &  garnie  de  vingt  rayons, 

CANAL  DE  MER  ou  Pas.  Foyzi  Détroit.  Oa 

Rr  4 


6}î  C    A     N 

dit  Canal  di  Mofam bique  ,  Canal  de  Bahama  &  Détroit 
de  BabelniandeL  Celui  de  Bahama  ell  dans  le  Nouveau 
Monde  ,  le  canal  où  Teaii  de  la  mer  a  le  plus  de 
rapidité. 

CANANG,  i/v^n^.  Selon  M.  /^  Chevalier  de  la 
Marck,  cei\  un  genre  de  plantes  à  fleurs  monopctalées , 
de  la  tamille  des  Aïones^  qui  a  beaucoup  de  rapports 
avec  le  coroflol ,  6cq.  6c  qui  comprend  des  arbres  6c 
des  arbrifllaux  exotiques,  dont  les  feuilles  font  fimples 
Se  alternes  ;  les  ëtamincs  trcs-nombrcules  ;  il  y  a  fix 
pétales  :  les  fruits  viennent  en  grand  nombre  enfemble 
de  la  même  fleur  ,  attachés  à  un  réceptacle  commun  ; 
ils  contiennent  une  à  fix  femcnces. 

Canang  odorant,  Cananga ,  Rumph.  Amb.;  Jrbor 
fanguifan^  Raj.  Supp.  Luz.  83.  Les  fleurs  font  verdâtresou 
jaunâtres,  6c  ort  une  odeur  forte,  mais  très-agréable; 
dans  cette  efpece ,  les  pétales  font  prefque  linéaires  , 
très- pointus ,  6c  longs  d'un  pouce  6c  demi.  Cet  arbre 
croît  naturellement  dans  les  Moluques  ,  dans  Tlfle  de 
Java  &  à  la  Chine.  On  le  cultive  dans  les  bourgs  , 
près  des  maif^^ns ,  à  caufe  de  l'odeur  agréable  que 
répandent  au  loin  fes  fleurs.  Les  Indiens  mettent  fes 
fleurs  dans  leurs  appartemens  ,  dans  leurs  habits  6c 
dans  la  pommade  dont  ils  fe  fervent  ,  afin  de  leur 
communiquer  une  bonne  odeur. 

Canang  aromatique ,  vulgairement  poivre  d'Ethiopie, 
Voyez  ce  mot. 

Ca'^X'NG  farmenieux  ^  des  Indes  Orientales,  Uvarla 
Zeylanlca  ^  Linn.  ;  N  arum-panel  ^  Rheed.  Mal.;  F  unis 
mi/Jarlus  ^  Rumph.  Amb.  C'elt  un  arbrlfîeau  farmen- 
teux  6c  grimpant;  {^s  fleurs,  d'abord  jaunes,  devien- 
nent  d'un  rouge  de  fang ,  6c  font  enduites  d'un  fuc 
vifqucux  qui  en  découle  ;  les  fruits  font  d'un  jaune- 
rougcâtre ,  6c  d'un  goût  d'abricot  ;  fon  écorce  6c  fes 
feuilles  font  aromatiques. 

Canang  monofperme ,  Cananga  ouregou  ,  Aublet. 
C'efi  im  arbre  giû  s'élève  à  cinquante  pieds  6:  phis,  fur 


C    A    N  633 

deux  pîeds  de  diamètre  ;  il  croît  dans  les  grandes  forêts 
de  la  Guiane  ;  fes  plus  grandes  feuilles  ont  dix  pouces 
de  longueur,  fur  une  largeur  de  trois  pouces  &;deini. 

Canang  à  feuilles  Xorv^w^s^Uv  aria  long) folia^  Sonner. 
C'efl  un  arbre  fort  grand  &  très-droit ,  ce  qui  lui  a 
fait  donner  le  nom  £  arbre  de  mature  ;  fes  feuilles 
font  longues  de  fept  à  huit  pouces ,  larges  d'un  peu 
plus  d'un  pouce  par  leur  bafe.  M.  Sonmrat  a  obfervé 
cet  arbre  à  la  Côte  de  Coromandel  ;  comme  il  donne 
beaucoup  d'ombrage,  on  en  fait  des  allées  aux  environs 
de  Pondichery. 

Il  y  a  encore  quelques  autres  efpeces  de  canjuigs , 
mais  peu  connues.  On  diilingue  cependant  le  canang 
à  trois  pétales, ,  àj^s  Moluques  ;  &  le  canang  du  Japon  , 
Uvaria  Iiponica  ,   Linn.  ;  Futo-kadfura  ,  Jap. 

CANARD  ,  Anas,  Sous  ce  nom  générique  nous 
parlerons  des  canards  tant  fauvages  que  domeiliques  , 
&  des  canards ,  foit  de  mer ,  foit  de  rivière ,  &c.  On 
trouvera  égalemefît  dans  cet  article  les  oifeaux  étran- 
gers qui  ont  des  noms  françois  ,  tels  que  le  canard 
di  M.idagaf.:ar ,  le  cana'd  à  crête  noire  ,  le  canard  dt 
Barbarie  ou  C-inm  de  Guinée  ,  &c.  Quant  au  C3/gne  &: 
à  l'oie  que  plufieurs  Ornithclogiil:es  aboient  rangés  fous 
le  nom  gcncriqiie  précédent ,  nous  en  parlerons  fépa- 
rément.  Voyei^  chdcim  de  ces  mots.  Le  caradcre  du 
canard  ell  d'avoir  quatre  doigts  ,  favoir  trois  antérieurs 
joints  enfemble  par  des  membranes  entières  ,  &  le 
doigt  poflérieur  féparé  ;  le  bec  eil  denticulé  comme 
une  lime  ,  convexe  en  deffus  ,  plane  en  deflbus , 
plus  large  qu'épais  ;  (  l'oie ,  au  contraire  ,  Ta  plus 
épais  que  large ,  )  le  bout  du  bec  onguiculé  &  obtus  ; 
û.  ce  bec  varie  de  forme,  ainfi  que  la  couleur  du 
plumage ,  fuivant  l'efpece. 

Canards  domejliques. 

Le  Canard  domestique  ,  pi.  enl.  776 ,  le  mâle 
777 P  la  faiiçlle;  en  latin,  Anas  domepca,  çft  ti'ès-^ 


634  _  C     A     ÎJ 

privé  ,  quoiqu'il  vienne  originairement  d'œuf  âe 
canard  iauvage.  Ces  deux  races  font  certainement  de 
la  même  eipece ,  ilTues  de  la  mêm^e  fouche ,  &  il  naît 
de  leur  union  un  produit  fécond. 

Le  mâle  de  la  race  domeftique ,  &  qui  eft  le  canard 
proprement  dit ,  ou  le  malard  des  Normands ,  efl  un 
peu  plus  gros  que  la  femelle ,  du  volume  d'une  poule  : 
Ion  envergure  a  près  de  trois  pieds  ;  il  pefe  depuis 
deux  livres  jufqu'à  trois ,  &  a  toujours  au-defîlis  du 
croupion  quelques  plumes  frifées  ou  retournées  en 
rond.  Les  couleurs  de  fon  plumage  font  belles ,  ordi- 
nairement brillantes  &  variées  ;  la  tête ,  la  gorge ,  & 
environ  la  première  moitié  du  cou  font  d'un  v^rt 
brillant ,  changeant  en  violet  :  au-delTous  de  cette 
couleur  efl  une  zone  étroite  qui  forme  un  collier  blanc  ; 
le  bas  du  devant  du  cou  &  la  poitrine  font  d'un  mar- 
ron très-foncé  ;  la  partie  fupérieure  du  corps  eil  rayée 
en  zigzag  de  gris-blanc  &  de  cendré-brun  ;  le  crou- 
pion eft  d'un  noir  changeant  en  vert  foncé  ;  l'aile 
traverfée  par  une  large  bande  d'un  violet  chatoyant 
le  vert-doré  ;  au  deffus  eft  une  bande  blanche ,  mais 
bien  plus  étroite.  La  femelle ,  appelée  canne  ou  boure  , 
eil  communément  grifâtre ,  variée  de  brun.  Les  plumes 
principales  des  ailes  font  au  nombre  de  vingt-quatre  ; 
outre  que  les  fix  premières  varient  plus  ou  moins  en 
couleur ,  elles  font  encore  recouvertes  d'autres  plumes 
plus  courtes  :  la  queue  efl  ccmpofée  de  vingt  plumes , 
&  efl  pointue  à  l'extrémité  ;  les  quatre  du  milieu  font 
d'un  noir-verdâtre ,  &:  recourbées  en  demi- cercle  vers 
la  partie  fupérieure  ;  les  latérales  font  d'un  gris-brun, 
bordées  de  blanc.  Le  canard  a  les  jambes  plus  courtes 
que  le  corps,  &  un  bec  d'un  jaune-vert,  (rougeâtre 
chez  la  femelle  ,  )  large ,  terminé  par  une  efpece  de 
croc  ou  de  clou  :  la  couleur  des  pattes  ou  doigts  qui 
font  unis  par  une  membrane ,  ainfi  que  celle  des  jambes, 
efl  orangée  ;  les  ongles  des  trois  doigts  antérieurs  noi- 
râtres y  6c  celui  du  doigt  poftérieur  rougeâtre  :    fér 


^     _C    A    N  ^  635 

ïnarche  paroît  gênée  ;  il  s'élève  peu  ie  terre  pour 
voler.  Telle  eu.  la  couleur  la  plus  commune  chez  les 
canards  domeftiques ,  &  la  plus  confiante  dans  l'efpece 
fauvage. 

Cet  oifeau ,  devenu  domeftlque  ,  efl  d'une  grande 
refiburce  à  la  campagne  ,  &  de  peu  de  dépenfë  :  il 
vit  &  le  multiplie  au  milieu  de  nos  habitations  ;  il 
fe  nourrit  de  racines  ,  de  plantes  aquatiques ,  de  vers 
&:  d'autres  infedes  qu  il  trouve  :  on  appelle  ce  canard 
le  harhouux  ,  parce  qu'il  fe  vautre  dans  les  lieux 
bourbeux ,  dans  les  ruiiTeaux  ,  aux  bords  des  étangs 
&  des  marais  011  il  trempe  fon  bec  pour  y  trouver 
fa  nourriture.  Il  eft  fi  vorace  &  fi  glouton  qu'il  fe  met 
quelquefois  en  befogne  pour  avaler  un  pcifTon  eu 
une  grenouille  entière  ;  mais  fouvent  il  en  efl  étran- 
glé :  il  ne  fe  croit  pas  railafié  ,  qu'il  ne  foit  contraint 
de  rejeter  une  partie  de  ce  qu'il  a^avalé.  (On  trouve 
à  l'article  oifmu  ,  des  détails  curieux  fur  le  fuc  gaf- 
îrique  &  le  ventricule  mufculeux  du  canard.  )  On 
doit  être  attentif  à  ce  que  les  eaux  011  vont  ces  bipèdes 
nageurs  ,  ne  contiennent  pas  des  fangfues  qui  font 
périr  les  jeunes  ,  en  s'attachant  à  leurs  pieds.  La  canne. 
pond  de  deux  en  deux  jours  ,  &  dépofe  dix ,  quinze 
ou  vingt  œufs  ,  aufîi  gros  que  ceux  des  poules ,  aflez 
bons  à  manger  ,  &  qui  ont  la  coquille  un  peu  plus 
épaifie ,  d'une  couleur  blanchâtre ,  teinte  de  vert  mêlé 
de  bleu.  Le  jaune  qu'on  trouve  dans  ces  œufs  efl 
gros  &  rougeâtre  ;  un  feul  mâle  fuffit  à  trois  femelles 
qu'il  s'approprie ,  qu'il  conduit  &  protège  ;  l'incuba- 
tion eft  de  vingt-huit  à  trente  jours.  Les  nouveaux 
nés  portent  le  nom  de  bourets, 

La  chair  du  canard  efl  plus  ou  moins  eftimée  :  il 
y  a  des  eftomacs  qui  la  digefënt  difficilement  &  qui 
la  trouvent  pefante.  Le  cri  naturel  ou  le  ramage  ce 
cet  oifeau  exprime  alTez  bien  can-cam  ;  d'où  l'on  pré- 
tend que  l'on  a  formé  fon  nom  de  canard, 

11  eil  inutile  de  faire  l'énumération  de  la  variété 


636  C    A    N      ^ 

des  canards  domciîiques  ;  les  variétés  les  plus  frap- 
pantes ,  &  qui  s'éloignent  le  plus  de  la  race  primi- 
tive, font  les  canards  à  plumage  tout  blanc  ,  ceux  à  bec 
courbé ,  Anas  curviroftra  ^  dont  la  livrée  varie  comme 
celle  des  canards  ordinaires  ,  &  qui  n'en  différent  que 
parce  qu'ils  ont  le  bec  tors  &  courbé  en  bas  ;  ennn , 
les  canards  huppes ,  Anas  domejlka  cïrrhata  ,  dont  il  y 
en  a  de  différent  plumage ,  de  tout  blancs ,  &  dont 
l'attribut  tfl  une  petite  touffe  de  duvet  en  forme  de 
huppe  fur  le   fonimet  de  la  tête. 

La  mue  des  canards  eil  très-prompte  ,  elle  s'opère 
quelquefois  en  une  feule  nuit  ;  chez  le  mâle,  c'eft 
sprès  la  pariade  ;  &  chez  la  femelle  ,  c'efl  après  la 
couvée  :  ceci  paroit  indiquer  que  la  mue  efl  l'effet  de 
répuifement ,  du  moins  pour  ces  oifeaux. 

Canards  fauvagcs  ,  {Anas  fcra^. 

Ceux  qui  étudient  les  oifeaux  reconnoiffent  autant 
de  difitrence  entre  les  canards  privés  &  les  fauvages  , 
qu'il  y  en  a  entre  les  oies  domefliqucs  &  les  fauvages. 
A  l'égard  à^'ô  couleurs ,  nous  avons  àHi^xii  celles 
qui  font ,  en  général ,  aufH  confiantes  clans  les  canards 
fauvages ,  qu'elles  font  communément  variées  dans 
les  domeiliques. 

Entre  les  oifeaux  défignés  plus  ou  moins  vérita- 
blement fous  le  nom  de  canards  faiivagzs  ,  les  uns  fré- 
quentent les  eaux  douces  d'étangs ,  de  lacs  ,  &  par- 
ticulièrement de  rivières  :  ce  qui  les  fait  appeler 
oifeaux  de.  rivières  :  tels  font  le  canard fauv âge  ordinaire^ 
le  canard  a  large  bec  &  à  ailes  bigarrées  ,  le  canard  à 
mciLches  ,  le  canard  à  qj^euc  pointue  en  fer  de  pique  ,  la 
farcclk ,  &c.  Les  autres  femblent  fe  plaire  davantage 
dans  les  eaux  fnk'es  ;  auffi  ne  quittent-ils  guère  les 
lieux  mariiîmes ,  parce  qu'ils  y  trouvent  leur  principale 
Ecurriture  :  tels  font  Veidredon  appelé  improprement 
canard  a  duvet  ^  la  macrcufi  ^  le  canard  eux  yeux  d'or  y 


C    A    N  <ÎÎ7 

le  canard  a  hec  large  èc  arrondi  en  forme  de  bouclier, 
le  canard  crête,  appelé  morillon  ^  le  canard  à  quaic 
dliironddk ,   &:c. 

Canards  de  Rivières, 

Canard  sauvage  ordinaire  ,  petit  Canard 
DE  RIVIERE  A  COLLIER  :  Bofchas ,  anas  torquata  minor^ 
aut  Anas  fylveflris  vera.  Cet  oifeau  a  un  grand  rapport 
avec  le  canard  privé  ou  domeftique  ;  il  eil:  de  palîae^e 
&  va  par  troupes  pendant  l'hiver;  il  commence  à 
arriver  à  la  mi-Odobre,  dans  nos  contrées ,  par  petites 
bandes ,  qui  font  bientôt  fuivies  de  troupes  plus  nom- 
breufes  ;  ils  viennent  des  régions  les  plus  Septentrionales 
de  l'Europe  ,  telles  que  la  Sibérie,  la  Laponie  ,  le 
Spitzberg  ;  la  troupe  dans  les  airs  eil  difpofée  en  deux 
colonnes  :  celvii  qui  efl  placé  à  la  tête  fend  J^'air ,  c>C 
facilite  le  vol  des  deux  colonnes  qui  le  fuivenî  ; 
fatigué  ,  il  va  fe  placer  à  la  queue  d'une  colonne  : 
celui  qui  étoit  placé  derrière  lui ,  prend  ia  place,  fend 
l'air  le  premier.  Chacun  à  fon  tour  devient  ainfi  le 
condudeur.  Les  canards  fauv âges  pafTent  la  plus  grande 
partie  du  jour  fur  les  eaux ,  4oin  du  rivage  :  ils  s'y 
repofent,  ôc  on  les  voit  fouvent  la  tête  fous  l'ime 
de  leurs  ailes  ,  dans  l'attitude  d'un  oifeau  qui  dort  ; 
ils  ne  s'écartent  des  étangs  qu'autant  qu'on  leur  donne 
la  chaffe  ,  ou  qu'ils  font  pourfuivis  par  des  oifeaux 
de  proie  ;  mais  dès  que  le  foleil  efl  couché ,  ils  quit- 
tent les  eaux  pour  aller  pâturer  dans  les  prairies  oL 
les  terres  enfemencées;  lorfque  les  eaux  dormantes 
font  gelées ,  ils  le  réfugient  fur  les  eaux  coulantes  ;  ii 
la  terre  eft  couverte  de  neige  ,  ils  s'approchent  àciis. 
lifieres  des  bois ,  &  ils  y  cherchent  des  glands  ;  fi  le 
froid  devient  trop  rigoureux  ,  ils  s'éloignent  pour 
pafîer  en  des  contrées  plus  tempérées  ;  c:Q.Çi  ordi- 
nairement de  nuit  qu'ils  voyagent.  Lorfque  X^'^ 
froids  foiit  paiîés  ,  ces  canards  partent  ,  mais  en 
petites  bandes ,  quelquefois  par  couples  ,  &:   retour- 


638  C    A    N 

nent  dans  leur  climat  natal ,  oii  ils  pafTent  l'été  pour 
y  propager  leur  efpece  en  fureté  dans  les  joncs  6c  les 
roleaux  des  marais  immenfes  dont  ces  terres  font  cou- 
vertes. Il  en  relie  toujours  quelques-uns  dans  nos  pays. 
C'eft  au  printemps  que ,  parmi  ces  traîneurs  ,  le  mâle 
fuit  la  femelle  ;  alors  ils  marchent  par  paires  ;  le  mâle 
paroît  s'occuper  du  {(An  de  rechercher  6c  de  décou- 
vrir un  lieu  propre  à  pofer  le  nid  ;  c'efl  ordinaire- 
ment une  touffe  de  joncs  ifolée  au  milieu  d'un  marais  : 
la  femelle  lui  donne  la  forme  convenable,  en  arran- 
geant, en  pliant  6c  en  coupant  les  joncs.  Cependant 
on  trouve  aufïï  quelquefois  des  nids  fur  des  troncs 
d'arbres  mutilés  ,  &  fur  des  amas  de  paille  dans  les 
terres  labourées ,  même  dans  les  bruyères  ;  la  femelle 
garnit  l'intérieur  du  nid  du  duvet  qu'elle  s'arrache  , 
6c  elle  ^n  couvre  les  œufs  toutes  les  fois  qu'elle  les 
quitte  ;  elle  ne  revient  à  fon  nid  qu'avec  la  précau- 
tion de  s'abattre  à  cent  pas  au  moins ,  &  de  le  regagner 
en  fuivant  une  route  tortueufe  ;  la  ponte  ell  depuis 
dix  jufqu'à  feize  &:  dix-huit  œufs  ;  ils  font  d'un  blanc- 
verdâtre;  l'incubation  ell  de  trente  jours;  pendant  ce 
temps  ,  le  mâle  veille  près  du  nid  ,  accompagne  fa 
femelle  à  la  picorée  6c  la  défend  de  la  pourfuite  des 
autres  mâles  ;  le  lendemain  que  les  petits  font  nés  ,  la 
mère  defcend  du  nid  ,  les  appelle  6c  les  conduit  à 
l'eau  ;  fi  le  nid  eil  trop  élevé ,  elle  les  emporte ,  à  fon 
bec  ,  l'un  après  l'autre  ;  ils  font  long-temps  couverts 
d'un  duvet  jaunâtre  ;  ils  ne  commencent  gueres  à  voler 
qu'à  trois  mois.  Les  jeunes  fe  nomment  canards  liaU- 
hrands^  ou  cannctofisfauvagzs ,  {aîiaticiùa^  ;  la  chair  de  ces 
canards  efl  trèî.-bonne  ,  cependant  m.oins  délicate  que 
celle  du  canard  di  rivière  de  la  Louifiane  ,  car  l'efpece 
du  canard  fauvagz  fe  retrouve  au  Nord  de  l'Amérique. 

On  compte  aufïï  dans  l'efpece  de  canard  fauvagd 
quelques  variétés  ;  il  y'  a  :  Le  grand  canard  fauvage  ;  on 
en  trouve  de  noirs ,  de  couleur  de  fuie  y  de  gris  ,  de 
tachetés. 


C     A    N  639 

Il  n'y  a  peut-être  pas  d'oifeaii  plus  diflicile  à  appro- 
cher ,  plus  rufé ,  qui  fe  mélie  davantage  des  pièges ,  que 
le  canard  faiiv âge  ;  ma*' s  comme  fa  chair  eft  un  manger 
très-eflimé ,  on  a  imaginé  un  grand  nombre  de  moyens 
pour  furprendre  &  s'emparer  de  ces  oifeaux.  On  tue 
ces  canards  fauvages  au  fufil  dans  les  grandes  pièces 
d'eau  ;  on  les  y  prend  aufîi  avec  des  hameçons  amorcés 
àc  attachés  à  une  ficelle  fixe  ;  d'autrefois  on  en  prend , 
&Len  très-grand  nombre,  par  le  moyen  des  canards 
domijliques  ,  auxquels  on  a  coupé  les  plumes  du  vol. 
On  donne  à  ces  canards  privés ,  le  nom  de  canards 
traîtres  ou  appdlans  ,  parce  que  leur  cri  invite  les 
canards  fauvagcs  à  s'abattre ,  ëic.  On  appelle  les  pièces 
d'eau  ou  étangs  ,  qu'on  emploie  à  cet  ufage  ,  des 
canardiercs. 

Canard  de  rivière  gobbe  -  mouche  ,  Anas 
muf caria.  Cet  oii'eau  eft  ainfi  nommé  de  l'efpece  de 
nourriture  qu'il  attrape  fur  la  furface  des  eaux  ;  en 
marchant  il  fufpend  fes  pas  pour  attraper  les  mouches , 
&  la  nuit  il  pouffe  un  cri  femblable  à  ceUii  d'un 
homme  qui  s'attrifre  ;  ce  canard  a  les  pieds  jaunes , 
les -doigts  &:  la  membrane  jaune-noirâtre  ,  le  bec 
jaune  '6c  dentelé  :  fon  plumage  efl  communément 
magnifique  ,  de  différentes  couleurs  ,  noir ,  vert  clair 
mêlé  de  couleur  de  feu  ,  blanc  &  de  couleur  de 
belette  ,  confondues  enfemble  dans  des  endroits  , 
réparées  dans  d'autres  :  c'efl  un  très-bel  oifeau.  La 
Canne  mouche  eff  de  cette  efpece. 

Canard  de  rivière  dit  Sarcelle.  Voycr^  ce  mot. 
On  donne  encore  ce  nom  quelquefois  à  un  petit 
canard^  dont  le  plumage  de  la  tête  eff  roux  comme 
le  poil  du  renard  ou  de  la  belette  :  il  a  beaucoup  de 
reffemblance  avec  la  far  celle  proprement  dite.  Quand 
il  efl  un  peu  roux ,  on  l'appelle  cajiard  de  rivière  roux. 

Canard  huppé  jaune  ou  Canard  de  Marsilly , 
Anas  crifiata  Jlavefcens.  Il  a  quelquefois  un  pied  de 
iong  j   le  bçç  très-rouge  ;  le  front  élevé  ,  garni  de 


(?4o  C    A    N 

plumes  molles  &  d'un  beau  jaune,  qui  defcendent  fiïf 
le  bec  ;  le  cou ,  la  poitrine ,  la  queue  d'un  gris-bleuâtre  ; 
les  jambes  blanches ,  6c  les  pieds  d'un  beau  pourpre  : 
quelques-uns  l'appellent  fircdle  huppèz. 

Canard  étoile  ,  Anas  jkllata.  La  fmgularité  de 
ce  canard  ccxnlifie  en  ce  que  les  yeux  font  environnés 
d'une  tache  ovale  &:  noire  ,  placée  très-haut ,  &:  que 
fon  dos  efl  conflamment  couvert  d'une  étoile  blan- 
che :  quelques  Ornithologilles  rangent  dans  cette  claffe 
le  Canard  blanc  ,  Anas  albdla  :  mais  Klein  penfe 
que  ce  n'eil  qu'un  plongeon  du  Rhin. 

Canard  a  tête  rousse  ou  Canne  Pénélope; 
c'eft  le  Millouin.    Voyei  ce  mot. 

Canne  petiere  appelée  improprement  canard  de  pré 
de  France  ,  &  par  quelques-uns  Canne  pÉtrotte  , 
Canne  pÉtRACE  ,  Anas  campejlris  &  pratenfis  GalUca. 
Cet  oifeau  eft  particulier  à  la  France  ;  il  efl  de  la 
groffeur  d'un  failan  ,  &;  vit  de  graines  ,  de  fourmis , 
d'efcarbots  ,  de  petites  mouches  &  du  blé  en  vert  : 
fa  chair  eft  aufli  délicate  que  celle  du  faifan  :  cet  ani- 
m.al  n'eft  point  un  canard.^  &C  nous  croyons  avec  Belon  ^ 
que  c'eft  une  petite  efpece  d'outarde,  ^oje^  a  la  fuite 
du  mot  Outarde. 

Le  canard  appelé  SoucHET  ou  le  RouGE  ;  c'eft  le 
canard  d' Amérique  au  grand  bec  ,  de  Catcsby.  Voyez 
SOUCHET. 

Oiseaux  appelés  par  quelques-uns  Canards  de  Mer. 

Le  Canard  Colin  ou  Grisard  ,  ou  Canard  de 
Belon,  Larus  gavia  major.  Cet  oifeau  eft  le  goéland 
varié.   Voyez  cz  mot. 

Canard  a  duvet  ou  a  plumes  molles  ,  ou  de 
Saînt-Cutbert  ,  ou  Canard  de  l'Isle  de  Farne 
&:  d'Islande  ,  Anas  Farnenfis  ^plumis  mollijjîmis.  Cet 
oifeau  eft  Yeidredon  ou  Veider  des  Danois ,  pi.  enl.  209, 
le  mâle  ;  208 ,  la  femelle  ;  c'eft  l'o/g  à  duvet  propre- 
ment dite,  &  dont  le  duvet  chaud  &  léger  eft  appelé- 

Edredon 


C    A    N      _  641 

'£Jredôn  ou  Eidcrdon ,  par  les  François ,  &  par  corrtio- 
tion  aigUdon.  Cet  oifeau  aquatique  ,  du  même  genre 
que  Voie ,  fe  trouve  au  Nord  des  deux  Continens  ;  ils 
ne  différent  que  par  quelques  nuances  du  plumat^e  ; 
nous  ne  parlerons  que  de  Veidcr  d'Europe. 

Veider  n'eft  pas  fi  gros  que  Voie  commune  ^  mais  il 
eft  plus  grand  que  le  canard  vulgaire.  Son  envergure 
eft  de  deux  pieds  huit  pouces  ;  fon  bec  efl  court ,  le 
milieu  en  eft  rouge,  le  bout  noir,  plus  cyli»?driaue 
&  plus  pointu  que  dans  nos  canards  domejîiques  ^  & 
terminé  par  un  crochet  qui  ne  joint  pas  en  cet  endroit 
la  mâchoire  inférieure.  Ce  bec  eil  dentelé  fur  les 
côtés  :  il  a  dans  le  milieu  deux  trous  oblongs  qui  fer- 
vent à  la  refpiration.  On  diilingue  le  mâle  à  la  couleur 
du  plumage  :  il  a  le  fommet  de  la  tête  d'un  noir  de 
velours  qui  fe  prolonge  par  le  moyen  de  plumes  très- 
courtes  ,  en  trois  traits  ,  dont  un  s'avance  fur  le  milieu 
du  bec  5  &:  les  deux  latéraux  fur  fes  côtés  ,  jufque 
près  des  narines  ;  ce  même  noir  s'étend  fur  le  derrière 
de  la  tête ,  &  y  forme  deux  bandes  féparées  par  une 
raie  blanche  &:  étroite  ;  le  derrière  du  cou  eft  d'un  vert- 
pomme  fort  clair  ;  le  ventre  &:  le  milieu  du  croupion 
îbnt  d'un  beau  noir  ;  les  grandes  couvertures  des  ailes 
font  noirâtres ,  ainfi  que  les  pennes  de  la  queue  ;  le 
refte  du  plumage  efl  blanc  ;  la  partie  nue  des  jambes , 
les  pieds  ,  les  doigts  ,  leurs  membranes  &:  les  ongles 
font  noirâtres.  La  femelle  eft  affez  de  la  couleur  du 
faifan  bruyant  ;  elle  a  le  ventre  brun  ;  on  l'appelle 
quelquefois  faifan  de  mer. 

Dans  cette  forte  d'oifeau  uniquement  ,  &  tant 
mâles  que  femelles  ,  Tellomac  eft  garni  de  plumes  ou 
d'une  forte  de  duvet  très-doux  ,  très-moëlieux  ,  fort 
léger  5  fort  chaud  &:  très-recherché  pour  les  lits  :  ce 
duvet  a  encore  un  avantage  très-précieux  ^  c'efl  qu'il 
a  beaucoup  d'élaflicité  &  eil  très-durable  ;  en  un  mot , 
il  l'emporte  par  tous  ces  avantages ,  fur  tous  les  autres 
duvets.  L'oifeau  s'arrache  ce  duvet  dans  le  temps 
Tome  IL  S  s 


641  C    A    N_ 

qu'il  Couve  les  œufs;  il  en  garnit  l'intérieur  de  {on 
nid  dans  la  vue  de  conferver  une  chaleur  propre  aux 
petits  qui  en  doivent  éclore.  Son  nid  eu  fait  de  moufle. 

Cet  oifeau ,  que  l'on  regarde  comme  une  efpece 
d'o/e,  &  qu'on  appelle  oie  à  duvet  ^  Anfcr  lanugincfus  ; 
cet  oifeau ,  dis-je ,  habite  les  lieux  maritimes  ;  on  voit 
des  eiders ,  en  Gothland ,  qui  font  leur  nid  au  pied 
du  genévrier  dans  les  rochers ,  &  y  pondent  ;  on  en 
trouve  aufli  dans  les  liles  de  Feroë ,  &  particulière- 
ment dans  les  rochers  de  l'Iflande ,  ce  qui  le  fait  encore 
appeler  canard  d'IJlande  ;  auiîi  les  Iflandois  ne  par- 
viennent à  ces  nids  qu'avec  beaucoup  de  rifque  ,  parce 
qu'il  faut  y  defcendre  avec  des  cordes.  Ceux  qui  font 
voiiins  des  pays  fablonneux  de  ces  petites  Ifl:s  oii  cette 
efpece  d'oifeaux  eft  encore  abondante ,  ne  manquent 
pas  atn  rechercher  beaucoup  les  nids  immédiatement 
après  le  départ  des  petits  ,  éc  d'en  ôter  avec  précau- 
tion ce  tendre  &  précieux  duvet  ^  que  nous  appelons 
édredon  :  l'on  a  foin ,  fi  la  femelle  efl  encore  fur  fon 
nid  ,  de  l'éloigner  fans  l'efFrayer  trop  précipitamment; 
car  alors  elle  lâche  fa  fiente  fur  le  duvet ,  le  falit ,  & 
il  faut  beaucoup  de  foins  pour  le  nettoyer  &  le  faire 
fécher  fur  des  claies.  Les  plumes  à  duvet  qu'on  arra- 
che de  ces  oies ,  dans  tout  autre  temps ,  ne  font  pas 
fi  eftimées. 

Andcrfon  dit ,  que  non  -  feulement  cet  oifeau  efl 
naturellement  très  -  fécond ,  mais  qu'on  peut  encore 
augmenter  fa  fécondité  en  plantant  dans  fon  nid  un 
bâton  d'environ  un  pied  de  haut  ;  par  ce  moyen  , 
dit-il ,  l'oifeau  ne  ceffe  de  pondre  jufqu'à  ce  que  fes 
ceufs  aient  couvert  la  pointe  du  bâton ,  &  qu'il  puifTe 
fe  coucher  defîiis  pour  les  couver.  Les  Habitans  de 
riflande  ont  long  -  temps  pratiqué  cette  manœuvre 
pour  avoir  une  plus  grande  quantité  de  ces  œufs  dont 
lé  goût  eft  des  plus  e::quis  ;  mais  ce  moyen  de  faire 
produire  à  l'oifeau  une  ponte  furabondante ,  aiFoiblit 
l'animal  au  point  de  le  ;6u'e  înourir. 


C     A     M  §4^ 

M.  Ênmiche  y  favant  Danois,  a  donné,  en  1763  , 
Une  DifTertation  avec  iignres  fur  Veider  :  aujourd'hui 
les  Wandois  veillent  avec  un  grand  intérêt  à  la  eonfer- 
vation  &  à  la  réprodudion  de  cet  oifeau ,  à  cauié  dit 
profit  qu'ils  retirent  des  œufs  &  du  duvet.  Ils  forment 
de  petites  îfles  folitaires  &:  tranquilles ,  pour  leur  pro- 
curer une  retraite  agréable  ;  c'eil  une  propriété  cer-* 
taine  &  confiante.  Ils  parviennent  même  à  les  rendre 
familiers  au  point  que  ces  animaux  s'établifTent  autour 
de  leur  habitation.  La  femelle  y  conllruit  fon  nid ,  le 
tapiiie  de  fon  duvet  &i  y  pond  cinq  à  fix  œufs  oblongs 
&  d'un  vert  foncé.  Ji  on  fe  contente  de  retirer  le  nid 
avant  le  terme  de  l'incubation ,  la  femelle  ,  fans  fe 
décourager ,  en  conflruit  un  autre  ,  fe  dépouille  encore 
une  fois  ,  garnit  fon  nid ,  fait  u«e  nouvelle  ponte 
(  qui  n'eii:  plus  que  de  trois  œufs  )  dont  l'illandois 
profite.  Si  l'on  retire  encore  ce  nid ,  elle  en  confiruit 
un  troifieme  ,  &  y  pond  ;  mais  le  duvet  de  celui-ci 
efl  fourni  par  le  mâle.  Le  propriétaire  éclairé  fur  {es 
intérêts ,  refpefte  cette  troifieme  &  dernière  couvée  , 
qui  n'efî  ordinairement  que  de  deux  œufs  ,  bien  fur 
que  l'année  fuivante  la  nouvelle  famille  y  établira  foa 
domicile ,  &  fournira  à  fon  tour  une  abondante  ré- 
colte. Les  petits  eUers  éclos  &  en  campagne ,  on  recueille 
le  duvet  de  cette  dernière  couvée  ;  il  efl  blanc  :  c'efl  celui 
du  mâle.  Celui  de  la  femelle  efl;  gris  &  efl  moins  eflimé* 
Comme  dans  Tefpece  de  VeUer^  il  y  ^  P^^^s  de 
mâles  que  de  femelles  ,  les  premiers  fe  combattent 
avec  acharnement  dans  le  temps  de  la  pariade* 
M.  Bruniche  dit  que  la  femelle  tranfporte  les  petits 
à  la  mer  d'un  vol  doux ,  peu  d'heures  après  leur  naif- 
fance  ,  les  tenant  placés  fur  fon  dos  ;  dès-lors  le 
mâle,  qui  avoit  fait  fcntinelle  autour  du  nid  pendant 
l'incubation  ,  quitte  fa  famille  ,  &  les  mères  feules 
en  prennent  foin  ;  elles  ne  reviennent  plus  à  terre  , 
&  le  tiennent  conflammcnt  fur  l'eau  qu'elles  battent 
juicefTamment  pour  faire  monter  du  fond  les  infe£les 

S  s  2, 


644  .        ^.  ■^     ^ 

&  les  plus  petits   coquillages  dont  fe  nournffent  îer^ 

petits ,  qui  ne  peuvent  encore  plonger.  Tous  les  petits 
eiders  font  couverts  d'un  duvet  noirâtre ,  &  les  mâles 
ne  prennent  un  plumage  décidé  qu'à  trois  ans  ;  le 
développement  de  celui  des  femelles  efl  moins  lent , 
&  elles  font  aufîi  plutôt  fécondes.  Les  eiders  adultes 
pourfuivent  avec  beaucoup  de  vivacité  le  poifîbn  ,  en 
plongeant  très-profondément  ;  ils  fe  nourrifîent  auffi 
de  difFérens  coquillages.  On  trouve  de  ces  oifeaux  juf- 
qu'au  Spitzberg  ,  6c  dans  le  point  oppofé  jufqu'aux 
Ifles  Kerago  &  Kona  ,  près  des  côtes  d'Ecoffe. 

Le  girfaut  fournit  auiïi  un  duvet  fort  fin  ,  très-léger 
&  très-chaud ,  que  des  Marchands  vendent  pour  le 
véritable  cdrcdon  ;  on  le  tire  du  cou  ,  du  ventre  &  de 
defibus  les  ailes.  Veider  fe  trouve  auffi  dans  le  Canada  ; 
car  depuis  quelque  'temps  l'on  nous  envoie  de  ce  pays 
une  grande  quantité  d'^aigledon ,  c'efl-à-dire  d^cdrcdon. 
Le  véritable  cdrcdon  n'eft  en  ufage  en  France  que  depuis 
la  fin  du  dix-feptieme  fiecle. 

Canard  a  bec  étroit  de  quelques-uns.  C'eft  le 
fou.  Voyez  ce  mot» 

Canard  de  mer  a  crête  noire  ,  Anas  marina 
crïjlata  nigra.  Cette  forte  de  canard ^  qui  n'habite  que 
les  rivages  de  la  mer ,  eft  regardée  comme  une  efpece 
de  petit  plongeon  ;  fon  corps  eil:  court  ,  large  ,  un 
peu  aplati  ;  il  a  derrière  la  tête  une  crête  qui  pend 
de  la  longueur  d'un  pouce  &  demi  :  tout  le  ref(e  de 
la  partie  fupérieure  de  fon  corps  efl:  d'un  brun  -  noi- 
râtre ;  fon  ventre  eft  blanc  ,  &:  il  a  fur  les  ailes  une 
raie  tranfverfale  blanche  ;  fes  doigts  font  longs. 

Canard  de  mer  noir  ,  Anas  nigra.  On  en  con- 
noît  de  deux  efpeces ,  l'une  grande  ,  l'autre  petite , 
qui  eft  la  macrenfe^  Voyez  ce  mot.  Le  grand  canard  de 
mer  noir ,   eft  plus  grand  que  le  canard  vulgaire. 

Le  Canard  tacheté  de  noir  et  de  blanc  , 
eft ,  félon  Klein  &c  quelques  autres  Obfervateurs ,  un 
oifeau  fort  joli  dont  on  connoît  dçux  efpeces  ^  l'ime 


C    A    N  645 

foiîs  le  nom  de  fargon ,  en  latin  clanguU ,  &  l'autre 
€ft  le  qiiatti ocdii  des  Italiens  ,  ou  le  garrot  {^pUty- 
rhyncos  mas  ,  )  pi.  enl.  482.  Ces  canards  font  plus  petits 
que  le  canard  ordinaire  ;  il  fréquente  nos  étangs  en 
hiver  &  fe  retire  au  printemps  vers  le  Nord.  Il  niche 
€n  Suéde  dans  le  creux  des  arbres.  Le  fargon  a  la  tête 
d'un  bleu-verdâtre  &:  d'un  noir  qui  chatoie  le  pour- 
pre. Le  quattr'occhi  a  une  tache  blanche  fur  les  joues 
&  proche  du  bec.  A  l'égard  du  canard  quatre  ailes  , 
Voyei  Quatre  ailes. 

Grand  Canard  a  large  bec  ou  Canard  des 
Allemands  ,  Anas  clypeata  Gcrmanorum.  C'efl  un 
très-bel  oifeau  qu'on  trouve  dans  toute  l'étendue  de 
la  Suéde  ,  du  Groenland  ,  de  l'Iile  de  la  mer  Baltique  &: 
notamment  en  Allemagne.  Il  efl  plus  petit  que  le  ca- 
nard domefhque  :  il  a  la  moitié  de  la  tête ,  du  cou  , 
&  des  petites  ailes  ,  d'un  beau  bleu  ;  le  milieu  des 
grandes  plumes  eft  d'un  vert  luifant  ;  le  relie  de  la 
poitrine  &  du  ventre  eft  rouge  jufqu'au  croupion ,  le 
deffous  de  l'anus  eft  noir.  Ce  canard  femble  être  le 
même  que  le  canard  de  V Amérique  au  large  bec. 

Le  canard  arctique  eft  une  efpece  de  mouette.  Voyez 
ce  mot. 

La  canne  de  mer  ,  ou  la  canne  au  collier  blanc  de 
Bdon  y  efl  le  crayant.  Voyez  ce  mot» 

Autres   CANARDS  étrangers. 

Canard  musqué,  Anas  mofchata^i^hnch.  enl. 9^9- 
GroJJe  Canne  de  Guinée^  de  Belon  ,  vulgairement  Canard 
d'Inde^  Canard  de  Barbarie  ,  Canne  de  Guinée  ;  par  quel- 
ques-uns ,  Canne  de  Libye  ,  Canne  du  Caire  ,  Canard  de 
Turquie^  Canard  de  Mofcovie.  C'efï ,  félon  Ray  ^  la 
plus  grande  efpece  de  canard  qui  foit  connue  ;  fa  lon- 
gueur efl  de  deux  pieds  un  pouce  ,  &  fon  envergure  de 
trois  pieds  m.oins  un  pouce.  Les  noms  par  lef quels  on  a 
coutume  de  défigner  ce  canard ,  ferablent  indiquer  qu'il 
ell  originaire  des  côtes  d'Afrique ^  cependant  les  Voya- 

Sf  3 


64^  C     A     N 

geiirs  n'en  font  pas  mention  ^  &:  en  le  trouve  en  grand 
nombre  dans  les  favannes  noyées  de  la  Guiane  ;  les 
Européens  établis  dans  ces  cantons ,  l'ont  nommé 
canard  ' franc  ;  6c  il  efl  probable  que  cet  oifeau  ,  fi 
répandu  aujourd'hui  en  Europe ,  efl  originaire  de  cette 
contrée  de  l'Amérique  ,  &  qu'il  nous  tut  apporté  du 
temps  de  Bc/cri,  Il  s'cfl  habitué  à  notre  clim.at ,  & 
perpétué  dans  les  balles -cours  oii  il  multiplie  facile- 
ment. Les  Seigneurs  Suédois  en  ont  toujours  dans  leurs 
ménageries  ,  &  ces  canards  ont  pris  à  Dantzig ,  depuis 
long- temps ,  une  efpece  de  droit  de  bcurgeoifie ,  tant 
îi  y  en  a.  Ils  font  feulement  un  peu  moins  gros  que 
dans  leur  pays  natal. 

Le  plunjcge,  deffus  le  corps,  efl  d'un  noir  luflré  , 
à  reflets  partie  verdâtres  &  partie  rougeâtres  ;  fur  les 
ailes  une  large  bande  tranfverfale  blanche  ;  autour  des 
yeux  une  peau  nue  5  femée  de  papilles  d'un  rouge  fort 
vif;  elle  couvre  la  plus  grande  partie  des  joues  ,  s'étend 
derrière  les  yeuTc  &  forme  une  caroncule  fur  la  racine 
du  bec  ;  les  plumes  du  fom>rnet  de  la  tête  6c  du  haut 
du  derrière  du  cou  font  prolongées,  étroites,  &  un 
peu  contournées  ;  elles  forment  une  huppe  ;  le  bec  efl 
rouge  ,  large  ,  court ,  barré  de  bandes  noirâtres  ;  la 
partie  r^ue  des  jambes,  les  pieds,  les  doigts  &  leurs 
mem.branes  font  rouges ,  les  ongles  blanchâtres.  La 
femelle  de  ce  canard  n'a  point  de  huppe,  &  Ion  plu- 
mage efl  brun-noirâtre.  Dans  l'état  de  domefticité,  quel- 
Cjues  individus  de  cette  efpece  ,  font  devenus  entiè- 
rement blancs.  Dans  l'état  de  liberté ,  ces  canards  ni- 
chent fur  le  tronc  des  arbres  qui  tom^bent  de  vétufté; 
la  mère  tranfporte  fes  petits  à  Peau  ,  en  les  prenant 
par  le  bec ,  à.  fouvent  ils  fervent  de  pâture  aux  Caï- 
mans qui  en  détruifent  un  grand  nombre. 

jilhiii  clit  que  ce  car.ard  a  la  partie  naturelle  d'un 
pouce  de  groffeur  fur  quetre  à  cinq  de  longu^uir,  ëc 
rouge  comme  du  fang  :  fa  voix  efl  rauque  &  ne  fe 
fait  entendre  que  quand  il  eft  en  colère  \  Li  femelle  eu 


C    A    N  647 

tïès-féconde  &  fait  plufieurs  pontes  dans  l'année.  La 
chair  du  canard  mufqué  efl  d'une  odeur  un  peu  muf- 
quée  &  d'un  goût  exquis.  On  prévient  Pinçon vénient 
de  l'odeur  ou  faveur  mufquée  ,  en  coupant  le  croupion 
aufli-tôt  qu'on  a  faigné  le  canard  ;  ce  goût  n'étant 
communiqué  à  la  chair  que  par  le  reflux  de  l'humeur 
de  certaines  glandes  fituées  fur  le  croupion. 

On  prétend  que  les  canards  de  Kanahi ,  fur  les  Côtes 
Occidentales  de  l'Afrique,  différent  peu  de  la  canne 
ou  canard  d'Inde  :  après  s'être  baignés  ,  ils  s'envolent 
fur  le  plus  haut  des  arbres  pour  y  prendre  l'air  &;  s'y 
fécher. 

Canard  de  Ma-DAGASCAR^  Jnas  Madag^fiarien/is. 
Cet  oifeau  eft  d'une  couleur  des  plus  belles  &  des 
plus  brillantes  ;  il  eu  plus  grand  que  le  canard  pnvé; 
il  vient  ordinairement  de  Madagafcar  dans  les  Indes 
Orientales  :  plufieurs  Curieux  en  ont  en  Angleterre. 
Son  bec  &  la  poitrine  font  d'un  brun-jaunâtre  ;  l'irïs 
des  yeux  d'un  beau  rouge  ;  le  cou  Sc  la  tête  d'un 
vert  fombre  ;  le  dos  d'un  pourpre  foncé  mêlé  de  bleu  ; 
les  bords  des  plumes  rouges  ;  les  plumes  longues  des 
ailes  font  rouges  aux  bords. 

Canard  de  Bahama.   royei  Marec. 

Canard  huppé  de  l'Amérique,  Jnas  crlfiata 
Amzrkana,  On  reconnoît  cet  oifeau  à  ion  bec  ,  rouge 
au  milieu  &:  tacheté  de  noir  à  l'extrémité  ;  il  a  l'iris 
jaune ,  avec  un  cercle  de  pourpre  ;  deux  plumes  lon- 
gues ,  comme  chevelues  ,  &:  bariolées  de  bleu  ,  de  vert 
&  de  pourpre ,  pendent  de  chaque  côté  de  la  tête  qui 
eft  d'une  couleur  violette  ;  la  poitrine  eil  rouge  , 
ponduée  de  blanc;  le  delTus  des  ailes  de  diverfes 
couleurs  :  cet  oifeau  porte  au  croupion  deux  plumes 
étroites  ,  jaunes  aux  bords  :  fa  queue  eft  bleue  ôc 
pourprée  ;  {es  pieds  font  bruns  &  rouges. 

Canard  siffleur,  Anas  fiflularïs^  pi.  enl.  815. 
C'eft  le  penru  de  la  Baffe  -  Bretagne  ;  on  l'appelle 
m^nard  dc^os  quelques-unes  de  nos  Provinces.  Ce  carM,ri 

Ss  4 


<548  C    A    N 

doit  fon  furnom  à  fon  cri  qui  efl  un  fiiîlement  aîgii  ; 
il  le  fait  entendre  en  volant ,  &c  fe  décelé  par  ce  cri 
qu'il  pouffe  plus  fréquemment  lorfqu'il  vole  ôc  qu'il 
voyage  ,  &  c'efî  ordinairement  de  nuit.  Ce  canard 
arrive  des  contrées  du  Nord  dans  nos  Provinces  mari- 
times vers  le  mois  de  Novembre  :  alors  le  gris ,  chez 
les  adultes ,  eft  leur  couleur  dominante  ;  mais  quand 
ils  quittent  notre  climat ,  vers  le  mois  de  Mars ,  par 
un  vent  de  Sud ,  ils  ont  pris  leurs  belles  couleurs  :  la 
tête  efl  fauve  clair ,  tachetée  de  noirâtre  ;  la  gorge 
eft  d'un  gris -marron;  le  dos  &  le  croupion  offrent 
des  raies  en  zigzags  ,  blanches  &  noirâtres  ;  la 
poitrine  &  le  ventre  d'un  beau  blanc  ;  chaque  aile 
offre  deux  larges  bandes ,  l'une  d'un  noir  de  velours  , 
l'autre  d'un  vert -doré  ;  les  deux  pennes  du  milieu 
de  la  queue ,  plus  longues  ,  pointues ,  &  d'un  cendré- 
bnm  ;  les  latérales  grifes  &  bordées  de  blanchâtre  ; 
le  bec  eft  d'un  cendré-bleu  en  deffus  ,  noirâtre  en 
deffous  ;  l'onglet  noir  ;  fes  jambes ,  fes  pieds ,  doigts 
&  membranes  ,  font  de  couleur  de  plomb  ,  &:  les 
ongles  noirâtres.  La  femelle  de  ce  canard  a  la 
poitrine  &  le  ventre  blancs  ;  le  gris  efl  la  couleur 
du  reffe  du  plumage  ;  les  plaques  ou  bandes  qui 
traverfent  l'aile  font  bien  moins  larges  6c  leurs  teintes 
bien  moins  vives. 

Le  canard  Jiffleur  efl  plus  petit  que  le  canard  domef- 
tique  ;  on  le  retrouve  à  la  Louifiane  ,  fous  le  nom  de 
canard  gris.  M.  de  Buffon  croit  que  c'efl  à  cette  efpece 
qu'on  doit  rapporter  le  vingeon  des  habitans  de  Saint- 
Domingue  êc  de  Cayenne.  On  diftingue  encore  :  Le 
canard  Jiffîeur  à  bec  noir  ,  de  la  Jamaïque  &  de  Saint- 
Domingue  , /?/.  cnL  814.  Le  canard Jifflcur  à^  Cayenne  , 
pL  enl.  826,  à  bec  rouge  &  narines  jaunes.  hQ  canard 
Jiffieur  huppé  ;  il  eff  un  peu  plus  gros  que  le  canard 
Jauvage  :  fa  huppe  eu  élégante  ,  compofée  de  plumes 
douces  com.me  de  la  foie  ,  longues ,  effilées  ,  &  d'un 
rpux  clair  ;  fon  bec  eft  d'un  beau  rouge  ,  ainfi  que  fes 


C    A    N  649 

ïambes ,  fes  pieds ,  fes  doigts  ;  mais  les  membranes  font 
noires.  Brijjon  ^  tom.  VI.  pag.  398. 

Canard  de  Nankin.  Cet  oifeau  qui  efl  du  genre 
de  la  farcelle ,  n'eft  encore  guère  connu  en  France 
que  par  les  relations  des  Voyageurs  ,  &  la  defcription 
qu'en  ont  donnée  MM.  Edwards ,  Brijfon  Sc  Linnœiis, 
Nous  allons  le  décrire  d'après  deux  individus  ,  l'un 
mâle  &  l'autre  femelle  ,  qui  ont  été  apportés  à  Paris 
en  1773  ,  &  dépofés  parmi  la  Colledion  de  M.  Mdu- 
duyt  5  Dodeur  en  Médecine.  M.  Edwards  a  donné  une 
figure  affez  correde  du  mâle,  tom,  11^  p.  101,  pi.  cii. 
On  en  voit  un  de  ce  fexe,  au  Cabinet  de  Chantilly. 
M.  Brijjon  n'a  décrit  non  plus  que  le  mâle ,  &  n'en 
a  parle  que  d'après  MM.  Edwards  &c  Linnœus,  Il  a 
nommé  le  canard  de  Nankin ,  la  farcdU  de  la  Chine  , 
(/>/.  enL  805  le  mâle  ,  806  la  femelle.  )  Mais  je 
préfère  l'autre  dénomination  ,  parce  que  ce  canard  ne 
îe  trouve  pas  dans  toute  l'étendue  de  la  Chine ,  mais 
feulement  dans  la  province  de  Nankin,  &  parce  que 
les  Voyageurs  le  connoiffent  fous  cette  même  déno- 
mination. 

Le  mâle  eft  un  peu  plus  gros  que  la  femelle  :  il 
eft  plus  fort  que  noxxe  farcelle  commune  ,  &  d'un  tiers 
moins  gros  que  le  canard  de  baile-cour.  Les  plumes 
qui  couvrent  fa  tête  &  fon  cou ,  font  longues  & 
étroites  :  celles  qui  s'étendent  depuis  la  racine  du  bec 
en  delTus ,  jufqu'au  milieu  de  la  tête ,  font  d'un  vert 
îuHré  &  foncé  ;  les  iuivantes ,  qui  deviennent  beau- 
coup plus  longues  ,  jufqu'au  derrière  de  la  tête  ,  font 
d'un  pourpre  luilré.  Les  plumes  qui  partent  de  l'oc- 
ciput ,  &  qui  font  les  plus  longues  de  toutes  ,  font 
d'un  très-beau  vert.  Les  plumes  qui  font  fur  les  côtés, 
entre  l'œil  &  la  bafe  du  bec ,  font  courtes  &  d'un 
marron  clair  :  celles  qui  font  au-deffus  de  l'œil,  & 
en  arrière  jufqu'à  l'occiput ,  font  blanches.  Les  der- 
nières de  ces  plumes  font  très-longues  ,  &  fe  mêlent 
parmi  les  plumes  vertes  qui  n^lient  de  l'occiput.  Il 


6p  C    A     N 

réf^alte    de    l'arrangement    des    plumes  que  je  \îens 
de  décrire ,  une  huppe  qui  prend  fon  origine  à  la  bafe 
du  bec ,  dont  la  direction  efl  inclinée  en  arrière  ,  6c 
dont  la  pointe  flottante  tombe  fur  le  milieu   du  cou. 
Cette  huppe  ed  d'abord  verte  dans  fon   milieu ,  puis 
pourpre  ,  enfuite   verte  ,  &  blanche    fur   les    côtés , 
avec  un  mélange  de  cette  dernière  couleur  à  l'origine 
des  plumes  vertes  qui  partent  de  l'occiput.  Les  plumes 
du  cou  font  d'un  marron  foncé  ;  elles  Ibnt  longues  ÔC 
étroites ,  &:  forment  comme  un^  crinière  ,  fi  ce  terme 
convient  à  un  oifeau  :  celles  qui  lont  en  devant  fur 
les  côtés  ,  font  rayées  ,  dans  leur  milieu  ,  par  un  filet 
longitudinal  d'un  marron  plus  clair   que  le  refle  des 
plumes.  Le  bas  du  cou  en  devant ,  &:  la  poitrine  fur 
les  côtés ,  font  pourpres.  Le  haut  de  la  poitrine  ,  dans 
{on  milieu ,  le  ventre  tout  entier   &  le  deffous  de  la 
queue ,  font  d'un  très-beau  blanc.  Les  plumes   laté- 
rales du  ventre  ,  qui  recouvrent  l'aile   quand  elle  eil 
fermée ,  font  d'un    marron    clair ,  fiUonnées   par  des 
raies  tranfverfales ,  noires ,  ondoyantes ,  6c  très-rappro- 
chces  les  unes  des  autres.  L'extrémité  des  dernières  de 
CQS  plumes ,  eft  traverfée  par  trois  raies  plus  larges  & 
plus  fortement  exprimées.  La  première  efl  noire  ,   la 
féconde  cfi  blanche  ,  &c  la  troifieme  ,  qui  eu  la  plus 
large  6c  qui  termine  les  plumes,  efr  noire.    Entre    le 
pli  de  l'aile  &  le  cou  ,  il  y  a  quatre  raies  traniverfales 
fur   chaque   côté  ;  une  blanche  ,  enfuite  une  noire , 
puis  une  blanche  6c  ime  noire.  Le  dos  efl  brun  ;  mais 
quand  les  ailes  font  pliées  ,    on  n'en   apperçoit  que 
le   haut.    Les    couvertures   de    la   queue   font   de    la 
même  couleur  que  le  dos.  La  queue  efl  grife ,  afTez 
longue  6c  pointue  ;  mais  elle  efl  couverte  par  quatre 
plumes    longues   qui   partent    du   bas  du    croupion  , 
qui  la  cachent  6l   la  font  paroître  d'un  vert  obfcur 
&  changeant.  Les  petites  plumes  des  ailes  font  d'un 
brun-gris  :  les  grandes    font   de  la  même  couleur  à 
Uwx  origine  j  mais  Içur  çùié  extériçur  fç  nuance  de 


C    A    N  651 

blanc ,  qui  devient  d'autant  plus  vif,  qu'on  approche 
de  l'extrémité  de  la  plume.  Cette  même  extrémité 
du  côté  intérieur  ,  ed  terminée  par  un  vert  ail'ez  vif. 
Les  plumes  m.oyennes  des  ailes  font  nuancées  de 
noir  velouté  ,  de  blanc  &  de  couleur  d'acier  poli. 
Ces  nuances  forment  fur  le  milieu  de  l'aile  ,  quatre 
larges  raies  longitudinales  ,  deux  blanches  ,  &  deux 
d'un  noir  de  velours. 

Les  Natur£lilles  n'ont  parlé  jufqu'à  préfent  que 
d'une  plume  plus  large  que  les  autres ,  qui  part  du 
milieu  de  l'aile  ,  fe  relevé  ,  s'incline  ou  s'arque  en 
dedans,  &c  recouvre  le  dos.  Cependant  il  y  a  trois 
plumes  à  l'aile  qui  ont  cette  conformation  :  mais  ,  à 
la  vériïé  ,  les  deux  premières,  quoique  plus  larges 
que  les  autres  plumes ,  le  font  beaucoup  moins  que 
la  troifieme  ,  qui  eu  la  plus  extérieure,  &:  qui  les 
couvre.  Ces  deux  plumes  ont  leurs  barbes  internes 
brunes ,  Se  les  externes ,  qui  font  les  feules  que  l'œil 
découvre  ,  d'un  noir  d'acier  poli ,  animé  d'une  nuance 
de  vert.  La  troifieme  plume  a  une  forme  triangulaire. 
Son  plus  grand  côté  efî  à  fa  partie  poftérieure  ,  fon 
plus  petit  du  côté  de  l'aile ,  61  le  moyen  du  côté  du 
dos.  Le  plus  grand  côté  a  trois  pouces  ;  en  forte  que 
cette  plume ,  au  lieu  de  fe  terminer  en  pointe  ,  finit 
par  un  épanouiilement  de  trois  pouces  de  diamètre. 
Le  tuyau  de  cette  plume  eft  fortement  exprimé  dans 
les  deux  tiers  de  fa  longueur ,  &  formie  une  raie  cou- 
leur de  paille.  Les  barbes  internes  qui  font  très-Ion-? 
gués ,  font  de  couleur  marron  ,  terminées  au  fom^met 
du  triangle  par  un  blanc  fale ,  &  à  f a  bafe  par  du 
noir  couleur  d'acier  poli.  Les  barbes  externes  ibnt 
couleur  d'acier  poli ,  6c  forment  une  large  raie  longi- 
tudinale. La  plume  cil:  donc  marron  dans  fon  milieu, 
bordée  en  bas  à  fon  extrémité  par  un  filet  noiï  cou- 
leur d'acier ,  en  haut  par  un  limbe  blanchâtre  ,  & 
bordée  du  côté  de  l'aile  par  une  large  bande  couleur 
d'acier  bruni,  Cettç  plume  k  dirige  naturellement  fur 


^52  C    A    N 

le  dos  :  celles  de  chaque  côté  venant  à  fe  rencontrer^ 
en  couvrent  la  plus  grande  partie. 

Le  bec  efl  d'un  rouge  de  laque  foncé  ;  l'extrémité 
de  la  mandibule  fupérieure  ou  l'onglet ,  efl  blanchâtre. 
Les  pieds  font  rougeâtres  ,  les  ongles  font  blancs 
&:  non  pas  noirs ,  comme  l'a  écrit  M.  Brïjfon,  L'iris 
eil  d'un  rouge  allez  vif.  C'eft  au  moins  ce  qui  a  été 
€té  attefté  à  M.  Mauduyt  par  des  perfonnes  qui  ont 
vu  l'animal   vivant. 

La  femelle  eft  un  peu  moins  groiTe  que  le  mâle.  En 
deffus  ëc  fur  les  côtés  fa  tête  ^  fon  cou  font  gris.  Il  y 
a  derrière  la  tête  une  huppe  affez  courte ,  dirigée  en 
arrière  &:  pendante  ,  de  la  même  couleur.  A  la  bafe  du 
bec ,  fur  les  côtés ,  on  voit  une  raie  blanche  ,  étroite 
&  perpendiculaire,  oL  derrière  l'œil  il  y  a  une  raie  de 
même  couleur ,  mais  horizontale.  La  poitrine  eil:  grife  , 
mouchetée  de  taches  fauves  ;  la  gorge  &  le  ventre  font 
blancs  ;  les  cuiiTes  font  grifes  ;  les  plumes  latérales  du 
ventre ,  que  recouvrent  les  ailes  fermées  ,  font  de  la 
même  couleur  que  la  poitrine  ;  les  ailes ,  le  dos  &  la 
queue  font  gris  ,  m.ais  le  dos  efl  chatoyant  &:  renvoie 
des  reflets  verdâtres  ;  les  grandes  plumes  des  ailes  font, 
comme  celles  du  m.âle ,  bordées  de  blanc  en  dehors , 
&  terminées  de  vert  en  dedans ,  mais  fans  cette  plume 
qui  diflingue  le  mâle  ;  l'iris  ,  le  bec  ,  les  pieds  ,  les 
ongles  font  comme  dans  le  mâle. 

J'ai  été  forcé  de  m'étendre  fur  la  defcription  d'un 
oifeau  dont  on  parle  fouvent  ,  que  les  Voyageurs 
vantent  beaucoup  ,  qu'on  connoît  peu  en  Europe  ,  &: 
dont  on  n'avoit  que  des  notions  imparfaites. 

Les  Chinois  font  le  plus  grand  cas  du  canard  de 
Nankin  ;  on  le  tranfporte  vivant ,  de  cette  province  où 
il  efl  fauvage  ,  dans  tout  l'Em^pire.  Ses  mœurs  font 
douces  &  aimables.  Il  s'apprivoife  facilement;  il  recon- 
noit  les  perfonnes  qu'il  a  coutume  de  voir ,  il  les  fuir, 
il  les  careiTe ,  &  à  leur  vue  il  exprime  fes  fenfations 
pai'  des  mouvemens  vifs  &  agilçs,  Cependant  il  nç 


C    A    JSf  (^53 

perd  jamais  l'idée  de  la  liberté  ,  &  il  en  conferve 
toujours  le  défir.  Si  l'on  n'a  pas  foin  de  lui  couper  les 
ailes  5  il  profite  de  l'avantage  qu'on  lui  laiiTe ,  s'envole 
&  ne  revient  pas.  Toutes  les  perfonnes  allées  ont  à 
la  Chine  des  canards  de  Nankin.  On  a  communément 
le  mâle  &:  la  femelle ,  qui  ont  l'un  pour  l'autre  beau- 
coup d'attachement.  On  les  laifie  en  liberté ,  mais  les 
ailes  coupées ,  dans  ces  cours  ou  jardins  qui  féparent 
à  la  Chine  les  corps-de-logis ,  qui  font  entourés  de 
murs  5  au  milieu  defquels  il  y  a  un  baiTin  rempli  de 
poiffons  &  où  on  élevé  des  plantes  &  des  animaux 
rares ,  dont  le  foin  e(l  un  ùqs.  plus  doux  amufemens 
àes  Chinois.  On  regarde  encore  à  la  Chine  le  canard 
de.  Nankin  comme  le  fymbole  de  la  fidéhté  conjuo^ale. 
Cette  idée  a  contribué  à  lui  faire  valoir  un  prix  qui  eil 
toujours  très -haut  dans  les  Provinces  éloignées  de 
celle  oii  il  efl:  naturel.  De  cette  idée  auiïi  eiî  venu 
Fufage  fuivant  ;  Lorfqu'une  fille  de  fam^ille  honnête  fe 
marie  ,  les  jeunes  perfonnes  de  fon  fexe ,  de  fa  famille 
&  de  {^s  amies  ,  lui  font  préfent  ,  quelques  jours 
avant  fon  mariage  ,  ou  le  jour  même ,  d'iyie  paire  de 
canards  de  Nankin  vivans  ,  ornés  &  liés  de  rubans. 
On  en  a  vu  dans  une  pareille  occafion  payer  une  paire 
deilinée  à  la  fille  d'un  Mandarin  ,  la  valeur  de  fept 
cents  livres  argent  ^e  France.  Le  prix  le  plus  bas 
de  la  paire  de  ces  oifeâux  vivans  ,  efl  de  cinquante 
écus  ou  deux  cents  livres  monnoie  de  France,  On 
tient  de  M.  Poivre  ,  connu  par  fon  2pVit  pour 
l'Hilloire  Naturelle ,  par  fes  lumières  ,  &  qui  a  fait 
plufieurs  voyages  à  la  Chine  ,  qui  y  a  féjourné  ^  y  a 
€U  des  canards  de  Nankin  dans  fa  maifon  ,  les  détails 
que  l'on  vient  de  donner.  Il  en  faut  préfumer  que 
le  canard  de  Nankin  ne  multiplie  -pas  ,  même  à  la 
Chine  ,  dans  letat  de  domefliciié  ,  autrement  fon 
prix  auroit  néceffairem.ent  baiiîe.  Les  Chinois  repré- 
fentent  fouvent  ce  canard  ^  fur  leurs  papiers  peints  6c 
iiir  leur  porççlaine» 


6^4  d   A    N 

Les  Canards  de  la  Cote  d'or  ,  ceux  du  Cap 
de  Bonne-Elpérance  ,  de  la  Jamaïque  &C  de  Cayenne  , 
font  également  lauvages  dans  chacun  de  ces  pays  : 
on  les  trouve  dans  les  fa  vannes  ;  leur  chair  eft  un 
peu  falfandée  &c  bonne  à  manger  :  ce  font  autant  de 
canards  mufqués ,  Voyez  ce  mot.  On  diilingue  le  canard 
domïniquabi  ,  du  Cap  de  Bonne-Eipérance.  Voyages 
aux  Indes  &  à.  la  Ch'uu  ,   tom.  II.  p,  22/. 

Canard  du  Mexique  ,  Anas  Mcxlcana.  Cet  oifeaii 
eft  de  la  grandeur  du  canard  privé  ;  il  eft  fort  fingulier 
&  mérite  d'être  connu.  Il  a  une  tête  groft'e  &  noire , 
garnie  d'une  huppe  bien  iournie  ;  le  ventre  &  le  bas 
du  cou  couleur  d'argent  comme  au  grèbe  ;  le  bord 
des  yeux  eft  garni  ae  plumes  blanches  chez  le  mâle  , 
&  jaunes  chez  la  femelle.  Il  marche  mal ,  vole  difHcile- 
ment ,  mais  il  nage  bien  dans  les  lacs.  Il  fait  fes  petits 
dans  les  rofeaux  &  dans  les  joncs.  La  grande  crédulité 
des  Indiens  porte  les  habitans  de  cette  contrée  à  dire 
qu'on  trouve  dans  la  tête  de  cet  oifeau  une  pierre 
précieufe  d'un  grand  prix ,  ck:  qui  ne  doit  être  confacrée 
qu'à  Dieu.  On  voit  encore  au  Brcfil  un  canard  fauvagc 
ou  de  paftage ,  que  les  Indiens  appellent  tzmpatlahaou  : 
il  eft  remarquable  par  fon  plumage  ,  orné  de  taches  lui- 
fantes ,  fouvent  femblables  aux  miroirs  de  la  queue  du 
paon ,  ou  à  la  plante  nommée  toiin^cfol  :  le  defibus  de  la 
queue  eft  d'un  vert  brillant  ;  le  deffus  eft  blanchâtre. 

Canard  branchu,  ou  le  beau  canard  huppé  ^  ou  le 
canard  d'été  de  M.  BriJJon,  Cet  oifeau  ,  l'un  des  plus 
beaux  de  fon  genre ,  n'eft  guère  plus  gros  qu'une  f?r- 
celle  :  les  François  établis  à  la  Louîfiane,  6c  les  Créole?, 
l'ont  nommé  canard  branchu  ,  parce  qu'il  aime  à 
fe  percher  fur  les  plus  hautes  branches  des  arbres  les 
plus  élevés ,  propriété  que  n'ont  que  peu  ou  point  les 
autres  canards  d'Europe.  Les  plumes  du  devant  de  la 
tête  font  d'un  vert-doré  brillant  ;  celles  de  l'occiput 
font  fort  longues ,  étroites  &  comme  foyeufes  :  elles 
font  difpofées  par  touffes ,  les  unes  blanches ,  les  autres 


C    A    N  65J 

d'un  beau  vert-doré ,  &  les  troiiîefnes  d'un  violer 
éclatant  ;  toutes  ces  toufFes  ,  parallèles  de  chaque  côté , 
forment  une  huppe  élégante  qui  pend  en  arrière  6c 
dont  la  pointe  tombe  fur  le  milieu  du  dos  :  les  joues 
&  le  haut  du  cou  font  d'un  beau  violet  ;  la  gorge  &: 
le  devant  du  cou  font  blancs  ;  le  dedus  du  corps  d'un 
brun  foncé  changeant  en  vert-doré  ;  la  poitrine  efl 
d'un  pourpre-vineux  ,  femée  de  taches  blanches  trian- 
gulaires ;  chaque  côté  ofFre  deux  bandes  traniVerfales, 
l'une  d'un  noir  de  velours  ,  l'autre  d'un  beau  blanc  ; 
les  plumes  fcapulaires  chatoient  le  vert-doré,  le  bleu 
&  le  cuivre-rofetîe  ;  l'iris  eft  couleur  de  ncifette  ;  les 
paupières  font  d'un  rouge  fort  vif;  le  bec ,  en  defTus , 
eil  jaune  à  fa  bafe ,  eniuite  d'un  rouge  vif,  puis  marqué 
d'un  peu  de  blanc  ;  le  bout  eft  noir  ainfi  que  toute  la 
mâchoire  inférieure  ;  la  peau  nue  des  jambes ,  les  pieds 
&  les  doigts  font  d'un  jaune  obfcur  ;  les  membranes 
brunâtres,  6c  les  ongles  noirs.  La  femelle  a  le  plumage 
brun-grifâtre ,  une  huppe  brune,  courte  6c  peu  foiu-nie, 
la  gorge  blanchâtre. 

Le  canard  hranchu  fe  trouve  à  la  Louifiane  ,  à  la 
Caroline  6l  à  la  Virginie  :  il  niche  dans  des  troncs 
d'arbre  ,  &  particulièrement  dans  les  trous  abandonnés 
par  les  pies.  Le  canard  hranchu  eil:  indiqué  fous  le  nom 
de  canard  huppé  de  la  Louiliane,  dans  les  pi,  enl,  980 
le  mâle  ,  98 1  la  femelle. 

L'enfemble  des  belles  couleurs  de  fon  nlumaee  ,  fait 
rechei#ier  cet  oifeau  par  les  Indiens  :  ils  ornent  de  la 
peau  de  fon  cou  le  tuyau  de  leurs  calumets.  La  chair 
de  ce  canard  eu  un  peu  mufquée. 

On  trouve  dans  l'Ornithologie  de  M.  Brijfon  ,  &  dans 
d'autres  Auteurs ,  une  plus  grande  lille  de  canards  ;  entre 
autres  :  Le  canard  d'hiver  qui  niche  dans  les  arbres ,  qui 
6c  croît  dans  l'eau. 

Le  canard  d'hiver  de  M.  Bfi^on  ,  ou  le  petit  canard 
à  grojje  tête ,  parce  que  les  plumes  qui  la  couvrent  font 
très-longues  ,  6c  lui  donnent  l'apparence  d'un  foit 


6^6  C     A    N 

volume  ;  ce  canard  fe  trouve  à  la  Caroline,  encore  r/y 

paroît-il  que  l'hiver. 

Les  canards  à  longue  queue ,  dont  une  efpece  appelée 
pîUt ,  (  pi.  enl.  9  54  ) ,  eu  pennard^  fe  voit  à  la  Louifiane  ; 
un  autre  appelé  canard  de  Mïclon ,  Ifle  de  l'Amérique  , 
(/?/.  ml,  ioo8 ,  )  &  qu'on  trouve  aufîi  à  Terre-Neuve 
&  en  Mande  ;  le  milieu  de  la  queue  Onre  deux  plumes 
très- longues. 

Le  canarda  face  blanche  ;  c'efî:  le  canard  du  Maragnon  , 
pi.  enl.  8o8.  ^ 

Le  canard  à  tête  grife  ou  le  canard  de  la  Baie  d'Hudfon; 
il  eft  bien  plus  grand  que  notre  canard  domejlique  :  il 
eu  coiffé  d'une  calotte  cendrée  -  bleuâtre  &  can-ée  , 
iéparée  par  une  double  ligne  de  points  noirs  fem- 
blables  à  des  guillem.ets  ;  le  bec  eÛ  rouge  &  lurmonté 
de  deux  bourlets  qui  refTemblent,  iuivant  Edwards ^ 
à  peu  près  à  des  fcves. 

Le  canard  du  Nord  appelé  marchand.  Voyez  MA- 
CREUSE  A   BEC    ROUGE. 

Le  canard  à  collier  ,  de  Terre-Neuve,  (/?/.  enl,  978 
le  mâle  ,  979  la  femelle.  )  Ce  cellier  elî  une  bande 
blanche  tranfveriale  entre  deux  bandes  d'un  noir  de 
veloius;  ce  canard  {q  retrouve  au  Kamtfchatka  &  dans 
riflande.  C'eit  VAnas  h'ijirionïca  de  Linnaus, 

M.  Pallas  a  deiliné  &  décrit  un  canard  chantant 
(  Anas  glccïtans  )  ;  oifeau  très-rare  &  qui  ne  fe  trouve 
que  dans  la  partie  Orientale  de  la  Siléfie.  Confultez 
Mémoires  de  V Académie  Royale  des  Sciences  de  Miede  y 
ann,  lyy^, 

Ohfervations  fur  les  CANARDS, 

D'après  cette  defcription  des  différentes  efpeces  prin- 
cipales de  canards ,  on  reconnoîtra  que  ces  oifeaux  font 
palmes  ;  OC  malgré  ce  rapport  commun  avec  Voie  ,  ils 
en  diîierent  en  ce  qu'ils  ont  les  pieds  placés  hors  du 
centre  de  gravité  ;  en  marchant ,  ils  vacillent  de  la 
poitrine  ,   chancellent  du  derrière,    6c  iemblent   fe 

mouvoir 


C     A     N  (ÎJ7 

moiivolrv-difficilement  :  ils  marchent  avec  lenteur ,  &: 
volent  avec  plus  de  vîteffe  ;  mais  ils  font  fi  pefans  &  Ci 
peu  agiles ,  que  leurs  ailes,  en  volant,  font  toujours  beau- 
coup de  bruit.  La  Nature  a  choifi  dans  leur  conftruc- 
tion  ,  la  forme  qui  leur  éîoit  la  plus  favorable  pour 
nager  avec  faclliré.  Le  camird  eH  ,  en  quelque  forte  , 
un  oifeau  amphibie  ;  il  nage ,  il  marche  fur  terre ,  &c 
vole  dans  l'air ,  mais  plus  difficilement  encore  dans  le 
temps  de  la  mue  ,  qui  arrive  vers  la  fin  de  Mai ,  lorfque 
les  cannes  commencent  à  couver.  Au  contraire ,  la  mue 
des  cannes  n'arrive  que  quand  leurs  petits  font  devenus 
grands  6c  capables  de  voler;  tous  peuvent  voler  de 
nouveau  ,  après  avoir  recouvré  leurs  plumes.  Dans 
Tefpace  d'une  femaine ,  &  quelquefois  de  vingt-quatre 
heures ,  toutes  les  vieilles  îom_bent.  On  croit  que  la 
mue  dans  les  oifeaux  ,  provient  de  la  mêm.e  caufe  que 
la  chute  du  poil  dans  les  hommes  &  dans  les  autres 
animaux  nouvellement  refaits  à  la  fuite  d'une  maladie 
ou  d'un  épuifement  critique,  La  pafTion  de  l'amour 
caufe  également  aux  canards  &c  à  tous  les  animaux 
rnâles ,  non-feulement  une  efpece  de  fièvre ,  mais  en- 
core ils  deviennent  tous  m.aigres ,  parce  que  leur  corps 
s'efl  épuifé  par  les  dcfirs  6i  l'uiage  des  plaifirs  que 
l'amour  infpire  &c  procure.  Quant  aux  femelles  ,  le 
temps  eu  de  la  couvaifon  ,  ou  de  la  portée  6c  de 
l'éducation  de  leurs  petits  ,  équivaut  à  une  m.aladie 
ou  à  un  long  jeûne  ,  attendu  que  ,  pendant  ce  temps- 
là  ,  elles  fe  macèrent  par  la  diète ,  6l  fouvent  par  un 
travail  continuel.  Lorfque  ces  temps  font  paffés  ,  les 
deux  fexes  recouvrent  en  peu  de  temps  leur  ancien 
embonpoint ,  &  fe  rengraiffent. 

La  langue  de  ces  oifeaux  eft  munie  d'efpeces  de 
petites  dents  des  deux  côtés  ,  &  armée  de  nerfs  ex- 
quis ,  qui  leur  fuffifent  pour  faire  ,  par  le  goût  feul 
êc  fans  y  voir  ,  le  choix  des  alimens.  Le  canard  a  la 
voie  plus  foible  ,  plus  raiique  ou  moins  perçante  que 
la  canm.  Aldroyande  ^  étonné  de  ;i/oir  que  cet  oifeau 
Tome  //,  T  t 


6^S  ^  C     A     N 

pouffe  un  cri  û  grand  &  fi  aigu  ,  &  qu'il  ti^it  fa  têî& 
û  long-temps  dans  Peau ,  prétend  qu'il  en  faut  cher- 
cher la  caule  dans  la  figiire  de  fa  trachée  ,  qui ,  à 
l'endroit  où  elle  fe  partage  en  deux  branches  pour 
aller  aux  poumons ,  a  une  forte  de  veiîie  dure ,  carti- 
lagineufe  &  concave  ,  &  qui  eu  penchée  du  côté  droit , 
oii  elle  paroît  beaucoup  plus  grande.  Leurs  femelles, 
ainfi  que  celles  des  oies ,  font  fujettes  à  pondre  des 
ceufs  monftrueux.  Lorfque  le  temps  paroît  orageux , 
ils  crient  plus  que  de  coutume  ,  battent  des  ailes ,  & 
fe  jouent  fur  l'eau.  Ils  plongent  entre  deux  eaux^ 
lorfqu'ils  veulent  éluder  les  pourfuites  de  leurs  ennemis. 

CANAPJ.  f^oyei  Serin.  A  l'égard  du  canari  fauvage  , 
Voyez  Penduline. 

CANARI  VULGAIRE  ,  CanariiLm  commune  ,  Linn. 
Mant.  1 27  ;  aut  vidgarc  ,  Rumph.  Amb.  Nom  d'un 
arbre  réfmeux  ,  de  la  famille  des  Balfamiers^  qui  s'élève 
à  une  grande  hauteur  ,  &  dont  le  tronc ,  recouvert 
d'une  écorce  blanchâtre,  porte  une  cime  étalée  & 
bien  garnie  :  fon  bois  eft  blanchâtre ,  afîez  folide  , 
mais  peu  durable  ;  il  efl  bon  à  brûler  ;  fes  feuilles  font 
ovales  ,  oblongues  ,  acuminées ,  glabres ,  entières  ;  fes 
fleurs  lont  dioiques,  terminales,  blanchâtres  :  le  fruit 
tii  une  efpece  de  noix  ovale ,  &:  qui  renferme  un 
noyau  trigone  &:  pointu. 

Le  canari  croît  dans  les  Indes  Orientales  ,  dans  les 
Ifles  Moluques ,  ck  à  la  Nouvelle  Guinée.  Les  naturels 
de  ce  pays ,  tirent  eii  grande  partie  leur  nourriture  des 
amandes  de  fes  fruits  ,  qu'ils  mangent  crues  ,  ou  dont 
ils  font  une  efpece  de  pain  ;  ils  en  expriment  une 
huile  ,  dont  ils  fe  fervent  pour  cuire  le  poidon  ou 
pour  préparer  d'autres  alimens.  Les  vieux  arbres  don- 
nent une  réfnie  blanche  &  tenace  ,  que  Ton  emploie  à 
Am]:)oine  comme  flambeau  ,  en  l'enveloppant  dans  des 
feuilles  feches.  (  Encyclop.  Mith.  ) 

CANCAME.    Foyez^  GOMME  cancame. 

CANCERILLE.  C'cil  le  ^arou  des  bois.  Voyez  Garou; 


C    A    N  ^59 

CANCHE.  Voyzi  Foin. 

CANCRE,  Cancer,  Les  cancres  font  des  animaux: 
xrulhcées  dont  il  y  a  un  plus  grand  nombre  d'efpeces 
que  parmi  les  crabes.  Quelques  Auteurs  ont  rangé 
improprement  avec  les  cancres.,  la  langoufie.,  le  homard^ 
la  J quille  ,  Vécrevijfe  d'eau  douce  ,  les  crabes  &  tourlou- 
roux  ,  &c.  Mais  nous  ne  parlerons  ici  que  des  cancres 
proprement  dits  &  les  plus  connus.  Pour  les  autres 
cruftacées  de  ce  genre  ,  Voye?^  aux  noms  particuliers 
qu  ils  portent.  Voyez  maintenant  IVrr/c/t:  CrustacÉes. 

On  divife  les  cancres  ielon  les  lieux  qu'ils  habitent 
le  plus  communément  :  on  appelle  ceux  qui  vivent 
autour  des  xookiQx^ .,  faxatiUs  ;  ceux  qui  vivent  dans  la 
boue ,  limoji;  ceux  qu'on  trouve  dans  le  fable ,  arenoji; 
ceux  qui  fe  plaifent  dans  l'algue  ,  a.lgofi. 

Une  autre  divifion  adoptée  par  plufieurs  Natura- 
îiiles ,  eil  de  les  diflinguer  en  cancres  de  mer  &"  en 
cancres  de  rivière.  Il  ne  fe  trouve  point  de  ces  derniers 
dans  nos  fleuves  ;  mais  ils  reffemblent ,  par  la  couleur 
&  par  la  forme ,  aux  cancres  de  mer. 

Les  cancres  ont  le  corps  arrondi  ou  cordiforme ,  & 
différent  en  cela  des  écrevijfes  de  mer  &  des  langoujîes 
qui  l'ont  très-long  ,  &  des  crabes  qui  l'ont  fort  évafé. 
îl  y  en  a  de  différentes  grandeurs  &  couleurs;  tous 
ont  dix  pattes  ,  en  comptant  les  deux  bras  fourchus , 
tantôt  longs ,  tantôt  courts  ;  leur  queue  efl  repliée 
par  deifous.  La  tête ,  le  corps  &  le  ventre  différent 
îliivant  la  diverfité  de  l'efpece  ;  leur  écaille  ou  croûte 
leur  tient  lieu  d'os  :  c'eff  d'elle  que  les  mufcles  tirent 
leur  origine  ,  ainfi  que  leurs  infertions.  Ils  font  privés 
de  fang ,  &  tiennent ,  dit-on ,  de  la  nature  des  ovi- 
pares éc  des  vivipares.    Voyez  ces  mots. 

La  première  efpece  de  cancre  eft  V araignée  de  mer  ^ 
Aranea  crujlata.  Sa  chair  eft  dure  &:  de  mauvais  goût  : 
elle  habite  peu  la  Méditerranée,  plus  communément 
l'Océan  &  la  Mer  Atlantique.  Le  bras  droit  de  V araignée 
de  mer  efl  y  ainii  que  chez  la  plupart  des  cruflacées  , 

Tt     2 


€66  C    A    N 

ordinairement  plus  gros  que  le  gauche  ;  les  bouts  Ou 
les  doigts  en  font  quelquefois  noirâtres  ,  mais  moins 
communément  que  dans  les  crabes.  Ce  cancre  a  quatre 
cornes  devant  les  yeux ,  deux  courtes  qui  fortent  du 
milieu  du  front  ,  &  deux  plus  longues  qui  fortent  au- 
defTous  des  yeux  :  elles  font  proches  l'une  de  l'autre; 
6c  il  avance  fes  ferres ,  qui  font  repliées  &  mobiles , 
à  volonté.  On  diftingue  facilement  ce  i:fl«cA-e  des  autres 
cfpeces  ,  i.'^  moins  per  fa  grandeur,  que  par  la  tête 
de  fa  cuiraiîe  plus  diftinâ:e  ,  plus  pointue  &:  plus' 
avancée;  2.°  par  fcs  pieds  longs  &  menus;  3.^  par 
fes  yeux  qui  font  placés  Pun  auprès  de  l'autre,  & 
qui  font  fort  faillans. 

Il  y  a  des  araignées  de  mzr  très-petites ,  d'autres  qui 
font  allez  groilos  ;  elles  ont  fous  la  cuiraffe  inférieure 
quelques  petites  veffies  qui  s'enflent  comme  font 
les  gorges  des  grenouilles,  La  queue  des  femelles  eil 
large  &:  arrondie;  celle  des  mâles  efl  étroite  &  longue. 

Cancre  Cavalier  ou  Coureur,  Cancer  eques 
eut  curfor.  Ces  cancres  font  gros  comme  une  châtaigne  ; 
il  n'y  a  prefque  rien  à  manger  ;  ils  font  en  quelque 
forte  amphibies ,  puifque  dans  les  chaleurs  de  l'été , 
fur  le  midi ,  ils  fortent  en  troupe  de  la  mer  pour 
paiTer  le  refte  du  jour  au  foleil  ou  à  Tombre  ,  ou  , 
peut-être  ,  pour  n'être  pas  dévorés  des  gros  poiifons. 
Ils  ne  cherchent  que  les  lieux  pierreux  &:  bourbeux 
pour  y  trouver  leur  noiirriture  ;  ils  ië  promènent  hors 
de  la  mer  en  long  &:  en  large  ,  tantôt  autour  des  ri- 
vages oii  ils  font  nés,  tantôt  plus  loin.  Belon  dit 
qu'en  partant  de  Memphis  pour  Jérufalem,  il  en  vit 
fur  les  confins  de  l'Egypte  qui  retournoient  à  la  mer  ^ 
&  couroient  d'une  fi  grande  vîteffe ,  qu'il  n'étoit  pref- 
que pas  pofTible  de  les  atteindre.  Il  ajoute  qu'un  lézard 
qui  étoit  à  l'ombre  fous  une  plante  nommée  ambrojie  , 
ayant  apperçu  un  de  ces  cancres  ,  le  pourfuivit  ;  &: 
que  ce  cancre^  qui  parolffoit  plutôt  voler  cjue  courir, 
lui  échappa. 


C    A    N  é6i 

Cancre  commun  ,  Cancer  maritlmus.  Il  tient  le 
milieu  entre  le  cancre,  de  rivière  6c  le  cancre  de  mer. 
Il  a  les  bras  fourchus  &  courts  ;  les  pieds  longs ,  finif- 
fant  en  pointes ,  deux  petites  cornes  au  front.  Il  vit 
long-temps  hors  de  l'eau  ;  fa  chair  efl  fort  nourriffante. 

Cancre  en  forme  de  cœur  ,  Cancer  figura  cordis. 
Il  eft  petit;  le  tronc  de  fon  corps  a  la  forme  d'un 
cœur  ;  les  deux  bras  font  fourchus  ;  les  ferres  en  font 
fort  courtes;  il  a  deux  cornes  au  front.  Il  vit  dans 
la  haute  mer.  Rondelet  dit  en  avoir  fouvent  trouvé 
<lans  le  corps  des  plus  grandes  morues  :  on  en  trouve 
aulîi  dans  l'eflomac  des  merlans. 

Cancre  d'Héraclée  ou  Coq  marin.  On  en  pêche 
dans  le  Pont-Euxin;  mais  il  vit  en  haute  mer.  Il  dif- 
fère du  précédent  par  fa  coquille  qui  ell:  brune  ,  {^ts 
pieds  plus  courts  &  plus  menus;  les  cornes  qu'il  a 
devant  les  yeux  font  jointes  enfemble. 

Cancre  marbré  ,  Cancer  marmoratus  aut  varias. 
Sa  coquille  eft  très-dure  ,  unie  en  delTus  ,  découpée 
près  des  côtés  des  yeux  comme  une  fcie.  Durant  la 
vie  de  l'animal  elle  efl  variée  de  différentes  couleurs , 
noires ,  bleues  ,  vertes  &  cendrées ,  comme  le  marbre 
ou  le  jafpe  :  elles  difparoiffent  après  fa  mort.  Il  a  les 
bouts  des  pieds  renflés ,  &:  deux  petites  cornes  au 
front.  Il  vit  dans  les  trous  des  rochers ,  s'y  cache  au 
moindre  bruit ,  &;  s'y  cramponne  avec  les  pieds  fi 
fortement ,  que  l'on  a  de  la  peine  à  l'en  arracher. 

Cancre -Ours  ou  Migraine  ,  Cancer  urfus.  Il  fe 
fert ,  comme  ce  quadrupède ,  de  fes  pieds  de  devant 
ou  de  fes  deux  bras  fourchus.  Il  m.et  fes  bras  devant 
fes  ynetix  ,  &:  on  prétend  qu'il  dort  ainfi  tout  ramaffé 
comme  les  ours.  Il  eft  gros  &  court,  d'une  figure 
informe  &  de  la  couleur  de  grenade  :  fes  pieds  fe 
reftérrent  à  volonté  contre  fon  corps  :  il  vit  dans  la 
fange  :  fa  chair  eft  de  mauvais  goût.  Le  cancre-ours 
r.e  paroît  être  ,  félon  Rumphius ,  qu'une  fqullle  lar^€ 
ces  Injdes. 

Tt  î 


66î  C    A    N 

Cancre  des  Moluques  ,  ou  Crabe  epee  ; 
Cancer  Mollucmjis,  Ce  cruftacée  dont  la  carapace  ref- 
femble  au  clos  d'un  gros  Icarabée ,  porte  horizontale- 
ment au  milieu  poftérieur  de  fon  corps  ou  de  fa  cuirafle 
un  dard  gros  &  fort  long  ,  très-pyramidal ,  fouvent 
épineux  &  toujours  à  charnière.  Les  Chinois  eiliment 
fa  chair  comme  un  mets  exquis.  Ce  cancre  fmgulier 
par  la  forme  extérieure  ,  la  configuration  des  bouts 
de  fes  pattes ,  &:c.  efl  gravé  dans  la  tah.  12.  l'ut.  A,  B. 
du    Thef,   Imag.  pifc,   de  Rumphius, 

Cancre  parasite.  Nous  donnons  ce  nom  au^ 
petits  cancres  ,  dont  la  coquille  eft  tendre  &  molle , 
&  qui ,  pour  être  à  l'abri  de  toute  infulte ,  fe  retirent 
&  fe  logent  dans  les  coquilles  vivantes  de  quelques 
tellacées.  Celui  qui  vit  dans  les  huîtres  eil  rouge  fur 
le  dos  &:  blanc  par  tout  le  refte ,  gros  comme  une 
fève.  Ceux  qui  vivent  dans  les  moules  &:  les  nacres  , 
fe  nourrilTent  du  même  mets  bourbeux  que  les  tefta- 
cées,  dans  lefquels  ils  habitent.  On  en  trouve  aulîi 
qui  prennent  pour  hôte  les  coquilles  de  S.  Jacques  OC 
la  nérite  ;  d'autres  enfin ,  comme  bernard-  Vkzrmiu  , 
fe  logent  dans  des  coquilles  univalves  &;  vides.  Le  pin" 
notere  qui  fait  fentinelîe ,  dit-on ,  dans  la  pinne-marine  , 
eil  auiîi  compté  au  nombre  des  cancres  parajites.  D'autres 
cancres  fe  retirent  dans  des  trous  d'épongés ,  dans  des 
fentes  de  rocher.  La  plupart  de  ces  cruftacées  font  de 
véritables  crabes.  Voyez  ce  mot. 

Cancres  a  pieds  larges  ,  Cancer  latîpes.  Il  n'efl 
pas  plus  gros  qu'une  noix  ;  il  a  deux  bras  fourchus  , 
6c  ell  armé  de  petites  dents.  Les  deux  derniers  pieds 
ou  jambes  de  derrière  font  courtes  ou  larges  au  bout  ^ 
&:  ont  fix  articulations.  Il  a  quatre  petites  cernes  au 
front  ;  fa  coquille  efl  liffe.  La  mer  le  jette  communé- 
ment fur  le  rivage. 

Cancres  a  pinces  courtes.  Cancer  brackiis  brc^ 
nbus.  Il  efl  petit ,  d'un  rouge-noirâtre ,  &  bien  diffé- 
rent des  autres  j  en  ce  qu'il  a  le  derrière  large  &  le 


C     A     N  66-i 

<!€vant  pointu  ;  fes  deux  jambes  de  devant  font  courtes 
oc  couvertes  de  poils  menus  ;  les  deux  fuivantes  fort 
longues ,  groiTes  ,  pointues  &  velues  ;  les  autres  de 
chaque  côté  font  pareillement  longues  &  menues  , 
mais  fans  poils. 

Cancre  de  rivière  ou  d'eau  douce  ,  Cancer 
jlnviatilis.  Il  reffemble  entièrement  au  cancn  de  mer  ; 
mais  fa  coquille  eft  plus  tendre,  plus  légère  ;  les  pieds, 
les  bras  fourchus ,  plus  gros  &  plus  longs ,  à  propor- 
tion de  fa  grofieur.  La  queue  du  mâle  eft  étroite  & 
ferrée  contre  le  corps  ;  celle  de  la  femelle  efl  plus 
large ,  en  forme  d'écullbn  ,  pour  mieux  couvrir  iç:^ 
œufs.  La  chair  en  ell  douce  &  bonne  :  on  les  fait 
mourir  dans  du  lait  pour  les  rendre  plus  délicats.  Ce 
cancre ,  avec  le  temps  ,  fe  dépouille  également  de  fa  co- 
quille. On  trouve  beaucoup  de  ces  cancres  en  Grèce , 
en  Candie  ,  en  Italie  ,  en  Sicile ,  en  Egypte  dans 
le  Nil. 

Cancre  squïnade,  nommé  ainfi,  de  ce  que  fa 
chair  a  un  goût  femblable  à  celle  de  la  f quille  ;  on 
le  nomme  aufli  cancre  pagurus.  Il  efl  armé  aux  deux 
côtés  de  la  partie  de  devant  ,  de  lix  aiguillons  longs 
&  forts  ;  &:  fur  fon  front  il  porte  deux  pointes  rondes 
&  fermes.  Il  a  deux  petites  cornes ,  proche  defquelles 
font  les  yeux  qui  regardent  plus  de  côté  que  devant  ; 
fes  cornes  font  aflez  éloignées  l'une  de  l'autre  :  fa  co- 
quille eft  raboteufe  &  couverte  d'aiguillons  ;  fes  pieds 
font  longs  &  gros  ,  un  peu  épineux  ;  fa  queue  efl: 
garnie  en  deffous  de  plufieurs  tablettes ,  oii  l'on  trouve 
quelquefois  des  œufs  rouges  ,  joints  enfemble  ,  en 
forme  de  grappe  de  raifm  :  il  a  des  efpeces  d'ouïes. 
On  aiTure  que  ce  cancre  n'ell  plein  &  de  bon  goût  , 
que  dans  le  croifTant  de  la  lune  ;  mais  il  eft  prefque 
vide,  &  d'un  goût  peu  agréable  dans  un  autre  temps. 
On   en  trouve  dans  la  Méditerranée. 

Il  fe  dépouille  de  fa  croûte  ou  coquille ,  comme  le 
ierpe^ît  de  fa  peau.  Les  Anciens  regardoient  ce  change- 

Tt   4 


664  ^,    ^  ,  ^ 

ment  involontaire  &  nécefTité  ,  comme  une  fagefTe  cfe 
l'animal  ;  c'eil  pourquoi  ils  le  pendoient  au  cou  de  la 
flatue  de  Diane  d'Ephefe ,  DéclTe  de  la  Sageffe.  Lorfque 
ce  cancre  a  mis  bas  fa  coquille  cruftacée ,  il  le  tient 
caché  jurqu'à  ce  qu'il  en  ait  une  autre  ;  6c  quand  le 
temps  de  ce  dépouillement  approche ,  il  court  çà  &  là, 
&  fe  remplit  de  nourriture  fi  abondamment,  que  fa 
couverture  eu  obligée  de  tomber.  D'autres,  au  con- 
traire ,  veulent  qu'elle  l'abandonne  par  maladie  &C 
par  maigreur,  f^ojei  cette  mue  des  cruflacées  fur  Vartîcls 

ECREVISSE. 

Can'CRE  velu  ,  Cancer  hirfutus.  On  en  diflingue 
de  trois  fortes  :  i  .^  Ceux  qui  ont  des  poils  en  plulieurs 
endroits  du  corps ,  fur  les  bras  ôc.les  pieds,  avec  une 
figure  de  cœur  fur  le  milieu  de  la  coquille  fupérieure  : 
le  bout  du  bras  eft  noir  ;  la  partie  antérieure  de  la 
cuirafîe  eft  dentelée  comme  une  fcie  ,  &:  armée  fur  le 
front  de  deux  petites  cornes.  2.°  Ceux  qui  n'ont  point 
de  noir  à  l'extrémité  des  bras ,  &:  qui  font  plus  petits 
que  les  précédens.  3."^  Enfin ,  ceux  qui  ne  différent  de 
la  féconde  efpece  que  par  leur  petitefTe. 

CANCRELAS.  Au  Bréfil ,  ell  le  nom  du  gros  ravet. 
Voyez  ce  mot. 

CANCRITES.  On  appelle  ainfl  les  cancres  fojjîles 
ou  pétrfiés  ^  Voyez  Cancre.  Les  cancrïtes  fe  trouvent 
fur  la  Côte  de  Coromandel ,  à  Sheppy,  Ifle  Angloife, 
ÔC  à  Pappenheim. 

CANDELBERY.  Nom  que  les  Anglois  donnent  à 
V arbre  de  cire ,  de  la  LouiHane.   Voye^^  ce  mot. 

CANDIDE  ,  Phicomcne  ,  Efper.  Nom  d'un  papillon 
qui  a  beaucoup  de  rapports  avec  celui  nommé  Xefoufre; 
le  fond  des  ailes  eil  blanc ,  &  bordé  de  vert-noir,  avec 
une  tache  jaune  dans  le  mâle. 

CANÉFICIER.   Koyei  Casse. 

CANETON.    Petit  Canard.   Voyei  Canard. 

C  AN  J  AL  AT.  Urium  polïpoides  ,  Rumph.  Amb.  ; 
Malaïcc  ubi  gorita.  Plante  qui  croît  à  Amboine ,  dans  les 


C     A     N  66^ 

Î30ÎS  humides  Si  fur  le  bord  des  rivières.  Elle  a  le  port 
de  la  clématite.  Les  habitans  ,  en  prenant  du  thé ,  font 
ufage  de  fes  racines  confites  au  fucre  :  elles  font  compo- 
fées  de  tubérofités  ncmbreufes ,  cylindriques ,  longues , 
ramaiTées  en  faifceau  ,  noirâtres  en  dehors ,  fuccu- 
ientes  ,  &  naturellement  d'un  goût  amer  &  défagréable. 

CANIAR  de  Belon ,  eil  le  goéland  varié, 

CANICA.  Efpece  d'épicerie  qu'on  trouve  dans  l'Ifle 
de  Cuba.  Suivant  M.  Dcleuie ,  elle  a  le  goût  du  clou 
de  glrcfie ,  &C  efl  d'ufage  en  médecine. 

CANICHE.  Femelle  du  barkt.  Voyez  Chien. 

CANICULE ,  Caniada ,  eft  le  nom  d'une  des  étoiles 
de  la  conftellation  du  grand  chim ,  qu'on  appelle  aufîi 
fimplement  V étoile  du  chien  &c  Jirius.  C'efl  la  féconde 
étoile  dans  les  Catalogues  de  Ptolomée  &  de  Tycho  : 
elle  eft  lituée  dans  îa  gueule  du  grand  chim  ,  &  ell 
de  la  première  grandeur  ;  c'efl:  même  la  plus  grande 
&  la  plus  brillante  de  toutes  les  étoiles  du  ciel. 

Quelques  Auteurs  anciens  ont  écrit  que  le  jour  oii 
la  canicule  s'élève ,  toute  la  Nature  en  reçoit  des  in- 
fluences qui  produifent  mille  accidens  fâcheux ,  &  fur- 
tout  beaucoup  de  maladies  chroniques  dans  les  ani- 
maux ,  &  des  chaleurs  contagicufes  :  voilà  bien  des 
chimères.  Si  la  canicule  avoit  la  propriété  d'apporter  le 
chaud  ,  ce  devroit  être  plutôt  aux  habitans  de  l'hé- 
milphere  Méridional  qu'à  nous  ,  puifque  cette  étoile 
n'ell  que  dans  cet  hcmifphere  ,  de  l'autre  côté  de 
rÉquateur  :  cependant  il  eil  certain  que  ces  peuples 
font  alors  en  hiver.  La  canicule  &  les  autres  étoiles 
font  trop  éloignées  de  nous  pour  produire  fur  nos 
corps  ni  fur  notre  fyflême  planétaire  aucun  eifet  fenfible. 
Foyei  r article  ÉTOILE  ,  à  la  fuite  du  mot  PLANETE. 

Les  Romains  étoient  li  periïiadés  de  la  malignité  de 
la  canicule  ,  que  pour  en  écarter  les  influences ,  ils  lui 
facrifioient  tous  les  ans  un  chien  roux.  Cette  efpece 
d'animal  avoit  eu  la  préférence  dans  le  choix  àzs  vic- 
times,  à  caufe  de  la  conformité  des  noms.  Ce  n'ell  pas 


666  C    A    N 

la  feule  occafion  oii  cette  conformité  ait  donné  naif- 
fance  à  des  branches  de  faperfrition.  EncydopUlu, 

CANIFÎCIER.  C'efl  ainfi  que  l'on  nomme  aux  An- 
tilles le  cajjicr  ou  l'arbre  qui  produit  la  cajfc.  Voyez 
ce  mot, 

CANNA.  Nom  que  les  Hottentots  donnent  à  \m 
des  plus  grands  animaux  à  pieds  fourchus  de  l'Afrique 
Méridionale  »  les  CafFres  le  nomment  ïmpof.  D'après 
la  defcription  que  des  Auteurs  ont  faite  du  canna  ^  il 
nous  paroîtique  ce  quadrupède  bifulce  a  beaucoup  de 
rapports  avec  le  condoma ,  Voyez  ce  mot.  Les  cornes , 
dans  les  deux  fexes  de  l'une  &  l'autre  efpeces  ,  font 
allez  lilTes ,  avec  une  groffe  arête  qui  forme  deux  tours 
de  fpirale  dans  leur  longueur  :  ces  cornes  font  creufes, 
êc  foutenues  par  un  os  qui  leur  feri  de  noyau  ;  ainfi 
elles  font  permanentes.  Le  canna  6c  le  condoma  ont 
ime  crinière  ;  mais  le  canna  manque  de  larmiers ,  Se 
marche  en  troupes  de  cinquante  6l  pUv:.  :  on  en  trouve 
quelquefois  cent ,  ^  trois  cents  eniemble  ,  près  des 
fontaines.  Le  condoma  ,  au  contraire ,  a  des  larmiers  & 
ne  va  point  en  grandes  troupes.  Il  rélulte  de  cet  ex- 
pofé ,  de  ces  légères  différences ,  que  le  canna  efr  Tef- 
pece  fauvage  qui  habite  les  hautes  montagnes  ;  le 
condoma  habite  les  plaines. 

CANNA  BINE  ,  Datifia.  Nom  d'un  genre  de  plantes 
à  fleurs  incomplètes ,  qui  a  beaucoup  de  rapports  avec 
le  chanvre ,  &  qui  comprend  des  herbes  dont  les 
feuilles  font  alternes  &:  ailées ,  avec  impaires  ,  &;  dont 
les  fleurs  font  petites ,  axillaires  &:  en  grappes  termi- 
nales :  les  fleurs  font  à  fexes  féoarés  fur  des  pieds 
cifférens  :  le  fruit  eft  une  capfule  oblongue  ,  trian- 
gulaire ,  &  s'ouvre  par  trois  valves  ;  il  contient  beau- 
cou^>  de  petites  femences. 

îl  y  a  :  La  cannabine.  glaire  ,  de  l'Ifle  de  Candie  ,  Da- 
tifca  cannahina^  Linn.  ;  Cannahïna  Cntïca  florifira  &  fruc- 
tlfcra  ,  Tourn.  Cor.  5  2  ;  elle  a  un  peu  l'afpecl:  d'une 
ortie   ou  d'un  chanvre,    ha  cannabine  hirïjfle  ,  de  la 


C     A    N  6(,f 

Penfylvanle  ,  Datifca  caule  hlrfuto  ,  Lînn.  ;  elle  eft  en- 
core plus  grande  que  la  précédente  qui  a  de  quatre  à 
fix  pieds  de  hauteur. 

CANNAMELLE.  Foyci  Canne  a  sucre. 

CANNANGOLIS  ou  Angoli.  Les  habitans  de  Ma- 
labar donnent  le  premier  de  ces  noms  à  la  poule  fultam 
de  Madras ,  de  M.  Br'jjon.  Cet  oifeau  eft  de  la  grofleur 
d'un  canard \  le  plumage  fupérieur  ell  cendré;  l'infé- 
rieur ed  blanc  ,  avec  quelques  taches  noires  en  forme 
de  croiflant. 

CANNE  ou  Cane.  C'eft  la  femelle  du  canard.  Voyez- 
en  les  efpeces  à  La  fuite  du  mot  Canard. 

Canne  épineuse.  Voye^^  à  l'article  Rotin. 

Canne  a  main.  Efpece  de  rofeau  des  Indes.  Voyei 
à   l'article  PvOTiN. 

Canne  a  sucre  ou  Cannamelle  ,  Arundo  fac-- 
charifira^  C.  Bauh.  ,  Sloan.  ;  Calamus  faccharinus  ^  Ta- 
bernasm.  ;  Canna  mellaa  ,  Csefalp.  ;  Viba  ,  Tacomaréc  ^ 
Pifon,  Caniche  des  Caraïbes.  C'eft  une  efpece  de  ro- 
feau articulé  ,  dont  la  moelle  fucculente  fournit  par 
exprefîion ,  le  fucre  ,  ce  fel  eflentiel ,  doux  oC  agréable , 
dont  un  ii  grand  nombre  de  Nations  font  ufage  dans 
nos  Colonies  ,  en  Amérique.  Ce  rofeau  ,  qui  eft  de 
la  famille  des  Graminées^  s'élève  à  huit  ou  dix  pieds 
de  hauteur  &  davantage  ,  fur  un  pouce  &  demi  de 
diamètre  :  fa  tige  eil  pelante  ,  caifante  ,  d'un  vert 
tirant  fur  le  jaune  :  les  nœuds  qui  font  à  trois  doigts  ou 
environ  les  uns  des  autres ,  font  faillans ,  en  partie  blan- 
châtres ,  &  en  partie  jaunâtres.  De  ces  nœuds  partent 
des  feuilles  qui  tombent  à  mefure  que  la  canne  mûrit; 
les  nœuds  contiennent  donc  le  principe  des  feuilles  ". 
on  voit  d'abord  paroître  un  bouton  alongé  d'un  brun- 
rougeâtre  ,  qui ,  peu  à  peu  ,  fe  dilate ,  verdit  &:  devient 
une  feuille  longue  de  trois  à  quatre  pieds  ,  plane,  droite  , 
pointue ,  large  d'un  pouce ,  d'un  vert-jaunâtre  ,  ilriée 
dans  fa  longueur  ,  avec  une  côte  blanche  au  milieu  , 
alternativemsiit  pofée ,  embraiîant  la  tige  par  fa  bafe , 


668  C    A    N 

glabre,  mais  armée  fur  les  côtés  de  petites  dents  im- 
perceptibles. Il  arrive  quelquefois  que  les  canms  ,  par- 
venues à  onze  ou  douze  mois  de  croiffance ,  pouffent 
à  leur  fommet  un  jet  de  fept  à  huit  pieds  de  hauteur , 
&  de  cinq  à  fix  lignes  de  diamètre  ,  liffe ,  fans  nœuds  ; 
c^Q^  ce  qu'on  appelle  flechz.  Ce  jet  porte  un  pani- 
cuîe  ample  ,  long  d'environ  deux  pieds  ,^  divifé  en 
plufieurs  épis  noueux  ,  fragiles,  compofés  de  plufieurs 
petites  fleurs  foyeufes  &:  blanchâtres  ,'  fans  pétales, 
dans  lefquelles  on  diftingue  trois  étamines  dont  les 
anthères  font  un  peu  oblongues;  Tembryon  efl  alongé 
&:  porte  deux  ftyles  :  à  ces  ileurs  fuccedent  quelquefois 
(  car  elles  font  fouvent  ilériles  )  è^s  femences  oblon- 
gues ,  pointues.  Il  faut  obferver  qu'une  m^^me  tige  ne 
fleurit  &  n^fiechi  jamais  qu'une  fois.  Lorfque  la  caniw 
approche  de  fa  maturité  ,  alors  la  tige  efl  jaune  & 
pefante  ;  fon  écorce  eft  liffe,  luifante  ,  ôc  la  matière 
ou  fubftance  blanchâtre  ,  facculente  &  fpongieufe  que 
contient  la  tige'  dans  fon  intérieur ,  fe  brunit  ;  fa  racine 
eft  épaiffe  ,  fucculente  ,  grifâtre ,  genouillée  &  fibrée. 

La  canne  à  fucre  croît  naturellement  dans  les  Indes 
Orientales  ,  dans  les  Ifles.  Canaries ,  &  dans  les  pays 
chauds  de  l'Amérique.  Elle  fe  plaît  dans  les  terrains 
gras ,  humides  &  bien  aérés  :  les  terres  maigres  ,  ufées  , 
qui  n'ont  pas  de  fond ,  ou  qiii  font  pelantes ,  ne  pro- 
duifent  que  de  petites  cannts  barbues ,  pleines  de  nœuds  , 
dont  on  ne  retire  que  peu  de  fucre  difficile  à  fa- 
briquer. Les  fourmis ,  les  pucerons ,  &  les  rouleurs , 
font  beaucoup  de  tort  par  leurs  dégâts ,  à  la  canut  à 
fucre. 

Les  plantations  de  cannes  à  fucre  fe  font  très-facile- 
ment. On  couche  les  plants  de  cannes  dans  des  filions 
alignés  &  parallèles  entre  eux;  les  trous  alignés  font 
plus  ou  moins  éloignés  les  uns  àts  autres ,  depuis  deux 
pieds  jufqu'à  trois  pieds  OC  demi ,  fuivant  la  qualité 
du  terrain  ;  on  les  fait  de  quinze  à  vingt  pouces  de 
longueur  ,    de    quatre    à   cinq    de   largeur  ,    6l   de 


C    A    N  669 

fept  à  huit  de  profondeur;  on  met  dans  chaque  trou 
deux  ou  trois  morceaux  de  cannz  ,  longs  de  quatorze 
à  dix-huit  pouces  ,  &  qu'on  prend  au  haut  de  la 
canne  ;  on  les  'couche  au  fond  du  trou  horizontale- 
ment ,  &  on  les  couvre  de  terre.  Lorfque  le  terrain 
efl:  comme  marécageux  &:  plein  d'eau  ,  on  place,  le 
plant  de  façon  que  le  bout  fupérieur  forte  hors  de  terre 
de  quatre  à  cinq  pouces  ;  c'eft  ce  qu'on  appelle  planter 
en  canon.  On  plante  ordinairement  les  cannes  dans  le 
temps  qu'on  les  récolte ,  afin  de  profiter  du  plant.  Quand 
le  temps  a  été  favorable ,  au  bout  de  fept  à  huit  jours 
que  les  cannes  font  en  terre ,  on  voit  fortir  des  œille- 
tons ,  à  l'endroit  de  chaque  nœud  ou  articulation  ,  un 
bourgeon  de  la  forme  d'une  petite  afperge  ,  qui ,  quel- 
ques jours  après  ,  fe  divife  en  deux  feuilles  minces , 
longues  ,  peu  larges  &  cppofées  :  la  tige  continue  de 
s'élever  en  pointe  ;  elle  produit  peu  de  temps  après 
deux  autres  feuilles ,  &  ainfi  de  fuite.  Quand  elle  efî: 
parvenue  à  la  hauteur  d'environ  un  pied,  il  fort  de  fa 
bafe  d'autres  bourgeons  plus  ou  moins  nombreux ,  fui- 
vant  la  qualité  du  terrain  :  le  farclage  efl  ici  néceffaire  ^ 
^  y  à  défaut  de  pluies ,  il  faut  arrofer.  Au  bout  de 
dix ,  douze  à  quinze  mois ,  félon  la  vîteiTe  de  la  végé- 
tation ,  les  cannes  à  fucre  font  parvenues  à  leur  matu-^ 
rite  ;  on  les  coupe  très-près  de  la  racine  ;  (ces  fouches 
reproduifent  deux  ou  trois  fois  de  nouvelles  coupes  ;  ) 
on  rejette  les  feuilles ,  &  ,  au  moulin ,  on  comprime 
ces  cannes  entre  deux  rouleaux,  qu'on  appelle  roks ^ 
faits  d'un  bois  très-dur ,  &  qui  tournent  en  fens  con- 
traire :  les  cannes  répandent  par  ce  moyen  une  liqueur 
douce ,  viiqueufe ,  appelée  miel  de  canne ,  &  que  l'on 
fait  cuire  enfuite  juiqu'à  la  conûftance  du  fucre.  On 
procède  promptement  à  la  cuifTon  de  cette  liqueur ,  car, 
au  bout  de  vingt-quatre  heures  ,  elle  s'aigrit  ;  &  même 
iî  on  la  gardcit  plus  long-temps ,  elle  fe  changeroit  en 
fort  vinaigre.  Les  fagots  de  cannes  exprimées  portent 
îe  nom  de  hamacs  ^  6c  Iç  fuç  ou  jus  de  la  canne  celui 


670  C    A    N 

de  vzfou.  Quelques-uns  l'appellent  aufîî  vin  de  canne. 
M.  Dutrôm-la-Coutun ,  Médecin ,  a  propofé  un  moyen 
pour  convertir  ce  lue  exprimé ,  en  une  liqueur  analogue 
au  cidre ,  ou  au  vin.  Joiim,  dz  Phyf.  Septembre  lySy, 
En  quelques  endroits  de  l'Amérique,  on  donne  ibuvent 
aux  chevaux  les  tiges  de  cannes  àfucre  exprimées  ;  ces 
animaux  en  font  friands  ,  &  prennent  beaucoup  d'em- 
bonpoint :  plus  communément  les  hagaces  fervent  à 
chauffer  les  chaudières. 

On  fait  bouillir  ,  pendant  environ  fix  heures ,  en 
verfant  de  temps  en  temps  de  l'eau ,  la  liqueur  extraite 
des  rofeaux  .•  on  l'écume ,  &  cette  lie  qui  fumage  fert 
à  nourrir  les  animaux.  Pour  purifier  davantage  lefucre^ 
on  y  jette  ,  pendant  l'ébullition ,  une  forte  leiTive  de 
cendres  de  bois  &  de  chaux  vive ,  &  on  écume  conti- 
nuellement ;  enfuite  on  paiTe  la  liqueur  au  travers  d'une 
étofle  de  gros  drap  blanc  ;  d'autres  fois ,  on  tranfvafe 
feulement  la  liqueur  ,  à  différentes  reprifes.  C'eft  dans 
l'art  d^enivrer  ou  purifier  ainfi  le  vefu  que  confifle  l'art 
du  manufadurier  ;  car  trop  de  cendres  le  grille,  6c  trop 
de  chaux  le  rougit  ordinairement.  Le  marc  fert  en 
quelques  endroits  à  nourrir  ou  les  efclaves  ou  les 
pourceaux  ;  d'autres ,  en  y  mêlant  de  l'eau  &  le 
laifTant  fermenter  ,  en  font  une  liqueur  vineufe  :  on 
fait  bouillir  de  nouveau  cette  liqueur  vefou  ;  on  ap- 
paife  l'impétuofité  des  bouillons  en  verfant  quelques 
gouttes  d'huile  ou  de  fuifila  plus  petite  quantité  de 
fuc  acide  empêcheroit  le  fucre  de  fe  criflallifer  6c 
de  prendre  une  confilfance  folide.  On  verfe  la  liqueur 
encore  chaude ,  dans  des  moules  de  terre  en  forme 
de  cônes  creux,  (ce^  moules  doivent  avoir  été  humedés 
auparavant  par  Peau  ,  &  cerclés  aux  deux  extrémités)  : 
ouverts  par  les  deux  bouts ,  6c  dont  le  petit  trou  qui 
efl  à  la  pointe ,  efl  bouché  avec  du  bois  ,  ou  de  la 
paille  ,  ou  du  linge  mouillé.  Les  Caraïbes  appellent 
canlcke-ira ,  le  JUS  de  la  canne ,  le  firop  i  6c  choucre-^ 
le  fucre. 


C    A    N       _  (Ç7, 

Toutes  les  cpérations  que  l'on  fait  dans  îa  pré- 
paration du  fucre  6c  dans  l'art  de  le  raffiner ,  tendent  à 
débarraffer  Se  purger  ce  fel  eilentiel  d'un  fuc  mielleux  ^ 
qui  lui  ôte  la  blancheur  ,  la  iolidité ,  la  finefle  &  le 
brillant  du  grain  qu'on  lui  procure  en  le  bradant  à 
droite  &  à  gauche  avec  \ine  palette.  On  ouvre  eniiiite  ^ 
au  bout  de  quelques  jours  ,  le  petit  trou  pour  donner, 
écoulement  au  llic  mielleux.  On  verlé  l'ur  la  partie 
fupérieure  du  cône  une  bouillie  claire  ,  faite  avec  de 
la  terre  blanche  argUeufe  détrempée  dans  de  l'eau. 
Ce  menftrue  le  charge  d'une  fubllance  glutineufe  de 
îa  terre  ,  &  paiTant  à  travers  la  malîe  du  fucre ,  lave 
les  petits  grains  &  les  purifie  du  fuc  mielleux.  Au 
bout  de  quarante  jours  ou  environ  ,  le  fucre  eft 
defîéché. 

Celui  qui  eft  en  morceaux ,  de  couleur  roufTe ,  s'ap* 
pelle  alors  fucre  terré  rouge  ou  de  Chypre  :  il  eft  pur- 
gatif. S'il  eii  d  une  couleur  grife  ,  blanchâtre ,  &  en 
morceaux  friables  ,  il  prend  le  nom  de  mofcouadç 
moyenne  :  c'efl-là  la  matière  dont  on  fait  toutes  les 
autres  efpeces  de  fucre.  Lorfque  la  mofcouade  a  fubi  de 
nouveau  à  peu  près  les  mêmes  opérations  dont  nous 
venons  de  parler ,  elle  ell  purifiée  de  fuc  mielleux  ;  & 
c^eft  alors  de  la  cafjonade  ou  cafonade  ,  dont  la  meil- 
leure efl  blanche ,  lèche ,  aya.ot  une  odeur  de  violette. 
La  caffonade  purifiée  elle-même  par  les  mêmes  moyens 
que  ci-defTus  ,  ou  par  les  blancs  d'oeuf,  ou  par  le 
fang  de  bœuf,  donne  le  fucre  raffiné ,  le  fucre  fin  ou 
le  j'ucre  royal  ,  ainii  nommé  parce  qu'on  n'en  peut 
faire  de  plus  pur ,  de  plus  blanc  ,  ni  de  plus  brillant. 
Ce  fucre  étant  très-fec  &  frappé  avec  le  doigt ,  pro-^ 
duit  une  forte  de  fon  ;  frappé  ou  frotté  dans  l'obfcu- 
rité  avec  un  couteau ,  il  donne  un  éclat  phofphorique  : 
douze  cents  livres  de  bon  fucre  ne  doivent  produire 
que  iix  cents  livres  de  fucre  royal  ;  aufîi  la  plupart  des 
RafFmeurs  &  des  Marchands  font-ils  pafTer  le  plus  beau 
fucrs  raffiné  pour  Jucre  royal ,  ovi  au  moins  pour  du 


67i  C     A     N 

demi-royal.  La  llc|ueiir  mielleiife  qui  découle  des 
meules  ,  ne  peut  s'épaiiîir  que  jufqu'à  la  confiftance 
de  miel  ;  c'efl:  pourquoi  on  l'appelle  vùd  de  fucre , 
remet  ^  &  plus  communément  melaîje  ou  doucette.  Quel- 
ques-unb  la  font  fermenter  avec  de  l'eau  &  en  retirent 
une  liqueur  vineufe  qui ,  diftillée  ,  donne  une  eau- 
de-vie  nommée  tafia,  Lç:  fucre  candi  n'ell  que  à\\  fucn 
fondu  à  diverfes  tois  &  criflallilé  :  il  y;  en  a  du  blanc 
&:  du  rouge. 

Il  fe  fait  en  Hollande  un  commerce  très-confidé- 
table  àe fucre  de  toutes  fortes,  fpécialement  des  Indes 
Orientales ,  du  Bréfii ,  des  Barbades ,  d'Antigoa  ,  de 
Saint  -  Domingue  ,  de  la  Martinique  &  de  Surinam. 
Le  fucre  du  Bréfil  eft  moins  blanc ,  plus  gras  &  plus 
huileux  que  celui  àes  Barbades  ,  de  la  Jamaïque  &  de 
Saint-Domingue.  La  majeure  partie  desfucres  arrivent 
préfentement  tout  raffinés  ;  au  lieu  qu'autrefois  ils 
venoient  bruts  en  France  ,  Se  on  les  raffinoit  à  Dieppe 
&  à  Orléans.  Cn  regarde  comme  une  faute  commune 
aux  Anglois  6c  aux  François  d'avoir  foufFert  des  raffi- 
neries de  fucre  dans  les  colonies  qui  le  produifent  ; 
car  pour  tirer  le  plus  grand  avantage  poiTible  des 
colonies  de  l'Amérique  ,  il  faut  les  mettre  dans  le 
cas  de  ne  fe  pouvoir  paffer  ni  des  fabriques ,  ni  des 
denrées  de  l'Europe. 

Quoi  qu'il  en  foit ,  des  fucres  qui  fe  raffinent  encore 
en  France  ,  celui  de  l'affinage  d'Orléans  paffe  pour  le 
meilleur  ;  il  eft  moins  blanc  que  ceux  de  Hollande  & 
d'Angleterre  ;  mais  il  fucre  davantage  ,  parce  qu'il  efl 
moins  dépouillé  de  (es  parties  mielleufei  &i  viiqueufes. 
On  remarque  la  même  différence  entre  la  cajfonade 
comparée  mi  fucre  raffiné  ^  &  même  entre,  la  manne 
grafle  6c  la  manne  en  larmes.  Le  fucre  qui  vient  d'E- 
gypte par  la  voie  du  Caire  ,  paile  pour  être  plus  doux 
&  plus  agréable  que  celui  d'Amérique. 

Cependant  on  ne  fait  uiage  en  Europe  que  du  fucre 
d*Amérique  ,  6c  on  l'apporte  préfentement  en  û  grande 

qua.ntité^ 


C    A    N         ^  (S75 

quantité ,  qu'on  le  met  parmi  les  premières  marchan- 
difes  de  ce  nouveau  Monde.  Il  eil  étonnant  de  voir 
combien  l'on  confume  de  fucre  dans  les  ciiifmeii 
&  dans  les  Pharmacies  :  il  n'y  a  point  d'alimens 
agréables ,  s'ils  ne  font  aiTaifonnés  de  fucre ,  fur-tout 
dans  les  deiïerts  ;  c'ell  ce  qui  a  donné  naifTance  à 
im  nouveau  genre  d'Artifles,  (les  Confifeurs)  incon- 
mis  aux  Anciens. 

L'ufage  m.odéré  du  fucn  peut  être  très-utile  ;  car  il 
engraiffe  ,  adoucit  ce  qui  eil  acre  ,  émouffe  les  acides, 
rend  plus  doux  ce  qui  efl:  âpre  &  préferve.  les  fruits 
de  la  corruption  ,  &c.  Un  petit  morceau  de  fucre  à  la 
iin  d'un  repas ,  après  avoir  beaucoup  m.angé ,  aide  la 
digeffion,  &  arrête  communément  le  hoquet.  I^q  fucre. 
fondu  dans  de  l'eau-de- vie  ,  eft  un  très-bon  vulné- 
raire ,  &u*cfiile  à  la  pourriture.  Le  fucre  candi  ou  crif- 
lallifé  réduit  en  poudre  &:  foufflé  dans  les  yeux , 
diilipe  la  taie  de  la  cornée.  M.  Bourgeois  dit  que  le 
ficre  canarie  broyé  fur  une  afîiette  d'étain  avec  un 
morceau  de  plom.b  jufqu'à  ce  qu'il  ait  acquis  une 
couleur  d'un  gris-cendré  ,  efî  beaucoup  plus  efficace 
pour  cette  maladie.  Le  fucre  entre  dans  les  firops  , 
les  marmelades,  les  éleûuaires  ,  les  tablettes  ,  &:  les 
liqueurs  &  ratafias. 

Les  Anciens  retiroient  un  fucre  naturel  du  bambou  , 
efpece  de  rofeau  de  l'Inde  Orientale ,  appelé  mamba. 
ou  hamho'è ,  dans  la  Province  de  Malabar.  Ce  bambou 
eil  le  tahaxir  à'^vicenne  ,  que  Juha  dit  croître  dans 
les  îiles  Fortunées  ou  Canaries ,  &  produire  du  fucre. 
On  retire  auffi  une  efpece  de  fucre  gras  &  brunâtre 
de  l'érable  de  Canada;  Foyei  Érable  &  Bois  de 
Bambou.  On  efl  parvenu  à  retirer  auffi  dai  fucre  de 
plufieurs  autres  plantes ,  telles  que  la  bette-rave  &  le 
chervi.  Il  y  a  en  lilande  une  efpece  d'algue  dont  on 
retire  une  forte  de  fucre;  Voyez  Algue.  On  retire  de 
i'apocin ,  dans  les  pays  chauds  ,  une  efpece  de  nian/ie 
ou  de  fucre  nommé  aihajjer.  Voyez  Apocîn. 
Tome  IL  V  y 


(Î74  C    A    N 

Il  paroît  encore  par  la  tradition  ,  que  les  Anciens 
ont  connu  un  fiicre  qui  naiffoit  dans  l'Arabie  ;  ce 
fucre  eft  nommé  par  Archigem  ,  lel  Indien.  Strabon  , 
Lucaïn  ,  Séncquc  ,  Gallen ,  PUnc  &  Diofcorïâe  en  ont 
également  fait  mention  ;  mais  comme  ils  l'ont  décrit 
avoir  toujours  été  mielleux  ,  peut-être  n'étoit-ce  que 
le  fuc  extrait  du  fruit  q^xq  porte  le  carmbur\  peut- 
être  auiîi  n'étoit'ce  que  la  manne  ,  ou  le  miel  y  ou  le 
fucre  du  rofeau  en  arbre.  Voyez  ces  mots. 

Nous  ignorons  fi  qç:  fucre  avoit  bien  la  qualité  du 
nôtre  ;  étoit-il  auiîî  favoureux ,  aiifîi  propre  à  nourrir  ; 
en  \\r\.  mot ,  étoit-il  inflammable  &:  lufceprible  de 
phofphorefcence  ,  comme  le  fucre  des  Modernes  ? 

On  cultive  dans  quelques  jardins  l'efpece  de  canne 
à  fucre  appeîéeyl'cr^  de  Ravenne  ,  Saccharum  Ravennœ  , 
Murr.  'è'^o  '^  Gramen  panïculatum  arundinacemn  ramojuîji^ 
panïculâ  dznsâ  fericcd  y  Tourn.  523.  Cette  plante 
vivace  eft  auiîi  de  l'ordre  des  Graminées  ;  fa  tige  eft 
ime  efpece  de  rofeau  haut  de  trois  à  quatre  pieds  , 
ferme  ,  fouvent  rougeâtre  vers  fon  fommet  ;  les  feuilles 
font  longues  d'un  pied  ,  larges  de  trois  à  quatre  lignes , 
ftriées  &  garnies  d'une  nervure  blanche  ;  les  fleurs  en 
panicule  rameux  ,  de  fix  à  huit  pouces ,  im  peu  Q.Qn{e  ; 
la  balle  fert  de  calice  ;  elle  eft  velue  en  dehors  ,  ce  qui 
diilingue ,  dit-on  ,  les  fucres  des  rofeaux.  Cette  canna- 
mellz  de  Ravenne  fe  trouve  en  Italie,  en  Provence  & 
dans  l'Efpagne ,  fur  le  bord  des  niilTeaux  Ck  dans  les 
lieux  marécageux. 

On  diilingue  encore  :  La  cannamellefpontanée^àes  lieux 
aquatiques  du  Malabar  ,  Saccharum  ffontaneum ,  Linn.  ; 
Kcrpa.  ;  Rheed.  Mal.  La  cannamelU  de  Tènlriffe .,  Linn. 
fils.  La  cannamelle  à  éui  cylindrique  &  droit ,  du  Levant  , 
de  l'înde  ck  des  contrées  Méridionales  de  la  France, 
Gramen  tomentofum  fpicatum ^  Bauh.  Pin.  4  ;  Tourn.  518. 
La  cannamelle  à  épi  plumeux  &  pourpré  ,  de  Madras  , 
Tsjeria-kurbi'-pullu  ,  Rhecd.  Mal.  La  cannamelle  à  p-^.t 
de  punis ,  des  Indes  Orientales, 


C    A    N  67.5 

Canne  Bamboche.  Foye^  Bois  de  bambou. 

Canne-Congo.  A  Cayenne  on  donne  ce  nom  à 
une  elpece  de  roieaii  qui  elt  le  Jinoiirou  de  Barrcrc  , 
7.  Alpïna  fpicata  purpurca  cannacorï  foUis ,  ablctis  conuni 
ufirens^  Bcirr.  Eff.  p.  7;  Jacuanga^  Piibn  1648,  98; 
P^co  càotinga  ,  Pii'.  1658  ,  214;  c'eft  Canachiri  ài^s 
Caraïbes  :  fa  fleur  efî:  d'une  feule  fc-uille  ;  le  calice  , 
qui  dans  la  fuite  devient  le  fruit ,  eil  enveloppé  avec 
la  fleur  dans  une  efpece  d'étui.  Le  fuc  exprimé  de  la 
îacine  de  celte  plante  ,  bit  en  guife  de  tifane  matin  &: 
Ibir  5  s'emploie  avec  fuccès  dans  le  pays  pour  la  gué- 
iiibn  des  aphtes^   Malfon  Ruft»   à  Vufagz   de   Cayenne. 

Canne  ou  Jonc  a  écrire  ,  Calamus  fcrïptorlus  y 
aut  Arundo  fcrlptoria.  Nom  donné  à  une  elpece  de 
rofeau  dont  on  fait,  dans  une  grande  partie  du  Levant^ 
àit^  liylets  pour  écrire  fur  le  parchemin  ou  fur  le 
papi.r. 

En  Italie  on  donne  le  nom  de  canu,e  à  une  efpece 
de  rofeau  dont  on  fe  fert  au  lieu  de  dofTes ,  pour  garnir 
les  travées  entre  les  cintres  dans  la  conftruclion  des 
voûtes.  Les  payfans  s'en  fervent  auiTi  pour  couvrir 
leurs  niaifons.    AVk^{  à  l'article  R.OSEAU. 

Canne  d'Inde.   Foye^  Balisier. 

CxiNWE  iMARONE,  (Seguine).  Nicolfon  dit,  dans  fon 
ÉJjdifur  rHlJl.-Naturi  de  Saint-Domingue^  que  «  cette 
»  plante  ne  doit  pas  être  confondue  avec  la  canne 
>>  dUndi ,  ni  avec  la  canne  de  rivière  dont  parle  Jacquin 
y»  au  mot  Alplnla,  Sa  tige  efl  ronde ,  droite ,  articulée , 
»  divifée  par  des  nœuds  peu  éloignés  les  uns  <les  autres , 
»  d'un  pouce  de  diamètre,  haute  de  cinq  à  fix pieds,  re- 
»  vêtue  d'ime  pellicule  verte ,  jaunâtre ,  mince ,  coriace  , 
»  remplie  d'une  pulpe  blanche ,  fpongieu{e,  fucculente , 
»  extrêmement  mordicante ,  qui  fait  fur  les  étoffes  &: 
»  fur  le  linge  ,  une  tache  qu'on  ne  peut  effacer;  {^s. 
»  feuilles  font  larges  ,  très-pointues  ,  longues  ,  liffes , 
»  d'un  vert  foncé,  aflez  femblables  à  celles  d'un  jeune 
>i  bananier  ;  le5   anciennes  fe  fanent ,  &  tombent  à 

V  v   2 


(Î7<î  .  C    A    N 

»  mefiire  qii'll  en  pouffe  d'autres.  Il  s'eîeve  du  centre 
>>  de  la  tige  un  corps  cylindrique ,  alongé ,  qui  efl  le 
^>  fruit  de  cette  plante.  On  n'y  remarque  ni  corolle , 
M  ni  filets ,  ni  piilil ,  mais  feulement  des  anthères  &i 
»  plufieurs  nectaires  difpofés  autour  du  fniit.  Cette 
M  plante  croît  fur  le  bord  des  étangs  ,  des  rivières  Se 
M  dans  les  endroits  marécageux.  C'eft  vm  poifon 
»  violent.  Quelques  habitans  la  font  entrer  dans  la 
»  compofition  d'une  leffive  qui  fert  à  purifier  hficre». 

Canne  FÉTIERE-  ou  canne  pétracc  ou  canne  pkroitc» 
C'efi  la  petite  outarde. 

Canne  de  Tabago.  Voyc:^  â  rartkk  CccoTiER  de 
Guinée. 

CANNEBERGE ,  ou  Coussinet  des  ?^arais  ; 
Oxy caecum  ,  Tourn.  431  ;  Vacc'miiim  ^  oxyccccos  , 
Linn.  500.  Cette  plante  qui  rampe  fur  la  terre,  croît 
dans  les  marais ,  &  fes  tiges  îrè:>-déliées ,  filiformes  , 
rameufes  cC  étalées  fur  la  terre ,  perfiftantes  l'hiver , 
font  garnies  de  feuilles  affez  femblables  à  celles  du 
ferpolet ,  petites ,  ovales  ,  oblongues  ,  un  peu  roulées 
en  leur  bord  ;  elles  portent  des  fleurs  purpurines , 
moncpétaîes  ,  découpées  en  quatre  parties  ,  aux- 
quelles fuccedent  des  baies  rondes  ou  ovales ,  piquetées 
de  points  rouges  ^  &:  ornées  d'un  ombilic  purpurin  en 
croix;  leur  goût  aigrelet  les  rend  déterfives  &  aflrin- 
'gentes ,  &  M.  Halhr  dit  qu'on  les  mange  dans  le  Nord 
après  qu'elles  ont  éprouvé  la  gelée.  Cette  plante  efl 
du  genre  des  Airelles. 

CANNELLE,  Clnnamcmum.  C'eil la  féconde  écorce 
d'un  petit  arbre  appelé  cannellier  ,  lequel  efl  très- 
comniun  dans  l'Ifle  de  Ceylan  ;  il  y  eft  nommé  par  les 
Naturels  du  pays ,  Kurundu.  On  en  cultive  maintenant 
dans  nos  colonies  en  Amérique  ,  mais  en  très-petite 
quantité.  Les  Naturalifles  le  nomment  Laurus  cïmiamô" 
mum  ,  feu  Cannella  Zeylanica  ,  C.  B.  Pin.  408  ;  Cafjîa 
cinnamomea^WoxX.  Lugd.  Bat.  129.  CinnamomuirAx^^niti'^ 
aufîi  arbre  odorant  de  la  Chine,  Cet  arbre,  que  Linnms 


C     A    N  &iy 

idéligne  aînfi,  Laurus  folïis    ohlongo-ovads  ^trlncrviis  y 
niticiis  ,  planïs  ,  croît  à  la  hauteur  de  trois  ou  quatre 
toifcs  ;  fes  racines  font  groffes ,  fîbreufes  &:  couvertes 
cî'une  écorce  qui  a  une  odeur  de  camphre  ;  le  bois  en 
efl  dur ,  blanchâtre  &  fans  odeur  ;  le  tronc  ell  cou- 
vert ,  aUiîi  bien  que  les  branches  qui  font  en  grand 
nombre  ,  d'une  écorce  qui  eil  verte  d'abord  &:  qui 
rougit  enfuite  avec  le  temps.  Le  bois  reffemble  à  celui  de 
la  racine  ;  fes  feuilles  ,  aflez  femblables  à  celles  du  lau- 
rier &  du  malabathrum  ,  en  différent  par  leur  odeur  de 
cannelle.  Cet  arbre  porte  des  ileurs  petites  ,  étoilées  , 
blanchâtres  5  à  fix  pétales ,  &  difpofees  en  gros  bouquets 
à  l'extrémité  des  rameaux  :  elles  ont  une  odeur  admi- 
rable , .  &:  qui  fe  fait  fentir  en  mer  à  plufieurs  milles 
de  diftance  du  rivage ,  lorfque  le  vent  (buffle  de  terf e. 
Aux  Heurs  fuccedent  des  baies    ovales  ,  loîigues  de 
quatre  à  cinq  lignes ,  d'un  brun-bleuâtre ,  tachetées  de 
points  blanchâtres ,  &  qui  contiennent ,  fous  une  pulpe 
verte  ^  onQueufe  ,  aftringente  &  aromatique ,  un  petit 
noyau  caiîlmt  qui  renferme  une  amande  de   couleur 
purpurine.   Dans  la  faifon  cii  la  fève  efï  abondante  ^ 
&  oii  les  arbres  commencent   à  fleurir  ,  on  détache 
î'écorce  des  petits  canndlkrs  de  trois  ans  :  on  jette 
l'écorce  extérieure  qui  eil  épaiffe ,  grife  &;  raboteufe. 
On  coupe  par  lames ,  longues  de  trois  à  quatre  pieds, 
l'écorce  intérieure,  (l'intermédiaire,  entre  l'épiderme 
&;  le  hber  )  qui  eil  mince  ;   on  l'expofe  au  foleil , 
oc  elle  s'y  roule  d'elle-même  de  la  groiTeur  du  doigt  ; 
fa  couleur  eft  un  jaune-rcugeâîre  ;  ion  goût  eil  acre  , 
piquant  ,   mais   agréable  &;   arom.atique  ;    fon  odeur 
eil  très-fuave  &  très-pénétrante.   L'âge  des  arbres  „ 
leur  poiition,  leur   culture  ,    les  diverfes  parties   de 
l'arbre  dont  on  retire  la  canndk  ,  en  font  diilinguer  trois 
fortes  :  la  fine  ,  la  moyznnz  6c  la  groffzere.   La  canmlk 
la  plus  vantée  eil  celle  que  les  Naturels  du  pays  ap- 
pellent vafcz  comnde.  Après  qu'on  a  enlevé  la  cannelle  , 
i'a-'bre  reile  nu   pendant   deux  eu  trois  ans  :  enlin. 


678  C     A    N 

au  bout  de  ce  temps  ,  le  canmllUr  fe  trouve  revêtu 
d'une  ncuvelle  écorce ,  &  eil  propre  à  la  même  opé- 
ration. M.  Foivre ,  qui  dans  Ion  voyage  aux  Indes 
Orientales ,  a  été  en  Cochinchine ,  nous  apprend  qu'il 
s'y  trouve  ,  quoique  en  petite  quantité ,  une  cannelle 
fupérieure  à  celle  du  Ceylan ,  &  que  les  Chinois 
payent  trois  ou  quatre  fci>;  plus  cher  que  celle  que 
les  Hollandois  leur  apportent. 

Toutes  les  parties  du  canndllcr  font  utiles  :  fon 
écorce ,  fa  racine  ,  fon  tronc  ,  fes  tiges  ,  fes  feuilles  , 
fes  fleurs  &:  fon  fruit.  On  en  tire  des  eaux  diflillées , 
des  fels  volatifs  ,  du  camphre  ,  du  fiûf  ou  de  la  cire , 
àt^  huiles  précieufes  :  Ton  en  compofe  des  firops ,  des 
pallilles  ,  des  eiiehces  odoriférantes  ,  d'autres  qui  con-^ 
vertiffent  en  hypocras  toutes  fortes  de  vins ,  ou  font 
la  baie  de  ces  épices  fuaves  qui  entrent  dans  la  con- 
fe£i:on  de  nos  ragoûts  :  en  un  mot ,  le  canndlkr  eft 
le  roi  des  ar]}res  à  tous  ces  égards  ;  &  c'eit  ce  qu'on 
peut  prouver  par  les  détails  fuivans. 

On  retire  d'une  livre  de  canndlz  ,  lorfqii'elle  eft 
récente  ,  plus  de  trois  arcs  d'huile  eUentielle  ;  mais 
très-peu  lorfqu'elle  eiî:  vieille.  Auffi  l'huile  de  canndk^ 
que  vend  la  Compagnie  Hollandoife  ,  eft-elle  difiillée 
à  Ceylan  ou  à  Batavia.  Com.me  cette  huile  efl  d'un 
bon  débit  ,  &  qu'elle  vaut  jufqu'à  70  &:  90  livres 
l'once  ,  on  la  falfifie  quelquefois  en  la  mêlant  avec 
l'huile  de  girofle  ,  ou  mieux  encore  avec  l'huile  de 
ben  :  l'excellence  de  fon  parfum  la  fait  employer  dans 
les  mélanges  d'aromates ,  qu'on  ^omme  pots-pourris^ 
Les  Chingalois  l'emploient  comme  flomachique  ^l  en 
oignent  leurs  bougies  pour  parfumer  leurs  appartemens^ 
Du  coton  trempé  dans  cette  huile  efTentielle  de  canndk  ^ 
&  mis  dans  le  creux  des  dents  lorfqu'clles  font  mal , 
appaife  les  douleurs,  parce  qu'elle  deiToche  &  brûl? 
le  nerf  par  fon  âcreté  cauiiique.  Rien  de  plus  agréable, 
ni  de  plus  admirable  pour  animer  ,  échauffer  &  fortifier 
tçvU  d'un  cou.p  1^  machine ,  tjue  ccîle  huile  piife  avec 


C    A    N  679 

du  fiicre.  Les  femmes  froides  de  la  Géorgie  &  de 
Goa  ,  &c.  en  font  ufage  avec  fuccès.  Cette  huile 
eiîentielle  de  l'écorce  du  canmWxr  va  au  fond  de  l'eau , 
quand  elle  efl  pure  :  il  la  faut  garder  dans  un  flacon 
hermétiquement  bouché  ;  &:  l'on  a  obfervé  que  la 
plus  grande  partie  s'efl  quelquefois  transformée  en  un 
iel  qui  a  les  vertus  de  la  cannelle  ,  &  qui  fe  difTout 
dans  l'eau.  On  retire  aulîi  par  la  diriillation  de  l'écorce 
de  la  racine ,  une  huile  &  un  fel  volatil  ou  camphre. 
L'huile  efl  d'un  goût  fort  vif;  elle  fe  diffipe  aifé- 
taQnt  :  fon  odeur  tient  le  milieu  entre  le  camphre  &c 
la  cannelle.  Elle  eft  employée  extérieurement ,  aux 
Indes  ,  dans  les  rhumatifmes  6c  dans  les  paralyfies  ; 
on  l'y  donne  intérieurement  broyée  avec  du  fucre 
pour  provoquer  les  fueurs  ,  les-  urines  ,  &  chalTer  les 
vents.  Le  camphre  de  la  cannelle  çû  très-blanc  :  il  a 
ime  odeur  beaucoup  plus  douce  que  le  camphre  ordi- 
•  naire  ;  il  eft  très-volatil  ,  s'enflamm.e  très-prompte- 
ment,  &c  ne  laiiTe  point  de  réfidu  après  avoir  été 
brûlé.  Les  Indiens  efliment  ce  camphre  le  meilleur 
dont  on  puiiTe  faire  ufage  en  Médecine  ;  on  le  garde 
avec  foin  &i  on  le  defline  pour  les  Rois  du  pa^'s ,  qui 
le  prennent  comme  un  cordial  d'une  efficacité  peu 
commune.  On  obtient  ,  par  la  diilillation  des  feuilles 
du  cann.ll'.er ,  une  huile  à  odeur  de  girofle  ,  d'abord 
trouble  ,  mais  qui  s'écîaircit  bientôt  &  acquiert  pref- 
que  les  mêmes  propriétés  que  celle  de  l'écorce  ;  cette 
huile  paffe  dans  le  pays  pour  un  correctif  des  violens 
purgatifs.  On  fait  ufage  des  feuilles  dans  les  bains 
aromatiques.  L'eau  diftillée  des  fleurs  de  cannelU  a  une 
odeur  des  plus  agréables.  On  s'en  fert  pour  ranimer 
les  efprits  ,  pour  adoucir  la  mauvaife  haleine  ,  &: 
pour  donner  du  parfum  &  de  l'agrément  à  différentes 
fortes  de  mets  :  on  en  fait  aufu  une  conferve  d'un 
trè:,-bon  goût.  Les  fruits  donnent  deux  fortes  de  fub- 
flances  ;  on  en  tire  par  la  diflillation  une  huile  effentielle 
dont  l'odçur  tient  du  girofle  ;  du  genièvre  6c  de  la 

Vv  4 


'68o  -     C    A    N     ^ 

cannelle  :  par  la  décoction  on  en  tire  une  efpec^  de 
graiffe  d'une  odeur  pénétrante ,  de  la  couleur  &;  de 
la  confiilance  du  fuif ,  &  qu'on  met  en  pain  comme 
le  favon.  La  Comnasinie  des  Indes  Orientales  Hollan^ 
doile  nous  l'apporte  fous  le  nom  de  cire  Je  cannelle^ 
parce  que  le  Roi  de  Candy  ,  Province  du  Mogoliilan , 
en  fait  faire  fes  Bougies  &  fes  flambeaux  ,  qui  rendent 
une  odeur  très-fuave  ,  &  font  réfervés  pour  fcn  ufage 
&  celui  de  fa  Cour.  Elle  fert  d'un  remède  intérieur  6c 
extérieur  chez  les  Indiens  ,  foit  pour  les  contufions , 
foit  dans  les  onguens  nervins.  Quelques  Voyageurs 
prétendent  ou'on  en  fait  aujo\u"d'hui  une  excellente 
pommade  oaorante  pour  nettoyer  &  adoucir  la  peau , 
pour  les  petits  boutons  ,  les  gerçures  ,  les  enge- 
lures ,  tkc, 

Dans  les  vioix  troncs  du  canmlller  ,  il  y  a  des 
nœuds  réfmeux  qui  ont  l'odeur  du  bon  bois  de  rofe. 
Nos  Ebcniftes  pourroient  en  tirer  parti  pour  certains 
ouvrages. 

En  Europe ,  la  cannelle  &c  toutes  les  fubilances  qu'on 
€n  retire ,  données  à  propos  ,  font  un  excellent  effet , 
comme  cordiaux  &  flomachiques  chauds  ;  mais  leur 
ufage  trop  long- temps  continué  5  difpofe  à  l'inflamma- 
tion :  un  peu  de  cannelle  dans  une  médecine  ,  en  corrige 
le  mauvais  goût  ,  oL  prévient  les  flatuofités  &:  les 
tranchées. 

Les  Ilollandois  font  prefque  parvenus  à  faire  feuls 
le  commerce  de  la  cannelle ,  ainfi  que  celui  du  ^irojh 
&  de  la  mufcade  ,  en  conquérant  fur  les  Portugais  , 
d^'un  côté  ,  les  iHes  Moluques ,  qui  produifent  feules 
le  girofle  (  Voye^  Girofle  )  ,  &:  de  l'autre  ,  l'îfle 
de  Ceylan ,  autrefois  Taprobane  ,  feule  féconde  en 
canndU.  Les  ^oUandois  ,  poyu  fe  rendre  maîtres  exclu- 
fivementdu  commerce  de  cette  écorce  precieufe ,  après 
avoir  chaffé  les  Portugais  de  Ceylan  ,  conquirent 
encore  fur  eux  le  Royaume  de  Cochin  fur  la  côte  de 
Malabar,  pQvir  leur' enlever' fe  comiriefç^  d'une  can-. 


^.    ^      C    A    N  ^  6Si 

mile  qui  croiffolt  dans  ce  pays ,  &C  qu'ils  vendoient 
fous  le  nom  de  cannelle  Portugaife  ,  cannelle  fauvagc 
ou  cannelle  gr'ife.  La  première  chofe  qu'ils  firent  après 
cette  conquête  <»  fut  d'arracher  cette  cannzlk  (auvagc. 

Toute  la  cannelle  dont  les  Holîandois  fcurniflent  les 
deux  hémifpheres ,  fe  récolte  dans  un  efpace  d'environ 
quatorze  lieues  ,  le  long  des  bords  de  la  mer  à  Ceylan. 
Cet  endroit,  qui  porte  le  nom  de  champ  de  la  cannellz^ 
eft  depuis  Negambo  jufqu'à  Gallieres.  Ils  ne  laiilent 
croître  qu'une  certaine  quantité  de  ces  arbres,  &  ont 
im  grand  foin  de  faire  arracher  de  temps  en  temps  une 
partie  des  cannellïers  qui  croiffent  fans  culture  ^  ou 
même  ceux  qui  feroient  cultivés  ailleurs  que  dans 
certains  diflrids  de  l'ïfle ,  fâchant  par  une  expérience 
de  plus  de  cent  vingt  ans  ,  la  quantité  de  cannelle  qu'il 
leur  faut  pour  le  com.merce ,  ck  perfuadés  qu'ils  n'en 
débiteroient  pas  davantage  ,  quand  même  ils  la  don- 
neroient  à  meilleur  marché.  On  eilime  que  ce  qu'ils 
en  apportent  en  Europe  va  à  iix  cents  mille  livres 
pefant  par  an,  &  qu'ils  en  débitent  à-peu-près  autant 
dans  les  Indes.  Il  s'en  conlbmme  une  grande  quantité  en 
Amérique ,  particulièrement  au  Pérou ,  pour  le  cho- 
colat dont  les  Efpagnols  ne  peuvent  fe  paffer.  Telle 
eil  l'hiiloire  abrégée  de  la  cannelle ,  ce^tréfor  de  luxe 
6c  de  commerce ,  qui  de  fuperflu  eft  devenu  nécelTaire. 
Nous  donnerons  à  l'article  Muscade  ,  un  détail  de 
ce  que  les  Holîandois  font  en  Europe  quand  la  récolte 
de  la  cannelle  ,  du  projle  &  de  la  miifcade  a  été  mé- 
diocre, &  quand  elle  a  été  abondante. 

Cannelle  blaîsîche  ou  Cannelle  du  Pérou, 
Cojlus  conicofus.  C'eil  la  deuxième  écorce  du  canndlier 
propre  à  l'Amérique  ,  Cinnamomum  Amerïcammi  ,  can^ 
nella  P émana  ^  C.    B.  ;    Cafjîa  cinnamomea  ^  Pluk. 

Elle  eil  nommée  dans  l'Ifle  des  Tortues  &  à  Saint- 
Domingue  ,  cannelle  bâtarde  poivrée  :  elle  efl  en  gros 
rouleaux  épais,  d'un  blanc  fale-,  d'une  odeur  aro- 
pîaticjuej  à  d'un  goût  qui  tient  dç  la  camielle  3  du 


682  C    A    N 

girofle  &c  du  gingembre.  L'on  prétend  ,  fans  fon- 
dement ,  que  l'arbre  qui  la  porte  eft  le  même  que 
celui  qui  donne  le  caffia-lignea  ,  dont  le  goût  eft 
diîFcrent  (  f'^ojc:^  ce  mot  ) ,  mais  qui ,  tranfplantë  dans 
la  Jamaïque  ,  a  beaucoup  changé.  Ce  même  arbre , 
que  M.  Linnœus  range  parmi  les  efpeces  de  laurur  ^ 
&  M.  Adanfon  dans  l'ordre  des  garous ,  eit  aujour- 
d'hui cultive  dans  les  Terres  Magellaniques ,  où  il  efl 
appelé  ,  comme  à  Madagaicar  ,  jimpi,  C'eft  de  cet 
arLre  que  découle  la  gomme  alcuchï. 

Quelques-uns  ont  confondu  avec  la  canndU  blanchi 
réccrce  appelée  icom  dz  Wïnur  ^  du  nom  de  GuiUaumc 
Wmte'-  ,  Capitaine  de  vaiiieau  ,  qui  accompagna  , 
en  I  567,  François  Drack  julqu'au  détroit  de  Magellan, 
fans  aller  p-us  loin.  Wïnur  a  découvert  cette  écorce 
fur  les  côtes  de  Magellan  ;  c'efl  le  premier  qui  l'ait 
apportée  en  Europe.  Cette  écorce  avoit  été  fort  utile 
à  tous  ceux  qui  étoient  fur  fon  vaifleau  ;  elle  leur 
avoit  fervi  d'epiçes  pour  leurs  mets  ,  &  d'excellent 
remède  contre  le  fcorbut.  Les  habitans  du  détroit  de 
Magellan  font  toujours  munis  de  ctt  antidote  ,  pour  fe 
prélerver  des  accidens  qui  arrivent  à  ceux  qui  mangent 
imprudemment  de  la  chair  de  lion  marin  ,  ù.  qui  elr  \m 
veau  marin  vénéneux,  ^(Ojy^:^  ces  mots  ;  auiïi  appellent- 
ils  Vkorci  de  Winur ,  écorce  fans  pardlU,  On  la  vend 
encore  quelquefois  dans  la  droguerie  ,  fous  le  nom 
^korce  dz  caryocojlin.  Cette  écorce  efl  roidée  en  tuyaux, 
grifaire  ,  un  peu  fongui  ufe  ,  chargée  de  crevafiés , 
intérieurement  lolide ,  denfe ,  rouflâtre  ,  d'un  goiit  de 
poivre  aromatique  &:  d'une  odeur  pénétrante.  Comme 
ti'e  e(l  fort  rare  en  Europe ,  on  lui  fubftitiie  toujours 
Ja  cannelle  blanche.  Voyez  maintenant  Écorce  de 
\yiNTER. 

La  cannelk  blanche  fert  aux  habitans  de  la  Jamaïque 
dans  les  n^coûts  à  la  place  du  poivre  &  des  clous  de 
girofle  :  fon  u'age  nuit  à  ceux  qui  ont  le  tempérament 
bieux  &:  cciiaLiitç,   On  en  ccnSt  dans  la  verdeur  j 


C     A     N  68> 

alors   on   l'emploie  avec  un  grand  fuccès  contre  le 
icorbut. 

L'arbre  qui  donne  la  canndU  blanche  ne  s'élève  guère  : 
fa  tige  tfl  droite,  peu  greffe .  On  y  diflingue  deux  écorces  ; 
l'une  externe  qui  eft  liile  ,  grifâtre  ;  l'autre  interne 
qui  eft  blanchâtre,  plus  épaifle  que  mince  ,  d'un  goût 
aromatique  &  piquant  ;  ion  bois  ell  dur  ,  pefant  , 
quoique  corruptible  ;  fes  feuilles  fermes  ,  bien  nour- 
ries,  d'un  vert  obfcur,  attachées  par  un  pédicule  au 
fommet  des  tiges  ,  difpofées  par  bouquets ,  garnies  de 
trois  côtes  faillantes  ,  d'une  faveur  de  canndU  ;  les 
fleurs  font  à  cinq  pétales,  de  couleur  pourpre-violet; 
il  leur  fuccede  un  petit  fruit  arrondi ,  très-aromatique. 
Cet  arbre  fe  trouve  dans  les  Ifles  ,  à  Saint-Domingue 
dans  les  mornes.  On  fait  avec  fon  fruit  une  liqueur 
ftomachique  très-agréable. 

Cannelle  DE  la  Chine.  Il  croit  à  la  Chine,  fur 
quelques  montagnes  ,  une  efpece  de  cannelle  de  couleur 
griie ,  qui ,  quoique  plus  épaifTe  &  moins  odoriférante 
que  celle  de  Ceylan ,  ell  cependant  a-iïez  bonne ,  &  croît 
en  allez  grande  quantité  ,  pour  qu'on  n'ait  point  befoln 
à  la  Chine  de  celle  de  Ceylan. 

Cannelle  Giroflée  ou  Cannelle  noire  , 
EcoRCE  DE  Girofle  ,  Bois  de  Girofle  ,  Capelet, 
Bois  de  Grave  ,  ou  Bois  de  Clou  du  Para  , 
Canmlla  caryophyllata,  C'ell:  une  écorce  roulée  comme 
la  cannelle  ,  mais  un  peu  plus  grofie  ,  grifâtre  exté- 
rieurement ,  brune  ,  noirâtre ,  &  comme  rouillée  en 
dedans ,  d'une  légère  odeur  de  girofle.  Sa  faveur  ell 
plus  m.ordicante  ,  &  approche  de  celle  du  girofle ,  ce 
qui  la  fait  nommer  ,  quoique  improprement ,  éccrcc  de 
gircjlc  ^  car  elle  ne  fe  tire  point  de  l'arbre  qui  porte 
le  girofle  ,  m.ais  d'un  autre  que  l'on  ne  connoit  pas 
encore  ,  &  qui  croît  dans  les  Ifles  de  Cuba  &  de 
Madagafcar,  dans  le  Bréfil  &  dans  les  provinces  Mé- 
ridionales de  Guianc  &  de  Maranhon.  Barrerc  ,  France 
MquinaxiaUy  dit  cependant  que  ç'eft  un  fort  cubrifeau 


684  C     A     N 

qui   croît  dans  la  terre  ferme  du  coté  de  la  rlvîefe 
d'Ourapeu  :  Myrtus  arborea  caryophyUi  aromatid  odore , 
BaiT. ,  Eugenhi ,  &  qu'il  a  vu  des  carbets  d'Indiens  faits 
tout  de  ce  bois  ,  qui  eil  aromatique.  C'eil  le  caningua. 
de  quelques  Auteurs.  Les  Indiens  le  nomment  en  leur 
langue  ravmd-fara.  Les  Portugais  appellent  fon  écorce 
canndia  gafofanatà  :  elle  eit  la  bafe   de   leurs    épices. 
Les   Colporteurs    &c  autres    gens  de   mauvaife    foi  ^ 
altèrent  le  clou  de  girofle  en  poudre  avec  cette  écorce, 
qui  eil  à  meilleur  marché.  L'arbre  dont  on  retire  la 
^anntlk    girofiie  ,   porte  des  fruits  de  la  grolTeur  des 
noix  de  galle,  ayant  l'odeur  ^  la  faveur   du  girofle; 
ce  qui  les  a  fait  nommer  improprement  noix  de  girofle  ^ 
ou  noix  de  Madagafcar.  Les  Indiens  les  nomment  vao- 
ravend-fara  ,  &:  par  corruption,-  arahim-jara,  L'écorce 
&  les  fruits  font  céphaliques  ,  flomachiques ,  &  peu- 
vent être  employés  en  aflaifonnement.  Il  efl  parlé  de 
ctXXç:  écorce -dans  la.  Matière  Médicale^  fous  le  nom  de 
Cafje  giroflée.  Voyez  ce  mot. 

M.  de  la  Condamine  dit  que  le  fruit  du  bois  de  Cravc 
cil:  à  peu  près  de  la  groffeur  d'une  olive  ,  &  qu'îl 
entre  dans  la  compofition  de  diverfes  liqueurs  fortes 
en  Angleterre  &  en  Italie.  Le  bois  4e  Grave  ,  dit  cet 
Académicien  ,  eft  fort  commun  au  Para ,  ville  Por- 
tugaife  près  de  la  rivière  des  Amazones  ,  où  les  habi- 
tans  l'appellent  pao  de  cravo,  .C'efî  le  palo  de  clavo 
des   Efpagnois. 

Cannelle   matte.    C'efl:   le  nom  qu'on   donne 

à  l'écorce  des  vieux  troncs  de  cannelliers  /  OC  qu'on 

rejette ,  étant  fort  inférieure  par  fon  odeur  ^  fon  goût 

^  fes  vertus,  à  la  ûxié  cai2ndle.    ,    .  ] 

'Cannelle  FOI  VRÉE..  A^(>y^{  Cannelle  blanche. 

Cannelle  sauvage.  Dans  nos  colonies  Améri- 
-caines  ,  on  donne  ce  nom  à  un  véritable  caundlier 
dont- -  l'écorce  n?a  pas  la  bonté  dé  celle  de  Ceylan  , 
mais  qui  pourra  1  acquérir  par  la  culture ,  c'eil:-à-dire> 
-par-unetranfplaatiition  répétée.    On  dqnne  auffi  Iç 


C    A     N  6S^ 

nom  de  hoîs  de  canndk  à  l'écorce  appelée  camidU 
blanche.  L'arbre  qui  la  donne  efî  le  canndlkr  du  Pérouç 
Voyt7^  Cannelle  blanche. 

CANNELLIER   DE  WINTER.     Voyci   à  Urt'uk 
Cannelle    blanche. 

CANONNIER.  Foye^^  Bombardier. 

CANOT  des  Sauvages,  ou  Pirogue  , Zz;z/£t. 
De  même  que  les  hommes  polices ,  les  Sauvages  ont 
leur  induflrle.    De  fimples  écorces   d'arbres   font  les 
barques  de  ceux-ci  ;  on  les  a  appelés    canots^  parce 
que  lès   Sauvages   ne  s*en  fer  virent  d'abord  que  fur 
des  canaux  qui  communiquoient  à"de'  grands  fleuves; 
Les  crz^o/^  n'étant  point  leiîés,   ils   ont   été    de  tout 
temps   fujets   à  fe   culbuter  :  le  Sauvage  s'en  effraya 
dans  les  premiers  momens  ;  mais  enhardi  par  le  belbin 
&  Tadreife  5   il  apprit  à  fe  jeter  à  l'eau,  à  nager,  à 
braver  èri  quelque  forte  cet  élément ,  &   fut  bientôt 
relever  fa  barque  ,  la  vider  &  la  remettre  à  flot.    Il 
y  a   des   Sauvages  qui  courbent  les   éccrces   d'arbres 
avec  art^  les  aiTujettiffent  ^  leur  donnent  une  forme 
dé  gondole.  Ces  pirogues  font  très-légères ,  elles  n'ont 
que  deux  ou  trois  pieds  de  largeur  t<.  douze  à   qua- 
torze  de   longueur.-  Lorf qu'en  voguant  les  Sauvages 
rencontrent  des  chutes  d'eau,  des  catarades  ,  ils  vont 
abord  pour  defcendre  à  terre:  ils  portent  la  barque 
flir  leurs    épaules  ,  &:  la  remettent  à  flot  au-delà  de  la 
catara£le.  Les  Sauvages  du  détroitde- Davis  &  les  Groen- 
îandois  eonftruifent  des  pirogus-s  qui  flottent  &  V02;uent 
fwu^  les  eaux  avec  une  légèreté  -étonnante ,  &  qui  ne 
-peuvent  jamais  être  fubmergées.  Ces  canots  font  formés 
'd'un  cMlîîs  en  bois  recouvert  '  de   peau  de  chien  de 
mer'ou  'd'iin  autre  cuir  bien  tendu  ;.  ce  font  autant 
de   coiires  longs,  très  -  pointus   par  les  deux   bouts. 
Le  Sauvage  ménage  un  trou  dans  le  ïtiilieu/s'y  place, 
s'y  feeen  fe  fanglant  le  pourtour  du  corps  avec  la 
peku  même  qui  tait  partie  du  canot  ^  en  cet  endroit  ; 
il  mgé  fur  î'eau  comme  uja  balioji^  ^^m  rames  lui 


6È6  C    A    N 

fervent  à  ie  conduire  où  il  veut  ,  6c  à  exécuter  les 
lïîouvernens  ou  les  contre  -  temps  les  plus  brufqiieSrf 
On  le  voit  attaquer  hardiment  les  baleines  à  coups 
de  harpon  ;  fou  vent  d'un  coup  de  queue  la  baleine 
lance  en  l'air  l'homme  6c  la  pirogue ,  qui  retombent 
&i  furnagent  auiïi  -  tôt.  On  voit  de  ces  canots  k 
rAmiraiité  d'Amfterdam  ,  dans  le  Mujkum  de  Londres 
Ôc  ailleurs. 

Les  canots  des  Nègres  de  Guinée  font  des  troncs 
d'arbres  qu'ils  ont  creufés  exprès.  Huit  à  dix  hommes, 
tous  poiuvus  de  rames ,  s'y  tiennent  à  la  file  l'un  de 
l'autre  ;  ils  font  voler  cette  pirogue  fur  la  furface  des 
eaux  avec  tant  de  rapidité ,  qu'vme  chaloupe  ne  peut 
les  fuivre  :  un  bâton  dans  le  milieu  fert  de  mât  ;  des 
nattes  de  jonc  fervent  de  voiles.  Sur  les  bords  du  Sé- 
négal 5  on  fait  avec  le  tronc  du  ceiha  des  pirogues 
bien  phis  grandes.  Voyc^^  à  r article  Ceiba.  M.  l'Abbé 
TeJJîer ,  dans  un  Mémoire  lu  à  l'Académie  des  Sciences, 
dit  qu'à  la  Louifiane  on  fait,  avec  un  feul  tronc  du 
Cyprès  à  feuilles  d'acacia  ,  Cuprejfus  dijîicha  ^  Linn* 
plufieurs  pirogues  d'un  pouce  d'cpaifl'eur  ,  &:  en  état 
de  porter  juiqu'à  quatre  milliers  &  au-delà. 

CANSCHY  ,  efl  un  gros,  arbre  du  Japon,  dont  les 
habitans  du  pays  fe  fervent  pour  faire  une  efpece  de 
papier.  Foye^  à  la  fuite  de  l'article  PAPYRUS,  au  mot; 
Papier. 

CANTARELLE.   Voyei  Proscarabée. 

CANTHARIDE,  Mouche  Canth aride  ou 
Mouche  d'Espagne  ,  Canthandes.  La  caïuharide  n'efl 
point  une  mouche ,  c'eft  un  fcarabée  obîong ,  dont 
les  ailes  membraneufes  font  recouvertes  par  des  étuis 
id'un  vert-doré.  M.  Ddeii^e  dit  avec  raifon  qu'on  donne 
quelquefois,  dans  le  langage  vulgaire,  le  nom  dt  can-' 
iharidcs  à  divers  infectes  coléoptères  qui  ne  reffem- 
blent  aux  camkaridcs  eue  x?r  la  couleur ,  tels  que  le 
grand  buprefte  vert-doré  ,  ^'émeraude ,  &c.  Voilà  pour- 
,quoi  on  cite  plufieurs  efpeces  de  cantJmridis  qui  dif- 


C    A    5l  '6îi 

ferent  entre  elles  par  leur  grandeur ,  leur  ' figure  6c 
leur  couleur  :  il  y  en  a  de  plus  greffes  qu'un  hanneton. 
Entre  ces  cantkarides  il  y  en  a  dont  la  couleur  ell  de 
pur  azur  ;  lés  autres  paroiffent  ornées  d'or  pur;  d'autrc^s 
Ibni  mêlées  d'or  &:  d'azur  étincelans  ;  d'autres  enfin 
font  d'un  vert-bleu  doré  ;  mais  toutes  ont  un  brillant 
qui  charme  la  vue.  Celles  dont  on  fait  ufrige  dans  lei 
Pharmacie  ,  &  qui  font  les  véritables ,  ont  environ 
neuf  lignes  de  longueur ,  fur  d.  ux  ou  trois  de  large  : 
elles  font  d'une  couleur  verte ,  luifante  ,  azurée ,  mêlée 
de  couleur  d'or.  La  Nature  les  a  habillées  fuperbement. 

La  bouche  de  cette  efpece  d'infe£le  cantharlde  eil 
munie  de  mâchoires  &  de  dents  ,  avec  deux  efpeces 
de  pinces  articidëes  ,  propres  à  faifir  &  à  approcher 
la  nourriture  de  leur  bouche.  Sur  le  front  font  àQS 
yeux  de  couleur  d'or,  un  peu  faillans  ;  &  au-deffous, 
deux  antennes  noires ,  fihfbrmes  ,  pyramidales  &  qui 
font  mobiles  au  moyen  de  douze  articulations  égales. 
Le  fommet  de  la  tête  eft  partagé  en  deux  hémifpheres 
extrêmement  liffes.  Cet  infeôe  a  fix  jambes.  M.  Geoffroy 
divife  les  cantkarides  en  deux  familles  :  la  première  à 
tarfes  nus  &  fans  broffes  ou  pelottes  ;  la  féconde 
famille  a  les  tarfes  garnis  de  pelottes.  Les  deux  pre- 
mières paires  de  jambes  ont  cinq  articulations  aux 
tarfes,  &  la  dernière  en  a  quatre.  Son  corfelet  efl:  un 
peu  raboteux  &;  non  bordé  ,  cependant  il  y  a  une 
pointe  mouffe  de  chaque  coté.  Sa  poitrine  un  peu 
aplatie  ,  efl:  remplie  intérieurement  de  trachées  ou 
vaiffeaux  aériens ,  avec  leurs  valvules  d'une  flni£lure 
merveilleufe.  Les  fauffes  ailes  font  flexibles,  àc  les 
-côtés  du  ventre  pliffés. 

Les  cantkarides  naiffent  d'œufs  d'où  fortent  des  ver- 
milTeaux  qui  ont  une  figure  approchante  de  cqWq 
d'une  vraie  chenille  :  ces  larves  habitent  dans  les  terres 
&  pénètrent  fouvent  dans  les  fourmillieres  ,  où  elles 
fe  nourriffent  de  fourmis  &  de  nymphes  de  fourmis, 
cUçs  y  font  mê»ie  levu*  coque.  Les  mouches  cantha- 


688  C     A     N 

rides  font  plus  communes  dans  les  pays  chauds  & 
dans  les  provinces  Mériaionales  de  la  France ,  que  dans 
les  pays  froids  :  il  s'en  trouve  cependant  prefque  par 
toute  l'Europe  dans .  certains  temps  de  l'année.  Ces 
mouches  dévorent  les  feuilles  de  plufieurs  efpeces 
d'arbres  &  arbriffeaux  ,  tels  que  les  chèvrefeuilles  ^ 
lilas  >  rofiers  ,  noyers  ,  troènes  &  peupliers  :  les 
feuilles  <le  la  grande  efpece  de  frêne  font  fujetîes 
au/Ti  à  être  dévorées  par  ces  mouches  ;  elles  caufent 
encore  beaucoup  de  dommage  aux  blés  ôc  dans 
les  prés.  ,:: 

Quelques-uns   prétendent   que   l'accouplement  des 
cantharïdis  eil  vif ,  &  néanmoins  qu'il  dure  aifez  long- 
temps. Elles  s'accouplent  fur  les  arbres  dans  les  plus 
grandes    chaleurs  du  jour.    On  prétend  encore  que  les 
plus  groiîes  cantharicks  ^  c'eil- à-dire  les  femelles  pleines 
d'œufs,  font  les  avances  &:  montent  alors  fur  les  mâles ,: 
cette  attitude  ne  feroit  pas  fans  exemple  dans  l'Hiftoire 
.  à&s>  infectes.  Mais  M.  le  Vicomte  de ^Qncrhcént ,  homme 
■  infrruit,  nous  mande  ^quef>>  ceux  qui  ont  parlé  de  l'ag- 
coupiement  des  cantkarldcs  {q  font  trompés  ,  lorfqu'ïls 
ont  dit  quil  étoit  fort  vif.   ïls  ont  pris  le  prélude  de 
,î  accouplement    pour  ,  l'accouplement  mqme.  Le  mâle 
beaucoup    plus    ardent   que   fa    femelle ,.  après   être 
monté  fur  elle  ,    tache  de  d'exciter  à  répondre  ^(q^ 
défirs  par  des  mouvemens  brufques  ôc  fréquens  de  la 
partie  poflérieure  de  fon  -corps  contre  celle  de,  fa  fer 
melle ,  &  en  lui  pinçant  :1a  tête   à  plufieurs  reprifes. 
Ge  -  n'eil  qu'après ,  ces  .préludes ,  qui .  font  quelquefois 
longs,  que  raccouplemenî  a  ^ea,;^;  pendant  lequel 
ces  infedles  attachés  fortement,  i'n-n  à  l'autre  ,    iont 
.tranquilles.  Cette  adhérence  du  îîifiie  à  la  femelle  efi  il 
.foi-te  qu'en  les  mettant,  lorsqu'ils. font ^accoiiplés  ,  dans 
dvL .vinaigre,  ils  y  péiifTent.faus  fe^féparer.  Quoique 
jaie  icuvent ,  obfervé   ces  infe£les,  je  n'ai  jamais  viii 
les  fe,niielles  monter  far  les.  mâles ^&:  je. doute  mpm^ 
que  cela  foitj  vu  la  pétulance  dçs  d^nycr§.«,         :!^ 


C    A    N  689 

Les  canthandes  multiplient  beaucoup  ,  &  font 
quelquefois  réunies  en  fi  grand  nombre  ,  qu'elles 
paroifTent  en  l'air  comme  un  efTaim  qui  feroit 
pouffé  par  les  vents  ;  alors  elles  font  précédées  par 
ime  odeur  défagréable  qu'elles  répandent  au  loin  , 
fur -tout  quand  le  foleil  efl  prés  de  fe  coucher. 
Ordinairement  cette  mauvaife  odeur  qui  approche 
beaucoup  de  celle  de  la  fouris ,  fert  de  guide  lorf- 
qu'on  cherche  à  ramaffer  de  ces  infeftes  pour  les 
faire  fécher.  Quand  ils  font  fecs  ,  ils  deviennent  li 
légers  5  que  cinquante  pefent  à  peine  un  gros.  Les 
parties  volatiles  qu'exhalent  les  canthandes  font  iî 
vives  &  fi  corrofives  ,  qu'il  arriva  à  un  hom.me 
d'être  attaqué  de  la  fièvre  pour  s'être  endormi  feus 
un  arbriffeau  où  il  y  avoit  des  cantharides  ,  &  en 
avoir  refpiré  la  mauvaife  odeur.  Au  rapport  de 
Boyle ,  quelques  perfonnes  pour  avoir  tenu  dans 
leurs  mains  des  canthandes  feches  ,  ont  fenti  une 
douleur  confidérable  autour  du  col  de  la  veffie  ,  & 
'  ont  même  eu  quelques-unes  des  parties  qui  fervent 
à  la  fécrétion  de  lurine  ,  oiienfées.  Les  Auteurs  de  la 
Matière  Médicale  nous  apprennent  que  des  domeftiques 
ayant  ramaffé  fur  des  frênes,  dans  un  beau  jour  d'été, 
une  grande  quantité  de  canthandes  fans  précaution  &: 
avec  les  mains  nues,  furent  enfuite  attaqués  d'une 
ardeur  d'urine  à  laquelle  fuccéda  un  piffement  de  fang. 
Une  perfonne  ayant  pris  en  potion  des  cantharides  qui. 
lui  avoient  été  ordonnées  pour  un  emplâtre  ,  en  fut 
empoifonnée  :  tout  ce  que  l'on  put  faire  à  force  de 
remèdes ,  fut  de  lui  fauver  la  vie  ;  mais  elle  en  perdit 
la  raifon.Oans  ces  cas ,  les  rem.edes  les  plus  avanta- 
geux font  les  adouciffans  &  les  mucilagineux  ;  tels 
que  l'huile  d'olive  ,  celle  d'amande  douce ,  le  lait  pris 
en  grande  abondance ,  les  émulfions.  On  peut  encore 
prendre  des  demi  -  bains  d'eau  tiède ,  &  faire  ,  s'il  ell 
poffible  ,  des  injedions  dans  la  veffie  avec  de  la  décoc- 
tion de  graine  de  Un,  de  racine  de  guimauve  &  de 
Tom6  //•  X  X 


6^0  C    A    N 

nénuphnr.  Le  camphre  pafTe  aiifTi  pour  être  un  puiffant 
correCtït  du  venin  de  ces  infe6^es. 

Quoique   les   cantharidcs ,    prifes   intérieurement  ^ 
piiiiî'ent  être  regardées   comme  un  poifon  ,    quelques 
Médecins  en  ont  prefcrit  l'ulage  intérieur  avec  iliccès , 
en  les  mêlant  avec  quelque   corredif ,  dans  l'hydro- 
pifie  &  les  fupprelîions  d'urine.  On  fait  grand  ufage 
des  cantharidcs  à  l'extérieur  :  c'eft  la  bafe  de  tous  les 
véiicatoires  qu'on  prépare  pour  l'ordinaire  en  mêlant 
de  la  poudre  de  cantharidcs  avec  du  levain  ou  quelque 
onguent  convenable.   On   les   applique    dans  les  cas 
où  il  faut  réveiller  le  fentimerU  dans  quelques  parties  , 
ou  détourner  les   humeurs  qui  menacent  de  quelque 
dépôt  dangereux.  M»  Bourgeois  obferve  que  les  Mé- 
decins modernes  font  un  ufage  beaucoup  plus  fréquent 
des   cantharidcs   appliquées   extérieurement  ,    que   les 
Anciens  ^   &  preique  toujours  avec  un  grand  fuccès 
dans  un  grand  nombre  de  maladies  aiguës ,  fur-tour 
dans   les  fièvres  putrides  malignes  ,  miliaires ,   fièvres 
chaudes,  le  mal  de  gorge  gangreneux,  dans  tous  les 
cas  où  le  malade  eft  menacé  ou  attaqué  de  rêveries. 
L'ufage   de  ce  remède  ,   tant  intérieur  qu'extérieur  , 
demande  beaucoup  de  prudence  &  d'expérience  de  la 
part  du  Médecin.  Nous  avons  connu  deux  jeunes  gens 
<]ui  vivoient  avec  des  courtifanes  :  celles  -  ci  les  ayant 
prefque  épuifés  par  la  fréquence   de  l'adle  vénérien  , 
&  voulant    rappeler  chez    eux   les    feux    éteints  de 
i'amour  ,    elles  leur  firent  avaler  à  leur   infu   de  la 
poudre    de    cantharidcs    dans   des    truffes.    Les    deux 
athlètes  fe  trouvèrent  attaqués   d'un  priapifme   con- 
tinuel ,    les   urines  devinrent  enfanglantéél  ;    ils   en 
moururent.  Nous  devons  ajouter  ici  une  obfervation 
du  célèbre  Dodeur  Werlhoff  fur  l'efficacité  des  can-- 
tharidcs  pour   prévenir   les  fuites  de  la  morfure    des 
animaux   enragés.  Ce   Médecin  eft  toujours  parvenu 
à  dompter  ce  venin  en  en  faifani  prendre  intérieure- 
ment  un  grain  chaque   jour   pendant  fix  femaines , 


C    A    N  .691 

avec  un  grain  &  demi  de  mercure  doux  &  dix  grains 
de  camphre  ;  le  tout  incorporé  avec  le  mucilage  de 
la  gomme  adragante. 

On  trouve ,  au  rapport  à^Aldrovande  ,  aux  environs 
de  Bologne  en  Italie ,  des  cantharides  aquatiques  qui 
ont  à  peu  près  la  forme  d'une  punaife.  Leur  couleur 
noire  paroît  verte  au  foleil.  Lorique  ces  mouchés 
font  portées  fur  les  eaux,  elles  jettent  un  éclat  auilî 
brillant  que  celui  de  l'argent.  Ces  cantharides  aqua-- 
tiques  volent  aufli  quand  elles  veulent. 

CANTHENE,  S  parus  cantharus  ^  Linn.  ;  Cantheno  ^ 
des  Efpagnols.  Poiiîbn  du  genre  du  Spare  :  il  eft  affez 
commun  dans  la  Méditerranée;  il  eft  très -connu  à 
Borne  &  à  Gênes  :  fa  chair  a  le  goût  de  celle  du 
fargue.  Ronddet  penfe  que  le  nom  de  cantharus  donné 
à  ce  poifTon ,  &  qui  iignifîe  en  Grec  un  efcarbot^ 
défigne  %.  manière  de  vivre  de  ce  poifTon ,  qui  aime 
à  fe  cacher  dans  la  fange  ,  &  s'y  tient  plongé  pendant 
l'hiver  ,  femblable  en  cela  à  Pefcarbot  auquel  las  lieux 
les  plus  fales  fervent  de  retraite  ordinaire.  JFillughby 
dit  que  ce  poilTon  a  les  dents  arrondies  &  aiguës  ;  le 
corps  eft  noirâtre  ,  marqué  dans  fa  longueur  ,  de 
pluiîeurs  lignes  jaunâtres  ;  les  iris  des  yeux  ont  un 
éclat  très-argenté  ;  les  lignes  latérales  fort  larges  & 
très-apparentes.  C'eft  notamment  aux  bords  des  ports 
de  mer ,  à  l'embouchure  des  fleuves ,  &  dans  les  en- 
droits où  les  flots  entraînent  &  dépofent  les  immon- 
dices ,  que  l'on  prend  ce  poiflbn. 

C  ANUDE  ou  C  ANUS,  Labrus  Cynœdus^  Linn.  PoiiTon 
de  mer,  du  genre  du  Labre  ;  il  fe  trouve  dans  la  Médi- 
terranée. Selon  Rondelet ,  fa  chair  eft  molle ,  friable , 
fans  vifcofité ,  &  facile  à  digérer.  Il  fe  tient  entre  les 
rochers  ;  fa  longueur  eft  d'environ  un  pied  ;  fa  gueule 
cil  petite;  les  dents  font  ferrées  les  unes  contre  les 


autres  ;  le  dos  eft  rouge ,  &  le  refte  du  corps  jaune. 
La  nageoire  dorfale  s'étend  depuis  la  tête  jufqu'à  la' 
ijueue^  ôc  eft  garnie  de  raygns  épinçvix. 


69i  e    A     N       _ 

CANUT  ,  Canutus,  Cet  oifeaii  quî  vît  committie- 
ment  dans  le  Nord  de  l'Europe  ,  fe  trouve  fouvent 
dans  les  provinces  Septentrionales  de  l'Angleterre  où 
il  eft  nommé  knot  ;  il  eil  à  peu  près  de  la  groiTeur 
de  la  maubêchc  gr'ife ;  il  efl  du  LXXV^  g^nre  de  la 
Méthode  de  M.  Bnjfon.  A  chaque  côté  de  fa  tête 
eft  une  bande  blanche,  au-deffiis  de  laquelle  en  eft 
une  autre  d'un  brun  foncé.  Il  eft  varié  de  blanc  & 
de  cendré-brun  par  des  taches  qui  imitent  un  croif- 
fant  5  à  la  partie  inférieure  du  dos  &  au  croupion  : 
le  bec  eft  d'un  cendré  très  -  foncé ,  les  pieds  &  les 
ongles  d'un  brun-verdâtre.  Cet  oifeau ,  qui  fe  nourrit 
fur  lé  bord  des  eaux ,  eft  très-bon  à  manger  lorfqu'iî 
cft  gras.  Fillughby  dit  que  cet  oifeau  étoit  le  mets 
favori  du  Roi  Canm  ,  d'oii  vient  le  nom  qu'on  a 
donné  à  cet  oifeau. 

CAOLIN.  Voyci  Kaolin. 

CAOUAC.  Dans  les  Iftes  du  Vent  on  donne  ce 
nom  à  une  efpece  de  tuf  jaunâtre  qui  y  eft  très-abon- 
dant y  &  que  l'on  vend  fecrétement  dans  les  marchés 
publics.  Les  Nègres  Caraïbes  font  ft  friands  de  cette 
terre ,  qu'il  n'y  a  point  de  châtimens  qui  puiftent  les 
empêcher  d'en  manger  :  le  défir  accroît  par  la  défenfe  , 
ils  ne  peuvent  y  réfifter.  Cependant  cette  terre  que 
les  Noirs  mangent  aufîi  dans  la  Guinée  ,  leur  caufe 
un  mal  d'eftomac  mortel.  On  regarde  comme  perdu 
un  Nègre  qui  en  eft  attaqué.  Voyage,  à  la  Martinique» 

CAOUANNE.  Nom  donné  à  une  efpece  de  tortue 
de  mer.  Voye^  a  l'article  Tortue.  Plufieurs  Natu- 
raliftes  regardent  la  caouanne  comme  une  efpece  on 
variété  du  carret.   Voyez  ce  mot. 

CAOUT-CHOUC.  Voyei  Résine  élastique. 


Fin  du  Tome  fécond. 


.g***?. 


'^^ 


'âh..  à, 


^^ 


-Nj" 


hy