-y
< M
iP
"**:tfe'
if-*^'}.
'^...
»j*-^^
%*
^.
N
\
LIBRARY OF
ie85_l056
L^ '•
, DICTIONNAIRE
RAISONNE UNIVERSEL
D'HISTOIRE NATURELLE.
riS^'-
TOME SECOND.
BA = CAO
DICTIONNAIRE
RAISONNÉ UNIVERSEL
P' HISTOIRE NATURELLE,
CONTENANT
L'HISTOIRE DES ANIMAUX, DES VÉGÉTAUX
ET DES Minéraux , et celle des Corps célestes ,
des Météores , et des autres principaux Phénomènes
de la Nature j
AVEC
L'HISTOIRE DES TROIS REGNES, et le détail des
usages de leurs productions dans la Médecine , dans rEconotnie
domestique et champêtre , et dans les Arts et Métiers ;
Et une Tabie concordante des Noms Latins , etc, et le renvoi
aux objets mentionnés dans cet Ouvrage.
Par M. Valmont-Bomare,'
Voyageur et Démonstrateur d'Histoire Naturelle avoué du Gouvernement ;
ancien Censeur Royal ; Directeur des Cabinets d'Histoire Naturelle ,
Ae Physique , etc. de S. A. S. Monseigneur le PRINCE DE CONDÉ ;
Honoraire de la Société Economique de Berne ; Membre des Académies
Royales des Sciences de Naples , de Médecine de Madrid , Impériale des
Curieux de la Nature , Impériale et Royale des Sciences de Bruxelles ;
Associé Regnicole des Académies des Sciences , Belles-Lettres et beaux
Arts de Rouen et de Dijon ; des Sociétés Royale des Sciences de Mont-
pellier , Littéraires de Caen , d'Orléans , de la Rochelle , etc. > d'Agri*
culture de Paris ; Membre du Collège de Pharmacie.
Quatrième Edition , revue et considérablejnent du^mentéé
ftar l'Auteur.
TOME SECOND.
A LYON,
Ghez BRU Y SET Frères;
M. DCC. XCL
ï BAC B A D
BACHE. Nom donné au fniit 4u latankr, Voyes
ce TIIOC.
BACILE. T^oyci Passepîerre.
BACKELEYS. Foyei Bakeleys.
BACKER , eft le nom d'une hirondelle de mer ,
très-connue aujourd'hui en Eiland ou Œlande , partie
de l'Ide de Gothland en Suéde , &: dans Pîfle de Su-
dercop , près de Pelvorm. Lorfque quelqu'un va dans
l'endroit où l'un de ces oiièaux a fon nid , il vole
autour de fa tête , & femble vouloir le fuivre <Sc l'at-
taquer à coups de bec. Son cri efl fort aigu , &; il
répète fans interruption ce monofyîlabe tir- tir r. Voyez
Hirondelle de mer.
BACOPE aquâLique , Baccpa aquatîca , Aubîet,
Plante de la famille des LyfmachUs , &: qui croît fur
le bord des ruiiieaiLx dans l'Ifle de Cayenne. Les
Habitans l'appellent hcrhe aux brûlures. ^ &C prétendent
que fon application f.ir la plaie les guérit en peu
de temps. Ses tiges font herbacées , fucculentes ,
cylindriques , branchues , noueiifes & rampantes ;
elles pouiTent de leurs nœuds des racines capillaires,
blanches & l'ameufcs y les feuilles font oppcfces ,
felîiles , amp^exicaules , linéaires ^ lancéolées , con-
caves , pointues , vertes , glabres ck d'une confif-
-tance un peu charnue ; les fleurs font bleues , pédun-
culées , folitaires , & naiflènt alternativem.ent dans
les aiffelîes des feuilles ; le fruit ell une capfule
membraneuf^ , uniloculaire ^ &c remplie de femences-
très-mcnues.
BACOVE ou Paccbe. Foyci à rartlcU Bananier.
BADAivîiEP». 9 Taniïiialia, Nom donné à un genre
de plantes à fleurs incomplètes , de la famille des
Chtilefs , ( Elœugnus ) &: qui comprend des arbres ou
det; arbiiifeaux exotiques , dont les feuilles viennent
pluficurs enfemble aux nœuds des branches , difpofées
en rofettes ou en manière de verticilles ; les fleurs
naiue,nt en grappes fur.ples , fituées entre les feuilles i
B A D î
ïes frmts font des noix cymbiformes. Les efpeces de
ce genre font :
I ,^ BaDAMîER de Malabar , Adamaram , Rheed.
Amygdalus Indica , Nieuh. Raj. Cet arbre , qiii eft
très~beau 9 très-grand , d'une forme pyramidale ^ com-
parable à celle du fapin , croît naturellement dans les
endroits fablonneux des forêts du Malabar. Son bois
€ft blanc 5 très-dur ; fort écorce efl liffe ^ grisâtre en
dehors , rouge en dedans ; les feuilles font ovoïdes ,
élargies vers leur fommet , avec une pointe courte ^
légèrement crénelées en leurs bords , vertes & lilTes
en deÛus , velues &: d'un veit jaunâtre en deifous ,
& foutenues par des péduncules courts , velus & rou-
geâtres ; elles font difpofées fix ou fept enfemble , à
chaque nœud des rameaux qu'elles entourent ; leur
longueur efl de fix à neuf pouces , &: leur largeur de.
quatre ou cinq. Les fleurs font petites , inodores , d'un
vert blanchâtre ; les fruits ont une coque elliptique
& rouilatre , qui renferme un noyau oblong, très-dur^
lequel contient une amande blanche dont le goût ap-
proche de celui de l'aveline. Dans les meilleures tables
de l'înde on mange ces amandes crues. On en tire par
expreliion une huile douce & qui ne fe rancit jamais..
Le fuc de fès feuilles , mêlé avec de l'eau de riz , fert
aux Lidiens pour modérer la colique , l'ardeur de la
bile , & les maux de tête qui ont pour caufe de mau-
vaiies dip-eïlions.
2.^ Badamier des Mokiques , Cauappd ^Kum^h^
Ses feuilles font glabres des deux côtés , nullement
crénelées en leurs bords ; elles font plus grandes , plus
larges que dans l'efpece précédente ; mais le tronc ^
qui ell droit & épais , efl moins élevé , auffi fa cime
efl-elle plus belle , plus étalée , &: fournit plus d'om"
brage. Cette efpece ou variété ^ obfervée par M. Sc7i-
nerat , croît aux Moluques , à Java , & dans les autres
liles qui en font voifmes. Les amandes de fes fruits
fe mangent auiîî tomates crues, A Batavia on fait des
A %
4 , . B A D
plantations régulières de cet arbre ,' dans les jardins &C
les grandes places publiques , pour jouir de fon
ombrage.
3 .^ B ADAMiER de Bourbon , ou le Faux-Benjoin ,
Terminal ia Mauritiana ; Arifiotdïa , Commerf. ; Pamea
Guïanmfis , Aubl. Suivant M. de Commerf on , c'efl le
plus grand & le plus gros arbre des Ifles de France
&: de Bourbon. Ses feuilles , qui fe rétrécirent un peu
vers leur pétiole , font bien moins larges à proportion
de leur longueur. Cet arbre > croît par- tout dans les
bois des lieux cités ci-defuis. On préfère le bois de
cet arbre pour les pirogues. 11 eil vraifemblablement
très-ré fnieux , car M. de Commerf on lui avoit d'abord
donné le nom de refinaria , comme on le voit dans
fon herbier.
4.^ B ADAMIER au BENJOIN , Croton ben:{o'è ^ Linn.
Mant. 297. Cet arbrifîeau , que l'on cultive aûuelle-
ment au Jardin du Roi , croît dans les Indes Orientales4|
Ses rameaux répandent un fuc laiteux quand on les
coupe , & l'on préfume aujourd'hui , dit M. de la Marck ,
que c'eft lui qui produit l'efpece de réfine , connue
fous le nom de benjoin , & non un laurier , comme
l'avoit penfé Linnœus d'après Commelin. Les nervures
des feuilles de ce hadamier font rouges.
5.** Badamier au vernis , Arbor vernicis. C'efl
Varbre au vernis. Voyez ce mot.
BADA. C'efl VAbada. Voyez ce mot.
BADÉ , Pleuroneclcs mancus , BroufTonet. C'efl
Varamaca de Marcgr. ; dans l'Ifle d'Anamoka , badc ;
& pathi-maure , dans l'Ifle d'Ulietea. Ce poifTon efl
du genre du PUuronectc ; il fe trouve dans la mer Paci-
fique. Son corps efl comprimé ; les écailles font en
recouvrement ; il s'en trouve aufîî fur les deux côtés
de la tête ; la ligne latérale eft arquée ; la partie pof-
térieure de la tête efl comprimée & aufïï large que le
corps ; il y a un enfoncement entre les yeux ; l'ou-
verture de la gueule efl ample ; le menton ofFre un'
B A D B A G ^
tubercule obtus & ofîeux; il y a dans chaque mâchoire
deux doubles rangs de dents , p^-^ites , fixes , déliées
&: pointues ; la rangée extérieure efl plus courte ëc
plus épaiiTe. Les yeux font fur le côté gauche de la
tète ; ils font ovales , très-écartés Pun de l'autre ;
l'iris eu argentée , la prunelle eblongiie eu noire. La
nageoire dorfale commence au deffus du mufeau , &
fe termine près de la nageoire de la queue ; fes rayons
font fourchus à leur fommet ; la nageoire pectorale
gauche eR échancrée ; l'autre eu ovale , & leurs rayons
ibnt fimples , ainfi que ceux des abdominales ; la
nageoire de l'anus eft longue & écailleufe ; celle de
la queue efl d'une figure ovale , plus large que longue.
La furface gauche de ce poiffon efi: cendrée , avec des
points noirs & des taches d'un blanc verdâtre de dif-
férentes grandeurs ; la furface droite eil d'un blanc
verdâtre , moucheté de brun.
BADGER. Nom donné par quelques-uns au blaireau.
Voyez ce mot,
BADIAN ou Badîane , Illiclum\ Linn. Genre de
plante à fleurs polypétalées , de la famille des Anonts ,
& qui comprend des arbres ou des arbriffeaux exoti-
ques. Voyc:^ l'article Anis ÉtOîLÉ DE LA ChiNE.
BAGAGE. Nom donné aux cannes à fucre qui ont
paffé au moulin , &: dont on fe fert pour brûler après
les avoir féchées au foleil : on nourrit les beûiaux
avec celles qui ont été trop brifées fous le cylindre.
Foyei Canne a sucre.
BAGADAL Nom donné à une variété ou race dans
l'efpece du pigeon de volière. Voyez ce mot.
BAGASSiER , Bagajfa arbor qud Indi ad extriiendos
lintres utuntur , Barr. Fr. Equin. p. 20. C'efl un très-
grand arbre de la Guiane ; fon tronc ell: droit &
s'élève à quatre-vingts pieds de hauteur , fur quatre à
cinq de diamètre. Son bois efl blanc & recouvert
d'une écorce lifle & cendrée ; fes rameaux font nom-
breux , s'étendent au loin de tous les côtés , & lui
A3
« B A G
forment une cîme vaiie & touffue ; ils font garnis de
feuilles oppoiees , pc*lolées , amples , à demi divifées
en trois lobes pointus , âpres au toucher , vertes 6c
munies chacune à leur bafe de deux ftipules lancéolées
& caduques. Les fruits ont la forme & la groffeur
d'une orange moyenne ; ce font des baies jaunâtres ,
recouvertes d'une peau grenue ; leur chair intérieure
eu ferme , & l'extérieure , qui eil molle 6z luccu-i
lente , enveloppe un grand nombre de femences , qui
ont la forme de pépins bruns & vifqueux. Ces fruits
font d'un tres-bon goût ; les Créoles 6c les Naturels
du pays les mangent avec plaifir.
Le bagajjur fe trouve dans les forêts de la Guiane,
JLorlqu'on l'entame il rend un fuc laiteux. Son tronc
eft employé pour conftruire de grandes pirogues , &:
l'on en peut tirer des courbes , &c. pour la conflruc-
tion des navires.
On fait dans le pays une différence entre les arbres,
qui croiffenî fur les mornes eu petites montagnes , &
dans les marécages. On prétend que le bois du hagaf-
Jier des mornes , quoique coriace 6c plus difficile à
fe fendre , eft plus léger , 6c qu'il flotte ; celui des
marécages efl plus pefant ; de forte que la pirogue qui
en efl conflruite coule à fond lorfqu'elle fe remplit
d'eau , tandis que les autres reviennent fur Teau dans
la miême circon (lance. La partie d'Oyajx)ck elî la plus
abondante en bayajjîers. Les Habitans de ce Canton
font un commerce de ce bois , avec les Habitans de
Cayenne.
BAGLAFECHT. Oifeau d'AbyiTmie , qui n'eit
qu'une variété du toucnam-courvi : il n'en diffcre que
par quelques nuances & diflributions de couleurs ; il
fe rapproche encore du loucnarn-courvl par la manière
dont il fuipend fon nid , prefque toujours au-dcifus.
d'une eau dormante , à l'extrémité d'une petite,
branche , 6c l'ouverture tournée du coté de l'Eft ;
5nais il lui donne une forme différente de celui du
B A G 7
foucnam , & 11 le roule en fpirale ^ à-peu-près eomme
lin nautile.
BAGNAUDIER , Coluua. Genre de plante à fleurs
polyp étalées , de la famille des Léguminmfts , qui a
beaucoup de rapports avec celle des Jjiragaks , & qui
comprend des arbriffeaux, des fous-arbriiîeaux & des
herbes dont les fleurs font papilionacécs ; les fi'uits
véficuleux & fans cloifon , parfaitement uniloculaires ,
-avec des femences réniformes , attachées aux deux
bords des futures fupérieures ; les feuilles ailées avec
impaire.
Bagnaudïer commun ou Faux Séné , Colutea^
Dod, Pempt. 784; Cohitca veJîcdria^C. B. Pin. 396;
Colutea arborefcms ^ Linn. 1045. ArbriiTeau rameux ,
haut de huit à dix pieds , & dont les fleurs font eri
grappes , jaunes & légumineufes ; on obferve une
ligne rougeâtre , courbée , à la bafe de leur étendard.
Les feuilles font alternes , ailées , compofées de neuf
à onze folioles , d'un vert glauque , fur-tout en delTous ,
ovales , un peu échancrées par le l^out : à la fleur
fuccede une gouffe très-renflée , en forme de vefîie
alTez groffe & prefque vide , dans laquelle on trouve
plufieiu'S femences figurées comme un rein. Cet ar-
briiTeau , qui croît naturellement en Italie , & dans
les Provinces Méridionales de la France , fleurit fou-
vent deux fois par an , en Mai & en Septembre ; il
efl très-propre à décorer les bofquets du printemps &
d'automne. Il convient fort dans les remifes ^ car il
fe multiplie très-facilement. Son écorce efl d'un gris-
brun. Les feuilles & goufles de cet arbriiïeau font
au bagnciîidier , ce que les feuilles du féné & les fol-
licules font à l'égard de la plante àxxféné: elles font
également purgatives ; mais il en faudroit une plus
grande dofe que de celles du féné : on ne s'en fert
guère en Médecine. Le fruit du bagnaudkr , qui mûrit
fur la fin d'Août , ferî en quelques pays à engrailTer
ks brebis ôc à leur faire avoir beaucoup de lait : il eflt
A 4
8 B A G
bon auffi pour les volailles. Les abeilles en aiment la
ileiir. On dillingue une variété à gouffes purpurines.
On connoît encore trois autres efpeces aufîi à tige
îigneufe ; la première fe nomme bagnaudur d'Ethiopie ,
Colutza jEtkyopica , Jlore purpuno , Tourn. C'eft urî
tres-joli arbufte , mais bien plus petit que le nôtre ; Tes
feuilles font oblongues & fes fleurs purpurines , de
couleur de feu ou d'im rouge affez vif; il mérite
d'être placé aufîi dans les bofquets du printemps &
même dans ceux d'été : on l'élevé de femences fur
couche & fous des cloches pour en orner les jardins.
La deuxième eil le hagnaudler du Levant , Coliiua,
Orient alis , flore fanguinei coloris , lutcd macula notato ,
Tourn. Cor. 44. Ses fleurs font d'un rouge de fang ,
avec une double tache jaune à la bafe de leur étendard.
La troifieme efl: le bagnaudier d^Alep , Colatca foliis
cvatis intcgerrimis , caule fruticcfo , Mill. Il commence
à fleurir dans les premiers jours de Mai , & continue
ainii fans interruption jufqu'à la mi-0£lobre. On cul-
tive ces trois efpeces au Jardin du Roi.
Les bdgnauditrs à tige herbacée font , i .*^ le bagnau-
dier annuel d'Afrique , Colutea A f ricana , vcjiculis corn-
prcjjis , floribus atro-ruhuitibus , Volk. Les fleurs f^nt
d'un violet-brun.
2.° Le bagnaudier des Alpes , Phaca Alpin a , Linn.
Les fleurs font jaunâtres , avec quelques poils noirâ-
tres &: courts fur leur calice. Cette plante croit fur
les montagnes du Dauphiné , de la Suiile , de la La-
ponie & de la Sibérie.
3.^ Le bagnaudier Auflral ^ Phaca Auflralis ^ Linn.
C'eft l'efpece la plus petite de ce genre ; elle croît
dans les montagnes de la Provence , de l'Italie & de
la SuifTe. Ses fleurs font d\m blanc-jaunatrc avec une
teinte de violet à l'extrémité de leur carène.
BAGRE , Silurus Bagre , Linn. Poiffon du genre du
Silure. Il fe trouve dans le Bréfil , & dans les autres
grands fleuves de l'Amérique Méridionale ; on le fert
B A G 9
fur les tables. Selon Gronovïus , ce poiffon n'a point
d'écaillés ; fa peau eft liffe &: d'une couleur à reflet
d'or & d'argent , mais d'un bleu fombre fur le dos.
Le ha^rc a la tête courte ; la mâchoire fupérieure eft
plus longue que l'inférieure ; les dents très-fines , &
difpofées comme par groupes fur autant de petits ef-
faces. La gueule très-ample ; les yeux fitués près les
angles de cette dernière partie ; quatre barbillons , dont
deux font comprimés & fitués avant les yeux , & ont
trois fois la longueur de la tête ; ils font fortifiés à leur
bafe par un oflelet articulé. Les deux autres barbillofts
font courts , déliés , & pendent fous le menton. La
ligne latérale efl droite , & a des ramifications courtes &
oppofées , deux à deux , qui fortent en plus grand
nombre près de la queue ; la première nageoire dorfale
eil petite , triangulaire , & garnie de huit rayons , dont
le premier , qui a une longueur égale à celle de tout
le tronc , eft triangulaire à fa bafe , terminé en forme
d'aiguille , & hérifle de petites épines fur la furface
antérieure ; la féconde nageoire du dos efl près de la
<]ueue , & efl d'une confiftance charnue. Les nageoires
pedorales offrent douze rayons , un peu rameux , qui
dépaffent la membrane qui les unit , & dont le premier
efl roide , aigu & hérillé de petites dents fur fon bord
intérieur ; un filam.ent très-alongé fort de la partie fu-
périeure de ce premier rayon. La nageoire de l'anus
contient trente - deux rayons fourchus à leur fommet ;
celle de la queue , profondément divifée en deux lobes,
dont le fupérieur efl: le plus long , contient quinze rayons,
fans compter ceux des parties latérales qui font plus
petits que les autres.
Il y a une autre efpece de ha^n appelée le Matou.
Voy^i^c^ mot.
BAGUENAUDIER. C'efl le Bagnaudier. Voyci
ce mot.
BAGUETTE DIVINATOIRE ou Verge d'Aaron.
On donne ces beaux noms à une branche de faule ou
fo BAH
à un rameau fourchu de coudrier , ou d'aune , ou de
chêne , ou de pommier , dent les Jongleurs ou Empi-
riques en Métallurgie fe fervent , lui attribuant des
vertus merveilleuies pour découvrir , en vertu des éma-
nations 5 les mines , l'eau fouterraine , une pièce d'or
ou d'argent cachée. Nous doutons très-fort de l'au-
thenticité de ce phénomène : depuis long-temps la faine
Phyfique a défabufé fur ces ufages fuperflitieux , & nous
ne craignons pas de dire que l'intérêt mafqué par l'af-
tiice ck: la charlatanerie , trouve toujours des reliburces
aéTurées dans l'efprit des gens fimples 6c crédules. On
trouve cependant des peribnnes -qui , quoique très-inf-
tmiîcs d'ailleurs , donnent encore leur croyance à ces
tours de main 6c de paiié-pafîe , 6c qui ont de la peine
à revenir de ces erreurs. Si on a trouvé effeûivement
des mines dans l'endroit où l'on avoit vu ou cru voir
tourner la baguette , c'efi: parce que celui dans les mains
de qui elle tournoit par un mouvement purement mé-
canique , & qui dépend de la pofition initiale d'un point
dpnné par rapport au centre de gravité , ne la faifoit
jouer qu'à propos , c'eft-à-dire après s'être aflùré de la
nature du terrain. On peut confulter un Traité qui a
été fait fur cette matière par M. l'A]:>bé de Valînont^6>C
la DiiTertation que M. Lzhman en a donnée dans le pre*
mier tome d'un Journal Littéraire qui paroît à Berlin ,
fous le nom à^ Amufimens Phyfiqms,
BAHEL-SCULLÎ, Barkria Longifolia , Linn. ArbrifTeau
épineux , qui croit naturellement dans les lieux aqua-
tiques , aux Indes & au Malabar. Ses tiges font fim-
ples , dures , articulées , tétragones , rougeâtres , hérillees
de poils blancs. Ses feuilles font oppofécs , étroites,
enfiformes , rudes au toucher. De l'aifTelle de chaque
feuille fortent trois épines roides , rougeâtres : fes fleurs
font verticillées & d'une couleur pourpre foncé. C'efl
le ^znifla fpïnofa Indlca , vtrticillata , florz purpuno-cœru"
ko. On attribue à la décoûion de fa racine 6c à fa feuille
confite dans du vinaigre , la vertu de provoquer les
B A J . fe A I II
urines , fur-tout û la déco£lion a été faite dans l'huile
du Jicus infirnûlis. On ajoute que les feuilles du hahcU
failli , réduites en poudre & prifes dans de l'huile tirée
par expreifion à\\ ficus infernalis , réfolvent les tumeurs
des parties natiu*elles. (^Ancienne Encyclopédie, )
Ce genre de plante ( Barkria ) eil de la divifion des
Perfonnècs, Il offre encore la BarrcUerc à feuilles de mo-
relie , de l'Amérique Méridionale ; la Barrclicre hérijjhnne^
des Indes Orientales , qui eil le Lycium Indicum de Seba ,
& qui a une variété délignée ainfi dans Rheed. Mal. co-
letta-vetla. La Bamliere a feuilles de buis ; celle à crête ;
celle à longues fleurs , du Malabar & de l'Inde ; celle à
feurs écarlates , & celle à èpïs pyramidaux de Saint-Do-
mingue,
BAJANG. Voyei Bessi.
BAIE y Bacca, On donne ce nom à de petits fruits
qui 5 dans leur maturité , font mous , pulpeux , fuc-
culens , plus ou moins arrondis ou ovales , qui ne
font point réunis en grappes , mais ilblés , ^l qui , fous
une enveloppe charnue , contiennent des pépins ou des
noyaux non renfermés dans des loges , mais flottans
dans la chair ou le parenchyme ; ce qui s'obferve dans
les fruits du folanum : tels font encore ceux du gené-
vrier , du laurier & autres. On donne le nom de
Bacciferes aux plantes qui portent des baies comme la
brione , le chèvre - feuille , le fceau-de-Salomon ^ le lis
des jardins , la belle-de-nuit , Vajperge.
Lorfque de pareils fruits font petits , réunis en
grappes ou en corymbe , on leur donne alors le nom
de grains. Par exemple , on dit des grains de grofeille ,
un grairz de raiiin , un grain de fureau. On coniidere
fouvent le nombre de femences contenues dans la
baie ; on dit baie monofperme , quand il n'en a qu'une ,
comme dans les thymélces 6c les fumacs ; dijperme ,
quand il y en a deux , com.me dans le caffcyer , le
vinetier ; trifperme , quand il y en a trois , comme
dans le muguet ; polyfperme , quand il y en a un
12 B A f B A K
.nombre indéterminé , comme dans le câprier, Voyeî
Vanicle Plante.
Baie ou Baye , jEJluarlum. Nom donné à un petit
golfe. C'efl un petit bras de mer qui le jette entre
deux terres , &: qui s'y termine en cul-de-fac , par
im enfoncement plus grand que celui de Vanfc , ÔC
plus petit que celui du golfe. Dans une baie les vaif-
feaul font ordinairement à l'abri des vents &: des
.tempêtes. Tous les Navigateurs connoiffent la baie de
Sierra-Leona , & celle de Bénin en Afrique. Foye^ Us
articles GOLfE & Mer.
Baie a ondes. On lit dans VEjfaï fur PHifloirc
Naturelle de Saint-Domingue , que ce nom eft donné
dans cette contrée à un arbre de moyenne grandeur ,
qui eft fort commun dans les Savannes. Il fe plaît
dans les endroits fabîonneux^ Sa racine elt fibreufe
& traçante ; fon tronc noirâtre , droit , crevafle. Il
fe divife en plufieurs branches qui fe fiibdivifent en
ramilles fourchues , auxquelles les feuilles font atta-
chées. Ces feuilles font oblongues de quatre à cinq
lignes , larges d'une à deux lignes , difpofées par paires
Jufqu'au nombre de vingt fur une même ramille ,
travttfées dans toute leur longueur par un petit filet ,
écartées durant le jour , repliées durant la nuit les
unes fur les autres. Les fleurs font légumineufes , jau-
nâtres , inodores ; elles croiffent par bouquets aux
extrémités des branches. A ces fleurs fuccedent des
gouiTes longues d'un demi-pied , arrondies , &: qui
renferment plufieurs petites graines plates , alongées ,
bnmes , luifantes , groffes comme une lentille , envi-
ronnées d'une pulpe blanchâtre , fans odeur ni faveur.
BAISONGE ou Badzenge. Foyei Cartick Puce-
ron.
BAKELEYS ou Bakkeleyers ou Backeleys.
Efpece de bœufs A bojfe ou bifons que l'on voit en
Afrique chez les Hottentots , où il y en a de difFé^
rentes tailles ^ des grands , des petits , des moyens ^
B A K 15
de même qu'on en voit aux Indes : les Hottentoîs
prennent pour ces animaux les mêmes foins que les
Arabes pour leurs chevaux ; ils les élèvent avec tant
de douceur , que ces quadrupèdes courageux devien-
nent afFeôionnés , feniibles , intelligens , & qu'ils font
par amour ce qu'ils ne font chez nous que par crainte ;
leur nature s'élève même par la douceur de l'éduca-
tion & par les attentions alîidues , au point qu'ils
deviennent capables d'adions prefque humaines : auiîî
le bœuf efl-il l'objet de la vénération 6c du culte
fuperllitieux des Indiens.
Les Hottentots en élèvent pour la guerre , dont ils
fe fervent comme les peuples de l'A fie emploient les
éléphans ; on choifit toujours les plus fiers 6c les plus
généreux. Chaque armée eu. fournie d'un bon trou-
peau de ces bœufs de combat , qui fe lailTent gouver-
ner fans peine , 6c que leurs conduûeurs lâchent à
propos : ils font auffi dociles à leur voix que le font
ici nos chiens ; habitués à connoître l'ami 6c l'en-
nemi , au moindre fignal , ces animaux belliqueux
tombent fur l'armée ennemie avec fureur ; rien ne
peut les arrêter ; ils frappent des cornes , ils ruent ,
ils renverfent , éventrent , foulent aux pieds avec une
férocité alfreufe , tout ce qui fe préfente devant eux;
ils s'élancent au milieu des rangs , y jettent le défor-
dre 6c la confulion fans que rien les effraie , 6c pré-
parent ainfi une vicloire facile à leurs maîtres ; mai^
dociles à la voix de leur conduQeur , ils modèrent
leur furie , 6c rentrent dans l'obéiffance à fa volonté.
Ainfi cet animal joint à l'intrépidité martiale du cheval
Faifection 6c la fidélité du chien.
Le génie des animaux qui fe flétrit par la crainte,
fe développe donc , comme on le voit , lorfqu'on
les traite avec douceur , & qu'on les élevé avec art.
Les Hottentots ont encore de ces bœufs qui font
inflruits à garder les troupeaux lorfqu'ils font au pâ-
turage , à les raiîiener quand ils s'écartea:it , 6c les défen-
!4 B A It
dre des bêtes féroces. Dans chaque village il y eii a
plufieurs qui font dreffés k ce manège ; ils connoif-
ient tous les Habitans du lieu , hommes , femmes , en-
fans, qui peuvent impunément approcher des trou-
peaux , &c pour lefquels ils ont le même refpe£i: qu'un
chien a peur tous ceux qui demeurent dans la maifon
de fon maître ; mais fi quelque étranger , 6c en parti-
culier un Européen , s'avifoit d'approcher du troupeau ,
fans être accompagné d'un Hotteutot, ils iroient fur
lui au grand galop , 6c s'il n'étoit pas à portée d'être
entendu du Kraal ( Village Hottentot ) , ou qu'il n'eût
point d'armes à feu , ou qu'il ne trouvât pas d'arbre
pour s'y fauver en y grimpant , il feroit tué à coups
de cornes 6c foulé aux pieds. Cette fureur à la vue
d'un étranger qu'ils ne connoilîent pas , leur vient de
ce qu'on les a dreffés à courir contre tous ceux qui
approchent des . troupeaux , afin de fe garantir des
lufchis ou voleurs qui font affee fréquens dans ces
pajo , 6c qui en veulent aux troupeaux. Toutes les
habitudes qu'on voit prendre à ces fortes de bœufs à
bojfe , font beaucoup d'honneur au génie 6c à l'induf-
trie des Hottentots. Bachzkys , dit Kolh , en langue
des Hottentots , fignine la giizrre.
Aux Indes on ie fert aulfi de ces bœufs à boffe ^
comme nous nous fervons ici des chevaux pour
voyager ; il y en a qui font tout blancs ; leur aUure
ordinaire eil douce , on ne leur met au lieu de mors
qu'une cordelette paiîee en double par le tendon des
narines , 6c on renverfe par-defTus la tête de l'animal
un gros cordon attaché à ces cordelettes , qui fait l'ef-*
fet d'une bride que l'on alfujettit par la boffe. On les
couvre de belles bouffes , on leur met quantité de
fonnettes au cou , on garnit les bouts des cornes d'é-
tuis de cuivre ou d'un autre métal. On leur met des
felles , & il y en a qui courent auffi vite C[ue de bons
chevaux. On fe fert de ces bêtes généralement par
toutes les IikIcs , pour tirer les carroffes ^ les voitures:
B A K T|
tômniimes, les chariots. On attelle ces animaux avec
un long joug qui eil au bout du timon , & qu'on pofe
iiir le cou de deux bœufs ; le cocher tient à la main
le cordon qui fert de bride pour les conduire. Ces
bœufs attelés à une voiture peuvent faire des voyages
de foixante journées, en parcourant depuis douze
jufqu'à quinze lieues par jour & toujours au trot :
à la moitié de la journée on leur donne à chacun deux
ou trois pelottes de la groffeur de nos pains d\in fou,
faites de farine de froment , pétrie avec du beurre 6c
du fucre noir ; le foir on leur donne des pois-chiches
concafTés qu'en a laifîes trem.per une demi-heure dans
Peau. TaverTikr avoit deux de ces bœufs attelés à fon
carrofîe. Ils avoient coûté fix cents roupies.
Il femble que le bœuf eil né d'up naturel propre
à fupporter toutes fortes de climats , les plus chauds
Gomm.e les plus froids. On a trouvé , dit M. de Bufon ,
quantité de bifoiis ou bœufs bojjus dans toute la partie
Septentrionale de l'Amérique. Ces blfons qui habitoient
autrefois les bois des terres du Nord , ont probablement
paiTé d'un Continent à l'autre; ils font devenus , comm_e
tous les autres animaux , plus petits dans ce nouveau
Monde ; & félon qu'ils fe font habitués dans des cli-
mats plus ou moins froids , ils ont confervé des four-
rures plus ou moins chaudes : leur poil eil plus long &
plus fourni , leur barbe plus longue à la Baie d'Hudibn
qu'au Mexique ^ <k ^n général ce .poil efi: plus doux
que la laine la plus fine. On ne peut guère fe refufer
à croire que ces bifons du nouveau Continent ne foient
de la même efpece que ceux de l'ancien ; ils en ont
tous les cara£leres principaux , la boiie fur les épaules ,
les longs poils fous le mufeau & fur les parties anté-
rieures du corps ; les jambes &; la queue courtes. On
voit auiîi a£aieUement dans toute l'Amérique Aqs
bœufs fans boffc , que les Efpagnols oC les Européens
y ont uicceiTivement tranfportés ; ils s'y font très-
ijieu multipliés ^ mais ils font devenus plus petits d^ns
i6 B A K BAL
ces terres nouvelles. Foyci Bison & rartich Aurochs.
BAKKA. Voyci^ à f article Bangue.
BALANïTE , ell: le gland de mer devenu foflile.
Nous en avons trouvé aux environs de Lamoffon ,
près Montpellier , &c en SuilTe dans le territoire de
Baie.
BALAOU. Foyci à ranide Bécasse (poifTon). ^
BALATAS. Arbre qui croît en Amérique & fur-
tout dans la Guiane : on en di flingue de plufieurs
eipeces. Il y a i .^ le Balatas blanc ou maou des Nègres,
dont le tronc s'élève dans les bois de la Guiane , à
foixante pieds de hauteur , fur près de quatre pieds
de diamètre ; il efi afTez droit ; fon écorce extérieure
eft gercée , Tinténeure eu compofée de plufieurs feuillets
minces qui fe leparent , & qui , en fe deflechant , de-
viennent d'une couleur de cannelle. Son bois a aifez
d'aubier blanc ; le centre eft rougeâtre ; les branches
forment une grande cime ; les feuilles font alternes ,
entières , ovales , acuminées , glabres , rougeâtres étant
jeunes , longues de fix pouces , fur deux &: demi de
lai-geur. Le fruit eil une capfule ligncufe , trigone ,
& comme tronquée ; fes graines font oblongues , apla-
ties, 6c bordées d'une aile membraneufe. Les Natu-
rels du pays fe fervent de fon écorce , qu'ils coupent
par larges bandes , dont ils forment une corde en
manière d'anneau autour des grands arbres , 6c par le
m_oyen de laquelle , en fe plaçant entre le tronc 6c la
corde , ils parviennent à grimper jufqu'au fommet.
Le bois de ce balatas fe fend au foleil; il attire les
poux de bois qui le pénètrent jufqu'au centre , & s'in-
fmucnt d'un bout à l'autre du tronc : quand on em-
ploie le bois du centre pour la charpente , fa couleur
rougeâtre difparoît dans la fuite , & le bois devient
afTez blanc. Cet arbre efl le couratarl de la Guiane.
an Bdlaboué & caouroubara des Caraïbes ?
2.^ Le Balatas rouge , appelé à Saint - Domingue
fapotilUr maron , fe trouve fiu" les mornes dans les
terrains
BAL 17
terrains rocheiK & arides : il vient ordinairement au
bord des rivières : il l'emporte fur tous les autres par la
beauté 5 par fa tige droite ^ ainii que par fa grolfeur
6c par fa longueur : il a moins d'aubier que le balatas
Uanc , par conféquent il eil plus abondant en bois
proprement dit. Son écorce eu grife - jaunâtre , cre-
vaPfée , gommeufe & filamenteufe , comme dans les
plantes malvacées. Son bois eil dur , compade , &
d'un rouge-brun. Sa feuille eil grande , ovale , mou-
chetée ; fa fleur grande ; fon fruit ovale , pointu ôc
gris , ou longuet & jaune ; quelques-uns le trouvent
d'une faveur douce , agréable &: fucrée , d'autres le
trouvent fade : on en mange au deffert. Ce balatas
efl eflirné à Cayenne le premier des bois pour bâtir :
c'efl un de ceux qui réfiilent le plus à Pair , & lorfqull
ell: à couvert , il dure auiîi long-temps que le chêne ;
en un mot , il efl: excellent pour toutes fortes d'ou-
vrages. Il s'éclate quelquefois &: fe fend au foleil ;
il perd auflî de fa couleur rouge-brune , mais elle ne
devient que grifâtre. Son écorce ell propre à faire des
cordes.
3 ^ Le Balatas n grojfc icorcc : il vient aulîi haut &
plus gros que. le balatas rouge , mais il efl tortu &
plein de nœuds. Son bois vlo-Çi bon qu'à de gros ou-
vrages 5 étant trop plein de fève , & trop fujet à fe
reiirer ou à faire la gouttière. Mabf. Rujl, de Cayenne,
BALAUSTIER , Punica balaufius. Nom que quel-
ques-uns donnent au grenadier fauvage. En Provence
on donne auili ce nom , ou celui de paparoi , à une
efpece de grenadier qui donne des fleurs doubles. Le
calice de ces fleurs efl aplati & large : les pétales
font quelquefois û nombreux , que ces fleurs reflem-
blent à de grandes rofes de couleur foncée. Les
Apothicaires font ufage de CQS fleurs fous le nom
de balaufles ; mais ils donnent ce nom indifférem-
ment aux fleurs de toutçs fortes de grenadiers. Voye^
Grenadier.
Tome IL B
i8 BAL
BALBUZARD , Aquila marina , aqitita anatarla^
Cet oifeau a été nommé aufîi aig/e dt mer , craupe-
chtrot , ou corbeau pêcheur en Bourgogne. Tout confi-
déré 5 dit M. de Buffon , on doit dire que cet oileau
n'efl pas un aigle , quoiqu'il refîemble plus aux aigles
qu'aux autres oifeaux de proie : il eft bien plus pe-
tit que l'aigle , il n'en a ni le port , ni la figure , ni
le vol ; fes habitudes naturelles font aufTi tres-difFé-
rentes , ainli que fes appétits , ne vivant guère que
de poiiTcns qu'il prend dans l'eau , même à quel-
ques pieds de profondeur. Ce qui prouve que le poifTon
efl: en effet fa nourriture la plus ordinaire , c'eft que
fa chair en a une très-forte odeur; il a les jambes
nues 5 & ordinairement de couleur bleuâtre ; cependant
il y en a quelques-uns qui ont les écailles des j amibes
& des pieds jaunâtres , les ongles noirs , très - grands
& très-aigus ; les pieds &: les doigts fi roides qu'on
ne peut les fléchir ; le ventre tout blanc , la queue
large , 6c la tête grofle & épaiffe ; il diffère donc des
aigles en ce qu'il a les pieds ôc le bas des jambes de
derrière dégarnis de plumes , & que l'ongle de derrière
efl le plus court , tandis que dans les aigles cet ongle
de derrière eft le plus long de tous; il diffère encore
en ce qu'il a le bec plus noir que les aigles , & que
les pieds , les doigts 6c la peau qui recouvre la bafe
du bec , font ordinairement bleus , au lieu que dans
les aigles toutes ces parties font jaunes. C'efl une
erreur populaire de croire que cet oifeau nage avec
un pied , tandis qu'il prend le poiffon avec l'autre.
Le balbuzard ne peut pas être nommé proprement
aigk de mer , car il ne fréquente pas de préférence les
côtes de la mer; on le trouve le plus fouvent dans
les terres médiîeiTanées voilines des rivières , des étangs
ôc d'autres eaux douces ; il eft peut-être plus commun
en Bourgogne , qui efî au centre de la France , que
fur aucune de nos côtes maritimes. Le balbuzard pond
fouvent quatre oeufs, ôc rarement moins de trois;
BAL îp
au lieu d'habiter les rochers efcarpés & les hautes
montagnes comme les aigles , il fe tient plus volon-
tiers perché fur un arbre élevé , dans les terres balles
& marécageufes , à portée des étangs & des lacs
poiffonneux : on prétend qu'on peut le dreffer pour
la pêche , comme on dreffe les autres oifeaux pour la
chafie ; il eft moins fier que Vaigle : il a un pied
onze pouces du bout du bec à celui de la queue ;
fon envergure efl de cinq pieds, & Tes ailes piiées
dépaflent un peu la queue. Le halhu\ard eft une efpece
des plus nombreufes des grands oifeaux de proie , &
elle efl répandue affez généralement en Europe , du
Nord au Midi , depuis la Suéde jufqu'en Grèce , &
même on la retrouve dans des pays plus chauds,
comme en Egypte , & jufqu'en Nigritie ; &; il paroît
que cet oifeau appartient également au nouveau Con-
tinent , car on en a reçu plufieurs fois de la Louifiane.
BALEINE , Balczna. La baleine tient , fans contredit,
le premier rang entre les animaux de mer de l'ordre des
Cétades. C'efî: le plus grand de tous les animaux connus y
& on peut le regarder comme le roi des mers.
Perfbnne n'a donné des détails auiîi curieux & aufîî
fatisfaifans fur les différentes efpeces de baleines , que
M. Anderfon , dans fon Hijîoire Naturelle d'IJlande &
du Groenland, On ne s'attachera ici , fuivant le plan
qu'on s'eil: propofé , qu'à jeter un coup d'œil général
fur les efpeces de baleines les plus curieufes , &: fur
celles dont on retire le plus d'utilité. On ne peut
rien faire de mieux que de parler , en partie , d'après
le curieux Navigateur Andcrfon , ainii que l'ont fait
tous ceux qui depuis lui , ont traité des baleines,
HiJloire des BALEINES en général.
Ce genre de faux poiffon de mer fe diflingue d'une
manière très-marquée de tous les vrais poifions de
mer. La baleine , notamment celle de Groenland , dans
fa forme extérieure 6i dans le total de fa figure ^
B 2
iQ BAL
prélente celle d'un mcnilrueux poifTon , au corps
enfié , au muleau arrondi , 6cc. ; mais à l'intérieur ,
Ion organilatlon offre preique toute la charpente d'un
énorme quadrupède , comme emprifonné «Se couiu dans
la peau d'un poiflbn : nous expoferons ici les traits
d'analogie les plus frappa ns , les mieux connus.
Le iang des baleines eft chaud : elles reipirent par
îe moyen des poumons ; 6c ci^^i pour cette raiion
qu'elles ne peuvent refier Ibus l'eau. Elles s'accou-
plent comme les animaux terreflres : elles font vivi-
pares : elles ont du lait , &: leurs petits tettent. Tous
les animaux du genre des baleines ont fur la tête use
ou deux ouvertures par où ils rejettent , en forme de
j.et , l'eau qu'ils ont avalée. Ces ouvertures fe nom-
ment cvcnts.
La Nature a pour\ai ces animaux de nageoires d'une
{irutrare ^l d'une force proportionnées à leur malle.
Les nageoires des vrais poiiions font compofées d'arêtes
^ointes les unes aux autres par des membranes fort
minces ; les baleines ont à leur place des os articulés ,
Gui 5 tant par leur flrudure que par l'ufage qu'en fait
La bakim pour embrafler & emporter fon baleineau ,
refTemblent à des bras ; au moins , ils font figurés
comme ceux de la main & des doigts de l'homme ,
& font foutenus & mis en mouvement par des muf-
cles vigoureux. Il ell: bon d'obferver ici en paflant ,
que ces os ont été pris quelquefois , par des perfonnes
peu inftniites , pour des os de mains à^ hommes marins y
ou àÇi Jirenes, Dans la charpente des os de la baleine ,
on diflingue les côtes articulées & conformées de
iTkême que celles des animaux de la terre. A la vérité ,
la fubflance de ces divers os efl plus cellulaire &
moins compacte que celle des os des quadrupèdes ter-
reftres , néanmoins elle efl de la même natuiv.
Tout le genre de ces animaux de mer a , outre ces
vigoureufes nageoires , une queue large (Se épalfTe y
î^illcç comme en dçux demi-liyîes ^ 6c couchée hori^
BAL 21
îontaîement fur l'eau , qui leur a été dorinée pour
diriger leur courfe 6z modérer leur defcente , afin que
rénorme malTe de leur corps ne (c brisât pas contre
les rochers , loriqu'ils viennent à plonger.
La Nature a conilniit ces malles organifées ^ de
manière qu'elles peuvent s'élever à la furtace des eaux ,
ou s'abaiffer dans leur profondeur à volonté. Du fond
de leur gueule part un gros inteffin fort épais , fort
long , & fi large qu'vm homme y pafferoit tout entier.
Cet inteitin efl un grand m.agafm d'air que ce cétacée
porte avec lui , & par le moyen duquel il fe rend à
l'on gré plus léger ou plus pefant , fuivant qu'il l'ouvre
ou qu'il le comprime , pour augmenter ou pour dimi-
nuer la quantité d'air qu'il contient.
La couche énorme de graiffe qui enveloppe les
haUines , allège beaucoup la mafle de leur corps , qui
auroit été trop pefante pour pouvoir être mife en
mouvement. D'ailleurs cette enveloppe de graiffe tient
l'eau à une diilance convenable du fang qui , fans cela ,
pourroit fe refroidir ; & elle fert ainfi à conferver la
chaleur naturelle de l'animal.
On ne peut rien dire de bien certain fur la grandeur
des différentes efpeces de baleines. On en a vu qui
avoient jufqu'à cent trente , & même jufqu'à deu?£
cents pieds de long. On lit dans l'ancienne Encyclo-
pidle , à l'article baleine , que l'on trouva en 1620 ,
près de l'Ide de Corfe , une baleine qui avoit cent
pieds de longueiu*. On en tira cent trente-cinq mille
livres de lard , & il fallut employer l'effort de dix-fept
hommes pour tirer du corps de l'animal le gros in-
teftin , dont la capacité étoit fi grande , qu'un homme
à cheval auroit pu y entrer. L'épine du dos étoit
com.pofée de trente-deux vertèbres. Cette baleine étoit
femelle & pleine : on tira fon fœtus , qui avoit trente
pieds de longueur , & pefoit quinze cents livres,
(Cette longueur & ce poids du fœtus de la baleine ^
nous paroiffent exagérés. ) Quelque énormes que
11 BAL
foient ces proportions , & fi monftnieux que {oit
réellement cet animal marin , l'amour du merveilleuTi
a fans doute fait dire qu'on a voit vu dans les mers
de la Chine des baleines qui avoient jufqu'à neuf
cents foixante pieds de longueur ; auiîi les a-t-on
com.parées à des écueils ou à des Iiles flottantes , &
de là , fans doute , eii née chez les Pécheurs du Nord ,
l'idée de leur krakcn ou po'-jjon montagne. Voyez
Kraken.
Quoi qu'il en foit de ces relations , on aiTure que
les premières baUlms que l'on a pêchées dans le Nord ,
ëtoicnt beaucoup plus grandes que celles que l'on y
pêche préfentement , parce qu'elles étoient plus vieilles.
On ignore la durée de la vie de ces animaux ; mais
il y a apparence qu'ils vivent très-long-temps. On les
voit quelquefois dormir fur la furface des eaux , où ils
font comme immobiles.
Anderfon décrit jufqu'à quinze efpeces de baleines
différentes. On pourroit les divifer en baleines à tuyaux
&C en baleines à narines. Ces dernières efpeces font très-
rares. A l'égard de celles qui refpirent par les tuyaux ,
les imes en ont deux , comme la véritable baleine de
Groenland , 6c d'autres n'en ont qu'un , comme le
cachalot.
Quelques efpeces de baleines n'ont point de dents ,
& n'ont qvie des lames barbues ; telles font celles de
Groenland 6c le nord-caper ; d'autres ont des dents.
De ces dernières , les unes ont une ieuie dent comme
la liCGrne ; d'autres en ont plufieurs , qui font placées
uniquement , ou du moins pour la plus grande partie ,
à la mâchoire d'en bas , comme dans le cachalot , ou
égakment dans les deux mâchoires , comme dans le
dauphin 6c le marfouin.
La divifion la plus frappante à la vue , de ce genre
d'animaux de mer , eft en baleines à dos uni , & en
haleims à dos raboteux. La véritable baleine de Groen-
land 6w le nord-c.ipir font de la première fous-divifion;
BAL 25
îe poiffon de Jupittr &C Vépéc des GroMandois font de
la féconde fous-divifion.
Baleine de Groenland,
La baleine de Graènland ^ Balœnavulgaris , edcniula ,
dorfo non pinnato , Ray. Cette baleine dont on retire
tant de profit , & pour laquelle fe font proprement
toutes les expéditions de la pêche , eil très-groile &
très-maiTive. Sa tête feule fait un tiers de fa maffe ;
elle parvient jufqu'à foixante à foixante-dix pieds de
long ; l'endroit le plus gros de l'animal , & qui efl
près de la tête , a en circonférence , le tiers de la
longueur totale de l'animal.
Aux côtés du corps , près de la tête , font deux
grandes nageoires ou larges palmes , de fix à huit pieds
de long ; fa queue , qui eft étendue & couchée hori-
7:ontalement , a quatre brafTes de large. Lorfque cette
baleine eft couchée fur le côté , elle en donne des coups
terribles , capables de renverfer & de fubmerger la
plus forte chaloupe. On ne peut voir fans étonne-
ment avec quelle vîteffe cette mafle énorme & pelante
fend les flots de la mer à l'aide de fa queue , qui lui
fert comme d'une efpece de rame.
Cet animal marin ne fe fert de fes nageoires ou
bras que pour fe diriger & aller de côté ou tourner
dans l'eau ; mais la femelle en fait aufîi ufige lorf^
qu'elle eft en fuite , pour embraffer &: emporter fon
baleineau,
La peau de cette baleine eft un cuir fort dur , de
couleur noire , lifte &: fans aucun poil , de l'épaifteur
d'un doigt ; il recouvre immédiatement la graifte qui
a huit , dix & douze pouces d'épaifteur , &. eft d'un
beau jaune quand l'animal fe porte bien. ( Il y a des
haleims dont la graifte ou lard eft blanchâtre , d'autres
l'ont rougeâtre. ) La chair qu'on trouve fous la graifte
eft rouge , & femblable à celle des anim.aux terreftres.
L'ouverture de la gueule a quelquefois plus de vingt
B 4
24 BAL
pieds ; les mâchoires ne font pas armées de dent^ %
mais garnies des deux côtés de longues &; larges lames ,
qui ont la courbure d'une lame de faux , pointues
comme elle , & d'une fubllance de corne noire ,
flexible , élaftique , & qui finit par fe franger aux
bords en manière de foie de fanglier. Ces lames font
appelées fanor.s. On obferve que ces lames , dans la
mâchoire fupérieure , s'ajuftent obliquement entre les
lames de la mâchoire inférieure comme dans un four-
reau , & qu'elles em.braiTent pour ainfi dire la langue
des deux côtés. Ces lames font garnies du côté de leur
tranchant de plufieurs appendices ; & ces appendices
ou franges fervent en partie à l'animal pour empêcher
fes lèvres &: fa langue d'être coupées par les lames ,
& en partie à prendre &: à contenir , comme dans un
filet , les petits poiffons & les vers ou infe£tes que ce
cétacée attire pour fa nourriture , & qu'il écrafe entre
fes lam.es.
La langue de ce fuix poiiTon n'efl: prefque qu'un
gros morceau de graiffe , dont on peut remplir plufieurs
tonneaux ; elle eft fi molle que lorfqu'on l'a tirée hors
de la gueule , on ne peut plus l'y faire rentrer. Les
yeux ne font pas plus grands que ceux d'un bœuf:
quelle petitefTe pour un animal aufîi volumineux ! Ils
font dirtans de feize ou vingt pieds l'un de l'autre. Contre
l'économie animale des poiifon-s , ces yeux font revêtus
de paupières &: de fourcils , comm.e ceux des animaiLX
terreflres : ils font placés fur le derrière de la tête ;
pofition fans doute la plus avantageufe pour que cet
animal marin , d'une fi longue étendue , pût voir éga-
lement en avant comme en arrière , & perpendiculai-
rement au-defuis de lui ; ce qui femble convenir le
plus à fes befoins journaliers.
Ces cétacées ont un inftind naturel & convenable
à leur fureté , qui eft de fe tenir volontiers cachés
■fous les glaces ; mais comme d'un autre côté ils ne
fauroient vivre long- temps fans refpirer , ils cherchent
BAL ly
au-deilus d'eux des endroits oii la lumière traverfe la
glace , 6c où par conléquent celle-ci eu la plus mince.
Ils font en ces endroits des efforts ; 6c quoique la
glace ait fouvent deux ou trois pieds d'épaifleur , ils
la rompent avec leur tête pour refpirer un nouvel air.
Sans cette reilburce , ils feroient dans la nécefTité de
fortir chaque fois des glaces , & de s'expofer aux pour-
fuites de leurs ennemis. C'efl fur la tête qu'efi: ouvert
le tuyau au évent , par lequel elle afpire l'air 6c rejette
l'eau avec une force 6c un bruit prodigieux.
La baleine a l'ouïe extrêmement fine , &: reconnoit
de fort loin le danger qui la menace. Comme ce cétacée
multiplie très-peu , la Nature lui a donné fans doute
cet avantage lur les vrais poifTons , pouf l'avertir à
temps des pièges continuels que lui tendeiit les hommes
6c certains monflres de mer. On n'apperçoit au dehors
aucun veflige d'oreilles ; mais on découvre fous l'épi-r
derme derrière l'œil , une tache noire qui marque le
conduit auditif par lequel le fon pénètre fans doute
jufqu'au tympan. C'efl par ce conduit que les Marins
introduifent leurs crochets jufqu'à environ quatre pieds
de profondeur , où ils rencontrent la coquille qui efl
un os fervant à l'organe de l'ouïe , 6c qu'ils nomment
oreille de baleme.
Ces os font communément appelés dans les Apo-
thicaireries , mais très-improprement , pierres de tiburon
ou de loup marin , ou pierres de manati ou de lamentin ,
animaux de mer bien difFérens. Voye^^ Lamentin ,
Tiburon , Manati & Loup maf.in , celui qui efl
amphibie. Ces os d'oreille de haleine n'ont pas la
moindre refTemblance avec ce qu'on appelle pierre de
poijfon : on en fait ufage comme abforbans.
Excrémens , parties génitales & accouplement de
la Baleine,
Les excrémens de la baleine n'ont rien de répugnant
poiu: l'odorat. Leur couleur efl communément d'un
26 BAL
rouge de vermillon. Quelques perfonnes ont tenté d'en
faire uliige en teinture , notamment fur la toile : la
couleur a toujours paru conllante ùc agréable.
Le mâle de la baUim a une verge de plus de fix
pieds de long , de figure conique ( la bafe du cône ell:
à fon origine , & a lèpt à huit pouces de diamètre ) ,
renfermée au-dedans du corps , 6c cachée comme dans
\\n fourreau ; par ce moyen elle efl garantie de tous
les accidens extérieurs. Il ne paroît point de teflicules
en dehors : cette ver^e a des corps caverneux , 6c ne
fort de l'intérieur de Ion corps qu'à l'inilant de l'accou-
plement. La partie naturelle de la femelle eft faite
comme dans les quadrupèdes. A la partie antérieure
du corps ( on dit que c'efl près de la vidve , ) il
y a de chaque côté une mamelle , que la mère ^
lorfqu'elle a des petits , peut pouiler en dehors
pour les faire teter. Ces mamelles ont dix ou douze
pouces de diamètre , 6c fept ou huit de longueur
dans le moment que la haUlm allaite. Ce mom.ent
paffé , la baleine retire par contraûion fes mamelles ,
de manière à ne lailTer paroître aucune éminence fur
fon ventre.
Suivant le rapport unanime des Pêcheurs Groen-
landois , l'accouplement des baldncs fe fait de telle
forte , que les deux animaux fe laifient tomber per-
pendiculairement fur leur queue. Ils s'approchent en
le tenant fufpendus droits dans l'eau , &: fe ferrent
l'un contre l'autre avec leurs nageoires qui font l'of-
fice de bras : il paroît que l'accouplement ne fe fait
pas de même dans toutes les efpeces de baleine. Les
Tranfaciions PhilofopÈiques parlent d'un accouplement
où la femelle fe couche fur le dos , replie fa queue ^
6c reçoit le mâle fur elle , en le ferrant 6c l'embraf-
fant avec fes nageoires.
Chaque efpece de baleine s'accouple en particulier,
& ne le mêle jamais avec les autres. On prétend
que l'accouplement n'a lieu que tous les deux ans. Au
BAL 27
telïe , les hdchus fe tiennent toujours enfembîe , &
voyagent en grandes troupes.
Temps de la portée de la BALEINE, Soin quelle prend
de fon petit,
La mère porte fon fœtus pendant envifon dix mois :
«lîe efl: alors plus grafie , principalement vers le temps
où elle doit mettre bas. Le baleineau , lorsqu'il vient
de naître , a dix pieds & plus de longueur , & eilpour
le moins de la groileur d'un taureau. La baleine ne
porte ordinairement qu'un petit , rarement deux. Lors-
qu'elle veut donner à teter , elle fe jette de côté à la
furface de la mer , &: le petit s'attache à la mamelle.
Son lait efl comme le lait de vache. La baleine a un
foin particidier de fon petit : elle le tient pour l'allaiter ,
l'emporte par-tout avec elle lorfqu'on la pourfuit , en
le ferrant étroitement entre fes bras ou nageoires : elle
ne le quitte pas même étant bleffée. On a remarqué
que quand elle plonge au fond de l'eau , où elle
pourroit refier pendant plus d'une demi-heure fans re-
venir prendre l'air , elle remonte plutôt , malgré le
danger qui la menace , parce qu'elle fent que fon petit
ne peut pas refier fi long-temps fous l'eau fans refpirer.
Les petits tettent pendant un an , & les Anglois
les appellent alors courtes-têtes. Ils font extrêmement
gras , & dofinent , dit-on , cinquante tonneaux de
graille ; les mères au contraire font alors fort mai-
gres. Lorfqu'ils ont deux ans , on les nomme bêtes ,
parce qu'ils font comme hébétés après avoir quitté
la mamelle. Ils ne donnent alors que vingt-huit ton-
neaux de graiffe : après ce temps on ne fait guère
leur âge que par la longueur de leurs barbes.
Nourriture de la BALEINE,
On ne peut apprendre fans étonnement qu'une
bête aufîi énorme que la baleine ne fe nourrit que
de petits animaux marins ; oC que malgré cela elle
^8 BAL
engraiffe beaucoup plus que les autres animaux. II
paroît qu'elle le nourrit , entre autres , de beaucoup
<le petits vers qui flottent par pelotons dans la mer ,
ou qui fourmillent par millions fur le fond de plufieurs
mers , 6c notamment dans celles du Nord, Les Pê-
cheurs HoUandois ont nommé ces vers ou infe£les
de mer Walfifchaas , c'eft-à-dire , amorce ou nourri"
tun de la haLeine. Ces vers font conformés en rond
comme les limaçons , ayant des appendices membra-
neux d'une iîrutfure admirable , dont ils fe fervent
pour nager. Les fanons des baUims en font toujours
garnis ; oc ces fanons , dont les plus grands ont de fix ,
jufqu'à dix & douze pieds de longueur , fix pouces
de largeur moyenne , ôc environ trois , quatre à
cinq lignes d'épaiffeur , font autant de grands râteaux
ou de iilcts avec lefquels la baleine va recueillant au
fond des mers fa pâture. Il efl: à préfumer qu'en
ramaffar.t ainii fa nourriture , la haleine doit aufîi
engloutir dans fon large gouffre différens poifTons ,
tels que des harengs , des petites morues , &c. Mais
il ne paroit pas qu'elle les chafTe ni les recherche ,
à la différence du cachalot qui les dévore par milliers :
& le cachalot a de véritables dents.
Ce que les Anciens ont dit fur le poifTon con-
ducteur de la baleine , paroît abfolument fabuleux ;
car les Modernes n'ont rien obfervé tle femblable.
Peut-être ont -ils pris pour guide de la bakim le
haleimau , que la mère fuit toujours jufqu'à ce qu'elle
l'ait fevré.
Il n'ell pas rare de voir fur les haleines des plantes
de mer , des coquillages , ou autres animaux tefla-
cées qui y font attachés : ce moriflre flottant efl
pour eux une ifle ou un rocher. Il y a une efpece
de gland de mer qui s'attache fur le corps & jufque
dans la graiffe d'une efpece de haleine femblable à la
haleine du Groenland , qui fe trouve dans les mêmes
parages , 6c que l'on nomme le nord-caper. Elle n'en
\
BAL 29
diffère qiie par fa petiteile ; aufu efl-elle plus agile ,
ôc la pêche en eft~elle plus dangereufe.
Après avoir vu les baleines qui , au lieu de dents ,
ont des barbes ou fanons , on va jeter un coup d'œil
fur les efpeces de baleines à dents , en commençajQt
par celle qui n'en a qu'une ; on la nomme licorne dç
mer.
Licorne de mer ou Narhwal,
La licorn^ de mer efl le monoceros-pifiis , nakrwal
IJlandis , de Ray , Vunicornu marinum de Cliarleton ,
le touwack des Groënlandois & le narhwal des Danois
ëc des Iflandois. La licorne de mer eft un grand ani-
mal du genre des Cétacéis , &: qui fe trouve de même
que la grande baleine dans les mers du Groenland, La
licorne de mer a trente à quarante pieds & plus dfe
longueur. Ce cétacée efl: remarquable entre tous les
autres. Sa tête ell armée extérieurement d'une défènfe
qui efl cannelée en fpirale , comme tordue dans toute
fa longueur , &: iiniiTant en pointe ; cette défenfe efl
longue de fept pieds & davantage. On tend à prouver
que c'efl une véritable dent, & non pas une corne.
Cette défenfe qui fort de la mâchoire fupérieure ,
î^u-deffus de la lèvre , & plus communément du côté
gauche que du côté droit , fe dirige en avant , imite
rivoire; mais on peut l'en diftinguer, tant parce que
fes nbres font plus déliées , que parce qu'elle eft plus
folide , plus peTante que l'ivoire y oC n'eu pas fi fu jette
à jaunir : en un mot , le tilTu de la corne ou défenfe
du narhwal n'ocre pas à l'œil la même crganifation
que celle de V ivoire. Voyez ce mot.
On a vu des narhwals avec deux àà.ïç.vi{çs ; ( en
1684, le Capitaine Dirk Peterfcn apporta à Hambourg
une tête de narhwal armée de deiuî longues dents ) ,
& l'on prétend que dans ceux qui , comme il arrive
plus communément , n'en portent qu'une ^ on diilingue
de l'autre côté l'alvéole de la fççonde ^ qui n'a pas
30 BAL
pris fon accroîiïement : mais nous certifions n'avoir
pas toujours reconnu le trou ou alvéole dans les têtes
de narawals qui n'avoient qu'une défenfe.
C'e/l cette défenfe ofTeufe que l'on voit depuis long-
temps dans les Cabinets des Curieux , fous le nom de
corne de licorne. , & que quelques perfonnes avoient
regardée autrefois comme la corne d'un animal qua-
drupède , auquel on prétendoit donner auffi le nom
de licorne, La licorne quadrupède eft un être fabuleux.
Les licornes de mer font vivipares comme la baldm ,
& ont pluiieurs des caraderes propres aux baleines,
Anderfon vit, en 1736 , un narhwaï échouer à l'em-
bouchiu-e de l'Elbe. Ce cétacée , dit-il , étoit fort gros
relativement à fa longueur : il n'avoit que deux na-
geoires ; la tête étoit comme tronquée ; la dent ou
défenfe fortoit du côté gauche de la mâchoire fupé-
rieure au-deffus de la lèvre. Elle étoit contournée en
fpirale , & elle avoit cinq pieds quatre pouces de
longueur. Le côté droit du mufeau étoit fermé &:
couvert par la peau. La queue étoit fort large &
couchée horizontalement. La peau avoit beaucoup
d'épaiffeiu: ; elle étoit très-blanche & parfemée fur le
dos d'une grande quantité de taches noires , qui péné-
troient fort avant dans la fubftance ; la peau du ventre
étoit très-blanche aufîi , mais fans taches , luifante &
très-douce au toucher. Ce narhwal n'avoit point de
dents au-devant de la gueule , dont l'ouverture étoit
très-petite , car elle n'excédoit pas la largeur de lit
main , Ôc la langue rempliffoit toute fa largeur. Les
bords du mufeau étoient un peu durs & raboteux. Il
y avoit au-deffus de la tête un trou ou tuyau garni
d'une foupape qui s'ouvroit & qui fe fermoit au gré
de l'animal , par oti il jetoit l'eau en expirant l'air.
Les yeux étoient petits , fitués au bas de la tête , &
garnis d'une efpece de paupière. Ce narhwal étoit mâle.
Sa longueur étoit de dix pieds 6c demi , depuis le bout
du mufeau Jufqu'à l'extrémité de la queue , qui avoiî
BAL 31
troîs pîeds deux pouces &c demi de largeur ; chaque
nageoire n'avoit que deux pieds de longueur. Par cet
expofé on voit que ce narhwal étoit d'une bien petite
taille ; car , fi l'on en croit Anderfon , il s'en trouve qui
ont plus de ibixante pieds de longueur.
Les narhwals mâles & femelles font armés de ces
vigcureufes àkïtni^^ olieufes dont nous venons de parler,
pour rompre les glaces , lorfque ces animaux veulent
venir fin- la furface des eaux pour refpirer.
On rencontre fouvent de ces cétacées dont la dé-
fenfe efl mutilée , & Ton trouve une grande quantité
de ces armes fur les Côtes d'Hlande , de Groenland , &
du Détroit de Davis.
11 arrive quelquefois à ces animaux de mer d^en
donner un coup contre les navires ; ce qui leur occa-
fionne une fecouffe fenfible. Lorf qu'on radoube enfuite
les navires , on y trouve im morceau de cette défenfe
rompu & enfoncé dans le bordage.
Les Groënlandois & les Danois qui vont à la pêche
de ce grand animal , regardent les licornes comme les
avant-coureurs des baleines : l'expérience leur ayant
appris que par-tout où il y a des licornes , il doit y
avoir des baleines dahs les environs ; ce qui peut venir
de ce qu'elles vivent de la même nourriture , ôc que
par conféquent elles fui vent toujours les mêmes bancs,
La licorm , faute de dents , ne peut mâcher rien de
dur ; elle efi obligée de s'en tenir à fucer des infeâes
de mer. Au reile , le narhwal fe rend redoutable à la
baleine , qu'il coml)at & qu'il perce fouvent de fa
longue défenfe.
Ces animaux font d'excellens nageurs : leur queite
leur fert de rame &: les fait avancer avec ime vlteK^
étonnante : on auroit de la peine à en attrap(fl- , s'ils ne
fe joignoient par troupes. Auili-tôt qu'on les attaque ,
ils fe ferrent de fi près en m.ettant leurs dents ou
iléfenfes les uns fur le dos des autres , qu'ils s'em-
JbarraiTent , êc s'empêchent par -là eux -^ mêmes de
ji BAL
plonger & de s'échapper : aiifTi en attrape-t-on toujours
quelqu'un des derniers.
Il eft parlé dans VHlJIoire naturelle des Antilles ,
d'une efpece de licorne qui difFcre du narhwal par fa
corne qui lort du front , & non de la mâchoire fupé-
rieure ; par les dents qui garniffent fa gueule , & par
fil nourriture qui diffère de celle du narhwal. Suivant
les relations , les UcGmes des grandes Indes , de l'Afrique
& de l'Amérique , font des efpeces différentes de celles
du Nord. Il lemble par-là que les mers du Nord ne
font pas les feules oiices cétacées foient confinés. Peut-
être aufîi que la prétendue licorne des Indes n'eit pas
ce même animal du Nord.
On retire de la dent ou défenfe de licorne les mêmes
principes que de l'ivoire ; aulîi peut-on l'employer
aux mêmes ufages. Voye^^ l'article Ivoire du Narhwal^
éclemot Licorne.
Cachalot ou la petite Baleine,
Quelques Ecrivains ont regardé le cachalot comme
le mâle de la baleine , mais M. Anderfon croit que
c'eil une haleine d'une efpece particulière , & il a
raifon.
Les cachalots font de l'efpece des baleines qui au lieu
de fanons ont des dents. Il y en a de plufieurs fortes :
les ims ont la mâchoire inférieure toute garnie d'un
ou de deux rangs de fortes dents , & n'ont point , ou
n'ont que très-peu de dents uniquement mâchelieres
dans celle d'en-haut ; le refte de cette mâchoire fupé-
rieure eft parfemé de trous ou alvéoles , defiinés appa-
remment à recevoir les dents de la mâchoire inférieure ,
lorfque les deux mâchoires fe rapprochent ; d'autres
ont de grofies dents , courtes , arrondies & plates par
le bout , d'autres les ont minces & recourbées en fau-
cilles : la fubitarice de ces dents psroît femblable à celle
^e l'ivoire : elle en a la dureté. TFillughhy a décrit un
cachalot dont le palais étoit percé d« quarante deux
alvéoles ^
BAL 3^
alvéoles , vingt - un de chaque côté , dans ïefquels
entroient autant de dents dont étoit garnie la mâchoire
inférieure.
Les Marins dirtinguent encore deux efpeces de cacha-
lots , qui fe rexTemblent parfaitement par la figure du
corps & par les dents , mais qui différent en ce que
les uns font d'un noir verdâtre fur le dos , & ont un
crâne ou couvercle dur & oiTeux par-defilis le cerveau ^
oC que les autres au contraire font gris fur le dos , &:
blancs fous le ventre , & que leur cerveau n'eft recou-
vert que d'une forte membrane de l'épaiiTeur du doigt s
on prétend que cette différence ne dépend pas de l'âge
du poiiTon. C'efl de cette dernière efpece qu'eft le
'cachalot , dont les olTemens ont été expofés à la vue
du public à l'Hôtel de Soiflons , ( aujourd'hui la Nou-
velle Halle ) &: fur les Boulevarts à Paris : le fpe6i:aclé
de ce fquelette fert à fe former une idée de ces monf-
trueux animaux. Le cachalot eil le plus grand cétacée ^
après la baleine de Groenland.
On ne trouve , dans le Détroit de Davis & aux
environs de Spiîzberg , qu'une efpece de cachalot. C'eft
celle qui a les dents courtes , groffes & aplaties ; la
tête fort grofle ; deux nageoires épaifies ^ longues aux
côtés , &: une forte de petite nageoire fur le dos ; la
queue large de douze à quinze pieds , bifurquée &
horizontale.
Le cachalot que l'on prend fur les Côtes de la Nou-
velle Angleterre & aux Bermudes , eil diftérentifle celui
de Groenland ; fes dents font plus grofles & plus larges ^
elles reffemblent aux dents de la roue d'engrainage d'un
moulin , &: font de la groiieur dii poignet.
C'efl prefque toujours vers le Cap du Nord & fut
les Côtes de Finmarchle , qu'habitent aufîi ces efpeces
de baUims, Un Capitaine de vaiffeau afiiire avoir vu
arriver un jour du côté de Groenland , une grande
troupe de pareils animaux , à la teîe de laquelle il y
en avoit un de plus de cent pieds ( du Pvhin ) ds
Tomi lit * C .
54 BAL
longueur , qui paroifToît ctre le roi , & qui , à rafpefl du
vaifieau , avoit fait un bruit fi terrible en fbufïlant
Teau , que ce bruit avoit été comme celui des cloches ,
&: û fort , que le vaiffeau en avoit tremblé pendant
quelque temps ; qu'à ce fignal toute la troupe s'étoit
fauvee avec précipitation.
Ces efpeces de baleines font plus agiles que la vraie
h.iUine de Groenland , & plus fauvages ; aufTi font-elles
fort difficiles à attraper , parce qu'il n'y a qu'un endroit
ou deux auprès de la nageoire où puiile prendre faci-
lement le harpon ; d ailleurs leur graiiTe eil tendineufe
& ne rend pdS beaucoup d'huile. Le cachalot a fur le
mufle une ouverture ou évent , qui lui fert à
rejeter l'eau.
On trouve dans le premier volume des Mémoires
fur différentes parties des Sciences & des Arts , par
M. Guettard , la defcription d'un cachalot jeté à la
côte près Saint-Pô , au mois de Mars 1 76 1 . Cette
defcription qui eft faite par M. Serard , Médecin de
Calais , & par M. Blondeau , alors ProfefTeur d'Hy-
drographie de la même ville , efl curieufe &: inilrudive ;
on y îit que l'animal doit être beaucoup plus léger
que fa malle énorme ne femble le comporter , &: qu'il
doit fe mouvoir facilem.ent dans le milieu où il vit.
Comme le fang de cet animal , mort depuis plufieurs
jours , eil encore très-liquide , très-vermeil 6c très-
mifcible à l'eau , & qu'une petite partie de ce fang
peut temdre une grande quantité d'eau , on a la facilite
de fuivre cet anim.al très-loin à la pifte de fon fang
dans l'eau de la mer , lorfqu'il a été bleffé.
L'efpece de cachalot des Bermudes eft d'autant plus
remarquable , qu'indépendamment de fon lard , elle
fournit deux précieux médicamens, le blanc de baleine ^
& , félon M. Anderfon , V ambre gris. On lit dans les
Tranficlions Philofophiques , que l'on trouve Vambrc
gris dans les entrailles de cet animal , & qu'on peut
le regarder comme une concrétion de paities huileufes
B AL 3y
& flottantes au milieu d'une liqueur couleur d'orange
foncée , qui a la même odeur & encore plus forte
que les boules d'ambre qui y nagent librement. On
prétend que ces boules d'ambre ne fe trouvent que
dans les cachalots vieux & bien formés , & , comme
l'on croit communément , dans les feuls mâles ; mais
on ne fauroit décider quelle efl leur matière &; d'oii
elles fe forment. Ce qu'on avoit pris dans les boules
d'ambre pour des becs d'oifeaux uniquement , ne
font communément que des becs de Jlchcs y dont
ces baleines font leur principale nourriture. On dit
cependant qu'on a trouvé auffi dans l'eftomac d'un
de ces monftres , des arêtes & des carcafles à moitié
digérées de poifTons de fept pieds & davantage de
longueur.
Il réfulte de ces obfervations qu'il refte beaucoup
d'incertitude fur la nature de V ambre gris. Voyez ce mot»
Blanc de Baleine^ furnommé improprement ^^r/72^ ou
• nature de Baleine , ou ambre blanc,
La tête du cachalot eft énorme à proportion de fon
corps , mais elle efl certainement bien proportionnée
fuivant l'intention du Créateur , qui lui a donné cette
tête immenfe pour pouvoir contenir dans fa vafte capa-
cité la quantité fuffifante de ce précieux cerveau , non-
feulement pour les befoins de l'animal même , mais
encore pour fervir de réceptacle à un médicament utile
au genre humain , & fur-tout néceffaire dans un climat
tel que celui du Nord , oii les maux de poitrine
font très-fréquens. C'ell ce cerveau préparé qui donne
le blanc de baleine (a).
( a ) Il eft très-probable , dît M. HalUr , que le cachalot a le cerveau
fait comme les poiffons. Ils ont généralement la dure-mere attachée au
crâne, & très-éloignée de la pie-mere & du cerveau. L'intervalle eft
rempli d'un tiffu cellulaire extrêmement tendu , & tout rempli d'huile.
Dans l'Anatomie fuperficielle des Matelots , cette huile aura été prife
pour le cerveau, qui n'occupe que la partie inférieure du crâne. M. Hill
aifure que Iq blanc de balsim n'çft qu^ l'huiis ordinaire de baleine nïHnéti
c 2
y6 BAL
Lorfqii'on a enlevé l'épahïe membrane qiiî recou-
vre le cerveau du cachalot qui n'a point de crâne ,
on trouve une couche de graiffe épaiffe de quatre
doigts; au-delTous une membrane très-nerveufe, qui
fert de crâne , 6c plus bas une autre cloifon , aflez
femblable à la première , & qui s'étend dans toute la
tête depuis le mufeau jufqu'à la nuque. La première
chambre qui eft entre ces deux membranes , renfermée
le cerveau le plus précieux 6c dont on prépare le
meilleur blanc de bakïm. Cette chambre du cerveau
ell divifée en plufieurs cellules , formées par une
Ibrte de réfeau , reffemblant en quelque façon à un
gros crêpe ; & elle fournit dans le cachalot jufqu'à
fept à huit tonneaux d'huile claire & blanche : au-
ceiTous de cette première chambre , il y en a une
ai-Ure qui fe trouve au-defïïis du palais , & qui , félon
la grandeur de l'animal , a depuis quatre jufqu'à fept
pieds & demi de hauteur , & eft également remplie de
la matière du *blanc do bak'mz , qu'on nomme matière
fpermatiqiic à caufe de l'ufage qu'on en fait fous le
nom impropre de fpcrmc de baleine , ( Sperma cetî, )
Il y isft diftribué , renfermé comme le miel dans de
petites cellules , dont les parois reffemblent à la pelli-
cule intérieure d'un œuf. A mefure que l'on enlevé le
liane de baleine de cette chambre ou cavité , elle fe
r.emplit de nouveau de fperme qui y eft conduit de
tout le corps par un gros vaijfeauj & l'on en tire
fouvent de cette façon jufqu'à onze petits tonneaux.
Le vaiiTeau dont on vient de parler , a la grolleur
de la cuiffe d'un homm.e ; il s'étend le long de
l'épine du dos .jufqu'à la queue , oii fa groffeur
n'eft plus que à\m doigt. Ainfi l'on voit que ce
prétendu fperme qui vient remplir la cavité d'où on
en là faifant cuire à diflférentes fcprifes avec beaucoup d'eau. Des
Chirurgiens , témoins cîe la préparation du blanc de baleine , nous ont
cependant affuré qu'on fe fervoit des fubftances médullaires du cerveau .
du cervelet & de la moelle épiniere ; à la vérité on y joijnoit «ufli
l'huile (|ui étoit contenue dans le tifl'u cellulaire»
BAL 37
a tîré le hlanc de hakinc , n'efl: autre chofe que la
moelle de l'épine.
Lorfque l'on dépecé le corps du cachalot pour en
trancher le lard , on évite avec grand foin de couper
le canal de la moelle épiniere , de peur que le hlanc
de bakim ne s'en écoule &; ne fe perde.
A Bayonne 8c à Saint- Jean-de-Luz on prépare beau-
coup de blanc de bakim ; on fait fondre la cervelle
du cachalot fur un petit feu , on la met enfuite dans
des moules femblables à ceux où l'on jette le fucre ;
après qu'elle eil refroidie ôc égouttée de fon huile ,
on la retire & on la refond jufqu'à ce qu'elle foit
bien purifiée & très-blanche ; on la coupe enfuite en
écailles telle qu'on la voit dans le commerce.
Le plus beau blanc de baleine eft en écailles blan-
ches 5 claires , tranfparentes , d'une odeur fauvagine :
on reconnoît facilement s'il eft falfiiié avec de la cire ,
à fon odeur , à fon blanc mat & à fon peu d'épailTeur.
On conferve cette drogue dans des vaiileaux de verre
bien fermés , parce que le contad de l'air la rend
jaune 6c lui donne une odeur rance.
Le blanc de haleine efl , dit^on , un des meilleurs
remèdes pour la poitrine ; il en adoucit les âcretés , en
déterge & confolide les ulcères : appliqué extérieure-
ment , il ell adouciffant , émollient , confolidant. Cette
dernière propriété n'efl pas équivoque , car , fuivant
la remarque de M. B aller ^ toutes les huiles 6c tous
les baumes emI:arraiTent les paffages du poumon , &
laiiTent une difficulté de refpirer très - feniible ; par
ccnféquent le hlanc de baleine ne peut être que très-
nuiiible à la poitrine. On l'emploie auffi , & peut-être
avec plus d'efficacité , comme un cofmétique dans le
fard & dans les pommades , pour adoucir la peau ôc
peur embellir le teint.
Cj
i$ BAL
Pèche des BALEINÉS. Avantages qu'on en rttlre.
De toutes les pêches qui fe font dans l'Océan &
<3ans les autres mers , la plus difficile &: la plus péril-
leufe eft fans contredit celle de la baleine. Les Bafques
font les premiers qui l'aient entreprife , vers le XV^®
fiecle, malgré l'âpreté des mers du Nord 5 &i les mon-
tagnes de glaces au travers defquelles il falloit paffer :
( car un inftind falutaire fait appréhender à la baleine
les bas-fonds; fa groffeur l'empêche d'approcher des
côtes y &C la retient dans les abymes prefque inaccef-
fibles de la mer du Pôle , vers le Spitzberg , le Groen-
land , & le Détroit de Davis. ) Ils ont les premiers
enhardi aux différens détails de cette pêche les autres
Peuples Maritimes de l'Europe. Les Hollandois, tou-
jours habiles à profiter des découvertes des autres
Peuples, & attentifs à faifir les différentes manières
de s'enrichir , fe font formés à cette pêche , qui efl
devenue un des objets les plus importans de leur
commerce ; ils y ont employé , dit-on , jufqu'à trois
ou quatre cents bâtimens , munis de harpons , de lances,
d'une grande quantité de cordes , &c deux ou trois
mille Matelots , ( fans compter neuf à dix mille per-
fonnes que cette pêche occupe encore après le retour
des navires ) , ce qui leur produit des fommes très-
confidérables , car ils fourniffent feuls , eu prefque
feuls , toute l'Europe , d'huile &c de favon de haleine.
L'année 1667 efl citée dans les annales de la
pêche de la baleine , comme la plus riche & la plus
abondante : ici vaiffeaux de différentes Nations , dont
les Hollandois en avoient à eux feuls 1 29 , prirent 1968
haleines , dont on tira 3784490 florins. Cette pêche
n'a pas été depuis auffi ccnfidérable \ néanmoins les
Hollandois exportent affez régulièrement par année , tant
en fanons qu'en huile, pour un million de florins ; par-là,
ainfi que par les pêches du hareng & de la morue , (Voyez
ces mots , ) ils ont , depuis plus d'un fiecle , ajouté des
BAL 39
femmes Immenfes à leurs rlcheffes ^ aiiffi-bien qu'à
la force de leur Etat confidéré comme PuifTance
Maritime.
C'efl dans le Détroit de Davis que la vraie baleine.
fe trouve en abondance , dans les mois de Février ëc
de Mars ; après ce temps les baleines fe perdent peu-à-
peu fur ces côtes , en prenant la route de l'Oueu vers
celles de l'Amérique. Elles ne font plus fi abondantes
préfentement ; car voilà près d'un fiecle & demi qu'elles
y font attaquées par les HoUandois & par les autres Na-
tions. On trouve dans le Détroit de Davis , vers Plfle
Difco , des baleines de foixante - dix pieds de long.
Elles font plus difficiles à harponner . parce qu'elles
plongent, & reviennent alternativement fur l'eau. Cette
pêche n'efl 'point fi périlleufe que celle qui fe fait iur
les Côtes de Groenland , oii les navires courent de
grands dangers, à caufe des glaces qui viennent s'y
attacher , les "arrêtent fans qu'ils puiffent s'en débar-
raffer , & les font périr fans reiiource , ainfi que
réprouvent tous les ans quelques HoUandois ( ^ ).
On avitaille pour neuf mois les vaiffeaux qm par-
tent pour la pêche de la baleine : ils vont pourfuivre
les baleines jufque fur les Côtes de l'Amérique , &
continuent la pêche jufqu'à la fin du mois d'Août.
Quelques Pêcheurs rebutés des dangers , font venus
faire la pêche de la baleine vers l'Ide de Finlande ,
dans l'endroit nommé Sarde, Les baklncs y font plus
petites que celles du Groenland. La pêche de la baleine
fur les Côtes de Spitzberg , étoit déjà confidérable
vers la fin du feiaieme fiecle.
Voici en peu de mots la manière dont fe fait la
pêche de ce monflrueux cétacée.
(a) Les hardis Navigateurs, qui vont nous chercher de I*liuîre aa
milieu des glaces , y vont plufieurs enfemble i & , prefque chaque
année , il y périt quelques bâtimcns baleiniers reftés dans les glaces ^
mais les Matelots des autres , qui n'y font pas encore enfermés , vont
chercher leurs camarades fur les glaces , & c'eft ce qui les enhardit
à aUer fi loin,
G 4
40 BAL
Lorfau'un bâtiment eft arrivé dans les parages ov!
doit fe faire le paiTage & la pêche des haleines , un
Matelot placé au haut du mât de hune , en vedette",
avertit aufTi-tot qu'il voit une haUïne. Il crie , en langue
bafque , batla ! balial L'équipage le jette auiri-tôt dans
les chaloupes qui étoient iiilpendues aux côtés du bâ-
timent , 6c qu'on a mifes à Teau , & on fait force de
rames pour atteindre la huldnc apperçue. Le plus hardi
ôc le plus vigoureux Pêcheur , armé d'un harpon , fe
place fur l'avant de la chaloupe ; dès qu'il eil à portée
de la bakinc , il lance avec adreffe le harpon flir les
endroits les plus fenfibles de l'animal , tels que le
deflous de l'ouïe , la plus grande partie du dos & les
parties de la génération , quelquefois la tête. Le Kar-
ponneur court de grands rifques ; car la halzim , après
avoir été blefiee , s'agite , fait de grands mouvemens ,
donne de furieux coups de queue & de nageoires qui
battent l'eau , la font fauter Se jaillir en^brouillards ,
tuent fouvent le Harponneur & les Rameurs , brifent ou
renverfent la chaloupe ( ^ ).
Lorlque le harpon a bien pris , on fe haie de filer la
corde à laquelle il tient , &: la chaloupe fuit à la vue.
Lorfcjue la haUlne , qui au coup de harpon a pris la
fuite & plongé dans la mer , revient fur l'eau pour
refpirtr , en tâche d'achever de la tuer en la perçant
à coups de lance , mais en évitant toujours avec grand
foin fa queue ôc fes nageoires , qui donnent des coups
(a) Le harpon eft un inftrument de fer légèrement trempé, de trois
pieds de longueur , avec un manche de bois de fix pieds de long , plus
gros en haut qu'en bas, & creux jufqu'à la moitié pour y faire entrer
Je fer. La pointe du harpon eft triangulaire , & a la forme d'une f;eche.
Le poids du fer étant en bas, de quelque manière que le harpon foil
lancé , il tombe toujours fur fa pointe. A ce fer , près du m<jnche , eft
attachée la ha'-pcire^ qui eft Uîie corde de fix à fept hrafles de longueur
fur un pouce d'épaiffeur ; elle doit être faite du chanvre le plus doux
^ ie plus fin , & fans être goudronnée ; on la roule , afin qu'elle ne
retienne pas le harpon lorfqu'on le lance. Cette corde eft liée à une
autre, placée à i'aurre bout du harpon , pour fuivre l'animal dans fii
fuite. Cette dernière cil bien goudronnée, faite d'un chanvre rude, Ô6
tgaucoup plus grolVe & j>lus forte que la harpoirç.
BAL 4t
mortels. Ce moment eft le plus dangereux. Toujours
elle rejette l'eau avec fureur &c un bruit épouvantable ;
fouvent elle fuît rejaillir fon fang en il grande quan-
tité , qu'elle en couvre les chaloupes & les Pêcheurs ,
6z que la mer en paroît teinte dans un grand efpace.
Le bâtiment toujours à la voile , fuit de près , afin
d'être à portée de remorquer la baleine harponnée.
Loriqu'elle eu morte , ou que l'animal épuifé n'a
plus de force , ce qui fe reconnoît à la corde qui
paroît lâche , Se au foible bruit de l'eau que la haleine
rejette alors par fes nafeaux , on la remorque , on
lui coupe la queue , &C on l'attache aux côtés du
bâtiment avec d^s chaînes de fer : la tête ell: vers la
poupe 5 & l'endroit oii l'on a coupé la queue , vers la
proue. AufTi-tôt les Charpentiers fe mettent delïiis la
kîkine , vêtus d'habits de cuir , avec des bottes ar-
mées de crampons de fer aux femelles , crainte de gliiTer
fur la peau. Dans cet état , ils enlèvent le lard de la
baleine fufpendue dans l'eau , &: on le porte à l'inilant
dans le bâtiment où on le fait fondre.
Les Hollandois craignant les dangers du feu dans les
vaiHeaiLx , tranfpcrtent les barriques de graifle dans
leur pays pour la faire fondre , en quoi ils fe mon-
trent moins hardis* que les Bafques. La hardielTe de
ces derniers eu récompenfée par le profit qu'ils font ,
qid efî communément triple de celui des Hollandois.
Comme les François 6c les Bafques font fondre la
graille ou le lard des haleines à mefure qu'on l'enlevé ,
les huiles françoifes font auffi meilleures & moim
puantes que celles que préparent les Hollandois.
Une haleine moyenne produit environ i looô livres
pefant d'huile. Elle donne un plus grand nombre de
barriques d'huile , à raifon de fa grandeur & de fon
embonpoint. En général , la couche de lard dont une
bonne haleine efl totalement recouverte , a dix ou
douze pouces d'épaiffeur. Les couteaux dont on fe
fert dans cette opération ont jufqu'à cinq pieds de
42 BAL
longueur : on fe tient loin de la graifle , on la croît
capable de caufer une cohtradion de nerfs , &c de ren-
dre perclus les bras 6c les mains.
Lorsqu'on a tourné 6c retourné la baleine pour en
enlever la graiffe , on retire les barbes ou fanons qui
font attachés dans la gueule , & que nous avons dit
lui fervir de dents.
La côte entière & ofTeufe appartient non-feulement
au propriétaire du vaiffeau , mais encore à tous les
intéreflés dans l'entreprife. L'Equipage a la moitié du
produit de l'huile , 6c le Capitaine , le Pilote , le
Charpentier , ont encore par - defîiis les autres une
gratihcation fur le produit des barbes ou fanons.
L'huile &. les fanons iont les grands produits que
l'on retire de la baUïne, L'huile fert à brûler à la
lampe , à faire le favon du Nord , à la préparation
des laines des Drapiers , aux Corroyeurs pour adoucir
les cuirs , aux Peintres pour délayer certaines cou-
leurs , aux Marins pour graiifer le brai qui fert à
enduire & fpalmer les vaifl'eaux , aux Architedes &
aux Sculpteurs pour faire une efpece de maflic avec
de la cérufe ôc de la chaux , lequel durci , fait une
croûte fur la pierre , & la garantit des imprefTions
de l'air &: des injures du temps. '
On diflingue à Paris deux fortes à^huile de haleine.
Celle qu'on nomme de grande haie ou de pkhe fran-^
çoife , efl la meilleure , pai* la raifon que l'on a dite
ci-defîlis. A l'égard à^s lames , appelées fanons de ba^
leine , & que le vulgaire nomme improprement côtes
de baleine , leur ufage s'étend à une infinité de choies
utiles : on s'en fert dans les Arts , & en particulier
dans l'ajuftement des femmes , à faire tout ce qui
exige à la fois de la force & de la fouplelTe , du reffort
fans roideur , ôc de la flexibilité fans moUeffe ; en un
mot , on en fait des bufques de corps , des branches
de parafol , &: mille autres ouvrages.
La chair des bakines eft difficile à digérer , mais
BAL 45
cependant propre aux eftomacs robufles des Habitans
des contrées qu'elles fréquentent.
La néceffité a appris aux Iflandois & aux Pêcheurs
des Ifles de Féroe , le moyen de s'emparer de l'ef-
pece de baleine qu'on nomme le nord-caper^ quoiqu'ils
foient dépourvus de chaloupes , de bâtimens &: des
uilenfiles nécefîaires à cette pêche. Lorfqu'ils apper-
çoivent le nord-capcr donner la chafîe aux harengs ,
& les poufler adroitement fur les côtes pour en attra-
per un plus grand nombre à la fois , ils fe jettent à
l'inflant dans leurs canots ; ils pourfuivent la baleine
par-derriere à force de rames ; & fi le vent fouffle fur
la côte , ils verfent dans la mer quantité de fang ,
dont ils ont fait bonne provifion. La baleine qui veut
regagner la haute mer , s'effraie lorfqu'elle voit ce
fang ; & plutôt que de nager à travers , elle retourne
en fuyant vers la côte , où elle échoue , 6c alors ils
s''tn emparent aifément.
Ennemis des BALEINES,
Les baleines ont, indépendamment de l'homme ,'
plufieurs ennemis très-dangereux , dont quelques-uns
font eux-mêmes de véritables baleines , mais d'efpece
différente ; telle efl la licorne de mer ou le narhwaL
Voyez au commencement de cet article Ll CORNE DE
Mer. Tel efl Vourque ou épaulard dont nous parlerons
ci-après.
Les baleines , malgré leur force &: la groffeur pro-
digieufe de leur maffe , tremblent à l'afped de Vépée
de mer de Groenland, & de hifcie de mer ; elles s'a-
gitent en fautant d'une façon extraordinaire , & fe
fauvent avec précipitation du côté oppofé. Voye^^ t ar-
ticle Scie de Mer , & à-aprïs Épée de Mer de
Groenland.
La baleine a un autre ennemi qui la tourmente beau-
coup , quoiqu'il foit en apparence infiniment moins
redoutable que ceux dont nous venons de parler i
44 BAL
c'cll un ver teftacée , qui , lorfqu'il eu étendu , peut
avoir fix à fept pouces de long , & qu'on nomme
peu de baleine. Cet animal eft armé d'une coquille à
nombre de pans , dont les deux extrémités forment
une ouverture par où il paiTe fes bras , avec de longs
poils qui lui fervent à piquer la baleine ^k{t nourrir
de fa graifie. Cet animal fe loge fous les nageoires ,
dans les oreilles & vers le membre génital. Lorfqu'ii
efl étendu , il a tout l'air d'un polype de mer. Voyez
Pou DE Baleine,
Eph de mer de Groenland.
VÉpée du Groenland eil une petite efpece de ba-^
leine de la longueur de dix à douze çïeàs , d'une
agilité étonnante. Ses deux mâchoires font armées de
petites dents pointues : fa queue efl horizontale ; &
elle rejette , comme la baleine , par un évent , l'eau
qu'elle avale. Elle porte fur le bas du dos une efpece
d'épée ou de fabre , d'où lui efl venu fon nom. Cette
efpece de fabre a trois ou quatre pieds de haut , &
rcifemble plutôt à un pieu pointu qu'à un fabre. De
plus , il efl revêtu de la même peau que l'animal , &
paroît être hors d'état de blefTer la baleine. On penfe
qu'il fert à cet animal pour s'arrêter dans fa courfe ,
ou pour en modérer quelquefois la trop grande rapi-
dité. Ce pieu efl-il une efpece de nageoire ? M. Briffi^n
défigne ainfi cette efpece à^épée de mer : Ddphinus pinnâ
in dorjo unâ gladii recurvi amuld , dentihus acutis , rofiro
quaji. truncato.
C'efi par leur gueule que ces animaux font à crain-
dre : ils marchent en troupe , &: attaquent tous enfcmble
la baleine : ils lui arrachent avec leurs dents , chacun
de leur côté , quelques morceaux du corps , jufqu'à
ce qu^étant harcelée & fatiguée , elle ouvre la gueule
6c en fait fortir fa langue. A l'inflant ils s'élancent
fur cette langue , qui eu prefqué la feule partie de la
haleine propre à leur nourrirure , 6c s'éîant prefque
BAL 45
întroduits dans la gueule , ils Tarrachent toute entière :
ce qui fait que les Marins trouvent quelquefois des
haldms mortes qui ont perdu la langue. \Jipk de
mer eft le kafatkl des Kamtfchadales : il efl aufii très-
commun dans leurs mers. Les Pêcheurs de ces înfu-
laires le redoutent tellement ., que loin de l'attaquer ,
ils l'évitent , & lui font même des offres pour qu'il
ne leur faffe pas de mal : tout cela ne l'empêche pas
de renverfer leurs barques. Les Pêcheurs de haldms ,
fur les Côtes de la Nouvelle Angleterre , l'appellent
kïlU-zrs , ^a.ffajjin^, A l'égard de VlpU de mer dite
efpadon ^^o'Aon feul de fon genre , /^<?y^{ Espadon.
Marfouïn , félon quelques-uns , U Souffleur vulgaire.
Le Marfouïn ou cochon de mer^ on porc de mer ^ c'efl
le turjio des Latins , le phoccena des Grecs. Le nom de
mnrjouin eil dérivé , fuivant Belon , de deux mots du
bas- Allemand ; meer ^ mer , ^cfchwein , povirceau ; de
forte que marfouïn veut dire pourceau de mer , OC cette
dénomination eft affez jufle. Le marfouïn , par la flruc*
ture de fon mufeau , 6c par fa conformation intérieure ,
ayant beaucoup de rapports avec le cochon.
Le marfouïn efl le plus petit des animaux cétacées ,
& efl: regardé par M. Anderfon comme une très-petite
efpece de haleïne. Sa longueur ordinaire eft de cinq à
fix pieds ; mais , quoique moins long que le dauphin ,
il a le corps plus fourni à proportion , &: plus épais ;
il a , comme lui , un trou ou évent fur la tête , par
lequel il rejette l'eau. Sur le dos s'élève une nageoire
échancrée en demi-lune vers la queue , laquelle efl
taillée en faucille & horizontale , de même que les
nageoires. La gueule eft garnie , tant en haut qu'en
bas , de petites dents fort pointues , efpacées & dif-
pofées de manière qu'elles s'engrènent réciproque-
ment les unes dans les autres. Le marfouïn n'a point
d'oreilles externes , & l'œil peut à peine reconnoître
ks conduits auditifs •, les deux trous des narines font
46 BAL
furmoiités chacun par un poil ou une foie rude ,
longue d'un demi-pouce , & qui fe trouve même dans
le tbetus de cet animal. Sa langue ei\ frangée par les
bords , courte & attachée au fond de la bouche. Les
parties de la génération font apparentes dans les deux
fexes. La femelle ne produit qu'un ou deux petits.
Le marfouin n'a pas la gaieté pétulante du dauphin ;
il paroît morne & lourd ; il a beaucoup de reifem-
blance avec l'ourque pour la forme du corps , mais
il eil plus petit. Au reil:e , l'efpece du marfouin
renferme quelques variétés ; car on en voit de cou-
leur bmne , èc d'autres tout à fait blancs. Il paroît
que les marfouins blancs habitent les fleuves de pré-
férence à la mer ; qu'ils font moins nombreux , plus
folitaires que les bnms ; qu'ils ont aufîi la chair moins
bonne. Quelques-uns nomment pourJiLU , l'efpece
bnme , & moine, de mer , Tefpece qui eft blanche &
qui a comme une forte de coqueluchon. Cette efpece
ert très-nombreufe Ôc univerfellement répandue. On la
trouve dans toutes les mers , & même dans quelques-
uns des grands fleuves de la Chine & de l'Amérique.
Ces petits cétacées vont par troupes , quelquefois de
plufieurs miniers , & en telle quantité que la mer en
efl: couverte dans un efpace de plufieurs lieues. Ils
fuivent les navires , &: quand ils s'en approchent de
fort près , c'eft , au dire des Mariniers , un préfage de
tempête prochaine.
Le marfouin entre & monte affez haut dans les
grandes rivières avec le flux ; on l'y voit s'y jouer ,
en pirouettant & s'élançant à mi-corps hors de l'eau :
fouvent il fait entendre un fifflement pareil à celui que
rend un bœuf par une refpiration profonde ; & c'eft ,
à ce qu'on prétend encore , le préfage d'un temps
orageux.
La nourriture des marfouim conlifte en fardines ,
maquereaux , & fur-tout en harengs. La pêche de ces
petits cétacées fe fait de différentes manières i la plus
BAL 47
uiitée eu de les harponner avec le hargout , •qui eil un
gros javelot monté d'un fort bâton , auquel eft attaché
une corde que le Pêcheur laiile hier à meflire que le
marfouin bleffé s'éloigne. On a obfervé que les autres
marfouins viennent s'abreuver du fang qui fort en
grande abondance de la blefïïire de celui qui eiî har-
ponné , & que fi par hafard le harpon fe détache ,
ou que le marfouin retombe lorfqu'on le tire de l'eau ^
les autres ne le quittent point qu'ils ne l'aient mangé,
Lorfqu'on les jette fur le tillac après la pêche , ils
pouflent une forte de gémiffement femblable à celui
d'un cochon qu'on vient d'égorger. Le fang des mar-^
foulns efl auiTi chaud que celui des animaux terreflres.
Les Pêcheurs du Mont-Farville en Normandie fe fer-
vent pour la pêche des marfouins , de rets ou filets
de gros fil , avec des mailles de neuf pouces en carré :
lorfque les Pêcheurs apperçoivent de haute mer à la
côte des marfouins dans les petites anfes que forment
les pointes des rochers , ils approchent , forment une
efpece d'enceinte au moyen du filet ; alors les mar-
fouins refient à fec , au reflux de la mer , & échouent
les uns fiu' les autres ; on les prend facilement , on les
affomme : on en voit quelquefois franchir le filet en
s'élançant , quand il y a encore affez d'eau pour qu'ils
puifTent nager. Au Canada , dans le temps de la bafTe-
marée , on fiche dans la vafe ou dans le fable des
piquets garnis par le haut de verdure : on attache à
ces piquets des filets en forme d'entonnoirs , & lorique
la marée monte , les marfouins qui pourfulvent les^
harengs que la verdure attire , paffent par l'entonnoir ^
fans pouvoir retourner à la haute mer ; ils refient à
fec lors du reflux parfait , & on les affomme à coups
de bâton.
On dit ( ce qui paroît très-fmgulier ) que tous les
ans, dans le mois de Juin, le marfouin devient aveugle,
par l'effet d'une petite membrane ou efpece de taie qui
le forme fur fes yeux, Les Iflandois ne manquent pas
4 BAL
cie profîtei? de cette faifon , &: ils en chafTent queî^
quefois jufqu'à trois cents à la fois vers les côtes ,
cil ils les prennent facilement. Ils mangent les jeunes
marjbuins , ëi retirent un peu d'huile des autres. En
général la chair des marfouins cit peu délicate 6c de
difficile digeflion ; il n')^ a guère que le fcic & la
tête qui en foient mangeables ; 6c la plus grande utilité
qu'on retire de la pêche des marfouins , confiile dans
leur lard , qu'on fait fondre pour en tirer de l'huile ,
qui fert à brûler , & qu'on emploie aufTi dans les
Tanneries , les Savonneries , &:c. On prétend que la peau
du marfouïn , apprêtée , donne un cuir léger , fouple
6c impénétrable aux coups de feu.
Epaulard ou Ourque (Orca).
Rct'dekt donne ce nom à une efpece de baleine , quî
eft le biiti'kopf d'Anderfon* On le nomme dor^ua en
Langue doc ; c'eft le ddphinus pinnâ in dorjo imâ ,
dentibus ohtufis de M. Briflbn ; le ddphinus roftro fur-
fùm rtpcndo , dentibus lads ferrads d'Artedi. C'eft un
cétacée d e moyenne grandeur ; il n'a guère que quinze
à feize pieds de longueur , &: reflemble en tout îi fort
au marfoui.n , tant à l'intérieur qu'à l'extérieur , qu'on
ne pourroit le regarder que comme une efpece de très-
grand maryoum , ou comme la première entre celle
des petits c étacces , marfouins & dauphins. Uourque
a , comme t> dus ces animaux marins , un conduit pour
alpirer l'air & rejeter l'eau : c'efl un ennemi qui fe
rend -redoutable 9 même aux plus grandes baleines^ par
fa férocité, fa force & fon agilité dans l'attaque, &
par le s dents larges , tranchantes & pointues , dont fa
gueule eft ar, tnée ; il mord la baleine 6c la fait mugir
ôc fuir' fur l es côtes , ce qui eft très-favorable aux
Pêcheurs: au. iîi empêchent-ils autant qu'ils peuvent,
qu'on ne blelTe 6c qu'on ne tue Us épaulards.
Dauphin^
BAL 49
Dauphin.
Le Dauphin efl mis au rang des haleines. Son nom
cfl: formé dans la plupart des langues du Grec hx^piv ;
c'efi: la balœna minor , mrâquz niaxiUâ dcntatd , dorfo
pinnato , delphmus vulgo dtcla , d'Anderfon. C'cfl un
animai marin dont la tigure a peu de rapport à celle
qui entre dans le Blalbn , & à la forme fous laquelle
les Sculpteurs & les Peintres repréfentent cet animal.
Le dauphin eil un cétacée moins grand que Vourque ,
& plus grand que le marfoum ; tous trois forment le
groupe à.ts petits cétacées , qui , pour toutes les di-
mentions , font infiniment au-delTous des baleines &c
ces cachalots. Le dauphin a communément dix pieds
de longueur &: deux d'épaiffeur à l'endroit le plus gros
du corps ; fa queue eil à-peu-près de la même largeur.
( Celui qu'on a vu à Paris en 1773 , avoit un peu plus
de dix pieds de longueur , il étoit gros comme un bœuf,
ôc du fexe mâle : on le montroit au public fous le
nom àe petite balclm.) Il a deux nageoires ou palmes
latérales , longues d'environ feize pouces , & larges
de dix ; & une autre d'un pied &; demi de hauteur ,"
élevée en manière de gouvernail Rir le nûlieu du dos.
La forme du corps efï ronde , oblongue , renflée à la
partie antérieure , & fe terminant en pointe ; fa peau
eil dure 6^ très-liiTe , noire fur le dos oc blanche fous
le ventre. Le mufeau efl cylindrique , très-alongé eu
manière de bec , d'où vient le furnom de bec d'oie ,
que l'on a donné au dauphin : ce long bec ou mufeau
efl profondément fendu , &: les deux mâchoires font
garnies , fur plus d'un pied de longueur , de petites
dents pointues , rangées en peigne , & dont l'atteinte
paiIe pour être venim-eufe. Sur la tête paroit l'évent
ou l'ouverture de la trachée par laquelle il afpire l'air
& rejette l'eau. Les yeux font allez grands , 6c beau-
coup plus à proportion du corps , que dans les plus
grands cétacées.
Tome IL D
*çô BAL
Bélon dit que le fquelette du dauphin refîemble k
celui de l'homme ; il faut en excepter les jambes , il
n'en a pas. On y diflingue vingt- quatre groiTes ver-
tèbres , dont les premières font percées &: contiennent
la moelle épiniere ; mais celles qui dcfcendent depuis
l'anus jufqu'à l'extrémité de la queue , ibnt autant de
petites rouelles rondes , attachées les imes aux autres
& non percées. La queue ell uniquement compcfée
d'une matière nerveufe , fans autres ofTemens ; mais
les bras & avant-bras , quoique courts , ont les mêmes
ojfremens que dans l'homme. Le dauphin a auiïi vingt-
quatre côtes , un flernum , des omoplates , des clavicu-
les ; l'efpece de main efl: compofée auffi de cinq doigts
à articulation ; le pouce a deux os , le doigt d'après
en a trois , le maître doigt en a quatre , celui d'après
en a trois , le petit doigt n'en a qu'un. On lui trouve
auffi les os du poignet in carpo , au dedans de la main.
Etr, Poif foi. 4S & 46,
Le dauphin paroît être le plus vif, le plus léger &
le plus intelligent des cétacées : il nage , s'élance dans
l'eau & pouruiit fa proie avec tant de vîteiTe , qu'on
l'a nommé la Jleche de mer : il devance les navires à
la voile ; il eft , dit Pline , plus vite qu'un oifeau ,
plus rapide qu'un trait : Ocyor volucre , ocyor tclo ;
6c fuivant la remarque du même Naturalise , aucun
pciflbn ne pourroit échapper à fa pourfuite , ni éviter
de devenir fa proie , fi l'ouverture de fa bouche n'étoit
coupée de manière qu'il eu obligé de fe renverfer llir
le flanc pour faifir , ce qui laifTe au poiflbn un inftant
pour échapper. Cependant les nageoires du dauphin
font aflez petites , &: la rapidité de les mouvemens
tient plus à l'élancement & à la force mufcuJaire de
fon corps qu'à l'impulfion de fes rames. Il lui arrive
quelquefois , en pourfuivant avec cette impétuofité
les poifîbns fur les bords de la mer, de fe mettre à fec,ainfi
que lorfqu'il eil , dit-on , tourmenté par de certains petits
infedes qui le moleflent d'une manière infupportable.
B A L 51
La génération Se l'accouplement de ces efpeces de
cétacées font les mêmes que dans la baleine : la
femelle ne porte ordinairement qu'un fœtus , & rare-
ment deux ; Ion terme efl à fix mois ; elle allaite fon
petit , & le perte tant qu'il ne peut nager : tout fon
accroiiTement efl à dix ans. On croit que la durée de
leur vie eft de vingt-cinq à trente ans. On les voit
ordinairement nager par troupes , ou feulement deux
à deux. On en voit dans prefque toutes les mers :
les Grecs difent qu'ils font des migrations , qu'ils vont
de la Méditerranée vers l'HcUelpont , qu'ils reftent
quelque temps au fond du Pont-Euxin , Se qu'ils re-
viennent enfuite d'où ils font partis. Lorfqu'on les
voit s'agiter , s'élancer , bondir à la furface de l'eau ,
& pour ainfi dire fe jouer fur la mer, en temps calme,
on en tire l'augure d'une tempête. On dit qu'ils fe
battent par troupes contre les bonites 6c les albicores.
Ces bonites , ainfi que les albicores ( ou thons ) pour-
fuivent les poijjons volans pour s'en nourrir. Voye^
Bonite & Poisson volant.
Malgré ce qu'on a dit du caradlere focial de ces
animaux , de l'aiFedlion que les dauphins ont pour
les hommes , & leur goût prétendu peur la mufique ,
s'ils fuivent les vaiiTeaux , s'ils en approchent de très-
près lorfque les Mariniers les fifïïent , c'eil plutôt par
la gourmandife d'attraper ce qu'on leur jette , que par
amour pour l'homme ; aufîi les attrape-t-on avec un
morceau de viande mis au bout d'un hameçon ; d'autre-
fois on les pêche en les harponnant comme les autres
cétacées. Néanmoins , dans les mers de Grèce ils çon-
fervent une efpece de franchife fondée apparemment
fur la tradition des hiftoires que contoit l'ancienne
Grèce , du fervice qu'ils avoient rendu à plufieurs
Grecs , &c. , en les fauvant du naufrage : & Bclon dit
que jamais aucun des Pêcheurs Turcs , Grecs , Efclavons^
& Albanois , ne fait de m.al à un dauphin, Conililtes
Etr. Poijf, pa^, 7. ver^o^
D ^
52 BAL
Le dauphin peut vivre plus long-temps 6.-?:^% Taîr
fans eau , que ians air dans l'eau , oii il fercit furoqué ,
s'il ne pouvoit venir de temps en temps refpirer à la
furface. Gcfmr en a vu un qui vécut trois jours hors
de l'eau. On raconte que lorfqu'ils font pris , ils ré-
pandent des larmes & font entendre quelques fons
plaintifs. On prétend auiîi que , flottant & dormant à
la lurface de la mer, on les entend ronfler.
Le dauphtr a, comme tous les cétacées , un lard ou
une graille qui lui recouvre tout le corps , d'où vient
que quc'lqueS'Uns l'ont appelé porc de mer , nom qui
néanmoins appartient au marfouin. On retire de la
grajife ou larci du dauphin une huile qui n'cft bonne
qu'à brûler. Sa chair eft noirâtre , a une odeur & un
goût défagréables ; elle eft difficile à digérer.
Autres efpcccs de BALEINES,
Les mers du Nord ne font pas les feules où l'on
trouve des hakims ; on en voit auffi dans la mer des
Indes , au Cap de Bonne-Efpérance. Ces animaux ont
en général la môme conformation , à l'exception ,
peut-ctre , de quelques petites diiTérences. L'hiftoire
qu'en a donnée des hakïnes convient donc aufîi à
celles-ci.
On ne peut apprendre fans étonnement quelle eft la
force oc l'adrefle de l'homme fauvage , privé de tous
les fecours que l'indullrie de l'homme civilifé a
imaginés , & jouiiTant de toutes les forces de la
Nature.
Lorfque les Sauvages de l'Amérique apperçoivent
une hakïnz , ils fe jettent à la nage , vont droit à elle
& ont l'adreile de fe jeter fur fon cou , en évitant fes
nageoires &: fa queue.
Lorfque la baleine a lancé fon premier jet d'eau , le
Sauvr.ge prévient le fécond , en mettant un tampon
c?^ bois qu'il enfonce à coups de malfue dans un des
i^ver.ti ou nafeaux dç la baUim : celle-ci plonge
B A' L . 55
auffi-tôt , &Z entraîne avee elle le Sauvage qui la tient
fortement embrailee , au moyen de crochets, qu'il a.
promptement fait entrer dans ia ^em,h3. l^akine ^ qui
a heihin de reipirer , remonte fur l'eau , & donne le
temps au Sauvage de lid enfoiicer un fécond tampon
dansU'autre nafeau, ce: qui l'oblige à replonger dans
le fond de la mer , oii elle ell: étouffée faute de pouvoir
faire évacuation ce fes eaux pour refpirer.
Dans les mers qui, -baignent les Mes de Fercë , on
voit plufieurs efpeces dé ces baleines , que les Pêcheurs
de ce pays , qui ne l'ont pas auili hardis que les
Sauvages , n'oient attaquer. La plus dàngereufe de
toutes eu. celle au'ils apnellent trold-wal., oui culbute
fouvent leurs barques , eu qui les foule ve en palTant
par-deiTous. , & les foutient fur fon dos , comme fur
wxï rocher. Les Pêcheurs ont cependant trouvé un
fecret de les éloigner, en cachant du cajiorcum entre
des pfenches fur le devant de leur barque ; l'odeur
défagréable qui s'en exhale , ck qui fe fût fentir des
baleines , dont l'odorat eil très - délicat , les fait fuir
auiîi-iôt. L-es Kamtfchadales n'ont pas d'autres manières
de prendre les baleines , qu'en les perçant de traits
empoifonnés. On a remarqué depuis quelques années , -
que ces cétacées fréquentent volontiers les mers de
Kamtfchatka ; on y en voit de. très-grands qui appro-
chent quelquefois des bords du rivage , &: élèvent leur
dos au-deilus des eaux , afin que les grolles & les
mouettes puifTent enlever les coquillages qui s'attachent
à leur corps & les incommodent beaucoup.
B A L î , Coluber plicatilis , Linn. Ce ferpent a au
moins un pied de longue-ar. Sa tête efl ovale , liiTe , à
peine anguleufe ; les yeux très-petits , les ouvertures des
narines très -peu fenfibles , & fituées au fommet du
mufeau ; les dents peu confidérables ; le tronc épais ,
livide en delTus , marqué fur les côtés d'une bande
longitudinale 5 formée par des écailles brunes, excepter
à leur fommet où elles font blanchâtres ; l'abdomea
D X
U BAL
eft aflez btanc , mais fur chacun de fes côtés eft une
rangée de petites écailles jaunâtres ; les grandes plaques
qui (Couvrent l'abdomen font' au nombre de 128 ; la
queue eu très-courte & garnie de 46 paires de petites
plaques , ayant chacune une tache brune afiez grande ;
on diUingue aufTi quelques points bruns fur l'abdomen
6c fur les premières grandes" plaques. Ce ferpent eil
du trcifienie genre.
EALICASSE. C'eil le choucas des Philippines , de
M. Bnjfjn ^ & des pL cjil. 603. Il efl: à-peu-près de la
groficur du nurlc ; fa queue eft fourchue ; le bec , les
ongles & les pieds font noirs. On prétend que le chant
du bal'c.tjje efl auiïi agréable que le cri des choucas efl
rauque. Le plumage du ballcajfz efl noir changeant en vert.
BALISIER, ou Canne d'înde ou Baralou ,
( Baroulou ) Arundo înd'ua Florida ^ Cannacorus
quorumdam ^ Lcbel. Icon. 57; Cannacoiis mufcc foUo
& facLC , Barr. Efl. p. 30 ; Racua-cau^a , Pil*. Kutu-hala ,
Rheed. Mal. ; Alpina ractmofa , Pluni. ; Canna Indica ,
Linn. i . Les Caraïbes l'appellent ccuroualy , halyri ; c'efl
le canmicoru^ latif^Uus , vulgaris , Tourn. /nfl. 367, Le
halijier efl une fort belle plante qui croit en Amérique,
notamment au bord des ruiffeaux. Sa racine efl un peu
tubéreufe & garnie de fibres; elle poufîe- des tiges
fimples , droites , feuillées &: hautes de trois à quatre
pieds & plir,. Ses fleurs font en épi terminal, d'une
btlle couleur rouge , & reflémblent en quelque forte
à celles du glaïeul : elles font , dit M. Ddmi_e^ d'une
feule pièce droite , partagée en fix lanières , dont une
efl courbée en dehors : elles n'ont qu'une étamine &:
qu'un piflil, auquel fuccede une capfule ovale à trois
loges , garnies de femences globuleufes. Ses feuilles ,
qui ont environ quatre pieds de long fur vingt pouces
de large , font ovales &: reffemblent à celles du bananier :
elles font alternes , pétiolées , d'un vert fatiné , munies
de nervures très- fines & parallèles : elles fe développent
en fe déroulant comme un cornet. C'efl fur ces feuilles
BAL 55
que Von étend k cacao , lorfqu'on le fait fécher. Les
feuilles du balijier fervent quelquefois à envelopper la
gomme cléml , & à faire des cabas. Les Sauvages s'en
fervent en guife de ferviettes.Onen faitufage à Cayenne
pour couvrir les cafés , en les fendant par le milieu le
long de la côte, & les rangeant eniuite fuccelTivement
fur le toit qu'on veut couvrir ; on les coud de pied en
pied, pour qu'elles ne foient pas endommagées par le
vent : d'autres les attachent côte à côte ; de cette
dernière manière les couvertures durent le double du
tiemp5. La racine de cette plante eft regardée comme
diurétique & déterfive. La graine du balijier teint en
beau pourpre : il feroit à défu'er qu'on pût fixer cette
couleur &; la rendre durable. Divers oifeaux , les pigeons
ramiers fur-tout , font fort friands de cette graine , ce qui
rend leur chair amere dans la faifon où ils en mangent.
Barrere dit que les Sauvages mangent aufîi ces graines
par délices. Dans quelques contrées on fe fert de ces
mêmes graines en place de plomb , pour tuer les
animaux. On aflùre que le balijier fe trouve aufîi dans
rifle de Madagafcar, ôc dans les régions chaudes de
l'Afie &: de l'Afrique.
Il y a le balijier à feuilles étroites , Canna Indica ,
angujîifolia , Linn. Cette efpece eft plus petite , & fes
feuilles font lancéolées , étroites ; fes fleurs jaunâtres.
Elle croît en Amérique entre les Tropiques.
On diûingue une variété à fleurs d'un jaune pâle ,
tacheté de rouge.
M. Le Vicomte de Querhoènt^ habitant du Croific en
Bretagne , nous mande que le Balifur d'Amérique s'eft
parfaitement naturalifé au climat du Croific. » J'en ai ,
» dit-il , en pleine terre depuis plufieurs années , à
» différentes expofitions & fans aucun abri, qui me
» donnent tous les ans des graines parfaitement mûres.
>> Ses tiges périflent tous les ans aux premières gelées ,
» & dès le mois d'Avril les nouvelles pouffes repa-
» roiifent. Comme il n'a pas encore gelé ici , C i î
D4
56 BAL
» Novembre 1779) j'ai aduellement des haîijlcrs en
» fleur. Il en efl de cette plante comme de Vyucca de
» \^irginie que l'on a d'abord tenu en ferre , ôc qu'on
» a éprouvé foutcnir enfuite les plus niJes hivers de
» ce pays. Barrcrz fait un conte, lorfqu'il dit que les
» Sauvages mettent les fruits capfufeires du baiijier
» auprès du feu pour qu'ils s'ouvrent &: donnent
» leurs fcinences. Lesgixiines du /'.j/z/Tir font renfermées
» dans iwie enveloppe herbacée , à trois loges , tré^s-
» aifées i\ rompre i<.
EALISTE. Nom d'im genre de poifTons cartilagineux.
Foyci à VanicU PoiSSCN.
BALIVEAU. Voyti U mot Bois.
BALLOTE. Foyi:^ Marrube noir & puant. Les
Arabes donnent le nom de ballotz à un chêne dont les
fruits , deux comme les châtaignes , donnent de l'huile
& fei-vent de nourriture aux Habitans de l'Atlas.
BALSAMINE , Balfam'ma f.mina , C. B. Pin. 306 ;
Balfamina pcrjiccz folio , impatiens balfamma , Linn.
1 5 28 ; TilcHjnapu , Rheed. Mal. Plante annuelle , cultivée
dans les jardins pour l'ornement des parterres en
automne. Des mômes graines que l'on leme , il levé
des plantes dont les unes donnent der; fleurs fimples, les
autres des fleurs doubles.
Cette plante pouiTe des tiges droites , cylindriques ,
hautes d'environ im pied & demi , tendres , facculentes ,
im peu renflées , qui portent des feuilles d'un beau
vert , alternes , oblongues , pointues , lancéolées ,
dentées, affez femblables à celles du /^V/z^r. Des aiflelies
des feuilles fortent des fleurs ou d'un beau rouge ou
panachées , compofées de cinq pétales inégaux , dont
la fupérieure efl: voûtée , & dont l'inférieure reflemble
à une chaufle d'hippocras ou à un capuchon : les deux
latérales tombent en devant en manière de rabat ,
garnies chacune d'une oreillette. A la fleur fuccede un
fruit de la longueur d'un pouce, ayant la forme d'une
poire, ôc compofé de pluiiçurs pièces aflembiécs coîiLne
BAL 57
les douves d'un tonneau. Lorfque ce fruit qÛ mur ,
auffi-tôt qu'on le touche il fe détache une des pièces ;
îes autres , par une force élaflique , fe roulent fur elk-s-
memes , & la graine cû lancée aux environs ; aind
toutes les parties de ce fruit paroilTent tendues comme
des reilbrts , que la maturité ou le conta£l détendent.
C'eil un des moyens dont la Nature fe iért dans
certaines plantes pour femer les graines. Cette balfaminc
■ell; originaire des Indes.
La plante connue fous le nom à- herbe impatiente ou
de merveille à fleur jaune , s'appelle balfamine faiivage ou
des bois , Balfamina lutea , ( impatiens ) , iioli me tanière ,
C. B. Pin. 306, Linn. 1319. Sa racine efl vivace , à
fleu.r de terre, &: nbreufe. Sa tige efc haute de plus d'un
pied , cylindrique , glabre , verdâtre , genouillée ,
creufe ; les feuilles "pétiolées , ovales , dentelées ôc
alternes ; fes fleurs font jaunes & fuccédées de fruits
longs , menus , noueux , & qui s'ouvrent comme
ceux de la balfamine ordinaire. Cette plante croît dans
les bofquets , aux lieux humides &: ombragés de
l'Europe , de la Sibérie &^ de l'Amérique Septen-
trionale : on la peut placer entre les plus puiilans
diurétiques. M. Bo'érhaave aiTure que les feuilles de
cette plante ayant été employées pour des lavemens
au lieu de mercuriale^ à laquelle elles relTemblent allez ,
l'effet en a été trè- -pernicieux. M. Odhelius a décrit
dans les Actes d'Upf al de 1774 5 une fubftance concrète
de la groffeur d'im grain d'orge , qu'il a trouvée dans
le nedaire de cette balfamine , &: qui ctoit un vrai
fucre natif , dur , tranfparent. On a appelé noli me
tangerz cette plante , parce que , quand elle eil mûre ,
elle a cette propriété fmguliere , que pour peu qu'on
touche aux liliques qui contiennent fa femence , elles
s'ouvrent & la laiiient échapper : c'eil une propriété
commune à l'une &: à l'autre efj^ece.
Le genre des balfamines offre encore d'autres efpeces.
Il 7 a la halfauilni de U Chi^ze ^ Impatiens Chinenjis ^
58 BAL
Llnn. ; fa tîge eft rouge , &c fa fleur pourpre. La
baljamine à feuilles larges de l'Inde , Impatiens Ladfolia ,
Linn. ; Valli-onapu , Rheed. Mal. ; la fleur eli rougcntre,
La balfamim Jafciculée du Malabar , Impatiens fafcicu-*
lata , Linn. ; Onapu , Rheed. Malab. ; l'a ileur eft rouge.
La balfamïnt à feuilles oppqfées , Impatiens oppofitifolia ^
Linn. ; Koudan-pullu ^ Rheed. ; iei fleurs font d'ua
pourpre-bleuâtre : cette efpece fe trouve dans les Ueux
fablonneux de l'Ifle du Ceylan & du Malabar. La
halfamine cornue , Impatiens cornuta , Linn. ; fon
capuchon efl très -long &: filiforme : cette plante fe
trouve à Ceylan. La halfamine à trois fleurs , Impatiens
trïflora , Linn. ; la ileur efl d'un rouge agréable : cette
plante croît dans les lieux humides à Ceylan.
BALTIMORE , Ickrus. Oifeau du genre des
Troiipiahs. On en diftingue de plufieurs efpeces. Ces
oifeaux font à-peu-près de la grolTcur du pinçon ;
ils ont la tête , la gorge , les parties fupérieures du
cou , le haut du dos , les ailes & la queue d'un beau
noir brillant ; le bas du dos & les autres parties du
corps d'un très-bel orangé. Il y a une bande de cette
couleur à l'origine des ailes &. au bout de la queue ;
les pieds & les ongles font de couleur plombée. Ces
oifeaux fe trouvent en été dans la Virginie &: le
Maryland. Le Baltimore vulgaire ell repréfenté ,/?/. enL.
506 5 fig. I. Celui du Canada efl appelé baltimore
bâtard , pL enl. 506, fig. 1 ; il a les couleurs un peu
fombres. Le baltimore vzrt de Saint - Domingue efl
appelé y^^^z^r. Voyez ce mot.
Ces oifeaux difparoillent en hiver. Ils placent leur
nid fur les arbres les plus élevés , ordinairement à
l'extrémité d'une branche alfez forte , & pour l'afTurer
ils entrelacent dans its bords une menue branche de
chaque côté. Les femelles ont les couleurs moins vives
que les mâles : il y a des haltimores mâles qui ont les
grandes plumes des ailes bordées , à l'extérieur , d'iuie
ligne blanche.
BAL BAN î9
Baltimore , Baltlmora ercBa , Linn. ; Chryjanthemiinz
Americanuîji , cauk alato , ampiioribus fol'ds hïnatis ,
pùbus palllde lut^funiïbus^ parvis , Pluk. Cette efpece
de plante radiée croît dans le Maryland , auprès de
la ville de Baltimore ; elle eft annuelle. Sa tige eft
tétragone , velue , rude au toucher , ainfi que i^s,
feuilles. Ses fleurs font compofées , jaunes , terminales.
BALTRACAN. Plante qui croît dans la Tartarie ,
dont les feuilles , dit-on , reiiemblent à celles de la
rave. Sa tige eâ grolTe comme le pouce , haute de
deux pieds , creufe U revêtue d'une écorce verte-
jaunâtre. Son fruit s'ouvre dans la faifon , &: il répand
alors l'odeur de l'oranger : il contient des graines
femblables , pour la figure & l'odeur , à celles du
fenouil. Les Tartares mangent ce fruit pour fe foutenir
en voyage.
BAiMBLA , pi enL 703. Nom donné à un oifeaii
de l'ordre des Fourmïllkrs , & qui fe trouve quelquefois
à la Guiane ; fon plumage eft d'un brun-roulTatre.
Voyei^ FOURMÎLLIER.
BAMBOCHE. Voyci à VartïcU BoiS DE BAMBOU.
BAMBOU, ^oyci les mots Bois de Bambou &
VOULOU.
BANANIER ou Figuier d'Adam , ou fi^udra ,
en latin , mufa , Plum. ; Bala , Hort. Malab ; Poma
paradlfi^ palma humilïs ^ longls latïfquz folâs , C. B. Le
bananier paroît être plutôt une plante herbacée qu'un
arbre , dit le Père Nicolfon ; car il n'y a point d'arbre
fans bois ni branches , &: le bananier n'a ni l'un ni les
autres : fon port , fa grandeur repréfentent cependant à
la vue un arbre plutôt qu'une plante herbacée. Le
bananier ne feroit-il pas un paiTage de la Nature entre
ces deux manières d'être des végétaux ? Le bananier
eft , fi l'on veut , une efpece d'arbre exotique qui croît
dans les climats chauds de l'Afie , de l'Afrique & de
l'Amérique, & dont le plus grand diamttre du tronc
cil: de huit à dix pouces. On n'y diilingue ni écorce nî
6o BAN
bois proprement dit ; on ne peut reprifenter le tronc
ou tige arborée ci, nmple , que comme un gros rouleau
de plufieurs feuilles couchées les unes fur les autres ,
& non adhérentes. Cette groffe tige, qui eft verdâtre ,
très-tendre , s'élève à la hauteur de dix à douze pieds ,
( d Saint-Domingue de fix à fept) : on l'abat facilement
d'un coup de labre. On voit cette grande plante
dans les ferres du Jardin du Roi , mais bien infé-
rieure fans doute à celles qui croiffent dans leur pays
natal : on l'a cependant vu fleurir 6c porter des
fruits en 1744. Lorfque la tige commence à fortir
de terre , elle a la figure conique ; elle produit enfui te
deux feuilles roulées , qui pcu-à-peu fe déploient ,
s'éloignent du centre pour faire place à deux autres qui
en fortent de même ; à celles-ci fuccede une troifieme
paire , 6c ainfi de fuite ( en total quatre à cinq paires ) ,
jufqu'à ce que la plante foit parvenue à fa grandeur
naturelle.
Les feuilles , en y comprenant le pétiole ou la queue
qui les foutient , ont fix à neuf pieds de longueur , 6c
prefque deux pieds dans leur plus grande largeur. Ges
feuilles font donc plus longues 6i plus larges qu'aucunes
que nous connoiifions ; deux fuffifent pour envelopper
tm homme : elles font d'un vert fatiné admirable ,
foncé en deffus , & pâle en deflbus ; oblufes à leur
fommet; compofées d'une quantité de petites nervures
tranfverfales , parallèles 6c ferrées étroitement les unes
aux autres; quelques-unes d'entre elles (ont plus appa-
rentes , & forment autant de bandelettes de huit k dix
lignes de lartT,eur : le moindre vent fdffit pour les diviler ;
mais le plus fort ne peut leur faire quitter la côte , qui eil
le prolongement du pétiole auquel elles font attachées.
Ces pétioles s'élèvent du centre de la tige en ligne
droite , fe fuccedent à mefure que la plante croît , 6c ne
s'écartent que peu les uns des autres ; ils font convexes
en dehors , plats en dedans , verdâtres , d'un goût fade ,
( les feuilles font d'un goCit douceâtre 6i un peu
BAN 6t
aflîingent) , compofés de filamens blancs de fermes ,
dîvifés intérieurement par des cellules & des cloilbns ,
qui fe refferrent à mefure qu'elles approchent de Textré-
mité de la feuille. Lorfque toutes les fe-uilles ont paru ^
il s'élève de leur centre une greffe tige comme un
rameau unique , ligneufe , verte , penchée ou pen-
dante, divifée par nœuds , terminée par un bouton
alongé , pointu, long d'un demi-pied. Il efl compofé
de plufieurs feuilles oblongues , appliquées les unes fur
les autres , verticillées , veinées , d'un rouge ~ clair en
dedans , rembruni en dehors , couvertes d'une efpece
de rofée bleuâtre. Ces petites feuilles ou écailles
fpathacées s'ouvrent les unes après les autres , tombent
éc laiflenî à découvert les fieurs & les embryons des
fruits attachés quatre ou cinq enfemble fur le même
péduncule.
La corolle du bananier^ félon Nicolfon , ell compcfée
de quatre pétales blancs, dont deux oblongs , droits,
épais, veinés , creufés en cuillers ; les deux autres font
minces , terminés en pointe : le centre eft occupé par
cinq étamines droites , blanches , qui environnent un
piflil cylindrique , terminé par un Oigmate épais ,
arrondi , roufTâtre. Les fleurs qui fortent des aiffelles
des dernières feuilles vers la pointe du bouton , font
ftériles & ne produifent point de fruits , fans doute
parce que l'arbre , dit le Père Nicolfon , a épuifé toute
fa vertu prolifique en fécondant les premières fleurs ;
celles-ci fe changent en un fruit oblong , arrondi , long
de cinq à huit pouces , tantôt droit, tantôt arqué com.me
nos concombres , recouvert d\me pellicule épailTe ,
unie , d'abord verte , enfuite jaune , compofée de
filamens longitudinaux. L'intérieur efl: rempli par une
ilibflance jaunâtre , molle , onclueufe , humedante ,
d'un goût douceâtre , aigrelet , agréable , divifée par
plufieurs filets longitudinaux , parlëmés de petits points
noirs , qui font les feules graines ^que cette plante
produit : elles ne fruOifiÇnt point. Ces u-uit§ çroifTent
6i BAN
en grappe , & ferment neuf à dix étages autour de
la tige ligneufe : plus ces étages approchent du fommet
de la tige , plus l'intervalle qui les fépare efl grand.
Ils font compofés de 5 , 6,7, 8 ou 9 individus "terres
les uns contre les autres : c'eil ce qu'on appelle
aux nies , pattz de banane ; l'enfemble cies pattes fe
nomme régime de banane. Chaque fruit eft appelé
banam par les Indiens : il devient d'un brun-noir quand
fa maturité eft paffée. Les plus gros régimes font
compofés de plus de cent fruits dans les individus
vigoureux qui vivent dans leur climat naturel.
Les fruits appelés bananes font très-nourriiTans ,
mais de difficile digeftion. Les Egyptiens en font ufage
contre les âcretés de la poitrine. A Caycnne ,
on les mange crus ou cuits au four , ou coupés en
trois morceaux fur le gril , ou coupés en deux &
féchés au foleil : on les mange aufîi au vin , à l'eau ,
au fel, ou cuits avec de la graifle. Dans ce même
pays , on donne le nom ^embagnon k une forte de
bouillie qui fe fait avec des bananes. Les Habitans de la
Grenade en font une efpece de pain , qui eil d'un grand
ufage parmi eux. Enfin on en fait une boiffon agréable :
des bananes cuites avec leur peau dans de l'eau, la
rendent fucrée ; après avoir ôté la peau , on les brafTe.
Cette boillbn efi: très-néceifaire aux Nègres.
Quelques Auteurs croient que c'eft ce fruit qu'ap-
portèrent à Mdifc les efpions qu'il avoit envoyés à la
découverte dans la Terre Promife , &: que deux hom-
mes avoient peine à porter , ( c'étoit lans doute un
régime entier. ) Dans les pays où croît le bananier ^
on retire des fils de fa tige , en lui donnant certaines
préparations.
L'eau qui fort du corps de la plante ou d'une feuille
qu'on romproit, efl jaunâtre, & laiffe au linge une tache
qui ne s'etface jan'iais : mêlée avec le jus des feuillet
du pois dz fept am^ qui rend une belle couleur verte ,
die lui donne de la confiilaiice , ôc l'empêche de pâlir»
BAN 6y
On lit 5 dans VHiJloirc générale des f^oyages ,
Tome 1 , que la banane , fruit qui croît dans l'Ifle de
Madère , eit eilimée des Habitans avec une forte de
vénération , comme le plus délicieux de tous les fruits ;
jufqu'à fe perfuader que c'eft le fruit défendu du Pa-
radis Terreflre , fource de tous les maux du genre
humain. Pour confirmer cette opinion, ils allèguent
la grandeur de (es feuilles^ qui ont allez de largeur
pour avoir fervi à couvrir la nudité à^s pr^^miers pères
du genre humain.
M. de Préfontaine dit aufli ( Malf. Ruji, de Cay, )
que les Portugais n'oient manger de ces fruits par iii-
periliition , parce qu'en les coupant en travers , ils
croient , dans la figure qui s'y trouve marquée , recon*
noître la croix du Chrifl. Ce n'eft qu'un Y. Ce même
Auteur dit que dans la Cuiane il y a deux efpeces de
bananiers , ou deux variétés qui ditierent par le fruit.
Le fruit de l'une s'appelle pacobe ou bacove , & on
lui donne le nom de figue banane. Il ell: plus court ,
plus gros , plus droit 6l même moins pâteux , plus
fondant &: plus délicat que celui de la banane com-
mune & ordinaire , qui efl plus long. La tige du
hacovier^ Miifa fruclu cucumerino breviori , Plum. , efl
en dehors d'un vert-jaunâtre , taché de noir ; celle du
bananier eu toute verte. Le bacovier croît dans les
Indes , & fpécîalement en Guinée , au Brélîl , aux
Antilles & dans la Guiane. M. de Préfontaine ajoute
qu'il n'y a qu'une figue bacove à Cayenne , mais qu'il
y a plufieurs fortes de bananes qu'on difî:ingue par
des noms différens , & qu'un Habitant doit avoir de
toutes fur fon habitation. La Jimple &C la mi/Jquée
font celles dont les Blancs font le plus d'ufage. C'efl
une excellente nourriture : les Ne9;res de la Grenade
ne vivent prefque pas d'autre chofe. Les fruits du
bananier miifqué font de quatre à cinq pouces de lon-
gueur , un peu arqivés & d'un bon pouce de diamètre,
lia hanar^e-^QQhon eft la plus grofle ^ elle eft arquée
64 BAN
&i a quelquefois plus d'un pied de longueur fur deux
à trois pouces de diamètre. C'cil une variété de la
banane proprement dite , Miifa fruclu cucumerino , Ion--
glori y Plum. , c'efl le plantain ou plantanier des
Efpagnols ; le pljfang-tando de Rumph. : fon fruit',
quoique moins délicat , fe mange avec plaifir , fur-
tout quand il cil cuit au four. La gidnga fournit
moins que les autres : elle ne rapporte que cinq ou
iix fruits par régime , les autres en donnent vingt-
cinq ou trente. Les Sauvages , pour avancer la maturité
de ces fruits , les enveloppent dans des feuilles de la
plante même , & les mettent dans im trou pratique
au coin de leurs cafés ; quelques jours après ils les
retirent mûrs & d'un beau jaune.
On voit aux Lndes Orientales une autre forte de
petite banane appelée bananz de fingc , parce que ces
animaux en font très-friands ; elle n'a que deux à trois
pouces de longueur fur cinq à fix lignes de diamètre :
c'eil de toutes les bananes celle dont le goût efl: le
plus iin & le plus délicat. On trouve dans les Molu-
Gues un bananier à grappe droite , Kntfa trc^^lodytarum ,
Linn. ; Mufa uranojcopus , Rumph. Son fruit ne fe
mange que cuit. Il provoque l'urine , & la teint en
rouge. Les régimes en contiennent jufqu'à cent cin-
quante &: plus.
Les régimes des bananes ont cela de particulier ,
qu*ils ne miûrifTent jamais bien tant qu'ils font atta-
chés à la plante ; il faut les couper verts , & leur
laifTer prendre ainfi toute leur maturité. Les bœufs,
moutons , &:c. aiment beaucoup les tiges des bana--
nien ; 6z comme elles confervent long-temps leur fraî-
cheur , on en embarque fur les vaifleaux en guife de
fourrage , pour la nourriture de ces befiiaux , dans les
voyages de long cours.
Le bananier offre un genre de plante qui paroît trcs-
voifm de celui des balijiers. Le bananier fe multiplie ,
comme Xananas , par des œilletons qui naiffent au
pied.
B A M/ df
Jvîed; Il ne porte jamais qu'une feuîe fois ; après quoi ^
io'it qu'on le coupe ou non , il fe flétrit peu - à - peu
comme un rofeau , fe feche & tombe ordinairement :
mais fa racine , qui eu une efpece de groffe bulbe ar^
rondie ^ rem.plie d'une liqueur vifqueuië , couverte de
petites fibres ligneufes , & qui forme une touiie d'envi-
ron un pied de diamètre , produit des caieux avant que (k
tige périlTe ; ainli cette racine a bientôt pouilé d'autres
rejetons , qui dans l'efpace de douze à quatorze moii»
portent du fruit &C meurent enfuite* Un caieu de
bananier ^ planté dans un terrain convenable à ce
végétal , fleurit communément au bout de w^xd h
dix mois ; il a acquis en quelque forte toute fa
grandeur à cet âge ; fa culture exige un terroit
humide , gras & profond.
Les étoffes faites avec la fiîaffe de bananier , font
beaucoup plus belles que celles qui font faites avec lé
fil d^agave.
Les Caraïbes appellent halatana les groifes bananes i
baloufou , les petites bananes,
BANC , Stratum. On donne ce nom à des lits de
pierre qui s'élèvent les uns fur les autres , tantôt ho-
rizontalement , comme la pierre calcaire , & tantôt
inclinés à l'horizon , comme ceux de l'ardoife. On n^
peut fixer ni la hauteur ^ ni la largeur du banc ; elles
varient l'une & l'autre , félon la quantité de la ma«
tiere , la profondeur , l'étendue & la nature de la
carrière.
On dit aufii un hanc de fable , ( arenarum cumtdi ) 5
c^QÛ. \u\ amas de fable qui s'élève dans la mer vers la
f iirface de l'eau ; celui de Terre-Neuve eil le plus grand
qu'on connoiife ; il a environ cent cinquante lieues de
long fur cinquante de large , & n'a au-deiTus de ku
qu'environ vingt brafles d'eau. Ce banc n'efl pas dan-
gereux ; les Européens y 'ïoïit la pêche de la morue^
Foye7^ ce mot. On dit aufîi banc de baldnes &C banc d^
pales. Voyez Baleîne^Ê' /VmV/^ Nacre de Perler,
Tvme //a Et
66 BAN
BANCHE. Efpece de pierre tendre & feuilletée, qiie
M. de Réaumur regarde comme de la glailë durcie par
la vifcofité des eaux de la mer. La hanche , à fa furface
fupérieure , eft affez dure ; plus on approche de la
pure glaife , plus elle paroît aufîi infenfiblement s'ap-
procher de la nature de cette terre , & cela par degrés
il infenfibles , qu'il n'efl pas poffible de déterminer
précifément oii la hanche finit & oii la glaife commence.
La hanche , de grife qu'elle eft , devient blanche &
dure lorfqu'elle n'efl plus humeftée par l'eau. Nous
avons obfervé que la hanche ( celle que M. de Réaumur
a défignée fous ce nom , & qu'il dit faire partie des
couches de terres qui bordent certains parages ) eft
une forte de marne compofée du trltus des coquilles
marines , & de glaife ou vafe fine de la mer ; le tout
plus ou moins endurci.
BANDE BLANCHE (k) , Efpece de tortue; Tefiudo
terrejlris puJilLa , ex Indïâ Orlentalï , 'W^orm. ; Tejludo
tejfellata mïnor A f ricana , Edwards & Rai ; Tejludo pedi"
bus fuhdï^itatïs , tejlâ hemifphœricâ , fcutellis convexis
trape^iis y marginejîrlatls ^ difco punHatis ^ Linn. L'écaillé
fupérieure de cette tortue efl à peine longue de quatre
doigts ; elle n'a pas plus de largeur ; elle eft compofée
de trois rangées de lames , & d'un rebord qui règne
tout autour. Ces lames font agréablement panachées
de noir , de blanc , de purpurin , de verdâtre & de
jaune ; & lorfqu'elles tombent en s'exfoliant , les par-
ties dont elles fe font détachées paroifTent d'un jaune
noirâtre,' L'écaillé inférieure efl blanchâtre dans toute
fon étendue , avec différentes lignes qui imitent des
dentelures. La tête , en y comprenant le mufeau ,
reffemble à celle d'un perroquet avec fon bec ; elle a
fur fon fommet quelques protubérances d'une couleur
de vermillon , mélangée de jaune ; le cou efl étroit.
Les pieds de devant font garnis , ainfi que les bras ,
de petites écailles qui reffemblent à de la corne ; ils
font armés de quatre ongles. Les cuifTes , à\\ plutôt
BAN 67
les Jambes de derrière , font plus alongées , plus
minces , & couvertes d'une peau commune qui a
rafpe<a d'un cuir ; les pieds de ce même côté font
écailleux &c pourvus de quatre ongles comme ceux
de devant. La queue eR efBlée , terminée en pointe ,
& à peine longue de la moitié d'un doigt. TFormius ,
qui a donné cette defcription , rapporte dans fon
Mufœum ^ p. 317, qu'il a nourri long- temps dans
fon jardin une tortue de cette efpece , qui lui a voit été
apportée par des Marchands.
Bande d'argent , Clupea atherinoïdes , Linn.
Poiffon du genre du Clupc ; il fe trouve à Surinam.
Selon Linnœus , le caraftere de ce poiffon coniifte danf
une large bande de couleur argentée , qu'il a fur les
deux côtés : à l'endroit oii la plupart des poiffons'
n'ont qu'une fimple ligne latérale , le poijfon (Varient
proprement dit , & le jod ont une pareille bande ;
mais ils appartiennent d'ailleurs à des genres très-
différens. Voyc^^ à V article PoiSSON. Le poiffon bandt
d'argent , a le corps comprimé ; la nageoire dorfale a
douze rayons ; chacune des peftorales en a quatorze ;
chacune des abdominales , & qui font petites , en a
huit ; celle de l'anus en a trente - deux ; celle de la
queue dix-huit.
Bande noire. Voyei Serpent esculape.
BANDURA. Voyei AnramatIque.
BANGUE ou Banque ou Chanvre des Indes l
Cannabis Indica , Rumph. Amb. ; Cannabis Jimilis
exotlca ^ Bauh. Pin. 310 ; Kalengi cansjava , Rheed.
Mal. ; Tsjeru-cansjava , ibid. Plante qui croît dans les
Indes Orientales , & qui a beaucoup de reffemblance
avec le chanvre : elle efl moins grande , plus ra-
meufe , à tige plus dure , prefque cylindrique , &
ÏQS feuilles Ibnt toutes conffamment alternes. Les
individus mâles portent cinq ou fept folioles ; les
individus femelles n'en ont communément que trois
fur chaque pétiole. La dureté de la tige , & foa
E 2
68 BAN
ccorce mînce , fendent cette plante incapable de foiir^
nir des filamens pour la filature.
Les Indiens font ufage de la graine de cette plante
de diverfes manières. Ils la pulvérifenf avec de l'opium,
de l'aréca &c du fucre , 6c prennent de cette compo-
lition lorsqu'ils veulent s'étoiu-dir le cerVeau pouf
oublier leur chagrin , calmer leurs maux & dormif
fans inquiétude. Lorfqu'ils veulent être joyeux 6c
facétieux , ils mêlent cette graine avec du mufc , de
l'ambre & du lucre. Cette préparation du banguc , que
les Indiens appellent majuh , paroît avoir beaucoup" de
rapport avec le majfac ou malach des Turcs , dont ils
font ufage en plufieurs maladies. Lcmzry dit que les
Indiens mangent des feuilles ôi de la graine de cette
plante pour exciter leur appétit , & fe rendre plus
habiles à l'ade vénérien ; ils y joignent du camphre.
Il paroît que cette même plante croît au Cap de
Bonne-Efpérance chez les Hottentots , où elle ell
connue fous le nom de hakka, C'eft un chanvre fauvage ,
que les Européens fement & qu^ils y cultivent prin-
cipalement poiu- les Hottentots qui l'elîiment beaucoup.
Ils en font ufage' en guife de tabac , lorfqu'ils ne
peuvent s'en procurer , ou ils le mêlent avec leur
ïabac 5 lorfque la provifion vient à s'épuifer.
BANIAHBOU. Les Habitans du Bengale donnent
ce nom à un oifeau o\\^ Edwards a défigné fous le
nom de grive brune des Indes ; c'efl le merU de Bengale,
de M. Briffcn. On foupçonne que c'efl le canorus de
Linnœus , ^ probablement une efpece de moqueur,
BANISTERE , Èamficria. Genre de plante à fleurs
polypétalées , qui a beaucoup de rapports avec les
mourellLers , & qui comprend des arbres ou des arbrif-
feaux exotiques , la plupart farmenteux ou grimpans ,
dont les feuilles font ordinairement oppofées ; le calice
divifé en cinq parties ; la corolle à cinq pétales &:
ouverte en rofe. Le fruit compofé de trois capfules
inonofperriies , ôc terminées chacune par une aile ou
BAN é^
ïangitette membraneufe , comme dans les fruits de
i'érable. M. le Chevalier de la Marck en cite treize
f fpeces :
i.° Banistere anguleuse, Baniflcria folïïs finuato*
iingulojis 5 Linn. Cette plante farmenteufe croît fpécia-
lement à Saint-Domingue ; fes fleurs font jaunes.
2.^ Banistere a fleurs pourprées , Banijlcrla.
foliïs ovatis , fp'icïs lauralïhus , fcminïbus cnclis , Linnl
Elle croît naturellement àsifïs l'Amérique Méridionale.
3.° Banistere a feuilles de laurier, Banif-^
urïa lau-rifolia. , Linn. Elle croît à la Jamaïque &: dans
Ja Guiane ; fes fleurs font jaunes.
4.^ Banistere a fleurs bleues, Banifteria cœru-'
ha , Linn. Elle croît dans l'Amérique Méridionale.
5.° Banistere unicapsulaire , Banifteria unicap^
fidaris , an Banift:cria Benghalenjis y Linn. ? Toutes les
parties de la fleur font cotonneufes ; la corolle efl
rougeâtre. Ce petit arbre croît à la Côte de Malabar.
Les Indiens le cultivent dans leurs jardins , & fe fer-
vent de {qs fleurs , dît M. donnerai , pour parer
leurs Dieux.
6.° Banistere a rameaux fourchus , Banif-
teria dichotoma , Linn. Elle croît dans l'Amérique
Méridionale ; fes fleurs font jaunes.
7.^ Banistere a fruits éclatans , Banifteria
fidgcns , Linn. Elle fe trouve dans l'Amérique Méri-^
dionale ; fes fruits font d'un jaune d'or éclatant.
8.^ Banistere branchue , Banifteria branchiata^
Linn. Elle fe trouve dans la Contrée citée ci-defTuSe
Ses rameaux font ramifiés , diifus & grimpans.
9.° Banistere de SINEMARI , Banifteria Sinoma*
rienfts , foliis ovatis , acuminatis , ftorihus luteis ,
corymbofts , Aubl. C'efl un arbrifleau qui croît dans
la Guiane , au bord des forêts qui entourent les
Savanes & les terrains défrichés; fes branches font
rameufes , farmenteufes , & fe roulent ôc s'étendent
fur les branches des arbres voifms.
70 B A N ^
lo.^ Banistere a corymbes, Bamjlcria quapara^^
Aubl. C'efl le quaparicr des Galibis ; il ne diffère guère
du précédent qu'en ce qu'il efl un peu plus élevé ;
fes fleurs font jaunes auifi , axillaires ôc corymbi-
formes.
Ii.° Banistere dorée , Banijlcria chryfopkylla.
M. de Commerfon a cbfervé cet arbre au Brélil ; {qs
feuilles refl'emblent à celles du cairp.iiier. Voyez ce mot.
Celles de cette hanijierc ont en-defTous un duvet très-
court , foyeux , luifant & d'un roux doré.
11.^ Banistere a feuilles luisantes , Banif-
teria nitida, M. de Commerfon a encore obfervé cette
efpece dans le Bréfil ; mais fes rameaux ne font point
parfemés de petits points vcrniqueux , comme dans
Tefpece précédente. Le defîbus des feuilles eft blan-
châtre , luifant & comme fatiné ; le deffus efi glabre.
13.° Banistere ciliée, Banijlaia folils cordaw^
fuhrotundis , aunculatis , glabris , margine ciliatis , La
Marck. Elle a été obfervée au Bréfd , par M. de
Commerfon, Ses fleurs font jaimes , afTez grandes , àc
ramaflées prefque en tête.
BANTAME. Voyez Coq de Bantam^kV article Coq.
BANTIALE , Bantiala, C'efl le nom MacafTare
d'une plante parafite , qui fe trouve dans les Molu-
ques fur les arbres. Les Malais appellent cette plante
parafite ruma-fumot , qui fignifie nid de fourmis,
Riimphius en diflingue deux efpeces , l'une noire y
l'autre rouge.
BantialE noire, Nidus formlcarum niger, Herbar,
Amb. p. 1 19. t. 55. f. I. C'eltune tubérofité arrondie,
i^rife en dehors , couverte de verrues , lefquelles font
Dointillées comme un dé à coudre ; elle pend aux
branches des arbres , où elle fe trouve attachée par
de petites racines qui naifîent de fa partie inférieure.
Sa fubflance interne efl blanche , verdâtre fur les bords ,
& toute percée de trous en galeries 6c en labyrinthes ,
qui fervent d'habitations aux fourmis. Du fomnaet de
BAN B A Q 7»
Cette tiibérofité partent quatre à cinq tiges cylindri-
ques articulées , longues de plus d'un pied , chargées
en leur fommité de quelques feuilles amplexicaules ,
alternes , ovales , pointues aux deux bouts , un peu
epaiffes , fermes , glabres ^ liiTes , fans nervures laté-
rales, & longues de quatre à cinq pouces. Rumphius dit
que du milieu des feuilles fupérieures naît une petite
fleur fimple ôc folitaire , à quatre pétales blancs.
Bantiale rouge , Nidiis formicarum mhcr , Herb.
Amb. Ibid. C'eil une tubérofité un peu plus groffe
que la précédente ; elle ell fphéroïde , couverte de
rugoûtés 5 à-peu-près comme l'orange dite pampel-*
moufc , d'un beau vert , à écorce molle , tendre &
féparée de la fub fiance intérieure , qui efl ch irnue , &
que l'on peut comparer , par fon organlfation , aux
gâteaux des ruches à miel ; les cloifons de la fubilance
interne de la bantiak rouge font habitées par des four-
mis. De la partie fupérieure de cette tubérofité part
une petite tige trigone , ftriée , dont l'écorce efl écail-
leufe ; elle eft chargée vers fon fommet de pluiieurs
feuilles difpofées prefque en faifceau , lancéolées , poin-
tues , rnoiles , avec quelques nervures latérales &
obliques. Après la chute des feuilles paroiffent les
fleurs ; elles font blanches & à quatre pétales. Cette
efpece de tubérofité eit fufpendue au tronc & aux
groffes branches des arbres. La groffeur de ces tubé-
rofités qvii leur fert de racine , paroît occafionnée
par Textravafation d'une portion de la fève , caufée par
les fourmis qui les habitent. La fubflance de ces tu-
béro fîtes efl d'une nature un peu cauflique. ( Encyclo-'
pédie ancienne. )
BAOBAB. Foyei à Vartick Pain de singe.
BAQUOIS 5 Pandanus, Genre de plante unilobée,
qui , ielon M. de la Marck , paroît avoir des rapport;
avec les ananas , & qui comprend des plantes exoti-
ques qui s'élèvent prefque à la manière des palmiers,
font munies de feuilles Amples bordées de cils épineux ^
E4
7î S > Q
& portent des fieiirs dioïques , difpofées fur une forte
de chaton terminal , qui tll: environné de toutes parts
de ramifications courtes oC très-nombreufes. Le fruit
efl ime greffe tête ovoïde , fermée par l'auemblage de
quantité de noix anguleufes , rétrécies prefque en forme
de coin par leur bafe , ferrées les unes contre les autres ,
& qui renferment chacune une femence lifTe &c ovale,
( Linnœus fils ^ Suppl. 64. )
BaquoiS odorant , Pandamis verus , Paimph,
Amb. ; Kaida , Rheed,; Keura odoiifcra , For.sk. ^^gypt.
Cette efpece croit naturellement dans l'Inde oc aux
Moluc[ues : on la cultive à l'Iile de France , où elle
en. connue fous le nom de baquois ou de vdcoiut. Le$
chatons des fleurs mâles répandent une odeur tres-
^gréabîe , & affez forte pour qu'un ou deux chatons
fîtruris puiflent fuffire pour parfumer une chambre
pendant un temps aiTez long. En Egypte on vend ces
cliiitons à un grand prix pour la bonne odeur qu'ils
exhalent lorfqu'ils font cueillis nouvellement.
' Baquois a plusieurs têtes, Fandanus (^poly^
çzphalus ) humils , Riimph. Cette efpece croît dans les
Moluques , dans les terrains fablonneux eu pierreux
cru: avoifinent la mer, Ses fleurs font inodores. Du
îniiieu des feuilles , dans les individus femelles , fort
im péduncule trigone , dur , t<, qui foutient cinq à
huit têtes glcbuleufes , difpofées en une grappe droite ;
les feuilles intérieures de chaque faifceau de feuilles
font , dans leur jeunefle , très-blanches vers leur bafe ,
molles , d'une faveur douce , &: fe mangent comme les
bourgeons ou les jeunes feuilles de certains palmiers
qu'on nomme choux palmïfus,
Baquois 'ÇK.%Q\Qv\.xiK^^Kaïdatadai^ Rheed. Mal.
Cette ei'pece croît au Malabar. Son fruit efl: une très-
groffe tête ovoïde , formée par l'affemblage d'un grand
pombre de faifceaux particuliers , féparés les uns des
autres dans leur partie fupérieure , & compofés chacun
^e fLX à huit ncl^ oblongues, Ce gros frvùt çfl rouge
BAR 75
dans fa maturité ; la chair intérieure de chaque noix
eft jaune ; celle du réceptacle commun efl blanche ,
fpongieufe , & a une cavité dans fon milieu.
BaquOIS CONOÏDE , Pandanus ceramicus , Rumph.
Amb. Cette efpece fe trouve dans les Moluques , &
fpécialement dans l'Iile de Ceram. Son fruit, qui efl
rouge dans fa maturité , a plus d'un pied de long ;
il eit conique , obtufément trigone. Ses noix font très-
nom-breufes & petites.
BARALOU ou Baroulou. Foye^ Balisier.
BARBAIAN. Foyei Duc.
BAR-BARESQUE ou Écureuil de Barbarie.
^Fojei CL la fin de. r article Rat PALMISTE.
BARBARINE ou Barbaresque. Voye^ à la fuits,
de l'article CoURGE à limbe droit.
BARBARINS. Nom donné aux petits barbeaux , &
au furmulet,
BARBASTELLE. C'eft une efpece de chauve-fouris.
Voyez ce mot.
BARBE , Barba. Nom donné au poil qui croît fur
la partie inférieure du vifage de l'homme. Ce poil efl
le caraûere de virilité le plus confiant ; la barbe pa-
roît à l'âge de puberté , & croît jufque dans l'âge le
plus décrépit ; feulement elle change de couleur & de
îblidité. Voyei ce qui en ejl dit à P article POIL , & à
<,elui de /'HoMME.
Barbe ou Fanons de baleine. Voyei â l'article
Baleine de Groenland.
Barbe de bouc. Foye^ au mot Sersifi sauvage:
Barbe de Chèvre, Barba caprœ fioribus oblongis ^
C. B. Pin. 163 , Tourn. ; Spirœa aruncus ^ Linn.
Cette plante reffemble à la reine des prés ( ulmaria ).
Ses tiges font hautes de quatre pieds ou environ ,
rondes , rameufes; fes feuilles oblongues , pointues ,
dentelées , attachées plufieurs fur une même côte qui
efl terminée par une feule feuille , n'ayant entre elles
aucunes petites feuilles , comme dans la reine des prés.
74 BAR
Ses fleurs naliTent en grappes longues aux fommités
des branches ; elles Ibnt blanches &c compoiees
de cinq pétales dilpofés en rofe. Ses femences font
oblongues. Sa racine eil fîbreule. Cette plante vivace
& propre à l'Europe , croît aux lieux humides , dans
les bois , iiir les montagnes , 6c eil eftimée aftringente.
La petite l^arbe de clicvre eft la reim dis pris. Voyez
ce mot.
Barbe espagnole ou Caragate muiciforme ,
Vïfcum carycphylloidcs , tenuiffimum è ramis arborum
mufci in modum dcpcndens , folïïs pruincs, injîar candi^
canùbus , jlon tnpaalo , femim filamcntofo , Sloan. Jam.
Suivant le Père Nicolfon , c'ell" une efpece de gui qui
s'attache aux arbres 6l forme de longs filamens enchâflés
les uns dans les autres , ( ils ne font que mâles ) & qui
flottent au gré des vents. Ils font couverts de petites
écailles , & renferment un petit filet noirâtre , élaftique ,
afTez femblable au crin de cheval. Ils font divifés dans
leur longueur par des nœuds , placés à deux ou trois
pouces les uns des autres ; de chaque nœud fort une
petite fleur oblongue , jaunâtre , à trois pétales , envi-
ronnée de cinq , lix , fept ou huit filaméns , qui s 'éten-
dent de tous côtés , &; fe divifent également en nœuds
qui en produifent d'autres , & ainfi de fuite. Aux fleurs
iuccede une capfule oblongue à trois côtes , qui s'ouvre
en trois parties par le fommet , & qui contient les
femences. Cette plante parafite fe trouve fur les arbres
qui croifTent au bord de la mer , le long des rivières
& des étangs , à Saint-Domingue , à la Jamaïque ,
dans le Brélil & dans la Virginie.
Barbe de Jupiter , Barba Jovls , pulchre luuns ,
J. B. J. 385 , Tourn. 651 ; Anthyllïs barba jovis y
Linn. Petit arbrifTeau , haut de trois pieds à fix ,
qui croît dans les lieux pien-eux & montagneux , eiî
Efpagne , en Provence , en Languedoc & dans le
Levant. Cette plante , dont l'afped efl aflez agréable ,
a une tige dure , ligneufe , droite ^ rameufe j fes jeunes
BAR 7$
rameaux & fes feuilles font couverts d'un duvet court,
couché , luifant , très-foyeux & d'une couleur argentée ;
ies feuilles font rangées comme par paires fur leurs
côtes ; la foliole terminale eu feifile. Ses fleurs petites ,
jaunâtres , légumineufes , qui reffemblent à celles du
genêt , naiffent aux fommités des tiges : à ces fleurs
liiccedent des gouffes ovales ^ contenant chacune une
femence. Cette plante eu apéritive.
Barbe de renard , Adragant ou Épine de
BOUC , Tragacamha^ C. B. Pin. 388 , Cluf Cur. Poil.
Add. 60; Tragacantha MaJJHunjîs ^ J. B. J. 407,Tourn.
417. Sous-arbriffeau épineux qui croît naturellement
en Provence. Sa tige eil épaifîe d'un pouce , haute
d'environ un pied ; elle forme par fes ramifications
nombreufes une touffe large , diffufe , couchée en
rond fur la terre ; fes rameaux , qui font comme hériffés
d'épines , font dénués de feuilles à la partie inférieure ,
qui paroît feche & comme morte : la partie fupérieure
efl chargée de petites feuilles oppofées , oblongues ,
obtufes y cotonneufes , blanchâtres , & même un peu
foyeufes ou argentées lorfqu'elles font jeunes. Les
fleurs font petites , légumineufes , axillaires &; blan-
châtres : aux fleurs fuccedent des gouffes velues ,
renflées , à deux loges & remplies de petites graines
de la figure d'un rein. Cette plante , ainfi que la
fuivante , eft de la famille des AflragaUs,
Barbe de renard de Crète , Tragacantha, Credca
tncajia , jlon pan'o l'inùs purpuras flrlato , Tournef.
Cor. 29. Sous-arbriffeau qui croît dans le Levant , &:
fpécialement dans l'Ille de Candie. M. di Tournefort en
a trouvé une grande quantité dans les vallées qui font
auprès du Mont Ida. Ce fous-arbriffeau à tiges ligneu-
fes 5 très-rameufes , velues , noirâtres , très-piquantes ,
hautes ou longues de deux à trois pieds , forme une
touffe par-tout bien garnie ; les épines , comme dans
l'efpece précédente , font les pétioles dépouillés de
leurs folioles ; ils font fort aigus , roides ôc jaunâtres ^
75 BAR
les feuilles cotonneufes & blanchâtres ; le5 fleurs font
d'un pourpre clair & rayées de blanc.
Au commencement de Juin , jufqu'en Août , découle
naturellement le fuc gommeux , qui eft connu dans le
commerce fous le nom de gomme adragarukc , Traga-^
cantha gummi. Les fibres dont la tige &: les branches
font tiflues , dit M. de Tournefon , fe contraftant dans
les grandes chaleurs , exprim.ent le fuc glaireux dont
cette plante abonde ; ce fuc extravafé le congelé en
gros filets , ou en manière de petits rubans tortillés ,
ou comme autant de petits vermiffeaux , qui percent
à travers l'écorce dans les endroits où elle réfifle
le moins ; les Bergers meurtriffent en marchant diffé-
rentes parties de ce fous - arbrifieau , & c'efl par
ces endroits meurtris plutôt que par les autres , que
les lames ou filets vermiformes de la gomme, adraganu
s'échappent.
Lorsqu'on met tremper dans l'eau cette gomme , elle
fe gonfle beaucoup , Ôc paroît comme une efpece de
crème enlacée : c'eil ce mucilas:e de ^ommc adracranthe
que Ton emploie en Pharmacie & chez les Confîfeurs ,
pour donner du corps aux comportions dont on veut
former des pilules , des pâtes , des tablettes , des paf-
tilles , &:c. On mêle aufïï cette gom.me avec du lait
pour faire des crèmes fouettées , & l'on y joint un peu
d'eau-rofe ou de fleur d'orange.
La gomme adraganthe , prilë intérieurement , efl hu-
medante , rafraîchiffante , aglutinante , propre à calmer
les douleurs de colique , les ardeurs d'itrine & la toux,
Lorfqu'on veut la pidvérifer promptement , il faut que
le mortier foit chaud , afin de difTiper l'humidité aqueufe
qu'elle contient.
Les Peintres en miniature rendent le vélin fur lequel
Ils veulent peindre , auiTi uni qu'une table d'ivoire , en
le vernifTant avec de la gomme adraganthe. Pour cet effet ,
ils mettent du mucilage de cette gomme dans un nouet
de linge fin , 5c en frottent le vélin. Les Teinturiers»
BAR 77
tn foie Se les Gaziers emploient fouvent cette gomme
par préférence pour donner de la confiHance ôc un
luflre particulier à leurs ouvrages.
Profper Alpin , de exoticis , fait mention d'une féconde
efpece de plante adraganthe , tragacantha alura y qui
reffemble en quelque forte au dos du hérilTon ter-
reilre , & même à certains gros ourfms garnis de leurs
piquans. Sa racine eil fibrée. ( On voit cette plante
dans le Cabinet de Chantilly avec cette étiquette , Lïmo"
nïiim mnaccum Crcticum. Plante cueillie fur le Mont
Ida ou Pfillority , le 20 Juillet 1730, par M. Baume ^
Conful à Candie ).
BARBEAU ouBarbot , Cyprinus barbus , Linn. Eft
Italie , barbio ; en Allemagne , barble ; en Angleterre
harbel. Poiflbn de rivière & de lac d'eau douce , du
genre du Cyprin, Au bout ou plutôt aux angles de foii.
mufeau , qui efl pointu &: cartilagineux , pendent deux
barbillons de chaque côté , d'où lui eft venu le nom
de barbeau. Une petite veine rouge règne dans l'inté-
rieur de ces barbillons. Les yeux font petits & tournés
vers le bas ; la couleur des iris efl dorée ou argentée,
avec des taches brunes. La forme du corps du barbeau
efl oblongue &: un peu arrondie dans fon contour ; le
dos fe courbe en arc , & a à fon fommet une arête
aiguë. Le ventre efl: plat , en forte que quand ce poif-
fon repofe fur cette partie , fa gueule touche la terre ,
ainfi qu'on l'obferve dans prefque tous les poiffons qui
fe tiennent au fond de l'eau. La ligne latérale efl for-
mée d'une fuite de petits points ; le dos efl aufîi par-
femé de points noirs. La mâchoire fupérieure plus longue
que l'inférieure. Il n'a point de dents ; la fente des
ouïes efl petite , ce qui fait qu'il vit long-temps hors
de l'eau. Ses écailles foht peu grandes , tendres , &:
minces ; leur couleur efl olivâtre fur le dos , & argentée
fur le ventre. Les nageoires du ventre font jaunes , &
celles de la queue font rougeâtres. La nageoire dorfale
a dix rayons ^ dont \% fécond efl le plus élevé ; les n^-
7? BAR
^^eoires pe£lorales font d'une grandeur moyenne ; les
abdominales ont chacune neuf rayons ; celle de l'anus
en a fept ; celle de la queue efl échancrée en forme de
fourche. Ce poiffon a communément un pied ou un
pied & demi de longueur , & pelé ordinairement deux
ou trois livres ; il s'en trouve dont le poids va à huit
livres & plus. Quand il eu pêche dans les eaux pures,
ia chair eil blanche & d'un très-bon goût. Les anciens
Romains faifoient un grand cas de ce poifTon , qui fe
plaît plus dans les rivières que dans les lacs. Le froid
leur eil: nuifible , car ils font languifîans en hiver. On
doit éviter en tout temps de manger les œufs du tar-
beau , car ils troublent la digeftion , &: purgent par
haut & par bas , quelquefois très-violemment , fur-
tout dans le printemps. Comme ce poiflbn eft vorace,
il fe prend facilement à la ligne. Son fiel efl eflimé
très-propre à rétablir la vue : on en a eu un exemple
bien frappant à Paris en 1767 , dans M. BaraddU ,
Artiife très-connu pour les inftrumens de Mathéma-
tiques. L'on prétend mêm.e que c'étoit là le remède
qu'avoit employé le jeune Tohk pour guérir la
cécité de fon père. Les infeftes , les petits poiiTons ,
même ceux de fon efpece , font fa nourriture ordi-
naire. Il eft moins gras & moins bon à manger en
hiver qu'en été. La laite de ce poiffon efl, en certaines
faifons, groffe , d'un blanc-rougeâtre & bonne à
manger. On donne à ce poifibn le nom de barbillon
quand il ell jeune , & celui de barbeau quand il a
acquis fa croiffance.
Barbeau. FoyeiBLVET, A l'égard du barbeau Jaune ^
ÔCC. Foyei à Vartïck CENTAURÉE.
Barbeau de Mer. C'eil le PvOUGEt.
BAPv.BET. Nom donné à une race de chiens qui
font couverts d'un poil long , fourni & laineux
comme une toifon. Pour le refte des cara£leres du
barba , Voyez à V article Chien.
BARBICAN , pi. enU 601. M, de Buffon a donne
BAR ^ 79
ce nom à un oifeau apporté des Côtes de Barbarie,
cil il n'eft pas rare. Son nom indique d'une manière
affez jufte fa nature mixte. 11 reflemble aux toucans ^
aux harkis par le nombre & la pofition de fes doigts.
H a le bec fort 6c dentelé comme le toucan , mais bien
plus compacte , bien moins long , comprimé fur les côtés
& cannelé ; il reflemble au harhu par des poils qui
entourent la bafe de fon bec , & par la conformation
de fa langue. Le harhïcan a le plumage de couleur
noire fur la tête , le cou , le corps , les ailes , les cuifles
&; la queue ; la gorge efl rouge ; le ventre eil: rougeâ-
tre ; une large bande noire traverfe la poitrine ; le bec
efl jaunâtre , long de dix-huit lignes fur dix d'épaifîeur.
Les pieds font bruns. Cet oifeau a neuf pouces de
long; fa queue en a trois &: demi.
BARBICKON , /?/. ml, 803. Efpece A^goU- mouche
de Cayenne , long de près de cinq pouces , & d'un
jaune verdâtre. Sa femelle efl un peu plus grande que
lui , & la couleur du plumage eft plus foncée ; le bec
efl: noir , les pieds grifâtres ; de longues barbes ou foies
entourent la bafe du bec. Cet oifeau femble fifîler dou-
cement les deux fyllabes pïpi. Le mâle ôc la femelle
vont aiTez de compagnie ; leur nid efl pofé fur les ra-
meaux les moins touffus , & conflruit avec de b moufle.
Ce nid efl d'une groffeur excefllve , il a un pied de haut ^
cinq pouces de diamètre , & une petite ouverture fur
le côté à trois pouces du fommet.
BARBIER , Labrus anthïas , Linn. Poiflbn du genre
du Labre ; il fe trouve dans les Mers de l'Europe &: de
l'Amérique Méridionale. Ce poiflbn , dit Linnœus , a
toute la furface du corps de couleur rouge ; la queue
efl fencjue en forme de fourche ; la nageoire dorfale
a dix-neuf rayons , dont dix-fept font épineux ; les
opercules des ouïes font dentelés comme la lame
d'une fcie.
Se^on Rondelet , cet anthïas a le premier rayon
de la nageoire du dos long , fort ôc tranchant comme
8o BAR
un rafoif , & de là eu venu le nom de harhhr à ce poîftorîi
Les Anciens étoient dans l'opinion que Vamhias voyoit!
fort clair & de loin , & que quand il étoit pris à
la ligne , il la coupoit avec fon aiguillon tranchant :
on a dit plus , on a ajouté que les autres poiûbns de
la même efpece venoient au fecours de celui qui
étoit pris , & le délivroient en coupant la ligne... La
chair de ce poiflbn eil d'un goût agréable &: le digère
facilement. Voilà tout ce qu'on fait fur le barbUr,
BARBILLON. Nom donné au barbeau encore petit.
*Voyei Barbeau.
On donne aufiî le nom de barbillon à une efpece de
chien de mer , dont il eil mention à la fuite de l'article
barbu. Voyez ce dernier mot.
BARBI-ROUSSA ou Barbi-ronsa ouBaby-roesa
ouBabiroussa. Faux fanglier des Indes Orientales , de
la grandeur du cerf , dont il a à - peu - près la figure*
Ce n'eil ni un fanglier ni un cochon ; il n'en a ni la
tête , ni les foies , ni la queue ; il a les jambes phi s
hautes &: le mufeau moins long ; il eft couvert d'un
poil court & doux comme de la laine , & fa queue eiî
terminée par une touffe de cette laine ; il a aufîi le
corps moins lourd & moins épais que le cochon ; fon
poil eft gris , mêlé de roux,& d'un peu de noir ; fes
oreilles font courtes &: pointues. Le caradere le plus
remarquable , & qui diftingue le babiroujfa de tous les
autres animaux , ce font quatre énormes défenfes ou
dents canines , dont deux fortent de la mâchoire fupc-
rieure en perçant les lèvres , tl s'étendent en courbe
jufqu'au - deffus des yeux , en imitant parfaitement
des cornes ; les deux autres dents , qui font moins
longues , partent , comme celles du fanglier , de la
mâchoire inférieure. Ces défenfes font d'un très -bel
ivoire , plus net & plus iîn , mais moins dur que
celui de l'éléphant. On prétend que les femelles
manquent de celles de la mâchoire fupérieiire. Ces
jnormes défenfes donnent à ces animaux un air
formidable;
BAR Bt
foîmîdable ; cependant ils font peut-être moins dan-
gereux que nos fangliers. Quoique grofîiers 6c féroces
ils s'apprivoifent ailëment.
Cet animal , dit-on , fe fufpend la nuit par fes dents
d'en haut à une branche fort élevée d un arbre , pour
dormir en fureté & à Tabri des tigres &c autres ani-
maux fauvages : refle à concevoir de quelle manière
ce quadrupède grim.pe plus facilement fur des arbres
que fes ennemis , d'ailleurs plus agiles & plus fouples
que lui. Il paroîtplus naturel de dire avec M. de Buffon^
que le bahlrouffa ne s'accroche ainfi à des branches que
pour repofer fa tête ou pour dormir debout. Cette
hcibitude lui efl commune avec l'éléphant , qui pour
dormir fans fe coucher , foutient fa tête en mettant le
bout de fes défenfes dans des trous qu'il creufe à cet
effet dans les murs de fa loge.
Le babïroujfa marche légèrement & en troupe ; il
exhale une odeur forte qui le décelé , ce qui fait que
les chiens le chafTent avec fuccès. Il grogne terrible-
ment , fe défend & bleffe des défenfes de deflbus : car
celles de delîus lui nuifent plutôt qu'elles ne lui fer-
vent. Comme il a le poil fin &; la peau mince , il ne
réiiile pas à la dent des chiens , qui le chaffent de pré-
férence aux fangliers , &: en viennent facilement à bout.
Il a l'odorat très-fin , &c fe dreffe fouvent contre les
arbres pour éventer de loin les chiens &: les Chaffeurs :
mais s'il eil pourfuivi fans relâche & long - temps , il
court fe jeter à l'eau , oii il nage aufii bien que le canard ,
plonge de même , & échappe de cette manière fou-
vent aux ChaiTeurs.
Les Indiens trouvent la chair de cet animal très-
délicate , .la plus favoureufe & la meilleure de toutes
celles des bêtes fauvages ; cette chair fe corrompt en
alitez peu de temps.
Le hahïrouffa fe trouve en Afie ^ dans Tlfie de
Bouro , l'une des Moluques : on prétend qu'il fe trouve
auffi dans les Contrées Méridionales de l'Afrique.
Toim //. F
82 BAR
BARBON , Andropogon. M. le Chevalier de la Marck
donne ce nom à un genre de plante iinilobée, de la
famille des Graminées , & qui comprend des herbes
dont les fleurs , en général , font difpofces fur un
réceptacle linéaire , denté alternativement , formant
foit un feul épi , foit plufieurs épis fitués en faifceau
ou comme des digitations. Les fleurs font glumacées ,
velues ou laineules à leur bafe , & de deux fortes fur
chaque épi ; les unes font hermaphrodites &: fefîiles ,
bl les autres font mâles & légèrement pédiculées.
Parmi les efpeces dont les fleurs font difpofées en
un feul épi ou en panicule , on compte :
I .° Barbon CARIQUEUX , Andropogon fpïcd folïtanâ ,
imbricatd , feminibus hirfutis , arijlls nudis , contortis ,
Linn. Selon Rhumphius , fes tiges ont quatre à cinq
pieds de hauteur. Cette plante croît dans les Indes
Orientales ; on s'en fert à Java & à Balaya pour couvrir
les maifons ; les pauvres ramaffent le duvet foyeux de
fes épis pour en former des coufTms &: en garnir leurs
lits. En général , comme cette plante eft plus nuifible
en incommodant les Chaffeurs , en bouchant les
chemins , & en gênant les befliaux dans leur pâtu-
rage , qu'elle n'efl utile , on la détmit ordinairement
par le feu.
i.** Barbon a épis tors, Andropogon fpicd falharld^
florihus infiriorihus muticis , Linn. ; uEgilops Madcraf-
patana , glumïs pllofis ^ arïflatïs , Scheuchz. Cette efpece
croît naturellement dans l'Inde ; fon épi eil un peu
tors en fpîrale.
3.^ Barbon a fleurs divergentes , Lagurus
humïlïor , panïculd conicd , laxd , mitante , culnimn
terminante , Gronov. Virgin. Cette efpece fe trouve
dans la Virginie.
4.^ Barbon panicule , Andropogon panicule
pedunculis fimpUciffîmis trifloris ( aut quadrijloris ) ,
Jlofculo hermaphrodito , arïjlato , ciliato , bafi barbato ,
Linn, \ Phœnix , Hall. ; ALgylops bronioïdes , juba.
BAR 83
purpurafcente , Baiih. Hift. Cette efpece croît à
Vérone , aux environs de Montpellier &; dans la
Siiiûe.
5.° Barbon penché , Andropogon paniculâ nutante ,
arlftis tonuojis lavibus , glumis calycinis hirfutis , Linn.
Cette efpece croît dans la Virginie & à la Jamaïque.
6.^ Barbon QUADRI valve , Andropogon paniculâ
nutante , calycïbus quadrivalvulibus , trifioris , jlofculo
hermaphrodito arijîato ^ Linn. Mant. Cette elpece croît
dans l'Inde.
7.° Barbon cymbifere , Andropogon cymharium^
Linn. Ses bradées font purpurines &: cymbiformes.
8.^ Barbon couché des Indes Orientales ,
Andropogon projlratum , Linn. Ses tiges , qui font très-
rameufes , Ibnt couchées fur la terre , & y prennent
racine.
9.° Barbon AlopÉCUROÏDE , Andropogon Alope^
€uroïdes , Linn. Cette efpece croît dans l'Amérique
Septentrionale. Sa tige eil haute de fix pieds ; foa
panicule eft long, lâche & laineux.
lo."^ Barbon a balles rudes de ITfle de Ceylan ,
'Andropogon fquarrofum , Linn. Ses tiges font glabres
& flottent à la furface de l'eau des étangs profonds oit
elles croifTent.
11.^ Barbon des Isles , Andropogon infulare ;
Linn. Cette efpece croît à la Jamaïque. Brown dit
qu'elle efl vulnéraire OC déteriive.
12.° Barbon NARD , Andropogon nardus ^ Linn.
On croit que c'eft le nard Indien des boutiques , c'eft-
à-dire , le fpica-nard. Voyez l'article NarD.
Les barbons à fleurs difpofées fur plufieurs épis
fitués en faifceau , ou en forme de digitations , ou
par paires , font :
i.*^ Barbon double kv\ ^ Andropogon dlflachium ,
Linn. Cette plante croît dans les Provinces Méridio»
nales de la France , fur les côtes feches &: pierreufesj
Ses épis font fouvent un peu violets.
F 2
84 BAR
2.° Barbon hérissé , Andropogum hlnmn , Lînn.
Cette efpece croît dans la Sicile , en Provence , dans
l'Elpagne &: le Portugal. Ses épis font courts , barbus
& hérilles.
3.^ Barbon OTtORKKT ^ Andropcgon fchœnantus y
Linn. C'eft \e jonc odorant. Voyez ScHÉNANTE.
4.° Barbon de Virginie , Andropogon Vlrglnicum ,
Linn.
5.*^ Barbon bicorne , Andropogon bicorne. , Linn.
C'eil le cupiiplha de Pifon. Cette efpece croît à la
Jamaïque , au Bréfil ; on la trouve auffi en Arabie.
6.^ Barbon CRÊTELÉ , Andropogon barhatum ,
Linn. Cette efpece , qui efl le kouda-pidlii ^ Rheed.
Mal. , croît dans les Lndes Orientales.
7.^ Barbon MUTIQUE , Andropogon miiticum ^
Linn. Cette efpece croît au Cap de Eoniie-Efpérance.
8.^ Barbon BIGITÉ, Andropogon ifchczmum , Linn,
Cette plante fe trouve dans les lieux flériles & pierreux
de l'Europe auilrale.
9.^ Barbon de Provence , Gramen dacîylon,
yïllofum , ramofum ^ altijjîmum ^ Galloprovinciak ,
Tournef. 321. On foupçonne que c'efl une variété de
l'efpece précédente.
10.^ Barbon fascicule , Andropogon fafcicU'
latum , Linn. Cette efpece croît dans les Indes.
ii.° Barbon a épis nOxMBReux , Andropogon
polydaciylon , Linn. Cette efJ3ece croît à la Jamaïque.
1 2.^ Barbon a anneaux , Andropogon annulaïuni ,
Forsk. Cette efpece croît en Egypte , le long des rives
du Nil.
BARBOTE franche. Voye^ Franche-barbote.
BARBOTINE. Voy^i Poudre a vers.
BARBU , Bucco, Genre d'oifeau dont le caraftere
efl d'avoir quatre doigts , deux devant & deux der-
rière , le bec un peu convexe en deffous & comprimé
par les côtés. On en diflingue plufieurs efpeces , qui
toutes oiU pour trait fpéçialemeot caraftériHique ,
BAR 85
une efpece de harhe à la baie du bec , qui eft compofée
de plumes roides comme du crin , & tournées en
devant. Ces oiieaux ont les mœurs fanguinaires ,
à-peu-près comme les pies-grieches ^ & font propres
à l'Ancien Continent : les tamanas qui ont beaucoup
de rapports extérieurs avec les barbus , font d'un na-
turel tranquille , qui approche de la flupidité , &: font
propres au Nouveau Continent. Les barbus & les
tamanas ayant les ailes fort courtes , ne peuvent four-
nir un long vol , &: par conféquent , dit M. de Bu^on ,
n'ont pu paffer d'un Continent à l'autre ; ainfi les
tamanas doivent compofer un fous-genre du Barbu.
Barbu ( à gorge jaune ) des Philippines , pi. cnL
331. 11 eft au moins de la groffeur du moimau-franc ;
ia longueur totale eft de cinq pouces trois lignes ;
l'envergure de neuf pouces quatre lignes ; la queue
n'a que quinze lignes de longueur : la partie anté-
rieure de la tête eft dans le mâle d'un beau rouge ; une
bande de cette même couleur fur la poitrine ; le refte du
plumage fupérieur d'un vert obfcur ; le refle de l'in-
férieur jaune , mais d'une teinte foible fur le ventre ,
avec des traits d'un vert obfcur ; l'œil eil auffi entouré
de jaune ; le deffous de la queue d'un cendré-bleu :
les jambes & les pieds jaunâtres ; le bec &: les ongles
bruns. Il y a le barbu â gorge noire de Tlfle de
Lucon. ( Foyage à la Nguv. Gu'm. ) Le barbu à plajîron
noir du Cap de Bonne-Efpérance , /?/. ml. 688, jig, \.
Le grajid barbu de la Chine, pi. enl. 871 ; le vert eil
la couleur dominante de fon plumage : cet oifeau a
près de onze pouces de long. Le barbu vert de Mahé ;
ion bec efl blanchâtre. Voyez pi. enl. 870. Le petit
barbu du Sénégal ; fon bec &; fes pieds font jaunâtres,
'WoyQxpL enl. 746 ^fig, 2. A l'égard du barbu à gros
hzc , de celui à poinine ?toire , de celui à ventre tacheté ,
& ceux à tête 6c gorge rouges de Cayenne &C de Saint-
Domingue , de du barbu des Maynas , Foyei r article
Tamatia,
F3
86 BAR
Barbu. M. BrouJJomt donne ce nom à une efpece
de chien de mer de la iedion de ceux qui ont une nageoire
derrière l'anus , avec les trous des tempes ; mais ce qui
diilingue ce barbu , e le grand nombre d'appendices
qu'il a fur la partie inférieure du mufeau. La delcription
de cette efpece , donnée par M. Brcujjcnet^ eft extraite
des manufcrits du Dodeur Solander.
» Sa tête étoit large , aplatie & courte ; l'ouvertiu'e
» de la gueule fituée prefque au bout du mufeau ; les
>> dents en forme de lance , & difpofées en plufieurs
» rangs : à la partie inférieure du mufeau étoient
» plufieurs appendices de différentes forme & longueur ;
» il y en avoit une d'un demi-pouce de long , placée
» au-devant de chaque narine ; elle étoit diviiée latéra-
>> lement en plufieurs autres plus petites ; il y en avoit
^> cinq autres de chaque côté ; au-defîiis de l'angle
^> que formoit l'ouverture de la gueule , elles étoient
V vermiformes , & avoient un demi-pouce de long :
» on en obfervoit encore deux de chaque côté au-delà
^> de l'angle de l'ouverture de la gueule ; l'antérieure
^> étoit la plus longue & bifide : on en voyoit en outre
>> deux autres au-delà de celles-ci ; la poftérieure
» formoit plufieurs divifions : enfin , entre ces dernières
» &: les nageoires pedorales , on en trouvoit deux
w affez grandes , divifées fur un de leurs côtés en
^> lobules obtus ; les trous des tempes étoient grands ;
>> les narines placées immédiatement au-devant de
» l'ouverture de la gueule ; il y avoit cinq bouton-
» nieres ou évents ( expiracula ) de chaque côté ;
>> l'anus placé au-delà du milieu du corps ; la pre-
>> miere nageoire dorfale à l'aplomb de l'anus ; la
^> féconde fituée entre la première & l'aplomb de la
V nageoire de derrière l'anus : les pedorales plus grandes
» que les abdominales; la nageoire de la queue légé-
» rement divifée ; la peau recouverte de très-petites
» écailles , dures , liffes & luifantes : le corps avoit
>* trois pieds &: demi de long ^ & il étoit garni de taches
BAR 87
^> dé différentes grandeurs , noires , placées fans ordre ,
» rondes 6c anguleufes , entourées d'un cercle blan-
» châtre , & reiîembiant en quelque forte à des yeux.
» Cette efpece de chien de mer a été prife dans la Mer
» du Sud , fur la Côte de la Nouvelle Hollande ,
» dans une Baie que le Capitaine Cook a nommée
» Stîng RayS'Bay , à caufe de la grande quantité de
» raies qu'il y a trouvées «.
M. Broujfonet fait mention d'une autre efpece de chien
de mer , qu'il nomme le barbillon : » Celui-ci ( dit-il )
» eil de la même fedion que le barbu ; mais une
>y appendice vermiforme à chaque narine forme un
» caradere diilindif dans l'efpece du barbillon , &: lui
» en a fourni le nom. Le barbillon eit de couleur
» rouffe. Les individus dont la longueur n'excède pas
» un pied , ont fur tout le corps de petites taches
» noires, rondes, qu'on ne retrouve point dans les
» gros. Cette efpece de chien de mer fe trouve dans
» les Mers d'Amérique «. M. Broujjomt en a vu plu-
sieurs individus qui avoient été péchés aux environs
de la Jamaïque ; M. le Chevalier Banks l'a encore vue
dans la Mer du Sud , fur la côte de la Nouvelle
Hollande. Les plus ' longs que M. Broujfonet a eu
occafion d'examiner , avoient un peu plus de cinq pieds ;
les écailles font larges , aplaties , très-luifanles : comme
elles font aufîi très - rapprochées , notre Obfervateur
préfiime qu'on pourroit faire avec leurs peaux def-
féchées , les plus beaux ouvrages en galluchat ; mais
qu'elles prendroient , à la vérité , difficilement les
couleurs. On voit au Cabinet du Roi un affez grand
nombre d'individus de cette efpece defféchés , d'après
îefquels M. Broujfomt a fait la defcription fuivante ,
& d'après plufieurs individus confervés dans la liqueur ,
& qui fe voient dans la Colledion de M. le Che-
valier Banks.
» La tête du chien de mer , appelé le barbillon , ef^
» aplatie ; le mufeaii coïirt ôc obtus ; les lèvres
F 4
88 B A R
» ëpaifles fur les côtés ; les dents en grand nombre ,
» alongées , aiguës 6c dilatées à leur bafe ; au-devant
» de chaque narine , une appendice vermiforme ; les
» yeux 6c les trous des tempes très-petits ; cinq évents
» ou boutonnières de chaque côté , dont les deux
» derniers plus rapprochés , îiir-tout dans les adultes ,
» femblent n'en faire qu'un feul : les nageoires pedo-
» raies grandes ; l'anus également diilant du bout du
» mufeau 6c du bout de la queue ; les nageoires qui
» l'entourent arrondies , 6c plus petites que les pefto-
» raies ; la première du dos à l'aplomb des abdominales ;
» la féconde fituée avant l'aplomb de la nageoire de
» derrière l'anus ; celle-ci eft petite 6c très-rapprochée
>> de la queue : la queue forme le quart de la longueur
» de tout l'animal ; elle eft d'abord divifée en deux
» lobes 5 6c légèrement échancrée vers l'extrémité «.
BARBUE , Ophidium harhatwn , Linn. PoilTon du
genre de la Don^dU. Il efr commun dans le Golfe
de Venife ; fa chair eft blanche 6c ferme ; Bclon
dit qu'elle eft d'un goût très - délicat. Ce poillbn a
beaucoup de rapport , pour la figure , avec 1 ^anguille.
6c le congre ; mais la barbue a le corps bien plus court
à proportion de fon volume , plus comprimé par les
côtés , 6c d'une couleur plus claire : le dos efl d'une
teinte cendrée ; le milieu des côtés a un éclat argenté ;
la peau a de petites écailles oblongues , étroites ,
éparfes 6c fans aucun ordre ; la gueule eft fpacieufe ;
les mâchoires 6c le palais font hériffés de très-petites
dents ; la langue eft aiguë ; les yeux font grands ,
recouverts par une membrane commune , tranfparente ,
leurs iris argentés. Les quatre barbillons que ce poiftbn
a fous la mâchoire mférieure , partent d'un point
commun , 6c ont un pouce de longueur. De môme que
V anguille , la barbue n'a que trois nageoires ; favoir ,
deux pe£lorales ; & l'autre fur le dos , à la diftance
de deux pouces & demi de la tête ; elle fe prolonge
de manière qu'elle fait , fans interruption , l'office
BAR 89
de nageoire dorfale ; de celles de la queue & de
Panug , elle fe termine à cette dernière partie ; le bord
fupérieur de cette nageoire unique , efl noir comme
dans le ccnj^re.
FUlughby obferveque laveiîie aérienne de cepoiffon,
a le fond percé d'un trou dans lequel s'infère un petit
tube fermé feulement par une membrane d'im tiiiu
lâche & délié; en forte que quand on comprime la
veffie , l'air entre dans le tube & le diftend : ce même
tube ell rempli d'une liqueur vifqueufe & tranfpa-
rente. A la partie oppofée de la velTie , efl un corps
dur & glanduleux , lemblable à un opercule ; en forte
que cette veiîie paroît avoir deux prolongemens dans
la diredion de fon axe.
BARDANE , Glouteron ou Herbe aux tei-
gneux, Zi^/^p^/zz^'or, arciium Diofcoridis ^ C. B. Pin.
198 ; Pcrfonatafeii Lappa major aiit Bardana^ J. B. 3.
570; Lappa tommtofa , arciium lappa , Linn. 1143.
C'eil une plante annuelle qui croît naturellement dans
les prairies &: fur les chemins , dont la racine efl:
blanche en dedans & noirâtre en dehors , d'une faveur
douceâtre , terreufe & un peu auftere ; elle rougit légè-
rement le papier bleu. Sa tige efl haute de deux ou trois
pieds , épaiffe , flriée , un peu cotonneufe. Les feuilles
de la bar dam font molles , cordiformes , p étiolées _,
vertes en-deffus , blanchâtres en-deffous , larges , 6c
longues d'un pied & plus. Ses fleurs , ramaffées en
bouquets , font compofees de plufieurs fleurons pur-
purins , contenus dans un calice globuleux , compofé
d'écaillés imbricées , terminées par un crochet qui
s'attache aux habits lorfqu'on en approche. Aux fleurs*
fuccedent des femences ovales à aigrette.
La racine de cette plante efl regardée comme un
excellent fudorifique ; fa décodion efl préférable à
celle de la fcorfonere dans les fièvres malignes ;
on prétend que fon infufion a guéri des goutteux :
mais elle efl bien défagréable à boire. Les feuilles de
90 BAR
hardam font réfolutives , vulnéraires , & doivent leur
vertu au nitre qu'elles contiennent ; car étant (eches ,
fes feuilles fufent fur les charbons. Sa femence efl un
puiiTant diurétique. On appelle aufTi la hardam , hzrbù
aux teigneux ^ parce qu'employée extérieurement elle
eft très-utile pour la gale. On fe fervoit autrefois de
fes feuilles pour fe mafquer le vifage , ce qui l'avoit
fait nomm.er pajonata.
Le genre de la hardam a de très -grands rapports
avec les chardons. La petite hardane eft le glaitcron.
Voyez ce mot.
BARDEAU. C'eil le nom donné au mulet provenant
du cheval & de l'âneffe. Foye^ à r article MuLET.
BARDEAUT , en Guienne , eft le hruant,
BARGE , Capriceps aut Limofa. Oifeaii aquatique &
de pafiage , très-commun en Egypte , affez femblable
au courlis. Cet oifeau , très-délicat à manger , a un
cri qiii imite celui du bouc & de la chèvre. Il vient
fur nos Côtes en Septembre , &: cherche à vivre la
nuit dans les marais falugineux , ainfi que font la plu-
part des oifeaux de nuit : comme les bécaffes , la barge
vit de vers & de vermiffeaux qu'elle tire de la vafe :
cet oifeau court très-vite.
M. de Buffon , à l'occafion des barges , obferve que
de tous ces êtres légers ( les oifeaux ) , fur lefquels la
Nature a répandu tant de vie & de grâces , & qu'elle
paroît avoir jetés à travers la grande fcene de {^s>
ouvrages , pour animer le vide de l'efpace & y pro-
duire du mouvement ; les oifeaux de marais font ceux
qui ont le moins de part à fes dons Aucun d'eux
n'a les grâces ni la gaieté de nos oifeaiix des champs :
ils ne favent point , comme ceux-ci , s'amufer , fe
réjouir enfemble, ni prendre de doux ébats entre eux
fur la terre ou dans l'air ; leur vol n'efl: qu'une fuite ,
une traite rapide d'un froid marécage à un autre. . . .
Ils gifent à terre & fe tiennent à l'ombre pendant le
jour ; une vue foible , un naturel timide , leur font
BAR 9 r
préférer l'obfcurité de la nuit , ou la lueur des cré-
pufcules , à la clarté du jour ; 6c c'eft moins par les
yeux que par le tacl , ou par Podorat , qu'ils cherchent
leur nourriture. C'eil: ainfi que vivent les bécaffes , les
bécafTmes , les Barges , &: la plupart des autres oifeaux
de marais.
La barge eft d'un genre particulier ; on en diftingue
plufieurs efpeces : leur caraflere ei\ d'avoir quatre
doigts , trois devant 6c un derrière ; le bec eft menu ,
fort long , plutôt recourbé en haut que droit , &
obtus par la pointe.
Il y a la Barge grife , pi. enl. 876 ; c'efl la barge
aboyeufe , le totano des Vénitiens , le crex de Belon :
la barge aux jambes & pieds rouges : la barge brune ,
pi. enl. 876 : la barge commune , pi. enl. 874 , fon
plumage efl en général d'un brun roufîatre : la barge
rou[fe , pi. enl. 900 ; elle fe trouve dans le Nord Aqs
deux Continens ; c'eft le francolin à poitrine rouge
d'Edwards , &: l'on en diflingue en Amérique une très-
grande efpece , pL enl. 916: la barge variée relTemble
à la barge grife ou aboyeufe , mais le croupion de celle-
ci eil blanc , & i^s pieds font gris ; l'autre a le crou-
pion brun & les pieds d\m noir verdâtre : la barge
blanche fe trouve à la Baie d'Hudfon ; Edwards lui
donne le nom de francolin blanc,
BARNAQUE. Voye^ Bernacle & Conque ana-
TIFERE.
BARNET. Nom donné par M. Adanfon à une efpece
de buccin qui offre une fmgularité remarquable. Toutes
les vieilles coquilles , dit-on , foit mâles , foit femelles ,
fe caiTent par l'extrémité du fommet , loriqu'elles ont
atteint le nombre d'onze à douze fpires , de manière
qu'il ne refle que les quatre ou cinq fpires d'en-haut
ou de fa bafe. Par quelle mécanique l'animal peut-il
procurer cette rupture dans une coquille operculée ,
auffi dure &'auiîi épaiife que l'eil celle-ci dans fa
yieilleiTe ?
91 BAR
BAROUTOUS. Nom que l'on donne à Cayenne
à une tourtirclLe, qui y efl: affez commune ; on diroit
d'un grand cocot^iji. Voyez ce mot,
BARRAS. Voyei Galipot.
BARRE. Nom donné par les Normands au flot ou
flux des eau5^ de la Seine , lorfque la mer monte. Voyei
PanicU Mer.
Barre ou Barrus aux Indes Orientales , eft Vêlé-
phant. Voyez ÉLÉPHANT.
BARRE , (le) Sïlurus fafilatus , Linn. Poiffon du
genre du Silure. Cette efpece fe trouve au Brélil & à
Surinam : c'efl: le myjlus cirris fex , maxïllâ inferiore
brcviorl , roflro plagïo-plateo , lato , de Gronovius. Cet
Auteur dit que la tête de ce poiiTon eft aplatie en
deffus , marquée d'un fillon longitudinal ; elle eil par-
tout de la même largeur que la plus grande de celle
du corps ; la gueule efl: un peu ouverte &: placée fur
le defliis du mufeau ; les mâchoires , le palais & le
go fier font garnis de petites dents ; la mâchoire
fupérieure efl immobile , & beaucoup plus longue que
celle de deflbus ; des fix barbillons , deux font beau-
coup plus longs que la tête, & fortent de l'angle de
la mâchoire inférieure ; les quatre autres , un peu
moins longs , font difpofés fur cette même mâchoire.
Les yeux font faillans , arrondis , petits , fitués fur le
-fommet de la tête ; les opercules font dépourvus
d'aiguillons ; les lignes latérales font liffes & relevées
à leur naiiTance. La première nageoire dorfale eft garnie
de fept rayons rameux , excepté le premier qui eft
fim.ple ; la féconde dorfale eft petite ; les pectorales
ont chacune dix rayons , dont l'antérieur eft roide ;
les abdominales font dépourvues d'aiguillons , m.ais
garnies chacune de fix rayons ; celle de l'anus en a
treize ou quatorze ; la queue eft très-échancrée , &
fon lobe inférieur bien plus long que celui de deftus.
La peau lifte & fans écailles ; la couleur des parties
de deffus eft rouffàtre ; celle de deffous eft blanchâtre ;
BAR BAS 93
les côtés font panachés de grandes taches d'une teinte
fombre , & les nageoires parlemées de taches noires,
Lïnnmis prétend que le dos eft marqué de bandes
blanches fur un fond noir.
BAPvRELIERE. Voy^i à VarticU Bahel-sculli.
BARRIS ou Homme des bois , ou Grand Orang-
outang. Voy^i Homme sauvage , VarticU Singe
& celui ûf'ORANG-OUTANG.
BARROS, Foyei Bucaros.
BARTAVELLE. Efpece de perdrix de Savoie & de
Grèce. Voyei à l' article PERDRIX.
BASAAL. Genre de plante à fleurs polypetalées ^
qui paroît avoir des rapports avec les Antifdcrms ;
Voyez cù mot, 11 y a le hafaal à pétales pointus ,
Rhccd, Mal. ; les Brames l'appellent ^'ikngi ; les Por-
tugais 5 frnita perdrica ; & les Hollandois , fiVin-beJfen.
C'eft un arbrilTeau toujoi^trs vert ; il croit dans les
terres fablonneufes du Malabar , & particulièrement
aux environs de Cochin. Sa durée efl d'environ quinze
ans. La décoftion de fes feuilles dans l>eau , avec un
peu de gingembre , foulage dans les maux de gorge ;
les Naturels frottent le front 6i les tempes des fré-
nétiques avec fes baies rouges , fucculentes & frites
dans le beurre ; {qs amandes font blanchâtres & efti-
mées vermifuges.
Une autre efpece de hafaal , efl; à pétales arrondis.
C'eil le tsjerium-cottam , Rheed. Mal. ; le ramifol des
Portugais , & le liis-hejfcn des Hollandois. Cet arbrif-
feau croît naturellement à la Côte de Malabar.
BASALTE 5 Bafaltes, Ce nom déligne , en Minéra-
logie 5 une efpece de pierre de touche propre à éprou-
ver les métaux , & qui fe trouve en Lorraine , en
Bohême , en Saxe , en Siléfie. C'efl une pierre dure
dont Pline a parlé le premier , & qu'il dit fe trouver
en Ethiopie {a). Quelques Naturaliftes modernes re-
(â) Pline entend par le nom hafahe , la pierre d'Lchiopis noire 5c
très-dure , dont Strahn a vu des cttlonngs & ùes mwceaujt d'une
94 BAS
gardent comme un hafdte la fameufe pierre de Stoîpen
en Miihie , près de Drefde : cette pierre , qui a diveries
configurations & grandeurs , eft en malles qui fe dé-
tachent communément en morceaux de figure carrée.
On a aufTi trouvé dans le lit du Rhin , proche Bonne ,
lin véritable bapJte , & nous en avons conlervé un
bel échantillon dans notre Cabinet : il efî hexagone.
Telle eft encore la pierre connue fous le nom de pavé
de la chaujféc des Géans y ( bafanos maximus Hïbcrnicus^ )
ÔC que l'on voit dans le Comté d'Antrim , au Nord
de l'Irlande.
La pofition naturelle des morceaux de cette forte de
pierre ou pavé des Géans , offre en cette contrée un
fpedacle cligne de l'attention des Naturalises : qu'on fe
figure une immenfe quantité de pierres fort obfcures ,
noirâtres , pefantes , très-dures , alfez lilTes en leur fur-
face extérieure , d une figure prifm.atique ou polygone ,
communément à cinq pans & quelquefois à fix , à
fept, rarement à huit, à neuf, à trois & à quatre
pans; chaque pierre ordinairement convexe par une
furface & concave par l'autre , très-rarement plane
par les deux furfaces : plufieurs de ces pierres de la
même configuration , empilées perpendiculairement
à l'horizon les unes fur les autres , de manière que
ce font comme autant d'articulations qui s'emboî-
tent , s'engrènent ou fe joignent toujours exacte-
ment pour former une colonne. Chaque articulation
efl facile à iéparer. Voilà la première efquiffe de
ce phénomène aufTi curieux que fingulier. On rc-
connoît déjà que la nature , la figure & la pofition
de ces pierres leur donnent un caradere unique ; main-
tenant qu'on fe figure un aflemblage de plufieurs
milliers de colonnes angulaires, (on diroit d'un groupe
de foiides piliers artificiels ) dans une grande éten-
cpaifTsur confidérable. D'une feule colonne , l'Empereur Vcfpafiin £t
faire une ftatue entière , avec feize enûns , qu'il dédia au Nil , dans
Jç Temple de la Pîiix.
BAS 95
(lue de terrain , &C qui fait une digue vers PEcofle ;
autre beauté des plus frappantes. Chaque articula-
tion ou morceau a environ dix-huit pouces de haut
& vingt de large, & même plus. Quant à la diffé-
rence des figures que l'on obierve entre quelques-
unes de ces pierres, ne pourroit-on pas dire que ceci
a dépendu de la différence des milieux, dans lefquels
les matières conflituantes fe feront réunies pour s'y
criftallifer? L'équilibie des fluides ou leur agitation,
peut-être l'intervention accidentelle de corps étran-
gers , auront produit ces différences. Quant à l'efpece
d'irrégularité dans les affiles continues (k. refpedives
des colonnes , ce fait eil plus difficile à expliquer.
On peut dire feulement qu'elles auront pris leurs hau-
teurs par intervalles dans l'eau chargée de la matière
du bafalu ; 6c comme dans une même mafie chargée
de criffaux de roche ou de fels , il y des crillaux plus
gros , plus grands 6c plus réguliers les uns que les au-
tres , il a dii arriver que les articulations ayant acquis
chacune dans la même direcfion plus de volume, les
colonnes qui en feront compofées dépalferont les co-
lonnes voifmes. La féconde articulation fe fera criflallifée
fur la première déjà confohdée; la fuperficie convexe
de la première aura donné fon empreinte en creux
dans la culalle de celle du deflus , 6c ainfi de fuite.
Cette exphcation fuppofe des dépôts affez tranquilles,
ou des fluides peu agités : cependant un bon Obfev-
vateur trés-connu , M. Defmanjis , regarde ces criftal-
lifations comme le produit des volcans, une matière
graniteufe comme vitrifiée ou en fuiion; &: cette
forte de lave , en fe refroidiffant , a dû fe criff aUier ,
peut-être fe fêler , fe fendre , fe divifer en morceaux
aufîi réguliers : il a trouvé des articulations de bafalu
en Auvergne , d'une groffeur énorme , dans des en-
droits qui ont autretois fubi des éruptions & à^s
catarades de feux fouterrains. Ce dernier fyflême ne
laiflé pas d'avoir des partifans, M. Dcfmantis dit encore
ç,6 B A S ^
que les hafjît:s articules ne peuvent être confulérés
comme l'efet de la retraite de la matière de la lave,
mais comme celui de la comprelîion des boules de lave.
Journal de Phyjiquc ^ Juillet & Août lySy. Peut-être
ces boules balaltiques ont-elles été formées ainfi lors de
l'éruption du volcan; peut-être fcnt-ce des noyaux
de priimes ou de colonnes baialtiques ufées & chariées
par l'eau. Revenons à la hmteur des colonnes en
Irlande; il y en a depuis trois 6c quatre pieds julqu'à
trente & quarante ; on n'en trouve prelque point d'ilb-
lées ; elles forment des mafles énormes ; la plus grande
efl particulièrement appelée h chauffée des géans ^ l'autre
pone le nom de jeu d'orgue ; celle-ci n'ell compofée
que de foixante piliers, tandis que dans celle de la
chauiTce on en compte plus de trente mille. Dans les
balles marées on obferv^ que cette chauflee s'avance
de Cent to!fes dans la mer, & il ell probable que fa
longueur eil beaucoup plus confidérable. On eftime fa
plus grande largeur à deux cents quarante pieds , <k. fa
plus petite à cent vingt. Du côté des terres on trouve
piufieurs de ces colonnes à plufieurs milles à la ronde.
On en a découvert aufîi dans les roches graniteufes
des montagnes Euganéennes près Padoue en Italie.
Cette pierre efî d'un tifTu ferré, fait feu avec le
briquet , & prend un beau poli ; elle eft brillante dans
fes frathires; on n'y découvre point de coips étrangers,
ni bulles, ni pores; fa dureté la rend ditHcile à être
travaillée ; elle peut fervir de pierre de touche pour
effayer les métaux ; elle ne fe calcine point au feu
ordinaire , elle y acquiert une couleur terrugineufe ,
& fe convertit , à l'aide de la foude dans un feu vio-
lent, en un verre noir. On voit trois beaux mor-
ceaux de hafalte d'Irlande dans le Cabinet de Leyde,
'& fept à huit au pied du grand efcalier du Mujœum à
Londres, yoyti rarticle Lave , & coiifului notre
Minéralogie 6c le Supplément du Dictionnaire de Cham-
bers, au met Giaists-Cause^jay,
Dom
BAS 97
Dom de Aliatt y Ramyns a mandé du Mexico à
V Académie Royale des Sciences , qiron volt dans le
domaine royal des mines de Paducca une montagne
formée de pierres taillées de la grofTeur & de la
figure dont on peut les défirer. On n'a que la peine
de les détacher du monceau. Ces pierres ne font pas
rangées horizontalement, mais perpendiculairement à
l'horizon; oC telle qu'efl une de ces pierres, on peut
être affuré que toutes celles qui font au-defîUs ou au-
deffous lui reffemblent. Ces pierres paroiflent être
encore un bafalte de même nature que celui de la
chauffée des Géans. M. Moment a aufîi trouvé du
hafalte en Languedoc. Le bafalte du Nord efl bien
différent, Voye:^^ l'article Pierre de Bafalte,
A l'égard du bafalte de roche y Voyez à l'article
'Pierre de Corne,
BASELLE, Bafella, Genre de plante à fleurs incom-
plètes, de la famille des Arroches ,, 6c qui comprend
des herbes exotiques, dont les tiges font grimpantes,
les feuilles fimples 6c alternes , 6c les fleurs difpofées
en épis axillaires qui n'ont aucun éclat. Le fruit efl
ime femence recouverte par le calice qui , en grofTiffant ,
a acquis une confillance charnue , 6c pris la forme
d'une baie.
11 y a la Bafdlt à tiges d'un rouge-pourpre , Bafclla
rubra , Linn. ; c'eil le gandola rubra , Rumph. Amb,
Cette efpece croît dans les Indes Orientales , 6c on l'y
cultive dans les jardins , pour en manger les feuilles
cuites en guife d'épinards. Ses baies donnent une
belle couleur rouge, en teinture, mais peu durable.
La bafelle blanche efl: le marafakki de Kaempfer ;
cette efpece croît au Japon , dans la Chine 6c aux
Moluques : la bafelle à feuilles en cœur du Malabar :
celle à feuilles luifantes de l'Inde : celle à feuilles
ovales - rhomboïdaUs du Japon : enfin celle à fruits
tyificuleux du Pérou ^ celle - ci efl Vanrédéra des
Efpagnols.
Tome IL • G
o8 B A S
BASILE à épi couronné, Bajîlœa coronata\ Corona
regalis ^ Idù' folio cunato^ DiU. ; tntillarïa régla ^ Linn.
Son épi de tleur eft denfe , 6c couronné par un bouquet
de feuilles femblables à celles du bas de la plante , mais
petites 5 6c qui a quelque analogie avec la couronne de
Vananas. Cette plante croît nauirellement au Cap de
Bonne-Efpérance ; M. Linnaus la rapporte au genre des
Fntillaires ; m^\S M. di laMarck, dit que la racine efl
tubéreule comme celle des afphodeUs.
BASILIC , Ocymum, Plante des plus agréables par
fa forme élégante , par fon odeur fuave 6c aroma-
tique. Elle &ii indigène aux Indes , en Perfe , à Saint-
Domingue : elle s'ell naturalifée en Europe , oii elle
eil allez commune : elle croit dans les lieux fablonneux
6c incultes. On en connoit de plulieurs fortes , qui
croilTent avec ou fans culture. Il y a le bajzlic grand ou
franc'hafin des Indes & de l'Amérique ; c'eft \efoladi^
tïrtava , nala-tïrtava de Rheed. Mal. ; Ocymum vulgadus ,
C. B. Pin. 226 ; Ocymum magnum , Tabern. Icon. 343 ;
Ocymum bajilicum , Linn. 833 : le baJUic moyen 6c vert ,
Ocymum médium ; le bafJic moyen 6l violet ; le baJiUc
petit 6c violet ; le bajilic petit 6c vert , Ocymum minimum ,
C. B. Pin. 126, Linn. 833 : c'ell la petite efpece verte
que l'on élevé communément dans des pots , 6c fes
fleurs font hermaphrodites , chacune a quatre étamines
6c un piftil. Les fleurs de ce genre de plante font en
verticilles , axillaires , difpofees en épis , fort odorantes ,
variées en couleur fuivant les efpeces ; chacune de ces
fleurs efl en gueule , la lèvre inférieure eil entière ,
la fupérieure divifée en quatre ; le calice efl à deux
lèvres , dit M. Deku\e. L'efpece de bafdic dont on fait
ufage dans les fauces , ell le bafdic moyen , qui s'élève
à la hauteur d'environ un demi -pied , & dont les
feuilles relTemb^ent à celles de la pariétaire. Ces plantes
annuelles fieuriffent en Jidllet 6c Août ; l'excellence de
leur octur les a fait nommer bafdïç , comme qui diroit
plante royale^
BAS 99
Llnnœus fait mention ou haJiUc blanc^ Ocymum album y
Linn. , Mant. 84. Il eft originaire de Java 6c annuel ;
fa tige eft haute d'un pied , verdâtre ; les feuilles larges
d'un pouce ou environ , concaves , ner/eufes , glabres ,
à peine dentées ; fes fleurs verticillées , garnies de brac-
tées , ovales , cordiformes 6l pointues ; la corolle efl
blanche.
On diiVingue encore le grand hafilic fauvage , Cllncpo»
dium origano Jimile , datïiis , majore folio , C. B. Pin,
225 ; & le petit bafUic fauvage , Clïncpodium arvmfe ^
ocymifacie , C. B. Pin. 22 5 ; Acinos multis , J. B. 3 , 2 59,
Le grand bajilïc fauvage^ Clinopodium vu! gare , Linn. 821,
a une tige de deux à trois pieds , fimple , velue , carrée ;
fes feuilles font oppofées , pétiolées , ovales , un peu
dentées & velues ; fes fleurs font verticillées & termi-
nales en tête , garnies de bradées fétacées. Cette plante
croît le long des bois.
On diflingue auffi le bafillc des Moines ou le baJiUc
velu d'Egypte ; le bajillc inodore de l'Inde : c'eft le
fulajji-putïutan de Java.
M. de Préfontaine ( Maifon Ruflique de Cayenne , )
fait mention du bajilic du Para ou baume de Savanne.
Cette plante s'élève à deux pieds de hauteur ; fa feidlle
efl rude & d'un vert-noir; la fleur eu petite & bleue.
Une poignée de ce bajilx cuite dans du fort vinaigre ,
& appliquée fort chaud lur le point de côté , le guérit
s'il ne provient que de vents.
Toutes les efpeces de baJilic , dont nous n'avons
cité que les plus rem.arquables , font eflimées cordiales
& céphaliques ; defTéchées &c réduites en poudre , on
les mêle avec les autres herbes aromatiques : bien des
perfonnes s'accommodent mieux de cette poudre que
du tabac , qui leur irrite trop les fibrilles nerveufes es
la membrane pituitaire. L'infiifion de cette plante ,
prife en guife de thé , eft très-utile pour les douleurs de
tête. Il y a des Cuiûniers aflez habiles pour employer
avec tant d'art le baJilic , le ferpoUt , la farriuu , Je
G X
100 BAS BAT
thim , & quelques autres herbes aromatiques , que les
mets qu'ils préparent avec ces affaifonnemens , font
auiîi agréables au goût, que s'ils y employoient les
épices des pays étrangers ; aufîi ne faut- il pas s'étonner
fi quelques Épiciers font aujourd'hui dans l'ufage de
faire entrer dans leur compofition d'épices ces fortes
d'aromates indigènes avec les exotiques.
Basilic ( le ) , Lacerta ( bajillfcus ) uiudd tereti
longâ , pïnnâ dorfalï radiatâ , occïpïu crijîato , Linn.
Ce léiard , qui fe trouve dans l'Amérique Méridionale ,
eft remarquable par une el'pece de crête ou de mem-
brane qu'il porte fur 1 occiput ; cette crête eil couverte
d'écaillés &: s'élève en forme de cône comprimé ; le
dos & la queue font ornés d'une autre crête également
élevée , partagée en plufieurs fegmens par des efpeces
de rayons , &. couverte de petites écailles. Lorfque
l'animal eil tranquille fur un arbre , il replie & déve-
loppe alternativement cette crête comme un éventail.
Ce lé{ard eil du quatrième genre.
Des Ecrivains ont donné auiTi le nom de bajilic à un
animal fabuleux , que Ton mettoit au rang des dragons
ôcdesfcrpms; l'on prétendoit qu'il tiroit fon origine
de l'œuf d'un coq , & que le feul regard de ce
ha^^iîc donnoit la mort. On débito.it fur cela plufieurs
autres contes, qui ne méritent point qu'on en parle.
Nous nous contenterons feulement de dire 'ci que le
hajilic que les Charlatans & les Saltimbanques expofent
tous les jours avec tant d'appareil aux yeux du Public
pour l'attirer &c lui en impofer , n'elf qu'une forte de
petite raie , qui fe trouve dans la Méditerranée , & qu'on
fait defiécher fous la bizarre configuration qu'on lui
donne.
BASSE. Foyei à Particlc Perche.
BASSET. Nom donné à une race de chiens à jambes
courtes & baffes. On peut voir à l'article Chien les
carafteres & la filiation de cette race.
BASSQMBE. Foyci^kcQKvs des Indes.
BAT loi
BATATTE ou Patatte. On va réunir dans cet
article le topinambour 6c la pomme de terre , parce qu'on
diflinguera mieux par oppofition ces plantes ;* qui
toutes font originaires de l'Amérique , & que quelques
Auteurs ont confondues enfemble , en attribuant ces
différens noms à une feule plante. Cette réunion
fera d'autant plus à propos , que ces plantes , dont
la grande utilité dépend des racines , demandent à-peu-
près la même culture.
La batatte , ou patatte , Battata , efl ^ dit-on , un
convolvulus dont la tige eil verte & rampante , & pouffe
de nouvelles racines chevelues & laiteufes. Ses feuilles
font d'un vert clair en-delTus , &: un peu blanchâtre
en-deilbus , le plus fouvent taillées en cœur pointu ;
fes fleurs font petites , vertes extérieurement Ôc blanches
intérieurement , femblables par leur forme à celles du
liferon, A ces fleurs fuccede un fruit qui renferme de
petites graines. La battate fe multiplie par les racines ;
il ne s'agit que de les fendre par quartiers & de les
tranfplanter , elles reprennent aifément. Suivant des
avis reçus de Stockholm , la culture de cette plante ^
introduite en Suéde par la ComteflTe de Gardie , y
réuflit parfaitement ; on en fait du pain , de l'amidon , '\
de la poudre , & l'on en tire aufli de l'eau-de-vie.
Cette plante n'aime que les pays chauds : elle vient
naturellement entre les deux Tropiques , en Aiie , en
Afrique & en Amérique : on en cultive auffi en
Efpagne. Sa racine eil tuberculeufe , plus ronde que
longue, d'un jaune plus ou moins rougeâtre. La patatte
cuite dans l'eau ou fous la cendre , a un goût approchant
de celui du marron, C'eil Vapichu des Péruviens , &: le
maby des Caraïbes : ces peuples appellent camlcha la
patatte blanche ; hucleronum , la patatte à mademoifelle ;
alattl , la patatte marbrée ; ch'imouU , la romilliere ;
yahiiïra , la verte ; hueUche , celle qui eft rouge en
dehors , jaune en dedans.
Nicolfon diftingue fix efpeces de patattes ; favoir,
^ 3
tôî BAT
les patattes blanches à greffes racines , dîtes à gros hoîs ;f
les patattes blanches , moins greffes , dites patattes fuif;
\qs patattes violettes en dehors &: en dedans ; hs patattes
jaunes , à feuilles luifantes ; les patattes £un jaunt
d^ abricot , dites de Samana, A Saint-Domingue les tiges
de QQS patattes fe donnent aux chevaux , 6c le nomment
bois patatte; elles leur tiennent lieu de fourrage; les
racines font la nourriture ordinaire des Nègres*
Pomme de Terre,
La Pomme de terre ouMorelle tubéreuse ali-
mentaire 5 Solanum tuberofum efculentum^ C.B. Pin. i Gf^
Linn. 265; Battata Virginiana ^ Park. Theat. 1383.
Cette plante pouffe, dit M. Lefeiboudols^ une tige groffe
comme le pouce , & qui s'élève r. deux ou trois pieds
de hauteur : elle eff rameufe , anguleufe , ffriée ,
légèrement velue ; fes feu lies font conjuguées &
rangées fur une côte , fans pédicule , de figure oblongue ;
fa couleur eft d'un vert triiie, tachetée fouvent d'un
point noir-purpurin ; fes grandes feuilles un peu lanu-
gineufes 5c découpées , fe trouvent ordinairement
au nombre de fept ou neuf , toujours terminées par
une impaire plus ample que les autres : dans les inter-
valles de CCS feuilles , il s'en trouve d'autres plus petites
à la côte , qui forment ce que les Botaniftes appellent
aile. Cette plante a de plus une petite feuille particu-
lière que l'on appelle decur.ente^ ( parce qu'elle règne
vaguement le long de la tige , fans pédicule , ) un peu
frangée ou repliffée. Ses fleurs , qui par^iffent en Juin
& Juillet , fort?nt par bouquets du fommet des tiges ;
elles font compofées d'une feule pièce à cinq angles ,
formant une rofette un peu pliffée; elles font commu-
nément au nombre de huit , dix , douze , s'ouvrant
alternativement , & de couleur blanche-purpurine ou
gris de lin , &: d'une odeur qui approche de celle du
tilleul ; chaque fleur a cinq étamines & un piflil , qui
le raffembleut ôc forment une forte de bouclier qui
BAT 103
orne la Heur. Ses fruits font de greffes baîes charnues ^
molles , à-peu-près de la groffeur de nos cerifes , de
couleur verte ; elles deviennent jaunes en mùriffant ,
même d'un rouge fale ^ & contiennent une pulpe
mucilagineufe , d'un goût défagréable , remplies de
quantité de petites femences plates. Cette plante pouffe
en terre vers fon pied trente ou quarante racines tube-
reufes , de différentes grofféurs , irrégulieres , qui
reffemblent en quelque façon à un rognon de veau ^
d'oii partent les tiges & les petites racines blanches &C
chevelues r il y a de ces tubercules longs, oblongs,
cjuelquefois gros comme le poing , & qui pefent
jui'qu'à huit 6c douze onces ; il s'en trouve de diffé-
rentes couleurs , blanchâtres , jaunes , gris , couleur de
chair , rouges , purpurins : ces derniers font les plus
communs. Lorfqu'on les tire de la terre , on les voit
garnis , outre leur pellicule , de petits nœuds ou mame-
lons qui annoncent les germes d'autres p-antes toutes
prêtes à fe développer , h on les remettoit en terre.
Cette plante aime les pays froids, une terre meuble
& un peu humide. A force de la cultiver , on parvient
bientôt à des variétés qui pourroient paffer ( mais mal-
à-propos ) pour des elpeces originaires. Cette plante
eft originaire du Chily , où les Naturels l'appellent
papas : fa racine leur fert de pain ; ils la mangent
bouillie ou rôtie , & ne la confervent qu'après l'avoir
expofée au foleil ou à la gelée. On verra par ce qui
fuit, que la pomme de terre eil peut-être le meilleur pré-
fent que nous ait fait le Nouveau-Monde. C'eft le
Kartoffd des Allemands (^).
(a) M. Z?om^fij a écrit à M. Duchefne à Paris , une Lettre datée de Lima
le 20 Mai 1779 : en voici l'extrait: >♦ Les Péruviens, de temps immémorial ,
M ont fu fe préferver de toute efpece de difette & de famine , par la culture
M de cette plante, qui, avec le maïs » eft leur unique nourriture. Comme
« cette denrée eft fufceptible de la pourriture , les Péruviens ont obvié
î» à cet inconvénient par deux manières (impies de les préparer. Ces
>» Peuples fobres entreprennent les plus grands voyages à pied avec un
>» havrefac plein de pomma de um defféchées & un peu de màU qu'ils
G4
104 ^ BAT
On doit être fiirpris qiie ce n'ait été qu'au corri'^
mencement du dix-feptieme fiecle , long-temps après
la découverte de l'Amérique, que les Européens ont
penfé à en faire ufage. Les Irlandois commencèrent les
premiers cette culture. La Bretagne eft, après l'Irlande,
l'endroit où elle croît le mieux. De l'Irlande , la cul-
ture de cette plante a paiTé bientôt en Angleterre , de là
fucceiTivement en Flandres , en Picardie , en Franche-
Comté, en Alface , en Bourgogne , en Languedoc 6c dans
d'autres endroits de la France ; enfin en SuilTe , où depuis
vingt-cinq à trente ans la culture s'en ell: tellement
accrue dans les champs , que cette manne fait en hiver
la nourriture du peuple , fur-tout des enfans , qui ,
comme l'on fait, ne deviennent pas des hommes
moins robuites que nos François nourris avec le plus
beau froment.
La culture de la pomme dt une n'a pas été traitée
Jufqu'à préfent avec autant de foin qu'elle le méri-
toit. Elle eil digne d'attirer l'attention du gouver-
nem.ént & de chacun de nos Cultivateurs modernes,
fur-tout il l'on fait réflexion à la grande utilité dont
elle peut être en cas de difette; & avec d'autant
plus de raifon, qu'un petit efpace de terrain peut
iùiîire pour produire la nourriture d'une famille con-
fidérable ; car par la culture dont on parlera plus
bas, un arpent de terre qui produirait douze quin-
taux de froment, en rapporteroit deux cents àt pommes
s» mâchent continuellement : la première préparation nommée par les
3» Péruviens p^pa féca , confiée à faire cuire la porr.mi de terre dans l'eau;
5» on la pelé , on l'expoie enfuite au ferein , puis au foleil , jufqu'à ce
ri qu'elle foit feche ; dans cet état , elle peut fe conferver pîufieurs fîecles ,
5» en la garantiflant He l'humidité. Dans le pays on en fait une grande
« confommation , mélangée avec d'autres alimens. L'autre préparation eil
>» appelée chunno : on fait geler la pomme de terre , on la foule enfuit*
SI aux pieds pour lui faire quitter la peau : ainlî préparée , les Péruviens
>» lamettcr.'- dans un creux d'eau courante , & la chargent de pierres; quinze
>» ou vingt jours après, ils la fortent de l'eau, & l'expcfent au ferein 6c
r> au foleil jufqu'a ce qu'elle foit feche. Ces Peuples en font des efpeces
yy de conn:ures , une farine pour les coow»Iefcens, & If reélangent avec
>» prefque tous leurs met* **,
BAT Ï05
'de terre. Dans les cas même d'abondance de grains , cette
plante , tant par fes tiges que par les racines , four-
nira une excellente nourriture à nos animaux domef-
tiques. La culture en feroit beaucoup plus lucrative
que celle des menus grains; d'autant mieux que,
lorfque les chevaux y font habitués, ils mangent
la pomme de terre avec le même plaifir que Vavoine.
Cet alim.ent étant cru paroît un peu acre, & étant
cuit un peu fade; mais des peribnnes qui ne deman-
dent qu a fe fubftanter , s'y accoutument bientôt ,
avec d'autant plus de facilité, qu'il n'eft point mal-
faifant. Des Sybarites reprochent à la pomme de
terre d'être venteufe ; mais qu'efl-ce que des vents
pour les organes vigoureux des Payfans &: des Manœu-
vres ? On peut faire manger généralement à toutes
fortes de volailles les pommes de terre cuites ; on
peut de même les faire cuire pour commencer à
y habimer les bœufs, vaches, chevaux, moutons
& cochons; enfuite ils en viennent à les manger
toutes crues.
A^xhs avoir labouré la terre, on doit fonger, à
la fin de Février ou au commencement de Mars ,
fuivant que la faifon eft précoce, à femer les pommes
de terre. On met les petites tout entières à deux
pieds les unes des autres : on peut couper les grofles
pommes (^racines) par tranches ; car il fuffit qu'il
y ait fur chacune de ces tranches un ou deux yeux
( germes ) pour qu'elles puiflent pouffer. ( M. Bourgeois
dit que les Cultivateurs ont cependant obfervé que
les pommes de tare qu'on coupe par tranches , & les
petites qu'on plante , ne viennent jamais auffi groffes
que lorfqu'on fait un choix des plus belles & des
plus groffes pour les planter; d'ailleurs elles produi-
fent moins de pommes latérales , & la récolte en eit
beaucoup moins abondante ). On peut faire cet enfemen-
cement en fe fervant d une charrue qui trace les rigoles ,
à laquelle eft attachée une trémie, d'où fortent les
io6 BAT
tronçons de pomme de terre , qui fur le champ
font recouverts par un râteau qui eft attaché à la
charrue; autant de germes qui fe trouvent dans cha-
que tronçon, ne tardent pas à fe montrer par une
petite pointe blanche , rouge , purpurine , qui efl le
principe de la plante. A mefure qu'elle s'élève on
l'entoure de nouvelle terre, afin de la foutenir &: de
faire multiplier les racines ; par ce moyen on s'afliire
d'une plus grande récolte ordinairement affez confi-
dérable; quelque temps qu'il faffe on ne la voit jamais
manquer entièrement. Vers le mois d'Août, on peut
faucher le feuillage, que les befliaux mangent très*
bien en vert ; &: en automne , même dans prefque
tout le coiu-s de l'hiver^ on peut récolter les pommes-
de terre.
Suivant un Cultivateur zélé, (Voyez le /oz/r;2. Ecorio.
1762.) la. pomme de terre eit nourriffante , légère 6c
tempérante : elle tient le ventre libre; elle efl ua
excellent anti-fcorbutique. Les Anglois la cultivent,
avec foin dans toutes leurs Colonies, notamment à
Sainte-Hélène , & la préfèrent à toutes les autres
racines qui y croiffent. Nous avons dit ci-defTus que
quand les hommes fe font accoutumés à cette nour-
riture, elle plaît au goût, fur-tout fi on fait cuire
ces pommes avec un peu de lard. On peut retirer^
dit M. Duhamel^ de la pomme de terre ^ une farine
très-blanche , laquelle , mêlée avec celle du froment ,
fait d'affez bon pain. J'en ai mangé, dit-il, où il
n'étoit entré de farine de froment, que ce qui avoit
été neceflaire pour faire lever la pâte. M; Mujîcl^ Che-
valier de Saint -Louis , a préfenté , en 1770 , à la.
Société Royale d'Agriculture de Paris du pain fait
avec moitié farine de froment , & moitié farine de
pomme de terre : nous goûtâmes ce pain , qui fut
trouvé très - bon & fans fadeur. Le même citoyen
fît goûter du pain oii il n'étoit entré que très-
peu de froment , 6c il fut trouvé excellent» Cet
BAT 107
tifage de la pomme de terre eft fans contredît le pliis
utile : il efl facile d'y réuffir en fuivant la méthode
imaginée par M. MuJleL On fe fert pour .cela d'une
efpece de varlope renverfée , en un mot femblabîe
à celle des Tonneliers ; on promené fur la longueur
de cette varlope, garnie de fon fer, une efpece de
petit coffre fans fond & rempli à-peu~près aux trois
quarts de pommes de terre , que l'on a pelées aupara-
vant ; ces pommes font recouvertes d'une planche qui
puifle facilement entrer dans l'intérieur du coffre ; on
met un poids quelconque fur cette planche, afin de
la charger & de la faire pefer fur les pommes : la
planche doit être percée de plufieurs trous, qui
lalflent un paffage à l'eau que l'on verfe de temps
en temps pour faciliter l'opération : à l'aide des deux
mains , on fait aller &: venir liir la varlope le coffre
garni de pommes de terre; ce qui s'en trouve râpé
à chaque coup de main, tombe par la lumière de
la varlope, en une bouillie que reçoit un vafe placé
deffous.
En veut-on faire du pain , on incorpore cette bouillie
avec telle quantité que l'on veut de farine de froment
ou de feigle , ôcc. Quelques perfonnes , pour manger les
gommes de terre , fe contentent de les faire cuire fous la
cendre , puis on enlevé leur pellicule , & on accommode
la chair pulpeufe coupée par tranches , en la manière
des culs d'artichauts , Ôcc. On en retire aufîi une fécule
qui produit une efpece d'amidon , &c.
M. Mufid obferve que les terres qu'on lailTe en
jachère peuvent être employées à la culture des pom-
mes de terre : elle améliorera celle du blé ; & même la
terre déjà bien difpofée par le remuage qu'on eu obligé
de faire pour leur récolte , n'exigera qu'un labour.
Que d'avantages réunis ! Maintenant on peut confulter
VExamtn chimique des pommes de terre , & les divers
Mémoires fur cette plante , par un vertueux & favant
citoyen , M, Parmmtier , Apothicaire Major des Inya-
io8 BAT
lides. Heufeux celui qui confacre (es fueufs au bien
de l'Etat &c au bonheur de l'humanité ! Confultez aufîi
les Obfervations fur ce végétal , par M. Lcjiiboudois ,
Journ, de Phyjiquc ijy^.
Topinambour,
Le Topinambour, Corona folls parvo fiorc ^ tuberosd
radiez , Tourn. Infl. 489 ; Battatas de Canada , Park.
1383 ; Hdianthiis tuberofus , Linn. 1278 ; c'efi: le
grundbim des Allemands ; V artichaut de terre ; la poire
de terre ; la turatouflc, C'efl une plante dont la tige eil
affez groiïe , & s'élève à la hauteur de cinq à fix pieds ,
quelquefois plus. Son écorce eil verte , rude au tou-
cher ; fes feuilles , qui ont plufieurs nervures , font
larges vers la queue , & fe terminent en pointe. Sur
le haut des tiges font des ileurs radiées , comme nos
foleils vivaces de jardin , mais plus petites. Ses racines
font de gros tubercules verdâtres , qui tiennent fou-
vent de la figure de nos poires ; mais quelquefois de
forme irréguliere. Ces tubercules pouffent en telle
abondance , que fix pieds en carré peuvent en donneî
trois à quatre boiffeaux.
Cette plante eff originaire de l'Amérique Septen-
trionale , & naturelle à la Nouvelle-Angleterre : elle
porte rarement graine en France , quoiqu'elle y fleu-
riffe ; mais elle fe multiplie par fes racines , & fa cul-
ture eil la même que celle de la pomme de terre : on
dit qu'on pourroit préparer fon écorce comme celle
du chanvre. Les beftiaux en mangent bien les feuilles ;
les vers à foie pourroient même s'en nourrir. On peut
faire des mèches avec la moelle des tiges , comme on
en fait avec celle des rameaux du fureau. On mange
quelquefois fes tubercules cuits à la manière des
artichauts.
BATAULE. Voyei Beurre de Bambuck.
BATIS maritime , Bâtis maritima , Linn. ; Kali fru^
tlcofum coniferum , fiorc albo , Slcan. Petit arbrilïeau
BAT B A U 109
qui croît à la Jamaïque & aux Antilles , dans les lieux
falés 6c voiïins de la mer. Les jeunes rameaux font
verts 6c tétragones , munis de quatre filions & oppofés.
Ses feuilles font courtes , convexes fur le dos , un peu
aplaties en deffus , charnues &c fucculentes comme
celles de certaines foudes. Ses fleurs font incom-
plètes , dioïques , fort petites , & viennent fur des
chatons axillaires ; les fruits Ibnt des baies unilocu-
laires , qui renferment chacune quatre femences trian-
gulaires Se pointues.
BATRACHITE. Foyei Brontias.
BATTAJASSE , Battelessive ou Battequeue.
Foyei Lavandière.
BAVANG 5 Alliaria^ Rumph.; Maliace caju-hawang,
C'eft un grand arbre des Moiuques, très-remarquable
par l'odeur d'ail qu'exhalent prefque toutes fes parties.
Ses feuilles ont un côté plus large que l'autre ; {t%
fruits font des noix piriformes , verdâtres en {dehors ,
& qui , fous une coque d'un rouge de fang , renfer-
ment un noyau dont l'amande peut fe divifer en
trois à cinq parties. Onfe fervoit autrefois , à Amboine,
de ces fruits pour affaifonner les alimens en guife d'ail
& d'oignon , qui font maintenant en ufage depuis qu'on
les y a tranfportés de Java 6c des autres Régions de
l'Inde. Le bavang femble avoir des rapports avec les
crotons, ( Encycl. Méth. )
BAUBIS. Efpece de chien Anglois , qui fe plaît à
chalTer le renard , le fanglier , 6c autres bêtes d'une
odeur forte. Les bauhis ont le nez dur , 6c font comme
des barbets à demi-poil , plus longs & plus bas de terre
que les autres chiens. Foyei Chien.
BAUD. Nom donné à une race de chiens courans
qui viennent de Barbarie. Ils font propres à la chafîe
du cerf: la plupart font blancs 6c d'une feule couleur.
On les appelle aulîi chiens muets , parce qu'ils ceiïent
d'aboyer quand le cerf vient au change.
BAUDIR les chiens, en tçrmes d« chafTe, ç'eft les
exciter, Foy, Chien.
iio B A U
BAUDET, f^oyei Ane.
BAUDROIE , Lophius , Linn. Nom d'un genre de
poiiTons à nageoires cartilagineufes , & qui ont un
év^ent près des ouïes. H y a :
La grande Baudroie , Lophius plfcatorius , Linn. ;
Rima pifcatrix , ( marina ) Belon ; en Italie , Marina
pefcatore & Diavolo-di-niare , c'eft le galanga de Ronde-
let ; Pcfcheteau à Montpellier. Ce poiflbn efl commun
près de la côte de Gênes ; mais il fe trouve aufli dans
la Manche & dans l'Océan. Willughby dit que fa chair
eil blanche & d'un goût femblable à celui de la gre-
nouille de marais. Ronddct dit qu'elle efl molle, de
mauvais goût & facile à digérer.
La forme de ce poiHbn fingulier a du rapport avec
celle d'un têtard^ 6c cette reliemblance , jointe à fon
adreile pour pêcher , lui a fait donner le nom de
grenouille pêcheufc. Le volume de fa tête égale ou même
iurpafîe celui de fon corps ; elle eft d une figure cir-
ailaire. L'ouverture de la gueule efl très-fpacieufe ,
& la mâchoire de deffous dépaffe celle de deffus , ce
qui fait que ce poiiTon a toujours la gueule ouverte
en partie ; les mâchoires , & fur-tout l'inférieure , font
armées de dents longues , aiguës ^ ferrées , dont plu-
fieurs font mobiles '; le palais &: la bafe de la langue
offrent auffi des dents. Dans la gueule fous l'angle de
la mâchoire fupérieure , efl un large trou , avec une
cavité fituée vers le cerveau , que Willughby foup-
çonne faire la fonûion de narine ; il y a auffi deux
rangées de chacune huit dents , qui partent des angles
de ce trou ; la langue efl grande & large. Les yeux
peu faillans , & litués fur la partie fupérieure du
corps ; les iris font blancs. Il y a quelques rides qui
vont des yeux vers la gueule.
Sur la tête font deux rayons mobiles au gré de l'ani-
mal , longs d'environ un pied ; on prétend que la
h.nidroic s'en fert comme de lignes pour pêcher les
autres poifions qui viçnaent en mordre l'extrémité.
B A U lit
ôl qu'il recourbe alors ces mêmes rayons vers fa gueule
pour y faire tomber fa proie. Vers le milieu du dos
font trois rayons moins longs que les précédens. Au-
deifus des deux côtés de la mâchoire fupérieure fe
trouvent deux fortes épines. A l'entour & au-deflus
des yeux paroiffent des tubercules épineux ; la nageoire
dorfale eft placée près de la queue , & garnie de dix
rayons ; le dos eu brunâtre ou verdâtre , avec une
teinte de rouge , parfemée de taches blanches ; la
queue affez ample , n'efl point fourchue , 6c les rayons
dont elle eu garnie font ramifiés. Les rayons de
toutes les nageoires dépaffent les membranes qui les
réunifient. Les nageoires pe£lorales font placées fous
la gorge , voifmes l'une de l'autre , 6c divifées en cinq
rayons ou efpeces de doigts. ( Bchn a comparé ces
nageoires à des efpeces de pieds femblables à ceux de la
grenouille, ôc prétend que Id baudroie s'en fert pour mar-
cher au fond de l'eau. ) Les nageoires abdominales font
fituées vers les bords latéraux du corps , chacune con-
tient vingt rayons ; l'extrémité de ces nageoires , ainfi
que celle de la queue , efl d'une couleur noire ; fous
ces mêmes nageoires du ventre font deux grands trous ,
au fond defquels fe trouvent les ouïes. Le corps de ce
poifTon efl entouré dans fes bords d'appendices char-
nues 5 difpofées par intervalles. Nous avons vu plu-
fieurs de ces polfTons , au fortir de la mer , dont l'un
avoit plus de quatre pieds & demi de long ; fa plus
grande largeur étoit d'environ deux pieds , fur un pied
d'épaiffeur. On trouve dans le Journal de Médecine ,
(Janvier 1765 ) li defcription 6c la figure de deux
diables de mer , échoués fur le fable dans la Rade de
Brefl , en 1764 : l'un d'eux avoit dans fon eftomac
un petit chien de mer de la longueur du bras , 6c une
anguille de mer ; ce fait prouve la voracité de la
grande baudroie.
Comme la figure de ce pcifTon a quelque chofe de
înoiîflrueux , quel(^ues*uns l'ont nommé diable ds rmry
'tl^ B A U
en effet , fa figure hideufe , fon regard de côté , fa
gueule énorme , tout répond affez à l'idée fantaftique
cjue l'on s'ell: formée de l'être mal-faiiknt , furnommé
le Prince des ténèbres , ( le Diable. ) Des perfonnes fe
font un amufement puéril , de produire , à l'aide du
corps de ce poiffon mort , une illufion effrayante , en-
lui introduisant une bougie allumée dans le corps ,
après en avoir retiré les entrailles , &: en l'expofant
ainfi comme un fpectre dans l'obfcurité.
Baudroie tachée , Lophïus hijlrio , Linn. ; Gua"
perva Brafilïmfihus , "^illug. , Marcg. ; i^ifcis Brajîlknjîs
cornutus , Petiv. Gaz. Cette efpece , dit Linnœus , fe
trouve dans l'Océan , parmi les fucus qui flottent fur
l'eau. Lorfque ce poiffon nage il étend fes nageoires
en même temps qvi'il enfle fon corps , qui prend à-peu-
près la forme d'un ballon. Il fe nourrit de fquilles ;
fa chair ne fe mange point. Selon Wdlughby , fa gueule
étant ouverte , imite à-peu-près celle d'un chien. Ses
dents font très-petites ; fes yeux ont à peine la grof-
feur d'un grain de millet ; ils font d'un bleu de tur-
quoife. Sur le frOnt eil une petite corne qui fe redreffe
vers l'arriére , oc devant cette corne efl un fil délié ,
mobile au gré de l'animal , long d'un pouce , dirigé en
avant & terminé par une petite appendice. La nageoire
doriale longue d'un pouce , ainfi que celles de l'anus
àc de la queue ; les deux pedorales très-petites. Vers
le milieu du corps , il fort de chaque côté une efpece
de bras , terminé par une nageoire longue de huit
lignes 5 fur autant de largeur ; cette nageoire renferme
huit petits rayons divergens , épineux & faillans ;
chaque bras eîl compofé d'une feule articulation, &:
fe recourbe vers la partie antérieure du corps. Ce
poiffon n'a point d'ouïes ; fa peau eit fans écailles ,
molle à l'endroit du ventre ^ & par-tout ailleurs rude
au toucher. Ce poiffon a environ quatre pouces de lon-
gueur, fur fix d'épaiffeur ; la couleur eft d'un rouge-brun,
avec des taches noirçs ondées , ép^fçsfur toiit le corps.
Unç
B A U ' lïî
Une troificme efpece du genre de là baudroie porte
le nom de Chau.ve-SOURïs (poiilbn). Voye^ ce mot.
BAUDRUCHE. Nom donné à la pellicule d'un
boyau de bœuf apprêtée , dont les Batteurs d'or fe
ferve/it pour étendre l'cr , &:c. Foyc^ à la fuiu de.
rhlfiolre du TauREAU.
BAVEUSE , BUnnlus pholîs , Linn. ; Bavofa , à
Livoiu-ne ; Galeio , llir les Côtes de Cornouailles ; en
Angleterre , Mulgranoc 6c Bulcard^ PoiiTon du genre
du Blâme : il fe tient dans les cavités des rochers , ce
qui lui a fait donner par plufieurs Naturalises le nom
de percz-pierre. On le trouve fréquemment dans la
Méditerranée , fur-tout près d'Antibes , & dans TOcéan.
On dit qu'il mord quelquefois la main des Pêcheurs ,
mais que cette morfure n'eil point dangereufe ; retiré
de l'eau , il vit encore pendant plufieurs heures. Sa
chair n'eft pas un mets très-eflimé. Le nom de bayehfi
a été donné à ce poifTon à caufe du fuc muqueux ,
ou de l'efpece de bave gluante dont tout fon corps eft
enduit ; il a plus de facilité à nager , à l'aide de cette
onduofité qui rend fa furface gliilante.
CepoiiTon a la tête comprimée latéralement , amincie
en forme de tranchant par fon bord fupcrieur ; les
yeux petits , recouverts d'une membrane ; les iris blancs
nues de rouge ; la gueule médiocrement fendue ; la
mâchoire de deiTus plus longue que l'inférieure ; les
dents difpofées dans un ordre régulier ; un enfonce-
ment entre la tête & le corps femble former un cou
à ce poifTon ; les opercules des ouïes font réunies &
forment une membrane continue. Gronovïus a obfervé
autour des narines plufieurs barbillons courts , fem-
blables à des poils foyeux. La nageoire dorfale efl
fort étendue, oc garnie de trente-deux rayons; celle
de l'anus en a vuigt-huît ; la queue bien déployée eil
de forme circulaire. La veiîie aérienne eil adhérente
au dos. La couleur de la bavcufc varie beaucoup ; il
y en a qui font olivâtres , d'autres ont fur les côtés ,
Tom^ IL H
114 B A U
fur le dos & Tur la nageoire dorfale , des bandes tfanA
verfales d'un bleu clair , qui font un effet agréable ;
celles du dos ont leurs interllices d'une couleur qui ,
félon l'exprelîion de Willughby , imite celle des feuilles
de vigne defféchées ; d'autres individus ont deux b-andes
de cette même couleur , &: une jaunâtre , fur la lon-
gueur du dos : il y a aufîi entre les yeux de petites
bandes brunes qui aboutiffent à trois autres bandes
azurées. Le ventre eft blanchâtre.
BAUGE , Apri volutabrum. Les ChalTeurs donnent
ce nom au lit du fanglier , qui eft ordinairement dans
l'endroit de la forêt le plus fort & le plus fourré , fuB
\\n tas de feuilles feches. Foyei Sanglier,
BAUHINE ^ Bauhinia, Genre de plante à fleurs po*
lyp étalées , de la famille des Légumincufcs , qui a des
rapports avec les cajfes & lecozirbaril ^ & qui comprend
des arbres ôl des arbriîTeaux remarquables par leurs
feuilles 5 qui font toujours partagées en deux lobes
plus ou moins profonds : les fraits font des gouffes
affez longues , communément comprimées , unilocu-
laires , & qui contiennent plufieurs femences aplaties ,
réniformes ou elliptiques.
il y a douze efpeces de ce genre : favoir , la hauhi/zs
grimpante ; c'eft le Naga-ma-valli ^ Rheed. Mal. La
bauhine à fleurs pourprées , celle à fleurs couleur de
rofe & panachées de jaune & de pourpre , celle à
feuilles cotonneufes ; les Indiens fe fervent de (q^
fleurs , qui font d'un blanc jaunâtre , pour parer leurs
idoles ; la bauhine à fleurs en grappe , celle à feuilles
un peu pubefcentes en deifous , & dont les deux lobes
font acuminés ; c'efl le Velutta-mandam , P».heed. Mal.
Toutes ces efpeces croiffent dans les Indes , notam-
ment au Malabar , dans les Moluques. Il y a la bauhine
à feuilles d'un brun - roulfâtre d'Afrique : les autres
efpeces font de l'Amérique Méridionale , telles que la
hauhinc à tige &: rameaux épineux ; celle dont les deux
lobes des feuilles font pointus & dlvergens ; celle à
B A U iiç
lobes droits ; celle k feuilles glabres ; celle de la
Guiane , appelée Jtimouta à feuilles dorées.
BAVION àQs Allemands. C'ell le Babouin. Foyci
ce mot.
BAUME 5 Bcilfamum, On ne donnoit autrefois ce
nom qu'à Parbre d'oii découle le baiimt ^ nommé en
latin opobalfamum , dont on verra l'hiftoire au mot
Baume de Judée , jointe à la defcription de l'arbre
d'où découle cette liqueur balfamique <k réfineufe.
On appelle en latin cet arbre, balfumurn nrum. Main-
tenant le mot hainm efl devenu un nom générique ^
fous lequel on comprend non-feulement le baume de
Judée . opobalfamum , mais au/îi tous les fucs réfîneux ,
balfamiques , foit deiféchés , foit liquides , plus com-
munément fluides ou mollaffes , & qui approchent ^
par hiir odeur ou par leur vertu , du baume de Judée^
Tels font les baumes de Copahu , de Tolii , du Pérou ^
du Canada , même la tirîbiruhïm vulgaire , Sic*
On comprend auHi fous le nom de baume , les
liqueurs fpiritueufes faites par l'art , dont les vertus
font vulnéraires , & dans lelquelles il entre des liqueurs
balfamiques , telles que font le baume vulniraln de
Fïoravmtt 6c autres , dont la recette fe trouve dans
tous les D'ifpenfaircs de Pharmacie, Les Charlatans
n'ont pas m.anqué d'appliquer à leurs remèdes le
nom de baume , auquel eft attachée l'idée d'un re-
mède excellent. Le baume naturel n'eft qu'une fiib^
fiance réfmeufe , huileufe , odoriférante ^ provenant
des incifions faites à certaines plantes ou arbres : les
réfmes ne font en quelque forte que des baumes def-
féchés ; cependant l'analyfe chimique , dit M. Mefai7^e ,-
Apothicaire à Rouen , donne dans les baumes des fels
volatils 5 6c les réfines n'en fournirent jamais. Foye:^
RÉSINE.
Baume de l'Amérique , ou Baume de Cartha-^
CENE. Foye?^ BaUME DE TOLU.
Baume du Brésil, Foye^ Baume de Copahu**
ii6 B A U
Baume de Calaba. P^ojei a ranlck Baume vert;
Baume du Canada , Balfamum Canadcnfe, C'ell
une réfine plus ou moins liquide , très-limpide , prel'que
fans couleur & fans odeur , mais d'un goût de téré-
benthine la plus agréable , ne caufant aucune naulee :
on s en fert intérieurement , & de préférence à toutes
autres fortes de térébenthines , dont elle eil une efpece.
Des perfonnes , attaquées d'abcès internes , en prennent
à la dofe de deiLx gros , foit dans le bouillon , foitavec
l'huile d'amandes douces , ou plus ordinairement incor-
porés avec un jaune d'œuf. Cette térébenthine , ainfi
nommée baurm , à caufe de fes bons effets , découle
d'une forte de fapin appelée épïmttc , fort femblable à
la pcffe 5 par fon port , '6c qui croît dans le Canada &
dans la Virginie, On a donné , dans le commerce , le
nom. de baume dur , fapimttc de Québec , ou de réfiic
épimtte du Canada , à cette mêmie térébenthine épaiîiie ,
parce qu'elle découle d'une forte de fapin de Canada , •
abks Canadcnjîs , dent les feuilles foni rangées en ma-
nière de dents de peignes ou de touJics dîpuutu. Voyez
à VartïcU Sapin.
Baume a Cochon, ou S^^crier de Montagne,
Terebinthus buulœ, contez , P. pLUMIER. C'efl une liqueur
réfmeufe d'une couleur & d'une confiilance femblables
à celle du baume de Copahu ; elle en a aufn un peu
l'odeur & la faveur. En vieilli ffant , le baume fucrkr
rougit un peu. On l'eilime un excellent vulnéraire ap-
pliqué far les plaies , & pris intérieurement pour les
maladies de poitrine. Du temps des premiers Naviga-
teurs , lors de la découverte de l'Amérique , oii croît
le fucrkr de montagne , ce baum.e , d'une odeur forte 6c
aromiatique , y étoit déjà d'un grand ufage; on le tire par
incifion faite à l'écorce d'un arbie qui porte le mém.e nom.
On prétend que les cochons marrons , lorfqu'ils ont été
bjedés par les Chalïeurs , vont fe frotter contre Tarbre
peur s'oindre du laume qui en îraiiffude , tL que deL\
UÎ venu k nom de baume u cochon yik k l'iu-bre , celui
B A U 117
de hols à CQclion. On l'a appelé aiifTi fumer ch mon^
tagne , parce qu'on fait avec le bois de l'arbre les douves
<]es tonneaux à fucre-caflbnade. On trouve fréquemment
cet arbre dans les mornes , à Saint-Domingue & dans
quelques autres Ifles de l'Amérique.
L'arbre du bois à cochon ell très-élevé ; on en volt
monter jufqu'à cinquante ce même foixanie pieds : fon
tronc , alors , a quatre à cinq pieds de circonférence»
Sa première écorce efl grifôtre , unie ; l'enveloppe
<:ellulaîre , verdâtre , comrne gommeufe ; le liber rouge
6c gommeux aufli ; le bois foiide , rougeâtre , fendant ;
{qs feuilles ovales , terminées au fommet par une
peinte alongée , fans dentelure , minces , luifantes ,
ondées , d'un vert mêlé de jaune , longues de cinq
à fix pouces fur trois de largeur ^ rangées par paire
fur une côte qui eu toujours terminée par une feuille
impaire. Ses fleurs naiiTent par grappe aux extré-
mités des ramilles : elles font blanches & fe changent
en un fruit aufli en grappe , gros comme une petite
noix , divifé en deux eu trois parties , couvert d'une
écorce verte , coriace , qui renferme une pulpe blan-
che , charnue , fucrée , d'une odeur aromatique :
chaque divifion contient un noyau aplati , ligneux ,
qui renferme une amande amere 6i on£^ueufe. Du
bois de cet arbre , on en fait du merrain & des effentes.
On tire de fes amandes une huile aromatique, qu'on
elllme beaucoup pour les maladies de la poitrine.
Baume de Copahu ou Huile Copau , Balfa^^
miun Brajilknfc aut Copaïha. Il y en a de deux efpeces ,'
dont l'une ell un fuc réfmeux , de la confiflance de
l'huile , loifqu'il efl récent , mais qui devient tenace
avec le temps. Il efl: à\m blanc- jaunâtre , d'im goût
amer , acre ^ & d'une odeur aromatique : c'efl le plus
agréable 6^ le plus efîimé. L'autre , qui a la confif-
tance du miel , &: une odeur pénétrante , approchante
de celle de tcûbcnthim , efl chargée d'un peu de liqueur
trouble 3 6c eft extrait des ranx^cUix &; de l'écgrçe de
H 3.
ïiS B A U
î'arbre par dccoftîon. On le vendait , il y a quelques
années , ibus le nom de baume Malp.:yr ou Malpaïr-z ,
du nom d'un Epicier de Paris qui en faiibit un gros
.débit. La première efpece , au contraire, découle par
incifion , quelquefois à la dofe de douze livres dans
i'intcrv'alle de trois heures , lorfque le temps eft favo-
rable 5 du tronc de l'arbre Ccfahu. Il faut que Pinxi-
fion foit profonde , perpendiculaire , & de fix à fept
pouces de longueur ; on gliffe enfaiîe dans cette fente
un morceau de calebaffe , pour diriger VJwiU hcilfa-
mique & la faire tomber dans une calebaffe entière.
Cette inciiion étant couverte aufïi-tôt que l'écoule-
ment c^^Q , avec de la cire ou de l'argile , elle répand
encore fa liqueur réfineufe en aiTez grande quantité ,
-une quinzaine de jours après. On fait Tincifion en
'Mars ou en Septembre.
Cet arbre doublement utile , dont Marcgrave ( Dcf-
crlpt. du Brcjil , in-foL 1 648 ) donne l'hiiloire , s'appelle
Copcdba ou Capaicr^ Pif. ; Arbor balfamifcra Brajilicnjis ,
Ray. ; Copaïfira cficlnalîs ^ Linn. ; Ccpaïva , Jacq. Amer.
'Il croit dans les forêts épaiiies qui font au milieu
•des terres du Bréfil ; il vient aulFi dans Tlfie de
Maranhaon ou Maragnan , & dans les liles Antilles
voifines. Il s'élève droit , devient fort gros , & a
vingt-deux pieds de haut : fes racines font groiles &
nombreufes ; fon écorce ell: épaiffe , grifâtre ; fon bois ,
d'un rouge foncé , & parlem.é de taches qui font
d'un rouge vif , comme celui du vermillon , a la
dureté du hêtre ; auffi eft-il très-recherché par les Me-
nuifiers pour en faire des meubles , 6c pour à^^
ouvrages de marqueterie , à caufe de fa riche cou-
leur : ce bois fert auiîi dans la teinture. Ses plus
petits rameaux font fléchis en zig-zag. Ses feuilles
font nombreufes , alternes , ailées & portées fur une
affez groffe queue de la longueur d'environ deux
pouces. Les folioles font plus étroites d'un côté que
ie l'autre , & à pédicule court. Les fleurs de cet
B A U 119
ir.ibre font blanches , compofées de quatre à cinq pé-
tales , & croiffent fur des grappes paniculées & axil-
laires , à l'extrémité des rameaux ; à ces fleurs fuccedent
des gouffes arrondies , qui contiennent une amande
de la grofleur d'une aveline , munie d'une enveloppe
pulpeufe dent les fmges font très-friands.
Les Portugais apportent en Europe le l^aume de
Copahu du Bréfil , de Rio-Janeiro , de Fernambouc
& de Saint - Vincent ; on le tranfporte dans des pots
de terre pointus par le bout , & qui contiennent
encore beaucoup d'humidité & d'ordures mêlées dans
le baume , mais dont on le purifie ; après quoi on le
met en baril ou en ef^agnon de fer-blanc.
On fait beaucoup d'éloge de ce baume pris intérieu-
rement depuis dix gouttes jufqu'à trente , dans quelque
liqueur convenable ou en pilules , foit avec la poudre
de régliiTe, foit avec celle du fucre , ou difïous dans un
jaune d'œuf. Outre les vertus femblables à celles des
autres baumes que pofTede le baume de Copahu , il a
de plus éminemment la propriété d'arrêter le cours de
ventre , la dyifenterie , les pertes rouges &: bl?nches
des femmes &: les gonorrhées : il convient auiTi dans le
fcorbut , mais il faut ne le donner qu'avec connoiiTance ,
loin des repas , & en petites dofes ; autrement il irrite
les tuniques délicates des premières voies , & porte le
fang à l'inflammation. Ce baume , ainfi que l'obferve
M. Bourgeois , a encore la propriété de purger douce-
ment par les felles , comme la térébenthine , & de
pouffer fortement par les urines ; ce qui le rend recom-
mandable pour chaffer les glaires & les graviers arrêtés
dans les reins & dans la vefîie : il efl auffi utile dans
rhydropifie pour rétablir le cours des urines.
Ce baume eil admirable pour déterger , confolider &
produire la fynthefe des plaies : les Juifs s'en fervent
après la circonciiion pour étancher le fang. Indépen-
damment de la propriété vulnéraire & aflringente qu'a
ce baume ^ il communique , de même que la îérébeiir
H 4
lîo B A U
îhine , l'odeur de la violette à l'urîne de ceux qui en
font ufage intérieurement.
Baume d'Egypte ou du Grand -Caire. Fovci
BAUiMF DE Judée.
Baume Focot ou Faux Tacamaca. Fbyei â
VardcU RÉSINE Tacamaque.
Baume de Galaad ou de Gilead. F'6Jw'{ Baume
DE Judée.
Baume ou Huile d'Ambre liquide. Voyei^
LiQUIDAMBAR.
Baume des Jardins ou Menthe domestique ,
'Mzntlia honmfis ^ verticillata , ocymi odore , C. B.
Pin. 217 ; Mcntha fufca Jive vulgaris , Ray Sy-
nopf. 3 , 131; Mcntha gentills ^ Linn. Il y a un très-
grand nombre d'efpeces de menthe , qui ont toutes
prefque les mêmes propriétés. L'efpece que l'on cul-
tive dans les jardins , &: dont on met les feuilles
dans la falade , eil d'une odeur très - agréable.
Sa vertu balfamique lui a fait donner le nom de
buume.
Cette plante pouffe des tiges qui s'élèvent à la
hauteur d'un pied &: plus , carrées , velues & rougeatres.
Les feuilles du bas font cppofées & arrondies , celles du
haut font plus pointues ; les fleurs font en gueule ,
petites 5 purpurines , & paroiffent en Juillet & Août.
On fait infufer les feuilles & les fleurs de cette
plante dans de l'huile , &: elles lui communiquent une
vertu balfamique , qui la rend propre pour toutes fortes
de plaies 6l de contufions : toutes les menthes en
général font carminatives , ftomachiques ôc hépatiques ;
mais on fait ufage par préférence du baume des jardins.
L'eau de cette menthe diftillée efl d'un grand ufage dans
la Médecine : c'efl un excellent remède dans toutes
les eipeces de cohques , notamment dans celle qui efi
venteufe. Elle arrête le cours de ventre &: les vomiffe-
mens, & calme ks douleurs de la dyffenterie. Voyei;^
Menthe,
B A U T2I
Baume de Judéte , d'Egypte , du Grand-C a!re ,
DE LA Mecque , de Syrie , de Constantîncple ^
ou Baume blanc , Opohalfamum feu Bcufamum Jii-
ddicum. C'efî une réfine liquide, d'un blanc jaunâtre,
d'un goût acre & aromatique , & d'une odeur péné-
trante , approchante de celle du citron , d'une laveur
amere & ailringente. Comme cette réline ellprécieufe,
on la falfiiie fouvent avec le baume de Canada 6c l'huile
effentielle de citron , ou avec de la térébenthine f ne ou
autres drogues ; tromperie qui peut fe connoître à
l'odorat 6c au goût. Pour parvenir à diflinguer le
baume de Judée nouveau , qui eft toujours le mieilleur ,
on en verfe dans l'eau ; s'il efl récent , il fera fiuide
ôc lurnagera , quoique verfé de haut , & formera
une pellicule fur la furface de l'eau , laquelle fe
coagule , & on le retire de l'eau en entier 6c trcs-
laiteux : le baume qui eil vieux a beaucoup plus de
confillance , de couleur , &: va tout de fuite au fond
de l'eau ; il ne revient à fa furface que lentement.
Ce baume fi précieux pour fon ufage , tant interne
qu'externe , cft une renne qui découle par incifion pen-
dant la canicule , & que l'on retire d'im arbrifleau que
l'on appelle amyrïs de Gilead ou baume véritable ( ba/Jh"
mum verum lemifci folio , jE^yptiacum ^ Belon. )
Cet arbriifeau , qui ell toujours vert , s'cleve à la
hauteur du troène , porte des feuilles femblables à celles
du lentifque , & des fleurs purpurines , odorantes ,
blanches & en étoiles, (M. H aller ^\i que cet arbrifleau
ell effedivement de la famille des Térébinthes &c des
Lentifques. ) Les iemences font renfermées dans des
follicules rougeâtres , oc on en exprime une liqueur
jaune , femblable à du miel. Le véritable pays natal
de cet arbre précieux , ell l'Arabie heureufe. Il a été
aulîi cultivé dans la Judée & l'Egypte , d'cii lui ell
venu le nom de baiane de Judée ou à^ Egypte^ ou
haumier du Levant, Lors de l'invafion des Turcs dans
la Judée y cçs orbrçs y furent détruits \ mais un Sultan
112 B A U
en fît apporter de l'Arable heurcufe dans Tes jardins J
où ils font cultivés foigneufement , & gardés par des
JanifTaircs ; ce qui fait que ce baume mérite plutôt
le nom de baunu du Grand-Caire que celui de bannie
de Judée, Les Arabes l'appellent hakjfan.
Les Anciens ne recueilloient , pendant la canicule ,
que le baume qui découloit de lui-même ou par incifion ,
de cet arbrlffeau ; mais aujourd'hui on en recueille de
trois efpeces. Celui qui découle à'^?, arbres efl très-
rare en Europe , parce qu'il efl employé par les Grands
de la Mecque & de Confîantinople : l'autre efpece efl
celle que l'on retire à la première ébuUition , & qui
fumage fur l'eau , dans laquelle on fait bouillir les ra-
meaux & les feuilles du baiimicr : cette féconde efpece
efl comme une huile limpide & fluide , &: efl réfervée
pour lufage des Dames Turques , d'Egypte &: de
quelques Afiatiques , qui s'en fervent pour adoucir &
blanchir la peau du vifage ^ de la gorge , & pour en
oindre les cheveux ; aufîi ne nous parvient-elle que
par le m.oyen des Grands qui en font des préfens.
L'huile qui furnage après la première ébuUition , efl
plus épaifl'e , moins odorante ; elle efl apportée par
\qs Caravanes ; & c'efl ce baume blanc qui efl le plus
commun. Les Dames qui fe fervent de ce baume parmi
nous en qualité de cofmétique , en font par art le lait
virginal & une pommade à la fultane , qui font fort
eflimés pour rembellifTement de la peau.
Comme la grande vertu de ce baume pour l'ufage
Intérieur dépend de parties très-volatiles , il a d'autant
plus d'efficacité , qu'il efl plus nouveau. Les Egyptiens
en font un ufage très-fréquent en Médecine ; ils en
prennent tous les jours un demi-gros , comme le remède
le plus efîicace dans la contagion de la pefle. Il efl
efîimé alexipharmaque ôc em.ployé chez eux à diverfes
maladies. On dit que les fem.mes d'Egypte fe guérif-
foient de la flérilité , foit en l'avalant , foit en rem-
ployant en fuppofitoire eu en fumigation. Quoi qu'il
B A U lij
^n foît , ce haume a toujours été fort recommandé pour
guérir les plaies.
Il eil intéreffanî d'obferver que le baume de U Mecque^
comme tous les ballamiques & réûneux , efl très-
utile pour la réunion des plaies oii il n'y a que fo-
lution de continuité , parce qu'en empêchant le con-
taél de l'air , ils hâtent la réunion qui fe feroit faite
naturellement , mais plus lentement. Si la plaie eil
accompagnée de contufions , qui font ordinairement
fuivies de fuppuration , ces haimus , au lieu d'être
utiles 5 font défavorables , parce qu'alors la matière
qui doit s écouler étant retenue , augmente par fon
acrimonie l'inflammation de la partie malade , & les
chairs ne peuvent bien fe réunir qu'après la fuppura-
tion. On trouve dans les boutiques des Droguiiîes le
fruit du baumicr fous le nom de carpohalfcimum , &; le
bois , ou plutôt l'extrémité des petites branches , fous
celui de xilobalfamum. Quoique productions du même
arbriffeau , leurs vertus font bien inférieures à celles
du baume dont il vient d'être queffion ; & cependant
les Difpenfaires recommandent aux Apothicaires de les
employer toutes trois dans leur plus fameux antidote ,
qui eil la Thériaque.
On donne auiîi le nom de baumicr à une efpece de
peuplier. Voyez ce mot.
Baume de ?\1arie ou Baume de Calaba. Foyei
JBaume vert.
Baume de momies , Gummi funerum. Nom que
l'on donne aujourd'hui dans le commerce & chez les
Curieux , à Vafphalte ou bitume de Judée , parce qu'on
l'employoît dans les embaumemens des corps. Voye:^
Asphalte & L'article Momie.
Baume du Pérou , Balfamum Peruvianum, On
■en diilingue de quatre efpeces ; le blanc qui eJft
liquide , le roux ou rouge qui efl fec , & le brun ou
7ioir liquide ; ils tirent cependant tous les quatre leur
icrigine du mêai2 arbre , que l'on appelle hoitiL-
114 B A U
loxi/t OU arhor ba^fxmi IndicL C'eft le capurciha de^
Brafiliens.
Cet arbre efl de la hauteur du citronnier , & porte
des feuilles qui ont qudque reïïemblance à celles de
Tamandier ; fon bois eil rouge & odoriférant comme
le cèdre ; fon écorce efî cendrée , épaiife d'un doigt &:
couverte d'une pellicule roufsâtre ; fon fruit eil de la
grofleur d'un pois , & fe trouve à l'extrémité d'une
gouffe étroite de la longueur d'un doigt. Cet arbre
croît dans les pays chauds de l'Amérique Méridionale ,
comme le Pérou , & plus fréquemment encore dans le
Mexique & dans le Bréfil, fur les rives de Rio-Janeiro.
Il découle de fon écorce , fur-tout après \m temps de
pkiie , ëc dans le mois de Mars , un fuc réilneux ,
fluide , d'un blanc jaunâtre , inflammable , d'une odeur
approchante de celle du ftyrax : il n'efl alors que peu
coloré ; ^ quelques Naturels du pays en confervent
en cet état dans des bouteilles bien bouchées : on
l'appelle baume d'incijLcn. Celui que l'on trouve dans
le commerce , efc ordinairement dans des coques de la
grofieur du poing , qui ont fervi à le recevoir : voilà
le baume en coque. Lorfqu'il découle de l'arbre , il ell
d'abord mollaffe ; mais il devient fec 6c d'un brua
rougeâtre plus ou moins tranfparent. On nous l'envoie
dans des boîtes : c'efu le baume dur ou fec.
On retire , en faiîànt bouillir dans de l'eau l'écorce
& les rameaux de cet arbre , un fuc réfmeux tenace ,
d'un roux qui tire far le noir , d'une odeur approchante
de celle du benjoin ; c'eil ce dernier qui porte le nom
de baume brun ou noir , ou de baume de lotion. On doit
jejeter celui qui ell abfolument noir & quia une odeur
d'empyreume.
Lemeri nous apprend que les Indiens , après avoir
tiré ce baume brun des rameaux de l'arbre , font évapo-
rer la décodion ref tante jufqu'à confillance d'extrait ;
ils y mêlent un peu de gomme , & ils en font une
pâte folide dont ils forment des grains de chapelet qui
B A U Î2Î
^meurent noirs & odorans , principalement fi après
les avoir formés , on les enduit extérieurement avec
un peu de baume. On nous apporte beaucoup de ces
chai3elets d'Efpagne & de Portugal.
On eftime le baume du Pérou , propre aux mêmes
ufages que le baume de Judée ou d^ Arabie : il eft eflimé
extérieurem-ent pour la contufion des nerfs : fon odeur
vive peut quelquefois affefter la tête. En unifTant un
•peu de camphre au baume noir , l'en en fait un fpécifi-
que pour les engelures. On a aufii quelquefois contre-
dit le baume du Pérou en faifant bouillir une demi-once
de fantal rouge dans une livre ëc demie d'huile d'olive ,
puis y ajoutant une livre de cire jaune fondue , une
livre &: demie de térébenthine de Venife , & une
once de baume noir du Pérou ; mais ce mélange fe re-
connoît facilement.
On donne aufli le nom de faux baume du Pérou au
lotier odorant. Voyez ce mot.
Baume de Savanne ou Basilic du Para. Voye^
à l'article Basilic.
Baume de Tolu , Balfamum Tolutanum , connu
aufîl fous le nom de Baume de l'Amérique ,
Baume de Carthagene , Baume dur , Baume
SEC. C'efl un fuc réfnieux , tenace , d une confiflance
qui tient le milieu entre le baume liquide 6c le fec ^
tirant fur la couleur d'or ou d'un blond rouftatre , d'une
odeur qui approche de celle du benjoin ; d'un goût doux
ôc agréable , ce qui le fait différer effentiellement àois
autres baumes qui ont ime faveur acre &: amere. La
faveur agréable de celui-ci le rend plus propre à être
pris intérieuremerit , ayant fur-tout l'avantage de ne
point exciter de nauiée comme les autres baumes'^ lorf-
qu'îl eil bien fec , il eil fragile & caiTant.
Ce baume découle , com.me les autres , par incifion
de l'écorce d'un arbre qui croît dans une Province de
l'Amérique Méridionale , fituée entre Carthagene &:
Mcmbre-de-Djos , pays ou provi^ice que les Indiens
i%6 B A U
appellent Tolu , & les Eipagnols Hojiduras, Cet arbfé
a quelque refîemblance aux bas -plus , & porte des
feiulles tciijcurs vertes , femblables à celles du carou-
bier. Les Indiens en recueillent le lue réiineux lorfqu'il
découle 5 dans des couïs ou cuillers faites de cire noire ,
ôc le verfent dans des calebaïïes. Les Anglois font fur-
toutufage de ce baume dans la phthifie &: les ulcères
internes. En général il a les mêmes vertus que \z
baume de Judée, Voyez ce mot.
Baume vert , ou Baume de Calaba , ou Baume
DE Marie. C'eil la réiine que fournit un arbre appelé
focraha à Madagafcar , palo-Marla aux Philippines ,
& tacamaque aux Ifles de France & de Bourbon. C'eft
le Calaba de Plumier ^ le Calophylluni de Linné, Cet arbre
que l'on trouve aufïî fur les bords de la mer , aiuc
Antilles , a la tige haute de vingt à trente pieds y
droite , d'une moyenne groiTeur. Son écorce eiî liiTe ,
fpongieufe , brune ; l'enveloppe cellulaire verdâtre ;
ion bois flexible, d'un vert-jaune. Ses feuilles ovales ,
fans dentelures ni nervures , apparentes , obtufes , lar-
ges de quinze à dix-huit lignes , longues de deux à
trois pouces , liiies , luifantes , douces au toucher,
d'un vert gai en defîiis , pâle en deffous , couvertes
d'une infinité de petites fibres ferrées les unes contre
les autres ; elles font oppofées deux à deux fur une
ramille , qui efi: terminée par une paire de feuilles ;
fa fleur efl petite , blanche , odorante , en rofe ,
compofée de quatre pétales arrondis , creufés en cuil-
ler ; il y a plufieurs étamines dont les anthères font
jaunes , & un pifîil arrondi , lequel fe change eit
un petit fruit fphérique , d'un vert pâle , charnu ,
gros comme une cerife , dans lequel e^l renfermé lui
noyau ligneux qui contient une am^ande. Cet arbre,
qui prend aifément de bouture , fert aux Ifles à faii-e
des entourages. M. Fouppé des Portes dit qu'on en tire
par incifion un fuc gommeux , d'un j aune-ver dâtre ,
qui s'épaiiTit &; devient d'un vert très-foncé, C'eft unç
B A U 127
réfine d'un jaune-verdâtre qui , lors de fa tranffuda-
tion , efl liquide au-delliis du vingtième degré de
chaleur , & qui devient concrète &: caiTante comnie
une réfine feche au-dedbus de ce degré. Les Efpa-
gnols l'appellent balfamum dd Maria , & le préfèrent
au baume de Copahu , &: fouvent à celui du Pérou,
Son odeur efl fuave , aromatique, f^oyei Calaba.
BAUMIER ou Balsamier. Nom d'une famille de
plantes qui contient plufieurs genres ; on y trouve des
arbres ou des arbrifleaux , dont le lue propre eil ordi-
nairement réfmeux , coloré , odorant ; les fleurs de ces
végétaux exotiques font polypétalées. Amyr'is eft le
nom latin du genre à^s Balfamkrs proprement dits.
Il y a, dit M. le Chevalier de la Marck , le baumier
de la Mecque ^ ceux qui donnent les rejines Elbnï.
Le Balfamkr des bois , Amyrls fylvadca , Linn. Il fe
trouve près de Carthagene en Amérique , dans les
bois &: les lieux maritimes ombragés.
Le Balfamier \z:iz:iziix , Amyris toxifcra , Linn.
Cette efpece fe trouve à la Caroline & dans les liles
de Bahama.
Le Balfamier de Java , Amyris protium , Linn. Il
croît fur les montagnes.
Le Balfamier de la Jamaïque , Amyris balfamifera ,'
Linn. C'ell le bois dz BJiodes de la Jamaïque. Voye^ cet
article.
Le Balfamier de la Guiane , Amyris Giùaiienfis ; Terc-*
hinthus niaxima , piniiis paucioribus majorlbus atque
rotundioribus , fruclu raccmofo fparfo , Sloan. Jam. Hifl*.
C'eil un grand arbre qui croît dans les forêts de
la Guiane , & à l'Ifle de France , au quartier de
Moka ; fon écorce incifée rend un fuc balfamique ,
qui , étant defléché , devient rouffâtre àc d'une odeur
de citron.
Le Balfamier kataf y Amyris kataf , foliis ternatls ,
apice ferratis ^ pedicuUs dichotomis ^Forsk. iEgypt. p. 8o,
Cet arbre croît dans l'Arabie ; fon bois efl bl^^iç.
Î28 B A U
Dans les mois pluvieux , au rapport des Arabes , cet
arbre paroît fe gonfler , & enfuite cette forte d'épaif-
liiTement fe réfout en une pouiïïere rouge d'une odeur
tres-agréable , 6c dont les Dames du pays fe fervent
pour fe parfumer la tête.
Le Balfamicr kafal , Amyrïs kafal , Forsk. ibid. Cet
arbre fe trouve aufîi en Arabie ; mais il efl plus haut ;
fon bois eft rouge &: fes rameaux font épineux à leur
fommet ; fes feuilles font velues dans leur jeunefTe ;
elles deviennent glabres en vieilliiTant ; fl on entame
fes fruits , dont la pulpe efl verte , & d'une odeur
de baume trei-fuave , il en découle un baume réfi-
neux , qui (^il blanchâtre. Son bois efl im objet con-
fidérable de commerce dans ce pays ; on le tranfporte
en Egypte , où l'on s'en fert pour faire contracter aux
vaiiTeaux ae tcne qu'on expofe à fa fumée , un goût
qui plaît dans cette région. M. le Chevalier de la Marck
préfume que le Balfanifr kafal pourroit bien être
î'arbre m^eme d'où découle la myrrhe. Voyez ce mot.
Le Baljamhr huileux ; Amyas oleofa : Nanarï menjac
Malaicenfiiim. Cet arbre croît dans les Moluques ;
fes fruits font d'un bleu-noirâtre ; lorfqu'on entams
l'écorcede fon tronc , il en découle d'abord un fuc hui-
leux , tranfpar rnt &: jaunâtre , & enfuite une vifcclité
qui noircit en peu de jours , &: fe change en petits
grumeaiLX qui adhèrent à l'arbre. Ces fucs réfmevix ont
une odeur forte , cependant agréable.
B AU QUE. C'ell le nom eue l'on donne en Lan-
guedoc à une efpece à^ algue à feuilles étroites , qui
croît dans les étangs falés aux environs de Montpellier.
On s'en fert , dit M. Deleuie , pour fumer les terres
&: pour emballer. Voyei AlgtjE.
BAURD-MANNETJES. Le Voyageur Bofman a
appelé ainfi une forte de guenon noire à barbe blan-
che , & qui doit être rapportée à i'efpece du Talapoin,
Voyez ce mot,
BAZAN. Foye? Pasan.
BDELLIUM.
B D E BEA 129
BDELLIUM. C'eft une gommc-réfine qui vient d'Arabie
& des Indes : les Auteurs ne s'accordent point fur l'arbre
qui la produit. Samuel Date foupçonne que c'eft un
arbre femblable à celui qui s'appelle arbor laclefceiis acu-
katii , folÏLs qiurnis , Amtricana^ D'autres prétendent
que c'efl une efpece de palmier appelé par les Arabes
Diiiun ou MokhL Quoi qu'il en loit , l'expérience ap-
prend qu'une partie du bddlium le dilTout dans l'eau , &
l'autre dans l'efprit de vin ; que toute fa fubftance fe
diffout dans l'efprit de vin tartarifé , dans les liqueurs
alkalines , dans le vin &c le vinaigre. Cette gomme^réJïne\
à l'extérieur , reffemble un peu à la myrrhe commune ;
elle eft ou en lames demi - tranfparentes , de couleur
grife - jaunâtre , ou en malles , & d'un brun un peu
îouffâtre à l'intérieur ; elle s'amollit dans la bouche &:
s'attache aux dents ; elle eft d'une faveur un peu amere
& vapide : la partie réfmeufe s'enflamme en partie fur le
feu , & pétille à caufe de la partie faline aqueufe. On
lait peu d'ufage à l'intérieur du bdcluum , mais on l'em-
ploie extérieurement pour réfcudre les tumeurs , déter-
ger les plaies &: les conduire à cicatrice.
BEARFISCH , Infede marin , très-malfaifant , &
nommé ainfi en Norvège. Son corps eft recouvert
d'une écaille blanchâtre , dure , brillante & cornée ^
divifée en deux anneaux de cercles ; & par le deffous
& du côté plat , il a douze pattes. Cet infeûe attaque
diverfes fortes de poifibns , Ôc fur -tout la morue.
Hijîoirc Naturelle dz Norwege.
BEAUMARIS - SHARK. Penn. Brit. Zool. tom. j.
p. 104. tah, ly. Voyez Nez (le).
BEAUMARQUET. Nom donné à un moineau de
la Côte d'Afrique , (/?/. enL 203./^, i.) d ne le pli-
mage eft varié &: peint de couleurs fort brillantes ;
près du bec & à la gorge , d'un rouge éclatant ; cendré
fur le derrière de la tête ; le dos & les couvertures
des ailes , jaune-verdâtre ; le pennage des ailes noir ;
les plumes de la queue rouges ^ le cou orné d ua
Tome IL I
130 BEC
collier d'un beau jaune ; tout le deffous du ventre &Z
de la poitrine à cercles noirs- jaunâtres , avec un point
blanc ; le bec &: les pieds rougeâtres»
EÉCADE. Foye:^ BÉCASSE.
BÉCARDE. M. c^e Bujffon donne ce nom à une
efpece d'oifeaux qui lui a été envoyée de Cayenne ,
l'une fous le nom de pk-gmchc grife , pi. enl. 304,
& l'autre fous le nom de pk-gricche t achetée , pi. enl.
373. Ces oileaux lui paroiflent être d'une efpece dif-
férente de nos pies-grieches d'Europe : il les nomme
hécardes à caufe de la groileur &. de la longueur de leur
bec , qui eft de couleur rougeâtre , mais noir à fa
pointe , où il fe courbe en un crochet très-fort; ces
hécardes différent encore de nos pies - giicches , en ce
qu'elles ont la tête toute noire , ainii que le pli de
l'aile , les grandes pennes &; la queue , & l'habitude
du corps plus épailïe 6c plus longue ; le refie du plu-
mage efl cendré , même les pieds ; les ongles font
noirs. L'oifeau qu'on lui a envoyé de Madagalcar fous
le nom de vanga , lui paroît être de ce genre : on
l'appelle hécarde à ventre blanc ; c'eft Yécorcheur de
Madagafcar 5 pi. ml, 228 ; l'occiput ell d'un noir-
verdâtre ; le relfe de la tête & tout le plumage in-
férieur font d'un beau blanc ; le refie du plumage
fupéri^ur elt noir , chaque plume étant bordée de noir-
verdâtre ; les plumes de la queue & des ailes offrent
vm peu de blanc. On diflingue encore une bécarde à veritr^
jaune ; c^eûl^pie-griechc Jaune de Cayenne, de M. Brijjon^
BEC d'oiseau , Pvofirum. C'eft cette partie de la
tête des oifeaux qui leur tient lieu de bouche , & qui ,
en effet , répond par fes ufages à la bouche de l'homme ^
à la gueule des animaux , aux mâchoires , à la trompe
des infectes , au lucoir & aux mâchoires des vers 6c
des zoophytes , fans refTembler en rien d'ailleurs à ces
organes. Cette partie de l'oifeau ( le bec , ) eil remar-
quable ; elle ell en général longue , épaifle , faite
€11 pointe pour fendre l'air y dure , folide , liffe p àc
BEC 131
de la nature de la corne pour fuppléer au défaut
de dents ; cependant il y a des oifeaux , tels que les
plongeons , dont le kx eft dentelé à-peu-près comme
une Icie : l'ufage de ces faufTes dents , car elles ne font
point logées dans des alvéoles comme les dents des
quadrupèdes , efî de retenir le poiiTon gliflant qtte
l'oifeau a attrapé. D'autres oifeaux ont le bec crochu
ou arqué pour arrêter & déchirer la proie. Chez ceux
qui doivent chercher leur nourriture dans les endroits
marécageux , le bec efl long & mince ; au contraire ,
chez ceux qui la cherchent dans la vafe , le bec ell
long & large. Le bec des oifeaux leur fert non-feule-
ment pour prendre leurs alimens , mais ils l'emploient
auffi comme arme ofFcnfive & défenfive ; c'eft avec
leur b^c qu'ils conflruifent leur nid , qu'ils donnent
à manger à leurs petits , 6c qu'ils arrangent leurs
plumes. Quelques-uns , tels que les perroquets , les
becs-croifés , &;c. s'en fervent comme d'ime main pour
faifir & tenir les objets , & pour monter le long des
arbres. En un mot , la Nature a donné aux difFérens
oifeaux des becs très-variés pour la grandeur & pour
la forme , mais appropriés chacun aux befoins de
l'animal , ainli qu'on aura lieu de le remarquer à la
defcription des diverfes efpeces d'oifeaux. Ce tableau
eft frappant dans les Cabinets des Curieux , 011 l'on
voit réunis un grand nombre d'oifeaux. Foye^ Canïck
Oiseau.
Voici les dénominations employées par les Auteurs,^
& qui concernent les caradcres génériques établis ou
tirés de la conformation du bec de l'oifeau : bec en toit ^
rofîru/n umbricatum ; en hameçon , hamatum ; en faux ^
falcatiim ; partie en faux & partie en hameçon , hamato^
falcatum : bec courbe , araiatum ; en fautoir , detuf-^
fatum ; en forme d'alêne , fubulatum ; en forme de
couteau , cultratum ; en forme de couteau & voûté ^
cultrato-glbberiun ; en forme de f[)atiile , fpathulatum ;
conique , çGnkum ; conique ôc covu'be , conico-inciirvum»
I 2
132 BEC
Bec ALONGE, Chœtodonroftrauis ^\Ànn.\ Jacnlatorl,
Acl. Angl. 1765 , p. 89 5 t. 9. PoiiTon du genre du
Chetodon : il fe trouve dans la mer des Indes. Les in-
fe£les font fa nouniture ordinaire ; auffi-tôt qu'il en
apperçoit un qui voltige à une petite diflance , il lui
lance adroitement , à l'aide de fon mufeau en forme de
tuyau , ou aflez femblable au long hec de certains
oifeaux , une goutte d'eau qui le fait tomber , 6z à
l'inflant il faifit fa proie 6c la dévore. Ainfi la déno-
mination de bec alon^é^ & celle de jacidator y indiquent
le cara£l:ere fpéciiique de ce poiiTon.
Ce poifibn a le corps large , court , & peu épais ;
la tête large , aplatie par les côtés , &: tres-inclinée
vers le mufeau , qui eil d'une fubilance oiTeufe.
L'ouverture de la gueule ample ; la mâchoire de deffus
efl un peu dépaffée par celle de deffous ; les narines
ont chacune deux ouvertures ; les yeux font placés
haut 5 arrondis 6c tournés de côté. Les opercules des
ouïes ont beaucoup d'écaillés , & les ouvertures des ouïes
font très-amples. Le dos eil un peu arqué ; la nageoire
dorfale offre trente-neuf rayons , dont les premiers
font fermes , courts & épineux ; les pe£lcrales font
amples & garnies de quinze rayons ; les abdominales
en ont chacune fix , flexibles & rameux , excepté le
premier qui eft épais &: aigu ; celle de l'anus en a
vingt-quatre , dont les trois premiers font épineux. La
queue eft large , courte êc d'une forme arrondie ; les
écailles font grandes & peu adhérentes à la peau. La
couleur de tout le corps eil d'un blanc- jaunâtre, mar-
qué dans la longueur de quatre bandes tranfverfales ;
il y a en outre , à l'origine de la queue , une ligne
noire tranfverfale , &: à la bafe de la nageobre dorlale
une tache noire alfez grande.
Eec d'argent. Voyei à Carùch CARDINAL.
Bec de cire. Nom donné au Smegall rayé. Voyez
cî mot.
Bec en ciseaux , />/, tnL 357. ou Coupeur
BEC 135
D^EiU , de Catesby ^ en latin RygchopfaÛa.. Genre
croifeaii dont îe caradere efl: d'avoir trois doigts anté-
rieurs palmés , & un pcftérieiir ifolé ; un trait bien plus
faillant , & qui n'appartient qu'à lui , le diûingue de
tous les bipèdes : le bcc^ compoie de deux pièces minces y
mouiTes à leur extrémité , eft édenté , droit , aplati &
déprimé par les cotes ; la mâchoire inférieure eft beau-
coup plus longue que la lupérîeure , fillonnée & creufée
dans fa longueur , & les bords en font fort tranchans.
La mâchoire fupérieure*, qui , lori'que le bec eft fermé ,
fe trouve comme emboîtée dans l'inférieure , à la ma-
nière du tranchant d'un couteau entre les deux côtés
du m mche , cil arrondie en deffus ; en deffous elle eft
tranchante & en forme de lance. C'eft avec ce hzc
d'une conformation fi particulière , & qui paroît d'un
ufage fi difficile , que le bec m cffcaux prend le poif-
fon dont il fe nourrit : il le failît en rafant d'un vol
lent la furface de l'eau , d'aftez près pour que la partie
inférieure de fon bec plonge dans Peau par fon
extrémité ; c'eft de là qu'on a donné à cet oifeau le
nom de coupeur d'eau , comme celui de bec m cijcaux
exprime le mouvement &: le Jeu de fon bec.
Le bec en c' féaux a plus d'un pied & demi de lon-
gueur ; fon envergure eft de trois pieds & demi ; fon
plumage eft , fur le cou &: le dos , d'un brun noirâtre ;
le deftbus du cou & du corps eft blanc ; la queue eft
fourchue &: variée , ainfi que fes ailes , de hrun-noirâtre
fur vm fond blanc ; fes pieds font rouges , les ongles
noirs ; le bec eft rouge à fon origine ^ & noir dans le
refte de fa longueur. On- trouve cet oifeau , qui eft
unique dans fon genre , à Cayenne , à la Louiftane &
à Saint-Domingue.
Bec courbé, Voye^ Avocette.
Bec croise , pL eiiL 118, en XdXmLoxïa, Genre
d'oifeau un peu plus gros que le moineau franc , re-
connoiftable fur-tout par la forme fmguliere &; unique
de fon bec , lequel eft compofé de deux pièces pro«
1 3
lon2;ées , courbées à leur extrémité en fens contraire
l'une de l'autre , ( la iupérieure de haut en bas , &
l'intérieure de bas en haut ) & qui fe croifent mutuel-
lement ; ce qui a fait donner à cet oifeau le nom de
h.c crcijc. La fituation de ces pièces n'efl: pas toujours
la même dans les oifeaux de cette efpece. Il y en a
dont la pièce fupérieure pafle à droite en fe croifant
avec la pièce inférieure : &; dans d'autres , elle fe
trouve à gauche. La forme de ce bec fert à ces oifeaux
pour gi imper, pour s'accrocher, pour ouvrir, fendre
par le milieu les pommes de fapïn , tous les fruits des
arbres conifères , même , luivant la faifon , les pommes ,
les poires & autres fruits , pour prendre dans leur
intérieur les pépins ou femences ou amandes , dont ils
font fort friands : on voit cet oifeau au Cabinet du
Jardin du R.oi. On dit que la couleur de fon plumage ,
excepté celui de la queue ^ des ailes , change trois
fois de couleur par an , fuivant les faifons de l'année ;
qu'il efl vert en automne , jaune en hiver , & rougeâtre
au printemps ; d'autres afiurent qu'il paile par chacune
de ces couleurs d'une année à une autre : fentiment
qui parcît auffi vraifemblable , ce changement pouvant
très-bien dépendre autant de l'âge ëc du iéxe de l'oifeau
que de la mue. Le chant de cet animal eil foible mais
afîez agréable , & ne fe fait entendre que pendant
l'hiver. Il fait ordinairement fon nid fur les fapins ,
vers la fin de l'hiver ; il ne fait qu'une ponte par an ^
& elle ell de quatre ou cinq œufs. Ces oifeaux qui
font fortement imprégnés de l'odeur de térébenthine ,
ont cependant la chair d'un bon goût ; ils font com-
muns en Allemagne , en Suéde & en Nor^'ege ; il en
vient aufTi quelquefois fur les Côtes Occidentales
d'Angleterre , où ils font grand dégât dans les vergers.
Il y a environ trente ans qu'on en vit arriver une
grande quantité aux environs de Paris. On ne compte
qu'une véritable efpece de hec crcifé , celle dont nous
Venons de parler^ Loxia yafuolor , dont le dos eil
BEC IÎ5
ïioirâtre , la poitrine & le ventre font d'un brun-
pourpre ; l'autre n'eneft qu'une variété ,&: s'appelle le bec
croifé roufs atre^ Loxia rufefccns. Sa tête eil affez rouge.
Bec a cuiller. Voyei Cuiller.
Bec a Faucon de Dampkr, Voyez <z /W. Tortue,
Becf-aaL. Voyci à Carùck TORPILLE.
Bec-Figue,/?/, ad. 668, fi§, i , en hiiin ficedula.
Genre de petit oiieau à-peu-près de la grofieur de
la linotte^ qui a été connu des Anciens; ion plu-
mage efl fort Ibmbre ou d'un gris-brun liir le dos,
& d'un gris-blanc fous le corps. Le bec , les pieds &
les ongles font noirâtres. Le caractère du bec-figiLc eft
d'avoir les narines découvertes comme Valouette ; mais
le doigt poftérieur efr arqué. Les fauvettes appartiennent
au genre du hec -figue , ainfi que les petits oifeaux
appelés figuiers.
Les hec- figues font friands en général de tous les
fruits qui ont une faveur fucrée. Ils n'aiment pas
moins le raiiin que les figues, comme le marque
Martial dans ce diilique.
Ciim me ficus alat , cùm pafcar dulcihus uvis ;
Cur potïîis nomen non dédit uva mihi ?
On voit de ces oifeaux dans les lieux oii il y a
beaucoup de ces fruits; ils ne quittent que tard, au
printemps , les régions du Midi , & y reviennent de
bonne heure en automne : il y en a qui pénètrent
jufqu'en Suéde. Dans les pays chauds , ils deviennent
comme de petites pelottes de graiffe légère & fon-
dante, & font alors un manger très-délicat. A Venife,
oii on les appelle heccafico , on en fait un grand corn-
m.erce.
En été, le bec-figue ne fe réunit point par bandes :
le mâle ne vit guère en fociété qu'avec fa femelle ;
il habite les bois , s'y nourrit d'infedes , en atten-
dant la faifon des fruits , s'y tient dans les parties
les plus fourrées , y cache fon nid avec art. Aux
14
136 BEC
approches des premiers froids, les hec-figms- gagnent
peu-à-peu les régions Méridionales , ils lé réunillent ^
ils volent par bandes : c'efl alors qu'ils font com-
muns dans ces Contrées , en Italie , en Grèce , fur les
Côtes d'Afrique, ëcc.
Chaque Province, chaque Canton a , pour ainû
dire , lés prétendus bec-figues ; on en applique le nom
aux différentes efpeces de cette nombreuie claffe d'oi-
féaux à bec effilé, qui, en automne, becqueîent les figues
6c en font une partie de leur nourriture : c'efl: ainfi
que dans le Bugey , on donne improprement le nom
de bec -figue d'hiver à V alouette - pipi ; & dans la
Provence à la linotte vulgaire des vignes : on l'appelle
r'inette en Bourgogne; mûrier ou petit pinçon des bois ^
en Lorraine.
Dans l'Ille de Cayenne il y a , dit-on , plufieurs
efpeces de bec-figues qui font , pour ainfi dire , les
deiîrudeurs des papales^ des goyaves^ des baco\'es &
des bananes^ dont ils fe nourriiient. Ces oifeaux font
des figuiers. Voyez ce met.
Bec de grue , en latin Géranium,. D'un très-grand
nombre d'efpeces qu'il y a de géraniums , on ne fait
ufage en Médecine que de trois; favoir, i.^ D'une
efpece annuelle dont les feuilles reffemblent à celles
à.e\3. mauve; c'eft le Géranium columbinum ^ Linn. 956,
aut folio malvœ rotundo ^ C. B. Pin. 318; Pes colum-
binum , Dod. Pempt. 6 1 , en françois pied de pigeon
ou bec de grue; fes fleurs font affez grandes, rouges
oii bleuâtres, portées fur de longs pédicules. Il vient
en abondance dans les prés & dans les jardins.
2.^ D'une autre nommée herbe à Robert , Géranium
Robertianum , Linn. 95 5 ; i , vlride , C. B. Pin. 3 1 , aut
murale ^ J. B. 3 , 480 , dont les fetiilles font découpées
comme celles de la matricaire . & ont ime odeur àt panais ,
ou plutôt de lamium : elle eft bifannuelle , croît fur
les vieux murs , dans les haies & fur les décombres.
La îroifîcme efpece, que l'on nom.me bec de grm
BEC 137
fanguin^ Géranium fan^uincum , Linn. 958 , ^maximo
flore ^ C. B. Pin, 318, porte des tiges nombreiifes , rou-
geâtres , velues , & noueufes , rameufes , hautes d'une
coudée. Sa racine eil vivace , épaiffe , rouge &
fîbreufe : elle poulie tous les ans de nouvelles
racines dans les forêts & les buiiTons, même dans
les prés. Ses feuilles font pétioîées , partagées ordi-
nairement en cinq lobes ou lanières découpées juf-
qu'à la queue ; chaque lobe eft découpé en trois.
Toutes ces efpeces de géranium portent des fleurs en
rofe de couleur purpurine, petites, excepté la der-
nière efpece dont les fleurs font grandes. La fleur
efl grande, folitaire, compofée d'un calice à cinq
feuilles , d'une corolle rouge à cinq pétales , de dix
étamines réunies à leur baie autour d'un piilil à cinq
ftigmates. Ces plantes font remarquables par leur
fruit , qui reffemble à \m bec de grue marqué de
cinq rainures. Leur graine eft jetée dehors quand
elle efl mCire , par le recoquillement du bec des cap-
fules. Ces capfules, au nombre de cinq, renfermant
chacune une femence , dit M. Delcuic , font attachées
à la bafe du pivot du fruit , & furmontées chacune d'une
lame élaflique placée dans une des rainures du pivot.
Tournefort compte foixante - dix - huit efpeces de
géranium ; ^{, de Cavanilk en porte le nombre à cent
vingt - huit. Ce Botanifle divife les géraniums en deux
grandes clafTes , à corolles régulières , &: à corolles
irrégulieres. La première contient en général les ef-
peces Européennes , & a communément les feuilles
oppofées. La féconde réunit la plupart des efpeces
Africaines , dont les feuilles font le plus fouvent
alternes , &: contient foixante - onze efpeces. Ce
genre de plantes efl , dans l'ordre naturel , très-
voifm des Malvacées, Miller nomme au moins qua-
rante géraniums , qui font cultivés en Angleterre
dans les jardins des Curieux : de ce nombre il y
en a plufiçnrs qui le méritent par la beauté de
158 BEC
leurs fleurs. Tels font le gcramum annuel à larges
feuilles & à fleurs bleues; le glranlum à petites
feuilles &: à grandes fleurs purpurines; le géranium
d'Afrique à feuilles d'œillet 6c à fleurs d'écarlate;
îe gcranium Africain qui s'élève en buiffon , & qui
efî à feuilles de mauve & à fleurs d'un rouge de
carmin. On l'appelle bec de grue , pot de feu , Géra-
nium fui gidum. D'autres efpeces de géraniums^ outre
la beauté de leurs fleurs nombreufes , rouges ou
violettes , répandent dans l'atmofphere , après le cou-
cher du foleil, une odeur fort balfamique ou muf-
quée. Tel ell: le glrajùum mufquê , Géranium mof-
thatum ^ folio ad myrrhidcm acccdenie ^ minus ^ J. B.
3 , 479 J Géranium cicutcz foli) , minus & fupinum , C.
B. Pin. 319; Géranium cicutarium y Linn. 951. 11 efl
annuel. On en cultive dans les ferres, chaudes une
efpece dont les feuilles , légèrement preflees , laiflent
aux doigts l'odeur de l'encens. On diflingue encore
le glranium trijîe , Géranium trifie ^ Linn. 950. Il eft
vivace par la racine. Sa tige efl une hampe avec une
feule feuille , foutenant plufieurs fleurs jaunâtres ,
d'un œil trifle , mais répandant la nuit beaucoup
d'odeur. Les pétales font marqués de brun-noir ; le
calice efl d'une feule pièce; les feuilles qui partent
de la racine font très - découpées. Ce géranium efl
originaire des Indes. Il y a le bec de grue à cercle
non- fur la feuille , Géranium tonale. Le bec de grue
panaché , Géranium variegamm. Le géranium brun ,
Géranium fufcum , Linn. ( Mantiff. 97 ). Le calice efl
velu, & les pédicules à deux fleurs brunes ôc fran-
gées. Kolbe a le premier fait mention du géranium
épineux du Cap de Bonne-Efpérance , dont la racine deffé-
chée efl d'un blanc citrin , à trous étoiles à l'endroit des
nœuds d'où partent le chevelu. Cette hnguliere racine
«ft très-inflammable , fur-tout au centre , noirâtre &
d'une odeur de benjoin mêlée de florax.
M. Linnizus (^Mantiff, 97. ) a donné l'épithete d'/^i-
BEC 139
^rldum à un beau géranium^ à prefent très-commun,
dont les fleurs font d'un rouge éclatant. Cette efpece
qui periiHe l'hiver , ell , fuivant ce Botaniile , une
production du géranium inquïnans^ avec le géranium
acaofum d'Afrique.
Ces diverfes efpeces de géraniums font d'excellens
vulnéraires aflringens , fur-tout V herbe à Robert^ qui
efl un aflringent très-tempéré. L'infufion de izs
feuilles dans du vin arrête toutes fortes d'hémor-
ragies ; mais elle n'eil pas fébrifuge, com.me on la
prétendu. Le bec de grue fangiiin , dont les feuilles
font ftiptiques , & dont le fuc colore en rouge le
papier bleu auiîi vivem_ent que l'alun, arrête le fang
d'une manière furprenante; auffi les gens de la cam-
pagne en font-ils grand ufage pour leurs blefîiires.
On donne à ces plantes le nom à'herbe a Pefquinancie ,
parce qu'elles font utiles dans cette maladie ; mais la
véritable herbe à l'cfquinancie ell: la petite garance.
Bec de hache. Voyei Pied-rouge.
Bec d'oie. Nom que l'on donne au Dauphin.
Voyez Varticle Dauphin , à la fuite du mot Ba-
leine.
Bec ouvert. Nom donné à un oifeau trouvé aux
environs de Pondicheri, par M. Sonnerat. Cet oifeau
qui efl de paflage , & paroit fur la Côte de Coro-
mandel , dans les trois derniers mois de l'année ,
relTemble aflez au héron, il en a les habitudes &:
vit de la mêm.e manière ; mais la mandibule fupé-
rieure n'a point fur chaque côté la rainure longi-
tudinale qu'on obferve chez le héron ; fon bec eft
renflé dans le milieu, tant en deffus qu'en defîbus,
& ces portions convexes en dehors du bec , font
excavées ou échancrées en dedans , ce qui fait que
les bords des deux mandibules laiiTent entre elles un
vide dans le milieu de leur longueur ; l'ongle du
milieu n'eft pas dentelé comme dans les hérons. Le
bout du bec fupérieur eil dentelé ; les doigts de
140 BEC
devant iinîs par une membrane jufqu'à la première
crticulation.
Bec rond. A la Giiiane on donne ce nom à des
cfpeces de petits bouvreuils^ l'un à plumage bleu, 6c
l'autre à ventre roux , pi. enl. 319, fig» 2 ; le premier fe
trouve au Bréfd & à la Caroline , l'autre à Cayenne ;
leur bec eft moins crochu & plus arrondi que celui de
nos bouvreuils. Voyez ce mot.
Bec-scie. Oifeau aquatique de laLouifiane, dont
le bec efl: réellement dentelé comme la lame d'une
fcie : les dents de la partie lupérieure s'adaptent
exaftement avec celles de la partie inférieure. Cet
oileau ell un harle. Voyez ce mot.
Bec a spatule ou Palette. Foye^ Spatule.
BÉCASSE, pi. enl. 885 , en latin Stolopax. Oifeau
de paffage, très-bon à manger, un peu moins gros
que la perdrix .^ & pourvu d'un long bec obtus par
le bout ; fon vol efl affez pefant : le roux , le noir
& le cendré ferment fa couleur. Il a quatre doigts ,
trois en devant & un en arrière.
Ces oifeaux fe retirent dans l'été fur le haut ^'^s,
montagnes de la Suifle, de la Savoie, des Pyrénées,
des Alpes. L'hiver ( dès la mi-Oclobre ) ils defcen-
dent dans la plaine, & alors on en voit en France
&: dans tous les pays voifms. Ils s'envolent par
paires , ou un à un, & fréquentent les bois humi-
des & les ruiffeaux près des haies , oii ils trouvent
des vers dont ils font leur nourriture , & où ils
fe lavent en même temps les pieds &: le bec qui
fe trouvent enduits de terre. Il paroît qu'une lumière
foible leur convient ; car c'eft le foir & le matin
que les bkajfes volent pour chercher leur picorée;
auffi eil-ce l'heure où on les prend fur les lifieres
des bois, dans des filets à la paffée, ou fur le bord
des ruiffeaux avec des lacets. Pendant le jour, elles
fe tiennent cachées : on dit qu'elles viennent & s'en
vont la nuit ou par des temps de brouillards. Les
BEC 141
hicajjes regagnent les hauteurs au mois de Mars ;
elles partent appariées. Il en refte quelquefois dans
le pays ; elles y pondent & y couvent. Elles font
leur nid à terre , &: ce nid eft compofé d'herbes
feches &: de petits brins de bois ; elles l'appuient
contre un tronc d'arbre ou une groffe racine : leurs
œufs, au nombre de quatre ou cinq par nid, font
oblongs 5 un peu plus gros que ceux du pigeon , de
couleur rougêatre-pâle , & bigarrés d'ondes &; de
taches bien foncées. Le père & la mère prennent
également foin des petits. Pendant l'incubation , le
mâle demeure fouvent couché près de la femelle, &
ils paffent réciproquement leur bec fur le dos l'un
de l'autre , ce qui ell probablement chez eux une
marque de tendreffe. Les petits quittent le nid fort
peu de temps après être éclos. Ces oifeaux ne font
entendre le cri qui leur efl particulier que dans le
temps de leurs amours ; car les bkajfcs font muettes
le refte de l'année. Si le vol de cet oifeau paroît
rapide , il n'eft ni élevé , ni foutenu ; il bat des ailes
avec bruit en partant , file ou fait le crochet , fui-
vant le Heu d'où il s'eft levé , s'abat bientôt comme
une màfle abandonnée à fon poids; après fa chute,
il trotte à terre avec une grande vîtefîe , & efl déjà
bien loin du Chaffeur à Pinftant où il l'apperçoit. Au
refle la hécajjl ell d'un naturel obtus , prefque fhi-
pide , &: l'efpece de cet oifeau eil: généralement
répandue dans l'un & l'autre Continent. La chair
de la bicajfc efl: noire , mais excellente & nourrif-
fante ; auiïi cet oifeau efl-il très-connu fur nos tables.
Autant l'homme en aime le fumet & la faveur ,
autant fon odeur &: fon goût déplaifent-ils aux chiens ;
ils répugnent à la rapporter : on n'y peut guère
accoutumer que les chiens barbets , & tous reiufent
d'en manger la chair.
On diflingue plufieurs variétés de bicajfc. On a
vu, pendant quelques années , au Café de Southampton^
i4i BEC
me de la Chancellerie à Londres , une hécajfe Manche
confervée dans une boîte de verre. Son bec étoit
jaunâtre, ainfi que fes jambes & fes pieds.
La bccajjl efl la bicade de la Guienne , &: le vldecoq
de plufieurs autres Contrées.
BÉCASSE DE MER , VOye^ HuiTRIER.
BÉCASSE ÉPINEUSE. Coquillage univalve, cannelé &
tubercule , que les Conchyliologiiles eiliment appar-
tenir au genre des Pourpres, Voyez ce mot.
La bécaffe èpineufe eil très-fragile , fa bouche ovale
eil bordée d'un liferé couleur de chair vive. Sa robe
efi grife &: fauve; elle eft armée, tout le long de fa
queue , d'un grand nombre d'épines courbées ôc arran-
gées en dents de peigne par quatre compartimens :
il y en a une efpece qui n'a point d'épines , & que
l'on nomme feulement tête de bécajfe.
BÉCASSE d'arbre. Voyci ^ l'article Huppe.
BÉCASSE des Sav ANNES , pi, enl. 895. Sorte de bkaff'c
qui fe trouve très-communément à Cayenne; elle efl
près d'un tiers plus petite que celle d'Europe , mais
fa chair eil: auïïi bonne , & fon bec eli plus long.
Son plumage eil d'un brun-rouflatre , varié ou rayé
de noir, fur-tout à la tête; le haut de la gorge efl
blanchâtre. Cette bka[fe n'habite que les lieux les plus
bas des favannes ou prairies qui ne font pas noyées.
Elles vont par paires , font pluiieurs pontes de deux
œufs , nichent fur des tertres , dans des trous tapiffés
d'herbes feches : elles fuient les bois.
BÉCASSE , ( poiffon ) Centrifcus Scolopax , Linn. A
Gcnes , Trombata ; à Rome , Foffietta. Poilfon du genre
du Centr'ifque, Il efl long de quatre pouces ; fon muïèau ,
efpece de trompe très - alongée , eil: compofé d'un
os fmiple , large vers la tête, droit, étroit par le bout,
terminé par un orifice recouvert d'un opercule qui
tient à la partie inférieure , & qui s'élève pour fermer
l'entrée de la trompe , & s'abaifTe pour l'ouvrir. La
relTcmblaiice vague qu'un premier coup d'oeil a indi*
BEC 143
qiiée entre cette partie & celle qui lui correfpond
dans certains animaux , a fait donner à ce poitibn ,
félon les pays , les noms ^cUphant &c de hécaffe .
D'autres rapprochemens ont produit les dénominations
populaires de JcuJIa &C de trompuu.
Le corps de ce poiilon eil: comprimé, large d'un
pouce , couvert d'ccailles rudes ; les yeux grands ;
les iris blancs , nues de rouge ; le devant du ventre
en forme de tranchant aigu ; les deux nageoires dor-
fales; la première confiile en une arête trts-longue,
très-forte, & articulée; elle s'abaifle vk le relevé;
elle eft dentée fur les côtés : autour de cette arcte
font trois autres petites ; la deuxième nageoire dorfale
a douze rayons; les pedorales en ont quatorze; celle
de l'anus en a dix - huit ; la queue eft légèrement
fourchue; au lieu des nageoires abdominales fe trou-
vent deux dents comme offeufes, &: au-dcilbus une
troifieme dent , plus longue que les autres.
On préfume que ce poiffon efl: le même que le
Balaou , qui fe trouve abondamment à la Martinique ,
ôc qui eft bon à manger; il fe laifl'e facilement prendre
à la lueur d'un flamibeau , avec de petites foênes garnies
d'hameçons redreffés ou d'un rets autour d'un cercle.
BÉCASSEAU , Trin^a , (quelques Auteurs l'ont non>
mé C indus , & d'autres Glanola ). Nom donné à un
genre d'oifeau différent de celui de la bécajjl , 6l dont on
diflingue plufieurs efpeces. Le caraâere du bUaffeau
efl d'avoir quatre doigts à chaque pied, trois devant
& un derrière, le bec d'un vert obfcur, croit juf-
qu'au milieu de la longueur un peu obtus , & légère-
ment courbé vers la pointe.
Le bécajfeaîi vulgaire , pi. enL 843 , Gui perte aufîl
le nom de cul-blanc ^pied-vert , pive:te ^Jiffl^jjon ,a les
pieds verts , le corps bmn tacheté de blanc , le cou
cendré tacheté de brun , ck eft de la grofîeiLr du pluvier
doré. Les ailes étant croifées font prefoue de la lon-
gueur de la queue j les pieds font verdâtres 6c les
144 BEC
ongles noirâtres : ce bécajfcau fe plaît 'dans les lieux
pailîbles & iblitaires , excepté dans les temps de l'ap-
pariement; alors le mâle & la femelle vont de com-
paonie ; mais on ignore en quels lieux ils font leur
j3onte. Ils fréquentent ordinairement , pendant la fin de
l'Eté & l'Automne , les bords découverts ëc fableux
des rivières &: des ruilleaux ; cet oifeau fe nourrit de
vers & de différentes efpeces d'infedes qui vivent dans
i'eau ou en peuplent les bords ; il les prend à la
courfe ou au vol ; il entre aifez fouvent dans Peau ,
& on l'y voit faifir fa proie ; il court légèrement &:
avec grâce , en balançant fouvent la queue ; il rafe
en volant la furface de l'eau ; fon cri n'eft pas défa-
gréable. Les bicajfcaux n'ont de rixes entre eux qu'à
la découverte d'une proie ou plus abondante , ou pour
laquelle ils ont un goût plus décidé.
BECASSINE , pL ml, 883 , en latin Gallinago
mïnor. Oifeau de paffage , de la groffeur à-peu-prés
de la caille , remarquable par la longueur de fon bec
qui a près de trois pouces. Les plumes du dos de cet
oifeau font de la couleur de celles de l'alouette ; le
dellous de la gorge & des ailes elf blanc Ôc entremêlé
agréablement de noir dans plufieurs endroits. L'iris des
yeux ell de couleur de noifette , les pattes font d'un
vert pâle , les doigts font longs & féparés dès leur
naiflance. La bkafjim eft du genre de la bécajfc.
Ces oifeaux nous arrivent de l'Allemagne en Au-
tomne 5 &: s'en retournent au Printemps : ils vivent
afléz folitaires , & habitent les prairies balles , les lieux
marécageux : ils fe plaifent fur les bords des petites
mares d'eau , ou dans les herbages & les plants d'ofiers
qui bordent les rivières , où ils cherchent des vers
& d'autres infedes à l'aide de leur bec. Ils nichent
quelquefois dans les parties les moins acceffibles de
nos marais ; ils placent leur nid au pied des faules
ou des aunes ; ce nid efl conllruit d'herbes feches ,
àc garni de plumes à l'intérieur. La femelle pond
quatre
BEC 14^
t[uatfe où cinq œufs blancs tiquetés ck rouge. Lorfqué
k bkajjinz prend Ion efîbr , elle jette un petit cri :
€lle eft fort diiîicile à tirer , à moins qu'on ne choiiifle
l'inflant où elle vole en ligne droite ; car fon vol eft
k plus communément îrèi-fiaueux , c'eil-à-dire , en
crochet.
L'efpece de la hkajjim ell très-rcpandue flir les terres
<ies deux Continens. On en voit beaucoup dans les
parties Méridionales de la France. Elles font très-
communes en Hollande depuis le mois de Décembre
jufqu'à l'entrée du Printemps. Celle du Cap de Bonne-
Efpérance , pL ml, 270 , a en quelque forte le plumage
du geai ; celle de Madagafcar , pL enl. ^"i-^L ^ eft de la
groffeur <le la nôtre , mais elle a le bec beaucoup plus
court &: les jambes moins longues ; celle de la Chine ,
pL e?îL 881 , a le plumage fuperieur rayé ou moucheté
de brun , de noir , de blanc & de jaimâtre , fur un
fond gris-bleuâtre ; l'inférieur eft blanc ou blanchâtre,
cependant le haut de la poitrine offre une large bande
noire. Celle de Madras a le plumage de la perdrix , &
le doigt poflérieur eft auiîi long que ceux de devant.
La hkajjîn-z d'Angleterre ou d'Écofle a au contraire le
doigt poilérieur fort coiu-t. C'elt le dunlin des Anglois ,
ou la brwutu, La blcajfim de favannc , ou de Cayenne ,
efl im peu plus groiie que la nôtre. A l égard de la
bécafjhie blanche , Voyez Chevalier blanc, La bccajjîne. eft
im mets délicat & fort recherché.
La petite bkajjîne proprement dite , pi. enl, 884 ,"
ri*eft pas li répandue que la grande bkajjim ; elle fô
tient cachée fous les joncs & les plantes aquatiques ;
elle ne quitte pas nos marais ^ elle y niche ; fa chair
ell aulU très - eilimée ; les Chafleurs l'appellent la
fourde , par ce. qu'elle reife obflinément à terre , malgré
îe bruit qu'on fait en venant à elle ; fon vol eil
moins rapide . & moins finueux. Les Pourvoyeurs &
les Traiteurs à Paris lui donnent improprement le nom
de bkajfcau.
Tome 11^ K
t46 .BEC
BECCABUNêfA , Vcronica aquatlca. Cette planté
eft une véronique aquatique qtii croît fur le bord des
niifTeaux. On en diltinge deux efpeces :
' La première eft la Véronique crejjonnée , Veronica,
Bcccabunga y Linn. 1 6 ; Vcronica aquatica major folio
fubrotundû , Morif. Hifî. Oxon. Part, i , 322 ; c'eft le
Beccabunga à feuilles rondes. Ses racines font vivaces ,
fîbreufes , blanches &: rampantes ; fes tiges font un peu
couchées fur terre , ^stendres , cylindriques , rougeâtres
& branchues. Ses feuilles font très-liifes , d'un vert
foncé , épaiffes , ovales , arrondies , oppofées deux à
^eux. Des nœuds des tiges s'élèvent des pédicules
branchus portant quelques fleurs bleues , fort jolies ,
en rofette , découpées en quatre parties , dont il y en
a toujours une plus petite ; caradere diftin£lif des
véroniques : le fruit a la figure d'un cœur. On fait
im grand ufage de cette plante , ainfi que de l'autre
efpece qui efl plus petite : on les préfère à toutes les
autres plantes antifcorbutiques , parce qu'elles font
moins acres. Mangée en falade comme le crefTon de
fontaine , elle efl très-utile aux tempéramens fecs &
chauds.
La deuxième efpece eft le Bcccabunga à feuilles
longues , Vcronica aquatica , major , folio oblongo ,
Morif. ibid. 323; Vcronica anagallis ,lÀnn. 16; on
l'appelle aufTi Véronique mouronnéc. Elle diffère peu de
la précédente ; fes tiges font plus droites , mais fes
feuilles font étroites ^l pointues.
"V BECCARD. Voyei à l'article SAUMON.
BECHARU. Hifi. de l'Acad, toni. lîl. C'efl le Fia--
mant de M. Briffon , ou le Flambant de Belon ; le
Flamant d'Amérique des pL cnL 63 ; le Phénicoptere ^
en latLn Phœnicoptcrus ; en anglois Flamingo : les Habi-
tans de la Guiane l'appellent Tococo. M. Mauduyt dit
que le mot phénicoptôre dérivé du nom que les Grecs
avoient donné à l'oifeau que nous nommons aujcur-*
à'h\xi flambant çu flamant^ fignifie , feloii ion étymo-j
BEC î^'7
îogîe 5 ci/eau aux ailes de jlamtiu , & peînt bien le
phénicoptere , dont les ailes font en effet d'un rouge
très-vif. Le nom de becharu lui a été donné à caufe
de la figure particulière de fon bec , qui eft recourbé
comme le manche d une charrue.
Cet oifeau eil feul de fon efpece , & compofe lui feul
un genre particulier : fes caraâeres font quatre doigts ,
dont les trois antérieurs fe trouvent joints enfemble
par des membranes entières , le polîérieur efî féparé ;
les jambes avancées vers le milieu du corps , hors de
l'abdomen , 6c plus longues que le corps ; le bec affez
gros , dentelé , courbé en en-bas vers le milieu de fa
longueur ; la mandibule inférieure plus large que la
fupérieure ; la partie inférieure des jambes (^àts cuiffes)
dégarnie de plumes.
Le becharu ou phénlcoptere a le corps peu épais ,
les jambes & le cou menus & exceffivement longs.
Cette difpofition & la forme fmguliere de fon bec le
rendent un oifeau en quelque forte bizarre , mais dis-
tingué par la beauté de fon plumage ; il a les pieds
palmés , quoiqu'il ne nage pas &: qu'il ne fréquente
que les rivages. Les phznïcoptercs différent beaucoup
pour la taille & même pour le plumage. M. Maudayt
dit que ceux qu'on voit le plus ordinairement ont
quatre pieds quelques pouces du bout du bec à celui
de la queue , &: environ fix pieds jufqu'à l'extrémité
des doigts : ils ne font guère plus gros que VoU
dojnejîiqiie'^ leur envergure efl de cinq pieds quelques
pouces , & les ailes pliées s'étendent jufqu'au bout de la
queue ; les yeux font petits ; l'iris ordinairement rouge :
tout le plumage , pourfuit M. Mauduyt , efl d'un
très-beau rouge , plus vif cependant fur les ailes ,
excepté les grandes pennes qui font noires ; le bec ,
îa partie nue des cuiiTes, les jambes, les doigts, leurs
membranes & les ongles font rouges ; mais le bec eft
noir par le bout.
li ffiut obfervcr que ^ dans la première année , îe-§
'Kl
148 ^ E C
phcnicoptcres ont le plumage varié de blanc & de grïs J
excepté les grandes pennes de l'aile qui font déjà noi-
res ; le bec & les pieds font gris : dans la ieconde
année , la tête , la gorge & tout le corps font d'un
blanc animé par une teinte couleur de rôle ; les grandes
pennes de l'aile font noires ; les plumes fcapulaires
& les couvertures des ailes font d'un rouge aflezvif,
& Ce^ alors que cet oifeau mérite vraiment l'épithete
( aux ailes de fiarmm ) que les Grecs lui avoient donnée ;
il a le bec & les pieds jaunes , ou d'un jaune - rou-
geâtre avec l'extrémité d'un bleu -noirâtre : ce n'efl
qu'à la troifieme année que le pkénicopterc devient tout
rouge , &: tel que nous l'avons décrit d'abord ; &:
comme il y a de ces oifeaux d'un rouge plus vif les
uns que les autres , il eil très-probable que ce font
les mâles qui font les plus fortement colorés ; l'Or-
nithologiile , que nous citons , a obfervé que tous les
phénicoptzrcs qui nous viennent d'Amérique , ont le
plumage de tout le corps d'un rouge plus uniforme &
plus foncé que ceux qifi nous font apportés de l'an^
cien Continent ; le corps de ces derniers efl d'un
rouge-rofe vif, &: les ailes couleur de ponceau : ceux
d'Amérique font aufîi , en général , un peu plus grands
que ceux du vieux Monde ; au refte , les dilférens/7/zti-
nicopteres font tous de la même efpece , &: les diffé-
rences qu'on remarque entre eux ne tiennent qu'à des
circonflances locales &: dépendantes probablement du
climat ; ajoutons , de l'âge & du fexe.
M. Mauduyt dit que le phèiiicopt^re habite en général
les Contrées du Midi : on le trouve dans l'ancien
Continent , depuis les bords de la Méditerranée ,
jufqu'à la pointe la plus auHrale de l'A.frique ; les
Côtes qu'il fréquente en Europe , font celles d'Ef-
pagne , d'Italie , de Provence , de Languedoc , parti-
culièrement vers Montpellier & Martigues , &, les
marais près d'Arles. Ces oifeaux font très-communs
fur toutes les Côt*s Occidentales de l'Afrique ; on les
BEC 149
connoît en Amérique , à Cuba, à la Côte de Vénézula ,
aux Ifles de Bahama , à Saint-Domingue , aux Antilles ,
à la Guiane , au Pérou , au Chili, &c.
Le Père Labat dit que , près de Gefines , eft ua
village habité par des Nègres , où ces oifeaux font
regardés comme facrés ; ils s'y raffemblent par milliers ,
fur les arbres , & y font un bruit qu'on entend d'un
quart de lieue : malheur à un étranger qui feroit fur-
pris , par ces Nègres fuperflitieux , à tuer un de ces
oifeaux facrés , ils en vengeroient l'injure &C la mort.
Ces oifeaux font voyageurs , mais feulement entre
les latitudes méridionales ; ceux que l'on voit quel-
quefois dans l'intérieur des terres & dans les Régions
Septentrionales , font égarés 6c hors de leur route. Ils
volent fouvent en troupes très-nombreufes , & quel-
quefois ils voyagent feuls ; ils font leurs nids fur les
terres baffes 6c noyées ; ce font des amas d'une ten-e
glaifeufe , relevés d'environ vingt pouces ; ils ont la
forme d'un cône tronqué , dont la bafe , qui a ua
pied & demi de diamètre , refte plongée dans l'eau ,
èc dont le fommet , à fec & defféché , creux ôc dé-
primé , reçoit immédiatement les œufs , fans aucune
fub fiance intermédiaire. Au rapport des Voyageurs ,
la femelle couve fes œufs , les jambes pendantes 6c
tombantes dans l'eau , comme un homme affis ou à
califourchon fur un tabouret ; la ponte efl de deux ou
trois œufs , blancs , gros comme ceux de Voie , un peu-
plus alongés ; les petits , peu de jours après leur naif-
fance , courent avec une linguliere vîteffe , mais ils ne
volent que quand ils ont acquis à-peu-près toute leur
grandeur.
Ces oifeaux fe nourriffent de coquillages , de frai de
poiffons , d'infedes aquatiques ; ils cherchent leurs ali-
mens en enfonçant leur bec dans la vafe , & en la
remuant continuellement avec leurs pieds , qu'ils agi-
tent en les levant & les baiffant fans ceffe : ils man-
jgent auffi du poiffon , & les dentelures de leur beg
îjo BEC
leur fervent également à faifir &c retenir tous lès alî-
mens qui leur font propres.
Ces oifeaux , en cherchant & faififfant leur picorée ,
remuent ça & là leur tête , mettent le defiiis du bout
du bec à plate terre , &: leur cou femble ie tordre.
Le bec linguher du phmicoptcre a mérité l'attention de
plufieurs favans Naturalises & d'Anatomilîes habiles ,
ïans qu'ils Ibient d'accord laquelle de la portion fupé-
rieure du bec , ou de l'inférieure , efl mobile , 6c laquelle
efl immobile ; c'efl: encore , dit M. Mauduyt , un
point à éclaircir dans l'hifîoire de cet oifeau fmgulier
& unique dans fon genre. Les plièiiïccpurcs s'éloignent
fort peu des rivages de la mer , & ne fréquentent guère
ceux des fleuves qu'à leur embouchure ; foit qu'ils pè-
chent ou qu'ils fe rcpofent fur la plage , ils ont l'ha-
bitude , quand ils font en troupe , ce qui efl le plus
ordinaire , de fe ranger , \ts jeunes & les vieux mêlés,
fur une feule file: m.ais , comme ils font tres-méfîans,
il relie toujours quelqu'un d'eux pour faire fentinelle ,
examiner ce qui fe pafîe , & au befoin , donner l'alarme
par un cri ailez ienibîable au fon d'une trompette :
alors toute la troupe , voyant le danger de refrcr
plus long-teînps dans cette liation , prend fon vol , en
obfei-v-ant un ordre femblable à celui des ^rucs. Si
cependant on peut les approcher en fe cachant, & que
l'on en tue \\\\ à coup de fufil , il arrive quelquefois
eue les autres , faifis d'étonnement , prennent difficile-
ment leur eiibr. On prétend que , comme les grues ^
les phênlcopures dorment , en Europe , les pieds pofés
a terre fur un pied.
Le phinicopure , quoique très-fauvage , ou peut-
être très - craintif dans l'état de liberté , s'apprivoife
affez facilement , fur-tout étant pris jeune ; mais il a
de^ la peine à s'accoutumer à nos cUmats , dans les
ménageries où il languit & vit peu de temps : dans
quelque pays qu'on le retienne captif, il refufe de fe
reproduire. ; il y a apparence que le défaut d'alimens^
BEC ijt
convenables lui nuit autant en domeflicité dans nos
contrées , que la température du climat ; il trempe
dans l'eau le pain dont on le nourrit , 6c il mange
plus de nuit que de jour.
En Amérique , les Indiens tirent parti du beau
plumage de cet oifeau ; ils en font des colliers , des
bonnets ou tours de tête , des ceintures & autres
atours dont ils fe parent très-fouvent. On peut em-
ployer le duvet de ces oifeaux aux mêmes ufages
que celui du cygne. Les Anciens regardoient la chair
du phinicc'ptere , encore jeune , comme un mets fort
exquis , &: c'eit encore le fentiment de plufieurs Voya-
geurs ; fa langue , dit-on , a un goût de moelle de
bœuf; on en fervoit affez communément fur la table
du Prince Héliogabale, Cependant à Montpellier , où
l'on tue quelquefois de ces oifeaux , ils font peu efti-
més comme comeilible ; mais la diverfité des climats
& de la nourriture peut apporter beaucoup de diffé-
rence à cet égard.
On trouve , dans les Mêm. de VAcad, des Sciences ,
tom. III, part 3 , page 43 , la defcription anatomique
du phénicoptcre ou bécharu,
BECHE ou Coupe-bourgeon. Foyci fon article^ à
la fuite du mot Lisette.
BECHET & Becquet. Dans le Maine & l'Anjou,
c'eft le Brochet. On l'a nommé ainfi à caufe de fon
long bec.
BECMARE , PJiinomacer, ïnfeéle coléoptere qui ref-
femble au charançon : il n'en diffère que par (qs antennes
qui font toutes droites , & leurs articles qui font
prefque tout aufîi longs les uns que les autres. Au
bout de la trompe on obferve les mâchoires de l'in-
fefte , qui font fort petites. On trouve le htcmare fur
les fleurs , le chardon , le charme ôc dans les bois.
BECONGUILLES. Voye^ Ipécacuanha.
BECOT & Becquerolle. Noms triviaux donnés
à la petite hécajjine. Le bccqucbo efl le pic-vert^
K 4
iji BEC B E G
BECQUE-FLEUR ou Quindé. Nom donné aii
Pérou à une efpece de colibri. Voyez ce mot,
BEC UNE. Il eil: à préfumer que l'animal de mer
déligné fous ce nom par quelques Voyageurs , eft ,
ou une efpece de requin , ou Vefpadon.
BEDAUDE. Efpece de chenille épineufe qui fe
trouve lur l'orme , fui* quelques autres plantes , év: que
l'on nomme ainfi, parce qu'elle eft habillée de deux
couleurs. Sa partie antérieure eft d'un cannelle clair , &
le refle du defTus de fon corps eft d'un blanc-jau-
nâtre. Elle fe change en un papillon roux, tacheté
de noir, & à qui la découpure linguliere de fes ailes
a fait donner , dit M. DeUuic , le nom de Robert U
diable , & qui efl décrit fous le nom de double c. Voyez
ce mot. Il y a aufîi la cigale bédaude. Voyez à l'article
Cigale.
On a donné encore le nom de bédaude à la corneille
mantdu. Voyez r art: de C0P.NEILLE.
BEDEGUAR ou Eponge d'Eglantier. Voyei à
tarticlz RosiER.
BEEKBOK. Voyei ^ l'article Nagor.
BÉFROI. Oifeau du genre des Fourmiliers , & du
genre XXII.* de M. Briffon. On en diftingue deux
efpeces , l'une grande & l'autre petite &: gTivelée;
on les trouve à la Guiane. Le béfroi , grand , a envi-
ron fix pouces & demi de longueur ; le deilus du corps
d'un brun pâle , le deflbus ell blanc ; le bec efl noir
en deilus , blanchâtre en defîbus ; les pieds & les
ongles d'une couleur plombée. Cet oifeau a une voix
tres-forte , femblable au fon d'une cloche qui fonne
l'alarme. Son chant , qui offre des fons précipités ,
fe tait entendre foir & matin , pendant v^xiç. heure ,
6c on le diflingue de très-loin. PL enl. 823 &: 706.
BEGONE , Bégonia. Genre de plante à fleurs in-
complètes & irrégulieres , qui comprend des herbes
exotiques , qui , par leur port &: leur faveur , femblent
fe rapprocher des ofeilles. Les fleurs font ordinairer
B E H 1^5
ment toutes tlmfexiielles , ôc de deux fortes fur chaque
individu.
Il y a la bigone à racine tubéreufe des Indes Orien-
tales ; la bégom à tiges rougeâtres du Malabar ; c'eft
le Tsjeria-nannampuLi , Rheed. Mal. Il y en a une
variété dans l'Ille de Bourbon ; on l'y appelle ofeillô
fauvage. La bégom à feuilles velues de la Guiane ;
c'efl Vherbe à klmuffun. Voyez u mot. Les Colons
l'appellent ofdlk des bols. Ses feuilles font couvertes de
poils courts ; elles ont un côté plus large &: plus long
que l'autre, & font veinées de rouge ; les fleurs mâles
font fur un pied , & les femelles fur un autre. La
hégond à feuilles liffes ; on la trouve fur les troncs des
vieux arbres , dans la Guiane. La iégone rampante de
Saint-Domingue ; elle croît dans le voifmage des ruif-
feaux. La hégonc à grandes feuilles de la Martinique ;
la bêgone à feuilles rondes ; elle fe trouve attachée
aux rochers ou aux troncs d'arbres dans l'Amérique
Méridionale. La begmc à fleurs violettes de l'Amérique,
La bégone ferrugineufe de la Nouvelle Grenade ; le
deffous de fes feuilles eil muni de petites écailles colo-
rées ; les fleurs font monoïques &: de couleur de fang.
BEHEMOT. On foupçonne que cet animal, grand,
puiflant , formidable , dont Job a parlé , efl le cheval
de rivière appelé hippopotame. Voyez ce mot. Peut-être
le behemot n'efl-il autre chofe que la vache marine -^
car on prétend que les os fofTiles qui fe trouvent en
Rufîie & en d'autres Contrées du Nord , font àts
dents d'un bel ivoire. Les Turcs &; les Perfans font
des manches de poignard & des poignées de fabre
avec cet ivoire, qui peut foufrrir le poli. Tout ceci
convient fort aux deux grandes dents de la vachs,
marine 6c à celles de Véléphant, Voyez ces mots 6c
celui YvOIRE FOSSILE.
BÉHEN. C'efl une racine dont il y a deux efpeces,
l'une blanche & l'autre rouge. Il y a en grande diver-
iité de fentimens au fujet de cette racine, que les uns
1-^4 B E H
attribiioient à une plante d'une efpece, les autres à
une autre. L'illuftre Tourne/on a rapporté de l'Orient
la Icmence d'une plante qu'il a lemée au Jardin du Roi
fous le nom de jacé: Orientale^ qui porte des feuilles
femblables à celles du carthamc , &: des fleurs jaunes :
on a reconnu cette plante pour être celle qui donne
le bèhcn blanc ries Arabes , Jacca Orkntalls panda ,
carthami fade ^ flore luteo magno^ Tourn. Cor. 32. L'ori-
gine du béhen rouge n'efl point encore connue. On
fait prëfentement peu d'ufage de ces racines, quoique
les Arabes difent qu'elles fortifient, engraiffent & aug-
mentent la fenience. L'une & l'autre nous viennent du
Levant. M. HalUr rapporte que le favant M. Hyde
donne , dans fon livre fur la religion des Perfes , deux
figures des deux béhens qui ne permettent pas de les
placer parmi les jades, C'eft plutôt une valériane ou
quelque autre plante à petites fleurs pentapétoïdes y
rangées en ombelles. M. de Tonmefort n'ctoit paS affez
inftruit dans les langues Orientales pour faiiir le fens
des Auteurs Arabes.
T>QS Botanifles défignent ainfi le bmen rouge ^ Valc*
rianœ rubrœ Jîmilïs pro Limonio mljja^ Dod. Pempt. 351;
Limonium Maridmum majus ^ C. B. Pin. 192 ; Limonium
majus miiltïs , alus Behcn rubrum , J. B. 3 , app. 876.
Ils ont ainfî déiigné le béen ou béhen blanc des jardins ,
Lychnis fylvcjîris^ quce Behen album vulgo , Tourn. 335,
C. B. Pin. 20^ ; Been album cffxïnar, J. B. 3 , 356; Been
album fîve Polemonium^ Dod. Pempt. 172.
Pour ce qui concerne le Béhen rouge de nos jardins ;
Voye^^ à la fuite de Vartlck Statice.
L'efpece appelée Béhen blanc ou Carnillet , Cucu^
halus Behcn ^ Linn. 591 , eil vivace par la racine. Ses
tiges font longues de deux à trois pieds , noueufes vers
le bas, branchues, étalées, foibles &: garnies de poils
foibles. Ses fleurs font pédunculées, blanchâtres &
pendantes : la corolle eft à cinq pétales écartés; le
calice eft globuleux & veiné : les feuilles font lancéo-
BEI BEL I5Î
îées, cîîgiiës, glabres 5c d'un vert-glauque. Cette efpece
croît naturellement dans les prés fecs, lur le bord
des champs & des chemins. Foye^ Vartick Cucubalf.
' BEÎDELSAR ou Beidel-ossar. Efpece à'apodn
ou plutôt à'afckpias^ dont on fait beaucoup d'ufage
en Afrique contre la fièvre, &: ûir-tout contre la
niorfure des bêtes venimeufes. Les Nègres réduifent
en poudre l'écorce de fa racine, & la mêlent avec
de la poupre de charbon de la même racine : ce mé-
lange eil un excellent caufiique qui ronge les boutons
galeux & vénériens. Voye:( Apocin.
BÉJUCO GRIMPANT, Hippocratea fcandens ^ Linn,
Jacq.; Coafcandens ^fructu trigemino ^fubrotundo ^ Plum. ;
Bejîico pmdulus ^ flonhus pmdïcidatis y Laefl. C'eii un
arbre fannenteux, qui grimpe & fe foutient fur les
arbres qui font près de lui , fans s'entortiller autour
de leur tronc. S^s fleurs font fans odeur, petites, à
cinq pétales, & d'un jaune- verdâtre; les fruits font
compofés de trois capfules obtufes, comprimées ; elles
contiennent chacune environ cinq femences, garnies
d'une aile membraneufe. Les feuilles font oppofées,
ovalaires, légèrement dentées. Cet arbre croît à Saint-
Domingue, à la Martinique, & aux environs de Car-
thagene dans l'Amérique Méridionale.
BEKKER-EL-\YASH. Les Arabes donnent ce nom
au Zehu , petit bœuf à boffe. Voyc^^ AuROCHS & Zebu.
BEL AME, Cliipea Bcclama^ Forsk: Cliipca fetirojîns ^
Broullbnet , Icht, decas prima. Poificn du genre du
dupe. Il fe trouve dans la Mer Pacifique. Son corps
eft comprimé, de la forme d'un fer de lance; entre
îa gueule oC l'anus , ' efl une efpece de dentelure for-
mée par environ vingt- cinq ofTelets pointus , dont
chacun a deux autres ofTelets adjacens qui s'élèvent
en ligne droite ; les écailles font en recouvrement , dif-
pofées fur des lignes obliques , peu adhérentes à la peau ;
la iètt com.primée par les côtés, en forme de carène
^jar-deiTous ; la peau de la tête percée d'une multitude
1^6 ^ .^ L
de trous inégaux; la mâchoire de defTus p^us largué
que celle de defibus; les dents courtes & d'inégale
grandeur ; chaque narine a deux ouvertures ; les yeux
Tont orbiculaires , les paupières noires ; leurs iris ar-
gentés, & nues de vert 6c de rougeâtre, fur -tout vers
le haut ; les opercules argentés ; la nageoire dorfale
a fes rayons mous & flexibles , & les derniers font
fourchus à leur extrémité. Ce poifTon a des nageoires
pedorales , abdominales ; celle de l'anus & celle de la
queue font partagées en deux lobes égaux. La couleur
du dos eft d'un bleu-verdâtre ; les côtés & le ventre
d'un brillant d'argent; les nageoires font blanchâtres.
BÊLEMENT , Balatus. Se dit du cri du bélier , des
brebis , des agneaux & de la chèvre. Quand le petit
de ces efpeces bêU , la mère qui l'entend lui répond.
Les moutons bêlmt beaucoup en fortant le matin de
l'étable , pour aller aux champs , & le foir quand ils
en reviennent, l^oyci Brebis & Chèvre.
BÉLEMNITE. Corps tcfîile, dur, pierreux, cal-
caire , de forme conique , de diverfes grolieurs , 6c que
l'on trouve dans toutes fortes de lits de terr- , de
fable , de marne ou de pierre , prefque toujours accon>^
pagné de coquillages ou autres dépouilles de l'Océan,
Dans toutes les langues on a nommé les hélemnltes
pierres de foudre ou de tonnerre , dans la fauffe luppo-
fition qu'elles étoient formées dans les nues, & qu'elles
tomboient avec la foudre. D'autres les ont nommées
pierres de lynx ^ prétendant qu'elles fe formoient dans
l'urine du lynx. Les Naturalises ne font point d'accord
fur l'origine de ce fofTile : on n'a pas encore prouvé
d'une manière bien décifive, fl c'eft une pétrification
originaire du règne animal. Eft-ce une holothurie fojjile ^
ou une forte à'orthocératite^ ou une pointe d'ourjin
d'une efpece particulière, ou une dent d'animal?
Quant à leur ilruâure , on peut remarquer que
les béUmnites font en général d'une figure fort régu-
lière , quoique de formes différentes entre elles. Les u^c:^
B EL 157
font parfaitement coniques , ou reflfemblent au fer d'une
flèche, les autres prefque cylindriques, & les autres
renflées dans le milieu ou en fufeau , ou comprimées.
(M. V'iaht^ de la Société de Chatons^ en a trouvé près
de cette ville une à deux pointes : l'on en a vu auiîi
deux femblables dans notre Cabinet , qui ont été trou-
vées p'-ès de Caën). Leur longueur efl depuis deux pouces
jufqu'à huit & plus. Leur grolTeur efl: depuis celle
d'une plume à écrire jufqu'à trois ou quatre pouces
de c'^rconférence. Elles ont à leur furface une ou plu-
fieurs cannelures plus ou moins marquées qui régnent
depuis la bafe jufqu'à la pointe. Dans leur intérieur
on obterve un petit tuyau ou (iphon pyramidal , qui
traverfe tout le cône & en fait l'axe, & la matière
paroît difpofée en rayons qui divergent du centre à
la circonférence , ainfi qu'on l'obferve dans celles
qui font cafTées. Elles font aufîi toutes compofées de
couches circulaires, qu'on peut aifément féparer les
unes des autres, en mettant la pierre fur un charbon
ardent ou à la flamme d'une forte bougie , & la plon-
geant enfuite dans de l'eau froide. Alors il en fort
une mauvaife odeur de corne brûlée, ou d'urine de
chat.
C'efl cette conformation organique qui a déterminé
M. Bourguct , dans fes Latres philofophiques fur la fcr^
mation des fels & des criflaux , à regarder les béUmnites
comme les dents de quelques animaux , & particuliè-
rement comme les dents droites du crocodile. M. U
Monnïer , d'après d'autres obfervations , les regarde
comme appartenantes au règne minéral.
Enfin dans le Diclïonnaïre d^Oriclolog'ie , oii l'on
voit une afTez longue differtation fur les béUmnites ,
on les foupçonne d'avoir été la demeure &: l'ou-
vrage d'un polype articulé , olTeux , ôc doué d'un
fiphon.
D'après cet expofé , & la comparaifon du nombre
prodigieux de héUmnlus quç nous ayons pu faire y foit
îj8 BEL
dans les Cabinets , foit en voyageant , nous ferions
tentés de croire que la hclcjnn'm efî: un coquillage droit ,
fans Jplrales y mais chambre & fojjlk ^ d'autant plus que
toutes celles qui font entières ou les mieux confer-
vées 5 ont à leur bafe une cavité de figure conique ,
plus ou moins large & longue ; cette cavité eil fou-
vent vide , & quelquefois pleine de fable ; d'autres fois
aufîî on y trouve une alvéole fort curieiu^e , com-
pofée de petites clôifons ou coupes orbiculaires ,
convexes en defiiis , femblables aux verres des montres
de poche , empilées l'une dans l'autre , & qui , toutes
enfemble , forment un cône fort analogue à Vorthccé-
ratite. Voyez ce mot. Ces coupes femblent commu-
niquer entre elles par un petit fiphon ou canal ,
qui fe prolonge dans toute la longueur de l'axe de la
héUmnitc»
On prétend que la hlkmnite calcinée eft la bafe du
fameiLX remède lithontriptique de Mademoifelle Stcfms
de Londres. Les Allemands la croient bonne contre le
cauchemar.
BELETTE , Bhnnius mujldaris , Linn. Poiflbn du
genre du Blewie ; il fe trouve dans la Mer des Indes.
La première nageoire dorfale n'a que trois rayons ; la
féconde en a environ quarante ; les nageoires peclorales
en ont chacune feize ou dix-fept ; les abdominales
deux; celle de l'anus vingt-huit ou vingt-neuf; celle
de la queue en a environ douze. Cette efpece de hlmnt
n'a point de crête fur la tête.
Belette , Muflda vuLgaris. Joli petit quadrupède ,
d'une forme alongée , très-bas de pattes , & qui femble
fait pour fe gliffer &: s'infmuer dans les plus petites
ouvertures. Son dos & les côtés du corps font de cou-
leur rouffe ; la gorge & le ventre font blancs ; fa tête
efl alongée ; fes oreilles qui font courtes , ont de fm-
gulier que la partie poUérieure de la conque eft dcubie ,
c'eft-à-dire compofée de deux panneaux qui forment une
forte de poçhep dont l'enti'ée çft au bord de 1^ conque.
BEL i^^
Cet anîmaî , qui a ûx dents incifîves à chaque mâ-
choire 6c les doigts onguiculés , eft aufTi commun dans
les pays tempérés &: chauds , qu'il eii rare dans les
climats froids. Comme parmi les l^eUttes ordinaires il
y en a quelques-unes qui , comme V hermine , devien-
nent blanches pendant l'Hiver , même dans notre climat^
cela avoir donné lieu de les confondre , & de les
prendre pour le même animal. Il eli à oblerver que
V hermine , roufTe en Eté , blanche en Hiver , a en tout
temps le bout de la queue noire : la belette au contraire ,
même celle qui blanchit en Hiver , a le bout de la
queue jaune ; & cette queue , ainfi que la corpulence
de la belette , font fenfibîement plus petites. De plus ,
V hermine habite les déferts 6c les bois , & ne fe trouve
qu'en très-petit nombre dans les régions tempérées :
on n'en trouve point vers le Midi ; mais elles font
tr^s-abondantes dans le Nord, /^ojq Hermine.
La belette eft avec l'hermine , la plus petite , mais
non la moins fmguinaire de cette claffe inférieure de
menues bêtes de proie à corps alongé 6c à marche
rampante , furets^ fouines ^ putois ^ qui s'infmuent dans
les colombiers , les poulaillers , dans les volières , 6c
y font les exécutions les plus fanglantes.
La belette eil: fort vive 6c fort agile : en Hiver elle
habite dans les greniers , les granges , les é tables , 6c
fur-tout dans les trous en terre. En Été , elle va à
quelque diiîance des maifons , fur-tout dans les lieux
bas , autour des moulins , le long des ruiffeaux 6c àQS
rivières. Sa rufe la porte à fe cacher dans les builfons
pour attraper de petits oifeaux. La belette , quoique
moins forte que le putois 6c la fouine , puifqu'elle n'a
que fept pouces de longueur , fait néanmoins la guerre
aux volailles, aux pigeons, &c. En eitet , elle eil
le fléau des baifes-cours 6c du gibier. Elle cherche avec
avidité les œufs de poules 6c de pigeons , qu'elle caiTe
pour les fucer. Ce petit animal tue les jeunes poulets
& les petits pouffins ^ 4'uu coup de- dent qu'il leui
i^o BEL
donne à la tête , Se les emporte les uns aprèà les autres
dans ion trou. Il eil tres-triand de cervelle. Il parcourt
les champs & les prairies , dévore les cailles 6c leurs
ceufs. Il eil fi courageux &: li hardi , qu'il attaque des
animaux plus gros que lui , tels que de gros rats d'eau ;
on prétend même qu'il leur donne la chaffe de quelque
efpece qu'ils foient. Il furprend les taupes dans leur
îrou : il efl affez lefle &: affez fin pour attraper des
chauve-fouris 6c des moineaux , 6cc. dont il llice le
fang. Il ne dédaigne point d'attaquer les mulots & les
couleuvres , 6c de lavourer la chair corrompue. II
n'entre point dans les ruches comme le putois 6c la
fouine , n'étant point friand de miel. Dans fes courfes
fanguinaires , la belette ne marche jamais d'un pas égal,
elle ne va qu'en bondiffant par petits fauts inégaux 6c
précipités ; 6c lorfqu'elle veut monter fur un arbre ,
elle fait un bond par lequel elle s'élève tout d'un
coup à plufieurs pieds de hauteur ; elle bondit de même
iorfqu'elle veut attraper un oiiéau. La femelle met bas
au Printemps ; fes portées font de quatre ou cinq petits ,
qu'elle tient dans le foin ou la paille. Lorfqu'elle met
bas dans le creux d'un vieux faule , elle leur prépare
un lit avec de l'herbe , de la paille , des feuilles. Ces
petits naiffent les yeux fermés , mais en peu de temps
ils prennent affez d'accroiifement 6c de force pour fuivre
leur mère à la chalTe.
Cet animal dort les trois quarts du jour , 6c emploie
îa plus grande partie de la nuit à manger ou à chercher
fa proie. Il marche toujours en filence , 6c ne donne
jamais de voix qu'on ne le frappe ; il pouÛe alors un
cri aigre 6c enroué qui exprime la colère ou la dou-
leur. En Été il a une odeur extrêmement forte 6c
défagréable : on dit cependant qu'en fe frottant fur les
arbres il y laiffe une efpece d'humeur onciueufe , qui
fent beaucoup le mufc ; ce qui pourroit être , puifque
l'odeur du mufc elle-même eu tres-défagréable lorf-
qu'elle eil trop concentrée, La kkuc eu ix farouche ,
BEL i6i
fi conftamment fauvage , qu'on ne peut rapprivoifer :
elle s'agite dans fa cage , & cherche à fe cacher ; c'eft
pourquoi , fi on veut la conferver , il faut mettre
dedans un paquet d'étoupes , dans lequel elle puilie fe
fourrer.
A l'égard de la belene Amériquaine à longue queue
& à griffes d'écureuil , Foye^ à Vanïck PoTTO.
La bd-uu de Java , elf le Vansire. Voyti^ ce mot»
La grojfc belette noire du Bréjîl , efl le Tayra. Foye:i^
ce mot.
BELIER , Arles. Ce quadrupède à pied fourchu eft
le mâle de la brebis, il porte le nom à' agneau ( agnus )
dans les premiers temps de fa vie , & prend celui de
mouton (^vervcx") , lorlqu'il a été coupé.
La brebis (ovis) porte auiïi les noms à^agmau & de
mouton dans les mêmes cir confiances. Foye^ Agneau.
On peut dire en quelque forte , que les moutons
font des animaux factices , que l'induftrie humaine a
façonnés pour en tirer plus d'avantages. L'homme a
joui de tout fon empire fur cette efpece d'animal ,
qui 5 fuivant la remarque de M. de Buffon , ne doit ,
pour ainfi dire , fon exiflence qu a la protection qui
lui a été donnée. Sans le fecours de l'homme , cet
animal foible feroit devenu & dévie ndr oit encore la
proie de la voracité des efpeces qui font fes ennemis :
aulîi obferve-t-on que l'on ne trouve point de brebis
fauvages dans les défe rts , tandis qu'on y retrouve les
analogues des diverfes autres efpeces d'animaux domef-
tiques. Nous difons que notre brebis domeflique , telle
qu'elle eil aujourd'hui , ne pourroit fubiifler d'elle-
même , c'ell~à-dire , fans le fecours de Phomme ; mais
il eft également certain que la Nature ne l'a pas pro-
duite auiîi fcible qu'elle l'cfl préfentement : cet animal
a donc dégénéré « il s'ell abâtardi entre nos mains ^ ôC
l'on en peut reconnaître la fouche primitive dans le
moufflon qui fe trouve en RuiFie , en Tartarie, en Perfe^
en Syrie , &c. Foys^ MouFFLON,
Tome IL L
i6i BEL
De tous les animaux quadrupèdes dans î'ctat de
domeliicité , cette efpece eft la plus ftupide ; elle a
moins de rellources & de fentiment que la chevn :
&C ce qui dans les animaux , dit l'illuftre M. de Buffon ,
paroît être le dernier degré de la timidité ou de l'in-
lénfibilité , la brebis fe laiffe enlever fon agneau fans
le défendre , fans s'irriter , fans réfijfter & fans marquer
fa douleur par lui en différent du bêlement ordinaire.
Mais cet animal , ajoute-t-il , fi chétif en lui-même ,
fi dénué de qualités intérieures , tû pour l'homme
J'animai le plus précieux , celui dont l'utilité eil la plus
immédiate 6c la plus étendue ; feul , il peut fufîire aux
befoins de première néceiïité ; il fournit tout à la fois
de quoi fe nourrir & fe vêtir , fans compter les avan-
tages parti cifiiers qu'on fait tirer du iiiif , du lait , de
la peau , &: même des boyaux , àts os & du fumier
de cet animal , auquel il femble que la Nature n'ait
pour ainfi dire rien accordé en propre , rien donné
que pour le rendre à 1'hom.me ; auiii cette efpece cil-
elle immolée à nos befoins.
Il n'y a que l'amour , dit M. de Buffon , qui dans les
animaux eii: le fentiment le plus vif oc le plus général ,
qui femble donner quelque vivacité ôc quelque mou-
vement au bclier : lorfqu'il ell: en rut , il devient pétu-
lant , il fe bat , il s'élance contre les autres béuers ;
quelquefois même il attaque fon Berger. Mais la brebis
quoique en chaleur , n'en paroît pas plus animée , pas
plus émue : elle n'a d'inftind qu'autant qu'il en faut
pour ne pas refiifer les approches du mâle , pour choifir
fa nourriture , & pour reconnoître fon agneau. L'inftin£t
eft d'autant plus sûr , qu'il efî plus machinal , 6c , pour
ainli dire , plus inné. Le jeune agneau cherche lui-
même dans un nombreux troupeau , trouve & faifit
la mamelle de fa mère , fans jamais fe méprendre.
Il y a des efpeces dans la Nature où la femelle peut
également fervir à deux mâles d'efpeces différentes ,
êc produire de tous deux ; la brebis produit aA'ec le
BEL 165
houe aiiffi bien qu'avec le bélier , & produit toujours
des agneaux , des individus de fon eipece ; le bélier^ au
contraire, ne produit point avec la chèvre ; on peut
donc regarder la brebis comme une femelle commune
à deux mâles difFérens , ôc par conféquent elle conftitue
l'efpece indépendamment du mâle. Que de conjedures
fur le croiiement des efpeces s'offrent ici à l'elprit qui
réfléchit ?
Le bélier porte fur la tête des cornes , qui viennent
fe coPxtourner fur le devant en forme de demi-cercle :
elles font aulîi quelquefois contournées en fpirale ,
creufes & ridées. On connoît l'âge du bélier par ces
cornes : elles parolffent dès la première année , fouvent
même dès la naifiance , &: croillent tous les ans d'un
anneau jufqu'à l'extrémité de fa vie. Communément
les brebis n'ont pas de cornes , mais elles ont fur la
tête des proéminences offeufes aux mêmes endroits où
naiffent les cornes des béliers, A un an les béliers , les
brebis 6c les moutons perdent les deux dents de devant
de la mâchoire inférieure ; car ils manquent de dents
incifives à la mâchoire fupérieure. Ils perdent le refte
de leurs premières dents jufqu'à l'âge de trois ans ,
cil elles font remplacées par d'autres qui font égales,
affez blanches , mais qui , à mefure que l'animal vieil-
lit , fe déchaufïent quelquefois , s'émouffent , & de-
viennent inégales 6c noires. Ainfi on juge de l'âge
des moutons par l'état de leurs dents. Ils n'ont d'abord
que huit dents canines à la mâchoire inférieure ; deux
de ces dents font , au bout d'un an , remplacées par des
mâchelieres , quatre à deux ans , fix à trois ans , ôc les
huit enfin à quatre ans. Elles fe foutîennent en bon
état environ un an ; & leur dépériffement fucceilif
indique la fuite de cet âge.
Il y a des béliers qui n'ont point de cornes ; on en
voit beaucoup en Angleterre ; mais ceux qui en ont
paffent pour être plus ardens & plus propres à féconder
les hreh'is. On doit choiiir pour couvrir les brebis^
L i
i(Î4 BEL
& pour fe procurer une belle race , les héliers qui
paroiflent les plus vigoureux 6c les plus propres à la
génération. Tels font ceux dont les teflicules font les
plus gros , qui font les plus garnis de laine dans les
endroits oii il en manque ordinairement. Ils doivent
avoir la tête forte ôc grolTe , le nez camus , le front
large , les yeux noirs 6c gros , les oreilles grandes ,
le corps long 6c élevé , l'encolure 6c le râble large ,
le ventre grand , la queue longue , 6c de belles cornes ,
quoique ces armes les rendent dangereux ou incom-
modes dans un troupeau ; mais pour les empêcher de
daguer , on leur perce les cornes près des oreilles , à
l'endroit où elles fe courbent ; d'autres fois on attache
à la racine des cornes un morceau de planche garni
de pointes de fer tournées du côté du front , qui piquent
l'animal toutes les fois qu'il donne un coup de tête.
Les brebis dont la laine eft la plus abondante , la plus
touffue 5 la plus longue , la plus foyeufe 6c la plus
blanche , font aufTi les meilleures pour la propagation ;
fur-tout fi elles ont en même temps le corps grand ,
le cou épais 6c la démarche légtre. On obferve auffi
que celles qui font plutôt maigres que graffes , pro-
duifent plus sûrement que les autres. La durée la plus
ordinaire des béliers efl de douze à quatorze ans. Cet
animal pourroit engendrer à dix-huit ou vingt-mois ,
mais on ne doit lui permettre de faire uiage de fes
forces qu'à l'âge de trois ans ; ( à deux ans pour les
brebis ; ) un feul peut fafîire à vingt-cinq ou trente
brebis ; 6c par un goût qui doit nous paroître bizarre ,
il s'attache de préférence aux brebis âgées , 6c dédaigne
les jeunes. Au bout de huit ans il n'eft plus guère
propre à la génération de l'efpece. Alors on le bif-
tourne , ( c'eû lui comprimer 6c lui tordre les tefli-
cules , ) afin de le faire engraiffer ; mais fa chair tient
toujours un peu de l'odeur 6c du goût de celle du
bouc. Il n'en efl: pas de même de celle du mouton
qui a fiibi la caûration d^ns fa jeunefle.
BAL i^j'
Quoique la toifon d'un hélkr foit entièrement blan-»
tîie , on prétend qu'il ne produit que des agneaux
tachetés , lorlqu'il a la moindre tache à la langue ou
au palais. On ne voit en France que des moutons
blancs , bruns, noirs & tachetés ; il y en a de roux
en Efpagne , de jaunes en EcoiTe.
La bnhis & les moutons ^ dont le naturel efl fi {im-
pie , font d'un tempérament délicat. Dès qu'ils cou-
rent , ils palpitent , &: font bientôt effoufflés ; la fatigue
les abat; la grande chaleur, l'ardeur du foleil les
incommodent autant que l'humidité y le froid & la
neige : quelquefois ils deviennent boiteux, ou de
lafîîtude , ou parce que leurs ongles font ramollis pour
avoir refté long-temps dans la fiente de l'animal. Les
moutons & les brebis font fujets à la vermine , à la
gale , à la fièvre , à l'enflure , à la difficulté de ref-
pirer, à la morve, à Vavcrtln^ vertige ou étourdif-
fement ( ^ ) , en un mot à un grand nombre de ma-
ladies , dont la plupart font contagleufes. Les mauvaifes
herbes qu'ils peuvent rencontrer dans les pâturages y
contribuent beaucoup ; notamment la crapaudine &
une efpece de renoncule, appelée par les Payfans douve j^,
& par les Botaniftes , Ranunculus longifolius palujlrïs ,
( Gafp. Bauh. Pin. ); cependant la crapaudine, T^^m^w,
ne leur eft point encore li dangereufe que cette efpece
de renoncule. Les moutons font quelquefois tourmen-
tés par un infefte qui dépofe fes œufs dans leur nez,
C'eft un Oîjïre. Voyez l'article MouCHE DES VERS.
BU NEZ DES Moutons,
Les Bergers appellent du nom de claveau ou cla^
velée , ou clavin , une maladie qui fait beaucoup de
ravage parmi les brebis ; c'efl: une efpece de petite
vérole qui eu beaucoup moins dangereufe dans le
(a) M. l'Abbé Fontana dit qu'il fe trouve une vefTie au cerveau ^
dans le côté oppofé à celui fur lequel les moutons ^ dans leur accès de
folie, tombent; c'eft une efpece d'hydatid» remplie d'une lymphe partie.
euUere, & dans laquelle fe trouvent des vers oviformes.
L5
i66 BEL
printemps & l'automne qu'en été & en hiver. Cette
maladie fe manifefle par des puftuîes ou boutons qui
s'élèvent fur tout le corps de l'animal , & principa*
îement fur les parties dénuées de laine. L'éruption eiî
retardée ou accélérée félon la température de l'air ,
la force & l'âge des bêtes , & que le troupeau eft
pli; s ou moins nombreux. En un mot , les périodes
& les circonflances de cette maladie ont beaucoup de
reffemblance avec ceux de la petite vérole qui affefte
les hommes. Confultez le Traité intitulé : Médecine
des Bêtes à laine. Il paroît que l'air eft le véhicule de
ce venin contagieux , de même que dans la plupart des
maladies épidémiques ou épizootiques. En effet , une
brebis attaquée du virus variolique, communique très
rapidement ce mal à tout un troupeau. Une obfer-
vation bien digne de remarque, c'eft que tous les
agne aux qui naiflent de brebis infeftées , ne font point
attaqués, même en tétant leur mère durant tout le
cours de la maladie. Ces agneaux n'auroient - ils pas
eu la maladie dans le ventre de la mère ? Dès que le
clavin fe manifefte , la brebis devient trifte & lan-
guiffante ; il faut aufTi-tôt la mettre dans une étable à
part 5 valle , plus aérée en été qu'en hiver. Il faut
faire prendre du foufrc ou de Vajfa fœtida en poudre
à l'animal , à la dofe d'une demi-once mêlée avec du
fon & un peu de fel marin. L'un de ces remèdes agit
par tranfpiration , & l'autre par les urines. Il faut auiîi
faire ufage d'un feton enduit de bafiUcum, On propofe
aujourd'hui d'inoculer le clavin à l'inflar de l'inocula-
tion de la petite vérole.
La faifon de la chaleur des hrehis eft depuis le
commencement de Novembre jufqu'à la fin d'Avril.
Cependant elles ne laifTent pas de concevoir en tout
temps , fi on leur donne , auffi-bien qu'au hélicr , des
nourritures qui les échauffent, comme de l'eau falée
& du pain de chenevis. Elles portent cinq mois , &
mettent bas au commencement du fixieme : elles ne
BEL i6y
prodiilfent ordinairement qu'un agneau , & quelquefois
àtwK, Dans les climats chauds elles peuvent produire
deux fois par an ; mais en France & dans les pays
plus froids , elles ne produifent qunne fois par année.
Pendant les premiers jours qui fui vent la fécondation ,
l'œuf d'une hnhis , dit M. de Halhr ^ ( Mémoires dz
r Académie des Sciences , année ijdo^ , ) paroît ne ren-
fermer qu'une efpece de lymphe ; il eit encore gélati-
neux le dix-feptieme jour. Après ce terme , l'on diilin*
gue fort bien le fœtus enveloppé de fes membranes.
Sa longueur eft d'environ trois lignes. Il avoit donc
pris un accroiffement conhdérable fous la forme de
fluide , & enfuite fous celle de gelée ; mais fa tranf-
parence ne permettoit pas de le reconnoître.
Les brebis mettent bas difficilement : auffi eft - on
fouvent obligé d'aider à leur accouchement ; elles font
fujettes à fe bleifer, à avorter fréquemment ; elles devien-
nent quelquefois llériles , & il n'efl pas rare qu'elles
fajffent des monftres ; auiîi demandent-elles beaucoup
plus de foins qu'aucun des autres animaux domeftiques.
On ne îaiiTe point teter à l'agneau le premier lait
contenu dans les mamelles de fa mère , parce que ce
lait , dit-on , efl: gâté , & feroit beaucoup de mal à
l'agneau ; mais c'eil une erreur.
La brebis a du lait pendant fept ou huit mois , &
en grande abondance. Ce lait efl une alTez bonne nour-
riture pour les enfans & les gens de la campagne ; on
en fait auiîi de bon fromage , fur - tout en le mêlant
avec celui de vache. Le temps de traire les^ brebis efl
avant qu'elles aillent aux champs , ou immédiatement
après qu'elles en font revenues : on peut les traire deux
fois par jour en été , & une fois en hiver.
Les brebis & les moutons aiment beaucoup le fel,
qui leur efl en effet très-favorable ; car on a obfervé
que quelques troupeaux avoient été garantis de mala-
dies contagieufes par l'ufage du fel , ainfi que des trou-
peaux de vaches & autres bêt^s à cornes ; le fel pro-
L4
î6S BEL
duit un effet merveilleux ; il leur facilite la digertîoîi ;
& ces animaux extraient de la même quantité d'herbes
une p'us grande quantité de fubitance nutritive , ce
qui leur procure une plus grande abondance de lait.
On efl dans Tufage, en Languedoc, de ne donner du lel
aux beftiaux que pendant l'hiver. La quantité qui leur
fuffit eft une livre de fel en huit jours pour vingt
moutons : on a foin de les empêcher de boire le reile
du jour oii ils ont mangé du fel ; ils ont enfuite un
grand appétit. Les laines des moutons qui ufent de
fel , font plus belles & meilleures. Il n'y a que le
Gouvernement qui puifTe faciliter cet ufage important,
en diminuant le prix du fel ; ce feroit une perte paf-
fagere qui tourneroit en plus grand émolument. Voyc^
le Tome 1 des Mémoires prifcntés à l^ Académie Royale
des Sciences,
La cb?ar des moutons qui paifTent dans un terrain
fec & dans des pacages ou près falés , acquiert im goût
des plus agréables, (tels font les moutons de Dieppe^
connus tous le nom de moutons de pré f aie , ceux de
Ganges en bas Languedoc , &: ceux de la plaine de la
Crau en Provence ) . Aufîi dans quelques bergeries
a-t-on foin de mettre dans quelque endroit un fac de
fel ou une pierre falée , {falégre) , que les moutons
yont tous lécher tour-à-tour.
Rien ne contribue plus à l'engrais des moutons que
l'eau prife en grande quantité , 6c rien ne s'y oppofe
davantage que l'ardeur du foleil ; mais ceux qui les
ont engraiiiés de cette manière , & même de toute
autre , doivent s'en défaire aufîi-tôt qu'ils font en-
grailTés , c'eil-à-dire les vendre pour la boucherie ; car
on ne peut jamais les engraifler deux fois , & ils
périment par des maladies du foie , occafionées par les
vers qui s'y engendrent. Les moutons n'ont pas d'au-
tre graijfc que \e fui/ ^ & cette matière domine û fort
dans l'habitude de leur corps , que toutes les extrémi-
tés de la chair en font garnies ; ôc le mouton a le fuif
BEL 1^9
|>!iî§ abondant , plus blanc , plus fec , plus ferme & de
meilleure qualité qu'aucun autre animal. Voyti l'arti-
cle Graisse.
La caflration doit fe faire à l'âge de cmq ou lix
mois , ou même un peu plus tard , au printemps ou
en automne, dans un temps doux. Cette opération peut
fe pratiquer de deux manières. La plus ordinaire fe fait
par incifion en enlevant les tefticules ; mais on peut
aulTi fimplement lier avec une corde les bourfes au-def-
fus des tefticules ; &: l'on détruit par cette compreiTion
îes vaifTeaux fpermatiques.
Tous les ans on fait la tonte de la laine des moii'
tons , des brebis & des agneaux. Dans les pays chauds ,
où Ton ne craint pas de mettre l'animal tout- à- fait à
nu , l'on ne coupe pas la laine , on l'arrache , &
on en fait fouvent deux récoltes par an. En France
& dans les climats plus froids , on fe contente de ton-
dre les moutons une fois par an. Le temps le plus
favorable efl au mois de Mai ; la toifon a le temps de
recroître pour garantir les moutons du froid de l'hiver.
La laine du cou & du dos des moutons eft de la pre-
mière qualité : celle qui recouvre les autres parties efl
moins bonne. La laine blanche efl plus eflimée que celle
qui efl colorée , parce qu'à la teinture elle peut pren-
dre toutes fortes de couleurs. La laine lifle vaut mieux
que la laine crépue.
Les laines d'Italie , d'Efpagne & même d'An-
gleterre , pafTent pour être plus fines que les laines
3e France , & la France fe voit nécefîitée d'ache-
ter fort cher de l'Étranger des laines longues ,
blanches , fines & foyeufes qu'elle pourroit tirer
de fon propre fonds , ainfi que le prouve un bon
Citoyen dans un Mémoire qui a pour titre ; Cou--
Jzciirations fur Us moyens de rétablir en France Us
bonnes efpeces de bêtes à laines. Cet objet mérite
tellement d'attirer notre attention par fa grande utilité
& par fon importance pour la richefTe de l'Etat ,
Î70 BEL
eue l'on va préfenter un tableau raccourci cles vues
de ce Patriote.
La France , ainii que le prouve très-bien cet Auteur ,
a été en poffeiTion , pendant près de ilx fiecles , de pro-
duire d'excellentes laines , tant de carde que de peigne ,
de toutes les qualités , 6c fi belles , que l'Etranger étoit
obligé de venir fe fournir en France des laines & mcme
des étofres dont il avoit befoin. Elle a perdu cet avan-
tage depuis que l'Efpagne 6c TAngleterre , la Hollande
& la Suéde ont eu le fecret de perfedicnner la qualité ,
& d'augmenter la quantité de leurs laines par l'impor-
tation d'une race étrangère m^eilleure que celle du pays.
L'avantage qu'a eu la France autrefois , peut fe
recouvrer. Le climat 6c les pâturages qui influent tant
fur la qualité des laines , font les mêmes qu'autrefois ,
peut-être même ces derniers font-ils perfectionnés. Les
véritables moyens à employer font d'importer & de
multiplier en France de bonnes efpeces de moutons , 6c
à.es races choifies , appropriées au climat 6>c à l'efpece
de pâturage des Provinces où on les renouvellera ; car
on a dans la France plusieurs fortes de climats , & qui
font pour le m.oins auffi avantageux pour élever les
moutons , que ceux des voifms qui nous ont fupplantés.
Les foins que l'on prendra dé ces animaux influent
aufli beaucoup fur la beauté de leurs laines.
Il eft utile de détniire un préjugé enraciné depuis
long-temps , 6c de montrer dans le dernier degré d'évi-
dence , que la France poiTede des laines de la même
qualité que celles d'Angleterre. L'Auteur , d'après
lequel nous parlons , s'eil afîiiré , par un examen exacl: ,
que la laine des plus beaux moutons de Flandres , eft
d'une qualité femiblable à celle d'Angleterre , en lon-
gueur , en blancheur 6c en fîneiTe. Après avoir fait
pafTer par un Ouvrier intelligent une peau en fuint à\\n
mouton de la meilleure efpece des environs de Lille en
Flandres , il obferva que lorfqu'on enlevoiî la fuperficie
de la toilbn où la fiente avoit féjourné , 6c qui avoit
BEL 17Î
une couleur jaune fale , le refte étolt d*une blancheur
éclatante. Les tlocons de la mere-laine de cette toifon
avoient fept pouces de longueur ; encore faut -il ob-
ferver que l'on avcit tué l'animal cinq mois avant le
temps de la tonte : les filets de la laïm préfervée ref-
fembloient à de la foie blanche , tant ils étoient fins
& luifans. Cette laïm comparée à celle d'Angleterre
filée , car on ne la reçoit jamais autrement en droiture ,
ne préfenta pas la moindre diîiérence en qualité. Il
fuit donc de ces obfervations , que l'on pourroit recueil-
hr, fans fortir du Royaume , en tenant les bêtes à laine
proprement , &; en en prenant les foins néceiTaires ,
des laïms aufli longues , aufïi blanches & auiîi fines que
celles d'Angleterre.
Le François ayant la manie de préférer les matières
étrangères , à qualités égales ^ à celles de fon crû, les Mar-
chands font convenus dans le commerce de vendre
fous le nom de lalm d^ Angleterre la belle laine de Flan-
dres triée , qui , ainfi que celle d'Angleterre , fe vend
jufqu'à cent fous la livre. Les Hollandois en ufent de
même, & on a recours à la même fupercherie pour
certaines étoffes de foie.
S'il exifte quelque légère différence entre nos belles
laines de Flandres &: celles d'Angleterre, c'efl que les
nôtres ne prennent pas auiîi bien la teinture de cou-
leur de feu que celles d'Angleterre, défaut qui difpa-
roîtra dès qu'on aura foin de tenir proprement les
bêtes à laine.
On peut faire de toutes les qualités de laines deux
claffes principales , & rapporter toutes les laines cour-
tes à la clafie des laines d'Efpagne, les longues à la
claiTe de celles d'Angleterre. Le Roufîillon-, le Langue-
doc , le Berry , font des qualités d'Efpagne ; les mou-
tons de ces Provinces donnent ordinairement quatre
livres d'une laine qui diffère peu de celle que donnent
les moutons des plaines de Ségovie en El pagne. Les
moutons Flandrins , qui font notre efpece la plui> groiïé.
\ji BEL
donnent depuis huit jufqu'à dix livres cfe laîne de U
même efpece que celle d'Angleterre. En jetant ainfi
lin coup d'œil général fur les diverfes Provinces du
Royaume, on voit qu'elles font propres à nourril"
diverfes efpeces de moutons.
Comme il y a une analogie, un rapport eflentiel
entre les pâturages, la laine & la chair des moutons^
il faut nécelTairement aiTortir les pâturages à chaque
efpece de moutons, L'efpcce de mouton choifie, que
Ton fera paître fur le penchant des coUines, fur les
peloufes d'herbes fines, donnera une laine fine, courte
& très-belle. L'efpece dont la corpulence demande une
nourriture plus fubilantielle , donnera ,dans des pâtu-
rages abondans & fous un climat favorable, une laine
longue, belle & foyeufe, La France pourroit donc fe
pafier de tout fecours étranger en pcrf.dionnant , mul-
tipliant les bonnes races, fupprim.ant les moindres ^
& appropriant chaque efpece de mouton au climat &
à îa nourriture qui lui ell propre.
\]n coup d'œil jeté fur la manière dont les étran--
gers s'y font pris pour nous fupplanter dans cette
efpece de commerce, fera peut-être très-propre à rani-
mer notre émulation , & à nous faire profiter de leurs
leçons pour recouvrer notre ancienne fupériorité.
Vers le milieu du quatorzième fiecle, Dom Pedr&
IV ^ Roi de Caftille , fuccefleur ^Alphonfi , ayant appris
qu'il y avoir en Barbarie des moutons qui faifoient à
leurs propriétaires un grand profit , fit venir en Efpagne
im certain nombre de cette belle efpece de hélurs &
de brebis d*outremcr, ganados-mmnos\ voilà l'origine
è.ts belles laines de Caftille. Cette race de moutons
tranfportée en Efpagne réufiit affez bien pendant deux
fiecles. Le Cardinal Ximmes ^ fous le règne de Ferdi-
nand h Catholique & à'ifabelle de Cajlille , la voyant
dégénérer, fit venir de nouveau des béliers de Barbarie
de la plus belle efpece. En Minière intelligent, ce grand
homme eut foin d'exciter parmi les Efpagnols une
BEL I7Î
îioHe émulation pour le foin des troupeaux , en forte
qu encore aujourd'hui des Chefs de familles très-diilin-
guées fe font un plaifir de vifiter eux-mêmes leurs
troupeaux, & que le jour de la tonte, jour d'une
nouvelle fource de richefles , eft célébré par des fêtes
brillantes & fomptueufes. Les Efpagnols fe fcuviennent
que les Rois étoient autrefois propriétaires de la plus
grande partie de ces troupeaux : de là ce grand nom-
bre d'Ordonnances, dé lois pénales, de privilèges &
d'immunités, établis fous difFérens règnes pour la conr
fervation &c le gouvernement des troupeaux; de là
cet ancien Tribunal formé fous le titre de Conjkil du
grand troupeau royal , ( Conc.jo de la méfia. ) C'eil par
une telle attention que les moutons rapportent annuel-
lement dans le tréfor plus de trente millions de réaux :
aufïï les Rois d'Efpagne^ dans leurs Ordonnances , les
appellent- ils h précieux joyau de la Couronne. On fe
rappelle que Philippe établit, en 1429, C Ordre de U
Toifon-d'Or^ en mémoire d'une vente de laine très-
confiderable , dont le produit avoit beaucoup aug-
menté la rlcheffe de (qs peuples dans fes domaines de
Flandres & de Brabant. Tout cela annonce de quelle
importance eft pour la Nation ce genre de richelies.
La Nature s'embellit & fe perfeâ:ionne fous la main
du riche poiTefîeur; cette ém-ulation à foutenirla bonne
race des moutons par le choix des béliers^ efi même
devenue en Efpagne une forte de jaloufie ii grande,
qu'on a vu de riches particuliers payer jufqu'à deux
cents ducats un excellent bélier. Ce font ces mêmes
.foins qui leur procurent des chevaux d'une fi belle
forme , & d'une taille fi élégante, Foyc^ à fanick
Cheval.
Au quinzième fiecle-, Edouard IV , Roi d'Angle-
terre , fit venir , avec la permiffion du Roi d'Efpagnej
îrois mille bêtes blanches de cette belle race de mou-
tons dont on vient de parler. Par la fageiTe de l'admi-
niftration;^ l'Angleterre^ au bout de quelques aimées ^
174 B E L
fut peuplée de cette précieufe efpece. On forma des
écoles de Bergers , on leur donna les inilruâ:ions né-
ceffaires ; on parvint par degrés à habituer les moutons
qui paiîoient d'un climat fous un autre bien différent,
à fupporter le froid de l'hiver en plein air au milieu
d'un parc. L'Angleterre nous fupplanta alors par les
foins qu'avoit eus le prédécelTeur q\ Edouard , d'attirer
en Angleterre des ouvriers François. La Reine Elifabcth
s'eil couronnée de gloire par l'attention de renouveler
cette race de moutons , pour l'empêcher de dégénérer ;
gloire que lui avoit préparée Henri VIII. L'Angleterre
doit beaucoup à ce Roi.
Toutes les laines d'Angleterre ne font pas de la
même beauté ; les Anglois ont trois fortes de bêtes à
laine : l'efpece commune qui eft l'ancienne , oc dont
les toifons ne valent pas mieux que nos groffes laines
de Picardie ; l'efpece bâtarde produite par les bclUrs
d'Efpagne & les brebis d'Angleterre , dont la laine tient
le milieu pour la bonté ; 6c enfin la troifieme efpece
qui efl celle d'Efpagne. 11 ell digne de remarque que
le féjcur des bêtes Efpagnoles en Angleterre a fait
changer leur laine de nature. Elle eft beaucoup plus
longue , mais moins fine que celle d'Efpagne , appa-
remment par la nature des pâturages àc du climat.
Elle eil auifi plus blanche &: plus nette , parce qu'on
y a l'attention de tenir les troupeaux plus proprement
qu'en Efpagne. Une des caufes en général qui peut
contribuer le plus à la beauté ÔC à la blancheur àts
laines , c'eil la méthode de laver la toifon fur le corps
des moutons , fur-tout lorfqu'on fait ufage d'eau favon-
neufe , telle qu'en donnent quelques fontaines ; ce
lavage purifie parfaitement bien les laines. En Efpagne ,
des Paileurs conduifent leur bétail dans des vacans
immenfes , fous un ciel doux pour la faifon , &: c'efi:
de ces promenades d'un territoire à l'autre , que ces
moutons ont été nommés bêtes trafumantes , (^trans-
humantîs, ) La vie de ces animaux 6c des Bergers qui,
BEL 175
les gouvernent , eu un voyage continuel , un palTage
des pâturages d'été dans les pâturages d'hiver ; poirit
de bergerie ; point d'abri ni de parcs domeftiques ;
point de féjour que le temps néceilaire à l'opération
de la tonte. Les Anglois rafîemblent leurs bêtes à laine
dans de vaftes enceintes , le long des côtes de la mer,
ou à la campagne dans des terrains circonfcrits de
haies vives , ou par d'autres défenfes. Ce font autant
de prairies naturelles ou artificielles ; les moutons y
mènent la vie fauvage , tant de jour que de nuit ,
fans Berger & fans chiens. Il faut en convenir , on ne
voit point de loups en Angleterre , &c les voleurs
n'exercent guère leur cupidité que fur les grands
chemins.
Au fiecîe paffé les Kollandois convaincus par l'exem-
ple des pigeons , des poules-d'Inde & d'autres animaux
transfplantés , que les efpeces de la vafle contrée des
Indes Orientales , accoutumées une fois à Pair de
l'Europe , y deviennent plus fécondes & y multiplient
à fouhait , tranfporterent des Indes Orientales une
efpece de béliers & de brebis , haute , alongée , groiTe
de corfage , <k dont la laine égaloit prefque les laines
d'Angleterre en fineffe & en bonté. Cette race , tranf-
plantée dans le Texel ôc dans la Frife Orientale ^ y
réuiîit au point que les femelles donnoient qTiatre
agneaux par année. En général l'expérience a toujours
démontré que les moutons profperent lorfqu'ils font
accoutumés au froid , & qu'ils ne foufirent point d'al-
tération en pafTant d'un pays chaud dans un pays froid.
Il en efl tout autrement , lorfqu'on les tranfporte d'un
climat froid fous un ciel beaucoup chaud.
Dans le Texel on retire de ces moutons tranfpîantés
des Orientales , des toifons qui donnent depuis
fqu'à feize livres d'une laine longue , fine c^:
foyeufe , dont on fait commerce fous le nom de l^n&
d'Angleterre. Les Hollandois permirent aux Flamands
de tranfporîer quelques bêtes Indiennes aux environs
des Ind
dix ju
176 BEL
de Lille &: de Varneton ; elles y réuffirent û bien ;
que toute Pefpece tranfplantée des Indes en prit le
nom de moutons Flandrlns,
Les Suédois , quoique fous un climat plus rigou-
reux , ont auffi transporté chez eux des bêtes à laine
de la meilleure efpece d'Angleterre &: d'Efpagne ; &
par les foins qu'ils en ont pris , ils recueillent pré-
iéntement des laines aufTi belles que celles d'Angleterre
& d'Efpagne. Confultez le Difcoiirs fur la race des
Brebis à laine fine , prononcé par M. Aljîroemer dans
V Académie Royale de Stockholm , le 25 Avril 1770.
Ce difcours eil rempli de recherches très-favantes &
trcs-airieufes.
De femblables exem.ples ne doivent-ils pas nous
animer ? Que l'on 'multiplie cette efpece de mouton
Flandrin ^ qu'on en conferve la race pure & fans
mélange , qu'on la répande dans toutes les Provinces
cil elle peut trouver à fe nourrir , ôc on fe procurera
par la fuite des moutons couverts d'une belle laine &
en grande quantité ; car le mouton a ordinairement
près d'un tiers de laine de plus que le bélier &c la
frcbis. Que l'on multiplie dans le Cotentin , prelqu'lfle
de la Normandie , l'efpece de bêtes à laine d'Angleterre ,
celle à grand corfage : la nature du pâturage , la difpo-
fition du lieu , tout annonce qu'on y recueillera une
laine pareille à celle des plus belles toifons d'Angle-
terre. Que l'on répande enfuite ces efpeces dans les
diiierentes Provinces , fuivant la nature de leur climat.
C'efl dans l'original même qu'il faut voir les caufes
ciiii ont fait dégénérer jufqu'ici les meilleures efpeces
de mcutcns dans nos différentes Provinces , les abus
qui ont nui à la perfeftion des laines de France , &
les divers moyens propolés d'après l'exemple des étran-
gers pour rétablir cette branche de commerce ; tels
font les foins de former des écoles de Bergers , & ce
qui concerne les parcs & les étables. Cet objet, d'un
ddtail abfolument économique 5 deviçndroit ici trop
long.
BEL 177
ïong. Les vues de cet excellent Citoyen poiirroient
peut-être devenir aufTi très-utiles , appliquées à une
autre efpece d'animaux domeftiques , dont on retire
déjà tant d'avantages ; je veux parler de la chèvre &; du
bouc. Voyez à r article Bouc. On devroit aufîi s'atta-
cher à marquer les moutons autrement qu'on ne fait;
la marque en couleur à l'huile , au goudron , au tare
ou à la poix noire , efl: une forte de cara£tere indélébile
qui gâte la portion de laine qui en efl flétrie & la fait
mettre au rebut.
La France ne tirant pas tout le profit poffible de fou
propre fonds , & emplo^/ant beaucoup de matières dans
les xManufaclures , eil obligée de tirer aufîi des laines
du Levant par la voie de Marfeille. Smyrne oC Conftan*
tinople fournirent les meilleures. (On fait qu'en Syrie,
les brebis ont la toifon d'une beauté parfaite ; & la
brebis d'Angora , de même que le chat & la chèvre de
la même Contrée , femble être vêtue de foie plutôt
que de laine ou de poil. Tavernier dit que la plus
grande partie de ces laines du Levant , fi belles & fi
Sues, fe trouve dans la -Province de Kerman^ qui eft
l'ancienne Caramanie. ) La laine nouvelle eil toujours
préférable , parce que , gardée dans le magafin , elle
jaunit &; devient huileufe. Lorfqu'on embarque la laine
du Levant , il faut qu'elle foit extrêmement feche , de
peur que l'humidité ne s'y mette 6c ne l'échauife.
On donne , dans le commerce , le nom de laine d^
chevron , à une forte de laine noire , rciiiTe ou grife ,
que l'on tire du Levant : la noire eil la plus recherchée ;
elle entre dans la fabrique des chapeaux. On diiiingue
aifément cette laine parmi les autres , par la perfection
de fa couleur , par fa fineffe , par Ion odeur , qui
approche de celle du mufc , odeur qu'elle retient des
chèvres fur lefquelles on la tond. Il fembleroit qu'on
devroit plutôt lui donner le nom de poil de chevron.
Quoi qu'ifl en foit , toutes les Nations qui trafiquent
au Levant , enlèvent de cette marchandife. Voye^ pouoi
178 BEL
rhifîoire de la ckevn , le mot Bcuc. H noïts refle
maintenant à faire mention de quelques elpeces de
^nouions qui méritent encore d'être connus ; tels que
le mouton d'Iilande , celui des liles Danoiies , ceux
du Cap de Bonne-Efpérance , ôic.
Notre hnhis , telle que nous la connoiflbns , ne fe
trouve qu'en Europe & dans quelques parties tempé-
rées de l'Aile ; tranfportée dans des pays plus chauds ,
elle perd fa laine & fe couvre de poil : elle y multiplie
peu 5 oc fa chair n'a plus le même goût. Dans les
pays très-froids elle ne peut fubfifter ; mais on trouve
dans ces mêmes pays froids , & fur-tout en Iflande ,
une race de hrzhïs à plufieurs cornes , à queue courte ,
à laine dure &: épaiffe , au-deffous de laquelle fe
trouve une féconde fourrure d'ime laine plus douce,
plus fine & plus touffue. Ces moutons ont , dit
M. Anderfojt , le même fort que les chevaux du pays ,
c'eft-à-dire qu'il n'y a point d'étable pour eux ni en
été 5 ni en hiver. Cette efpece de mouton reile toujours
en pleine campagne , où ils fe mettent à couvert fous
les éminences des rochers , ou dans les creux à^s
montagnes , & fe nourrinent comme ils peuvent , étant
pour ainii dire abandonnés à eux-mêmes. Ils vivent
toujours avec les chevaux , qu'ils fuivent par-tout en
hiver , pour profiter , à?sis les fortes gelées , du peu de
moufTe qui reile à découvert dans les creux que les
chevaux font pour eux-mêmes dans la neige , & où
les moutons n'auroient pu atteindre à caufe de la foi-
blefîe de leurs jambes : on a même fouvent obfervé
que 5 tourmentés par la faim , ils m.angent le crin des
queues des chevaux , ce qui leur forme bientôt une
égagropile dans l'efîomac. Quand il neige avec un grand
vent 5 ils quittent les montagnes , & courent comme
s'ils vouloient devancer le vent ; ils prennent alors la
route de la mer , 6c s'y jettent quelquefois ; en forte
qu'il en périt fouvent de grandes quantités. Si au
contraire ils fe trouvent furpris par une neige fubite j
BEL 179
& fi confidérable , qu'ils en foient proffiptemsnt coih
verts , alors ils fe joignent en très-grandes troupes ,
en mettant leurs têtes enfemble , ol refient immobiles
en préfentant le dos à la neige ; fouvent ils y périlTent
par le froid. La faim les oblige quelquefois de fe
jonger réciproquement ^la laine , pour fe foutenir
îufqu'à ce qu'ils foient fecourus. Les payfans coil-
ïîoilïent Pendroit où fe tient la troupe , par la vaoeui'
qui s'en élevé. La fourrure extérieure de ces moutons
eft fort groffe &c rude ; on ne la tond jamais , mais
elle fe renouvelle tous les ans vers la Saint- Jean , après
avoir formé fur le dos de l'animal une couverture
compofée de fils entortillés , qui tombe d'elle-même
tout à la fois comme une peau fuperficielle. Pour
recueillir leurs toifons , on les aflemble en leur don-
nant la chafîe. Un Berger , accompagné de chiens bien
dreffés , monte fur une colline , 6c ayant donné le
fignal avec fa corne , les chiens fe détachent chacun
de fon côté , & chalTent les moutons de tous les en-
droits , en les forçant d'entrer dans un certain parc
immenfe , qui efl fort large fur le devant , ôc qui fe
rétrécit peu-à-peu vers l'autre extrémité. Forcés dans
ce retranchement , il efl aifé de les dépouiller de la
fourrure extérieure qui ne tient plus à leur peau ;
enfuite on tond aux deux tiers de longueur , la four-
rure intérieure dont nous avons fait mention. Au refte ,
ces moutons fe propagent volontiers dans ces cam-
pagnes gelées , comme les nôtres dans l'afile d'un parc ,
ou clans la paix d'une étable.
Toutes les efpeces de moutons d'Iflande ont les
cornes extrêmement grandes & tournées en fpirale ;
il y en a qui en ont deux , quelquefois quatre &
quelquefois cinq , & une feule , dit-on , qui fort droite
de la tête en avant. Au contraire les autres bêtes à
cornes des autres pays en ont moins ou point du tout
quand elles font tranfplantées dans cette ille. Les
corjies foj:iit d'un grand feiviçe aux moutons d'L^ande ;,
M 2
i8o BEL
pour les défencîre contre les oifeaux de proie cîe toute
cfpece qui abondent dans ce pays défert.
II y a cependant certains endroits de l'Iflande où le
commerce confifle principalement en moutons ; les
Payfans g;ardent chez eux les brebis , &; envoient les
béliers à la montagne. Dans l'automne , lorfqu'il s'agit
de tuer des moutons pour les vaifîeaux qui font à la
rade , on les chaffe , par le moyen des chiens , en
préfence des Juges , afin que chacun puifle retirer la
bête qui porte fa marque.
Les moutons des Ifles Danoifes ou de Feroë font
vagabonvds com.me ceux d'Iflande ; ils fe retirent dans
l'hiver fous les rochers , & ils s'y tiennent ferrés entre
eux autant qu'il eft poiîible : ceux qui font bien
échauffés au dedans de la troupe, vont relever de
temps en temps ceux qui font en dehors , 6^ qui vont
à leur tour s'échauffer pour en relever enfuite d'autres.
Quand la terre efl gelée & couverte de neige , au
point qu'ils ne peuvent plus atteindre la bruyère ou la
mouffe avec leurs pieds, ils fe mangent la laine les
ims aux autres , & fe foutiennent par-là jufqu'au dégel ;
dans rété leur pâturage efl affez bon.
Dans les pays chauds on ne voit que des moutons
à cornes courtes & à queue longue , dont les unes
font couvertes de laine , les autres de poil , & d'au-
tres encore de poil mêlé de laine. En plufieurs endroits
de l'Afrique les Européens donnent le nom de mou-
tons de cinq quartiers , aux brebis à grofie & longue
queue. Le mouton de Barbarie efl connu aufïi fous le
nom de mouton d^ Arabie,
Les moutons du Cap de Benne - Efpérance font fort
nombreux ; leur chair ell de bon goût : les pauvres
emploient la graiffe de ces animaux au lieu de beurre
& de fain-doux, & cette graiffe n'a pas la confiflance
du fuif de nos brebis ; on diroit que c'eft un fain-doux
ou une huile figée. La queue de ces moutons^ ainft
que de ceux de Madagafcar, eft fouvent large de plu^
BEL iSi
d\m pied & pefe quinze à vingt livres. Au refte, ces
moutcns n'ont rien de remarquable qiie la queue ,
qu'ils portent comme fi on leur avoit attaché un couflirt
fous la queue. La furabondance de la graiffe qui, dans
nos moutons^ fe fixe fur les reins, defcend dans cette
race de moutons à grcjfe , à large & longue queue , fous
les vertèbres de la queue. Les autres parties du corps
en font moins chargées que dans nos moutons gras^
& cette race de m.outons à queue fi volumineufe j
paroît plus répandue que la nôtre : on la trouve com-
munément en Tartarie , en Perfe , en Syrie , en Egypte,
en Barbarie , en Ethiopie , à Mofambique , à Madagafcar ,
& au Cap de Bonne-Eipérance, ainfi qu'il efl: dit ci-deffus.
Les moutons des Côtes d'Yeman 6c de Zeïla ont la
laine du corps blanche , & celle de la tête noire : il
leur pend à l'extrémité du dos une groffe maife de
chair , d'où fort une queue femblable à celle du cochon
de lait. Les moutons de la Cambra ont une queue fî
groiïe , fi longue , ii graffe & fi pefante , que les Ber-
gers font obligés de la foutenir fur une efpece de petite
brouette, pour foulager l'animal dans fa marche. La
queue des moutons des Eleuthas en Tartarie , pefe quel-
quefois jufqu'à quatre-vingts livres : ils ont une bofle
ilir le nez comme les chameaux, & les oreilles pen-
dantes. Quelques - unes de ces bêtes ont jufqu'à fix
cornes de différentes formes.
Les moutons de la Côte de Malagiiette ont une cri-
nière alTez fembdable à celle du lion : ceux de la Côte
<l'Or ont du poil au lieu de laine ; c'eft ce qui a fait
dire à Anus , qu'en ce pays le monde eft renverfé :
les hommes y ont de la laine , & les moutons du poil.
Les moutons de Guinée , les grandes bnh'is du Sénégal ,
ont un bêlement abfolument difFérent de celui de nos
moutons : ils font différens aulîi par leur poil brun &:
noir. Voyei^ l'article Adimain.
Les moutons de la Baie de Sambras font fort grands
^ d'une extrême beauté ; ils ont auifi, au lieu de laine ^
M 3
î§2 BEL
lin poil fembîable k celui des chèvres : le tour de leur
Cîueue a près de deux pieds.
Les moutons de rindoflan & de la Perfe ont une
laine courte &: très-fine, qui tombe d'elle-même en
certains temps.
Olêar'ius dit que les moutons des Tartares Usbecks
êc de Eefchac , font chargés d'une laine gtifâtre &
longue , frifée au bout en petites boucles blanches &
ferrées en forme de perles , ce qui fait un très - bel
effet ; c'efl pourquoi l'on eflime bien plus la toifon
que la chair ; cette forte de fourrure étant la plus pré-
cieufe de toutes celles dont on fe fert en Perfe & à
Aftracan ^ après la Zibeline. Ces fortes de moutons
que l'on retrouve auffi en Afie, n'ont point de queue,
mais le train de derrière efl fort gras. A l'égard de la race
de brebis dcmeiliques , que Bdon appelle hrchïs Jlrep^
ftcheros , elle ne diffère de nos brebis ordinaires que
par les cornes qu'elle a droites & cannelées en fpirale.
Elle fe trouve dans les liles de l'Archipel , & princi-
palement dans rifle de Candie. On lui donne aufli le
nom de mouton de Crète,
L'on a toujours remarqué dans ces contrées étran-
gères, alnfi que dans les nôtres, que plus les climats
font froids oC peu herbeux, plus les moutons font
couverts d'une laine roide , peu blanche , courte &:
mauvaife ; mais que plus les climats font doux ou
tempérés , ôc les pâturages abondans , plus la laine àiZ%
moutons &C le poil des chevr.s font fins , fouples ,
longs ôi de bonne qualité. Une autre confidération ,
c'efl que fi un mouton refle toute l'année dans le même
endroit , & pendant les nuits d'hiver enfermé dans une
bergerie bien clofe , fa laine fera grofîiere ; au lieu
que fi un mouton vit toujours en plein air ( au moins
dans une étable ouverte nuit & jour, & dont la litière
foit bien propre ^ enlevée tous les huit ou quinze
jours ) , & qu'il voyage deux fois l'année , fa laine
fera fme, ainîi qu'on le pourroit pratiquer dans le
B E L î8î
Dauphlné , dans la Provence , dans îe Languedoc &l
d'autres Provinces Méridionales , où les pacages mon-
tueux & les herbages font convenables, obfervant
toutefois de ne leur faire palier l'hiver que dans les
plaines tempérées , & que le Berger ne les laiiTe pas
manquer de fel ; ce qui fert beaucoup à entretenir la
fantë des moutons , èl à rendre leur conflitution plus
ferme lorfqu'ils paiffent fur des terres argilcufes ; car
û la terre de leur pâturage efl un débris ce terre cal-
caire, ils dédaignent le fel ; & en effet ils n'en ont pas
befoin. On ne peut encore qu'approuver ceux qui la-
vent par intervalles le corps des moutons avec une
eau chargée de terre favonneufe. -
Dans deux Mémoires lus à t Académie des Sciences
en 1768 & 1769, M. Daukcnton rapporte les e?:pé-
riences qu'il a faites pour conftater les avantages réels
qu'on trouve à tenir les bêtes à laine en plein air pendant
rhlver , fans qu'il leur arrive même aucun accicfent.
Il démontre que la fueur eft plus à craindre pour les
animaux ruminans que pour les autres , parce qu'elle
fufpend ou diminuera fecrétion de la férofité du fang
qui eft nécefiaire pour la nmiination. Les bêtes à laine
étant en fueur lorsqu'elles ruminent , ont une double
évacuation de férofité : alors leur corps fe defîeche ,
le fang s'épaiiïït & s'échauffe, l'animal devient altéré,
il boit plus qu'il ne convient à fon tempérament : l'ex-
cès de tranfpiration &: de chaleur prive la laine d'une
partie de fa nourriture , ou la fait croître trop promp-
tement , pour qu'elle prenne affez de confiilance. Ainfi
€n logeant nos 'bêtes à laine dans des étables où elles
^aaw'C^w été & en hiver, par des foins mal-entendus,
par une dépenfe inutile ^l même nuifible , nous alté-
rons leur fanté &: nous gâtons leur laine.
La Nature a vêtu ces animaux de façon qu'ils n'ont
*- pas befcin de couvert. Le froîd, la pkiie , ni les injures
de l'air dans nos climats , ne leur font point de mal :
ils ne craignent que la grande chaleur. M. Dauhnton
M 4
184 BEL
5 fait parquer en plein air, nnit Se -Jour , fans aucutî
abri , un petit trcupeau p-cnd^nt tout Thiver de 1768,
Ces animaux , tous de la race des bêtes à laine de
l'Auxois, ëtoîent placés dans un lieu expofë au Nord,
&i l'un des plus froids du canton; ils ont éprouvé des
gelées qui ont fait defcendre le thermomètre de Rcaumur
ji'fqu'à quatorze degrés & demi au-deifous de la congé-
lation ; ils ont été expofés à des vents très-violens , à
^^s pluies continuelles , à des brouillards , au givre &
à la neige ; ils ont fubi toutes fortes d'épreuves des
intempéries de l'air, & cependant ils ont été plus fains,
6 même par la fuite plus vigoureux que ceux que Ton
avoit renfermés dans des étables. L'épaifTeur de la laine,
fon fuint , empêchent l'eau de la pluie de pénétrer jufqu'à
la peau de l'animal , & la partie de la laine qui fe mouille
cfl bien plutôt féchée au grand air que dans les étables.
Des brebis ont mis bas lors de ces fortes gelées , &
les agneaux , comme les mères , n'en ont eu aucun mal.
Notre Obfervateur prétend qu'en gouvernant ainfi les
bêtes à laine ,, il n'y a point de fnoyen plus sûr pour
les maintenir en bonne fanté , pour leur donner de la
vigueur, pour les préferver de la plupart des maladies
auxquelles elles font fujettes , pour donner un meilleur
goût à leur chair & pour rendre la laine plus blanche,
plus abondante &: de meilleure qualité. A la force du
raifonnem.ent fe joint ici l'authenticité A^s^ faits : ce
font des innovations dont on démontre le fuccès au
doigt & à l'œil. Les économes vraiment citoyens doivent
mettre en pratique un exemple aufîi utile , ôe ne
jamais perdre de vue ce point de difcipline rurale. Il
n'y a qu'à gagner , puifque l'on augmentera la vigueur
du bétail , la bonne qualité & la quantité de la laine ; les
peaux en feront aufîi plus grandes & phis fortes. Voilà
le meilleur mxoyen pour relever l'efpece des bêtes à laine
en France , y miultiplier , y maintenir de bonnes races,
& procurer à la Nation les laines néceffaires pour fes
Manufadures. Nous pouvons attefter , comme témoin
BEL iSy
iscuîairG 5 que les Anglois , les Ecoiïbîs , les Irlandois
ne retirent à l'étable en aucun temps leurs montons &
autres belliaux. ( Nous avons déjà dit que ces moutons
infulaires n'ont rien à craindre du loup. ) Il y a feule-
ment quelques endroits où on les met à demi-abri ,
mais en plein champ , au moyen de toits foutenus par
des perches , & oii Ton arrange A^s râteliers que l'on
garnit de bon fourrage ; mais (^A uniquement quand
la terre eil couverte de neige.
Cet article étant très-important , vu l'utilité de fon
objet , nous invitons encore notre Leé^eur à conlulter
ini txhS'hon Mémoire fur f éducation des troupeaux &
la culture des laines , par M. R. D. L. Infpecleur général
des Manufactures de Picardie , &c, coniigné dans le
Journal de Phyfique , Juillet lyy^* L'éducation des trou-
peaux & la culture des laines font une des fources les
plus fécondes de la profpérité des Empires.. Les laines,
dit-il , font aux manufadures ce que l'argent eii à la
guerre. La France , ce Royaume puifTant par fon
étendue , fa population , fa fituation , fes produdions ,
îe génie & l'adiivité de {ts Habitans , peut rendre tri-
butaire le refle du monde ; cependant la France Teft
des Etats agricoles qui l'entourent. Son induflrie ell
gênée dans la partie dont il efl: queftion. L'Angleterre,
la Hollande, ie Danemarck, le Bas-Rhin , preique toute
l'Allemagne , & principalement la Saxe & les Marches
du Brandebourg , qui produifent les plus belles laines
de ces valles contrées , font les fources oii notre induf-
trie va puifer la matière première. Sans elles il fau droit
renoncer aux étoffes remarquables parleur finefTe &: leur
légèreté : fans elles , plus de ces chef- d'oeuvres de l'art
qui montrent la fupériorité de l'induiîrie Françoife , ( les
camelots , les bouracans , les ferges , les étamines , les
tamifes , les calmamhs , &c. &c. , la bonneterie , le
tricoté^ &c. &c. , les tapijferizz des Gobelins , & tant
de beaux ouvrages à l'aiguille. ) Jaloufe de cette main-
d'œuvre , l'Angleterre s'efforce encore de nous en
i8(? BEL
priver. On fer oit eiTrayé par le calcul des fommes qih
nous faifons pafTer chaque annce pour l'acquit de la
prodigieufe quantité d'étofTes dont elle inonde la France.
La Saxe nous confidere du même œil , & nous lie des
mêmes chaînes. Du côté du Midi , rEfpagne , l'Italie ,
la Turquie d'Europe & d'Afie , les Côtes de la Barba-
rie , alimentent nos Manufadures de draperies fines ,
6c la plupart des communes , qui fans elles n'exifleroient
pas. La France , dans toute ion étendue , fabrique des
étofFes de laine. Ses etabUfîemens en matières natio-
nales font 5 du côté du Midi , en draperies ; &c du côté
du Nord , en étoffes rafes. Les grandes Fabriques de ce
dernier genre , font celles de la Picardie , de la Flandre ,
de la Champagne & du Mans. Les Manufadlures de
draps d'Abbeville, de Sedan , de Louviers , d'Elbeuf,
des Andelis , de Darnetal & autres , n'emploient que
des laines étrangères. C'eft d'après ces confidérations
que notre Obfervatcur , Citoyen zélé , voudroit qu'on
s'occupât davantage en France de l'éducation des trou-
peaux & de la culture des laines. Nos Fabriques ne
feroient alimxentées que des laines de nos moutons. La
France , dit-il , pourroit en exporter , &: plus aifément
arrêter l'introdudion des étrangères. L'éducation , îa
culture augmentent ou altèrent les qualités primitives ,
& les variétés immenfes des êtres ne proviennent que
de l'une ou de l'autre. Les animaux , comme les plantes ,
prennent un caraâ:ere particulier au climat où ils fe
trouvent tranfportés. La France pourroit avoir de toutes
les qualités & de toutes les fortes de laines. Il faut en-
courager le Cultivateur dans l'éducation des troupeaux ,
&: les Manufactures dans leurs entreprifes. M. R. D, L,
convient de la beauté des laines des valles plaines de
Narbonne , mais il fe plaint de l'éducation qu'on y ob-
ferve. Il profcrit a^-ifTi l'ufage des érables. Une bergerie efl
toujours mal-propre: le crottin, l'urine croupiffent dans
les toifons ; le fuint en devient cauflique , les rend jau-
nâtres & les brûle. L'idée feule de la chaleur étouffante.
BEL 187
<le Taîr empefté que les Enimaiix refpîrent entaffés dans
CCS établcF toujours trop étroites , oii ils font conti-
nuellement dans l'ordure 5l mal nourris , doit faire
juger de leur état de foibleile , de langueur , du
iio^mbre de maladies qui les afîligent, Si de la quantité
qui en périt. Ce tableau efl: plus ou moins conforme
à ce qui fe pratique généralem.ent en France. Notre
Obfervateur convient aufîi que les moutons devrcient
être toujours à Tair libre , hiver & été , quelque tem.ps
qu'il faiTe : jamais à l'étable , au plus fous des hangars
ou dans un parc en barricades ; car on obferve <2^.\t les
înoiitons craignent beaucoup la grande chaleur, même à
l'air libre, & qu'ils ne mangent point aux heures cii elle
fe fait le plus fentir , quand ils ont pu fe ralTafxer dès le
matin , & à leur choix. Il ne faut pas attendre que les
hllUrs foient ufés & que les hnhïs n'aient plus de lait,
pour s'en défaire. La laine diminue , & la vigueur de
l'individu s'altère par l'âge. Il faut donc fe hâter de
remplacer l'efpece avant la caducité ; en un mot , fou-
tenir & renouveler les belles races ; -de là les belles
toifons. On peut croifer les moutons de la plaine avec
ceux qui vivent fur les hauteurs ; c'eil un m03Aen de
varier les laines. On ne doit donner le bélier ziix brehs,
la premiiere fois , qu'à l'âge de dix-neuf à vingt mois ,
êdles brebis ne doivent être couvertes qu'au même âge,
tl au nomibre de vingt par bélier, La féconde & troifieme
année de fervice on peut donner à chaque béher qua-
rante à cinquante brebis. On ne doit pas faire l'ampu-
tation de la queue de l'animal , mais en tondre fouvent
la laine ,ainfi qu'aux proximités de l'anus ôi des parties
fexuelles où s'attachent ordinairement beaucoup d'or-
dures. L'amputation de la queue , quoique ufitée en
Angleterre , en Hollande , en Allemagne , en Efpagne
& ailleurs , n'eil pas {-ans conféquence pour la fanté
de l'animal. Il faut laver la laine iiir le dos de l'animal
huit à dix jours avant la tonte , ôc préférer l'eau
courante à une eau ilagnante. Tous , ou prefque tous
i88 BEL
les autres clétaîls qii on lit dans le Mémoire de M. R. D. hl
confirment ce que nous avons dit dans tout cet article,
Confultez encore un Mémoire fur Us moyens de per-
fcBionner les laines de la France , &c, par M. VAbhé-
Carller : Journal de Phyjique , Février , Mars & Avril ,
èG8^ ; & enfin le Mémoire fur le premier drap de laint
fuperfine du cm de la France , par M. Dauhznton. Même
Jonrn, Août lyS^,
En Agronomie on donne aufîi le nom de bélier au
premier des douze Signes du Zodiaque. Voye^^ h mot
Constellation.
EELLE-D-AME. Ce nom a été donné à un papillon
remarquable par la beauté de fes couleurs &; l'élégance
de fa forme. Ce nom lui convient d'autant mieux ,
que la parure de fes trois états ( chenille , chryfalide &
papillon ) femble avoir été très-recherchée. Sa robe
n'eil point déchiquetée ; le diapré du deffus eft brun ,
orné vers le bord des ailes inférieures , de bandes de
couleur de cannelle foncée , avec des points noirs , &
deux en bleu chatoyant. Les ailes fupérieures offrent
àts taches blanches , fauves & rouges. Le defTous des
siles eft marbré de prefque toutes les couleurs : on y
diiîingue cinq petits yeux. Le papillon belle-dame paroît
pendant tout l'été. On en voit fouvent une prodigieufe
quantité pendant l'automne. Il parcourt les prairies &
les chemins ; il vifite fur-tout les fleurs de navette pen-
dant l'automne. Il fe borne à une enceinte dans laquelle
il pafTe fes beaux jours ; il s'en écarte peu. Il efl connu
clans toute l'Europe. On le trouve aufîi dans les autres
Parties du Monde ; en un mot il fe voit par-tout oii
il y a des chardons & des épines. On l'approche aifé-
ment , & par cette raifon il efl facile à prendre. C'eû
peut-être de tous les papillons celui qu'on trouve dans
la faifon la plus avancée : on en voit encore au mois
de Novembre : il eil aufîi celui des papillons de jour
qui vole le plus tard ; les autres fe rerirent au coucher
du foleil ; la belk-^dame au contraire vole encore long*-
BEL 189
temps après , Se avec beaucoup d'agiîltë : on en voit
fouvent dans les grands jours à neuf heures du ibir ,
particulièrement le long des grands chemins. Ce papillon
n'emploie que quatre pattes pour march;:r, Pafîbns à
fon état de chenille.
Dans cet état d'enfance , les deux fexes fe diilingiient
par la divcrfiré des couleurs & des ornemens. Cepern
dant l'efpece mâle & l'efpece femelle varient beaucoup
pour la couleur. Il en efl de brunâtres , de rcugeâîres,
&Z quelques-unes des chenilles ont une bande blanche
de chaque côté du corps, les interférions toujours jau-
nâtres ; mais en général les mâles font plus bruns que
les femelles. Cette chenille qui efl de l'ordre des épineiifis^
n'a point de piquans à la tête ni fur l'anneau du cou ; les
troifieme ôc quatrième en ont chacun quatre ; les fuivans
chacun fept ; l'avant-dernier quatre, & le dernier deux;
en tout foixante ôc dix épines. Ces chenilles paroifTent
deux fois l'an , au mois de Juin & au mois d'Août. Elles
fe nourriflent de toutes les efpeces de chardons , c'efl
pourquoi des Auteurs en ont appelé les papillons char-
donnerets , ou papillons du chardon , Pavillo carduK
Elles fe trouvent auffi fur l'artichaut , & rarement fur
les orties ; elles vivent folitaires Ôc féparées. En fortant
de l'œuf elles fe forment avec leur foie des loges d'un
tilTu blanc ; elles mangent les parties les plus délicates
des feuilles dont elles n'attaquent jamais la nervure ;
elles ne percent pas même ces feuilles tout-à-fait. Quelque
temps après , elles quittent leur première demeure &:
s'en Gonftruifent une autre , en rapprochant quelques
feuilles dent elles fe forment une retraite arrondie
qu'elles cimentent avec leur foie. Elles y laiiTent une
porte pour fortir oL aller picorer , Se elles n'y renirent
que lorfque leur faim efl afTouvie. Elles bâtiffent plu-
fieurs de cts maifons pendant leur état de chenilles ;
mais fi une fois elles fe trouvent comme emprifonnées
ou trop gênées dans leurs loges , elles renoncent ab-
jfolunxent à la bâtiffç , vivenl à déççuYêJ î 9v çl«ia§ un
190 BEL
état de liberté. Quoique leux*- habitude foît d'êti-e foîî-
taires ck ifolées , on en trouve cependant quelquefois
pîufieurs raflemblées flir la même plante : leur tifTu
alors eu femblabîe à des nids d'araignce, Leur'chry-
falide , qui efl nue , angulaire & lufpc-ndue par *Ia
queue , varie beaucoup de couleur comme dans l'état
de chenille : plufieurs ont des taclies d'or , d'autres
d'argent ; il en eil même qui font tout-à-fait dorées ;
quelques-unes font fimplement grifâtrcs ou brunâtres.
BiiLLE-DAME OU Belladon£ baccîfere & vul-
gaire , Belladona aut Solarium kthalc fiu maniacam ;
Bdladona majorihus foliis & fioribus ^ Tourn. Infl. 77;
Solanum melaTWcerafus j C. B. Pin. 166; Atropa hzllci-
dona , Linn. 260. Fiante qui s'élève à la hauteur de
quatre à cinq pieds , branchue , refTembîante à la mordU
des jardins , m.ais plus grande & plus velue. Ses feuilles
font ovales , entières , géminées , v^r^t grande oc une
petite, ^^s fleurs font en cloche , découpées en cinq
quartiers , rayées , un peu velues , d'un pourpre noi-
râtre: aux fleurs fuccedcnr des fruits prcfque fphériques,
mous , fembîables à un grain de raiiin , noirs , luifans ,
fefnics & remplis d'un fuc vineux. Sa racine efî vivace ,
épaiffe , longue , ram.eufe & blanchâtre.
Cette plante croît afîez volontiers autour de Chan-
tilly , à dix lieues de Paris ; elle fe trouve autour dts
forêts , dans les ïdi^ , le long des murailles & des
haies ombragées : elle eft commune en Angleterre ; il
eft utile de la connoître , car l'ignorance à<^s effets de
fon fruit a été fatale à plus d'une perfonne. Il efî parlé
de jeunes Anglois qui, preiTés de la foifdans un voyage,
mangèrent imprudemment des baies de bdladona ;
ils moururent fous dans un demi-affoupiffement. De
deux jeunes gens qui dans le Jardin des Plantes de
Leyde mangèrent deux ou trois de ces baies , l'un mou-
rut le lendemain, & l'autre fut très-mal. On eil d'abord
attaqué d'un court délire ; on fait des éclats de rire 6r
difféientes gc(liculations même audaçieufes ; enfuitc en.
BEL i9f
tombe dans une véritable fo-lie , après cela dans une
Hiipidité femblable à celle d'une peribnne ivre furieufe,
6c qui ne dort pas ; enfin l'on meurt. On trouve dans
le Recuùl périodique de Médecine , Août lySc) , une
oblervation remarquable au fujet de deux jeunes filles
qui furent frappées de manie & des fyîriptômes pré-
cédens , pour avoir mangé deux à trois baies de morclU
furiaifi ou hdladone , 6c qu'un Médecin guérit par,
Tufage de l'émétique en lavage.
Le vinaigre , le fuc de limon , 6c en général tous
les acides végétaux, palTent pour être les contre-poifons
de toutes les efpeces dangereufes de mcrelk. Les feuilles
de la helladona appliquées extérieurement en cataplafme ,
font réfolutives. Ces remèdes afToupilTans ne doivent
pas être appliqués , même à l'extérieur , fans beaucoup
de précaution.
M. Gataker , Chirurgien de Londres , vient de com-«
muniquer à^s Obfervatioris fur l'itrage intérieur du
folanum : on y lit que M. LambergcTi , Profefleur à
Groningue , a publié, en 1754 , Phiiloire d'un cancer
guéri avec le folanum lethale ou la hdladona ( belle-
dame ) ; ce qui donna lieu à M. Gataker de travailler
fur cette plante. Il commença par le folanum de jardin
ou la mordle , dont il prit lui-même Tinfuiion avant
de la donner à fes malades. Il y trouva à-peu-près les
mêmes vertus que dans le folanum Ictkale. Son ufage ,
dit-il , guérit les ulcères les plus invétérés , ramollit
les parties adjacentes , & diffipe les éruptions fcorbu-
tiques : un grain de cette feuille infufé dans une once
d'eau bouillante , poulTe par la tranfpiration & les
urines. La décoftion de deux grains manque rarement
de faire vomir : notre Auteur confeille de ne com-
mencer que par l'infulion d'un demi-grain de la feuille ,
de fe mettre enfuite au lit , & de continuer un peu
plus long-tem.ps l'ufage du remède. M. de Haller ob-
lerve ici que l'ufage interne de la hdladona eft entiè-
rement îpmbé. C'efl, dit- il, un potfoa violent ôc
192 BEL
narcotique , qui a pu diminuer l'irritabilité des fibres |
mais il prétend qu'il ne change pas la nature des iiics
corrompus. Le Docteur Miuich a fait une diflertation
llir l'utilité de l'ufage de la belladona dans la mélan-
colie , la manie , l'épilepfie & la rage. Des Peintres
en miniature font macérer le fruit de cette plante , &
en préparent un très-beau vert.
On diftingue deux autres belladones : l'efpece à
feuilles de nicotiane , Belladona friit:jcms , jlore albo ^
nïcoùaniz foliis , Plum. ; elle croît dans l'Amérique
Méridionale. L'autre efl la Belladone d'Efpagne ,
Belladona frutcfcens , rotundïfolïa y Hifpamca, Tourn,
Voyci MORELLE.
Belle-dame des Italiens , Amaryllis rofea ; Lillo^
narcijfus Indiens , faturato colore purpirafcens , Morif. ,
Tourner. 385. C'eft une amaryllis à ficur rofe , & à
fpathe multiflore ; une hampe élevée d'environ deux
pieds, porte"* à foij^ommet une ombelle magnifique,
compofée de cinq à huit grandes fleurs campanulées y
régulières ; fes feuilles , qui reffemblent un peu à celles
des narcifles , ne naifTent cju'après que les fleurs ont
paru 5 & fe confervent jufqu'à-peu-près au temps oii
la tige qui doit porter de nouvelles fleurs commence
à croître ; alors les feuilles fe fanent & fe détachent
de l'oignon qui les nourrifToiî. Cette belle plante croît
naturellement aux Antilles & à Cayenne ; elle ne fleurit
qu'en Septembre & même en Oàobre. On la cultive
dans les jardins , oc fur- tout en Italie , pour la beauté
de fes fleurs qui y font un bel effet. Les Dames
d'Italie font, avec le fuc ou l'eau diflillée de cette
plante, un fard dont elles fe frottent le vifage pour-
blanchir la peau.
La Belle-dame {^ Belladona^ jaune d'Afrique, Ama-
ryllis Africana , a fes feuilles longues , étroites , lan-
céolées ëc en gouttière ; elles font plus longues que
la hampe n'eft haute ; quati^ fleurs jaunes ; les éta-
mines dépaffent la corolle.
BELLE^f
BEL 19}
BELLE-DE-NUIT. Plante à racine vivace , que
l'on cultive pour l'ornement des jardins dans l'au-
tomne , &c que quelques-uns rapportent au genre de
la plante appelée Jalap. On en diftingue deux fortes,
la grande 6c la petite efpece. La grande belU-de-nuit
eft défignée ainfi par les Botaniftes , Mirabilis Icngi-
jî'jra ^ Linn. 352; elle diiiere des hdUs -de- nuit ow
mirabdUs de la petite efpece de notre pays , jlos mira-
hilis , par fa tige qui eil beaucoup plus élevée , par
fes feuilles tapiflees de duvet, gluantes & d'un vert
grifâtre,
La grande bzlU -de- mât efl: originaire du Pérou ;
suffi Tappelle-t-on quelquefois merveilU du Pérou, On
lui donne le nom de bdU-dz-jiuit , parce que fes fleurs
qui font odoriférantes , ne commencent à s'épanouir
qu'à l'approche de la nuit : l'imprefîion des rayons
de la lumière les fait refermer. C'elf parmi les végé-
taux une petite maîtrefle , qui dérobe aux ardeurs du
foleil &: à réclat de la lumière la délicatefle de fes
couleurs : le jour la blelfe ; mais lorfqu'il vient à baif-
1er 5 elle déploie fes richelies , fes fleurs fe dévelop-
pent , elle étale dans un parterre fes grâces & les
atours.
La tige de cette plante eft cylindrique , & s'élève à
la hauteur de deux à trois pieds , quelquefois davantage ;
ibuvent elle ell couchée. Ses feuilles font oppolëes ,
d'un beau vert , garnies d'un duvet doux û, court ,
entières , ovales , pointues ; fes fleurs font axillaires ^
en entonnoir , de couleur rouge ou jaune , ou mêlée
de blanc. ( Il y en a une variété qui tiï blanche , & dans
laquelle le tuyau de l'entonnoir , c'efl-à-dire , le tube
de la corolle , efl long de trois pouces , quelquefois
davantage ; elle répand le foir & pendant la nuit une
odeur très-agréable. ) Aux fleurs fuccede le fruit qui
a la forme d'une capfule à cinq angles.
On prétend que la racine dont on fait ufage dans
les boutiques fous le nom de jalap ^ fe tire d'une
Tonu //, N. '
194 B E L ^
plante' alTez femblable à la bzlk-de-mùt vulgaire, 6d
qui n'en difFere que parce que fon fruit efl plus ridé :
c'ell une efpece de liferon d'Amérique. On prétend
encore que la plus grande différence qui exifle entre
ces deux plantes , dépend fans doute de celle qu'apporte
le climat ; car la racine de la hdk-dz-nuit , quoique
cultivée en Europe , eft charnue & efl auffi purgative à
la dofe de deux gros. Cependant i\4. Haller &c d'autres
Botaniftes inflruits , difent que le jalap eil la racine
d'une efpece de convolvuliis d^Amérique , au lieu que la
hzlU-dc-nuït ell d'un genre très-différent des convol-
vulus par le fruit , & par la pofition de la fleur.
On a donné encore dans quelques Provinces le nom
de hdlc-de-nuk à l'oifeau appelé roujferole. Voyez
ce 7710t.
BELLES-DE-JOUR. Nom donné aux plantes dont
les fleurs ne s'ouvrent que le matin , & fe ferment
à l'approche de la nuit ; telles font les fleurs du genre
des Malvacées, Voyez ce mot.
Le nom de hlU-dc-jour efl donné particulièrement
à une efpece de convolvulus dont la fleur a le tour
fiipérieur ou les bords de couleur bleue , eft blanche au
milieu du limbe , & d'un jaune de foufre au fond ,
c'efl-à-dire au centre de la fleur. C'eil le liferon à
trois couleurs, Convolvulus trkolor ^ Linn. 225. On
cultive cette plante annuelle dans les jardins ; elle efl
originaire d'Efpagne ; fa tige efl longue d'un pied &
plus , foible ; fes feuilles font lancéolées , ovales ,
glabres & liffes ; fes fleurs folitaires &: pédunculées.
BELLUGE ou Bélouga. C'efl le grand ejlurgeon.
Voyez ce mot.
BELO ou Bois de pieux , Arhor palomm , Rumph. ;
c'efl le caju'hdo des Malais. Rumphuis fait mention
de trois arbres ou arbriffcaux belo , dont il diilingue
deux fous le nom de bois dz pieux blanc , l'un à
petites feuilles , & l'autre à feuilles larges ; & le troi-
lieme qu'il app^^lle bols de pieu:ç noir; ils croiflent dan§
BEL 19J
les Moîuqiies, L'écorce des premiers efl grifâtre ; celle
du troifieme eft noirâtre. Les fleurs font odorantes 6c
reffemblent aiTez à celles de V aubépine. Le bois des tiges ,
en vieiiliiTant , devient tortueux , noueux & difficile
à couper. Les tiges les plus longues &: les plus droites
fervent à faire les pieux dont on forme les viviers &
autres enceintes deilinées à renfermer le poiffon.
BELONE , Efox Bdom , Linn. ; Ahanlgcr , Albert. ;
Acus Oppïanï , Aldrov. Jonfl. ; en Angleterre , Garfisk
ou Homjish ; à Rome , Acuzdla ; à Venife , Angujicula ;
ailleurs Aiguille 6c Broche , par allufion à la forme
effilée de ce poifTon. Il fe trouve dans la Méditerranée
& rOcéan ; il prend peu d'accroiflement ; il pefe or-
dinairement de deux à quatre onces. Rondelet dit que
fa chair eft dure & feche. La helone , félon Wlllughby ,
a le corps long ^ fluet , un peu arrondi , aplati à
l'endroit du ventre , & approchant de la forme qua-
drangulaire vers la queue. La tête eft plane ; le mufeaii
très-alongé , mince , aigu ; la mâchoire de defibus dépciffe
celle de deiïiis ; l'une &; l'autre font armées d'une mul-
titude de petites dents aiguës ; les yeux font grands ,
arrondis , jaunes ; les narines bien ouvertes ; la ligne
latérale eiî: droite. La nageoire dorfale offre dix-huit
rayons ; les pectorales , chacune treize ; les abdomi-
nales en cnt fix , rameux à leur fommet , excepté le
premier ; celle de l'anus a vingt rayons. La queue eil
fourchue. On trouve à la fuite de l'article poijfon ,
une obfervation de M. Mauduit , qui tend à prouver
que cette aiguille de mer eit vivipare. La belone paroît
être Vorphïe. Voyez ce mot.
BELUGO. Voyei Mtlan marin.
BELVEDERE ou Belle -a- voir , Chenopodium
fcoparium Linn. DodonU la nomme Gfyris. Par {ç.s.
feuilles elle reiïemble un peu à la linaire , & efl auHi
commune à la Chine que le faule : fa racine eft fibreufe ;
fes tiges font menues , un peu velues , droites 5 fort
rameules , cannelées , rougeâtres vers le fommet , t<.
N %
196 BEL
i'élevent en Avril & Mai à la hauteur de trois à
quatre pieds : les branches forment naturellement une
pvraniide : fes feuilles font vertes , étroites , longuettes ,
pointues , un peu velues en leurs bords , attachées
îans queue le long des rameaux : fes fleurs naiffent en
petit paquets fefTilcs &c verdatres , le long des rameaux
6z à l'extrémité des tiges ; elles font compofces
chacune de cinq pétales difpofés en rofe, & de plufieurs
étamines : il leur fuccede des femences menues 6c
noirâtres : elles mûrifTent en automne.
Cette plante eft en vigueur en été , 6c eft très-
agréable à la vue. Le Dofteur Marquet , dans fon
Dïaionnain portatif des Herborijîes , lui attribue une
vertu apéritive , déterfive , atténuante , propre pour
enlever les obftrudlions du foie & de la rate , foit
qu'on l'emploie intérieurement , foit qu'on l'applique
extérieurement.
Le P. du Haldc , dans une de fes lettres datée de
Pékin , & inférée dans le Recueil des Lettres édifiantes ,
fait connoitre particulièrement les vertus de cette
plante. Les Boîaniiles François n'en font pas l^eaucoup
de cas. Cette plante fe nomme en Chinois /zc>-/<:/2^o/^-
tfao ou kive , c'efl-à-dlre plante pour les balais. U Her-
bier Chinois cite les vertus fans nombre de cette plante
qui croît naturellement dans la Grèce & en Italie.
BELZEBUT de M. Brifion, Efpece de finge de la
famille des Sapajous ^ qu'on voit aduellement au Jar-
din du Roi , ëc qui a paru , il y a quelques années
u Paris , aux yeux du public , fous les noms de behe-
but , de diable de l'Inde. On l'appelle quonti à la Guiane ,
ôc chamcck au Pérou. C'eft le quatto de Surinam. Les
Hollandois lui donnent le nom de flinger-aap ( finge
voltigeur ) qui exprime très-bien l'allure de ce qua-
drumane , d'autres l'ont appelé dlabk des bois à caufe
de fa couleur noire. Ce Ul^ebut du Lardin du Roi ,
refTemble un peu à l'homme par la face. Il l'a efFedive-
ment moins alongée ou phis aplatit^ que celle des
BEL 197
iahouîns ^l des guenons^ ûir-îout aii-defiiis des yeux.
Sa face efl de couleur roudatre , (k. fercit entièrement
nue s'il n'y avoit par-ci par-là quelques poils aiTez
longs. Ses oreilles font noirâtres , nues ùz, faites comme
celles de l'homme ; fur les côtés de la tête , au devant
des oreilles , fe voit un petit rang de poils ; la lèvre
fupérieure a un peu de barbe , l'inférieure en a davan-
tage ; les yeux font fort gros : le front n'a point de cils ,
mais il e^ élevé , ëc le poil qui y croît entre les yeux
fe dirige en bas & fe termine en pointe. Le nez eft aflez
large , long , aplati , 6c defcend avec tout le mufeaii
en ligne oblique. Les narines ne font ouvertes qxio.
vers les côtés. Les dents antérieures font au nombre
de quatre à chaque mâchoire , indépendamment des
autres dents de chaque côté, qui, fur-tout celles de
deffus, font plus pointues éc la moitié plus longues
que les autres. Ce Jingc n'a point de falles ou poches
au-deiTous des joues; prefque tout fon corps eil d'un
beau noir ; les poils des côtés font roux ; toute la partie
inférieure du corps & l'intérieur des jambes, (ont d'un
blanc-jaunâtre : il manque de pouce aux pieds de devant ;
fes ongles font noirs. On obierve que fa queue , qui
ell longue , eil à fon origine fort épaiffe , couverte d'un
poil ferré , noir &: fe terminant en une pointe ; mais
elle n'a point de poils en-deffous vers l'extrémité : on
y voit une efpece de peau noire & feniblable pour la
dureté à celle de la plante de pieds de l'homme. Cette
queue lui lért comme d'une cinquième m.ain : elle fait,
de même que la trompe de l'éléphant, l'oflice de main,
& lui fert pour porter fa nourriture à la bouche , &:
pour tout faifir. On voit adluellement (en 1 77 5 ) à la
Ménagerie de Chantilly , un de ces fmges : il efl affez
docile ; il donne la main aux dames , fouille dans leur
poche & fait y prendre la boite aux bonbons qu'il
mange : il prend à pleines mains le tabac en poudre &
€n frotte tout fon poil. Il marche fur la corde lâche,
ôc s'y fufpend par la queue qui ferre très-fort,
N 3
198 BEL
Il y a quelques années que je vis un fembîabîe quâ-
dnimane à Amflerdam, dans la Ménagerie de M. Berg-
mcycr. Il étoit attaché par une chaîne &: un anneau , à une
longue corde tendue, autour de laquelle il entortillcit
fa queue d'une manière fi ferrée , que fans autre appui il
s'y fufpendoit, faifoit toutes fortes de tours ,& volti-
geoit d'une manière furprenante. Je me fouviens que
pour avoir voulu badiner avec cet animal, il faifit ma
main de fa queue , 6c la ferra alTez fortement pour me
caufer de la douleur : on fut même obligé de frapper
l'animal pour lui faire quitter prife. J'eus le temps d'ob-
ferver que cette efpece àt fmge ^ fans être méchant,
eft un peu traître. Je remarquai aufîi que le hdryvut
mange prefque de tout ce qu'on lui prefente; mais il
fembloit préférer les fruits, ainfi que le font toutes
les efpeces de fmges. Dampier dans fes Foyages , Edit,
Fnznç, d'Awft, 171 1 , in-8'% T. ///, /;. 91 ; & Wafcr^
dont les Voyages font imprimés à la fuite de ceux de
Dampkr ^T. IV^ p, 87, font mention de cette efpece
de fmg- , ùC ce qu'ils en difent mérite d'avoir place
ici. En voici Texti-ait :
Ces Jinges fe trouvent à l'Ifle de Séries dans la Baie
de Campêche , &c. Ce font les plus laids du genre des
Shzgcs. Tout le deifus de leur queue ell garni , ainfi
que tout le refte du corps, d'un poil rude, long, noir
& hériile. Ils vont vingt ou trente de compagnie rôder
dans les bois , 011 ils fautent d'un arbre à l'autre : s'ils
trouvent une perfonne feule , ils font mine de vouloir
la dévorer ; c'efl ce qui arriva à Dampkr. Les uns
craquettoient des dents & faifoient beaucoup de bruit ,
tandis que d'autres faifoient des grimaces de la bouche ^
des yeux , &; mille pcflures grotefques. Quelques-ims
Tompoient des branches &: les lui jetoient; d^autres
répandoient leur urine & leurs excrémens fur lui : le
plus hardi d'entr'eux dei'cendit de branche en branche
ëc fauta tout droit contre Dampkr^ ce qui le fît reculer
tn arrière : bientôt le fmge bdiebut fe prit à une bran-
BEL 199
che avec le bout de fa queue ; là il demeura fufpendu
en le balançant & lui failant des mines. 11 faut la pré-
fence de plufieurs hommes pour les faire enfuir. Les
femelles font fort embarralTées pour fauter après le?
mâles avec leurs deux petits : elles en portent un de
leurs bras, & l'autre, qui efl affis fur leur dos, fe tient
accroché à leur cou avec fes deux mains. Quand ils
veulent paffer du fommet d'un arbre à un autre , dont
les branches font trop éloignées pour y pouvoir attein-
dre d'un faut, ils s'attachent à la queue les uns des
autres , 6c ils fe balancent anifi jufqu'à ce que le der-
nier attrape une branche de l'arbre voifm, & tire tous
les autres après lui. JFafir dit que ces Jinges font fort
gras dans la belle faifcn , lorfque les fruits font mûrs :
la chair en eft bonne à manofer.
Ce finge hdiibut eft le Coaita. Foye^ ce mot.
M. Vofmaér a donné la defcription d'un Sïngz Vold-
gr^z/r Américain , furnommé \ejifflcur\ ce fapajou fiffl^ur
reffemble , dit-il plus ^Lwfajouhrun qu'au bd^thu^\ cepen-
dant il en diffère tant par la forme que par cette pro-
priété naturelle &: remarquable qui lui a fait donner le
nom àtjiffleiir, Lefiige de cette efpece efl naturellement
affez bon; mais il fe fouvient des perfonnes qui l'ont
offenfé , éc alors il paroît méchant envers elles , & il
crie lorfqu'il fe met en colère : mais quand l'animal
n'eil point provoqué 6c qu'il eft en paix , il fiffle comme
un homme, & à chaque infiant; ce fon eil monotone,
très-fort en commençant & s'affoibliifant par degrés.
Ce Jirzge qui fe voit aujourd'hui dans le Cabinet du
Stathouder à la Haye , ell grand ou long de quatorze
pouces , à prendre du fommet de la tête jufqu'à l'ori-
gine de fa queue : la face tout autour des yeux & du
nez eu. nue ou pelée , mais un peu plus loin fe voient
des poils très-courts, gris-bruns, couchés à plat jufque
fur les lèvres ; les oreilles font fort grandes 6c peu
velues ; les yeux gros 6c fans fourcils ; le nez plat & les
narines ouvertes ; les dents antérieures ou incifives font
N4
200 B E N ^ ^
au nombre de quatre à la mâchoire inférieure , & de
trois à la fupérieure; les canines font au nombre de
quatre de chaque côté, tant en haut qu'en bas, & une
fort grofTe défenie , &c. Chaque pied efl a cinq doigts
fort longs & à trois articulations; (le couita ou hdiçbut
n a que trois doigts aux mains ou pieds de devant ) les
deux doigts du milieu font X^^s plus longs , & les pouces
les plus courts; les ongles ionX noirs, aplatis par les
côtés , recourbés en bas & pointus ; ceux des pouces
des pieds de derrière font un peu plus larges & mieux
arrondis : les doigts font couverts de poils courts &
noirs jufque fur les ongles. La queue eft affez longue
& garnie jufqu'au bout d'un poil noir , fort ferré : la
couleur du dos eft d'un brun obfcur, plus clair aux
flancs & à la poitrine ; la tête &; les pieds de derrière
tirent plus fur le noir; l'articulation fupérieure des
pieds antérieurs eil en devant d'un jaune-brunâtre clair ;
îa face chauve & d'un gris-rouffâtre , donne à ce fmge
une figure de mafque. Quoique fa queue foit totale-
ment velue , il s'en fert comme le belicbut pour
tout faifir , pour fe tenir ferme en montant & en àd-
cendant, ou pour foulever fa chaîne dans les maifons
lorlqu'il grimpe, & fouvent on le voit, au moyen de
cette queue , raniader à terre & porter en haut plufieurs
chofes qu'on lui jette. Ce' caudimane prend plaifir à
voltiger fufpendu uniquement par fa queue , & la plu-
part du temps il marche en portant le bout de cette
efpece de main recourbé. Il eli trés-friand d'œufs ^
d'araio;nées , qu'il cherche avidement. Au refle il mange
& boit volontiers de tout. Celui qui a vécu pendant
plufieurs années à la iMénagerie du Stathouder ne rcfu-
foit pas Feau.-de-vie de genièvre : c'étoit un mâle d'un
tempérament fort chaud; fouvent il fe lavoit toute la
face avec fa propre urine , qu'il recevoir à cet eixet dans
fes pattes antérieures.
BEN. Petite noix de figure tantôt "oblongue , tantôt
arrondie eu tiiangulaire, couverte d'une coque blan-
BEN 201
châtre, fragile, contenant une amande blanchâtre allez
greffe : on Tapporte d'Egypte.
C'efl le fruit d'un arbre appelé gUns unguentarla ,
Bauh. Pin. 402, dont on voit la figure dans VHortus
Farnefianus : arbre que Bclon dit reffcmbler au bou-
leau , & qu'il a vu auprès d'une montagne d'Arabie que
l'on appelle pharagou , dans le chemin qui conduit du
Caire au Mont Sinaï. Cet arbre porte , dit -on, deux
fortes de feuilles, l'une funple & l'autre branchue;
la feuille branchue eu affez femhiable à un petit rameau
de genêt; ces rameaux de feuilles en portent d'autres
petites à leurs nœuds.
On retire par exprefîion de l'amande de la noix de
hn une huile épaiffe &: une autre huile effentielle acre,
d'où dépend la vertu que Ton attribue à ces noix
d'exciter le vomiffement & de purger. Mais comme
elles troublent l'eilomac & qu'elles ont même quelque
chofe de cauflique, on en ""a aboli l'ufage parmi nous ;
on ne fe fert qu'extérieurement de Phuile tirée par
expreiïïon pour corriger les vices de la peau , 6c cette
huile efl: prefque toujours figée. Nous devons dire que
dans le commerce on fubititue fou vent à l'huile de^^/z,
celle Aq fefame. Voyez Vanidc JuGOLiNE.
Les Parfumeurs recherchent beaucoup cette dernière
efpece ^ huile de h en , parce qu'elle efl: très-propre pour
fe charger de l'odeur des fleurs odorantes , puiiqu'à
peine parvitnt-elle jamais à rancir; la raifon en efl:, dit
M. Bucquet ^ qu'elle efl éloignée de la fluidité , état
favorable à la fermentation , Se qu'étant fans odeur, elle
n'altère point celle des fleurs. Pour cet effet , on prend
un vaiffeau de verre ou de terre, large en haut , étroit par
le bas ; on y arrange de petits tamis de crin par étage ;
enfuite on met des fleurs par lits fur ces tamis , &
fur ces fleurs du coton cardé imbibé ^hulle de ben.
Cette huile fe charge de l'efprit relieur des fleurs
qui conflitue l'odeur : on remet ce même coton
fur de nouvelles fleurs ; on exprime enfuite l'huile
îol BEN
du coton 5 & elle a l'odeur de VhuUc eJfcntldU de c^%
plantes.
Il y a une autre forte de groffe noix de bcn triangulaire,
qui s'appelle mouringou , Rheed. ; Guilandïna mcringa ,
Linn. ; Balanus myrtpfica , Black^'.; Moringa oUifcra, C'eli
le fruit d'un arbre qui croît abondamment dans les iables
du Malabar, de Ceylan , Mor'mg.i Zeyianua , follorum
plnnïs pinnatis ^ jion majore^ ffuciu angulofo , Burm. Les
Indiens le cultivent dans leurs jardins, à caufe de fa
femence que Ton envoie vendre comme les fèves au
marché. Cet arbre ell: haut d'environ quatre toifes ; fon
ëcorce ell blanchâtre en dedans & noirâtre en dehors ,
d'une odeur 6l d'un goût de raifort lauvage. L'écorce
des branches eil verte, &: celle des racines jaunâtre.
Les feuilles font ailées , alternes ; & les fleurs qui
paroiflent en Juin , font blanchâtres , hermaphrodites ,
difpofées en grappes éparfes à l'extrémité des rameaiLX.
A ces fleurs luccedent des gouffes cylindriques, lon-
gues d'im pied ou environ, cannelées, à trois pan-
neaux , contenant dix-huit à vingt noix fur un feul
rang , triangulaires , de la grofleur d'une noifette. Sous
l'écorce de ces coques font des amandes blanchâtres
très-huileufes. Les Indiens préparent des pilules anti-
fpafmodiques avec les feuilles , l'écorce de la racine &
les fruits. Hort, Malab. Tom. Vî ^ page 19, tab, 11.
Cette efpece paroit la même que la précédente.
BENARL Efpece à'Ortoldn paffager en Languedoc,
qui devient trcs-gras, ^ qu'on fert fur les grandes
tables comme un mets des plus exquis. Voye^ Ortolan.
BENÊT. Nom donné par quelques Voyageurs à
l'oifeau appelé Fou. f'^oyc^ ce mot.
BENGALI. Nom donné à de petits oifeaux du genre
des Moineaux : il y en a de bruns , à ventre bleu 6c de
piquetés. Ces petits bipèdes, qui ont la plupart le
bec rouge, font d'une forme charmante, du plumage
le plus agréable, de la grofleur de la hnotte : ils habi-
tent également la Terre Ferme ôc.les Illes de l'Afrique
BEN 203
& de l'Afie^ maïs notamment le Royaume de Bengale,
ce qui les a fait appeler bengalis : ctux-ci ont le defîus
du corps d'un joli gris ÔC le refte bleu, au-defîbus
des yeux un trait pourpre ou rouge; ceux de Java
font piquetés de petits points blancs iur un plumage
rouge différemment nuancé, comme du nougat : on
les appelle cunandava.
Les bengalis vivent de grain, & ils font, par leur
nombre, de grands dégâts dans les plantations de millet.
Les Nègres en prennent une grande quantité par le
moyen de calebafîes qu'ils tiennent à demi-fculevées
avec V.ÏÏ bâton auquel ils ont attaché une ficelle qu'ils
tirent quand le grain , mis fous la calebaffe , y a attiré un
nombre fufRfant de ces bipèdes. Ces oileaux s'appri-
vcifent aifément; quoique vifs, leurs habitudes lent
très-douces. On en peut nourrir plufieurs ( mâles &
femelles ) dans une m-ême cage ; leur chant eil foible ,
cependant agréable. On en apporte fouvent dans nos
climats , mxais il en périt beaucoup en route. On diflin-
gue le bengali , appelé par nos oifeleurs le cordon
bleu , & le marlpofa ; celui-ci a le trait rouge fous l'œil ,
en travers : le bengali brun : le bengali piqueté. Voyez
^/. e/2/. 1 1 5 , fig. I , 1 , 3. A l'égard du bengali rouge de
la Guiane , Foye^ Senegali.
Benguelinha à'Euward, Voyez â tartlcle Ven-
GOLINE.
BENJOIN , Benicinum aut Bel^oinum , feu AJfa dulcis
Cficinarum. C'efl une réfme feche , dure , fragile ,
inflammable , d'une odeur fuave & pénétrante , fur-tout
lorfqu'on la brûle. Cette réfine découle naturellement
ou par incifion d'un arbre appelé bel^of , ( c'efl le
comingham des Chinois , le louanjaoy des Malais , )
lequel croît dans les bois du Royaume de Siam &;
dans ceux des Ifles deMalacca, de Java &: de Sumatra.
M. LinncBus ^ Spec, s 30, le place parmi les lauriers. Mais
M. Bernard de Jujjieu obferve dans la Pkarmaccpée de
Ulle ^ que ce vCtÛ. pas le lodiru s -benjoin qui fournit
104 ^ BEN
» la vraie ùjinc de benjoin. Nous ne connoiflbns point
» encore , dit ce l'avant Botanifle , l'arbre d'où elle
» découle; cet arbre ne croît que dans les Indes Orien-
V taies. Le Liurus bm^c.in ne vient que dans la Virgir-
» nie &; autres pays d'Amérique ; fes feuilles froiiTées
» ont une odeur approchante de celle du hmjoin ,
» ce qui avoit fait croire à Boèrhaave que c'étoit le vrai
» benjoin. Enfin l'on croit aujourd'hui que Varhrc aie
» bmjoin eft le Badamïcr au benjoin. Voyez tarticlz
Badamier.
Quand l'arbre qui donne le benjoin a cinq ou fix
ans , on lui fait àits incifions en longueur & un peu
obliquement à la couronne du tronc; c'eft de là qu^
découle cette excellente réfinc, qui efl d'abord blan-
che , glutineufe & tranfparente , & qui fe fige & fe
durcit peu-à-peu à l'air , ëc devient grfe-jaunâtre, quel-
quefois d'un brun-rougeâtre , macu.lé comme des aman-
des calfées ou du nougat , ce qui l'a fait appeler benjoin
amygdaloïde ou amande. Si on lépare cette réfme dans
le temps convenable , elle efl belle & brillante ; mais
fi elle rtile long-tcmips à l'arbre , elle devient brune ,
& il s'y mêle des ordures. Voilà ce qui lait la dilïé-
rence des deux fortes de benjoins ^n forte cl en larmes ^
qu'on trouve dans les boutiques.
On ne retire pas plus de trois livres de benjoin d'un
même arbre. Comme les jeunes arbres donnent pliis
de réfine que les vieux , les Habitans ne les laiilent
pas croître au-delà de fix ans , à compter de i'inftant
<Ju'ils commencent à donner de la réfine.
Le benjoin fe fublime en fleurs argentées , lorfqu'on
le tient fur le feu dans une cucurbite entourée de fable
ôc couverte d'un cornet de papier, &: mieux encore
d'un cône de verre. Les fleurs de berijoin font le fel
cfîentiel que l'on retire par la fublimation. Ce fel a
une laveur acide très-marquée; il rougit le firop de
violette , ôc fait erïervefcence avec les alkalis. Les
fels neutres qu'il forme avec eux, n'ont pas encore
BEN ^ 205
été bien examinés. Ce fel de benjoin paroît être l'acide
de ce baume rendu concret par une portion de fon huile.
Ces fleurs de benjoin font employées dans les par-
fums , en Médecine pour les maladies du poumon , 6c
dans la Chirurgie pour réfiHer à la gangrené : on pré-
tend qu'elles enlèvent les taches de ronfleur. La réiine
en nature , dilîbute dans de refprit de vin , donne
ime teinture dont quelques gouttes jetées dans de
l'eau , la rendent trouble îk laiteufe ; c^q{\. ce que quel-
ques-uns appellent lait virginal. Les Dames en font ufage
à la toilette comme d'un colmétique. Le b.njoln en
nature eft aufîi , félon M. Bourgeois , un tres-bon re-
mède dans la phthifie pour fondre & déterger les ul-
cères tuberculeux du poumon; il efl moins a£lif &
ftimulant que les fleurs qui font , dit-il , très-efficaces
dans l'aflhme pituiteux.
On donne le nom de benjoin français à Vimpéra^
ioire. Voyez ce mot, A l'égard de l'arbre ^.^^ûé faux
benjoin , Voyez Badamier de Bourbon.
BENITIER. Nom donné à une coquille de la fa-
mille des Peignes : fes oreilles font égales : la valve
inférieure elt très-convexe , &c la fupérieure un peu
concave. Foye^ Peigne.
BENOIT, Foyei l'article Fou.
BENOITE , Galiote ou Recize , en latin Ca-
rlophylLita vulgaris ^ C. B. Pin. 321 ; Et flore parvo
lutee ,J. B. 2, 39^; Geum urhanwn ^ Linn. 716. C'eil
uîie plante dont la racine eft vivace , un peu fibreufe ,
Ô^ qui , lorfqu'elle croît dans un lieu fec & chaud , &
qu'on la recueille au printemps , a une légère odeur de
clou de girofle. Sa couleur eft brune-noirâtre; fes tiges
font droites , hautes d une coudée , velues , garnies de
rameaux alternes & feuillées. Les fleurs de cette plante
naiftent au fommet des rameaux &; font en rofe , de
couleur jaune, pédunculées , compofées de cinq pétales,
& de plufteurs étairiines attachées au bord intérieur du
calice; il leur fuçcede une i:ête {J3hérique, com.pofée
io6 BEN
de pluiieurs femences velues , terminées chacune ^
dit M. De/euic , par un filet recourbé par le boi;t.
Ce filet eft plus alongé dans d'autres efpeces , & garni
de poils qui le font relfembler à une plume. Les feuilles
fupérieures , c'efl-à-dire , celles de la tige , font d'un vert
foncé , découpées en trois lobes; les inférieures ou radi-
cales font dentées & accompagnées de deux petites ailes à
la bafe. Ces deux fortes de feuilles font un peu velues.
Cette plante croît le long des haies , dans les bois
&: dans les lieux incultes en Europe. La racine fraîche
contient beaucoup de fel volatil , ce qui la rend très-
vuile dans les obflrudions de la tête : lorfqu'elle efl
feche , elle contient moins de ces parties volatiles , 6c
eft plus aflringente. L'infuiion de cette racine dans du
vin occafionne la fueur , ôc, donnée au commencement
du friflbn, facilite la guérifon des fièvres intermit-
tentes. On prétend qu'un fachet de cette même racine
coupée par morceaux , & mis dans un tonneau de
bière , empêche cette liqueur de s'aigrir. Toujours
eft - il vrai que la tifane faite avec toute la plante ,
eft un vulnéraire très-utile dans les chutes , 6c dans
tous les cas où il y a à craindre qu'il n'y ait intérieu-
rement du fang extravafé.
On diflingue dans ce genre de plantes vivaces , à
fleurs polypétalées 6c terminales , 6c à fruit en tête ,
plufieurs autres efpeces. Il y a la hcnoîte. de Virginie ,
G mm Vïr^inianum , Linn. ; fes fleurs font petites &
blanches. La benoîte aquatique , Geum rivale , Linn. ;
elle fe trouve dans les lieux humides ou voîfms des
ruilTearx , en Europe ; fes fleurs font penchées & d\me
légère couleur de rofe. Il y a une variété appelée par-
ticulièrement hmoite a Jleurs penchées , Gmm nutans ,
Hort. Reg. : fes fleurs font jaunes , les pétales cordi-
formes ; fes tiges forment de larges touffes. La benoîte
de montagne , Geum montanum , Linn. : une feule fleur
grande &: d'vm beau jaune : on la trouve fur les mon-
tagnes des Pyrénées , du Dauphiné , de l'Auvergne ,
BEN B E R 207
de la SuiiTe , & de l'Autriche. La be7îoitc rampante ,
Geum nptans , Linn. ; indépendamment des feuilles ê^
des tiges qui portent chacune une belle fleur jaune ,
elle pouffe des rejets grêles , munis de quelques petites
feuilles , couchés &: rampans : cette efpece fe trouve
dans la Vallée de Barcelonnette , dans les montagnes
de la Provence , du Dauphiné , & de la Suiffe. La benoîte
de Kamtfchatka , Dry as pentapetala , Linn. Amœn.
Acad. : la tige de cette benoîte qui croît naturelle-
ment au Kamtfchatka , eft une hampe terminée par
une fleur blanche. La benoîte à feuilles de potentille ;
c'ell le dry as geoïdes de M. Pallas : elle croît dans
la Sibérie.
BENTAVEO. Voyci Tyran.
BEORI ou Dante ou Manipouris. Foyei Tapira
BEPOLE. royei NiMBO.
BERBÉ. Nom que les Nègres de Guinée donnent
à l'efpece de genette ou de fouine , que nous appelons
foffane. Voyez Fossane.
BERBERIS, Voyei Épine-vinette.
BERCE ou Fausse Branc-ursine , Sphondillum
rulgare^ hirfutum , C. B. Pin. 137; Sphondilium qui-'
biifdani Jive Branca-urjina Germanïca , J. B. 3. Part. 2,
160; Spondllium ^ Dodon. Pempt. 307. Heracleum
fphondïlium , Linn. 358. C'eft une plante qui croît au
bord des bois , dans les prairies humides , &: fleurit
en Mai & Juin. Sa racine efl vivace , charnue ëc pleine
d'un fuc jaunâtre ; elle pouffe une tige haute de deux
à trois pieds , & même plus , creufe , cannelée , cylin-
drique , rameufe , velue , qui foutient des feuilles cou^
vertes , noîamm.ent en deffous , d'un duvet affez fin ,
fort amples & découpées en plufieurs lobes ou parties
qui font affez reffemblantes à celles du panais. On a
donné à cette plante l'épithete de fauffe branc-urjine ,
parce qu'on a cru trouver dans fes feuilles quelque
reffemblance avec les pieds d'un ours. Ses fleurs font
en ombelle , blsinçhes ou purpiirin<;^s , à cinq pétales
2o8 B E R
inégaux ; il leur fuccede des graines aplaties , rayées
fur le dos.
Dans ce genre de plantes à fleurs conjointes , &
de la famille des Oml-e//:feres , en compte auffi la
I^erce à feuilles étroites , Htrackum an^ufiïfoUum , Linn. ;
elle croit en Suéde ck: en Angleterre. La hcrcc de Si-
bérie , Hcrackiwi Sïhmcum^ Linn. ; on mange fes jeunes
feuilles en guii'e de légumes dans le pays. La b&rcs, à
larges feuilles , Voyez Grande berce. La berce d'Autriche,
Htracleum Aiifiriacum ^ Linn. Il y a aufîi la berce des
Pyrénées ôi celle des Alpes. Enfin la berce naine du
Dauphiné.
Quelques - uns prétendent que notre berce vulgaire
eft plus nuiiible qu'utile , qu'elle infefte les prés &
les pâturages , & détériore les foins oii elle fe trouve
trop abondante. Cependant les feuilles de la berce font
réputées émollientes; la femence &: les racines font
incifives & apéritives ; la racine , appliquée en cata-
plafme , difîipe les callofités. Les Polonois & les Lithua-
niens font avec fes feuilles & fa femence une forte de
boiffon qu'ils appellent parjl , & qui tient lieu de bière
aux pauvres gens. Les lapins font friands des feuilles
de cette plante. On fait quelquefois ufage du fuc de
cette plante afpiré par le nez avec de l'eau de mar-
jolaine 5 pour faire couler la pituite lorfqu'cn eil: enchi-
frené ; m^ais OlaiLs Borrichius dit dans les Acies de
Coppenhame , en avoir vu des effets trés-fâcheux : le
viiage grofiit prodigieufement , &; la perfonne eif atta-
quée de vertiges , d'infomaiie , ôcc. M. Hallcr dit que
les mem.branes blanches de l'intérieur des tiges fiflu-
leufes de la berce , macérées & diiiiliées , donnent un
efprit inflammable , que les RuiTiens préparent dans le
Kamtfchatka. On vante la berce , dit le même Auteur ,
pour guérir X-àplica Polonica. Voici , fuivant M. Stdler^
r ufage &: les propriétés de cette plante chez les
Kamtfchadales :
La berce leur efl d'un auffi grand ufage que la farane,
Vovcz
B E R 209
Voyez ce TUGt. Ils en mettent dans leurs tartes & leurs
foupes , &; ne peuvent s'en palier dans leurs cérémo-
nies fuperflitieufes : elle ell au nombre de leurs plantes
douces. Lorfque les Ruffes fê furent établis dans ce
pays , ils remarquèrent qu'on pouvoit tirer de la berc&
une liqueur fpiritueufe , & c'eft la feule eau-de-vie
qu'on y vend aujourd'hui publiquement. La berce y
eft très-commune. Les Habitans la cueillent &: la pré-
parent de la manière fuivante : ils coupent les pédi-
cules des feuilles à l'endroit de leur infertion , ils les
ratifient avec un coquillage , & en font des paquets
de dix chacun ; à^s que ces paquets commencent à
fentir , ils les enferment dans un fac , & il s'y forme
une poulTiere douce qui provient vraifemblablement
du fucre ou fuc de la moelle de la plante. Cette pré-
tendue plante fucrée , comme ils l'appellent , approche ,
difent-ils , du goût de la régliife : elle eu affez agréable.
Ce font les femmes qui en font la récolte ; elles
font néanmoins obligées de mettre des gants ; car fon
fuc eu. û acre &C fi cauftique , qu'il fait élever des
ampoules fur la chair par-tout où il tom.be. Quand
les RufTes veulent en manger dans la faifon du prin-
temps , ils fe contentent de la mordre, &c prennent
garde d'y toucher avec les lèvres. M. Stdler dit avoir
vu des perfonnes qui , pour n'avoir pas pris cette
précaution , ont eu les lèvres , le menton , le nez &
les joues couverts de puftules; & quand elles crèvent,
l'enflure ne fe difTipe qu'au bout de huit jours.
Pour retirer de l'eau-de-vie de cette plante , on met
plufieurs braffées de berce dans un petit vaifTeau qu'on
place dans un lieu chaud , où on le laiiTe jufqu'à ce
que la liqueur fermente , ce qu'elle ne tarde pas à
opérer ; &c fouvent en caiTant le vaifTeau. Après en
avoir préparé d'autres de la même manière , on les
mêle enfemble , & le tout fermente au bout de vingt-
quatre heures. On met les herbes 6c la liqueur qu'elles
^nt produites dans une chaudière que l'on couvre (eu-».
Tome II. O
lement avec un chapiteau de bois , auquel on acîapté
un canon de fufil. La première liqueur qui en fort a
la force de l'eau-de-vie. Cette eau-de-vie cohobée ,
c'efl-à-dire diililWe une féconde fois , produit un efprit
qui coîTode le fer. Ce font les riches du pays qui
ufent de cet efprit rectifié; le peuple fe contente de la
première.
Le marc qui refle dans l'alambic fert à faire fer-
menter de nouvelles infufions ; quelquefois on le donne
au bétail pour l'engraiffer. Il convient d'obferver que
i'eau-de-vie qu'on retire de la plante fans l'avoir ratif-
fée , jette dans la mélancolie ceux qui en boivent ,
& leur caufe des délires. Suivant les remarques de
M. Stellcr , cette eau-de-vie efl très-pénétrante & con-
tient un efprit acide qui noircit & coagule le fang.
Elle enivre pour peu qu'on en boive , &; rend le vifage
îioir : il fuffit d*en avaler quelques drachmes pour avoir
pendant toute la nuit des fonges affligeans , & le len-
demain des inquiétudes & des frayeurs , telles qu'on
fe croit être menacé de grands malheurs ; 6c ce qui
efl très-extraordinaire , c'efî que notre Auteur a vu
des gens qui ayant bu de l'eau froide le lendemain
qu'ils s'étoient enivrés avec cette eau - de - vie , font
retombés dans une ivrefle qui les empêchoit de fe
pouvoir tenir debout. Les Habitans fe lavent les che-
veux avec le fuc qu'ils tirent de cette plante au prin-
temps pour fe garantir de la vermine , & trouvent que
te remède eil le feul qui leur réufîiffe. Parmi les Kamtf-
chadales , ceux qui veulent avoir des enfans , ne man-
gent point de la berce fermentée , dans la perfuafion
où ils font que cette plante ainii préparée éteint la
puifîance reproductive Tel eft l'extrait du détail
tiftorique fur la berce , par M. Steller. Que de propriétés
étranges & oppofées ! Cette berce eil-elle bien la nôtre ?
Eft-ce le clim.at ou la préparation qui lui donnent de
telles vertus ? N'eil-ce pas la berce de Sibérie ? On lui
a donné le nom de fphondïlium , parce que fa femence
B E R iir
u l'odeur défagréable du fphondUe , efpece de ver qui
ronge les racines des plantes.
On donne auiîi le nom de berce à la gorgs^rouge 6c à
la plante qui donne Vopopanax. Voyez ces mots 6c
Vartich GRANDE BercE.
BERGAMOTE. Voye^ Citronnier.
BERGE. Nom donné aux rochers élevés à pic Air
l'eau. Il y a fur la côte de Poitou des rochers que Voxt
appelle les herbes cPOloniie.
BEP.GERONNETTE , Motadlla. Petit oifeau du
genre XL de M. Briffon^ & dont on a plufieurs eï^tcQs
ou variétés très - répandues dans l'ancien Continent.
i.° La h&rgtronmtu grîfi^pl, enl. 674 ,7%-. i. Tout fon
corps eft de couleur cendrée ; les couvertures de la queue
font noirâtres ; la gorge & le cou , dim gris-blanc , avec
une efpece de collier d'un gris-brun chez le mâle unique-
ment ; le deiTous du corps el] d'un blanc-gris ; les plumes
des ailes , brunes & terminées de blanchâtre ; le bec ,
les pieds & les ongles font bruns-grifâtres.
Ces jolies efpeces d'oifeaux ont reçu leur nom de
l'habitude qu'ils ont de fuivre les troupeaux dans les
champs, & fpécialement les moutons. Ils font naturel-
lement familiers & ne paroifTent pas éviter la fociété
de l'homme ; ils ne fuient pas loin ; ils reviennent auffi-
tôt que l'apparence du péril eil paiTée. En été, ils fe
nourriffent de mouches , de moucherons ; en hiver, ils
fe retirent fur le bord des lieux aquatiques pour s'y
nourrir de vers. Les hcrgiromiettcs ne s'accoutument
point à la captivité. Quand ces cifeaux font en amour,
leurs mouvemens font précipites, les mâles courent &:
tournent autour de leurs femelles , en renflant les plumes
du dos. Ils font communément leur nid à terre , près
des ruiffeaux , fur les rivages , & quelquefois au milieu
des blés. Ce nid eil conftruit eritérieurement de mouffe
& d'herbes feches, garni en dedans de laine, de crin,
de plimies. La femelle fait d'une feule ponte (ix ou huit
œuf^} d'un blanc fale , parfemçs de taches ck de lignes.
O %
m B E R
brunes difpofées irrégulièrement. L'efpece de la herge^
ronnau paroît s'étendre dans l'Europe* en général. Leur
chant eft doux, très-difFérent d'un cri aigu qu'elles
jettent en prenant leur effor. ( Bclon les déligne ainfi ;
Autre foru de LAVANDIERES. )
Il y a auffi : hzhrgeronnctte gr'ife des Indes. La bergeron-
nette jaune y pi. enL 28. La berger ette; c'eft \t ficedula de
M. Brijjon 5 6c le cauda tr émula des Italiens ; elle efl un
peu plus grande que l'efpece grife : le mâle a une tache
noire placée fur la gorge , & une raie blanche fous chaque
joue; le defîbus du corps eft jaune. La bergeronnette du
printemps^ pi. enl. 6j^^fig. 2 , reparoît des premières
dans nos campagnes à la fin de l'hiver. Ces oifeaux ne
différent entre eux , peut-être , que par l'âge. La berge--
ronnette a cellier , de l'Ifle de Luçon ; la bergeronnette de
Madras , grande & petite , ( motacilla Maderaspatana ,
nigro alboque mïxta , Rai. ) , ont le bec , les ongles & les
pieds noirâtres , ainfi que les bergeronnettes du Cap
de Bonne-Efpérance , /?/. enl. x^^fig. 2. Celle de l'Ifîe
de Timor , a les pieds d'un rouge- pâle ; fon bec efl
large d'abord , rétréci enfuite , puis renflé. La bergeron-
nette de Java ne paroît être qu'une variété de la berge^
geronnette jaune.
BERGFORELLE, Salmo alpius, Linn. ; Umbla
?ninor, Gefn. , Aldr.,Wilîugh. ; en Suéde, Rotele ^ Roding ;
en Suiile 5 Renteie; en Angleterre, Torgoch. Ce poiflon
efl du genre du Salmonc : il fe trouve dans les lacs de
la Laponie & de l'Angleterre , où l'on prétend qu'il n'y
a aucune autre efpece de poifTon. TVillughby dit qu'ils
nagent par troupes : leur chair efl molle & tendre ; elle
prend une légère teinte de rouge par la cuifTon : on la
regarde , dans le Comté de Galles , comme un aliment
très-délicat, & on lui donne la préférence fur les mets
les plus recherchés. La forme de ce poifTon a des rap-
ports avec celle de la truite ; mais elle efl plus alongée
& plus effilée : l'ouverture de la gueule efl ample ; la
ixiâçhoirç inférieure çfl plus rétréçie &c un peu plus
B E R lîj
longue que la fupérieure: elles font, alnfi que la langue^
garnies de petites dents aiguës : les trous des narines
Ibnt doubles de chaque côté. Il y a treize rayons à la
nageoire du dos ; quatorze , aux peftorales ; dix , aux
abdominales ; douze , à celles de l'anus ; dix - neuf , à
celle de la queue. Le dos eft d'un vert-olivâtre, par-
femc de points d'un gris-obfcur ; le ventre d'un rouge
plus ou moins clair , ainfi que les nageoires de la partie
inférieure. Les yeux| ont l'iris jaune , marqué de points
noirs. Il y a de ces poifîbns qui ont douze à felze
pouces de longueur.
BERGSNYLTRE , Labrus fuillus , Linn. ; Spavus
hergfnyltra , It. ^ygoth. 179. PoifTon du genre du
Labre, On le trouve dans l'Occan. La nageoire du dos
a dix-fept rayons , dont neuf font épineux , accom-
pagnés d'un filament qui fort de la partie poftérieure
de leur bafe. Les peftorales ont chacune treize rayons;
les abdominales fix , dont trois épineux ; celle de
l'anus dix , dont trois épineux ; celle de la queue en
a quatorze : la furface fupérieure eft marquée d'une
tache noire.
BERICHÔT. Voyci Roitelet.
BERIL , Beryllus, Nom que les anciens ont donné à
Vaigue- marine Orientale des Modernes , & même à
plufieurs autres efpeces de pierres précieufes qui por-
tent préfentement d'autres noms. Le beril tenoit le
huitième rang fur le peôoral du Grand -Prêtre Juif.
Foyei AlGUE-MARINE.
BERINGENE. royei Melongene.
BERLE ou Ache-d'eau, Siuni aut Jplum palujîre^
folïis oblongis ^ C. B. Pin. 154 ; Berula ojfidnarum y
Chom. 4 1 6 ; Sium latifolium , Linn. 361. C'eit une plante
aquatique qui croît dans les ruiffeaux ^ les foffés aqua-
tiques, comme le creffon de fontaim. Ses racines font
vivaces , noueufes , rampantes , blanches & fibreufes.
Sa tige eft cannelée , droite & branchue , haute de deux
pieds ou environ, ^^s feuilles font lancéolées , longues
'214 ^ ^ ^,
de deux pouces , dentées &c rangées par paire fur une
côte terminée par une feule feuille ; elles ont une
faveur acre. Ses fleurs font blanches, en rofe, difpofées
en ombelle ; il leur fuccede de petits fruits arron-
dis , compofés de deux graines acres , odorantes.
M. Ddeu^c obferve qu'à la naiffance de l'ombelle p;éné-
rale &: de chacune de fes fubclivifions efl une fraife de
feuilles courtes rabattues. Cette plante efi antifcorbu-
tique : on la mange en falade : on la prefcrit dans les
bouillons apéritifs , lorfqu'il s'agit de rétablir le refibrt
des fohdes & la fluidité des liqueurs. On prétend
qu'elle efl nuifibîe aux befîiaux qui en mangent , ck:
qu'elle produit une frénéfie dans les bœufs ou les
vaches , qui les porte à fe battre à coups de tête. La
hcrU diffère de Vache ordinaire _, qui n'efi: qu'une efpece
de cùUri iuuvage. Voyc\_ Céleri.
On difîingue la bcrU aîvmatique , Siuni arcmatiaim ^
Slfcn cfficinanmi , Tourn. Infl. 308 , on la cultive dans
nos jardins ; c'efl le fifon faux-arnorm , Sifon amoimtm y
Linn. 362. ^^s femcnces ont l'odeur de Vauiome en
grappe des boutiques. On nous apporte quelquefois
cette femence du Levant : on Feuime propre pour la
colique venteufe. Il y a la berle des blés, Sifon fegetum,
Linn. La bedc nodiflore , Sium iiod'ijlorum , Linn. La
berk de Virginie^ S mm ngidius , Linn. La berle à feuilles
dentées en manière de faucille , Sium falcaria : c'efl
XAmmi pcruine de Tournef. 305 ; VEryngium monta-
num ^ Lobel. La berle à feuilles de panais , de la Sicile ,
Sium Siculum^ Linn. : c'eft \^ Myrrhïs pafiinacœ foUis ^
Iccte virentibus , Tourn. Cor. li. La hi.rk Grecque,
Sium Gmcum , Linn. : c'efl le Ligufticum Gracum , jolio
Apii 5 Tourn. Cor. 23. La berle de Canada, Sifon
Canadmfc^ Linn. ; Myrrhis Canadenjis tri k bâta , Morif.
La berk inondée , ^ifo/i immdatum , Linn. La berk
vcrticillée , Carvi foliis tenuiff.mis , Afphoddi radiée ,
Tourn. 300 : c'efl le Daucus pratenfs de Dalechairtp.
La bcrU à tige nue , Sium nudicauk : cette cfuece croît
B E R 215
dans la Riiflîe &: dans les lieux falins , fangeux & fté-
riles qui avoifinent le Woîga : elle fleurit en Août. Le
chervi , le niiijin appartiennent auffi au genre de la Bcrlc.
EERMUDIENNE(la). Foyei à l'art. Iris Bulbeux.
BERNACLE , ou Bernache , ou Bernicle en
Bretagne , Conque anatïfere. Efpece de coquillage
multivalve des plus finguliers , qui , félon les obferva-
tions de Nkdham , paroît tenir beaucoup des polypes à
panaches. Voyes ce qu'il en eji dit au mot CONQUE
anatïfere.
Le nom de bernache ou hrenache fe donne auiîi à
une efpece d'oie , Bernicla. Voyez Oie Nonnette.
BERNARD-L'HERM:ITE ou le Soldat, Cancellus:
Animal demi-cruftacée qui reffemble beaucoup par la
partie antérieure à Vécrevijfe ou à la langoujie , mais dont
la partie poftérieure n'eli point recouverte d'écaillés*
La Nature lui a donné l'inftinft de fe réfugier dans des
coquilles vides , univalves & contournées , qu'il ren-
contre , & de s'en approprier une pour un an , plus ou
moins grande , félon le degré de fon accroiffement an-
nuel. On en diftingue deux efpeces , celui de mer & celui
de terre. Celui de mer , Cancellus marïnus , fe loge quel-
quefois aufTi dans les loophytes qui ont des cavités propres
à le recevoir, ou dans d'autres corps qu'il trouve conve-
nables pour mettre les parties molles de fon corps à
l'abri de tout ce qui pourroit le bleffer, & alTez légers
pour qu'il puiffe fe déplacer avec fa loge , lorfqu'il veut
changer de lieu.
On donne à cet animal le nom de bernard-riiermlte ;
parce qu'il vit folitaire dans fa cellule; & celui à^fol-
dat , parce qu'il eft dans fa coquille comme un foldat
dans fa guérite. La partie antérieure de fon corps eil
cruftacée , couverte de quelques poils épars çà & là :
elle eft garnie ou environnée de cinq paires de pattes
violettes , quelquefois de couleur rofe , velues & cou-
vertes de tubercules , tantôt aplatis , tantôt pointus.
Nicolfon dit que la première paire de pattes eil corn-
O 4
ît6 B E R
polee de cinq articulations, dont la dernière efl terminée
par une tenaille garnie de dents : les deux autres paires
Suivantes font compoiees de fix articulations , dont la
dernière eu terminée par une griffe pointue Se arquée.
Ces quatre pattes fervent diwjoldat pour marcher, La
quatrième paire de pattes efl plus mince , plus courte ,
& a cinq articulations , dont la dernière porte une
petite tenaille arquée dans la partie fupérieure. Les
<leux dernières pattes font les plus petites , à cinq
articulations , une tenaille dentelée les termine. Les
yeux , les antennes , la bouche font comme chez Vêcre"
vijfe de mer : deux petits bras articulés fervent à
pOi ter la nourriture à la bouche. Le dos efl divifé en
quatre ccippartimens cuiraiTés ou cniiîacées , unis en-
femble par une membrane. La partie poflérieure du
corps eff charnue , mollafîe , couverte d'une membrane
unie , divifée en defTous par quatre anneaux terminés
fur les bords des deux côtés par une efpece d'aileron
mince , tranfparent & un peu velu. La queue , propre-
ment dite , efl: à la fuite des anneaux; plulieurs lames
sfîez m.inces 6c légèrement cruflacées , la compofent :
l'anus efl placé un peu au-defliis des lames.
C'cfî par le moyen de ces groffes pattes ou tenailles,
femblables à celles des écrevijfes , que le foldat fe cram-
ponne fur le fable , & qu'il défend l'entrée de fa
coquille : elles lui fervent auiTi à faifir les petits poiiTons
& les infedes dont il fe nourrit. Lorfqu'il entend quelque
bruit, il fe retire fi avant dans fa coquille, qu'on la
prendroir pour une coquille vide.
Cet animal ne fort tc n'abandonne fa coquille que
pour dcpofer fes œufs & chercher fur le rivage une
nouvelle coquille : car à mefure qu'il prend de l'ac-
croifiement , la coquille qu'il avoit habitée devient
trop étroite. C'eft un fpedacle affez agréable de voir
un de ces foldats occupé à chercher un nouveau domi-
cile. Dès qu'il rencontre une coquille , il fort de fon
ancienne , ôc il effaie ce nouveau logement. Si elle
B E R 217
n'eft pas proportionnée à fa taille , il va plus loin en
chercher une autre , jufqu'à ce qu'il en trouve une qui
lui convienne. L'a-t-il trouvée , il fourre fon derrière
nu dedans avec grande précipitation , & fait gaiement
trois ou quatre caracoles fur le rivage. Ce cynique,
fi l'on peut parler ainfi , roule la coquille d'autrui
comme (on propre tonneau. S'il arrive que deux
foldats ^'arrêtent à la même coquille ^ il fe livre un
combat, & le foible, obligé de céder au plus fort,
abandonne la coquille, qui devient le prix du vainqueur.
On trouve le bernard-Phcnnite fur le bord de la mer ,
dans la boue. C'eft une erreur de penfer que chaque
efpece àefoldat foit attachée à une efpece de coquills;
chacun clioifit celle qui lui convient le mieux , ëc c'efl
toujours dans celles qui ont des fpires. Lorfqu'on
prend ce demi-cruftacée , il jette , dit-on , un petit
cri , & tache de faifir avec fa ferre celui qui veut
le prendre ; s'il l'attrape , il le pince de toutes fes
forces. Le meilleur moyen de lui faire lâcher prife ,
eft de chauffer fa coquille ; c'cil même auffi le moyen
de l'en faire fortir ; car on ne l'en retire pas faci-
lem.ent.
En Amérique , il y a àes foldats , ( Caracol-foldado ^)
que les habitans mangent , &: ils les trouvent affez
bons ; mais on dit qu'ils font pernicieux pour les
étrangers. On trouve dans leur coquille environ une
demi-cuillerée d'eau claire , qui eil un remède fouve-
rain contre les puftules , qu'excite fur la peau le lait
du manclnillkr , efpece d'arbre. Voyc^^ MancÉ-
NILLIER.
Lorfque les Sauvages pèchent un certain nombre de
ces çmilacées , ils les enfilent & les expofent au fo-
îeil pour en faire fondre la graiffe , qui fe convertit en
une efpece d'huile , dont la vertu efl admirable pour
les rhumatifmes, auxquels ils font fujets. On obferve
que les foldats marins , qui ont été pris dans les
iilets des Pêcheurs languifTent ôc meurent au bout
ii§ B E R B E S
de quelques heures , s'ils font privés de leur élément
habituel. On en voit quelquefois de monllnieux qui
font logés dans les lambis ou dans d'autres grofles
coquilles.
Le foidat de urn , Cancdlus terrejlris , eft affez fem-
blable à celui de mer; mais il eft com.munément plus
petit. Les plus gros ont à peine quatre pouces de
longueur. Il ne le loge que dans les coquilles ter-
reilres; il recherche les endroits fecs. Gn en trouve
vers les bords de la mer &; dans les mornes. Il évite
les lieux fangeux où l'on ne trouve que de petits
crabes. Il fe nourrit d'excrémens , d'infedes , d'herbes,
de feuillages. Nicolfon dit que fi on le met dans l'eau ,
folt de mer , foit de rivière , &: qu'un obilacle l'em-
pêche d'en fortir , il y périt en peu de temps.
Nicolfon fait mention du faux bcrnard-Phcrmite , qu'il
définit ainfi ; Cancdlus marinus in bivalvibus degens. Le
defîbus de fon corps ell: feulement' cruftacée , tandis
que le deffus efl mollaife, membraneux , &: tient com-
munément à la valve d'une came eu d'un cœur. Des
Obfervateurs inilruits , & qui ont vifité les parages
qu'a parcourus Nicolfon , nient Texiftence d'un tel
bernard-rhcrmiu , 6i les fingularités qu'il attribue à
cet animal. Au reile , confultez cette merveille dans
VEjfai fur rHifl. Natur. de, Saint-Domingue , pag. 338
& fuiv.
BERTONNEAU. C'eft le tudwt. Voyez ce mot.
BERVISCH. Nom que les HoUandois donnent i
la LOMPE. J^oyei^ ce mot.
BESONS. Foyci a C article BouC.
BESSI , Metroflderos Amhoimnfis , Rumph. Amb. ;
Lignum ferreum vulgarc Amhoinmjium ; Malaice Caju-
beffî^ Macajfarice Bajang. Le beffieû. un grand arbre affez
commun dans les Moluques ; il paroit être de la famille
des Léguminaifes , & avoir des rapports avec les ca-
îicfiàcrs. Son tronc , qui efl rarement droit , foutient
une cime fort étendue de toutes parts ; fcn écorcc
B E s B E T 219
eft grifatre , liiTe , mais crevaflee & détachée par lam-
beaux vers le bas du tronc. Ses feuilles font ovales ,
fermes , coriaces , glabres &: d'un vert gai. Ses fleurs
font jaunâtres , à cinq pétales , &C viennent en grappes
courtes à l'extrémité des rameaux. Les fruits font des
goufîes aplaties , affez droites , longues de huit à
onze pouces , larges de deux pouces & demi , d'un brun
foncé dans leur maturité , &: qui renferment quatre à
iix graines.
Lorfqu'on entame un peu profondément la fubilance
de cet arbre, il en découle un fuc d'un beau rouge
de fang , qui fait fur le linge des taches prefque inef-
façables. Dans les individus tout-à-fait développés ,
l'aubier n'a pas plus de deux doigts d'épaiffeur ; le
bois , proprement dit , que cet aubier recouvre , eu.
d'un beau brun , pefant 6c très-dur. Rumphlus cite une
variété de cet arbre , dont la couleur du bois eft d'un
roux pâle , Mctrojideros ruhra. Le bcjji efl le principal
& le meilleur des bois de charpente que l'on emploie
dans les Moluques ; &: comme le bois prend un beau
poli , à caufe de fa dureté , on en fait divers meubles
6c des ouvrages de tour qui préfentent une furface
luifante , d'un brun très-agréable. Il paroit que le bcjji
efl le lois de fer de l'Aûe.
BESTEG , Terra pinguis. Nom que les Mineurs
Allemands donnent à une terre ondueufe de différentes
couleurs , qui paroît être la même que celle que des
Minéralogilies ont nommée bejlieg ^ & dont la décou-
verte annonce , de même que le quan^ gras , la pro-
ximité des filons ; car cette terre les accompagne tou-
jours & indique leur richeffe.
BÉTAIL , Pecus, Nom donné à toutes les efpeces
de quadrupèdes dont l'homme fe fert, foit pour fa
nourriture , foit pour la culture des terres. On diflri-
bue les beiliaux en bêtes à cornes , ( armmta ^ ) tels que
les bœufs & les vaches ; ou en bues a laine , tels font
ks moutons , les brebis , les boucs & les chèvres,
220^ B E T
BÊTE , Be/Iîa, On entend par ce irïbt un animal
ÎDriite y affranchi des lois de la raifon , qui conferve
fon être particulier & fon efpece par l'attrait dtb^laifir ,
& par l'inflinc^ du befoin. La bête veut & agit ; mais
toutes les fondions qui marquent de l'intelligence font
bornées chez elle. Elle fubit ^ comme nous , la mort ,
mais fans la connoître. La hêu efl: comme un inftru-
ment aclif qui exécute & fuit les volontés de l'homme.
Voyez au mot HoMME , la différence de la bêu avec
Tefpece humaine. Voyez auffi au mot Animal, la
progreiTion comparée dans l'échelle des différens genres
d^animaux.
BetE a la grande dent. Voyei VaCKE MARINE.
BÊTE A DIEU. Vcyei Coccinelle.
BÊTE A FEU. Voyci ^ l"" article MouCHE LUISANTE.
Bete NOIRE des Boulangers. C'efl: une efpece de
Blatte. Voyc^ ce mot.
Bete puante. C'eft le nom d'un animal qui efl
fort commun à la Louifiane ; il eil plus petit qu'un
chat de huit mois. Le poil du maie eft d'un très-
beau noir ; celui de la femelle ell mêlé de blanc : il
2 les oreilles &; les pattes d'une fouris. Cet animal
fbible & très-lent dans fa démarche , a été pourv^u
par la Nature d'une fmguhere arme défenfîve. Lorf qu'on
cfî: prêt de l'atteindre en le pourfuivant , il lance fon
urine fur celui qui le pourfuit ; & elle eft d'une
cdeur il forte & fi fuffoquante , qu'aucun homm.e &
aucun animal n'ofe en approcher , ou l'on eft obligé
de fe retirer pour reprendre haleine , ce qui donne le
temps à la bête puante de s'éloigner par la fuite.
Recommence -t- on à la pourfuivre , elle lâche une
féconde dofe & continue ainfi de battre en retraite , juf-
qu'à ce qu'elle fe trouve en fureté. De plus , cette
odeur infupportable eil fi tenace , qu'elle ne fe di.iîipe
que très-difficilement. Ce qu'il y a de remarquable ,
c'eft que cependant cet animal n* fe nourrit que de
fruits & de différentes graines. La bétc puante du Cap-
B E T în
cle Bonne - Efpérance , appelée par quelques -uns le
blaireau puant , fe fert de la même ruie. Foyei Blaireau
PUANT. La hétc puante de la Louifiane eil: ou le coafc
ou le ccncpatt. Voyez à t article Molffettes.
BÊTES ROUGES. Petits animaux d'une belle couleur
rouge , luifans , & de la grolTeur de la pointe d'uiœ
épingle. Ces inledes fe font tellement multipliés à la
Martinique & dans les autres Iiles de TAmérique ,
qu'on ne fauroit faire un pas fans en être fcrt incom-
modé , à moins qu'on ne foit dans les bois : on les
trouve par- tout & par milliers fur la terre nue , comme
fur les plantes , mais particulièrement dans les favannes
ou prairies. Quand on s'y promené , on eft auffi-tôt
aflailii de ces petites bêtes par tout le corps. Elles
montent quelquefois jufque dans les cheveux. Elles
s'attachent à la chair , où elles enfoncent leur trompe
pour fucer ; cette piqûre fait naître auili-tôt une petite
enflure enflammée, & qui caufe les plus cuifantes dé-
mangeaifons. Comme il efl prefque impofîible d'y
réfifter fans fe gratter , il en réfulte fou vent des ul-
cères qui font toujours dangereux & longs à guérir.
Pour fe délivrer des hêtes rouges , on fe lave avec de
l'eau dans laquelle on mêle du jus de citron , ou de
l'eau-de-vie , ou du tafia. Ces animaux , quoiqu'un
peu moins dangereux que les chiques , s'attachent
encore à la peau des animaux , notamment à ceux
qui font à la pâture , & leur caufent aufîi une
démangeaifon fi cruelle , fi épouvantable , que , pour
s'en déUvrer , ils fe frottent contre les pierres &
les arbres , comme s'ils vouloient fe déchirer. Foye^
Chiques.
BETEL , BÉTRE ou Temboul , Betcla-codu Ceô
une plante que l'on dit être de la famille des Convolvulusy
& qui croît dans les lieux maritimes aux Indes Orien-
tales. Elle s'attache , comme le Uerre , aux arbres
voilins. Ses feuilles font en cœur ; elles refTemblent
jDoins à celles du citronnier qu'à celles du grand l'if^ron-^
21Î _ B E T
& ont un petit goîit d'amertume. Ses fruits reffembîent
à la queue d'un lézard ou d'un loir. On cultive cette
plante comme la vigne.
Les Indiens mâchent prefque toujours de ces feuilles,
qu'ils mêlent avec de Varéca , du cardamome , àes^gi rafles y
du eau ou autres aromates , & des écailles d'huîtres
calcinées ; ce qui donne à leur falive &c à leurs lèvres
unQ couleur rouge enfanglantée , qui nous déplairoit
beaucoup. Cette compofition raréfie la pituite , fortifie
l'eftomac , raffermit les gencives , & donne à leur
haleine une odeur très-agréable. On prétend que, fans
l'ufage du ùétel , ils aiu-oient naturellement l'haleine
fort puante.
Lorfqu'on fe quitte pour quelque tem.ps , on fe fait
préfent de l^étd , que l'on offre dans une bourfe de
foie. On n'ofe parler à un hcmm.e en dignité fans avoir
du hétel dans la bouche. Les femmes , & fur-tout les
femmes galantes , en font grand ufage , de le regardent
comme un puifTant attrait pour l'am^our. On mâche
du I^éte/ pendant les vifites ; on en tient à la m.ain ;
on s 'en offre en fe faluant & à toute heure , com.me
nous faifons ici de la poudre du tabac. Une boite à
tétel eu ordinairement garnie des drogues fuivantes :
i.° de feuilles de bétel; 2.^ de chaux de coquilles ;
3.° de noix d'areque ; 4.° de caté-cambé , ou caté
Indien ; ^ .° de cardam.ome ; 6.° de feuilles de tabac.
Par ce moyen chacun affaifonne fa feuille de bétel fui-
vant fon goût. Le grand ufage qu'en font les Indiens
leur carie les dents de bonne heure ; fouvent ils r^^n
ont plus à l'âge de vingt-cinq ans. On lit néanmoins
dans V Encyclopédie , que l'ufage du bétel devrcit être
préféré au tabac , au m.oins pour l'odeur ; & que fî
les dents s'en trouvoient mal , l'eflomac en feroit plus
fain &: plus fort ; car il y a dans ce pays-ci plus de
gens qui manquent par Teflomac que par les dents.
BÉTOINE , Betonica vulgarls purpurea, J. B. 3 , 301,
C. B. Pin, 235 j Bctonica ofîcinalis ^ Linn. 810 ; c'eil
. B E T Î23
-ilne plante qiiî croît communément dans les bois 6c
les lieux ombragés , en Europe. Sa racine eu annuelle ,
de la grofîeur du pouce , coudée , brune , fibreule 6c
amere. Ses tiges quadrangulaires , droites 6c iimples ,
légèrement velues , s'élèvent à la hauteur d'un pied 6c
demi. Ses feuilles font d'un vert foncé , crénelées tout
autour, d'une odeur aromatique, ovales, cblon^ues,
ridées 6c un peu velues , oppofées deux à deux ,
pétiolées , 6c laifTant entre (es feuilles beaucoup d'in-
tervalle de la tige à nu ; les feuilles fupérieures
prefque fefTiîes & dentelées. Ses fleurs font verticillées,
en gueule , purpurines ( une variété les a blanches, ) 6c
difpofées en épis denfes 6c interrompus ; la lèvre
fupérieure eu peu concave , échancrée par le bout. Ses,
graines font arrondies , brunes , 6c renfermées au fond
d'une capfule qui étoit le calice de la fleur , 6c le cahce
eft à cinq pointes égales.
On difnngue une l^ctoine du Levant , Baonlca Oricn--
talïs , Linn. 8 1 1 , Tourn. Cor. 1 3 . Sa tige ell haute de
deux pieds , carrée 6c velue ; les feuilles qui partent
de la racine font en cœur , très-alcngées , crénelées
& velues ; celles de la tige prefque feffiles. Ses fleurs
font d'un pourpre clair , en verticilles rapprochés &
non Interrompus. On trouve encore dans le Levant
\me autre efpece de ce genre , c'efl la bétoine laïncufi ^
Buonica heradca , Linn, Il y a aufîi la bctolne velue ^
Betonica hirfiita , Linn. Betonica rublcujidljjîmo flore ,
Montïs Aurd , Tourn. 203 : cette efpece fe trouve fur
les Alpes , les Pyrénées & le Mont d'Or. Il ne faut
pas la confondre avec la bétolne alopéciiroïde , Betonica
alopeciiros , Linn. ; Betonica Alpina latifolia major ,
villofa y flore liiteo^ Tourn. 203 ; Betonica montana ,
lutea, ^ Barell. Icon. 339 : cette efpece croît fur les
montagnes de la Provence 6c des Alpes. Ses fleurs font
d'un jaune pâle.
Les feuilles & les fleurs de la hltoïne vulgaire font
d'un grand iifage en Médecine ; elles font apéritives ^
114 , . ^ E T .
rëfoliitives, céphaîiqnes & vulnéraires. Leur décoùiott
eu utile dans les migraines & engourdiffemens des
membres ; on prétend que plufieurs goutteux ont été
guéris par lufage continué des feuilles &c fleurs de
tétoine , accompagné d'un régime approprié.
Les parties fubtiles odorantes qui s'élèvent de cette
plante lorfqu'elle eft verte , font 11 vives , que l'on dit que
les Jardiniers & autres gens qui arrachent de la bitoincy
deviennent ivres &: chancelans , comme s'ils avoient bu
du vin. AuiTi M. HalUr dit-il que la bètoim ayant une
odeur de lamlum , en a apparemment les effets , qui ne
peuvent être céphaliques ; & que les Anciens avoient
iine plante du nom de bkoim , dont on a attribué les
vertus à la nôtre , qui pourroit bien être très-différente
de celle des Anciens.
Les racines de bétolne purgent par haut & par bas ,
effet bien différent de celui des feuilles &: des fleurs ;
ce qui prouve que les diverfes parties d'une même
plante peuvent avoir des vertus différentes , fuivant
la nature des fucs qu'elles contiennent ÔC la différence
d'organifation.
BetOINE d'eau. Foyei SCROPHULAIRE AQUA-
TIQUE.
Bltoine des montagnes , dite le Tabac de
MONTAGNE. Foyc^ à V artïcU DORONIC.
BETOIRES. Nom donné dans les campagnes à des
trous peu larges & peu profonds en apparence , qui
abforbent , dans les terrains oii il s'en trouve , l'eau de
la pluie fans la dégorger. Voyc^^ l'article Rivière, wfiré
a la fuite du mot FONTAINE. La bétoire eft une forte
d'cjbyme ou de gouffre aquatique. Foyc^ Abyme.
BETTE ou POIRÉE COMMUNE , Bcta yulgaris ^
Linn. 322. Plante bifannuelle, potagère, dont on dif-
tingiie plufieurs efpeces ; fa voir , la bette ou poirée blanche
ou réparée , Beta alba vel pallefcens , qua Cicla officinal
rum^ C. B. Pin. 118, Tourn. 502 ; Beta candida^ Dod.
Pemp t. 620 i 6c la rou^e , Beta rubra yul^aris , C. B..
Pin,
B E T Î2J
Pui. 1 1 8 : ces plantes , de la famille des Arrockes , ont
des racines dures éc cylindriques , blanches &: de la
groffeur du petit doigt. Elles portent fur des tiges
droites , hautes de trois pieds & cannelées , des fleurs
petites , à étamines , formant de longs épis , &: aux-
quelles fuccedent des fruits prefque fphériques , qui
contiennent deux ou trois grain-es. Les feuilles de ces
plantes font alternes , larges , épaiffes & fucculentes ;
les unes font blanches , les autres rouges. Il y a aufîi
la bdtte de Crète à femence épineufe.
Les cardes polrées fe replantent aux mois d'Avril &
de Mai : ce ne font guère que les pieds de poirée blonde
ou légèrement jaunâtre , replantés en planche , qui
pouflent de grandes feuilles , dont la côte blanche &
ëpailTe eil la véritable carde qui fert aux potages &
aux entremets , comme celles du cardon d'Efpagne ,
avec Icfquelles il ne faut pas les confondre.
Les bettes appelées betteraves , font à grofles racines
de rave. Ce font des efpeces ou des variétés du genre
de la Bette, Il y en a à racine rouge , Beta rubra y
radlce rapœ , Bauh. Pin. ii8 ; Beta rubra Romana ,
Dod. Pempt. ; d'autres font jaunes , Beta lutea , major ;
d'autres font blanches , Beta pallïdl virens , major y
Bauh. Pin. , Tourn. ; ces racines font charnues , tendres ,
ëpaiffes de deux ou trois pouces , longues de fept à dix
pouces , & faites comme celle de la rave. La tige des
betteraves s'élève un peu plus que celle des poirées,
La betterave rouge a fa racine de couleur de fang en
dedans & en dehors ; & fes feuilles , fur-tout leurs
pétioles , d'un rouge foncé. La betterave à racine jaune
a les côtes de fes feuilles jaunes ; tout ce qui eil
rouge ou jaune dans ces deux betteraves ^ efl blanc ou
d'un vert pâle dans la betterave blanche. Ces plantes
font originaires des lieux maritimes de l'Europe Auf-
trale. On mange les betteraves coupées par tranches
en falade , après les avoir fait cuire : les jaunes font
les plus délicates. Qn prétend que J'efpece qui eil
Tome II, P
226 B E T B E U
rouge , donne à l'urine cette couleur. Les feuilles He
pohéi font émollientes ; le fuc de la racine , pris par
le nez , excite l'éternuement ; mais. cette errhine a été
fatale à une jeune perfonne , qui en fouffrit des dou-
leurs cruelles dans la tête qui enfla prodigieufement.
Malgré cette propriété de la bette , M. Mjrgraf en a
tiré 5 ainfi que de la racine du clurvis , un fel effentiel
qui efl un véritable fucre. La racine de la betterave
fauvage eu champêtre, eil appelée aujourd'hui racine
de difette : on l'emploie , ainfi que fes feuilles , en
fourrage.
On trouve fur les bords de la mer , en Provence &
en Angleterre , une po.réc bifannuelle , dont la tige
longue d'un pied & demi , efl: un peu couchée à fa
bafe , glabre , cannelée ; les feuilles alternes , ovales y
Mes & fucculentes ; les fleurs font axi lia ires , pref que
en épi alongé , garnies de petites feuilles. Les iémences
en forme de rein.
BETTERAVE. Foye^ d-dejfus Bette.
BEURICKON. Nom , en quelques Provinces , du
Roitelet huppé.
BEURRE DE BAMBUK ou Batalle. C'efl une
efpece de graifl^e végétale 'que les Maures 6l les Nègres
du Sénégal recueillent d'un arbre qui croît dans le pays
de Bambuk, 6c dans quelques autres endroits fur les
bords du Sénégal.
L'arbre qui produit le fruit dont on tire cette
graiffe efl d'une grofléur médiocre. Ses feuilles font
petites , rudes , 6c rendent un jus huileux lori qu'on
les preflfe. Le tronc de l'arbre même donne auiii
par inciflon un peu de cette liqueur grafl'e. Son
fruit efl rond , de la groflTeur d'une noix '6l couvert
d'une coque , avec une petite peau feche 6c brillante.
Il efl d"un blanc rougeârre , ferme comme le g- and ,
huileux , 6c d'une odeur aromatique. Le noyau
efl de la grofliiu: d'une mufcade , 6c contient une
amande.
B E U B E Z ÎÎ7
Les Nègres font palîionnés pour ce fruit. Après en
avoir féparé une partie qui tient de la nature du fuif ,
ils pilent le refte , 6c le mettent dans l'eau chaude. Il
fumage pour lors une graifie qui leur tient lieu de
beurre & de lard. Les Européens qui en mangent ne le
trouvent pas différent du lard , à l'exception d'une
petite âcreté qui n'eft pas défagréable. Cette graiffe ,
ians être aufîi blanche que celle du mouton , a la même
confiftance. Les Nègres l'emploient ik la préfèrent à
l'huile de palmier pour les douleurs de nerfs. Hifloirc
des Foyages , tome II,
Beurre de pierre. Voye^ à Vartick Alun.
BEZETTA. Voyei^ la fin de V article CoCHENILLE.'
BÉZOARD ou Calcul d'animal , CaUulus ani-
mails. Concrétion inorganique , folide , comme pier-
reufe , qui lé trouve & fe forme dans le corps de
certains animaux , & dans différentes parties , telles
que l'eflomac , le canal falivah-e , les inteflins , la
véiicule du fiel , la veffie & les reins. Ces divers bé--
loards différent par lafubflance, la forme & le volume;
il y en a qui relTemblent à une fève , d'autres font
ronds ou oblongs , ou ovoïdes , tantôt unis , tantôt
raboteux , 6lc. Il y en a depuis la groffeur d'un pois
jufqu'à celle d'un melon ; mais on les connoîtra mieux
en les examinant dans les Cabinets des Curieux , que
par les defcriprions qu'on en pourroit donner.
Les animaux herbivores des régions de l'Afie Méri-
dionale , &: aufîi de l'Afrique & de l'Amérique , pro-
duifent plus communément des beioards que les ani-
maux des climxats tempérés : ceux des pays froids en
fourniifent encore moins.
On ditlingue principalement les bcipards en Orien-
taux & en Occidentaux. Les gabelles ou chèvres des
Indes donnent le ^/{<?^r^ Oriental ; V y fard o\\ chamois ^
le lama & ^alpaca du Pérou , donnent le hl^^pard Oc-
cidental ; les chèvres domefiiqius donnent les biioards
ordinaires, Ceux qui viennent d'Egypte , de Perfe |»
V %
Si8 B E Z
des Indes , de la Cîiine , font tirés d'une eTpece de
houe. Il y a aufîl les biipards du caïman , du porc-épic,
du ianglier 5 du finge-douc , de la tortue , de l'éléphant ,
du cheval , du mulet , du rhinocéros , de la vigogne ,
du chien , du bœuf, du morfe , du caflor. La pierre
de la vefîie de l'homme eft auffi une efpece de bcioard.
Voyez l'article Calcul.
Les blioards font compofés de couches concentri-
ques , de couleur verdâtre ou olivâtre , tachetées de
blanc dans leur épaifleur. Toutes les lames n'ont ni
la même couleur ni la même épaiffeur : elles s'écrafent
facilement fous la dent , ont une faveur glutineufe ,
urineufe , & donnent une légère teinte à la falive.
On remarque prefque toujours au centre du béioard
quelques corps , tels que des pailles , du poil , des
grains , du bois , des noyaux , Sic, Ces corps ont fervi
de point d'appui pour la formation des couches. Les
hé^oards fonnent quelquefois comme les géodes , en les
agitant ; elïet produit par le corps dur qui avoit fervi
de point d'appui , & qui s'eft détaché.
On attribue au bé{oard^ fur-tout à l'Oriental, de
grandes vertus fudorifiques : on croit qu'il chalTe les
venins hors du corps. Ces béipards qui proviennent
des chèvres & gazelles de l'Afie , font d'autant plus
chers , qu'ils font plus gros. Comme les vrais biioards
font très-chers , on en a fait de fadices. Par exemple ,
les compoiitions nommées pierres de Goa ou de Malacca^
font de faux bé{oards. Voici la manière dont on s'y
prend.
On fait avec des ferres à^krevijTts de mer , des co-
quilles ^huîtres broyées fur le porphyre, du mufc &
de V ambre gris , une pâte que l'on réduit en boulettes ,
de la forme des bè^oards , & qu'on roule enfuite dans
des feuilles d'or. Ceux qui veulent imiter davantage
les vrais bè^^oards ne les recouvrent point de feuilles
d'or. Cette fupercherie feroit cependant utile pour imi-
tf r les téioardi de hçnjf^ s'il étçit vrai , comme on le
B E Z %i^
îlt dans une obfervation des Ephéméndes , que les hiioards
de cet animal ont une couleur d'or & vin brillant
métallique , lorfqu'on a enlevé les premières couches.
On diflingue ces béipards fa61ices , en imprimant une
trace fur un morceau de papier frotté de cérufe , de
craie ou de chaux ; ii la trace devient d'un jaune ver-
dâtre ou olivâtre , c'efl la marque que le béioard eft
naturel; du moins jufqu'à préfent on n'a pu donner
cette propriété aux bé{oards fa£lices. Les béioards na-
turels s'imbibent d'eau 6c d'efprit de vin , troublent
ces liqueurs , &C font effervefcence avec les acides.
On peut regarder comme des efpeces de béioards
les pierres Jiommées improprement yeux d'écreviffcs.
Quant aux perles , ce font des efpeces d'exoftofes na-
crées.
De tous les béioards , celui du porc- épie ( piedra dd
porco ) , elî le plus cher. Il eil gras &: favonneux à
l'œil &; au toucher, d'une couleur verdâtre ou jau-
nâtre : on en trouve auiTi de rougeâtres & de noirâtres.
On auroit peine à croire le cas qu'on en fait en Hol-
lande. Nous avons vu un de ces bé^oards^ de la grofTeur
d'un, petit œuf de pigeon, chez un Juif à Amfterdam^
qui le vouloit vendre fix mille livres. On les loue
dans ce pays & en Portugal dix livres dix fous ( un
ducat ) par jour aux gens qui fe croient attaqués de
contagion , & qui s'en préfervent en les portant e»
amulette , de même qu'on fait en Allemagne des pierres
A^ aigle , pour faciliter l'accouchement ; de V aimant en
France , pour guérir de la fièvre ; du jade en Efpagne ,
pour préferver de la gravelle. Voilà un tableau affez
frappant de la fuperflition & des folies de l'imagina*
tion humaine. Foye^ Pierre de Porc-épic,
Ainfi les béioards varient relativement à la différence
des animaux , des climats , & des caufes accidentelles.
En général , il paroît que le bé{oard eu , ou une fubf^
tance mucilagineufe & tartareufe , durcie ; ou un
réfidu de noiuriture végétale , ôc qui ne fe trouve pas,
P %
230 B E Z B I B
ou rarement , dans les animaux carnaflîers , Se qui ne
fe produit que dans ceux qui fe nourriflent de plantes :
quelques Chimifles loupçonnent que les béioards de la
vefTie font formés , pour la plus grande partie , par un
acide concret particulier.
Le hl^oard d'Allemagne eft le bé{oard de poil , plus
connu fous le nom d'égagropile. Voyez ce mot ^ 6c ce
qui eil dit des béioards que fourniffent les lamas , 6cc. à
Vartick PacOS.
BÉZOARD FOSSILE. Pierre arrondie , de couleur
cendrée , compofée de couches concentriques , friables ,
depiûs la groiieur d'une aveline juiqu'à celle d'un œuf
d'oie. Au centre de cette pierre eft quelquefois un grain
de fable , une petite coquille , ou un morceau de char-
bon de terre. Une de ces matières a fervi de noyau ,
de point d'appui , &: venant à rouler fur des terres
molles, à demi-trempées, elle s'efl ainii accrue par
couches roulées comme une pelotte de rubans. On en
trouve dans divers terrains près de Montpellier & de
Compoftelle : les plus gros le rencontrent en Sicile &:
dans le fleuve de Dezhuatlan à la Nouvelle-Efpagne.
Les Italiens vantent beaucoup cette pierre contre le
poifon, &c.
BÉzoLE DE Rondelet. Selon Arudï , c'efl une
variété du lavarct. Voyez ce mot,
BIBBY. Arbre qui croît dans l'Iilhme de l'Amérique.
On dit que c'efl une efpece de palmier; il efl: de la grofîeur
de la cuifTe d'un homme : fon tronc ell droit & haut
de foixante à foixante-dix pieds, fans branches ni feuilles
jufqu'au fommet. Cet arbre eft chargé de pointes. Son
bois eft dur &; noir comme l'encre. Son fruit , qui
efl: de la groffeur d'une noix mufcade, blanchâtre &
huileux , croît au-defTous & tout autour de l'endroit
où ks branches commencent à pouffer. Les Indiens
tirent une luiile de fes fruits écrafés ; pour l'obtenir ,
on les écrafe dans un mortier , on les fait bouillir , &£
on les met à la prefe j on écume la liqueur à îiaefure
B I B 231
qu'elle fe refroidit , 6c ce deffus devient une huile
très-claire , que les Indiens mêlent avec les couleurs
dont ils le peignent le corps. Lorfque cet arbre eft jeune,
on y fait une incifion , d'où il découle par une feuille
roulée en forme d'entonnoir , un jus qui rellemble à
du petit-lait , d'un goût aigrelet , affez agréable , que
leis Indiens boivent après l'avoir laifle repofer pendant
quelques jours. Les Indiens donnent auiîi à ce fuc le
nom de /^/Mj'. Ce palmier paroit avoir beaucoup de
rapport avec celui appelé Aavora.
BIBE , Gadujculus , Linn. ; en Angleterre , au pays
de Cornouaille , hïb & blïnds. Poillon du genre du
Gadc. Il fe trouve dans l'Océan Européen ; il n'a ja-
mais 5 félon WilliL^^hhy , plus d'un pied de longueur ;
£a couleur eft olivâtre ou d'un jaune fale fur le dos ,
& argentée fous le ventre ; fes écailles ont plus du
double en grandeur que celles de la morue. Sa gueule
eft médiocrement fendue ; il a un barbillon fous la
mâchoire inférieure; les deux mâchoires garnies d'un
rang de dents aiguës &: recourbées , avec d'autres ran-
gées intérieures 6l tournées en dedans de la gueule ;
il fe trouve aufli fur le palais plufieurs rangs de
petites dents. Les narines ont chacune deux ouver-
tures ; les yeux font couverts d'une membrane lâche ,
qui s'enfle , dit - on , comme une vefTie , au gré
du poiiTon ; la langue eft molle & liffe : il y a trois
nageoires dorfales ; la première a douze rayons , dont
le fécond eit le plus élevé ; la nageoire du m^ilieu
€fl la plus longue des trois , & a vingt-trois rayons;
la dernière dorfale en a vingt : la queue n'a aucune
échancrure ; fes deux nageoires ont , la première
vingt-fept rayons , & l'autre vingt-un ; les peûorales
en ont feize ; les abdominales ont chacune fept ou
huit rayons , dont le premier s'avance en forme de
pointe alongée.
BIBION. Nom que l'on doniie à la moucha de Salnt^
Marc, Voyez ce moi,
?4
232 B I B B I D
BIBLIOLITES. On donne ce nom aux pierres qui
portent l'empreinte des feuilles de végétattx. On en
trouve en différens endroits , notamment dans le Pié-
mont &C à (Eninghen.
BICHE. C'efl la femelle du cer/^ Voyez ce mot. MM.
de l'Académie ont donné le nom de biche de Sardaignc à
Vaxls , Voyez ce mot. La biche des bois &c la biche
des palétuvieres à Cayenne , font des chevreuils , Voyez
r article CHEVREUIL.
Biche. M. Deleuie obferve qu'on a donné aufli
le nom de biche à un infede coléoptere du genre du
cerf volant , & qui en diffère principalement par la
forme de fes pinces , qui , au lieu d'être longues &
rameufes , font petites , faites en croiflant , & font
feulement garnies chacune d'un petit denttcule. La
grande biche infede , eft un peu moins grande que le
cerf volant , auquel elle reffemble pour la couleur ; la
petite n'a que la moitié de fa grandeur.
Biche. Nom donné par quelques-uns à l'efpece de
chien de mer bleu. Voyez GLAUQUE.
BICHON ou Chien de Malthe. Très-jolie petite
efpece de chiens dont le nez eft court , le poil long,
ôc fort délié ; ces petits chiens font fort recherchés
& fort aimés des Dames. Foye^ à tarticle Chien.
BïDENT , Bidens. Nom d'un genre de plante à fleurs
conjointes , qui , félon M. de la Marck , a beaucoup de
rapport avec les verbejines , & qui comprend des
herbes dont les feuilles font oppofées , 6c dont les
fleurs commimément flofculeufes^ ont quelquefois quel-
ques demi-fleurons à leur circonférence : le fruit con-
fifl:e en plufieurs femences oblongues , terminées cha-
cune par deux dents ( quelquefois quatre , dont deux
oppofées font plus petites ) , ou deux pointes droites ,
roides , & qui ont fouvent de petites afpérités tournées
en bas. M. de la Marck réunit au genre du bidens , celui
du fpilanthus , de Linnceus, Il y a le bident à calice
feuille i c'eft Veupatoirc femelle ou bâtarde , Voyez c&
B I D B lE 2î?
mot. Le hUznt velu , de l'Amérique ; on en trouve
une variété à la Chine &: clans les Moluques , & qui
ell VAgrimojiia Molucca de Riimphius. Le ^id^e/zr à feuilles
de clguè , de la Virginie. Le bidmt à fleurs penchées
à^s lieux aquatiques de l'Europe; cette efpece donne
une teinture jaune , comme le bldent à calice feuilles
Le bident à tiges filiformes , du Cap de Bonne-Efpé-
rance. Le bident à feuilles lobées , d'Italie ; il eil orî--
ginaire d'Amérique. Le bident a fleurs blanches , de la
Caroline. Le bident à fleurs venicillées , de la Vera-
Crux. Le bident à tige grimpante , de la même
contrée. Le bident nodiflore , du Bengale. Le bident
dit acmella , Voyez Acmella. Le bident à faveur
de pyrethrc , vulgairement le crejfon de Para , Spilan-
thus oleracca , Linn. Le bident à fleuillcs de bafillc ,
du Pérou. Le bident à feuilles d'un rouge-brun , de
l'Amérique Méridionale. Le bident à feuilles étroites ;
il croît dans les endroits fablonneux , près de Cartha-
gène , en Amérique ; fa faveur efl piquante. Le bident
injîpide , de la Havane. Le bident à feuilles d^arroche^
de l'Amérique Méridionale.
BIDET. Petit cheval qu'on trouve en quantité à
OuëlTant en Baffe-Bretagne. On en voit d'une petiteffe
extrême en Chine , ëc dont la forme efl très-belle,
Foyei Cheval.
BIERKNE , Cyprinus biœrkna , Linn. ; Cyprinus quin--
cuncialis , &c, Arted. Poiffon du genre du Cyprin, Il
eil: commun dans le Lac Mêler , en Uplande. Il fraie
vers la fin de Juillet. Ce poiffon a tant de reffem-
blance avec celui appelé le rougedtre , qu'il n'y a guère
que les Pêcheurs exercés qui puiffent diffinguer facile*
ment l'un de l'autre.
Le corps du bierkne , félon Artcdi , eff à peine long
d'une demi-palme ; la tête eft comprimée latéralement ;
l'ouverture de la gueule très-étroite ; les mâchoires
de longueur égale ; les dents fituées près du gofier ;
l'iris des yeux de couleur argentée & nuée de quel*
2
lU ^ ^.ï E B I G
u,:. points verdâtres ; les nageoires ou blanches , ou
'un gris oblcur; celles du ventre ont dans quelques
iiiaividus , une légère teinte de rouge ; elles ont cha-
cune neuf rayons ; les pcdorales en ont quinze; celle
de l'anus vingt-cinq ; la dorlale en a onze ; celle de la
qucue , qui elt fourchue , en a dix-neuf , outre d'autres
bien plus courts, 6c qui ie trouvent vers rextrémité.
BiEVRE. rojei Castor. On donne auffi le nom
de l^Uvre à un oileau aquatique & palmé, l^oyei Harle.
BIFEÙILLE. Nomque UA'Abhé Dicqutmare donne
à un- efpece de icophyu^ qui fe trouve dans les plages
du Havre; l'enfembie de l'animal imite une rofette
un peu tranfparente, &, en général, d'un très-beau
blanc. Ctîte rofette efl compofée de tuyaux ronds ,
dirigés du centre vers la circonférence , & placés l'un
fur l'autre comme les pétales des rofes ; l'ouverture
de cet enfemble ell ovale; de chaque tuyau fort un
tube tranlparent , flexible , évafé par le bout ; cette
efpece de fourreau efl d'un vert f:ncé. On voit de
temps en temps fortir de fon intérieur^ & beaucoup
au dehors , une tige auffi tranfparente &: de même
couleur, terminée par un bouton oui fe déploie
comme deux feuilles , lefquelles fe ferment , fe con-
trarient, foit à l'attouchement, foit fpontanément ,
avec une vivacité étonnante ; tout annonce ici l'ani-
inalité cachée fous une forme finguliere. Journ, d&
Phvfique ^ Juin iy86,
BIGARADIER. Voyc^ à Vankk Oranger.
BÏGARREAUTIER. Voyc^ Cerisier.
BIGNONE , blgnonia. Nom donné à un genre de
plante à fleurs monopétalées , de la divifion "des Pcr-
f années , qui , félon M. de la Marck , paroît avoir quel-
ques rapports avec les gratioUs ^ les digitales ^ &c. , &
qui comprend un affez grand nombre d'efpeces qui ,
la plupart , font des fous-arbriffeaux , des arbrifleaux
& d^s arbres exotiques, dont les feuilles font commu-
nément oppofées , & dont Içs fleurs campanulées , ou
B I G 235
en entonnoir , ont en général un afpeél agréable éc
d'aflez belles couleurs. Le calice eil court; les fleurs
n ont que deux ëtamines fertiles , & trois filamens
flériles ; un piitil. Le fruit eft une capfule partagée
intérieurement en deux loges ; elle s'ouvre par deux
battans , &c renferme des femences nombreufes , apla-
ties , munies de chaque côté d'un aile membraneufe ^
& couchées les unes fur les autres. Des Auteurs ont
réuni à ce genre de plante , des lianes , des éknes ^
de faux jafmins _, &c.
Bignones à feuilles Jimples*
Catalpa ou Bignone à feuille en cœur ^ B'gnoma.
catalpa , Linn. C'eil un arbre d'un beau port , & qu'il
nous intérefle de connoître. Il croît naturellement dans
la Caroline & au Japon. La beauté & la fraîcheur de
fon feuillage , l'élégance de fes panicules de fleurs
qui paroiffent dans un temps où la plupart des autres
arbres en font dépourvus , &: l'avantage de pouvoir
fubfifler en pleine terre dans nos climats , tout afîigne
à cet arbre une place diilinguée dans nos bofquets
d'été , dont il peut faire le plus bel ornement ; ainlî
qu'on le voit à Chantilly , dans l'endroit appelé k
Hameau,
Le Catalpa s'éleve à la hauteur de quinze à vingt
pieds 5 fur un tronc droit , robufte , recouvert d'une
ëcorce grifâtre , & qui foutient une cime aflez ample ,
hémifphérique , & bien garnie. Son bois eit blanc ,
peu dur , & contient une moelle aflez abondante ;
l'écorce des rameaux eil d'un beau vert ; ils portent
des feuilles difpofées communément trois à trois à
chaque nœud , fort grandes , pétiolées , cordi formes ,
pointues , entières , d'un vert agréable ^ glabres en
deffus 5 & chargées de poils courts en defîbus , avec
des nervures alternes & faillantes. Elles font larges de
quatre à fept pouces , & longues de fept à onze , non
compris^ leur pétiole , qui a quatre à fix pouces de
a36 B I G
longueur; les fleurs viennent à l'extrëmîté des bran-
ches , en beaux panicules , dont les ramifications font
oppofees ; elles font campanulées , courtes & bien éva-
{é^s ; leur corolle elt d'un blanc de perle , marquée
de points pourpres ou violets , & rayée de jaune dans
fon intérieur. En Amérique , elles produifent des cap-
fiiîes longues de quinze à dix-huit pouces , prefque cy-
lindriques , très-grêles , droites , pendantes , & qui
reflemblent à de longues filiques ; les femences qui y
font contenues , font minces & munies de chaque côté
d'une aile membraneufe , longue , étroite , & terminée
par une petite houppe de poils.
H y a une variété dont les feuilles font velues des
deux côtés ; c'efl le kakusju , vulgb kawara-fifagl , de
Kasmpfer.
BiGNONE à feuilles ondées ^ Bignonia quercus , Hort,
Reg. On l'appelle vulgairement le chine noir ^ à filiques,
d'Amérique. Voye^ cet article.
BiGNONE toujours verte , Bignonia fcmpervirens ,
Linn. C'eft le grand jafmin odorant , de la Cai'oline.
Foyei^ a V article JaSiMIN.
BiGNONE à feuilles de C affine. M. de Commerfon a
découvert cet arbriffeau aux environs de Rio-Janeiro ,
au Bréfil , &: un autre à feuilles obtufes.
BiGNONE a petites fuilles , Bignonia arbor ^ Buxi
folio tenuiore^ Plum. Cet arbrifleau croît à Saint-
Domingue.
Bignones à feuilles conjuguées ou temées,
BiGNONE à griffe de chat , Bignonia Americana , cd"
preolis aduncis donata , filiquâ longifjlmâ , Tourn. 1 64.
Cette efpece ell la liane a griffe de chat. Voyez cet
article,
BlG'SO^E équinoxiale ^ Bignonia œquinoxialis ^hinn.,
vulgairement liane à crabes^ liane à paniers^ liane
blanche. Voyez as mots^
B I G 237
BiGNONE paniculic , Bignonia hïfolia fcandens , jlore
yîolaceo odoro , frueiu ovato duro , Plum. Elle croît dans
rAmérique Méridionale.
BiGNONE porte - croix , Bignonia cruc'igcra. , Linn. ;
fa tige , qui eft farmenteufe , eft remarquable en ce
que, lorfqu'on la coupe en travers, elle repréfente
une croix. Elle croît dans l'Amérique Méridionale.
BiGNONE à Jleiirs orangées , Bignonia capreolata ,
Linn. Elle fe trouve en Amérique.
BiGNONE pubefcente , Bignonia pubefcens , Linn. Cette
efpece croît aux environs de Campêche & dans la
Guiane. M. Aubla d^t qu'elle s'étend fur la cime des
plus grands arbres des forêts de la Guiane.
Il y a encore : La blgnom a trois fcuilks , de la Vera-
Crux ; la bignone à râpe. , des forêts de la Guiane &
des environs de Carthagene: les fruits font hériiTés
de pointes dures. La bignone à longues étamines , de
Saint-Domingue , Tourn. 164. La bignone à fleurs in-
carnates'^ elle fe trouve dans les forêts de la Guiane,
& particulièrement vers les bords de la rivière de
Sinèmari. Le* Galibis fe fervent de fes farmens ea
place de cordes ; les Nègres en fabriquent des paniers
& de grands chapeaux comme des parafols , qui les
garantiffent de la pluie & de l'ardeur du foleil. La
bignone a liens , c'eil la liane franche , Voyez ce mot,
La bignone a odeur £ail , c'eft la liane à Vail , Voyez.
cet article,
Bignones à feuilles digitèes.
On diflingue l'efpece à cinq feuilles ; c'efl: le poirier
des Antilles , Voyez ce mot, La bignone à Ibene , Voyez
ébene jaune & verte. Ces arbres fe trouvent dans l'Amé-^
rique Méridionale. La bignone aquatique , de la Guiane,
L'efpece h. fleurs velues & jaunes , de l'Inde. La bignone
à feuilles divergentes en manière de rayons ; elle croît au
Pérou.
258 B I G B I H
Bl^noncs à feuilles une ou deux fois ailées.
Il y a : La bignonc de Virginie , Bignonia radicans l
Linn. ; c'eft le Gelfminum hederaceum Indicum , Corn.
Canad. , vulgairement le jafmin de Virginie. La bignone
multijîore & rouge ^ de la Chine ; la bignone à feuilles de
frêne , de Saint - Domingue , &: la même efpcce du
Pérou; la bignone de l'Inde & du Malabar , c'eft le
Palega-pajanelliy Rheed. Mal. ; (ts fleurs font d'un blanc-
jaunâtre , &: ont une odeur délagrëable. La bignone
d^ Afrique ou du Sénégal'^ fes fruits font de la forme
de nos concombres & longs de deux pieds , coriaces ;
la bignone a grappes , de Madagafcar ; celle à rameaux
aplatis , de l'Inde , c'eft le fvarantou de V Herbier de
M. Poivre, La bignone fpathacie , Bignonia fpathacea ,
Linn. ; cette efpece croît au Malabar , dans l'iile de
Ceylan , à Java & à Amboine, dans les lieux humides
ou près des rivières : la frxilité de travailler fon bois
le rend propre à en former divers uftenfiles commodes :
cet arbre eft le Lignum equinum , Riimiph. Amb. ;
le Niir-pongdion , Rheed, Mal.; Singi Bram.
M. de la Marck range auiîi dans cette dernière (ec"
tion des bignoms à feuilles digitêes : la bignone à fruits
tors^ Bignonia chelonoïdes ^ Linn. ; Padri , Rheed. Mal. ;
oet arbre croît au Malabar & dans l'Inde; ^s fleurs
fraîches , jetées dans l'eau , lui communiquent une odeur
agréable ; on fe fert de cette eau pour arrofer le matin
les Temples , & en purifier l'air croupiffant. La
bignone farmcntcufe ^ noueufe ■& à fleurs blanches^ de la
Guiane. L'elpvCj k fleurs bleues , des Ifles de Bahama;
M. Aubin défîgne ainfi une variété , Bignonia copaia.
La Bignone du Brifil ; on préfume que c'efl le Jaca--
randa de Pijtn. \'oyez ce mot.
BIHAI , Heliccnia, Nom d'un genre de plante uni-
lobée , de la famille des Bananiers , ÔC cui comprend
des herbes exotiques d^nt les feuilles font fimp^es &
engaînées à Itur bafe , & dont Içs fieurs viennent
B I H 239
communément dans des fpathes diftiques & (^mbifor-
nies ; le fruit eft une capfule ob'ongue , à trois côtes
arrondis, tronquée à fon fommet , 6c divifée intérieu-
rement en trois loges qui, chacune, contiennent une
feule femence dure 61 ob'ongue.
Il y a : Le l^ihai des Antilles , Helkcnia Carihœa , b'ihdi
joUïs amplijjîmis ^ floriim vaJicuUs coccimis , Pliim.; cette
belle plante eft commune aux Antilles, dans les boi^
humides & les lieux fangeux. M. AubUt dit qu'on la
cultive à rifle de France ; que c'eft avec fes feuilles
que les Nègres couvrent leurs cafés , & que les Créoles
éc les Galibis ( dans la Guiane ) les emploient à faire
des cabanes fur leurs pirogues , pour fe garantir de la
pluie & de l'ardeur du foleil. Il y a auffi : Le bihù à
feuilles pointues , Helicoma bihaï , Linn. ; cette efpece
croît dans l'Amérique Méridionale , où on lui donne
le nom de balijier. Le bihai des Indes Orientales &
des Moluques , c'efl: le Folium bucdnatum afperwn ,
Rumph. Amb. Le bihaï des perroquets , Hellconla pjit-
tacorum , Linn. ; cette efpece croît à Surinam. Le bihai
velu , Helicoma hirfuta , Linn. ; l'axe qui foutient la
fru61:ihcation ell velu , & fléchit en zig-zag ; cette ef-
pece fe trouve dans l'Amérique Méridionale.
BÎHOR. Voyei Butor.
BÏHOREAU,;;/. enl, 758 le mâle; 759 la femelle;
c'efl le roupeau de Bclon , en latin Pfeudo-nycllcorax ;
c'efl une efpece de héron de moyenne taille , & qui
fe trouve fur les côtes de Bretagne ; le bihoreau a la
tête, le cou plus gros à proportion , les jambes moins
longues &: le corps plus épais & plus fourni que dans
la plupart des autres hérons ; il a un pied huit pouces
du bout du bec à celui de la queue , & trois pieds
deux pouces d'envergure ; il efl à-peu-près de la grof-
feur d'une corneille , coiffé d'un noir changeant en vert ,
ayant fur le fmciput une bande branche, courte 8^
étroite ; de l'occiput partent trois plumes ( rarement
^avantage ) longues d'çnviron cinq pouces , étroites
240 B I H B I M
Bc terminées par une pointe fort aiguë, ce qui lui
forme une huppe élégante & d'un très -beau blanc;
l'oifeau , à volonté , écarte &c roule les unes autour des
autres , ces trois plumes ; un blanc tirant un peu fur le
cendré diftingue la partie fupérieure & les côtés du
cou ; le haut du dos & les plumes fcapuîaires font
d'un vert foncé-obfcur ; le refte du corps en defliis efl
cendré , &C le deffous blanc; l'iris eft d'un jaune-orangé;
le bec d'un vert-jaunâtre à fon origine , & noirâtre
dans le refte de fa longueur ; les pieds d'un vert-jau-
nâtre , & les ongles noirâtres. La femelle du bihorcau
n'a point de huppe ; fon plumage eft cendré-rouffâtre ,
& fes ongles d'un gris-brun.
Le bihoreau eft un oifeau erratique & trifte ;
fon cri efl: rauque, très-fort, & n'imite pas mal le
bruit produit par les efforts que fait l'homme en vo-
mifîant : c'efl la nuit , fur-tout , qu'il le fait entendre ,
& qu'il fe met en mouvement : il fe tient caché pref-
que tout le jour ; il fe trouve dans les deux Conti-
nens , fréquente également le bord des eaux douces &
les rivages de la mer ; à défaut de poifTons , il fe nourrit
de reptiles , de vers , d'infeftes.
On a repréfenté le bihoreau de Cayenne ,/?/. enL 899.
Le véritable nyBicorax des Grecs , ou le vrai corbeau^
dc-nuit , efl la hulotte. Voyez ce moi.
BIJON. Foyei TÉRÉBENTHINE.
BFLIMBL Voyii ran'ide Carambolier.
BILL ON S. Voye^^ a l'artlck Garance.
BIMBELÉ ou Fausse Linotte. Les Nègres ,
à Saint-Domingue , donnent le nom de blmbdé à un
oifeau qui paroît être du genre XL de M. Brijfon'^
c'efl un des oifeaux de la leftion particulière, faite
par M. de Montbcillard ^ fous le nom de demi-fins : il
n'a aucun rapport avec la vraie linotte ; fon chant
ne roule que fur quatre ou cinq notes ; mais les
tons en font pleins , doux & moelleux ; le deffiis
du corps efl brunâtre ; le deffous eft d'un blanc
fale;
B I N 241
fale ; on diftlngue une teinte jaune au ventre & fous
la queue.
BINERY. royei Bruant.
BINOCLE. Nom que Ton donne dans VUiJîolre abrégée
des Infeciis des environs de Paris , à une efpece d'ani-
mal aquatique qui s'attache aux poifTons. Plufieurs
autres animaux qui s'attachent aux poiflbns de mer,
paroiffent être de ce genre ; auiîi Baker en a-t-il donné
pkifieurs figures fous le nom de poux des poijjons.
On va réunir auiîi fous cet article les petits ani-
maux que l'Auteur de VHiJlolre des Infectes appelle
monocles , parce que ce font deux genres d'animaux qui
fe rapprochent beaucoup. Le monocle a été décrit par
Swammerdam , fous le nom de puce aquatique arboref-
cente _, Pulex arborefcens,
La puce aquatique ou le monocle , ou Perroquet
d'eau 5 que l'on trouve dans les eaux des mares &:
des baffms , eft un animal très-petit , qui n'a guère
plus d'une ligne de longueur. Tous les animaux de ce
genre font tres-fmguliers &: très - reconnoifTables par
des caraderes qui leur font propres. Ils ont des an-
tennes branchues , qui font garnies de poils , ce qui
les fait paroître toufrues. Ces antennes leur fervent
comme de bras pour nager : ils s'avancent &: s'élèvent
dans l'eau comme par bonds &: en fautillant; ce qui
les a fait nommer puces d\au ; &z arborefcentcs , à caufe
de la ramification de leurs antennes. A l'aide de leurs
fix pattes 6c de leur queue , dont la forme varie ,
ûmple dans quelques efpeces , fourchue dans d'autres,
mais toujours mobile &: qui leur fert d'aviron , ils
exécutent dans l'eau diverfes fortes de mouvemens.
Un des caraderes de ces petits animaux, c'efl celui de
n'avoir qu'un feul œil, ainfi que l'a obiervé M. G^of^roi;
ce qui les lui a fait nomm< r monocles , quoique cepen-
dant Swammerdam ait cru en voir deux. Ces animaux
font tous ovipares ; & leur corps , plus ou moins ferme
& dur , eft fi tranfparent , que l'gn voit leurs oeufs d^\\
Tome IL Q
i4t B I N
travers de la peau. On en voit quelques-uns qui pOf«^
tent ces œufs à l'extérieur fufpendus en paquets à leurs
côtés. Obfervés dans des bocaux pleins d'eau, on les
voit fe défaire de chacun de ces paquets à la fois ou
féparément.
Les puces d\au font des animaux fi petits , qu'ils
n'ont pas befoin de prendre beaucoup de nourriture ;
auiTi ne font-ils point carnafliers : il paroît qu'ils ne
fe nourriffent que du débris des plantes , ôc c'efl pro-
bablement la différence de la couleur des fucs de ces
plantes qui donne à ces animaux la différence des cou-
leurs qu'on leur voit. On obiërve , du moins dans
plufieurs efpeces , qu'ils varient du blanc au vert 6c
au rouge plus ou moins foncé. C'ed la multitude de
ces vcrs-infcctcs dans certaines eaux qui les a fait pa-
roître quelquefois rouges comme du- fang , & à porté
îa terreur dans Tefprit du peuple. Cette prétendue tranf-
mutation d'eau en fang fe remarque en tout pays, ô^
notamment en Suéde, oii, dit M. Linnœiis ^ l'un des
trois étangs qui fe voient dans le Jardin d'Upfal , &
dans lequel il n'y a point de plantes aquatiques , paroît
toujours fe changer en fang au temps du folfHce d'été,
fur-tout par le temps calme ; alors tous les matins ,
ajoute le môme Auteur , cet étang paroît de tous les
quatre coins comme fi l'on y avoit répandu de la poudre
à canon. Cette poudre voyage peu-à-peu des bords au
centre, comme autant d'armées, marchant en boa
ordre ; & au bout de quelques heures elle s'arrête &
s'affemble toute au centre de l'étang. L'eau fur laquelle
cette poudre a pafle , paroît couverte d'une pellicule
grisâtre , &, prefque imperceptible : fi l'on amafle un
peu de cette poudre dans une cuiller , on voit avec
ëtonnement que tout eil en vie, & com.pofé de mil-
lions de vers-infccîcs , que M. de Géer a parfaitement
bien décrits & defîinés fous le nom à^podura aquatica.
En môme temps on voit fous l'eau une fubflance fan-
guine qui rougit l'eau où elle fe trouve, 6c la fait
B I N 245
paroître de couleur de chair : cette iiibflance efl tantôt
plus , tantôt moins folide ; elle ie diffout quelquefois
& devient inviiible , pendant qu'une autre nouvelle
prend fa place. L'eau en eu alors il remplie , que per-
fonne n'ofe s'en fervir pour la cuifme. Vers neuf ou
dix heures du matin , tout femble fe difîbudre & difpa-
roître; mais le même phénomène fe renouvelle vers
le foir. On l'obferve aulTi de grand matin , fur - tout
quand il a plu pendant la nuit. AufTi-tôt que Peau
croupit , elle devient trouble ; alors ces vers-wfi&es
y trouvent abondamment de la nourriture. On ne
peut que s'étonner de la quantité inconcevable de ces
petits animaux & de leur multiplication rapide par
millions. Trop foibles par nature , ils deviennent la
proie des canards qui en font leurs meilleurs repas.
Ces monocjjf^ieïvent auiTi de pâture à plufieurs in-
fe6^es aquatiques , &c même aux polypts , qui les en-
trelacent dans leurs bras , & les avalent enluiîe. Il y 3
cependant quelques efpeces de monocles qui font ren-
fermés dans une coquille bivalve , & qui par confé-
quent ne peuvent devenir la proie des polypes, Cq
monocle refte dans fa coquille , fi on le tire de l'eau*
Cette coquille s'entr'ouvre en deflbus , l'animal fait
fortir fes antennes , à l'aide defquelles il nage très-vite
dans l'eau de côté & d'autre , cherchant un corps folide.
pour s'y arrêter, & c'eil alors qu'il fait ufage de {^^
pattes pour marcher , en les alongeant par l'ouverture
de -fa coquille. On trouve volontiers ces vers-inf:cies
dans les ruiffeaux bourbeux & dans les eaux dormantes.
Lorfque , dans un verre de cette eau , on met quelques
gouttes d'eau - de - vie , ils meurent fur le champ 6c
tombent au fond. Koyei Pucerons branchus.
Le binocle ou le pou des poljjons , a beaucoup de ref-
femblance avec l'infecle que l'on vient de décrire : il
en diffère , parce qu'il a deux yeux bien diilinds ; ce
qui l'a fait nommer binocle. ïl eil pourvu d'antennes
qui ne font point garnies de poils latérau-i. Sa queue
244 B I O BIS
eu. fourchue dans quelques efpeces , & en plumet dans
d'autres : fon corps eil recouvert d'écaillés. Les infedes
de ce genre ont en général une figure qui les fait ref-
fembler en petit aux crabes de mer , fur-tout à l'efpece
appelée crabe des Moluques , oc qu'on voit dans les
Cabinets. Foyei Pou des Poissons.
Les binocles vivent dans l'eau ; mais ils font voraces :
ils s'attachent aux poiffons , qu'ils fucent fortement
par le moyen des organes ( fuçoirs ) placés à la partie
inférieure de leur corps. On en voit des efpeces qui
ont près d'un pouce de longueur , d'autres moins :
on en voit peu dans les eaux des environs de Paris ,
mais beaucoup fur les poiilbns de mer.
BIONDELLA. Foyei à ranïck Bois gentil.
BIOURNEAU ou Bigourneau. Voyei Vignot.
BIPEDE. C'eil un animal qui a deim pieds. Voye:^
Oiseau.
BIQUE. Nom populaire de la chèvre qui allaite ou
qui donne abondamment du lait. Ce mot efl: trivial ;
néanmoins il femble confacré dans notre langue , par
l'ufage qu'en a fait un Poète très - aimable ( La
Fontaine ), La biquz alloit remplir fa traînante mamelle,
Fab. XV. Liv. iv.
BIRCKHAKN. Voyei à fart. Coq des Bruyères.
BISEMUS. Nom donné en Silélie à la mufaraigne^
Voyez ce mot,
BIS -ERGOT. Cet oifeau a été envoyé à M. ds,
Buffon iows le nom de p:rdrix du Sénégal ^pL. ml, 137;
mais il lui paroît avoir plus de rapport avec les
francolins qu'avec les perdrix , foit par fa grolTeur ^ foit
par la longueur du bec & des ailes , foit par fes éperons.
Son plumage efl mêlé de gris & de brun. Il donne à
cet oifeau le nom de bis-ergot , parce qu'il a à chaque
pied deux ergots ou plutôt deux tubercules de chair
diu'e de calleufe ; caradere qui lui paroît en faire une
efpece &: une race particulière. On trouve aufîi , dit-on ,
à rifle de France Iç bis - €rgot. On y appelle raçUuJ^
BIS 245
cette efpece de perdrix , parce qu'on trouve que fon
cri a quelque rapport au bruit produit par deux corps
durs , frottés l'un contre l'autre ; fon plumage tient
un peu de celui de la caille ; les pattes & le bec font
verdâtres ; elle niche en Septembre ou Odobre , &
habite de préférence les bois des montagnes ; elle fe
perche fur les arbres , hors le temps de fes amours. Au
refle , cette perdrix à deux ergots efl étrangère à l'Ifle
de France , fuivant ce que nous a mandé M. le Vicomte
de Querho'cnt ; la chair de cet oifeau efl blanche.
La perdrix rouge de Madagafcar a aufli deux ergots
à chaque pied.
BISET, pL enl. 510. Voyez à V article Pigeon.
BISMUTH , Wifmuthum, Demi-métal connu auffi
fous le nom ^étain de glace , & qu'on a fouvent qua-
lifié de marcajfîte par excellence. Cette fubflance, dans
l'état de régule , paroît formée d'un affemblage de
feuillets groupés en cubes ou en flries , fort pefans
& cafTans. Sa couleur approche de celle de l'étain.
Le caraQere diflinûif de la mine de hifmuth efl de pré-
fenter , lorfqu'elle a été expofée à l'air , les couleurs
variées de la gorge de pigeon ; telle efl la mine appelée
fleurs de hifmuth, La mine de hifmuth efl minéralifée ou
par le foufre ou par l'arfenic. Elle contient ordinaire-
ment ou du cobalt ou de l'argent , mais en très-petite
quantité. Il y a plufieurs efpeces de mines de hifmuth ,
que l'on trouve dans la Saxe , dans la Bohême ^ dans
la Suéde , &:c. & qui varient en couleur , ainfi qu'on
peut le voir 'dans les ouvrages des Minéralogifles. Il
y en a de grifes , de bleuâtres &: brillantes , &c.
On diflingue le hifmuth vierge ou natifs il efl quel-
quefois en mafle , quelquefois en écailles minces , ou
appliquées les unes fur les autres , ou incruflées fur
une gangue ou fur d'autres fubflances métalliques ; la
mine de hifmuth grife-cendrée , efl la mine de hifmuth
commune: Il fon tiflu reflemble à l'antimoine , elle
efl minéralifée par le foufre , efl très-fufible ôc diffo-
Q3
14S BIS
liîble dans les acides. Celle qui cil: d'un gns cîaîr efl
du h'ifrîiuth combiné avec le cobalt, & plus d'arfenic
eue de foutre. La mine de hïfmuth chatoyante , eft la
mine de bifmuth qui paiie à l'état de chaux. Cronjîedt
tait mention d'une mine de bifmuth fcrrugimufc ; elle
ell en écailles angulaires.
Le bifmuth fe fond à la fimple flamme d'une bougie ;
par conféquent il facilite la fufion des autres métaux,
mais il les rend aufîi caflans que lui : mêlé au cuivre
dans la fonte , il le blanchit , aiiifi que l'étam , qu'il
rend plus fonore. II donne même à ce dernier une
confiftance qui approche de celle de l'argent , ainli
qu'on l'obferve dans l'étain d'Angleterre, qui, dit-on,
efl allié d'un mélange de bfmuth , de régule d'anti-
. moine , &: même d'une portion de cuivre. Lorfque
l'on fond le bifmuth avec l'argent , l'étain & le plomb ,
îl rend ces m.éiaux plus propres à s'amalgamer avec
le mercure; & fi en paiTe l'amalgame à la peau de
cham^ois , on remarque que le mercure entraîne vifi-
blement avec lui beaucoup plus de métal qu'il n'auroit
fait fans cela. On dit même que c'ell: un moyen que
certaines gens emploient pour augmenter le poids , ou
plutôt la quantité apparente du mercure. La propriété
qu'a le bifmuth de s\inir à toutes les fubftances mé-
talliques 5 môme les plus dures ( excepté le zinc ) , lui
a mérité quelquefois le nom û' aimant -des métaux. Le
bifmuth eil volatil : expofé au feu , il s'en élevé des fleurs
en flocons qui font la terre métallique privée de prefque
tout phlogiftique.
On retire du bifmuth , en le diflolvant par l'acide
nitreux & le précipitant par la fnnple addition de l'eau,
une chaux blanche que l'on nomme blanc de bifmuth ,
blanc d'Ff pagne ou blanc de perles. Lorfque cette chaux
efl bien édulcorée , elle donne un beau blanc éclatant,
qu'on fait entrer dans la compofition d'un fard dont
les Dames font uf ige à la toilette peur fe blanchir la
peau. Comme ce fard n'efl qu'une chaux métallique ,
BIS 147
qui fe charge très -facilement du phlogîftîque réduit en
vapeurs , & qu'elle devient noirâtre par cette addition ^
les femmes fardées avec ce blanc courent rifque de
voir leur blanc fe changer en noir , fi elles s'expofent
aux vapeurs phlogiftiquées qui s'exhalent des matières
en putréfa£lion , des latrines , du foufre , du foie de
foufre , de l'ail écrafé , ôcc. Ainfi l'avantage de ce fard
eil contre-balancé par de grands défauts , fans compter
celui de dégrader êc de gâter confidérablement la peau
à la longue. Puifque ce fard , ainfi que tous ceux qu'on
peut employer , altèrent la peau des jeunes perfonnes,
ôc ne réparent point les ruines du vifage , voici ce
qu'il faut mettre en ufage , dit un Auteur moderne :
» Des grâces fimples & naturelles , le rouge de la pu-
» deur , l'enjouement & la complaifance : voilà le fard
» de la jeuneffe. Pour la vieilleffe, il n'eft point de
» fard qui puiffe l'embellir que l'efprit 6c les connoif-
» fances «. F'oyei maintenant l'article PlERRE A FARD.
Le bifmuth diffous dans l'acide nitreux donne une encre
de fympathie. On écrit fur du papier avec cette dif-
folution , & il n'en reile pas la moindre empreinte appa-
rente. Que l'on étende enfuite légèrement fur le papier ,
avec un pinceau , du foie de foufre diffous dans l'eau ,
à l'inflant l'écriture devient hfible , effet produit par
le phlogiitique du foufre qui refTufcite le métal en
s'uniffant avec lui , & lui fait reprendre fa couleur
naturelle.
BISON, Bos juhatus. Race de bœufs à boffe , en
partie fauvage & en partie domeflique , qui fe trouve
dans les Contrées de l'Afrique , dans la plupart de
celles de l'Afie , & qui s'eil retrouvée dans le nord de
l'Amérique.
Cet animal peut être regardé comme une variété
de X aurochs , qui eft le taureau fauvage ; car ces ani-
maux produifent enfemble. Le hlfon eft le chef de la
race fecondaire provenue de V aurochs ; il eft aufîî le
chef des boçufs à bofte. Cette bofte du hifon , ainfi quQ
Q4
248 B I S
cclie de toutes les efpeces de bœufs boiïiis , n'efl
qu'une excroiiîance , une efpece de loupe , un morceau
de chair tendre , aulîi bonne à mangtr que la langue
des bœufs. Il y a de ces boffes qui pefent jufqu'à qua-
rante ou cinquante livres. Voye^ au mot AuROCHS,
la manière dent on prouve que le bïfon n'efl: qu'une
variété du taureau fauvage.
En 1769 nous avons vu à Paris un de ces hifons
vivans. Il avoir été pris, en 1763 , dans l'Amérique Sep-
tentrionale , au nord du Miffiiîipi , près de la petite
rivière Arreco : le propriétaire nous affura que peu de
temps avant fon départ , cet animal, qui étoit du fexe
ïiiâle , avoit couvert deux vaches appartenant au Gou-
verneur du lieu ; mais qu'il ne favoit pas ce qui en étoit
provenu : il nous affura encore que ces animaux vont
dans les bois par troupes de dix , jufqu'à vingt ,
tous l'un après l'autre , & que la femelle eïl plus grande
que le mâle ; que la chair en eft bonne &; d'un excel-
lent goût de venaifon ; qu'ils courent fort vite , &
qu'étant pourfuivis ils jettent en arrière toutes les
pierres qu'ils rencontrent; qu'ils joignent en certaines
circonftances à la force , le courage & la férocité ;
qu'il eft très-difficile de réduire leur inftind naturel ,
qui efl infiniment moins brut que celui de nos bœufs
domeftiques ; que ce n'a voit pas été fans danger qu'on
avoit forcé le bifon qui fe voyoit à Paris , à paffer
les mers , & qu'on avoit éprouvé les mêmes diffi-
cultés pour le débarquer en Hollande , à fon arrivée
en Europe; comme il refufoit quelquefois démarcher,
& Qu'il s'efForçoit de maltraiter fes condu6i:eurs , le
propriétaire prit le parti de l'enfermer dans une forte
cage en bois , pofée fur quatre roues , & tirée par
des chevaux.
Nous avons examiné en Naturalise cet animal pen-
dant fon féjour à Paris : ce blfon arraché des miains de
la vieille Nature, devenu captif, fon caradlere pétu-
laiTt s'efl flétri ou adouci par l'efclavage , par les mau-
BIS 249
vais traîtemsns & par le befoin : on l'a dompté en
quelque forte ; il annonce une forte d'intelligence ,
de docilité & d'éducation : il y avoit des momens où
il paroiiToit afFe£tionné & fenfible à l'afpecl: & à la
voix de fon maître : dans les inftans où la Nature lui
faifoit fentir l'efTervefcence du rut , il en annonçoit le
befoin ou le délir avec vigueur & fureur ; il mugifToit
tantôt d'une manière lamentable , & tantôt il rugiffoit
xm peu à la manière du lion ; & alors il s'efforçoit de
rompre fes liens , donnoit des coups de tête contre
un poteau avec tant de force que fes cornes en étoient
mutilées.
Nous avons mefuré exa£lement ce quadrupède : la
ligne horizontale , latéralement , depuis le mufeau juf-
qu'à la queue ou au jarret , étoit de neuf pieds deux
pouces ( il faut obferver qu'il porte fa tête dans une
' pofrtion alongée ) ; la hauteur prife du garrot ou du
Ibmmet de la boffe jufqu'à la pointe du fabot ou pied
antérieur , étoit de cinq pieds quatre pouces ; la hau-
teur , prife au niveau ou à l'origine de la queue juf-
qu'au bout du fabot ou pied poftérieur, étoit de trois
pieds dix pouces ; la groffeur , mefurée par le garrot
& le fanon , avoit dix pieds de circonférence ; la grof-<
feur , prife entre les faufies côtes 6c les cuiffes , étoit
de cinq pieds & demi ; la ligne diagonale de la tête,
depuis la bafe des cornes jufqu'au bout du mufeau,
étoit de vingt-trois pouces ; la largeur du front , entre
les cornes , étoit de feize pouces & demi. Les cornes
petites, eu égard au volume du hifon comparé avec
nos bœufs domeftiques , font d'un brun - grifâtre
depuis la bafe jufqu'au milieu de leur longueur , &C
noirâtres dans le refte de leur longueur jufqu'à la
pointe. Les pointes des cernes font éloignées l'une de
l'autre de deux pieds. Leur poiition ou leur direction
€Û à-peu-près la même que dans nos bœufs.
Ce quadrupède colofial, qui femble n'offrir que des
difformités^ des monilruofités, eil cependant un animal
ijo BIS
d'une beauté furprenante ; fon enfemble offre tout-à-îa-
fois à l'œil 6c à l'eiprit un ilijet d'étonnement & d'admi-
ration ; fa tête , qui eft pallablement grofîe à propor-
tion du corps , paroit d'un volume prodigieux par la
quantité & la longueur du poil brun-fauve dont elle
eu garnie , on diroit de cette jubé , une couronne de
poils ; d'autres poils plus foyeux , très-longs , plus
doux au toucher que la laine , & luflrés , forment en-
deçà du bourlet de la mâchoire inférieure &c fur les
abajoues , une barbe merveilleufe. Ces mêmes poils
garnirent aufîi la gorge , le fanon , &c le dedans des
jambes antérieures jufqu'au genou. Ses épaules &c fon
cou font couverts , ainfi que la bofTe , d'un poil dru ,
long , comme crépu , mais fin &c extrêmement doux au
toucher. Cette forte de chevelure forme une four-
rure très-chaude , & donne au H/on l'afpecl: noble 8c
impofant du lion : aufîi l'a-t-on appelé hs Jiéatus :
les Sauvages Pont nom.mé muthufufa. Les oreilles ne
font pas tort grandes , le long poil de la tête les cache
prefque entièrement ; leur poiition efi: afTez droite :
près des cornes elles paroifTent comme pliffées , prefque
pointues & garnies de poil ras. Ses yeux qui font
grands , orbiculaires , bruns & bleuâtres au milieu ,
fur une cornée blanche , manîfeflent d'une manière
prompte &: pathétique la douceur ou la colère. Autour
des paupières, de la largeur de deux doigts en deffus
& de trois en defTous , la peau eil: d'un noir fauve ,
rafe , fans poil. Le nez nu , fort large , d'un noir fauve.
Les narines font fort grandes , & par le haut beaucoup
plus élo.'gnées Tune de l'autre que par le bas. Quand
cet animal ouvroit la bouche , on comptoit huit dents
încifives & très -blanches à la mâchoire inférieure.
Lorfqu'on lui préfentoit un miOrceau de pain , il
faifoit fortir fa langue , qui eft longue , épaiffe ,
noirâtre , & alors il attiroit & faififfoit le pain , en
formant un crochet avec fâ langue. A la moitié du
dos , même plus près des épaules , s'élève une bolTe
B I S 25Î
ou loupe ( qui eu une vafle maffe de chair ) qui s'abaiiTe
latéralement & vers la tête. La partie la plus élevée
de cette bofTe efl perpendiculaire aux omoplates , c'eil-
à-dire , entre les épaules. Ses jambes font affez courtes^
Le bas des jambes antérieures , depuis le genou , ainlî
que la partie poilérieure du corps , font en été rafes ,
èc la peau eu d'un noir fauve. En hiver le derrière du
corps , la croupe & les cuiûes font garnis d'un poil
court & affez doux : il n'y a que ce poil qui tombe
au moment de la mue. Sa queue eu longue de feize
pouces, rafe , mais garnie par le bout d'une houppe de
crins fort doux , & qui pendent à la longueur de huit
pouces. La croupe efl rctrécie , très- effilée. Les fabots
font pointus , noirâtres , ainfi que l'ergot.
On donne aufîi au bifon le nom de bœuf Illinois , parce
que les prairies de ce pays font couvertes de boeufs à
bolTe. Les femmes des Illinois n'ont d'autre occupa-
tion que de préparer le poil de ces fortes de bœufs,
&C d'en faire des jarretières , des ceintures & des facs.
Ces peuples ont l'art aufîi de préparer les peaux des
hifons , de les rendre fort fouples & blanches : ils y
tracent des com.partimens de différentes couleurs. On
voit une de ces peaux dans l'un des Cabinets de curio-
(ités de Chantilly.
BISSUS ou Poil de nacre , By£us animdis. C'efl
le nom que l'on donne à des fiîamens d'une efpece de
foie brune , & longs d'environ cinq ou fix pouces ,
dont la pinm manm fe fert pour s'attacher & fe fixer
aux corps contre lefquels elle veut s'arrêter. Ils lui
fervent comme autant de cordages pour fe foutenir ,
de même que font les moules. Ces fils , vus au microf-
cope , paroiffent creux , & donnent , quand on les
brûle 5 une odeur urineufe comme la foie. Le biffiis de la
pinne marine efl propre à l'ourdifiage , & plus précieux
que la laine. Les plus habiles Critiques n'ont pas en-
core bien éclairci ce que les Anciens entendoient par
le hijfus. Comme ils confondoient fous ce nom les
252 BIS
cotons , les oiiattes , même l'amiante , en un mot foirt
ce qiii (e fîloit & ëtoit plus précieux que la laine , il
n'efl pas aifë de dire ce que c'étoit , & s'ils n^en tiroient
point de la /?mne marine.
Au refte on voit communément en Italie & en Corfe
des camifoles , des bonnets , des gr.nts , des bas &
autres ouvrages fabriqués avec le biffus des pinnes
marines. L'on a de la peine à foutenir la chaleur de
tds vêtemens , que l'on eftime fpécifîques pour les
rhumatifmes & la goutte. Ces ouvrages feroient peut-
être plus recherchés fi la foie étoit moins commune.
Avant de filer ce hï^us , on le laiffe quelques jours
dans la cave afin qu'il s'hume61e & fe ramollilTe ; en-
fuite on le peigne pour en féparer la bourre &: les
autres ordures , &: on le file comme la foie. Il eft bon
d'obferver que ce bïj[us ne prend point la teinture
fans en être altéré. Voye^^ Pinne marine , & Us Mlm,
de 'ÛAcad, des Sciences ^ ann, ij 12^ page 204*
Bissvs , Bijjtis, Genre de plante cryptogame , de
îa famille des Algues , dit M. de la Marck , qui a beau-
coup de rapport avec les conferves , & qui comprend
des fubfîances qui naiffent fur des matières humides :
elles ont l'apparence ou d'un duvet poudreux plus ou
moins coloré , ou d'un duvet filamenteux , à filets fim-
ples , cylindriques , tantôt ramifiés , tantôt en réfeau ,
îbuvent articulés , & plus ou moins longs. Quelques-
uns regardent les bijjus comme des plantes imparfaites ;
parce qu'elles paroifTent dépourvues de quelques par-
ties qu'on obferve dans les autres. On n'y découvre
aucunes racines , ni feuilles , ni fleurs , ni fruits.
Micheli , Boccone &c Dillen n'ont donné rien de fatls-
faifant fur les graines des bijfus ou fur la manière
dont ils fe reproduifent. M. Adanfon dit avoir élevé
pendant quinze mois des touffes de cette plante dans
des bocaux , & avoir reconnu affez clairement que
chacfue articulation féparée naturellement ou par l'art,
vcgétoit comme une graine , 6c produifoit une plante
BIS 253
toute femblable à fa mère. On a un exemple de ce
genre de plante fî fmgulier dans le conferva. On en
trouve qui reffemblent à un amas de fils de foie , à un
tapis , à une peau de bête à poil , à une toifon de
brebis , à un morceau de drap , à une toile d'araignée.
M. Halkr dit avoir vu les articulations d'un petit
h'ijfus vert , & qu'elles fe détachent efFe£livement ;
mais on doit à M. Adanfon l'expérience qui femble
prouver que cette plante eft vivipare , comme de
certains polypes. Voyc\^ maintenant l'article tmmlh.
On feroit prefque tenté de regarder cette forte de
plante comme un corps organique faifant la nuance
ou le paffage du végétal à l'animal. Voici les efpeces
de bijjus connues.
Bis su s en duvet filamenteux.
Il y a : Le bijfus des caves , Fl. Franc. ; Bijjus
feptica , Linn. ; il a un tiflii très-mou , épais d'en-
viron deux lignes , fort large , léger , d'abord blan-
châtre , enfuite brun. Ce tifTu eft formé de fîîamens
{impies 5 très -menus , entrelacés , & reffemble en
quelque forte à un morceau de drap , ou à une pièce
d'amadou. On trouve cette efpece dans les caves, fur
les tonneaux , ou fur leur chantier ; dans les celliers , fur
les bois qui fe pourrifTent , & fous les carreaux qui
pavent les maifons. Le bijfus flottant ou Jlmr-d\au ,
Bijfus Jlos aquce ^ Linn. 1637; il offre des filamens
courts , plumeux , extrêmement fins , formant à la fur-
face des eaux croupifTantes une croûte verdâtre & très-
molle. Le bijfus à filamens croifés & comme grillés
de toutes parts, Bijfus cancellata , Linn. ; il flotte,
comme une moifiiTure , d'un vert jaunâtre , dans les
eaux douces & tranquilles. Le biff'us à filamens fort
courts , formant un duvet lanugineux , d'un pourpre-
violet , Bijfus phojphorea , Linn. ; il fe trouve fur les
bois qui pourrifTent. Le bijfus velouté , Bifius vcL^
ûna^ Lipjn, j cç.ttç efpscç fe trouve fur la terre ^ fur
Î54 , BIS
les pierres , oii elle forme un duvet très-fîn , foyeux ^
court & de couleur verte : (qs filamens font rameux.
Le bljfus doré, Bijfus aurea ^ Linn. ; on le trouve fur
les niurs & fur les pierres ; il forme des efpeces de
couiTinets laineux , convexes , ramaffis , d'un jaune
rouflatre , & qui deviennent grifâtres en fe defféchant.
Le bljjus des cavernes , Bijfus cryptamni , Linn. ; oa
le trouve dans des cavernes , fous des rochers , en
Laponie & en Suéde. Il a des filamens capillaires ,
grifâtres , permanens, & fortement adhérens aux rochers.
Le hiriis orangé , Bijfus aurantiaca ; M. ^2 la Marck
dit avoir trouvé cette belle efpece fur des morceaux
de bois qui pourriffoient & étoient expofés à la
pluie. Ce kijfus efl aifez grand , forme une barbe d'un
jaune-orangé, compofée de filamens droits, très-mous,
longs de dix-huit lignes , com.me entrelacés à leur bafe ,
mais libres , & un peu plus épais dans leur partie fupé-
rieiure.
B ISSU s à tijfu prefquc poudreux.
Il y a : Le Bijfus des antiques, Bijfus antiquitatls ^
Linn. ; c'efl: lui qui noircit les anciennes murailles ,
la fuperficie des marbres blancs & des flaîues cal- ^
caires fculptées depuis un temps confidérable : il
eft compofé de filamens très-menus , couverts d'une
poudre noire. Le bijfus poudreux & cendré des
vieux rochers , Bijfus faxadlis , Linn. Le bijfus
rouge & odorant, Bijfus joUthus ^Hmn, 1638, Mich»
r. 89 , / 3 : il fe trouve fur les pierres & dans les
fentes des rochers ; il y forme une croûte large , prefque
poudreufe , aiTez rouge dans fa jeuneiTe &: qui pâlit en
fe féchant : il exhale une odeur de violette ou d'iris
affez remarquable. Le bijjus bleu , Bijfus cccrulea , Fl.Fr. ;
cette efpece , que M. de Bcauvois a trouvée fur des
planches à demi-pourries , forme une croûte mince ,
large , prefque poudreufe , & d'un beau bleu d'indigo ,
niais qui devient un peu grifâtrç çn féchant. Le ti[lus
BIS Î55
jaune , Blpis canddarïs , Linn. ; il fe trouve fur les
vieux murs , fur l'écorce des arbres , & fur les bois
des bâtimens , à l'expofition du vent & de la pluie , où
il forme une croûte jaune , poudreufe , & qui a l'afped
d'un lichen naiffant. Le hijfus pourpre, Bijfus purpurea-^
FI. Fr. ; cette efpece fe trouve au bas des murailles
humides & fur le bois à demi-pourri ; elle forme une
croûte poudreufe , très- étendue , & de couleur de lie de
vin rouge. Le bijfus vert , Bijfus botryoïdcs , Linn. ; cette
efpece eft très-commune , 6c reflemble à une poudre
verte , répandue fur Técorce des arbres , fur les pierres
& fur la terre , dans les lieux obfciirs & un peu
humides. Le bijfus blanchâtre , B'/JJus incana , Linn. ;
on le trouve fur la terre nue & glaifeufe , fur le bord
,des folles & des chemins ; il forme une croûte blan-
châtre 5 farineufe & peu cohérente. Le bïffia d'un blanc
de lait , Bijfus laciea , Linn. ; cette efpece vient fur
récorce des arbres & fur les mouffes , oii elle forme
une croûte très-blanche , fpongieufe , farineufe , ou qui
reflemble à de la chaux.
BîSSUS MINÉRAL. Nom donné à Vamiante, Voyez
ce met.
BISTORTE 5 Polygonum bijlona ^ Linn. 516. Cette
plante efl ainfi nommée , parce que fa racine vivace ,
ob longue oc noueufe eft plus ou moins torfe ou re-
pliée fur elle-même à la manière du ferpent. Elle pouffe
des feuilles longues , larges & pointues comme celles
de la patience , courantes fur leurs pétioles. Ses tiges
s'élèvent à la hauteur d'un pied &: plus , garnies de
quelques feuilles ; elles foutiennent des fleurs à étamines
de couleur purpurine , rangées en épi &: formées d'une
corolle fans calice divifée en cinq quartiers , &: portant
huit étamines. A ces fleurs fuccedent des femences à
trois coins. La racine de la bïfioru eil brune en dehors ,
rougeâtre en dedans : elle a une vertu balfamique vul-
néraire & aftringente ; elle efl auiTi alexipharmaque.
On nous l'apporte feçhe des pays chauds , où cette
256 BIS BIT
plante croît dans les lieux humides & montagneux i
elle croît chez nous dans les prés 6c les bofquets. On
diilingue la bijîorte à racine moins repliée , Bijlona
major ^ radicc minus intond ^ C. B. Pin. 192.; BifiGrta,
major rugojioribus foliis ; Biflorta , Dod. Pempt. 333.
Voilà pour la grande hijioru : car la petite bijîorte ell
déiignée ainfi par Cafp, Bauhln , dans Ion Pinax ^ ^93 >
Bijiorta major , radice magis intortd,
BISTOURNÉE. Foye^ Dévidoir.
BISULCE. Voyei Quadrupède.
BITARDE ou BISTARDE. Foyei Outarde.
BITUME 5 Bitumen, Les bitumes font des matières
huileufes & minéralifées , qu'on rencontre dans le fein
de la terre fous une forme fluide , ëc nageant quelque-
fois à la furface des eaux , ou fous une forme tantôt
moUafle , tantôt concrète , & plus ou moins folide.
On ne connoît qu'une feule efpece de bitume liquide ;
c'eil la ( ou le ) pétrole ou huile de pierre , ainfi nommée
parce qu'elle découle des fentes des rochers : car il
paroît que ce qu'on nomme n aphte n'efl autre chofe
que la pétrole la plus fluide , la plus blanche 6c la plus
pure. Foyei Pétrole.
Les bitumes folides font le fucdn , le jayet ou jais ^
Vûfphalte 6c le charbon de terre : il y en a de mollaffes
& qui poifTent la main comme la piffafphalte. Voyez
chacun de ces articles.
Le délir de répandre quelque jour fur l'origine des
bitumes , queflion intéreflante fur laquelle les Natu-
ralifles ne font point d'accord , nous a engagé à ob-
ferver foigneufement , toutes les fois que nou avons
vifité des minières bitumineufes , les différentes fubf-
tances dans l'ordre où elles s'y trouvoient , & les fm-
gularités qu'elles pouvoient offrir. Plufieurs phénomènes
nous ont déjà paru expliqués dans notre Minéralogie , &
à l'article charbon minéral de ce Diciionnaire : on y lit
que l'origine des bitumes paroît due à des végétaux
enfévelis dans la terre par des révolutions locales.
Cettq
BIT 257
Cette opinion eu nouvellement appuyée paf des expé-
riences chimiques , prélentées fous un feul point de
vue dans le ï>lciionna'nc de Cklmic ^ oii l'on tâche
de démontrer que les bitumas font le réfultat des fub-
fiances végétales , qui ont été amenées à ces différens
états de pétrole , de fuccin , &:c. par leur union avec
les acides minéraux , (S: par leur long féjour dans les
entrailles de la terre ; car il eft bien démontré qu'il
n'y a pas un feul corps d'une origine bien décidément
minérale , dans lequel on trouve un feul atome d'huile ,
puii qu'il n'y en a pas même dans le foutre , celle de
toutes les fubflances minérales qui approche le plus
des bitumes,
L'analyfe chimique démontre que les bitumes , ainfî
que toutes les matières huileufes concrètes du règne
végétal 6c animal , font compofés d'huile & d'acide.
Ils différent des réfmes par leur folidité qui eft plus
confidérable , par leur indiâfolubilité dans l'efprit de
vin , 6c par quelques autres cara6leres chimiques , ainfî
qu'on peut le voir dans le Dictionnaire de Chimie.
Entre les bitumes , il y en a d'affez compares pour fe
tailler 6c fe polir : tels font le fuccin 6c le /ûyet.
Voyez CCS mots. On vient de découvrir dans le Der-
byshire un bitume iLiJlique , mou 6c foffile , 6c qui
réunit les propriétés phyfico-chimiques de la gomme
élailique ou caout-chouc ; fa couleur efl d'un brun
foncé à l'extérieur , 6c d'un jaune-verdâtre intérieure-
ment ; les morceaux fe trouvent mélangés avec de la
galène de plomb 6c du fpath calcaire. Il paroît que
le bitJime ûajliqne en queflion eft la même fubftance
ou au moins une fiibilance très-analogue au caout-chouc;
mais ce der ier ne fe trouve aujourd'hui que dans
l'Amérique Méridionale. Ceci confirme donc les an-
ciennes révolutions qu'a éprouvées notre globe. Voyez
RÉSINE ÉLASTIQUE.
Les bitumes étant très-inflammables & très-abondans,
on les regarde comme une des caufes de la flamme
Tome IL R
258 BIT B L A
perpétuelle, des volcans , & de tous ces autres phéno-^
menés défaftreux qui ont donné lieu à tant de differ-
tations , & qui méritent bien de fixer encore l'attention
à.ts Savans. Voy^i^ Volcans.
Bitume des Arabes. C'eil un compofé de poix
minérale & de poix végétale. Voyc^^ Pissasphalte.
Bitume de Judée. Voye^^ Asphalte.
BIVALVES , Bïvalvïa. Nom que l'on donne aux
coquilles à deuxbattans , c'eil-à-dire , pièces ou écailles.
Les HoUandois les appellent doublâtes ; telles ibnt les
huîtres , les moules , &c. Il y a des bivalves de mer
dont les pièces font irrégales ; d'autres les ont égales
& femblables l'une à Pautre. Les premiers font les
huîtres de notre pays ; les autres font la mere-perle ,
la moule , &c. Parmi les bivalves ^ il y en a dont les
deux pièces ferment exactement de tous côtés , comme
la came , le peigne ; dans d'autres , les deux pièces ne
fe touchent qu'en partie , & laiffent une ouverture à
chaque bout , comme le coutelier. Voye^^ Coquille.
BIZARDA. Voye^^ ce que c'ejl à P article CITRONNIER.
BLACOUEL , Blakwellia, C'eft , félon M. delà
Marck , un nouveau genre de plante , qui paroît avoir
beaucoup de rapports avec Vaccmas , &:' qui com.prend
des arbres 6c des arbriiTeaux exotiques , dont les
feuilles font fimples & alternes ; &: dent les fleurs
velues, petites & nombreufes , font difpofées en grappes
ou en panicules : le fruit paroît être une petite caplule
iiniloculaire , polyfperme. Il y a le blacouel à feuilles
entières , de l'Ifle de France ; le blacouel paniculé ou le
lois à, écorce blanche , de l'Ifie Bourbon ; le blacouel à
fleurs axillaires , de l'Hle de Madagafcar. Les fleurs font
terminales dans les deux efpeces précédentes.
BLAIREAU , en vieux françois Taîsson , en latia
Taxus ou Mêles, Le blaireau qui reffem-ble au chien
par le înufeau , efl un animal lourd , bas de jambes. Il
a le corps alongé , le cou court , les oreilles courtes ,
îUi"ondies , ^liez femblables à celles du rat domeilique ,
B L A .259
le poîl long , très-épais , Se rucle à-peii-près comme
des foies de cochon. Le dos de cet animal eil mclé de
noir &C de blanc , ce qui lui a fait donner le furnom
de grlfart : les poils de deffous le ventre font prefque
noirs , ce qui efl allez remarquable ; car dans prefque
tous les animaux le poil du ventre eft d'ime couleur
moins foncée que celle du dos. Ses jambes, quoique
courtes , font très-fortes , ainfi que la mâchoire & les
dents : les ongles , fur-tout ceux ^qs pieds de devant ,
font très-longs & très-fermes. Il a des caraderes tran»
chés & dignes de remarque qui lui font propres : tels
font les bandes alternativement noires & blanches
qu'il a fur la tête , & l'efp^ce de poche qu'il a entre
l'anus & la queue. Cette poche aifez large ne com-
munique point à l'intérieur , elle ne pénètre guère
qu'à un pouce de profondeur ; il en iulnte continuel-
lement vme liqueur onctueufe d'aR'ez mauv^aife oaeur,
qu'il fe plaît à fucer : la queue eil courte & garnie de
poils longs & forts.
Le blaireau , dit M. de Buffon , eft un animal paref-
feux , défiant , folitaire , qui fe retire dans les lieux les
phis écartés , dans les bois les plus fcmbres , & s'y
creufe une demeure foutcrraine ; il fcmbie fuir la fo-
ciété , môme la lumière , & paile les trois quarts de
fa vie dans ce féjour ténébreux , d'oii il ne fort que
pour chercher fa fubfiflance. Cette demeure eil tor-
tueufe , oblique , &: pouiiée quelquefois fort loin. Le
renard , qui n'a pas la même facilité que lui à creufer
la terre , tâche de profiter de fes travaux: ne pouvant
le contraindre par la force , il l'oblige par adreiTe à
quitter fon domicile , en l'inquiétant , en faifant fen-
tinelle à l'entrée , en l'infedant même de fes ordures ;
enfdite il s'en empare , l'élargit , l'approprie & en fait
fon terrier. Le blaireau ne change pas pour cela de
pciys , il va à quelque diilance de là fe pratiquer un
nouveau gîte , d'où il ne fort que la nuit , d'oii il ne
s'écarte guère , ôc où il revient dès qu'il craint quelque
R z
i6o B L A
dan<yer : 11 n'a que ce moyen de fe mettre en fureté ^
car il ne peut échapper par la fuite , il a les jambes
trop courtes pour pouvoir bien courir. Lorfqu'jl eft
furpris par les chiens , il fe jette fur le dos , combat
long-temps , & fe défend courageufement Oc jufqu'à
la dernière extrémité , avec fes griffes & fes dents
qui font de profondes bleiiures ; quelquefois il
s'accule comme le fanglier & fe lance comme lui
fur les chiens. Sa peau , com^me fa vie , eft fi dure
qu'il eil: peu fenfible à leurs morfures : on dit cepen-
dant que pour peu qu'on le frappe fur le nez , il en
meurt.
La chaiTe du blaireau efl un peu laborieufe ; il n'y
a guère que les bajjets à jambes torfes qui puiflent entrer
dans leurs terriers. Le blaireau fe détend en reculant ,
& éboule de la terre afin d'arrêter ou d'enterrer les
chiens. Lorfqu'on juge que les chiens l'ont acculé
jufqu'au fond , on fe met à ouvrir le terrier par-deiTus ;
on ferre le blaireau avec des tenailles , & enfuite on
le mufelle pour l'empêcher de mordre.
Les petits s'apprivoifent aifément , ainïl que l'a
. obfervé M. de Buffon : ils jouent avec les petits chiens
& fuivent comme eux la perfonne qu'ils connoiflent
ëc qui leur donne à manger ; mais ceux que Vow prend
vieux demeurent toujours fauvages. Ils ne font ni mal-
faifans , ni gourmands comme le renard & le loup ,
& cependant ils font carnafîiers ; ils mangent de tout
ce qu'on leur offre , de la chair , des œufs , &:c. ; ils
préfèrent la viande crue à tout le refle : ils dorment
la nuit entière & les trois quarts du jour , fans être
cependant fujets à l'engourdiffement que les marmottes
ou lés loirs éprouvent pendant l'hiver. Ce fommeil fré-
quent fait qu'ils font toujours gras , quoiqu'ils ne
mangent pas beaucoup ; & c'efl par la même railbn
qu'ils fupportent aifément la diète , &: qu'ils reffent
fou vent dans leur terrier trois ou quatre jours fans
en fortir , fur-tout dans les temps de neige,
B L A 261
Les hlaîreaux tiennent toujours leur domicile propre ^
ils n'y font jamais leur ordure. On trouve rarement
le mâle avec la femelle : lorfque celle-ci eiî: prête à
mettre bas , elle coupe de l'herbe , en fait une efpece
de fagot qu'elle traîne entre fes jambes jufqu'au fond
du terrier , où elle fait un lit commode peur elle &C
pour fes petits. C'efl en été qu'elle met bas , &c fa
portée eu ordinairement de trois ou quatre petits.
Lorfqu'ils font devenus un peu grands , elle leur ap-
porte à manger ; elle ne fort que la nuit , va plus au
loin que dans les autres temps ; elle déteiTe les nids des
abeilles - bourdons , &: en emporte le miel ; elle prend
les jeunes lapereaux , faifit auffi les mulots , lézards ,
ferpens , fauterelles , enlevé les œufs des oifeaux & tout
ce qu'elle peut attraper , pour le porter à fes petits ,
qu'elle fait fouvent fortir fur le bord du terrier , foit
pour les allaiter , foit pour leur donner à manger.
Les blaireaux font naturellement frileux, & ceux
qu'on élevé dans la maifon ne veulent pas quitter le
coin du feu : ils s'en approchent fouvent de fi près
qu'ils fe brûlent les pattes , & ne guérifîent pas aifé-
ment. Ils font auiîi fort fujets à la gale : les chiens
qui entrent dans leurs terriers prennent le même mal,
à moins qu'cn n'ait grand foin de les laver.
L'elpece de blaireau , originaire des climats tem-
pérés de l'Europe , ne s'ell guère répandue au-delà de
l'Efpagne , de la France , de l'Italie , de l'Allemagne ,
<le la Pologne & de la Suéde ; & elle eft par-tout
aiTez rare. Il n'y a que peu ou point de variétés dans
l'elpece , & même elle n'approche d'aucune autre par
les caraderes finguliers dont on a parlé plus haut. En
effet , l'efpece de cet animal ne fe trouve point en
Afrique ni en Afie , ëc Ton n'efl pas fur qu'elle foit
en Amérique , à moins qu'on ne regarde comme une
variété de l'efpece , un animal envoyé de la Nouvelle
Yorck , & décrit par M. Brijfon , fous le nom de blai-
rmu blanc ; & quant à cette race ou variété dont
R3
i6i B L A
parlant les Chaffeurs , & qu'ils appellent hlaina,u^
cvchon ( Du Fouilloux , dans fon vicUX langage ,
dit teffon - porchin ) ; elle n'eft caractcrifée que par
quelques différences légères dans la grandeur , la
couleur , &c. , qui font toutes accidentelles ; & les
plus grandes recherches des Naturaliiies n'ont pu
faire trou^^er ce prétendu blaireau à groin de cochon.
On peut donc conclure que le blaireau efl une efpece
unique & iit>lée.
La chair du blaireau n^efl pas abfolument mauvaife
à manger , & l'on fait de fa peau des fourmres grof-
fieres , des colHers pour les chiens , des couvertures
pour les chevaux de trait. Quant à fon poil /il efl
toujours gras & ma -propre.
Blaireau puant du Cap de Bonne-Espérance.
M. de Biiffon regarde cet animal, décrit fous ce nom
par Kolbe , comme une eiJDece tout-à-fait différente du
blaireau. Cet animal efl le plus grand peteur , le plus
grand veiTeur & le |.his puant animal qu'il y ait fous
le foleil , dit le P. Labat, Cette puanteur efl: même la
meilleure défenfe que la Nature lui ait donnée centre
fes ennemis ; car dès qu'il fent fon ennemi affez près
de lui 5 il lui lance en fuyant une bouffée d'odeur fi
détefîable , qu'elle étourdit l'animal , & l'oblige de fe
retirer. La bête puante de la Zoz^i/?iZ«^ fc défend à-peu-
près de même en lançant Ion urine. Voye^^ Bête
PUANTE.
Blaireau de rochers. Les Zoclogifles HoUan-
dois l'appellent klipdaas, C'efl le même animal que le
daman du Cap. Voyez Parncle MARMOTTE BATARDE.
BLANC, (le) Foyei à Canicle Quatre dents.
BLANCHAILLE , Rouiss aille & Blanquet.
Noms donnés aux poiffons des étangs qui ne font
point encore marchands , & plus particulièrement aux
petits poiffons blancs , dont les Pêcheurs ne peuvent
encore diflinguer l'efpece , ôc dont on emploie la chair
pour faire à.^^ appâts.
B L A 265
BLANCHET , Siliims fœtens , Linn. PoifTon du
genre du Silure : il fe trouve à la Caroline ; il a le
corps long &: effilé ; la tête affez ovale ; les yeux
noirs , & leurs iris rcugeâtres ; la gueule très-fendue ;
les mâchoires , le palais & la langue garnis d'une mul-
titude de petites dents aiguës. La première nageoire
du dos a douze rayons ; la féconde , très-petite , efl
d'une fubllance charnue ; les pe£lorales ont chacune
quatorze rayons ; celle du ventre en a huit ; celle
de la queue douze ; celle-ci eft échancrée en formée de
croiffant ; la couleur du corps eft d'un noir cendré.
BLANC-JAUNE, Salrjio Nïlotkus ^ Linn. Poiffon du
genre du Salmom : il fe trouve dans le Nil ; toute la
iiu-face de fon corps eft blanche ; les nageoires font
d'une couleur jaune ; celle du' dos a neuf rayons ; les
pedorales en ont chacune treize ; celle du ventre ea
a neuf ; celle de l'anus vingt-fïx ; celle de la queue
dix-neuf, celle-ci eu. fourchue.
Blanc de baleine. Foyei Cachalot â l'article
Baleiné.
Blanc-nez. Nom donné à la petite guenon à lèvres
blanches , dont l'efpece eft rapportée au Moullac.
Foyei Moustac.
Blanc d'Espagne , Blanc de perle ou Blang
DE BISMUTH. Foyei BïSMUTH. On donne auffi le
nom de Manc d'Efpagne à de la craie très-friable.
Blanche-coiffe ou Geai de Cayenne ,/?/. cnL
373. Cet oifeau eft un peu plus gros & plus grand que
notre geai , mais fa forme eft moins maiîive ; le finci-
put , les joues , la gorge &: le bas du cou font noirs \
trois taches blanches fur chaque côté de la tête ; le
fommet & le derrière de la tête blancs , ainfi que le
haut du cou , la poitrine , le ventre & les côtés ; le
dos d'un violet clair ^ ainfi que prefcue tout le reile
du plumage ; le bec , les pieds & les ongles gris.
BLANCHE-RAlE,efl: Vctourneau des Terres Magella*
niques.
R4
2.64 B L A
BLASÎE naine , B/a/za piiïilla , Llnn.. ; & llchenis
pyxidaù fcic'u , Michel. ; Mnlum lichmis fack , Dill.
Mule. 237. Cette plante , que l'on trouve iiir les
bords des ïo^és , & dans les bois humides de l'Europe ^
eil très-petite ; elle eft cryptogame & de la famille des
Algues, Elle a l'afped d'un lïchm , & fa frudification
paroît conftituée par deux ibrtes de parties , qu'on
prend , l'une pour des fleurs mâles , &: l'autre pour des
fleurs femelles.
BLATTAIRE. C'eft Vhcrhe aux mites. Voyez ce mot.
BLATTE DE CONSTANTINOPLE , Blatta Bj^an-
tlna. Nom donné au couvercle ou opercule carti-
lagineux d'une coquille univalve , oblongue , dont la
fubftance reiiemble afTez à de la corne : il y en a de
très-grands qu'on nomme feudUs de laurier : cet oper-
cule étoit autrefois fort en ufage pour fumiger la
matrice , &: en fuppofitoire. Il y a eu de grandes dif-
putes entre les Naturalises , pour favoir fi le blatta étoit
le couvercle de la pourpre murex , ou fi ce n'étoit pas
Vongle odorant. Tout ce cjue nous pouvons dire ici ,
c'efl que les divers blatta que nous avons eu occafion
de voir , font des opercules de buccin. Foye^ Ongle
ODORANT.
Blatte , Blatta. Nom que l'on a donné à plufieurs
fortes d'infedes de nature très-différente , tels que les
vers qui naiffent dans les ore lies , & ceux qui rongent
les étoffes ; très - connus fous le nom de teigne.
Voyez leur hijloire au mot TeiGNE. Suivant M. Lin-
nœus , on ne doit réunir fous le nom de blatte que les
infeftes dont les antennes font longues , filiformes ,
dont les fourreaux des ailes font mous & comme mem-
braneux , &; dont la poitrine eft aplatie &: arrondie.
•Ces infedes courent affez vite ; ils ont cinq articles
aux deux premières paires de pattes , & quatre feule-
ment à la dernière ; ils font affez hideux à la vue , &
remarquables fur-tout par deux appendices en forme
de longues véficules ridées &: placées aux deux côtés
B L A 16^
de l'anus : quelques-unes de ces efpeces d'infedes
volent , fur-tout les mâles ; car la femelle n'ayant que
des moignons d'ailes fort courts , ne peut aucunement
voler. \jne autre diftindion , c'ell: que les étuis dé-
bordent le ventre d'un bon tiers dans les mâles , &
nullement dans les femelles.
La larve des bLnt^s ne diffère guère de l'infefte par-
fait que par le défaut total d'ailes 6c d'étuis. Cette
larve fe nourrit de farine , dont elle efl très-vorace ; à
fon défaut elle ronge à la campagne les racines des
plantes. C'eft de ce m.ême genre qu'ell ce fameux ka-
kerlac des [fies de l'Amérique, qui dévDre fi avidement
les provifions des Habitans. Foyci Kakerlac. Cet
infecte , ainfi que nos blancs , fuit le jour &C la lumière :
tous ces infedes fe tiennent cachés dans des trous dont
ils ne fortent que pendant la nuit.
Du nombre des hLmes font les infedes qu'on trouve
fur les lunettes des latrines , dans les bains , dans les
boulangeries , dans les étuves , dans les cuifnies. Ils
font très-fréquens dans les poêles des Finlandois , où
ils rongent leur pain pendant la nuit. On trouve aufîl
cet infede dans les cafés des Lapons : il y en a une
efpece qui fe loge entre les écailles des poifTons que
l'on fait defTécher fans être falés. La biatie des cuifmes
eu l'opprobre des maifons qu'elle habite , par fa fécon-
dité ,- fa figure & fa mauvaife odeur ; c'efl la béte noire
des Boulangers ; Blatta OrUntaUs de Linnœus, On la
croit originaire du Levant.
ELATTI acide , Blattl feu Jamhos fylvefirls, Rheed.
Mal. ; Mano'ium cafcolare ruhruni , Rumph. Amb. ; Rhi-
\ophora cafeolaris ^ Linn. ; Bagatbat Camdli ^ P^aj. Luz.
85 , N.^ 10 ; Pcigapatt , Sonnerat. Arbre qui croît au
Malabar , dans les Moluques & à la Nouvelle Guinée ,
dans les lieux humides. Il efl de la famille des Myrus ,
& ne s'élève qu'à environ quatorze pieds de hauteur ;
fa cime efl arrondie ; fes rameaux font oppofés , à
quatre angles îranchans ^ & d'un rouge-brun , l'écorce
i66 B L A BLÉ
eft épaiffe & cendrée ; les feuilles oppofées , ovales j;
glabres , épaiiïes <k, velneufes ; les fleurs rouges ,
grandes , folitaires & terminales. Le fruit eft une groffe
Éaie prefque fphérique , enveloppée dans fa moitié in-
férieure par le calice , auquel elle adhère par fon fond,
divifée intérieurement en vingt -lix loges , par des
membranes fines ; chaque loge efl un tiffu véficuleux
rempli d'un hic acide , & dans lequel font répandus
quelques pépins ovoïdes & anguleux. Le fuc , tiré de
ce fruit par exprefîion , fe donne avec le miel pour
guérir les aphtes & pour tempérer l'ardeur des fièvres.
Les Malabares font cuire ces fruits pour les manger
avec d'autres mets. Ils font , avec (qs feuilles pilées ,
un cataplafme qu'ils appliquent fur la tête pour difTiper
les vertiges , & procurer le fommeil dans les fièvres
continues.
BLAVÉOLE. Voyei Bluet.
BLÉ ou Bled , ou Froment , Tritlaim hyher^
num , anjîis carens ^ C. B. Pin. 21 , Tourn. ; Tri^
tïcum vulgarc , glwnas trïturando dcponens , J. B. 2 ,
407. C'eft fans contredit de toutes les plantes la plus
précieufe à l'hum^anité : c'efl elle qui , dans nos climats ,
fait la nourriture de la plus grande partie du genre
humain ; elle efl , ainfi que les autres dons du Créa-
teur , un bien toujours renaiffant , fe rajeuniffant , fe
perpétuant fans cefTe pour la confervation de l'efpece
humaine. Quelle fécondité furprenante dans chacun de
fcs grains ! quelle nourriture plus falutaire & plus ap-
propriée à nos organes , fur-tout depuis que l'art a
trouvé le moyen de faire de ces grains une nourriture
légère ! L'origine de cette plante & de fa culture fe
perd prefque dans l'origine du monde ; peut-être a-t-elle
été d'abord foulée aux pieds , & n'étoit-elle point plus
remarquable qu'un fimple grarncn : la culture l'aura
amenée au point de perfe£tion où on la voit ; car on
obferve tous les jours que l'Auteur de la Nature a
donné à Thomniç vmQ forte d'empire àc un pouvoir
BLÉ 4^7
prefqiie créateur fur les fruits , fur les fleurs &c fur
plufieurs autres productions naturelles ; il les embellit ,
les perfedionne , les rend prefque miconnoiilables par
la beauté qu'il leur procure à force de foins & de
travaux alTidus , & par fa fagacité à mettre à proiit les
moyens que lui préfente la Nature. C'eft une forte de
récompenfe utile & agréable , accordée à l'homme pour
le fruit de fes travaux.
Quel que fût le hié dans fon origine que l'on pour-
roit peut-être connoître par voie de dégénération ,
c'eil préfentement une plante qui pouffe , d'une racine
compofée de fibres déliées , plufieurs tuyaux de quatre
ou cinq pieds de hauteur , plus ou moins gros , félon
la nature du fol , 6c félon que le grain a été femé
plus ou moins clair. Ces tuyaux font garnis d'efpace
en efpace de nœuds qui leur donnent de la force. Ils
font creux en dedans , & garnis au dehors' de feuilles
longues , étroites , femblables à celles du chiendent.
Ils foutiennent à leur extrémité des épis longs , oii
naiffent des fleurs par petits paquets , compofées
d'étamines auxquelles fuccedent des grains ovales ,
moufles par les deux bouts , convexes fur le dos &
fiUonnés de l'autre côté, de couleur jaune en dehors,
remplis en dedans d'une matière blanche &c farineufe ,
avec laquelle on fait le pain. Ces grains font enve*
loppés dans les écailles qui ont fervi de calice à la
fleur , èc qu'on appelle la balle du froment.
De tout temps les travaux des Cultivateurs ont
tendu à recueillir la plus grande quantité pofîible de
b/é dans un efpace donné , parce que defliné à la
nourriture de l'homme , fon excellence le rend la
matière d'un commerce nécefTaire qui ajoute encore
à fon prix. L'on peut avancer que la fécondité des
Mes dans une terre nouvelle tient quelquefois du
prodige.
P/ine dit qu'un des Intendans d'Augufle lui envoya
d'un canton d'Afrique oii il réfidoit ^ une curiofité alTe^:
iS8 BLÉ
furprenante ; c'étoit un pied de bU qui contenoit quatre;
cents tiges , toutes provenues d'un ieul & même grain
de bl: ; Ti ce fait eil vrai , on peut dire que ce font-là
de ces phénomènes curieux oii la Nature fignale fon
exceiîive libéralité. Cette terre n'étant plus auiîi riche
préfentement en principes nutritifs , les chofes ont
bien changé depuis ; car , fuivant le rapport exaâ: d'un
Voyageur Anglois , nommé Thomas Shaw , un boiiTeau
de froment n'y rapporte aujourd'hui que douze , ou
tout au plus que dix-huit boiffeaux , encore dans le
meilleur terrain ; au lieu qu'autrefois il rapportoit
cinquante boifleaux , & pour la fécondité , un grain
ne produit que douze , quinze ou vingt tiges , quel-
quefois cinquante ; mais cela eil extrêmement rare.
Voyc^^ Blé de miracle.
M. BucVioi , dans la cinquième Lettre fur les végétaux ^
dit avoir vu dans les mains d'un Laboureur , à Caftel-
naudary en Languedoc , une trouffe de blé compofée
de cent dix-fept tiges ; cette trouffe lui parut de l'efpece
qu'on nomme Triticum arijîis longiorlbus , fpïcd albd.
Les tiges avoient cinq pieds de hauteur , plus folides
& plus groffes que celles du froment ordinaire. Chaque
épi contenoit foixante grains , & la troulTe en tout
fept mille vingt grains. Nous avons vu dans un petit
terrain du Faubourg Saint- Antoine à Paris , toutes
les trouffes d'un blé qu'on avoit fait tremper dans une
liqueur végétale avant de le femer , composées de
foixante à quatre-vingts épis : quelle fécondité ! Il
faut croire que la macération appropriée ouvre les
conduits des germes multipliés dans chaque grain , &:
les développe & les rend propres à recevoir une plus
grande abondance de fève. Cette grande multiplication
tiendroit-elle au principe de la fuperfétation ?
En France il n'y a rien de décidé fur la multipli-
cation du blé : cependant on peut dire en général ,
que dans les terres médiocres un boiffeau de blé trié
rend deux ou trois boifleaux , dans les bonnes terres
B L Ê 2(^9:
huit & dix , dans les meilleures douze , & par extia-
ordinaire quinze; mais tout cela efl: fujet à des varia-
tions infinies. 11 eu des pays où , pour procurer la
multiplication des tuyaux fur un pied de froment ,
on fait brouter le fuperflu du vert par des beftiaux ,
afin de ne laifTer à chaque pied de froment que la fève
nécefTaire pour bien nourrir l'épi principal , & faire
végéter les épis latéraux. Virgile nous apprend , qu'on
pratiquoit de fon temps cette méthode : Luxuriem fegc-
liim temrd depafcit in herbâ.
Les récoltes font plus ou moins abondantes fuivant
que la faifon a été pkis ou moins favorable , félon la
bonté des terres , & les préparations que lui donne
le Cultivateur intelligent. Ces préparations de la terre
varient fuivant la nature du terrain , que chaque éco-*
nome doit étudier. En général la bafe de l'agriculture
eit que la terre foit, avant de femer, bien préparée
par les labours &: par les engrais , tels que la marne ,
le fumier & autres. 11 faut qu'elle foit nettoyée de toute
herbe étrangère qui enleveroit la nourriture aux blés ^
6l lui conièrver le plus qu'il efl pofTible fon état
d'humidité fi favorable à la végétation : moyen qu'on
ne peut employer qu'en faififiant l'infîant propre à
faire paffer la herfe fur la terre. Les blés pouffent
alors avec vigueur, donnent en abondance de beaux
grains; &: lorlique la faifon devient favorable, on fait
d'amples récoltes.
La méthode ordinaire des Laboureurs avant de femer
le blé^ eft de donner un premier labour à la terre qui
a rapporté de l'avoine , & dès-lors la terre refle en
jachère : c'efl-à-dire , fans qu'on lui fafle rien rapporter
pendant une année , afin qu'elle profite des influences
de l'atmofphere, & qu'elle recouvre de nouveaux fels.
Lorfque la terre s'efl repofée ainii pendant une année ,
on y feme le blé vers le mois d'Odobre , après avoir
eu loin de donner deux ou trois labours , fuivant la
lîature de la terre; peadant l'année de repos, ht grand
270 B L Ê
art efl de femer bien également, afin qiie îes racines
des blés fe répandant également fur la lurface de la
terre , piiiffent également tirer leur nourriture : on fait
rapporter à la terre qui a donné du blé cette année , de
l'avoine l'année fuivante, & à la troifieme année on
la laifle repofer.
M. Duhamel^ ce citoyen fi éclairé & fî zélé pour le
bien public , propofe , d'après M. Tidl , une nouvelle
culture des terres très-ufitée en Angleterre, la grande
école de l'Agriculture ; m.éthode fur laquelle M. Duha-
mel & plufieurs bons Citoyens ont fait un nom.bre
infini d'expériences. Voici ime légère idée de cette
nouvelle méthode qui paroît avoir de très- grands avan-
tages 5 & dont le but cil de difpofer le blé de manière
à extraire de la terre & de l'atmofphere la plus grande
quantité de nourriture pofiible, ëc de profiter des
îabours donnés à propos.
Lorfqu'on veut femer, par exemple, un arpent, la
terre ayant été préparée par les Libours nécefiaires,
on laiffe fur le bord de la pièce deux pieds de terre
fans la femer; on feme enfuite avec im femoir fait
exprès, & qui femie avec égalité, trois rangées de
from.ent qui occupent deux pieds de largeur ; parce que
îes grains des rangées fe trouvent éloignes de fept à huit
pouces. On laifTe enfuite quatre pieds de terre fans y
mettre de femence : de ces quatre pieds de terre , deux
l'année fuivante feront lemes en hlé^ & les deux autres
de même, la troifieme année. Après ces quatre pieds
de terre laifies fans femence, on feme encore trois
rangées de froment , & ainfi de fuite dans toute l'éten-
due de l'arpent : on a foin au printemps de vifiter les
rangées, & d'arracher les pieds de blé qui font plus
près les uns des autres que de quatre à cinq pouces, &
de donner aux plates bandes qui font entre les rangées,
avec une charrue faite exprès, un premier labour, ce
qui fait taller le blé ^ au point que chaque grain qui
dans l'ancienne méthode n'auroit donné que deux ou
BLÉ 271
trois tuyaux, en produit depuis douze jufqu'à vingt,
qui portent tous de gros épis. Lorique le hll des ran-
gées eil en épis, on lui donne un fécond labour qui
lui fait preixire de la nourriture , en forte qu'il fîeiuit
& déileurit promptement 5 & s'il furvient des chaleurs,
il mûrit fubitement.
Selon cette méthode , la terre étant toujours dégagée
d'herbes étrang res, la plante proiite de toutes les in-
fluences deFatmcibbere. llréfultecle diverfes expériences,
qu'un arpent aink cultivé rapporte un tiers de plus
de bll que fuivant la méthode ordinaire, & quelque-
fois le double , par la longueur & la groffeur des tuyaux
& la quantité de beaux grains qu'ils contiennent. On
fait entrer en ligne de compte dans cette méthode le
prix qu'il en coùteroit pour les fumiers que l'on emploie
très-peu, & la moindre quantité de femenct qu'on
efl obligé d'employer. On a l'avantage de recueillir
trois ans de fuite du bU , dont le rapport eil plus grand
que celui de Tavoine; car la récoke d'avoine n'eil
eilimée que le tiers de celle du froment, C'eft dans le
livre de la Culture des terres par M. Duhamel , qu'il
faut voir un détail plus ample de cette méthode , de
fes avantages , de la réponfe aux objections faites contre
cette nouvelle culture.
Quoique cette méthode ait parfaitement bien réufîî
à quelques Cultivateurs , les difficultés , dit M. Dului-^
mel^ fe multiplient à mefure qu'on veut la pratiquer
plus en grand. Un Payfan n'éprouvera aucun embarras
à la pratiquer lui-même , oL fùrement il fe procurera
des avantages réels ; le Fermier au contraire qui doit
faire prelque toutes fes opérations avec des charrues,
y trouvera plus d'embarras. La difficulté fe réduit
cependant à avoir l'adre^Te d'exécuter le labour dans
des bandes de terre qui ont tout au plus trois pieds &
demi de largeur. On ne doit pas efpcr :r d'y réuflir
dans les terres trop difficiles à cultiver. Les vrais
principes de l'agriculture étaiit démontrés dans cette
272 BLÉ
nouvelle méthode , après avoir apperçii le but oîi îl
faut parvenir, c'eft à chacun d'imaginer les moyens
d'y atteindre.
Des circcnilances , qui naiffent de la diilribution
des terres, rendent dans certains endroits cette méthode
impraticable. Une branche de cette nouvelle culture
qui eft plus aifée à pratiquer, & qui pour cette raiiba
eil déjà adoptée par plulieurs Cultivateurs, c'eft Pufage
du nouveau yc/7Z(?ir qui épargne beaucoup de femence
par la manière dont il la répand , & qui procure vme
meilleure récolte»
On a obfervé plus haut que l'on feme le hll en
automne ; il levé fort vite , il a déjà pris du corps avant
l'hiver, auquel il réfifte ordinairement très-bien, &
cette faifoû lui eft très-favorable pour lui faire pouifer
une plus grande quantité de racines. Si on ne femoit
le hli qu'en Mars , il ne réufiiroit pas ; aufîi dans la
terrible année de 1 709 , les hlis ayant été gelés par une
alternative continuelle de gelées & de dégels, on
fema en Mars une autre efpece de hU^ que l'on nomme
bU barbu. Voyez ci-apûs BlÉ DE MARS.
Nous voyons tous les jours que prefque chaque
plante eil: appropriée à chaque chmat : c'eft donc ici
que l'économie de la Providence eft remarquable , en
ce que notre hll ^ l'aliment d'une partie de l'efpece
humaine, foutient également les deux extrêmes, le
chaud &: le froid. Il coït aufîi bien en Ecoffe &: en
Danemarck, qu'en Egypte &: en Barbarie.
Maladies du blé.
Avant que le hU parvienne à fa parfaite maturité y
il eft fujet à plufieurs accidens & à plufieurs mala-
dies. Lorfque fon épi commence à fe fermer, il fur-
vient quelquefois des vents fi impétueux, qu'ils brl-
fent ou plient la paille du tuyau ; alors la fève ne peut
plus monter dans l'épi , le grain ne prend plus de nour-
riture, ne fe remplit point de feu-ine^ il reiîe petit &
menu *
B L Ê â75
îllenit , c^eft ce qu'on nomme des blés retraits. La même
chofe arrive lorfque les blés ont été nourris d'humidité ^
& que fur le champ il furvient de grandes chaleurs qui
deffechent la paille & le grain; il mûrit fans être rem-
pli de farine , ce que l'on appelle blés échaudés & retraits^
Si les vents ou les pluies qui font ainfl verfer les blés
furviennent lorfque le grain efi: déjà formé, il n'en
réfulte point le même inconvénient. Au relie, ces
efpeces de blé font de très-bon pain, mais deux facs
de blé retrait: ne fournirent quelquefois pas plus de pain
qu'un fac de bon blé,
La rouille ( rublgo ) eft une maladie des blés qui con-
lifie en une fubflance rouïïe , pulvérulente , de couleur
de rouille , qui bouche les pores des feuilles & des tuyaux
du froment , 6^ em.pêche de croître les parties de la
plante -qui en font attaquées. Elle y produit une défor-
ganifation^ & noircit les tiges. Cette pouiîiere, peu
adhérente, inodore & fans faveur, jaunit tout ce qu'elle
touche. Si la rouilU attaque la plante avant que les
tuyaux foient formés , le mal n'efl pas grand , il croît
d'autres feuilles; mais ii elle attaque les jeunes tuyaux,
la moilTon en foufire, à moins qu'il ne furvienne
une pluie abondante qui détache la rouille & lave tous
les tuyaux : on attribue cette maladie à des brouillards
fecs ftiivis d'un foleil ardent. La rouille qui fe trouve
aufîi fur les feuilles du roiier & fur celles du tithy-
înale à feuilles ds cyprès , reconnoît la même caufe
que le givre des plantes. Voye^ ce mot à la fuite de
Varticle ArbrE.
La coulure efl: une autre forte de maladie At^ blé^%
on la reconnoît lorfqu'an lieu de trouver les épis rem-
plis de bon grains dans toute leur longueur, on en
trouve l'extrémité dépourvue, ou lorfqu'ils ne con-
tiennent que de petits grains fans farine. Cette mala-
die eft occaiionnée par un défaut de fécondation; s'il
furvient des pluies abondantes & de gros vents lorf-
que le blé eft en fleur, toutes ks pouiîieres des éta-s.
Tome //, ^
274 BLE
mines font enlevées par ces fluides, & la graine qin
n'a point été fécondée rell:e petite 6c fans farine. On
prétend auffi que la vivacité des éclairs fait couler les
blés, M. Duhamel a vu , après de grands orages , des
arbres perdre toutes leurs feuilles, 6l d'autres mourir
fans qu'ils paruffent avoir été frappés du tonnerre. La
eelée qui attaque les épis les fait aufîi couler.
La n'ulU & le charbon font deux maladies qui ren-
dent les hUs noirs. Ces maladies ont été fouvent con-
fondues; elles ont cependant des caraâ:eres qui leur
font propres , & qui doivent les faire diftinguer l'une
de l'autre. Il efl vrai que dans les années cii les grains
font infectés de riidU , on trouve ordinairement beau-
coup de charbon,
La nklU eft une maladie qui détruit totalement le
germe & la lubilance du grain. Toute la partie fari-
neufe du grain 6l fon enveloppe font réduites en une
poufîiere noire & de mauvaife ocieur, qui n'a nulle confif-
tancft. Cette poufîiere légère efl: facilement emportée par
les vents &: lavée par les pluies : elle ne peut donc point
faire de tort aux grains l'ai ns que l'on enferme dans la
grange, & il ne paroît pas même que cette poufîiere
foit contagieufe comme celle du charbon,
La maladie de la nidle peut fe reconnoître dès les
rûois de Mars & d'Avril , lorfque l'épi eft encore tout
près des racines & n'a que deux lignes de longueur :
en le développant on voit que l'embryon étoit déjà
noir. Lorfque l'épi fort enluite des enveloppes des
feuilles , il paroît menu & m.aigre : les enveloppes des
grains font tellement amincies , que la poufTiere noire
fe manifeile au travers.
Il y a eu grande diverfité de fentimens fur la véri-
table caufe de cette maladie , qui paroît être la même
que celle du givre. Les expériences de M. Aimm lui
ont fait conclure que la mo^ARiire efl une des caufe.;
de la nldk. Après avoir examiné plufieurs grains d'orge,
& avoir mis à part ceux fur lefquels il appercevoit;
BLE 27J
des taches noires , qui à la loupe fe montroîent cou-
vertes de moififfure , il fema ces grains , qui tous pro-
duilirent des épis nulles ; tandis que des autres grains
mis en referve , les uns ou ne levèrent point , ou ne
produisirent point de hielk, ( Voyez Us Mémoires pré"
fiantes CL V Académie ^ Tom, ///, iy(^o y pag. ^j , 6*
To/rz. If^, pag. 36^3. ) Cependant les expériences de
M. Tillet nous affiirent que la moiliiTure ne fe com-
nuinique nullement , même en faupouarant les grains
avec cette poufTiere noire , ëc qu'elle eil due à un vice
interne dont la blancheur du calice ou de l'enveloppe
extérieure de la fleur , indique l'cxifLcnce avant Ion
développement. On a remarqué dans le maïs & dans
l'œillet lauvage , que ce mal commence par les anthères,
&: pourroit bien être une maladie différente ; car dans
les autres plantes il commence par le réceptacle de la-
fleur y fous la forme de petits points noirs qui gagnent
peu-à-peu les autres parties de la fleur, la corolle àc
les étamines , fans attaquer autrement le piflil qui
avorte cependant pour l'ordinaire. Des Cultivateurs
croient avoir reconnu que la femence du hlé qui a
mûri &: féché fur fon pied , avant d'être fcié , n'eft
que peu ou point fujette à la nidle.
Le remède pour prévenir cette maladie, ell celui
qui convient à la maladie d^s blés charhonnés dont on
va parler.
Le charbon ( ujîllago ) , que l'on nomme aufîî carie
ou bojf^. en quelques pays , fur - tout en Beauce ,
cloque dans le Vexin , chambiiche dans le Lyonnois , &c.
efl une maladie beaucoup plus fiuiefte & contagieufe
aux blés que la nielle. Les épis attaqués du charbon^
font d'abord alTez difîiciles à diflinguer des épis fains ;
mais lorfque la fleur des blés cfl pafTée , ils prennent,
en partie , une couleur d'un vert foncé tirant fur le
bleu , &; deviennent enfaite blanchâtres. Lorfqu'on vient
à prefTer ces grains , qui font petits , & qui à l'exté-
rieur paroifTent très- fains , on les trouve remplis d'ime
S z
':2L75 B L Ê
matière graffe au toucher , pulvérulente , bnuie , tîranf
ilir le noir , oC de mauvaile odeur , comme la pouiîiere
•Se la vefTe-de-loup. Une partie des grains cfiarbonnci
efl écrafée par le fléau ; l'odeur de maquereau pourri
qui s'en exhale , rempliflant dans ce moment la grange,
incommode les Batteurs. Cette poufîiere noire infecle
Jes bons grains (k s'attache principalement aux poils
-<jui Ibnt à l'extrémité du grain oppofée au ger;r.e , ce
que les Fermiers défignent en difant que ce blé a le
bout. Ces grains ainfi infe£lés donnent à la farine une
couleur violette , un goût &; notamment une odeur
défagréable. On a oblervé que la n'ulU endommage
Iqs grains beaucoup plutôt que le charbon , & que le
charbon attaque plus particulièrement l'avoine que le
froment ; au reile , la paille des épis cariés déplaît
aux beiliaux , ôc fon ufage peut même leur devenir
préjudiciable,
La véritable caufe de la maladie du charbon n'efl
pas encore bien connue jufqu'à préfent. Quoi qu'il en
îbit 5 l'expérience dén:ontre que cette maladie cft ccn-
îagieufe ; 6^: il a paru que les pailles infedées de cette
poufîiere , mais qui n'étoient point réduites en fumier,
communiquoient cette maladie aux grains. La conta-
gion eil encore plus feniible , lorfqu'on mêle avec de
la terre de la poudre ^cpls charbcnncs. M. Auncn affure
avoir procuré cette maladie par la pouiîiere de vcjfc
dc-loup. De nouvelles obfervations à cet égard pour-
roient donner lieu à une découverte très-im.portante ,
d'autant mieux que cette maladie fe communique aux
grains d'autres plantes , comme l'ivroie , & récipro-
quement. La pcufTiere noire fi contagieufe pour le
froment , ne Teft ni pour \e faille , ni pour Vcrg: carré.
Le blé de miracle ou de Sniyrne eft moins fulceptible
de cette maladie que les autres grains; mais les blés
de Mars en fouftrent de grands dommages , ainfi que
le for^o ou ^rand millet , ^^ la perficahe bridante. On
jpeut confiiltcr ^xx'^ Mémoire fur Us animakuUs du blé
B L Ê 277
TdcJiinqm ^ par Dom Maurice Rofredi ; Journal de Phy-
Jiqui & d'Hlfi. Natiir. Janvier & Mars ijy5,
A une année abondante en charbon , il en fuccede
une autre où on n'en trouve prefque pas : la raifon
en eiî que les grands hivers faifant fans doute périr
les pieds afFedés du charbon , ils arrêtent les progrès
que cette maladie pourroit taire fans cette heureufe
circonflance. On peut prévenir le charbon , en chauffant
le grain avant de le femer , c'efl-à-dire , en le lavant
dans une forte lefTive de cendre aiguifée d'un peu de
chaux vive.
Vcrgot ou le clou eft une autre maladie différente
de la nidlc &C du charbon , qui attaque quelquefois le
fromeni y mais plus communément \q fei^^le. Voyez ce
qui en eji dit à rartick Seigle.
Les Cultivateurs ont obfervé qu'un des meilleurs
moyens pour fe garantir des blés iioirs ou mouchetés , eil
de leffiver lafemence dans de l'eau de chaux. Cette mé-,
thode , quoique très-bonne ^ eft quelquefois infufHfante :
le mieux eft d'avoir recours à de fortes lelfives alka-
lines , telles que celles de la fonde , de la potaffe , à.^%
cendres gravelées , ou des cendres ordinaires , ou bien
à une forte faumure de fel marin , dans lefquelles on
fait paffer le bli en le tenant dans des corbeilles , ainfi
qu'il réfulte des expériences qui en ont été faites à
Trianon par M. Tilkt , par ordre de Louis XV.
M. Duhamel penfe que l'eau de la leinve qui a fervi
à blanchir le linge , en la fortifiant avec un peu de foude
& doublant la dcfe de chaux vive, produiroiî les
mêmes effets.
\}xï Cultivateur intelligent a appris par l'expérience
que la bonne préparation 5c l'excellente culture que
l'on donne aux terres avant de femer , garantiffent auffi
beaucoup des blés niellés. La plus sûre méthode pour
s'en préferver , eil de changer de femence , &
l'on ellime la meilleure celle qui vient dans les terres
fortes.
27» BLÉ
Il y a des années où la paille du hll eft parfemée
de taches noires ; on croit que ces taches font des
excrémens d'infedes qui attaquent la paille. Si ces in-
fectes n'endommagent la paille que lorfque l'épi efl
formé , ils ne font point de tort , mais plutôt ils ren-
deni: le blé retrait en interceptant la nourriture. Les
récoltes font donc plus ou moins abondantes , félon
que les faifons ont été plus ou moins favorables , &£
eue ces caufes de deftruétion, ainii que quelques au-
tres , telles que les mulots , vers & autres , n'ont point
eu lieu.
On fait que le blé eft une plante robulle qui réfifte
très-bien à la gelée ; on obferve mtme que les récoltes
font plus abondantes lorsqu'il y a eu des gelées , qui ,
empêchant Pherbe de pouilér , donnent aux racines le
temps de pouffer , de croître davantage , & de fournir
enluite un fuc plus abondant. On lit dans les Mémoires
de r Académie de Stockholm , qu'on a oblervé que le bU
qui avoit paffé l'hiver fous la neige battue & fcellée ,
donnoit une récolte plus belle àc plus abondante; ce
qui indiqueroit qu'il feroit peut-être très - favorable
de fouler la neige avec des rouleaux. Ces bons e^itts
font attribués à ce que la gelée pénètre plutôt fous de
la neige battue , que fous celle qui ne l'eil pas.
Les caradteres dlftindifs d'un beau blé ^ font d'être
pefant , compade , bien mûr , d'un jaune clair , bril-
lant , {qc , confervant néanmoins une forte de fraîcheur ,
ce que les Marchands appellent avoir de la main. Le
hlé retrait fe diffingue au premier coup d'ceil : on re-
connoît que le blé a été mouillé , lorfqu'il ell d'un
blanc mat.
Une année trop humide , ainfi qu'une année trop
feche, font contraires au blé ; l'année trop fëche dimi-
nue la quantité , car les blés font petits ; l'année trop
humide eft préjudiciable à la qualité & non à la quan-
tité. On reconnoît encore la bonté des blés à la quan-
tité d'eau que boit la farine lorfqu'on la pétrit. Mais
BLÉ i79
une des méthodes les plus sûres pour diUlnguer les
bons bUs 5 & celle à laquelle ont recours les Boulangers ,
c'eft de comparer leur peianteur fpéciiîque. Le blé le
plus pefant à volume égal , eil toujours le meilleur ;
car il eii bon de faire remarquer que même le blé
mouillé a une pei'ameur abfolue moindre que le blé
bien {qc. Cette diflerence eil même fi confidérable ,
qu'un feptier de bon blé 6c bien {qc pefera deux cents
quatre-vingts livres , au lieu qu'un fèptier de blé mouillé
n'en pefera que deux cents quarante.
La France eil de toutes les contrées la plus fertile
en froment de toutes les efpeces , principalement dans les
Provinces qui environnent Paris; entre autres l'Iile de
France , la Brie , le Hurepoix , la Beauce & le Vexin.
Lorfque le blé a été récolté , battu & mis dans les
greniers , il demande des foins pour pouvoir être con-
fervé , car il eil fujet à être attaqué par des ennemis
très-dangereux , tels que rats , fouris , teignes , charm-
çons 6c vers de blé. Voyez ces mots,
Confcrvation du blé.
Le charençGn , le plus grand deilrudeur du blé , fe
nourrit de fa fubilance farineufe : cet înfeQe fe mul-
tiplie quelquefois fi prodigieufement, far-tout lorfqu'on
a mis les blés en grange avant d'être parfaitement fecs ,
qu'il réduit une grande quantité de blé en fon ^ &
qu'on eil obligé de ie défaire de ces blés &c de les
vendre à bas prix. Foyei Charençon.
La teigne e(l un petit papillon brun qui dépofe fur
les tas de blé des œufs d'oii fortent des vers qui s'en-
veloppent fous des grains de blé qu'ils réunifient &
qu'ils détruifent. Ils commAmiquent de plus au blé une
odeur défagréable , qu'on défigne en dâfant que le blé
a l'odeur de /rnte.
Tous les moyens propofés iufqu'à préfent pour
garantir les blés àts charencons ^ font ou infaflifans ou
impraticables, malgré les recheixhes qui en ont été
S 4
28o B L Ê
faites par les Naturaliiles , par les Phyficlens Se par
les Amateurs ou bien public. L'expérience faite par
M. Duhamel^ de renfermer du hU attaqué ^^% chann."
çons dans une caiiTe verniffée d'huile effentielle de téré-
benthine , oii les ckarençons fe font très-bien maintenus,
donne lieu de fe méfier de ces prétendus moyens de
les faire périr ou de les chaffer avec des décodions
d'ail ou d'autres plantes d'une odeur forte & défagréa-
blc. La feule vapeur du foufre les fait périr , mais
communique au blé une odeur défagréable. Si quelqu'un
poiledoit le précieux fecret de garantir les blés de ces
infectes deftruQeurs , dans les greniers de conilrudion
ordinaire , l'amour de l'humanité devroit l'engager à le
divulguer. M. Argond a déjà propofé de répandre fur
le plancher d'une grange qui ne contiendra alors ni
grains , ni pailles , ni foins , quelques facs de fourmil-
lieres ^ parce qu'auffi - tôt les fourmis fe mettent en
quête de tous les côtés , attaquent & dévorent en peu
de jours tous les ckarençons : il fuffit de balayer enfuite
^c de îranfporter ailleurs la terre des fourmillieres ,
pour que les fourmis elles - mêmes difparoiffent. On
peut tenter ce moyen aux approches de la Saint- Jean.
L'ufage ordinaire, qui ne fait que diminuer le mal
fans le détruire dans fa fource, eft de remuer le b/é
fréquemment , de le cribler & de le pafTer fur un gril-
lage de fil de fer en plan incliné, dont les fils font
adez ferrés pour que le bon grain ne faiîe que couler
deiliis , tandis que le grain vermoulu & les ckarençons
paiTent entre les fils, font reçus dans une poche de
peau , &c fe trouvent ainfi féparés d'avec les bons grains.
Dans quelques Provinces on mêle des grains de millet
avec les b/és , parce qu'on a remarqué que les ckarençons
s'attachent par préférence à ces grains. On a enfui te
lin crible fait exprès, fur lequel on jette les blés qui y
font retenus , ôc le millet avec fa poulTiere pafîe à tra-
vers. Dans l'Ouvrage qui a remporté le prix propofé
par la Sccicté cT Agriculture de Limoges j fur la manlen
B L Ê iSi
c/c détruire ks ckarmçons , on lit que ces înfedes aimant
ia tranquillité , pour peu qu'on les inquiète en remuant
le blé ^ &i qu'ils ne fe lentent pas en lureté , ils percent
les grains où ils ont pris naiffance , ils fortent , ils les
quittent, 6c cherchent à fe procurer un autre abri,
C'eil fur quoi font fondés la plupart des bons eifets
qui réfultent du pellage du hié; des qu'on les remue
vigoureufement à la pelle , ces infeûes commencent à
fuir ; ils grimpent même aux murailles , loriqu'il
s'y en trouve d'oppofées à leur paflage; 6c dès
qu'ils font parvenus à la hauteur , ils s'en précipi-
tent fans rien craindre , à caufe de la folidité de leur
cuiralTe; après leur chute on les voit quelquefois
immobiles, non par rufe ou pour contrefaire les nicrts,
comme il leur arrive quelquefois, mais par étour-
diiTement; ils en reviennent peu-à-peu dans l'intervalle
de deux minutes , & ils continuent leur marche du côté
où rien ne s'oppofe à leur paffage 6c à leur fuite. On
eil; quelquefois étonné de voir fortir des eifaims de
àiarençons d'un tas de blé, qui peu auparavant a voit
paru bien fain , 6c qui cependant eit prefque à moitié
rongé. Les channçons n'aim.ent pas feulement la tran-
quillité, mais encore l'obfcurité. Ils fuient conftamment
la lumière, & s'ils habitent de préférence le zbl.'k du
midi y il n'en eil pas moins vrai qu'ils afîedent l'endroit
du grenier le plus abrité , le plus reculé & le plus obf-
cur. Voilà le principal motif pour lequel les chann-
çons fe plaifent dans le bli , pour y faire leur ponte 6c
s'tn nourrir. Les grains de ce végétal fort rapprochés par
leur petitefîe , les dérobent entièrement à la clarté du
.jour, à une profondeur cependant peu confidérable , à
deux ou trois pouces au plus. Dans Thiver ces animaux
reilent tapis, & fans bouger, , dans des trous où ils
ne mangent pas. Dès le mois d'Avril ils fe mettent en
quête ; vers les fept heures du matin ils mangent avec-
avidité & fans relâche , ce qui prouve leur ht foin ; en
cette faifon ils ne pourroient pas même refier huit jours
282 BLE
fans prendre de nourriture , ils quittent volontiers le hli
quand ils trouvent un autre aliment plus tendre , de leur
goût , 6c la liberté du choix. Ils ne préfèrent le blé que
pour y dépofer leurs œufs. Au printemps &. en été , le
grain , par fa fermeté , par fa configuration , par fa peti-
tt^e , ell: de toutes les iubftances peut-être la plus pro-
pre pour conferver leurs petits , depuis la ponte julqu'à
leur métamorphcfe. L'on a obfervé qu'on ne trouve
guère dans le bU que des charençcns jeunes. Ceux-ci ne
s'en vont qu'après avoir dépofé à leur tour une ponte,
ik leurs générations en font de même. Pour cela la
femelle fait une piqûre ( avec fa trompe , qui eft com-
pofée d'anneaux oC armée d'un dard, ) à la peau du
grain , qui la tient un peu foulevée en cet endroit , &
y forme une éruption prefque infenfible. Ces fortes de
trous ne font point perpendiculaires à la lurface du
grain, mais ils font obliques ou m^éme parallèles. La fe-
melle ne dépofe ordinairement dans le grain de blé qu'un
œuf, au plus deux. Dans les grains des végétaux qui
font plus volumineux , elle y en dépofe trois & quatre :
leur multiplication eft prodigieufe. On a démontré que
deux chcu-cnçGîis , un mâle , l'autre femelle , peuvent
produire depuis le 1 5 Avril jufqu'au 1 5 Septembre ,
tant par eux que par leur génération, lix mille qua-
rante-cinq individus. Les jeunes vers une fois éclos,
s'enfoncent dans le cœur du srain, en ronsreant tou-
jours devant eux; les avenues de ces trous font toujours
remplies par les excrémens qu'ils laiûent après eux , &
qui ne différent prefque point en couleur ni en confi-
ilance de la fubilance du grain : on diroit d'une poudre
grenue que l'on reconnoît en la froiiTant entre les doigts.
Le charmçon fortant de Tétat de nvniphe , eil tout blanc ,
comme tranfparent ; mais bientôt il acquiert de la
confiflance &: une couleur de châtain clair, tant qu'il
TQ^ïç: dans le grain. Efl-il expofé à l'air , il devient brun.
On ne peut trop admirer , à l'aide du microlcope, la
manière avec laquelle le channçon fait fon trou pour
BLÉ 28î
fortir du grain où il a fiibi {es développemens. Le mé-
canifme du bout de ia trompe efl fort fingulier. On
croit y voir deux efpeces de mâchoires tout-à-fait
noires , qui s'ouvrent horizontalement , & raclent avec
une viteiîe &c une adivité étonnantes. Confultez le
Journal d'Hiflcin Naturelle par yi.V^hé Rozier, Mois
de Janvier 7772.
La Méthode qu'on emploie ordinairement dans la
plupart des Provinces pour conferver les blés^ eil fujette
a des déchets & à des frais confidérables, & demande
des bâtimens fpacieux lorfqu'on veut en conf^^rver de
grandes quantités; fans compter qu'il eil expofé à la
rapacité d'un très-grand nombre d'animaux. M. Duha-
vid a imaginé une forte de machine qu'il appelle un
grenier de conf.rvation , ek qui mérite par fon utilité , la
plus férieufe attention & les plus grands éloges. Cette
machine a l'avantage , i .^ de renfermer une très-grande
quantité à-e froment dans le plus petit éfpace poiilble;
2.° d'empêcher qu'il ne fermente, qu'il ne s'y échaulTe,
qu'il n'y contrarie un mauvais goût ; 3.° de le garantir de
la voracité des rats , des fouris , des oifeaux, fans 1 expo-
fer à être endommagé par les chats ; 4." de le préferver
àes mites , des teignes , des charençons , & de toute efpece
d'infeftes; 5.^ de le conferver aulli long-temps qvJoïi
voudra , & cela fans frais & fans embarras. On va don-
ner une légère idée de fes curieufes recherches; mais
c'efl dans fon Traité de la confervation des grains qu'il
faut voir ce détail fi intéreffant.
M. Duhamel a donné des defcriptions de greniers de
toutes fortes de grandeurs , depuis celui qui fufôt ]>our
la fubfifîance d'une famille, jufqu'à celui qu'il faudroit
pour l'approvifionnement d'une ville entière. Voici
l'idée d'un grenier de moyenne grandeur , propre à con-
tenir mille pieds cubes de f:oinent : il eÛ bon d'obfer-
ver que pour les conferver fuivant l'ufage ordinaire , il
faudroit un grenier de cinquante-neuf pieds de long fiîr
dix-neuf de large. Le grenier dppt il s'agit doit être fait
iS4 BLÉ
à-pcu-près comme une grande calfîe, à laquelle Oîf
donne treize pieds en carré ilir fix de haut : on fait
avec de fortes planches les côtés & le fond : on la
poie fur des chantiers. A quatre pouces de ce premier
fond, on en fait un autre de deux rangs de tringles
qui fe cro'fent à angles droits ; on le recouvre d'une
forte toile de crin, qui empêche le blé de s'échapper,
& laiiTe à Pair un pafTage libre. A la partie fupérieure ,
de cette caiffe , on fait un couvercle plein , pour empê-
cher les fouris & autres anim.aux d'y entrer : on y prati-
que feulem.ent quelques trous qni s'ouvrent &C fe fer-
ment à volonté : on m.et le b/é dans cette grande
caiffe; & pour le conferver, en fait jouer des foufflets.
Un homme peut faire jouer, à l'aide d'un levier, deux
de ces foufUeîs imaginés par M. Haks , 6^ auxquels il
a donné le nom de vmtïlauurs. Ce fouifiet , appliqué
fi heureufement par M. Duhamel à (on grenier de con-
fcrvation, afpire l'air extérieur, &, par le moyen d'un
porte-vpnt, introduit l'air par un trou pratiqué au fond
de la caiffe. L'air, pouffé vivement dans l'efpace qui fe
trouve entre les deux fonds , traverfe rapidement le grain ,
fe charge de l'humidité, & fort par les ouvertures du
couvercle fupérieur : le vent traverfe fi puiffamment
le froment^ qu'il élevé des grains jufqu'à un pied de
hauteur.
Comme dans nos pays & dans tous les pays Septen-
trionaux les blés font toujours humides, M, Duhamd
exige, avant de mettre le grain dans le grenier de con-
fervaticn, de lui donner deux préparations : la pre-
mière, celle du nettoiement; la féconde, celle de le faire
paffer à Tétuve. La manière dont nous avons dit que
l'on s'y prenoit comimunément pour la confervation
des grains, continuée pendant une année , fufHt lorfqu'on
ne met que peu de grains dans le grenier de conferva-
tion; mais lorfque la quantité de ^/V eff grande, après
avoir paffé le grain à travers les cribles, on peut le laver
dan:; l'eau , 6c le mettre fécher dans une ctuye. Le hU y
BLÉ 2S5
perd toute fon humidité : la chaleur de l'étuve fait
périr les teignes fans exterminer les charcriçons ; mais
toutes les expériences donnent lieu de penfer qu'ils ne
peuvent fe multiplier dans le grenier de confervation,
parce que le blé y eft tenu dans un état de fraîcheur
contraire à leur multiphcation.
Un Fermier qui n'auroit que mille pieds cubes de fro-
ment à conferver, peut condruire à peu de frais une
petite étuve de cinq à lix pieds en carré avec des claies,
& réchauffer par le moyen d'un grand faurneau de tôle
où il mettroit du charbon. On ne dépenfe que pour
vingt à trente fous de bois pour étuver deux cents pieds
cubes à^ froment. La chaleur de Fétuve pour le parfait
dcfféchement, doit être de cinquante à foixante degrés;
on reconnoîfque le hic ell bien hc^ lorfqu'en le caiTant
fous la dent , il rompt comme un grain de riz , fans
que la dent y fafTe impreiTion. C'eA dans les fources
même qu'il faut puifcr un plus grand détail de tous
ces objets.
Malgré les grandes difficultés qui fe rencontrent dans
la conservation des grains , on a l'exemple d'un m_a-
gafm dans la citadelle de Metz , 011 le blé g\\q le Duc
à^Epernon y avoit fait dépofer , s'efl ccnfervé dans
fon entier pendant cent trente-deux ans, ainfi qu'on
l'apprit par la date marquée fur le /'/Vmeme. En 1707,
on en fit du pain qui fut trouvé très- bon; Louis XÎV
en mangea & plufieurs perfonnes de fa Cour. Il s'étoit
formé à la furface du tas de ce grain , une croûte qui
contribua le plus à fa confervation. On dit qu'à Metz
les Habitans font dans l'uiage de conferver ainii du
hlè dans des m^agafms fouterrains , ayant grand foin
d'y former , par le moyen de la chaux , wno. croûte
fupcrfîcielle. Le blé qui efl: far la furface du tas , germe ,
& poufle une tige qui périt l'hiver ; après cela on cil
sûr que le tas de hlè le confervera : on n'y regarde
plus que lorfque la nécefiité prefTe les Habitans. Lor§
de ia maladie de Loids XV y à Metz 5 en 17443 on
286 B L Ê
fit avec du hU gardé un iiecle & demi, du paîn que.
feu Mgr. le Dauphin goûta & trouva excellent.
Dans toute TAfrique on conferve les grains dans
des puits très-profonds , creufés au milieu des rochers ,
& qui font fecs en tout temps : les Arabes les nom-
ment mattamons. L'entrée de ces puits eft fort étroite ;
ils vont en s'élarglfTant ; on en tapiffe le fond avec
de la paille feche avant que d'y jeter le grain : lorfqu'ils
font pleins , on les ferme d'une manière bien fimple ,
avec de petits morceaux de bois bien entrelacés , fur
lefquels on jette du fable, & par-deffus quatre pieds
de bonne terre en talus , afin que l'eau de pluie n'y
féjourne pas. Les blés fe confervent dans ces fouter-
rains un temps confidérable fans fe gâter , ni fe cor-
rompre. Il arrive même quelquefois que les proprié-
taires , qui ont tout à craindre fous une domination
arbitraire & defjjoti que , n'en ofent faire aucun ufage ,
& qu'on ne les retrouve que plufieurs années après
leur mort.
En L'kraine & dans le Grand-Duché de Lithuanie ,
les Habitans ne ferrent leurs bUs que dans de fem-
blables greniers fouterrains ; mais ils ont foin de ne
point ouvrir ces foifes à blé tout d'un coup, & de
les éventer par degrés, fans quoi il en lortiroit, dit-
on , des exhalaifons (i meurtrières , qu'elles étouffe-
roient tous ceux qui, par ignorance ou par mcgdrde,
fe trouveroient expcfés à cette ouverture : c' ft ce que
l'en apprend de M., Dijl^ndes ^ dans fon Traité fur la
manicre de conjèrver les grains. L'ufage des mattamores
ell certainement d'un grand avantage ; en cas d'incen-
dip ,^ la perte de l'habitation n'entraîne point celle des
fuhiifl:ances , malheur trop ordinaire dans nos pays.
Voye:^ maniunant P article Farine. Confu^tez aufîi les
Obfcrvations f'ir les blés germes , par le Comité de t Ecole
gratuite de BouUmprie , à Pa:is ; & Recherches fur
l^originc des mattamores , par M, le Baron de Servieres,
Journ^ de Phyf Dec. i/S'j.
B L È î§7
Blé d'abondance. Foyei Blé de miracle.
Blé barbu ou SorGO. Foyei aux articles MiLLET
& Blé de Mars.
Blé de Guinée. Voyci Millet.
Blé d'Inde ou Blé d'Espagne. Foyci Blé de
Turquie.
Blé ergoté ou cornu. Foyci VankU Seigle.
Blé de Mars , Tritlcum œjîivîim, C'eft une efpece
de ^Qtit fromzm qu'en ne fenie guère qu'au printemps,
& que l'on récolte dans la même faiibn que le blé
ordinaire qu'on a Icmé en automne. Il y en a de deux
efpeces ; l'une qui a les balles renflées , velues & garnies
de longues barbes , & que l'on nomme bU barbu ro?/ge ,
Trilicum ariflis drcumvallatum , granïs &fp'icâ rubmtïbus ,
glianis lœyibus & fpïtndmtïbus , Pvaii Slnopf. 224 ; &:
l'autre qui eli ras , c'eft-à-dire , à balles non velues.
Tous les deux donnent une bonne farine , mais rendent
peu. Ces efpeces de bll ont été d'une grande relTource
en 1 709 ; comme les bUs furent gelés , on fema ,
après l'hiver , de ces bUs , qui donnèrent leurs épis en
abondance au mois d'Août; au lieu que le bU d'au-
tomne, , que l'on femercit en Mars , ne donneroit que
peu de tuyaux & des épis fort petits, dans lefquels
le grain feroit à peine formé , à moins qu'après le
printemps il ne furvînt un temps des plus favorables
pour le froment.
La paille du bU barbu diffère effentiellement de celle
du /'/t/ ordinaire ; car elle eft pleine de moelle , & n'ell
creufe que vers le pied ; aulfi cette efpece de blé étaat
fur pied, eft-elle moins fii jette à être attaqué par les in--
fedes ; ou fi la paille l'efl, le grain n'en fouifre point,
Ôi efl toujours plein, dur & pefant.
Dans les hivers doux , les blés de Mars ne périfTent
point, & dans ce cas ceux qu'on a femés en automme
viennent plus beaux, &: donnent plus de gra'ns que
ceux qu'on a femés vers le printemps. Ces bUs font
auffi llijeîs à la nielle que les bUs ordinaires,
288 .^ L È
Deux raîjfons empêchent les Fermiers de femer beau^
coup de ces blés de Mars ; l'une , parce que quand ils
font à leur maturité , ils s'égrènent trop ailemcnt ;
& la féconde, parce que s'il falloit femer leurs blés
dans le temps de Mars , ils ne pourroient fufnre à
tous leurs travaux. Il ell cependant effentiel que les
Fermiers en recueillent une certaine quantité pour fcrvir
de reiTource dans les cas malheureux.
Blé de Miracle , Tridcum fpkd multiplia ^Q. Eauh,
Tourn. Inil. 511; Triùcum tiirgldum , Linn. Cette ef-
pece de blé ^ qu on nomme aufli blé de Smyrm^ (^abon-
dance ou de Providence^ produit, outre l'épi principal,
des épis latéraux. Il n'eft pas rare de voir des trouffes
de ce blé compofées de trente-fix tuyaux ou chalu-
meaux , & chaque chalumeau avoir dix épis , dont
l'un occupe le milieu. Tous ces épis de chaque cha-
lumeau réunis forment un volume plus gros qu'un
ceuf de poule ordinaire. Chaque épi contient trente ,
trente-cinq à quarante grains , & le total des épis efl
de trois cents cinquante grains ou environ; & le pro-
duit total àts trentc-fix brins ou chalumeaux fera de
douze mille fept cents quatre-vingts grains ou environ ,
pour la fécondité d'un feul. C'eft fans doute de ce
blé dont le Gouverneur de Byzance envoya à Néron
une trouiTe compofce de trois cents quarante tiges*
C'ell probablement le mcme que F une cite , &: dont
nous avons fait mention à l'article Bléfioj::ent. De fept
livres de femence , on en a retiré quatre cents trente
livres de grains, dont on a fait de bon pain. Suivant
M. Bourgeois , on crue le blé de Smvrm comme Torae
ci 1 avome , 2c on en fait d'excellentes fcupes ; mais
ce gram ne peut réufiir que dans les terres fubilan-
tiellcs , bien amendées oc bien cultivées, parce qu'il
demande beaucoup de nourriture ; femé dans des terres
trop maigres ou trop fechcs , il n'a prefque pas d'épis ra-
tneux. On feme ce blé en autom.ne; mais étant femc
en Mars , Iqrfque la faifoa devient favorable , c'eft-à-
BLÉ 289
éite , îorfquVlle cft chaude &c légèrement humide , il
produit dcivanlage que le l^U de Mars , que l'on leme
au printenips. Ce hlé a encore un avantage fmgulier ,
c'eft de n'être pas iujet au charbon : on a feulement la
précaution de l'enfoncer avec la herfe un peu plus
avant que le blé ordinaire , parce qu'il prend plus de
racine. Il ne doit pas être femé fi dru que le froment.
Huit boiileaux faffifent pour cnfemencer un arpent.
Ce ferbit bien ici le cas de dire , O fcrtunatos nimiùm ,
fua Ji kona nôrlnt „ agrkolas. On connoît aufli \\n défa-
yantage dans ce blé , c'eil que les lièvres en font fort
friands lorfqu'il efr jeune ,& qu'ils le détruifent prefque
entièrement , fi on n'a pas foin de les éloigner ; &
quand il efl à fa maturité , la force de fa paille eil
lelle 5 que les oifeaux s'y perchent & en dévorent tous
les grains : on efi pour lors obligé d'avoir recours à
des épouvantails. Les gelées fortes lui font aufli quel-
quefois préjudiciables. Le blé de miracU eft à-peu-près
de la même groffeur que le blé de Mars ; mais fon poids
excède d'un douzième celui du froîmnt ordinaire. Au
xdà.t , le blé de Smyrm , luivant M. Adanfon , peut
£tre qualifié , préférablement à toute autre plante , d'^/-
pece nci.ivdk. C'eil une m-onflruofité par excès & plus
confiante dans la multiplication qu'aucune autre ; néan-
moins fi on néglige fa culture , il rentre bientôt dans
Teipece dont il efî: originaire , qui eiî en épi fimple
.ëc régulièrement conformé.
Bl£ noir. Voyei_ à l'article SarrasîN.
Blé de Providence. Koyei Blé de miracle..
Blé rouge. Voyc^ à L'article SarRASîN.
Blé de Smyrne. ^oyei Blé de miracle.
Blé trÉmois. C'eil le fiigle d'été.
Blé de Turquie ou Blé d'Inde , connu au/ïï
fous le nom de maïs. On donne à cette plante eu-
rieufe & utile le nom de blé d'Inde , Triticiim Indiciim ;
Frumentum Indicum ^ May s dlcliun ^ C. B. Pin. 25 ;
Zea mays .^ Linn. 1378 y parce qu'elle tire, dit-on,
' Toine IL ■ • î
îço BLÉ
fon origine des Indes , d'où elle fut apportée en
Turquie , Trhicum Turcicum , & de là dans toutes
les autres parties de l'Europe , de l'Afrique & de
l'Amérique. On donne à cette plante , dans la
Guienne , dans l'Angoumois & dans le Limoufin
où on en cultive , le nom de LU d'Ej pagne. Maïs
efî: le nom Américain. Quelques-uns l'appellent au/îi
gros milUt ; ( en Allemand , TurJdjcIur wcu:ien ; en
Anglois , îndian Wluat ; en Italien , Mallga , Mdlica ,
Sagg'na. )
Cette plante poufTe une grofTe tige roide , noueufe,
haute de quatre à fix pieds, bi pleine d'une moelle
blanche qui a le. goût fucré. Elle porte llir le même
pied des fleurs mâles & femelles , mais fans pétales ;
les fieurs mâles font au fom.met de l'épi , compofées
de trois étamines ou blanches, ou jaunâtres, ou pur-
purines , & formées d'un grand nombre de panicules.
Des nœuds des tiges fortent des tuniques compofées
de plufieurs feuilles ; & du fomimet de ces tuniques ,
il fort de longs filamens qui font autant de piflils , au
bas defquels font les embryons de chaque graine. Lorf-
que les étamines font m.ûres , elles s'ouvrent & fé-
condent ces piflils qui font au-deiTous. Les feuilles du
Hé d^Indd font engainées , d'un beau vert, très-longues ,
larges d'un à trois pouces , & femblables à celles du
roleau ; fes racines font nômbreufes , dures , blanchâ-
tres , fibreufes & traçantes.
La tige fraîche de cette plante , efpece de grami-
r.ée , eft de couleur de vert d'eau , & contient un fuc
de même que la canne à fiicre ; on en peut faire un
firop très-doux, & qui a 1- véritable goût du fucre.
On propofe , dans les Mémclres de VAcadîmic , d'efiayer
s'il ne pourroit point le crillallifer comme le fuc de
ia canne à fucre. Les Américains tirent aulîi un bon
parti des tiges defféchées ; ils les taillent en plufieurs
iilamens , dont ils font des paniers 6c des corbeilles
Aq différentes formes & grandeurs.
B L Ê 291
''■ L'épî du maïs croît par degrés , quelquefois jufqu'à
la groiïeur du poignet , & à la longueur de près d'ua
pied. A mefure qu'il groffit & qu'il mûrit, il écarte
les tuniques & paroît jaune , rouge , violet, bleu ou
blanc , luivant l'efpece ou variété : celle à grains jaunes
ell la plus eftimée ; c'eil du moins la plus univerfel-
lement répandue ; Mays granis auras , Toum. Infl.
551. Les hommes Caraïbes l'appellent AouaJû , &:
le; femmes , Marichl. On voit des épis , 6l même à^^
grains qui préfentent à eux feuls cette bigarrure de trois
'6l quatre couleurs. Lorfqu'cn feme • cette plante en
plein champ , comme le blé , elle ne rapporte qu'ua
cpi ; mais fi on la feme , ou plutôt fi on la plante
féparément , même par touffes , à dix-huit pouces de
diilaiice les unes des autres , fes racines prenant plus
de nourriture , elles rapportent plufieurs grappes , c'efl-
à-dire , plufieurs épis. Ces grains de blé de Turquie
multiplient prodigieufement ; celui qui croît dans les
Indes , rapporte quelquefois des épis qui ont fept cents
grains.
Il n'eil peut-être point de plante où la diflribution
des grains foit plus fenfible que dans le mais ou blé
di Turquie. On fe plaît à l'y obfcrver. Les épis de
cette plante , fi féconde & fi utile , forment des mafiTes
coniques qui ont quelquefois plus de neuf à dix pouces
de longueur , fur deux à trois pouces de diamètre à
leur bafe; nous l'avons déjà dit. Les grains de figure
elliptique, &: un peu plus gros que des pois, font,
dit M. Bonnet , rangés à la file fur plufieurs lignes ,
tantôt droites ou parallèles à l'axe de l'épi , tantôt
courbes ou qui montent en fpirales autour de cet
axe. Les grains font placés fur ces lignes de façon
que leur grand diamètre coupe à angles droits l'axe
de l'épi. M. Bonnet ayant eu la curiofité de compter
le nombre des lignes , ou des rangées de diiférens,
épis , a reconnu que la plupart en avoient douze ou
quatorze \ notre Obfervâteur , curieux de s'affurér fi
ic,2 BLÉ
l'Auteur de la Nature avcit préféré ces polygones î'
toute autre figure pour la cliflribution des grains dt^
b/c di Turquie , examina eniuite fept cents vingt-
Quatre épis de cette plante. De ce noiribre il en trouva
cent quarrc-vingt-dix-neuf où la diilribuiion des grains^
éîoit iiTéguliere , c'efl-à-dire , oii les rangées étoient
tellement confondues les unes dans les autres , qu'il ne
put les fuivre dliiindement d'un bout à l'autre de l'épi.
Il- a reconnu que cette confufion étoit bien plus grande
à la bafe de Tépi que vers îcn extrémité iupérleure.
Venons aux épis réguliers , ceux dont les rangées
étoient parfaitement diiHncles : il en trouva trois où
la diilribution des grains étoit fur huit lignes; feize
où cette dillribution étcit fur dix-huit lignes; trente-
deux fur dix lignes ; foixante-dix-hu:t fur feize lignes;
cent quarante-quatre fur quatorze lignes; deux cents
cinquante- deux fur douze lignes. On voit par cet exa-
men que les polygones de douze &: de quatorze côtés
font ceux qui dominent dans les épis du blé di Turquie^
Nous avons dit ci-delfus que les grains de blé de
Turquie font elliptiques ; cela eft très-vrai , comme
Ta remarqué M, Bonnet , de ceux qui font placés vers
le milieu de l'épi ; mais il a paru à cet Obfervaîeur
que ces grains s'arrondiiToient à mefure qu'ils s'ap-
prc choient de la baie de l'épi ou de fon fom.met. Quelle
c£i la raifon phyfique de ce changement de forme ?
Quelle en ed la caufe finale ? Les grains placés dans
le milieu de l'épi , plus preflés par les grains qui font
au-deiTus & au-deffous d'eux, que par ceux qui font
placés fur les côtés, trouveroient-ils plus de facilité
à s'étendre dans ce dernier fens que dans le premier ?
Le blé dz Turquie offre une efpece précoce & une
efpece tardive ; ck l'on en diftingue pUifieurs variétés
par rapport a la longueur de la tige , le volume &
la couleur de l'épi. Le blé dz Turquie donne une farine
blanche , lorfqu'elle efl féparée du fon , & on en
^it du pai^ âiÎÊ^f agréable., mais qiii eft peûmt , oc qui
BLE 295
a^eil: bon qiie pour les eflomacs vigoureux Se les per-
fonnes qui y font habituées de jeunefTe. Cette farine,
mêlée en petite quantité , comme d'une huitième
partie , avec de la farine de froment , donne au pain
un goût favoureux.
Les avantages que l'humanité retire de ce grain font
infinis. Une grande partie des hommes & des animaux
privés en font leur nourriture. Cette plante efl cultivée
avantageufement dans prefque tous les climats des
quatre Parties du Monde : elle eil un objet intéreffant
de commerce dans la Bourgogne , la Franche-Comté,
la Brelfe , oii on engraiiie des volailles qui profitent
à vue d'œil avec cette feule nourriture : les chapons de
Breffe, fi fort en réputation, &c qui pefent dix à douze
livres , en font preuve. Cette noumture fait prendre
aux cochons un lard ferme : les femeux cochons de
Naples , qui pefent jufqu'à cinq cents livres , ne font
engraiffés qu'avec ce grain. La chair des pigeons de
volière qu'on en nourrit , eu blanche 6c tendre ; lem-
graifîe eu ferme &: favoureufe. Les feuilles en vert font ua
excellent fourrage pour les beftiaux , qui en font avides.
Ce b/é , qui ne demande à être femé qu'après
l'hiver , peut être quelquefois d'une grande reliburce :
on le mange & on le prépare de diverfes manières.
Les Indiens en mandent les orrains en vert comme les
petits pois , ou grillés ou bouillis. On le mêle, comme
nous l'avons dit , avec la fiirine du blé pour en faire
du pain : on en fait aufîi de la bouillie. On a même
trouvé le moyen d'en faire un mets délicat : on cueille
les jeunes grappes lorfqu'elles font de la grolfeur du
petit doigt , & encore vertes ; on les fend en deux , ôc
on les fait frire avec de la pâte comme des artichauts.
On les confit auiTi dans du vinaigre comme des corni-
chons , ck ils font très-agréables dans la falade. Quand
le grain eil prefque mûr , il efl encore fucré : nous
avons dit qu'on peut en m.anger comme des petits
pois , ëC les préparer de même. Les Am.éricains reti-
^ T 3
^94 BLÉ
rent de ces grains piles & macérés dans de Peait , une
liqueur vineufe qui enivre ( c'eft la chicka ) , & dont on
peut extraire un efprit ardent. Les Sauvages de la Loui-
îiane , dès que le Tiiaïs du printemps commence à mûrir ,
font une fête qui dure huit jours, pour remercier le Bon
Efprit^ qu'ils logent dans le foleil, de leur avoir fait un
aiiffi beau préfent. Les François de ce pays nomment
ces réjouiiïances la ^randt fêé du petit blé.
Le blé de Turquie fe conferve plus facilement que le
froment vulgaire : il fe plaît principalement dans les
terres grafTes & fcrtes ; le binage que l'on donne au
pied de la tige , fait qu'elle poufle avec vigueur. Lorf-
<[ue les feuilles font grandes , & que la pouffiere fécon-
dante efl diiîipée , on coupe une partie des feuilles,
ainfi que la tête de la tige , afin que la plante prenne
plus de corps. Le blé de Turquie efl fujet à la nielle ou
au charbon. Voyez ce que c'eft à V article Blé. Mainte-
nant confultez le favant Mémoire fur le mais , couronné
en 1^84 y par l'Académie de Bourdeaux : ce Mémoire
€Û de M. Parmentier.
Blé DE VACHE. Voyei a V article SarRASIN.
BLhCHNE, BUchnum^\l\ïm,Ç]t^ un genre -de plante
cryptogame , de la famille des Fougères , qui a des rap-
ports avec les doradilhs^ & dont le caradere difrin^tif
efl d'avoir la frudificaiion difpofée fur deux lignes
parallèles & rapprochées de la côte des feuilles. Il y a
la blechne Occidentale, de l'Amérique Méridionale ; la
llechm Orientale , de la Chine ; la blechne Auftrale , du
Cap de Bcnne-Efpérance ; la bLchne de Virginie ; la
llechne à feuilles radicantes , de Madère ; la blechne du
Japon.
BLENDE , Galena inanis aut Pfeudo-galena. Subf-
tance minérale. Ce mot , dans le langage des Mineurs
Allemands , lignifie une fulfiance qui aveugle ou qui
trompe , parce qu'il y en a qu'on prendroit au
premier coup d'oeil pour de la mine de plomb, tant
leur tiflli efl également feuilleté ou ccmpofé de lames-
BLE 295
ide différentes gran:!curs , & difpofëes de manière à
produire quelquetcis des cubes. MM. Pott &i Margraf^
de l'Académie de Berlin , & dont rautorité eft d'un
grand poids en Chimie , ont examiné cette fubilance :
il réfulte de leurs obfervations , fur-tout de celles de
M. Margraf^ que la blendz efl une vraie mine de ^inc;
qu'on peut s'en fervir comme de la calamine peur
convertir le cuivre rouge en laiton. Elle a une forte de
conformité extérieure avec la galène ou mine de plomb
cubique. Outre le zinc , elle contient du foufre &
quelquefois de Parfenic , communément du fer , quel-
quefois même de l'argent ; mais qu'il ed très-difficile
d'en féparer , à caufe des parties arfenicales & volatiles
avec lefquelles il eil: combiné. Là blende ^ix une mine de
zinc vitreufe ; elle fe trouve dans prefque toutes les
mines en Allemagne, en Suéde, &c. fous difrérens états
de couleur , de dureté & de denfité , & avec diflerentes
propriétés particulières ; l'une eft fort femblable à de
la corne , & s'appelle hom-bUndc ; une autre efl noire ,
lamelleufe, à petites écailles , luifantes comme la poix,
& porte le nom de pech-bknde. On en rencontre encore
une efpece qui efl; brune , jaunâtre ou rougeâtre , quel-
quefois criflallifée & traniparente comme la mine d'ar-
gent rouge : celle-ci efl rare & paroît phofphorique ,
fi on la frotte dans l'obfcurité ; elle abonde en foufre ,
tandis que celle qui eil grife ^ jaunâtre , participe
encore de beaucoup d'arfenic : il y en a atifîi de flriée.
M. B'irgmann obferve que plufieurs variétés àpp/eudo-
galènes ( fauHes galènes , ou efpeces de blende ) frottées
dans les ténèbres , donnent de la lumière : celle d'entre
elles qui m.ér-ite , dit-il , le plus de colébrité , efl celle
de Scharfenberg en Mifnie. Frottée avec du verre, un
os , du fer , ou quelque autre matière dur^ , elle fent
mauvais , &: dans l'inftant du contad , donne une
lumière couleur d'or , même dans l'eau ; & enfin dans
les acides , elle retient cette propriété après une forte
iûcandefcencc. Jeiihial de l'Aï)\}i Koznr ^Juillet ^ 1780.
T 4
ipô BLE
M. Ddmic obferve que prerqiie toutes les hkncfes
font cfFervefcence avec les acides; calcinées, elles de-
viennent rouges ou griles. On en compte, dit-il , deux
cfpeces principales : la première , de couleur cbfcure
ou noire , a pour variétés Xhorn-blendc 6c la pech-hlende
dont il efl: parlé ci - defTus , & qui font teiTulaires ; la
Jlrahl-blendi , qui eft à écailles en parallélogrammes ,
& quelques autres. La féconde efl rougeâtre : il en eft
parlé à la fin de cet article. Foye^ Calamine & Zinc.
B.LENDE DE FER, OU miïie de fir en blende^ efl une
efpcce de wolfram. Voyez ce. mot.
BLENNE , BUnnius, Nom d'un genre de poîjTon.
.Voyez ce mot.
ELETTE, en latin Blhum. Plante très-commune ^ qui
croît dans les terres graftes , dans les potagers , & dont
on diilingue deux efpcces générales ; l'une blanche &c
l'autre roi/f^e. La première, Blitimi album niajus^ C, B.
Pin. ii8, croît jufquà la hauteur de quatre pieds.
Sa racine efl longue & ^vgKq comme le pouce , & d'un
goût fade» Sa tige efl ferme, blanche & rameufe. Ses
feuilles forrt femblables à celles de la poirée. Ses
fleurs .font petites-, à étamânes , verdâtres ; il leur fuc-
cede des femences oblongucs , qui ont beaucoup de
rapport à celle de Vatriplex ( arroche ) : il y a aufTi la
petite blette blanche'. La deuxième efpece , qui efl rouge,
lin peu noire, Blitum nibrum majus , C. B. Pin. 1 18;
Blïtum nigrum:^ Ang. , ne diffère , pour ainfi dire , de la
précédente que par la couleur & par la petitefTe de (qs
feuilles , qui font quelquefois femblables à celles du
folanum. Il y a aufîî la petite blette rouge. On eflime
leurs vertus humedantes, rafraîchiffantes & émollientes.
îl y a encore la blette épineufe de l'Amérique ; la blette
cl fruits en tçte, Blitum capitatum , Lin. ; elle croît dans
quelques régions de l'Europe tempérée &; auflrale : la
blette effilée , Blitum virgatum , Linn. ; elle croît dans la
Tartarie, FEfpagne , le Languedoc & la SuifTe ; la blette.
à feuilles d anferine , de la Tartariev»^
BLE 297
BLEU (le). Voyci Glauque.
Bleu d'émail , ou Bleu d'azur, ou Bleu de
Cobalt. Voyc?^ Vanlck Azur & le mot Cobalt.
Bleu d'Inde. Voy-z^ Indigo.
Bleu-manteau. Foye^ Goéland à manteau gris.
Bleu de MOJ-îTAGNE, CœruUum moîîtaJiuîn.Mmérû
ou efpece de pierre bleuâtre , tirant un peu lur le vert-
d'cau, & allez fetiiblable au lapis- la'{uli ^ ou à la pierre
Arménienne d^ Europe, Voy^^: ces mots.
Le hlcu de montagne difFcre cependant de ces fub-
ûances , parce qu'il eft plus tendre , plus léger , plus
poreux &; plus callant : en un mot , il ne peut recevoir
le poli , & fa couleur ne rëfiiîe point de même au feu.
Il ne faut pas confondre la mine de cui\Te appelée
hku de montagne , avec celle qui cfl: connue fous le nom
de mine de cuivre aiiirie ; le bleu de montagne cft tou-
jours graveleux, pierreux, fouvent lamelleux Juperfî-
cicllement , quelquefois étoile , plus communément
folide.
On trouve cette fubilance minérale en Sibérie , en
France , en Italie , en Allemagne , oL fur-tout dans le
Tirol Ôi la Saxe , près des li-ux où il y a des mines
de cuivre. On la regarde aujourd'hui comme une terre
colorée par un ocre cuivreux : quoique l'on fâche que
cette couleur bleue n'appartient pas feulement aux
mines de cuivre ; car l'expérience a appris que le fer,
furchargé d'une plus grande quantité de phlogiflique ,
donne aufîi avec Talkali minéral cette couleur : tel eil
le bleu de Friiffe ou de Berlin ; & on dit ç\\\^ les Hol-
landois Timitent , en faifant fondre du foufre , & y
mêlant du vert-de-gris pulvérifé.
On réduit cette pierre en poudre ; on la broie pour
remployer en peinture en détrem^pe ; mais ce bleu dans
la peinture à Thuile efl fujet à devenir verdâtre , tout
au contraire du bleu d'' email ^ qui efl fort vif au jour,
êc qui paroît gris aux lumières. Voye^^ Cen'DRES
BLEUES,
198 BLE B L O
Bleu d'outremer, roje^ Lapis-Lazult.
Bleu pe Prusse i^u Commerce. Ce n'eft point une
prodiiôion de la Nature , c'efl une compofition tirée
du fer divifë par un acide , & par le moyen de l'alkali
iiXQ: végétal , bien phlogiiliqué , Ôcc. M. Baunach ,
Apothicaire à P Hôpital militaire de Met^, a configné dans
le Journal de Phyjique , &c. Avril lyyS , des Obfer va-
lions chimiques llir la préparation du bku de Pmjje y
ufitée en Souabe près d'Augsbourg, dans les Fabriques
en grand. Confultez aufîi le Diclionnaire de Chimie,
Le bleu de PruJJe naturel eft un fer qui s'efl uni avec
l'alkali minéral Ôc le principe inflammable. Cette fub-
tance préparée par les mains de la Nature , eft fort rare.
BLEUET. Nom que l'on donne en Canada à V airelle.
Voyez ce mot.
Bleuet eft au/Ti le nom du martin-pêchzur y en Pro-
vence.
BLONGÎOS de SuifTe, pi. enl 113, Ardeola. Oifeau,
l'un des plus petits du genre des Hérons , & de la fec-
tion de ceux que M. de Buffon nomme crahiers , de
l'ancien Continent. C'eft le petit butor ^Edwards ; il n'efl
pas plus gros qu'an râle, 6c il habite les marais de la
SuifTe. On en dillingue deux efpeces ou variétés : la
première a le bec & les pieds d'un vert-jaunâtre , le
defTus de la tête & du corps, ainfi que les pennes des ailes
6c de la queue , d'un noir vert-brillant & un peu doré ;
le cou , le ventre , le delTus des ailes font d'un gris-
fauve ou marron : un blanc mêlé d'une légère teinte de
fauve marque le bas- ventre ; celles de la poitrine font'
cfueiqi.ipfois mêlées ou variées de grandes taches noires.
Q<tt oifeau replie fon cou , l'efface quelquefois au point .
de paroître n'en point avoir , &; que fa tête femble
pofer fur le haut de fon dos : à volonté il déploie fon
cou , & frappe de la pointe de fon bec qu'il tient fermé.
La féconde q^zc^ ou variété de blongios ell coiffée d'un
noir-verdâtre , avec des bords couleur de marron fur le
î:o\V: ; tout ion pliunage eil d'un roux plus eu moins
B L U 2ç^
foncé, n y â un hlong'ws tacheté , Ardeola nczv'ia : on
fcupçonne que.c'efl la femelle , ou un jeune de la pre-
mière efpece. Ses couleurs font moins foncées.
BLUET , Cyanus , J. Bau. 3,21; Cyanus fegetum ,
flore cœruko , C. B. Pin. 273 , Tourn. 466 ; Cyanus
^os , Dod. Pempt. 251'; Jacca fcgetum , Cmtaurea
cyanus \, Linn. 1289. Cette plante annuelle eft connue
auffi fous les noms à'aubifoin , blavéok^péroole, barbeau^
jade des blés & cajje- lunette. Elle croît communément
dans les champs , parmi les blés. Sa racine eft ligneufe
& garnie de fibres. Sa tige eft haute, d'un à deux pieds ,
anguleufe j creufe , un peu cotonneufe & branchue. Ses
feuilles inférieures font découpées profondément & f^rt
menues : les autres font longiies , entières , garnies de
nervures. Elle efl remarquable par fes fleurs terminales ,
à fleurons de différentes fortes ; ceux qui occupent le
centre de la fleur font plus petits que les autres , ^l
partagés en cinq lanières ; ceux de la circonférence
font partagés en deux lèvres. Les bluets font ordinaire-
ment d'une belle couleur bleue. On cultive cette plante
dans les jardins , où elle devient double par la culture ;
& par la femence qui efl oblongue & aigretée , on
obtient beaucoup de variétés : on efl a à fleurs blan-
ches , couleur de chair , purpurines , panachées , qui
font fort agréables à la vue par leur élégance. On
retire , par la diflillation des fleurs du bluet commun ,
une eau qui diflipe la rougeur & l'inflammation des
yeux ; comme cette eau efl bonne pour éclaircir la
vue 5 on lui a donné le nom à\au de cajje-lum'tte.
M. HalUr dit qu'on a imaginé en Angleterre de faire
une couleur de miniature bleue de fleurs de bluct .^
comim'e on l'a fait jaune avec le fafran : l'opération efî
affez difHcile ; il fiut faire une efpece de gâteau avec
les fleurons de bluet , qu'il faut fécher avec beaucoup
de précautions.
Bluet (oifeau). ^oye^ Eveque.
Il y a aufli le ferpcnt dit le bluet.
300 ^ B L U BOB
BLUETTE. Quelques-uns ont donné ce nom à h
yintade^ oifeau d'Afrique. Foye^ Pîntade.
BOA. Suivant Plme , on nommoit ainfi des ferpens
qui ëtoient fi grands que l'on trouva un enfant tout
entier dans le corps d'un de ces animaux , que l'on
avoit tué au Vatican. Lènuri dit (3^\\ç. cet événement
arriva fous le règne de l'Empereur Claude , & qu'il fe
trouve ^ quelquefois de ces ferpens dans la Calabre.
Tlim ajoute que le nom de boa venoit de ce que ces
ferpens fe nourriffoient de lait de vache ; M. Dau-
Imton doute qu'il y ait jamais eu d'aufn grands ferpens
en Italie , & il ne lui paroît pas vraifemblable que ces
grands ferpens fe nourriiïënt de lait de vache ; mais
il paroît , dit - il , que le nom de boa vient de bos^
Voyez rartidc Serpent. Le firpcnt itoufeur efl du
genre du boa. Voyez VankU Devin.
BOBA. Arbre des Moluques, dont il efl: mention
dans XHcrbkr i^Amboine. Ses fruits reffemblent affez aux:
myrobolans chebides ^ mais ils font moins anguleux ;,
l'am.ande eil d'un mauvais goût.
BOBAK ou BOBAQUE. Petit quadrupède qui fe
trouve en Pologne & dans les autres contrées du Nord ;
il reffcmble beaucoup à la marmotte par les habitudes
naturelles : il fe creufe de même un terrier qu'il garnit
de foin , & oii il paffe l'hiver , y vivant de la pro-
Vifion d'herbes feches qu'il y a amaffées en été. Soa
poil efi d'un jaune foncé. Les pieds de devant ont une
efpece de pouce ou plutôt de cinquième ongle : au
lieu que la marmotte n'a que quatre doigts , le pouce
lui manque.
On prétend que le bobak n'a que quatre dents , deux
en haut & deux en bas ; qu'on apprivoife cet animal ^
& que fes manières , alors , font des minauderies qui
font autant de plaifir que celles du fmge. Quelques-
uns ont écrit que les bohaques font des animaux her-
maphrodites ; mais cela eil plus que douteux. Ils font ^
dit- on , fi rufés , que lorfqu'ils fortent pour picorer
BOB B O D îoi
dans la plaine , il y en a un qui fait lentinelle , & qui.
au moindre bruit iiitle pour avertir les autres de ce
qu*il découvre ^ & chacun le fauve dans fon trou. Des
Auteurs placent cet animal dans le genre des Marmottes,
Voyez ce mot,
BOBART des Indes Orientales , Bohartla Indien ,,
Linn. Cette plante , qui n'efl pas rare aux environs de
Madras , eil une graniinée qui a Tafped ^ViVifoudut ou
d'un fcirpe. C'eft le Gramen Cyperoïdes Madcrafpatanum ,
capïtc l fpicLS plurimis acumïnatis in cacnmine caidis
'glomerato , Pluk. Alm.
BOBR. Ce nom qui veut dire cafior , efl donné par
les Rufles de Kamtibhatka , à la fariccvimne. Voyez
ce mot,
BOCAMELE. Nom que les Italiens donnent à une
efpece de belette , o^xAriflote a décrit fous le nom
^iitidi , & qui ne fe trouve guère qu*en Sardaigne.
EOCCA DINFERNO. Nom donné en Italie à un
météore qui paroît fouvent aux environs de Bologne y
lorfqu'il fait obfcur. Ce font des exhalaifons enflam-
mées 5 auxquelles les gens du pays attribuent la malice
de chercher à égarer les voyageurs. Les gens du peuple
en difent autant parmi nous de ce qu'on appelle ftux.
follets. Voyez ce mot.
EOCCONE , Bocconia fnitefcens , Linn. ; Boccojjia
racemofa , fpJiondilii folio tomentofo , Plum. ; ^herul'..-^
nium majiis arhoreum , fuliis qucrcinis jS\od.n. Jam. H'Pr. ;
Cocoxihuitl ^ Hern. Mex. 158. Petit arbrifïeau qui
croit naturellement au Mexique, à la Jamaïque, dans
l'I/le de Cuba & dans celle de Saint-Domingue : il
s'élève à la hauteur d'environ neuf pieds ; il a quel-
ques rapports avec les chélidoines. Son tronc eil creux
& moelleux comme celui du fireau ; toutes its par-
ties donnent un fiic jaunâtre , dont on fe fert dans le
pays pour teindre de cette couleur.
BODDART , Gohius boddarii , Palîas. Poiffon du
geî3^-e du Gçl^ie : on 4it cju'il fe trouve dans la mer de
302 B Œ T B (E U
rinde. Il eil à-peu-près de la grandeur du goujon or-
dinaire ; la tête obtule ; la membrane des ouïes d une
couleur bleue , & à quatre eu cinq rayons ; les écailles
petites 6i molles ; cinq rayons mous .1 la première
nageoire dorfale , qui ell d'un bîeu-noirâtre , tachetée
de blanc ; la féconde dorfale a vingt-cinq rayons déliés
comme d«s fils de foie , avec des lignes blanches , dif-
pofées fix à fix ; les peciorales ont chacune vingt-un
rayons; les abdominales, comme réunies en une feule,
ont en tout trente-quatre rayons ; celle de l'anus en
a vingt-cinq ; la queue efl bleuâtre & en a dix-huit.
La couleur du ventre ^{i d'un jaune pâle ; celle du
refte du corps efl ardoifce ; il y a des mouchetures de
brun &: de blanc fur la tête ; fept taches très-brunes
fur chacun des côtés.
BCETSOÎ. Nom du Rhcnm en Laponie. Foy, Rhenne.
BŒUF. Voyei à Vanick Taureau.
BcguF A BOSSE. Voyei Bison.
BcEUF d'Afrique. Voyc?^ Buffle.
Bœuf des Illinois. Voyc^ Bison.
Bœuf domestique. C'eft le taureau châtré. Voyc^
Taureau.
Bœuf gris du Mogol , de plufieurs Voyageurs.
C'eft le Nil-gaut. Fbjq ce mot.
Bœuf guerrier &: Berger. Voyc:;^ Bakeleys.
Bœuf de marais. Voyc^^ Butor.
Bœuf de mer. Voye^^ Phocas. On donne encore
le nom de bczi'f mann au lamz7itni , £: a la rah au long
bec. Voyez ces mots. A Saint-Domingue , le bœuf mann
eft Vofcahrlo?!,
Bœuf musqué. Nom donné à une variété de l'iiriis
mâle , qui fe trouve dans les parties Septentrionales
de l'Amérique , ùL qui eit le hlfm du Canada» Voyez.
Bison & Ùrus.
Bœuf sauvage. Voyc?^ à tanicU Taureau. A
l'égard de l'animal appelé le ptrc aux hœrfs des Sau^^
vagjs du Canada^ Voyez à Varùck M AMANT,
B O G B O H 303
BOGGO ou BoOGOO. Nom donné par les Nègres
de la Côte d'Or au mandrill^ grande efpece de babouin.
Voyez Mandrill.
BOGUE , Spams hoops , Linn. ; Boga , fur les bords
de la Méditerranée ; il eft abondant dans la mer de
Tofcane. Ce poiiTon eft du genre du Spare. Sa lon-
gueur efl: à-peu-près d'un pied ; le corps eil long ,
effilé, un peu cylindrique; la tête courte; les yeux
très-grands ; les iris argentés ; la gueule médiocre ;
les dents petites ; la langue aiguë ; la ligne latérale
large & brune. La nageoire doriale a vingt -neuf à
trente rayons , dont les quinze premiers iont épineux ;
celle de l'anus a trente rayons. Les écailles font aflez
grandes fur le dos , & de couleur changeante d olivâtre
en jaune brillant ; le ventre efl de couleur blanche
argentée. On remarque fur les parties latérales de fon
corps de légers traits , qui régnent de la tête à la
queue , fur quatre lignes de chaque côté , dont les uns
femblent être dorés , les autres argentés.
On mange de ces poifTons en Italie : leur chair eil
faine , d'un goût agréable , ôc convient aux eilomacs
les plus délicais.
BOHON-UPAS. Nom d'un arbre qui croît dans
rifle de Java , &: qui paroît être du genre de Vj-Jkczial,
Voyez ce mot. On l'appelle arhn-polfon , par excellence ;
on prétend qu'il n'y a point de poifon plus fubtil de
plus dangereux que Tefp^ce de gomme qui tranlTude à
travers le bois & Técorce du bohon-upas , & que fes
vapeurs détruifent tout ce. qui a vie à trois ou quatre
lieues à la ronde ; on afliu*e que le Mataram ou Em^r
pereur de l'îfle , le fait recueillir par les criminels
condamnés à mort. La plupart y périment ; mais quel-
ques-uns en reviennent , & obtiennent alors leur grâce.
Le Prince pourvoit même à leurs befoins pendant le
s:ell:e de leurs jours. Ainli dans l'efpoir de conferver Ici
vie , ils ne balancent point à fe charger de ceîtt com-
mifîlon périlleufe. Us ont foin de prendre le vent , &
304 B O I
recueillent la gomme cans une boîte d'argent ou
d'ccaillc de tortue. ( în aiiiire qu'il en revient à peine
lin fur dix. On tren-oe dans ce poil on la pointe de
toutes les armes. Il f-iut en convenir , fi le bohon-upas
exifloit dans un Rovaume d'Europe, il Icroit bientôt
détruit ; mais le Mataram de Jctva le conlerve avec
foin comme un don prccivux de la Providence. Con-
fuhez Journ, géucr. de Franc, x\^ 74; ëc Journ. dt
Paris , n.*^ ^39 9 d'après les Mélanges de Littérature
étrangère ^ torn. i.^' , 17^5- ^oye?^ ÎPPO.
BOICININGUA de Marcgrave ; ou BoiQUiRA des
Brafiliens , Crotalus horridus , Linn. ; Serpzns crotalo-
phora , feu Viper a caudifona , Amcricana , Seba. (Je
ferpént du genre de ceux à quew: formante ou à chaî-
nons , eft comm.un aux deux Indes , & particidicre-
ment dans les Occidentales ; il eil très-clangereux par
fon poifon , & communément déîagréable par fon
odcur. C'efl le cafcavel des Portugais , & le tojigcdor
des Efpagnols.
. Ce ferpent , qui eft du premier genre , n'a guère
plus de fix à huit pieds de longueur , &: efî quelque-
fois de la grolïeur du bras. On en voit deux de cette
taille dans le Cabinet de Chantilly. Sa tête efl plate
en delTus , étroite ou ovale fur le devant , ëc s'élargit
en arrière vers le coros : les narines rondes , creuies
& très-près de la gueule ; fes yeux font étincelans ,
d'un brun foncé , & pouvant , comm.e les chats , con-
centrer la lumière dans fes yeux au moyen de deux
tuniques qui s'approchent l'une de l'autre ; fa langue
efî noire , flexible , fourchue en devant , & comme
renfermée dans une gaîne au fond de la gueule. Le
defTus de la tête de ce ferpent eil joliment figuré de
raies noires tranfverles & latérales , de la même cou-
leur de celies du cou qui font au nombre de deux.
Son dos ert peint de taches d'un brun-noir , difpofées
fur une' ligne longitudinale , & dont chacune efl bordée
de blanchâtre. Les éc^iUçç qui garaiffçnt Iç deifiis du
corps
B O I 30f
corps font d\ine couleur cendrée-jaunâtre ; les grandes
plaques de l'abdomen font d'un jaune plus clair ; on
en compte cent ibixante-fept fur cette même partie ,
& vingt-trois fur la furface inférieure de la queue ;
ces dtriiieres font comme blanchâtres.
Sa cafcabdk ou crefcerelU ou fonnette eft placée à
l'extrémité de la queue ; c'efl: un affemblage d'anneaux
d'une fubUance de corne très-mince , fonores , emboîtés
les uns dans les autres , &: attachés à un mufcle de la
dernière vertèbre de cet animal. Chaque articulation
efl mobile ^ & , félon M. Vofmaèr , intérieurement
compofée de trois offelets qui tiennent lun à l'autre
d'une manière admirable. Marcgrave dit que l'on con-*
ncît l'âge de ce ferpent par le nombre des grelots ou
offelets de fa fonnette, parce qu'il hii en croît un tous
les ans. Q/wt a?inos ferpens , tôt kabet annulas cupita-^
cultim hoc, La Nature a voulu que ce dangereux animal
ne pût cacher fa marche ; car il ne peut fe remuer fans
faire entendre fa fonnette.
Ce ferpent rampe avec tant de vîteffe fur les ro-
chers , que les Mexicains lui ont donné le nom âicca-^
coati , qui lignifie le vent. Sur terre il marche plus len-
tement , & même la lenteur de fa courfe ne Iid permet
pas de pouvoir y pourfuivre les hommes ; mais fa ra-
pidité , dit-on , efî extrême fur l'eau , où , quand il
nage, il reffemble exaftement à une longue vefîie. Il
y a autant de danger à l'attaquer fur cet élément ,
qu'il y a d'imprudence de refier fur le tillac dès petits
vaifTeaux , quand il nage auprès : il s'y lance avec tant
de vîtelTe , qu'il n'eil plus pofîible d'éviter fes morfures.
On prétend que ce reptile , l'un des plus dangereux
qu'il y ait , n'efl furieux & terrible que lorfqu'il pleut ,
ou qu'il efl tourmenté par la faim. Alors il pouffe des
fifUemens qui tiennent beaucoup du bruit que font les
cigales. Les écailles dont il efl couvert font articulées fi
librement , qu'il peut les drefTer & même les faire
bruire , lorfqu'il efl en ÇQlere. Suivant les obfervations
Tonii IL ' V.
3o6 B O I
(le M. Kalm , de l'Acadëmie de Suéde , la mâchoire de
ce ferpent eft garnie de quantité de dents canines , fur-
tout la mâchoire fupérieure , où Ton obfcrve de phis
deux longues dents crochues & aiguës , cachées dans
une efpece de fourreau , d'où Fanimal les fait fortir
lorfqu'il veut mordre. ( La forme , tant des dents ve-
nimeufes que des autres , ainfi que celle de toute la
xkX!^ diflequée , eil parfaitement repréfentée & décrite
par le Bocleur Mèad. Voyez Meckanical Account of
Polfons , Lond. iy4y.') Les Indiens difent qu'on voit
fou vent \(i ferpent à fonmtte entortillé autour d'un arbre,
les yeux fixés en haut fur quelque écureuil , qui ,
après avoir manifefté fa frayeur par fes cris & fou
agitation , tombe enfin au pied de l'arbre , & eil dévoré
fur le champ. M. Vofmdèr qui a fait à la Haye de nou-
velles expériences fur les effets mortels de la morfure
d'un boiciningua qu'il avoit en vie , dit que les animaux
qu'on lui jetoit dans fa cage, oifeaux , fouris , témoi-
gnoient une grande frayeur de ce reptile ; d'abord ils
cherchoient à fe tapir dans un coin , enfuite ils cou-
roient comme faifis des angoiïTes de la mort , à la
rencontre de leur ennemi qui ne celToit de fonner de
fa queue. Watfon décrit fort agréablement cette faculté
attra£live , ce charme invincible qu'on attribue aux
hoiclningnas quand ils regardent fixement leur proie , &:
au moyen de laquelle tous les animaux devroient
comme accourir , ou tomber d'eux-mêmes dans leur
gueule béante.
Ces ferpens fe raflTemblent tous aux approches de
l'hiver, & pafTent cette faifon enfévelis fous terre ou
dans les fentes des rochers , ^ ne reparoiiTent qu'au
printemps. Les Indiens faififfent ce temps , oii ils font
fbibles & encore engourdis , pour les détruire. Des
Nègres ou Efclaves qui favent les furprendre quand
ils font entortillés , ou , comme ils difent , endormis ,
les faififfent très-promptement près de la tête ; le fer-
pent veut fe débattre autour du bras , mais fes mou-
B O I 307
Vemens font infniûiieiix. C'eft ainfl qu'on les prend
en vie. De tous les ferpens qui crcilTent dans l'Amé-
rique Septentrionale , le boidningua qui s'y trouve
aufîi , eft celui qui franchit le plus grand elpace ; ce-
pendant cet efpace ne s'ct^nd jamais au-delà de la
moitié de fon corps. Se replier en cercle , s'appuyer
fur fa queue , s'élancer fur fa proie , la bleffer & fe
retirer , n'cfl: pour lui qu'un niflant. On a cru remar-
quer que le bruit de leurs grelots eft autant l'effet de
la crainte que de la colère, & leur fert auffi pour
appeler leurs femelles au temps de l'accouplement.
Ces ferpens ne pondent pas un aulîi grand nombre
d'œufs que les autres ; par conféquent ils ne multi-
plient pas tant ; mais en échange ils vivent plufieurs
années. Les Indiens en mangent la chair , qu'ils trou-
vent très-bonne ; miais qui , à ce qu'on affure , devient
un poilon lorfque l'animal s'efl mordu , comme il lui
arrive quelquefois dans fa fureur.
Dans les Trarifacîions Phllnfopliiqms , l'on trouve une
ample diiiertation renfermant plufieurs expériences que
le Capitaine Hall a faites dans la Caroline , touchant
les effets de la morfure du boidningua fur divers ani-
maux. Il fit attacher à un piquet im de ces Jcrpms à
fomizcu , long d'environ quatre pieds. Trois chiens en
furent mordus. Le premier en mourut en moins d'un
quart de minute. Le fécond, mordu peu de temps après ,
mourut au bout de deux heures dans des convulfions.
Le îrcifieme , mordu une demi-heure après , fubit l'effet
vifible du v^nin au bout de trois heures feulement.
Quatre jours après une femblable expérience, mourut
un chitn en une demi- minute , &: un autre enfuite
dans quatre minutes. Un chat fat trouvé mort le len-
demiain. Huit jours après une grenouille mordue mourut
en deux minutes , & un poulet de trois mois , dans
trois minutes. Quelque temps après on mit auprès de
ce hoiciningua un ferpent commun blanc , fain & vi-
goureux ; ils fe mordirent l'un l'autre. Ce fervent à
Y %
3cS B O I
formtu répandit mcme quelques gouttes de lang ,
néanmoins le ferpent blanc mourut en moins de huit
minutes , & l'autre ne donna aucun figne de maladie.
On agita affez le boklningua pour le forcer à fe mordre
lui-même , ce qui réuffit, &; en moins de douze m.inutes
il mourut. Ceci nous paroît fort furprenant ; feroit-ce
l'efT^-t d'un excès de colère ?
Le poifon de ce ferpent à formate eft fi violent qu'il
réduit la perfonne qui en a été mordue dans l'état le
plus fâcheux : il furvient une enflure générale ; la bou-
che s'enfiamme , & ne peut contenir le volume de la
langue , tant elle efl enflée. Une foif dévorante accable
le malade : s'il boit , il ell perdu ; la plus petite goutte
d'eau hâte fa mort , & re:'oubîe \q.s tourmens de fon
agonie. Parmi ceux qui , bleffés par le hckiningua , ont
le bonheur de guérir , il n'y en a aucun qui ne porte
toute fa vie les marques de fon trifte accident. Les uns
reftent jaunes , ou gardent jnfqu'a la mort des taches
qui confondent leurs traits. Ceux qui paroident parfai-
iement guéris reffentent , pendant \me ou à^ux années ,
auili vivement que les premiers jours qu'ils ont été
mordus , de violentes doukurs , accompagnées d'en-
flure. Le remède le plus préfent contre la mcrfure de
ce frpmt , dont faffent ufage les Américains , eft d'en
écrafer la tête , dont ils font un emplâtre. D'autres
fois ils appliquent fur la plaie , après l'avoir fcarifîée ,
la racine d'une plante qu'ils cip^QWent fanguine du nom
de la couleur rouge de (on fuc.
La racine de collinfonia ( de vipérine ) , ainfî que
quelques autres , eft très-Ci^icace. L'huile d'ohve , le
beurre , appliqués fur la blefïïire & pris intérieure-
ment 5 font 5 de même que le fel commam , du nombre
des remèdes indiqués par M. Kalm,
Quelque dangereux que foit ce reptile , un afTez
léger coup de baguette frappé fur fon dos , le fait
mourir incontinent. Les fignes de mort font fouvent
équivoques dans les autres efpeces de ferpens ; mais
B O I 309
par le filence de la fonnette de celui-ci , on ed fur
qu'il ne refpire plus. Les animaux les plus féroces
tremblent à leur tour devant d autres animaux ; lennemi
le plus cruel de et ferpcnt , eil le cGchon-marron , qui
le recherche & le dévore avec avidité fans en être in-
commodé. AufTi , lorfqu'on veut cultiver un champ
occupé par ces reptiles , commence-t-on par y renfer-
mer des cochons-marrons. Voyez le Journal Encyclopédie
que ^ Oci. iy62. Nous préfumons que la gralfVe qui eil
un corps infenfible , & dont l'arrangement eft bien diffé-
rent chez le porc que chez les autres animaux , eft un
moyen pour que la morfure du boiclningua n altère que
peu ou point Tefpece du cochon. On a encore obfervé
que par- tout oii croît le pouliot fauvage , on didlame
de Virginie , on ne voit point de bolcininî^ua , & 1 on
prétend que , quand ce ferpcnt mord , il s'engourdit
pour quelques momtns, P^oye^ maintenant l article T^r-
pent àfcnncm.
BOÎCUAiB A. Serpent du pays des Incas , long d'envi-
ron vingt pieds , noir dans la moitié antérieure de ion
corps , (k jaunâtre dans le refle. Cet animal fait une
guerre perpétuelle aux autres ferpens & les dévore ,
fur-tout une efpece Aq fcrpent àfonnate. Il n'en con-
trarie pour cela aucun venin dans fa chair ^ puifque
les Indiens le mangent , dit-on , fans crainte.
BOIGA , Cohiher ahc^tulla , Linn. Serpent qui fe
trouve en Afie & en Amérique ; il efl du troifieme
genre. Le tronc eft plus long de moitié que la queue ;
fa groifeur , vers la tête , furpaife à j)eine celle d'u.ne
plume d'oie , & elle eil: égale à celle d'une plume de
cygne , à l'endroit de fa plus grande largeur.
Le hoiga a la tête garnie de neuf écailles difpofées
par paires , excepté qu'entre les yeux il y en a trois :
celles de la féconde & de la dernière paire font plus
grandes que les autres. Les narines très-petites & arron-
dies. Les écailles ont toute leur furface lifTe , leur fom-
met fans divifion, ôcjie font relevées par aucune arête^
310 B O I B O J
L abdomen eft recouvert par cent foixantr-deu?: gran-
des plaques , qui forment fur cette partie de légères
faillies anguleufes. La queue , qui eil: très-déliée , eft
garnie par-defTous de cent cinquante paires de petites
plaques. La mâchoire fupéricure tû blanche, & le defTus
de la tête bleuâtre ; ces deux couleurs font féparées par
une ligne noire qui s'étend derrière les yeux. L abdo-
men eft d'une teinte branche ; la couleur du dos ,
notamment celle de la partie volline de la tête , efl
ci 'un vrrt-bleuâtre , avec une ligne blanchâtre , qui la
traverfe longitudinalement. Le bord des écailles efl noir,
fur-tout vers leur fom.met. Toutes ces bordures for-
ment i ne efpece de réfeu ,dont l'efîeî efl: t-ès-agréa-
ble à la vue , & font fortr la couleur principale ,
en forte que le dos de ce ferp..r2tpRroh moucheté d'une
multitude de taches rhombcïda'es , verdâtres , difpofées
dans un ordre régulier. On a obfervé que les reflets
de la lumière dv fokil fur la couleur du hoiga , lui
donnoient im éclat; femblable n celui de l'or.
^ BOIGUACU. Fojei Ibjbcboca.
BOJOBI , Boa can'ina , Lnn. ; Serpens ornatlffima ,
^Amhoinmjîs^ Boiguatrar:? diUa , Seba Muf. i, t. 8i,
f, I ; Serpens Bojobi ^ Brajilienjïs ^ id. t. 96 , f. 2.
Le ferpent défigné par la première phraie de Seba^
efl du deuxième gtnre , ainfi que l'autre variété. Il
fe trouve à Amboine 6c à Ceylan : il a le regard
affreux , les lèvres épaifTes &: pendantes , les dents
pointues , cachées dans im fourreau qui s'enfonce
dans la mâchoire , & qui efl couvert d'une enveloppe
membraneufe. Les lèvres font bordées de grandes
écailles , relevées en boffe , ôc d'un rouge pâle. Les
yeux font enflammés ; le deffus du corps efl orangé ,
luiiant , parfemé de taches d'un jaun3 c'air , avec \m^
bordure d'un rouge foncé. Ces taches courent en ftr-
pentant fur le dos , & tout cet affortiment de cou-
leurs , diverfement nuancées , produit un effet agréable
a la vue.
B O I îii
Le ferpent défigné par la féconde phrafe de Seba ,
fe trouvée au Bréiil &. dans d'autres pays de l' Amé-
rique ; il reffemble au précédent , excepté que le fond
de fa couleur eft le vert de mer , au lieu de l'orangé.
On aiuire que les hojohïs entrent quelquefois dans les
maifons , où ils ne nuifent à perfonne ; mais fi on les
irrite , ils font des morfures dangereufes , non par le
venin qu'ils infmuent dans la plaie , comme quelques
Auteurs l'ont avancé , mais en déchirant la partie
mordue avec leurs dents fines & acérées , ce qui pro-
duit une inflammation qui efl fuivie de la mort , (i l'on
ne remédie promptement au mal.
Linnœus dit que dans cette efpece , le delTous de îa
queue eil garni de foixante-dix-fept plaques , & l'ab-
domen ell recouvert par deux cents trois grandes pla-
ques. Foye^ maintenant Y article GuiMPE.
BOIQUiRA. Foyci Boiciiningua.
BOIS. Ce teim.e a deux grandes acceptions : ou il
fe prend pour un grand canton de terre planté d'ar-
bres (^fylva ) propres à la conilrudion des édifices ,
au charronnage , au fciage , au chauffage , &c. , ou
pour cette matière dure que nous fournit l'intérieur
êiQS arbres & arbriifeaux.
Le bois proprement dit ( lignum ) , varie en pefan-
téur , en denlité , en dureté dans les divers arbres ,
& même dans les mêmes efpeces d'arbres qui ont crû
dans diiFérens terrains , ou dans des climats difFérens.
La denfité du bois a toujours un rapport avec le temps
de fon accroilTement : les arbres qui croifTent le plus
lentement ont le bois le plus dur , au contraire des
autres. Les couches ligneufes commencent d'abord
par être molles & tendres avant d'acquérir la folidité
qu'elles ne prennent que peu-à-peu ; & comme elles
s'appliquent extérieurement les unes fur les autres ^
il s'enfuit que les intérieures , dans im arbre bien fain ,
font plus dures & plus colorées que les extérieures ,
& ont leurs fibres plus reiTerrées : ce font ces couches
V 4
3IÎ B o r
intérieures que l'on appelle bois\ les couches exterietî-
res , qui font plus tendres 6l communément d'une
couleur différente , s'appellent aubUr ; ainfi Vuubicr n'efl
lui-même qu'un bois nouveau , fort imparfait , qui n'a
pas encore acquis toute fa folidité ; mais qui en eft
iufceptible , comme on le verra ci-après. V aubier n'efl
bien diftindt que dans les bois durs , comme Vibcne ,
le ^ayac , la grenadille , même le chêne 6c le pin , &c.
Dans les arbres mous au contraire , qui ne peuvent
pas prendre beaucoup de folidité , tels que le til/eul ,
le bouleau , Xaune , le ceiba , le baobab , &c. , il n'y a pas
à^ aubier , ou , pour mieux dire , il n'y a pas de bois ,
parce que le corps îigneiuc refle toujours dans fon pre-
mier état à! aubier ^ fans jamais fe durcir. C'ell cet au-
bier qu attaquent & rongent les infedes qui s'y logent
& s'en nourrilTent. Les arbres vigoureux ont plus cl au-
bier y mais en moindre nombre de couches , que ceux
(jui languifTent. Le chêne a communément depuis fept
jufqu'à vingt-cinq de ces couches, quife rejettent dans
l'emploi que l'on fait de ce bois pour la menuiferie.
La nature différenie des bo!s , dont les uns fe con-
fer/ent mieux dans Peau , d'autres dans l'air , les rend
propres à divers ufages. Il y en a qui font fufceptibles
d'un beau poli 6c d'une grande divisibilité , ainfi qu'on
le voit dans les ouvrages de placage. Plus ks bois ont
de dureté , de folidité , meilleurs ils font pour toutes
fortes d'ouvrages , 6c fur-tout pour le pilotage 6c la
menuiferie. Les Allemands , chez qui les Hollandois
vont chercher leurs bois de menuiferie , ont un fecret
bien fimple pour leur procurer ces qualités. Au prin-
temps , lorfque la fève monte en abondance , on enlevé
l'écorce qui fe détache très -facilement , 6c on les
laiffe fur pied ainii pendant toute l'année. Le prin-
temps fuivant ils pouffent encore quelques bourgeons ,
des feuilles, des fleurs 6c même des fruits (la féconde
année il ne paroîtroit point de fruits) : 6c lors de
la faifon de la coupe on abat ces arbres, qui poiir
B O I 315
lors fourniffent un bols bien meilleur par îa durée.
Suivant les expériences qu'a faites M. de Buffon ,
V aubier de l'arbre ainfi écorcé & laiffë fur pied , devient
auili dur que le cœur , il augmente de force & d'in-
tenfité ; par conféquent cet aubier , qui auroit été
perdu , devient propre à être travaillé comme le reile
du bois , & n'eft point alors plus fujet que lui à la
piqûre des vers.
La connoifîance de la force des bois , auxquels on
fait fupporter tous les jours des fardeaux énormes ,
étant un objet important d'utilité , a mérité l'attention
des yeux philofophiques du favant Académicien que
nous venons de citer. Il a fait fur ce lujet un très-
grand nombre d'expériences , dont on peut voir un
ample détail dans les Mémoires de P Académie, Suivant
{qs obfervations , la force du bois n'ed pas propor-
tionnelle à fon volum.e : une pièce , double pour la
groffeur d'une autre d'égale longueur , eft beaucoup
plus du double plus forte. Le bois de même nature,
qui dans le même terrain a crû le plus vite , eft le
plus fort ; celui qui a crû plus lentement , dont les
cercles annuels font plus m^inces ^ eil moins fort. La
force du bois eft proportionnelle à fa pefanteur. De deux
pièces de mêm.e groffeur & longueur, la plus pefante
eft la plus forte , à-peu-près dans la même proportion
qu'elle ell plus pelante. Une pièce de bois chargée
llmplement des deux tiers du poids capable de la taire
rompre, ne rompt pas d'abord, mais bien au bout
d'un certain temps. Il réfulte de ces ingénieufes expé-
riences , que dans un bâtiment qui doit durer long-
temps , il ne faut donner au bois tout au plus que la
moitié de la charge qui peut le faire rompre.
Dans certaines contrées oii le travail du fer eft encore
inconnu , les Nègres , quoique les moins ingénieux de
tous les hommes , ont néanmoins imaginé , dit
M. de Buffon , ( Hiji, Natur, des Miner, ) de tremper
le bois dans rhiiile ou dans des grailles , dont ils le
314 ^. ^ f
laiHent s'imbiber , enfuite ils l'enveloppent avec cîe
grandes teuilles , comme celles du hanankr , & mettent
fous de la cendre chaude , les inftrumens de hoïs qu'ils
veulent rendre tranchans; la chaleur fait ouvrir les
pores du hoïs qui s'imbibe encore plus de ç^XXt graifle,
& lorfqu'il eft refroidi , il paroît liffe j fec & luifant ,
& il ert devenu fi dur qu'il tranche & perce comme
une arme de fer : des zagaies de bois dur & trempé
de cette façon , lancées contre des arbres à la diflance
de quarante pieds , y entrent de trois ou quatre pouces ,
& pourroient travcrfer le corps d'un homme ; leurs
haches de bois , trempées de même , tranchent tous les
autres bois. On fait d'ailleurs , continue M. de Biiffon,
qu'on fait durcir le bois en le paifant au feu , qui
lui enlevé l'humidité qui caufe en partie fa mollefle ;
ainfi y dans cette trempe , à la graifle ou à l'huile ,
fous la cendre chaude , on ne fait que fubftituer aux
parties aqueufcs du bols une ful^flance qui lui elî plus
analogue & qui en rapproche les fibres de plus près.
Il convient de citer ici une expérience de M. Faggot^
de Suéde, qui prouve que le bois ^ lorfqu'il eft im-
prégné d'alun , n'eil plus inflammable : ce moyen fur
pour garantir les bois de charpente de l'aftion à\i feu »
coniifle à les faire féjourner quelque temps dans une
eau qui a diffous ou du vitriol ou de l'alun , ou même
un autre fel qui ne foit point chargé de parties in-
flammables ; par ce même procédé . on garantit le
kfis de la pourriture , fur-tout û , après l'imprégnation ^
on enduit ce bois de goudron ou de peinture. M. Salberg
prétend que du bois qui auroit été trempé dans un
limple bain de vitriol , ne feroit point infeâé d'in-
l'eftes , que les punaifes n'y logeroient point , & que
la graine des champignons n'y germeroit jamais. Mémoires
de Stockholm , tom. i , 1 740. Confultez aulTi le Mcm,oire
fur les diverfes méthodes inventées jufqiià préfent pour
garantir d"" incendie les édifices en bois , par M. /'Abbé
]\î:uin 5 Journ, de PhyJ\ Ociobr: lyjS , & Avril \yy.^*
B O I 3i,ï
Ce Mémoire expofe aiiiTi des vues & des procédés
miles , par deux illuflres Anglois ( M. Hartky & iMilord
Mahon, ) Ces hommes méritent par leurs inventions ,
non-feulement , dit M. VAbbé Mann , la reconnoiffance
de leurs Concitoyens & de leur fiecle , mais aufïi de
toutes les Nations & de la Poflérité.
Quel objet plus intéreffant que la confervatiou des
hoïs ou forêts qui nous relient , & le renouvellement
de ceux qui font détruits en partie ! Auiîi ÎVÎ. de Buffon
en a-t-il fait le fujet de fes expériences. Il eft d ufage
de conferver dans les coupes des hois , des baliveaux
que l'expérience déjà trop longu^î montre être d'une
mauvaife qualité. De plus , fuivant \ts obfervations
de M. dt BiiffoTî , ils font beaucoup de tort aux taillis.
Dans deux cantons voifms de bols taillis , placés à la
même expofition dans un terrain femblable, la gelée
a fait im ii grand tort à un bois taillis fur chargé de
baliveaux de quatre coupes, qu'il a été devancé de
cinq ans fur douze par les bcis taillis voifms , où il
n'y avoit que les baliveaux de la coupe actuelle : eifet
pernicieux , qu'on ne peut attribuer qu'à l'ombre &
à l'humidité occafionée par les baliveaux. On ne
doit pas compter fur les glands que fourniffent les
baliveaux pour regarnir les bcis ; car , de cette grande
quantité qui en tombe , à peine en leve-t-il quelques-
ims. Le défaut d'air , les eaux qui dégouttent des arbres ,
la gelée qui eft plus vive à la furFace de la terre ,
tous ces obfl:acles réunis détruifent le plant dans fa
naiflance. Si l'on voit quelques arbres de brin dans les
taillis , ils ne viennent que de graine , car le chêne ne
multiplie pas de rejetons, & ne pouile pas de la racine;
il efl à remarquer que ces arbres de brin étant éloignés
des baliveaux , ne doivent leur naifiance qu'à des
geais , mailots ou autres animaux , qui y ayant apporté
ces grains pour leur nourriture , les y ont laiffés.
La manière de tirer d'un taillis tout l'avantage Se
tout le profit pciTible , ^n'eil pas la méthode ordinaire
3t6 B O I
de mettre les taillis en coupe réglée ; méthode quï
fans cloute doit ia faveur à fa grande commodité.
Pour la coupe des bois , il faut avoir égard à la na-
ture du terrain ; on gagne à attendre dans les bons
terrains ; m.ais il faut les couper fort jeunes dans les
terrains où il n'y a pas de fond. Il ^^i effentiel d'ob-
ferver que, dans les premières années, le bois croît
toujours de plus en plus ; que la produdtion d'une
année farpaffe celle de l'autre , julqu'à ce que , par-
venu à un certain âge, fon accroiilément diminue.
L'économe doit donc faifir ce point , ce maximum ,.
pour tirer de fon bois tout le proht polTible. Un arbre
entre en retour , fuivant M. Duhamel , quand les
feuilles de fa cime jauniiTent &: tombent de bonne
heure en automne; quand une partie de l'écorce fe
deifeche & fe détache, ou qu'elle fe fépare de dif-
tance en diflance par des gerçures qui fe font en tra-
vers. Ces marques de vieille fie ou ces progrès de dé-
périfTement, s'offrent encore dans les arbres qui fe
couronnent , c'efi-à-dire , quand il meurt quelques
branches du haut, figne infaillible que le bois du
centre s'altère , fe dégrade conlidérablernent. Nous
avons configné à l'article arbre , les différentes mala-
dies des végétaux.
L'expérience a encore appris à M. de Buffon^ que
le foin que l'on prend de nettoyer & de bien cultiver
le terrain oii l'on veut faire des femis ou plantations ,
eft plus nuifible que profitable ; ordinairement , dit-il ,
on dépenfe pour acquérir ; ici la dépenfe nuit à l'ac-
quifition. La meilleure manière de réuiTir à faire croître
du bois dans toutes fortes de terrains eil: d'y femer des
épines , des buiifons ; & par une culture d'un ou deux
ans , d'amener le terrain à l'état d'une non-culture
de trente ans. Tous ces buiilbns font autant d'abris
qui garantiffent les jeunes plantes , bru'ent la force
du vent , diminuent celle de la gelée , & les défen-
dent contre l'intempérie des faifons. Un terrain ccii-
B O I 317
vert de bruyères eil un bois à moitié fait, & qui
peut-être a dix ans d'avance fur un terrain net & bien
cultivé. On peut femer dans certaines terres de l'avoine
avec les glands , elle garantit le plant dans fon enfance.
Dans les deux premières années , l'accroiffement
du plant va toujours en augmentant ; mais le plus
fouvent dès la troilieme il va en diminuant, à il
continueroit de fuite d?;ns les années fuivantes ; il faut
faifir cet infiant pour couper le jeune plant jufqu'au-
pres de terre, fur-tout dans les terres fortes. L'arbre
étant ainfi coupé , toute la fève fe porte aux raci-
nes , en développe les germes ; de tendres &: her-
bacées qu'elles étoient , elles deviennent fortes , & pé-
nètrent dans le terrain ; il fe forme une grande quan-
tité de chevelus , d'où partent autant de fuçoirs ; l'arbre
pompe abondamment des fucs nourriiTiers ; &. dès la
première année , il donne un jet plus vigoureux &
plus élevé que ne l'étoit l'ancienne tige de trois
ans. Par cette méthode facile &: peu coûteufe , on fup-
plée aux labours , & on accélère de pluiieurs années
le fuccès d'une plantation. Lorfque les jeunes plants
ont été gelés , le vrai moyen de les rétablir , eil de
les couper de même ; on facrifie trois ans , pour n'en
pas perdre dix ou douze.
Pour tirer aufîi tout l'avantage poflible d'un ter-
rain , il faut entremêler les arbres qui tirent leur nour-
riture du fond de la terre, avec ceux qui la tirent
de la fiu-facc ; c'eil-à-dire , il faut mêler les arbres à
racine pivotante avec ceux à racine traçante. On doit
auiîi confulter la nature du terrain , pour diflinguer
i'efpece de plant qui lui convient. On trouvera ces
détails iniportans dans les Mémoires donnés par M. de^
Buffon , & inférés dans ceux de VAcadémU dès Sciences ,
années ij^)^ & '73£)' Voyez aufîi les mots FORÊT
& Taillis.
Quant à la manière dont le hois fe forme & fe
développe , Foye^ Arbre. Nous parlerons ci-après
3i8 B O I
cies arbres dont le nom vulgaire commence par le mot
bois.
Bois. En Zoologie ou dans l'Hifloire Naturelle
des animaux , on appelle bois cette prcdudion qui
croît en manière de cerne rameufe &: s'é eve fur la
tête de plulieurs efpeces d'animaux fauvages : tels fortt
le cerf ^ le daim ^ le chevreuil ^ Vélan^ le rhcnnc , &c.
Voyc:;^ maintenant r article CORNE.
Bois AGATIFîÉ. Voyci à r article PÉTRIFICATIONS.
Bois d'Agouty eu bois lézard. Aux îfles Fran-
çoiles , l'on a donné ce nom à un arbre affez grand
hc mal-fait , dont le fruit , qui eft comme une petite
noifette , fert quelquefois de nourriture au petit ani-
mal nommé agouty. Voyez ce mot. On prétend que
cet arbre tire fon nom de celui de Vagouty , animal qui
a coutume de fe loger dans fon tronc qui eil fouvent
creux. Le bois de cet arbre , qui eft Vyattouhai des
Caraïbes dure long-temps en terre. Il eit employé
dans quelques ouvrages de charpente.
Bois d'Agra. Voyei Agra.
Bois d'Agi;illa. Foyc^ Fimpi.
Bois d'Aigle. Voye^^ à Vartide Bois d'AloAs.
Bois d'Ain on. Nom d'un grand arbre de Saint-
Domingue ; il le plaît dans les endroits marécageux;
fa tige eil: ailez élevée , un peu crochue , crcvafiee ,
de couleur cendrée. Son bois fendant , blanchâtre ; fes
feuilles qui font longues de fix à fept pouces & larges
de trois , croiiTent à l'extrémité des branches rangées
par paire fur une côte qui cil toujours terminée
par une impaire ; elles font pointues , d'un vert
pâle en deffous , d'un vert foncé & luifant en deiïïis.
Le bols d\ùnon s'emploie dans les ouvrages de char-
ronnage.
Bois d'Alors , Lignum Aloes^ autXiloaloes,feu Agd-
lochum.. C'efî: le bois d'un ?rbre étranger & oui efl afifo"
lument différent de la plante dont on i étire le fuc
Valois purgatif, fi ufité dans les boutiques. Les ca/ac-
B O I 319
teres botaniques de l'arbre à bois d'aloh ne font pas
encore bien connus.
On diilingue trois efpeces de bois d'aloes. La pre-
mière eil le calamhac dis Indiens ou tambac ^ nommé
en latin Agallochum prœjlandjjîmum , Bauh. Pin. 393 ;
Calambac Indorum , Kmarn Cochinchincnjiiim , Suk-
kiang Simnjium , Dal. ; Sokio , G. Camell. C'efc un
bois gras , réfuieux , noirâtre , veiné de grifâtre , fo-
lide 5 peiant ^ dont des parties cèdent en quelque forte
fous les dents comme la cire. Il a une faveur un peu
amere & une odeur très-aromatique : il fe fond fur
les charbons comme la réfme , & répand une odeur
des plusfuaves; auffi efl-il très -recherché dans l'Inde,
fur-tout par les Grands de la Chine , du Mogol & du
Japon , où il fe vend prefque au poids de l'or. Les
Chinois en brûlent dans leurs Temples. Lorfqu'ils
veulent recevoir une perfonne avec magnificence ,
& qu'ils veulent faire des feflins fomptueux , ils font
mettre Mes petits morceaux de ce bois de fenteur
dans des cafîblettes , dont l'odeur fuave embaume les
appartemens , quand on les approche des perfonnes
qu'on veut honorer ; ces cafîolettes font couvertes
d'une grande toilette de foie , pouY qu'elles ne per-
dent rien de leur parfum , qui, outre fon odeur agréa-
ble , a , dit-on , la propriété de fortifier le cerveau ^
le cœur ôc l'eflomac , de ranimer les efprits , chalTer
le mauvais air , & réfifler au venin. Ce bois eft fi
précieux & fi recherché dans ces pays , qu'il n'en
vient prefque point ici. Les Grands du pays s'en
font faire des poignées de fabre , &. divers pedts
ouvrages.
La féconde efpece de bols £aloh , & qui eil celle
que l'on trouve dans les boutiques , Agallochiim officia
narum , ligmim Aloes vulgarc ; Tchin-kiang Simnjium ;
Tkim-hio , nous efl apportée en morceaux de diverfes
grolTcurs , pefans , d'un rouge-brun , parfem.és de lignes
réfmeufes 6c noirâtres , remplis de petits trous , dans
5io B O I
lefcucls efl contenue line réiine roiifsâtre & odorante t
ce bois , mis fur des charbons ardens , répand une
odeur aiTcz agréable. On apprend des Chinois & des
Siamois , que le calamhac & le hois cTaloh croiffent
drns le Royaume de Siam , dans les Provinces de
Tsjampa & de Bonna auprès de la mer , ainli que fur
les montagnes prefque inacceffibles de la Cochinchine
ou Ananiico , & de la Province de Junam ; mais
notamment à Sjampaha en Chine , dans la Province
de Coinemen ou Quinam , où ce bois efl appelé
tsyzn - tsjcny. On ne retire du calamhac des arbres ,
que lorsqu'ils commencent à vieillir : la réfine fe raf-
l'emble alors en plus grande quantité aux environs des
nœuds. Ce font ces morceaux épars çà & là dans
Tarière , que l'on fépare & qui font fi précieux. Le
calamhac le plus réfmeux & le plus odorant, fe retire
du tronc près la racine. Il refte indécis ii le hois cCaloh
efl la partie du bois qui reile lorfqu'on a féparé le
calamhac^ ou fi c'eft le bois d'un autre arbre. Les An-
glois vantent ces efpeces de bois pour la guérifon de
la goutte & des rhumatifmes.
La troîfieme efpece de hoh d'aloh , efl ce que l'on
nomme calamhouc ou hois d'aigle , ou garo de Maîacca :
Aquilaria Malaccznjis , Sin-koo , Ksempf ; Agallochum
ftcimdarium , Pamiph. ; Pao de aqiiila des Portugais ;
Kawo richi , ( c'eft-à-dire , bois d'une bonne odeur, )
par le commun des Japonnois ; les Siamois l'appellent
RiJJina ; c'efl le ligumn aquilœ des Latins. Il paroît
que l'arbre qui fournit ce bois fe trouve aufîi aux Ifles
de Timor & de Sol or , & même au Mexique ; Agallo^
chum fylvcjlre feu Lignum aloes Mexicanum : on en
apporte de groffes pièces de ces contrées ; le bois eft
moins pefant que celui des précédens : il efl: peu ré-
fmeux , cependant d'une odeur agréable , d'un brun-
verdâtre & d'une faveur amere. On fait ufage de ce
bo^s en marqueterie ; on en fait des boîtes , des
écritoires , des étuis , des chapelets ,. 6cC,
Le
B O I 311
Le bols (TciIgcs a étc ainfi nommé, à caufe de Ion
amertume qui tire llir celle de l'extrait à'aloh, Rumphius
d'Jmboine a fait mention d'un agallochiim des Ifles
Moluques , qu'il nomme Arbor cxcœcans ; cet agal-
iochtim paroît être de la famille des Euphorbes ; les autres
agallockîims paroiffent s'en éloigner beaucoup.
Bois amer de Supjnaim. f^oyei Bois de Quas-
SiE. On donne aiijll le nom de bois amzr au Jîniaroubct
de Cayenne.
Bois d'anis. Voy^i Anis de la Chine 6- ranïck
Avocatier.
Bois d'anisette. C'eft le Saurums frutcfccns de
Plumier'^ le Joborandl ou Bïhimitrou des Caraïbes.
Bois arada. Voy^i^ Tavernon.
Bois eacha. Voyc^ Bois a caleçons.
Bois de bambou, Tabaxifera; Arundo arbor. Cet
arbre efl: nommé par les Chinois tchou-tfc , & par
les Européens bambou ; c'eil le Ily chu-tfc de V Bonus
Malab. C'eft une efpece de rofeau des pays maritimes
des Indes Orientales , dont la racine ell blanchâtre ,
couverte de petites fibres , remplie de nœuds feparés
les uns àQS autres. Ces nœuds en produifent d'autres ,
ôc il s'en élevé , comme d'autant de racines , plufieurs
tiges vertes , lefquelles en fortant de terre paroiffent
fous la forme d'une grofîe afJDerge nailTante : le bambou
croît quelquefois à la grofTeur d'un arbre ; communé-
ment il efl de la groiïeur de la cuiile par la bafe , &
va toujours en diminuant jufqu'à fon fommet , qui
porte un panicule de fleurs. Cette tige s'élève per-
pendiculairement & rapidement depuis vingt jufqu'à
'trente , & même plus de quarante pieds de hauteur.
Son bois eft dur , fendant , creux & moelleux en
dedans , ôc divifé par des nœuds ou articles plus durs
encore ; de ces nœuds , lorfque le bambou efl parvenu
à la hauteur de dix à douze pieds , félon le climat ,
fortent des rejetons , c'efl-à- dire, divers rameaux col-
latéraux , creux aufîi en dedans ; la tige efl armée à
Tqjiic II, X
3" B, .0 I
l'extcrieur de quelques épines oblongiies. îî faut cepen-
dant obferver que les épines ou piquans noirs font
uniquement fur les enveloppes circulaires placées entre
les nœuds , 6c ces piquans tombent avec les enve-
loppes. Chaque enveloppe s'ouvre à mefure que le jet
fe développe , & tombe quelque temps après avoir
fait place aux feuilles & aux branches. Ainfi les nœuds
qui garniffent les tiges , environ à un pied de diftance ,
produifent des ramilles fur lefquelles les feuilles font
alternativement placées.
An fommet & des nœuds des rejetons ôxxbambou qui a
atteint une grande partie de fa hauteur, fortent fucceffi-
vement des feuilles d'un vert pâle, tant en defTus qu'en
dcxTous, cannelées, c'eft-à-dire, Criées dans leur lon-
gueur , longues d'un empan , larges d'un pouce près de la
queue, & fe terminant en pointe , féparées en deux par
une côte fort mince , rudes au toucher, garnies fur les
bords de petites dents qui font inclinées vers le fom-
met de la feuille , dont la bafe eft attachée à la tige
par un pédicule fi petit qu'on le prendroit d'abord à
la vue pour une feuille fefÏÏle. Ces feuilles , dont \q^
beiliaux font friands , font fuivies de branches princi-
pales qui fe garniffent A. leur tour de pluiieurs autres
petites branches. Les feuilles font attachées aux bran-
ches & jamais au tronc. Le bas de la tige eft fans
branches : les fleurs relfemblent aux épis du froment.
Suivant les Auteurs de VHortus Malabaiicus , Its fleurs du
bambou font à étamines ; elles naiffent aux nœuds des
rameaux &: forment pliifieurs épis écailîeux ; lorfqu'ils
s'ouvrent, ces fleurs femblent en fortir , & ne tenir
ou'à des filamens très-minces ; miais elles y rentrent
bientôt comme font celles du riz , 6l font alors affez
femblables au froment renfermé dans l'épi , mais plus
petites.
Lorfque les jets font tendres &: nouveaux , ils font
d'un vert-brun , prefque folides , contenant une moël'e
fpongieufe , que les Indiens fucent avec avidité , ù
B O I 325
caufe de fa faveur agréable. Au bout de quelque temps
ces jets deviennent d'un blanc- jaunâtre & luifant. Il
fuinte & dccoule alors naturellement de ces tiges , une
liqueur qui fe coagule près des nœuds par l'ardeur du
foleil , & form.e des larmes dures &: fragiles. Ces larmes
font une efpece de fucre naturel , qui eft le tabaxir
des Anciens. Les Perfes , Les Turcs & les Arabes lui
donnent encore le même nom & celui de faccar-
mambu. Il paroît que les Anciens n'ont connu d'autre
fucre que ce fucre naturel , qui découloit de lui-même
du bambou ou de la canm à fucre : on eft porté à
croire qu'ils ont abfolument ignoré l'art de retirer par
exprefTion le fucre des cannes à fucre. Voyez cé mot.
Les jeunes rejetons du bambou font très- fucculens ,
ainfi qu'on l'a dit, & font la bafe d'une célèbre com-
pofition , que l'on appelle achar ou achlar , & qui eil
recherchée comme délicieufe dans les Indes & en
Europe.
Les Médecins Arabes , Indiens , Perfàns & Turcs
font un grand cas de ce fucre naturel qui découle du
bambou ; ils l'eftiment très-utile dans les inflammations
internes & externes , & l'on dit qu'il fe vend en
Arabie au poids de l'argent. La raifon pour laquelle
on ne voit plus dans les boutiques de ce fucre naturel ,
c'eil que depuis que l'art a appris aux hommes la
manière de tirer une plus grande quantité de fucre des
cannes en les coupant &: en les comprimant, il eil
arrivé que les Indiens ont coupé tous les ans les ro-
feaux , &: en ont planté d'autres à leur place ; &
comme il ne relloit plus de vieux rofeaux qui fulTent
remplis du fucre de plufieurs années , l'opération de la
. Nature a été troublée ; & par ce moyen le fucre na-
turel des Anciens s'eil perdu ; du moins tel eft k {en.-
timent des Auteurs de la Matière médicale.
Le bambou fe multiplie beaucoup par la racine , de
laquelle il s'élève une touffe rameufe à la manière de
quelques efpeces de gramens , ou plus naturellement à
324 B O I
la manière des cannes de l'Europe ; car il cfl du
même genre que la canne. Nous avons dit que
le bambou croît promptement. Il furpaiîe tous les
autres rofeaux en hauteur & groffeur ; il aime les
lieux humides.
Nous voyons avec quelle facilité certaines plantes
fe naturaUlent, &: paiTant de climats en climats , y
croiil'ent par la liiite , comme fi elles étoient dans leur
pays natal. Le bambou qui croit à la Chine , fe retrouve
en Afrique ^ 6c a été porté à la Martinique & à Saint-
Domingue , où il vient très-bien : il y croît à la hau-
teur de plus de vingt pieds ; cependant il n'avoit point
encore donné de fleurs au bout de quinze ans qu'il
y avoit été tranfporté. Le rofeau bambou eft d'un ufage
infini dans ces Colonies ; fes tiges font employées
pour fiiire des pieux dont on entoure les champs , &
il arrive fouvent que CQS efpeces de haies deviennent
vivantes , les pieux prenant quelquefois racine ; on en
fait des chevrons , des fabhers , & des faîtages pour
les cafés à Nègres ; en les refendant on en retire de
la latte , du cercle & du clijGTage pour ces cafcs. En un
mot on peut dire que cette produdlion eil une des pkis
utiles qui ait été tranfportée aux Ifles.
Le bois de bambou , quoique très-facile à fendre , eft
îrès-ûiï?xile à couper : il eil fort dur ^ ferme ; les
Indiens en font des bateaux, des pilotis pour foutenir
de petites maifons faites du mcîne bois y & qu'on bâtit
fur les canaux ; toutes fortes de meubles & d'ullenfiles
pour l'ufage de leurs cuilines & de leurs tables ; les
bâtons fur lefquels les efclaves portent cette eipece de
litière qu'on appelle polanqula ou palanquin ; ils cou-
pent ce bois en fils déliés &: en font des nattes , des
ouvrages de vannerie , des boîtes & divers ouvrages
afîez propres. Ce bois efl là dur , que lorfque les In-
diens veulent fumier du tabac ou allumer leurs gar-
goulis , ils en frottent deux morceaux , & fans que ce
bois s'enûamin^e ni étiiiçclle , uas feuille feche qu'on
B O ï 325
applique defiiis y prend feu à rinilant. On en fait auiïi
des pliiines à écrire.
Il y a plulieiîrs efpeces de bambou. Voyez VouLOU.
Les petits jets font les cannes que l'on appelle bam-
boches , qu'on voit en Europe chez les Merciers. On
fait à la Chine ime grande quantité de papier, pref-
qu 'auiïi uni que le vélin , avec la pellicule ou le liber
qui enveloppe le bois de bambou ; la plupart des livres
imprimés à la Chine font de ce papier.
Bois de baume ou Xïlobalsame. Foyei à r ar-
ticle Baume de Judée. A l'égard du bois du petit
baume d'Amérique , Foyei Croton Balsamîfere.
Le bois de baume à grandes feuilles , efl le croton à
feuilles de peuplier.
Bois benoist fin. Aux Antilles on donne ce
nom à \\n arbre d'une allez belle venue , grand
&; gros. On s'en fert pour faire de beaux meubles.
Ce bois a les veines plus rouges que celles du
bois fatiné ; le fond en ell jaunâtre. Voye^^ Bois
DE FÉROLES.
Bois BLANC de la Guiane. Aux Mes fous le vent ,
& notamment dans l'Iflhme d'Amérique , or\ donne ce
nom plus communément à V arbre de Saint-Jean qu'au
hoLS de favannz dont il eft parlé dans l'article Poirier
fauvage. Voyez ces mots*
BOiS A BOUTONS. /^<9>'2{ l'article CÉPHALANTE.
Bois DE Brésil ou Bresillet , Cœfalpinia /
Lignum Brafiliamun, C'efl: \\w genre de plantes à fleurs
polypétalées , de la famille des Lêgumincufes , qui ,
félon M. le Chevalier ^e la Marcky a des rapports avec
les poincillades & les canéficiers , & qui comprend àes
arbres ou des arbriiïeaux exotiques , communément
épineux , & dont les feuilles font deux fois ailées. Les
fleurs font à cinq pétales ; il y a dix étamines. Le fmit
eft une goufîe ou ovale , ou oblongue , avec une
pointe oblique à fon fomm.et , un peu aplatie , imi-
loculaire^j ôc qui contient de deux à fix femences ovoïdesk
3i6 B O I
OU rhomboïdales. On diilingue plufieiirs efpeces de lois
de Bréjil ou hrifiLUt.
Le BrcfilUt de Fernambouc , vulgairement hois de
Brijil , Arbor Brajilïa , Rai. Hift. ; Pfiudo-fantalum
rubrum ^ feu Arbor Brajilïa^ Bauh. Pin. 393 ; Acacia
glorïofa , fpinïs armata , ( cujus lignum Brajilïa dïcium )
tinclorla , Pluk. Alm. 5 ; Arahoutan , quorumdam ;
Ibirapitanga , Pifon. C'eft un arbre qui croît naturel-
lement au Bréfil , dans les bois & parmi les rochers ;
il devient fort gros & fort grand ; fon écorce , tant
fur le tronc que fur les branches , eft brune & armée
de piquans courts & épars ; fes rameaux font longs
& étalés ; fes feuilles font alternes , deux fois ailées ,
& portent des folioles comparables à celles du buis.
Les fleurs viennent en grappes fimples ; elles lont
petites , panachées de jaune 6l de rouge , &: ont une
odeur agréable. Les fruits font des gouffes aplaties ,
oblongues, dun brun obfcur , hériflees à l'extérieur
de beaucoup de petites pointes , & qui renferment
quelques femences Hli'es & d'un rouge-brun.
Le bois intérieur du tronc de cet arbre efl: rouge ,
mais il eil recouvert d'un aubier fort épais. Ce bois
eft très-pefant , fort fec , ôc pétille dans le feu , où il
ne produit prefque point de fumée, à caufe de fa
grande féchereffe ; ce bois , à l'inllant qu'il efl divifé
en éclats , paroît d'un rouge pâle , mais frappé par
l'air 5 il devient d'une teinte plus foncée ; étant mâché ,
il donne une faveur comme fucrée. Il efl propre
pour les ouvrages de tour , & prend bien le poli ;
mais fon principal ufage efl pour la teinture , où il
fert à teindre en rouge , & fait , fous ce point de vue ,
un grand objet de commerce en Europe : néanmoins
c'efl une fauffe couleur qui s'évapore aifément , &
qu'on ne peut employer fans l'alun & le tartre. C'eft
communément avec ce bois que l'on teint en rouge
la coque des œufs de Pâques, les racines de guimauve
poiir nettoyer les dents , & plufieurs autres chofes.
B O I 327
On en tire auffi , par le moyen de l'aîim , une efpeee
de carmin végétal , & le faux heiata ; on en fait une
laque liquide pour la miniature , 6l c'eft de la teinture
de ce bois , qu'ell compofée cette craie rouge âtre qu'oa
nomme rofette , 6c qui fert pour la peinture.
Le Bréjilkt de Bahama , Pfmdo-fantalum croceum ,
Sloan. Jam. ; Catesb. Carol. C'eit un fort arbriffeau qui
croît dans les Mes de Bahama &: à la Jamaïque ; les
piquans dont fes rameaux font armés , font redreffés ;
les fleurs font blanchâtres 6l viennent en grappes
droites: les femences obrondes. Son bois fert en tein-
ture ; fa couleur efî: d'un rouge de fafran.
Le Bréjilkt à vcjfies , Cœfalpinia vejicarla , Linn,
C'eil un arbre qui croît naturellement à la Jamaïque ;
il s'élève à la hauteur d'environ quinze pieds. Son
tronc eft à-peu-près de la groffeur de la cuiiTe , un
peu tortu , & recouvert d'une écorce unie & blan-»
châtre ; fes rameaux font tortueux & munis de pi-
quans. Les fleurs font jaunes ; les fruits font des goufles
ovales , prefque obtufes , noirâtres , lillonnées , & qui
ne contiennent que deux ou trois femences. Cet arbre
efl le Celiiua verœ. crucis ^ Vcpcaria de Pluknet Tab. 165,
Le BrifilUt des Antilles , Cœfalpinia crijla , Linn.
C'eil: un petit arbriffeau qui croît aux Antilles ; fon
tronc efl à peine de la groffeur de la cuiffe , & ne
s'élève qu'à environ quatre pieds de hauteur ; il fe
partage à fon fommet en plufieurs branches , de la
groffeur du poignet , hériffées d'aiguillons nombreux ,
épars 5 courts , crochus , très-roides , noirâtres , &
pofés chacun fur un tubercule. L'écorce du tronc eil
un peu épaifTe , cendrée à l'extérieur , & rouge à l'in-
térieur ; le bois , proprement dit , efl rouge , pefant ,
folide , facile à fendre ; feS fleurs font d'un vert-
blanchâtre & à cinq étamines ; elles font en grappes
droites & pyramidales.
Le Brljiila des Indes , vulgairement bois de Sapan ^
OU bréJîlUù du Japon , Cœfalpinia Sappan , Linn, ?
X4
328 .SOI
L'igno Brafiliano Jimile , Bauh. Fin. 393 ; Lignum Sap^
pan , Riimph. ; Tsjampangaîji , Rheed. C'eft un arbre
qui croit aux Indes Orientales , à Siam , dans les
Moîuques & au Japon ; il s'élève de dix à quinze
pieds de hauteur ; le tronc efl un peu plus gros que
la cuifTe ; les branches font chargées de beaucoup de
piquans , courts , courbés & épars. L'écorce efl cen-
drée , rouffâtre à l'intérieur ; le bois eft dur , d'un
rouge pâle, ô^ la moelle eil bien "diilincle au centre
du tronc. Le» fleurs ibnt jaune:3 ; les fruits offrent des
gouffes aplaties , prefque en forme de coin , d'un
rouge-brun , & contiennent deux ou trois femences.
Son bois , appelé auiîi par corruption hois^ de Lamon ,
fe vend dans les Indes peur teindre en rouge , &
pour faire de jolis meubles. Si l'on fait bouillir ce
bois dans l'eau , il donne une teinture noirâtre , mais
qui devient rouge lorfqu'on y m.êle de l'alun , &: efl
d'un grand ufage pour teindre en vm beau rouge , les
cotons &: les laines.
Le BrijîUet à feuilks d'acack du Malabar , Cœfal-
pinia mimcfoïdes ; Kal-todda-vaddl ^ Rheed. Mal. C'efl
im arbrifieau d'environ quatre pieds de hauteur ,
dont la tige , les rameaux , les pétioles & les pédun-
cules font chargés de piquans ou aiguillons nombreux ,
très-aigus , petits & épars. Rheede dit que les pin-
ïiules & les folioles des feuilles de cet arbriffeau fe
contradent lorfqu'on les touche, comme celles des
fmjidves. Voyez ce mot. Ses fleurs font aifez grandes ,
jaunes , &: difpofées en longues grappes ; les fruits
font comme dans l'efpece précédente.
Le BréJîlUt bâtard^ Spondias fpurius. Cet arbre croît
dans les mornes , aux Ifles fous le vent. Son bois
donne une couleur plus brune que rouge ; fon écorce
cfl ailïingente.
^ Le BrcJilUt faux d'Amérique , ou BrèfîUot , Brajî-
liajirum Âtmrkanum , De la Marck ; Tariri arhor tincio-
ria 3 fol'ùs alurnis ohfcurh vlolacco , Barr. 1 06. M. de
B O I 329
ta Marck dit que cet arbnffeau eft de la famille des
Balfarnhrs, Il croît dans la Giiiane , à la Jamaïque
& à Saint-Domingue ; il s'élève à la hauteur de huit
à dix pieds ; fa tige a deux pouces de diamètre ; les
rameaux font couronnés de grandes touftes de feirilles ;
les folioles font ovales , pointues , entières , îiffes ,
vertes & luifantes en deifus , velues dans leur con-
tour , & foutenues par un pétiole rougeâtre. Elles
prennent une couleur pourpre-noirâtre en fe dellé-
chant. Les fleurs font petites , d'un rouge obfcur ,
d'un feul fexe fur chaque individu , & viennent lur
des grappes rameufes &: terminales. Les fruits font
mous , pulpeux , de la formée de nos olives , d\ui
rouge de corail , légèrement acides , & contiennent
chacun un noyau.
Plumier dit que quand on entame le tronc , il en
fort un flic qui noircit , & qui , par fa cauflicité ,
forme une tache prefque ineffaçable s'il tombe fur
quelque partie du corps. Son bois , qu'on nomme
faux-brljillct en Amérique , parce qu'il eil comme le
brljilkt de Fernambouc , propre à teindre en rouge ,
donne une couleur qui elt plus brune que rouge. Ce
bois eïl d^m rouge-brim , ou au moins prend cette
couleur quelque temps après qu'il a été expofé à l'air.
M. AithLu dit que {es feuilles écrafées toutes vertes
& preffées dans du coton , lui donnent d'abord une
teinture verte , qui peu après devient d'une couleur
violette.
11 croît à Saint-Domingue un bréfilUt plus petit ,
dont le bois efl: d'un blanc pâle , & les feuilles tout-
à-fait glabres : il eft bien moins propre en teinture.
Bois cabril bâtard. C'eil le Beurrcria de Brown ;
le Cordia , de Linnœus ; le Jafminum de Sloane,
Bois caca ou Bois de merde ^ Surculia , Linn.
Grand arbre affez commun à Cayenne , & dont
le bois étant employé eiî de peu de durée en terre.
L'odeur très-fétide qu'il répand , quand on le coupe ,
3ÎO B O I
lui a fait donner le nom fous lequel il eft conni!.
Cette odeur s'évapore en féchant. On prétend que cet
arbre elt le kavalam de VHortus Malabaricus,
Cet arbre qui fe trouve auifi dans les endroits fa-
blonneux &: incultes , à Saint-Domingue , a la racine
groffe , pivotante , fibreufe , blanchâtre & un peu
amere ; fon tronc eil couvert d'une écorce épaifle ,
d'un vert-cendré en delTus , blanchâtre en deffous \
fon bois eft blanc , poreux , filandreux ; (es feuilles
oblongues , terminées par une pointe qui eft recour-
bée d'un côté , unies , d'un vert clair en deiTus , obfcur
en deiTous , d'une odeur forte , portées fur des queues
qui font gonflées vers la bafe ; les fleurs font petites ,
à cinq pétales étroits , formant une rofe de couleur
rouffe en dehors , d'un vert-jaunâtre en dedans &
velouté ; ces fleurs font tantôt ifolées , tantôt portées
deux à deux fur de longs pétioles ; elles ont une odeur
femblable à celle des excrémens de l'homme , & leur
odeur eil même plus fétide que celle du bois. Les
fruits qui leur iuccedent, croiftent à Pextrémité d'un
pédicule com.mim ; ils font ferrés les uns contre les
autres , oblongs , couverts d'une écorce épaiffe , dure , 6c
renferment une pulpe blanchâtre, & neuf ou dix graines
attachées à un placenta ; ces graines font oblongues ,
noirâtres, remplies d'une fubftance blanche, farineufe.
M. Tlumbcrg ^ dit que le bois de jnerde croît auffi
fpontaném.ent dans les Mes de Java & de Ceylan. Ce
favant Botanifte Suédois a vu fa décodion guérir com-
plètement plufieurs vices cutanées chroniques.
Bois a caleçons ou Bots Bâcha. C'eft , félon
Nicoljàn , un arbrifieau qui fe pi ait dans les endroits
montagneux & dans les rochers à Saint-Domingue ; fa
racine eft fibreufe , peu profonde ; il s'en élevé plufieurs
tiges hautes de dix à douze pieds , & d'un pouce de
diamètre par le bas ; elles fe fubdivifent par le haut
en plufieurs petites branches flexibles ; fon écorce eft
grisâtre , lifle ^ fon bois mou , blanc , fendant ; fes
B O I 331
feuilles minces , d'un vert foncé , oblongues , alternes ,
longues de deux à trois pouces, & larges d'environ
deux pouces , divifées vers le milieu en deux parties
obtiifes ; fes fleurs font blanches , difpofées par bou-
quets , légumineufes , inodores ; au centre fe trouvent
plufieurs ëtamines longues , déliées , & -un piilil dont le
ftyle eil terminé par un fligmate brun , oblong : à ces
fleurs fuccedent des gouffes de quatre à cinq pouces
de longueur & d'un demi-pouce de largeur , brunes ,
très-minces , brillantes , qui renferment dix à douze
petites graines aplaties & grifâtres.
Bois de Campêche ou Bois de la Jamaïque ,
Lignum Campcfcanum , Sloan. Jam. ; c'eft VHamatoxi-
liim de Linnœus y le TJiam pcngam de VHort, Malabar. ;
le faux briJilUt d'Amérique , Pfmdo-brafilium , Plum.
Les Auteurs ont contondu mal-à-propos cet arbre avec
celui appelé bois d'Inde : ce dernier efl de la famille
des Myrtes, Le bois de Campêche ell de la famille
des Légumineufes, On trouvera à la fin de cet article
la deicription des ufages du bois d'Inde ; &c aiin qu'on
en puifTe mieux juger , ou trouvera à l'article Poivre
de la Jamaïque , la defcription de l'arbre appelé bois
d'Inde, L'arbre qui donne le bois de bréjïl ou brèfilkt
de Fernambouc eft auiîi très-différent.
L'arbre appelé bois de Campêche efl très-grand &
fort épineux ; fon tronc s'élève perpendiculairement ,
répand des rameaux de tous côtés ; il efl communé-
> ment à côtes, fur-tout par le bas; fon écorce efl
grife - brunâtre ; l'aubier jaunâtre ; le cœur du bois
efl rouge ; fes feuilles font petites , prefque rondes ,
rangées deux à deux fur une côte ; fa fleur efl d'un
jaune-blanc , petite , & fe change en une follicule
membraneufe , lancéolée , mince , plate , qui ren-
ferme quelques petites graines aplaties : cet arbre
croît également bien par-tout , à Saint-Domingue ,
& particulièrement aux environs de Campêche. A
Saint - Domingue , félon Nicolfon , on en fait des
532 B O I
haies vives qui croiiîent en peu de temps , & font un
aiifîi bel effet que le citronnier , pourvu qu'on ait
foin de les tailler cinq ou fix fois par an , ce qu'un
Habitant attentif ne manque jamais de faire , car lorf-
que l'on cefTe de couper les branches de cet arbre ,
elles s'élèvent en peu de temps à une hauteur confi-
dérable , produifent quantité de graines qui donnent
nai fiance à une infinité de jeunes plants qu'on a bien
de la peine à détruire; les épines viennent fur les
branches , Se ont ouatre à fix li2;nes de loneiueur.
Le bois d Inde dont l'arbre elt décrit à l'article
Poivre de la Jamaïqiu , ell: un bois dont on fait ufagé
en teinture pour les couleurs noires &: violettes ,
& pour les gris : il A fourni par un grand arbre qui
croît en Amérique , dans PIfle de Sainte-Croix , à la
grande Terre de la Guadeloupe, à la Grenade , aux
Grenadins , à Marie-Galante , au gros Morne de la
Martinique , au quartier des Tartanes. Ses feuilles font
aromatiques & ont quelque reifemblance avec celles
du laurier ordinaire , ce qui l'a fait nommer aufîi lau-
rier aromatique ; mifes dans les fauces , elles leur don-
nent un goût femblable à celui de plufieurs épices.
Ses fruits font de la groffeur d'un pois , d'un goût
piquant , femblable à un mélange de cannelle , de
girofle & de poivre. On connoît ce fruit, en Angle-
terre , fous le nom de graine des quatre épices ; il efl
propre à alTaifonner les lauces. Les ramiers , les grives ,
les perroquets font avides de ces graines : fi on en met
digérer dans de l'eau-de-vie , on en retire par la diilil-
îation une liqueur d'une odeur agréable ;, qui devient
délicieufe au goût , & propre à fortifier l'eflomac ,
en y ajoutant une quantité fufRfante de fucre. Cette
liqueur efl très-eflimée dans les Ifles.
Le bois d'Inde eft dur , compacte , d'un beau brun-
marron , tirant quelquefois fur le violet & fur le
noir : on en voit à fond brun tacheté de noir très-
réguliérçment ; on en fait des meubles très-précieux.
car il prend un très-beau poli , & ne fe corrompt
jamais : les Luthiers emploient ce bois , qui a quel-
quefois le coup-d'œil de l'écaillé , pour faire des
archets. On s'en fert dans la teinture : fa décodion
efl fort rouge , lorfqu'on fait ufage d'alun ; mais fi
on n'y en ajoute point , la décoftion devient jaunâtre ,
& au bout de quelque temps noire comme de Pencre :
au-ii fait-on ufage de cette décodlion pour adoucir &
velouter les noirs ; c'efl ce velouté qui fait tout le
mérite des noirs de Sedan.
Le hois de Campêchc efl: pefant , rouge ; il brûle fort
bien ^ & fert à teindre en rouge ou en violet ; comme
c'eft le cœur de l'arbre qu'on emploie pour la tein-
ture , on enlevé tout l'aubier qui l'environne avant
de le tranfporter en Europe. Q^ielque temps après
qu'il eft coupé , il devient noir ; & s'il eil mis dans
l'eau , il lui donne une couleur d'encre affez vive , &
on s'en peut fervir pour écrire : il peut donc teindre
aufTi en noir.
Bois de Cannelle. Nom donné à la Cannelle
ELANCHE. Voye7^ ce mot.
Bois a canon. Foyci Ambaïba.
Bois Capitaine. Voyei Cerisier Capitaine.
Bois Capucin ou Bois signor. Très-î>rand arbre
du pays de Cayenne , que Ton peut regarder comme
iiîie efpece de balatas ( Voyez cz mot ) , mais ^v^.n
grain plus fin. Son bois , quoique bon pour bâtir ,
eil encore de peu d'ufage ; peu d'Habitans le connoif-
fent^ quoique les quartiers de Ko & de Provaî en
foient affez fournis. On en doit même la connoiffance
à des Indiens fugitifs du Para. Maif. Ru(î, de Cayzn.
Bois de Cavalam. Il a l'odeur fétide d'excré-
mens humains , ce qui lui a fait donner le nom de
ho'is de jnerdc dans les Pays chauds. Voye^ Bois caca.
Bois de Cayan. Foy^i Simarouba.
Eois DE chambre. Nom donné dans nos Mes ,
©a Amérique , à une plaiite dont la tige fert d'amadou.
334 B O I
Cette plante qui eil annuelle , croît dans les lieux maré-
cageux &c incultes ; elle s'élève à plus de fix pieds ; fa
racine efl blanche , chevelue ; fa tige eft groffe comme le
doigt , cannelée & fpongieufe , rougeâtre ; fes rameaux
oppofés en croix ; fes feuilles alongées , d'un pouce <^
demi de longueur fur deux lignes de largeur , difpofées
deux à deux jufqu'au nombre de cinquante fur une côte,
d'un vert pâle , couvertes d'une pouiTiere fine.
Bois de chandelle. C'eft le Taouia ou Alacolay
des Caraïbes : on en diflingue à^xu. efpeces , le blarx
& le noir ; le premier eft un arbre de moyenne gran-
deur , & croît dans nos Ifles , en Amérique , dans les
bois qui font fitués aux bords de la mer. Son bois
eil compa<^e , dur, pefant , réfmeux , odorant; aulîi les
Indiens le coupent par éclats , & s'en fervent pour
s'éclairer la nuit , ce qui lui a fait donner le nom
de bois de chandelle. Sa belle couleur citrine le rend
propre à faire de beaux ouvrages de marqueterie ;
il prend avec le temps un poli auffi beau que celui
du coco : à la beauté de la couleur il réunit ime odeur
approchante de celle du citron , ce qui Pa fait appeler
hois de citron , Lignum citri , par quelques-uns. S^s
feuilles font pointues, en forme de fer de lance ,
fermes , odorantes , fans dentelure , de deux pouces de
longueur , larges d'un pouce , paroilTant percées lorf-
qu'on les regarde au foleil , luifantes , d'un vert foncé
en deffus , d'un vert pâle en deiTous , difpofées trois
à trois à l'extrémité des branches , qui font toujours
terminées par une feuille impaire : fes fleurs font
petites , blanches ; il leur fuccede de petites baies
noires , qui , comme les fleurs, font d'un goût aro-
matique , & d'une odeur qui tire un peu fur celle
du jaimin, (ce qui a fait auiîi nommer par quelques-
uns , cet arbre , bois de jafmin. )
Le bois de chandelle noir a i^s feuilles plus longues
& plus larges ; fon éccrce efl noire , & fon bois efl
plus pefant , plus réiineux ôc noirâtre.
B O I 335
A l'égard du hols de ckaizdelk de l'îfle de France,
Voyez Dragonkr à feuilles rcjléchus.
Quelques-uns prétendent encore que le bois de rofc
de la Guiane eft le même arbre : on le nomme aufîi
bols citron &C bois jaune aux Illes ; c'eft Varbor ligna ci-
trïno rofam fpirante de Barrere ^ p. i6. Son bois efi: de
couleur de citron , ayant une petite odeur de rofe ;
fa feuille a l'odeur de citronnelle , & quand on la fait
bouillir avec le bois de crabe ^ elle donne à l'eau une
odeur qui tient du citron & de la cannelle : cette liqueur
eit agréable à boire. Les Naturels l'emploient auffi
dans les bains contre les eifervefcences de fang , appe-
lées échauboulures.
Bois de Cheval, royci Bois major.
Bois de la Chine. Voyc^ au dernier article du mot
Bois de Palixandre.
Bois de Chypre. Voye^^ Bois de R.ose.
Bois Citron. Voye^^ à la fin de V article Bois de
Chandelle.
Bois de Clou du Para. Voyei Cannelle giro-
flée.
Bois a cochon. Voye^^ Baume a cochon.
Bois de corail d'Amérique. Voye\^ Bois immor-
tel. Le bois de corail des grandes Lides , eft le condori
rouge. Voyez cz mot.
Bois CÔTELET OU BOïS DEGuiTARD, Citharcxilum
cinereum. Lmn. Arbre qu'on trouve aux îiles , particu-
lièrement à Saint-Domingue , & qu'on a nommé ainfî
à caufe de fa tige qui efi: garnie de côtes faillantes ; fon
écorce eil d'un brun- cendré, unie , peu crevaffée: fon
bois eil blanc , tendre ; on l'emploie dans la charpente
du pays , & il dure aiîez long- temps , pourvu qu'il foit
à l'abri du foleil & de la pluie ; fes feuilles font oblcn-
gués 5 pointues aux deux bouts , d'un vert commun ,
lifTes tant en delTus qu'en deilous, luifantes, fans den-
telure 5 alternativement pofées , très-veinées : fes fleurs
font petites , monopétales , blanchâtres , odorantes ^ il
336 B O I
leur fiiccede de petits fruits a trois côtes , verts , enfuite
joiiges-noirs
Bois de couille ou Pétard, Breynia. Cefl, dit
Nicclfon^ le Menecouy ou AkpcUcou des Caraïbes. » C'ell
,> un arbrilTeau qui le trouve fréquemment fur les bords
» de la mer, à Sainî-Domingue. Ses tiges font grêles,
» minces, droites, 6é ie divifent en plufieurs rameaux
» quj s'éievent perpendiculairement. Son ëcorce eft gri-
» latre, unie ; fon bois blanc , fendant >.lcger ; fes feuilles
» font fermes , bien noun les , caffantes , d'un vert foncé ,
» longues de quatre à cinq pouces & larges de deux à
» trois pouces, ovales, très-veinées, fans dentelure,
.» divifces par une côte rouge âtre , portées fur un petit
» pédicule d'un rouge-brun. La fleur eft en rofe ,
» compofée de cinq pétales blancs , arrondis , pointus ,
» creulés en cuiller , portée fur un calice mono-
» pétale , dentelé : le centre efl occupé par plufieurs
» étamines minces , dont les anthères font fphériques ;
» elles environnent le piftil , qui efl très-long , blan-
» châtre , arrondi, gonflé au fommet : ce piflil devient
» une goufie d'un demxi-pied de long , boiïelée , arron-
» die, d'un demi-pouce au plus de diamètre, jaunâtre
» en dehors , rcitge en dedans , ligneufe , d'un goût
» un peu amer , divifée intérieurement en plufieurs
» loges : les graines qui y font contenues ont environ
?> deux lignes de diamètre & quatre lignes de longueur,
» d'un vert fcmbre , couvertes d'une pellicule rou-
» geâtre, d'un goût fort amer. La racine de cet arbrif-
•» feau efl employée en décodion dans les maladies
» v^énérienncs «.
» Jacquin , à l'article Marcgravia umhzllata , donne la
» dcfcription d'une plante parafite que les Habitans de
» la Martiniqu.e appellent bols des ccuïlles ; mais elle
>> n'a aucune reffembiance avec l'arbriffeau dont on
» vient de faire mention «.
EOIS DE COULEUVRE OU EoiS COULEUVRE, Lig-
num ce lubr'mum 'dwl OphiGxïluni ferpmtïnum ; en langue
Malaie ,
B O I 337
Mâlaie , Caju-ular ; à Ceylan , &c. Rametul , Camc^
îui , Nay-ldU , Ehawcya, C'caI une rac'ne ligneiiie,
de la groiTeur du bras , qui renferme fous une ëcorce
brune, marbrée , un bois dur, compare, fans odeur,
d'un goût acre & très-amer. On appelle citte racine
bois de, couleuvre , parce que Ton dit (:\i\Q ce bois guérit
de la moriiire des ferpens , ou , félon d'autres , à caufe
de l'écorce des racines , qui efl marbrée comme la peau
des ferpens. On nous apporte ce bois des Ifles de Samar
ou Soloo , & de Timor , oii il efl appelé caju-najjî.
Cet arbre porte une efpece de noix vomique , beau-
coup plus petite que la noix vomique ordinaire ; mais
qui lui reilemble par la confifîance, le grût & la cou-
leur. Quoique quelques perfonnnes faffent beaucoup
d'éloges de cette racine pour chaffer les vers & pour
les fièvres intermittentes , elle ne paroît cependant pas
exempte de danger ; car on fait mention de perfonnes
qui , en ayant fait ufage , ont été faifies de tremblement
éc de ftupeur , fymptômts prefque femblabJes à ceux
qui font produits par la noix vomique. Voyez ce mot.
Le pohon ou foulamoe-caju des Malais , & qui efl: peut-
être le bouati amer , ( Voye:^ ce mot , ) eil encore un
pareil remède en vogue à Ternate , où il eft appelé
panawa-maffou , oepas-majfou , & panawar-pipis : c'eil:
la racine d'une plante qui croit à Java & dans les Ifles
Moluques. On foupçonne que c'eft aufîi une efpece
^ophioxylon : quelques-uns prétendent que c!^£t la
racine du bois des Moluques, Voyez cz mot. Le bois ds.
couleuvre des Antilles efl une efpece à^arum. Voyez Var-
tick PiÉ DE Veau.
Bois de crabe ou de grave. Voye^^ Cannelle
GIROFLÉE.
Bois de Cranganor. Voye^ Pavate.
Bois de cuir. Voye^ Bois de plomb ^^s Cana-
diens.
Bois des Dames ou Bois d'huile. C'efl ^Érytrho-
xylon à feuilles de millepertuis. Foye? Érytroxylou^
Tome II. Y
33S B O I
BOîS DE DENTELLE. f^:)yei LâGETTO.
Bois dur du Canada. /%2{ Charme & Acacia
COMMUN.
BoîS d'écaillé. Foyei à l'article Bols de Campêchc»
Bois a écorce blanche. Foyei Balouet.
Bois a enivrer le poisson ou Bois-ivrant.
Foyei Arbre a enivrer les poissons , & rarticU
CONANÏ.
Bois d'ébene. Voyci Ébene.
Bois épineux des Antilles. Sous ce nom on en
diftingue deux fortes ; l'un qui eft blanc , & appelé
cotonnur-mapou ; Voyez à l'article FROMAGER : l'ciutre
eft jaune ; c'eil un dav aller ^ Voyez ce mot ; & on en
diftingue deux fortes , le grand &: le petit.
Le hois épineux jaune , ^rand , eft VAgoualaly des
Caraïbes : on le trouve par-tout , fur- tout dans les
mornes , tant aux Antilles qu'à Saint-Domingue.
Nkolfon dit qu'il s'élève &: devient gros comme le
chêne du pays : fon tronc efl droit , élevé , très-bran*
chu , couvert d'épines fortes , peu nombreufes ; î'écorce
rude 5 légèrement crevafTée , roufîatre ; le bois jaune ,
dur 5 compade ; les feuilles oblongues , pointues , un
peu dentelées , rangées deux à deux fur une côte qui
eft termjnée par une feuille impaire , d'un vert gai en
deifus , pâles en deflbus , armées de trois ou quatre
petites épines. Les fleurs naiffent le long des ramilles :
elles font blanches & produifent une graine noirâtre ,
groffe comme un grain de m.illet. Son bois eil recherché
pour les bfitimens.
La féconde efpece de hols épineux jaune , efc bien
})uis petite que la première ; elle s'élève à peine à
douze pieds : fon tronc n'a guère que cinq à fix.
pouces de diamètre. L'écorce eft noirâtre en dehors,
jaune en dedans , couverte de cjuantité d'épines plus
petites & plus aigucs que celles du précédent , d'un
"goût fort amer : il lui refîemble dans tout le reile. Soa
bois & fou écorce peuvent fournir en teinture une belle
B O I 339
êôuleur jaune -fafranée. Les Sauvages font iifage de
rinfufion de fon ëcorce pour guérir les vieux idceres :
c'eft un vulnéraire déterfif qui paffe pour excellent.
Elle a encore la réputation d'être fébrifuge.
Bois de fer , Llgnum firri ; Ib^ra puterana ; Iblra.
obi , Marcg. ; Sidcroxylum Amcricanum ^ Pluk. ; Slde^
roxyloïdes ferreum , Jacq. Ce bois eft ainfi nommé k
cauie de fa dureté : il nous efl apporté de l'Amérique
en grolies pièces. Il efl très-pefant & va au fond de
l'eau ; fa couleur eft rouge âtre ou obfcure , & on l'em-
ploie pour des ouvrages de menuiferie : il prend un
très-beau poli. Les Indiens en font divers inftrumens;
les Sauvages en font leurs flèches : mais ce qui eft
fmgulier , c'eft que fon bois , quoique dur , eft très-
fujet à être attaqué par les poux de bois. Les Indiens
font ufage de l'écorce de bols de fer râpée , dans les
maladies oii il faut exciter la tranfpiration. L'arbre du
bois de fer fe voit dans les ferres du Jardin du Roi.
Dans nos Mes en Amérique , on diftingue deux efpeces
de bois de fer; le blanc, &c le rouge. Le bois de fer blanc
eftun grand arbre dont la tige efl: droite, haute, très-
branchue, garnie de feuilles au fommet; l'écorce efl
épaiffe , cendrée en dehors , brune en dedans , d'une
faveur aflringente, profondément fillonnée; fon bois
amer, fort dur, jaunâtre; le centre efl de couleur de
fer rouillé ; fes feuilles font ovales , terminées par une
pointe moufTe, larges d'environ un pouce, longues de
deux pouces, peu veinées, difpofées tantôt alternati-
vement , tantôt deux à deux fur les rameaux , d'un vert
foncé en deffus, un peu pâle en deffous, luifantes, fans
dentelure : fes fleurs croifTent par bouquets ; elles font
en entonnoir, d'une couleur violette & blanchâtre , afTez.
femblable à celles du lilas. Il leur fuccede une baie
d'abord violette , enfulte noirâtre, qui renferme trois
petites graines. Cet arbre fe trouve dans les mornes :
Xo'o. bois efl employé dans les ouvrages de charpente &
de menuiferie.
Y X
34Ô B O I
L'arbre appelé le his de fer rouge diffère du précé-
dent , par ies feuilles qui font longues de cinq à fix
pouces, larges d'environ deux pouces, divifées dans
toute leur longueur par trois côtes faillantes, fans
nervure apparente ni denttlure , fermes , d'un vert fom-
bre ; fon écorce efl rouge en dedans ; (on bois eft rouge ,
pcfant , plus dur que le blanc , <k prend un bien plus
beau poli. On l'emploie aux mêmes ufages que le pré-
cédent , & on lui attribue les mômes vertus aritivéné-
riennes & antifcorbutiques.
M. de Commzrfon a obfervé à l'Ifle de France, un
arbrifTeau appelé vulgairement le bols de fer de Judas ^
Coffinïa pinnata. Ses feuilles font ailées , alternes , lan-
céolées, à cmq ou fept folioles, vertes en defTus, un
peu cotonneufes & blanchâtres en defîbus ; le bout des
rameaux efl: couvert d'un duvet roulfâtre; les fleurs
font blanches , paniculées , terminales ; elles ont cinq
pétales ; le fruit efl une capfule ovale , trigone & coton-
neufe; les femences font globuleufes &: noirâtres.
Il croît aufTi à la Chine , dans la province de Quang-
Tong, une efpece de Bois de fer y qui en a la couleur,
^ qui eft fi dur, qu'au rapport du P. du II aide ^ les
Chinois en font des ancres pour leurs vaifTeaux de
guerre. Ce hols de fer de la Chine efl probablement
l'arbre appelé Beffy, Voyez ce mot.
Bois de Fernambouc. VoyzT^ Bois de Brésil,
Bois de Féroles ou Bois marbre , Ferolïa arhor^
l'igno in modum marmorls varUgato , Barr. ElT. p. ^ i ,
Arbre de Cayenne & des Antilles; il eu fort touffu: à
Saint-Domingue, c'efî: im arbriffeau dont les tiges ne
s'élèvent guère ; elles font couvertes d'une écorce mince ,
niembraneufe , blanchâtre; le bois efl dur, très-pefant,
lifTe , à fond blanc , rempli de veines colorées ; il eft
comme jafpé ou comme parfemé de taches qui reffem-
blent à celle d'un marbre veiné de rouge, de blanc &
de jaune ; ce qui lui a fait aufîi donner le nom de Bois
marbré ou çolorU, M, d^ Préfontalm dit qu'il conferve le
B O I 341
BOm de hois de Féroks , parce qu'il a été trouvé pour la
première fois dans une habitation de M, de F croies^ alors
Gouverneur de Cayenne. C'efl, dit-il, le bois le plus
recherché pour les ouvrages de marqueterie & pour
difFérens meubles : nous avons dit que le fond en efl
blanc. Quand le fond en eft jaunâtre, on l'appelle bois
henoïjifin \ c'eft le même arbre que le bols fitiné^ ou une
variété; & on lui donne ces difFérens noms, fuivant
les couleurs, les nuances & d'autres accidens qu'on y
remarque, & qu'il offre étant coupé à différentes hau-
teurs. Ses feuilles font oblongues , pointues parles deux
bouts 5 fans dentelures , très-veinées, d'un vert foncé &
luifant en deffus , pâle en deffous , portées fur de petits
pédicules.
Bois des Fièvres. Voyei Quinquina.
Bois à flambeau. Nom donné au bols rouge par la
propriété qu'a fon écorce de brûler &: de faire l'ofîice
d'un flambeau. Voy:^ BoiS ROUGE.
Bois de Fléau ou Bois Flot. Voyez Cotonnier
Jîffleux^ à l'article Mahot.
Bois fossile , Llgnum inhumatum. C'efl commu-
nément du bois non dénaturé , qui s'efl trouvé enfévelî
à différentes profondeurs par des éboulemens de
terre & d'autres déplacemens occafionés par diffé-
rentes caufes , foit par des torrens , foit par des inon-
dations, foit par des tremblemens déterre ou par d'autres
résolutions de la Nature. On peut citer en exemple une
forêt entière qu'on a découverte ces années dernières
dans les marais du Comté de Lancaflre en Angleterre :
les arbres s'y trouvent couchés l'un auprès de l'autre , &
étendus fous une terre molle, fpongieufe & noire, à la
profondeur de trois pieds ou environ. Ces arbres font
la plupart entiers ou flétris de coups de hache ; mais ils
font aufîi noirs & aufîi durs que 1 ébene. On ell porté
a croire que cette forêt fouterraine a été enfévelie du
temps que les Romains' conquirent l'Angleterre. En
J754, des gens du lieu fouillant parmi ces arbres, trou-
U^ B O I
v^erent un cadavre humain très-bien confervé : feshabits^
qui ëtoient aufTi entiers que le corps , ont fait juger que
c'étoit quelque Voyageur qui , en pafTant par ce marais ,
y a été englouti ; & l'on erfime que l'accident peut être
arrivé depuis un fiecle. Tous les jours des Chafîeurs
s'enfoncent en parcourant la furface de ce terrain mou
& poreux; ils fe meurtriiTent même les jambes contre les
branches de ces arbres fouterrains. Un ruifîeau groiîi par
les pluies ayant entraîné, en fe débordant, plus de
huit arpens de la furface de la terre d'un de ces marais ,
donna l'occafion de cette découverte.
On trouve en Iflande quantité de gros troncs dV-
hrc5 fojJiUs , pénétrés de pétrole concrète , qui leur a
donné une couleur noire & une manière de brûler qui
lî'eft pas propre au bois feul. L'aflemblage des cercles
de couches concentriques qui , dans un tronc d'arbre
toupc tranfverfalement , montrent les accroiffemens an-
nuels parallèles aux plus éloignés , fe trouve com-
primé en une lame mince.
Il efl digne de remarque que la plupart des terrains
bourbeux ont la propriété de conferver les bois , &c. ,
témoins quelques pilotis de l'ailcien Pont d'Orléans,
& ce tronc d'arbre trouvé parmi les fouilles de la Gare
de Paris , &: ceux de chêne découverts dans le lit de
la Seine , à l'occafion des fouilles faites pour la conilruc-
tion du Pont de Louis XVI. Ces bois font noirs , très-
durs &: femblables à ceux de Lancaflre. On a vu à
Paris quantité de cannes à main faites des pilotis de
l'ancien Pont d'Orléans.
En 1768 on découvrit, en creufant les fondations
des nouveaux murs de Nanci , un chêne d'environ cin-
cjfuante pieds de longueur fur cinq de diamètre; ce chêne
étoit entièrement de couleur d'ébene , néanmoins très-
fain, à l'exception de quelques nœuds qui fe trou-
voient changés en une efpcce de charbon foffile. Il efl
probable que cet arbre y étoit enterré depuis pluiieurs
liecles, hl qu'il n'a été ' entièrement couvert de terre
^irà la longue , par le changement de lit Je la nviere
de Meurthe , qui pafîe aâ:ueilement à près de trois cents
toifes de l'endroit marécageux où il s'eft trouvé., &C
oii il étoit enfoncé environ à cinq pieds de profondeur.
Enfin , on trouve près de Bruges , en fouillant la
terre à cinquante pieds de profondeur, une quantité
immenfe de hoisfdffile; on y voit des troncs , des rameaux
& des feuilles , ô bien confervés , qu'on difringue les
différentes efpeces d'arbres.
Bois de Frédoche ou Bois d'Ortie , on Bois
PELÉ. Nom qu'ion donne à Saint-Domingue à un arbre
très-élevé qu'on trouve dans les endroits roch ux &
arides de cette Contrée, Son tronc eu droit, grand &C
gros ; l'écorce unie , membraneufe , grifâtre ; fon bois ,
qui efl dur , compa£le 6l blanc , efl recherché par les
Charpentiers ; il dure long-temps étant garanti du foleil
&c de la pluie. Ses feuilles font en forme de lance,
pointues au fommet , arrondies vers la bafe , fans den-
telure, d'un vert foncé en defTus, clair &: luifant en
deiTo us , longues de huit à neuf pouces , & larges de
cinq à fix , iiblées , les unes éloignées des autres.
BoîS DE FuSTET, Cotinus cofiara, Dod. Pempt. 780;
Connus , Linn. 383. L'arbrifTeau qui donne ce bois,
s'élève de cinq à fix pieds, & croit en Italie & dans les
Provinces Méridionales de la France , à Antibes , & à ce
qu'il paroît, auÏÏi à la Jamaiique. Ses feuilles font ovales ,
Simples , arrondies par le bout , liffes , pétlolées , nerveu-
fes , blanchâtres en deffous : fes fleurs , d'un vert obfcur,
viennent dans des touffes de filamens rameux. Lorfque
le bois de cet arbriffeau eft d'un beau jaune & agréa-
blement veiné, les Ebénifles & les Luthiers l'emploient
â difiérens ouvrages. Ce bois , garni de fon écorce , donne
€n teinture une couleur jaune , qui n'efl point folide.
Les Teinturiers l'emploient aufîi pour les couleurs ver-
tes , en faifant paiTer dans le bain de gaude les étoffes
qui fortent de la cuve de paflel. Sa feuille eil employée
chez les Corroyeurs.
y 4
344 B O I
Bois a gaulettes. Arbriffeau trè^-commiin Jan^
le pays de Caycnne : c'efî: le coubouliroua des Caraïbes,
Il eft droit, & a environ neuf a dix pieds de hauteur ;
on en ftnd It bois en morceaux très-minces, &: on leur
cionne le nom de gauUttJs ; elles fervent en guife de
lattes pour tapifllrles murailles. MaiJ\ Rufl. de Cayznnc,
EOIS GENTIL, MÉzÉnÉONj GaROU , TrENTANEL ,
THYaMELÉE, LaLRÉOLE , SaîN-EOîS , MaLKERBE.
Ce font autant d'efpeces de p.tits arb.iiTeaux que Ton
cultive Le Bols gentil eft le Daphne me{ereum , Linn,
509; c'C'l la Lauréole femelle. La Thynielêe ^ Daphne
Thymœ^ea ^ Linn. 509 ; la Lauréole mâle ^ Daphne Lau"
reola , Linn. ^io. La petite ThymeUe des Alpes ,
Dcphne Cneorum ^ Linn. Le Sain-bois ou Garou^ Da-
phne Griidinm , Linn. Ces arbriiTe-mx font des efpeces
de lauréoles qui croilTent bien dans les pays chauds , fur-
tout dans les environs de Ccrtone,. 011 ils font appelés
hlo^Jella par les gens du pays ; ils portent au fcmmet
de kurs rameaux des bouquets de fleurs en forme de
luyau, ëvafées en haut & découpées en quatre parties
oppofces & contenant huit étamines. Les uns ont Ats
fie jrs rouges , les autres des fleurs blanches , d'autres
des fleurs d'un rouge pâle, &:c. Elles paroifient avant les '
feuilles. Il y a de ces a.brifTeaux qui le trouvent auili dans
les bois de la parte Septentrionale de l'Europe , &
jufque dans 'a Laponie. Ils fe plaifent aux expofitions du
Nord , & fur-tout à l'ombre ; ils fe n:ultiplient de
bouture & de graine. On les plante dans les terres fran-
ches, humides & m.êlées de fable ou de pierrailles.
Cts arbuftes donnent des baies ou fruits de la grof-
feur de ceux du myrte , ovales , remplis d'un fuc fort
acre & cauftiaue ; rouges lorfqu'ils font mûrs , caufant
des diarihces & des douleurs très-vives dans les tw-
trailles ; on en prépare avec de la viande un appât pour
fa're mourir ^es loups & les renards, m.ais les perdrix:
& autres oiicaux en font très-fnands , 6c n'en font
point jncommcdés.
B O I 34S
Le Boh gentil annonce le printemps par fes fleurs
rouges, qui font très-jolies, ôc qui s'épanouiffent dès
le commencement de Mars. La beauté , la durée &: la
bonne odeur de ces fleurs feiîiles, latérales, difpofées
trois à trois, font un ornement dans les jardins.
La tige du bois gentil^ eft haute de deux ou trois
pieds , &: rameufe : l'écorce eft brune , fes feuilles font
ovales & lancéolées , alternes. Le bois gentil croît dans
les bois du Nord.
Tous les mêlerions^ laurloUs ^ &c. font de violens
purgatifs dont on ne fait plus d'ufage , finon en Tur-
quie. L'écorce du garou à feuille de lin^ connu auffi fous
le nom à^.faln-bois , ThymœLafoliis Uni , appliquée fur le
bras, tient lieud'un cautère. Cette écorce eftliffejépaiffe
& jaunâtre. Les racines de cet arbre font jaunes, mollaffes,
courtes & liiles. Ses feuilles font longues , étroites , ver-
dâtres en deffus & bleuâtres en deffous. On perce quel-
quefois les oreilles , & on y introduit un petit morceau
de bois de ce garou pour attirer la férofité. Les Tein-
turiers fe fer voient autrefois de ce bois pour colorer
en jaune ou en vert , en le faifant bouillir avec le jpaftel
îndigoté. Foyc7^ MALHERBE , ThYMELÉE & LaUREOLE.
Bois de Girofle ou Bois de Grave. Foyei Gan-
nelle giroflée.
Bois de Grenadille. Voyei à Vartick Ebene.
Bois de Grignon. Voye^^ Grignon.
Bois de Guitard. Foye^ Bois côtelet.
Bois d'Huile. V(yei Bois des dames.
Bois de la Jamaïque. Voye^ Bois de Campêche.
Bois de Jasmin. Voyc^ Bois de Chandelle.
Bois Jaune. Voye^ Tulipier. Aux Ifles on donne
aufli le nom de bois jaune au b:)is citron. Voyez ce mot.
Bois immortel , Erythrine ou Arbre de Co-
rail des Antilles , Coralhdendron triphyllum America-
num , fpinofum , flore rubirrimo , Tourn. 66 1 ; Siliqua
fylvejmsfpinofa.,arb3rIn£ca , Bauh. Pin. 402; Coralarbor
Americana , Cluf. , Comm., Barr. , p. 41 . i c'eil VAJdpkl^
34^ B O I
TuiTiantL-Iba des Caraïbes. Arbre de la Giûane qui vient
aifémerxt de bouture & de graine , &: qui efl excellent
pour faire des entourages ou des haies. Toutes les parties
de cet arbre , écorce, branches , bois & racines , font
e/linices dans le pays, pour guérir le mal d'eflomac»
Les Nègres en font ufage dans l'eau ferrée. On l'a
nommé bols immortel^ parce qu'il efl d'un très-bon
ufage , & dure très-long-tem.ps étant employé. Il croît
par-tout 5 ôc trcs-promptement. Sa tige s'élève à douze
ou quinze pieds 6c fe divife en plufieurs branches qui
forment une t^te très-tounue. Ses feuilles font alternes,
à trois folioles , fans dentelure , arrondies , terminées en
pointe, liffes, minces, d'un vert- jaunâtre & rougeâtre,
portées fur de longues queues. Ses fleurs , qui paroiffent
en Février & Mars , font de l'ordre des Légumineufcs ,
d'un rouge de corail très-vif, & naiffent avant les
feuilles ; il leur fiiccede des gcufïes longues de cinq à
fix pouces , cylindriques , boflelées , d'un vert-rougeâtre,
qui contiennent plufieurs graines en forme de fève ,
îirrondies , couvertes d'une pellicule de rouge foncé;
elles renferment une fubflance blanchâtre , farineufe ,
un peu amere. Cet arbre fe trouve aufli à Saint-Domin-
gue. Son tronc efl: quelquefois muni d'aiguillons.
Bois d'Ixde. Voyc^ à tartkk Bois DE Campêche.
Bois Indien. Nom que l'on donne à Cayenne à une
grolTe liane^ qui fe trouve dans les gros bois dont la racine
battue & jetée dans l'eau des trous des favannes^ a la pro-
priété d'enivrer le poiilbn, Voye^ les artïcks LiANE &
Conani-Franc.
Boîs Joli. C'eil le hoïs gentil Voyez ce mot.
Bois laiteux. Foye7^ V article Arbre laiteux des
Antilles.
Bois de Lamon. Voye:^ Brésïllet des Indes.
Bois de Lance. Voye?^ à rartide Cornouiller.
Bois Latanier. Nom donné à Saint-Dom.ingue à
un arbre de moyenne grandeur , & qu'on trouve com-
munément fur le bord" des rivières j il ne faut pas le
B O I 347
confondre , dit Nlcolfon , avec l'arbre nommé Latankr*
Voyez ce, mot. Le ho'is latanier a l'es feuilles diilribuées
deux cT deux fur une côte ; elles font minces , d'un vert
pâle, oblongues, pointues. Ses fleurs fe changent en
vm petit fruit rond , alongé , divifé en quatre capiules
qui renferment autant de graines triangulaires , un peu
oblongues, revêtues d'une pellicule liiie, mince, jau-
nâtre, greffe comme une petite fève.
Bois de Laurier des Antilles. C'efl le croton à
feuilles de noifetier.
Bois de Lettres. Arhor laurï folio ^ ligna varie gato ,
vulgb Lignum lituratiun^ Barr. p. i6. C'efl: le Baïra des
Caraïbes. Arbre de la Guiane , dont les feuilles ref-
femblent à celles du laurier : le bois efl beau , luifant,
très-dur, à fond rouge & moucheté de noir. Il y en
a dont le fond efl: jaune : l'un &; l'autre s'emploient en
meubles, fur-tout pour des montans de chaife & des
pilons , parce que le cœur a peu de largeur ^ n'excédant
pas trois à quatre pouces de diamètre. L'efpece à bois
jaune fert plus ordinairement de canne rux Nègres. Ce
bois efl fort recherché en Europe par les Ébénifles. On
dit que c'efl le même que le bois tapivL Voyez u mou
Bois Lézard. Voyci_ Bois d'Agouty.
Bois de Liège. Voyez Cotonnier Jîfflcux , à l'article
Makot.
Bois long. Arbre laiteux, qui efl le pao comprido
des Portugais du Para. Son fuc acre & corroflf efl ii
dangereux pour les yeux , qu'on ne peut trop prendre
de précautions quand on en taille le tronc: ce fuc s'épaifllt
fans aucun mélange , & a beaucoup de rapport avec
celui du bois de feringue , pao-xiringa qui produit la
rljim llajlique. Voyez cet article. Cet arbre efl très-
rare dans la Guiane , & n'y efl connu fous aucun nom.
Suivant la defcription que nous en donne M. Frefnaii,
il efl extrêmement haut , de groffeur proportionnée ,
fans branches autour de fa tige, avec une belle tête ronde
&: de petites racines. Sa feuille efl pointue par les deux
.extrémités , liilç en deffus ^ rude en deffous ^ de cculeiu*
548 B O I
vert clair tirant fur le jaune : fon fruit eft long & gros
à-peu-près comme le petit doigt , jaune dans fa matu-
rité : fon noyau eft fort long & dur. On mange ce friiit
qui efl doux 6c agréable au goùr . Confultez les Mémoires
de l'Académie des Sciences de Paris, 17^^' •>?- 3^^^^ 33^ »
y. 19 , n."" 6 , 7 , 8 , 9. On y voit la figure de l'arbre ,
de fa feuille , de fon fruit , &: ds fon noyau.
Bois de LuiMiere ou Pala de Luz. On donne
ce nom dans l'Inde Efpagnole à vme plante qui s'élève
ordinairement de la hauteur de deux pieds ; elle eft
compofée de plufieurs tiges qui fortent d'une racine
commune ; qui font droites &; unies jufqu'aii
fommet , où elles pouftent de petits rameaux garnis
de feuilles très - menues ; ces tiges font à-peu-près
égales : elles ont environ trois lignes de diamètre ;
lorfqu'on a coupé cette plante , elle s'allume quoique
toute verte , &: donne une lumière auffi forte que celle
d'un flambeau. Ce phénomène , tel qu'on l'expofe ,
paroît hors de vralfemblance : il eft vrr-i que des plantes
qui abondent en fubftance huileufe , inflammable , vo-
latile 5 peuvent s'enflammer ; mais il faut exciter cette
fiamme en y approchant la lumière , comme on le fait
à la fraxinelle , Voyez DiCTAME BLANC ; ou bien il
faudroit fuppofer que le frottement occafioné en la
coupant , fiit aifez violent pour déterminer la plante
à l'inflammation. Obfervez encore que cette plante
croît dans les pardmos du Pérou : ce font des efpeces
de plaines extrêmement froides , &. communément
couvertes de neige , qui fe trouvent entre les fommets
des montagnes qui forment les Cordillieres des Andes.
Bois de Mafoutre des Madagafles. Voyei An-
TIDESME.
Bois de M ah agoni ou de Mahogani. Les
Anglois &; les Hollandois donnexit ce nom à un bois
dont ils fe fervent très-communément pour faire des
tables , des boites , & ce qui eft en bois dans les
inftmmens de Phyftque. Ce bois eft d'un rouge de
B O I 349
bols de brcjillet ou à' amarante ; il eft fufceptîbîe de pcli,
&: devient brun à la longue. On prétend que les An-
glois tirent ce bois d'une de leurs Colonies Améri-
caines. Catesby a fait mention de l'arbre qui fournit
ce bois ; voici fes cara£^eres botaniques : Cinq à onze
feuilles impaires & paires ; les fleurs en épis & pani-
cules ; le calice à quatre ou cinq dents ; la corolle à
quatre ou cinq pétales ; les étamines , huit ou dix réu-
nies ; le piftil , un ftyle & un iligmate ; le fruit eft à
quatre ou cinq loges &: de quatre ou cinq valves ;
les graines font plates , ailées , imbriquées dans chaque
loge.' On prétend que le makigoni eft V acajou à
planches. Voyez à f-article ACAJOU.
Bois major ou Bois de Cheval. « Sa racine,
» dit Nicolfcn , eft mince , fibreufe , grifâtre ; il s'en élevé
» plufieurs tiges articulées de trois à quatre pouces de
» diamètre , droites , couvertes d'une écorce mince ,
» liffe , grifâtre dans les vieilles branches , vertes daiis
» les jeunes. Le bois eilléger, blanc , compare , flexible,
» rempli d'une moelle blanche comme le fureau, Sts
» feuilles font alongées , pointues au fommet , rudes au
» toucher , fans dentelure , divifées par une côte qui fe
» fubdivife en plufieurs nervures , qui font toutes diii-
» gées vers le fommet , d'un vert pâle tant en deffus
» qu'en deffous , portées fur un pédicule très-court ,
» longues d'un demi-pied , & larges de deux à trois
» pouces. Ses fleurs croifîent par bouquets au fommet
» des branches ; il leur fuccede une petite graine jau-
» nâtre de forme ovale. On emploie les feuilles du boi§
» major en: décodlion pour panfer les plaies des che-
» vaux. Ce bois croît dans tous les endroits humides
» à Saint-Domingue >k
Bois Mandrou. On lit dans VEjfai fur Vlîijloir^
Naturelle de Saint-Domingue ^ que c'eft un arbre dont
les feuilles font de différente grandeur ; les unes ne
font longues que de trois pouces &. demi , d'autres
onl jufqu'à neuf pouces de lo*ngueur , &". deux à trois
^50 Soi
pouces de largeur ; elles font lilTes , d'un vert foncé
en defTus , d'un vert pâle en deiTous , pointues , fans
dentelure , divifées par une groffe côte faillante ,
portées fur un pédicule recourbé du côté de la branche
où il eil attaché.
Bois Makaque. Grand arbre des Antilles & de
peu de durée : il eft plein de trous. L'arbre efl ainû
appelé , parce que l'efpece de fmge makaque préfère
ion fruit à tout autre.
Bois marbré. Voyc^ Bois de Féroles.
Bois Marie. Nom donné à l'arbre dont on tire
par incilion le baume veit. Voyez ce mot.
Bois de mèche. Voyei Kàratas & Ouaye.
Le bois de mèche des Créoles , eil: VApeîba foLiis glabris y
ficribus vlrefcmtibus , fruclu afpero , de M. Auhlet. C'efl
un arbre de la Guiane , qui croît près de la Crique
des Galibîs ; fon tronc s'élève à la hauteur de douze
pieds ou environ ; il a huit à dix pouces de diamètre ;
les fleurs font pclypétalées , en graj^pes & terminales ;
le fruit efl une capfule arrondie , aplatie en deffus &
en deiTous , & chargée dans toute f i farface de petites
afpérités qui reffemblent aux dents d'une lime. Les
Garipous appellent cet arbre yvouyra ; ils fe ferv^ent de
fon bois , ainfi que les Galibis , pour avoir du feu : en
frottant l'un contre l'autre deux morceaux de ce bois
arrondis & pointus , ils parviennent bientôt à en avoir.
Bois de merde.' /^tjye^ Bois caca.
Bois de Merle. Cq^Xq célajîre ondulé ^ Celafims
vndulatus , Hort. Reg. ; Ornitropha merularla y Comm.
Cette efpece de céiajlre efl un arbiiffeau haut de huit
à douze pieds , ^L qui croît à Madagafcar & aux Ifles
de France 6c de Bourbon. Ses fleurs font blanchâtres
& difpofées en bouquets ombcUiformes.
Bois minéralisé] Voyei à l'article Minéraux.
Bois des Moluques , Lignum Molucenfi. C'eil le
bois d'tfn arbrifleau qui croit aux Ifles Moluques ,
( Crotum Tigtium , Linn. Sp. ) Voyez RiCïN Indien,
B O I îjï
"Bois néphrétique , Lignum mphraicum aiit pcn-
grïnum, C'eil un bois d'un jaune pâle , pelant ^ d'iia
goût acre & un peu amer , dont l'écorce eil noirâtre :
le cœur du bois efl d'un rouge-brun. Ce bois a une
fmgularité remarquable : lorfqu'on a fait infufer dans
de l'eau le véritable bois néphrétique ^ l'eau mife dans
un vafe tranfparent , paroît d'un beau jaune fi on la
regarde en tenant le vafe entre fon œil & la lumière;
mais fi on tourne le dos au jour , l'eau paroîtra bleue ;
effet qu'il faut vraifemblablement attrPDuer aux parties
colorantes , qui font conilituées de manière à laiffer
paiTer les rayons jaunes comme un tamis , 5c à réfléchir
les rayons bleus que l'œil ne peut appcrcevoir que
lorf qu'il eil entre le vafe & la lumière. Si l'on mêle
une liqueur acide dans le vafe , la couleur bleue dif-
paroît fur le champ ; &; de quelque manière qu'on
regarde l'eau , elle a toujours alors la couleur d'or ;
auiîi-tôt que l'on y .ajoute un fel alkali , la couleur
bleue lui eil: rendue. Tous ces effets fi fmguliers font
produits par les divers arrangemens des parties colo-^
rantes , & leurs combinaifons avec les matières falines.
L'arbre dont on retire ce bois , efl le Guilandinct
îjiorïnga , Linn, Sp. , ol croît en Amérique , dans 1^.
Nouvelle Efpagne. On prétend que cet arbre efl, ori-
ginaire du Ceylan. On l'appelle dans le Malabar mo-*
rlngu , & dans le Ceylan kaiu-murimgka ou wcittu-*
imirunga. Ses feuilles reffemblent à celles des pois-
chiches. L'infufion de ce bois eil apéritive & utile ^
dit-on , dans la néphrétique , ce qui lui a fait donner
ce nom ; on l'eflime auffi très-fébrifuge. Quoique biea
des perfonnes fallent de grands éloges de cette infu-
iion pour difToudre la pierre , les Auteurs de la Matierd
médicale doutent fort de cette vertu. S'il exifloit quel-
que dilfolvant véritable de la pierre , ce feroient les
favôns 5 qui , compofés de parties falines & huileufes ,
font propres à diiioudre les parties coriilituantes de
ia pierre.
35^ B O I
Comme ce bois ell peu uiité , on le trouve tare^
ment dans le commerce : des Marchands de mauvaife
foi lui fubflituent fouvent l'aubier du gayac d'Europe.
Quelques-uns foupçonnent que le mimcudu ou bcn-
cudu ou lakki'lakki , dont les racines donnent dans la
teinture une belle couleur rouge , efl l'arbre à bois
ncphritique du Ceylan , tranfporté à Malacca , à Java
& aux Moluques ; d'autres prétendent que cette ra-
cine à teinture rouge efl le Ronas. Voyez Racine
d' Armcnh,
Le bois néphrétique d'Europe efl le bouleau. Voyez
ce mot.
Bois de lait de l'Ifle de France , Antafara. Il
paroît que c'eft le franchipanier à feuilles retufes. Son
bois eft eftimé pour toutes fortes d'ouvrages au tour
6c pour la marqueterie.
Bois de Nicarague. C'efl le Bols defang. Voyez
ce mot.
Bois noir. Ses feuilles croiflent oppofées le long
des ramilles ; elles font cblongues , pointues, longues
de quatre à cinq pouces , & larges d'environ deux
pouces , fans dentelure ; portées fur de petites queues ,
elles font d'un vert tres-foncé en defiiis , tirant fur
le noir & luifantes , d'un vert fombre en deffous.
Telle eil la defcrlption trop fuccinte de ce bois , par
l'Auteur de VEJuiifiir fHJI. Nat. di Salnt-Dominpie.
On diilingue le bols noir de Malabar ; c'ell V Acacia
de Malabar , Mimofa Ubbcck , Linn. ; Acacia non fpi^
nofa Indice Orientdis , colutice foliis , jiliquâ crujla^
c:d ^ &c. Pluk. Cet arbre croît dans l'Inde & dans
l'Arabie. L'écorce en eft aiîcz unie & grifâtre ; fes
feuilles font deux fois ailées ; les folioles ovales ,
oblongues , glabres & d'un vert glauque ; les fleurs
font blanchâtres, difpofées en faifceau ombel li forme ;
les étamines ncmbreufes &: très -longues ; les fruits
font des gouiTes longues de fept pouces , larges d'un
pouce ÔC demi , très - aplaties , d'un blanc jaunâtre ^
prefque
B O 1 355
pîeTque liufantes , & qui renferment chacune huit à
dix lèmences planes & orbicula res.
Bois d'or du Canada, f^oyei à CarticU Charme»
Bois d'Ortie. Fvyci Bois de Frédoche.
Bois de la Palile. Voyc^^ à VanïcU Sang-
Dragon.
Bois de Palixandre ou Bois violet, Lignum
violaceum. C'eft un bois que les Hollandols nous en-
voient des Indes en grofîes bûches. Il réunit à une
odeur douce 6l agréable une belle couleur tirant liir
le violet , & enrichie de marbrures : ce bois eft d'au-
tant plus eilimé que fes veines tranchent davantagre.
Comme fon grain eil ferré , il eil fufceptible "de
prendre un poli luifant : il eli: propre au tcur & à la
marqueterie. On en fait grand ufage pour les bureaux ,
les bibliothèques 6c autres ouvrages. C'eft de ce bois
que les Luthiers font la plupart des archets de violon.
Il nous vient encore par la voie de Hollande , une
autre efpece de bois de couleur rougeâtre tirant fur
le violet , propre à la marqueterie ; mais il fe ternit
aifément , & il efl trop fujet à le fendre , fi on n'a
foin de le cirer de temps en temps : on le nomme
improprement bois de la Chine ; car on prétend que
l'arbre dont on le retire , ne croît que dans le Conti-
nent de la Guiane en Amérique , au bord des maré-
cages ; il eft monté fur des arcabos , dit M, de Prê-^
■fontaine, C'eft le Spartium arboreum tri/Jaim iigno
violaceo. Barr. Eff. p. 105.
Bois Palmiste. Les Habitans de Saint-Domingue
donnent ce nom à un arbre qu'il ne faut pas confondre
avec les palmifles proprement dits. La tige du bois pal--
mijie eft d'une hauteur médiocre , droite , branchue
dans fon fommet & très-garnie de feuilles ; fon écorce
eil d'un noir cendré , liffe dans la jeuneffe de l'arbre ,
& crevafîée lorl'qu'il vieillit ; fon bois eft d'un blanc
fale & pefant ; fes feuilles affez femblables à celles
du noyer, plus étroites cependant ^ conjuguées; fes
Igiuc il Z
354 B O I
ileurs font fameufes & d'un blanc pourpré ; il leiif
fuccede un fruit femblable à celui de Vhermodacis,
( Ejfai fur l'Hïfi. Naturelle de Saint-Domingue, )
Bois pelé. Voye?^ Bois de Frédoche.
Bois pétrifié ou Dendrolite , Z/V^o;t^/7o/z. Voyez
à l'article PÉTRIFICATION.
Bois a pians. Nom donné à Saint - Domingue k
un arbre très-branchu , & qui s'élève beaucoup ; il
croît dans les endroits humides de cette contrée. Ses
feuilles font cblongues , arrondies par la bafe , ter-
minées au fommet par une pointe alongée & recourbée
d'un côté 5 d'un vert très-foncé en defiiis , un peu
clair en deflbus , liffes , opaques , fans dentelure , lon-
gues de quatre à cinq pouces , larges d'environ un
pouce , difpoféesf fur une côte tantôt par paire , tantôt
alternativement ; chaque ramille eil: terminée ou par
une feuille ou par deux feuilles. Aux fleurs fuccede
une gouffe plate, longue de deux à trois pouces ,
large d'un pouce & demi , qui renferme une ou deux:
graines ridées , cotonneufes , d'un vert pâle , très-
veinées , plates , en forme de cœur , de douze à quinze
lignes de diamètre , rouflatres , d'un goût défagréable.
On prétend que les feuilles de cet arbre , appliquées
en cataplafme fur les pians , les guériifent radicalement.
On emploie l'écorce de l'arbre pour teindre en jaune.
Bois de pieux. Voye^ Belo.
Bois piquant. Voyei Tavernon.
Bois de plomb des Canadiens , ou Bois de
CUIR , Dirca palujlris , Linn. ; IhymœUa Jloribus albis
primo vere erumpentibus , foliis oblongis acuminatis ,
yiminihus & corticz valdc tenacibus , Gron. Virg. Petit
arbriffeau de la famille des Garous ; il croît naturelle-
ment dans les endroits marécageux &; couverts de
l'Amérique Septentrionale. Son bois efl: léger ; fes ra-
meaux & fon écorce fort tenaces , &: peuvent à peine
fe rompre fans le fecours d'un couteau ; fes feuilles ,
qui tombent tous ks ans j font vertes ôc glabres en
B O ï 3J5
cieffus , blanchâtres & un peu velues en deffous ,
alternes , ovales ; les rameaux font à artidilations
comme enchevillées les unes dans les autres. Les fleurs
paroiiîent avant les feuilles développées , trois en-
femble , latérales , pendantes &c blanchâtres ; le fruit
eft baccifere , ovale & monofperme.
Bois pouilleux. Foye^ ce que c\fl à VartlcU
Arbre.
Bois rfE ptisane. Dans le pays de Cayenne on
donne ce nom à la lïam feguim ; on en prend une ou
deux poignées , que Ton mêle avec force citrons ,
pour faire tremper les malingres. Foye^ a Partictc
Liane.
Bois puant. Voyci à VanicU Anagyris. Il ne
faut pas confondre ce boïs puant avec le bois caca.
Voyez ce mot.
Bois punais. Voye^ Cornouiller sanguin.
Bois de Quassie , QuaJJîa amara , Linn. Spec.
pag. 553. Il nous vient d'un arbrifîeau qui croît dans
les forêts de Surinam , & porte le nom d'un efclave
Nègre nommé Quaffi qui l'avoit découvert , & s" ta
fervoit avec fucces pour guérir les fièvres malignes de
fes camarades dans la Colonie de Surinam , dont l'air
chaud & humide eft tres-mal-fain. M. de la Borde ,
Médecin à Cayenne , nous a dit qu'on a tranfporté
dans l'Ifle de Cayenne plufieurs plants de quajjîe ;
qu'ils y ont bien réufTi ; que vers la fin de l'^'j'i ^ ils
avoient déjà fleuri & frudifié ; qu'ils fe plaifent dans
les lieux frais & humides ; & qu'en les plantant fur les
bords des rivières , il y a lieu de préfumer qu'on les
verra multiplier autant qu'on peut le défirer. Planté
de graine s , cet arbrifTeau y donne fes premières fleurs
au bout de deux ans , ou de deux ans & demi. Il efl ,
dit M. Patris , de moyenne hauteur , produifant»
une ou plufieurs tiges d'un pouce de diamètre , qui
s'élèvent de fix à huit pieds , avant de donner Aqs
branches. Jufqu'à ce que les tiges commencent à fe
Z 2
55^ B O I
ramifier , elles font, dans toute leur longueur, garnies
de feuilles , dont elles fe dépouillent alfez ordinaire-
ment après la formation des branches.
La tige de l'arbriiïeau eft cylindrique &C cendrée ou
grifâtre. Les jeunes poufles ont l'écorce verte 6c très-
ïégérement pointillée de blanc ; celle des branches ,
dans leur naiffance , eft d'un beau rouge , bruniffant
ëc fe marquant de quelques lignes ou fines grifâtres
en viellliffant. Les feuilles font alternes , compofées
de trois ou quatre rangs de folioles fans pétales , mais
de forme ovale. Cet arbriiTeau quitte rarement fes
feuilles.
Les fleurs de quaffie , dit M, Llnnœus , font difpofées
en grappes à l'extrémité des branches , & ont le port
& le volume des fleurs de la fraxinelle ; leur couleur
eft d'un beau rouge de corail ; le calice efl court &
compofé de cinq pièces ; les pétales font aufîi au
nombre de cinq , égaux , arrondis , larges à leur bafe ,
roulés en cornet les uns fur les autres , & ne s'épa-
nouilfant jamais ; les filets des étamines font au nom-
bre de dix , fur montés de fommets oblongs , jaunes ,
& qui ont une pofition à -peu -près horizontale; le
piflil efl un peu plus long que les étamines. Il lui
fuccede cinq femences de forme ovale.
La racine du qnaffîc efl pivotante , groffe comme le
bras , blanchâtre en dedans , &: jaunifTant à l'air. Elle
efl toute en aubier , 6c l'on ne peut pas en féparer la
moelle : fon écorce efl fine , grife , raboteufe , 6c
comme gercée en quelques endroits.
Cet arbriffeau efl un des plus agréables à la vue par
la multiplicité de fes bouquets & la variété des cou-
leurs dans fes feuilles. La racine , feule partie en ufage
de l'arbre , efl légère & n'a point d'odeur , fur-tout ii
elle a été defTéchée à propos ; elle efl , ainfi que toutes
les parties de cet arbrifleau , d'une amertume extrême ,
durable, fans avoir la ilipticité du quinquina. On eflime
ce bois très-ba]famique, & propre , par fon amertume,
B O I 357
à réfîfter aux acides 6c à la putréfaâ:ion , les deux
principaux de{lruâ:eurs des végétaux & des animaux.
On s'en fert dans rAmérique pour les ncvres intermit-
tentes 5 continues , malignes & putrides. On le prend
en poudre, 6c plus efficacement en déccdion.'Un gros
de cette racine râpée lliffit pour ime livre ou chopine
de vin ; on peut aufîi fe fervir d'eau au iieu de vin.
Il n'y a que peu d'années que ce remède s'ell in.troduit
dans la Médecine de l'Europe. On fc fert aufii de fa
teinture au vin contre la goutte 6c peur fortiacr l'ef-
tomac. On en prend deux cuillerées à loupe avant le
repas. En un mot le bois de quaffie peut liippléer au
défaut de quinquina , il a les mêmes vertus , 6>c fcuvent
môme il termine des fièvres qui avoient été très-
rebelles au quinquina & aux fleurs de poincillade.
Bois Quinquina , Malpi^hia latifolla conicc fungui-
mo^ Barr. EfT. p. 72 ; dans la langue desGalibis , Xou-
rouquouy. On ne fait point , dit M. de Préfontaine , ce
qui a fait donner à ce bois le nom de quinquina , avec
lequel il ne paroît avoir aucun rapport. Cet arbriffeau
croît naturellement dans les grandes favannes , ou prai-
ries abandonnées depuis long-temps dans la Guiane.
Barnre ajoute qu'on s'efl fervi quelquefois , dans la
dyllenterie , du bois & de l'écorce de cet arbriffeau ,
avec le même fuccès que du Jimaiouba, Voyez ce mot,
M. Deleuiç dit que les fleurs de cet arbre 6c des
autres plantes du genre des Ma/pigkia , font à dix éta-
mines 6c trois piftils , 6c ont dix nedaires en dehors
du calice.
Bois Ramier, f^oyei Bois de soie.
Bois Ram on. Nom d'un arbriffeau qui croît à
Saint-Domingue ; fon écorce eu amere ; fes feuilles
font épaiffes , rudes au toucher , d'un vert foncé ,
larges ; fes fleurs croiffent par bouquets , d'un blanc-
jaunâtre 6c. d'une odeur agréable , qui fe changent en
un fruit affez femblable à une amande. ( EJ/ai fur
rmji, Natur, de Saint-Domingue, }
35S B O I
Bois de Reinette. P^oyei Dodonee â feuilles
étroites^
Bois de Rose , Lignum Rhodium ; ainfi nommé à
caufe de fon odeur , qui approche de celle de la rôle :
on l'appelle aufîi bois de Rhodes ou bois de Chypre ,
parce qu'il croît dans ces Ifles , ainfi que dans celles
de Canarie , aufîi bien qu'au Levant , le long du Da-
nube , & à la Martinique oii on le nomme aufîi
afpalath. Nous avons obfervé que ce bois odorant
n'ofFre guère que la partie des racines.
Il y a diverfité de fentimens fur l'arbre dont on retire
ce bois aromatique , qui efl: de couleur de feuille-morte,
dur , tortueux &: rempli de veines , qui , par leurs va-
riétés, forment des compartimens agréables. Les An-
tilles en fourniflent beaucoup : il efl très- propre pour
le tour & pour la marqueterie , parce qu'il reçoit
très-bien le poli , ainfi qu'on en peut juger par les jolis
meubles qui décorent nos appartemens & nos cabi-
nets : il efl d'un jaune pâle & qui devient roux avec
le temps ; il efl réfmeux/, dur , amer & parfemé de
nœuds : fon aubier efl blanc & fans odeur. Quelques-
uns croient que c'efl le même que le bois citron. Voyez
ce mot. D'autres foupçonnent que le lignum Rhodium
efl un cytife.
Les HoUandois retirent , par la diflillation du bols
de rofe ^ une huile très -pénétrante , que l'on peut
fubftituer à l'huile effentielle de rofe dans les baumes
apople^liques , céphaliques. Les Parfumeur^ font ufage
de ce bois de rofe , à caufe de fon odeur.
Il y a une efpece de bois de Rhodes , ayant peu
d'odeur , qui croît à la Jamaïque : Amyris balfamifera ,
Linn.; Lauro àjfnis terebenthi .^ folio aluto^ ligno odorato^
candldo ., flore albo ^ Sloan. Jam. Hifl. ; Lucïnium ., Pluk.
Quelques perfonnes le prennent pour le bois de rofe ,
quoiqu'à bien examiner il en diffère. L'illuflre Natura-
lifle Sloane dit que le tronc de cet arbre , qui s'élève à
environ vingt pieds , efl blanc çn dedans , & que ce
B O I 359
boîs réfineux étant brûlé , répand une odeur de rofe
très-agréable. Ses fleurs font blanches , en bouquets ,
comme celles du fureau. Ses fruits reflemblent aux
baies du laurier. Il y a auiîî à la Guiane un bois qu'on
appelle bois de rofe. Voyez à Vartide BoiS DE CHAN-
DELLE. Le hois de rofe de Saint-Domingue , dit Nicole
fon y a les feuilles oblongues , larges de douze à quinze
lignes , longues de deux à trois pouces , terminées au
fommet par une pointe mouffe , recourbée d'un côté y
d'un vert clair en deffous , plus foncé en defllis ; très-
veinées, fans dentelure.
Il croît à la Chine un hoïs de rofe nommé tftan ^
qui eft d'une très-grande beauté. Sa couleur eil d'un
noir tirant fur le rouge , rayé & femé de veines très-
£nes qu'on diroit être peintes : c'efl Veryfifccptum de
quelques-uns. Les ouvrages faits de ce bois font ii
effimés qu'ils fe vendent plus cher que ceux auxquels
on applique le vernis. Du H aide.
Bois rouge ou Bois de sang ou Bois sanglant;
Terebinthus procera halfamïfera ruhra ^ Barr. p. 107 ; an,
Cahiieriha , Pifon. C'efl: V Anacoucou des Caraïbes. Ce
bois provient d'un très-grand arbre qui croît en Améri-
que , près du Golfe de Nicaragua & dans les environs de-
Cayenne. Le cœur de ce bois efl d'un très-beau rouge
étant travaillé , mais il s'éclaircit &: devient gris à la
longue. Son écorce qui efl grife d'abord , devient
rouge en féchant , tant en dehors qu'en dedans,.
Les Indiens fe fervent quelquefois de cette couleiu:
pour colorer certains ouvrages. Ce bois efl cher ;
ils s'en fervent cependant pour s'éclairer , de même
qu'on emploie le pin dans les Pyrénées. M. d&
Préfontaine dit que c'efl , après le balatas ^ le meilleur
bois pour bâtir.
On donne aufll le nom de Bois ROUGE ,. Lignum
rubrum , Pterocarpns draconk fanguis , à un arbre qui
croît à Java , Sumatra & Malacca , & que les Indiens
appellent en langue Malaie Anxana^
Z-4
3^0 B O I
Nicolfon obferve que le bois rouge eft un grand arbre
dont on diltingue plufkiirs efpeces , qui difftrent entre
elles tantôt par les fleurs , tantôt par les feuilles. Dans
le quartier de Léogane , au bord de la mer , à Saint-
Domingue , il en croît une elpece fort commune , qui
s'élève environ à vingt pieds. Son. bois eil: liiTe , gri-
fâtre , dur , pefant , malîif : fes feuilles ont fix à lept
pouces de longueur 6c environ deux pouces de lar-
geur ; elles font oblongues , terminées par une pointe
recourbée d'un côté ^ d'un vert gai en deffus , clair en
dellbus 5 fans dentelure , partagées par une côte &:
plufieurs nervures laillantes. Sa fleur devient une baie
fphérique , de quatre lignes de diamètre , remplie d'une
pulpe molle, mince, charnue, d'une odeur aromatique,
d'un goût fade; l'écorce qui couvre ce fruit eft mince,
grifâtre , lilTe en dedans. On trouve au centre une
graine prefque ronde , divifée en deux lobes , dure ,
noirâtre , farineufe , ayant le même goût &; la même
odeur que la pulpe. Son bois efl: employé dans les
ouviagts de menuiferie.
Bois satn. C'ell le garou. Voyez ce mot.
Bois saint. Foye^ Gayac.
Bots de Saint-Jean. Voyez Arbre de Saint- Jearz.
Bois de Sainte- Lucie. Voyez Mahalep^ à l'article
Cerisier.
Bois de sang. Voyei^ Bois rouge.
Bois de Sapan. C'eil le bréfdUt des Indes, Voyez à
Vartïck Bois DE Brésil.
Bots satiné. Bel arbre des Antilles ; c'ell: le même
que le bols de Féroles, Voyez ce mot. On emploie fon
bois en marqueterie : il a le fond rouge , veiné de jaune.
Le bols fatlnl d'Europe eft le prunier. Voyez ce mot.
Bois de Savanne. Voyei Poirier sauvage de
Cayenne.
Bois savonneux. Voye^ Savonnier.
Bois de Saxafras. Voyei Sassafras.
Bois de Senil. Voye^ Conise àj}uilks deJauU.
B O I 361
Bois de seringue, royei à L'anlck RÉSINE ELAS-
TIQUE.
BOïS SIFFLEUX. Voyer^ COTONNIER SIFFLEUX , à
VartïcU MahOT.
Bois signor. Voyc^ Bois Capucin.
Eois DE Soie ou Bois Ramier , Muntingïa folio
fcrlceo molli ^ frucîu majon , Piiim. Gen. 41. C'elt un
arbre de la famille des JdUuls ; il s'élève à environ
trente pieds de hauteur ; fon écorce eit épaifl'e de près
d'un demi-pouce ; elle efl blanche & toute hachée ;
fon bois eit gris , il a le ni long , tendre &: plein de
fève ; cet arbre elt affez branchu , de belle apparence ,
bien fourni de feuilles , qui approchent fort de celles du
charme ; elles font alternes , tendres , douces ^ fines
6c couvertes notamment en deflbus d'un petit duvet
blanchâtre , doux ^ ï\\\ comme de la foie. Son bois
n'eil: bon qu'à faire des douves pour les barriques ,
encore durent-elles peu. A Saint-Domingue , où cet
arbre fe trouve, les Nègres font des cordes avec fon
écorce.
Bois de Tacamaque. Voyc^ Tacamaque.
Bois tapiré. Grand arbre de la Colonie de
Cayenne , dans lequel le cœur du bois eft mêlé de rouge
6c de jonquille : on en fait des meubles dans le pays ;
& comme il eil d'une excellente odeur , il la com-
munique au linge qu'on renferme dans les armoires
faites de ce bois. L'on commence à nous en apporter
en Europe pour l'ufage des Ébénilfes.
Bois trompette. Voyc^ ArviBAÏBA.
Bois veiné. Nom donné par des Amateurs à une
coquille univalve du genre des Murex , parce que fa
couleur imite celle du bois veiné. Voyez Murex.
Bois vert , ainfi nommé de fa couleur dominante.
C'eft le his d'èbme de la Guadeloupe & de toutes les
Antilles. Voyc^^ à l^articU Ébene.
Bois violet. C'eft le Bois de Palixandre ;
cependant les Ébénifle.^jippeilent plus particulière^
362 BOL
ment hois violet , celui dont les veines tranchent davan-
tage & font plus vives, f^oje^ Bois DE Palixandre.
BOLDU , Boldu arbor ollvkra , Plum. Journ, du
Pérou. Arbre qui paroît avoir quelques rapports avec
les Lauriers , 6^ qui croît dans les forêts du Pérou :
il s'élève à la hauteur de vingt à vingt-quatre pieds ;
fon tronc ell de la grofleur d'un homme. Son écorce
a le goût de la cannelle ; fes feuilles font oppofées ,
cordiformes , longues de trois pouces , de moitié
moins larges , vertes , un peu velues , & d'une
odeur d'encens. Les fleurs viennent en bouquets au
bout des branches ; elles font blanches , à fix pétales
difpofés en rofe ; il y a iix étamines jaunes , & un
piiîil ; le fruit reffemble à nos olives ; fon noyau efl
noir , rond & olTeux. Les Indiens mangent ce fruit
par déhces.
BOLET , BoUtus , Linn. Gêner. 12 10. Voye^^ à
VartkU Champignon.
On a donné le nom de Boht de cerf ^ ( BoUtus
Urvinus , ) à une efpece de champignon à cavité pul-
vérulente ; ceux que nous avons vu fous ce nom font
des vefTes-de-loup , petites , orbiculaires.
BOLS , Terres bolaires ou Terres sigillées ,
Terrez bolares. Ce font de vraies argiles ; mais il pa-
roît qu'on a afFeâ:é finguliérement ces noms à celles
qui font un peu poreufes , affez friables , s'attachent
& happent fortement en empâtant la langue , de même
qu'à certaines argiles rempUes d une grande quantité
de terre ferrugineufe , & colorées par cette terre d'une
manière uniforme en jaune ou en rouge , &:c.
Il y a une efpece de terre bolaire de couleur de
chair , que l'on voit avec étonnement avoir été de
tous temps célèbre parmi les hommes , puifque du
temps môme ^Homère & ^Hérodote , on ne la tiroit
de la terre qu'avec de grandes cérémonies. On nous
apporte cette terre fous la forme de paftilles convexes
d'un côté , 6c aplaties de l'autre par l'impreffion du
BOL 3^5
cachet que chaque Souverain des lieux oti il fe trouve
aujourd'hui des bols , y fait appofer , moyennant un
tribut, ce qui kii conferve le nom de terre Jîgillée,
Autrefois les Prêtres y imprimoient l'image d'une
ihevre , fymbole de Diane. Les bols ou terres JigllUes
qui nous viennent de Saxe , font en paftllles rondes
au pourtour , &: planes tant en deffus qu'en deiTous :
l'une des faces offre l'empreinte de deux fabres
croifés.
On voit en Allemagne , dans les boutiques , plu-
fieurs efpeces de terres Jzglllées , marquées de cachets
dilférens. La plus grande partie de la terre Jîgillêe ,
que l'on nomme aufli terre de Lemnos , parce qu*on
la tire de cette Me , appelée aujourd'hui Stalimem ^
eft marquée du fceau du Grand -Seigneur. Le Gou-
verneur de rifle en vend auiïi une partie aux Mar-
chands , fur laquelle il imprime fon fceau.
Les Anciens ont beaucoup vanté cette terre , dont
on ne fait aujourd'hui prefque point d'ufage : les cé-
rémonies qu'on employoit pour la tirer de la terre ,
ne contribuoient pas peu à augmenter , dans l'efprit
du peuple toujours crédule , l'idée de fa vertu. Ils la
regardoient comme un alexipharmaque , comme un
remède très-utile à la dyffenterie , &: propre à refer-
mer les plaies /écentes ; effets qui , quoique très-foi-
blés , pouvoient être produits par l'acide vitriolique ,
qui efl contenu dans les terres argileiifes, Henckel dit
que l'ufage de ces terres efl propre à engendrer & à
augmenter les calculs , de même que le talc que les
Chinois brûlent, & qu'ils boivent mêlé avec du vin,
comme un remède propre à prolonger la vie. Il efl
étonnant que les terres bolaïres foient toujours d'un
ufage aufîi familier dans la Médecine. Il efl reconnu
que les acides n'agiffent pas fenfiblement fur les terres
grajfes ; fi ces difîblvans ne peuvent les attaquer , il
n'y a guère lieu de croire que ceux qui fe trouvent
dans l'ellomac prodiiifent ççt effçt, Nous dirions vor
364 BOL
lontiers , avec la plus faine partie des Médecins inf-
traits , qu'on peut regarder comme un abus l'ufage des
urres bolaires èc des terres Jigillées. Erredivement , ii
elles ne ie diffolvent peint dans les premières voies ,
elles ne peuvent que fatiguer Feilomac fans paffer
dans l'économie animale. S'il s'en diflbut une partie ,
c'eli: une preuve que la terre boUirc ëtoit mêlée d'une
portion de terre calcaire ; &. alors il vaudrcit mieux em-
ployer des terres abforhanîes , telles que la craie lavée ,
les yeux (Pécrcviffes , ckc. Si c'efl à la partie ferrugi-
neufe qu'on attribue \^s vertus des terres Jigillées , il
feroit beaucoup plus fimple d'employer des remèdes
martiaux.
On a des bols & des terres Jigillées de plufieurs autres
Contrées , & ces bols font aulîi plus ou moins vantés.
La terre de Mafia , près de Lisbonne , a la réputation de
guérir les cancers. Celle de Saint-Ulrich a , dit-on, la
vertu de chafler les rats ; & celle du Chaw au Pérou
paiTe pour rendre les femmes fécondes. En Allemagne
les terres bolaires ont encore beaucoup de crédit.
On met au rang des bols une terre du Mogol de
couleur grife tirant fur le jaune , que l'on nomme
terre de Fatna ; on en fait des pots , des bouteilles ,
des carafes qu^ l'on nomme gargoulettes , capables de
contenir une pinte de Paris , mais fi minces & Il lé-
gères , que le fouffle de la bouche les fait rouler çà
& là fur le parquet. On prétend que l'eau y con-
trade un goût d>c une odeur agréables , ce qui n'a
point heu dans ce pays-ci , lorfqu'on veut répéter
rexpcrience dans ces vafes. Quoi qu'il en foit , ce
vafe s'humecte infenfiblemtnt , &: après que les Da-
mes Indiennes ont bu l'eau qu'il contenoit , elles le
croquent & mangent avec plaifir , & principalement
quand elles font enceintes ; car alors elles aiment
avec fureur cette terre de Patna ; & fi on ne les ob-
fervoit point , dit plaifamment Lémeri , il n'y a point
de femme groffç au Mogol qui , en peu de temps ,
B O M 365
n^eut grugé tous les plats , les pots , les bouteilles ,
les coupes & autres vaies de la maifon. On dit qu'en
Efpagne on fait ufage d'une efpece de tern qui a pref-
que les mêmes vertus , & qu'on nomme bucaws.
Voyez ce mot. Le bol d^ Arménie , fi célèbre comme
ingrédient de la grande thériaque , efl: d'un rouge-
brun. Il s'en trouve d'à fiez femblable auprès de Saumur,
Les Naturalises diftinguent encore plufieurs autres
efpeces de terres bolair&s par leur couleur , ainfi qu'ils
donnent à beaucoup d'argiles des épitheîes qui indi-
quent leur couleur ; comme argiles blanches , argiles
grifes j argiles bleues. Mais toutes ces dénominations ,
comme le dit avec railon l'Auteur du Diciionnaire de
Chimie , ne donnent que fort peu ou même point du
tout de connoifîances fur la vraie nature des diffé-
rentes argiles naturelks. Ne feroit-il pas , dit-il , plus
avantageux d'examiner d'une manière plus particu-
lière 5 ëc fur-tout par des épreuves chimiques , quelles
font les m.atieres hétérogènes dont le mélange altère
dans les différentes argiles naturelles la pureté de la
terre argileufe , fimple 6c primitive , à laquelle elles
doivent tout ce qu'elles ont de propriétés argileufes ,
& de leur donner des noms qui indiquaffent ces ma-
tières hétérogènes , ou du moins celles d'entre elles
qui dominent , en y joignant , fi l'on veut , la cou-
leur de V argile ? Dans ce plan de nomenclature , on
auroit les argiles blanches , fahUufes ^ micacées , cal-
caires ; les argiles grifes ou bleues , pyriteufes ; les ar-^
giles jaunes ou rouges , ferrugineufes : les argiles noire»
ou bitumineufes. Ces obfervations judicieufes prouvent
combien la Chimie peut répandre de lumière dafis
VHiJloire Naturelle fur l'objet préfent & fur une infi-»
nité d'autres , particulièrement dans la Minéralogie.
Comme cet article a une liaifon intime avec
celui de la glaijé 6c de V argile , Voyez Argile &
Glaise.
BOM , Borna, Grand ferpent du Bréfil & du pays
^66 B O M
d'Angola J^ qui fait un bruit iingulier en rampant , &
dont il eft parlé dans VH'iJîolrc Générale des Fojages,
Le Borna eA le Boa. Voyez cet artïck.
BOMBAPvDIER ou Canonnier. Nom donné à une
efpece de buprejie qui fait par l'anus une explofion
femblable à un coup de feu. Cet infede y que M.
SoLander a fait connoître le premier , efl de moyenne
grolîeur &: de l'efpece des vers-luifans ; voici la phrafe
qui défigne {ç.s caradleres : Cicindela capitc , thorace ,
pedibufque riifis , elytris nigro'CœruUis, Le bombardier a
les yeux faillans 6l d'un bleu- noirâtre ; fes cornes font
courtes. Il a la tête , l'eftomac , le ventre &: les pattes
d'un rouge mat : l'extrémité des pattes de derrière efl
d'un bleu foncé. Les étuis de fes ailes ont une largeur
inégale &: des pointes obtufes. C'eft vers le commen-
cement d'Avril que cet infeûe fort de terre : il refle
d'abord caché fous des pierres ; mais lorfqu'il fe met
en marche , il va toujoiu's en fautant & fans faire ufage
de fes ailes ; ii on le touche , il jette aufTi-tôt par
Tanus , avec un bruit prefque femblable à celui d'une
arme à feu , une fumée qui parort d'un bleu fort clair,
L'Obfervateur avoue que dans la frayeur que lui caufa
pour la première fois cette explofion , il lâcha l'in-
îefte ; mais que dès qu'il en eut trouvé un autre , &
qu'il l'eut pris , l'animal tira fon coup comme le pre-
mier. M. Solandcr , familiarifé avec l'artillerie de ces
petits animaux , s'avifa de chatouiller celui-ci avec une
épingle fur le dos , & il tira jufqu a vingt coups de
fuite. Etonné de voir tant d'air contenu dans un fî
petit corps ', il ouvrit l'infede , &: il lui trouva vers
l'anus une petite vefîie aftaifiee. Cette veiîie eft donc
l'arfenal foudroyant de cet infecle , qui efl lui-même
une efpece de petite baflille , dont la manœuvre pé-
tulante ôc fans effet nuifible , mérite l'attention de
rObfervateur. Cet animal a un ennemi qui lui donne
continuellement la chaflé , c'efl le grand carabus dé-
crit dans le Fauna Su^cica de Linn(çus. Quand le tireur
BON 367
eft fatigué par les pourfuites du carahus ( qui efl un
autre bupreue) , il fe couche devant fon emiemi. Celui-
ci , la bouche béante , & les pinces ouvertes , efl tout
prêt à dévorer fa proie ; mais à l'inflant qu'il s'apprête
à fauter fur elle , le tireur lâche fon coup de bombe ,
&.le carahus effrayé recule. Le bombardUr pourfuivi
cherche à mettre le chaffeur en défaut , & s'il eft aifez
heureux pour trouver un trou , il échappe cette fois
au danger ; autrement le carahus , qui revient tou-
jours à la charge , le prend par la tête , le coupe &
l'avale. M. Solandcr eft furprls que cet infede qui a
des ailes , ne cherche pas à fe fauver en volant ; mais
il ajoute que cet infede fait apparemment comme
l'oie qui, dit-on, vole devant l'épervier , 6c ne ;fait
que fauter devant le renard. M. Solandcr vient de nous
faire connoître une autre forte d'infcde fort lingu-
lier : c'eft une chenille qui mange de la foupe ôc
d'autres chc fes graftes.
BONANA. Nom tranfporté par corruption au pin-
çon de la Jamaïque de M. Brijfon , parce qu'il a l'ha^
bitude de fe percher fur le conana pour fe nourrir des
fruits ou femences de cet arbre. Cateshj dit que c'eft
par la même raifon qu'on donne aufîi au troupïaU le
même nom de bonana,
BONASUS. Efpece de taureau que l'on trouve en
Pébnie , dans les vaftes forêts de Lithuanie , &: dans
quelques parties des Monts Crapacs , & peut-être
dans le Caucafe. Ce quadrupède bifulce eft de la grof-
feur de notre taureau domejiïque , mais fon cou eft
depuis les épaules jufque fur les yeiLx couvert d'un
long poil , bien plus doux que le crin du cheval. Cet
animal vient originairement de V aurochs , qui eft le
taureau fauvage , animal fupërieur au bonafus pour la
grandeur &: pour la force. Voye^ , au mot Auroghs,
toute la variété des bœiffs & les caufes de leur dégé-
nération. Le bonafus a été connu ^Arïflotc ; c'eft le
monops ^Elien , le taureau fauvage de Péonie , le même
3é8 BON
animal qiie Jules- Ce far a décrit fous le nom germaîit
aurus ; en un mot , ceft une eipece de blfon. Voyez
ce mot,
BONDRÉE ^pl. enl. 420. GoiRAN de Bdon , Buteo
cpivorus. Cet oifeau de proie a tant de reffemblance
avec la bufe , qu'à moins de les comparer bien foi-
gneufement , il ell ailé de les confondre. Ces deux
efpeces , quoique voifmes , & quoique ayant beau-
coup de cara^kres communs , offrent cependant des
traits de différence dans le naturel , dans le caradere ,
dans les habitudes , fufiifans pour conftituer deux
efpeces. La bondrèe efl à-peu-près aufTi grolle que la
bufe ; elle a vingt-deux pouces de longueur depuis
le bout du bec jufqu'à celui de la queue , & dix-
huit pouces jufqu'à celui des pieds ; fes ailes , lorf-
cu'elles font pliées , atteignent au-delà des trois quarts
de la queue ; elle a quatre pieds deux pouces d'en-
vergure ; fon bec efl un peu plus long que celui de la
bufe ; la peau nue qui en couvre la bafe ell jaune ,
cpaifïe 5 inégale ; les narines font longues &: cour-
bées ; lorfqu'elie ouvre le bec , elle montre une
bouche très-large & de couleur jaune ; l'iris des yeux
efl d'un beau jaune ; les jambes & les pieds font de
la même couleur , & les ongles , qui ne font pas
très-crochus , font forts & noirâtres ; le fommet de
la tête paroît large & aplati : il eft d'un gris-cen-
dré. Ces oifeaux , ainfi que les bufes , compofent
leurs nids avec des bûchettes , & les tapilTent de laine
à l'intérieur ; c'eft fur elle qu'ils dépofent leurs œufs ,
qui font d'une couleur cendrée &: marquetés de pe-
tites taches brunes. Quelquefois ils occupent des nids
étrangers ; on en a trouvé dans un vieux nid de mi-
lan. Ils nourriflent leurs petits de chryfalides , &:
particuliérem.ent de chyfalides de guêpes. On a trouvé
des têtes & des morceaux de guêpes dans un nid où
il y avoit deux petites bondries : elles font dans ce
premier âge couvertes d'un duvet blanc , tacheté de
noir ;
BON 3^^
•Tioîf ; elles ont alors les pieds d'un jaune pâte , 6c la
peau , qui eft llir la baie dui^bec , blanche. On a
auiîi trouvé dans Feftomac de ces oifeaux , qui efl
fort large , des grenouilles ôc des lézards entiers. La
femelle eu , dans cette efpece , comme dans toutes
celles des grands oifeaux de proie , plus grolTe eue le
mâle ; 6c tous deux piettent &: courent , fans s'aider de
leurs ailes , auiïï vite que nos coqs de baffe-cour. La
hondrée eu. moins commune que la bufe ; fa manière
ordinaire de chaffer , eft de fe placer fur les arbres
en plaine , pour épier fa proie. Elle prend les mu-
lots ) les lézards , les grenouilles , les' chenilles &:
autres infectes. Elle ne vole guère que d'arbre en arbre
^ de buiffon en buifibn , toujours bas & fans s'é-
lever comme le milan , auquel du reile elle reffemble
aflezpar le naturel, miais dont on pourra toujours la dif-
tinguer de loin & de près , tant par fou vol que par
fa queue , qui n'efl pas fourchue comme celle du
milan. Comme la bondrk cft graffe en hiver , & que
fa chair alors eft affez bonne à manger \ on tâche
dans cette faifon de prendre cet oifeau au pié<>e.
BONDUC , Guilandina. Genre de plante à fleurs
polypétalées , de la famille des Leguminei/fes , & qui
comprend des arbres & des arbnffeaux exotiques ,
épineux , dont les feuilles ibnt une ou deux fois ailées ,
& dont les fruits font des gouffes courtes, prefque
rhom.boïdales , tout-à-fait uniloculaires , & qui renfer-
ment quelques femences dures , offeufes , &: la plupart
prefque fphériques.
BONDÙC commun^ ou PoiS QUENÎQUE, OU GuENIC^
ou CnîQUIER , ou (ÉIL DE CHAT , Guilandïna Bon-^
duc , Linn. ; Bonduc vulgaU , majus ^polyphyllum , Plum i
Acacia gloriofa lentifci folio , fpinofa , fion fpïcaîo luuo ^
filïqiiâ magna mur Lcatd ^ Pkik. Alm. ; Lobus échinât us ^
fnichi fiavo ^ folïis rotundiorihus , Sloan. Jaiti. ; Frutzy:
Glohulorum , Rumph. Amb. C'eil Un arbriffeàU épineux;
qui croit naturellemçnt daus ks climats chauds dçg
Joim Uf A H
370 BON
deux Injes; on le trouve très- communément au bord
de la mer, aux Ifies fous le vent; fes tiges font ver-
dâtres , cannelées ^ comme larmenteufes & caflantes ; la
tige , les rameaux & les pétioles des ieuilles font munis
d'aiguillons nombreux , fort petits & en crochets ; fes
feuilles font deux fois ailées , à pinnulcs oppofées &
fans impaire , &: à folioles ovales , glabres , un peu
pétiolées ; les ileurs font idiez petites , jaunâtres ou
roufîatres , terminales , garnies de dix étamines très-
déliées : le piilil devient une gouffe ovale ou rhom-
boïdale y légèrement comprimée par les bords , renflée
au milieu , d'un brun roufTâtre , large de quinze à
dix-huit lignes , longue de trois à quatre pouces ,
couverte d'épines fouples & nombreufes ; cette goufle
eft uniloculaire , & contient deux ou trois graines
fphériques , fort dures , liiTes , d'un gris bleuâtre ou
nué de vert , groffes comme des avelines ; chaque
graine renferme une efpece d'am.ande blanchâtre ,
ridée, huileufe , d'une odeur &C d'un goût de pois vert,
mais amer ou peu agréable ; quand la gonflé , garnie
de fes graines , eif bien defféchée & qu'on l'agite , elles
réfonnent.
EONDUC rampant^ Guïlandlna Bonducella ^ Linn. ;
Crijîa pavonis , glycirrkiiœ. folio , mïnor , repzns , fpïno^
filJima , &c. Bregn. Prodr. ; Carctti , Rheed. Malab.
Cette efpece eil plus petite ÔC plus rampante que la
précédente ; les Habitans du Malabar s'en fervent
comme d'un fpécifique dans les hernies : on en peut
faire des haie§ impénétrables aux animaux , à caufe
de la grande quantité d'aiguillons dont fes rameaux ,
qui s'étalent à la manière des ronces , font garnis.
BONDUC à goujjes lijfes , Gu'dandina nuga , Linn.
Cette efpece croît à Amboine , dans les lieux pierreux ^
vers les bords de la mer.
BONDUC à fiaurs en grappes panïculks , Gidlandlna
paniculata , Linn. Cette efpece croît au Malabar^
M. di Conmcîfon dit l'avoir* vue à la Nouvelle Brç^
BON 371
tagne : c'eil le Cacu-mullu , Rheed. Mal. ; le Ticanio de
M. A dan fort,
BONDUC à Jleurs axillains , Guilandinx axillaris.
Cette elpece croît au Malabar , dans les bois épais :
c'elî le Bcni'caretti , Rheed. Mal. "
BON-HENRI ou Épinard sauvage , Bomis hm-^
r'icus ^ J. B. 2^ 965^ Linn. 310; Chcnopodium folio tiian-
gulo^ Toiirn. Infl. 506. Plante à fleurs à étam^nes , allez
i'émblable, pour la figure extérieure, aux épinards y 6c
cju'on peut leur iubiîituer , étant également émolliente Se
îaxative. On dit que (es feuilles écrafées & appliquées
en cataplafme furies plaies nouvelles, les cicatrifent
proniptement , révuiilTant le double avantage de net-
toyer les ulcères 6c les plaies. On trouve fréquemment
cette plante dans les lieux incultes , les mafures , 6c
le long des chemins. Des perfonnes la cultivent aufii
avec les herbes potagères ; l'on mange fes jeunes tiges
en manière d'afperges , 6c fes feuilles en guife d'épinards.
Le bon-hcnri , dit M. Ddeuiç , eil du genre appelé
patu-d'ok , ( Chenopodium. ) Sa racine efl vivace , épaiiTe ,
rameufe , jaunâtre dans {on intérieur , acre 6c amere ;
fes tiges font hautes d'un pied 6c plus, épaiiics y
droites , creufes , cannelées & garnies de feuilles alter-
nes , triangulaires, fagittées, un peu ondulées , liffes^
nerveufes , fans dentelures dans leur contour , d'un
gros vert en defîiis, & comme chargées d'une pcuf-
fiere farineufe en deflbus ; elles font portées fur de
longs pédicules 6c renfoncées à leur infertion : fes fleurs
naiifent en épis au bout des branches ; elles font d'une
couleur herbacée.
Bon -HOMME. Fby^{ Bouillon-blanc.
' Bo N- JOUR- COMMAN D EUR. Nom donné, à
Cayenne , à un petit cifeau qui a le plumage , les mœurs
& les caraQeres de notre moineau ; fon chant fe fait
entendre de grand matin, 6c dtil le premier des oifeaux
dont le cri frappe l'oreille àz ceux qui commandent
les Nc^gres,
A a 2
372 BON
BONITE. Polffon fort commun dans la mer Atîan^
tiqiie 5 d'une couleur affez approchante de celle des
maqmuaiix , auxquels il refTemble aulTi pour le goût ;
mais il en diffère beaucoup par la grandeur ; il a julqu'à
deux ou trois pieds de longueur. Son corps eil fort
épais 5 charnu &: couvert d'une petite écaille fi ferrée ,
qu'à peine l'apperçoit-on : quatre raies jaunâtres qui
naiffent du côté de la tête , rognent le long du corps à
diflance à-peu-près égale , &: fe réuniffent à la queue.
La honïu a l'œil grand & vif.
Ces poiffons fe trouvent plutôt en pleine mer que
près des côtes ; ils vont en troupe, & la mer en eft
quelquefois prefque toute couverte : on les prend à
la fouine , au trident & de diverfes autres manières.
Si l'on attache une ligne à la vergue du vaiffeau lorf-
qu'il vogue , & qu'on l'amorce avec deux plumes de
pigeon blanc , on a le plaifu* de voir les borates s'élancer
îlir ces plumes qu'elles prennent pour un poifTon volant y
& fe prendre ainfi à l'hameçon.
Quoique les bonites ou germons des mers d'Améri-
que & d'Europe foient un excellent manger, on dit
que la chair de celles que l'on pêche dans les mers
d'Angola eil très-pernicieufe. Les Nègres de la Côte
^'Or mettent ce poiiTon au rang de leurs Dieux ou
Fétiches. Ce poiûbn n'eft-il pas le Thon ?
EONITON. Voyei Amie.
BONNE-DAME. Voyei Arroche.
BONNET-CHINOIS. C'eflun.fmge delà famille
des Guenons , & qui paroît n'être qu'une variété de
l'efpece du malhrouck. Voyez ce mot.
Bonnet ^'Électeur. Voyei_ à la fuite de Var^
ticle Courge à limbe droit ou BoNNET de Prêtre,
C'eft une race de pepons. On l'appelle pajlijfon.
Bonnet de Neptune. C'eflun fcngipore de formé
arrondie ; fa partie convexe ed quelquefois terminée
par une efpece de tubercule en façon de bouton, d'où
partent en tous fens des lames minces fort ferrées ,
BON .373
3ont les dentelures faillantes forment de dlftance en
diilance de petits tubercules comme étoiles , qui leur
font donner le nom de grand bonnet de Neptune ,
ou la mitre Polonoife. Les efpeces ordinaires font
plus petites , &: n'ont point ces tubercules étoiles ,
mais quelquefois des boucles irrégulieres. La partie
concave du bonnet de Neptune eli garnie de flries
granuleufes , quelquefois pointues. On donne auiîi
le nom de bonnet de Neptune à une efpece
<i'éponge , dont Porganifation imite celle du fongi-
pore décrit ci-deffus. Vcyei_ Us mots Madrépore Sf
FONGIPORE.
Bonnet de Prêtre ou Fusain commun , Evonl-
mus y Dod. Pempt. 783; Evonimus vulgaris , granls ru-
hentihus ^ C. B. Pin. 428 ; Evonimiis multls alïis tetra-
gonla , J. B. 7 , 201 ; Evonimus Europœus y Linn. 286.
C'efl un arbrilfeau dont le bois eft dur , &: toutefois
facile à fendre , de couleur jaunâtre pâle ; fa tige efl
droite ; les branches encore jeunes paroiflent qua-
drangulaires , parce que l'écorce, félon M. Deleu:{e ,
efl marquée de quatre lignes rougeâtres un peu éle-
vées ; les feuilles font ovales , lancéolées , finement
dentelées par les bords , vertes , pétiolées , & pofées
deux à deux fur les branches ; les fleurs font petites ,
couleur d'herbe , compofées de quatre ou cinq feuilles
& d'autant d'étamines avec un feul piftil : aux fleurs
fuccedent des fruits membraneux , relevés de quatre
ou cinq côtes de couleur rouge , com.pofés de quatre
capfules qui renferment chacune une femence de cou-
leur fafranée en dehors.
Cet arbriffeau qui s'élève à la hauteur de fix à fept
pieds , croît naturellement dans les haies ; fon bois efl:
employé pour faire à<ti lardoires &: des fufeaux , ce
qui l'a fait nommer fufaln. Il fleurit à la fin de Mai ,
èc ell propre à mettre dans les remifes ou les bof_^
quets d'agrément. La belle couleur rouge de fes fruits
orme iin affez bel afped en automne.
Aa î
574 B O O B O R
On diiîingiie plufieurs autres efpeces ou variétés du
fiifaïn ; favoir, \q fufaln à fruit blanc ; celui h.f.eurrcuge
qui le trouve en hongrie , en Moravie & dans la Bafle-
j4utn^he ; \cf:'fain à Larges feui//:s ou le grand fufain ;
celui de Virginie , dont il y a deux efpeces , l'un qiti
quitte fa feuille , & l'autre qui demeure toujours vert.
On dit que les feuilles 6c les fruits àw jufain fon^
pernicieux au bétail ^ & que deux ou trois de ces fruits
purgent violemment. Heureufement tout le bétail a
de la répugnance pour cet arbriiTeau ; les infedes mêmes
ne s'y attachent pas. La poudre des capfules àwfufam
répandue fur les cheveux & flir les habits tue les
poux. On tire une teinture rouge de l'enveloppe
ciei graines. En fa ifant bouillir les baies àwfufain dans
vme lefîive , elles peuvent fervir à donner aux che-
veiLX une couleur blonde ; fcn bois qui eft jaune ,
obéit au cifeau , & efl: quelquefois employé dans les
ouvrages de fculpture. On fait avec des baguettes de
fiijain des crayons noirs pour les Defîinateurs. Pour
cet effet , on prend un petit canon de fer que l'on
bouche par les deux bputs , on le remplit de baguettes
de fvfain , on le met dans le feu , & le fufain s'y con-
vertit en un charbon tendre & très-propre pour les
efquiires. Lorfque l'on taille ces crayons , il faut faire
la pointe fur un des côtés pour éviter la moelle.
Quelques-uns donnent auffi le nom de bonnet de
Prêtre au lowiet d^Èhcieur. Voyez cî dernier mot,
EOOSCHRATTE ou R.at des boîs. Nom donné
par les Hollandots au fûrigue , efpece de didelphe.
Voyez à V article DiDELPHE.
PiCRAMETZ. y'oyei Agneau Tartare ou de
SCYTHJE.
BORAX (^). Le borax eft une combinaifon de
(a) Les dét?i!s (^ans lefquels je vsis entrer , font longs à la ▼érité ;
mais comme i!s ont été lus en forme (le iMémoire, en 1766,3 l'Acadé-
mie FUyaîe ces Sciences, & que ce Mémoire a été ég^ré deux fois,
perdu trois fois dans les mains de l'im é^h Con.nr-.illaires chargé de
C
B O R 375
Palkalî-minéral avec le fel fédatif ; c'eft un fel d'un grand
ufage en Médecine , & très - employé par divers
Articles.
Les Naturaliiles le dciignent comme un fel foiîile ;
des Chimilles le placent auiîi dans le règne minéral.
Des Commerçans prétendent que cette âibllance n'efl
point un corps naturel ,maîs un produit de l'art. Divers
Auteurs ont dit que le borax naiflbit ou le trouvoit
dans des mines de cuivre en Alie , dans les mines d'or
& d'argent des grandes Indes & de la Tartarie , &
iur-tout dans riile de Ceyian. Malgré tou.s les tra-
vaux qu'on a tentés fur ce fel pour en découvrir^ la
nature , & quoi qu'en aient penfé ou foupçonné la
plupart des Ecrivains 6c des Artiiles , il paroît qu'on
efl toujours fort incertain fur l'origine & le raffinage
du borax.
Je me propofe de donner ici non-feulement une
bonne defcription du tinkal &c des différentes efpeces
de borax connus dans le Commerce , mais encore leur
origine , leur ufage , la manière de raffiner le borax à
riniîar des Hollandois, & de difcuter quelques points
chimiques , tendans h éclair cir ou à confirmer les
notions que nous avons de la nature &c de la forma-
tion de ce fel fmgulier. Le borax brut^ ou cru &
groffier , tel qu'il nous vient de l'Inde Orientale , ref-
l'emble à une terre plus grifâtre que jaunâtre , gru-
meleufe , affez pefante , d'une faveur de fucre , &
d'alkali de fonde ou de fel marin. Dans cet état il
contient beaucoup de corps étrangers , différemment
Pexaminer ; & qu'en 1773 M. Cadet ayant été nommé en pl,;ice de feu
M. Baron y pour en faire le rapport conjointement avec M. Bourdelin,
ri'après lequel rapport fait , ^Académie conclut que l'on ne feroit
qu'un extrait de ce Mémoire pour être inféré dans l'Hiftoire de ladite
Académie , j'ai cru que mes Le(!îleurs ne me fauroiént pas mauvais gré
de trouver ici la totalité de mes recherches & de mon travail fur le
borax. Quant à deux autres Mémoires, l'un Air la vitrioUfatwn ^ VautTQ
fur le camphre , que j'avois lus en 1760 & 1761 , à la même Académie ,
ils n'ont été égarés qu'une fois ; mais comme je les ai réclamés férieufe-
ment , l'Académie les a fait imprimer dans les Mémoires des Savans
Etranger*,
A a 4
57^ B O R
colorés , terreux & pierreux. Il n'efl pas rare d'y
trouver des criilaux d'un borax à denii-tranfparent ,
verdâtres & réguliers comme le borax raffiné ; on
nomme ce iel borax gras & brut de VInde»
On trouve aulfidans le Commerce du borax en pain>
il reffemble à du lucre peu tranfparent 6c candi , ou à
un amas de criflaux confus de tartre vitriolé. On le
nomme borax en rucher de la Chine,
L'autre efpece de borax eft aflez tranfparent, luifant,
d'un blanc mat , dur ; fa figure tit un prifme hexaèdre ,
com,)rimé , &: tronqué par les deux bouts. On le
nomme borax raffuti £ Hollande , Borax depuratus ,
Mus , ociangularis Wallerîi ( ^ ). Son goût eft
d'abord allez doux; il devient enfuite acre-piquant;
mis fur des charbons embraies , fon odeur , qui efl
fuave au commencement, devient enfuite alkahne &:
urineufe.
Le raiHnage du borax efl une efpece de manipulation
que les Holiandois annoncent comme un fecret; mais
ils s'en font fait trop gratuitement un privilège exclufif.
Je peux dire d'avance qu'il en efl du rafBnage ccaborax
comme de celui du camphre. Pendant combien de temps
n'a-t-on pas dit que le camphre ne fe pouvoit purifier
que par la fimple liquéfaction ? Quelques-uns cependant
foupçonnoient que cette réfme fi fmguîiere pouvoit être
purifiée par la fublimation : tant d'incertitudes auroient
dû fciire tenter l'expérience ; mais chacun parloit le lan-
gage de fon Auteur ; il n'y avoit que les Holiandois
-_ jiences que le ventaûie pro-
cédé du ra{Hnage du camphre brut , fe réduifoit à une
feule fublimation, au procédé que j'ai décrit avec les
dt^tails nécf flaires pour accélérer & faciliter l'opération.
Si l'on eut tenté en France la purification du borax brut
{a) J'ai eî^pofé aux yeux de TAcadémie ces différentes efpeces
porfix , & toutes les expérieiices (^ue j'ai faites lur ce fel.
de
B O R 377
3e l'Inde & qu'on Peut rendue publique , on fauroit
qu'on en peut faire le raffinage lans l'intervention de
l'eau de chaux vive 6l d'autres matières , qu'on a pré-
tendu ou ignorer ou Ibupçonner. Enfin on lauroit déjà
que la puritication du horax eu fondée far le même
procédé ufité pour les autres fels que l'on purifie par
la voie de la diflolution , de la filtration , de l'évapora-
tion 6c de la criftallifation.
Etant à Amflerdam, un riche Négociant de cette
ville me fît entrer dans un de ces fameux laboratoires ,
oii l'on ne fait des opérations de Chimie qu'en grande
quantité : la théorie efl bannie de ces efpeces d'atteliers ,
la pratique feule conduit la main d'un ouvrier qui ne
manque jamais de réufïïr , & de produire à fon maître
un bénéiice dont la fpéculation lui tient lieu de toutes
réflexions phyfiques. Ce fut dans ce laboratoire HoUan-
dois où je puifai diverfes inftrudions, dont je rendrai
compte dans un inftant.
Le borax brut nous efl apporté de Bengale & d'Ormus:
on en trouve aufîi dans la grande Tartarie.
De tous les vaifTeaux Européens qui mouillent dans
le Bengale , ce font ceux des Hollandois qui apportent
le plus de borax ; je fais même que ce qu'en apportent
quelquefois les François ou les Anglois , eft auffi-tôt
revendu à quelques Négocians d' Amflerdam qui ont
l'art de le purifier. Les Vénitiens ont eu les pre-
miers la réputation de rafîiner ce fel ; mais ils pré-
tendent que la longue guerre des Turcs avec les
Perfans ayant interrompu toute efpece de commerce
dans les Echelles du Levant , ceux qui avoient à
Venife l'art de rafnner le borax des Indes, manquant
de matière à borax , périrent de mifere , & emportèrent
avec eux leur fecret. Que ce fait foit ou non , toujours
cfl-il vrai que les Vénitiens & tous les Européens
tirent aujourd'hui & imiquement le borax rafHné des
Droguifles de Hollande , & que ceux-ci fontiin myflerô
de la manière dç k raffiner.
37S B O R
L'Auteur du Dlciionnaire du Citoyen dit à cet égafd
que le grand fecret des Hollandois efî l'économie & leur
application à rendre la main-d'œuvre à très-bon marché,
pour empêcher les autres Nations de tenter la même
chofe; fecret qu^ils appliquent efFeftivement à plufieurs
autres objets de commerce, tels que la préparation du
minium , du cinabre , du fublimê corroff, les huiles de
mufcadcy de giroflt ^ de bois de rofe ^ de fajfafras^ de
^édoaire , de couidawan , de cannelle , & de plulieurs
autres matières , dont ils font feuls le commerce à
l'excîufion de toutes autres Nations. Je reviens au borax ^
comme étant le feul objet que je me fois propofé
de traiter dans ce Mémoire.
La quantité de borax brut qui m'a paffé par les mains,
ou que j'ai eu occafion de voir dans les magafms de
Marfeille , de Londres , d'Amflerdam & de plufieurs
autres endroits de l'Europe , les récits de plufieurs
Négocians Arméniens & de Voyageurs inftruits que j'ai
entendus dans mon dernier voyage, tant en Angleterre
qu'en Hollande , tout me porte à dire que le borax fe
tire par lixiviation d'une terre grafle & faline , laquelle
fe trouve en manière de dépôt dans des efpeces de puits
creiifés exprès en certains cantons de la Perfe & du
Mogol , & où l'on n'a l'art de purifier ce fel qu'à demi ,
même à l'aide d'une féconde diffolution. Le procédé ufité
dans l'Inde pour cette première purification du borax
sppeîé borax gras brut de l'Inde^ diffère peu de ce qu'on
lit dans le premier volume de notre Minéralogie , pre-
mière édition, lyCz ^ pag, j4^ , &c. d'après la lettre qui
ni'avoit été écrite en 17^4 d'Ifpahan. Voici le précis
de cette lettre ;
Le borax tire fon origine d'une terre grifâtre, fablon-
ncule , graffe, que l'on trouve en Perfe & dans le Mogol ,
proche des tonens de Radziaribron , & notamment au
bas des montagnes de Purbeth, d'où il découle une eau
moiiiicufe*, laireufe, acre, lixivielle & comme favon-
neufe. Lorfque la terre efl dure &C par monceaux, on
B O R 379
rc:vpoie à l'humidité de l'air, oîi elle s'amollît 8c devient
marbrée en fa fiiperficie. Cette terre ou pierre à borax ^ &
cette eau , font les matrices , les matières premières
du borax. On ramaiTe aufîi une eau de la confiflance
d'une gelée très-claire qui fe trouve en Perfe dans des
fofTestrès profondes, près d'une mine de cuivre jaune;
cette liqueur a un œil verdâtre , & la faveur d'un fel
fade. On mélange la pierre à borax avec l'eau favon-
neufe & la liqueur gélatineufe ; on les leiTive ; on fait
évaporer la liqueur jufqu'à confillance requife ; puis on
la verfe à demi-refroidie dans des foffes enduites de
glaife blanchâtre ; on couvre ces foffes d'un toit ou cha-
piteau enduit de la même matière. Au bout de trois
mois on trouve un dépôt terreux , grilâtre , d'une
confiiîance vifqueufe , d'une faveur faline &: nau-
féabonde, entremêlée de quelques criftaux pUis fales,
verdâtres & afîez opaques; quelquefois aufïï le dé-
pôt efl grilâtre & peu tenace, mais d'un goût plus
alkalin. On dilTout aufîi ce dépôt terreux & falin; on
procède comme ci-deffus; on verfe la liqueur dans une
autre foife femblable à la première , & deux mois
après l'on y trouve encore un dépôt terreux , mais plus
falin , rempli d'un plus grand nombre de criflaux plus
réguliers , demi-tranfparens. Tel efl le borax qu'on
apporte en Europe fous le nom de borax brut.
Celui qui m'a affuré, en 1766, que ce procédé efi
toujours le même dans l'Inde, m'a dit auffi que le pro-
duit des folTes à borax des diftrids de Patna , du Décan ,
de Vifapour , de Golconde & de quelques autres con-
trées du Mogol , étoit porté à Bengale ; tandis que le
produit des fofîes de Schiras, de Kerman & de quelques
autres lieux de la Perfe , étoit porté à Gomnon , eu
Bender-AbafTy. Le m.ême Narrateur m'affura qu'avant
la guerre des Turcs contre les Perfans , les Arméniens
alloient , par Smyrne , près l'ancienne Babylone , où il
y avoit auffi àçts puits ou foiTes à borax., éc que là ils
achetoient le borax briUy ôc l'apportoient aux Véni-
3So B O R
tiens , qui alors avoient l'art ce le raxliner ; il me mon-
tra aufîi un borax naturel , qu'il me dit fe trouver tan-
tôt dans des cavernes en Perfe , & tantôt dans un lac du
grand Thibet (a) Ce borax natif Ç[\\W me "donna , eft
blanchâtre , formé par couches , ôc un peu fableux , d'un
goût très-alkalin & peu fucré , ou moins fade (^wç: le
borax ordinaire : on l'appel) ey^/ de Perje. En cet état il
ne peut fonder; il lui manque Tondueux du tlnkal ç^x^on.
lui donne à volonté (^) ; c'efl de ce fel dont les femmes
Tartares fe fervent quelquefois pour adoucir la peau
des bras & du vifas^e.
{a) M. j^inor , Chirurgien fur l*iin des vaîffe?ux de la Compagnie des
Indes , a communiqué les détails fuivans à M BaLlurt , de l'Académi»
de Rouen , à-peu-près dans le même temps que nous avons lu ce Mé-
moire :
»♦ Le horax eft un fel foflile qu'on tire d'un endroit du Royaume du
»> grand Thibet , nommé Sembul. Il y a dans ce Iieu-!à un grand lac
f» de cinTJ lieues de tour ou environ. Dans un certain temps de l'année,
>» les gens du pays débouchent des égouttoirs qu'ils ont pratiqués pour
»» faire fortir du lac autant d'eau qu'il leur eft pcffible : il en refte ordi-
»» nairement deux ou trois pieds. Alors fept ou huit hommes fe jettent
>♦ à l'eau .".près s'être bien bouché la bouche Se les oreilles: fans cette
«précaution, cette eau leur feroit enfler tout le corps, ce qui arrive
^ louvent. Ils fe rangent en fi!e dans l'eau , & tous raclent avec les
»> mains & les pieds pour détacher le korax qui eft au fond. Ils le
»> mettent enfuite dans dts bourfes pour le bien laver en le frottant
>' entre les mains. Us le font paffer ainH de main en main jufqu'au
« dernier homme , qui met ce borax dans un grand vafe attaché à un
5> poteau au milieu du lac Qu:nd ce vafs eft plein, ils mettent le tout
9» dans une out^re ou f'C de pesu , & au moyen d'une corde , ils ti-
M rent le borax hors du lac , fans y faire d'autres préparations. On ne
« trouve p?s autre chofe dans ce lac. Il y a feulement auprès de cet
>» endroit une minière d'or. En partant de Négral pour aller à Sembul,
»> lieu du borax , il faut marcher entre le Levant & la Tramontane ; le
vt chemin eft à-peu-près de trois cents lieues »». ( Ce borax ne feroit-il
pas un natron)}
(^) Cette fubftance oniHiueufe eft le t'mkal même, cette matière dont
le borax brut eft mélangé , & qui étoit inconnue aux Chimlftes & aux
Katuraliftes. Cependant, en 1741 , M. KnoU , qui étoit à Tranquebar ,
«nvcya à M, Langius , Profeffeur à Hall , de la mine du lorax & du
fel qui en avoit été tiré , avec du favon 6c du verre qui en avoient
été faits. M. Pott , Chimifte de Berlin , fit par la fuite des recherches
fur la terre fablor.neufe & lixiviclle du horax , & découvrit qu'elle con-
teno t en effet un fel alkali terreftre. Voyti Pott de Borace , png. /.
Mais on ignore toujours la manière dont*^le tinkal fe fait avec un al-
Icali terreftre , &. peut-être M. Knoll aura-t-il donné de plus grands
éclaifciffemeris fur cette importante madère.
B O R 3S1
On \m fit en même temps obferver ïa forme &c
ia nature des inflrumens dont on fe fervoit dans le
laboratoire Hollandois : j'examinai d'abord le tamis
à uitrer ; le tiffu de fa toile étoit ourdi entièrement
(de fils très-fins de cuivre jaune ; cette circonitance
jointe à la nature & à l'emplacement du réfervoir
qui contient la liqueur comme gélatiaeufe , 6c dont
il eft fait mention ci-deiTus , me firent un peu réflé-
chir fur l'origine de la partie terreufe &: de la por-
tion verte cuivreufe , foupçonnée par les uns , &
comme démontrée par M. Cadet, C'efl cette même
couleur verte du Borax brut qui a fait dire à pref^
que tous les Auteurs que le borax naiiToit dans diiié-
rentes mines de cuivre ; on a même avancé qu'un
tel borax étoit préférable pour les Arts à celui qui
ie tiroit des autres mines.
Examinons maintenant fi les Hollandois ajoutent
ou diminuent la dofe du cuivre dans la puritication
qu'ils font du borax , ÔC fi les artifans qui font ufage
de ce fel , emploient également celui qui efl tranfpa-
rent fans couleur , très-raffiné , & celui qui efl ua
peu tranfparent verdâtre , & qui contient plus d^
cuivre en apparence.
Dans le laboratoire déjà cité j'appris :
I .^ Qu'ils diftinguoient deux fortes de borax brut ;
l'un apporté par mer de Gomnon & de Bengale ,
c'étoit le plus commun. L'autre étoit un borax de^
-caravane , apporté par terre de Bender-AbafTy à If-
pahan , & jufqu'au Gihlan. Là on l'embarque fur la
Mer Cafpienne jufqu'à Aflracan , & de là on l'apporte
par terre à Pétersbourg , & de Pétersbourg par mer
à Amflerdam. Le borax de caravane efl prefque tout
en criflaux verdâtres.
2.° Que cent livres de borax brut de l'Inde ne don-^
noient que quatre-vingts livres de borax purifié.
3.® Que ce fel , dans fon état d'impureté , efl fî
iiffiçil^ à fe dilToudre dans l'eau , qu'il faut s'y pren»
382 B O R
dre jiifqu'à huit 2t: quelquefois douze reprlfes , &C
verrer à chaque fois le double du poids d'eau chaude,
pour en extraire ou féparer toute la matière purement
îaline.
4.^ Que par ce moyen on pouvoit obtenir huitô<:
douze criflallifations de l^orax , différentes entre elles
par la couleur , la figure , la tranfparence , la pefan-
teur <k l'excès des propriétés.
5 .^ Qu'avant de procéder à la diflblution du horax
brut , on en rctiroit tout ce qui paroiiToit trop hétéro-
gène , purement terreux & abfolument pierreux.
6." Que pour difpofer la fubflance ialine à fe diffou-
dre plus facilement , il étoit important de la faire
macérer pendant huit jours avec im poids égal d'eau
chaude.
7.^ Qu'on verfoit chaque difiblution toute bouil-
lante fiir un tamis à fils de laiton , lequel tamis étoit
adapté à l'ouverture d'un filtre de laine taillé comme
la chauffe d'hypocras.
8.^ Que les premières lefîives fe faifoient avec len-
teur , ôc étoient rouffâtres. Les dernières étoient au
contraire peu colorées , & exigeoient peu de temps.
9.*^ Que les inflrumens , tels que jattes , bafîines
ci chaudières , étoient de plomb.
io.° Que l'aliment du feu qu'ils employoient pour
ces opérations ^ étoit la tourbe du pays de Gouda.
1 1 .^ Qu'on verfoit la liqueur très-chaude &: éva-
porée à petit feu dans un vafe de plomb , fait comme
un très-grand creufet ; lequel vafe étoit à l'abri & en-
toure de beaucoup de paille hachée fort menu , &
couvei^t d'un rond de bois plombé en fa partie infé-
rieure , & garni de nattes de rofeau & de toile en fa
partie fupérieure. Ces précautions , me dit-on ,• font
ces moyens fûrs pour que la liqueur reftant long-
temps chaude Se tres-fluide , les corps hétérogènes s'y
précipitent plus facilement , & que la criflallifation fe
faife lentement ^i plus rcguliérs;ment ; cette dernierq
B O R 385
opération , qui me parut iùivant les principes de Part,
exige vingt jours de temps. Vcilà tout ce que j'ai vu,
tout ce que j'ai appris en HoDande lur cette matière.
On m'avertit auiïi ou'il y a voit une douzième con-
dition requife , abiolument nécciTairc pour le raiiinrge.
du borax. Cette condition devoit être la hafe du
fecret. Etoit-ce l'addition d'une eau de chaux vive ?
On a prétendu en Europe que ce pou voit être la
baie du myilere. Nous verrons dans un moment que
fi Ton n'avoiî pas été fi long-temps dans une forte d'in-^
diftérence au iujet de ce fel , il étoit facile de dévoiler
tout le feçret que les Hollandois aiiedent de cacher ,
& acquérir par-là une connoiiTance de plus fur la
fubilance faline que nous traitons.
De retour à Paris , j'ai tenté quelques expériences
fur le rafHnage ^L la nature du borax. J'ai lu d'abord
toutes les analyfes que d'habiles Chimiiles François
ont faites de ce fel. J'ai reconnu que M. Homberg ell
le premier qui a retiré le fel fédatif fublimé du borax ,
en dillillant ce fel avec l'acide vitriolique ; que M. Lémery
le fils a découvert qu'on pouvoit aufTi retirer le fel
lédatif du borax , par les acides nitreux &: marins ;
que M. Geoffroy a trouvé le moyen de l'obtenir par
l'évaporation & la criflallifaîion ; il a auiïi démontré
le premier que le borax contient la bafe du fel marin ;
que le célèbre M. Baron parcît être le premier qui
ait bien connu la nature du borax ; non-i'eulement il
a prouvé qu'il étoit pofïïble d'obtenir le fel fédatif
du borax , en fe fervant des acides minéraux , mais
encore à l'aide des acides végétaux; il a même dé-
montré que ce ^el exiftoit tout formé dans le borax ,
& que le borax n^ik autre chofe qu'tm compofé de
fel fédatif & d'alkali du fel marin ; &: qu'en combi-
nant le fel fédatif avec la bafe du fel marin , on re-
faifoit du borax ; que l'illuflre M. Bourddin a fait un
très -grand travail pour décompofer le fel fédatif;
enfin, que M, Çadu eft Iç premier qui ait cru re-.
3S4 B O R
connoître dans le borax l'exiflLiice du cuivre déguifi
par un principe arfenical 6c une terre vitiifîable , terre
aui avoit déjà été analyfée par M. Poct , Chimifte de
Berlin , &: dont les procédés fur cette matière étant
diiFérens de ceux de M. Cada , ont dû nécelTaire-
ment amener à des réfultats dilîcrens.
D'après tant de travaux faits fur la même matière
par d'auiTi grands Maîtres, je ne devois tenter au-
cune des opérations , ni répéter aucime des expériences
déjà décrites. Qu'il me foit permis d'avouer que l'exif-
tence du cuivre reconnue par M. Cada comme partie
ccnltituante ëi eiïentielle à la nature du borax , me
paroiûbit fi finguliere , que j'ai ofé défirer voir par
mes yeux un tel phénomène.
On doit bien préfumer que pour cette opération Je
devois être fur du borax que j'emploîrois ; il me falloir
donc en purifier moi-même , & en même temps m'affu-
rer du raffinage du borax. Voici mon travail :
J'ai pris fix livres de borax brut de Bengale ; j'en
ai retiré quelques graviers de granité qui s'y trou-
voient , &: tous les corps durs abfoliiment pierreux ; il
y en avoit fix onces. J'ai verfé fur le borax trié 6c
mis dans une terrine de grès deux livres d'eau bouil-
lante ; le mélange étant bien remué avec une fpatule
de bols dur 5 je l'ai laiiTé macérer pendant huit jours ;
EU bout de ce temps j'ai verfé trente livres d'eau
bouillante fur la même maffe faline , que je remuai
long-temps avec la fpatule ; je laiii'ai un peu repo-
fer ; je filtrai la lefTive encore chaude au travers d'un
morceau de drap appelé blanchet. Je verfai fur le dé-
pôt falin qui refloit fur le blanchet quinze livres de
nouvelle eau bouillante ; enfin fix autres livres fur le
deuxième dépôt , &; quatre livres fur le troifieme ;
alors la terre qui reila me parut infipide , je la mis
à part : j'en parlerai dans un inliant.
Je mêlai les différentes diflbluticns dans une terrine
de grès placée dans un bain de fable ^ ôc j'évaporai
juiqu'à
B O R 38$
]ufqii'à rinftant oii des flocons falins partoîent en
abondance du fond de la terrine vers la fuperficie de
la liqueur. Je portai ainfi la terrine avec fon bain de
fable dans un endroit bien clos ; je la couvris d'une
antre terrine chaude, gueule contre gueule; j'entourai
promptement & avec foin cet appareil , de gros linges
que j'avois fortement- chauffés ; par ce moyen , j'ai
obtenu au bout de vingt jours (huit m'euflent fuffi ) ,
des criftaux tranfparens fans couleur , à fix pans tron-
qués par les deux bouts , & d'une grolTeur propor-
tionnée à la quantité de borax brut que j'avois em-
ployée.
Il efl peut-être important de dire qu'avant de retirer
l'excédent de la liqueur qui ne s'étoit pas criftallifée ,
j'obfervai avec furprife un rhomb de rayons qui di-
vergeoient très-réguliérement du centre à la circon-
férence. Ces rayons étoient les rudimens & la route
de la matière déjà criftallifée & de celle à criftaUifer ;
ils étoient aufli plus gros , plus multipliés du côte
cil la terrine avoit été le moins couverte , par con-
féquent plutôt refroidie ; c'eft aufîi de ce môme côté
cil il y avoit le plus de criilaux , mais en même
temps moins réguliers. Cette obfervation juflifîe les
Hollandois du foin qu'ils ont de faire refroidir la li-
queur par degrés infenfxbles , & de ne la pas porter
fubitement au frais , comme il efl: d'ufage chez la plu-
part des Chimilles , à deffein d'accélérer la criflallifa-
tion de leurs fels.
Craignant que mon borax raffiné n'eût foufFert quel-
que décompofition , quelque altération , en un mot
qu'il ne contînt pas effentiellement autant de cuivre
que M. Cada en a reconnu dans celui que les Hol-
landois nous envoient fous le nom de borax raffiné y
d'ailleurs inilruit par état que des artifans de Paris
faifoient moins de cas d'un borax raffiné par des Par-
ticuliers de cette Capitale , fous prétexte qu'il pétille
trop dans le feu, qu'il a unç couleur aufli verdâtre
Tomi IL Bb
386 B O R
que celui d'Hollande efl: blanc, & qu'il ne brafe pas
aufli bien , ni ne vitrifie pas fi facilement , je craignois
que le principe de cette couleur verte viiible dans le
horax raffiné à Paris , invilible , mais reconnue par
M. Cadet , dans celui d'Hollande , je craignois , dis-
je , que mon borax n'eut pas les mêmes propriétés qu'on
cléfire en Médecine, en Chimie, pour la teinture, &
clans la Métallurgie. Voici ce que j'ai fait à cet égard :
Mon borax raffiné réduit en poudre , s'eft affez
bien diffous dans l'efprit de vin ; arrofé de vinaigre , il
n'a point fermenté , il m'a paru avoir conftam-
ment toutes ks propriétés d'un fel neutre ; il n'a
produit d'effervefcence qu'étant diffous dans Teau , &"
en lui aflbciant peu-à-peu les acides nitreux , ou
marins , ou vitrioliques. Ces combinaifcns m'ont
donné des liqueurs d'un jaune laiteux, & afîez ana-
logues à celles qui réfultent de l'alkali du fel marin ,
laturé féparément par chacun des trois acides miné-
raux. J'ai tiré de celui qui étoit combiné avec l'acide
vitriolique , la fubflance faline connue fous le nom
de fd fédatif ou fel narcotique de vitriol. Mon borax
expcfé fur le charbon enflammé , s'y eit liquéfié &
a bourfouflé ; Podeur me parut d'abord fuave , &
enfuite alkaline urineufe. Le borax mis dans un creufet,
s'y eil converti en une maiTe vitriforme. Ce verre
falin 6i tendre diffous dans de l'eau, mis enfuite à
évaporer jufcju'à pellicule, le borax a repris fa pre-
mière forme criftalline. Ces criflaux avoient la même
propriété qu'avant de fubir l'adion du feu , la même
qualité fondante & vitrifiante ; diflbus de nouveau
& arrofés d'alkali très -volatil , ils n'ont donné
aucune teinte bleue. Cette expérience efl la pierre de
touche ordinaire pour reccnnoître fi une fubflance
contient , ou non , du cuivre.
Mais commue la ledure des Mémoires de M. Cadet
fur le borax ^ m'annonçoit que le cuivre étoit non-
feulçcient déguifé, maiqué dai)§ c^ fel par un prin-
B O R 387
cîpe arfenîcal , mah encore qu'il y entrolt comme
par de elîëntielle à fa manière d'être , & n'cfant , peur
les raifcns que j'ai expofées , me rendr^ à une telle
afitnion , ayant d'ailleurs exécuté mes opérations avec
le lorcix le moins vert, &. ayant banni tous inftru-
mtus de cuivre , tout m'engageoit à répéter les expé-
riences décrites par l'Académicien , d'autant plus que
M. Moddl ^ Chimifie renommé à Pétersbourg , n'a
jamais pu découvrir Quel étoit le principe de la cou-
leur verte du hor.ix brut. Indépendamment c es expé-
riences faites par M. C^d.t , ^ que j'ai répétéi^s, j'en
ai tenté un grand nomhre ci'autrrs que je ne rougirai
pas de rapporter : elles pcairroient paroîire fmgulitres ,
îi je n'expofois ici quelies ont été mes rttlexicns iur
le borax , telles que les ciifTércnces entre la cr.ftaUiia-
tion , ti la couleur àx\ borax brut 6l du bcrcx purifié ;
je me iuis fait cette objeéîion : Le borax léiJ ne cionne
point H la flamme de l'efprit de vin une teinte verte ,
tandis ciue le fel ledatif , tiré par la combinaiibn du borax
61 de l'acide vitriolique , conne avec l'efprit de vin
une flamme d'un vert de cuivre rouillé. Ce phéno-
mène ne dépendroit-:l point d'une portion de cuivre
qui fe trouveroit unie à l'huile de vitriol , acide mi-
néral que l'on retire fouvent des pyrites fulfuireufes ,
un peu martiales , m.ais qui contiennent quelquefois
aufîi du cuivre.
i.° J'ai pris du même acide vitriolique dont je m'étois
fervi pour extraire le fel fédatif , j'ai verfé ceiius de
l'alkali volatil , &c il n'a point paru de teinte bleue.
2.^ L'alun , dont l'acide paroît être vitriolique ,
uni au borax , l'un 6c l'autre réduits en poudre 6c
enveloppés dans un papier blanc que j'ai trempé enfui te
& en cet état dans de l'elprit de vin, préfenîé à une
bougie allumée , n'a point donné de flamme verte.
3 .° Le fel de Glauber efl: ccmpofé de l'acide vitrio-
lique 6c de la bafe alkaline du fel marin , telle qu'on
la démontre dans le borax : j'ai fait un mélange du
\ Bb 2
588 B O R
fel de Glauber avec le borax , j'aî procédé comme
ci-dedus , la fiamme n'a point changé de couleur.
4.^ D'aprèç les mêmes confidérations , j'ai effayé
le borax avec le tartre vitriolé , avec le fel de cui-
iine , avec le gypie de Montmartre ; la flamme a tou-
jours été confiante , c'efl-à-dire , fans couleur cuivreufe.
5 .° Les vitriols naturels blancs & verts , mais très-
purs , pulvériies féparément avec le borax , ou fans
borax , 6l jetés dans de ref[:>nt de vin enflammé , n'ont
point altéré la couleur de la flamme.
6.° Les vitriols du commerce contiennent tous plus
ou moins de parties cuivreufes ; auiîi ont-ils donné ,
étant unis au borax , une couleur verte à la flamme
de l'efprit de vin. Le vitriol blanc faclice , & non
mêlé avec le borax ^ n'a cependant point altéré la
flamme. Le vitriol vert faclice , non uni au borax , en
a fait autant ; le vitriol bleu fadice , non pulvérifé avec
le borax , a feul donné à la flamme de l'efprit de vin
une teinte légère de vert,
7.° J'ai traite ces mêmes fabflances folides 3 tantôt
avec le borax d'Hollande , tantôt avec celui que j'avois
rafîiné ; enfin je me fuis fervi , au lieu d'efprit de vin
ordinaire , tantôt de l'éther vitriolique , &: tantôt de
la liqueur vitriolique d'Hoffmann ; toutes mes expé-
riences n'ont rien offert de plus. Je conviendrai ce-
pendant qu'en jetant dans de l'éther enflammé le fel
fédatif préparé avec mon borax , la couleur verte
paroît infiniment plus belle qu'avec l'efprit de vin.
D'autres expériences , faites tant chez moi que chez
divers artifans , m'ont affuré que le borax que j'a;).'ois
rafîiné vitrifîoit très-promptement les pierres , facili-
toit finguliérement la fufion de l'or , de l'argent & du
cuivre {a), ( Comme le borax a la propriété de pâlir
l'or dans fa fufion , les AfHneurs ont foin de joindre
à ce flux ou fondant , du nitre ou du fel ammoniac
(fl) M. Achard prétend que la propriété qu'a \q lorax de vitrifier 1&5
^£;g5 , viefit du fvl fédatif t^ui entre dan* fa compofuioa.
B O R 3S9
qiiî maîntient l'or dans fa couleur naturelle. ) On l'a
auiïi employé avec fuccès pour braler Ôc^fouder ces
métaux les uns avec les autres , même avec le fer.
Un Teinturier , très-habile dans fon art , m'a alTuré
qu'il donnoit éminemment de l'éclat aux étoffes de foie,
êc qu'il lui paroilToit avoir au moins toutes les qua-
lités du plus beau borax d'Hollande : on s'en ell fervi
avec fuccès pour blanchir des dentelles.
Je reviens à la hqueur reûante de la première crif-
tallifation ; je l'ai fait évaporer affez rapidement au
degré d'ébullition &< au -bain de fable. J'ai tranfvafé
la liqueur dans une terrine que j'ai couverte d'un
iimple papier gris , je l'ai portée au frais , & j'ai ob-
tenu au bout de trois jours des criilaux moins tranf-
parens , îumultuairement groupés , en un mot feni- ^
blables au borax de la Chine que les HoUandois nous '
vendent fous le nom de borax demi-raffiné. Non con-
tent de ces imitations des différentes fortes de borax
plus ou moins raffiné , j'ai diiTous de nouveau du borax
gras brut : je n'ai paiTé la dilTolution que par lui tamis
de crin , & je n'ai obtenu que des criflaux confus ,
colorés & aftez obfcurs ; ainfi l'on peut dire que le
borax demi -raffiné des Chinois, travaillé en Chine ou
dans le Bengale , diifere de celui qui eft rafîiné en
Hollande , moins par les corps étrangers qu'on feroit
en droit d'y foupçonner , vu fon opacité &: fa difî^é-
rence de criftallifation , que parce que ces efpeces de
criftaux ne contiennent pas eflentiellement tout ce qui
entre dans la compofition d'un borax bien clair & fait
fuivant les principes de l'art. Mais ceci demande une
explication plus détaillée &: des exemples.
Nous avons vu que le borax brut terreux contient
des criflaux de ce même fel , & qu'ils font d'un vert
de poireau , pr'efque opaques & rhomboidaux ; nous
avons vu aufîi que le borax raffine efl au contraire en
criltaux aiïez tranfparens, &: d'une figure communé-
ment octogone.. J'ai pris des criilaux de borax verdâtrss.
Bb 3
590 B O R
6c cpacrues , je les ai dilTous , & j'en aï obtentî
par l'évaporaticn des criilaux d\in vert plus clair , plus
purs , mais rhomboidaux.
J'ai dilTous une partie de ces mêmes criilaux vcrdâ-
tres , &c i'ans en leparer la terre vilqueufe & faline
qui leur iert comme de matrice , & j'en ai obtenu des
criilaux o£lcgones ; donc la terre falinc du horax eH
eficnîiejle à la nature ck à la configuration de ce f'el ,
indépendamment des autres précautions requifes , îorf-
qu'on veut avoir des criftaux bien réguliers , précau-
tions qui dépendent de la quantité du diilolvant , de
la force du teu , du degré d'évapcration , de l'équi-
libre que la liqueur éprouve en fe rt froidiflant ; de
fon retroidilTement même &c de plufieurs autres cir-
conflances que les gens de l'art Tentent de refle , mais
que les Chinois , ou plutôt les H-^bitans du Bengale ,
éc d'autres Nations méprifent ou ignorent.
Des Chimiftes , dilons plutôt les ouvriers du labo-
ratoire Hollandois dent j'ai parlé , m'ont dit auffi que
les dernières criflallifations de leur borax raffiné étoient
opaques ou rouffes , parce qu'ils n'y portoient pas
autant d'attention que pour la première criflallifation ^
6i qu'ils vendoient ce borax terne pour du borax demi-
raffiné de Chine , mais qu'il falloit bien fe donner de
garde de le confondre avec le vériti.ble tinkal , cette
drogue fi recherchée dans l'Inde Oriente le , & dont les
Auteurs ont parlé avec beaucoup d'obfcuritéc Le tinkal
eft le tyncar des Arabes ; le borax rafi7:é eft le vn^w
^ctvpctP^ii des anciens Grecs ;le bo'itk des Hébreux ( car
le /later ou nather des Hébreux efl le nation ; & quand
les anciens Grecs fe fervoient du natron , ils difoient
feidement vn^ov ; ) le ptpùço;^û;^Act ou le ^m^ax^w des
Grecs modernes ; le baurach ou bo:a des Arabes ; le
horcck des Perfans ; le burax des Latins , & le burach
des Turcs. Enfin le tinkal n'tfl, à proprement parler,
que la terre vifqueufe & faline du borax , celle qui
fert de matrice aux çriftaiix de ce fçl encore brut.
B O R 391
On m'a afTuré que le tînkal efl infiniment plus efficace
pour la fonte des pierres , pour brafer & fouder les
métaux. J'en ai propofé l'expérience à un Chaudron-
nier, elle lui a très-bien réufîi. On m'a dit encore que
le t'mkal t^t plus efficace en Médecine que le borax.
Je fais auffi que les Apothicaires d'Allemagne achètent
beaucoup de borax brut , ôi l'emploient ainfi pour les
maladies àts femmes {a).
J'ai examiné la terre que j'ai ramaffée fur les filtres
de laine 6c de papier ; elle ell légère , d'un gris-blan-
châtre 9 tenace , d'un goût vifqueux , comme inlipide ;
je l'ai expofée à l'air libre pendant un mois ; elle a
augmenté fenfiblement de poids , &: la faveur propre
au borax s'y éfl décélée de nouveau ; phénomène qui
me confirme de plus en plus que la matrice terreufe
des fels, celle qui»efî: comme partie intégrante du fel
même , le convertit peu-à-peu en fubflance faline. Il
en faut feulement excepter la terre abfolument pure ,
& qui n'a point été attaquée ou combinée, elle refle
élémentaire.
Maintenant nous favons d'où fe tire le borax , &
comment on s'y prend pour l'extraire & le purifier. ^
Nous pouvons déformais le raffi.ner nous-mêmes ; nous
avons intérêt de partager avec les HoUandois le com-
merce lucratif ^e ce fel.
Peut-être que fi l'on faifoit beaucoup d'expériences
fur les terres glaifeufes de la nature de celles de l'alun ,
ou de la marne combinée avec des fubilances alka-
lines , &c. parviendroit-on à découvrir en Europe des
matériaux propres à faire en grand le borax.
Si j'avois plus de temps à moi , je continuerois mon
(a) Le horax eft eftimé comme un excellent apéritif, propre à divi-
fer & atténuer les humeurs épùiffes & vilqueufes; on en fait un ufnge
fréquent dans la fuppreflîon Ats règles des femmes & des lochies. On
le regarde auiïi comme un cofménque propre à blanciiir le teint , ôc
à faire difparoître les taches rie roufîeur. Nous avons dit que c'eft avec
le borax & Tacide minéral , connu fous le nom é^huiU de vitriol , qu'on
obtient le Tel fédatif é^Homberg , qui eîî fort eftimé pour calmer i§s
cffervsfcenies & ios rêveries , dit M. Bourgeois,
Bb 4
392 B O R
travail fur cet objet. Trop heureux il je pouvoîs par-
venir à une découverte fi importante pour le progrès
de la Chimie , & ii utile pour le commerce de ma
patrie !
Nous avons déjà l'exemple d'un Particulier de
Drefde , qui découvrit en 1755 dans TEleélorat de
Saxe une terre minérale dont il compofa un Borax
propre à la foudure &: à fondre l'or 6c l'argent. Les
CommiiTaires que le Gouvernement avoit chargés d'en
faire l'examen , ont jugé que ce ùorax avoit toutes
les propriétés de celui qu'on raffinoit autrefois à
Venife. Les environs d'Halberlladt , le lac Cerchiaco ,
ont aufîi fourni ou du borax combiné , ou la matière
du borax (jz).
Tout ce que j'ai rapporté dans cet article , tend à
confirmer de plus en plus les connoiffances que nous
avions déjà fur le borax , & on peut en déduire les
corollaires fuivans ; favoir :
I .^ Que la matière première du borax eft fofîile ,
& fe trouve en Perfe & dans le Mogol.
2.*^ Que la terre grafle &: vifqueufe qui englobe
le borax , entre eifentiellement dans la compofition de
ce fel.
(a) M. Baume a donné , en 1767, un procédé pour fabriquer du ho-
rfiar.'equel confifte à faire digérer féparément de^a graiffe avec ées
matières vitrifiables très- atténuées , telles que du fable , de la terre
«i'alun , de Târgile , du quartz & un peu d'eau. Voyci ce procédé qui
a occafioné quelques difcuflions chimico-polémiques dans YAvant-Cou"
Teur , année ijCy , mois de Déamb.'c & fuivans. Lémcry , Traité des
Drogues , dit que l'on fait un borax artificiel avec du nitre fixé par les
charbons , de l'alun & de l'urine. On fait cuire le tout enfemble juf-
qu'a. .Gccité , .& l'on y ajoute , dit-il , d'autres matières , fuivant l'idée
qu'on a dans le travail.
Le hafard a fait rencontrer à M. Hxfer le fel fédatif tout formé darvs
les Cdux du lac de Cçrchiaco en Toic^ne.
M. Antoine Carrere , ivlédecin établi au Potofi , vient de découvrir
en cette contrée des Indes Occidentales plulîeurs mines de tincan ou
borax : il dit que les mines de Viquintipa , &: celles qu'on trouve dans
les environs d'Eicapa , offrent ce fel en abondance ; les gens du pays
l'appellent qu.majon , & le font fervir dans la fonte des mines de cuivre
affez nombreufes dans ces parages. Ils l'emploient tel qu'il fort de la
terre.
B O R 393
3.^ Qu'on peut purifier ce lel à l'aide de l'eau
pure , 6c que l'eau de chaux vive y paroît inutile,
d'autant plus que û l'on verfe de l'eau de chaux
dans la leilive filtrée du borax , il fe fait auiïi-tôt un
dépôt grifâtre qui annonce une forte de décompofi-
tion , laquelle me paroît être de la nature de la
terre tinkal. Le point néceffaire à fa criflallifation
s'annonce par des flocons falins , femblables à ceux
du fel fédatif fublimé.
4.° Que le borax efl un véritable fel neutre ; il ne
tombe point en déliquefcence , mais en efîlorefcence.
5.° Qu'il fe fond , fe calcine & le vitrifie fans fe
décompofer.
6,^ Qu'en raifon de fa terre , ce fel exige beaucoup
plus d'eau pour entrer en diffolution , qu'il n'en re-
tient dans l'état de criflalhfation. J'ajoute qu'il femble
que par des difTolutions réitérées , on réduit prefque
toute la bafe de ce fel ondueux à un état comme
terreux.
7.° Que la bafe du borax efl alkaline , terreufe &
minérale , & qu'elle a beaucoup de rapport avec
l'alkali du fel marin ^ 6c notamment avec le natron
d'Egypte.
8.° Que la portion de principe cuivreux qui fe
trouve caché dans toutes les efpeces de borax , n'efl
point un être de raifon , & qu'il y exifîe , & que
s'il n'y efl point effentiel , au moins il ne nuit point
à {qs propriétés ; en un mot , que fon origine eil due
autant & même plus à une efpece d'intervention lo-
cale , qu'au produit des uflenliles dont on s'efl fervi
pour la purification ordinaire de ce fel , & dont nous
avons fait mention.
9.^ Que la différence des criflaux de borax raffine ^
comparés à ceux du borax brut , dépend de la terre
tbikaL qui fe trouve combinée dans le borax punfié ,
tandis qu'elle fert prefque uniquement d'enveloppe
-aux criflaux de borax brut.
35-4 B O R B O S
lo.^ Enfiii, que la matière grade , faline , terreufe
8c vitrefcible du horax brut , efl le tinkal fi célébré àts
Chinois , & , jufqu'à ce jour , ii peu connu en Europe.
BORDELIERE , Cyprmus halUrus , Linn. PoiiTon
<Ia genre du Cyprin, Il eft fort femblable à la brème ,
& très-commun dans tous les lacs de la Suéde & de
la Savoie ; il fe tient toujours au bord de l'eau , ce
qui lui a tait donner le nom de horddkre. Sa tête efl
petite & comprimée latéralement; l'iris de fes yeux
cfî: argenté , fouvent mêlé de jaunâtre au-deiîiis de
la prunelle ; fon corps efl couvert d'écaillés minces ,
petites , de couleur argentée , far un fond noirâtre :
la nageoire dorfale offre dix ou onze rayons ; les
peûorales , chacune feize ; les abdominales , neuf ou
dix ; celle de l'anus., qui efî large & ample , qua-
rante ou quarante - un ; celle de la queue , qui efl
fourchue , en a dix-neuf grands. On dit qu'il n'a
lîi dents ni langue , mais les os de fa mâchoire font
durs, & fon palais charnu. Artédi dit que toutes les
nageoires font blanchâtres ; mais Rondda dit que celle
du dos efl noire, & les autres rougeâti'es : ce poifibn efl
le hllck des Allemands.
BORÉE. Dans la ColleQion des papillons £ Europe ,
on donne ce nom à un papillon de jour qui a beaucoup
de rapports avec l'efpece appelée le fatyrz ; fe hork efl
cependant plus grand : il fe trouve aux environs de
Meuron fur le \Volga en Rufîîe.
BORSUC. Nom que l'on donne en Pologne au
blaireau. Voyez ce mot,
BOSBOK. Ce nom , qui veut dire bouc des bris , a
été donné par les HoUandois établis au Cap de Bonne-
Efpérance , à une efpece de gabelle de moyenne gran-
deur. Cet animal fe tient dans les forêts , 6c: ne fe
trouve guère qu'à foixante lieues de ce Cap , dans
l'intérieur des terres ; le poil qui couvre fon dos , efl
faiîve-brun, tiqueté de petites taches rondes & blanches;
le mâle perte des cornes , noires , légèrement coiir-r
B O s BOT 395
bées en avant, mais torfes en longues fpirales : cette
ga^elU bosbok n'a point de larmier^ ; iur les côtés des
quatre mamelles font deux poches , oii l'on peut faire
entrer le doigt; la voix de cet animai reffemble à l'aboie-
ment du chien.
BOSTRICHE, ^)/?r/cte. Infefte coléoptere, dont
les antennes en maffe compofée de trois articles font
pofées fur la tête , qiii na point de trompe. Son
corfelet velu efl d'une forme cubique , excepté fur
le devant , où eft un enfoncement qui reçoit la tête
comme un camail ; fes pieds font épineux. H'Jîo'in
dcs Infectes des environs de Paris. Le bojîriche efl
très -rare.
BOTANIQUE , Botanica. C'efl le nom que l'on
donne à cette belle partie de THiftoire Naturelle , oui
a pour objet la connoiffance intime du règne végétal
en entier; ainfi la Botanique eft la fcience qui traite
de tous les végétaux confidérés feulement com.m.e êtres
naturels. On ne peut pai-venir à connoître l'économie
végétale , ( fcience qui efl la phy fique des végétaux , ) fi
l'on n'efl inilruit de la manière dont les plantes fe dé-
veloppent , quel eft le mécanifme de leur germination ,
de leur accroiffement , de leur multiplication ; de leur
crganifation en général , de la ilrudure de chacune de
leurs parties en particulier , & des termes par lefquels '
on les défigne; du mouvement ik. de la qualité de la
fève ; enfin , fi on ne fait en quoi le terrain & le
climat peuvent influer fur les plantes. Il faut aufîi avoir
la connoifTance des Sciences & Arts qui ont des rap-
ports immédiats avec les corps organifés dont il efl
queftion.
Parmi les produOicns de la Nature , dont l'homme efl:
parvenu à retirer quelque utilité , ce font les végétaux
qui en offrent les objets les plus importans & les plus
nombreux , puifqu'ils fourniffent aux befoins les plus
effentiels de la vie ; c;i\Q la Médecine , dans le traite-
ment des maladies 5 en obtient fes principales refiburces.
39^ BOT
6c que les Arts les plus utiles à la fociété font tclle-i
ment enrichis de leurs tributs , qu'ils ne feroient
prefque rien fans eux.
Le détail de la Botajùque eft divifé en trois parties
principales ; favoir , la nonwiclatur& des plantes , leur
culture^ &c \^\\xs propriétés. Les deux premières ne doivent
nous occuper qu'autant qu'elles peuvent contribuer à
faire valoir la troifieme ( vertus & vfages ) ; mais mal-
heureufement il paroît, par l'état préfent de la Bota^
nique & par l'expérience du paile, que l'on s'efl ap-
pliqué à la nomenclature par préférence aux autres
parties de cette fcience : ileil même à craindre , ainfi
qu'il efl: dit dans l'ancienne Encyclopédie , que cette
conduite ne foit un obflacle à l'avancement de la
Botanique. Pour s'en convaincre , dit-on , il faut exa-
miner quelle efl: l'utilité que l'on a retirée de la feule
nomenclature des plantes , pouffée au point de per-
fection que des Botanijîes fe font efforcés de lui donner,
La connoiffance des plantes efl ou dogmatique ^ ou
empirique,
La Botanique dogmatique ell la connoiffance des vé-
gétaux par principes , par une méthode qui apprend
à reconnoître les caractères fpécifîques &: effentiels , à
mettre de Tordre dans la nomenclature de ce nombre
- prodigieux de plantes femées fi conflifément à la fur-
face du globe ou au fein des ^ux , & les réduit toutes
à un petit nombre de claiTes , par le moyen defquelles
on defcend enfuite aux différentes fecl:ions ^ genres &
efpeces qui les diliinguent. Ainfi la Botanique dogma-
tique ou élémentaire efl agréable , utile & bienfaifante.
La Botanique empirique efl la connoiffance fortuite
des plantes ; c'efl un am^as de notions vagues , que
Ton a acquifes par hafard , par routine ; & une telle
connoifTance efl toujours foible , incertaine , peu fatis-
faifante , fouvent nuifible dans l'ufage.
Quelques Obfervateurs ont diflingué environ dix-
huit à vingt mille efpeces de plantes, en comptant
BOT 397
toutes celles qui ont été obfervées tant dans le nou-
veau que dans l'ancien Continent ; ( favoir ; trois mille
en France & en Angleterre ; deux mille en Efpagne,
en Italie & dans le Pays du Nord de l'Europe ; deux
mille dans les Pays Orientaux ; mille depids le Canada
jurqu'au Miffifîîpi ; autant depuis le Miiïiffipi jufqu'à
Surinam ; autant dans les Illes de l'Amérique ; autant
dans le Bréfil & le Pérou ; autant fur la Côte de Bar-
barie &c une partie de l'Egypte ; autant au Cap de
Bonne-Efpérance ; autant dans Flfle de Ceylan 6c fur
ia Côte de Malabar ; autant dans les Mes Moluques ;
autant dans les Ifles Philippines 3i la Chine ). Si l'on
avoit parcouru toute la Terre , on en auroit vraifem-
blablement trouvé cent mille & plus , à en juger par
proportion de ce qui vient d'être dit. C'eft d'après
une telle comparaifon que M. Adanfon a ajouté au
dénombrement fait ci-delTus des plantes connues , le
calcul fuivant de vingt-cinq mille plantes. Cet Auteiu"
dit pofitivement que tout l'intérieur connu de l'AÉri-
que peut fournir au moins cinq mille plantes ; l'inté-
rieur de l'Aile , trois mille ; la grande & belle Me
de Madagafcar , quatre mille ; les Mes de France,
Rodrigue &: autres adjacentes , mille ; Surinam éc
Cayenne , deux mille ; l'Amérique Méridionale depuis
le Bréfil jufqu'à la Terre de Feu , quatre mille ; les
montagnes du Pérou , deux m.ille ; les Mes de la mer
du Sud , mille ; enfin , les Terres Auflrales qui reflent à
découvrir , & qui peuvent égaler une des quatre Par-
ties du Monde connu , trois mille.
On remarque en général que plus on approche des
climats chauds , plus il y a d'efpeces diiterentes de
plantes , & plus la totalité efl abondante.
C'efl fur les parties de la floraifon ou de la fruc-
tification que font établis les fyfîêmes botaniques les
plus vantés , les plus accrédités , les plus lumineux ,
les plus profonds ; celui de Toumefort & celui de Lin-
lusus ; ti ce double fyilême paroît approcher davan-
398 BOT
tage de celui de la Nature ? Il faut même convenir
que cette manière de connoître les plantes & de dif-
tinguer leur caraûere eilentiel , cft un art iur , facile
6l ingénieux, qui doit surprendre ceux qui ne font pas
dans l'habitude d'exercer leurs yeux &c leur mémoire.
L'appareil fcientihque , connu fous le nom de phrafc
botanique , en indiquant les caractères eifentiels 6c
naturels de la plante , n'efl pas moins utile. C'cll: par
une fuite de ces indications , bien fenties & bien
déterminées , que les Boianiiles ont tiré des Etrangers
Forme , le plane, le marronnier, le pêcher, l'abri-
cotier , le rofiCr 6l tant d'autres que l'on a naturalifés
chez nous. Tous les différens objets d'agriculture font
bien dignes d'occuper les hommes , & principalement
ceux qui fe font voués à la Botanique , & c'eft ce que
font continuellement quelques Savans de ce fiecle. En
effet , n'ell-ce pas par de telles obfervations que Ton
a reconnu les changemens opérés par le climat ou
par la culture dans les plantes potagères , dans les
plantes d'agrément , & dans les fromens ? C'eft ainfi ,
par exemple , que l'on a cbfervé que le tabac ôc le
ricin , qui forment des arbriffeaux vivaces en Afrique ,
ne font qu'herbacés 6c annuels en Europe. La Nature
paroiî encore moins confiante & plus diverfe dans les
plantes que dans les animaux. Il y a , dit M. Jdanfon ,
des quadrupèdes & des oifeaux parmi lefquels l'accou-
plement de deux elpeces différentes ne produit rien :
il y en a d'autres oii il donne une efpece bâtarde ,
mais qui ne peut fe reproduire , &: périt des la
première génération. Les végétaux franchiffent le pas ,
& forment , dit-on , au lieu de mulets , des efpeces
vraies & franches , qui fe reproduifent hiivant les
lois ordinaires à leur génération , jufqu'à ce que de
nouvelles caufes les falient ou rentrer dans leur pre-
mier état , ou dans un troifieme état , différent de
celle des deux premières , &:c. Mais cette dernière
afltrtion mérite d'être difcutée plus amplement. Foye^
BOT 399*
fartlch Plante & VanlcU Fleur. On trouvera aiuH
aux articles arbre , bois , écorcc , feuille , branche , fruit ^
racine , m^e , quelques vues générales , en un mot , un
fommaire iur les connoillances acquiles jufqu'à ce jour
fur cette belle partie de la Botanique , appelée Phy»
Jique des végétaux,
BOTRYS. Plante dont on diflingue deux efpeces
principales; l'une croît en Efpagne le long des ruif-
leaux, & l'autre eft originaire du Mexique,
i.^ BoTRYS VULGAIRE OU PiMENT , Chenopcdium
ambro[ioides\ folio finuato , Tourn. Inll. 5 06 ; Botrys
CTJihroJidides ^ vulgaris , C. B. Pin. 138; Chenopodium
Botrys ^ Linn. 3 20. Il eil ainii nommé à caufe de ton
odeur aromatique. Cette plante annuelle , poulTe ime
tige droite , velue , rameufe , qui s'élève d'un pied ou.
environ; elle foutient des temlles découpées com^me
celles du chêne , mais vertes , traverfées de veines
rouges , ou feulement rougeâtres en leurs bords , &
portées fur de longues queues rouges : fes fleurs font
à étamines , petites , glu?ntes , difpofées en épis ou
en petites grappes , dans les ailTelles des feuilles , au
haut des tiges &: des rameaux ; aux fleurs fuccedent
des graines femblables à celles de la moutarde, mais
plus petites. Ce botrys croît naturellement dans les
lieux incultes , fecs 6c fablonneux de nos Provinces
Méridionales.
Toute la plante efl enduite d'un mucilage réiineux,
qui tache les mains quand on la cueille ; elle a une
iaveur acre & aromatique. Par les particules fubîiles,
elle divife oL inciie les humeurs épaiiîies ; ce qui la
rend utile dans la toux & dans l'aflhme humide ; elle
efl carminative ; appliquée extérieurement , elle eft
utile pour les tranchées qui furvicnnent après l'ac-
couchement. Les Dames Vénitiennes regardent le botrys
comme un remède infaillible contre les accès de la
paillon hyflérique.
2.° Botrys pu Mexique j Chmopodlum ambro-
400 B O U
(ioidis ^ McxLcanum ^ Tourn. Inft. 506, Lînn. 3105
Botrys ambrcjicidcs ^ Mexicana ^ C. B. Pin. 138. On
l'élevé dans les jardins ; les feuilles ont une faveur
aromatique qui approche de celle du cumin. Sa tige
ell: haute d'un à deux pieds , droite , rameufe ; fes
rameaux font fimples & feuilles ; fes feuilles font
fimples , d'un vert pâle , lancéolées , dentées ; fes
fleurs font verdâtres 6c reifemblcnt à celles de l'arro-
che blanche : cette efpece eft fudorifique , carmina-
tive, ut le dans l'aflhnie & les obflrudions. On l'ap-
pelle auffi thé du Mex'quc ; elle croît naturellement au
Mexique & dans le Portugal.
On allure que cette plante , femée avec le blé ,
tue les vers qui font nuifibles au grain.
M. Hallcr dit, avec raifon , que le piment, Plmisntei
efl le nom du capficum,. Voyez Piment de Guinée.
Le hotrys ordinaire , dit-il , vient en abondance en
Suiffe dans les graviers; celui du Mexique fe familia-
rife aifément avec notre climat. L'odeur de l'un & de
l'autre efî très-forte ; celle du botrys du Mexique approche
de celle du cumin , mais me répugne beaucoup. On
l'a en effet donné comme une efpece de thé à Rome ,
fi.u" une reffemblance très-légère , &: on a recommandé
l'influion des feuilles contre les maux de reins oc les
douleurs que caufe la pierre. Les botrys font de la fa-
mille de Varrochc puante , ainfi que les plantes appelées
pattes d^oie,
BOUATI AMER , Soulamea amara , Rex amaroris ,
Runiph. Amb. Petit arbre ou arbriffeau qui croît dans
les Indes Orientales &: dans les Moluques. Il a été
obfervé au Port-Praflin dans la Nouvelle Bretagne , par
M. Commerfon, Rumphius dit que toutes les parties de
cet arbriffeau , fur-tout fes fruits , fa racine & fon
écorce, ont une très-grande amertume. On s'en fert
avec fuccès pour guérir les fièvres , rétablir les forces
&: s'oppofer aux ravages des poifons. Llnnaus croit
que cet arbre eft le même que fon ovhioxylon ( bois
de
È O U 4ot
de couleuvre ) ; mais M. de la Marck dit qu'il en difrere
totalement par ia frudincatioii. Son bois efl jaunâtre ,
calTant ; l'écorce cendrée ; les feuilles fimples , pétio-
lées , entières , molles , pubefceiites fur les nervures
poftérieures ; elles ont neuf pouces de longueur ôc
trois de largeur : les fleurs iont petites , en grappes ^
fimples ^ la corolle eit à trois pétales pointus ; fix
étamines, un ovaire : le fruit eil une petite canfule
cordiforme , aplatie , biloculaire ; une femence dans
chaque loge.
BOUBIES. Voyci ^ ^^rtkk Fou.
EOUBIL de la Chine. C'efl: , fuivant M. Sonnerai ;
un oifeau du genre du Merle ; mais il efl un peu moins
gros ; fon plumage efl: d'un brun fombre ; le bec Se
ies pieds font d'un gris- jaunâtre. C'efl ^ dit lé même
Auteur , le feul oifeau de ce vafle Empire qui ait du
chant , ce qui l'a fait appeler ^ mais improprement ,
rojj'ïgnol , par les Européens,
BOUC , Hircus. Le bouc efl le mâle de là chèvre ^
il diffère du bélier en ce qu'il efl couvert de poils &
non pas de laine, &: en ce que les cornes ne font
pas autant contournées que celles du bélier. De plus, il
porte fous le menton une longue barbe , oL il répand
une mauvaife odeur. Du refle , c'cil un allez bel ani-
mal , quoique fort puant \ il t\i très-vigoureux & très-
chaud ; il paiTe même pour le fymbole de la lafciveté.
En effet , un feul peut fuinre à plus de cent cinquante
chèvres ; mais cette ardeur qui le confume dès fâ
première année révolue , ne dure que trois ou quatre
ans , & ces animaux font énervés , & même vieux ,
à l'âge de cinq ou fix ans.
Communéinent les boucs & les chèvres ont des cor-»
lies ; cependant il y a , quoique en moindre nombre^
des chèvres & des boucs fans cornes ; ils n'en font pas ,
cit-on , moins bons pour la génération , & font même
préférables dans un troupeau , fur-tout les boucs , parcs
.qu'ils font m.oins pétiilîuis 6c moins, dangereux,
Torîie II» Q Q
402 ^ ^ ^
La chèvre , Capra , a , de même que le hue , xm
toupet de barbe fous le menton , & de plus , deux
glands ou efpeces de grofles verrues qui lui pendent
fous le cou. Sa queue efl très -courte , ainfi que
celle du houe. Notre efpece de chèvre eïl remarquable
par la longueur de fes deux pis qui lui pendent fous
le ventre. Cet animal étant devenu domeflique ,
varie par la taille èc a acquis diverfes couleurs ; aufîî
voit-on des chèvres blanches , noires , fauves , &
d'autres couleurs.
La chèvre , dit M. de Buffon , a de fa nature plus de
fentiment & de reffource que la brebis ; elle vient à
l'homme volontiers : elle fe familiarife aifément ; elle
^ù. fenfible aux careffes , & capable d'attachement ;
elle eft aufTi plus forte , plus légère , plus agile 6c
moins timide que la brebis ; elle eit vive , capricieufe ,
lafcive &: vagabonde ; ce n'efl qu'avec peine qu'on la
conduit &: qu'on la réduit en troupeau : elle aime à
s'écarter dans les folitudes , à grimper fur les lieux
efcarpés , à fe placer &: même à dormir fur la pointe
des rochers ôc fur le bord des précipices. Toute la
fouplefle des organes ôc tout le nerf de fon corps >
fuffifent à peine à la pétulance & à la rapidité des
mouvemens qui lui font naturels. L'inconiîance de fon
naturel fe marque par l'irrégularité de fes avions ;
elle marche , elle s'arrête , elle court , elle bondit , elle
faute 5 s'approche , s'éloigne , fe montre , fe cache ou
fuit comme par caprice , & fans autre caufe détermi-
nante que celle de la vivacité bizarre de fon fentiment
intérieur. Elle eft robufte , aifée à nourrir ; prefque
toutes les herbes lui font bonnes , & il y en a peu
qui l'incommodent. Elle n'eft pas fu jette à un aufli
grand nombre de maladies que la brebis ; elle s'expofe
volontiers aux rayons les plus vifs du foleil , fans que
ion ardeur lui caufe ni étourdiffement ni vertige .
comme à la brebis. Elle ne s'effraie point des orages j
ne s'impatiente pas à la pluiç,
B O U 403
Les dîsvres entrent ordinairement en chaleur aux
mois de Septembre , Odobre & Novembre ; elles
cherchent le mâle avec emprelTement , & s'accou-
plent avec ardeur ; elles portent cinq mois , &:
mettent bas au commencement du fixieme. Elles
allaitent leurs petits pendant un mois ou cinq
iemaines. Elles ne commencent à produire que depuis
Page d'un an ou dix - huit mois , jiifqu a fept ans.
Elles ne mettent bas ordinairement qu'un chevnau ,
i^^ci//:f , quelquefois deux, très - rarement trois, &
jamais plus de quatre. Elles n'ont point, non plus
que^ la brebis , de dents incifives à la mâchoire
fupéi'ieure : le nombre des dents n'(t{ï pas conftant dans
les chèvres ; elles en ont ordinairement moins que les
i>oucs : elles ont , ainfi que les bœufs & les moutons ,
quatre eflomacs , & elles ruiTiinent.
Dans la plupart des climats chauds on nourrit des
chèvres en grande quantité. En France elles périroient
fi on ne les mettoit à l'abri pendant l'hiver. Il paroît
cependant que celles qui font habituées au froid ,
pourvu qu'il ne foit pas auffi exceffif qu'en Iilande ,
y réfiftent bien , quoiqu'elles ne multiplient pas tant
dans les pays froids. Lorfqu'on conduit les chèvres en
troupeau avec les moutons , elles ne refient pas à leur
fuite , mais les précèdent toujours.
On peut commencer à traire les chèvres quinze jours
après qu'elles ont mis bas ; elles donnent du lait en
très-grande quantité pendant quatre à cinq mois foir
& matin , 6c même plus que la brebis. Les chèvres
dont le corps eif grand , la croupe large , les cuiffes
fournies , la démarche légère , le poil doux & touilu ,
les mamelles groffes & les pis longs , font les meil-
leures. Elles font fi familières qu'elles fe laiflent aifé^
ment teter, même par les enfans qui les appellent , &:
pour lefquels leur lait eu une très-bonne nourrituie.
Elles font , comme les vaches ôc les hrehis , fujettes à
être tçtées par la couleuvre^
Ce X
404 B O U
L'efpece clela chcvrc eft beaucoup plus répandue qu5
celle de \d.Bnbis , & on trouve des chèvres femblables aux
nôtres dans plufieurs Parties du Monde ; car , indépen.-
damment des deux races fauvages du houqiuùn 6c dit
chamois , on trouve en Guinée , à Angoie &c fur les
autres Côtes d'Afrique ^ vine chèvre à laquelle on a
donné le nom de bouc de Juda , & qui ne diffère dt
la nôtre qu'en ce qu'elle efl plus petite , plus trapue
& plus grafle. Sa chair eft aufîi bien meilleure à
manger , &: on la préfère dans le pays au mouton»
On trouve également en Afrique une autre variété ^ à
laquelle on a donné le nom de chèvre naine , à caulir
de fon extrême petiteffe.
Les chèvres d'Héraclée , ainfi qu'on .le lit dans la
Madère médicale , font de la taille de nos moutons ,
& ont de petites cornes. Leur poil eft plus blanc qu«
la neige , aifez long , mais plus délié qu'un cheveu.
On ne les tond pas comme les brebis, mais on leuE
arrache le poil. La chair en efl aufTi délicate que celle
du mouton , & ne fent point la fauvagine comm0
celle de la chcvre ordinaire. Tous les plus fins . cam^r
lots fi eflimés , font faits de la laine de ces chèvres.
Les chçyres d'Angora 6c de Syrie font de la même
efpece que les nôtres , car elles le mêlent &: produi-
fent enfemble , même dans nos climats. La tête du
bouc d'Angora efl: ornée de cornes qui s'étendent hcr
rizontalcment de chaque côté , cl font agréablement
contournées : elles forment des fpirales à -peu -près
comme un tire -bourre. La femelle en porte aufii ,
mais d'une forme différente ; elles font com'tes &: fe
recourbent en arrière , en bas & en avant , de forte
qu'elles aboutillent auprès de l'œil ; fes oreilles font
pendantes. Il y a eu de ces chèvres à la Ménagerie du
Roi ; & on voit avec plaifir ces animaux peints de la
maniQre la plus élégante dans le Recueil de l'HiJloirc
Naturelle qui ell: dans le Cabinet des Efîampes à la
Bibliothèque 'Royale. Ces chèvres , ainii que prefque
B O U 46f
tous les anîmaiix de Natolie 6i àe Syrie , ont le poil
très-blanc , très-long , très - fourm , bien frile & fi fin
qu'on en fait des étof^s aulTi belles 6c aufii liiRrées
que nos étoiles de foie. C'efl de ce poil précieux qu'on
fait le beau camelot de Bruxelles. D'après ce qu'on
orient de dire , il paroît que les chèvres d'Héraclée fe
rapprochent beaucoup des chèvres d'Angora ou Angouri
X Angora eft l'ancienne Ancyre dans l'Afie mineure ,
aujourd'hui Natolie. Le climat a fans doute la propriété
de rendre le poil des animaux plus doux & pîus long.
Ceft de là que viennent les chats d'Angora , que nos
Dames appellent angola , parce que le nom eft plus
doux à prononcer : ce qui a induit quelques Natura-
lises en erreur. Angola efl un grand pays d'Afrique
dans le Congo ; il n'en vient point de chats. )
Dans le même pays , en Syrie , aufîi bien qu'en
Egyp'te ce aux Indes Orientales , on trouve la chèvre
mamhrine ou chèvre du Levant à longues oreilles pen-
dantes ; cette chèvre qui n'efl: qu'une variété de celle
d'Angora , donne beaucoup plus de lait ; il eft d'affez
bon goût , & les Orientaux le préfèrent à celui de
la vache 6i du buffle. Le fromage qu'on en fait eft
auiîi meilleur ; elle porte ordinairement deux che-
vreaux. Son poil eil très-fin 6c bien fourni.
Ce font les chèvres de Barbarie , de l'Afie mineiu-e
& des Indes , qui fournirent la plus grande quantité de
ce beau poil de chèvre , arec lequel on fait des étoffes.
Cette marchandife efl fujette à être altérée frauduleu-
fement par le mélange de la laine avec le fil de chèvre.
En Provence il y a une petite efpece de chèvre à
poil gris , & dont les chevreaux s'appellent béfons.
La chèvre commune en Europe , le chamois ^ le boîi^
quetin , ne font point originaires en Amérique ; ils y
ont été trànfportés d'Europe. Ils çnt y ainfi que la
brebis", dégénéré dans cette terre nouvelle ; ils y font
d^evenus plus petits ; la laine des brebis s'efl changée
lEn wn poil rude , comme celui de la chèvre^ Dans les
Ce î
^40(J B O U
premiers temps , lorfque les Espagnols tranfporteferît'
les chèvres au Pérou , elles y furent d'abord fi rares
qu'elles s'y vendoient d'abord jufqu'à cent dix ducats
pièce ; mais elles s'y multiplièrent enfuite fi. prodi-
gieulement , qu'elles le donnoient prefque pour rien ,
6l que Ton n'eflîmoit que la peau ; elles y produifent
trois , quatre & jufqu'à cinq chevreaux d'une feuls
portée , tandis qu'en Europe elles n'en portent Qu'un
ou deux. Les grandes & les petites Ifles de rAméricaie
font auiîi peuplées de chèvres que les Terres à.\\ Conti-
nent ; les Elpagnols en ont porté jufque dans les
Ifles de la mer du Sud ; ils en avoient peuplé Vljle di
Juan Fernandcs , oii elles avoient extrêmement mul-
tiplié ; mais comme c'^toit un fecours pour les Flibuf-
tiers , qui dans la fuite coururent ces mers , les Efpa-
gnols réfolurent de détruire les chèvres dans cette Ifle ,
oc pour cela ils 3^ lâchèrent des chiens , qui , s'y
étant multipliés à leur tour , dclruifirent les chèvres
dans toiUes les parties acceiîibles de l'Ilfle .; & ces
chiens y font devenus (i féroces qu'aciuellemcnt ils
attaquent les hommes.
On trouve dans le nouveau Continent , i .^ le capri-
corne , qui n'eft qu'un bouquetin dégénéré ; 1.^ une
petite chèvre à cornes droites , recourbées en arrière
au fommet , & à poil court , qui ne parok être qu'un
chamois d'Europe aufii dégénéré & devenu plus petit
en Amérique ; 3 .^ une autre petite chèvre à cornes tj-cs*
courtes^ très-rabattues , prefque appliquées fur le crâne,
& qui a le poil long. Cette petite chcyre , qui tire fon
origine de celle d'Afrique , produit avec le petit cha--
mois d'Amérique dont nous venons de parler.
Les Hifloriens Nomenclateurs , féduits par quelques
caractères équivoques , ont fait de ces variétés autant
d'efpeces différentes ; mais après les avoir confidérées
une <i une ^i relativement entre elles , il paroît que
de ces dix efpeces dont ils parlent , l'on n'en doit faire
qu'une : d'abord , i ,° le bouquetin ou bouc fauvagc efl
B O U 407
la tige Se la fouche principale de l'efpece ; 2.^ le nt-
prlcorm n'eil qu'un botcquetinhàtarà^ ou plutôt dégénéré
par l'influence du climat ; 3 .'^ le bouc domefùqui tire
Ion origine du bouquetin ; 4.° le charnels femble n'être
qu'une variété dans l'efpece fauvage de la cJuvr-z , avec
laquelle il doit , comme le bouquetin , fe mêler &
produire ; 5 .*^ la pttlte chèvre à cornes droites t<, re-
courbées à la pointe , n'eil: que le chamois d'Europe
devenu plus petit en Amérique ; 6.^ l'autre petite chèvre
à cornes rabattues , & qui produit avec ce petit chamois
d'Amérique , efl de la même race que le bouc d'Afrique ;
7.^ la chsvre naine , qui probablement eft la femelle du
houe d'Afrique , n'eft , aufli bien que fon mâle , qu'une
variété de l'efpece commune ; 8.° il en eft de même
de la chèvre & du bouc de Juda , & ce ne font auffi
que des variétés de notre chèvre domeflique ; 9.*^ la
chèvre d'Angora efl encore de la même efpece , puif-
qu'elle produit avec nos chèvres ; 10.^ la chèvre mam-
brine à très-grandes oreilles pendantes , eit une variété
dans la race des chèvres d'Angora : ainfi ces dix ani-
maux n'en font qu'un pour l'efpece ; ce font feule-
ment dix races différentes , produites par l'influence
du clim.at. Au refle , de l'union de la brebis &c du
bouc , on obtient aifément des métis , qui ne différent
guère des agneaux que par la toifon , qui , au lieu
d'être de laine , efl de crin ; ces individus dont on
a vu naître les premiers dans nos Ifles , y font appelés
chabms.
La chèvre eft un animal pour le moins aufîi utile que
la brebis ; aufti M. de Buffon dit-il que l'on peut re-
garder en quelque forte la chèvre ainfi que l'âne ,
comme des efpeces auxiliaires qui pourroient à bien
des égards remplacer la brebis & le cheval , & nous
fervir aux mêmes ufages dans le cas où ces deux pré-
cieufes efpeces viendroient à nous manquer. Ces ef-
peces auxiliaires font même plus agreftes , plus robuftes
que les efpeces principales,
pc 4
4oS B O U
Que de rîcheiTes ne retirons -nous pas de ces anî-
rnaux domelliques ! La chèvre nous donne du fuif err
quantité , ÔC un lait qui tient le milieu entre le lait
de vache & le lait d'âneiTe ; & ce lait efl: moins épais
que le premier , & moins féreux que le fécond ; ce
qui le rend très-propre aux temperamens pour lef-
quels le lait de vache feroit trop pefant ^ & celui
d'âneffe trop aqueux. Son ufage eft très -propre à
3-établir les enfans en chartre , & à donner de l'em-
bonpoint aux perfonnes qui feroient extrêmement
rnaigres fans en être incommodées. Le lait de la chcvrc
a une petite qualité aftringente , parce que cet animal
fe plaît à brouter les bourgeons des chênes & autres
plantes aftringentes , ce qui communique à fon lait
cette propriété ; auffi eft-il utile dans les maladies con-
fomptives , accompagnées de cours de ventre féreux.
Ces propriétés des plantes dont l'animal fe nourrit ,
fe communiquent tellement au lait malgré tous les
couloirs &: tous les filtres au travers defquels il paffe ,
que le lait d'une chèvre à qui l'on a donné des pur-
gatifs , avalé par une nourrice , purge doucement 6c
fuffifamment l'enfant qu'elle allaite. Il efl: donc effen-
tiei 5 lorfqu'on boit le lait d'une chèvre^ d'avoir atten-^
tion à ne lui faire brouter que des herbes dont les fucs
foient bénins & modérés ; car elles foTit friandes des
tithymaks \ dont le fuc efl acre ÔC cauftique. On fait
avec le lait de cluvrc des fromages excellens : ce lait
fe caille aifément.
Le houe réformé du troupeau eft mis à l'engrais
avec les vieilles chèvres Se les jeunes chevreaux mâles,
que l'on coupe à l'âge de fix mois , afin de rendre
leur chair plus fucculente. La chair du bmic eft encore
moins bonne que celle de la chèvre , quoique l'odeur
forte de cet animal ne vienne pas de fa chair , mais de
fa peau.
La barbe du houe croît d'une (i grande longueur ,
igu'on s'en fert pour faire des perruques en la mêlant
B O U 409
avec des cheveux'. Les Chandeliers font un grand ulage
du fuif de cet animal : cette efpece de graiffe paffe pour
un excellent émoUient. On prépare les peaux de bouc
& de cLvre de différentes manières : on les rend auflî
douces 6c aufîi moëlleules que celles du daim , 6c elles
font d'une aufTi bonne qualité , & meilleures que celles
du mouton. On les prépare auiîi en chamois , en mé-
gie & en marroquin rouge & noir. Le plus beau &c
le meilleur marroquin rouge vient du Levant : on le
rougit avec de la laque 6c autres drogues : on le
paiie en fumac ou en galle , & à l'alun. Le plus
beau m.arroquin noir vient de Barbarie. Ces marro-
quins font d'autant meilleurs , qu'ils font plus hauts
en couleur 5 d'un beau grain , doux au toucher, 6c
qu'ils n'ont point d'odeur défagféable. On prépare
aufîi des marroquins dans plufieurs villes de France
ôc d'Eipagne ; mais ils n ont ni la bonté ni la durée des
précédens.
On dit que le houe s'accouple volontiers avec la
hrchis , 6c le bélier avec la chèvre , 6c que ces accou-
plemens font quelquefois prolifiques ; cependant on
ne voit point que le produit en foit bien connu : nous
fomnies un peu mieux informés des Jumars^ c'eft-à-dire
du produit de la vache 6z de l'âne , ou de la jument 6c
du taureau. Foye^ JuMAR. Les Latins expriment par
le mot caper , le bouc châtré. Hcedus fignifîe le jeune
houe ^ 6c eapella la petite chèvre cj.i chevrette.
Bouc. Nom du mâle de la Mendole (poiiTon);
Foyti ce mot.
Bouc Damoiseau. M. Vofmdér a donné , il y.
a quelques années , l'hifloire naturelle de ce joli
petit quadrupède ruminant & originaire de Guinée*
il eft connu chez la plupart des Naturaliftes fous le
nom de chèvre de Grïmm , parce que Grïmm ell le
premier qui en ait fait mention. C'eft la Gr'miia de
Linnceus ; la Capra fylvejlris Afrlcana. Grimiï de Ray ;
k Capra nicîitans de M. P allas ; M. Brijfon le nomme
410 B O U
chcvrot'in d'' Afrique^ Tragulus J/ricanus , page 97 , n.^ 4^
M. Fofmaér l'a appelé bouc damolfiau , à caufe de la
grapxde délicatefTe de cet animal. Il a la grandeur d un
faon de daim ou d'un chevreau de deux mois ; fes
membres font bien proportionnés , & fes jambes ,
quoique minces &: grêles , très-bien afforties au corps.
A la courfe cet animal ne le cède à aucun de fon
elpece. Sa tête eft belle & reffemble affez à celle d'un
chevreuil. Les narines ont la forme de croiiTans alon-
gés ; les bords du mufeau font noirs ; la lèvre fupé-
rieiîre , fans être fendue , fe divife en deux lobes ; le
menton a peu de poil , mais plus haut on leur voit de
chaque côté une efpece de petite mouflache , & fous
le gofier une verrue garnie de poils. La langue efl
arrondie.
Les cornes font droites, pyramidales, noires , finement
fillonnées , c'efl-à-dire flriées longiîudinalement comme
celles des gazelles , & longues d'environ trois ou quatre
pouces , ornées en leur bafe de trois à quatre anneaux ,
& en même temps dirigées horizontalement en arrière ;
Li pointe en eil: aiguë & lifîe. Les poils du front font un
peu plus longs que les autres , rudes , gris , hériffés à
l'origine des cornes entre lefquelles le poil fe redreffe
encore davantage, &: y forme une efj^ece de bouquet ou
de toupet pointu & noir, d'où defcend une bande de
poil de même couleur qui vient le perdre dans le nez
également noir.
Les oreilles font grandes , & ont en dehors trois ca-
vités qui fe dirigent du haut en bas. Les yeux font vifs ,
pleins de feu, aile z grands & d'un brun foncé. Le poil
des paupières eli noir, long ôc ferré. Des deux côtés ,
entre les yeux & le nez , ou au deffous de chaque œil|,
fe montre une énorme cavité nue & noii'e : elle a une
propriété remarquable & finguliere; cet enfoncement,
qui fait d'abord reconnoître cet animal , efl fi grand dans
la mâchoire fupérieure , qu'il ne laiffe qu'une lame d'os
très-mince contre la doifon du nez. Vers le milieu de
B O U 411
cette cavîté, qui eft comme cal! eufe & toujours humide,
découle une petite quantité d'une liqueur gralTe , vif-
queufe, jaunâtre, qui avec le temps fe durcit (k devient
noire , 6c dont l'odeur participe de celle du caftoreum
&c du mufc, L'?.nimal lémble lé débarraffer de temps à
autre de cette matière excrémentitielle , car on la trouve
comme collée aux bâtons de fa loge.
Le cou ell peu long , couvert par le bas d'un poil
affez roide , d'un gris-jaunâtre , tel que celui de la tête,
mais blanc au gofier, gris au ventre 6z blanchâtre vers
les cuifies. Le poil du corps elt noir 6c roi Je, quoique
doux au toucher. Les jambes font noirâtres près des
fabots. Les genoux font ornés d'une raie noi^'e. C'eft la
même couleur des fabots , qui font pointus & lifles. La
queue efl fort courte , blanche en delîiis , marquée d une
bande noire. Les parties de la génération font fortes ;
le J'croturn ell gros , noir , pendant entre les jambes ;
le prépuce tfl ample. La femelle du bouc damoifeau ne
porte point de cornes ; mais , fuivant le témoignage de
Gr'nnm , elle a fur la tête une touffe de poils droits.
L'efpece du bouc damoifeau fe trouve aux environs
du Cap de Bonne-Efperance , oii on lui donne le nom
de chcv replongeante^ parce qu'elle fe tient toujours parmi
les broulfailles, ôc, dès qu'elle apperçoit un homme , elle
s'élève par un faut pour découvrir fa pofition & fes
mouvemens , après quoi elle replonge dans les brouf-
failles , s'enfuit , & de temps en temps reparoît pour
reconnoître fi elle ell pourfuivie.
Ces animaux font d'un naturel fort timide; le moindre
mouvement, &: fur-tout le tonnerre, Içs elfraie. Si on
les pourfuit , ils donnent à connoître leur épouvante ,
en foufflant du nez fubitement & avec force. Cependant
ils s'apprivoifent peu-à-peu. Quand on les appelle par
leur nom du pays , tetje ( qui dérive de tcttïg , c'ell-à-
dire nu ou propre ) , ils fe laiflent volontiers gratter la
tête & le cou. Ils aiment effedivement la propreté; auffi
ne leur voit-on jamais la moindre ordure fur le corps ;
4^i B 0 U
ils fe grattent fouvent à cet effet de l'un de leurs pieds
de derrière. La taille fvelte , les jambes minces , &c.
dénotent dans ces animaux une agilité extraordinaire ;
fouvent ils tiennent une de leurs jambes antérieures éle-
vée &c recourbée, comme s'ils étoient prêts à courir,
te qui leur donne un air agréable ; ils s'élèvent avec
grâce fur leurs pieds poftérieurs pour prendre les alimens
^u'on leur préfente.
Bouc DE Hongrie ou Saïga. Efpece moyenne
€ntre les chèvres & les gazelles. Foyc^ Saïga.
Bouc DE JuDA. Variété dans l'efpece de la chèvre.
F'^ojei à Partidc BouC.
Bouc Sauvage, Bouc-Estain, ou Boug-Stein;
on Bouquetin , ou Bouc des Rochers , Hircus
fylvejlris aia Ibcx, C'efl le bouc fauvage qui habite Jes
Alpes de la Suiffe & de la Savoie , fur-tout près des
Placiers, On le rencontre aufTi dans les Pyrénées , dans
les montagnes de la Grèce & celles des ïfles de l'Archipel.
Ce bouc reffemble entièrement & exadement au bouc
domefliquç par la conformation , l'organifation , le natu-
rel 6c les habitudes phyilques ; 11 n'en difîere que par
deux différences ; l'une à l'extérieur , &c l'autre à l'inté-
rieur. Le bouquetin furpaffe en grandeur le bouc domef-
tique , décrit fous le feul nom de bouc. Ses cornes font
bien plus grandes, ayant jufqu'à trois pieds de longueur ,
brunes , noirâtres , larges à leur bafe , un peu recour-
bées en arc fur le dos, très-fortes, ayant deux arêtes
longitudinales (celles du bouc commun n'en ont qu'une ) ^
marquées au deffus de toute leur longueur par des émi-^
nences qui font autant de gros nœuds ou tubercules
tranfverfaux , lefquels Indiquent les années de l'accroif-
fement; leur nombre ordinaire pour un bouquetin qui
a pris tout fon accroiffement , eft de vingt; alors le poids
des deux cornes eft de i6 à 20 livres. (Celles du bouc
com-mun ne font marquées qwe par des llries au lieu de
tubercules). Les cornes de la femelle font très-diffé-
rentes de celles du mâle; la rate eft ovale U, faite
B O U 413
comme celle des animaux fauvages réputés les meilleurs
coureurs. Ses jambes font menues; fon poil efl: de cou-
leur fauve, ainfi que fa barbe qui eft très-longue; its
yeux font grands 6c pleins de feu.
Les bouquetins vont par petits troupeaux de douze ou
qumze ; ils font fi légers à la courfe qu'ils égalent le
cerf en vitefle ; ils fautent plus légèrement que le cher
vreuil ; ils font plus agiles , &: plus forts que le bouc
<lomeil:ique ; ils franchiifent les précipices en bondiffant
cle rochers en rochers les plus efçarpés. S'il leur arrive
en fautant de fe précipiter , ils tombent fur leurs cor-
nes & ne fe font aucun mal. Lorfqu'on chafTe ces ani-
maux fur les montagnes couvertes de neige ( car ils ne fe
trouvent point en plaine ) , &: qu'ils font au large , ils
fe ruent fur les Chafleurs, les frappent d'un coup de tête ,
te les renvcrfent fouvent dans le précipice voifin. Mais
lors , dit-on , qu'ils n'ont pas aiVez d'efpace pour fe
tourner , ils perdent courage 6c fe laiiTent prendre.
Le bouquetin comme le chamois^ ell couvert d'une
peau ferme , mais moins folide , & vêtu en hiver d'une
double fourrure , d'un poil extérieur aflez rude , & d'un
poil intérieur plus fin & plus fourni. Tous deux ont
aufli une raie noire fur le dos , &: fe frayent des chemins
dans les neiges. Enfin quelques-uns croient qu'il y a
identité d'efpece entre ces deux animaux ; que le hou--
quaïn efl la tige mâle , & le chamois la tige femelle de
i'efpece des chèvres : on a eu tort de dire que les
cornes du bouquetin femelle reffernblent à celles du
chamois. En été, l'un 6c l'autre demeurent au Nord
de leurs montagnes; en hiver, ils cherchent la face du
Midi , &c defcendent des fommets jufque dans les val-
lons. Mais la femelle du chamois a quatre mamelles ,
& porte deux petits ; celle du bouquetin n'a que deux
mamelles & ne porte qu'un petit. Le bouquetin a une
très-longue barbe ; le chamois^ dit M, Girtanner^ n'en
a point, & cet Obfervateur prétend que le bouquetin
ne produit ni avec le chamois ni avec la chcvre domel's
4T4 B O U
tique. M,Berthout van Berchcn a cependant vii & décrit
^e petits chevreaux appartenans au Gouverneur d'A'gle,
& iiîus de différentes chèvres qui avoient été fécondées
par un bouquetin apprivoifé. La femelle du bouquetin
s'appelle Etagm.
Les Payfans de SuiiTe fe fervent dans leurs maladies
du fang de bouquetin comme d'un excellent fudorifique ;
ils font même fécher de ce fang^ le mettent dans des
veiTies &; le vendent affez cher. Ce fang ell d'autant
plus aclif , que l'animal s'ell nourri de plantes abon-
dantes en parties volatiles. On en faifoit autrefois plus
d'ufage dans le traitement des pleuréfies ; mais aujour-
d'hui il n'eil guère employé que par les gens de la cam-
pagne qui craignent les faignces, àl auxquels il réuiîit
très-bien.
Le Quadrupède , connu fous le nom de capricorne ,
n'eil qu'une variété du bouquetin , un bouquztin bâtard y
ou dégénéré par l'influence du climat.
On trouve dans les boucs fauvages , 'lorfqu'ils com-
mencent à vieillir , une efpece de bé^oard ; on dit que
fi l'on n'a pas foin de le retirer des que l'animal eil
tué , il difparoît par une prompte diflolutlon. Quoique
ce bi:^oard foit fort mou lorfqu'on le retire, il acquiert
à l'air une grande dureté. Foye^ BÉZOARD.
BOUCAGE 5 BoucQUETiNE, Persil de Bouc,
ou PixMPRENELLE SAXIFRAGE & BLANCHE , TragG-
felinum nzajus ^ umbellâ candidd ^ Tourn. Infl. 309 ,
Pimpinella faxifra^a ^ inajcr , umbdld candidd ^ C. B.
Pin. 159; Saxifi-agia hircina , major , J. B. 3,
part. 2 , III. C'efl une plante qui pouffe d'une racine
fufiforme , blanche , acre & arom.atique , une tige
ffriée , rameufe & qui s'élève à là hauteur de deux
à trois pieds. Ses feuilles font dentées ; les unes font
radicales , attachées par des pétioles le long d'une côte,
ovales , arrondies & trilobées ; celles qui tiennent im-
médiatement à la tige , font compofées de trois folioles ;
les feuilles fupérieurçs dç la tige font ailées de cinq
i
B O U 415
à neuf folioles ; l'impaire eft à trois Icbes. Les fleurs
font blanches , en ombelles , nues ou fans fraife , aii"-
pofées en fleurs de lis. A ces fleurs fuc cèdent des
îemences jointes deux à deux, planes d'un côté èc
convexes de l'autre, avec trois ftries faillantes.
Il y en a plulieurs efpeces qui font apéritives , dé-
terfives , vulnéraires & fudorifîques. On diflingue une
grande efpece de boucagc à ombelle rougeâtre , Trago-
fdinum majus , umhdlâ ruhente , J. R. Herb. On trouve
fur les peloufes la petite efpece de boucagc , Trag-fi-
linum minus y Towxn, Infl. 309; PimphuLla faxifragci
minor^ C. B. Pin. 160, Linn. 378. La grande boucagc
fe trouve dans les prés; l'ime 6c l'autre font vivaces
par la racine.
Lémery dit que l'on trouve en certains lieux fur les
racines de la grande efpece de boucagCy des grains
rouges qu'on a nommés cochenille fylvcjlre ou ccchmilh
de graine^ mais improprement. Voye:^ Cochenille.
M. Haller obferve qu'il y a une efpece de tragofdinum.
dans le Brandebourg, qui eft remplie d'un fuc bleu,
L'efpece commune étoit avec la mille-feuille , la plante
favorite de Stakl; il en tiroit une teinture vulnéraire
& incifive, dont il fe fervoit quand il falloit ranimer
l'eftomac & le ton des fibres.
M. de la Marck dil|ingue encore dans ce genre de plantes
à fleurs en ombelles, ians collerette : La bcucage à fruits
velus , du Dauphiné ; la boucagc annuelle , d'Italie ; la
boucagc à feuilles laciniées, du Levant; la boucage à
fruits fuaves , c^^A l'anis ordinaire ; la boucagt à feuilles
d'angélique , c'efi la petite angélique fauvage ; la boucags
fourchue, d'Efpagne ; la boucage dioïque; il y a Aqs indi-
vidus mâles , & d'autres qui font hermaphrodites. Cette
efpece croît dans l'Autriche , la Suiffe & la Provence.
BOUCARDE. Coquille bivalve appelée cœur de,
hœuf. Voyez ce mot,
BOUCHARI. En Bourgogne , c'ei]; la pie - grieçhc
4i« B O U
BOUCHE , Os , ricius, C'eft cette partie de îa tête
qui efl campofée des lèvres^ des gencives & des dents,
dfii dedans des joues & du palais : toutes ces parties ,
excepté les dents, font tapiffées d'une tunique glan-
duleufe qui fe continue fur toute la furface interne
des joues. Les glandes de cette tunique féparent une
forte de falive qui fert à entretenir dans la boucIiQ
l'humidité &: la fouplefTe.
M. Dirham obferve que dans les animaux zoophages
la bouche ou giimk efl: large & taillée profondément ,
pour brifer plus aifément une nourriture dure , d'un
gros volume & qui réfifle. Dans ceux qui vivent d'her-
bes ^ elle efl taillée moins avant & étroite. Celle des
infedes efl très-remarquable : dans les uns elle eil en
forme de pinces pour faiiir , tenir & déchirer la proie:
daris d'autres elle efl garnie de mâchoires & de dents
pour ronger & arracher la nourriture , & pour traîner
des fardeaux : dans quelques-uns elle efl pointue pour
percer & bleffer certains animaux & fucer leur fang ,
ou pour perforer la terre &; même le bois le plus dur,
& jufques aux pierres même , afin d'y pratiquer des
.retraites & des nids pour les petits. La bouche ou bec
4es oifi^aux n'eu pas moins remarquable , étant fait
en pointe pour fendre l'air ,. ôcc. Voyc^^ ce qui m efl dit '
au mot Bec. jM;-
Bouche d'Eole. Nom- donne^ar les Italiens à
des crevaiTes ou petites cavernes ouvertes par la Na-
ture dans le flanc d'une montagne qui eft à Ceii , petite
ville fituée à cinq à fix milles au Nord de Terni. De
ces ouvertures fameufes & appelées par les Italiens , .
Bocche dû vend , fortent des vents , qui font d'autant
plus forts &: d'autant plus froids que la chaleur de
i'air extérieur efl plus grande ; on dit qu'en hiver elles
afpirent &: pompent l'air extérieur & le réchauffent
en même-temps. Les Habitans de Cefi favent tirer un
très-grand parti de ces vents : ils bâtifîent leurs caves
H l'eriîréç des foupiraux dont ik fortent. Les vins s'y
confervent
B O U ^ 417
confervent des fiecles , & les fruits , même ceux d'été ,
y refirent pendant très -long - temps à la pourriture.
Ils conduifent par des tuyaiLx cet air frais jufque dans
leurs appartemens & les rafraîchiffent plus ou moins k
leur gré , en ouvrant plus ou moins les robinets placés
à l'extrémité de ces tuyaux. Il y en a même qui ont
poiuïé la recherche jufqu'à conduire cet air frais fous
la bouteille de vin qu'ils boivent à leur table.
BOUCLÉ (le), Brucus, Nom que iM. BrouJJoneû
a donné à un chien de mer , de la feÔion de ceux qui
ayant les trous des tempes , n^ont point de nageoire der^.
riere l'anus.
Le bouclé fe trouve dans l'Océan ; M. BrouJJona l'a
décrit d'après un individu femelle qui fe voit ait
Cabinet du Roi : il eft long d'environ quatre pieds ;
fa peau eft HiTe & recouverte , même fur la partie
fupérieure des nageoires , de tubercules à bafe
large & ronde, armés d'une ou deux pointes courtes»
légèrement recourbées ; ces tubercules font placés
ûms ordre , de grandeur inégale , & prefque fem-
biables aux piquans des raies bouclées ; on ne peut
les détacher fans déchirer la peau. Ce cara£lere par-
ti cuUer à cette efpece fufnt pour la difîinguer Aqs
autres chiens de mer. Le mufeau du bouclé elt faillant
ôc de forme conique ; les narines placées un peu en
avant des yeux ; l'ouverture de la gueule efl médiocre ,
armée de plufieurs' rangs de dents prefque carrées ^
comprimées , &: dont les bords préfentent des
zigzags irréguliers ; les yeux grands , placés en
devant des trous des tempes ; cinq évents {expiracula)^
de chaque côté ; les nageoires peàorales larges , ainii
que celles de l'abdomen; les nageoires dori'ales très-
rapprochées de la queue ; la première fituée prefque
à l'aplomb des abdominales , & plus grande que la
féconde ; au-deffous de la queue , efl ime nageoire an?
guleufe.
Bouclée (la). Voyci Raije bouclée.
jjiS B O U
BOUCLIER , Cyclopterus. Nom d'un genre de poiA
fons à nageoires cartilagineufes, Voyc^ à CartïcU
Poisson.
M. F allas déiigne fous le nom de Cyclopterus mïniuus ,
une efpece de bouclier ^ qui paroît appartenir à l'Océan
Atîactique. M. Daubenton Ta nommée le /tz^tz^/. Sa formée
a du rapport avec la lompe ; • la tête plus épaiiTe que
le corps &: prefque quadrangulaire ; le muleau garni
de trois tubercules ; les mâchoires & le palais garnis
de très-petites dents; les iris brunâtres. F allas S pi-
■cikg, fajac. 7 , p. 12 , tom. III , fig. 7 ^ 8 , 9.
Bouclier , Peltls. Nom donné par M. Geoffroy à
un genre d'iniecles , à caufe de leur forme qui imite
affez celle des boucliers des Anciens. Les efpeces de ce
genre différent des cafîides , parce que leur tête déborde
•& paroît au dehors , au lieu que dans les cafîides Îr
tête eft tout-à-fait cachée fous le côrfelet. Le ca-
racleve des boucliers eft d'avoir les antennes de plus
en plus grolTes , en avançant de la bafe vers l'extré-
iTîité, '6l en même temps perfoliées ou compofées de
îames tranfverfes , enfilées par le milieu ^ &: d'avoir le
côrfelet aîLez plat &: bien bordé , ainû que les étuis.
Les larves des boucliers ont frx pattes , font aflez vives,
brunes ^ dures , prefque écailleufes , aplaties &: plus
étroites vers la queue qu'à la tête. On les trouve dans
îe^ corps d'animaux morts & à moitié gâtés ; c^ell-là
qu'elles fe nourriiTent , qu'elles croiiTent & qu'elles fe
métamorphofent ; ^ç.^'i auifi dans les mêmes endroits
que l'on trouve fou vent l'infede parfait , qui fe nourrit
de ces charog;nes , & y dépofe fes œufs.
BOUDIN^ DE MER. Animal de l'ordre des mol-
lufques , nommé ainîi par M. l'Abbé Dicqiiemare , àc
que l'on trouve dans les parages du Havre-dc-Grace.
Pour avoir une idée de ce corps marin , qu'on fe
"figure un tuyau mou, gros comme le pouce , d'un
blanc fale , taché de couleur jaunâtre comme inie vieille
yeffie de cochon ^ d'environ un pied de long , pîisnî ^
B O U 4ÎÇ,
tèvmmé en pointé obtiife & déchiquetée par les deux
bouts ; telle efl l'enveloppe du boudin de mer. L'animal
renfermé dans ce tuyau efl d'une forme très-finguliere.
La partie antérieure a un peu la forme d'une felle
alongée en avant, elle exterminée par deux crochets;
à chaque côté , font dix petits ailerons garnis de poils
fins , foyeux , de couleur dorée ; vers le quatrième
aileron , il fe trouve quelques poils courts , noirs ,
roides comme du crin ; un appendice , accompagné de
deux grands ailerons, joint cette partie à celle du milieu
par un étranglement fi ^\\ , li délicat , que fouvent ,
îorf qu'on ouvre le tuyau , on trouve l'animal iéparé
en deux ; la partie du milieu efl compofée d un canal
fur lequel font ajuflées dix-huit nageoires de chaque
côté , de manière que chaque paire de nageoires repré-
{^ni^ une efpece de fourchette à deux aiguillons ; à la
partie poflérieure fe trouvent trois poches offrant par
leur aiïembla^e , leur forme &: leur mouvement , une
forte de refîemblance avec les godets ou augets de
certaines chaînes hydrauliques ; ces poches font bordées
d'un fefl'on blanc , &: ont au bout un appendice qui a
îa forme d'une chryfalide, & qui en a lui-même d'autres
petits , mais ces derniers varient dans diffère ns indi-
vidus. Il efl bon d'obferver que toute cette partie &
le canal de celle du milieu font remplis d'une efpece
d'éthyops plus épais que celui de la feche. Tout l'a-
nimal hors de fon logement a au moins fix pouces de
long. Journal de Phyfiq, OU h. lyyS.
BOUE , Lutum , ef!: en général un amas d'ordures
& de terre atténuées par le frottement des voitures ,
êc détrempées par Peau. La boue des villes contient
beaucoup plus de fer que celles des campagnes ; aufîî
efl - elle d'une couleur noirâtre & pe'fante. Voys,^
LïMON.
BOUFRON. Voyci Sèche.
BOUILLEROT. Voye^ GouJON DE Rivière.
BOUILLEUR DE CANARI. f^'^ouT de Petun.
Dd 2
4Î0 B O U
BOUÏLLON-BLANC , Molene , Bon-Homme, en
ktin , yerbafiiim. C'eft une plante bifannuelle dont on
cliflingue plulieurs efpeces ; nous citerons ici les plus con-
nues ol celles qui font d'ufage en Médecine ; la première
efl le bouillon-blanc mâle ou ailé , Ferbafcum mas latifo»
Hum luuum , C. B. Pin. 239 ; Tapfus barbatus ^ Gérard,
619; Vcrbafcum thapfus ^ Linn. 252. Cette plante pouffe
une tige à la hauteur de trois , quatre 6c cinq pieds ,
droite , cylindrique \ ferme & im peu velue. Ses feuilles
font grandes, ovales, pointues, décurrentes, molles,
couvertes d'un duvet blanchâtre &: cotonneux des deux
côtés. Mais le duvet de la furface inférieure efl: beau-
coup plus épais que celui de la furface oppofée. Les
fleurs font difpofees en rameaux, ou en épi fort long
ùl cylindrique , formées en rofe , d'un beau jaune ^
à cinq étamines. ( M. Ddeu^c obferve que la co-
rolle des vcrbafcum eil monopétale , découpée en rofette
un peu irrréguliere , ou à cinq pièces inégales ) ; il
leur fuccede des coques ovales , terminées en pointe.
Cette plante fleurit en Juin , Juillet , Août ; elle croît
le long des chemins.
Toute la plante efl: adoucifîante , vulnéraire &: dé-
terfive. Ses fleurs font principalement employées dans
les tifanes adouciffantes , les dyflenteries , la colique
<k le ténefme. Ses feuilles pilées & réduites en vaiq
eipece d'onguent avec de l'huile , font excellentes dans
les plaies récentes ainfi que les emploient les payfans.
Son ufage , tant interne qu'externe , eft propre pour
les hémorrhoïdes &: les démangealfons de la peau.
Le bouilLon-blanc femelle , Vcrbafcum fœmina , f-ort
luteo magno ^ C. B. Pin. 239 ; Ferbafcum tomcntcfum ;
Vcrbafcum phlornoïdes ^ Linn. 253. Cette efpece croît
dans les lieux fablonneux ; fa tige eft haute de deux
à trois pieds , un peu branchue , garnie de flocons
blancs & cotonneux; les feuilles qui partent de la
racine font ovales , fort grandes , épaiifes & comme
drapées p recouvertes d'un duvet très-blanc ; les feuilles
B O U 4ÎÏ
fupérieures embraffent la tige, font feffiles & non
décurrentes ; les fleurs font grandes , jaunes , forment
un épi garni de bradées lancéolées , qui foutiennent
quatre fleurs chacune ; la capfule ell oblongue.
Le bouillon-noir^ Verbafcum Jiigrum ^ Linn. 253.
Cette plante à racine vivace , fe trouve dans les villa-
ges , fur-tout en Flandres ; fa tige efl haute de deux
•pieds , droite , anguleufe , terminée en épi ; fes fleurs
îbnt jaunes , & les étamines garnies de poils rouges
ou purpurins ; les feuilles inférieures oblongues , cor-
diformes , pétiolées , crénelées , un peu cotonneufes
en deffous ; les fupérieures feiîiles , prefque glabres ,
d'un vert obfcur.
Le bouillon-niiders eil l'herbe aux mittes. Voye^ cet
article.
Bouillon Sauvage. Foyei Sauge en Arbre.
BOUIS. Foyei Buis.
BOULEAU, B^tula , Dod. Pempt. 839, J. B. i,
148 ; Betulci alba^ Linn. 1 393. C'efl un arbre qui vient
droit, & qui, lorfqu'on le laiiTe croître, s'élève juf-
qu'à foixante à foixante - dix pieds de hauteur , fans
avoir une groffeur proportionnée ; il n'eil qu'un ar-
briiTeau dans les terrains montagneux , pierreux & arides ,
ou lorfqu'on le tient en taillis. Il a plufieurs écorces ;
l'extérieure efl épaifle , raboteufe , très-blanche ; la
féconde eft mince , lifTe , luifante , fatinée , blanchâ-
tre. Quelques-uns ont penfc que les Anciens , avant
îe iiecle d'Alexandre le Grand, & même depuis les
Gaulois , fe fervoient de cette dernière & fine écorce
comme de papier , fur lequel ils écrivoient ou gra-
voient leurs penfées avec un poinçon. Le bois du
tronc efl blanc , & ce tronc eil nu dans les trois
quarts de fa longueur ; il foutient une cime médio-
cre , ovale , médiocrement ramifiée , & à rameaux
pendans ; fes feuilles font alternes , ovales , un peu
triangulaires , pointues , finement dentelées à leur
contour , un p^u épaifTes , d'un vert clair en delTus ,
Dd 3
41Z B O U
blanchâtres en defTous , odorantes, d'une faveur amere ;
les rameaux qui portent les feudles font très-menus ,
extrêmement flexibles , glabres , d'un brun-rougcâtre ,
& fouvent parfemés de très-petits points blancs , comme
réflneux. Cet arbre porte des fleurs mâles & des fleurs
femelles , féparées & attachées à différentes parties de
l'arbre ; les fleurs mâles font difpofées en forme de
chaton affez long , cylindrique , grêle , un peu lâche
& pendant , portées fur un filet commun , &z com-
pofées de petites étamines, favoir, quatre dans chaque
fleur , & trois fleurs fur un même calice ; les fleurs
femelles font plus greffes , elles font oblongues &C
paroifTent fous la forme d'un cône écailleux: les jeunes
fruits pouffent en même temps que les chatons &
fur les mêmes branches , mais dans des endroits
féparés. Chaque fruit contient dans fa maturité des
femences aplaties ou bordées de deux petites ailes
membraneufes.
Cet arbre eff comm.un dans les bois de la France &C
dans toute l'Europe Septentrionale. Quoique le houkau
fe plaife particuliérem.ent dans les bonnes terres humi-
des, il vient cependant auiîi dans les terrains Ifériles:
on l'a vu réufîlr dans des endroits oii tous les autres
arbres périfibient. M. le Baron de Tfchoudi dit que
ceux qui ont des terrains crayeux , arides & pierreux ^
ne fauroient mieux faire que d'y établir des taillis de
bouleaux. Cet arbre efi le dernier que l'on trouve vers
le Pôle Ardique ; c'efl le feul que produife le
Groenland.
Llnnœus fait mention du bouleau nain , Betula nanay
Linn. , qui fe plaît fur les hautes montagnes les plus
arides de la Laponie , & n^exige prefque aucun fond
de terre. Il n'a que deux à trois pieds de hauteur, &;
fupporte bien le froid des hivers les plus rigoureux.
Le bouleau nain eft remarquable par la petite fie &
la forme de fes feuilles , qui lui donnent un afpeâ:
agréable. Cette petite efpece ne dédaigne pas les lieinç
B O U 4ÎÎ
huiTîïrlcs des montagnes , même dans celles de la SuiiTei
fon écorce ell d'un rouge- brun.
On trouve dans l'Amérique Septentrionale , un hou-
leau à feuilles de Marfeaii , Bctula vum'ila , Linn. C'eft
un arbriiieau \\w peu moins petit que le précédent ; il
a trois à quatre pieds de hauteur ; Ion écorce eil d'un
brun-grifâtre ; tes rameaux font piibefcens.
On diftingue aufîi le bouleau appelé jmrlfier par les
Canadiens*, Bcrulalcnta^ Linn. ; Bctula juhfera ^fruciii,
conoïde , viminihus hntis , Gronov. Virg. , Duham. Les
Canadiens font un grand ufage de fon bois ; fon
écorce a un goût & une odeur aromatique affez agréa-
ble ; fes feuilles font oblongues , un peu échancrées
en cœur à leur ])afe , acumiuées & doublement den-
tées en leurs bords ; elles reffemblent en quelque forte
à celles du mcrijïcr ou cerifier des bois ; cet arbre croît
naturellement dans le Canada &: la Virginie , c'elt le
fugap hirch ou black blrch des Anglois : oh en tire une
très-petite quantité de fucre. O^i trouve dans ces
dernières Contrées , & même en Laponie , le bouleau
à canot , Betula iiigra , Linn. ; il efl nommé ainfi ,
parce qu'on en fait en Canada de grands canots qui
durent long - temps &c qu'on nomme pirogues; c'efl
un bel arbre qui s'élève encore plus que notre bouleau;
fes feuilles font plus grandes , un peu rhomboïdales y
inégalement dentées en leurs bords, & d'un vert plus
fombre ou noirâtre.
Lorfque le bouleau de France efl à la hauteur des tail-
lis 5 on en fait des paniers , des corbeilles & des cer-
ceaux pour les tonneaux & pour les cuves ; fon bois efl
recherché pour faire des fabots. De jeunes bouleaux
courbés de bonne heure , fervent , en Suéde & en Ruffie ,
à faire les jantes des roues , qui font , dit-on , fort
bonnes. Tout le monde fait que l'on fait des balais ^\\n
bon ufage avec les menues branches de cet arbre. Lïnder
donne une maniera de faire avec les feuilles de bouleau
une couleur jaune propre à la peinture ; on peut coni*
\^^ 4
4î4 ^ ,^ U
muniqiier cette couleur à la laine que Ton fait bouillir
avec elles. Les feuilles font d'un goût amer, &c glu-
lineufes. Les feuilles du bouleau noir de la Laponie
donnent une plus belle couleur que celles de notre
pays. Les femences du bouUau nain fervent de nour-
riture aux lémings. Voyez ce mot. On peut retirer des
-chatons de cet arbre , une efpece de cire , par un
procédé femblable à celui qu'on emploie, pour en
retirer des graines de Varbre de cire» Voyez ce mot.
Les Canadiens font avec l'écorce de la grande efpece
Ae bouleau , diff(irens viftenfiles &: meubles qui durent
iong-temps ; fon liber peut fervir de papier ; nous en
avons une quantité d'échantillons. En Suéde &: en
Laponie on couvre , avec l'écorce du bouleau , les
cabanes , & l'on en fait des efpeces de bouteilles. On
peut vraifemblablement attribuer cette efpece d'incor-
ruptibilité de l'écorce des bouleaux à la partie réfmeufe
dont elle efl remplie ; aufTi les Habitans des Alpes en
font-ils des torches qui brûlent & les éclairent très-
bien. Il n'eft pas rare de rencontrer fous les climats
glacés , vers le Pôle Arûique , des boukawx dont
le bois , depuis un temps infini , eiî: mort Ôc détruit
de vétufté 5 mais dont l'écorce fubfifte feule , & con-
ierve encore à l'arbre fa figure. En Norvège , ou le
houUau efl très-commAin , c'eit même le bois le plus
ordinaire pour le chauffage. A Saint-Pétersbourg , l'écorce
intérieure de ce bois fert à tanner les peaux , & à faire
-àes, filets & des voiles pour des barques. Le bouleau
blanc acquiert une telle grofieur chez les Kamtfcha-
dales 5 que l'on en conflruit de petites chaloupes ou
canots d'ime feule pièce. Le bouleau de ce pays tfl
beaucoup plus rempli de nœuds &: d'excroiffances que
ceux d'Europe. Les Habitans fe fervent de ces nœuds
pour faire des aïïlettes , des taifes & des cuillers. Ils
font duiîi grand ufage de l'écorce , qu'ils dépouillent
lorlqu'elle eil encore verte ; &: après l'avoir coupé
«û.enue comme le vernûcelle , ils en mangent avec le
B O U 4M
caviar fec. Dans tous les villages de cette Péninllile ,
on voit toujours les femmes occupées à hacher cette
écorce avec leiu-s haches d'os ou de pierre. On îa
fait encore fermenter avec le fuc ou la fève du même
arbre, 6c cette boifîbn eil fort de leur goût. En
Rufîie , on retire per defcenfum , de l'ëcorce du bouleau ,
une huile empyreumatique , que Ton appelle dans le
pays , dioggot , c'eft-à-dire huile ou goudron de bouleau :
cette diftillation s'opère dans des creux faits dans la
terre.
Sur la fin de l'hiver , le bouleau efl plein de fuc , &
répand des larmes. Van-Helmont obferve à ce fiijet
ime chofe curieufe. Si on fait une incifion à cet arbre
près de la racine , la liqueur qui en fort eil de l'eau
pure & infipide : fi , au contraire ^ on perce jufqu'au
miheu.une branche de la grofîeur de trois doigts, il
en découle une liqueur qui a plus de faveur , qui eft
légèrement acide & agréable, même fucrée : elle efl
vantée pour le calcul des reins & de la vefïïe , & pour
le piffement de fang. Il faut recueillir cette liqueur
avant que les feuilles paroijGTent ; car lorsqu'elles font
venues , elle n'eft plus fi agréable : lorfqu'elle a fermenté,
elle devient bonne à boire , & comme vineufe ; elle
a une agréable odeur , & peut fe conferver une année
dans des vaiiTeaux bien fermés, avec un peu d'huile
par deffus. Les Bergers fe défalterent fouvent dans les
forêts avec cette liqueur , fortant des mains de la Na-
ture : d'un feul rameau , dit-on , dillille quelquefois en
im jour plus de huit ou dix livres de cette liqueur :
on allure qu'elle enlevé les taches du vifage , fi on l'en
icLve plufieurs fois par jour, & qu'on la lailTe fécher
fans l'eiliiyer.
Les bouleaux prennent leurs feuilles de très-bonne
heure ; ainii il convient d'en avoir quelques pieds dans
les bofquets du printem.ps.
BOULEREAU , Gobïus nlger , Linn. ; Jojet , à
yenife j Zolcro , à Gênes. Efpece de goujon ou de
4i6 B O U
poiiTon du genre du Gcbie. On le trouve dans les mers
d'Europe 6c d'Aiie , près du rivage , &c auiii dans les
étangs i'alés. Sa chair eil graile 6c caiTante ; on en fait cas
à Venile , où Ton pêche communément ce poifTon:
fa longueur eil d'environ un pied ; fa tête eft groile,
& les mâchoires gonflées ; k^ yeux petits , rapprochés ;
les prunelUs bordées d'un cercle doré ; la gueule am-
ple ; les mâchoires garnies d\m double rang de petites
dems , ùC deux groupes de pareilles au fond du palais ;
le corps mcn; la peau giitfante , quoique les écailles
foient fermes ; le corps &c les iris mouchetés ; la pre-
mière nageoire dorfale a fix rayons ; la féconde en a
quatorze; celle des peftoralcs , feize ou dix-iept; les
abdominales , chacune dix ou douze ; ( les Pêcheurs
Anglois prétendent que ces nageoires fervent à ce
poiiTon poiu- s'attacher aux rochers ; ) celle de l'anus ,
douze ou quatorze ; la queue , quatorze à dix- huit ; elle
efl circulaire.
BouLEROT. Voyez Goujon de mer.
BOULET DE CANON ou Courcupite de la
Guiane , Pekla fructu maxïmo glchcfo ^ Barr. pag. 92.
C'eil le Kourou Pitoutoumcii des Caraïbes ; Pcqu^ajlvc
Pckia^ Pifon , 1658, p. 141, Sa groffeur & la forme
fphérique du fniit de cet arbre , lui a fait donner par
les Créoles ÔC les Nègres le nom de boula de cancn :
il eft de la grofîeur d'un boulet de trente-fix. Quel-
ques-uns le nomment abricot fauvags. L'écorce de ce
fruit capfulaire 6c rond , eil épailTe , dure , jaunâtre ,
madrée de gris, ayant dans fa partie fupérieure im
rebord circulaire ; fous la chair ou pulpe qui eft
fîbreufe , on trouve une féconde capfule g-cbu-
leufe , mince , caflante , partagée dans ion intérieur
en fix loges par des cloifons membraneufes , &L conte-
nant dans chaque loge plufieurs femences arrondies ,
comprimées , nichées dans une pulpe fucculente , d'une
faveur acide. En agitant ce fruit defiéché , les femences
font du bruit. Les Sauvages aiment ce fridt ; mais les
B O U .47
Blancs n'en font iifage que dans les maladies de poi-
. trine. La feuille de cet arbre efl liffe , longue d'un pied
fur quatre pouces de largeur , pointue , entière , glabre ,
liffe & pétiolée; fa nervure principale s'étend jufqu'à fon
extrémité ; les autres font affez disantes entre elles , (k.
obliques. Les fleurs grandes , belles , couleur de rofe ,
d'une odeur fuave , &C naiffent en grappes droites ,
fituées fur le tronc & fur les branches. L'arbre s'élève
à une grande hauteur ; le tronc a deux pieds de dia-
mètre ; le bois e(l blanc , mais rougeâtre à l'intérieur;
il efi peu folide.
Fi/on dit qu'il y en a une autre efpece que les Por-
tugais nomment Saim , dont le bois ne fe pourrit
jamais , 6-C qui feroit très-propre à faire des canots.
Foyci la figure de l'arbre 6c du fruit dans VAppcjidix
de Marcgrave , pa§(^ 2C)^.
BOULETTE. Foye:^^ GLOBULAIRE. On donne aufïï
le nom de bouktu au chardoji Ichinopz, Voyez ut anich,
BOUQUETIN. Foyei Bouc sauvage.
BOUQUIN. Ce nom n'ed guère en ufage que
parmi les Chaffeurs , pour défigner le lièvre mâle. Foye^
Lièvre.
BOURAGÏNÉES , Borragmes aut Afperifollœ. Les
Botanilles donnent ce nom à une famille de plantes
qui paroiffent tenir un m.ilieu entre les Apoclns & les
Lahiks. La plupart font herbacées & vivaces par leurs
racines. Il y en a peu d'annuelles , & quelques - unes
forment des arbres ou arbriffeaux qui quittent tous
leurs feuilles dans l'année. Leurs racines font rameufes
&: garnies de fibres : leurs tiges &: branches font
rondes , les feuilles rudes au toucher : les fleurs font
hermaphrodites , complètes , monopétales , à cinq
étamines & un piflil , &; fjccédées par quatre femen-
ces. Ces plantes comprennent la bourrache , la confoudc ,
la cynoglojfe , V héliotrope , la pulmonaire , la buglofe ,
V herbe aux vipères , le gremil , &c. Foyei^ ces mots. La
plupart font mucilagineufes , prefque fans goiit 61 fans
428 B O U
odeur : étant deïïechées , elles fiifent comme .le nître
llir les charbons ardens.
BOURDAINE ou Bourgene , ou Aune noir ,
Rkainnus frangula ^llnn, 280, Dod. Pempt. 784; Al-
nus nigra baccifem , C. B. Pin. 428 , J. B. i , 560. C'eft
un grand arbriffeau du genre du nerprun , 6c qui croît
principalement dans les lieux humides & les bois taillis.
On le voit dans les bofquets : il porte des fleurs en
rofe 5 auxquelles fuccedent des baies rondes , divilees
par une rainure qui les fait parcître coînme doubles ,
vertes d'abord , enfuite rouges & noires lorfqu'elles
font mûres. Ses feuilles font d'un beau vert , affez fem-
blables à celles de Vaum , mais plus noirâtres , pétio-
îées , chargées de nervures parallèles , placées alterna-
tivement fur les branches. Son- écorce efl noire en
dehors , d'un jaune fafrané en dedans. Le bois de cet
arbre eu blanc , quelquefois jaunâtre & tendre ; fon
écorce eft brune ; on réduit ce bois en un charbon lé-
ger , fort fec , & eflimé le meilleur pour la fabrique
de la poudre à canon.
Il eft permis au Commiffaire -Général des Poudres,
& à fes Commis , de faire exploiter dans les bois du
Roi & autres , tant de bourdaines qu'il leur plaît , de-
puis l'âge de trois ans jufqu'à quatre , & en quelque
laiips qu'ils le jugent à propos , après toutefois en
avoir obtenu la permilîion àes Officiers des Eaux &
Forêts , & avoir appelé les Gardes à la coupe.
Un quintal de ce bois , dit M. Duhamel , qui coûte
à-peu-près quatre francs , ne produit que douze livres
de charbons. Il y a des Provinces oii les Cordonniers
ne font point d'ufage d'autres bois pour les chevilles
de fouliers. La féconde écorce, Tur- tout celle de la ra-
cine de cet arbriffeau , eft amere , un peu gluante , apé-
Titive &: employée par les gens de la campagne dans
i'hydropifie & les fièvres interm.ittentes ; elle purge
lorfqu'elle efl defféchée ; elle efl émétique quand elle
eiî verte. M. Halkr dit qu'on peut tirer une huile de
B O U 419
la graîne de ^aum noir ; elle fert à entretenir la lampe.
Les baies de cet arbre , étant vertes , peuvent iervir
à teindre en vert des étoffes de laine. L'écorce teint
en jaune.
BOURDON , BombyUus, Voyez à U fuite du mot
Abeille L'article des Abeilles- Bourdons,
BOURDONNEUR.Nom donné au colihriM oy. ce mot.
EOURET DE MER. Vcyei à C article BucciN.
BOURGEON , Gemma, Les Cultivateurs donnent
ce nom aux boutons ouverts ou développés que Ton
obferve fur les branches des arbres ; ils dilent que les
arbres & les arbriiî'eaux bourgeonnent , lorfque leurs
boutons groffiiTent 6c commencent à s'ouvrir. Ils ap-
pellent aulîi bourgeons les jeunes pouffes de l'année , 6c
ils dilent èbourgzonner un arbre , quand , pour le ren-
dre plus vigoureux ou pour lui faire porter plus de fruit ,
ils retranchent des boutons à bois ou de jeunes pouffes
fuperflues. En Botanique , bourgeon & bouton font fy-
nonymes. Vcye:{^ aux mots Plante , Arbre , &;c.
BOURG-EPINE. /^qy^:[ Nerprun.
BOURGMESTRE. F. Goéland à manteau gris-brun,
BOURLOTTE. Nom qu'en Bretagne l'on donne à
une efpece de ver blanc , dont on fe fert pour amor-
cer le poiffon.
BOURRACHE , Borrago officinalis , Linn. 1 97 ; Bor^
rago floribus cœruleisyh B. 3 , 574, Tourn. 133. C'eil
une plante annuelle des plus ufitées en Médecine , &
que l'on cultive dans prefque tous les jardins ; elle
s'y multiplie d'elle-même &: s'y naturalife en quelque
forte. Sa racine eil blanche , longue , de la groffeur
du doigt , tendre &: d'une faveur vifqueufe ; fa tig;?
eft velue , creufe , haute d'une coudée , branchue ,
cylindrique , creufe , fucculente , hériffée de poils
courts & rudes. Ses feuilles font d'un vert foncé ,
larges , obtufes , hériffées de pointes fines & failmn-
tes , rudes au toucher , pétiolées & oppofées à la
bafe , feffiles &: alternes dans le haut : au fommet
430 B O U
des rameaux naifTent des fleurs d'une belle couleur
bleue , ( rarement blanchâtres ou de couleur de chair ) ,
en rofette d'une feule pièce , formant une étoile , ou
imitant la molette d'un éperon : les fruits contiennent
quatre feniences noires , prefque femblables à des
têtes de vipères.
La bourrache commune efl , fuivant quelques-uns ,
originaire d'Alep , & s'efl répandue prefque par- tout
dans nos climats.
La bourrache vulgaire , dit M. H aller , eft naturelle-
ment fade , vifqueufe ., &: le lieu où elle prend naif-
lance , lui procure des parties qui la rendent foible-
ment favonneufe.
Le fuc de bourrache clarifié , évaporé au bain-marie ,
en confiflance de miel épais , efl du nombre de ceux
qu'on nomme extraits favonneux , parce qu'ils fe
difTolvent en partie dans l'efprit de vin. Le fuc de
bourrache , diflillé à feu nu , fe bourfoufle confi-
dérablement , donne un peu de fiegme infipide , qui
efl bientôt fuivi d'un ef])rit alkali volatil très-péné-
trant ; il palTe enfuite une huile empyreumatique
fétide & pefante ; il refle \\n charbon fort léger qui
fe réduit afTez difncilement en cendres ; ces cendres
leilivées donnent wxv alkali fixe déliquefcent , tel que
îe fournifTent la plupart des végétaux ; le charbon
lui-même lefTive avant l'incinération , fournit beaucoup
de nitre , quelque peu de fel marin &: un fel alkali
fixe déliquefcent.
Il Cil clair , dit M. Bucquet , que de tous ces prin-
cipes il n'y avoit dans le lue de bourrache que le
fiec;me, la partie hulleufe, le nitre, le fel marin, l'ai-
kali fixe û, la partie terreufe. A l'égard de l'alkali
volatil , il efl: le produit du feu qui l'a formé aux dé-
pefjs de l'alkali fixe & de l'huile , puifaue ce produit ,
quoique très-volatil ne paffe qu'après le flegme , &
quand la décompofition efl déjà avancée ; d'ailleurs de
quelque maj^iere qu'on opère pour féparer les fels
B O U 43t
contenus dans le fuc de bourrache , on n'y trouve
jamais d'alkali volatil.
Cette plante divife les humeurs épaifles & grofîie-
res, rend le fang plus fluide, rétablit les lecrétions
& excrétions , 6c eft utile dans toutes les maladies
cil il faut éviter les remèdes chauds, comme dans la
pleurcfie , la péripneumonie , 6-:c. Elle t:i\ cllimée
diurétique , adouciiiante , expedcorante &: béchique.
Les fleurs de bcurracke Ibnt mal -à-propos placées au
nombre des fleurs cordiales; lorfqu'elles font lèches,
elles n'ont guère de vertu ; aiilîi dans l'hiver ordonne-
t-on préférablement les racines de la bourrache ^ parce
qu'étant fraîches elles ont toute leur vertu. On efl
afTez dans Tulage de mettre fes fleurs fur les falades ,
avec celles de la capucine , pour les orner par leurs
belles couleurs.
Il y a plufieurs autres efj^eces de bourraches,
"I .° la bourrache des Indes Orientales , Borrago Indica ,
Linn. La corolle , qui s'épanouit en Juillet , efl
d'un bleu pâle ou légèrement purpurine , ëc mar-
quée intérieurement de cinq taches aurores , ou de
couleur de rouille de fer ; i,*' la bourrache d'Ethio-
pie , Borrago A f ricana , Linn. ; elle eil très - rude
au toucher ; fa fleur eft petite , penchée , bleuâtre
en dehors , jaune en dedans , avec cinq taches
purpurines ; 3.^ la bourrache de Ceylan , Bcrrago
Zeyianica , Linn. ; le calice de la fleur eil velu ,
blanchâtre , point auriculé , & au/Ti long que îa
corolle ; 4.^ la bourrache de Candie, ou du Levant,
Borrago Orïentalis , Linn. ; cette efpece croît naturel-
lement aux environs de Conflantinople ; Tournefort la
déiigne ainfi , Borrago Conjlantinopolitana , flore refexh
ccerulco , calice vcficario ; elle fleurit à l'entrée du prln-
" temps , avant l'entier développement de fes feuilles
radicales.
A l'égard de la petite bourrache {Omphalodcs ^)
Voyez ilerbc au nonihiiL
434 B O U
BOUPvRE , Tomcntum. Nom donné au poil de plu-î
fleurs quadrupèdes , comme taureaux , bœufs , vaches ,
veaux , biifies , cerfs , chevaux , &c. On le détache
par le moyen de la chaux , ou on le rafe avec un long
couteau , de defîiis leurs peaux ou cuirs , lorfqu'on les
prépare dans les tanneries ou qu'on les paffe en mégie,
La bourre fert à garnir des felles , des bâts , des chailes ,
des tabourets , des banquettes , ôcc. yoyc:^ Carticlt Poil.
Il y a aufii la bourre de foie : c'eit la jilofelle ou
jleuret , c'efl-à-dire , cette partie de la foie qu'on rebute
au dévidage des cocons , mais qu'on a Part de filer oC.
de mettre en échev^aux comme la belle foie : on en
fait des padous , des ceintures , des lacets , du cor-
donnet, ScC. Voyci^ à VanicU Ver A SOIE.
Bourre 6c Bourret. Nom donne en quelques
endroits , à la femelle &: au petit du canard domeflique.
BOURREAU des arbres. Ko^^^/W/c/^Evonimoïde.
BOURRIQUE. Nom donné par le vulgaire à "^dm^
Voyez ce tjioi,
BOURSE , Tetraodon. Nom donné aux Ifles de
France , de Bourbon & à Madagafcar , à différentes
efpeces de Guapervas, Voyez ce mot, L^s poilTons
bourfes ont des écailles très-fines , & femblables à des
épingles ; leur pointe s'éloigne du corps ; cette direc-
tion devenoit indiipenfable dans ces poifTons , qui
enflent à volonté leur corps &: le réduilént tout de
fuite en un très-petit volume.
Bourse a Berger ou Tabouret, Burfa pafloris ,
Llnn. 903 ; & major ^ folio finuato ^ C. B. Pin. 108.
Cette plante annuelle croît naturellement dans les
chemins , dans les lieux incultes &: déferts ; fa racine
blanche & fibreufe pouffe une tige qui s'élève à la
hauteur d'une coudée , plus ou moins , félon les
variétés ; fes feuilles inférieures ou radicales font
découpées comme celles du pifTenlit; celles qui em-
bralTent la tige font plus petites , garnies d'oreilles à
^eurs bafes , ou fagittées ; {^% fleurs font petites ,
blanches
B O U 433
blanches , en croix , &: naiffent au fommet des rameaux :
à ces fleurs fuccede un fruit aplati , en forme de
petite hourfi ; (c'eft une filique , en cœur renverfé;)
ce qui lui a fait donner le nom de bourfe à pajieiir.
Cette plante eit mife par quelques Médecins au rang
des rafraîchiiTantes & àts vulnéraires aflringentes ;
elle eil regardée comme fpécifique dans le pilTement
de fang : la plante pilée ou une tente de charpie
trempée dans Ion fuc , arrête les hémorragies des
narines ; la plante fraîche pilée 6c appliquée liir les
plaies récentes , arrête le fang 6c prévient Tinflam-
mation. Mais M. Haller regarde le tabouret comme
l'aftringent le plus foible de fa clafle crucifère ; il
n'eil , dit-il , point en ufage. Les Méthodiftes rangent
le tabouret dans la feŒon des thlaspi. Voyez u mot.
On a donné le nom de drave prïntannïzrc , Draba
vcrna , à la petite efpece de bourfe à berger qui croît
fur les murs.
BOUSCaRLE, Les Provençaux donnent ce nom
à une fauvette qui eil un peu plus petite que l'efpece
appellée grifette ; tout le deifus du corps eft roufTâtre ,
le plumage inférieur eft mêlé de blanc & de roux
clair ; les pennes des ailes &: de la queue font noirâtres ,
bordées de rouiTâtre , pi. enl, 655.
BOUSIER ou BouziER , Copris. Le caradere de
ce genre d'ir:feâ:es eft d'avoir les antennes en mafte
à feuillets , &: de n'avoir point d'écufîbn entre les
étuis , à l'endroit de leur origine ou de leur attache
avec le corfelet. C'eft par ce dernier caradere qu'ils
différent des fcarabées proprement dits ; outre ce
caractère particulier , tous les infedes de ce genre
ont un certam port que leur donnent leurs longues
pattes ; celles fur-tout de la dernière paire font fort
longues ; en forte qu'il femble que ces animaux foient
montés fur des échaftes : quelques efpeces ont une
corne fur la tête; d'autres en ont deux; leur ufage
n'eft pas aifé à déterminer , peut-être leur fervent-
Tome //, E e
4U B O U
elles pouî s'enfoncer plus aifément dens les houies^
de vaches , les fientes d'anîinaux ôc les immondices
les plus iales, où on les trouve ordinaireinent. C'ed-hi
que ces inle£>es cépofent leurs œufs , que leurs larves
ëclofent , croiiîent &: fe métamorpholent. On en
diiiingue de plun?;urs fortes , connues feus les noms de
capucin^ hoticntot ^ araignée^ 6zc.
BOUSSEROLE. Foyei Raisin d'Ours.
EOUTARQUE ou Poutargue. Dans les Pays
Méridionaux on donne ce nom à une préparation
d'œufs de poiffon. l^cA-ei ^ '^^^^tlck MuGE.
BOUT DE PETUN ou Ani des BrafiHens , Cro^
lophagî's. Oifeau du LIî- genre, de la Méthode de
M. Brijfrji ; on en diilingue deux el|:feces , favoir : le
grand bout de petiin , pi. enl. lOi , iig. 2 , ou Vnni des
paUtuvicrs ; le bout dipetnn petit, ou Winl dds favanms.
Le premier eft à- peu-près à\\ double plus grrnd que le
deuxième : celui-ci eil: gros à- peu- près comme un fort
merle. Ces oifeaux font propres au nouveau Continent.
Ils font fort communs dans FAm.érique Méridionale ,
au Bréiil , à Cayenne & à Saint-Domingue , &c.
Les Créoles ont donne à ces oifcaiLx le nom de bout
de petun , bout de tabac , diable desfavannes , diable des
pahtuviers ; on les a nommés aufii bcuilleurs di Canari^
parce que , dit-on , leur cri rcf emble au bniit que
l'eau fait en bouillant ; cependant leur cri , ou fi Ton
veut, leur chant , efl une forte de fixement toujours
aigre & défagréable.
Les anis ou bouts de pctun , vivent en troupes , &
l'on prétend que plufieurs femelles fe réunilTent pour
confiruire un nid dans lequel elles pondent , & 011 elles
couvent en commun ; le nid eft conftruit de brins de
bois ' fec , fans garniture à l'intérieur , proportionné ,
dit-on , au nombre de femelles qui fe font aiTociées
pour le construire & y couver ; on prétend qu'il y a
dans ce nid bannal des fcparations qui diilinguent leurs
ceiifs en particulier. Quand Içs femelles quittent leurs
B O U 43J
œufs , elles les couvrent avec des feuilles. Les œufs
font de couleur d'aigue-marine uniforme, &c fans taches*
Les femelles font deux ou trois pontes par an ;
elles nourrirent indifféremment tous les petits , aux-
quels elles donnent la becquée , & les maies aident à
fournir les alimens. Ces oifeaux réunis , même dans 4e
temps des amours , contre ce qui eit ordinaire aux
autres oifeaux , vivent également en fociété dans
le reile de Faurrée ; les compagnies font compofées
depuis huit à dix individus jufqu'à vingt- cinq.
Le plumage des anis eû noir dans les deux efpeces ;
mais la nuance efl plus foncée , & les reflets de violet
& de vert-doré , font, fuivant les afpects, plus fenfibles ,
plus vifs & plus étendus dans la grande efpece. Le bec
de les pieds font noirs ; le bec eft court , crochu , plus
épais que large ; la mandibule fupérieure efl déprimée
fur les côtés , & relevée en demi-cercle tranchant.
Les plumes de la queue font au nombre de dix. Les
doigts longs , arrondis 6c placés deux en avant 6c deux
en arrière.
Ces oifeaux ont le vol court & peu élevé ; ils fe
pofent plus fouvent fur les buiffons que fiu* les grands
arbres ; ils fe placent très - près les Uns des autres ;
l'inftinâ: focial a beaucoup d'impulfion fur tous leurs
mouvemens. Ils fe nourrliTsnt de graines, d'infedles
&c de reptiles ; comme les pies , ils fe perchent fur
les bœufs , pour chercher les tiques éc les autres
inlecles attachés au cuir de ces animaux ; ils ne font
ni farouches , ni craintifs ; on les approche aifément ;
mais on en tue peu , parce que leur chair n'efl: pas
mangeable , & qu'ils ont , même vivans , une odeur
défagrcable. Vani s'apprivoife aifément , il apprend.
à parler , & dans l'état de liberté il ne fait aucune,
forte de tort.
BOUTîS. Terme ufité dans la chafTe du fanglkn
yojc{^ le Tabkau alphahltiaju des termes de Vénerie
à la fuite de VmicU Cerf,
436 B O U
BOUTON D'ARGENT. Nom que les hràmleri
Fleuriiles ont donné à la ptarmiquc à ficurs doubles. On
connoît le bouton d'argent d'Angleterre dont la racine
eil une patte refTemblante à celle de l'alperge , &: la
feuille à celle du fraificr.
Bouton de mer. Nom que l'on donne à Vourjm.
Voyez ce mot.
Bouton d'or 6c Bouton blanc. Voyei Immor-
telle & PtarMIQUE. Foyei aujji rartïde Herbe
BLANCHE.
Bouton & Bourgeon. Voyez ces mots dans le
Tableau alphabétique , &;c. de Vanïcle Plante.
Bouton gris. Nom donné par M. V Abbé Dkquc-
marc à un corps marin & animal , dont le nom fait
prelque ieul la définition extérieure. Journ, dz Phyf,
Juill, lyS;^,
BOUT-SALLICK. Ceil le coucou brun & tacheté
xle Bengale. Foyc^ Coucou.
BOUTURE. Voyez à X Alphabet des termes à la fuite
du mot Plante»
BOUVERET &: Bouveron. Voye^ à r article Bou-
vreuil.
BOUVIER. Voyei GoBE-MOUCHE ( Oifeau ).
BOUVREUIL , pi, enl, 145 , /^. i , le mâle ;
jlg, 2, la femelle ; Pivoine de Belon . Pyrrhula, Geme
d'oifeau \\ï\ peu plus gros que le moineau appelé
pierrot , ôc que fes couleurs mâles & foncées rendent
agréable : le deffus de la tête eil d'un noir brillant ;
le deiTus du cou , le dos & les plumes fcapulaires
font de couleur cendrée , très - légèrement teintes de
roux ; le croupion efl blanc , ainfi que le bas-ventre ;
les ailes & la queue d'un noir luHré ôc à reflets
violets. Le mâle a toute la poitrine , le cou & les
joues d'une b^rlle couleur rouge : ( chez la femelle
cette partie du phunage eil de couleur brune-vineufe ; )
fon bec eil: noir , gros , court , fort , convexe eiî
deillis oC en deifcus ,• 6c la partie fupcrieure eit
sou 437
courbée en en bas à fon extrémité ; fes ongles iont
noirs , ^ les pieds bruns.
Les bouvreuils aiment les pays montueux & boifés^
Ils pafTent Pété dans les bois , vivent de grains ^ font
leur nid fur les buiffons , d>L le compofent de moufle
en dehors ; de laine , de plumes , &:c. à l'intérieur. La
femelle pond communément quatre œufs , d'un blanc
teint de bleuâtre , &C tachetés vers le gros bout de
violet & de noir. En hiver , ces oifeaux fe répandent
par bandes dans les plaines ; on les prend alors avec
des nappes. Cet oifeau , pendant le printemps , fait un
grand dégât dans les vergers ; il aime beaucoup les
premiers boutons qui précèdent les feuilles &C les fleurs
des pommiers , poiriers , pêchers &C autres arbres ,
auxquels il caufe de grands dommages : auiïi les Nor-
mands l'appellent-ils bourgeonnUr ou ihour^œnncux ; le
bouvreuil eil un des oifeaux qui réunit le plus d'agrémens :
il plaît par la beauté de fon plumage , par les mœurs
fociales & par la douceur de fon chant. On l'élevé
facilement en cage ; mais fa belle couleur rouge s'y
aftoiblit. On en a vu qui y prenoient un plumage pres-
que totalement noir, & d'autres prefque tout blanc.
Le bouvreuil eil fufceptible d'attachement &: d'une belle
éducation ; il apprend , fans beaucoup de peine , à imiter
le fon de la flûte , & à répéter des airs. Son chant efè
agréable , mais cependant moins fort que celui de la
linotte. On dit que la femelle chante auiîi bien que
le mâle : fi cela eft vrai , c'eft une des exceptions que
la Nature fe plaît à mettre aux règles générales , pour
répandre plus de variétés dans fes produdiions. Suivant
M. de Salerne , le bouvreuil efl appelé bouvreux , bour^
geonnler en BaiTe-Normandie ; bœuf , pinçon-mailU en
Cologne ; chovpard , grojfe tête noire en Picardie ; pive
en Provence ; pivane en Berry ; pion ou piene en Lor-
raine ; pinçon £ Auvergne en Saintonge ; & ailleurs
pinçon rouge , fiffl^ur , fiuttur , groulard , perroquet de
France ^ écojjonncux , rojjïgnol-momt , civière , tapon»
Ee 3
438 BOY
Parmi l'efpece du bouvreuil , on dlflingue : Le hou^
vreuil tout noir & à, bec blanc de la Guiane : le bouverorz
ou petit bouvreuil noir d'Afrique ; il a trois bandes
blanches fur la the. ; la partie antérieure du cou , &:
îe defTous du corps d'un beau blanc ; les plumes du
bas-ventre , jm^qu'au-defibus de la queue, font longues ,
contournées , frifées à contrc-fens. On trouve auiîi
dars le Eréfil , îe bcuvcrcn à plumes plus ou moins frifées,
^, pL ml, 319 ^ ji^* I : Le bouvreuil bien d'Amérique,
Foyei Bec rond : Le bouvreuil d'Hambourg^ Voyez
Hambouvreux : Le bouvcra ou le bouvreuil de Plile
de Bourbon & du Cap de Bonne-Efpérance , pL enl,
2.04 : ils ont le defîbus du corps blanc , le deiïïis Ô£
la queue de couleur orangée ; le bec brun & les pieds
rovigeâtres : Le bouvreuil huppé d'Amérique ; il eft beau-
coup 'plus gros que les nôtres ; une belle huppe noire
s'élève fur fa tête ; le deffiis du corps , les ailes &
la queue font d'un rouge d'écarlate ; le delTous du
corps efl: d'un bleu éclatant ; fon bec efl blanc.
Le grand bouvreuil noir d'Afrique , efl de la taille
de notre gros - bec ; tout fon plumage efl noir ,
excepté une petite tache blanche au milieu des ailes ;
le bec & les pieds d\m gris - blanchâtre. Le bouvreuil
noir du Mexique , à bec rond , noir & blanc. Les
bouvreuils violets &c à bec rond de la Caroline èc de
Bahama ; ceux de Bahama ont la gorge , la queue &c
les fourcils rouges.
BOYAUX , Intejlina, Nom donné aux inteflins. lî
y a des animaux dont les boyaux font utiles dans le
Commerce , après avoir été préparés par les Boyau-
dicrs. Tout le monde connoît les cordes de violon ,
de baffe 61 d'autres inflrumens de Mufique. Voye^ la
manière dont les Ouvriers s'y prennent pour fabri-
quer les cordes à boyau, à la fin de r article. ACNEAU ,
& dans le Diclion, des Arts & Métiers.
On a donné le nom de boyau de chat à 1 *ulva in*
tcjîinalis^ Voyez à Variich Ulve,
B R A 439
BRAC. C'eft le Calao d'Afrique. Voyzi à VanïcU
Calao,
BRACELETS , Armillœ, On voit dans les Cabinets
ces ornemens des Anciens : ils paroiiTent avoir été du
goût de prefque toutes les Nations. On les a portés
autrefois au haut du bras . quelquefois auiTi on mettoit
de femblables anneaux aux jambes. Ils ont été des mar-
ques arbitraires d'honneur ou d'efclavage ; c'étoient
quelquefois des récompenfes de la valeur. Il y en a
eu de fer , d'ivoire , d'argent , de cuivre jaune (k. de
lames d'or. On a trouvé à Store , près de l'Ule Adam ,
dans un endroit appelé le Camp de Jules- Céfar , des
fquelettes humains qui avoient encore des hauffe-cols,
des braccUts Sc des anneaux d\iri cuivre comme doré ,
cil l'on fufpendoit des bulles d*or ou d'argent. Les
Sauvages en ont de coco ou de coquilles. On lait que
le goût du luxe & de la parure n'eft pas moins vif
chez les Sauvages que parmi les hommes policés.
N'a-t-on pas vu des peuples barbares vendre leurs
parens , même leurs pères , leurs mères , leurs femmes
oC leurs enfans pour podeder des bracelets de verrote-
rie ? &:c.
BRADYPE. Foyei Paresseux.
BRAI. Voyci Poix liquide aux articles Pin &
Sapin. Le hral iqc eft Varcançon,
BRAÏNVÎLLIERS. f^oy^i Spigelîa.
BRAIRE , Braiement. Nom du cri rauque ,
bruyant &: difcordant que pouffe Vdne , lorfque le
défir , l'impatience ou le beioin le preffent. Foyc^ à
r article A NE.
BRAMIE 5 Brami , Rheed. Mal. Plante qui croit dans
rinde ^ au Malabar , dans les lieux humides ; elle efc
rampante comme certaines g^atioles ; fes tiges font d'un
vert- rougeâtre ; fes feuilles prefque femblables à celles
du GrzticAa mcnnkra de Lïnnœus ; les fleurs font mo-
nopétales , bleues , folitaires , axillaires. Le fruit eil
une çapfifj^ conic^ue ^ environnée par les feuilles du
Ee 4
440 B R A B R E
calice uniloculaire , & qui contient beaucoup de
femences menues.
BRANCHES , RamL Voyez ce mot dans le Tableau
alphabétique , &c. à V article PLANTE.
BRANCHIALE. Voyei à ranicle LAMPROIE,
BRANCHIES. Se dit des ouies des poiiTons. Voyei^
Poisson.
BRANC-URSLNE. Voyei Acanthe.
BRANDHIRTZ. Voye^ a l'article Cerf.
BRAQ'JL. Nom donné à une race particulière dans
l'efpece du chien. Voyez l'es caraderes a V article Chien.
BRASIL. Les Mineurs Anglois donnent ce nom à
une marcafiite fouvent lamelleufe , mais unie &: iem-
blable au laiton ou au cuivre jaune. Voye^^ Mar-
CASSITE.
BRASSICAIRES. Ce font les papillons du chou.
^(TK^:^ Chenille du chou.
BRÉANT ou Bruant. Voye?^ Bruant.
BREBIS. Voyei à t article BÉLIER.
BRÉCHITE ou Goupillon de mer. M. Guettard
donne ce nom à un foffile qui pourroit être regardé
comme une forte ^arrofoir marin , mais d'une elpece
iingialiere. Le cara£kre générique de ce polypite ou
polipier foiîile , eft d'être d'une figure conique y &
d'être percé de trous en fon fommet , d'avoir des
crêtes circulaires & des ftries longitudinales.
BRÉDE de Malabar. C'eil Vamarante épineufe. On
remarque entre les fleurs , qui font difpofées en épis
verdâtres , quelquefois purpurins , droits , plufieurs
écailles en alêne & fpinuliformes : cette plante fe
trouve à Amboine , à Ceylan , & en Amérique dans
les Antilles.
BREDIN. royei Lepas.
BREHAIGNE. Mot populaire reçu en Vénerie , &
qui exprime que la biche ou un autre individu femelle
cft ftérile & n'engendre point. Voye? à V article Cerf.
BREHÉME. Voyei Melongéne,
B R E 441
BREHIS. Nom d'une licorne quadrupède , de la
grandeur d'une chèvre , & que l'on dit fe trouver à
Madagalcar. Son exiftertce eiî une chimère , ainfi que
celle de la licorne terreilre , appelée camphur. Voyez
ce mot.
BHÊME, Cyprinus (^Intus^. En Angleterre , Brcam;
en Allemagne , Brajfem ; en Suéde , Brax ; Brama , Linn.
Poiflbn du genre du Cyprin ; il f e trouve dans les eaux
douces de l'Europe , notamment dans les lacs & dans
ceux qui confluent aux embouchures des grandes ri-
vières ; on le pêche plus fréquemment au printemps
que dans les autres faifons. Ce poiffon a le corps
large & aplati latéralement ; il y en a d'un pied de
long 6c même plus. Le defïïis de la tête eil prefque
noir ; la gueule efl petite , 6l les lèvres font grolîes ; on
diflingue plufieurs dents qui font crochues ; la langue
efl ivKèe au palais & rouge ; les iris des yeux de cou-
leur d'or , quelquefois argentés ; le dos très-convexe ;
la ligne latérale courbe ; les écailles grandes & en re-
couvrement , difpofées fur des lignes parallèles , d'une
couleur jaune pâle & mêlée de brun ; celle du ventre
efl argentée, La nageoire dorfale , qui a douze rayons
branchus , eil d'un gris foncé , avec une bordure
noire ; les pectorales ont chacune dix-fept rayons ; les
abdominales en ont neuf ou dix ; celle de l'anus , qui
efl noirâtre , en a vingt-fept ; celle de la queue , qui
ell fourchue , en a dix-neuf. La chair de ce poiiTon
eil blanche & délicate ; mais elle paroi t défagréable ,
fi le poifTon a été péché dans des eaux fangeufes. La
hrême que les Pêcheurs nomment gardonnU , n'eft
qu'une jeune brime qui a les écailles plus brillantes
^ cet âge.
Brème de mer ou Brame , Spams Rhomboïdes ,
Linn. ; Perça Rhomboïdes , Catesb. Poiflbn du genre
des /pares ; il fe trouve dans les mers de l'Amérique.
Le dos efl: fillonné par une efpece de canal comme
dans les fàenes, Lqs mâchoires font garnies de dents
ÎÏ4Î B R E BRI
obtufes ; une tache noire entre les nageoires pe£loraies
ëc la dorfale ; celle-ci a vingt-trois rayons , dont les
douze premiers font épineux ; les peâorales en ont
chacune (eize ; les abdominales fix , dont un épineux ;
celle de Panus quinze , dent trois épineux ; celle de
la queue vingt. Le corps eu. de couleur jaune , marque
longitud^nalement de plufieurs lignes qui le font pa-
roître- flrié. Les trois dcraicres efpcces de nageoires
font rouiTes. On eftime la chair àc ce poifTon bonne
à manger.
ERENACHE ou Berkache, Foyei Oie non-
KETTE.
BRESILLET &c Bresillîot. roye^ à CanicU Bois
XE Brésil.
BP.ESLINGE. Nom d'une race de Fraijlcr, Voyez
ctt articU,
BRESSDIUR. Efpece d'Ours de Ncrr/cge. Voyci
Ours.
BREVE. Nom donné à des oifeaux de l'ancien
Continent , qui , dans la Méthode de M. Brijfon , font
^u genre XXII : ce font des merles , mais qui ont le
J^ec plus épais , plus fort ; les jambes beaucoup plus
longues , êc la qu»ue &: les ailes au contraire beaucoup
plus courtes que les autres oifeaux du même genre.
On en dlftingue quatre ou cinq efpeces : \P la, brcvc
de Bengale , pU mL 258, qui eil le merle vert des Mo-
luques de M. Brijfon ; fa gcrge eil noire ; une variété
efl la brève de Bengale à gorge blanche ; 2.^ la brève du
Ceylan , c'eft la pu à conne queue des Indes Orienta-
les , ^Edwards ; 3.° la brève de Madngafcar , c'eft le
merle des Moluques ^ pi. enL 257 ; 4.^ la brève de Ma-
laca , ( Voyag. aux Indes ) ; 5 .^ la brève des Philippines,
c'eit le mcrk vert à tête noire des ivlolucues , de
M. Bnjfon , pL enL 89.
BRIDÉ , (le) Chœtodon capiflratus , Linn. ; Pifds
miutarïs ^ fvldaten or klipvifck^ Ruyfc Polûbn du genre
du ChétGuon ;_ il fe trouve dans IK^céan Atlantique ,
BRI 445
fous la Zone tOJ-ride. Grcnov'ms a dicflt un de ces
poiffons ; il avoit trois pouces &: un quart de lon-
gueur ; la mâchoire inférieure plus longue que celle
d . delîus , ôc toutes deux garnies d'une midtitude de
petites dents oblongues ; les yeux allez grands ; les
opercules des ouïes liiTes &: écailleux. La nageoire
dorfale garnie de douze rayons épineux , & de douze
autres flexibles &: rameux ; les pedorales ont chacune
quatorze rayons ; les abdominales ea ont lix , dont la
premier efl épineux ; celle de l'anus en a dix -huit ,
dont les deux premiers font forts & épineux ; celle de
la queue , qui eft arrondie, offre d'x-huit rayon§„
Les lignes latérales offrent un arc conv--;xe. Le^corps
&: la tête font recouverts de grandes écailles liffes ; le
fond de la couleur eft jaunâtre. Il y a fur chaque côté
du corps , vers l'extrémité de la nageoire du dos ,
deux taches noires , grandes , & une blanche ; la partie
fupérieure des côtés efl marquée de plufieurs lignes
obfcures , parallèles entre elles , & qui s'étendent
obliquement : une partie allant de la nageoire dorfale
aux opercules , &: l'autre allant en fens contraire du
dos à la nageoire de l'anus ; en forte qu'elles coupent
les premières , & forment une fuite d'angles continus
fur les furfaces latérales du corps.
Bridé , Spa,ri:s capifiratus , Linn. M. Daubenton
donne ce nom à un poiuon du genre à\\fpare;\\ fe
trouve dans les mers de l'Amérique. Les écailles font
difpofées à l'aife , U bordées antérieurement de à^wx
petites bandes blanchâtres , qui , par leur jonûlon ,
forment un angle droit , de manière que le corps du
poifTon paroît marqué d'un réfeau blanc. Les deiLX
premières dents de la mâchoire de defTus , & les quatre
premières dans celle de deifous , font beaucoup plus
grandes que les autres ; la nageoire dorfa'e eft très-
longue & garnie de vingt rayons , dont les neuf pre-
miers font épineux ; les pe£lcrales en ont chacune
douze ; les abdonainales fix , dont un efl épineux ;
444 _ BRI
celle de ranus foze, dont le premier eft épineux; celle
de la queue en a quatorze.
BRIGNOLIER. Nicolfon dit qu'on en diflingue
ceiLx elpeces à Saint-Domingue , l'un à fruit jaune,
& l'autre à fruit violet ou d'un rouge - violet. Les
feuilles font longues , terminées en pointe , affez
ëpaifTes & bien nourries , verdâtres & luifantes en
delTus , lanugineufes en deffous ; fes fleurs petites ,
blanches , épa'fTes , ferrées par bouquets les unes contre
les autres ; elles fe changent en un fruit oblong , de
la forme d'une olive , mais plus petit , mou , charnu y
un peu aigrelet. On en mange les fruits avec plaifir.
BPJN D'AMOUR. Suivant l'Auteur de VEfii fur
VHïjl. Natur. de Saint - Dominguc , c'efl un végétal
dont la tige a deux pouces de diamètre , & fept à huit
pieds de hauteur; elle eil verte, cylindrique, tendre^
ipongieufe , couverte d'aiguillons très -fins & très-
aigus ; fes branches font difpofées alternativem^ent
autour de la tige ; elles fe foudivifent en pîufieurs
petites branches , au bout defquelles font placées des
feuilles tendres , luifantes , d'un beau vert foncé en
deffus & mat en defTous , découpées largement fur les
bords , longues de huit à neuf pouces , fur fix de lar-
geur , terminées en pointe , portées fur une grofTe
queue de quinze à dix-huit lignes de longueur , cou-
vertes d'un duvet fin & piquant , qui s'infinue pro-
fondément dans la peau lorfqu'on y touche , &: excite
une démangeaifon très-cuifante , qui dure cinq à fix
heures. Les nervures de ces feuilles , ainfi que la côte
à laquelle elles aboutirent , font garnies de petits ai-
guillons jaunâtres , très-piquans. A_utour de fa tige &
des principales branches , naiffent de petites fleurs d'un
rouge de carmin, très -agréables à la vue, qui de-
viennent bientôt de petites baies fphériques , groffes
comme un grain de grofeille, tranfparentes , blanches,
luifantes , attachées à un long pédicule : elles re^ifer-
ment deux ou trois petites graines oblongues , envir
BRI 445.
tonnées d'une fubftance douce , agréable. On dit que
ces fruits excitent à l'amour. Cette plante croît dans
les endroits fecs & rocheux à Saint-Domingue.
BRIN BLANC &: Brin Bleu. Noms donnés par
quelques-uns à des efpeces de colibris à lojigue queue ;
le premier, eu de Cayenne , &: l'autre du Mexique.
Foyei Colibri.
BRiNDONES. Fruit des Indes Orientales , & dont
les Portugais , établis à Goa , ont fait pendant long-
temps un commerce affez confidérable , fa pulpe étant
d'uiage en teinture , & fon écorce fervant à la confec-
tion du vinaigre de ce pays. Le brindoms eft rougeâtre
en dehors , &. d'un rouge de fang en dedans. Il con-
ferve toujours fa couleur intérieure , ainfi que fon
goût , qui eft affez acre ; mais à mefure qu'il mûrit ,
il devient noirâtre à l'extérieur. On en mange quel-
quefois, mais rarement. Ray, Hiji, Plant, 1831.
BRISE-OS. Foye^àr article CHIENDENT. On a donné
aufîi le nom de brije-os à l'oifeau Orfraye. Voyez ce mot,
BRISSOIDES ou Brissîtes. Nom donné à un genre
^Oiirjins devenus foiTiles. Voye:^ P article OuRSiN.
ERIZE , Bri:^a , Linn. Nom donné à un genre de
plante unilobée de l'ordre des Graminées : on en dlAin-
gue plulieurs efpeces : i .^ La bri^e très-grande , Briy^a
maxima ^ Linn. 103 , celle que l'on cultive dans les
jardins , qui efl originaire d'Italie & qui s'efr naturalifée
& très-multipliée en France : fa tige eft grêle , cylin-
drique , longue d'un pied ou environ , terminée par \\n
panicule de deux à fept épillets fort gros , liffes , pana-
chés de blanc & de vert , pendans & compofés chacun
de cinq à fept fleurs : 2.^ La bri^e tremblante , Briy^a
trcmula ; la mobilité des panicules de cette plante lui a
fait donner le nom qu'elle porte : elle produit un effet
agréable dans les bouquets des Dames au moment qu'elles
danfent. Il y en a deujx variétés : l'une , Bri7^a média ^
Linn. 102: l'autre, Bri{a minor ^ Linn. 103 ; elle efl
annuelle , les épillets font ovales ou uiangulaires , miles
446 B R O
de bhnc ou de vîolei, ccmpofés de cinq à fept fleurs :
elle crvOÎr dans les près lecs : 5.^ La briie amourau ^
Brl^ia eragrojîls , Linn. 103 ; elle croît dans les lieux
fablonneux ; (es épirets font lancéolés , d'un vert-brun,
olivâtre ou violet : ils contiennent chacun quinze à
vingt-c-nq fleurs imbriquées iur deux rangs oppoles ;
on la trouve en France & dans d'autres régions de
l'Europe Auftrak ôc temperét. La bri:^e vcrdatre d'Ef-
pagne , Bii^a virens ^ Linn. La è>n:(e de la Caroline,
Bri^a Carolïniaîia , Linn. ; elle le trouve aufli dans la
Virginie. La belle bn:^e hipïnnk d'Egypte , Bri^a bipiti-
nata , Linn. La brÏT^ mucwnée de l'Inde , Umola mucro~
nata , Linn. La bri^e en épi , Uniola fpïcata , Linn. ;
cette efpece fe trouve dans les lieux maritimes de
l'Amérique Septentrionale.
BROCARD DE SOIE. Nom donné par les Curieux
à une coquille du genre des roukaux. Sa couleur eil
gris de Im nué de coiîleur de chair , à bandes longi-
tudinales de taches d'un rouge-brun , en forme de
rcfeau , & à deux zones de grandes taches de même
couleur. Sa tête efl: aplatie , &: les orbes en font un
peu tuberculeux, f^cyc^ Rouleaux.
BROCHET , Efox Indus , Linn. Pciflbn du genre
de Vfcz ; il fe trouve dan^ les lacs , étangs & rivières.
Il e£t remarquable par fa tête longue , de figure fmgu-
licre , aplatie dans fa partie antérieure depuis les yeux
jufqirau bout du bec, de fcrm.e carrée , &c percée d'en-
viron douze petits trous. Sa mâchoire inférieure efl
plus longue que la fiipérieure , ayant fur les côtés
environ treize trous , elle eit armée de petites dents très-
aiguës , alternativement iixes & mobiles ; il n'y en a
point à la liipérieure , mais il y en a deux rangs fur
le palais. Le venire du bro:het efl évafé & large. Il a
le dos cbfcur , la queue fourchue , la ligne latérale
aflTez droite, fon ventre tacheté de peints blancs & lui-
fans ; {^s yeux enfoncés dans leur orbite ; les iris iont
mêlés de ijiane , de noirâtre , de verdâtre de de jaune
B R O ^ 447
obfcur ; les pnmelles ovales & bleuâtres ; les narines
font placées devant les yeux , grandes , ouvertes , &:
ont deux oriiîces.
M, Ddeuie obferve que le brochet eil du genre tes
poiffons à nageoires molles : celle du dos , formée de
vingt-un rayons , eil placée tout près de la queue , &:
il a quatorze rayons à la membrane des ouïes. Les
rayons de la nageoire dorfale font en partie fourchus
à leur extrémité , &: formés de deux cffelets étroite-
ment unis entre eux ; les pedorales ont chacune quinze
rayons ; les abdominales , chacune onze ; celle de l'anus
en a dix - huit ; celle de la queue en a dix-neuf. Les
nageoires font jaunâtres , tachetées de noir.
Ce poiffon n'aime nullement les eaux falées; il ne
fe trouve que rarement aux embouchures des rivières ,
à moins qu'il n'y foit porté par l'impétuofité de l'eau;
alors il devient maigre & {qc. Il efl très-vcrace, dé-
truit les autres poifibns , & prefTé par le befoin , ceux
de fon efpece ; il fuit les carpes dans le temps où elles
fraient , pour avaler leur frai. Cts poiiTons , dont la
gueule eft ample ôi fendue prefque jufqu'aux yeux ,
font il carnalîiers , qu'ils s'efforcent d'avaler d'autres
poiiTons prefque auffi gros qu'eux ; ils commencent par
la tête , & ils attirent peu-à-peu le refte du corps , à
mefure qu'ils digèrent ce qui eil dans leur ei^omac.
On a vu de ces poiiTons d'égales forces vouloir fe
dévorer l'un l'autre , & l'un, reiîant engagé dans la
gorge de l'autre , s'étouffer réciproquement , & venir
expirer fur le rivage. Le brochet s'élance avidement fur
la grenouille & même fur le crapaud ; il les avale ,
mais il vomit ce dernier, ainii qu'on en a fait l'expé-
rience. On dit qu'il n'attaque point les groifes perches,
parce qu'elles font armées d'aiguillons Qu'elles hériifent;
d'autres aiTurent qu'il les prend en travers , àc les
ferre juiqu'à les étouffer.
La femelle du brochet ^ lorfqu'elle veut jeter fon frai ,
(c'eil en Mars S^ m Avril ,) s'éloigne , dit-on, du lieu
44» B R O
où elle a coutume de demeurer , de peur que fes œufs
ne foient dévcrés par d'autres brochets : ce qui paroît
afîez vraifemblable , vu que les mâles de plufieurs
autres efpeces de poiffons pourluivent les femelles qui
font prêtes à mettre bas , pour en avaler les œufs
aufîi-tôt qu'ils font jetés.
Dans bien des pays on fe garde bien , lorfqu'on
empoiiibnne un étang, d'y jeter du brochaon ; car il
s'en trouve toujours affez fans qu'on y en ait mis.
On croit que cela vient de ce que les œufs du brochet
fe collent aux pattes ou aux cuifTes du héron , s'en
détachent enfliite lorfqu'il vient à la pêche dans un
autre étang, & le peuplent ainfi de frai de brochet.
Quelques-uns ont dit que quand un héron, ou un
canard , ou quelqu'autre oifeau , après avoir avalé des
œuts de brochet , venoient à fîenter fur l'eau d'un étang ,
il naiffoit des brochets de cette fiente remplie d'œufs
intaâs & féconds. On efl dans l'ufage , dans certains
pays , d'enfermer les brochets dans des cailles de bois
qu'on laiiTe flotter fur les étangs , & dans lefquelles on
les engraiffe en leur jetant de la nourriture.
Le brocha q{x rufé ; il fe tient comme à l'affût contre
le courant de l'eau , & lorfqu'il apperçoit quelque
proie, il fe jette defuis avec avidité. On dit que ce
poiiTon vit très-long-temps : on cite pour preuve celui
que l'Em-pereur Frédéric II jeta dans un étang avec un
anneau/ d'airain paile dans les opercules 'de fes ouïes,
ce portant une imcription Grecque ; on aiTure que ce
brocJict flit retrouvé deux cents foixante - deux ans
après : mais ce récit a bien l'air d'une fable. Le hochet
efl aufîi un des pcifTons qui entend le mieux. On en
^ vu dans le vivier du Louvre, du temps de Charles IX ^
qui 5 quand on crioit lupule ^ liipuk , fe montroient 6c
venoient prendre le pain qu'on leur jetoit.
Les brochets différent entre eux pour la grandeur &
peur la coulera- , fuivant l'âge &: les lieux ; il n'efl pas
rare d'en voir qui ont jufqu'à deux ou trois coudées
' dé
B R O 449
itîe longueur, M. Darcy ^ ancien Contrôleur de la bou-
che de S. A. S. Mgr. le Prince de Coiidé ^ nous a dit
avoir vu , chez le Prince Lobkcviti en Bohême , deux
brochets qui pefoient chacun cinquante livres , & qui
furent fcrvis fur la table de fon S. A. S. Mgr. le Prince
de Cont'i. On a trouvé quelquefois des tœnia attachés
aux intcitins de ce poilTon.
On appelle le petit brochet ou brocheton^ lanceron ou
iançon ; Ion dos eft verdâtre ; le moyen , celui qui eil
gros comme le poing , brocha ou poignard ; & le gros ,
qui a plus de dix-huit pouces entre œil & bat , brocha-
carreau,
La fécondité de ce poiiTon eïl: merveilleufe : on
a compté dans un brocha femelle de moyenne gran-
deur , jufqu'à cent quarante - huit mille œufs. Ces
œufs excitent des naufées &: purgent violemment :
auffi les gens du peuple s'en fervent -ils quelquefois
pour fe purger.
La chair du brochet eft blanche , ferme , &: fe divife
par feuillets. Ceux des lacs & des grandes rivières font
les plus efrimés. Il n'eil pas rare d'en voir dont la grofle
arête & ime partie de la chair font d'une couleur verte ;
les gens friands efliment beaucoup cette variété. Le
foie du brocha efl très-bon à manger. On les prépare
de plufieurs manières , au court-bouillon , à la fauce
d'anchois & à la Polonoife ; on les frit , on les met
en ragoût , ou on les farcit. Il y a des brochets , ainfi
que quelques autres poilTons , auxquels on a trouvé en
même temps des œufs & une laite ; d'où l'on peut
conclure qu'ils étoient hermaphrodites. Comme ce
poiiTon eil fort vorace , & que par conféquent il court
beaucoup , la pêche en efl fort facile ; il fe prend de
lui-même dans les filets ou mord à l'hameçon. Sa
grande voracité lui a fait donner le furnom de loup ou
de tyran des eaux. On en a vu dévorer de petits
chats & des chiens nouvellement nés que l'on avoit
Jetés dans un vivier. Gmdin dit qu'en Sibérie ij y a
Jcuie II. F f
450 B R O
des Pêcheurs qui font fécher les brochets à l'air libre
au ibleil , pour les conierver.
On emploie en Médecine les mâchoires & la graifTe
de brocfut : cette dernière eil fort en ufage dans bien
des pays , & on en oint la plante des pieds pour
détourner les caîarres 6c pour appaifer la toux. La
mâchoire inférieure eil , dit-on , fpécifîqiie dans la
pleuréfie. Ces mâchoires ont donné le nom aux Pillidx
de. mandibula liscii.
Le brochet s'appelle en Italie , lucclo ou lu^^o ; en
Allemagne , hccht ; en Flandres , fnook ; en Angleterre ,
pike ; en Suéde , gïadda ; en Turquie , turna ; à
Bourdeaux ;, luc^i ; en Anjou, bequet &z bcchct.
Brochet de mer. Foyei Sfet. On donne auiîî
le nom de brochet d^ mer ^ au menus. Voyez à r article
Morue.
Brochet de terre. C'eftle lézard , appelé mahouja,
.Voyez ce met.
BROCOLIS. Fcyci à rartîck ChOU-FLEUR.
BR.OME ou Droue , Brcmus. Genre de plante uni-
lobée , de la famille à^^ Graminées , qui a beaucoup
de rapports avec les avoines & les fitiiques , & qui
comprend des herbes dont les fleurs font glumacées ,
& ont communément leurs épillets difpcfes en pani-
cule , oblongs , plus ou moins cylindriques , contenant
des balles florales , difpofées fur deux rangs oppofés
& tout garnis de barbes, placées dans plufieurs efpeces
fur le des àzs> écailles fiorales , un peu au-delTous de
leur extrémité ; le fruit eft une femence oblongue ,
convexe d'un côté , m.unie d'un iillcn de l'autre , &
enveloppée dans la balle florale qui tombe avec elle
lans s'ouvrir.
Ce genre contient un affez bon nombre à"^i'^^^Q':ts^
Il y a : Le Brome seglin , Bromus fccallnus 6*
mollis , Linn. m. Cette efpece qui efl: haute de deirx
pieds , &: qui croit fur le bord des champs , des che-
mins & fur les murs en Europe , cfrre plufieurs va-
B R 0 4P
rietés. Le hrorm rude. & à barbes divzrgzntts ^ Brornus
fquarrofiis , Llnn. ; il fe trouve clans les champs. Le hrom€
cathartique^ Bromus purgans ^ Linn. ; une efpece croît
dans le Canada ; une autre dont parle FeuiUée , croît
au Chili , &: fa racine efl purg-.tive ; les Habita ns de
cstte Contrée en font beaucoup d'ufage en décoction.
Le bro^ne à éplllets nus , an Fejluca Haller ? Brornus
'viermïs , Linn, ; cette efpece , qui a beaucoup de rap-
ports avec la fétuque flottante , croît en Allemagne
ô^: dans la SuifTe. Le brome de buijjons , Brornus dumc^
torum , Flor. Franc. ; c'eft le plus grand de tous ; il
fe trouve dans les lieux couverts & les bois , en Eu-
rope. Le bromz a balles ciliées , Brornus ciliatus , Linn. ;
il fe trouve dans le Canada. Le brome Jîérile , Brornus
fierilis , Linn. 113; il croît dans les lieux incultes y
en Europe ; une variété eft la Fcjluca. avenacea Jïerilis
chtior , Bauh. Pin. 9. Une autre plus petite eil: le
Brornus teclorum , Linn. Le brow.e à tiges genouillées ,
du Portugal , Brornus geniculams ,lÀnn, Le brome à. petits
épillets y Brornus giganteus , Linn. ; malgré fa de-
nomination latine , il eil moins grand que celui des
buiilons ; il fe trouve far le bord des champs mon-
lueux & pierreux , en Europe. Le brome a épillets
droits^ Brornus pratenj: s ^ Fejlucm. pratenjis lanuginofa ^
Bauh. Pin. 10; il ^{X commun dans les champs &
les prés fecs , an Brornus racemofus , Linn. ?
On dillingue encore le brome à panicuks rougcdtreSy
d'Efpagne , Brornus rubens ^ Linn. Le brome en balais ,
Brornus fcoparius , Linn. ; cette efpece croît en Ef-'
pagne. Le brome à épis dilatés , d'Efpagne , an Brornus
Mudritenjîs , Linn. ? Le brome à épi roidc , du Portugal ,
Brornus rigens , Linn. Le brome triflore , Brornus trijlch-
rus , Linn. ; cette efpece croît dans les bois de l'Alle-
magne & du Danemarck. Le brome à panicules épais y
d'Italie & d'Efpagne , an Brornus flipdides , Linn. ? Le
brome rameux ^ du Levant & du Por^J2;al, BrowMs ra^
aniofus y Linn, 114. Le brome comiculé ^ Brornus pin--
Ff i
451 B R O
natus^ Lînn. ii^ ; il le trouve clans les champs 5^ î^s
endroits -montiieux. Le broim des bois, Bromusjylva-
t'cns , FI. Franc. 1 1 8 1 . Le brojîic à barbes en crête ,
Bromus crljiatus , Linn. ; cette eipece croit dans la
Tarîarie &: la Sibérie. Le brome à épilUts plats , Bromus
dlftachyos , Linn. ; il fe trouve dans difFérentes Régions
de l'Europe Auflraîe.
Forfkal a découvert quelques autres bromes en
Egypte.
BRONTIAS. Pierre fort célèbre chez les Anciens ,
qui la nommoient aufîi batrachïte 6c chclonue ; ils
prétendoient , mais fans aucun fondement , qu'elle
tomboit des nuages avec la grêle. Le brontias n'eft
qu'une pyrite fulfureufe m.artiale , brunâtre à l'exté-
rieur , llriée du centre à la circonférence. Il y en a
de difFérentes groffeurs. Voye:^ V article Pyrite.
BROU , Viridc nucis corium, C'eft ain(i qu'on ap-
pelle l'enveloppe verte de la noix. Foyc^ à CarucU
JNOYER.
BROUILLARD , Nebiila, Efpece de météore com-
pofé de vapeurs & d'exlialaifons , que la chaleur des
rayons du foleil élevé infenfiblement de la fiirface de
la terre & des eaux , & qui retombent enfuite lente-
ment de la région de Tair , en forte qu'elles y paroif-
fent comme fufpendues.
Les brouillards ne font le plus fouvent compofés
que de parties aqueufes , alors ils n'ont point de mau-
vaife odeur , & ne font point nuifibles à la fanté ;
mais quelquefois ils font mêlés d'exhalaifons , comme
cela eft aflez ordinaire dans les pays fulfureux & ma-
récageux ; alors ils ont une mauvaife odeur , & font
très-mal-fains. Selon M. Bourgeois ^ les brouillards ùoïds
6>c glacés de l'hiver font prefque toujours nuifibles à
la fanté , quoiqu'ils ne foient point chargés d'exhalai-
fons fulfureufes & putrides , parce qu'ils diminuent Se
fuppriment en partie la tranfpiration infenllble. Lorf-
qu'ils durent pUifieiirs feiuaines , on voit ordinaire
B R O 455
ment régner à leur fuite des maladies épklémiques
très - dangereufes. Lorfque le brouillard eii compofé
d'exhalaiions , & qu'il eil tombé , on trouve quelque-
fois fur la furfice des eaux une pellicule rouge , Ôi
même affez épaifle.
En général , les brouillards font plus fréquerxs en
hiver qu'en aucun autre temps , & plus fenfibles le
foir & le matin : lori qu'ils paroiHent , l'air eft calme
^ tranquille, mais ils fe diiTipent dès que le vent vient
à foufîler. Les plus forts brouillards^ dans nos climats,
paroifient en automne 6c au printemps.
Quand les années font pluvieufcs , il tombe fouvent
en France des brouillards gras , que l'on croit caufer
aux blés la maladie que l'on nomme nidU. Le fdgU
fur-tout fe corrompt quelquefois à un tel point , que
le pain dans lequel on en met , occafionne la gangrené.
Foyei au m.ot Blé l'article des maladies du blé , ainfi
qu'au mot Sei^j:le les maladies de ce grain.
Les brouillards ne font que de petits nuages places
dans la plus baife région de l'air , & les nuages ne
font que des brouillards qui fe font élevés plus haut.
M. de Saujfure dit que les brouillards font formés par
l'eau réduite fous la forme de vapeur véficulaire.
Les objets qu'on voit à travers le brouillard , pa-
roilTent plus grands & plus éloignés ; eft^t produit
par la réfradion de la lumière. Si le brouillard eft fort
délié & difperfé dans une grande étendue de l'atmof-
phere , on peut alors envilager le foleil à nu fans en
être incommodé ; mais alors cet aflre paroît pâle , tan-
dis que le reile de l'atmoiphere eft bleu <5i ferein.
Les Matelots donnent le nom de brume au brouillard
qui fe voit fur mer.
L'année 1783 e(l devenue mémorable dans une
partie de l'Europe , notamment dans les Régions Sep-
tentrionales , par fes brouillards extraordinaires , no-
tamment en Juin & Juillet ; & comme ces brouillards
avoiçnt été précédés de la terrible cataftrcplie de la
ff 3
454 B R O BRU
Sicile & de la Calal^re , des iciécs finirtres de toute
elpece avoient préocaipe refprit du peuple ; ôc com-
bien dans ce lens le peuple n'efl-il pas nombreux ?
Ces brouillards étoient dus aux failbns froides &: hu-
mides qui avoient précédé ; le foleil paroiliclt d'un
rouge de grenat; il en étoit de même de la lune. Cette
année 1783 a été fertile en météores de toute efpece.
BROUNE, Erowma cQccinea ^ Linn. C'eil un arbrif-
feau de la famille des Légumineiifes ; il croît dans les
bois de l'Aniéiique Méridionale. Selon M. Jaccjuln ,
il ^£t rameux ; fon bois allez dur & jaune ; les fleurs
font grandes , de couleur écarlate , difpofées fLX à
dix enfemble par bouquets latéraux : le fruit efl une
gouiie unilocuîaire.
EROUSSTN D'ÉRABLE. Voyei Érable.
BRUANT, pL enL 30, j%. i. En latin Emhcriia,
Le bruant des Ornitholcgilles efl le vcrdicr çn langue
\-Tilgaîre ; & le verdier des Oiieleiu-s &: des gens de
la campagne eil le bruant des Ornithologiiles ; le hniant
eit le verdelet des Provençaux ; verdat en Solo ©ne :
yerdok en Poitou ; vcrdaiip en Périgcrd ; binay dans
rOrleanois : bardzaut en Guienne.
Le bruant a la forme , les couleurs (^x\ plumage ,
la chair délicate, la quantité de graiiTe tl le l)ec de
Portolan ; il ell à-peu-pres cie la grcfleur du moineau
franc , m.ais il eil plus alongé ; la tête , les joues , &
la gorge font plus ou moins jaunes; le defTus du cou
eii olivâtre ; les plumes du dos 6c les fcapulaires font
mêlées <le roux , de noir &: de blanc ; le croupion eil
marron clair ; la poitrine eft jaunâtre ; le ventre d'un
jaune l'ans tache : les grandes plumées des ailes ôc de la
queue font , les unes brunes &: bordées de gtis-blanc ,
les autres font olivâtres ; les pieds jaunâtres ; le bec Si
les ongles bruns ; l'iris couleur de ncifette; les jambes
coideur de chair.
Le brîiant fait fon nid à terre , au milieu de quelque
touâe d'herbes 3 d'autres fois il le pofe fur un buiffon
BRU 455
fort baS ; îl le compofe à rextérieur de foin , d'herbes
feches , de moiilTe ; l'intérieur eft garni de crin, de
laine. La ponte ell de quatre ou cinq œufs, tiquetés
de brun fur un fond blanc ; il y a pluiieurs pontes
par an , &c la dernière cfi en Août ou Septembre. En
été , cet oifeau fe retire en partie dans les bois ; en
hiver , il fe répand dans les plaines , s'approche des
lieux habités , fréquente les haies , le bord des chemins :
c'eil: dans cette faifon qu'on le prend au lacet <k avec
des nappes.
Le caractère du bruant eit d'avoir quatre doigts,
trois devant &: un deniere , le bec conique & aigu ,
les bords des deux portions du bec rentrans en dedans ;
la mâchoire ilipérieure efl: intérieurement armée d'un
petit tubercule oii'eux qui fert à ces oifeaiix pour brifer
les graines dont ils fe nourrirent.
Le bruant efl l'un de ces oifeaux qui , par fon édu-
cation privée , efl admjs dans l'intérieur de nos mai-
fons ; fon chant efl agréable & répand la gaieté dans
nos apparteniens. On élevé cet oifeau facilement en
cage & dans les volières , en le nourrifTant de milUt ,
de navette &C de ckcncvis.
On difllngue plufieurs fortes de bruants:
Il y a : Le bruant des haies , ou ilii^pL enl. 653 ^fig, i
le maie , fig. 2 la femelle ; en latin , Embm:^a fcpiaria ;
il n'habite guère que les Provinces Méridionales de
l'Europe ; i^ fe mêle volontiers avec les pinçons dont
il imite le chant ; tantôt il fe perche fur les arbres,
tantôt il court fiu: les terres nouvellement labourées
où il cherche fa picorée , mais les grains font le fond
de fa nourriture. Le bruant des prés de France , pi. cnU
30,^%. 2 ; efl fiUTicmmé bruant fou , parce qu'il donne
plus aifément dans les pièges que les autres bruants ; C^it
le Cirlus fiultus ., d'Aldrovande , &; le verdier fonnette de
nos Oifeleurs. he bruant du Canada ed fuin^mmé cul"
rouj/a. Le bruant familier àW-ûe^ défigné ainfi par Lin ^
n^jis y Familiaris cnzbm{a grifco maculât a , apicibus rccii^
Ff4
'45<5 BRU
cîim alhis , dorfo poftico jlavo. Le bruant du Mexique ;
appelé thcnfi jaune '^ pi. enl. 386, iîg. i. Le bruant de
Surinam , indiqué fous le nom de gonamhouch par
Seha, Le bruant du Bréfil , connu ious le nom de
guirncgat ; on en trouve quelquefois chez nos Oi-
feliers ; ils l'appellent moincau-p aille , nom qui donne
une idée de la nuance de fon plumage. Le bruant de
rifle de Bourbon , ou le bruant mordoré. Le bruant de
Saint-Domingue, furnommé S!gIïvz ; la couleur domi-
nante de iCn plumage efl olivâtre. Le bruant bleu de
Canada , efl Va-^iiroux,
BRUCHE , Bruckus, Genre d'infecre coléoptere , à
antennes filiformes ^ dvOnt le corielet & le corps font
arrondis en bofie ; ils ont fix articles à toutes les
pattes. On ne connoît guère que deux efpeces de ce
genre , la bruche à bandes , & la bruche fans ailes ;
toutes deux font petites & vivent dans les champs
& dans les maifons , de fubflances animales ou végé-
tales , mais deflechées. On les trouve dans les tas
de feuilles feches , dans le foin & dans les herbiers ,
•même dans les animaux confervés dans les cabinets
des Curieux.
La bruche à bandes , Ceramblx fur , Linn. , a une
ligne & demie de long ; fon corfelet eil chargé d'af-
pérités , couvert fur les côtés de poils blanchâtres ; {^^
étuis font convexes , couverts de points enfoncés qui
les font paroître comme flriés , & traverfés de deux
bandes de poils blancs fort courts ; les antennes font
beaucoup plus longues que le corps.
La bruche fans ailes efl moins abondante que celle
<r bandes ; elle n'a qu'une ligne de long : comme tout
fon corps efl arrondi , cet infe£le reffemble à un petit
globe mouvant ; fes antennes n'ont pas tout-à~fiit la
longueur de fon corps qui efl d'im brun luifant ; les
étuis font convexes , réunis enfemble , immobiles, &ils
s'étendent en deffous du corps qu'ils enveloppent pref-
que en entier.
BRU 457
La larve des hruchs a fix pattes ; elle efl couverte
de poils qui forment des anneaux alternativement bruns
& alternativement blanchâtres. Pour le* métamcrpho-
fer , elle creufe un trou dans le bois ou dans le carton ,
y entre &: forme une cocuc en banlkt oblong , d'un
tiffu ferré , foyeufe , grife en dehors , latinée & de
couleur de perle en dedans.
Ces infedes font à craindre avant &: après leur
métam.orphofe ; ils ne font formidables que par leur
nombre , encore n'endommagent-ils guère que les col-
ledions de grands animaux ; mais ils ravagent fouvent
les collerions d'inieâ-es , eu b'^ncroauifant dans leur
corps & y vivant fans être vus.
On trouve les bruches en automne , au printemps
& fur-tout en hiver ; c'eil au milieu des plus grands
froids pendant les jours les plus rigoureux de cette
faifon 5 dans le temps que les autres inlecres Ibnt
morts ou engourdis , ou que leur race n'exiile que
dans les œufs ôc les chryfalides qu'ils ont laillés , que
les bruches ont plus de vigueur & d'a£liviîé ; elles ont
les mêmes craintes & les mêmes inclinations que les
dcrmcfus , par rapport à la lumière qu'elles évitent ,
au bruit & au mouvement qu'elles redoutent; rare-
ment fortent-elles de leur gré pendant le jour , mais
la nuit elles vont & viennent; & c'eft alors qu'on
peut les appercevoir , en obfervant , la lumière à la
main , les colledions d'animaux delTéchés. Les excré-
mens des bruches font grenelés , grilâtres ; leurs dé-
pouilles velues, ceintes d'anneaux blancs & d'anneaux
grifâtres; l'un & l'autre très -peu volumineux, &
dépofés pêle-mêle au bas des animaux que les bruches
rongent.
BRUGNON ou Brignon. C'efl une efpece de pêche.
'Voyei PÊCHER. Dans le commerce de l'Epicerie on
donne le nom de brugnoles à des prunes de Provence
féchées au fcleil : elles nous viennent dans des boites à la
manière des confitures lèches. Foye^ à CatticU pK.UNi£R.
453 BRU
ERUIA, Calî-calîc. Oifeaux envoyés de xMada-
gafcar à M. di Buffon : le premier ell: la femelle , &
le dernier le mâle. Ils font de la groileur de notre /ri-
i^ua ; le deiliis du corps eft cendré , le croupion rouf-
fdtre , la gorge noire &c le ventre blanc ; les ailes font
brunes. Par leur petitelTe ils fe rapporteroient à notre
é:o'ch:ur cC Europe ; cependant ils en différent afîèz
pour être regardés comme oifeau d'une efpece diffé-
rente. C^eiî la petite pic-^riêche de Madagafcar , des
Pl^îzch. mliuii. 299.
BRUINE 5 P ruina. C'eil: une petite pluie fort fine qui
tombe très-lentement. Lorfqu'il ne fait point de vent ,
la pefanteur fpécifîque dé ces petites gouttes d'eau n'eft
preique pas différente de celle de l'air , fur-tout quand
la diffolution de la nuée commence par le bas. Voyc^^
Pluie.
BPvULEBEC. Voyei Scandebec.
BRULOT. A la Louifiane on donne ce nom aux
thiquzs &c aux béies rouges. Voyez ces mots.
BRUMAZAPv eff , félon Bccchcr., une m^atiere onc-
tueufe , formée par les vapeurs &: exhalaifons fultu-
reufes &: mercurielles qui viennent des entrailles de
la terre , & qui m^ifes en mouvement par une chaleur
continuelle , s'uniffent étroitement. Cet Auteur dit que
perfonne ne veut admettre pareille cliofe dans les mé-
taux , quoiqu'on l'y apperçoive clairement : c'efl ,
félon lui , la matière première des métaux , & le fer-
ment qui les conduit à la perfedion. Voyc^ Vartïck
MÉTAUX & celui de Mines.
BRUME. Voyci Brouillard & Ver a tuyau.
BPvUN - PvOÙGE. C'eil le nom que l'on donne à
une efpece à'ochre farrugineux , & dont on fait ufage
dans la peinture , foit à l'huile, foit en détrem.pe.
Son ufage efl fort étendu. Les Hollandois ont puifé
pendant long-temps la matière première de cette l'ubf-
tance. Ils venoient acheter dans la Province du Berry
Vochre jaune feize fous le quintal , ^ par une légère
BRU 459
calclnatlon qu'ils faifcient fiibir à cette efpece ôiochre ,
qui acquéroit alors une couleur rouge plus ou moins
foncée , ils nous revendoient cet ochre ainfi déguifé , dix
livres le quintal. Cq brun-rouge étoit excellent; quand
on a lu leur fecret , on a voulu s'approprier cette
branche de Commerce ; on a refufé de vendre la terre
aux Hollandois. L'établiiTement fait dans le Berry pour la
préparation de cette terre , a langui , parce que l'empire
du préjugé ell: tel , qu'à toutes chofes égales , ce qui
vient de loin vaut mieux que ce que nous avons chez
nous. Les Hollandois ont été ailleurs; le brun -rouge
qu'ils nous fournilTent aujourd'hui eil fablonneux §c
de mauvaife qualité. Voyc^ Ochre.
BRUNELLE, BrundLa, Tourn. tab. 84. Plante à
racine vivace y dont on diflingue deux efpeces princi-
pales. La brunelle vulgaire , Brunella major , folio non
dijfccio ^ C. B. Pin. , Tourn. 181 ; Prunella vulgaris ,
Linh. 837. C'eil une plante d'Europe qui croit dans
les prairies , les bois , ainfi que la bugle , de laquelle
elle diffère peu au premier afpecî:. Mais la différence
ell facile à faifir par la fleur , qui dans la brundle ell
d'une feule pièce en gueule , ^ dont la lèvre fupé-
rieure ell en cafque ; au lieu que dans la bugle , à la
place de la lèvre fupérieure, il n'y a que des dente-
lures ; M. Deleu^e dit auiîi que les étamines font four-
chées par le haut en deux petits fdets , dont l'un porte
l'anthère. Ses tiges font hautes de fix à dix pouces ,
droites ou couchées , carrées , & un peu velues ; (qs
feuilles font oppofées ; les fupérieures un peu pétiolées
& dentées : fes fleurs font bleuâtres ou purpurines ,
quelquetois blanches , terminales , en épi verticillé ^
garnies ce bradées en cœur : (qs fruits conlillent en
quatre femences nues , ovoïdes , &: attachées au fond
du calice. Le nom de cette plante dérive de l'Alle-
mand y dit M. H aller ^ 6c indique que fon infufion ell
benne dans les maux de gorge ; elle a auiii la pro-
priété de raffermir les dents vacillantes par la faliva-
'4^0 BRU
tion mercurielle. Elle eft employée dans les dyfTenterïes
& autres excrétions fanguines. Ses autres propriétés
font les mêmes que celles de la hi^gle. Voyez ce mot.
^ La brundk à feuilles découpées , Prundla laciniata ,
Linn. 837, Cette plante croît fur les peloufes , & n'eft
pas une funple variété de la précédente ; les feuilles
qui partent de la racine font petiolées , ovales , oblon-
gues , entières ; celles du bas de la tige font dentées ,
& les autres au haut de la tige , font à découpures
étroites & disantes : les fleurs font blanches ou un
peu rougeâtres.
Il y a la brumlle â feuilles d'hyfope , des Provinces
Méridionales de la France , BrukelU hyffopifolia. Il y
a encore la hmnelle odorante de Portugal , à grande pur
vdolette ou bleuâtre.
BR.UNET. Nom donné par M. Briffon, au merle
hrun àw Cap de Bonne - Efpérance , T. //, pL 27;
& 3?d pinçon de Virginie, T. /, pi. 34.
ERUNETTES. Nom que les Curieux donnent à
quelques efpeces de coquillages de la famille àes Rou-
leaux, Voyez ce mot.
On a donné encore le nom de brunette , traduit du
mot Anglois dunlin , à la bécaffine d'Angleterre. Voye^
BÉCASSINE.
BRUNOR. C'eft le petit pinçon rouge de M. Briffon ,
6c la pivoine brune petite è^ Edwards,
BJxU'î'(S¥EL ^ Brun sfel/ia A mer icana y llrm. \ Bruns^
felfia flore albo^fuclu croceo molli ^ Plum. Gêner. 12.
C'eft un arbre médiocre qui croît à la Martinique ,
vers les bords de la mer, dans le lieu appelé le Fonds
de Saint-Jacques. Son tronc acquiert la groffeur du
corps de l'homme ; fon bois efl blanc , afTez folide ;
fa moelle femble charnue; fon écorce efl blanchâtre,
avec des rides rouffâtres; fes feuilles refîemblent un
peu à celles du citronnier, mais elles font plus minces
6l un peu plus grandes. Cet arbre fleurit & fruftîfie
dans le mois de Mai ; les fleurs font grandes , mono-
BRU 4^î
pétalées , en entonnoir , d'un blanc-jaunâtre , avec des
points violets , difpofées trois ou quatre enfemble aux
fommités des rameaux. Leur tube efl fort long. Le
fruit eft une baie fphérique , un peu plus groiTe qu'une
noix , d'un rouge-orangé , uniloculaire , &Z. qui con-
tient beaucoup de femences rouffâtres , placées entre
récorce de la baie & une fubflance charnue qui en
occupe la capacité. Cette fubflance charnue eu pleine
de fuc ; d'abord fort blanche , elle noircit enfuite ôc fe
putréfie. ( EncycL Méth, )
BRUSC. Voyzi^ Genêt épineux.
BRUTE , Bnitum animal. C'eil la bête. Voyez ce mot,
BRUYERE , Erica, C'efl un genre de plante à fleurs
monopétalées ; on en diflingue un grand nombre d'ef-
peces ; les unes s'élèvent très-peu ; les autres s'élèvent
en petits arbriffeaux très-rameux ; leurs tiges font li-.
gneufes & perfiftantes l'hiver. Ces plantes font remar-
quables par la petitefTe de leiu-s feuilles; elles font
fmiples , entières , très-nombreufes , peu écartées les
unes des autres , 6c communément oppofées ou verti-
cillées , deux à cinq enfemble à chaque nœud. Les
hmyeres fleurilTent vers les mois de Juin &: Juillet ,
& font voir de petites fleurs en cloche fort jolies , &
diverfement colorées fuivant les efpeces. Elles font à
huit étamines ; le calice ed à quatre feuilles , & la
corolle monopétale partagée plus ou moins profon-
dément en quatre quartiers. Leur pillil devient dans
la fuite un fruit ordinairement arrondi , qui s'ouvre
en quatre parties. Il eft plus fouvent partagé en quatre
loges , & il renferme àes femences nombreufes allez
petites. M. le Chevalier de la Marck divife ainli les
bntyerzs :
Bruyères à anthères à deux cornes ; feuilles oppofées.
Bruyère commune, Erica rulgaris , Linn., &
^labra, Bauh. Pin. 48s , Tourn. 602. Cette efpece qui
«ft commune dans les landes , les tmm& incultes &
4SI BRU
arides de l'Europe , eil un fous - arbrliïeau qui formé
des touffes bafTes , étalées , difFufes , hautes d'environ-
un pied (k. demi , à vieux rameaux tortueux , roidcs ,
afiez épais , & dont l'écorce eil rude 6c rougeâtre ;
fes feuilles font ferrées contre les rameaux, comme im-
briquées fur quatre rangs , d'un vert tendre. Les fleurs
font petites, d'un rouge vif, quelquefois blanches ,
difpofées en grappes fmiplcs 6z terminales. Ses feuilles
& {qs fleurs font eilimées diurétiques , propres à chaf-
fer les fables & les petits calculs des reins & de la
ve^e ; on prétend que fon eau difiillée eil ophtal-
mique. Les abeilles font d'amples récoltes fur les fleurs
des bruyères , mais le miel qu'elles ramaifent fur cette
plante n'eil pas eilimé ; il eil jaune &; fu'upeux.
Dans cette fedion , il y a la bruyère à fleurs jaunes,
du Cap de Bonne - Ei'pérance.
Bruyères à anthères à deux cornes ; feuilles ternies.
Elles croiiîent, la plupart, au Cap de Bonne-Efpé-
rance ; il y a ; La bruyère à fleurs veficuleufes , Erica
hallcacabu^ Linn. Celle regerminante, Erica re^erminans^
Linn. Celle à rameaux chargés de poils , Erica hlfpi-
dula^ Linn. La bruyère à fleurs muqueufes : celle à caiice
réfléchi : celle à tiges couchées : la bruyère pilulifcre
d'Ethiopie : celle à fleurs d'un vert-pourpré. Cette eipece
croît dans le Portugal &: dans les Provinces Méridio-
nales de la France. La bruyère urcéolée , Erica pznta-
phylla , Linn. Celle à tige d'un noir rougeâtre , Erica
nigrica. Linn. Celle à feuilles planes. La bruyère tar-
dive, Erica vcfpzrtina , Linn. La bruyerl blanche , Erica
monfoniana , Linn. ; cette efpece fe trouve dans l'in-
térieur de l'Afrique.
Il y a encore dans cette deuxième feftion , la bruyère
à corolle tétragone ; fes fleurs font jaunes ; cette efpece
s'élève à la hauteur de trois à quatre pieds. La bruyère
à balajs , Erica fcoparia , Linn. 502 ; c'eil un arbrilTeau
qui s'élève auffi à la hauteur de trois à quatre pieds j;
BRU 4(?5
il croît clans les lieux incultes & ilériles de l'Europe
Auilrale ; il fe trouve dans les landes de Bourdeaux ,
aux environs d'Orléans & ailleurs. Cette efpece quitte
fes feuilles tous les ans ; fes rameaux font droits , &C
les plus petits font grêles , effilés , iîexibles , un peu
blanchâtres &c très-glabres : on s'en fert dans plufieurs
Provinces pour faire des balais. La bruyère en arbre ,
Erica arborea , Linn. , Erica maxïma alba ^ Bauh. Pin.
485 , Tourn. ooz ; cette efpece fe trouve en Pro-
vence & dans d'autres réglons de l'Europe Méridionale ;
la tige de z^t arbriffeau s'élève de quatre à fix pieds;
les plus petits de fes rameaux font couverts d'un coton
blanc très-fin ; fa racine produit un charbon très-dur
& excellent pour les forges.
Bruyères à anthères à deux cornes ; feuilles quaternUs't
Il y a : La bruyère à rameaux effilés , Er'ica ramen-
tacea^ Linn. Celle à calices ciliés. La bruyère à feuilles dif-
pofées en croix, Erlca tetralis , Linn. ; cette efpece fieurit
en automne & au printemps : on la trouve en France
dans les lieux marécageux & dans les folles humides
qui bordent les chemins. La bruyère à fleurs pubeicentes:
celle à feuilles de fapin : celle à fleurs lâches , an
Erica mammofa , Linn. ? La bruyère cafre ; cette efpece
efî de la grandeur du genévrier , elle fe ti'ouve en
Ethiopie. La bruyère à fleurs feiiiles.
Bruyères à anthères m crête ; feuilles ternies»
Il y a ; La bruyère à trois fleurs ; celle à fleurs en
baie. La bruyère gnaphaloïde ; celle à feuilles de (^orîs :
celle à tige comme articulée, La bruyère bracréolée :
celle à calice ample & prefque ouvert en roue : l'ef-
pece à écorce cendrée ;. elle croît en France fur les
coteaux arides & fablonneux ; elle vient auffi en An-
gleterre, dans PEfpagne & dans le Levant. La bruyère
paniculée.
4^4 BRU
Bruyères a anthères en crcu ; feuilles quatcrnéesl
Il y a : La bruyère auiîtale ; elle croît en Elpagne:
l'clpece à fleurs enflées : celle à feuilles de camarine :
celle à feuilles recourbées , MaU , Liiin.
Bruyères mutiques & enfermées ; fiuilles oppofées.
Il y a : La bruyère à feuilles menues, & celle qui
a le port de la paiferine.
Br UYEKES à anthères mutiques & enfermées ; feuilles
ter nées.
Il y a : La bruyère blanchâtre : celle à calices trifîo-
res , Mala , Linn. La bruyère a fleurs en têtes globu-
Icufes & iaineufes : celle à anthères noires. La bruyère
qid a le port de Tabfmthe. La bruyère a feuilles ciliées ;
cette eipece fe trouve dans le Portugal &: en France y
félon M. Richard , dans les landes qui avoilinent le
chemin de Tours , à deux lieues au-delà du Mans.
Bpmyeres à anthères mutiques & enfermées ; feuilles
quaternées.
Il y a : La bruyère tubiflore : celle à fleurs courbes :
celle à fleurs de melinet : celle à fleurs en bouquet :
celle à calice cubique : celle à fleiurs vifqueufes : celle
à calice court &z IcarieiLX , ou granulé. La bruyère pain-
prée , Ericii comofi^ Linn. Celle à fleurs hériiices ,
Erica Sparmanni , Linn. Fl. La bruyère odogone , Erica
i/xaffoni , Linn. Fl.
Bruyères à anthères mutiques & failLntes ; feuilles
temées,
11 y a : La bruyère à longues étamines : celle à
fleurs en pinceaiLx : celle à fleurs nues ; celle à calice
laineux : celle à feuilles de mélèze. La bruyère à fleurs
à ombelles : celle à anthères blanches : celle à longs
pétioles.
Bruyères
BRU B R Y 46$
ÉRUYERES à anthères mutiques & f aillantes ; feuilUs
quat:rnks ou plus nombreufes aux vcnicilUs,
Il y a : La bruyère à fleurs pourprées ; elle croît
dans les Provinces Méridionales de la France. La bruyère,
herbacée, des lieux montagneux de l'Europe Auftrale.
La bruyère multiflore , des Contrées précédentes. La
■bruyère méditerranéenne , Erica medlterranea , Linn. ;
elle ci'oît dans le Portugal. La bruyère à têtes velues»
Bruy ERES à feuilles alternes ^ fans former de verticllles
diflincis.
Il y a : La bruyère à feuilles de roflbli. Celle à
feuilles de myrte ; elle croît en Irlande &: dans les
environs de Eayonne. Enfin la bruyère dont les fleurs
font en un faifceau terminal.
A regard de la plante appelée bruyère a fruit noir
ou vûciet ^ c'efl: une camarigne. Voyez ce mot,
BRY , Bryum, Nom d'un genre de plante crypto-
game , de la famille des Mouffes , & qui comprend
beaucoup d'efpeces prefque toutes indigènes de l'Eu-
rope 5 formant la plupart , au moyen de leurs tiges
droites &: la plupart iîmples , àts faifceaux ou de petits
gazons convexes & ferrés. Les brys portent des urnes
munies d'opercules , à coiffe glabre , & foutenues com-
munément par un filet terminal , qui naît d'un tuber-
cule, ^l rarement d'une gaîne. Ces plantes, dit M. de
la Marck^ n'ont point les rofettes de feuilles particu-
lières , que: l'on trouve dans les mnies^ les poly tries , &:c.
&: n'ont point leurs urnes lituées latéralement comme
les hypnzs. Voici les efpeces :
Brys à urnes fejjihs ou pnfque f effiles»
Il y a : Le bry apocarpe, Bryum apocarpos ^ Linn. On
trouve cette plante fur les pierres & les troncs d'arbres ;
fa variété efl le Mufcus fa^atilis tonuofus ac nodofus ^ ■
Topie 11^ G g
4($<5 B R Y ^
Toiirn. 555. Le hry a coiffe finie ; il fe trouve fur les
troncs d'arbres.
BrY s à urnes pédiadies & droites.
Il y a : Le hry pomiforme ; cette ti'^o.QÇ: , à urnes
globuleuies , croît dans les lieux frais , fablonneux &
pierreux. Le bry à urne pyriforme ; il croit dans les
terrains argileux. Le hry à urne en éteignoir. Le bry à
urne en forme d'alêne , Bryum fuhulatum , Linn. ; il
croît dans les bois. Le hry rufiique & à urnes cylin-
driques ; il croît fur les toits des maifons de campagne.
Le hry des murs ; il eft d'un beau vert , & brunit en
vieillifîant. Le bry à balais , Bryum fcoparlum , Linn. ;
il fe trouve dans les bois. Le bry a feuilles ondulées y
des bois. Le hry à feuilles glauques , des landes. Le
hry blanchâtre , de l'ille de la Providence. Le hry à
feuilles tranfparentes , des lieux fangeux. Le hry à
urnes fans cils , Bryum imberbe , Linn. ; il fe trouve
auprès des haie?. Le bry unguiculé & barbu , des fablons.
Le hry à urne dont l'opercule efc aigu ^ Bryum aciculare ,
Linn.; il croît dans les montagnes , en Angleterre, en
Allemagne &: en Suifle.
Cette deuxième fe£lîon ou foudiviflon , comprend
aufÎ! : Le hry ■ a pédicules fléchis en ^g\cig , des bois.
Le hry élégant ; il form.e au pied des arbres , dans les
bois , de petits gazons foyeux & d'un beau vert ; fes
feuilles font capillaires , & la plupart courbées en
faucille. Le hry à tiges rouffes par le bas , des montagnes
de la Suiife & du Dau^jhiné. Le hry à feuilles tortillées
dans divers fens , ds montagnes. Le bry à urne tron^
quée ; il efl très-petit , ainii que le fuivant ; il croît
dans les terrains argileux. Le bry verdoyant , des bords
des foiTés humides ; fes tiges ont à peine une ligne &c
demie de longueur. Le bry hypnoïdc ; il croît fur les
pierres & dans les lieux fablonneux ; fes tiges font
couchées &: longues de deux à cinq pouces. Le bry ver*
Ûci/lé & y du ; A croît fur les côtés dçs collines. Le; ,
B R Y ^,6j
Iry d'été ; il croît dans les marais ; iî a Parpe£> à\m
confirva. Le bry à Lonp pédicules ; les tiges font très-
courtes : cette efpece croît dans la Sixtà^ , l'Alltmagi-ie
& la Siiiiîe. Le bry àfiidlks imbriquées comme fur cinq
rangs & recourbées ; cette efpece , qui croît dans les
marais de l'Europe Septentrionale , eil le Bryum fquar-
rojum y Linn.
^jy^5' il urnes penchées ou pendantes.
Il y a : Le bry d'un vert argenté ; il croît fur les
mi. railles & fur les pierres, ainii que le bry coujjinet^
qui efî le Bryum pulvinatum , Linn ; celui-ci tti d'un
vert- noirâtre , velu ou laineux. Le bry de ga^on ; fes
pédicules font purpurins dans leur partie inférieure:
cette elJ3ece croît dans les lieux frais &: fur les murs.
Le bry rougeâtre , Bryum carneum ^ Linn. ; il croît dans
les lieux frais & argileux. Le bry à tiges fimpLs & à
pédicules rouges , des prairies. Le bry . des Alpes ; cette
efpece eil d\m rouge-noirâtre.
BRYONE ou CouLEuvRÉE ou Vigne blanche,
Bryonia. Quelques-uns en diilinguent deux efpeces
principales , dont l'une porte des baies rouges & ovales,
de la groileur d'un pois, 6c l'autre des baies noires. La
première , dont on fait plus a uiage , Bryonia afpera Jzve
alba , baccis i-ubris , C. B. Pin. 297 , Tourn. 102 ;
Bryonia alba , Linn. 1438 , a une racine vivace,plus
ou moins greffe , dont la fiibftance eiî marquée par
des cercles , d'une faveur acre , défagréable , & d'une
odeur fétide. Cette plante poufie des tiges herbacées ,
longues de cinq à lix pieds , grêles , gmiipantes , an-
guleufes , garnies de petits poils roides & diflans. Les
feuilles reiîemblent un peu à celles de la vigne, elles font
alternes , pétiolées , anguleules , palmées , cordiformes
& un peu rudes au toucher ; à la bafe de chaque feuille
naît une longue vrille , {im[)le & roulée en fpirale ;
des aiflelles des feuilles lortent des fleurs monopétale^s ,>
petites, d'un blanc-verdâtre, en forme de balîin^ dé-*
Gg 2
468 B R Y
coupces en cinq parties. Il y a deux efpeces de ces
fleurs fur le même pie^ ; les unes plus grandes , qui
ne lont point fertiles , &c d'autres plus petites , aux-
quelles fuccedent des baies de la grolTeur d'un pois ,
rondes , rouges lorfqu'elles font mures , pleines d'un
flic qui excite des naufées. Cette plante croît dans les
haies , autour des villages , en Europe.
La racine a la forme d'un navet , elle efl d'un blanc-
jaunâtre , & a un gcùt acre ; c'eil pourquoi quelques-uns
la nomment le 72avct du diable. Des Charlatans & des
Bc.teleurs fe fervent de cette racine pour en faire des
cfpeces de figures monftrueufes , qu'ils mettent quel-
ques jours dans le fable fec , & qu'ils vendent en-
fuite pour des ma?! dragons. Voyez ce mot. On a pré-
tendu que cette racine étant fraîche ^ diffout puiflam-
nient la pitidîe tenace ; mais c'eil im purgatif acre
trop violent ; on dit encore qu'étant tempérée par la
crème de tartre , elle étoit utile dans l'hydropifie , les
afTeclions foporeufes , & la plupart des maladies chro-
niques, M. le Dodeur lîarmand la recommande aujour-
d'hui comme un fpécifique certain contre les diiien-
teries épidémiques ; cependant cette racine , mangée
mêm.e en petite quantité , eil un poifon. M. Morand^
réilcchiffant fur la nature de ce poifon dont il avoit
vu des effets flmefles , a examiné cette racine , & lui
a trouvé beaucoup d'analogie avec ceUe du manioc ,
dont on retire , quoiqu'elle foit un poifon , la caffavs
qui eil une efpece de pain. Il a fait macérer cette
racine , & en a retiré par la macération une efpece
d'amidon ramaflé en grumeau , qui , traité & préparé
de la même manière que le manioc , lui a donné un
pain ou galette femb^able à la caffave. Voyez la manière
de prépar^^r la cajjavd au mot Manchot. Après la ma-
cération de la racine il ne rdle que le fquelette ifolé
de tout le parenchyme , qui étoit renfermé dans le
lacis réticulalre. Il réiulte de ces expériences , qu'il
n'A pas icipCiTiblc d'enlever le mauvais goût ^l le
B R Y 4^9
poifon mie contiennent ces plantes , pour s'approprier
les parties amidonnées , qui dans des temps fâcheux
poun-oient devenir une nourriture douce &i fucculènte.
Il en réiiilteroit un avantage conlidërable par la facilité
avec laquelle ces plantes croiflent fpontanément : la
culture les dépouilleroit peut-être de leur amertume &
de, leur Qualité véneneufe. M. Baume a prouvé auiîi
par des expériences , que la fécule que l'on retire de la
hryonc , dégagée de fon fuc par la liltration & par le
lavage , fournilToit une matière fort analogue à l'ami-
don. La racine de hryone à baies rougis , appliquée
extérieurement , eil , félon M. Bourgeois , très-efficace
dans les fciatiques & rhumatifmes invétérés. On pile
cette racine dans un mortier avec un quart de fon
poids de beurre frais , &: on en frotte la partie malade
trois à quatre fois de vingt-quatre heures en vingt-
quatre heures ; elle fait lever de petites veiîies qui
rendent beaucoup de férofités acres.
li y a auiïï la bryone palmée , de l'Ille de Ceylan ,
Bryonla palmata ^ Linn. ; fes baies font jaunâtres. La
hryone a grandes jlairs , de l'Inde , Bryonla grandis ,
Linn. La bryone de Madras , an Mucca-piri ? Rheed.
Mal. ; elle croit au Malabar & dans TLide. La bryone
k feuilles en cœur , du Ceylan. La hryone amplexicauU ,
de l'Inde , an Karivi-valli ? R-heed. Mal. La bryone à
feuilles laciniécs , du Ceylan ; fes pcduncules font prefque
épineux , & le font même plus que la tige ; le fruit
eit marqué de fix raies d'un blanc de lait. Cette plante
paroi t être le Nèhoémeka de Rheede, La bryone kériffic
des Indes Orientales. La bryone d'Afrique. La bryone
naine d'Afrique. La bryone d'AbyfLnie. La bryone de
Crête; fes feuilles font tachées de blanc. La bryone
d'Amérique ; elle fe trouve aux Antilles , dans les haies.
La bryone à feuilles de figuier ; elle croît aux environ^
de Buenos- Ayres.
Le faau de Notre-Dame , ou la racine vierge , Bryo-*
r/ia Uvis Jive nigru ^ racen^ofay eil, félon quelques-uns >-
Gg 3
470 B U B
une autre efpece de hryone j inais ^ (lûv^nt M. Ilal/ery
ïe fceau de Notrc-Damt n'a rien de commun avec la
hryonc ; qui eft de la cîafTe àes Cucuméracics , clafTe
naturelle & très - bien déterminée. Foye^ Racine
.Vierge.
BUBALE. Quadrupède défigné chez les Anciens
fous le nom de Buhalus ^ & dans plufieurs Auteurs
fous celui de BucuLi cervlna. Animal qui tient pour
la forme de celle de la vachi & de celle de la biche ;
il paroît faire une efpece moyenne eiitie celle du bœuf
6c celle du ctrf: deux carafteres eitentiels féparent le
bubale du genre des cerfs ; le premier , ce font les cornes
qui ne tombent pas ; le (econôi , c'eft la véficule du fiel
qui fe trouve dans le bubale , & qui , comme l'on fait ,
manque dans les cerfs , les daims , les chevreuils , &c.
Le buhj.le efl aiTcz commun en Barbarie & dans tou-
tes les parties Septentrionales de l'Afrique. On retrouve
cet animal dans l'intérieur d^es terres du Cap ^ où on
les voit courir en grandes troupes & avec une vîteiTe
qui furpaffe celle de tous les autres animaux. Il paroît
qu'ils n'habitent que les plaines. Leur cri , difent les
"Voyageurs , elrune efpece d'éternuemerit ; leur chair
ell d'un très-bon goût ; les Payfans qui font éloignés
du Cap la coupent par tranches minces , qu'ils font
fécher au foleil, & qu'ils mangent avec d'autres viandes
au lieu de pain.
Le bubale ed de la grandeur du cerf d'Europe ; il
a le train de devant plus élevé que celui dç derrière ;
fes dents font larges , tronquées &: égales ; la lèvre in-
lériciu-e efï noire , & porte un petit faifceau de poils
noirs de chaque côté. Il y a fur le menton & le long
du chanfrein , une bande noire terminée fur le front
par une tou^e de poils plantée en devant des cornes ;
des bandes de même couleur font placées de chaque
côté de la tête , & fur les cuifTes & les jambeé. La tête
efl longue , étroite ; les yeux vifs , d'un noir -bleu , &
des larmiers iiu-deffous. Les cornes font permanentee ,
B U C 471
noîres , fortes , épaifTes , & chargées de gros anneaux ,
rapprochées par la bafe & très-diftantes à leur extré-
mité , recourbées en arrière &: tories comme une vis.
La queue longue d'un pied & garnie au bout d'un
bouquet de ciins. Les oreilles femblables à celles de
l'antilope. Le pelage du dos d'un rouge-brun , clair
fur les û^ncs , blanc au ventre , à la croupe , à l'inté-
rieur des cuifTes & clés jambes.
La femelle du bubale n'a que deux mamelles , ne
fait qu'un petit à la fois , met bas en Septembre , quel-
quefois en Avril ; fon corps efl uniform.ément roux ,
mais toutes fes parties font plus petites que dans le
mâle.
On prétend que cet animal eft fi timide , qu'il n'a
d'autre reûburcc que la fuite pour éviter les bctes
féroces ; mais il tft très-léger à la courfe.
Quelques-uns veulent que le bubale foit le même
animal que la vacJîe de Barbarie dont a parlé M. Per^
rault dans les Mcmoircs de P Académie. Voyez Vache
DE Barbarie. M- P allas range le buba.le parmi les
antilopes ly ri-cornes. Voyez à r article Gazelle.
BUCARDITE 3 eft la coquille bivalve appelée cœur
de bœuf y &c devenue foffile.
BUCAROS ou Barros. Il eft dit dans l'ancienne
Encyclopédie , qu'on donne ce nom en Efpagne & en
Portugal à une efpece de terre figillée ou bolaire qui eft
rouge & fe trouve dans ces pays , notamment dans
le voifmage de la ville d'Eftremos , dans la Province
d'Alentejo. Kcye^ Terre sigillée & ranicle Bols.
On attribue à cette terre beaucoup de propriétés ÔC
de vertus ; elle eft fort ftyptique & aftringente ; on
la dit bonne dans plufieurs maladies , on prétend que
c'eft un excellent antidote contre toutes fortes de poi-
.fons. Les Dames Efpagnoles fe font fait autrefois une
telle habitude de mâcher & de prendre conthiiielle-
ment du bucaros , ( les François prononcent hov.caro }
qu'on prétend que la pénitence la plus féveie que les
^g 4
47Î B U C
Confefïeurs de ce pays-là pouvoient impofer à îeufs
pénitentes , étoit de s'en priver feulement pendant
lin jour , IbJt que les vertus qu'on lui attribuoit , les
déterminoient à en prendre û opiniâtrement , foit que
la force de l'habitude la leur eût rendu néceffaire.
Le vin confervé dans des vafes faits de cette terre ^
en prend le goût 6c l'odeur qui font aflez agréables. Il
en efl de même de l'eau; mais quand on l'y verfe, il
fe fait une efpcce de bouillonnement & d'efFervefcence ;
& fi elle y iéjourne quelque temps , elle en fort à la
fin 5 parce que la matière de ces vafes eil très-poreufe
&i Ipongieufe.
BUCCIN , Buccinum, Genre de coquilles univalves 3^
&c nommées ainfi à caufe de leur reffemblance avec une
trompette. Le cara£lere diflinclif de ce genre de coquil-
les , eu d'être contournée en volute, à plufieurs fpirales,
dont la plus baffe eil beaucoup plus grande que les
autres ; ce qui les rend groifes par le milieu. Un autre
caradere , c'eil d'avoir le ventre un peu gros , l'ouver-
ture de la coquille ou bouche , large,. très-alongée, peu
garnie de dents , ou entière ou échancrée , ou terminée
par une efpece de queue plus ou moins alongée ( cet
alongement produit par le noyau , s'appelle le l^ec de la
coquille , & ce bec eil fouvent recourbé &: creule en
gouttière ) , en quoi il diffère Aes pourpres , dont l'ouver-
ture efl ronde ; il diffère aufîi des murex , en ce que fa
coquille n'eil point couverte de pointes proprement
dites. En perçant le petit bout ou fom.met du buccin marin
appelé bourct de mer par quelques - uns , on s'en fert
comme d'un cor ou d'une trompette pour fe faire enten-
dre de loin. Cette efpece de trompette eil citée plufieurs
fois dans l'Exode ; on attribue l'invention de cet inilru-
nient à vent à Thyrrene fils à' Hercule , l'an du monde
2884. Les Rabbins prétendent que le premier buccin ^
tut une des cornes du bélier o^^ Abraham immola à Dieu
au lieu de fon fils Jfaac, On fe fervoit du buccin à l'armée ,
pour avertir les foldats , pendant la nuit, des heures
B U C 473
âiixqirelles Ils dévoient moiiter cl defcendre îa garce.
Les AnciQïiS ^liGiQvXbucc'mum dare ^ lonnerou donner du
buccin; delà les Anatomiftes ont appelé mufclcs bucci-
nateurs^ ceux des joues qui le dilatent ou s'enflent quand
on foufïle à l'embouchure d'un inflrument à vent.
Quoique Ton fafle trois familles des buccins^ des
murex &c des pourpres , par rapport à la figure exté-
rieure de leurs coquilles , l'an'mal qui les habite eil
preique entièrement le même ; ils ont tous la propriété
de donner une liqueur femblable à celle que les Anciens
tiroient de la pourpre.
On diflingue les buccins en buccins à bouche entière
& fans bec, en buccins a bouche echancrée &: fans bec,
en buccins à bouche garnie d'un bec peu long, & en
buccins à bouche garnie d'un long bec.
La famille des buccins contient un grand nombre
d'efpeces de coquilles , tant de terre que d'eau douce.
On a donné à celles de mer divers nom.s qui ont quel-
ques rapports avec leurs formes ; telles font la quenouilU ;
le grand fufcau blanc , efpece de buccin fort rare ; la
viitre. à fond blanc , tachetée régiîljérement de rouge ;
Vivoirc ou mitre ]aun2trz\ la tour de, Babel ^ dont les con-
tours font formés de diîTérenîes moulures rayées de
taches rouges ou noires fur un fond blanc ; la tulipe
remarquable par fa belle marbrure de coideur brune
ou jaune fur \m fond blanc; le minaret^ la tiare ou ccw
renne Papale'^ V aveline; V oreille de Midûs ; \r licorne; le
cabejlan ; îa trompe marine ou concilie de Triton ; la corde-
lière ; le tapis ou la robe de Perfe ; 6c un trop grand nom.-
bre d'autres dont la vue dans un coquillier flatte plus
que les defcripticns qu'on pcurroit en donner, quel-
que détaillées qu'elles fuflent.
L'animal qui habite les coquilles que l'on nomme
buccins, cil remarquable par ime trompe qu'il porte à
l'extrémité de la tête, qui lui fert à fouiller le limon
& à pomper l'eau de la mer; c'til par ce canal qu'il
iaifie écouler la liqueur purpurine employée par les
474 B U C
Anciens, ainfi Cfiie celle de la pourpre ^ pour teindre en
ronge. Le réfervoir de cette liqueur eu dans un petit
vairteau à côté du collier de l'animal. Ce vaiffeau ne con-
tient qu'une bonne goutte d un fluide un peu jaunâtre,
qui pafle A la couleur de pourpre après qu'il a été
expofé à l'air un certain temps. La trompe du buccin
n'étant point armée de dents à ion extrémité , ainfi que
celle de la pourp^-c^ il ne perce point comme elle les
coquillages. L'animal a outre cette trompe une bouche
éc une autre efpece de petite trompe qui lui ferî de
langue ; c'efi par ce mo^.en qu'il attire à foi les ali-
mens néceflaires. L'opercule attaché à la plaque char-
nue fur laquelle il rampe , lui fert de clcifon quand il
veut le renfermer.
La Société Royale de Londres a découvert , il y a en-
viron foixante & dix ans, fur les côtes d'Angleterre, une
efpece de buccin très-commune qui fournit la coiiUitr
pourpre ii recherchée des Anciens. Sur les côtes du Poi-
tou, M. de Réaiimur en a auiH découvert une efpece qui
donne cette belle couleur. Les buccins du Poitou qui
donnent la pourpre , fe trouvent ordinairement affemblés
autour de certaines pierres ou fables , fur lefquels on voit
beaucoup de grains ovales, longs de trois lignes, pleins
d'une liqueur blanche un peu jaunâtre, affez femblable
à celle qui fe tire des buccins mêmes , & qui , après
quelques changemens , prend la couleur de pourpre. Il
paroît, par les cbfervations de M. de Réaumur , que ce
ne font point les œufs des buccins , ni les grains de quel-
que plante marine, ni des plantes naiffantes; il y a lieu
de croire que ce font des œufs de quelque poifîbn. On
ne commence à les voir qu'en automne. Ces grains
écrafés fur la toile, ne font d'abord que la jaunir'imper-
ceptiblement ; mais fi on expofe cette toile au grand air,
à un foleil vif ou au ïqw^ elle paffe en trois ou quatre
minutes , de cette couleur foible à un beau rouge de
pourpre, qui s'aiToiblit un peu par le grand nombre de
blanchifiages. Si la toile n'étoit expofée qu'à un foleil
B U C 475
peu vif, elle prendroit d'abord une couleur verdâtre ,
enfiiite une couleur de citron , un vert plus clair , &
puis plus foncé ; de là le ^^iolet , & eniîn un beau pour-
pre. Ce feroit une chofe alTez curieufe que de fixer à
volonté ces couleurs , à chacune des nuances par lef-
quelles elles pafîent fucceffivement.
Suivant les expériences de M. dz Rcaumur , l'eftet de
Tair fur la liqueur des grains , confifle non en ce qu'il
lui enlevé quelques-unes de fes particules, ni en ce
qu'il lui en donne de nouvelles^ mais feulement en ce
qu'il change l'arrangement des parties qui la conipofent,
M. de Rcaumur n'a pas manqué de comparer la liqueur
que l'on tire des buccins ^yqc celle de ces grains; &: les
expériences lui ont démontré que ces liqueurs font à-
peu-près de même nature. Celle des grains ell feulement
plus aqueufe , elle a une faveur falée ; au lieu que
celle des buccins paroît extrêmement poivrée (^c piquante.
La cochenille donne une très belle couleur rouge,
mais qui n'eft bonne que fur la laine & fur la foie. Le
cartamc donne le beau ponceau & le couleiu- de rofe ;
mais ce n'efl que fur la foie , le fil &: le coton. Peut-être ,
dit M. de Fontcnclle , les grains de M. de Rc:zumur nous
fourniroient-ils le beau rouge pour la toile. Si on vou-
loit faire ufage de cette couleur en teinture , il feroit plus
commode &; moins coûteux de la tirer des grains que
des buccins. On pourroit écrafer une grande quantité
de grains à la fois ; au lieu que pour avoir la liqueur
des buccins , il faut ouvrir le réfervoir de chac|ue buc-
cin çin particulier, ce qui demande beaucoup de temps :
ou fi, pour expédier, on écrafe le plus petit de ces
coquillages , on gâte la couleur par le mélange des diffé-
rentes matières que fournit l'animal.
La Chimie, cette fcience qui analyfe tant de pro-
duirions de la Nature & les fait paroitre fous di-
verfes formes , pourroit trouver des moyens de per-
fedionner cette couleur , de la faire paroitre plus
promptemenî , plus belle , & de la rendre plus tenace.
47S }i V C
M. Je Riaumur a éprouvé que le faibli me corrofif pro-
duit cet effet fur la liqueur des buccins.
Les buccins fluviatiles périment quelque temps après
Sîvoir été tirés de Feau ; ils n'ont que deux tentacules
larges ôc aplatis comme des oreilles. Quoique herma-
phrodites , raccouplement n'eft pas double comme dans
le Limaçon, Mais il x^^^ pas rare de trouver dans les
ruiiTeaux , notamment à Gentilly , près Paris , des ban-
des très-conlidérables de ces animaux , dont tous font
l'office de mâle & de femelle avec deux de leurs voi-
fins , tandis que les deux qui font aux extrémités de
ce chapelet , moins fortunés que les autres par leur
pofition ^ n'agiiient que comme femelle ou comme
mâle ieulement.
BUCCINiTES. On appelle ainli des buccins de-
venus folTiles. Voyzi_ Buccin.
BUCÉPHALE. Voyzi t article Cheval /^^r la fin.
BUCK-BEi\.N , ou Trèfle aquatique à feuilles
moins larges que celles du mcnianthe vulgaire , Menianthes^
palufîre angifftifoUum & triphyllum ^ Tourn.. Inft. ; T/f
foUum palujlre minus ^ acuiiore folio , C. B. Pin. 327^
Trifoiium fibrinum , Tabern. îcon. 521. Parmi les ani-
maux de première utilité , nous voyons des efpeces
en quelque forte fecondaires , &: qui elles feules nous
tiendroient lieu des efpeces principales , fi elles ve-
no.ient à manquer : Pane peut être regardé comme
l'efpece fecondaire du cheval , & la brebis comme celle
de la vache. Il efl encore plus fréquent parmi les
végétaiiLx de trouver des efpeces fecondaires , & qui
peuvent être fubftituées aux premières , lorfque
celles-ci ne font point affez nomibreufes , ou même
qu'elles \';ennent à manquer. La plante appelée buck^
bean ed dans ce cas : elle pourroit aifément remplacer
le houblon , & donner à la bière une amertume agréa-
ble : à ces qualités elle joint l'avantage de pouvoir fe
multiplier facilement dans des terrains tres-marécageiix.
oii il ne croît que de mauvaifes herbes.
B U C 477
La racine de huck-han eil fort grande, d^uaê forme
irréguliere &: d'une fublhnce fpongieufe ; elle eil longue,
fort épaille ôc ne perce pas perpendiculairement dans
la terre , mais elle coule obliquement fous la furface,
envoyant de divers côtés les poulies de fes feuilles;
par ce moyen elle s'étend & fe multiplie conlidérable-
ment. Les feuilles y font placées far chaque pédicule
comme dans les trcfics , mais elles font beaucoup plus
grandes que dans cqs plantes , d'une forme ovale & de
la grandeur d'une feuille de laurier. Il s'élève enfemble
pluneurs tiges; de forte (:\\\ç. fouvent une feule plante
produit une quantité confidérable de feuilles. Lorfoue
les tiges fleurilTent, elles ont environ dix pouces de
hauteiu:. Les fleurs dont elles font chargées ont une
couleur blanche avec une nuance de rouge, & elles
font un peu velues : il leur fuccede des capfules à
graines qui font ovales & contiennent beaucoup de
femence. Le buck-bcan eil une plante fort connue en
Médecine fous le nom de trafic de marais , & nous
l'avions déjà délignée dans notre féconde édition fous
le nom de ménianthc , nom que Tourmfort a tiré de
Théophrafic pour le donner à cette plante. Voyc^^ V article
MÉNIANTHE.
Cette plante croît naturellement en Angleterre dans
les marais & les lieux humides, & même autour à^^s
terres à tourbe. Lorfqu'on veut faire une plantation de
cette plante , on peut choifir une pièce de terre cn.ii
foit humide par elle-même , ou fujette à être fouvent
fubmergée , qui ne produife que des joncs , des gra-
mens en joncs , & autres plantes inutiles ; on doit
commencer par arracher toutes les grandes touffes de
rofeaux ou de flambes qui peuvent y croître : quant
aux autres produdions on peut les laiiTer. Le buck-
hean n'en fleurit que mieux quand ia racine court
fous une fmiace couverte. La plantaùon efr des plus
aifées : il ne s'agit que de fe pourvoir de morceaux de
racines de cette p-aiite qui aient enviroa deux pouce
478 B U C
de longueur , 6z une bonne tête ou œil. Pour les
planter on prend une truelle coupante avec laquelle
on coupe une touffe d'herbes ; on place la racine du
buck-bcan à un pouce ou environ au-deflbus de la
lurface , & on en laifie retomber le gazon par-deffus.
Cette plante s'empare peu-à-peu du terrain , ëc fi com-
plètement , que les mauvaifes herbes ne peuvent plus
y trouver place. Comme on n'a en vue dans cette
plantation que de faire pouffer les feuilles en abon-
dance , il faut faire couper légèrement avec la faux les
tiges à fleurs.
La manière de recueillir les feuilles de cette plante
eft de la faucher &: de la tranfporter fur un terrain
{qc , pour la faner en la remuant fréquemment ,
comme on le fait pour le foin. La faifcn vraiment
favorable pour la cueillette , c'eft lorfque les feuilles
font pleinement ouvertes ; li on attend plus tard ,
elles perdent leur couleur verte 6c fraîche , &: dimi-
nuent de qualité. Quand elles font entièrement fèchèes ,
il faut les féparer d'avec les tiges ; car il n'y a que les
feuilles qui poffedent les qualités du houblon. La tige
eff fpongieufe , acueufe ; & bien loin d'avoir de Tamer-
tume , elle reffem.ble à de la farine lorfqu'elle a été bien
léchée & réduite en poudre au m.oulin. M. Linncsus
prétend même que dans les pays Septentrionaux , le
petit peuple , dans les difettes de blé , fe fert de cette
tige au lieu de farine pour faire du pain.
Les feuilles de buck-bean érant bien defféchées ,
peuvent fe conferver en bon état pendant trois ou
quatre ans , ou même plus long-temps , s^il ne leur
arrive point d'accidens par l'humidité ou autrement ;
mais elles font toujours meilleures dans la prem.iere
année. Il paroit certain que ces feuilles , employées
d'une manière convenable par un Braffeur expérimenté,
égaleroient pour le moins le houblon ; elles donnent à
la bière une amertume qui n'a rien de défagréable ,
comme eff ceilQ de l'eibfimhe qu'on avoit cherché à
B U F 479
fubflituer au houblon ; peut-être même pourroient-
elies empêcher quelques-uns de ces accidens nom-
breux qui arrivent à la bière lorf qu'on la garde , & qui ,
quoique attribués à des cauf es fort différentes , font la
plupart occalionés par le houblon.
Les vertus médicinales du buck-hcan font celles de
tous les amers , c'eft- à-dire , de fortifier l'eftomac &
d'aider à la digefiion : fes feuilles fo^auffi diuiétiques
lorfqu'on les prend ûmplement en infufion ; elles ne
peuvent donc donner à la bière que de très-bonnes
qualités , fans pouvoir lui commimiquer rien de nuifible.
BUFFLfi , Buffdus, Animal quadrupède bifulce ,
originaire des climats les plus chauds de l'Afrique &:
de l'Afie , &: qui eil devenu domeflique en Europe :
il fut amené en Italie vers la fin du feizieme fiecle ,
où depuis ce temps l'on s'en fert , ainfi que dans quel-
ques-unes de nos Provinces Méridionales , pour cul-
tiver la terre ; & il y a confervé l'avantage de fe re-
produire. Il vit de dix-huit à vingt ans.
La taille & la grandeur de cet animal juftifîent &
rendent confiante une obfervaticn faite par un grand
Phiiofophe; c'efl que l'on trouve les plus gros qua-
drupèdes feus la Zone Torride ; tels font VéUphant ,
le rhinocéros , Vhyppopotamz , après lef quels l'on peut
mettre le buffle peur la groûeur.
Le hu^c relTemble pour la forme au taureau ; il eil
domeftique comm.e lui , fert aux mêmes ufages , & fe
nourrit des mêmes alimens que le bœuf; mais il eft
en général plus grand , plus fort que le bœuf; il a le
corps plus court & plus gros , les jambes plus hautes ,
la tête proportionnément plus petite , les cornes
moins rondes , noires oc eh parties comprimées , un
toupet de poil crépu fur le front; fa peau & fon poiL
font d'une couleur foncée ; Ion poil eft fort comme
celui du fanglier ; le ventre , la poitrine , la croupe ,
la plus grande partie des jambes &: de la queue font
^miéremçnt ras j & en général il n'y a que peu de
48o B U F
poil liir le corps de cet animal ; ia peau eft dure &
tr Jo-épaifie ; fa chair noire & dure , ei\ non-feulement
défagréable au goût , mais répugnante à l'odorat.
Ce quadrupède efl d'une autre efpece que le tau-
reau , car les maies &c les femelles de ces animaux ,
quoique également réduits en efclavage , & fe trou-
vant fouvent réunis dans les mêmes pâturages, fous
le même toit , ma toujours refufé de s'unir , malgré
qu'on eut cherche à y exciter les mâles par l'abfence
de leurs propres femelles ; leur nature efi: par confiquent
plus éloignée de celle du taureau , que celle de l'âne
ne l'eil de celle du cheval , elle paroît même antipa-
thique; car on afTure que les mères hnjflcs refufent de
fe laifîer teter par les veaux , & que les vaches re-
fufent de nourrir les petits i^ufp:s Qz),
Ces animaux différent aulli par le caradere. Le buffle ^
dit M. dd Buffon , ell d'un naturel plus dur & moins
traitable que le bœuf; il obéit plus difficilement ; il
eft plus violent; il a des fantaiiies plus brufques &
plus fréquentes ; toutes fes habitudes font grolTieres &
brutes ; il eil: , après le cochon , le plus laie des ani-
maux domefliqueSjpar la difficulté qu'il met à lé lailTer
nettoyer 6l panier : fa figure eil grolTiere &; repouf-
fante , fon regard ftupidement farouche ; il a la vue
très-foible ; il voit mieux la nuit que le jour ; il avance
ignoblement fon cou , & porte mal fa tête , prefque
toujours penchée vers la terre ; fa voix eft un mugif-
fement épouvantable , d'un ton beaucoup plus fort en-
core & beaucoup plus grave c[ue celui du taureau ; il
aies membres maigres, la queue nue, le mufeau noir
comme
(d) Des expériences faites dans le Brandebourg, par les l'oins de
M le Préfident de Benck&ndorf, prouvent cependant que quelques
T.iches domeftiques ont été fécondées par des buffles ; m.-îis l'on eîl
généralement d'opinion à Af^racin , que les veaux m.iiets qui eu,
résultent ne vivent pas , & que très-fouvent les vaclies mèmei périment
des fuites d'une telle portée; il faut en convenir, quoiqu'il y ait beaucoup
de difproportion entre la taille des bi:ffl.es & celle des vaches, elle
n'ert pas auili conlidécibl* qu'entie le taureau ik rànelïe qui produil'eat
le jtiTiart.
B U F 481
comme le poil & la peau ; cet animal aime beaucoup
à fe vautrer Ôl même à iejourner clans l'eau ; il nage
très-bien 6c traverie hardiment les rivières les plus
rapides : comme il a les jambes plus hautes que le
bœuf, il court aufTi plus légèrement fur la terre.
Le hi^ffie eft très-ardent tn amour; il combat avec
fureur pour fa femelle , &c quand la ^idoire la lui a
afTurée , il cherche à en jouir à l'écart : elle porte en-
viron douze mois , ne met bas qu'au printemps ; elle
a quatre mamelles , &c ne produit qu'un petit ; ou
fi par hafard elle en produit deux , fa mort eu pref-
que toujours la fuite de cette trop grande fécondité ;
elle produit deux années de fuite , & fe repofe à la
troifieme, pendant laquelle elle demeure ftcnle, quoi-
qu'elle reçoive le mâle ; fa fécondité commence à
rage de quatre ans , & finit à douze ; quand elle entre
en chaleur , elle appelle le mâle par un mugiilement
particulier, & auquel il ne manque pas d'accourir.
Quoique le buffle naiile & foit élevé en troupeau ,
il conferve cependant fa férocité naturelle ; en forte
qu'on ne peut s'en fervir à rien , tant qu'il n'eft pas
dompté : on commence par marquer , à l'âge de quatre
ans , ces animaux avec un fer chaud , afin de pouvoir
didinguer les ùu^es d'an troupeau, de ceux d'un autre;
on donne à chaque kijjïe un nom qu'on répète fou-
vent d'une manière qui tient du chant , 6c en careflant
en même temps l'animal fous le menton. L'habitude
d'entendre ces tons cadencés efl tellepour le ùu^^^ , que
fans cette efpece de chant, il ne felaifïe point approcher,
fur-tout la femelle pour fe laifier traire. La marque efl
fuivie de la caflration , qui fe fait à Page de quatre
ans 5 non par compreiîion des teflicules , mais par in-
cifion 6c amputation. Cette opération paroît néceiTaire
pour diminuer l'ardeur violente 6c furieufe que le buff/e
montre au combat , 6c en même temps le difpoi'er
à recevoir le joug pour les difFérens ufages auxquels
on veut l'employer. Peu de temps après la cailration ,
Tom^ II, H k
4S2 B U F
on lui pafle un anneau de fer dans les narines ; mai:?
ia force & la férocité du buffle exigent beaucoup d'art
pour parvenir à lui palTer cet anneau. Après l'avoir fait
tomber au moyen d'une corde que l'on entrelace dans
{qs jambes , des hommes fe jettent fur lui pour lui
lier les quatre pieds enfemble , &: lui paffer dans les
narines l'anneau de fer; ils lui délient enfuite les pieds,
^l l'abandonnent à lui-même : le buffle furieux court
de côté & d'autre , &, en heurtant tout ce qu'il ren-
contre , cherche à fe débarraffer de cet anneau ; mais
avec le temps iî s'y accoutume infenfiblement , &
l'habitude autant que la douleur l'amènent à l'obéif»
fance. On le conduit avec une corde que l'on attache
à cet anneau , qui tombe par la fuite , au moyen de
TefFort continuel des Conducteurs , en tirant la corde;
mais alors l'anneau efl devenu inutile , car l'animal
déjà vieux ne fe refufe plus à fon devoir. C'eil ainfi
que les hommes, pour dompter & diriger les anim^aux,
les faifilfent par les parties les plus fenfibles.
Le buffle paroît encore plus propre que le taureau
à ces chalTes dont on fait des divertilTemens publics ,
fur-tout en Efpagne ; aulii les Seigneurs qui tiennent
des buffles dans leurs terres , n'y emploient-ils que ces
animaux. La férocité naturelle du buffle augmente lorf-
qu'elle eft excitée , &: rend cette joute aufli animée
qu'elle eft périlleufe. En effet , le buffle pourfuit l'homme
svec acharnement , jufque dans les maifons , dont il
monte les efcaîiers avec une facilité particulière ; i!
fe préfente aux fenêtres , d'oii il faute dans l'arène ,
franchiffant même les murs , lorfque les cris redoublés
du peuple font parvenus à le rendre furieux.
Les buffles font cependant des animaux très-utiles ;
comme leur corps eft très-maiTif , ils font propres au
labour ; on leur fait traîner & non pas porter les
fardeaux ; on en fait un grand ufage en Italie ; il y
a des endroits dans ce pays , comme par exemple les
con£ns de la Tolcanç ôc de l'Etat Éccléfiaflique , daiis
B U F 485
îes Fefnies de Marfiliana , Montaoïito ^ Caftîglîone ,
Corneto , &:q, où l'on lailTe paître les l>iiffles domef-
dques dans les bois : (les marais Pontlns & les ma-'
remmes de Sienne font en Italie les endroits les plus
favorables aux huffles ; mais ils y gagnent fouvent le
harboncy exprefîion Italienne qui a rapport au fiége
principal de cette maladie très-contagieufe , 6^ qui eil
dans ces animaux , à la gorge &: au menton.) Lorfque
le Laboureur vient à la charrue , il fait figne à un de
fes chiens ( ce font de ceux de forte race ) d'aller dans
les bois ; le chien court , faifit avec la plus grande
adreffe un buffic par l'oreille, & fans quitter prife il
l'amené à fon maître, qui l'attache fous le joug pendant
qu'il retourne dans les bois lui en chercher un autre ,
qu'il met à côté du premier. Le Laboureur leur fait
tracer fcs filions , les fait tourner à volonté d'un côté
&: d'autre , & les conduit facilement en tirant une
petite corde qui eil attachée à cette forte d'anneau
de fer, dont nous avons fait mention, & dont la
pointe picote le nez de l'animal. Lorfque les buffles
ont fourni leur travail , on les ôte de la charrue , &:
ils retournent dans les bois fe repofer & fe nourrir
jufqu'au lendemain où les diiens viennent les y cher-
cher de nouveau. Comme ces animaux portent natu-
rellement leur cou bas, ils emploient en tirant tout
le poids de leur corps; auifi un attelage de deux buffles
enchaînés à un chariot , tire-t-il autant que quatre forts
chevaux. Nous tenons ces détails d'un homme de mé-
rite, qui a fait valoir des fermes confidérables dans
les cantons d'Italie dont nous avons parlé plus haut.
Il y a une grande quantité de troupeaux de buffles
fauvages dans les contrées de l'Afrique & des Ind^s ,
arroféss de rivières & où il fe trouve de grandes
prairies. Ces animaux ne font point de mal , à moins
qu'on ne les attaque ; mais fi on vient à les bleffer ,
ils vont droit à leur ennemi , le terraflent & le foulent
aux pieds» L'afpeil du feu les çfFraie j la couleur rouge
«h 1
484 B U F
les irrite &C les met en fureur , au point que l'on n'ofe
s'habiller de rouge dans les pays où il y a des buf-les;
parmi nos bœufs nous n^^n voyons que peu fur lef-
queîs cette couleur faffe cette impreflion.
Les Nègres de Guinée &: les Indiens du Malabar
vont à la chaffe des buffles fauvages : ils n'ofent les
attaquer de face ni les pourfuivre à terre ; ils grim-
pent fur les arbres & de là ils leur décochent leurs
flèches ; ils font un grand profit de leurs peaux &:
de leurs cornes , cjui font plus durfs &: meilleures que
celles du bœuf ; ils trouvent la chair de ces animaux
affez bonne à manger : la langue eft le mets le plus
délicat de tout l'animal. En Italie les Juifs mangent
la chair du hnffle engraiffë , & l'on fait d'excellens
fromages avec le lait des femelles buffles , qui en donnent
en grande abondance ; ce lait a un petit goût mufqué ;
on dit qu'en Perfe il y a des femelles qui en fournif-
fent par jour jufqu'à vingt-deux pintes.
Les cornes , les ongles , la graiiïe & la fiente du
buffle ont, dit-on, les mêmes vertus en Médecine que
celles du bœuf. Quand fa peau a été paffée à l'huile
commue celle du chamois , elle porte le nom de buffle,-
Les Militaires s'en fervoient anciennement pour armure;
& les Grenadiers Anglois , de mtme que la Cavalerie
Françoife ^ l'emploient encore à préfent, à caufe de fa
légèreté , de fa dureté §i de fa réliftance : en s'en fert
à faire des ceinturons , des bouri'es , &c. Le buffle fait
un objet de commerce ttès-confidérable chez les Fran-
çois, les Anglois & les Hollandois, qui en trafiquent
à Confiantinople , à Smyrne <5c le long des Côtes
d'Afrique; mais com.bien de peaux d'élans, de bœufs,
d'orignacs , & d'autres animaux de la même efpece ,
qui étant pafîees à l'huile ^i préparées comme celles
<lu bufflz , en prennent le nom , 6c fervent de la même
manière aux gens de guerre , &c.
Buffle a qufxe de cheval. On trouve inférée
dans le Journal de Phyfque , fupp, qSz , tom. XXIj,
B U F 485
la clefcriptîon du hufîc à queue de cheval^ par P. S.
Pallas, La race fauvage de ce bétail efl connue au
Tibet fous le nom de Yak\ c'eft le po'êphagus à^Ellen^
le farhk des Mongols : on en voit chez les Princes
Mongols , & dans les troupeaux des plus riches de ces
Nomades. On emploie les queues toutes blanches de
quelques-uns de ces buffles , tant pour cette efpece
d'étendard des Orientaux , connu fous le nom de queue
de cluval j dont l'ufage eft très-ancien aux Indes, &
commun aux Perfans &: aux Turcs ^ que pour l'orne-
ment des éléphans , des chevaux , & pour les chafle-
mouches des Indiens. Les Chinois, qui fe fervent du
crin blanc de ces buffles , teint d'un beau rouge , pour
former les houppes dont ils ornent leurs bonnets d'été ,
en ont introduit la race dans leur pays ; mais ils tirent
la plus grande partie de ce crin du Tibet , où les
Marchands de l'Inde 6c de la Perfe viennent auffi en
faire emplette, ôc renchérirent fur-tout les queues de
ces buffles , dont le prix varie félon la longueur & la
beauté du crin , qui joint à la fineffe & au luftre de
la plus belle foie , une roideur élaflique , approchante de
celle du crin de cheval. Celles d'entre ces queues qui ont
plus d'une aune font les plus eftimées. Grew en décrit
vuie de la Société Royale de Londres, qui avoit un
crin gris de cinq quarts d'aune de longueur : on en
conferve une autre toute blanche , de fix pieds , dans
le Mufœum de Londres.
Ceci démontre que cette race domeftique de buffles
à queue di cheval varie, W'ufen dit qu'il en naît
chez les Mongols de roux & de noirs, & qu'on y
trouve des vaches qui ont les cornes blanches comme
l'ivoire. Au Tibet & chez les Mongols on tâche de
multiplier fur-tout la variété qui naît avec la queue
& l'arriere-train , ou quelque autre partie du corps
blanche , parce que ce font les crins & queues blanches
fufceptibles de teinture , qui font les plus recherchés
dans le commerce. La variété que Gmelin a décrite avok
Hh 1
4S6 B U F
des cornes longues , minces , recourbées , fans arêtes ni
aplatiiTemens. Wujm dit qu'en Daouries les mâles de
ces bufîes portent de très-grandes cornes aplaties &
courbées en demi - cercle , dont on fe fert pour la
fabrication des arcs. Ruhriiqids rapporte que les Ti-
beîains font dans l'ufage de leur couper les cornes ;
M. Pallas n'a vu que des individus fans cornes dans
les deux fexes ; ils font , dit-il , vifs , inquiets & bon-
diffent avec une forte de légèreté : leur caradere de
férocité ne permet pas qu'on les approche de fort
près ; ils ne font qu'indiiférens pour leurs furveillans ,
mais ils ne peuvent fouffrir les étrangers. Les couleurs
des habits d'une teinte vive , notamment en jaune ou
en rouge , les rend furieux; approcher de leurs veaux,
c'eft fe faire attaquer par les vaches. Pour premier
figne de colère , ces buffccs fecouent leurs corps , relè-
vent & agitent la queue , & lancent des regards me-
naça ns ; ils font d'autant plus à craindre , qu'ils ont
les mouvemens brufques & la courfe aifez rapide.
Malgré ce naturel farouche , ces buffles , dit M. Pallas ^
fe mêloient volontiers aux troupeaux de vaches do-
meiliques 5 & l'on a vu les mâles couvrir celles-ci ,
quoique les taureaux ordinaires ne vouluffent jamais
rendre cette politelfe aux buffles femelles. Les accou-
plemens des premiers n'ont rien produit. Les mâles de
ces buff.is à queue de cheval approchent de leurs fe-
melles , la tête étendue en avant , la bouche béante
à la manière des buffles ordinaires , '6c la queue levée;
ils font extrêmement lourds & lents à s'accoupler.
Dans l'été , pour éviter la chaleur , ces animaux cher-
chent l'ombre , ou fe plongent dans l'eau Ôc y refient
des heures entières. C'eft à caufe de cette propriété,
qui les rapproche encore des buffles ordinaires , que les
Cliinois leur ont donné le nom de Ji-nijoû ( vache
qui fe lave ) ; ils nagent fort bien, fouillent de leur
tête la terre. les deux {tx^s grognent comm.e le co-
chon y mais dun fon grave oc iiionoione , leiu: taille
B U F BUG 4S7
efl: celle d'iine petite vache domeflique ; ils reiTeniblent
par la forme & le port de la tête au buffie ordinaire i
l'encolure des mâles eft beaucoup plus groffe que celle
des femelles ; le dos forme une boiTe à l'endroit des
épaules , qui paroît confidérai^le à caufe d'une touife
<ie poils crépus , laquelle s'alonge fur le cou en forme
de crinière ; le refte du poil eft affez court & dirige
vers la tête : le deiïbus du tronc , la gorge & le gros
<ies^uatre jambes , produifent des crins tres-touftus oC
longs d'une demi-aune ; les fabots font très-grands ,
les ergots très-faillans. Ce buffle du Tibet a quatorze
paires de côtes, oc autant de vertèbres dans la queue;
une boffe oileufe , convexe à l'occiput ; en tout trente-
deux dents.
EUFOLT. Foyei SvCTOl^r.
BUFONE , Bufonia uniiïjolia , Linn. Plante de k
famille des Morgdïms ; fes feuilles font menues ; i^s
fleurs font blanches , axillaires &: terminales ; fon fruit
contient deux femences : cette plante fe trouve dans
les Provinces Méridionales de la France ^ de l'Efpagne
^ de l'Angleterre.
BUFONITES. Vcyii Crapaudine.
BUGHUR. En Perfe, c'eft le Chamzciu à deux bofTes.
Voyti;^ r article CHAMEAU.
BUGLE , B ligule. Genre de plante à fleurs mono-
pétalées ^ de la famille à?s Labiées , & qui comprend
des herbes la plupart indigènes de l'Europe , dont les
feuilles font oppofées ; les fleurs viennent en épi ter-
minal ; le fruit confifte en quatre femences nues ,
ovales 5 oblongues & fituces au fond du calice qui efl:
court & perfifiant.Ondiilingue pluileurs efpeces de bugle^
BuGLE rampante vulgaire, Ajuga nptans ,^ Linn.;
Bîigula , Dod. Pempt. 135; Confolida me cita pratcnjïs
<œridea , Bauh. Pin. 260. Cette efpece eil prefque
entièrement glabre dans toutes {qs parties , & fe dif-
tingue facilement des efpeces fuivantes par les rejets
îracans , rampans , qui naillent de la baie de fa tige*
Hh 4
4S8 BUG
Cette plante croît dans les bofquets & les prairies ; fa
racine ei\. vivace , menue , blanche & fîbreufe ; fa tige
eu haute de cinq à fix pouces , droite , fimple 6c
carrée ; fes feuilles font oppofics , ovales > oblon-
gues, fpatulées, dun vert foncé ^ légèrement fmuées,
très-peu dentées , quelquefois purpurines à leur partie
inférieure : leur laveur eil un peu amere &c aflringente.
Ses fleurs fortent des aifTelles des f:uilles ; elles font
bleues , quelquefois pourprées , verticillées & dîfpc^ées
en épi terminal ; ces fleurs font labiées , mais n'ayant
qu'une leule lèvre : à la place de la lèvre fupérieure
ii y a des dentelures ; elles font garnies de bradées ,
fouvent colorées en bleu.
Cette plante eft aujourd'hui très -peu d'ufage en
Médecine ; cependant on eftime qu'elle eil très-utile
tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ; car c''eÛ un excel-
lent vulnéraire aftringent. La déco£rion de la hug/e efl
reconnue pour un fpécifique dans les maux de gorge
ulcérés 6c gangreneux , qui fuppurent après des efqui-
nancies rebelles. Elle a de plus la propriété de diffoudre
le lang grumelé ; ceû pourquoi on en fait boire aux
perfonnes qui ont fait de grandes chutes : elle con-
vient auffi dans les hémorragies , le crachement de
fang , la dysenterie oC les fleurs blanches. Son fuc
appbqué ù l'extérieur , guérit les coupures , les plaies
& les ulcères.
Les autres efpeces de higàs font : la bug/e des
Alpes 5 ^Jugcz Alpina. M. de la Marck l'a auiïi obfervée
fur le Mont Cantal en Auvergne. La buglc en épi py-
ramidal & feuille , Ajiiga pyramidalis , Linn. ; Bugula
fylvcjins villofa.^ flore. cczruUo^ Tourn. 109 ; cette efpcce>
qui le trouve dans les endroits fablonneux , & les prés
montao;neux 6c couverts , efl abondam.ment velue &
n'a point de rejets rampans comme l'efpece première.
La huvU du Levant , Bugida Orïzntalïs vïllofa ^ fiore
ïnv. rjo cœruLo , alhâ macula notaio , Tourn. Cor. 14;
ie$ fleurs font panachées de bleu 6c de blanc , ou de
B U G^^ 4^9
blanc & de pourpre ; la lèvre inférieure de la ileur tû
tournée en haut.
BUGLOSE vulgaire , Bus^Iofum vulg.zre mu; us , J.
^' 3 7 57^ j ^^^ Biiglojjurn angi^ifoliiin^ , LoD. l:c.n,
570 ; 6* majiis flore œruUo , C B. Pin. 256 ; AnJiufa
officinalis ^ Linn. 191. Cette plante, qui ^^t cie la fa-
mille des Boura^inks , croît dans les champs , lur le
bord des chtmins , en France , en Italie & dans TAl-
lemagne. Elle efî d'un afpeCt agréable iorfqu'eile eil en
fleur. Sa racine eft vivace , de la groifeur du petit
doigt , rougeâtre ou noirâtre en dehors , b- anche en
dedans , remplie d'un f«c gluant ; les tigf s font hautes
de deux pieds ou environ , rameufes , cylindriques &
chargées de poils roides & épars. Ses feuilles alternes ,
lancéolées , trés-pointues , fîniples , &: difpv rfées fur les
tiges auxquelles elles (ont attachées iniinédiatement ,
ne font point ridées comme celles de la bour-'-achc ,
mais garnies des deux côtés de poils iemblables ; &:
la buglofe en diiîere encore eiTentiellem^nt par fes
fleurs , qui font d'une feule pièce , en* entonnoir, d'un
bleu - purpurin , garnies dans leur milieu d'un bouton
obtus , compofé de cinq petites écailles velues qui
couvrent cinq étamines ; le calice cil oblong , & re-
fendu profondément en cinq pièces : les branches qui
portent les fleurs font repliées comme la queue d'un
fcorpion, avant que les fleurs s'épanouiflent.
La biiglofe s'ordonne avec la bourrache^ , ou y efl:
fubflituéc : fa décoftion avec le lait , efl utile dans la
dyflenterie ; fes feuilles fufent fur les charbons comme
le nitre ; aufli fes vertus font-elles femblables à celles
de la bourrache. Voyez ce mot. Ses feuilles bouillies
dans de l'eau avec de l'alun donnent une belle cou-
leur verte.
On diflingue plufieurs autres plantes de ce genre à
fleurs monopétalées. Il y a : La bugl fi à feuilles étroites ,
Buglojfum angufllformm minus , Bauh. Pin. 2 0 ; ce
n'efl peut-être qu'une variété de la précédente. La
490 BUG
huglcfe oncïiilëe , Buglojfum Lufitanlcum , echii folio un^
ditLito ^ Toiirn. 134; cette efpece fe trouve dans le
Portugal & en Efpagne ; its fleurs font bleues, termi-
nales , & clifpofées en épis glomerulés & roulés dans
leur jeunefTe : il y a des variétés de cette efpece , à
feuilles tout-à-fait linéaires & légèrement dentées. La
Buglofc laineufe , Anchufa lanata , Linn. ; cette efpece
qui fe trouve aux environs d'Alger , a beaucoup de
rapports avec la buglofc teignante , &: qui efl Vorcanem
proprement dite. Foye7^ Crcanette. La buglofe de
Virgmie , Anchufa minor lutea , Vïrgïniana , puccoon
( aiLt paccoon ) indlgenis dicla , qiid fe pingunt Americani,
Pluk. Alm. 30 ; {qs> fleurs font d'un beau jaune &
d'un afpe£l agréable. Les Habitans de l'Amérique
Septentrionale fe peignent le corps en rouge avec fa
racine. La biiglof à larges feuilles , Bugloffum latifoUum
fempervlrens , Bauh. Pin. 256; on dit qu'elle efl ori-
ginaire d'Angleterre : cependant elle croît naturelle-
ment en Efpagne ; fes feuilles font periiilantes l'hiver.
La bugloft à feuilles longues d'Italie , Anchufa longifolia.
La buglofe en gazon , Bugloffum Creticum , humifufum ,
cicaulon , perennc , échu folio angufïffimo , Tourn. Cor. 6;
cette efpece a été découverte dans l'Ifle de Candie ,
par TiAimefort. La buglofe k feuilles verruqueufes , An-
chufa venucofa , H. R. ; elle croît en Egypte ; {qs
feuilles paroiflènt panachées de vert &: de blanc ; {qs
fleurs font jaunâtres. La buglofe de Crète à feuilles hui-
lées , ou chargées comme de verrues perlées , blanches
& chargées de piquans , Bugloffum Creticum , annuum ,
foliis bullatis , flore variegato , Tourn. 134 ; an Lyco-
pfis variegaia , Linn. ? La buglofe hcrilTé^ , comme épi-
neufe , Anchufa echinata ; c'efl Tefpece la plus hérif-
fée ; fes poils font , en quelque forte , de petites épines
blanches.
BUGRANE, Ononis. Genre de plante à fleurs poly-
pétalées de la famille des Légumineufes , & qui com-
prend des herbes & des fous-arbriffeaux plus ou moins.
BUG 49ï
épîneux , dont les feuilles font fimples ou ternées, &c
dentelées en leurs bords. Le fruit efl une gouffe fort
courte , enflée , communément un peu velue , unilo-
culaire, & qui renferme quelques femences réniformes.
Ce genre de plantes offre un allez grand nombre
d'efpeces. Il y a , félon M. le Chevalier de la Marck :
Les Bug RA NES à feurs purpurines ou blanches i
mais point panachées de jaune.
La hugrane à longues épines , vulgairement arrête-hœuf.
Voyez ce mot, La hugrane des champs ou Varrcte-bœuf
des champs ; Ononis aryenjis , Linn. ; cette efpece eil
commune dans les champs incultes & fur les bords
des chemins. Ses tiges font dures, très - rameufes ,
rougeâtres , velues , & ordinairement couchées &:
étalées fur terre ; elles n'acquièrent d'épines qu'en
vieilliffant. La bugrane rampante , des lieux maritimes
& fablonneux de l'Angleterre, Qnonis repeiis ^ Linn.;
elle n'ell: point épinerife , mais pubefcente dans prefque
toutes fes parties. La bugrane élevée de la Siléfie , Ono-
nis altijjima , Linn. Celle à Jlipules blanches , du Por-
tugal , Ononis mitlfjima , Linn. La hugrane à fleurs en
épis feuilles , épais , barbus , longs ^ terminaux ,
Ononis alovecuroïdes , Linn. ; cette efpece. croît dans la
Sicile , l'Efoagne & le Portugal. La bugrane a grand
calice ftrié , des Ifles Baléares , Ononis calycina , an
Ononis puhefcens , Linn. Mant. 267 ? La bugrane à
gouifes penchées , Ononis reclinata , Linn. ; cette petite
efpece , à duvet vifqueux , fe trouve dans le Dauphiné ,
en Italie & en Elpagne. La bugrane a feuilles cunéi-
fornus du Mont Cenis , Ononis Cenifia , Linn. La bu,*
grane fluette des Provinces Méridionales de l'Europe ,
Ononis Cherleri ; Anonis pujilla^ vifcofa & villofa , pur-'
purcfcente flore , Tourn. 408, La bugrane à feuilles
rondes des Alpes & des Pyrénées, Ononis rotundifolia ,
Linn. La /^//^r^T?^ précoce, Ononis fruticof a ^ Linn.; cette
efpece qui croît dans les montagnes du Dauphiné ,
491 BUG BUT
forme un fous - arbri/Teau d'un afpe£l très-agréable J
lorlcu'il eu en pleine fltur ; fes fleurs font purpurines
& commencent à paroître vers la fin de Mai ; elles
durt nt long-temps ; cette efpece figure très-bien dans
les plate-banucs d un bolbuet printannier , &c dans les
parterres. La bugranc à feuilles a trois dents ci'Efpagne ,
Ononis trid.ntata , Linn. La hugram à feuilles étroites
d'Eipagne , 0/iorâs aîiguffijjîma , Linn.
Bu GRAN ES à jlciirs jaunes & plus ou moins rayées
de pourpre.
Il y a : La hugrane gluante , de l'Europe Auftrale ,
Anonis vifcofa fpmis ca.enr. , lutea ^ major ^ C. B. Pin.
389 , Tourn. 409 ; Ononis natrix & pingus^ Linn.
1008. La bugrant vifqueufe , des Contrées McTidionales
de la France bl de l'Efpagne , Ononis vifafa , Linn,
La bu glane à goujje aornitLopod^^ de la Sicile, Ononis
craith'pcdicLdes ^ Linn. ; F cenum- g: cecum S iculum ^ Jiliquis
ornithopodii ^ Tourn. La hugrcne fans feuïLUs , d'Italie,
Ononis aphylla. La bugrane des rochers , Onorùs faxatllls;
elle fe trouve en Franc.- ^ en Efpagne. La bugrune à
feuilles flriëes , Ononis fzriata , Gouan. La bugrane à
petites fleurs^ dcs Provinces Méridionales de la France,
Anonis flore luteo^parvo , Tourn. 409. La bugrane à tiges
effilées y d'Efpagne , Ononis juncea , d'Af. La bugrane à
feuilles crépues , d'Efpagne , Ononis ciifpa , Linn. La
bugrane a'Aragon , A noms Hifpanica frutefcens , folio
Totundljri^ Tourn. 409.
BUHOR , en Poitou, & Eehors près d'Orléans,
efl le Butor.
BUJIS. Petit coquillage , dit M. Delcuie , qu'on
nomme aufTi kouris ou kauris. Voyez Cauris ÔC Por-
celaine,
BDÏO ou AviosA. Serpent monilmeux des Indiens
de rOrcnoque. Foyei a C article SERPENT , 6- /^ mot
Cor AL,
B U I 493
BUÎS ou Eouis , Biixus. Genre de plante à fleurs
Incomplètes; il y en a de grandes & de petites efpcces ;
elles font toujours vertes.
La petite efpece , appelée huis nain ou le biùs
d'Artois , Buxus foUis rotundlorlbus , Bauh, Pin. 471 ,
Toiirn. 579. Il eft très-rameux & vient en touffes
épaiffes &: bien garnies ; il croît en France , dans
plufieurs Provinces , autour des villages &: dans les
lieux pierreux 6i incultes ; fes feuilles font efiimees
fudorifîques. C'eft le huis que l'on emploie pour
former les defîins des parterres & les bordures des
plate-bandes.
Il y a d'autres efpeces de hiùs , dont le tronc s'élève
jufqu'à feize & vingt-quatre pieds : ce tronc eil tor-
tueux , quelquefois gros comme la jambe & garni de
beaucoup de rameaux aff^z droits. L'écorce eft grifâtre
ou brune , raboteufe , &: le bois compa£le , dur , pefant , '
jaune , fans moelle. Les feuilles font nombreufes , tou-
jours vertes , liiTes, luifantes, dures ^ entières j, ovales >
glabres , fmiples , oppofées , grandes , creufées en
cuilleron , d'une odeur & d'une faveur défagréables.
Les fleurs viennent par petits paquets dans les aiilelles
des feuilles ; les fleurs mâles font compofees d'un calice
à cinq feuilles , de deux pétales & de quatre étamines ;
les fleurs femelles ont un calice à quatre feuilles , trois
pétales ^ trois piflils , dit M. Deleuie ; les fleurs font
jaunâtres, ramaflées quelquefois fur la même branche,
& prefque toujours dans le m.ême paquet de fleurs.
Les fruits font en quelque façon femblables à une
marmite renverfée ; ils s'ouvrent en trois parties par
îa pointe ; ils font divifés en trois loges , qui renlër-
jnent chacune deux femences revêtues d'une capfule
élaftique.
L'efpece de buis qui fe trouve dans les Ifles Baléa-
res , Buxus arboreus Balearica , s'appelle buis de Mahon ;
il y forme , à ce qu'on prétend ^ des bT>is qui en font
entièrement compofés.
494 EU! B U K
Il y a le hu'u arhorefunt de l'Europe Auflrale &: du
Levant ^ Buxus arborëfcens , Bauh. Pin. 471 , Toiirn.
1578. Cette efpece s'élève JLifqu'à douze 6c feize pieds.
Son écorce efl: brune ou noirâtre; les feuilles font d'un
afiez gros vert. Ce grand arbrifleau fe plaît à l'onibre ,
& fert ti faire des paliflades ; il fupporte le chaud &
le froid ; il dure fort long-temps & n'exige prefque
aucun foin ; on le multiplie de graine & de bouture. On
dit que fon bois rapë elt fudcrinque , & peut être fub-
ftitué au gayac. Il donne un efprit acide & une huile
fétide bonne pour l'épilepfie &c le mal de dents : {qs
feuilles font ameres ôi rougiffent le papier bleu. Elles
ne tombent point pendant Fhiver. Le buis panaché ,
employé en buifTons y fait un très -bel eifet dans les
bofquets d'hiver. Il eft très -propre à planter dans les
remifes , oii il pourroit former une retraite commode
pour le gibier pendant l'hiver : on tire le gros buis de
Champagne &: d'Efpagne. Ce bois qui eil très-dur ,
eft employé par les Tourneurs , les Table tiers , les
Graveurs , les Faifeurs de peignes , & pour divers
autres ouvrages où il remplace très-bien l'ébene 6c
l'aubier jaune , auquel il reiTemble parfaitement. Il porte
bien la vis , & eft très-eftimable à bien des égards.
On diftingue encore le buis à feuilles de myrte ,
Buxus myrtifoiia. Sa tige s'élance comme un petit ar-
briff^au , & poufle des rameaux un peu lâches ; ïts
feuilles font un peu étroites.
Buis piquant. Foyc^ Houx-îrélon.
BUISSON , Dumus. On appelle ainfx un arbre nain,
Voyz7^ la Table alphabétique de rarûcU Plante.
Buisson ardent. Voye^^ Néflier.
Buisson d'or. Voye^ Chrysobate.
BUKKU ou Bocho des Hottentots , ou DiOSMA
velu , Dinfma hïrfuta , Linn. ; Spircca Africana ^ odorata ,
foins pilofis , Comm. Rar. 3 , t. 3 ; etiam Laricis foliis ,
Rai. Suppl. Dcndr. 91 , n.° 7. C'efl: le nom d'un ar-
briiTeau qui croît au Cap de Bçanç-Elpérancç, ^ dont
B U L 495
les Hottentots font grand cas. Lorfqiie fes feuilles
font feches , ils les réduifent , ainfi que les capfules
des fruits , en une poudre qui efl odorante , d'un
jaune luifant , avec laquelle ils poudrent leur che-
velure : cette couleur leur paroît une partie conli-
dérable de leur parure : en cela ils ont ainfi que
nous , plus de coquetterie que de propreté. Hifiolrs
des Voyages,
Les fleurs font blanches , à cinq pétales ; les Habi-
tans du Cap de Bonne-Efpérance tirent de cette plante,
par la diftillation , une huile aromatique , très-péné-
trante , dont on fe fert à l'extérieur pour fortifier les
nerfs ; fa décodion efl utile à l'intérieur , dans les
retentions d'urine.
BULANGAM. Nom donné par les Malais à la ra-
cine d'une plante qui croît à Malacca , Sumatra & Java.
Les Portugais , qui en envoient en quantité à Goa ,
ont une haute idée de fes vertus médicinales, Ils l'ap-
pellent Rais wadre de Dïos ( Radlx De'iparœ ).
BULBE , Bulbus , & Bulbeux, Voyez à l'Alphabet
de l'article Plante.
BULBIPARE. Voye^ à la fuite de r article ViViPARE.
BULBOCODE printannier , Bulhocodiiim vernum^
Linn. ; Cokhicum vernuni Hifpanicurn , Bauh. Pin 69 ^
Tourn. 350. Petite plante qui croît dans l'Efpagne &
dans le Dauphiné. Elle a beaucoup de rapports avec les
Colchiques , & n'en diffère qu'en ce que fon flyle ell
iimple , les fleurs des colchiques ayant trois flyles dif-
tinâs. Le bulhocode efl la campanette de la Flore Fran*
çoife. Cette plante , qui fleurit à l'entrée du printemps ,
n'a que deux ou trois pouces de grandeur : fa racine
efl un bulbe arrondi , d'oii fortent quelques feuilles
lancéolées, qui s'enveloppent inférieurement. Sa fleur
efl en entonnoir , d'abord blanche , enfuite d un pur-
purin plus ou moins foncé ; elle naît prefque immé*
diatement de la racine & efl compofée de fix pétales
à languette ^dont les onglets font fort longs , étroits ^
49^ B U L
nipprochés on rciinis en tube ; de fix étamines , o^:
d'uix oviiire lupericiir , iuriTicnté d un ftyle fîiiforme
qui eil termine par trois ftigmates : le fndt eil une
capfule tiiaiigulaire , pointue 6c diviiée en trois loges
pclyfpcrmes.
BlLBONACH ou Lunaire , Lunaria, Genre de
plaiite cnicitere , dont M. Tourne fort a diftingué fept
eipecej. Nous en citerons trois principales : i.^ celle
appelée mèdailL , Lunaria majcr , jîtlquâ rotimciiore , J,
B. 2 , o8i , lourn. ; Viola lunaria jlvc Bulhonach , Ger.
377 5 Park. Sa racine eft glanduleufe : elle pouffe une
tige haute de deux à tiois pieds , groffe cocnme le
petit doigt , rameiife , velue , de couleur verte-rou-
geâtre ; les feuilles ibnt dentelées , femblables à celles
de Vonu , communément plus grandes : Tes fleurs , dif-
pofces comme celles à\\ chou , ^ compofées chacune
de quatre feinlles rangées en croix , font rayées ; leur
couleur eft purpurine : à ces fleurs fuccedent à^s lili-
ques oblongues , très-plates , arrondies : les lames ex-
tcritures de Tes cofTes font traverfees àts deux côtés
par un bord de couleur d'argent, comme fatinées ;
elles contiens eut des femences formées en petit rein y
d un rouge-brun & d'une faveur acre , aniere.
2.^ L'îut^e efpece fe nomme plus particulièrement
hulbonach , Lunaria viajor ^fdiquâ hngiore^ J. B. 2, 88i ,
Tourn. ; Viola lunaria major^JiUqiid cblongdy C. B. Pin.
203 : elle croît , de même que la précédente , avec
ou fans culture ; fes feuilles font plus larges ; lés
fdiques plus longues & plus étroites que dans la
médailU ; fes racines font rameufes & chevelues.
Les femences de cts plantes font eftimées diurétiques
& antiépileptiaues.
On diltingut une petite lunaire qui eft vivace , à fleurs
jaunes, à trts-petite filique plate &: arrondie, à feuilles
^ herbe à l'ép-rxier , ÔC velue , Thlafpidium Monfpelienjîs ,
hieracii folio hirfuto , aut Lunaria liiua ^ bifcutata y C eil
Wi faux thlajpi ; c'eft le thlafpidium velu.
La
B U L B U P 497
La petite Lunaire vulgaire efl iiPxC drave , Lunana kiLcol
fclio , JiUqud oblongd , majorï , Toiirn. Infi:. 218,; Luna*
na nd'wivci , Linn. 911.
BULITHE DE EŒUF. Nom donné à Vègcigropïh
qui le trouve dans reflomac de cet animal. A^oje^
Égagrôpile.
BUNE ou Bure. Voyzi Coulon- chaud.
BuNODE , Bunodus. Nom donné par M. Gucttard
à des tuyaux vermicul aires.
BU PLEVRE , BupUvrum, Nom d un genre de plante
à ficurs polypétalées , de la famille des Ombel/ifercs ,
ê^ qui comprend d.s h.rbes & des arbuflts la plupart
indigènes de l'Europe , & prefque tous munis de
feuilles très-fimples. Tous les hupUvres connus font
très-glabres dans toutes leurs parties. On dlfdngue :
Les BuFLtVRES à Uf^e herbacée.
Il y a : Le buplcvre appelé la perce-fcuilh anniizlk^V oyez
ce. mot. Le huplevrt étoile , des montagnes du Dauphiné
& de la Siiiffe , Buplcvriim jlellatum , Linn. Le buplcvrc
de roche , Bupkvnim petrœum , Linn. ; cette efpece croît
dans les montagnes du Dauphiné, de la Suiffe & de
l'Italie. Les feuilles radicales font aiguës , graminées
& longues d'un demi - pied ou environ. Le bupkvrs.
à larges feuilles , BupUvrum montanum latïfolium^ Tourn*
310 , Bauh. Pin. 277; il croît fur le Mont d'Or ^
dans les montagnes de la Provence , du Dauphiné &:
de la SuifTe. Le buplevre des Pyrénées ^ Bupkvrum Py»
renœum , Gouan. Le bupkvre à feuilks en faux ^ c'eft
la perce-feuilk vivace , Voyez ce mot. Le bupkvre a feullks.
nervcufcs , des Provinces Méridionales de la France ,
Bupkvrum rlgidum^ Linn. Le bupkvre ranunculcïde, Bu-
pkvrum ranunculoïdes , Linn ; il croit dans les Alpes ôc
dans les parties Méridionales de la France : wnQ très-
petite pointe termine les folioles de fes collerettes ,
& les feuilles inférieures font étroites , graminées 6c
nerveufes ; les fupérieures font lancéolées & aaipkxj^
Tome JI. I i
498 B U P
cailles. Le buplevre à feuilles à trois nervures , Biipkvrum
odontltes , Linn. ; cette efpece fe trouve dans les mon-
tagnes du Valais & en Italie , dans les endroits pier-
reux & les vignes. Le buplevre à ombelles demi-compo-
fëes , Buplevrum femicompojituni , Linn. ; cette plante ie
trouve en Efpagne. M. Goiian dit que les feme;ices font
chargées de petits points faillans. Le buplevre menu ,
FI. Fr. , Biipkvrmn tenul(Jimum , Linn. ; cette efpece fe
trouve en Italie , en France &: en Efpagne , dans les
endroits fecs ëc pierreux. Le buplevre à rameaux effilés ,
Buplevrum junceum , Linn. ; on le trouve dans les lieux
incultes en Provence , dans la Siiiffe &: dans l'Alle-
magne. Il y en a deux variétés.
BUPLEVRES à tige l'igneufe.
Il y a : Le buplevre frntef cent d 'Efpagne , Buplevrum
frutefcens , Linn. ; il naît fur les ramifications de la tige
principale , des tiges grêles , herbacées , garnies à leur
bafe de feuilles linéaires & aiguës. Le buplevre épineux
d 'Efpagne , Buplevrum Hifpanïcum , fruticofum acu-
leatum , gram'meo folio ^ Tourn. 310 ;. les dernières
ramifications font aiguës & refTemblent à des épines.
Le buplevre d'Ethiopie , Buplevrum fruticofum^ Linn. Ce
petit arbrifTeau toujours vert , toujours garni de feuilles ,
convient à la décoration des bofquets. Il fe trouve
aiifîî dans le Levant & dans les Provinces Méridionales
de la France. Toutes fes parties ont une odeur qui
approche de celle à\\ panais & du chervi. Sa fem.ence
efl eftimée bonne contre la morfure des bêtes veni-
îTieufes. Le buplevre des environs de Gibraltar, Buple-
vrum Glbralîarium , Linn. Il paroît n'être qu'une va-
riété du précédent. Ses fleurs font jaunes - verdâtres.
Enfin le buplevre hétérophylle , Buplevrum difforme ,
Linn. Il croît dans l'Ethiopie , dans l'hiver ou à l'en-
trée du printemps ; il porte deux fortes de feuilles ;
les unes font petites , pétiolées , compofées de trois
foUolcs planes , trifîdes , incifées & afTez femblables
B U P 499
à celles du perfil ; les autres , & larbrifTeau conferve
celles-ci en été , font plus longues , menues , filiformes ,
anguleufes ^ vertes & à demi-divifées en trois parties
pareillement filiformes , mais dont celle du milieu efl
plus longue , terminées chacune par trois petites pointes.
BUPRESTE , Bupreftus aut Buprcfiis, Ce nom efl
formé de deux mots grecs , qui fignifient faïn crever
les bœufs. Cet infefte efl: le même ou du même ordre ,
que Venfie-bœuf. M» Deleuy^e dit avec raifon que la
nomenclature varie pour les infedes comme pour
les autres parties de l'Hifloire Naturelle. M. Geoffroy ^
qui a mis beaucoup de fagacité dans la divifion
fynoptique ou rétabliffement des caractères des infeâes ,
donne le nom de buprejie à un genre de coléoptere
qui fe diflingue des autres genres du même ordre.
Les efpeces de buprejîes font des plus liomhreufes :
leur cara£l:fcre eft d avoir les antennes filiformes ou
faites en filet , c 'efl- à- dire , prefque d'égale grofTeur
par-tout , diminuant feulement un peu vers leurs
pointes & compofées d 'anneaux ou articles qui ne font
pas fort gros , ÔC peu faillans ; mais un caractère parti-
culier & efTentiel à ce genre de coléoptere ^ dont
toutes les jambes ont cinq articulations aux tarfes y
c'efl: une grande appendice qui fe trouve près de l'arîi-^
culation ou à la bafe des cuiiTes poflérieures ^ fem-
blable à un moignon d'une autre cuifTe : ces infe£res
font encore rem.arquables par la forme de leurs mâ-
choires qui pincent fortement 6c qui font plus groffes ,
& débordent davantage la tête que dans la plupart des
infeûes à étuis ; par leurs longues pattes , la légèreté
avec laquelle ils courent , leur odeur puante & fétide
comme du tabac . corrompu , & qui efl due à une ef-
pece de liqueur brune , acre & cauflique que jettent
par l'anus & la bouche la plupart des btiprefl^s lorf-
qu'on veut les prendre ; &: par le manque d^ailes dans
le plus grand nombre d 'efpeces , car on n'en trouve?
point fous leurs étuis*
U %
5Ô0 B U P
Les hupreflcs font à^s infedes très-voraces , qui man»
gcnt & dévorent iirpitoyabltmcnt tous les autres , &
même ceux de leur genre ou de leur efpece , & cela
moits ou vifs ; on les rencontre fouvent dans les jar-
dins , dans les endroits humides , fous les pierres dans
les campagnes , parmâ les tas de plantes pourries , &c.
Leur courïe eft très-rapide : plufieurs de leurs efpcces
ont une parure fort belle , fort brillante ; quelques-uns
ont des points de couleur d'or. Ceux qui font entiè-
rement dorés , &; qu'on voit courir rapidement dans
les champs , font de ceux qui mianquent d'ailes fous
leurs étuis. Il y a des buprejîes d'un petit volume ,
comme une puce ; d'autres font de la longueur d'un
travers de doigt , &c.
Nous avons dit que la plupart de ces infecles ^
même ceux qui ont une parure brillante , font dange-
reux : il faut fe mener de ces dehors trompeurs , c'eft
un habit perfide qui cache le poifon : il faut donc les
prendre avec précaution , car ils contiennent une li- -
queur acre , caufrique 6c brûlante , capable d'occafio-
Yi^'î à un Obfervateur une cuifTon & une douleur aiTez
vive , lorfqu'elle rejaillit foit dans l'œil , foit fur les
lèvres. On doit aufii fe garantir de leiu-s pinces. On
prétend que lorfque les bœufs ou autres animaux pâ-
turans en ont miangé , ou avalé , ils enflent , qu'il leur
furvient une fuppreiîion d'urine ôc qu'ils périffent ; ce
qui a fait nommer cet infefte enfle-bœuf.
Les larves de ces in/edes vivent en teiTe ; c'efl ce
qui fait qu'elles font difHciles à rencontrer ; &: le
buprcfa dans l'étr.t de larve ( ou ver ) , efl aufîi vorace
que fous celui d'iiifcdle ailé & parfait. Ces larves font
longues , cylindric[ues , molles , blanchâtres , armées
de^ fix pattes brunes , écailleufes : leur tête efî dô
même de couleur brune ; elle a en defTus une efpece de
petite plaque ronde , brune , écailleufe , au-devant de
laquelle efl: la bouche, accompagnée de deux fortes de
mâchoires : ces larves induiliieiifes par néceffité ont
B U P 501
recours pour vivre à la force ou à la rufe ; les unes
font ouvertement la guerre aux infedes qu'elles pour-
fuivent ; d'autres s'établiflent dans des nids de chenilles
procefTionnaires ; d'autres enfin fe mettent en embuf-
cade à l'ouverture ronde de leur trou : car ces larves,
dit M. Geoffrdi , fe creufent en terre des trous cylin-
driques , profonds , perpendiculaires , dans lefquels elles
fe logent ; l'ouverture de ces trous ell parfaitement
ronde ; quelques efpeces les font dans des terrains fecs
& arides ou fablonneux ; d'aujres dans des terres plus
humides , au bord des ruiffeaux. C'eil au fond de ces
trous qu'on rencontre fouvent la larve du bupnfie.
Pour la trouver' ti la furprendre , il faut creufer peu-
àrpeu le terrain dans lequel ce trou eft pratiqué. Mais
comme fouvent dans cette opcration la terre ., en
s'écroulant , remplit le trou , & empêche de le recon-
noître &: de le fuivre , il t'a nccelTaire d'ufer d'une pre-
mière précaution , c'efl de com.mencer par enfoncer
dedans une paille ou un petit morceau de bois , qui
pénétrant jufqu'au fond de la retraite , fert à conduire
61 à empêcher de perdre la fuite de ce conduit. Lorf-
qu'on cfl: parvenu au fond , on trouve la larve en
queflion , qui tirée hors de terre , fe replie volontiers
en zigzag. Ces ouvertures que pratique dans la terre
cette larve , ne lui iervent pas feulement à fe loger &:
à mettre à l'abri fon corps qui efl mou tk: tendre , mais
encore à fe cacher pour drefler des pièges aux infedes
dont elle fe nourrit. Cette larve fe tient en ernbufcade ,
précifément à l'ouverture ronde de ce trou. Sa tête eft
à fleur de terre , & l'ouverture ou entrée eil exade-
ment remplie & bouchée par la plaque ronde & écail-
leufe que la larve a au-deiTus de fa tête. C'efc dans
cet état que fe tient patiemment cette larve , à moij.is
que quelque alarme ne la faile enfoncer dans fa retraite.
Les infedes qui ne fe défient pas du piège , fe pro-
meneuit fur ce terrain , & venant à paffer fur l'ouver-
ture du trou que ferme la tête de la larve , ou font
îi t
502 B U P^ B U R
faifis par les fortes mâchoires de l'ennemi qui les
guette , ou bien s'ils ne font pas arrêtés fur le champ
par ces pinces vigoureufes , ils tombent dans le préci-
pice ( dans le trou ) qui s'ouvre fous leurs pas par le
mouvement que fait la tête de la larve , précifément,
comme une bafcule. Telle efl: la nife de la larve du
huprejh pour dévorer fa proie à loifir. Rien n'efi: plus
amuiant que d^obferver le manège de cet infe£le , qui
fans fortir de fa retraite , trouve moyen de faire tomber
dans fes pièges les autres infedes dont il fe nourrit.
Tous les curieux peuvent trouver un grand nombre de
ces vers au commencement du printemps.
M. Linnœus donne le nom de buprejîc à fept efpeces
d'infecles coléoptères , mais qui font réellement d'un
genre différent ; tels font les hannetons , les caniharides»
.Voyez CCS mots.
Bupreste. C'eft aufli le nom, mais impropre, d'une
petite araignée rouge , qui dévorée par les bœufs , leur
caufe les mêmes accidens que le buprcfie enfie-bœuf
dont on vient de parler.
BUREOT. Nom donné par quelques-uns à la Lotte.
Voyei ce mot.
BURES. Nom donné aux puits profonds que l'on
pratique dans une mine : on en fait deux ordinai-
rement à la fois ; l'un pour remonter les m.atieres
& donner de l'air ( c'eil la bure d'airage ) ; l'autre
pour l'établifTement des pompes à épuifement. On
pratique cette dernière bure plus profonde , afin de
donner lieu à l'écoulement facile des eaux. Voye^
r article M IN ES.
BURGAU. Limaçon à bouche ronde , qui , félon le
P. du Tertre dans fon Hijloire Naturelle des Antilles' ^ efl
aulTi commun dans ces liles bordées de rochers , que
ies limaçons en France. Il y en a de plufieurs efpeces
différentes : on voit de ces coquillages de la groffeur
du poing ; mais communément ils n'en excédent point
la moitié. Il y en a une efpece très-grande , appelée
B U R 505
olearia ou rotunda , qui contient quatre livres d'eau :
on en faiibit ulage autrefois pour mettre de l'huile,
Lorfqu'on retire ces coquillages de la mer , la
coquille paroît grife' - brune ; mais lorfqu'à l'aide
des acides on a enlevé toute la matière terreufe
& l'épiderme qui l'environnoient , &: qu'on l'a fait
paffer fur une meule douce , alors on voit briller
une coquille argentée ou nacrée , nuancée de grifiiille
d'une manière inimitable. 11 y a une efpece de bureau
très-beau , émaillé de vert , &; que l'on appelle . la pian
de. Jh'pent,
C'efl de ces diverfes efpeces de coquilles , & notam-
ment du nautile épais , autre efpece de coquille , que
les Ouvriers tirent cette belle nacre qu'ils appellent
hurgaudine , & qui ell plus brillante que celle des
perles : ils font avec cette nacre de jolis ouvrages de
bijouterie , comme tabatières , navettes , couteaux àc
autres.
Le burgaii a pour opercule une écaille noire , ronde ,
& mince comme une feuille de papier , mais plus forte
que la corne , avec laquelle au moindre danger il s'en-
ferme exatlement dans fa coquille. On ne peut retirer
l'animal de fa coquille qu'en le faifant cuire : on n'en
mange que la partie tournée en limaçon , après avoir
ôté lui intefîin verdâtre qui contient fes excrémens , 6c
que Ton dit être fiévreux.
BUR.MANE , Burmannia, Nom d'un genre de plante
unilobée , qui paroît avoir quelques rapports avec les
caragates , & qui comprend des herbes exotiques dont
la tige efl fimple & dont les feuilles radicales font gra-
minées. La fleur confifle en un calice monophylle ,
coloré , long , prifmatique , à angles mem_braneux , &
divifé en fon bord en fix découpures , dont trois inté-
rieures & pétaliformes , petites ; il y a fix étamincs &
un ovaire : le fruit efl une capfule trigone , couverte
par le calice , triloculaire , ôi qui contient des femences
très-menues,
li 4
504 B U R , B U S
II y a : La burmaiie k deux épis , Biirmannïa dijîicha ^
Linn. ; elle croît dans les lieux huniiaes <Sl marécageux
<ie l'Iile de Ceylan* La burmane à deux fleurs , Bur-
Tndîinui hifiora , Llnn. ; elle croît "dans les lieux hiirwides
de la Virginie. Les ilcurs Ibnt de couleur purpurine :
celles de l'elpece précédente ibnt bleuâtres.
BuRNET! Voy^i FiMPRENELLE.
ELRUM CHAi>IDALL A o^. Sain-foin oscillant.
BUSARD 5 Circui. Oîl'tau de proie dont on diilingue
plufr.'urs efpeces ; il y a : Le ^ os bufard ou bufard des
jfl. cnL 423 ; c'efî: une variété de l'autour ou l'autour
blond. Le bufard varié ; autre variété de l'autour. Le
hufard roux ou harpayt ; il en exiite auiii fept elpeces
à Cayenne. Le bnjard du Erlfil ; Voyez caracara du
Bréiil. Le faux pcrdrim de Bdon , ou le bufard de
marais , pi. enl. 414 , en latin"^, Mllvus œruginofus ;
celui-ci, que nous décrirons , efl de la groiieur de la
corneille: les p' urnes du corps lent de couleur de rouille
foncée ; le deffus de la tête eft d'un jaune-rculiâtre ; le
bec efl noir, crochu, &: a preique un pouce & demi
de longueur ; la membrane qui couvre le bec efl: d'un
jaune-verdâtre : l'ouverture des narines efl obiongue :
le dedans de la bouche efl moitié noir & moitié bleu ;
la langue fort. large: les yeux font peu gros , l'iris efl
de couleur de fafran : quand les ailes font pliées , elles
s'étendent prefque jufqu'au bout de la queue ; les pieds
& les jambes font jaunes , & les ongles noirs ; le doigt
extérieur tient au doigt du milieu par une membrane.
Il efl à remarquer que le côté intérieur dt l'ongle du
m'' l'eu efl tranchant.
Le bufard efl en ginéral un oif^au çui a quelque
refTemblnnce avec le m'' lin: il en diifere parce au'il a,
comme la bufc & la bondrée , le cou gros &; coiirt ; au
lieu que les milans l'ont beaucoup plus long : & on
difl:'r!gue aifément le bufard Aq 'a bufe ^ i.^ par les lieux
qu'il habite ; 1.° par b vol qu'il a plus rapide & plus
kxiv^ -y l.^ paice qu'il ne fe perche pas fur de grands
BUS 505
arbres , maïs fur des arbufles , &: que communément
il fe tient à terre ou dans des buifTons ; 4.*^ on le
reconnoît à la longueur de fes jambes , qui , comme
celles de Voifeau S aint'Ma.rtln & de la foubufc , font à
proportion plus hau es & plus minces que celles des
autres oifeaux de rapine.
Cet oileau eft plus vorace & moins parefTeux que
la bule , & c'eft peut-être par cette raifon qu'il paroît
moins ftupide &: plus méchant. Il fait une cruelle guerre
aux lapins , &: il efl aufîl avide de poifîbn que de gibier.
Au lieu d'habiter , comme la bufe , les forêts en mon-
tagne , il ne fe tient que dans les buiflbns , les bruyères ,
les haies , les joncs , & à portée des étangs, des marais,
& des rivières poifTonneufes. Il niche dans les terres
balles , & fait fon nid à peu de hauteur de terre ,
dans des buiffons , ou même fur des mottes couvertes
d'herbes épaifT.s ou en friche. Il pond trois ceufs , quel-
quefois quatre , oC quoiqu'il paroifTe produire en plus
grand nombre que la bufe , qu'il Ibit , comme elle ,
pifeau lédentaire & naturel en France , & qu'il y
demeure toute Tannée , il tfl néanmoins bien plus rare
ou bien plus difficile à trouver. •
Le hiifard chaffe de préférence les poules d'eau , les
plongeons , les canards , & les autres oileaux d'eau : il
prend les poifTons vivans , & les enlevé dans fes ferres.
Au défaut de gibier ou de poifîbn , il fe nourrit de
reptiles , de crapauds , de grenouilles & d'infeftes aqua-
tiques. Quoiqu'il foit plus p-tit que la bufe , il lui faut
une plus ample pâture , & c'eil vraifemblablement
parce qu'il eil plus vif, & qu'il fe donne plus de mou-
vement , qu'il a plus d'appétit : il ell: auffi plus vaillant.
Bdon aiTure en avoir vu qu'on avoit élevés à chafler
& prendre des lapins, à.t% perdrix & des cailles. Il vole
plus pefam^ment que le milan , & lorfqu'on veut le
faire chafler par des faucons , il ne s'é^eve pas comme
celui-ci , mais fuit horizontalement : un feul faucon
ne fufnt pas pour le prendre > il fauroit s'en débariaffer
îo5 BUS
&: même l'abattre ; en forte qu'au lieu d'un feu!
faucon il en faut lâcher deux ou trois pour en venir
à bout. Les hobereaux & les crécerelles le redoutent ^
évitent fa rencontre , & même fuient lorfqu'tl les
approche.
BUSE , pL etiL 419, en latin, Buteo vulgaris, C'eil,
après V aigle , le condor & le grand faucon , le plus gros
de nos oifeaux de proie ; on le voit fréquemment dans
ces pays-ci ; il eft de la groffeur àufaifan, La longueur
de fon corps eft d'environ vingt pouces ; fes ailes éten-
dues ont quatre pieds & plus ; fa queue n'a que huit
pouces s & fes ailes, lorfqu'elles font plices, s'étendent
un peu au-delà de fon extrémité ; le plumage fupérieur
de cet oifeau , eft mêlé de couleur de rouille & de
noir ; celui du ventre &: de la poitrine efl: varié de
blanc fale & de brun ; l'iris de fes yeux efl d'un jaune
pâle & prefque blanchâtre ; il a , ainfi que tous les
autres oifeaux de proie , la vue perçante , & efl armé
d'un bec noirâtre , pointu , un peu recourbé , & de
griffes vigoureufes & noires ; les pieds font jaunes,
auffi bien que la membrane qui couvre la bafe du bec.
Lorfque la biifi eft en colère , elle ouvre le bec 6c
y tient pendant quelque temps fa langue avancée juf-
qu'à l'extrémité. L'obfervation n'a point confirmé ce
que l'on avoit avancé , que le mâle avoit trois tefli-
cides. Cet oifeau , dit M. de Buffon , demeure pendant
toute l'année dans nos forêts. 11 paroît alTez ftupide ,
foit dans l'état de domellicité , foit dans celui de liberté.
Il eft affez fédentaire & même pareffeux : il refte fou-
vent plufieurs heures de fuite perché fur le même
arbre : fon nid eft conflruit avec de petites branches,
& garni en dedans de laine ou d'autres petits maté-
riaux légers & mollets. La hifc pond deux ou trois
œufs qui font blanchâtres, tachetés de jaune : elle
élevé & foigne fes petits plus long -temps que les au-
tres oifeaux de proie , qui prefque tous les chaffent
du nid avant qu'ils ibiçnt çn état de fe pourvoir. Ray^
BUS 507
affure même que le maie de la bufe nonrnt &: foigne
fes petits lorfqu'on a tué la mère. Cet oileau de rapme,
le plus commun dans nos campagnes , eft un chalTeur
qui ne donne pas la chalTe à la proie en la pourfuivant
au vol ; il relie fur un arbre , un buiffon ou une motte
de terre , &: de là le jette fur tout le petit gibier qui
palTe à fa portée ; il prend les levrauts & les jeunes
lapins , aulîi bien que les perdrk & les cailles ; pen-
dant l'été, il dévalle les nids de la plupart des oifeaux;
il fe nourrit aulTi de grenouilles , de lézards , de fer-
pens , de fauterelles ; 6l lorfque le gibier lui manque,
il ne dédaigne pas au befoin les rats, les taupes &
même des vers de terre. S'ell41 emparé d'une grofle
proie , il fe retire à l'écart dans un lieu folitaire ,
pour y dévorer paifiblement fa picorée. Cette efpece
elt fujette à varier , au point que fi l'on compare
cinq ou fix biifes enfemble , on en trouve à peine deux
bien femblables. Il y en a de prefque entièrement
blanches , d'autres qui n'ont que la tête blanche , d'au-
tres enfin qui font mélangées différemment les unes des
autres , de brun , de blanc. Ces différences dépendent
principalement de l'âge &: du fexe ; car on les trouve
toutes dans notre climat.
Buse a figure de Paon , de Catesby. Voyez
Urubu.
Buse cendrée , Buteo colore cîmrco. Cet oifeau ,
ap-pelé par M. Brijfon , Faucon dz la Baie d'Hudfon ,
ell de la grandeur d'un coq ou d'une poule de moyenne
grolTeur. Il relTemble par la figure , & en partie par
les couleurs , à la bnfe commune : le bec & la peau
qui en couvrent la bafe , font d'une couleur plombée,
bleuâtre ; la tête & la partie fupérieure du cou , font
couvertes de plumes blanches , tachetées de brun foncé
dans le milieu ; la poitrine ell blanche comme la tête ,
mais marquée de taches brunes plus grandes ; le ventre
& les côtés font couverts de plumes brunes, mar--
quées de taches blanches , rondes ou ovales , les jambes
5o8 BUS
font couvertes de plumes douces &C blanches , irré-
gulièrement tachées de brun ; les couvertures de
<ieiibus la queue font rayées tranf^^rfalement de
blanc 6i de noir ; toutes ier> parties du cou , du
cos y des ailes 6c de la queue , font couvertes de
plumes d'un brun - cendré , plus foncé dans leur
milieu , 6c plus clair fur les bords ; les couver-
tures du defTous des ailes font d'un brun fombre ,
avec des taches blaxiches ; les plumes de la queue
font croifées par - defïïis de lignes étroites 6c de
couleur obfcure , 6c par - delTous croifées de lignes
blanches ; les jambes 6c les pieds font d'une couleur
cendrée , bleuâtre ; les ongles font noirs , 6c les
jambes font couvertes jufqu'à la moitié de leur
longueur , de plumes de couleur obfcure. Cet oifeau
fe trouve dans les terres de la Baie d'Hudfon , 6c
fait fa principale proie de gelinottes blanches. M. de
Buffon ayant comparé cet oifeau avec les Imfes ,
foubufes y harpaycs & bufards , il lui a paru différer de
tous par la forme de fon corps & par fes jambes
courtes : il a le port de l'aigle, & les jambes courtes
comme le faucon , & bleues comme le lanier. Il lui
a paru qu'il vaudroit mieux le rapporter au genre du
faucon ou à celui du lanier : mais , dit M. di Buffon^
comme M. Ed'^/ards eft un des hommes du monde
qui connoît le mieux les oifeaux, 6c qu'il a rapporté
celui-ci aux bujh , nous avons cru ne pas devoir tenir
à notre opinion , 6c fuivre la fienne, Âui?i , par cette
raifon , M. de Buffon place-t-il cet oifeau à la faite
de l'hiftoire des bufcs.
Il ell: mention dans le Voyage aux Indes & à la
Chine , d'une petite biife criarde & difficile à approcher ;
elle fe tient dans les champs enfemencés de riz.
BUSELAPHUS de Caïus , eft le biihak. Voyez
Bubale.
BUSSEP.OLE ou BOUSSEROLE. Voyei Raisin
x>'(X;rs,
BUT 509
BUTONIC , Buîonica. Riimph. Amb. ; Mammai
JJiûtica , Linn. ; Ccmmcrfcna , Scnnerat, Giiin. t. 8, 9 ;
Barrir? gtcn'ia fpecîofa , Forft. C'eft un bel arbre de
la famille des Myrtes ; il croît ordinairement vers
les bords de la mer , &: près de l'embouchure des
fleuves , dans les Indes Orientales , les Moluques ,
liir la Côte Auurale de la Chine , &c. Cet arbre
intéreffe ncn-feulement par fon port & par l'cmibre
cpaiffe que produit l'étendue de fa cimie , mais encore
par fcs fleurs qui (ont grandes , terminales , difpofécs
cinq à vingt enfcmible en bouquets iolitaires , &
d'un blanc éclatant , mêlé de pourpre ; elles s'épa-
nouifîent le foir , tombent d'elles-miUiies à la naif/ançe
du jour ; &: la terre jonchée de leurs longues étamines ,
qui font d'un pourpre vif , paroît alors comme
teinte de fang. Le fruit eu une greffe noix pyra-
midale , quadrangulaire , couronnée par le calice ,
confervant le flyle de la fleur, d'un brun-rouffâtre ,
de la grcfTeur du poing , & qui contient fous un brou
charnu , dur & épais , un noyau ovale , obtufément
quadrangulaire , ridé & fibreux à l'extérieur r, unilocu^
laire & monofperme. Les Indiens font ufage de ces
fruits parmi leurs alimens , & s'en fervent aufîi pour
prendre le poifîbn qu'ils enivrent par leur moyen ,
en les jetant dans reau. Les feuilles , qui ont plus
d'un pied de longueur , font élargies vers leur fcmrnet,
cunéiformes , entières , glabres , luifantes , un peu
épaifîés , d'un beau vert , & avec quelques nervures
latérales.
BUTOR. C'efl le hércn koïlL Voyez à ranlck
HÉRON.
BUTRON. Efi:ece de bœuf fauvagc de la Floride,
C'efï im bifon , efpece à^aurcchs. Voyez ces mots.
BUTTNERE , Buttneria. Genre de plante à fleurs
polyp étalées , de la famille des Cacaoyers , & qui com-?
prend des arbrifTeaux exotiques ; les feuilles font fim-
ples , alternes j les fleurs axillaires ^ les rameaux 6l
çio B U T B U X
la tige fouvent munis d'aiguillons comme ceux des
ronces ; le fruit eil une capfule globuleufe , hériffée
de petites pointes , oc diviiée intérieurement en cinq
loges polylpermes.
Il y a : La hitttntre. à feuilles longues , de l'Amérique
Méridionale , Buttneria fcahra , Linn. ; celle à feuilles
cvales , du Pérou ; c'cil le China - cacha àes Péruviens,
La huttnere à feuilles en cœur j des environs de Lima;
celle à rameaux cylindriques , du Pérou ; celle à puites
feuilles , de l'Amérique.
BUTUA. Voyzi Pareira-brava.
BUVEUR DE VIN ou Berbe. Voyei Fossanë*
BUXBAUME, Buxhaumia aphilla ^ Linn. 1570,
Dillen. tab. 68. f. 5. Efpece de moufîe fort finguliere,
& qui mérite d'être connue , d'après la defcripticn
qu'en ont publiée MM. Linnœus & Martin. Cette plante
obfervée d'abord près d'Ailracah par le Botanifle
Buxbaum , l'a été depuis dans les pays SeptentrionauTi :
on la trouve en Avril & Mai fur les bords fablonneux
des folles. Elle eil infiniment petite , & commence
à fortir de la terre fous la forme d'un petit œuf garni
en deifous de deux ou trois petites fibres qui font les
fonctions de racines : les côtés font parfemés de quel-
ques petites écailles qui tiennent lieu de feuilles. Cette
efpece d'œuf s'ouvre horizontalement par fon milieu
en deux portions à-peu-près égales , mais dont la fu-
périeure eil foulevée comme une coiffe ( calyptra ) ,
pnr une tête ovoïde qui fort du milieu de la portion
inférieure creufée en foucoupe , & qui reile attachée
à la terre par fes racines. La coiffe tombe , & la tête
qui efl articulée avec ion pédicule , s'alonge jufqu'à
cinq lignes environ. Cette tête ell couronnée d'un
opeixule qui tombe aufîi après s'être ouvert horizon-
talement comme dans les autres mouffes. Les Obfer-
vateurs du Nord ont remarqué une anthère pendante
par un petit filet , ^ attachée au-deffcus de cet oper-
cule ; & au fond de la capfule des graines fous la
B U X 511
îbrme d\me poufîiere fort fine , jaune , verdâtre &
trcs-ondueufe.
Cette finguiaritë obfervée dans le huxhaumia , don-
nera peut-être lieu d'éclaircir quelques points de la
fru£liiication des autres mouiTes , fur-tout dans celles
qui ont des anthères operculées , parce qu'elles peu-
vent avoir auili les étamines renfermées dans la même
capfule , comme il arrive dans le kmma & la pillulaire.
Voyez ces mots. Il paroît que ce qu'on a pris jufqu'ici
pour àes grains dans les cônes des plantes mouffes
regardées comme femelles , ne font , dit M. Adanfon ,
que des rejetons qui font les fonâ:ions de graines.
Mais la connoiffance qu'on a de la nature des anthères
des autres moufles & de la pouffiere qu'elles con-
tiennent , femblent nous démontrer que la tête du
buxbaumia n'ell qu'une anthère prefque entièrement
femblable à elle, qu'elle contient une pouffiere de
même nature , & qu'enfin ce n'eil qu'une étamine ,
qu'une fleur mâle , qui doit faire foupçonner que la
fleur femelle fe trouvera fur un autre individu. L'Ob-
fervateur DilUn afTure avoir femé . plufieurs fois la
poufîiere des anthères à^s mouffes fans en avoir vu
lever aucuae plante , tandis que la pouffiere des têtes
femelles , fort différentes des anthères , étant femée ,
produifoit de petites plantes femblables à leur mère.
Ainfi les cônes & les étoiles obfervées dans les mouffes,
font des fleurs femelles de même que leurs capf.iles ;
& il paroit de la dernière évidence que les corpufcules
doués de la faculté de végéter , qu'on trouve entre
les écailles de ces cônes , font , comme il efl dit ci-
deffus , de vraies graines , ou au moins des rejetons
qui en tiennent lieu.
M. H aller dit, dans l'édition de ce Diciionnalre faite
à Y Verdun , être le premier qui ait découvert la bux-
baumia en Europe, & il l'a trouvée en Suiffe : l'an-
thère qu'on y a cru reconnoître , efl , félon lui , quelque
chofe de bien difêrent d'une véritable étamine, Il.y a
512 B Y A B Y S
phîfieurs mcuffes qui , comme la buxhaumla , ont (îeiî%
iacs l'un dans Fauti e , dont la capfule eft compofée ,
l'extérieur dur &: prefaue cartilagineux , l'intérieur
tendre & foible. 11 defcend du haut de la capfule un
filet oui entre dans c^tte capflile , & qui s'attache à
fon fond. Plufieurs h-yums & un fphagnum que j'ai
découv rts , pourfuit M. HalUr , ont la mêm.e ftmc-
ture. Voyei MousSE.
BYARÎS. Nom eue les Bafcues donnent au cachalot^
BYSSE ou Eyssus. Voyc^^ Bïssus.
CAA-APIA,
C A A 5,15
A A - API A, Marcgr. Braf. 52, Pif. Braf. 232;
C'eft une efpece de dorjîme qui croît au Bréfil , à
Monte- Video &: au Magellan, dont la racine eil de
la groiTeur d'un tuyau de plume de cygne , noueufe ,
garnie de fîlamens , d'un gris - jaunâtre en dehors ,
blanche en dedans ; d'abord infipide au goût , puis
clevenant un peu acre & piquante. Ses feuilles font
d'un vert luifant en deffus , blanchâtres en delibus ,
prefque arrondies , légèrement crénelées : fa fleur efl
radiée, & fes femences font rondes. Les Habitans du
Bréfil pilent la plante entière , & font ufage de fon
iiic pour arrêter le flux , faire vomir , remédier à la
morfure des ferpens & à la bleffure des flèches em-
poifonnées. On dit même qu'il fuffit de préfenter la
racine du caa-apia ou celle d'angélique , au ferpent
nommé boiciningua , pour l'étourdir & le faire périr.
Mémoires de VAcadlmk des Sciences , lyoo. Voyez
DORSTENE.
C A AIGU ARA. Nom donné par Marcgravc au
pécari ou tajacu , efpece de fanglier du Bréfil. Foyc^
Tajacu.
CAAOPÎA. Petit arbre du Bréfil , dont l'écorce eft
d'un rouge-cendré , &: contient une efpece de moelle.
Son bois efl fort & branchu ; fes feuilles font fermes,
rouges en defTous &: vertes en deffus ; fes fieurs font
en ombelle , d'un vert- jaunâtre , cotonneufes & fui-
vies de baies verdâtres , groffes comme des cerifes , cou-
vertes d'une coque molle. Ce fruit donne par expref-
iion un fuc d'un beau jaune. Cet arbre fleurit en
Novembre , & fon fruit mûrit en Janvier. Si l'on fait
une incifion à fon écorce en Oftobre , il en fort une
Tome IL Kk
V4 C A A
rcfine d'un beau jaune, fort érofive. Les Nègres s'eiî
fervent pour fe purger. Ray^ Hijî, Fiant,
CAAPÉBA ou Liane a glacer l'Eau , ou Liane
A Serpent , Anfloloààa folio hdcracco^ trifido^ maxima
flore , radice upmu ^ Plum. Cat. 5. C'efl une^ plante du
Bréfil, qui a beaucoup de rapports avec V arijîoloche:
clématite. Elle pouffe des tiges très-farmenteufes , & qui
s'attachent aux arbres voifins. SeSr feuilles font fort
minces , verdâtres en delTus , tantôt rondes & tantôt
ayant la forme d'un cœur. Il s'élève d'entre elles des
pédicules roux , portant en leurs fommets au mois de
Juillet des fleurs jaunâtres ; il fuccede à chacune de
ces fleurs un petit fruit gros comme un pois , ovale ^
rouge en dehors , vert en dedans. Sa racine , principale
partie de cette plante d ufage en Médecine , efl d'a-
bord grisâtre & greffe comme le petit doigt ; m.ais en
vieilliffant, elle devient noire, brunâtre à lextérieur
& groffe comme le bras. Sa fubilance intérieure eft
eompad:e , ondueufe , d'un goût amer. Quelques Bo-
taniftes ont cru que c'étoit le contrayerva. Voyez
Lochner , & les nouveaux genres du P, Plumier. D'au-
tres difent , mais fans vraifembîance , que le caapcba
cft le pareira-brava. Voyez ce mot. Ne feroit - ce pas
plutôt Vapinel} Voyez ce mot.
Le caapéba eil alexipharmaque : coupé par tranches,:
înfufé &: macéré pendant quelques jours dans de l'eau,
il donne à cette liqueur un goût de vin ou de bière.
Cette déc©£tion eff benne pour la morfure des ferpens
venimeux. On tire aufîi le fuc de la feuille &: de. la
racine pilées cnfcmble, & on le mêle dans du vin
pour le même ufage. Il faut encore avoir foin d'ap-
pliquer le marc fur la morfure après en avoir un peu
frotté la plaie : par ce moyen on guérit furement en
vingt-quatre heures. On a appelé le caapéba , liane à
glacer^ parce qu'infufée dans l'eau elle la rend muci-
lagineule comme une gelée. On a donné auffi le nom
de caapéba à la liane à cœur. Voyez cet article»
C A B jîj
CAÊARET , Oreille d'Homme ; Rondelle ^
Girard - Roussin , Nard sauvage , Afarum ,
Dod. Pempt. 3s8,Tourn. 501 -^Afarum Europœum ^
Linn. 633. C'efl une plante d'Europe qui a été en
grande réputation dans le fiecle dernier , comme
errhine ; elle fe plaît dans les forêts ; elle eft très^
baffe, fans tige, &: toujours verte; fes feuilles, qui
font toutes radicales , par paires , pétiolées ^ très-en-
tières , glabres , très-liffes en deffus , font réniformes
ou d'une figure affez approchante de celle de l'oreille ;
ce qui l'a fait nommer orcilU d'homme ; fes fleurs font
à douze étamines , purpurines ou verdâtres , portées
fur des pédicules qui partent de la racine, mais fi
courts , qu'elles font cachées fous les feuilles ; à ces
fleurs luccedent des fruits divifés en fix loges , qui
contiennent des graines femblables aux grains de raifm;
fa racine efl: vivace , rampante , petite , anguleufe , re-
courbée , fibreufe , tortueiife , noueufe & brunâtre.
Les feuilles 6c les racines du cabant font douées
d'une odeur pénétrante , &: d'un goût acre» Elles pro-*
voquent fortement le vomiffement & les felles. \.^s^
femmes enceintes doivent en éviter l'ufage comme
capable d'expulfer le fœtus. Les meilleures nous font
apportées lèches de l'Allemagne , du Dauphiné , du
Languedoc & de l* Auvergne.
Un Médecin Anglois a éprouvé que quatre ou cinq
grains de feuilles de cette plante en poudre ^ prifes en
guife de tabac , font très-utiles dans les maux de X.q,X.q.
On les prend le foir en fe couchant ; le fommeil n'en
efî peint troublé , & le lendemain il s*évacue une
grande quantité de férofités par les glandes du nez.'
Ce flux , fuivant l'obfervation de l'Auteur de la Mature.
Médicale , dure quelquefois trois jours entiers , ce qui
caufe un grand foulagement au malade. Ce remède a
été aufîi éprouvé avec fuccès dans une paralyfie de la
langue &: de la bouche. On appelle aufîi cette plante
Id, panacée des fiivns quartes : les Payfans en font leuï
5i6 C A B
fébrifuge. Les Maréchaux font prendre de ïa racine dé
cabaret aux chevaux , depuis une once jufqu'à deux ,
pour les guérir du farcin. On trouve quelquefois ,
au rapport de Poma , fous les racines du cabaret , en-
viron un pied dans terre , wne manière de truffe ronde,
de couleur jaunâtre en dehors , blanche en dedans ,
empreinte d\in fiic laiteux, cauilique & brûlant. On
a donné , dit-on , à Yafarum le nom de cabaret , parce
qu'on s'en fervoit autrefois dans les cabarets pour fe
faire vomir quand on avoit trop bu.
On voit au Jardin du Roi un très-bel afarum étran-
ger , qui eil le grand cabaret du Canada , afarum
^TTiericanum , majus , Hcrt. Reg. Par. ; Afaroii Cana-
dcnfe , Corn. 24.
Cabaret, pL enl, 485 , fig. 2. Oifeau de paf-
fage , de la groffeur ^ à-peu-près de la couleur du
roitelet; c'efl la plus petite des linottes^ le picaveret
de Belon. Il a le chant fort agréable , & efl encore
rare ; mais on en trouve chez quelques Oifeliers dans
l'état de liberté ; le defîiis de fa tête efl rouge ; il y
a fur le croupion du mâle , une tache de la même
couleur ; la poitrine eft rouffâtre y le ventre blanchâtre ,
les côtés & le defîlis du corps variés de brun & de
rouffâtre , ainfi que la queue qui ell fourchue ; le bec
jaunâtre , & terminé de noir à fa pointe ; les pieds
bruns , les ongles noirâtes. Cet oifeau arrive dans nos
Contrées vers le milieu de l'automne , & difparoît au
printemps ; il vit ou folitaire , ou en compagnie peu
nombreufe.
CABASSOU ou Kabassou. Foyei à r article
Armadille.
CABÉLIAU ou Kabliau ou Cabillaud. Efpece
de petite morue fraîche , nommée ainfi par les Fla-
mands , & que l'on fert fur nos tables en Février , &:c.
Sa chair ell d'un goût exquis , &: pafle généralem.ent
par-tout pour un manger délicieux. Fojci au mot
Morue.
C A B 517
CABîAï ou Porc de Rivière, Porcus fluvïatilis.
Çuadrupede demi - amphibie qui fe trouve dans
toutes les terres baffes de l'Amérique Méridionale ,
ainfi qu'au Bréfil , aux Amazones &: à la Guiane ;
c'efl le capyhara des Braiiliens. Conlliltez Marc^ravù
& Pif on ; c'efl le cochon d\au de Def marchais ; le
capivard de Fro^tr ; le fus maximus palufris de 5^r-
rere ; VHydrochœrus dans la Nonunclaturc latim de
M. Brljfoîi,
Cet animal eft un fiffipede irrégulier, comme le
tapir ; il ne reffemble que très-peu au cochon , auquel
plufieurs Naturaliftes l'ont comparé ; au contraire il
en difrere par de grands carafteres très - effentiels &
très-apparens : {'à tête eft beaucoup plus courte ; fa
gueule a moins d'ouverture , & elle eft fans dents
canines ; mais chacune de fes mâchoires eft garnie de
deux dents incifives & de huit dents molaires affez
fingulieres , car elles font fendues à demi , chacune en
trois parties , & repréfentent trois dents attachées les
unes aux autres. Le cabiai eft de la grandeur d'un co-
chon de deux ans ; les plus grands peuvent pefer juf-
qu'à cent cinquante livres : fon mufeau eft gros &
obtus ; fes yeux grands ôc noirs , {es oreilles petites &
pointues : il a des mouftaches longues & dures comme
celles du chat ; à chaque pied de devant il a quatre
doigts garnis d'ongles , & aux pieds de derrière trois
feulement : tout fon corps eft couvert d'un poil brun y
rude , court ôc affez épais ; il n'a point de queue ni de
défenfes, & il a les pattes poftérieures palmées. M. de la
Borde ^ Médecin, nous a dit que \e câblai a la tête du
pak , le poil du pâtira , les pieds du ca(Ior.
Cet animal diffère encore du cochon , autant par
le naturel &: les mœurs , que par la conformation :
il ne fouille pas la terre ; il fe tient fouvent dans l'eau,
où il nage comme une loutre ; il y cherche de m.ême fa
proie , 61 vient manger fur \q ^oxà le poiffon qu'il
prend & faifit avec la gueul© & les ongles ; il mange
Kk 3
5i8 C A B
aiiffi des herbes aquatiques , des grains , des fruits , Sz
fur-tout de la canne à fucre : comme fes pieds font
longs èc plats , il fe tient fouvent afTis fur ceux dfe
derrière ; fon cri n'imite point le grognement du
cochon , mais il reffemble aiîez au braiement de l'âne.
On les voit prefque toujours aller de compagnie
ou deux à deux , mâle éc femelle ; mais ils ne
marchent que la nuit ; & comme ils courent mal ,
ils ne s'éloignent pas beaucoup du bord des rivières ,
où ils fe précipitent tout de fuite au moindre danger,
plongent ÔC nagent entre deux eaux , &c en fortent
au loin , ou reftent quelquefois allez long -temps
fous l'eau pour faire croire au Chaffeur qu'ils fe font
fauves fans qu'il s'en foit apperçu. Quand on les tue
dans l'eau , ils ne vont pas au fond comme les
autres animaux; 6c comme les câblais ne courent pas
fur l'homme ni fur les chiens , on les attend volontiers
en fiîence fur le bord de l'eau , ou bien dans les
endroits oii l'eau eft baffe.
La chair de cet animal eft gralTe , blanche , tendre ,
& a plutôt le goût d'un allez mauvais poiffon ; la
hure efl la partie la meilleure , & qui approche le plus
du goût de la viande.
Le cabiai eft d'un naturel tranquille & doux ; il ne
fait ni mal ni querelle aux autres animaux : pris jeune,
on Tapprivoife fans peine ; il vient à la voix , & fuit
affez volontiers ceux qu'il connoît & qui l'ont bien
traité. Dans l'état de nature , c'ell-à-dire , fauvage , il
paroît farouche ; il fuit les lieux habités par l'homme ;
il paroît , par le grand nombre de fes mamelles , que
la femelle produit des petits en quantité ; miais nous
ignorons le temps de la geftation , celui de l'accroiife-
ment , Ôc par conféquent la durée de la vie de cet
animal.
CABINET D'HISTOIRE NATURELLE, Mufium
Naturœ , fe dit d'un lieu où l'on met en évidence ,
& OÙ Ton réunit &us un feul point de vue les
C A B 519
•âîverfes produûlons de la Nature. Foye^ à la fuite de.
r article HISTOIRE NATURELLE'.
CABIONARA. Nom que l'on donne à la Guiane
au cabiai. Voyez ce mot.
CABOCHE. Poiflbn le plus commun qu'il y ait
dans la grande rivière de Siam , &: dont les Nations
voiiines font grand cas. Les HoUandois en font de
groffes provifions pour Batavia. Etant fëché au loleil,
il leur tient lieu de jambon. Ce poiHon eil long d'un
pied & demi , &C gros de dix à douze pouces. Il a la
tête im peu plate 6c prefque carrée : on en diilingue
de deux efpeces ; l'un gris & cendré , ôc l'autre noir,
qui efl le meilleur. P^oyei Hijî. génér, des Voy, Tome IX,
■€dit^in-4.'',pagesf;^. , , .•
CABOT ou Mulet ou Mullet. Foyei â ranicle
Muge. A l'égard du cahot de la Chine , f^oye^
SCHLOSSER.
CABOUÏLLE.- C'eft le calmja de quelques Indiens.
Nom donné à Saint-Domingue à I'Aloès pitte. Foyei
ce mot.
CA.BRA. Nom qu'on donne en Portugal au cke-
vreiiil. Voyez ce mot,
CABRE. T^oyei à ranicle Negre.
CABRIL ou Chevreau , Hizdiis, On donne ce
nom au jeune bouc ou petit mâle de la chèvre ; lorf-
^u'il n'a pas encore fix mois, il eft bon à manger.
f^oyei au mot Bouc.
CABRILLET, Ehntla. Genre de plante à fleurs
monopétalées , & qui comprend des arbres ou des ar-
briffeaux exotiques, dont les feuilles font fimples &
alternes ; la fleur en entonnoir , le calice campanule ;
cinq étamines ; le fruit baccifere , arrondi , & conte-
nant quatre femences convexes d'un côté &: angu-
leufes de l'autre.
Il y a : Le cabrillet à feuilles de thym , Ehretla tinl-
fclia , Linn, ; cet arbre fleurit en janvier ; il croît à
ia Jamaïque & dans l'ifle de Cuba, Le cahrïlkt épineux^
Kk 4
jiG C A B
Ehretia fp'mofa , Liiin ; cet arbrifTeau croît en Amé-
rique , dans les bois des environs de Carthagene. Le
cabrula bâtard , Ehretia bourreria , Linn. ; cette efpece
en arbrifleau fe trouve aux Antilles, Le cahrilUt à fruits
fecs , Ehretia exfucca , Linn. ; cet arbriffeau fe trouve
aux environs de Carthagene. Le cahrillet à longs pétioles,
Cordia petiolata , H. R. ; cet arbrifîeau eft originaire
des Antilles ; on en trouve une variété dans les Indes
Orientales & à Plfle de France. Le cahrillet à vrilles ,
Etiretia cirrhofa^ Marlpafcandens ^ Aublet. Guian. ; cette
ej'pece croit à la Guiane , fur le bord des rivières.
CABURE ou Caboure. Au Bréfil, on donne ce
nom à un hibou qui s'apprivoife , joue avec les hommes
comme un fmge ; fes mouvemens , dit Marcgrave . ont
quelque chofe de plaifant. Cet oifeau n'eft pas plus
gros qu'une litorm ; il a la tête ronde , le bec court
& crochu , avec deux trous pour narines ; fes yeux
font beaux , grands ; l'iris eu jaune & la prunelle
noire : fous les yeux & à côté du bec il y a des poils
longuets & bruns ; fur fa tête font des aigrettes de
plumes; fes jambes font courtes & entièrement cou-
vertes 5 ainfi que les pieds , de plumes ou d'un duvet
jaune ; quatre doigts armés d'ongles noirs & crochus ;
fa queue de couleur brune , ondée de blanc en zig-
zag , &: large , & à l'origine de laquelle fe terminent
fes ailes : la poitrine ck îe bas du ventre font d'un
gris-blanc marqué d'ombre pâle : le corps ^ le dos ,
les ailes & la queue font de couleur brune ferrugi-
neufe ^ marquée ou diverfifiée fur la tête & le cou
de très-petites taches blanches , & fur hs ailes , de
grandes taches de cette même couleur : fa tête tourne
fur fon cou comme fur un pivot, de façon qu'il
porte & préfente facilement le bout de fcn bec fur
le milieu du dos. Il fe nourrit de chair crue & fait
du bruit, une efpece de craquement, par le mouve-
ment de fon bec. Il peut encore remuer les pîum.cs
qui font des deux côtés de fa tête, de manière qu'elle s
C A C 521
fe redreffent , &C préientent de petites cornes ou des
oreilles.
CACALIE , Cacalia, Nom d'un genre de plante à
fleurs conjointes, de la divifion des flofcukujcs^ quia
beaucoup de rapports avec les tuffdaoes 6c les fineçcns^
& qui comprend des herbes ou de petits arb ri jffeaux,
dont les fleurs font difpofées en corymbe terminal ;
le fruit confiHe en plufieurs femences oblcngues , cou-
ronnées d'une aigrette feiTile , longue &: velue.
Il y a les Caca lies à tige charnue & frutcfccntc. Telles
font : La cacalle papilLiirc &C la cacalie antheuphorbe ,
d'Egypte ; celle à feuilles de laurofc , des Cc.naries ;
la cacalie ficoïde , d'Afrique ; l'efpece rampante , du Cap
de Bonne-Efpérance. On en confit quelquefois les
feuilles 6c les fommitës dans le vinaigre , pour les manger
comme celles de la bacille. La cacalie à feuilles en.
coin y 6c celle à feuilles roncinees , du Cap de Bonne-
Efpérance ; la cacalie fous- ligncufe ^ du Bréfil ; celle à
feuilles cylindriques , d'Afrique ; la cacalie à feuilles de
laurier, du Mexique; la cacalie à feuilles en cœur , 6c
celle à feuilles d'afclépiade , de l'Amérique Méridio-
. nale ; la cacalle à longs pétioles appendiculés , des lieux
aquatiques de l'Ifle de Ténérifle.
On difîingue aufîi les Caca il es a tige herbacée.
Telles font : La cacalie porophylle , d'Amérique ; la
cacalle à feuilles de laitron ; l'efpece blanchâtre , des Indes ;
la cacalie des Indes , particulièrement dite ; la cacalie
a feuilles de verge - d\r , du milieu 6c du Sud de
la France ; celle a feuilles hajièes , de la Sibérie ;
la cacalie a feuilles fagittées ; celle a, fullles d'^arroche ,
du Canada 6c de la Virginie ; la cacalie à feuilles de
pétajite , 6c l'efpece cotonneufe , des Alpes ; celle à
feuilles d^alUalre , des Pyrénées 6c des montagnes
du Dauphiné ; la cacalle biplnnée , du Cap de Bonne-
Efpérance.
M. Forskal fait mention de trois efpeces de cacalles ,
qui fe .trouvent en Arabie ; Vwxi^ pendante ou à tiges
J22 C A C
penchées : celle dont les tiges fëchées font odorantes ^^
&c qui fervent dans le pays à faire des fumigations ,
particulièrement dans la petite vérole : la- troifieme eft
à feuilles de joubarbe ; arrachée de terre , elle ne fe
delleche qu'après un temps confidérable.
CACAO eu Cacaoyer. C'eft un arbre propre au
nouveau Continent , & qui croît naturellement fous
diverfes contrées de la zone torride de l'Amérique &
particulièrement au Mexique , dans les Provinces de
Nicaragua &: de Guatimala , fur la Côte de Caraque. Il
y en a des forêts entières far les hauteurs d'Yapock,
dans la Guiane.
Le cacaoyer ou cacaotier cultivé, Arhor cacav'i aut
coicavLJera , Plukn. , Hern. ; Tkeobroma cacao , Linn,
C'eil un arbre de grandeur ôc de groffeur médiocres ,
qui varie un peu fuivant la nature des fols ; ceux de
la Côte de Caraque prennent plus de croifîance que
dans toutes les liles Françoifes. L'écorce de fon tronc
efl de couleur de cannelle , plus ou moins foncée ,
fuivant l'âge de l'arbre ; fon bois eft poreux & fort
léger ; fes rameaux font garnis de feuilles alternes ,
lancéolées, acuminées, très-entières, glabres, liiTes,
pendantes , nerveufes & veineufes en deiTous , longues
de huit à dix pouces , &: larges d'environ trois
pouces &: demi ; elles font foutenues par des pétioles
larges d'un pouce : aux feuilles qui tombent, il en
fuccede d'autres, en forte que cet arbre n'en paroît
jamais dépouillé : il e/l auffi garni en tout temps , fur
le tronc & fur les branches , d'une multitude de fleurs
en faifceaux , extrêmement petites & fans odeur ;
mais il en efl plus chargé vers les deux folflices qu'en
toute autre faifon. Une grande quantité de ces fleurs
coulent , & à peine fur mille y en a-t-il dix qui nouent ;
en forte que la terre qui eft au-defîbus paroît toute
couverte de ces fleurs avortées ; plus la fleur eil petite ,
par rapport à l'arbre 6i au fruit , plus elle paroît fm-
guliere ôc digne d'attention, Ces fleurs font complètes i
C A C 523
le calice efl de cinq foli'oles lancéolées , pointues ,
pales en dehors , roiigeâtres en dedans , ouvertes &c
caduques; la corolle eft formée de cinq pétales faits
en cuilleron & dentelés , jaunâtres , ou de couleur
de chair fort pâle , tachetés de pourpre vers leur bafe :
au centre eu wnmclanum formé de cinq lames, auquel
font attachées cinq étamines , dont chacune porte cinq
fommets. Les fruits, parvenus à leur perfe£lion , font de
la groffeur &: ont la figure d'un concombre , qui feroit
roulTâtre , pointu à fon fommet , & dont la furface
feroit relevée comme nos melons par une dixaine de
côtes peu faillantes. Ces fruits font fufpendus le long
de la tige &: des mères branches , &; non point aux
petites branches comme nos fruits d'Europe. Cette
difpofition des fruits n'eft point particulière à cet arbre ;
elle lui ell: commune avec le bUimbï , les cakbaffiers ,
les ahrïcGtkrs de Saint-Domingue , les papayers , &
plufieurs autres arbres de l'Amérique.
On voit prefque toute l'année fur le cacaoyer des
fruits de tout âge , qui mùrilTent fucceiîivement ; la
capfule de ce fruit ell coriace & a environ deux à
quatre lignes d'épaiffeur ; elle efl divifée intérieurement
en cinq loges membraneufes , non perfidantes , & rem-
plie d'environ vingt, trente & trente -cinq femences
ovoïdes , attachées à un placenta commun , & nichées
dans une pulpe blanche , mucilagineufe & d'une aci-
dité agréable , lorfque le fruit efl mûr : un morceau
de cette pulpe ^ mis dans la bouche , étanche la foif ,
& rafraîchit agréablement , pourvu que l'on ne com-
prime point avec les dents la peau du cacao , qui eil
très-amere.
Les femences ou amandes de cacao , Cacao , Cîuf.
Exot. 55 ; Amygdalls fîmïlïs Giiatîrnaknfis ,C. B. Pin.
442 , Inil. R. H. App. 660 , font affez femblables aux
amandes vulgaires , mais plus grandes &: plus grolTes ,
arrondies ^ couvertes d\ine pellicule feche &: dure ; la
fubiîance de l'amande eft un peu violette , roufsâtre ,
514 C A C
d'un goût amer & légèrement acerbe , quî cependant
n'ell pas cléfagréable. On en diilingue dans le commerce
de deux fortes principales ; la première 5 qui eft la plus
grofTe , eft appelée gros canzque ; 6c l'autre , cacao des
Ijlcs ou de Cayenne. Il ell à remarquer que le germe du
cacao eft placé au gros bout de l'amande , au lieu que
dans nos amandes Européennes il efl à l'autre bout.
On dit que plufieurs Nations de l'Amérique faifoient
iifage de ces amandes comme de monnoie ; c'eil pour-
quoi quelques-ims ont appelé ces Rmandes pécuniaires.
Aujourd'hui elles font la bafe du chocolat,
M. Aiiblet fait mention du cacaoyer fauvage , dont
la capfule du fruit n'a point de côtes , & eu cacaoyer
dont la capfule efl: relevée à l'extérieur par cinq côtes»
On trouve ces deux arbres dans la Guiane ; le premier
croît dans les forêts ; 6c le fécond , dans les endroits
marécageux.
Plantation du Cacao,
Le cacao fait un objet aiTez conlidérabîe de com-
merce dans le nouveau Continent ; aufTi apporte-t- on
beaucoup de foin à la culture des cacaoyers. A la Côte
de Caraque on difpofe ces arbres à la didance de
douze à quinze pieds , afin qu'ils profitent mieux ;
on a grande attention fur-tout de les^mettre à l'abri
des vents & ouragans , qui renverfent &: quelquefois
déracinent ces arbres , qui font à pivot & n'ont que
quelques racines fuperfîcielles ; ils fe plaifent dans les
lieux plats & humides , au milieu des bois que l'on
a brûlés pour défricher un emplacement. Comme on
ne fait venir ces arbres que de femences , on a foin
de ménager de l'om-bre au jeune plant ; pour cet effet
on plante du manihot (arbufte avec la racine duquel
on fait la cajfave & la farine qui fert de pain à tous
lesHabitans naturels de l'Amérique. /^oj^^Manikot);
&: c'eft à l'ombre de ces arbuiles qu'on plante les
-amandes de cacaoi Lorfqu'au bout dç neuf mois la
C A C yîç
pkntule a commencé à s'élever , on arrache le ma-^
nihot 6c on replante , entre les rangées d'arbres , des
giraumonts , des citrouilles , des concombres , des choux
caraïbes^ qui par leurs larges feuilles empêchent les
herbes étrangères de croître. Au bout d\m an les
cacaoyers ont environ quatre pieds de haut ; leur ma-
nière de croître ell de former une tête en couronne ;
fi l'on abandonne l'arbre à lui-même , il fe forme
plufieurs ordres de couronnes, les unes au-deiîtis des
autres ; mais elles ne font que nuire à la première ,
qui efl la principale ; auffi a-î-on foin , en cueillant
le fruit, d'ébourgeonner les couronnes fuperflues.
Nous ne faifons à ces arbres aucune forte de' taille r
les Efpagnols , dit-on , ont des arbres plus vigoureux
& qui donnent de plus beaux fruits que les nôtres ,
pai- le foin qu'ils px-ennent de retrancher tout le bois
mort. La nature eft fi riche dans ce pays , que per-
fonne n'a encore tenté de faire fur k cacao ufage de
la greffe , ce moyen fi merveilleux d'améliorer les
fmits : il y a cependant lieu de penfer que les cacaos
en feroient encore meilleurs. Les cacaoyers ne font
dans leur plein rapport qu'à la quatrième ou cinauieine
année. Un bon terrain pour le plant d'une cacaotiers
doit avoir au moins fix pieds de profondeur.
Récolte du Cacao ^ & manière de le préparer pour
pouvoir être confervé & tra?iJponé en Europe,
Lorfqu'on juge que le cacao eft mûr , on envoie à
la récolte les Nègres les plus adroits , qui , avec de
petites gaules, font, tomber les cahojfes ou coffes
mûres , prenant bien garde de toucher à celles qui
ne le font point , non plus qu'aux fleurs. Dans les
mois d'un grand rapport (Juin), on cueille tous les
quinze jours : dans les faifons moins abondantes , on
cueille de mois en mois ; on met tous ces fruits en tas
pendant quatre jours ; fi les graines refcoient plus long-
temps dans leurs capfules , elles germeroient; auiïl
^iS C A C
iorfqii on a voulu envoyer des graines de la Martinî-*'
que aux liles voifines pour femer , a-t-on eu un foin
extrême de ne commencer à cueillir que lorfqiie le
bâtiment de tranfport alloit mettre à la voile , & de
les employer d'abord en arrivant : dès le cinquième
jour au matin on retire les amandes de dedans les
cofîes ; on les met en tas fur un plancher couvert de
grandes feuilles de balifier; on les recouvre de fem-
blables feuilles qu'on affermit avec des planches , pqur
faire éprouver au cacao une légère fermentation , ce
qu'on nomme fur les lieux le faire refTuer. Les Nègres
vont remuer ces tas de cacao foir & matin ; cette
opération dure cinq jours : on reconnoît , à fa cou-
leur rouffe 5 qu'il a affez rej/ué ; plus le cacao reffue ,
plus il perd de fa pefanteur & de fon amertume;
mais s'il ne reffue pas affez , il eff plus amer , fent le
vert & germe quelquefois.
Lorfque le cacao a reffué , on le fait fécher au
foleil fur des nattes faites de brins de rofeaux re-
fendus , 6c affen:blés avec des liens d'écorcé de
malwt. Voyez Makot. Ce font ces graines de cacao
ainh préparées , qui font apportées en Europe , &
vendues par les Epiciers qui les diffinguent , com.me
nous l'avons dit ci-deffus , en gros & en petit caraque ,
ou gros & petit cacao des Ifies ; diftinftion faite
moins d'après la différente préparation , que d'après le
choix & la groffeur des amandes elles - mêmes ; car
il n'exifle point réellement deux efpeces différentes
d'arbres de cacao.
Le cacao de la Côte de Caraque eft plus ondueux
& moins amer que celui de nos Ifles ; on le préfère
en Efpagne & en Fiance à ce dernier ; mais en
Allemagne & dans le Nord on efl d'un goût tout op-
pofé. Il ne iauroit y avoir entre le caraque & le cacao
des Illes, des différences intrinfeques bien effentielles ,
puifqiie c'efi: le même arbre qui croît auffi naturel-
kmeût dans les bois de la Martinique, que dans ceux
C A C 527
'de îa Côte de Caraque; que le climat de ces lieux qR
preique le même , & par conféquem la température
des faifons égale. La différence des cacaos n'eu pas
confidérable , puifqu'elle n'oblige qu'à augmenter ou
diminuer la dofe du fucre pour tempérer le plus ou
le moins d'amertume de ce fruit. Quant aux diffé-
rences extérieures , peut-être ne viennent-elles que de
la nature du fol & des foins de ceux qui les cultivent ;
on dit cependant que le cacao-camque a été terré fur
les lieux pendant huit jours , c'efl-à-dire , que pendant
qu'on l'a fait reinier on l'a couvert de quelques pouces
d"e terre : quelques-uns prétendent même qu'on le
met dans une folfe en terre creufée exprès; mais fi cela
étoit , ne germeroit-il pas ? M. Jublet dit que pour
conferver l'amande du cacao , lorfque le fruit efl
dans fa parfaite maturité , Ton raffemble auprès d'une
cuve la récolte qu'on en a faite ; on coupe par le
travers îa capfule en deux portions pour en tirer toute
la fubilance & les amandes qu'elle contient, qu'on
verfe enfemble dans la cuve. Cette fubflance , en vingt-
quatre heures , entre en fermentation , enfuite fe
liquéfie & devient yineufe : on laiffe ces amandes
dans cette liqueur jufqu'à ce que leur pellicule ait
bruni , & qu'on reconnoiffe que leur germe foit mort;
car^ la bonté du chocolat dépend en partie de la ma-
turité du fruit & du degré de fermentation que l'amande
a éprouvée par ce procédé. Les amandes fe féparent
avec facilité de la fabiîance qui les enveloppoit , &
feclient bientôt; la liqueur vineufe eil un peu acide,
& bonne à boire : mile dans un alambic & diflillée \
elle donne un efprit ardent, inflammable & d'ui|
bon ooiit,
o
Le cacao de Caraque efl un peu plat , & relffemble
affez , par fon volume &: fa figure , à une de nos
grofîes fèves; celui de Saint-Domingue, de la Jamaïque,
deTIile Cuba, efl généralement plus gros que celui
des Antilles. L'amande du cacao a l'avantage de ne fe
:528 C A C
point rancir ; c'eft , peut-être , le fruit le plus oléa-
gineux que la Nature produife.
Les Américains , avant l'arrivée des Espagnols &
des Portugais, faifoient une liqueur avec le cacao délayé
dans de l'eau chaude , affaifonné avec le piment ,
coloré par le rocou , & mêlé avec une bouillie de
maïs pour en augmenter le volume : tout cela joint
enfemble donnoit à cette compolitioa un air fi brut
& un go ut il fauvage , qu'un Ibldat Espagnol difoit
qu'il n'auroit jamais pu s'y accoutumer , fi le manque
de vin ne l'avoit contraint à fe faire cette violence ,
pour n'être pas toujours obligé à boire de l'eau pure.
Ils appeloient cette liqueur chocolat^ 6c nous lui avons
confervé ce nom. Les Efpagnols , plus induflrieux que
les Mexicains , cherchèrent à corriger le défagrément
de cette liqueur , en ajoutant à la pâte du cacao divers
aromates d'Orient , 6c plufieurs drogues du pays. De
tous ces ingrédiens nous n'avons confervé que le
fucre , la vanille 6c la cannelle.
Préparation & ufage du Chocolat,
On dépouille les amandes du cacao déjà mondée
de leur écorce y par le feu ; on les pelé ; on les rôtit
dans une baffine à feu modéré ; on les pile dans un
mortier bien chaud ; plus communément on les écrafe
avec un rouleau de fer fur une pierre peu épaiffe,
dont la furface efl: courbe 6c creufe , 6c que l'on place
fur un petit brafier ; c'efl: ainii qu'on en forme une
pâte qu'on mêle avec prefque poids égal de fucre , &
que l'on met toute chaude dans des moules de fer-
blanc dont la forme efl arbitraire ; quelquefois on l'é-
tend fur un papier , où elle fe fige 6c fe rend folide
en très-peu de tem.ps. Le chocolat ainfi préparé s'ap-
pelle chocolat de famé. Quelques perfonnes prétendent
qu'il eft bon d'y mêler une légère quantité de vanille ,
qui en facilite la digeilion par fa vertu ftomachique
6c cordiale.
Lcrfqu'on
C A C 529
Lorfqu on veut un chocolat qui flatte les fens plus
agréablement , on y ajoute une poudre très-fine , faite
avec des gouiTes de' vanille & des bâtons de cannelle,
piles & tamifés : on broie le tout de nouveau , & oa
le met ou en tablettes ou en moule; ceux qui. aiment
les odeurs , y ajoutent un peu d'eifence d'ambre. Lorf-
que le chocolat fe fait fans vanille , la proportion de
la cannelle eil de deux drachmes par livre de cacao;
mais lorfqu'on emploie la vanille , il faut diminuer au
moins la moitié de cette dofe de cannelle ; à l'égard de
la vanille ;, on en met une ou deux petites goulïes dans
une livre de cacao. Quelques, Fabricans de chocolat y
ajoutent du poivre 3c du gingembre; mais les gens
fages doivent être attentifs à n'en point ufer qu'ils
n'en fâchent la compofuion.
Dans nos îiles Françoifes on fait des pains de cacao
pur oC fans addition ; & lorfqu'on veut prendre du
chocolat , on réduit ces tablettes en poudre , Si on y
ajoute plus ou moins de cannelle , de fucre en poudre
6c de iieuT d'orange. Le chocolat ainfi préparé efl
brun 5 d'un parfum exquis & a'une grande délicateile ;
quoique la vanille foit très-commune aux îiles , on n'y
en fait point du tout d'ufage dans cette conteaion.
L'ufage du chocolat ne mérite ni tout le bien , ni
tout le mal qu'on en a dit; il devi. nt prefciie indif-
férent par l'habitude : on ne voit point qu'il faiTe ni
grand bien , ni grand mal aux Efpagnols , qui s'en font
fait une telle nécelTité , que manquer de chocolat chez
eux, c'eft être réduit au même point de miftre que
de manquer de pain chez nous. Le chocolat de fojitl
fait fans aromates , a la propriété d'exciter l'appétit
<k ceux qui ne font point habitués à en prendre ; il
foutient très-bien ceux qui ont l'habitude d'en prendre
journellement le ma .m. Moins le cacao efl rôti , plus il
nourrît & épaiffit les humeurs ; au contraire , plus on
le brûle , plus il excite l'eifervefcence des hiyneurs
à\\ corps , parce que fou huile devie;it plus atténuée
Tmt //, L 1
530 C A C
par le feu. Le chocolat fait avec du cacao peu rôti &
très-peu d'aromates , efl très-ihlutaire à ceux qui font
attaques de phthifie & de confcmption.
On fait avec les amandes de cacao , préparées à
de beurre , qu'on nomme beurre de cacao , & dont
en fe fert dans le bcfoin à Cayenne pour la cuifme ;
cette huile qui t£i propre pour les rhumes de poitrine ,
même contre les poilbns corrofifs , réunit à la vertu
anodine des autres huiles l'avantage de ne point con-
trader d'odeur & de fécher promptement. Les Dames
Efpagnoles en font ufiige comme d'un bon cofmétique y
qui rend la peau douce ol polie fans qu'il y pareille
rien de gras ni de luifant. Comme cette huile acquiert
chez nous plus de folidlté Cju'en Amérique , il faut
nécefîairemient que nous la mêlions avec l'huile de
ben. Si l'on rappeloit jam.ais cet ancien ufage de
l'antiquité, fi utile far-tcuî pour les perfonnes âgées,
de fe frotter d'huile pour donner de la fcupleile aux
mufcles ^ les garantir des rhumatifmes , l'huile de
cacao devroit obtenir la préférence : elle fe fécheroit
prompîem.ent , ^: ne donneroit point de mauvaife
odeur : inconvéniens auxquels il faut vraifemblable-
m.ent attribuer TanéantilTement d'un ufage fi autorlfé
par l'expérience de toute l'antiquité.
CACAOTETL. Nom qu'on donne daiis les Indes
à une pierre que Bordli appelle en latin Lapis corv'mus
Indiœ/On prétend que fi l'on vient k faire chauffer
cette pierre dans le feu , elle fait une explofion , un
bruit très-confidérable & femblable à un coup de
tonneiTe.
CACASTOL , il faut prononcer Caxcaxtototl. Non^
Mexicain donné à un oifcau indiqué par Fernande^^
M. Brijjon le regarde comme lui cotinga , & M. d^
^onthillard comme un Itourmau ; il eft varié fus
C A C 53Ï
tout le corps de bleu &: de noirâtre ; fa tête eu. petite ,
le bec alongé , les yeux noirs , liris jaune ; ion chanc
eft défagréabie ; fa chair eil d'un mauvais goût*
Cacatin des Garipous. Foye^ Poivrier des
Nègres.
CACATOTOL ou c atatol. Les Mexicains donnent
le premier de ces noms à un petit oifeau de la grandeur
du tarin; c'eft le tarin noir du Mexique^ de M. Briffon:
le deffous du corps efl bîanc , le deiius eft varié de
noirâtre & de fauve , ainii que les ailes & la queue.
CACATOU ou CACATUA. Voye^ Kakatou.
CACHALOT. Pour la defcription de ce cétacée &
de fes produits, Foyc^^ à la fuiu du mot Baleine.
CACHICAME ou Cachicamo. Chez les Indiens
de l'Orénoque , c'eit le tatou à neuf bandes. Foye^ à.
Vartïck Armadille.
CACHIMENTIER. Foyci à T article COROSSOLIERj
CACHOLONG. C'eft une efpece d'agathe blanche»
de couleur d'opale , à peine demi-tranlparente , très-
dure & très-compaâ:e , fufceptible dam afTez beau
poli ; on la trouve ifolée , comme la plupart des
autres cailloux , dans le pays des Calmouques , fur
les bords de la rivière Caché ; &c comme les habitans
du pays donnent le nom de cholong à toutes les pierres >
on en a fait celui de cacholong. M. le Préfident Ogier^
ci-devant AmbafTadeur de France auprès du Pvoi de
Danemarck , a rapporté plufieurs beaux morceaux de
cacholong qui avoient été trouvés en Iflande & aux
liles de Feroë.
CACHONDÉ. C'eft une pâte fort agréable au goût,
te qui donne une bonne haleine. Elle efl compofée de
cachou , de graines de bangue, de calamus, & d'une
terre argileufe^ farinacée, appelée mafquïqui\ quelque-
fois on y mêle de la poudre de pierres précieufes, de
l'ambre & du mufc. Zacutus fait un fi grand éloc^e de
cette compofition, qu'il lui attribue les avantages de
prolonger la vie & d'éloigaçr la mort; enfin c'efl, feloa
Ll 2
^x C A C ^
lui , un femerle vraiment royal. Les Maîabares , îcs
Cliinois & fur-tout les Japonois ^ en mâchent toujours
& en ofFient à ceux qui leur rendent vifite , de même
que les Indiens & les Maures font à réc';ard du cachcii &c
du hétel. Voyez ces mots & celui du TerRE DE MasquîQU J.
CACHORRO DOMATO. Nom donné en Portugal
zwfarlgui^ efpece de dïddphc^ Voyez a rartïck DiDEL-
PKE.
CACHOU 5 Catecliu^ & improprement terra Japonica;
terre du Japon , feul nom fous lequel il a été long-temps
connu dans le commerce , parce que les Marchands
trompés par la fécherefTe & la friabilité de cette lubf-
tance , Pont pris pour une terre.
Le cachciL cil un fuc gommo-réfineux , fait &: durci
par art en morceaux gros comme un œwï de poule , de
différentes couleurs & figures; opaque, ccmmuncment
d'un roux-noirâtre extérieurement, Cfuelquefois marl^ré
de gris intérieurement ; il efl: fans odeur, mais d'un goût
aflnngent , un peu amer d'abord , enfuite plus deux &
d'une faveur agréable d'iris ou de violette. Le plus pur fe
fond en entier dans la bouche & dans l'eau ; il s'eniîamme ,
6*: brûle dans le feu. Les Nations qui le vendent y mêlent
quelquefois du fable ou d'autres matières étrangères
pour en augmenter le poids. On apporte le cachou
des Moluques , du Mr.labar , de Surate , du Pégu , 6^
des autres Côtes des Indes.
Les fentimens avoient été long - temps partagés fur
la nature du cachou. M. de Jiijjieu a donné un Mémoire
"bien circonftancié, imprimé parmi ceux de l'Académie
pour l'année 1710 , dans lequel il démontre que le
cachou n'eft autre chofe qu'un extrait d'arec rendu folide
par évaporation. On donne proprement le nom à^arcc
ou areca à la femence ou noix qui fe trouve dans le
fruit d'une efpece de palmier , qui croît fur les Côtes ma-
ritimes des ïndes Orientales. F aima cujus frucius fcJjîUs ,
Faufel tiit-vr^r, Bauh. Pin. 510; Areca prJmcz foUïs ;
drcca catQcku ^Uxïxxx Su racine çfi noirâtre 5 oblongue êc
C A C 535
fîbreuîe. Son tronc eft haut de trente à quarante pieds,
gros d'un empan près de la racine , droit , nu , marqué
dans toute fa longueur par des anneaux circulaires qui
font les cicatrices qu'ont laiïTies les anciennes feuilles
après leur chute; Ion bois eil plus fibreux que celui
du cocotier, fpongieux dans fa jcunefle, enfuite tenace,
,dur & compare ^ & auiîi facile à fendre dans ia longueur,
que difhcile à couper en travers. Son écorce efl: verdâ-
tre. Les branches feuillées fortent du tronc en fautoir
deux à deux ; elles enveloppent par leur bafe le fommet
du tronc , comme par une gaine cylindrique èl coriace ;
elles forment par ce moyen une tête oblongi^e au fom-
met : cette couronne eflplus groffe que le tronc de l'arbre
même. Le pétiole de ces branches fe fend & fe rompt,
& elles tombent fuccefiivement Tune après l'autre. Leur
côte eft creufe. Au haut du tronc il fort de chaque aiiTelk
de feuille ime capfule en forme de gaine , qui renfeima
les tiges cîiargées de fleurs & de fruits, concaves, par
oii elles fe rompent & s'ouvrent. Ce fruit a la groifeur
& la forme d'un œuf de poule ; fon écorce elr très-
mince , liiTe y d'abord d'un vert-blanchâtre , jaune enfuite ,
& recouvre une chair fucculente , blanche 6c fibreafe,
que les Indiens mangent & nomment pi nûngiie, Lorfcyue
ces fruits font defTéchés, leur écorce efl grlfâtre ou roiif-
iikre, & leur fubflance efl mie efpece de bourre fila-
menteufe , molle , rouffâtre , fans flic. Au centre de cette
bourre efl une capfule qui contient une amande ou noix
affez fernblable à celle de la mufcade. Ce noyau, quand
le fruit efl (ec , fe fépare aifém.enî de la pulpe fibruiife ;
il efl dur, difficile à coiiper, de couleur rouge, pana-
ché de veines roufBitres & griiatres- Les Ind-ens don-
nent le nom de kofol ou ckctoo/ k celle aman-^e féchée.
Son goist un peu aromatique & aflringent, oui la r<nd
propre pour l'eilomac , efl caufe que les Indiens s'en
préfentent dans les vifites qu'ils fe rendent. (ConfuJtez
Ilclbighis & Cleyer, ) Ils les coupent en morceaux,
& les préfentent fur des feuilles de bétel , dans le: quelles
Li ?
534 C A C
ils les enveloppent après avoir recouvert la feuîHe
cl\ine légère couche de chaux , pour conferver plus
long-temps dans la bouche cette laveur agréable. Quel-
queîbis ces peuples y mêlent du lycion Indien ou kaath^
èz ils mâchent continuellement ce mélange ; qu'il foit
diu* ou qu'il foit mou , il n'importe ; ils avalent leur
faiive teinte par ces ingrédiens, & rejettent le refte :
leur bouche paroit alors toute en fang & fait peur à
voir ; mais c<dtXQ efpece d'agrément & de régal eft chez
eux un air de bienféance; & comme l'effet de cette
drogue rend à la longue les dents d'une couleur obfcure,
les Indiens de dillinclion, pour éviter l'air de mal-pro-
preté , fe noircifîent tout-à-fait les dents. On dit que
Il l'on mange Varec encore vert, il caufe une eftece
d'ivrelTe femblable à celle du vin, mais qu'on diffipe
bientôt en prenant un peu de fel & d'eau fraîche.
Dans rinde, on fait le cachou en coupant les femences
xl'aréca encore vertes par tranches , ôc les faifant infufer
pendant long- temps dans une eau chargée ( dii Herbert
de Jager ) de chaux de coquilles calcinées , qui en difTout
ia partie gommo-réfmeufe , & que l'on fait évaporer
enfuite en confiilance d'extrait. Les Grands du pays &
2es riches ne fe contentent pas d'un tel cachou : pour
le rendre plus agréable & plus flatteur au goût, ils y
rnêlenr dix cardamome, du bois daloès, du mufc, de
l'ambre tl quelques autres aromates. Telle eu la com-
pofition de ces pallilles rondes ou plates , & de la
grofleur d'une noix vomi que , que les HoUandois
apportent de l'Inde en Europe , fous le nom de Sirl^
gacagamber. Telles font aufîi des paflilles noires qui ont
différentes figures , tantôt rondes comme des pilules ,
tantôt comme des graines , des fleurs , des fruits , des
mouches , des infedes , &c. que les Portugais font
dans la ville de Goa , & que les François méprifent à
caufe de leur violente odeur aromatique. En Europe ,
& fur-tout en France , on mêle le cachou avec du
fucre y de l'arubre , ôc quelquefois un peu de cannelle :
C A C . . 53$
f)n fait une pâte de ce tout avec une dîffolution de
|;omme adragante, & l'on en forme des paililles. Ce
<ichou donne à l'haleine une odeur agréable ; & par
ion afcriftion , il eft falutaire dans les fluxions de la
gorge : il arrête les vomiiTemens , les diarrliées , &:
convient dans les dysenteries : il joint à l'aflriôion
de rhypocifte & de l'acacia , la douceur de la régliiTe
tz du fang - dragon , 6l réunit les vertus de ces
<iifrérens fucs ; il convient le matin à jeun , & après
le repas , pour faciliter la digellion. Un gros de cette
fubilance jeté dans une pinte d'eau, lui donne une
couleur rougeâtre , une faveur douce , un peu aflrin-
gente , & en forme une boilTon agréable pour ceux
qui ont de la répugnance pour les tifanes , &: propre
dans les dévoiemens , les fièvres bilieufes & ardentes ;
en un mot , le cachou ell au rang des bonnes drogues
qui ont le moins d'inconvéniens , quelque dofe qu'on
en prenne.
Maintenant il convient de rapporter une obfervation
de M. Birnard dz Jiijjîm , laquelle fe trouve confignée
dans la Fharmacopk de Lillz , édit. de 1771. « C'eiî
» fur le témoignage de M. Albert^ Chirurgien Major
» de Pondichery , que l'on avoit avancé que le cachou
» étoit tiré du fruit du palmier arequc ; mais àzs
» notions plus exadles , fournies par M. Dupk'ix ^
» certifient que cette fubllance efl une fécule que l'on
» retire du fruit d'un arbre Indien , nomm.é cat-chê ;
» &C l'on croit que cet arbre eft un acacic y Acacia;.
» m'imofa cauchu y Linn. »
CACONE. Voyez Liane, à cacoiic^ à l'article LiANE».
CACTIER , Caclus, Nom donné à un genre de
plante à fleurs polypétalées , & qui comprend ua
grand nombre d'efpeces qui font naturelles à l'Amé-
rique , & , prefque toutes , 6qs plantes épaifles , char-
nues, fucculentes, munies d'aiguillons en faifceaux, la
plupart dépourvues de feuilles , & tout-à-fait fiiigulieres
par leur afped i le calice de la fleur couronne l'ovaire j
Ll 4
53^ C A C
les pétales font nombreux , dirpofés en rofe , Se fur
plufieurs rangs ; les étamines nombreiiles ; le fruit efl
une baie ovoide , ombiiiquée à fcn fommet , à fuper-
£cie liffe ou chargée d'afperitésj iiniloculaire , & qui
contient beaucoup de lemences diiperfées dans une
pulpe. On voit ces plantes cultivées avec foin dans les
ferres des Amateurs; elles y font perfiftarues l'hiver.
CacTIERS nains & globuleux ou méloniforrms.
Il y a : Le caciicr à mamelons , Cactus mammillans ^
Linn. ; cette efpece , qui croit dans l'Amérique Méri-
dionale, parmi les rochers ^ formée un fphéroïde de la
groffeur du poing , fans côtes rem.arquables , mais
hériffé de toutes parts de mamelons coniques , nom-
breux , & cotonneux , notamment à leur fommet , qui
eft chargé de petites épines divergentes; les fleurs font
petites , blanchâtres , & fortent entre les m.amelons ;
les fruits font liiTes & d'un pourpre-bleuâtre. Le cacihr
glomérulé. Cactus glonicratus^ Linn.; il n'eft pas plus gros
qu'un œuf de poule , mais il vient en grand nombre
enfembie , en groupe large cl ferré; les fleurs font
rouges : Plumier a obfervé cette efpece à Saint-
Domingue 5 vers l'étang Saconârre , quartier du Gui-
de-Sac. Le caciicr à côtes droites , vulgairement le
jnelon épineux , Melocaclus Indice Occident dis , Bauh,
Pin. 3 84 , Tourn. 6 5 3 ; Eckino melocaclus , Cluf. Exot. ;
cette efpece croît dans l'Amérique Méridionale, aux
Ifles fous le vent ; on lui a donné le nom de tac
d'Anglois : elle eft un peu plus groffe que la tcte d'un
homime , feflile ; elle a quatorze ou quinze côtes
droites , régulières , profondes , & reffemble à un melon
dont les côtes feroient munies fur leur dos d'une
rangée de faifceaux d'épines droites , divergentes , lon-
gues d'un pouce, & rouges vers leur fommet; à la
bafe de chaque faifceau de piquans , fe trouve comme
im écuffon d'un duvet cotonneux ; les fleurs iont
rouges j ai forteut du fompiet de la plante. Le caaicr
C A C 537
couronné , Cacius ovatus , piLo tomentofo coronatus ,
vigina angutaris , de la Mcirfk ; cette elpece eil haute
d'un pied , taite prefque en pain de (iicre ; il y a vingt
cbt^s obliques ; elle eil couroiinéè^" par une toque
cotonneui'e , blanchâtre , de trois pouces & demi de
diamètre , épaliFe , marquée d'im lillon en delTus ; les
faifceaux d'épines iont diipcîés iiir le dos des côtes
comme dans le cacllcr à côt:s droites ; mais ces piquans
font moins longs , &; la plupart im peu cou.bes : il
fort aufîi de toutes parts de la toque , des paquets de
fpinules rouges, roides comme les crins d'une brojTe,
ians être piquantes. Le caclxr rouge , Cactus nobïlis ,
Linn. ; cette elpece , qui croît à Saint-Domingue , dans
des lieux pierreux & m.aritimes , eil tout-à-tait rouge
à l'extérieur ; fes côtes font obliques ou en fpiralt ,
& garnies de faifceaux de longues épines blanches , ÔC
un peu courbées.
Cactiers droits 5 reffemblans en qudque forte à des
cierges.
Il y a : Le cacîier àf.pt angUs ; il efl haut d'un à deux
pieds. Le cacîier à quatre angles ; il s'élève à la hau-
teiu* de douze à quinze pieds. Le cactier à cinq angles^
6l articulé ; les entre-noeuds ibnt longs d'iui pied ;
il ell rameux, droit, un peu grêle. Le ca&ier à Jix
angles ; il en a pkis communément huit ; il n'ell point
rameux , s'élève à une grande hauteur ; fa fieur efl
blanche & fon fruit d'un noir-pourpré : il croit à
Surinam & dans les Antilles , oii on le nomme cierge
épineux : il en vient un grand nombre enfemble , qui
forment en quelque forte une petite forêt d'un alped
très-fmgulier , & hénûee d'épines. Le cacîier du Pérou ,
roje^ Cierge épineux du Pérou. Le caciicr à coiqs
ondées , Cacius rpandus , Linn. ; cette efpece eil à huit
côtes aplaties & ondées ; fon fruit efl jaune en dehors,
avec des afpérités éparfes , d'un blanc de neige à l'in-
térieur 5 6c contient beaucoup de femences noires. Le
53? C A C
caciïer laineux ^ de Curaçao; il efl prefque à neiifanf^îes;
il eil muni particulièrement, entre les épines de fort
fommet , d'un duvet laineux , jaunâtre , & plus long
que les épines mêmes ; fon fruit eil rouge en dehors ,,
6c de la groiîëur d'une noix. Le caclkr cotonneux ; il
a conftamment neuf angles ; ce n'eil peut-être qu'une
variété du précédent. Le caciier à pétales frangés , Cactus
jimbrlatus. Le Père Plumier 'à obfervé cette efpece à Saint-
Domingue , dans les bois arides & parmi les rochers
maritimes , vers le quartier nommé la Bande du Sud.
Il en naît un grand nombre enfemble , & chaque in-
dividu a une tige qui acquiert la grolTeur du genou
de rhomme , & s'élève à la hauteur de dix-huit à
vingt-quatre pieds ; fes côtes , garnies d'épines , font
au nombre de huit, quelquefois neuf & dix : le fommet
de la tige , qui a la forme d\m cône épineux , porte
de belles fleurs couleur de rofe : ion fruit efi: tendre ,
prefque gros comme une orange, rouge , tant en dehors
qu'au dedans , très-épineux , d'une iaveur acidulé fort
agréable. Le caciier à ony^e côtes ondulées , de Saint-
Domingue , Cacius erccius ramofus undecim angularis ,
Burm. Son tronc eft haut d'environ dix pieds , fur iix ou
fept po\ices de diamètre ; fon écorce eft grifâtre , & fon
corps ligneux a la dureté du chêne ; il eft ram.eux au
fommet : fes fleurs font blanches ; fes fruits font d'un
rouge-brun , avec des tubercules verruqueux. Le
caciier à tige cylindrique , du Pérou : fa tige n'a aucunes
côtes ; elle eit réticulée en fa fuperficie par des filions
qui , en fe croifant , forment des rhombes ou des'
loi anges. Le caciier à trois côtes ondées , des environs
de Carthagene , Cacius pitajay a ^ Linn. ; il acquiert quel-
quefois la grofFeur d'un homme , & s'élève à la hau-
teur de huit à douze pieds : fa fleur efl: blanchâtre , &
ne s'épanouit que le foir ; fon fruit a la figure & le
volume d'un œuf de poule ; il efl rougeâtre en dehors ;
fa pulpe efl blanche , douce & bonne à manger. Il y
^n a une variété qui efl rameufe, & que Plumier a
C A C 539
cbfervée à Saint-Domingue , vers le Port de Paix , près
du chemin qui conduit de ce quartier au Moufùque,
Le ca3:ier panicuU ; cette efpece , qui croît à Saint-
Domingue , dans les lieux incultes , ^Trs le quartier
nommé Cul-dc-Sac , eil de la grandeur du précédent ;
mais fa tige eft à trois côtes , Si foutient à fon fommet
des ramsaux à quatre côtes , articulés les uns fur les
autres , & difpoles en un panicule ample & diffus ;
ces côtes ou angles font ondidés , preique crénelés.
Le caciler divcrgznt ; il fe trouve à Saint-Domingue ,
près de Léogane : fon tronc efl im peu plus gros que la
jambe de l'homme , haut de trois ou quatre pieds ,
affez dur , à cannelures droites ô^ nombreufes , &:
affreufement hériffé d'épines très-a'guës ; il donna
naifîance à des rameaux , fur lefquels il en vient
d'autres , &: qui tous font fitués en divers fens : {ç.s
fruits font d'un jaune d'or, à tubercules verruqueux;
la pulpe eft blanche & douceâtre.
CacTIERS rampans on gi impans , & dont les tigeS
poujfem des racines latérales.
Il y a : Le caciier à grandes fleurs, Caclus grandiflorus^
Linn. 668 ; cette efpece croît à la Vera-Crux , à la
Jamaïque , & félon Plumier , dans les bois à Saint-
Domingue : fes fieurs ibnt latérales , ont fix à fept
pouces de diamètre, blanches, d'une odeur admirable;
chaque foir il s'épanouit une feule fleur; elle dure
pendant toute la nuit , & fe ferme au lever du foleil
pour ne plus s'épanouir de nouveau ; i^s tiges font
cylindriques , à cinq ou fix côtes peu iaillantes. Le
c^c?/Vr queue de iom'vi ou à tiges de fouet. Cactus flagd-^
liformis , Linn. ; fes tiges ont quelquefois dix angles ;
les fleurs font d'un rouge vif, & quoique plus petites
& moins odorantes , elles font plus éclatantes , beau-
coup plus durables , & paroiffent en grand nombre
à la fois. Le caciier parafite , Caclus parafiticus , Linn. ;
cette efpece 5 qui croît dans les bois à Saint-Domingue ,
540 ^ C A C
a les tigf s grêles , cyliiiclnques , .flrices , articulées ;;
rameufes &c pendantes du tronc des grands arbres ;
ce caciicr perd fes épines en vieil liffant. Le caciLr à
tiges coinpoiées d'articulations triangulaires, Cacius
îrian^ulans , Linn.; cette efpeçe croît dans les Antilles , à
la Jamaïque, dans laGuiane & au Bréfil; les Habitans
des Barbades la cultivent autour de leurs maifons par
amour pour-vfon fruit, qui efl de la forme & groffeur
d'un œuf d'oie , rougeâtre tant en dehors qu'au dedans ,
&: d'une faveur acidulé fort agréable : ce fruit eft le
meilleur de tous ceux que produifent les caciurs ;
les fleurs de celui-ci font grandes , blanches ; fes tiges
grimpent fur les arbres , auxquels elles s'attachent par
des racines qu'elles pouifent latéralement.
Cactiers compofcs a artïculations qui naljfent ordinal"
nment les unes fur les autres , & font ordinairement
aplaties ou comprimées de deux côtés.
Il y a : Le caclier monillforme , Cactus moniliformis ,
Linn. ; cette efpece croît à Saint-Domingue , parmi
des rochers voiiins de la mer , dans le quartier nommé
la Bande du Sud : de fa racine , qui eft prefque
ligneufe , rameufe & rougeâtre , naît d'abord un globe
épineux , gros comme une noix verte ; ce globule
bientôt après donne naiiïance à deux au.tres qui lui
refîcmblent ^ èc ceux-ci en produifent d'autres fuccef-
fivement ; de manière que toute la plante , dit M. de
la Marck , forme un amas de globules diffus , étalés
au large fur la terre , & afrreufement hérilTé d'épines ;
les fieurs font rouges , ainii que les fruits , dont la
chair eft blanche, acidulé ^L agréable. Le caciler en
raquette, Cacius opuntia y Linn.; Opuntia vu/gà herbario-
rum , Bauh. Hift. i , pag. 1 54 , Tourn. 2.39 ; vuîf^aire-
ment la raquette , le figuier d'Inde , la cardafje. Ce
caciLcr fournit un afiez grand nombre de variétés,
qui croiffent parmi les rochers dans l'Amxérique
Méridionale , fur la Côte de Barbarie , en Italie , en
C A C 54î
Efpagne , & même en SiiiiTe ; M. de ht Marck en a
même oblervé autour de Monaco. Les variétés diffé-
rent entre elles par la grandeur Ôi la forme des arti-
culations, par la longueur ^i la couleur des épines ou
piquans. C'efl wnt eipece d'arbriiTeau qui s'élève juf-
qu'à fix ou huit pieds de hauteur , & qui dans fa
vieillefle eft porté fur un tronc court , ligneux &
grifâtre : il efl entièrement ccmpofé d'articulcitions
ovales 5 cblongues , comprimées , longue^, d'un pied ,
plus ou moins , épaiffes d'un pouce , charnues , à
bords arrondis , vertes , ferm.es , qui naiffent toutes
les unes fur les autres , \\n peu obliquem.ent , formxent
des ramincations & reilemblent en quelque forte à des
. raquettes : on peut regarder comme les véritables feuilles
de la plante , ces petites folioles lancéolées , vertes ,
qui viennent fur les articulations nailiantes , aux
endroits ou les épines croiilent par la fuite; une haie
de ces caciicrs figuiers cTIndz , feroit une barrière impé-
nétrable aux quadrupèdes : les fleurs font jaunâtres ,
à dix pétales ou environ , & leurs étamines , qui
font nombreufes , ont un mouvement particulier de
contradion ( leurs filets fe couchent tous circulai-
rement îeà uns fur les autres ) lorfqu'cn les touche
avant qu'elles aient répandu leur pou'^liere fécondante;
(un mouvement femblable a été obilivé par M. de
Jiijjuii dans les étamines de VUlianthcnn^. Le fruit a
prefque la forme d'une %ue; il eil ordinairement
rougeâtre, & rend l'urine de ceux qui en mangent
rouge commue du fang , quoiqu'il ne leur caufe aucun
mal. Les parties charnues de cette plante font eilimées
anodines & rafraîchiiîantes. Le cacîier à cochmilU^ du
Mexique, /'Vy^;^ Opuntia. Le cacî'ur de tî fa de Curaccy:>;
les articulations font prefque cylindriques , & naiffent
auiîi les unes au bout des autres , mais elles forment
des ramifications trop foibles pour fe tenir droites
fans appui ; les piquans font blancs. Le cacller cruci-
forme ^ vulgai^-ement la croix, de Lor^a^ge , Caclus
j4i C A C
Jpinndimus , Hort. Reg. ; cette efpece eft très-remar-
quable : elle s'cleve à la hauteur de trois à cinq pieds
liir une tige comprimée , non cannelée , ni anguleuie ,
infiniment épineuîe & un peu foible ; vers fon fommet
naiiTent des articulations oblongues , très-comprimées ,
rétiailées en leur fuperficie , hériffées d'épines & dif-
pofées prefque en manière de croix, c'efl-à-dire, for-
mant les unes avec les autres des angles à peu près
droits : chaque faifceau d'épines en offre de deux fortes ;
en effet, les épines inférieures font longues, jaunâtres,
très-minces &; divergentes ; les fupérieures font courtes
&: ramaffées en paquet droit comme les poils d'un
pinceau. Le caciur à feuilles de fcolopendre , Cactus
phyllanthus , Linn. ; Nopalxoch-cue:ialticqui{l , Hernand.
Mex. 592; cette efpece ell: compofée d'articulations
afîez longues , enfiformes , très-aplaties , larges d'en-
viron deux pouces , un peu fermes , & bordées de
grandes crénelures; ces articulations, qui fe ramifient,
ont une nervure affez grofl'e <k, cylindrique qui les
traverfe longîtudinalement : les fleurs font blanchâtres ;
le fi'uit eil à huit côtes faillantes & à tubercules écail-
leux , il efl d'un rouge vif à l'exlcrieur ; fa pulpe eil
noire & blanchâtre.
Cactiers garnis de vérîtahlcs feuilles.
Il y a : Le caciler à fruits feuilles , Cactus pereskia ,
Linn. ; cette efpece , qui croît dans les Antilles ik à la
Jamaïque , eft un arbriiTeau toujours vert , dont la
tige ell toujours hérifTée infcrieurement d'épines lon-
gues , roides & en faifceaux : il pouffe de longs rameaux
cylindriques , plians , farmenteux , pleins de moelle ,
à écorce verte , & munis à leurs nœuds d'aiguillons
géminés , courbés en bas ; les feuilles font alternes ,
ovalaires , liifes , vertes , un peu fucculentes , &: de la
grandeur de celles du pourpier : les fleurs font blan-
ches , très-odorantes ; les fruits font globuleux , feuilles ,
d'un blanc-jaunâtre, gros comme une aveline, & d'une
C A C CAD 545
acîJité très-agréable. Le cacîler à feuilles de pourpier,
Cacius portidacifoUus , Linn. ; cette efpece , obiervée
par Plumier dans des lieux incultes , nommés le fonds
du Parijîen , à Saint-Domingue , eil un petit arbre
qui acquiert l'étendue de nos pommiers ordinaires : ion
tronc efl de la groffeur de la cuiffe , & a le bois
pâle & fblide ; Fécorce e(l noirâtre ; les branches font
étalées , garnies de faifceaux d'épines noirâtres ; les
jeunes rameaux font garnis de feuilles alternes , cunéi-
formes, de la grandeur & connflance de celles du
pourpier ; elles ont à leur bafe une épine folitaire ôi
longue : les fleurs font piu-purines & terminales ; les-
fruits font globuleux , gros comme une pomme
médiocre , verdâtres ôc ombiliqués ; la pulpe efl
blanchâtre.
CACTONITE , Cacîonius, Nom que les Anciens
ont quelquefois donné à la farde jaunâtre , pierre
demi-précieufe , connue fous le nom vulgaire de cor^
nalim. Voyez ce mot,
CACUIEN. Nom donné par Thevzt au Sak'i^ fmge
de la famille des Sagouins , ck le plus grand de tous.
Foyei Saki.
CADAVRE , Cadaver. C'efl ainfi qu'on appelle le
corps d'un homme mort. Le cadavre diffère de la
carcaffe ^ qui n'eft , à proprement parler, que lefque^
iette de l'animal. Foyzi Squelette à L'article Os.
Il feroit à fouhaiter, pour rinflrudion de l'art de
guérir , qu'un mort , avant de jouir de fes obfeques ^
fût ouvert par un Anatomifle ; chaque famille en
fatisfaifant à fa curiofité particulière , produiroit par-<
là un avantage réel à la fociété. La confervation des
hommes & le progrès de l'art de les guérir , ainli
qu'il eft dit dans V Encyclopédie , font des objets li
importans , que dans une fociété auffi pohcée que la
nôtre , il devroit y avoir une loi qui défendît Tinhu-
mation d'un corps avant qu'il fût réellement mort , &
làsmx. ioïi ouverture. Quelle foule de connoiffances
544 CAD
n'acqiierroit-on pas par ce moyen ? Combien de phé-
nomènes çu'on ne ibupçonne pas & qu'on ignorera
toujours ,>parce qu'il n'y a que la dilTeition fréquente
des cadavres qui puiffe les faire appc-rcevoir ! Pour
moi , j'imitcrois volontiers Salra François de Sales ,
tl tant d'autres qui étant malades , ou à la v>:ille d'être
chaflés des régioiis de vie & de lumière , ont voulu
léguer leur corps par teilament à l'amphithéâtre de la
Facilite de Mèdeclie,
On trouve , a L' article Momie , les moyens de pré-
ierver les cadavres de la corruption.
CADE, Junïperus major ^ baccâ ruf:fcente. C'eft ime
efpece de grand genévrier, très - commun en Langue-
doc , qui fe diftingue des autres par la hauteur &
par la groileur de fes fruits rouiTâtres , ôc dont le goût
tiï moins fort ; on retire de fon bois , par la cornue ,
une huile îétide , cedrœleum , dont on fe fert en Mé-
decine pour déterger. Celle dent les Maréchaux fe
fervent pour la gale des chevauT-: , efl une forte de
réfine tirée des vieux pins dans le Nord , loriqu'on
les brûle pour en obtenir d'autres produits , que nous
décrirons à Phiiloire des pins térébenthiniers. Voyez
à l'article CÉDRTA & à celui de GENEVRIER.
CADÎTES. Nom donné aux vertèbres des étoiles
de mer arbreufes ; elles font en forme de petits barils ,
6c foililes.
CADMIE FOSSILE ou Naturelle , Cadmia fof
Jilis. Nom que l'on donne à la calamine ou pierre,
calaminaire , efpece de minéral qui contient du zinc ,
du fer , &:c. Voye^^ Calamine & Zikc.
Le mot cadmie a quantité d'autres fignifications.
Chez les Artilles , on dcfigne , par cette exprefllon ,
une efpece de luie ou de fuW imation métallique qui
s'attache au haut & aux parois des fourneaux des
Fondeurs en bronze, &c. D'autres difent que le mot
cadmie vient de Cadmus , ce célèbre Fondeur Phéni-
cien 5 qui trouva le pretnier l'art de fondre en grand ,
de
CAD C A F 545
lie purifier , d'allier & de jeter en moule les métaux ,
& que l'excellence de ion art fit appeler en Grèce
pour y travailler le bronze ; opération dans laquelle
il entre du zinc , lequel fe fublime en partie 5c en
manière d'incruftation contre les parois intérieures des
fourneaux. Telle eu la tutie , appelée par excellence ,
cadmu dis fourneaux , Cadmici fjrna.aim , & qui a la
même propriété que la cadmic fojjîk , pour convertir
le cuivre rouge en laiton. Voyzi^ Cuivre.
Le nom de cadmk a encore été donné à plufieurs
fubflances bien différentes entre elles , telles que Tar-
fenic , le cobalt , le huttm-nlcht , &c. Les Grecs ,
les Arabes & les Latins ont jeté beaucoup de confufioa
fur cette matière. Confukei notre Minéralogie , Tome IL
CADOREUX , en Picardie , eft le chardonneret,
CADRAN. Nom donné , par les Amateurs , à une
coquille du genre des Limaçons à Bouche aplatie , & qui
fe trouve dans les Indes. Sa llruâure offre , à fa plus
grande furface , plufieurs plans , en manière de cadrans ,
mais dont les diamètres diminuent progrefîivement en
gagnant l'œil de la volute
CAFÉ. C'efi: le nom que l'on donne aujourd'hui
par-tout à la graine du fruit d'un arbre qui s'appelle
cafier ou cafeyer. Selon quelques-uns, fon analogie avec
le jafmïn lui a fait mériter , à jufie titre , le nom de
Jafminum Arahïcum. Selon M. de la Marck^ le cafiyer
efi: de la famille des Rublacécs , Voyez ce mot. Voici
les différentes phrafes des Botaiiiiles qui ont déiigiié le
cafiir : Bon officinarum laurifollum ; Bon y Profp. Alp/
iEgypt. C. XVI , pag. 26 ; Bon vel Ban arhor , J. B.
L. IV , p. 422 ; item Buna , Bunnu & Bunchos ejufdem ,
ibid. p. 421 ; Evonymo Jimills jEgyptiaca ^ frucîu baccis
lauri Jimili y B. Pin. 428; Jafminum {^fed pirperàni )
Arahicum , lauri folio ^ cujus femen apud nosc^iïk. dicitur ^
Ad. Acad. Reg. Se. Parif. ann. 171 3 ; Jafminum Ara-
biçurn , caflaneœ. folio , flore albo odoravffimo ^ cujus
frucius coFFY inoficinisdicuntur^ Boerh.ïnd. PI. Edit. %,
Tome, II. Mm
54^ C A V
part. 2, p. 1 1 7 5 S' Commel. PI. Uf. 72 ; Co^aa Jrahlca^
Linn. Cet arbre croît en abondance dans l'Arabie Heii-
reiife , &: principalement au Royaume d'Yemen , vers
le canton d'Aden & de Moka. C'eft dans un excellent
Mémoire de M. de Jufjicu , que l'on apprend la plus
grande partie de ce que nous allons dire du café. Ce
Mémoire ell inféré dans ceux de l'Académie, année 1 7 1 3 »
L'Europe , dit M. de JuJJîeu , a l'obligation de la cul-
ture de cet arbre aux foins des Hollandois , qui , de
Moka , l'ont porté à Batavia , &: de Batavia au Jardin
d'Amilerdam. La France en eft redevable au zèle de
M. de Rejjon , qui fe priva , en faveur du Jardin du Roi ,
d'un jeune pied de cet arbre qu'il avoit fait venir de
Hollande. Lorfque M, de JuJJieu en donna la defcrip-
tion dans fon Mémoire , il n'avoit alors que cinq pieds ,
& étoit de la groffeur du pouce. Le cafier ne fubfifre
guère , dans les ferres chaudes , que dix ou douze ans :
au bout de ce tem.ps , il peut avoir deux pouces de
diamètre , & être haut de huit ou neuf pieds , ainii
qu'on peut le voir dans les ferres du Jardin du Ptoi.
Cet arbre ou arbrilfeau croît aflez vîte ; fa racine
cft pivotante ^ peu fibreufe ôc rouffâtre : fon tronc
porte des branches fouples , cylindriques , couvertes
d'une écorce qui fe gerce en fe delTéchant; l'épiderme
eft blanchâtre ; l'enveloppe cellulaire d'un vert léger ,
un peu amer ; les branches font oppofées deux à deux,
de manière qu'une paire croife l'autre. Le bois efl fort
tendre dans les jeunes branches , affez dur dans les
anciennes ; fes feuilles font fimples , entières , oppofées
par paires , & rangées de manière qu'une paire croife
l'autre paire , comme dans les branches ; elles font tou-
jours vertes , liiles 6c luifantes en defTus , pâles en
deffous , fans dentelure , pointues aux deux extré-
mités , rabattues en dehors , longues de quatre à cinq
pouces , 6c larges d'environ deux pouces ; elles n'ont
aucun goût particulier ; elles font portées fur des pédi-
çulçs allez courts qui font gonflés vers leur nailTajice ^
c A F ^y
Xxtiè côte faillante en deiïbus les divife en deux parties
égaies : fes fleurs forteiit des aiffelles des feuilles au
nombre de quatre ou cinq , foutenues chacune par un
petit pédicule; elles font blanches , peu odorantes, quel*
quefois d'un rouge pâle, complètes , régulières, mono-
pétales , c'efl-à-dire , d'une feule pièce , en forme d'en-
tonnoir , partagées le plus fouvent en cinq décou-
pures , comme le jafmin d'Efpagne , hermaphrodites ,
6z portant fur l'ovaire quatre ou cinq étarnines , dont
les filets font blancs , cylindriques , 6c les anthères
jaunes : la partie poflérieure de la fleur efl un tuyau ,
êz l'antérieure une eipece de pavillon découpé en
étoile : la tète de l'ovaire , de laquelle part une trompe
fourchue qui enfile la fleur , eil relevée d'autant de
pointes que cette fleur a de découpures; ces pointes
forment un calice verdâtre , en façon de couronne
antique , dans laquelle s'articule le bas bout du tuyau
de la fleur : enfin , le piflil ou l'ovaire devient un fruit
comme baccifere , mou , rond ou oblong , partagé in-
térieurement en deux loges par un placenta pofé en
médiaftin; chaque loge contient une femence : le fruit
tii vert d'abord , enliiite rouge, &C enfin d'un rouge-
bnm ou d'une couleur tannée , lorfqu'il eil dans fa
parfaite maturité , de la groiTeur d\in bigarreau , ayant
à fon extrémité une efpece d'ombilic ; la queue de ce
fruit n'a guère que fix lignes de longueur : la chair
de cette baie efl: mucilagineufe , pâle , d'un goût dou-
ceâtre aflez agréable , d'une odeur aromatique ; elle fert,
ainfi que nous l'avons dit, d'enveloppe commune à
deux coques (ou tuniques , ou loges ) minces , ovales ,
étroitement unies par l'endroit où elles fe joignent ,
& qui contiennent chacune une demi-feve ou femence ^
îiflTe , d'une nature cornée ou cartilagineufe , d'un
vert pâle ou jaunâtre , ovale , convexe far le dos ,
plate du côté oppofé oui efl: le ventre _, 6c creufée
de ce même côte , oc dans fa longueur , d'un filon
allez profond. On donne à ce fruit entier & defleché^
Mm 2,
54? C A F
le nom de tafc m coque ; & l'on appelle cafc monde i^
les lemences dépouillées de leurs enveloppes propres
& communes. On fépare la pulpe qui environne la
graine , en faifant pafier le fruit entre deux râpes
cylindriques , que l'on fait tourner dans un fens con-
traire ; & l'on détache le grain de fon enveloppe , ou
parchemin bien defféché, par le moyen d'un moulin
à gros rouleaux , garnis de lames de fer , &:c. , ou d'un
pilon dans un mortier ; l'adion du Vanneur ou d un
ventilateur chaile les dépouilles qui font les coques.
C'ell ià ce grain fi connu fous le nom de cafi^ &
dont les feuls Kabitans d'Yemen , qui fournirent le cafl
Moka y débitent tous les ans pour plufieurs millions.
Le cafi Moka a une couleur jaunâtre , & une bonne
odeur. Ce font des navires qui nous l'apportent du
Port d'Ormus. Il efl: plus gros que celui qui nous
vient du Caire par les caravanes de la Mecque, 6c
dont le grain efî petit , jaune-verdâtre , meilleur au
goût ôc à conferver. Celui de Bourbon ou de Mafca^
reigm eft d'un jaune-blanchâtre , alongé &: inodore ;
celui de Java eft un peu jaunâtre ; mais celui des Ifes
eft verdâtre , & a l'odeur & le goût un peu herbacés ,
fur-tout lorfqu'il eft nouveau. Le meilleur café de la
Martinique fe récolte aiLx Anfes d'Arlet.
L'arbre du café eft toujours vert ; il croît dans fon
pays natal , &: mêm.e à Batavia , jufqu'à la hauteur de
vingt à vingt-cinq pieds; on en a vu de trente à
quarante pieds ; mais le diamètre de fon tronc n'ex-
cède pas quatre à cinq pouces. On en recueille à la
main deux ou trois fois l'année des fruits mûrs que
l'on fait fécher pour en avoir la graine , & que l'on
retire de la coque en la battant avec un pilon de bois
dans un miortier fait en entonnoir. On nétoie la graine
de la coque , la pcuftiere ou la pellicule , par le moyen
dim van. Nous l'avons dit; on préfame bien que
l'induftrie a inventé divers autres m.oyens pour né-
toyer entièrement le grain du café , pour le rendre
C A F 549
tnarchând. On voit fur cet arbre, en toutes les lai-
fons, des fruits Se prefque toujours de:, iieurs. Les
vieux pieds donnent moins de fruit que les jeunes , qui
en donnent dès la troifreme ou quatrième année de
leur accroiiTernent. La l'emence du cnfé ne germe point ,
aînfi que plufieurs airires femences des plantes , à moins
d'ctre mile en terre toute récente oc garnie de fa pulpe ;
pour lors on la voii lever douze à quinze jours après :
il fort de terre une petite tige très-délicate , qui porte
au fommetles deux lobes de la fève , 6c qui iè divife,
peu de temps après, en deux feuilles oppofées; la tige
pouffe de fon centre en grandilTant deux autres feuilles ,
&C ainfi de fuite. Ce fait , dit M. de Juffim , juflifie
les Habitans du pays oii fe cultive le café , de la ma-
lice qu'on leur a imputée de tremper dans Peau bouil-
lante , ou de faire fécher au feu celui qu'ils débitent
aux Etrangers , dans la crainte ç\ney venant à élever
comme eux cette plante , ils ne perdifTeat un revenu
des plus confidérables ( ^ )-
L'ulage du café , atant le feizieme fiecle , r^'étoit
(a) Nous devons dire ici qu'en 1779 , dans les premiers jours
croaobre , un Seigneur étant à la table de S. A. S. Mgr. le Prince,
de Condé , rapporta avoir vu germer ÔC pouffer des feuines , à des
grnins de cafi Moka , dans de Teau bouillante , entretenue en cet état
pendant un quart d'heure. S. A. S. m'invita d'en faire rc-xpérience^ en-
fa préfence : douze grains de café Moka mondé furent plongés dans l'eau
bouillante fur un réchaud à l'efpiit de vin : au bout de quinze- minutes,
quatre griins offrirent chacun par un bout une tfpece de germe long
d'environ une ligne i en vingt minutes, iix grains parurent germes; ea
trente minutes , ces fix germes s'aloagerent JLifqu'à environ une ligne
& demie, dont deux étoient terminés par un petit bouton : les autre»
grains ne germèrent pas. Je ne diftinguai aucunement de feuilles ; l'eau
continuant de bouillir fit que les grains, à force de fe heurter, perdirent
leurs germes ; ils s'en détachèrent. Ces apparences de germes ne m'ont
tien offert qui pût être cararcérifé , pas même à la loupe.^ Depuis ce
temps , i'ar répété l'expérience comme ci-defiFus , c'eft-a-dire , par la
chaleur d'un réchaud à l'efprit de vin , ainfi que par les charbons
allumés , même par la fimple infufion dans l'eau bouillante 6c dans
l'eau froide. J'ai cru reconnoître que l'expérience par le moyen d'im
réchaud à l'efprit de vin , eft plus prompte , plus efficace , plus abon-
dante. La feule aftion de la chaleur pourroit donc rendre vifible l'em-
bryon plufieurs jours avant le temps où on le diftingue , lorfqu'il ne fe
jdévcloppc ^ue par les feules forws- de la nature.
Mm ^
5 50 ^ C A ¥
prefqiie point connu. L'Arabie ëtoît autrefois le fêul
lieu d'oii il en vint. On l'a tranlporté 6c cultivé avec
fuccès dans aiverfes Colonies appartenantes aux Eu-
ropéens , telles que celles de Surinam & de Java. Nous
ne pourrions fans ingratitude omettre de parler du zélé
Citoyen qui a fait palTer le cafor dans nos IHes. L'État,
le Commerce 6c les Am.éricains en ont l'obligation à
M. Dccl'icux ^ qui l'apporta de France à la Martinique.
L'eau douce du vaiileau dans lequel il paiîbit , deve-
nant rare , & n'étant diflribuée à chacun qu'avec me^
fure , ( parce que le pailage fut long 6c pénible , ) ce
digne Citoyen fut fouvent obligé de partager avec
quelques-uns de ces arbuiles qu'on avoit dépofés 6c
multipliés dans le Jardin du Roi , la portion qu'on
lui donnoit pour fa boiiibn ^ afin de conferver le pré-
cieux dépôt dent il s'étoit changé.
C)n eil quelquefois furpris aux îfl^s de voir dépérir
un beau cajicr 6<. même une cnfiterle entière en peu de
lem.ps ; cda eil iouvent occalioné par un infede ap-
pelé mouche à café : cette mouche , extrêmem.ent longue,
porte à fa tête deux fcies avec leiquelles elle entaille
ces arbres jui qu'au vif. Quelquefois les pucerons blancs
attaquent aufu le cûfier ; alors il faut planter des ananas
entre ces arbres , parce que ces infedes préfèrent de fe
goigcr du lue acide de ce fruit qui les tue , ou les
empêche de pulluler. Il paroît que les terrains mon-
tueux 6c bien acres , conviennent au caficr^ pnrce que
la pluie , qui efl nécefiaire à cet arbre , tombe plus
fréquemment daas ces endroits ; on allure que l'expo-
fitlcn au couchant eil plus favorable à cet arbre , o^xe
celle du levant. Les graines qui tombent du ccfizr ^
germent dans la terre , 6l fournirent naturellement du
plant ; il fuffit que la terre foit meuble 6l profonde ,
car la racine du caféycr eft pivotante 6c nullement
traçante ; au refte y le café ne s'élève pas fi haut dans
nos ïfles , que dans foç pays natal. Dans les cnféurks ^
en fait des lignes droites, en quinconce; 6c ayec un
C A F f5ï
loucKet ou la houe , on fait des trous de douze à dix-
huit pouces de profondeur , à la diilance d'environ huit
pieds; on y plante alors les petits cafias bien alignés,
lefquels rapportent bien à la troilîeme ou quatrième
année de tranfplantation. On récolte deux fois par
an le café à Saint-Domingue : la récolte du mois de
Septembre efl la plus abondante.
On préfume bien que le café nous étant apporté
de différentes Contrées , il ne peut pas , par confé-
quent , avoir la même qualité ; la variété des climats ,
l'âge des arbres qui le produifent , &:c. doivent
nécelTairement en diverfiflir les efpeces & les qualités^
Les deux efpeces les plus employées font généra-
lement connues fous le nom de cafc du Levant &
de café des Antilles, Le café de Moka , ville d'Arabie ,
efl toujours plus eflimé par fon odeur plus fuave ^
plus agréable. On le partage encore en trois qualités
différentes , dont la meilleure appelée bahouri , efl
léfervée pour le Grand -Seigneur &: le Sérail; les
deux autres qui font le faki & le falahi , fe débitent
dans le Levant en Europe. On laifîe à d'autres, dit
M. de Jufjîeu , le foin de rapporter au vrai ce qui
a donné occafion à l'ulage du café , Se d'examiner
a l'on en doit la première expérience à la vigilance du
Supérieur d'un Monaitere d'Arabie , qui , voulant
tirer fes Moines du fommeil qui les tenoit affoupis
dans la nuit aux Offices du Chœur , leur en ût boire
l'infufion , (m la relation des effets que ce fruit caufoit
aux boucs qui en avoient mangé ; ou s'il fiut en attri-
buer la découverte à la piété d'un Mufti , qui , pour
faire de plus longues prières , & pouffer les veilles plus
loin que les Dervis les plus dévots , a paffé pour s'en
€tre fervi le premier. Quoi qu'il en foit , l'ufage du
café eu devenu préfentcment fi familier chez les Turcs „
chez les Perfans , chez les Arméniens , & même chez
différentes Nations de l'Eiu'ope , qu'il eu prefque inu-
tile de s'étendre fur la préparation 6c fur la qualité
Mm 4
5 5- C A F
des vaiiTeaux & înftrumens qu'on y emploie. On doit
préférer les vaiffeaux de fer à ceux de tout autre
métal. On ne devroit même employer que ceux de
terre bien cuite ; griller le grain à propos ; étant tor-
réfié , renfermer dans un vaiffeau ; attendre qu'il foit
refroidi peur le moudre , & n'en moudre à la fois que
la quantité qu'on veut em.ployer pour l'uilige du jour.
Il doit être jeté dans l'eau bouillante, & ne fublr que
quelques bouillons.
Il efl bon d'obferver que des trois manières d'en
prendre l'infufion ^ favoir , ou du café mondé &c dans
ion état naturel , ou du café rôti , ou feulement des
enveloppes propres &: communes de cette fubilance,
auxquels nos François , au retour de Moka , ont im-
proprement donné le nom de fleur de café ; la féconde
de ces manières efl préférable à la première & à la
troifieme , appelée aulîi petit café à la Sultane ; car le
véritable café a la Sultane fe fait ^ tantôt par la feule
décodion des graines non rôties , & tantôt en verfant
de l'eau bouillante dans une petite chauffe qui con-
tient de la poudre des graines de café rôti. Le café ^
par {^s principes falins , volatils & fulfureux , caufe
dans le fang une fermentation utile aux perfonnes
replettes , pituiteufes , & à celles qui font fajettes aux
migraines & aux aftedions foporeufes, ou à dormir
après le repas. Pris le matin , il difperfe les pavots
d'un fom.meil opiniâtre , & donne de l'invention à
i'ame épuifée par les fatiques de la veille. Ces mêmes
effets le rendent nuifible aux perfonnes qui font d'un
tempérament très-fenfible , de même qu'à ceux qui
font d'un tempérament ardent , fec & bilieux ; &
l'on peut dire qu'en général le grand &: fréquent
ufage en eff dangereux , fur-tout lorfqu^on le prend
fans lait ; mais il a l'avantage de ne laiffer dans la
bouche aucune odeur défagréable , d'accélérer la di-
geffion , de faire ceffer l'ivreffe, & de favorifer l'ap-
parition des règles. ( On prétend que ceux qui aujour-
C A G 55?
d'hiû grillent ou \epois chuke d'Efprcgne ^ ou la racine
de chicorée fauvage , pour en faire une liqueur cafëi-
forme , fe procurent une boifTon plus falutaire. Voye^i
aux articles Pois & Chicorée ). M. Brun , Doyen
des Maîtres en Chirurgie du Cap , cite , dans un
Ouvrage fur Putilité du café en Médecine , Tuiage àei
bains entiers de café , ou des bains de vapeurs du
cûfé. Cet Auteur dit en avoir obtenu des erFets faîu-
taires & très-marqués dans la paralyfie , dans luie
hémiplégie , dans une épilepfie , dans l'eipece de fpafme
appelé op/Jîhotonos , dans des douleurs dans les arti-
culations 5 dans ime migraine habituelle , pendant une
groffeiTe fuivie de vapeurs hyftériques , &c. Dans le
commerce on appelle café mariné ou avarié , celui qui ,
dans le tranfport, a été moidîlé d'eau de mer: on en
fait peu de cas , à caufe de Pâcreté faline que la tor-
réfaÔion ne lui ôte pas. M. Ryhiner a fait Tanalyfe
chimique des femences du café', on la trouve inférée
dans le Journal de Phyfpar M, l'Abbé Rozier , Siipplém,
Tom. XIIL iyj8.
Des Botaniiles font mention du cafiycr monofperme
qui croît naturellement à Saint-Domingue & à la Mar-
tinique , Coffœa Occidmtalis , jLoribus quadrifidis , baccis
monoj'pcrmis , Linn , Jacq. Amer. 67. Tab. 47 ; Pavctta
folûs oblongC'Cvatis , cppojitis , flipulis fetaceis , Brown.
Jam. ; Jajminum- arborefcens lauri foliis ^ flore albo ode-
nuifjimo , Plu m. , Biu'm. ; ks fleurs font blanches , d'une
odeur agréable , & viennent en grappes paniculées ,
dont les unes font terminales , & les autres axillaires;
les fruits font d'un noir -bleuâtre & ne contiennent
qu'une fem^nce arrondie & lîriée.
GAGAPvEL. Foyci Mendole.
GAGNOT. Efpece de IpoifTon cartilagineux de la
famille des Chiens de mer. Voyez Milandre.
CAGUI. Nom qu'on donne au Bréfil au fagoiiin.
Voyez ce mot.
ÇAGUPUGUACU. Foyei SANGUINOLENTE,
554 C A H C A I
CAKCANE ou Kaouanne. C'efl la tortue de tmrl^
appelée Caouanne.
CAHUiTx4HU ou Kamichi. Voye^ Anhima.
CAICA. C'efl la perruche à tête noire de Cayenne^
CAJEPOUTOU ou Cajeput. Foyei à Varùck
Cardamome.
CAIGUA. yoye:{_ a ranicle POMME DE MERVEILLE.
CAILLE , Coturmx, Oifeau de paffage d'un ramage
affez agréable , plus petit que la perdrix ^ avec laquelle
il paroît d'ailleurs avoir bien des rapports à l'extérieur;
mais la caille n'a point derrière les yeux cet efpace nu
& fans plumes qu'ont les perdrix , ni le fer-à-cheval
que les mâles de celles-ci ont fur leur poitrine. C'eft
au peu de durée de leur vol , qui efl pefant &; peu
élevé de terre , qu'on doit la facilité de les prendre
à la courfe , quoiqu'elles courent beaucoup & dili-
gemment. Dans le vol, elles filent en glilïant obli-
quement & en frappant l'air de toute l'étendue de l'aile
par reprifes. Leur groffeur & leur plumage difîerent
peu dans tous les climats où l'on en trouve , tels qu'à
Madagafcar , à la Cambra , à Cayenne & en Europe.
La caille proprement dite , pi, enL 1 70 , a le bec long
d'un demi-pouce ; il eft wvi peu aplati ; la pièce inférieure
eft noirâtre ; la fupérieure efl: brunâtre , pointue &
courbée. L'iris des yeux eft couleur de noifette ; le ven-
tre & la poitrine d'un jaune pâle , mêlé de blanc : la
gorge a une teinte, de roux. L'on remarque fous la pièce
inférieiu'e du bec , une large bande noirâtre qui s'étend
en bas , & au- deiTous des yeux une ligne blanchâtre qui
pafTe fur le milieu de la lête , dont les plumes font
nuées de verdâtre. Ces diverfes couleurs fe rencontrent
fous les ailes & dans prefque tout le plumage de cet
oifeau : elles repréfentent comme des écailles. La
queue de la caille eu courte ; fes pattes font grifes ,
pâles , recouvertes d'une peau écailleufe comme tuiléejj,
le deifous du pied eft jaunâtre. Une chofe remar-
quable , ell que le doigt extérieur tient par une
C A I nç
menibrane au doigt du milieu jufqu'à la première
articulation.
La caille eft du genre de la perdrix , & fe nourrit
ordinairement de blé , de millet, & de quelques autres
graines ; elle avale aufTi des plantes herbacées , même
des vers &: des infeéles. Elle ne perche point , elle fe
tient à terre , & on la trouve préférablement dans les
blés verts , ou dans leur chaume quand ils font cou-
pés ; aufTi ne les voit-on ni avant , ni après ce temps.
Cet oifeau huiltiplie prodigieufement. La femelle, pour
faire fon nid , gratte la terre avec fes ongles, foit
au milieu des pièces de blé , ou des prairies ; ce nid efl:
cornpofé d'herbes & de feuilles : elle y dépofe douze ,
quinze & vingt oeufs , mouchetés de brun fur un fond
grisâtre ; cette ponte fe fait au comm.encement du niois
de Mai : la durée de l'incubation eft de trois femaines j
auiîi-tôt que les petits font éclos , ils fe mettent à
trotter &: font en état de prendre leur nourriture. Les
femelles de cette couvée font déjà en état de s'appa-
rier vers la fin d'Août ou le commencement de Sep-
tembre. Les petits fe nomment cailUteaux : on remarque
que la niere les conduit dans la campagne , & qu'elle les
retire fous fes ailes à la manière des poules & des perdrix.
On fait que les cailles arrivent au printemps , tous
les ans , en grand nombre des Côtes d'Afrique fur
les Ifies , les promontoires de l'Archipel , de la Sicile
& de l'Italie ; qu'il n'y en demeure qu'une petite quan-
tité , en proportion de celles qui ne font que s'y repofer
à leur paffage , &: qui de là fe répandent dans les con-
trées de l'Europe : on fait également qu'au mois de
Septembre , quand la faifon des récoltes eft paffée ,
quand la main de l'homme a dépouillé la terre , les
cailles fe raliemblent aux mêmes endroits &: qu'elles
repaifent fur les Côtes d'Afrique. Elles voyagent la
nuit ou de très-grand matin , & fe repofent pendant
le jour. Le génie de la nature qui conduit les cailles
aux bords des mers par un inftincl fecret , ne pouvoit
Ï5^ C A I
manquer de leur révéler les moyens d'en- franchir l'ef*
pacc, & de leur indicruer la route qu'elles doivent
fuivre & oii elles trouveront vivres & température.
Ces oifeaux muent deux fois par an , à la fin de l'hiver
& à la fin de l'été. Chaque mue dure un mois.
La caille jeune , tendre , grafTe & bien nourrie ,
tient un rang diftingué parmi les mets les plus exquis
qu'on fert lur nos "tables. Sa chair eft de bon fuc ;
elle excite l'appétit , & convient à toutes fortes d'âges
ô^ de tcmpéramens : on en fait des confommés laxatifsv
^ Pour prendre les caïllts on fe fert des nifes fuivantes.
Si c'efl à leur nouvel avènement dans nos climats ,
c'efl-à-dire quand le blé eft dans fa verdure &: dans
le temps de leurs amours ^ l'Oifeleur ayant tendu fes
filets de grand matin, fe cache à une certaine diftance,
dans les blés ; là , il contrefait par trois fois foir &
matin , le chant de la caïlk , avec un inftrum.ent de
zviix & d'os appelé courcaïlkt ou carcaïllot : alors le
mâle , croyant que c'eft la voix de la femelle , accourt
au plus vite pour fe fatisfaire ; auffi-tôt l'Oiieleur fe
levé & fe montre à lui : l'oifeau voulant s'envoler,
donne dans le filet ^ fe prend. Mais après l'été ,
loffque la faifon de l'amour eil paflee , qu'elles ne
chantent plus , ou qu'elles n'accourent plus au fon de
l'appeau , & qu'elles fe tiennent dans les chaumes pour
y vivre àts grains qui font tombés des épis , on les
prend à la tirafTe , ov^ mieux encore , par le moyen
d'un chien couchant drelle à cette chaiTe , qui les
arrête tout court , alors on les tire au fufil , &c.
Les cailles n'ont pas les mœurs douces & fociales
de la plupart des autres oifeaux; le mâle ne tient
pomt compagnie à fa femelle; il n'a ni tendrefie ni
attachement pour elle ; il ne connoît que des befoins
violens & impétueux , & il n'eit jamais père dans le
fcns moral , puifqu'il ne prend aucun foin de la couvée
& à.^s petits : il ne fert à la propagation de l'efpece que
par fon ardeur, en accovirant de très-loin, quelquefois.
ÏTune clemî-lîeue , à la voix de la temelle , & en en fer-
vant un gi-and nombre à mefure qu'il en rencontre.
Les mâles font courageux ; provoqués par leur pro-
pre tempérament , ils fe montrent jaloux les uns
des autres , aufîi ie battent-ils cruellement ; ils aiment
tant à le battre , qu'autrefois dans Athènes on prenoit
plaifir à les dreffer au combat à la manière des coqs:
on voit encore quelquefois à Naples , tout le monde
s^afîembler avec un vif empreflement à ce fpe£racle ,
comme à un combat de srladiateurs. Il eu étonnant de
voir un oifeau fi foible montrer autant d'audace & de
courage. 11 efl fi amateur de fa liberté , que , quoiqu'on
l'ait nourri pendant deux ou trois ans , pour peu qu'il
trouve l'occafion de la recouvrer , il s'envole & va
chercher les endroits oii il fe plaît.
Des Ornithologilles font m.ention de la caille à gorge
blanche ; de la calile à trois doigts , de l'ifle de Luçon.
Telle eft aufii l'efpece appelée turnix , & qui fe trouve
à Madagafcar. La cailk blanche eft une variété de la
cailU ordinaire. La cailk petite ^ de Gingi ; elle fe trouve
à la Côte de Coromandel. La caille de la Chine &: des
Philippines, Voye^^ Fraise. La grande caille de la Chine;
elle eft beaucoup plus groffe que la nôtre. La cailh
de la Nouvelle Guinée ; elle eil: d'un tiers moins groffe
que la nôtre , ( Voyag. à la Nouv. Guinée ). La caille de
la Louifiane , Foye^ COLENICUI. La très -petite cailk
de l'Ifle de Luçon ; elle efl moins grofle qu'un moineau.
La grande cailk de Madagalcar , efl du double plus
grande que notre cailk. Les cailles du Mexique , Voyei^
les articles COYOLCOS , COLIN ( grand ) & ZoNE-
COLiN : cette dernière efl huppée. La cailk des Mo-
luques ; c'efl la plus petite de toutes les-cailks connues,
elle n'efl guère plus grofle qu'un tarin ; fon bec n'cfl
point convexe en deflus comme celui de la cailk ,
mais droit & conique , ainfi que les becs de s deux
cailles de l'Iûe de Luçon, & de celle de la Nouvelle
Ruinée, toutes quatre décrites par U., Sonner at ; ce
558 C A I
qui feroit foiipçonner ces quatre cailUs comme cï^iil
genre différent. La cadU des liles Malouines <Sc celle
de Madagafcar , font comme dorées fur un fond brun ,
leur ventre elt fauve-cendré. La cailk de Java , Voyc?
RÉVEIL - MATIN. La caïlU de Cayenne ; elle eli plus
petite que la nôtre , & fon plumage eil m.oucheté de
gris 5 de blanc &: de noir ; fon bec efl noirâtre , & les
pieds d'un gris-jaunâtre. . ^
A l'égard de l'efpece appelée Roi dis caïlhs , Nojtt
Râle de terre.
CAILLEBOT. Voyei Obier.
CAILLE-LAIT ou petit Muguet , en latin Gal-
lium, Le caille-lait eil une plante commune dans nos
campagnes , notamment dans les prés , & qui s'élève
à la hauteur de neuf ou dix pouces. Sa racine eil vi-
vace , noueufe, traçante , garnie de plufieurs filamens,
& d'un jaune tirant fur le rouge , dit M. DcUu^.
Elle pouffe plufieurs tiges hautes de deux pieds , ou
environ , rameufes , menues , carrées , & qui ont plu-
fieurs nœuds : le long des tiges , font difpofées , à
l'endroit des nœuds., des feuilles en rayons ou en
vert' cilles, au nombre de cinq, & le plus fouvent de
neuf. Ces tiges foutiennent à leurs extrémités de pe-
tites fleurs en cloche , évafées , partagées en quatre
parties &: ramaffées en grappe ou en épi paniculé. Ces
fleurs font jaunes dans une efpece , Gallium luteuruy
C.B. Pin. 3 3 5 ; Gallium vcrum , Linn. i 5 5 ; & blanches
dans l'autre , Gallium album vulgare^ Tourn. Inil. 115;
Mollugo momana^ latifoUa ^ ramofa^ C. B. Pin. 334;
Gallium mollugo^ Linn. 155. Aux fleurs fuccedent des
fruits compofés de deux femences d'une figure affez
femblable à celle d'un croiffant.
Tournefort compte treize efpeces de gallium ou caille-'
lait , dont la plus commune efl le caille-lait à Jlcurs
jaunes , & en même teir.ps celle dont on fait le plus
d'iiiage. Les fommités fleuries de cette plante font
çaiM^x k lait , de même que le pingulcula des Suédois^
feu grajjctte. Le cailk - /^/f appliqué extérieurement ,
guérit réryfi^ele &: la brûlure ; mis dans les narines ,
il en arrête l'hémorragie. Les expériences de M. Guet-
tard lui ont appris que les racines de nos cailk-laits ,
ainfi que celles du grateron ordinaire , ont la propriété
de colorer en rouge les os des animaux , comme le
font les racines de garance.
L'expérience a été faite d'abord avec l'efpece de
caille-lait à finir s jaunes^ qui croît en Bas -Poitou
fur les côtes de la mer , dont les racines foni groffes
& très-abondantes. Les os des poulets que l'on nour-
riffoit d'une pâtée oii l'on mêloit de cette racine en
poudre , devinrent d'un rouge couleur de rofe , avec
les mêmes circonftances que M. Duhamel a obfervées
dans ceux qu'il a nourris avec la racine de garance,
M. Guettard a remarqué dans ces expériences , que les
poulets nourris avec la racine du grateron , font devenu»
très-gras ; pendant que ceux qui l'ont été avec celle
du caille-lait^ font devenus étiques. Les femences du
café grillé ou non grillé , ont rendu de même étiques
.les poulets qu'on en avoit nourris.
îl efl digne de remarque que les racines de ces
rubiacées teignent en rouge les os des animaux ( &
elles ne teignent les os , fuivant l'obfervation de
M. Haller^ que lorfqu'ils font endurcis, & qu'ils ont
quitté l'état de cartilage ; ) tandis que les tiges , les
feuilles & les femences de ces mêmes plantes n'ont
point produit cet effet , quoiqu'un Auteur ancien ait
rapporté qu'une vache ayant mangé du caille - lait ,
avoit rendu du lait rouge. L'indigo teint leul le chyle,
dit encore M. H aller ^ 6c je n'ai pu parvenir à le tein-
dre par la garance , ni par aucune autre couleur. On em-
ployoit autrefois les panicules des feuilles de caille-lait ,
pour teindre les étoffes de laine en jaune. Diverfes
expériences faites fur l'orcanette & fur la cochenille ,
prouvent que ces matières colorantes ne produifenî
pas le même çffet fur les os des animaux» Comme le^
560 C A I
racines du caiLlc-lait à jUurs j aunes ^ du Bas - Poitou J
font très-abondantes , & que cette plante croît dans
les labiés les plus arides , on pourroit la cultiver avec
i\\ç.6is dans les mauvaifes terres ; l'expérience ayant
appris qu'elles donnent un rouge auiTi beau que celui
de la garance. Il y a lieu de penfer que toutes les
racines des rubiacées donneroient une couleur rouge ,
leurs racines en ayant toujours quelque teinte. On
fait que les racines du cailk-laït du Nord font fort
ufitées en Finlande pour teindre les laines en rouge:
l'effai en a été fait à l'Académie de Stockholm. On
foiipçonne que le chavaycr û fameux du Malabar , efl:
uiie efpece de caille-lait blanc.
CAILLETOT. En Normandie on donne ce nom à
une efpece de petit turbot fort délicat. Voyc^ Turbot.
CAILLEU-TASSART , Clupea-thrifi , Linn. ; à la
Jamaïque , Sprat. PoifTon du genre du Clupe. Il fe trouve
dans la mer des Indes & dans celle de l'Amérique , &:c.
Il fe tient ordinairement à une petite diflance du rivage,
entre les racines des mangliers ; il recherche la vafe ,
l'ombrage & le varech : il y fraie & il s y nourrit de
cruflacées , de coquillages , d'œufs de poifTons , &c.
Les Habitans des Aûtilles le recherchent comme un
mets déUcat : on le prend communément avec la
faine.
Ce poiiTon , félon M. B-vuffonet , efl long de fept
ou huit pouces , fur environ léize lignes de largeur :
fon ventre efl aminci en forme de carène dentelée , ou
qui of&e environ trente -trois pointes ; fon dos efl
convexe ; fur le haut de la tête , derrière les yeux , efl
une petite figure triangulaire ; la gueule efl ovale , peu
grande , &; n'offre aucunes dents ; les écailles font
rhomboïdales , ferrées , &: difpofées en lignes longitu-
dinales ; on ne diflingue aucune ligne latérale ; le dos
efl d'un bleu-verdâtre , ÔC chaque écaille offre un point
brun; les côtés du corps font d'un blanc-argenté , ainfi
.que les opercules des ouïes ; ceux de la tcte oc près
de
C A I 5(îi
èç la tête , font d\in vert de poireau ; toutes les nageoires
font blanches , mais celles de la queue & du dos font
nuées de brun ; la nageoire dorfale cflre au dernier de
fes rayons un offelet triangulaire , long & roide ; celle
de l'anus a vingt -huit rayons légèrement rameux à
leur extrémité; la,qu ue eit ample , partagée en deux
lobes , dont l'angle rentrant efl obtus.
CAÎLLÎ. Petit crefîbn d'eau ou de fontaine , qui
croît à deux lieues de Rouen , 6z particulièrement à
Cailli. Foyei CRESSON d'eau.
CAILLOU. Mot fort vague dont le vulgaire fe fert
pour défigner quantité de pierres plus ou moins com-
munes, & plus ou moins chu"es. Il y en a de fimples,
de compofés ou mélangés ; les uns font plus ou moins
opaques , d'autres ont un tiffu irrégulier tant à l'inté-
rieur qu a l'extérieur : il faut nécelTairement que le
Naturaliile ernploie une épithete , s'il veut défigner &
faire connoître telle & telle efpece de caillou. On dit
vulgairement caillcu dt roche ^ caillou dcjafpe , caillou dô
Médoc , du Rfdn , d ^Egypte , de Rennes , d 'agate , & c . &c . ;
& toutes CCS pierres ont des caracî:eres qui leur font
propres & particuliers.
Le genre de caillou qui appartient fpéciaîement au
Jilex ^ efl une matière plus ou moins ignefcente , 6c
qu'on prétend être produite , en grande partie , par de
l'argile fableufe. Le caradere efientiel du caillou^ efl
d'erré dur & de faire feu avec l'acier ; de ne pas faire
effervefcence avec les acides ; de fe changer en verre
avec ou fans addition, félon qu'il eil: plus ou moins
coloré, plus ou moins opaque & Compofé. Le feu,
en rcuniffant les parties du caillou ou du fable d'une
manière homogène , ainii que les parties d'argile que
Fadion de l'air & des autres éîém.ens a voient peut-
être divifées , leur rend , félon M. de Buffon , leur
première forme. Si l'argile en fe condenfant , dit cet
Académicien , peut devenir du caillou & du verre ,
pourquoi le fable ^ en fe divifanî ^ ne poufroit~il pas
Tome IL N n
562 C A I _
devcx^îr de l'argile ? Le verre paroît 5tre la véri-
table terre ciémentaire , &c tous les mixtes un verre
dcdiife. Les métaux , les minéraux , les fels , &c.
ne font qu'une terre vitrefcible. Les fubdances cal-
caires de la nature des coquillages iemblent faire une
clafîe à part.
La Nature fait voir tous les jours à TObfervateur
attentif ce changement naturel de fable & de caillou en
argile , mais par un progrès lent ôc infenfible. Que Fou
jette les yeux fur une de ces campagnes incultes oii
les cailloux jonchés font épars çà '6l là ; que l'on
examine la furfàce des cailloux expofés à l'air : leur
fliperfîcie eil toujours très -blanche , tandis que le côté
oppofé qui touche la terre , conferve fa couleur natu-
relle : fi on les cafTe , on oblerve que cette blancheur
pénètre plus ou moins profondément dans le caillou^
La partie blanche ed tendre , & s'attache à la langue
comme les bols. Il eft alfé d*y reconnoître le caillou
qui s'altère , fe décompcfe , & tend à reprendre la
forme & les propriétés de l'argile & du bol dont il a
été formé. Dans tous les cailloux c'eil la même uni-
formité ; le côté expole à l'air ell: blanc & tendre,
tandis que l'autre conferve fa dureté & fa couleur.
Ce ne font donc point des cailloux imparfaits de diffé-
rens âges , qui n'ont point encore acquis leur per-
feftîon.
Cette poufiiere , tantôt d'un jaune brillant , tantôt
femblable à des paillettes d'argent dont on fe fert pour
fécher l'écriture , n'eil autre chofe qu'un fable très-
pur , en quelque forte pourri , prefque réduit en fes
principes , & qui tend à une décompofition parfaite.
Ces paillettes fe feroient atténuées & divifées au point
qu'elles auroient acquis les propriétés de l'argile. Il
paroit que le talc eft un terme moyen entre le verre
ou le caillou tranfparent , & l'argile ; au lieu que le
caillou groïTier ou impur, en fe décompofant, pâlie à
l'argile fans intermède,
C A I ^5^3
Les cailloux fe trouvent difpofés ou en grandes
maffes & par couches , ou en monceau:»: répandus en
très-grande quantité , (bit à la furface , Ibit dans l'in-
térieur de ia terre , épars quelquefois çà & là dans
la craie.
L'eau , en pénétrant les couches de fable vïtrifîabîa
( ignefcenî ) , de grès , d'argile , d'ardoife , fe charge àes
parties les plus fines & les plus homogènes de ces.
matières, & elle en forme plufieiirs concrétions diffé-
rentes , tels que les talcs , les amiantes & autres. Le
criftal de roche , les pierres précieufes , 5c même le
diamant , peuvent être regardés comme des fdllations
de matières ignefcentes , produites par les eaux. C'ed
ainli que dans le fyftême du monde , la même fubflance
devient un cercle de mutation dont les extrémités fe
confondent.
Quant à ce qui regarde les parties conilituantes dit
caillou filcx , nous dirions volontiers avec Henckd z
O caillou .'.... caillou ! quelle ejl la matier^ qui i*a.
formé ? Mais nous avons cru faire plaiiir à nos Leàeurs ,'
en leur préfentant d'abord les belles idées de M. d&.
Bufon. Nous ajouterons encore un extrait de ce qui a
été écrit fur cette matière par divers autres Auteurs,
Flenckd penfe que le caillou , dans fa première orî-^
gine , a été formé de la marne , fondé fur ce que laç
marne fans addition , a la propriété de fe durcir dansr
le feu , au point de donner des étincelles lorfqu'on la,
frappe avec l'acier ; ce qui fait une des principales
propriétés du caillou: mais il ne peut pas croire quet
dans ia formation le feu doive être regardé comme
agent extérieur.
Zimmermann dit que , fi l'on vient à cafTer un caillou ^
on le trouvera feuilleté & tranchant à l'endroit où il
aura été caffé ; que les cailloux font toujours plus durs ^
plus purs &: plus tranfparens vers le milieu ou le
centre , qu'à l'enveloppe ; de manière que le grain
central fe diilingue toujoui-s des autres parties enviroij?
Nn i
554 , C A I
nantes qiû font plus molles & moins compacte?.
Quand on Icie & polit les cailloux , ils acquièrent ou
développent une tranfparence d'autant plus grande , que
le grain en efl: plus pur ou criftallin; mais il fuit de là
aue le caillou dans fon principe doit avoir été fous une
forme liquide ; car la tranfparence fuppofe un ordre , un
arrangement & une forte de fymétrie dans les parties,
qite l'on ne peut trouver que dans un fuiide. Si le
Ciùllcu eft extérieurement gercé & plein de crevalîes,
il efl' clair que la matière en eil aigre ; qualité qui
vient apparemment d'une condenfaticn fubite ; mais
l'intérieur qui efl: moins opaque , d'un tiffu plus ferré,
n'a pas été faifî ni condenfé fi fubitement. Les cailloux
petits &: graveleux feroient peut-être devenus gros ,
purs &: parfaits , s'ils n'eufTent pas été interrom^pus
dans leur formation.
Le caractère de ces fortes de pierres efc d'être , oit
lamelleufes ; alors c'cfb un fiUx dur & formé en cou-
ches corftinues par Jlillatwn ou épanchement : ou en
maffes fphériques , irrégidieres , & avec une croûte
blanche ; alors il efl formé par con^liitlnaÛGn , oL le
centre en efl fouvent criflallifé comme du quartz ;
Tffpece qui fe trouve en maffes ifolées , & diuribuées
par bancs dans les crayeres y efl noirâtre & revêtue
d'une croûte blanche farineufe ; c'efl: la plzrn a brlquzt :
l'efpece que l'on taille pour l'ufage des fuiils , eft de
couleur blonde , oL demi-tranfparente : on en trouve
beaucoup à Saint-Aignan dans le Berry. S'il efr en
maffes grenues , poreufes , friables , fans dureté , &: s'il
ne fe caffe pas en fragmens , convexes d'une part ÔC
concaves de l'autre; alors il eft formé par aggrégatlorz.
Les cailloux un peu tranfparens &C d'un grain fin ,
comme les belles agates , ne fe vitrifient point fans
addition : il faut les mêler avec une fuffifante quantité
de fel alkali fixe. Les cailloux blancs tranfparens font
eflimés ks meilleurs dans l'ufage de la verrerie, parce
que ne contenant point de particules métalliques , ils
C A I 565
ne doanent aucune couleur au verre qu'ils forment;
ceux qui font durs, très-fcintilbns^, d'un tiii\i ferré èc
uni , colores &: demi>tranfparens , font des fortes d'a-
gates : la fubitance efl la même. La couleur met feule
la différence entre ce que Ton nomme fardoim 5 onice,
chalccdoine , cornaline , jade , & autres pierres qui dans
la diilribution fynop tique , appartiennent au même ordre.
Confulte:^ notre Minéralogie , vol. 1. Vojei dans ce
Dictionnaire chacun de ces mots & Vardcle Agate, A
l'égard des cailloux opaques , colorés , marbrés , ou
à zones d'une ou de plufieurs teintes vives, Foyei^
Jasfe. Foyei auffi C article SïLEX.
Caillou d'Angleterre. Voye^ Astroïte &
Poudingue.
Cailloux d'Alençon , de Bristol , de Médoc ,
DU Rhin , de Cayenne , &c. Voye^ Cailloux-
cristaux.
Cailloux arborisés. Voye^ Dendrttes , &
tartïcu Agate.
Cailloux-cristaux. On appelle ainfi des pierres
dures , plus ou moins tranfparentes , de différentes
couleurs &: de différentes formes ; ce font pour la
plupart des criftaux de roche ou des quartz. Tels font
I ^ le caillou en quille ou diamant £ Alençon qui fe
trouve dans le granit du village de Hertrey près
d'Alençon ; 2.° les criflaux polyèdres qui fe trouvent
enfermés dans des pierres arrondies & en forme de
géode , ôc qu'on trouve en Dauphiné près d'Orel <î>c
de Mélan , de P.emufat & de Die ; 3 .^ le caillcu arrondi
de Médoc en Guienne , &: celui du Bas-Poitou appelé
pierre de Camherlau ; le caillou ovale du Pvhin , celui
de Cayenne ,& le caillou de Briftol , celui-ci efl un
criilal de roche à deux pointes. Toutes ces efpeces de
cailloux font des pierres ignefcentes dont la matière
ou fflicée ou quartzeufe fe rapproche par fa pureté de
celle des criilaux de roche, & même de celles des
pierreries dures. Foyei Cristal de kocke & Quartz,
Nn 3
5<?6 C A I
Caillou d'Egypte. Efpece de petro-JiUx opaque
& maculé. C'cfl une efpece de jafpc. Voyez et mot.
Les cailloux ir Egypte ont été trouvés pour la pre-
mière fois ^3X Paul Lucas en 1714, dans la Haute-
Egypte 5 fur le bord du Nil , proche le village d'In-
cheric , où fe fait la poudre à canon pour le fervice du
Grand-Seigneur. L'on a taillé de ces caïllcux , lefquels
ont pris un très-beau poli : il s'y rencontre des pay-
sages , des arborifations , des mafques , des têtes & des
figures , dans des attitudes fort fingulieres , ôc aux-
quelles l'imagination ajoute fouvent beaucoup d'attri-
buts. L'efpece de caillou a Egypte la plus rare efl: celle
qui eft mêlée de beaucoup de blanc par fafcies, c'eil-
à-dire par bandes : le fond eft brun obfcur , mêlé de
îaune. Ces cailloux fe caffent toujours en éclats tran-
chans comme le ûlex ou comme le verre de bouteille ,
convexes d'un côté & concaves de l'autre. On a
découvert de femblables cailloux dans les environs de
Freyberg en 1743, dont on fait auiîi divers ouvrages,
tels que boîtes , tabatières , &c.
Caillou de Rennes. Efpece à^. poudingue. Voyez
ce mot.
Caillou de Roche. Voyei Petro-silex.
CALMITIER , Chryfophyllum , Linn. Genre de
plante à fleurs monopétalées , de la famille des Sapotilles y
ôc qui comprend des arbres & des arbriffeaux exotiques ,
dont les fleurs font axillaires , & dont les feuilles
Simples & alternes ont fouvent leur furface inférieure
l)rillante & comme dorée ; le fruit eft une groife
baie globuleufe , ordinairement à dix loges , qui con-
tiennent chacune une femence ofieufe , un peu com-
primée , luifante 6c marquée d'une tache ou d'une
cicatrice latérale.
CaÏmitïER pomiforme ^ Chryfophyllum cainiio ,
Linn. , Plum. C'eft un arbre des Antilles , fort branchu ,
& qui s'élève jufqu'à la hauteur de trente à quarante
pieds \ fa cime efl fort amplç ôc fort étalée : fon écorce
C A I 567
eft crevaffée , rouffâtre ; fon bois tendre & blanc : Tes
feuilles font larges de trois à quatre pouces , longues
de fept à huit pouces , ovales , un peu pointues ,
•divifées en deux parties égales par une grolie côte ,
d'où partent plufieurs nervaires , parallèles , un peu
obliques , fans dentelure , luifantes , unies & d*un vert
foncé en defliis , couvertes en defîous d'un duvet fin ,
ibyeux, d'une couleur d'or ferrugineufe , portées fur
des pétioles longs de huit à neuf lignes , difpofées
alternativement far une ramille : fes fleurs font petites ,
en cloche , évafées par les bords , découpées en cinq
ou fix parties égales , portées fur un calice également
découpé & dont les extrémités font arrondies : le
centre des fleurs efl occupé par un piil:il dont l'embryon
devient un fruit mou , charnu , gros comme un œuf,
couvert d'une pellicule lifTe , épaiil'e , d'un rofe nue de
vert ou de jaune, ou pourprée ou violette-bleuâtre ,
& qui contient une pulpe mollaffe , laiteufe , gluante ,
d'un goût fade, d'une odeur purulente, Scqm environne
cinq à dix noyaux bruns en dehors , un peu aplatis ,
raboteux par un bord, durs, liffes; l'amande çft blanche
en dedans , d'un goût amer. Cet arbre croît par-tout ;
on en mange les fruits : fon bois fert à bâtir , & il
dure aflez lorfqu'il efl à l'abri du foleil &c de la pluie,.
On aflure que fes feuilles appliquées fur une plaie , du
côté vert, divifcnt, atténuent les humeurs, &c procurent
ime fuppuration abondante , tandis qu'elles en arrêtent
le flux immodéré, &c qu'elles refferrent les fibres, fi on
les applique du côté f oyeux, qui efl: Pinfirieur.
CAÏMiTiERa fruit en forme de groffes olives, Caïizuo
folio fubtùs aiireo^ fruciii oHvœ furmi , Pluni. , Burm. ;
c'efl Vacomas de Nicoljon. Cette elpece efl commune
dans les bois à Saint-Domingue , & fleurit en Octobre
& Novembre ; fes fruits font mûrs en Mai & Juin.
Le caïmitierk feuilles glabres des deux côtés, Ckryfr
fhyllum glabruni , Linn> U croît dans les bois à la
Mrèi'tiîiique^
Nîî 4
5^8 C A I CAL
CaÏMITIER h fruit pyriforme , Chryfcphylhim Ma^
coucou , Aublet. Ce grand arbre croît dans la Giiiane ;
fes fruits ont un goût plus agréable que ceux des
autres caimitiers.
CAJOUS ou Cajou. Voyez Acajou-pomme à l'article
Acajou.
CAÏPON. Nom donné à un arbre très-élcvé, qui
croît à Saint-Dcmingue. Son tronc eil droit , grand
& branchu au fommet ; Pécorce unie , épaiffe , d'un
rouge-cendré ; fon bois eft blanchâtre , fblide , peiant :
fes feuilles font oblongues, pointues, dentelées fur les
bords 5 luifantes : fes fleurs font blanchâtres , & fuc-
cédées de fruits ovales , verdâtres , qui deviennent
rouffâtres en féchant. Son bois eil employé dans les
ouvrages de charpente ; mais pour qu':l dure il doit
"être à l'abri de la pluie & du foleil. Ejfaï fur CH'ifl.
Natur. de Saint-Domingue,
CAITAIA. AuBréfil, Mon Marc grave ^ Saïmiri;
ef!:)cce de Sapajou, Voyez Saï:v1îri.
'CAJU-BESSÎ. Voy:i Bessï.
CAKATOCHA ou Catacoua. Foye^ Kakatou.
CAKILE , Cakilc maritima ampliors, folio , Corol.
Ind:. 49 ; Eruca maritima , Italica ^ fdiquâ Jiafœ cufpidi
fmili , C. B. Pin. 99, Quelques Auteurs prétendent
que c'eft un raifort marin ; d'autres l'appellent roquette
de mer. Quoi qu'il en foit , cette plante croît fur les
parages élevés des mers dans les lieux pierreux : elle
pouffe beaucoup de tiges , hautes d'un pied. Ses feuilles
font oblongues, plus ou moins étroites, grades, d'un
goût acre & falé : fes fieurs de couleur purpurine ,
reil'emblent à celles de la roquette. 11 leur fuccede
pour fruit , des gouffcs courtes , pointues , ayant la
figure du fer d'une pique , &: renfermant chacune deux
feminces : on s'en fert dans les lieux oii cette plante
naît, pour le fcorbut &: pour la colique néphrétique.
CALABA , Calophyllum, Nom d'un genre de plante
à fleurs polypétalées , qui a des rapports avec le
CAL .5^9
mangoiijîan , & qui comprend des arbres exotiques dont
les teuiiles-iont fimples, oppolees & remarquables par
la Hnefle de leurs nervures. Le fruit efc une noix fphéri-
que 5 charnue ^ contenant un noyau globuleux , dans
lequel efl une amande de même forme.
Il y a : Le calaba à fruits ronds , des îfles de Bourbon,
de France , &c. Calophyllum inophyllum ^ Linn.; Ponna ,
Rheed. Mal. ; Bitan^or marïtima , Runiph. Amb. C'tll
Tarbre qui donne le baume vert , Voyez ce mot. Sa
variété s'appelle le bois marie , 6l fe trouve en Amé-
rique.
Le calaba à fruits alongés , Calophyllum calaba ,
Linn. ; Tsj croît- Ponna , Rheed. Mal. Ses fruits font
rouges , & reffemblent allez par leur forme &: leur
volume à ceux du cornouiller mâle. Les Indiens le
mangent , & tirent par expreflicn de fes amandes wv.ç.
huile qui fert pour les lampes.
Le calaba à feuilles acuminées , Bitangor fylvejtrls ,
Rumph. Amb. Ses fruits font un peu pomtus. On
trouve cette dernière efpece dans les endroits mon-
tagneux des Moluques , &: dans l'Ifle de Java.
CALAC 5 Carïjfa. Nom d'un genre de plante à
fleurs monopétalees , & qui comprend des arbriffeaiix
exotiques com.muném-ent épineux , dont les feuilles
font iimples ôc oppofées , & dont les fleurs ccnfor-
niées à-peu-près comme celles des jafmins, produiient
des baies biloculaires , & à plufieurs femences.
Il y a : Le calac à feuilles obtufes , des Indes , Cariffa
carandas , Linn. ; on fait avec fes baies de très-bonnes
confitures. Le calac à feuilles de faule , des Indes. Le
calac à feuilles ovales , de l'Arabie & àç:s Indes Orien-
tales, oïL à feuilles de myrte , Cariffa jyinarum ^Isiïm,
Le calac du Cap de Bonne-Efpérance , CariJJa arduina
h'ijpinofa^ Linn. , Mant. 52.
CALAF. On croit que c'eil une efpece de faule nain ,
qui naît en Egypte , en Syrie , aux lieux humides ,
& dont il çfi fait mention dan^ quelques Auteurs, feus
«J70 Cal
les noms de han , de fr.fsaf & de :{amth ; fa fleur
naît avant la feuille. Cette fleur efl -longuette ,
blanche , lanugineufe , odorante : l^s feuilles , graffes
au toucher & de couleur perlée , font beaucoup
plus grandes que celles du iaule ordinaire. Les
Egyptiens diflillent les fleiu-s , & en tirent cette
famtufe eau cordiale qu'ils appellent mac.ihaUf^ dont
ils font ufage pour réprimer le trop grand défir de
l'afte vénérien. On prcpare auin à Damas de cette
eau , & l'odeur en eil fi agréable & fi pénétrante
qu'elle fufHt pour diffiper la défaillance. Les Maures
s'en fervent tant intérieurement qu'extérieurement
oans les fièvres ardentes & peflilentielles. Lcmzry
dit que le faule que nous anp:4ons mcirfza.ii , eft
fi femblable à ce calaf ^ que rAmbalîadeur de Perfe ,
qui vint à Paris en 1 7 1 5 , en fit foigneufement
rc.mafrer les fleurs pour les dilliller , & en boire
î'eau qu'il re'2;ardoit comme un puiffant rafraîchifTant.
Le C2laf n'eft-il pas un chaUf^ celui appelé olhur de
Bohême.
CALAGUALA. Plante qui croît à Quito & à
Popayan dans le Pérou. De fa racine fortent plu-
fieurs pédicules coudés , triangulaires , creux , flriés ,
& portant des feuilles larges par la bafe , étroites par
îe bout , vertes , luifantes , & garnies extérieurement
d'un nombre de capfules orbiculaires, feminales, dentées
& rangées far deux lignes : ces femmces font menues
comme de la pouiTiere , &: font lancées au loin avec
force élallique tous les ans , lorfque les capfules vien-
nent à s'ouvrir.
On diftingue trois fortes de racine de cala^u.ila ,
qui cil la feule partie d'ufage en Médecine. La première
ne fe trouve que fur les rochers , & efl épaiffe , de
couleur i'aune-brunâtre, entourée de mouffe, cxtérieib
lement lieneufe , compofée intérieurement de fibres
•blanches & longues , &: au milieu de cette racine eâ
' une mz'i^'^.'-z un peu fpongieufe.
CAL ^ '571
La deii^cieme ne croît que dans les terrains fablon-
neiix; elle efl moins volumineufa que la précédente ,
6c h couleur eil d'iui bnui-rougeâtre , quelquefois
grilâtre.
La troifieme forte de racine de calaguala eft cultivée
dans les jardins ; fa couleur ell obfcure , cendrée par
la partie convexe.
On préfère la première forte , qui efl la mieux
nourrie, non cariée ou vermoulue, qui fe coupe faci-
lement 5 & qui a un goût favonneux. On l'eflime apé-
ritive, & très-fudoriiique : on en fait ufage, lolt en
décoction , foit en poudre , à la dofe d'un demi-gros
6c quelquefois d'un gros.
Le calaguala eft beaucoup plus connu & plus ufiîé
en Efpagne &: en Portugal , qu'en France. Pkarmacop.
Matntenf. edit. z^.
CALALOU, Cucurbua pcpo ^ Ammca.na , an Ketmia
Brafdknfis , folïc ficus ^fruau pyramidato fiiUato ? înfl. ;
Karculou ^ Barr. ElT. , pag. GG ; Ouaouciyama , des
Caraïbes ; Quingombo Lujïtanis , Marcg. Plante ramipante
très-eifentielle aux Blancs &: aux Nègres de la Guiane ;
les Habitans l'appellent auiïi citrouïlU , potiron , gombdut
& giraumont. Le giraumont croît naturellement à la
Louifiane : cette plante , ou race particulière dans
i'efpece àwpepon^ (Voyez à lafuïu di VanlcU COVRGE
à limbe droit ) porte des femlles qui font prefque auffi
larges qu'une aiTiette ; fes fleurs font j aimes , ÔC S
leiu: faccede des fruits tendres , remplis de petites
graines mucilagineufes. Ce fruit étant jeune fe cueille
pour être mangé en falade , à l'e-.u &" au fel. Il eft
bon pour l'ellcm.ac 6c convenable aux convalefcens.
Lorfque le fruit eft miir , on le hache par petits mor-
ceaux avec les feuilles de la plante , on fait cuire le
tout avec du lard; c'eft le mets que les Dames Créoles
donnent par préférence aux perfonnes les plus diftin-
guées ; quelquefois on les met dans la foupe , on les
îVlcaiTe ; d'autres fois on les fait cuire au four & feus
57i CAL
la braife. On les mange en purée ; de toutes façons ,'
ils font bons 6c agréables : on en fait auffi des beignets.
Quelquefois les glraumonts font très-volumineux , &
kur écorce varie pour la couleur , fuivant la variété.
La chair cil une pulpe fine d'un jaune pâle , plus ferme ,
d'un fucre moins fade, & dun goût beaucoup plus
relevé que celle de !a citrouille ; on en fait des confi-
tures feches. Pour cet t^Qi on les taille en forme de
poire ou de qiielqu'autre fruit , & on les confit auiîi
à {ec avec fort peu de tlicre , parce qu'ils font natu-
rellement fucrés. Les perioanes qui ne les connclfTent
pas font furpris de voir des fruits entiers coniits , (ans
trouver en dedans aucuns pépins. Il y a des glraumouiS
qui fentent un peu le mufc ; ce qui en relevé la
faveur.
Nicolfon ÇE.Jiû fi/r l' I-Ii.fi, Natitr. d: Saïnt-Dom'tn-
gue) difl;ngue trois efpeces de giraujjionts \ favor, le
Vert , le jaunt & gros , le jaune & pztïî. Il dit que
c'efl Vanguria du Pcrc Plumier , le jujuru , bahom à.(^s
Caraïbes.
CALAMBAC &CALAMBOUC. Voyc/J^^ois d'Aloès.
CALAMBOîjPvG ou Cunamboirk. Bois odori-
férant de couleur verdâtre ; il diffère du calambouc
qui vient de la Chine , & dont nous avons parlé au
mot bois d'aloes , Voyez ce mot. On emploie le calam^
bourg en ouvrages de tabletterie, ê^ dans les bains de
propreté.
CALAMENT , Calaminihci. Cq.^ une plante qui
s'élève environ à la hauteur d'un pied , & qui fe
divife en plufieiu's rejetons anguleux ; i'es feuilles font
prefque rondes , un peu pointues , légèrement lanu-
gineufes , & rangées deux à deux l'une vis-à-vis de
l'autre.
On fait ufage de trois ou quatre efpeces principales
de calamcnt ; favoir ; le calament ordinaire , le cala-
niera a odeur de pouliot ^ le calaïucnt de montagne ou
à grande fleur, & le calament dis champs ou \q pouliot-*
CAL 573
thym, ( M. DehuT^z cbîerve que les trois premières
font clu genre de la Mélîjje , &. la quatrième eil une
mmthi , ielon Llnnœus : c'eff le calamait des marais ,
Manhafm Calamintha aquat'ica ,,'^À\.Sjno^{, 3 , 232;
Mcmha arvmjîs , verticillata , hirjuta ,J. B, 3,217. Si^s
fleurs font verticillées , peu garnies ; les étamines
égales , Si quelquefois furpaiTanî la corolle. ) Elles por^
tent dans les aiiTelles des feuilles , des fleurs en gueule ,
de coiileur purpurine , auxquelles fuccedent quatre
embryons qui fe changent en autant de graines arron-
dies oC noirâtres. Toutes ces efpeces de plantes font
remarquables par leur odeur forte & aromatique , qui
les rendent utiles dans tous les cas où il s'agit d'in-
cifer puiiTamment les humeurs vifqueufes : on en prend
en manière de thé pour provoquer les règles : appli-
quées extérieurement , elles atténuent , répercutent &
réfclvent.
On a donné le nom de calaimnt en arbriiTeau à la
farriette de montag^ne. Voyez cz mot»
CALAMINE FOSSILE ou Pierre Calamînaïre,
Calaminaris lapis, La pierre calaminaire eil la cadmlc-
foffJ.e par excellence , Cadmia native , ou , à proprement
parler , la matrice , la mine de zinc terreufe , ou à
l'état de chaux. Foye^ Zmc,
La calamine n'afFecle point de figure déterminée ;
elle efl plus ou moins friable Se compa£):e , quelque-
fois poreufe , de différentes couleurs , & contient ,
outre le zinc , de la terre , du fable , du kr précipité ,
ou ochre martiale , fouvent de la gaUnc de plomb ,
Voyez ce mot. En général , la calamine, eil plus légère
que les moines de fer.
Celle qui efr rougeâtre eiî: très-pauvre en zinc; elle
contient beaucoup dé fer ; celle qui eil grife ou d'un
jaune pâle contient beaucoup plus de zinc, & eft la
meilleure pour convertir le cuivre rouge en laiton,
Ainfi 5 toute pierre appelée calaminairz , qui , mêlée
j&vec dçs chaxboos &: ^r^fiiite expofç^ à l'aftion là pins
574 CAL
véhémente d'un feu renfermé, ne produit point de
zinc , ou qui à un feu découvert ne compofe point
le laiton lorfqu'elle eft mêlée avec le cuivre rolette
& le charbon , n'ed point une vraie pierre calamlnaire,
Ceft la règle que nous en donne M. Margrajff, Toutes
les calamines femblent être des réfultats ochracés pro-
venant naturellement de la décompchtion &: précipi-
tation du vitriol de zinc & du vitriol martial dans à^^
matrices limoneufes plus ou moins mélangées. On
trouve la calamine dans les environs d'Aix-la-Chapelle,
dans le Berry , aux environs de Saumur en Anjou , &
en d'autres endroits de l'Europe. Elle fe préfente très-
fouvent fous la première couche de la terre. Dans le
Duché de Lîmbourg,les mines à^. calamine font abon-
dantes &: s'exploitent , de même que le charbon de
terre , par bures , par galeries , &c. C'eil à Namur
qu'on la travaille , à l'aide des fourneaux & des ma-
chines faites exprès , pour en extraire le zinc , & l'af*
focier au cuivre rouge. Cette opération eit diiiicile
& curieufe. Confultci^ notre Minéralogie & le Diciion-
naire de Chimie. On emploie en Médecine la pierre
calaminaire à l'extérieur : on l'eflime adringente , propre
à fécher & à cicatrifer les plaies & les ulcères , mais
pour cela il faut qu'elle foit bien lavée & porphyrifée.
CALAMITE. Epithete que l'on donne au jlorax en
larmes , à caufe qu'on le mettoit autrefois dans des
rofeaux appel es calami pour le conferver. Voye\ Stor AX.
M. Guettard donne auiîile nom de calamité^ Calamités^
à des polypites dont le caradere générique eil: d'être
en groupe , dont chaque piirtie font des tuyavix plus
ou moins cylindriques, non raminés ou très-peu , ter-
minés par le bout fupé rieur en étoiles uniques.
CALaMUS aromatique vrai ou Roseau
AROMATIQUE , Calamus aromaticus verus. Beaucoup
de Pharmaciens confondent le véritable calamus avec
Vacorus vrai , ils fe trompent : ces fubftances végétales
différent beaucoup l'une de l'autre : il fuifit de les exa*,
CAL 575
înîne^ dsns les boiniques & de les ccmparer dans les
del criptions de Diofcoridc . de Pline , de Galicn , &c,
pour s'en convaincre ; Vasonis eft une racine , Voye:!^
AcORVS. Le calamus ou îoieau aromatique, Arundo
Syrïaca foliis ex adverfo Jitis^ Morif. , eft au contraire
la tige d'une plante arimdinacée , crcufe comme m\
chalumeau , grofTe comme une plume médiocre , ge-
nouillée, d'un jaune pale ou d'un gris-rougeâtre en
dehors , blanche en dedans , rem.plie d'une îubilance
fongueufe ou moelle , d'un goût acre , d'une amer-
turne légère , &: d'une affez bonne odeur. On nous
l'appcrte\les Indes & d'Egypte toujours lec , en petites
bottes hautes de deux ou trois pieds , faciles à calTer.
Paludamis , Piofper Alpin & le Portugais Gar^ias ,
font les premiers &: les feuls qui aient rencontré &
décrit la plante du vrai calamus aromatique. Cette plante
s'appelle cajfahl-d arriva. Il fort de chaque nœud de la
tige deux feuilles longues, pointues , vertes ; fes fleurs
naiffent aux fommités de la tige & des rameaux , dif-
pofées en petites ombelles ou bouquets jaunes , auxquels
fuccedent de petites capfules oblongues , pointues ,
noires , qui contiennent des graines menues & de la
même couleur.
Les Peuples des Indes emploient la tige pour alTai-
fonner le poiiTcn &: les viandes bouillies ; elle fortifie
Teflcmac &: facilite la digeflion : prife en déco£lion
elle provoque les micnflrues. Les Egyptiens s'en fervent
pour appaiier la toux , en en afpirant la flimée avec
wn chakuneau. Les Indiens en font fouvent ufage dans
les maladies hyfîériques & les douleurs de nerfs. En
Europe , on l'emploie dans la thériaque , comme propre
à réfifter au venin.
CALANDRE , pL enl, 363. /j^. 2, Calendra en ef-
psgnol & en italien. C'efl la grolfe & grande alouette;
elle a les mœurs de r alouette vulgaire , le chant ^
même la faculté d'imiter celui de pluiieurs autres
oifeaux y ainfi que difFérens fons , loi-fqu'çlle a étQ
575 CAL
éd'.qiiée de bonn3 heure , par les foins de lliomme;
La calandre eil répandue dans les Pays chauds , & on
ne la trouve en France que dans les Provinces Mcri-
dionales : diiFérem.nent de Xaloactu vulgaire , la calandre
brife (en grain avant de lavaler. La calandre qui fe
trouve au Cap de Bonne-El'pérance , a reçu le furnora
de cravattc jaune.
CALAO. C'eil le nom générique de plufieurs efpeces
d'oifeaux , allez gros , & très-remarquables par la forme
finguliere de leur bec. Les calaos font du LXI.^ genre
de la Méthode de M. Brijfon. Des Auteurs donnent
au calao , en latin , le nom à^iydrocorax ; d'autres le
défignent très -improprement ahifi , corviis Indiens ;
mais les calaos n'ont aucun rapport avec les corbeaux,
& ne vivent point au bord des eaux comme fembleroit
l'indiquer le nom ô.-hydrocorax. Ce font des oifeaux
terrefîres & qui fc nourriffent de fruits comme les
toucans ; ces derniers font propres au nouveau Con-
tinent ; les calaos ne fe trouvant qu'aux Indes Orien-
tales & en Afrique , appartiennent uniquement aux-
contrées chaudes de l'ancien Continent. Quelques
Naturaliiles appellent les calaos , clfcaux rhinocéros ,
quoique ce nom ne s'applique communément qu'à
une efpece de ce genre.
Les calaos ont les jam.bes couvertes de plumes juf-
qu'au talon ; les pieds , qui font courts , ont quatre
doigts , gros , dénués de membranes , trois devant ,
un derrière ; celui du milieu des trois antérieurs efl
étroitement uni au doigt extérieur iufqu'à la troifieme
articulation , ër au doigt intérieur jufqu'à la première ;
îe bec très-gros , à large ouverture ^ cependant foible ,
d'une fubiiance fragile & fujette à fe féparer par écailles;
il eil alongé &: courbé comme une faux , dentelé le
long de fes bords ; ce bec , incommode par fon poids ,
eil encore fouvent furchargé d'excrcillances qui doivent
en augmenter la pefanteur 6i en gêner les mouvemens.
Ces gifemix femblent doac être xsx^ conformés pour
marcher
CAL iç'7'j^
hiaîcher , fe percher , fe foutenir ^ & même pour
prendre la nourriture dont ils ont befoin ; ils font à
nos yeux des êtres traités peu favorablement, informes
en quelque forte , & infortunés ; mais il faut croire ,
dit M. Mauduit , que la Nature , occupée de la penfée
de la création , a tout vu dans l'avenir , connu tout
d'avance , calculé les rapports & les relations entre
les parties & le tout , entre les befoins & les moyens ,
& que rien n'a pu fortir de its mains informe oU
mal-afîbrti.
On diftingue plufieurs. efpeces de calaos \ i.^ le
calao à h ce ou noir ou rou^e. , du Sénégal. Voyez
TOCK.
i."* Le calao (VAbyJfink , pi. enl. 779. C'efl un des
plus grands de ce genre ; tout fon plumage eft noir ;
les grandes pennes des ailes blanches ; le bec noir,
long de neuf pouces, moufle par la pointe, & une
plaque rouge fur chaque côté ; la proéminence du bec
a deux pouces & demi de diamètre.
3 .° Le calao d'Afrique , appelé le brac ou trompette
de brac ; il eft de la groffeur du dindon ; fon plumage
eft noir ; fon bec eft en partie rouge , en partie jaune
& bordé de noir.
4.^ Le calao de Gingi ; on le trouve à la Côte de
Corornandel; fon bec efl très-long, fortement courbé;
FexcroifTance fur le bec forme comme un fécond bec ,
mais moitié moins long que le premier ou véritable
bec , qui eft noir , bordé de blanc ; le plumage d un
gris-brun.
5.^ Le calao à bec cifelé ou dentelé^ de l'Iile Panay.
M. Sonmrat dit qu'il eîl à-peu-près de la taille du gros
corbeau d'Europe; fon bec, dentelé le long de^fes
bords, efl fillonné en travers dans les deux tiers de
fa longueur; la couleur du bec eft brune , mais les
rainures ou enfoncemens font couleur d'orpin ; l'ex-
croiiTance de ce bec eil comprimée fur les cotés , tran-
chante en deiîiis ; le plumage fur le corps efl d un
Tome II. O o .
'^578 C A £•
noir chatoyant le bleu-verdâtre ; le deffous du corp^
efl roufîàtre.
6.^ Le calao de Malabar efl: de la groiTeur dii
corbeau ; l'excroifiance furmonte & forme comme lin
fécond bec , appliquée & couchée fuivant la cour-
bure du véritable bec , élevée de plus de deux pouces ,
^ finit à deux pouces du vrai bec : on diroit d'un bec
tronqué & fermé à fa pointe ; l'intérieur en efl cel-
lulaire ; fa fubilance efl mince , blanche - jaunâtre au
milieu , les deux extrémités noires ; de longs cils
arqués en arrière garniffent la paupière. On a vu un
de ces individus à Paris ; & , en général , la figure j
l'allure & toute la tournure de ce calao , ont paru
im compofé des traits ôc des mouvemens du geai ,
du corbeau &: de la pie : il faifoit entendre un
glouffement comme la poule d'Inde qui conduit fes
petits ; le plumage à-peu-près le même qu'au calao d^
l'Ifle Panay.
7.° Le calao de Manille^ pi. enl. 89 î. Il efl de la
groffeur du tock ; fon bec 5 couleur de chair pâle , efl fans
dentelures , afTez pointu , & tranchant ^ar les bords ;
ce bec efl furmonte d'un léger feflon proéminent;
fon plumage efl brun-noirâtre fur le corps , Ôc d'un blanc
fale en delibus.
8.^ Le calao des Moliiqms , pi. enl. 283. Il efl dç
la grofTeur du coq ; fon plumage efl , pour la plus
grande partie , de couleur fauve mêlé de noir ; le
\)(ic efl cendré-noirâtre ; PexcroifTance du bec efl blan-^
ch^re 5 arrondie en arrière , plate en de fuis.
9.° Le calao des Philippines efl de la grofTeur d'un,
dindon ; le plumage efi: noir fur le corps & blanc en
defTous ; les pieds font verdâtres ; fon bec efl long
de neuf pouces , de couleur rougeâtre , ainfi que l'ex-
croiiTance qui efl longue de fix pouces , large de
trois , arrondie en arrière , concave en defTus , &
terminée par lii^wn angles avancés ; les narines font
placées à l'origine du bec^ feus cette exçroiffance.
CAL ^79
'10.^ Le calao des Indes de M. Briffon ^ OU calao
fhinoceros, li efl bien plus grand que le corbeau
d'Europe ; fon plumage efl tout noir ; fon bec eil
jaunâtre , & feulement rougeâtre dans le haut de la
partie fupérieure ; l'excroiffance eft longue & en forme
Be corne courbe , relevée &: ifolëe par le bout qui finit
£n pointe mouffe ; elle elt variée de rouge & de jaune ^
avec une ligne longitudinale & noire de chaque côté.
1 1 .^ Un calao dont on ne connoît que le bec ,
repréfenté , pi, enL c)-^^; ce bec a fix pouces de long ,
prefque droit, fans dentelures ; la protubérance en
forme de cafque , d'un rouge de vermillon , prefque
ronde, haute de deux pouces, &c huit de circonférence.
M. Brijffon parle d'un calao indiqué par Bomius ^ fous
le nom de corbeau des Indes, Voyez ce mot,
CALCÉDOINE ou ChalcÉdoine , Lapis chai-
cedoniiis, C'ell: une pierre qui a été mife dans la
clafîe des pierres fines demi - tranfparentes. La cal-
cédoine efl ignefcente , & fem]:)le être de la nature
d'un beau caillou , fikx ^ ou à pâte d'agate ; elle
ed nébuleufe, de couleur blanche, laiteufe & légè-
rement teinte de gris , de bleu ^ rarement de jaune :
on y diftingue prefque toujours trois couleurs dans
lefquelles le bleu laiteux domine. Cette pierre a été
aufïï nommée a§au blanche laiteufe. Si la teinte
du bleu efl affez foncée pour approcher du brun
ou du noir , la^ pierre prend le nom ^ agate noire ;
il la teinte de .jaune efl aiiez vive pour approcher
de la couleur orangée , la pierre doit être appelée
fardoine ; fi fa teinte étoit d'un rouge de chair
vive , on l'appéleroit cornaline. Voyez ces mots.
Si la teinte de bleu domine & efl d'une belle tranf-
parence , la pierre s'appelle calcédoine faphirine. Les
calcédoines,, dont les couleurs grifes, nuées de bleu
font les plus nettes & les plus vives , font réputées
orientales. On en voit de liufantes & qui chatoient
d'une fa^on remarquable ^ notamment la calcédoine
580 C A L
faphïrinz , qui efl la plus dure , la plus rare , la pîu§
belle &: la plus eftimée.
La calcédoine laheufe , d'une feule couleur , d'un
blanc pâle ou blanc de lait , eil la plus commune &
moins dure que la calcédoine orlaitak : elle n'eit dillin-
guée de Vagate blanche qu'en ce qu'elle eil moins
dure , &: qu'elle eft nébuleufe. Il y a auffi la calcédoine
rayée & tachetée ; elle eli panachée ; on y remarque
de petites raies , de petits points , tantôt gris , tantôt
rouges , fur un fond blanc laiteux. On trouve ces cal-
cédoines communes à Chemnitz & en Flandres.
La calcédoine égale Vagate en dureté : on en fait
des bijoux, des bagues, des cachets , des manches de
couteaux , parce qu'on trouve ces pierres ordinaire-^
nient en petits morceaux; on en voit cependant quel-
ques vafes , mais qui font rares. Le Roi de Danemarck
a donné au Cabinet de Chantilly quelques morceaux
de cette pierre , ^ qui font d'un très-gros volume, &
très-beaux : ils avoient été trouvés dans l'Ifle de
Feroë. Feu M. le Préfident Ogier , étant Ambadadeur
auprès de ce même Souverain , en avoit fait une col-
îedion des plus rares , pour le volume , pour la figure ,
& la pureté des blocs. Les m.orceâux qui compolbient
cette colle61:ion , avoient été trouvés en diiîerens en-
droits de la Norvège , fur-tout en Iflance. On pré-
tend que les Anciens avoient une fi grande eftime
pour la calcédoine , qu'ils ne l'employoient que dans
les plus beaux ornemens de leurs édifices, & que le
Roi Salomon la prodigua , pour ainfi dire , dans le
magnifique Temple qu'il fit bâtir à Jérufalem : aufîi
les Empereurs Romains recherchoient-ils cette pierre
comme une matière rare & précieufe.
On donne le nom de pierres calcédoineujes à toutes
celles qui ont des nuages ou des teintes laiteufes irré-
gi'.lieres qui ofFufquent leur tranfparence. Ce défaut efV
afiez commun dans les grenats îk. dans les rubis, &:
plus encore dans les faphirs ôc les chryfolites da
^ C A L 5§i
Bréfil. On tâche de faire difparoître ces taches par la
manière de les tailler, en rendant concave l'une des
faces de la pierre , S:l l'autre convexe.
La Chimie a trouvé l'art d'approcher de ces beautés
de la Nature , par un procédé avec lequel elle imite
auiîi Pagate &: le jafpe.
C ALCHITES , Calchids. Voyez Colcothar
Fossile.
CALCOU ROUGE. Foyei Couroucou à vmtrc
Tomc.
o - ■
CALCUL , Calculus. Aujourd'hui on entend par ce
mot , des concrétions pierreuf es , inorganiques , qui
ont beaucoup de rapport avec les ^lejrres des animaux
ou b égards. Voyez u mot.
Le mot calcul eft même le nom générique de toutes
les efpeces de pierres qui fe trouvent dans les divers
animaux , telles que les perUs ^ les pierres dicrevïjfcs ,
la pierre des poijfons , celle des arriphibies , des oifeaux
& des quadrupèdes. Voyez chacun de ces mots.
Selon les Lithotcmiites , le mot caLul eil plus par-
ticulièrement confacré à l'efpece de corps pierreux qui
fe trouve en plufieurs endroits du corps humain , &
principalement dans la veille , dans les uretères , dans
les reins & dans la véficule à\x fiel. On nomme ces
pierres Calcul d'humains ou Gr av^elle , Calculus
humanorum. Elles font ou graveleufes , ou légèrement
calcaires , contenant un alcali volatil , une matière
gélatineufe animale ; formées par couches concen-
triques com.me le bézoard , tantôt unies , tantôt rabo-
teufes : celles de la veffie font prefque unies , arron-
dies ou oblongues, avec une couleur grisâtre &: fauve ;
celles des reins font protubérancées comme le fruit
du m.ùrier ; ce qui fait qu'on les a nommées pierres
murales. Celles-ci font rougeâtres , mais celles du fiel
font d'un jaune fafrané. On connoît les pierres biliaires ;
elles font inflammables. Celles de la vélicuk du fiel
des bœufs, font d'ufage en peinture.
Oo }
j82 CAL
Combien de perfonnes font attaquées plufieiirs fois
dans leur vie de cette maladie grave , & combien en
font la viclime ! En ouvrant le corps d'un Gentilhomme,
mort en Angleterre en 1750, on lui trouva quarante-
deux pierres dans les reins , quatorze dans la véficule
du fiel 5 & dix dans la veffie qui pefoient huit onces &
demie. On lit beaucoup d'anecdotes de ce genre dans les
Mimoircsdcr Académie Royale des Sciences^ années 1702,
'3706, 1730& 1735. Le Père Catillon^ Supérieur des
Earnabites d'Étampes , mourut de douleurs qui annon-
'çoient Texiflence de pierres ou calculs dans la vefTie :
â l'ouverture du cadavre , on trouva en effet neuf
pierres , dont hl^it avoient la dureté du marbre , &
ëtoient ufées , lifres^& polies fur différentes faces ,
par les frottemens qu'elles avoient éprouvés les unes
contre les autres : la neuvième étoit toute raboteufe.
L'illuflre de Buffon , mort à l'âge de 82 ans de la
même maladie , ayant été ouvert , on a trouvé dans fà
vefîie 56 petites pierres.
Les caïues produdives ^ts calculs , tirent-elles leuf
effence de la nature & des propriétés de la maffe du
fang , & des diiîérens fluides qui le compofent ? c'cil
ce que nous ne favons pas bien ; car les recherches
que Ton a faites jufc.u'ici fur la formation de ces pier-
res & des concrétions gravekufes dans le corps hu-
main , font moins une théorie exade , que quelques
cbfervations faites au hafard fur ces fortes de pro-
duâions ( ^ ). Il feroit cependant à défu-er qu'on
{n) Les liqueurs qui circulent dnns le corps hutr.nin , t'it M. Grnnd-
charnp j^sr.cien Chirurgien Major de THÔpital Général de la Charité, à Lyon,
<loivcnt leur fluidité naturelle à la férofité qui leur fert de véhicule,
& H rr,flion organique des folides qui les mettent en mouvement, les
font circuler , & empochent airifi leur décompofîtion. Dès que ces
I;uuides ne font pas foumis à l'acî^ion àes vaiffeaux , ils s'épanchent , fe
rincompcfcnt , & forment à la longue des amas , des ccncrétions inor-
ganiques oc ditïirentes denfîtés , fuivant le volume de i'épanchement ,
le lieu qui le reçoit, & la nature des liqueurs épanchées. Ces concré-
tions font communément appelées calculs'^ pierres : ii n'y a aucune partie
fies animaux , de l'homme fur-tout , qui ,^ félon l'Ohrervatcur cite' ci*
^effus , n'ait contenu de ces fortcj de con'crçtîons inorgairiques. Il raj-^
CAL 5Sî
trouvât les moyens de garantir ThiTmanîté de cette
maladie û douloureufe & (i redoutable. Les matières
(avonneiifes prifes intérieurement, appaifent les dou-
leurs ; l'eau de chaux tirée des écailles d'huîtres calci-
nées'^ 6c injeftée dans la veffie, agit immédiatement
fur la pierre avec toute fa vertu , c'efl-à-dire , fuivant
l'explication qu'en donne M. Roux , en décompofant
le fel ammoniac de la concrétion pierreufe.
Le Frère Cofme , célèbre Lithotomifte de Paris ,
nous a donné une pierre qu'il a tirée en 1 77 1 , de la
vefîie d'un hom.me âgé de quatre - vingts ans : cette
f)ierre) qui eil d'un très-gros volume, pefoit après
'opération treize onces & demie ; aujourd'hui elle ne
pefe plus que dix onces &C demie.
Indépendamment des divers endroits du corps humaine
où nous avons dit qu'il fe trouvoit des calculs , il n'eil
pas rare de rencontrer encore une^ierre fous la langue
de l'homme. Voyc^^ dans les MMoires de t Académie.
Royale de Chirurgie^ Tome III ^ page 460^ une Differ*
tation de M. Louis , &c. Il eil rare , mais il n'efl: pas
fans exemple , qu'on ait trouvé des calculs dans l'utérus
de la femme. M. l'Abbé Dkquemare en a trouvé dans,
l'utérus d'un marfouin.
C ALDERON , Calderonus, Animal de mer , le plus
gros après la baleine. Il a le corps plus court , mais il
porte que M. Petit , célehre Méfîecîft de Paris , en a trouvé une tpiantité
prodigieufe autour des (înus du cerveau de la feue Reine de France ,
& dans la fubftance même de cet organe. On en a obfervé dans les
liumeurs de l'œil , dans le fac lacrymal d'une Dame. François Cçllot
perie d'un Magif^rat , dans le poumon duquel on trouva dix pierres
très-dures de la grofîeur d'une noifette. Hoalier , dans fon Commen-
taire de rAphorifme 75 , du quatrième Livre d''Hippocraie , fait mentiora^
<de deux pierres blanches, dures, trouvées dans le coeur d'une femme,
ÎVî. Littre trouva à l'ouverture d'un cadavre , dans la capa<;îté du bas-
ventre, un corps dur, blanc, poli , ifolé. MiVl. Collot & Ledrait donnent
î'obfervation d'un enfant qui naquit avec la plupart des vifceres du bas-
rentre pétrifiés. Ambroifs Paré parle d-e la pétrification entière d'un
^nfant qui vint au monde à Sens , que la mère avoit porté vingt-neuf-
.ans. M. Qrandchamp a trouvé une pierre entre la matrice & la vefTie,,
6c cette pierre étoit en pattie oireuie. M. Louis a donné un Mémoir©.
i^ les calcuU utérins».
Oo 4
584 CAL
eft également de la clafTe des foufflmrs , c'efî-à-dîre J
qu'il a une ouverture par où il lance l'eau. Sous le
règne de François /, on en a vu deux à Paris. La
peau 5 la graifTe , la chair , la langue , les poumons ,
tout eil comme dans la baleine; peut-être en -^-il
une efpece. Voye^^ k mot Baleine.
CALEBASSE d'Herbe ou de Terre ; Calebas-
SIER RAMPANT, Cucurbita lagenaria ^ Linn. 1434;
&Jîore albo , folio molli^ C. B. Pin. 313. C'eft VArouarou
àç:s Caraïbes. Voyez Courge à fleurs blanches , (on y parle
auffi de la caUbajfc des Nageurs,) à r article CdURGE.
CALEBASSIER , Crefcemia , Linn. Nom d'un genre
de plante à fleurs monopétalées , de la divifion des
Perfonnées , dit M. le Chevalier de la Marck , & qui
comprend des arbres d'Amérique , dont les feuilles font
fimples , alternes ou par paquets , & dont les fleurs
irrégulieres pioduifent des fruits charnus, à écorce
dure , qui , par leur*grofleur ôi leur forme , approchent
fouvent de nos calebajjes ou de nos courges.
Calebassier à feuilles longues , Cucurbitifera arbor
Americana , Sloan. ; Cujzte , Pîum. & Marcgr. C'efl: un
arbre très - intéreflTant par l'utilité que l'on retire de
fon fruit dans les pays oii il croît. Il fe trouve aux
Antilles, à la Nouvelle Efpagne , & dans la Guiane,
même à Saint- Dommgue , dans les mornes &; dans les
plaines. Cet arbre eit de la grandeur de notre pom-
mier. Son tronc efl tortueux , ainfl que fes branches
ou rameaux qui prennent , la plupart , une fituation
horizontale. Son écorce eft grisâtre & ridée. Son bois
eft blanc & plus coriace que dur. Les rameaux font
garnis à chaque nœud de neuf à dix feuilles , en pa-
quets , lancéolées , rétrécies infenfiblement vers leur
bafe , terminées par une longue pointe, prefque lefîiles,
entières , glabres , vertes & un peu luifantes. Elles
ont cinq à fept pouces de longueur , fur un pouce &
demi dans leur plus grande largeur. Ses fleurs naiflfent
non - feulement fur toutes les branches, mais encore
CAL 5§f
autour du tronc de l'arbre. Elles font monopétales ,
anomales , folitaires , faites en cloche , découpées
dans leur contour en plufieurs parties blanchâtres ,
d'une odeur défagréable , portées far un calice féparé en
deux fegmens verdâtres , oblongs , creufés en cuiller ;
ie piilil s'élève du fond du calice environné de quatre
ëtamines dont les anthères font fortes & arquées ; k
celles des fleurs devenues fertiles , fuccedent des fruits
plus ou moins gros , fuivant les individus , depuis la
grofleur d'un œuf jufqu'à celle d'une citrouille , tantôt
oblongs , tantôt fphériques , fans pointe ou mamelon
à leur fommet. Leur écorce eft verte , luiie , dure ,
coriace , prefque ligneufe ; elle recouvre une chair
pulpeufe , mollalTe , blanche , pleine de fuc , d'un goût
aigrelet, & d'une odeur vineufe, qui contient plufieurs
femences brunâtres , plates , faites en cœur. On recon-
noît que les caUbajJcs font mûres , quand le pédicule
oui les attache à l'arbre fe flétrit & fe noircit , alors
on peut les détacher. Il y a des Habitans qui variesnt
la forme de la cahhajfe ; quand elle efl à moitié mûre ,
ils la ferrent avec force , au moyen d'une ficelle , fui-
vant la figure à laquelle ils veulent l'affujettir. Ce fruit
eft nommé par Lémery , Calebajfe de Guinée ou d^AfriquCy
parce que cet arbre , qui y a été apporté d'Amérique ,
y eft aufti cultivé. On nomme ce fi-uit mackamona en
Guinée, cohyne ou cuieté^ ou hygucro^ dans la Nou-
velle Efpagne , & couis dans nos Colonies Françoifes.
On creufe , ou plutôt on vide ces cakbajfes en jetant
dans leur intérieur de l'eau bouillante pour en faire
macérer & amollir la pulpe & la détacher fans peine ;&;
alors elles font d'excellentes bouteilles. Quelquefois
on y met de petites pierres avec de l'eau , pour les
mieux nettoyer. ■ On prétend qu'en mettant ces fruits
entiers dans un four ou fous la cendre brûlante , on
peut aufti en liquéfier la pulpe pour la faire fortir,
Lémery dit que les Cannibales en font de petits vafes ,
tqu'ils emploient particulièrement pour un myfterç qui
5§^ CAL
regarde leur Divinité : ils les creiifent également , &
les empliiTent de maïs & d'autres femences ou de
petites pierres , & les ornent au dehors de plufieurs
fortes de plumes ; puis les ayant percés par le bas ,
ils y mettent un petit bâton , 6c le fichent en terre.
Ces peuples ont coutume de garder avec beaucoup de
refpe£î: trois ou quatre de ces fruits , ainfi accommo-
dés , dans chacune de leurs cabanes : ils les appellent
maraka &c tamaraka. Ils croient , quand ils manient ce
fruit & l'entendent faire quelque bruit , à caufe des
grains & des petites pierres qui font dedans , qu'ils
parlent avec leur Toiipan , c'efl-à-dire, avec leur Dieu,
& qu'ils ont de lui certaines réponfes. Ils font entre-
tenus dans cette fuperdition par leur Paigi ou D^vln ,
qui leur fait croire qu'avec le parfum du tabac , &
certains enchantemens êi marmotemens , ils donnent
xxno. vertu divine à leur tamaraka.
Les Indiens poliiTent la furface extérieure de ces
fruits vidés ôc deiféchés , & remaillent agréablement
avec du roucou , de l'indigo & autres belles couleurs
apprêtées dans de la gomme d'acajou. Leurs defîins
à la fauvage font affez jufles pour des gens qui ne
font ufage ni de règle ni de compas. On voit quel-
quefois de ces ouvrages dans les cabinets des Curieux.
On fait de l'écorce de ces fruits divers uflenfiles de
ménage , notamment à.ts plats ; on ne lailTe pas que
d'y faîr'e chauffer de l'eau. Le calchajfier fournit feul
îa plus grande partie des petits meubles de ménage
des Caraïbes , de nos Nègres &: des Etrangers qui vont
aux Ifles. Les Nègres donnent le nom de couis à ces
Uileniîles , féaux , pots, bouteilles , afîiettes, verres, cuil-
lers , &c. Le gogligo ou coyembouc , fi utile aux Nègres
& aux Sauvages pour ferrer &c conferver proprement
leur mangeaille , n'efl qu'une calebajfe vidée , ayant
ime ouverture à pouvoir y paffer la nicrin ; on bouche
^adement cette ouverture au moyen d'un morceau de
calebajfe taillé en calote,
CAL ^ Î87
Les Habitans des lieux où croit le cakhajjur , regar-
dent la pulpe de fon fruit coir.nie une panacée pour
un grand nombre de maladies & d'accidens. Ils l'em-
ploient contre l'hydropiiie , la diarrhée, dans les chutes^
ies contufions , les coups de foleil , les maux de tête ,
même pour guérir les brûlures. Ils en retirent une li-
queur femblable à notre limonade. Aujourd'hui Ton
eil dans Tulage de faire bouillir cette pulpe, d'en
pafler la décodion par un linge, eniiiite de la mêler
avec du fucre , oL d'en former un firop laxatif, dont
on fait grand ufage aux lues pour faire vider le fang
caillé : ce firop devient commun actuellement en France,
oiî on l'emploie pour la poitrine. Il eil connu fous le
nom de Sirop de cahhaffc. Les oifeaux du pays qui
ont le bec fort & robuile , percent ce fruit pour en
manger la chair dont ils font fort friands. La chair de
ce fruit defféché, dit Lcmery^ a un goût auffi agréable
que le pain d'épice.
Miller nous apprend qu'on a cultivé , par curiofité
& avec fuccès en Europe , ce cahhafjur d'Amérique
dans une ferre d une chaleur tempérée. Cet arbre de-
mande une terre légère & de fréquens arrofemens :
on le multiplie de rejetons & de graines fraîches.
Le P. Plu/nier difnngue cinq efpeces de caUhaffurS
en arbre. Dans la première , les feuilles font oblongues,
étroites ; les fruits gros j ovales; c*efl l'efpece décrite
ci-deilus. Dans la féconde , les feuilles font larges ; les
fruits mous , Cujeu latifoUa , frncîii piitamim fru"
gU'u Dans la troifieme , l'arbre eil petit , & produit
des fruits durs. Dans la quatrième , les feuilles font
étroites; les fcuits petits &; fphériques. Dans la cin-
quième , les feuilles font étroites , les fruits petits &
ovales. M. de Prèfontaine, dit, que dans la Guiane les
branches des plus gros cahhajjîcrs partent à trois ou
quatre pieds de terre , & portent les plus gros fruits,
& que le plus haut cakbafjizr ne paiTe pas feize pieds.
Le grand caUhaJjur dx appelé matallou ^ par Içs hommes
ç89 CAL
Caraïbes; huira ou ^.^j^ , par les femmes ; tlhoucouioti ^
c'tll la petite calebajfe d'arbre ; mouloutoucou , par les
hommes ; commorl , par les femmes ; la cakhajfc longue ^
ouverte par le milieu, qui fert comme de pot-à-vin,
efè' appelée tonton , par les hommes ; ehuêyu , par les
femmes Caraïbes ; la calebajfe médiocre , pleine de
petites pierres , qui leur fert d mllrument, violon, ou
tambourin , malagali , par les homm^es ; chkhïra , par
les femmes : la cakbajfe faite comme un piftolet ,
tamaœulou. A l'égard du calcbajjîer à fleurs de jafmin ,
& qui croît dans les liles de Bahama , il paroît appar-
tenir à un autre genre de plante.
On nomme en Amérique calebajfe (Therhe ou cale-
hajjier rampant^ notre calebajfe ou gourde Européenne
qui y a été tranfportée. Quoique 1 ecorce de la calebajfe.
d'herbe foit plus épaiffe que celle de la calebajfe d'arbre ,
elle efl: moins propre à contenir des liqueurs , parce
que cette écorce qui eft moins dure leur fait contrafter
un m.auvais goût. Foye^ Varticle CouRGE & ci-defliis
celui de Calebajfe d'herbe, A l'égard du Calehajper du
Sénégal^ Voyez Baobab à Tartic^e Pain pe Singe.
CALENDRE. Fcyei C hareng on.
CALESJAM, /?/zeW. Malab, Grand arbre du Mala-
bar ; il s'élève à environ 60 pieds de hauteur. Son
bois efi: de couleur pourprée , uni &. flexible : fes
ileurs croiffent en grappes à l'extrémité de fes bran-
ches ; elles reflemblent aifez à celles de la vigne :
elles font fuivies de baies oblongues, verces, couvertes
d'une peau mince , pulpeufes , infipides , contenant un
noyeau vert , aplati , qui renferme une amande blan-
che : lorfque les feuilles du calesjam^ qui font ailées,
ovales , lancéolées , entières , glabres , molles & d'un
vert luifant , viennent à tomber , il naît au tronc &
aux branches , une excroilfance ridée en forme de rein,
verdâtre & produite par la piqûre d une efpece d'in-
fefte qui cherche dans cet arbre une retraite ÔC de la
nourritu re.
CAL 589
Le cahsjam donne du fruit une fois l'an , depuis
dix ans jufqu'à cinquante. Son écorce pulvérifée &
mêlée avec le beurre , s'emploie avec fuccès dans les
ulcères malins , & calme les douleurs . de la goutte :
cette même écorce , ainii que les feuilles prifes eu
infufion théïforme , provoquent l'accouchement.
CALFAT. Nom d'un oifeau à l'Ide de France ^
&: qui , par {es caraderes , doit être placé , dans la
Méthode , à la fuite des ortolans : fa tête e(t noire ^
le deilus du corps , des ailes & de la queue , d'im
cendré - bleuâtre ; la gorge noire ; , la poitrine & le
ventre d'une couleur vineufe ; une bande blanche fur
les joues ; le tour des yeux nu & couleur de x'ofe ^
ainfi que Tiris & les pieds.
CALIBÉ ou CALYBÉ, pL ml. 634. Nom de Xo':Seau
de paradis ven ^ qui fe trouve à la Nouvelle Guinée ;
il eil: un peu plus gros & plus aîongé que le roi des
o'f féaux de paradis. 11 efl , dit M. Sonnerat , en entier
d'un beau vert , qui a le brillant & le poli de l'acier
bruni; il paroît,à difFérens afpeds, tantôt vert, tantôt
bleu ; le bec &: les pieds font noirâtres ; l 'iris eft rouge.
Le calybéïidL point à la queue ces deux longues plumes^
qui n'ont de barbe qu'à leur origine &: à leur extré-
mité , & dont M. Brijfcn fait un des cara6l:eres qui
diflinguent 'les oifeaux de paradis.
CÀLÏ-CALIC. Voye:^ à V article Bruia.
CALICE. Voyei^ ce que c'eil à la fuite de Vartich-
Plante.
CALIN , eft , félon Lémery , un métal compofé
de plomb & d'étain par les Chinois , & dont on fait
pluiieurs uftenfiles au Japon , à la Cochinchine & à
Siam ; tels que la plupart des cafetières & boîtes de
thé , fabriquées à la Chine , que nous voyons quel-
quefois ici , & qui ont la propriété d'être flexibles &
de fe bolTuer , fans fe caller : on prétend même que
les Habitans de ces Contrées en couvrent leurs mai*
fons, ôc qu'ils en fabriquent des efpeces de bas aloi.
59^ CAL
Ce qu'il y' a de certain , c'eft que par un mélange
d'ëtain &L de plomb d'Europe , on ne parvient pas
à faire de femblables uflenfiles. Le câlin n'efl peut-
être que la toutenague ou tintenaquc des HoUandois,
yoye:(^ à l'article ZiNC.
CALLE ou Choucalle , Calla , Llnn. Genre de
plante unilobée, qui a beaucoup de rapports avec les
jGoucts ^ èc qui comprend des herbes dont les fleurs
naiflent fur unchaton , accompagné d'un fpatlie plane
ou en cornet; elles n'ont ni calice , ni corolle propre-
ment dite ; il y a pluiieurs étamines. Le fruit confiée
en plufieurs baies qui renferment chacune fix à douze
femences , oblongues , cylindriques , ôc obtufes aux
deux bouts.
Il y a : La Calle d'Ethiopie , À mm Africanum ,
flore alho odorato ^ Tourn. 159. Elle s'élève à la hau-
teur de deux à trois pieds ; les feuilles font vertes ,
glabres , radicales , fagittées , acuminées : le fpathe eil
d'un blanc de lait , ÔC terminal , en cornet ; le chaton
cylindrique &: jaunâtre : cette plante fleurit dans les
ferres chaudes , vers la fin de l'hiver.
La Calle des marais, Calla palujlris^ Linn. 1373 ;
Dracunculus aquatilis ^ Dod. Pempt. 331. Cette efpece
eft commune en Hollande , & dans les parties boréales
de l'Europe , dans les marais : fa hampe eft haute de trois
à quatre pouces, cylindrique , & foutient à fon fommet
une efpece de chaton court , fleuri dans toute fa longueur,
à étamines blanches, entouré d'un fpathe ovale &: plane,
verdâtre en dehors , & blanchâtre en dedans ; les feuilles
naiilent de la racine , pétiolées , en forme de cœur ,
terminées par une pointe courte , vertes, glabres.
On diftingue une calh à feuilles rondes , des envi-
rons d'Alep , Calla Oricntalis ^ Linn.
CALLICTE. Voyei Tamoata.
CALLIMUS. Nom que les Naturalises donnent au
noyau détaché qui fe trouve dans la pierre iTaigle &C
Içs géodes. Voyez ces mots.
CAL 591
CALLIONIME , Callïonimus ^ ïintî. Nom d'un genre
<;âe poijfon. Voyez ce mot.
CALLITRIC , Callitrlchc , Linn. Nom d'un genre
<le plantes aquatiques, propres à TEurope ^ à fleurs
incomplètes , de la diviilon des Naïades, Il y a le
caUitrïc printanier , & celui qui fleurit en automne.
CALLITRICHE. Singe de la famille des Guenons ;
ainfi nommé du mot générique callitrix , employé par
les Grecs , qui fuccéderent au fiecle àiAnjîote , pour
déiigner les linges remarquables par la beauté des cou-
leurs de leur poil ; la couleur dominante du poil de
celui-ci l'a fait appeler par les Modernes yz/2^e vert, Voyex
l'article SiNGE VERT.
CALLMAR ou Calemar , Coluher calamarïus ,
Linn.; An§uis calamarïa^ Laurenti. Serpent du troi-
fieme genre ; il fe trouve en Amérique : fon corps efl
aflez liffe, d'une couleur livide , parfemé de points
qui font difpofés à la flle , & marqué de bandes
brunes & étroites : le deflbus du corps efl peint de
diverfes taches pareillement brunes , & qui , par leur
aflbrtiment , imitent un ouvrage de marqueterie : on
diflingue fur la queue une ligne longitudinale d'une
couleur ferrugineufe : l'abdomen efl recouvert par cent
quarante-quatre grandes plaques , & le deflbus de la
«queue efl garni de vingt-deux paires de petites plaques,
CALMAR 5 Loligo. Animal marin mou , fort flngulier ,
.ayant la tête entre les pieds & le ventre , &; qu'on
prétend avoir la faculté de voler. Il efl du genre des
Sèches 6c dans la claflfe des Fers n^oophytes. Voyez
^ces mots.
Le calmar^ ainfl nommé du rapport qu'il a avec
une écritoire par fa figure , ou parce qu'il peut fournir^
ime forte d'encre pour écrire , a quelque chofe de
commun avec le polype ^ ^i particulièrement avec la
feche ; même configuration dans les pieds , on lui voit
les longues jambes , la tête, les yeux, la bouche , k
îangue ^ le conduit pour jeter la liqueur noire ^ ^
59^ CAL
quelques parties intérieures femblables â celles de U
fecke ; en effet , il s accouple de même ; les femelles
fraient en Odobre, & même plus tard : elles dépo-
fent leurs œufs en haute Mer. M. Nlcdham dit qu'on
voit beaucoup de ces animaux fur les Côtes de Portugal.
S'il y a quelque chofe de différent dans le calmar &
Ja fcchc ^ c'eff que le corps du calmar eff long, rond
& finiffant en pointe ; tandis que celui de la fcche ell
court & large , de même que fon os qui eff d'ailleurs
friable & fpongieux ; celui du calmar eff étroit , carti-
lagineux & un peu tranfparent ; fa- jambe droite eff plus
groffe ; fes ailes plus larges &: terminées en pointe ,
n'environnent pas tout le ventre , comme dans la
fcche. Le calmar mâle n'a qu'un conduit en dedans;
les femelles en ont deux. Ces animaux rejettent encore
une humeur rouge , qui les rend rougeâtres , de même
que les poiffons mous , quand ils font cuits. On remar-
que encore que les calmars ont une chair plus molle que
la fcclu. Ils ont huit filets affez courts ; une efpece de
bec fort dur ; leurs nageoires leur fervent à nager
dans l'eau , & à fe foutenir hors d^e l'eau , dit-on ,
à la manière du poiffbn volant , V^oyez ce mot. Leur
vol préfage la tempête : ils font fouvent en troupes.
Cet animal n'a jamais été beaucoup eilimé dans les
alimens ; tel eft le jugement du Scholiaflc Arificphanc
&C de Suidas. Il dit cependant que les cabîiars que
fourniffoit le Golfe d'Ambracie , éroient , dans les
mets ^froids , les plus eftimés à Rome.
On rencontre quelquefois de petites efpeces de
calmars., qui différent de la précédente par leur peti-
teffe ^ & parce que leurs nageoires font plus pointues ,
6^ leur fortent un peu plus bas qu'au grand calmar. Les
loups de mer cherchent volontiers ces animaux jeunes
pour en faire leur proie ; mais ils la manquent fou-
vent ^ les calmars ayant la propriété de jeter à volonté
une Hqiicur noire , contenue dans deux réceptacles ou
canaux fuués dans leur ventre , qui trouble l'eau &:
mafque
CAL 593
niafqiie leur route ; à défaut ils s'élèvent , dit-on ,
dans l'air , & échappent par ces moyens à l'avidité
de leur ennemi. Le calmar vit de petits poiflons ,
d'écrevifles &: de langouftes de mer. M. Nudham , dans
fes nouvelles Obfervations microfcopiques , a décou-
vert le premier la femence dans le calmar mâle , &
le frai dans les femelles, h^s détails dans lefquels il
efl entré à cet égard & fur l'animal entier, méritent
d'être lus dans l'Auteur même : on en trouve l'extrait
dans V Encyclopédie^ au mot Calmar.
Calquasse, voyci Pie-griêche grise.
CALUMBÉ. Racine d'un arbre inconnu, qu'on nous
apporte des Indes en morceaux de la groffeur du
pouce ; elle eil jaune , amere & fans odeur fenfible.
Cette racine pafTe à Bengale pour un fpécifique contre
les coliques , les indigeltions & contre U mers du
chim , maladie fâcheufe , dont les accidens ont rap-
port au colera-morbus. Cette racine paroît être la même
appelée aujourd'hui racine de Colombo, Elle eft fort en
ufage en Europe.
CALUMET. On voit dans les cabinets des Curieux ^
des pipes à tige fort longue , & qui font ornées de
différentes manières : ce Ibnt les Sauvages qui font
ufage de ces grandes pipes. Dans les alliances ils pré-
fentent le calumet , orné de plumes blanches d'aigle ,
comme le fymbole de la paix ; des Députés l'appor-
tent en cadence , en agitant les plumes au vent , &
en articulant la chanfon du calumet. Cette pipe eft une
fauve-garde , avec laquelle on peut aller par-tout ;
il n'y a rien de plus facré parmi les Nations fauvages.
Calumet. Nom qu'on donne aux Ifles , particu-
lièrement à Saint-Domingue , à une plante dont on dif-
tingue deux efpeces , \q franc &c le marron.
Le calumet franc a la racine fibreufe ; elle porte
pluneurs tuyaux gros comme celui d'une plume
moyenne, de dix à douze pieds de hauteur, garnis
§n dehors de nœuds de diilance en diflance ; fes tuyaux
Tome IL P p
594 CAL C A M
font creux de renferment une fubflance fpongîeule „
facile à détacher ; les fleurs croifTent le long des tiges ;
elles font fuivies de petites graines alongées , bleuâtres,
luifantes , enveloppées dans les écailles qui ont fervi
de calice à la fleur. On fe fert aux Ifies des tuyaux
de ce calumet pour fumer , en les ajuilant , après les
avoir vidés , à une tête de pipe faite de terre féchée au
ibleil , qu'on nomme cachimbo. Cette plante croît dans
ÏQS mornes.
Le calumet marron ou fauvage ^ diffère du précédent ,
en ce que fes tuyaux font plus gros , plus remplis de~
noeuds , plus fragiles & plus minces. Il n'eil d'aucua
iifage. E([ai fur r Hifl, Natur. de, Saint-Domingue,
CALYBE. i^oyey^ CalîbÉ.
CALYCANT , Calycanthus , Linn. Nom d'un genre
de plantes ou petits arbriHeaux exotiques , à fleurs
polypétalées , qui a àts rapports par fa frudification
avec la famille des Rc-fers, Les pétales font nombreux
& comme confondus avec le calice écailleux qui les
foutient. il y a : Le calycant de la Caroline, vulgairement
le pompadour ^ Calycanthus ^ Linn. ; il fleurit en Mai;
fes fleurs font d'un rouge-brun. Le calycant du Japon
& de la Chine , Calycanthus prccox , Linn. ; {e.s fleurs ,
qui font jaunes , paroi flent avant les feuilles , & les
pétales intérieurs font les plus petits ; ceux de l'efpece
précédente , font , au contraire , les plus grands.
CAM AA. des Hottentos , eft le Bubale. Voyez ce mot.
CAMAGNOC ou Camanioc. Efpece de magnoc
ou de manioc doux , qui fe cultive à Cayenne , &
dont on arrache la racine au bout de fept mois ; on
la mange alors grillée fous la braife ou bouillie dans
l'eau. On la mange comme des patates , elle n'a rien
de venimeux. Si on la laifle plus long-temps en terre ,
elle n'eft bonne qu'à être réduite en farine & à être
travaillée comme le magnoc , avec cette différence que
l'eau qui en fort n'eil pas dangereufe; fa farine même
«Il préférée à selle de magnoc : on en fait d'excellenje^
C A M 595
Câjfdve Si de très-bon matai ^ efpece de pain. Vayt^^
MaGNOC cl rartïcU xMaNIHOT.
CAMAIL, Surnom donné au Tangara à cravate noire ,
de Cayenne , plane, enliim, ji^^fig. i; le demi-bec
fupérieur eft blanc à fa bafe , &; noir au bout ; le
demi-bec inférieur eft entièrement noir , excepté fa
cravate qui eil noire ; tout le refle du plumage efl
d'une couleur uniforme cendrée.
CAMARA 9 Lantana, Nom d'un genre de plante à
fleurs monop étalées , qui a des rapports avec les yer-
veines , 6lc. &C qui comprend des herbes ou de petits
arbriffeaux de l'Amérique Méridionale , dont les
feuilles font oppofées , & dont les fleurs viennent en
têtes ombelliformes , très-agréables à voir ; elles ont
quatre étamines ; le fruit efl compofé de baies glo-
buleufes , ramaflees plufieurs enfemble , & qui con-
tiennent chacune un noyau à deux loges.
Il y a : Le camara à feuilles de mélifle , Lantana
camara y Linn. ; Cayolv^an Jive Tepocan ^ Hern. p. 66;
fes fleurs font d'abord jaunes & paffent bientôt au
rouge - écarlate % fes feuilles fervent dans les bains
aromatiques en place de menthe & de mélilTe. Le
camara piquant, Lantana aculeata , Linn. ; fes rameaux
font chargés d'aiguillons petits , épars , & courbés en
crochet commue ceux des ronces ; fes fleurs font comme
les précédentes. Le camara cendré , Lantana cinerea ,
Hort. Reg. Le camara à feuilles obtufes ^ Lantana invo-
lucrata , Linn. Il paroît que c'efl l'efpece dont les
Américains fe fervent dans leurs bains aromatiques ,
& qu'ils nomment fauge de montagne ; c'efl le Mont-
joli de Cayenne. Le camara trifolié ^ Lantana trifoliata ^
Linn. ; fes baies font purpurines , elles font d'un goût
agréable.
CAMARIGNE ou Camarine , Empetrum, C'efl
une plante haute d'un pied & demi , qui poufle des
tiges rameufes , aifées à rompre , & couvertes d'une
écorce noirâtre ^ garnies de feuilles vertes , brunes
Pp z
j9é C A M
ôc menues comme celle de la bruyère. Vcmpctmm 5
dit M. Ddcuie , porte trois fortes de fleurs ; des fleurs
mâles , des fleurs femelles , & des fleurs hermaphro-
dites : toutes font cor-r'pofées d'un calice partagé en
trois pièces , &: d'une corolle à trois pétales : les fleurs
mâles ont neuf étamines fort longues : les' hermaphro-
dites n'en ont que trois : celles-ci ^ ôc les fl^eurs femelles ,
ont neuf piflils auxquels fuccedent autant de femences
contenues dans une baie. Ce caradere générique efl
eflentiellement différent de celui des bruyères. Aux fleurs
fuccedent, en automne, de fort jolis fruits qui font des
baies rondes , blanches , tranfparentes , perlées , pleines
d'un fuc acide qui même plaît beaucoup au peuple,
propres pour les fébricitans. Cette plante, ou plutôt
ce fous-arbrifleau , croît dans les lieux fablonneux du
Portugal. Empuriim Lujitankum ^ flore albo , Tourn. 579,
On didingue une autre efpece de camarlgnc que des
Botanifles rangent , ainfl que la précédente , mais
improprement , parmi les bruyères ; cette féconde
efpece de camarlgnz s'appelle bruyère à fruit noir ou
yaciet , Empetrum montanum fruclu nigro ; Tourn. ;
c'efl un arbriflèau qui s'étend beaucoup plus qu'il
ne s'élève : il pouflTe du pied plufleurs tiges d'une
écorce rouffâtre qui rampent par terre 6c s'étendent
au loin ; fa feuille reflemble beaucoup à celle de la
bruyère commune ; fes fleurs , qui paroiflent depuis
Juillet jufqu'à la fin d'Août, font d'une couleur her-
beufe , blanchâtre , & viennent en bouquet au bout
des branches : fes fruits font Aqs baies rondes & noires
pleines de fuc , dont les coqs de bruyère fe nourriflent
par préférence ; ces baies bouillies avec de l'alun
teignent les draps d'une couleur noire-pourpre. On
fait aufli avec ce fruit une efpece de limonade , qu'on
dit n'être pas défagréable. On s'en fert encore pour
teindre les vieilles bardes en couleur de cerife. Les
baies de cette plante , qui eft commune chez les Kamt-
fchadîiks , fervent à * ces peuples pour teindre les
C A M Î97
peaux de caflors &C de martes-zibelines , qu'ils ven-
dent enfuite plus cher à ceux qui ne les connoiffent
point. La préparation confifle à les faire bouillir dans
de l'huile de baleine chargée d'alun ; l'on frotte les
gencives des fcorbutiques avec les feuilles du vacict.
Les terres chargées de mouffe , ftériles & humides
font celles où cet arbriffeau fe plaît le mieux : il a
une vie fort dure , foutient les plus grands froids , &:
même les émanations métalliques fans en périr : pour
multiplier cet arbriffeau , il faut en femer les baies
encore verdâtres : on le multiplie auffi de plant.
Il y a encore la camarlne pinnce , du Pérou.
C AMBOGE. Arbre qui donne la gommc-gum. Voyez
Carcapulli.
CAMBROUZE. Foyei à tartlcU VOULOU.
CAM-CHAÏN , efpece d'orange qui croît au royaume
de Tonquin , d'une odeur agréable , d'un goût déli-
cieux , dont la peau ell épaiffe & remplie d'inégalités.
On permet l'ufage de ce fruit même aux malades.
CAME , Chama, Les Conchyliologiftes donnent ce
nom à un genre ou famille de coquilles bivalves , dont
on connoît plufieurs efpeces. Q'après les figures & les
defcriptions données par les Anciens de ces coquilles ,
les cames font faciles à reconnoître : on peut les divifer
en rondes ou ovales régulières , & ovales irrégulieres :
ces dernières ont un des bords de la coquille onde
& comme replié. Les premières font les vraies cames ;
encore s'en îrouve-t-il dont la bafe ronde elt un peu
irréguliere par quelque pli ou fmuofité. L'on appelle
les fécondes palourdes ; & les troifiemes , lavignons.
Toutes les cames ont les deux pièces convexes , par-
feitement femblables & également élevées , & n'ont
point d'oreilles comme les peignes ; elles font plus
épaiffes & moins longues que les teUines , Voyez ces
mots* Il y en a de minces ou d'épaiffes , de renflées &
d'aplaties , c'efl-à-dire très-peu bombées, de rudes & de
liffes, iadiftinûcment dans chacune des trois formes pré**,
PP 3
59» C A M
cédcntes. Leur charnière eil ordinsirement compofëe de
trois dents qui s'engrènent dans trois cavités correfpon-
dantes ; en dehors efl un ligament. L'animal qui habite
la coquille , Touvre &C la ferme à ion gré par la contrac-
tion de fes mufcles , comme font tous les autres bivalves ,
dont les battans ferment exadement. Il eft commun à
toutes les cames de vivre enfoncées dans le fable ou
Li fange , & de s'y enfoncer d'autant plus , que leurs
trachées ont plus de longueur.
Les cames font plus ou moins grandes , fragiles &
différemment colorées : on les trouve fouvent fur le
rivage , dans la fange , fous la moufle , parmi les
pierres. Quand la mer eft tranquille , & que ces co-
^<^uillages y ont un vent favorable , ils bailfent une de
leurs coquilles & élèvent l'autre; celle-ci leur fert
de voile , & l'autre de navire ; quand ils fentent un
vaiffeau qui approche d'eux , ou s'ils font attaqués par
quelque gros poifTon , qui veuille en faire fa proie ,
ou enfin fi un orage fe prépare dans l'air , ils refer-
ment leur coquille à l'inftant , & cette petite flotte
qui voguoit au gré des zéphyrs , difparoît en fe plon-
geant au fond des eaux : dans tout autre temps , ils
font il pefans qu'ils ne peuvent pas nager.
Il ne faut pas confondre les cames avec les cœurs de
hœuf o\\ bucardeSy ni avec la tellïne & \t peigne. Voyez
ces mots, La came eiî: moins longue & plus épaiffe que
la tdline. Voici la nomenclature de quelques variétés
tirées de quatre fous-genres de cames , & qui font
connues dans tous les Cabinets: i.° Celles à bafe ronde
régulière , font le réfeau , le point d'Hongrie , la do-
TiijTe, zP Celles à bafe ronde irréguliere, font V abricot ^
la gnillochéc. 3.° Celles à bafe ovale régulière , font
la cedo nulli , la tricotée ou la corbeille , le ^ig^ag , la
€a,7ie violette. 4.° Celles à bafe ovale irréguliere, font
Yécriture Arabique ou Chinoife ; la chagrinée ou la langue
de chat de liumphius, M. d^ u4rgznville place les cames
tronquées ou conques de Fénus parmi les cames , mais
C A M 599
M' R-Omê de tljlz les range parmi ks cœurs ; tels
font le concha Fcncris , la vieille ridée , &c. F^oyei^ à
V article C(EUR COQUILLE. A l'égard des cainzs à bouche,
ouverte & béante , elles nous paroifTent appartenir à
l'ordre des TdUn.es. On appelle les cames pétrifiées,
ChamiteSy Y oy^zV article PÉTRIFICATIONS. On connoit
quelques cames fluviatiUs ; celles du Mifiiiîiui ont l'éni-
derme noir , a coque epaiiie , a itries circulaires ex-
térieurement , &: nacrées en dedans , de couleur de
chair , jouant quelquefois Fopale. La rivière des Go-
belins & les ruiffeaux aux environs de Paris noUi^riiTent
aufîi wne efpece de came , dont l'animal vivant ck:
mis dans un bocal plein d'eau , montré un pied alongé
& deux fiphons. Leur nourriture apparente confiile
en brins de moulTe & de plantes aquatiques. Il n'eil
pas rare de les voir accoucher de petits tout vivans.
CAMÉE. Nom que l'on donne à des portions ^ onyx y
de fardoines &C de coquilles fcidptées ou gravées. Voyez.
ces mots.
CA MÊLÉE à trois coques , Garoupe , Olivier-
Nain 5 Cneorum tricoccum , Linn. ; Camcelea tricoccos ,
Eauh. Pin. 462. C'efî: un petit arbriileau rameux ,
toujours vert , qui s'élève à la hauteur de deux
à trois pieds , fous la forme d'un joli buiffon épais
êv touffu ; l'écorce de la tige ed brune ; celle des
tiges eft verdâtre : fes feuilles font vertes, glabres,
bi affez femblables à celles de l'olivier par leur forme :
fes fleurs font jaunâtres, à trois pétales égaux; elles
ont trois étamines & un piflil : il leur fuccede un
fruit à trois coques, d'abord verdâtre, mais qid devient
rouge en mûrilTant , & noir en virilliiïanî ; ces coques
font dures , & renferment chacune deux ou trois
femences. Cette plante, dont la racine eft dure &
ligneufe, croît aux lieux incultes dans les pays chauds,
comme en Italie & en Languedoc. C eft un purgatif
très-violent , dont les Anciens faifoient ufage , mais-
que l'en 4 abandonné à cau(e de fa qualité acre ë^
Pp 4
éoo C A M '
caiiftiqiie ; on l'emploie extérieurement pour déterger
les vieux ukeres.
CAMÉLÉON ou Chameau -Lion par quelques-
lUiS. Camdco lacerta ( ChamœUon ) caudâ tercù bnvi
incurva , duobus tribufque digitlbus coadunatis , Linn.
Ce lézard , qui efl: du troifieme genre 6c propre aux
contrées chaudes de l'ancien Continent , eft un animal
connu très-anciennement ; la propriété qu'on lui a
fuppofée de prendre la couleur des objets auprès
defquels il fe trouvoit , l'a fait regarder comme \\n
phénomène en Hiftoire Naturelle. La Philofophie &
l'Eloquence l'ont adopté comme un des fymboles les
plus propres à orner la Morale par àts allégories
ingénieufes. On lui a comparé les lâches & bas cour-
tifans 5 ces flatteurs trop communs qui , n'ayant point
de caradere à eux , font habiles à emprunter des appa-
rences afTorties aux goûts & aux inclinations de ceux
à qui ils cherchent à plaire. Tout le monde connoît ce
vers de la Fontaine , où il peint les flatteurs de la Cour :
Peuple caméléon^ peuple Jinge du Maître,
L. Vm , Fab. 14.
L'opinion où l'on étoit, dit M. Dauhenton , que le
caméléon ne vivoit que d'air , faifoit appercevoir de
nouveaux rapports entre Temblême 6c lobjet qu'il
repréléntoit ; rien ne m.anquoit à la juflefTe de ces
alluiions que la vérité des faits qui leur fervoient de
fondement ; mais eniin , des obfervations plus exactes y
dont il fera mention ci-après , ont redifié les idées qu'on
avoit eues jufqii 'alors de cet animal devenu trop célè-
bre , & ont fait voir en quoi ce qu 'il a de réellement
fmgulier diffère du merveilleux qu'on lui a prêté.
Linnœus , ( Amœn. Acad. ) dit que le caméléon a
la tête comprimée par les côtés , plate par deffus ,
renflée tranfverfalement entre les deux yeux , & for-
mant, de part &: d'autre, une faillie qui s'étend depuis
le mufeau jufcjue fur les orbites des yeux : la nuque
C A M 6oî
efl diflingiiée du corps par un enfoncement profond ,
ce qui fait que l'occiput s'élève en un fommet ai^u :
les yeux font recouverts d'une membrane épaiffe ,
demi-fphérique , percée au milieu d une fente longi-
tudinale , & faifant l'office des paupières ; cette mem-
brane eiî toute hériffée de points calleux : les trous
des narines font petits 6l tournés en bas : l'ouverture
de la gueule efr très -grande; l'animal n'a point de
dents : fa langue eft longue &: affez femblable par fa
forme à un ver de terre. Le corps eft plat, excepté
à l'endroit du dos oii il eil relevé en forme de carène ;
au lieu d'écaillés , il eft couvert de tubercules ou de
petites boffes , dont celles qui fe trouvent vers les
côtés , font ordinairement difpofées quatre à quatre :
l'anus ell une fente tranfverfale , arrondie par le mi-
lieu : la queue eft un peu plus courte que le corps;
elle eu épaiiTe & légèrement comprimée : les pieds de
devant ont cinq doigts , dont les trois intérieurs font
tout-à-fait réunis & recouverts par une membrane ; il
en eft de même des deux doigts extérieurs : les pieds
de derrière ont pareillement cinq doigts, réunis par
trois & par deux , mais dans un ordre contraire, c'eil-
à-dire , que les trois qui tiennent enfemble , font les
extérieurs : le corps ne porte aucune crête , du moins
qui foit bien fenfible; mais la future qui s'étend fur
le dos, depuis la tête jufqu'au milieu de la queue, &
celle dont la partie inférieure eft marquée depuis le
fommet du mufeau jufqu'à l'anus , ainfi que les arêtes
qui font fur les côtés de la tête , font garnies de lames
coniques , pointues & très-apparentes.
M. Perrault a configné, dans X^sMém, de VAcad, des
Sciences , la defcription de trois caméléons , dont deux
font refiés vivans pendant plufieurs mois chez M^'^.
de Scudery , qui les avoit reçus d'Egypte. La tête du
plus grand de ces caméléons avoit un pouce &: dix
lignes ; il y avoit quatre pouces & demi depuis la tête
iufqu'à la nailTance de la queue , qui étoit longue de
^02 C A M
cinq pouces ; les pieds avoient chacun deux pouces &C
demi de longueur. Les deux autres caméléons ëtoient
plus petits d'un tiers.
La grofleur du corps étoit fujette à varier, car le
grand caméléon avoit quelquefois deux pouces d'épaif-
îeur , depuis le dos jufqu'au-defTous du ventre ; d'autres
fois il n'avoit guère plus d'un pouce , félon qu'il s'en-
floit ou fe rétréciffoit. Ces mouvemens alternatifs de
dilatation ^ de contraction ne fe bornoient pas au
thorax & au ventre , ils s'étendoient encore jufqu'a la
queue &: aux pieds de l'animal ; ils ne reiTembloient
pas non plus à ceux que l'on obferve chez la plupart
des autres animaux, lorfque , pour refplrer, ils dilatent
leur poitrine , ^ la reiTerrent auffi-tôt par des allions
fucceiïives & compaffees ; mais ces mouvemens étoient
irréguliers , comm.e dans les tortues , les lézards , les
grenouilles. On a vu le caméléon refter enflé plus de
deux heures, pendant lefquelles il fe défenfloit un peu,
puis fe renfloit de nouveau , mais avec cette diiférence
que la dilatation étoit plus foudaine & plus vifible , &
cela par des intervalles longs & inégaux. On l'a vu
aufîi demeurer défenflé pendant un temps ccnfidcrable;
& bien plus long-temps qu'enflé : en cet état , il pa-
roiffoit fi décharné , que l'épine du dos étoit aiguë ,
& que la peau fembloit collée fur les apophyfes épi-
neufes & fur les obliques. On pcuvoit compter les
côtes , & l'on appercevoit diftindlement les tendons des
jambes de devant &: de derrière. Cette maigreur de-
venoit encore fenuble quand l'animal fe contournoit le
corps ; car on eût cru voir un fac vide que l'on
tordoit, ce qui a fait dire à Terndllen , qui, étant
Africain , avoit vu beaucoup de caméléons , que cet
animal n'étoit qu'une peau vivante. ( Tcrt. de Pall. )
M. Perrault penfe que ce mouvement alternatif par
lequel le caméléon s'enfle & fe rétrécit, ne peut être
attribué qu'à l'air qu'il refpire , & qu'il a la faculté de
faire fortir de fes poumons , d'où ce fluide fe gliiTe
C A M 5oî
entre les mufcles & la peau , quoiqu'il {oit très-dif-
ficile d'expliquer la manière dont le fait ce paffage.
La peau , continue M. Perrault , ëtoit très-froide au
touciier; fa furface ëtoit inégale bc relevée par de
petites boffes comme la peau appelée chagrin ; ce-
pendant elle étoit afTtz douce au tad , parce aue ces
petites éminences étoient très-lifTes ; elles différcient
en groiTeur. La plus grande partie , favoir , celles qui
couvroient le ventre , les jambes & la queue ^ ëtoient
comme la tk'iç: d'une médiocre épingle ; il y en avoit
d'autres un peu plus greffes fur les épaules & fur la
tête ; on en voyoit fous la gorge qui étoient plus
élevées & pointues ; elles formoient une file comme
les grains d'un chapelet , depuis la lèvre inférieure
jufqu'à la poitrine ; les grains qui étoient fur le dos
fe trouvoient ramaffcs les uns contre les autres , par
affemblages de deux , de trois , &c. , jufqu'à fept. Dans
les interftices de ces groupes ^ il y avoit d'autres petits
grains prefque imperceptibles , &: qui étoient commu-
nément d'un rouge pâle & jaunâtre , de même que le
fond de la peau qui paroiffoit entre ces amas de grains.
La couleur de ce fond n'a changé qu'après la mort
de l'animal , & eft devenue d'un gris - brun , tandis
que les petits grains ont pris une couleur blanchâtre.
On a reconnu depuis que tous ces grains , tant les
gros que les petits, étoient formés en partie par la
peau qui ëtoit creufe par deffous chaque grain ^ & en
partie par plufieurs pellicules fort minces , &: appli-
quées les unes fur les autres , qui augmentoient Tépaif-
feur de chaque boffette.
Ce caméléon , lorfqu'il étoit eii repos à l'ombre, &
qu'on l'avoit laiffé long-temps fans le toucher, ëtoit
d'une couleur de gris-bleuâtre , à la réferve du deffous
des pattes qui étoit d'un blanc un peu jaunâtre , &
des intervalles qui féparoient les amas de petits grains ,
& qui étoient d'un rouge pâle, ainfi qu'il a été
dit çi-defliis. Cette couleur grife qui étoit répandue
6o4 C A M
ilir prefque toute la peau du caméléon , expofé au graïKÏ
jour, changeoit quand il étoit au foleil, & tous, les
endroits de fon corps qui étoient frappés par les rayons
de cet aftre , prenoient un gris plus brun &: tirant fur
le minime. Le refte de la peau qui n'étoit point éclairé
par le foleil , fe peignoit de couleurs plus éclatantes ,
qui form.oient des taches de la grandeur de la moitié
ciu doigt. Quelques-unes de ces taches defcendoient
depuis la crête de l'épine , jufqu'à la moitié du dos ;
d'autres paroifToient fur les côtés ^ fur les jambes de
devant & fur la queue; elles étoient toutes de couleur
îfabelle , par le mélange d'un jaune pâle ^ dont les
petites éminences étoient teintes ^ & d'un rouge clair,
dont fe coloroit le fond de la peau qui paroiffoit entre
les grains. Les interftices des taches fur le refîe de cette
peau qui , n'ayant point reçu la lumière du foleil , étoit
demeurée d'un gris plus pâle qu'à l'ordinaire , reffem-
bloient aux draps mêlés de laine de plufieurs couleurs ;
car quelques-uns des grains étoient d'un gris un peu
verdâtre ; d'autres d'un gris-minime; d'autres du gris-
bleuâtre qu'ils avoient ordinairement , les parties rou-
geâtres qui étoient entre ces grains ayant confervé
leur couleur naturelle. Lorfque le foleil cefla de luire,
la couleur grife revint peu-à-peu , & fe répandit fur
tout le corps , excepté le deffous des pieds qui conferva
fa première couleur , mais renforcée par une teinte un
peu plus brune : & , lorf qu'étant dans cet état , quelqu'un
de la compagnie le mania pour l'obferver , il parut
auiîi-tôt fur les épaules & fur les jambes de devant ,
plufieurs taches fort noirâtres de la grandeur de l'ongle ;
ce qui n'arrivoit point Jorfqu'il étoit manié par ceux
qui le gouvernoient. Quelquefois il devenoit tout mar-
queté de taches brunes qui tiroient fur le vert. On
l'enveloppa enfuite dans un linge , & après qu'on l'y
eut laifTé deux ou trois minutes , on l'en retira blan-
châtre : cette couleur s'effaça infenfiblement & fit place
à fa couleur ordinaire.
C A M 605
Cette ex:périence fît voir qu'il n'étoît pas vrai
qne le caméléon prît toutes les couleurs, excepté le
blanc , comme l'ont dit Plutarque ( Trahi de lajlaturk^
& Sorlin ; car celui dont il s'agit avoit tant de dif-
pofition à recevoir cette dernière couleur , qu'il de-
venoit pâle toutes les nuits ; & quand il fut mort , il
avoit plus de blanc que de toute autre couleur. On
n'a point non plus obfervé qu'il changeât de couleur
par tout le corps , comme l'a prétendu Ariflou; car
les couleurs accidentelles qu'il prenoit, ne s'étendoient
que fur certaines parties de fon corps. Pour n'omettre
aucune expérience fur le changement des couleurs du
caméléon^ on le plaça fur des étoffes de diverfes teintes,
& même on l'en enveloppa ; mais il ne prit point
ces couleurs, comme il avoit fait la blanche, après
qu'on l'eut enveloppé dans un linge , & même cet
effet n'eut lieu que la première fois qu'on en fit
l'expérience ; on la réitéra depuis à plufiéurs reprifes &
en différens jours, mais fans aucun fuccès. Il efl vrai'
femblable que la blancheur qu'on obferva fur fon
corps , au fortir d'un linge froid où on l'avoit tenu
quelque temps caché fous un manteau , provenoit en
partie de l'obfcurité qui le fait ordinairement pâlir ,
Si en partie du froid qui fut ce jour-là plus fenfible
que celui de tous les autres jours pendant lefquels on
a obfervé cet animal.
D'après tout ce qui vient d'être dit , il paroît prouvé
que le caméléon ne prend point la couleur des objets
ctont on rapproche , ainfî qu'on l'avoit cru , & que
Font attefté les Voyageurs Barbot Si Bruyn , mais que
les changemens de couleur qu'il fubit , font dus aux
divers mouvemens intérieurs dont il efl: affeQé , &
aux impreffions que font fur lui le chaud & le froid ,
la préfence ou l'abfence de la lumière. Lémsry dit
que dans la joie , cet animal eil d'une couleur éme-
raudée , mêlée d'orangé entrecoupé de bandes grifes
& noirâtres j que dans la colère, il eft d'une teinta
6oè C A M
livide Si obfciire; que dans la crainte, 11 eft pâîe &
d'un jaune effacé. Le P. Feuïlllc^ Minime, prétend, dans
fon Journal d'Obfirv. Phyf. Math, ^ &c. ^ que le chan-
gement de couleurs qu'ofîi'e la peau de cet animal ,
peut dépendre àes points de vue où le fpei^ateur efl
placé. Revenons à la defcription du caméléon , par
M. Perrault. Sa tête refîembîoit afiez à celle d'un
poiffon ; elle tenoit à la poitrine par un cou fort court
& garni fur les deux côtés de deux avances cartilagi-
neufes , qui reffembloient aux ouïes des poiflbns. Sur
le fommet éroit une crête droite &: élevée; & au-
deffus des yeux , il y en avoit deux autres qui étoient
tournées comme une S couchée. Entre ces trois crêtes ,
il y avoit deux cavités le long du deifas de îa tête. '
Le mufeau formoit une pointe obtufe -, 6l avoit , ainfi
que l'obferve Linnœus , deux arêtes qui defcendoient
depuis les fourcils jufqu'à fon extrémité, ce qui lui
donnoit de la refTemblance avec celui d'une grenouille.
Sur le bout du mufeau , il y avoit un trou de chaque
côté pour les narines ; 6c comme le caméléon n'a point
d'autres ouvertures à la tête , on a conjecturé qu'elles
lui tenoient lieu d'ouïes. Il paroît auiïi que c'efl uni-
quement par ces deux ouvertures qu'il refpire , parce
que fa gueule efl: pour l'ordinaire fermée fi exade-
ment , qu'il femble n'en point avoir , fes deux mâ-
choires étant réunies par une ligne prefque impercep-
tible. Plim , Scrl'in & la plupart des Auteurs qui ont
décrit le caméléon , n'avoient fans doute pas vu cet
aninaal vivant , puifqu'ils difent qu'il a la gueule tou-
jours ouverte , ce qui ne lui arrive que quand il efl
mort. Les mâchoires étoient garnies de dents, ou plutôt
d'un os dentelé dont il ne paroifToit faire aucun ufage
pour manger. ( Linnœus a dit que le caméléon n'a point
de dents ; apparemment que cet Auteur ne regarde
point comme de vraies dents les parties faillantes de
cet os dont parle ici M. Perrault. ) Il avaloit les mouches
& les autres infectes , f^ns les mâcher ; la gueule étoit
C A M Goj
fendue June manière toute particulière ; car l'ouver-
ture des lèvres , qui , dans les autres animaux , eu
plus petite que celle des mâchoires , s'étendoit au-delà
dans le caméléon , & ce prolongement de fente avoit
une direftion oblique de haut en bas.
Les yeux étcient fenfiblement d'une forme plus
fphërique que dans les autres animaux ; car ils n'étoient
point enfonces dans la tète , comme l'avance Scrlin ,
mais faiilans en dehors de toute la m.oitié de leur globe.
Le trou de la membrane qui tenoit lieu de paupière ,
n'avoit pas une ligne de largeur , &c laiiToit voir affez
facilement la prunelle , qui étoit brillante , brune ,
& comme bordée d'un petit cercle d'or. Le devant
de l'œil paroilToit attaché à la paupière , laquelle ne
fe haufloit & ne fe baiiloit pas , comme celle des
autres animaux , qui peuvent donner à leur paupière
un mouvem.ent différent de celui de l'œil ; car la
paupière du camélém fuivoit exactement tou.s les mou*
vemens de l'œil ; mais ce qu'il y a de plus extraor.-
dinaire dans ce mouvement , c'eft de voir remuer un
des yeux pendant que l'autre efl immobile; l'un fç
tourne en avant, tandis que l'autre regarde en arrière ;
l'un s'élève vers le ciel , quand l'autre s'abaifle vers
la terre ; & tous ces mouvemens s'étendent fi loin ,
que la prunelle fe porte jufque fous la crête qui forme
le fourcil , & s'enfonce dans les coins de l'œil , au
point que l'animal peut découvrir les objets placés
derrière lui , & ceux qu'il a diredement en face , fans
que fa tête , qui eft ferrée contre les épaules , folt
tournée.
La^ langue du grand caméléon dont il efl queflion ,
que Lïmiczus a comparée à un ver de terre , étoit longue
de dix lignes , large de trois, & un peu aplatie vers
fon extrémité. Il y a apparence que les Anciens , qui
ont cru que le caméléon ne vit que d'air , n'avoient
pas vu l'ufage que cet animal fait de fa langue. On a
obfervé cju'U fuiiite continuellement de cett^ partie
6o8 C A M
une fubflance très-glutlneufe , par le moyen de laquelle
le caméléon prend les infedes qu'on lui préfente ou
qu'il rencontre , & c'efl une chofe furprenante que
la vîtcfTe avec laquelle il retire fa langue dès que fa
proie y eft attachée. Linnœus rapporte que les Indiens
laiffent volontiers le caméléon s'introduire chez eux ,
pour fe débarrafTer des infeûes qui les incommodent.
Le plus grand des trois caméléons dont nous avons
parlé , fut le feul auquel on put faire prendre des
infe£î:es. Les deux autres ne mangèrent prefque point
pendant cinq ou fix mois qu'ils vécurent à Paris, Ils
fucerent feulement quelques grains de raifm qu'on
leur préfenta.
A l'aide de fes pieds , dont la forme étoit telle
qu'elle a été décrite plus haut , le caméléon faifiiToit
les petites branches des arbres , comme fait le perroquet ,
qui, pour fe percher, partage fes doigts autrement
que la plupart des autres oifeaux ; car ceux-ci en
mettent toujours trois devant & un derrière , au lieu
que le perroquet en met deux derrière comme devant :
les ongles étoient un peu crochus , fort pointus & d'un
jaune pâle ; ils ne fortoient que de la moitié hors de
la peau ; ils avoient en tout deux lignes & demie de
longueur. La marche du caméléon étoit encore plus
lente que celle d'une tortue, mais tout-à-fait bizarre,
en ce que fes jambes étant plus dégagées & plus
longues que celles de la tortue , il les portoit en avant
avec une gravité qui fembloit afieftée. Quelques-uns
prétendent que cette démarche fi lente eft un effet de
la timidité de ce chétif animal. Il paroît du moins agir
avec beaucoup de circonfpeftion , car il femble choifir
les endroits où il doit pofer les pieds ; & l'on a obfervé
que , quand il monte fur les arbres , il ne fe fie point
à fes ongles, quoiqu'ils foient plus pointus que ceux
des écureuils qui graviïïent pr-r-tout avec tant de légè-
reté ; mais lorfqu'il ne peut faiûr les branches à caufô
de leur groffeur , il cherche long- temps les fentes de
l'écorce.
C A M (Î09
récorce , pour y afFermir fes ongles. Cette "obfervation
ne s'accorde pas avec ce que dit LinruBus , que le camé-
léon grimpe aux arbres avec beaucoup de vîtelTe.
La queue du caméléon reflembloit bien à celle d'une
vipère , comme PUm le remarque , ou à la queue d'un
grand rat , lorfqu'elle s'arrondiffoit en s'enflant , car ,
autrement , elle étoit relevée dans fa longueur par
trois éminences tranlVerfales : il entortilloit cette queue
autour des branches , & elle lui fervoiî comme d'une
cinquième main : quand il marchoit , il la laiffoit rare-
ment traîner par terre , mais il la tenoit dans une di-
redion parallèle à la furface des lieux fur lefquels il
s'avançoit.
Perrault rapporte que , lorfqu'un des petits camé-
léons mourut, l'autre parut en avoir une fi grande
horreur , qu'il grimpa au haut de la cage cii on les
avoit enfermés tous les deux , ô£ fe tint le plus éloigné
du mort qu'il lui fut poiTible.
MatJiiok &C la plupart des Anciens ont attribué au
caméléon des propriétés ridicules qu'il feroit inutile de
rapporter, M. Perrault a voulu vérifier l'opinion de
Sorlin , fur l'antipathie qu'il fuppofe eatre le corbeau &
le caméléon , & qu'il dit être li grande, que le corbeau
meurt auiîi-tôt après avoir mangé de la chair du camé-
léon, La vérité eft qu'un corbeau donna quelques coups
de bec à un caméléon mort qu'on lui préfenta ; mais
on lui en fît manger plulieurs parties , & il avala le
.cœur même , fans qu'il en ait paru incommodé.
Le plus grand des trois caméléons étant mort , avoit
-environ onze pouces & demi de longueur totale ; il
avoit dix-huit côtes ; l'épine compofée de foixante-
cuatorze vertèbres , y compris les cinquante de la queue.
M. Jacques Parfons a donné à la Société Royale de
Londres , la defcription d'un caméléon dont le deffus
des vertèbres efl dentelé , avec des nœuds fur les
côtés ; les dents de la mâchoire fupérieure fe plaçoient,
quand l'animal fermoit la gueule , dans les intervalles.
Tomz IL Qq
6io C A M
akernativement pratiqués entre elles, dans celles de la
mâchoire intérieure ; il n'y avoit ni dents molaires, ni
dents canines.
Il paroît que l'cfpece du caméléon eil répandue en
Afrique Se en A(ie , inais notamment en Egypte.
Caméléon blanc. On donne ce nom à une efpece
de carl'me ; 6c celui de noir à une efpece de cartame. Voyez
ces mots.
CAMÉLÉOPARD, Camdo-pardaUs, Quadrupède
que les Italiens nomment Girajfa (^g^rajf^)-^ c'eft un
des premiers, des plus grands &: des plus doux des
animaux terreflres ; mais les difproportions de fa flature
femblent rendre cette eipece inutile , & la confiner
feule & peu nombreufe dans quelques contrées de
rAfrîqiîe h>c de l'Inde. La peau de la gî-raffe eii tigrée
comme celle de la panthère & du léopard ; {on cou cil
long comme celui à^im chameau ; & c'efl fans doute
d'après ces deux traits , que les Anciens avoient com-
polë le nom de Camdo-pardalis (^chameau-léopard^ ,
qu'ils donnoient à la g'irajfe.
Le caméllopard ou la g^raffe , par la douceur de fon
naturel , par les habitudes phyfiques , & même par
la forme A\\ corps , approche plus de la figure &: de
la nature du chameau , que de celle d'aucun autre ani-
mal. La girafe a la tcte petite , ainfi que les oreilles ;
les yeux bnllans ; les dents petites & blanches. On
prétend que cet animal n'a point de dents inciiives à
la mâchoire fupérieure ; mais il en a huit à l'infé-
rieure ; fa langue efi noirâtre ; fa tête porte au-deffus
du front deux cornes ûmples , moulles , d'environ fix
pouces de longueur ; ces cornes ne font point creufes
comme celles des chèvres ; elles font d'une fubdance
folide comme le bois des cerfs ; mais nous ignorons
fi elles tom.bcnt de même tous les ans. Outre ces
cornes , la giraf} a , au milieu du fiont , un tubercule
élevé d' environ deux pouces, 6c qui reiiembie à une
tïoinem.e corne ; les cornes font revêtues de poil , 3c
C A M ^ 6.ÎÎ
font un peu plus longues dans le mâîe que dans la
femelle.
La girafe cl la tête , étant levée , de quatorze à feîze
pieds de hauteur ; le cou feul a fept pieds , 6c l'animal
a vingt-deux pieds de longueur depuis l'extrémité de
la queue jufqu'au bout du nez ; les jambes de devant
& de derrière font à peu près d'égale hauteur ; mais
les bras , proprement dits , font li longs , en com-
paraifon des cuiffes , qu'ils lemblent ramener à terre
la croupe de l'animal , 6c que fon dos paroît être
incliné comme un toit : tout fon corps eu blanchâtre ,
marqué de grandes taches fauves , de figure à peu
près carrée : cet animal a le pied large & fourchu
comme le bœuf; fes fabots /ont noirs, obtus , écartés;
la lèvre fupérieure plus avancée que l'inférieure ; la
queue menue , pendante 6c allant aux jarrets , garnie
de poil à l'extrémité , 6c ces poils ou crins de la
queue font noirâtres 6c trois fois plus gros que ceux
de la queue du cheval.
La girajffe rumine comme le bœuf, & mange comme
lui de l'herbe ; elle a une crinière comme le cheval ,
depuis le fommet de la tête, jufque fur le dos, &
d'une couleur rouflatre ; quand cet animal marche ,
les deux pieds de devant vont enfemble , ce qui lui
donne une démarche vacillante ; & lorfqu'il veut paître
ou boire à terre , il faut qu'il écarte prodigieuiement
les jambes de devant : il mange volontiers les feuilles
6c les bourgeons des arbres. La girdff} , dit Belon , fe
couche le ventre contre terre , 6c a une callofité au
fternum & aux cuilTes comme le chameau.
Le nom de giraffe tû formé de l'Arabe girnafa ou
^urnûfa, h?L giraffe eil propre à l'ancien Continent, 6c ne
s'cfl: jamais répandue dans les pays du Nord, ni même
da.ns les régions tempérées. Elle ne fe trouve que dans
les déferts de rAbyiîinie, de l'Ethiopie, & de quel-
ques autres Provinces de l'Afrique Méridionale & des
Indes. C'efl un animal doux à gouverner. Plufieurs
Qq 2
€ii C A M
empereurs Romains ont orné leurs triomphes de quel-
ques-uns de ces animaux. On les montroit aufli en
fpe£lacle. Nous avons vu une girafe au Jardin bota-
nique de Leyde. On obferve que la Nature , pour
donner des preuves de Ion immenfe & riche fécondité ,
a placé aiiiîi dans les mêmes climats brùlans de l'an-
cien Monde , des animaux dont elle a varié d'une ma-
nière toute iinguliere les formes. Il fuffit de jeter un
coup d'œil fur les chameaux , les éléphans , les rhi-
nocéros , &c. Nous venons de voir que la girafe eft
remarquable par la hauteur démefurée de fes jambes
de devant ; la gerboife offre la même difproportion ^
mais c'eft dans les jambes de derrière. La gerboife ,
quoique avec quatre piecfs , paroît, dit M. Sonnini.^
s'éloigner un peu de la claiTe des Quadrupèdes , pour
prendre quelque empreinte de celle des Oifeaux.
Placée fur le premier échelon du paffage de l'une
à l'autre , elle conftitue la première dégradation des
quadrupèdes y &: commence la nuance de ceux-ci aux
oifeaux.
CAMELINE 5 Myagrum. Nom d'un genre de plan*
tes à fleurs polypétaiées , de la famille des Crucifères,
& qui comprend des herbes dont les feuilles font
alternes , 6i les fleurs jaunes difpofées en grappes ou
en panicules terminais ; il y a fix étamines , dont
deux font plus courtes que les quatre autres. Le fruit
tfl une filique courte , non comprimée , ovale ou
pyriforme , ou pyramidale , fouvent articulée , ou an-
2;uleufe , & qui contient une ou plufieurs femences.
M, le Chevalier de la Marck les divife ainfi qu'il fuit:
Camelines à filique articulée,
îl y a : La camdïne vivace , Myagrum perenne, Lînn.;
Rapiftrum monofpermum ^ J. Bauh. 95 , Tourn. 211 ;
cette efpece fe trouve dans l'Alface , la SuifTe & l'Al-
lemagne, La çameline ridée , de l'Europe Aiiftrale -^
C A M 6ii
Myagnim rugofum , Linn. ; elle efl annuelle. La came-
Une du Levant , Myagrum Orientale. , Linn. Celles
d'Efpagne & d'Egypte.
Camelines à Jilîque non articulée.
Il y a : La camdine perfoliée , Myagrum perfollatum,
Linn.; Myagrum monofpermumlatifolium^Qj, Bauh. Pin.
109 ; cette efpece fe trouve dans les champs en France
^ dans la Suifle. La cameline cultivée , ou féfame
jd' Allemagne , Myagrum fativum ^ Linn. 894; Alyjfon
Jegetum , foliis auriculatis acutis , Tourn. 217; cette
efpece , qui ell annuelle , ne s'élève guère plus haut
que le lin , & on la feme de même en Flandres ,
pour exprimer l'huile de fa graine , huile que l'on
vend improprement fous le nom de celle de camomille.
Cette cameline n'ell pas rare aux environs de Paris ,
dans les feigles , les orges & les avoines. Sa tige e^
droite , cylindrique & rameufe vers fon fommet. Elle
porte des fleurs jaunâtres , en croix , qui donnent des
fruits ou petites filiques en forme de poire , dans lef-
quelles font des fe menées triangulaires , jaunâtres ,
d'un goût approchant de celui de l'ail , dont les petits
oifeaux font très-friands. Sa tige efl garnie de feuilles
longuettes , pointues , un peu velues , vertes , molles ,
à dentelures petites & dînantes ', elles embralTent par
leur bafe la tige , de façon que les deux côtés repréfen-
tent deux appendices ou oreilles. Cette cameline croît
aufîi aux lieux montagneux. L'huile qu'on en retire
efl très-propre pour adoucir la peau , &: pour la lampe,
La cameline paniculée ; cette efpece fe trouve fur
les bords des champs en Europe. La cameline à filiques
en bec d'oifeau ; cette efpece fe trouve en Syrie , à
Sumatra , & en Autriche. La cameline à feuilles de
pifTenlit , Cramhe O rient alis , dentis Uonis folio , eruca-
ginis facie , Tourn. Cor. 41; cette efpece croît -dans
le Levant. La camdine k filiques verruqueufes ^ d'E-^
gypte j Bunias uEgyptiaca , Linn, La cameline à filiques
Qq i
6î4 C A M
en petites maiTes , vulgairement la majje au Bedeau^
Voyez Roquau fauvagz des champs. La camel'mc é^i-'
neule , du Levant , Bunias Jp'mofa , Linn. La camzlïne
cornue , du Levant , Burfa pajlorïs Oruntalis , drahiZ
folïis ^ filïquïs cornutis , Tourn. Cor. 15. La camdïne.
de Mahon , Bunias Bakarica , Linn. Celle des Pyre-
ni^s,^ Sïfymbnum Pyrcnaïcum , Linn. ; on en trouve
aufîi des variétés dans les montagnes de PAuvergne
& de la Suilîé. La cameline naine, Myagrum pumilum.
La camclïnc aquatique , Sijymhrïum aquaticum , raphani
^ folio ^ fdiquâ brevion ^ Tourn. 226; cette eîpece croît,
ainii que fa variété , Raphanus fylvejiris ojjîcinarwn
aquadcus , Lob. le. 319, lur le bord des eaux. La cami-'
Une des marais , Raphanus Jive Sifymbrium aquaticum ,
foliis in profundas laànias divijis , Jiliquâ bnviorl ,
Tourn. 226, Bauh. Prodr. 38.
CAMERIEÎi , Canuraria. Nom d^un genre de plantes
à fleurs monopétalées , de la famille des Apocins , qui
a des rapports avec les frangipanicrs , &: qui com-
prend des arbres & arbrilleaux propres à l'Amérique
Méridionale : les fruits font foliiculaires , lancéolés ,
univalves. Il y a : Le camcricr à feuilles larges ; celui
à feuilles linéaires ; & celui à fleurs jaunes.
CAMîCKl ou Akhima. Voyei Kamichi.
CAiviOMILLE , Chamœmelum. Anthémis , Linn.
Nom d'un genre de plantes à fleurs conjointes , de la
divifion des Ccmvofies-radiêcs , & qui comprend àes
herbes annuelles ou vivaces, dont les feuilles font
alternes &: ordinairement très - découpées. La fleur a
un calice commun , hémifphérique , imbriqué d'écaillés
linéaires , ferrées ; elle efl: compofée de fleurons her-
maphrodites , tubulés , à cinq dents , placés dans le
difque de la fleur , & de demi-ileurons femelles qui
forment fa couronne. Le fruit confiffe en plufieurs
petites femences oblongues , nues , fituées fur le récep-
tacle commun , & environnées par le calice de la
fleur.
C A M 6i<i
M. le Chevalier a'd la maj-tk diiiingue \qs piaiit^s-
de ce genre ^ en :
Camomilles à couronm jlorak tout- a- fait blanche
Il y a : La camomille commune dans les champs en
Italie , Anthcmis jlorum palds rigidls pimg&niiius , Lien. ;
elle efl annuelle : fes fleurs font blanches , à difque
jaune , & terminales comme dans les autres efpeces.
La camomille élevée &: m.ultiflcre , des parties Méri-
dionales de l'Europe , Anthcmis alnjjlma , Linn, ; Lha-
mucïudum ItucantkarMm Hijpa.?iicitm , ma&io fiorz , Bauh.
Fin. 135. La camcmilU maritime A^s contrées Méri-
dionales de l'Europe , Anthcmis maritima ; Chama-
melum marinum Dahchampïi ^ Tourn. 494 ; Matri-
caria maritima, Bauh. Pin. 134; fes fleurs ont l'o-
deur de la matricaire ; cette efpece elt vivace. La
camomille à feuilles & calice cotonneux, des lieux
maritimes de la Grèce &: du Languedoc , Anthcmis
tomentofa , Linn. ; elle efl vivace. La camomille des
Alpes ; elle efl velue dans toutes (^s parties ; vivace ,
à tige unillore : le calice efl noirâtre en fes bords ,
ainfi qu'une grande partie des paillettes de ion récep-
tacle : elle croît fur îe Mont Baldus ^ dans le TiroL
La camomille de montagne , Chamamdum Alpiniun ,
abrotanl foiio y Tourn. 494; elle eil vivace, 6l croît
dans les Alpes &: les Pyrénées. Celle de l'IAe de Chio
ou Scio, Chamœmelum Chiiun vzrnum, folio crajjîon^ ftorc
magno^ Tourn. Cor. 37. La camomille odorante ou ro-
maine 5 Anthcmis nobilis ^ Linn.; Chamozmclum ne bile feu
Leucanthemum odoraiius , Bauh. Pin. 135, Tourn. 494 ;
cette eijjece eff vivace & fe trouve dans les pâturages
fecs , en Italie , en France , en Efpagne ; c'efl la plus inté-
reflante de ce genre , tant par fon odeur , que par l'uf ige
fréquent qu'on en fait. L'infufion de fes fleurs eff eftimee
fébrifuge , antifpafniodlque , ffomachique , anodine , h ^ f-
tcrique , carminative , diuréticjue , & toute la plante très-
réfolutive ^ étant appliquée en cataplafme ou en fomen-
Qq 4
6\6 C A M
tation ; on en retire par la dîftillation , une huîle qiiî
devient ài'wxv bleu de faphir , & qui a les me mes pro-
priétés que les fleurs de cette plante ; on en cultive
dans les jardins une belle variété à fleurs doubles ,
jiore mulnplid. La camomille des champs , y^?ithemis
arvcnfis , Linn. ; Chamœmdum ïnodorum , Bauh. Pin.
135, Tourn. 494 ; elle efl bifannuelle. La camomille
puante , vulgairement la maroutu , Anthémis cotula ,
Linn. ; Chamœmelum fœtidum , Bauh. pjn. Tourn. ;
fixe CotuLa fœdda ^ J. Bauh. 3. 120; elle eiî: vivace
par fa racine : cette efpece qui croît dans les terres
incultes & dans les champs , efl eflimée fondante,
réfolutive , fébrifuge, vermifuge , carminative & anti-
hyflérique ; fon odeur efl un peu forte &: défagréable :
fes feuilles font d'un vert auiîi foncé , que cette teinte
ell clan'e dans la camomille romaine. La camomille à
racine falivaire ; c'eft la pyrethre. Voyez ce mot»
Camomilles à couronne florale , jaune entièrement
ou feulement à fa bafe.
Il y a : La camomille mixte , Anthémis mixta^ Linn. ;
Chamœmduw^ annuum ramofnm^ , coronopi folio , flore
mixto ^ Morif. Hifl. ; cette efpece fe trouve en Italie^
en France , & notamment dans le Portugal. La camo-
mille de Valence , Cotula flore luteo radiato , Tourn.
49^ ; Buphthalmum cotulœ folio , Bauh. Pin. 134 ;
cette efpece fe trouve dans les parties Méridionales
de la France & dans le Levant. La camomille à feuilles
crénelées , Anthcmis repanda <, Linn. ; Chryfamhcmum
parvum , flve Bdlis lutea parva , Bauh. Hifl. 3 , p. 105 ,
Tourn. 491 ; cette efpece croît en Efpagne ôc dans le
Portugal. La camomille à feuilles oppofées de l'Amé-
rique Niéridionale. La camicmille des Teinturiers , vuîgai-
rçmtnxV œil de bœuf coloï^nt^ Anthémis tincloria^Linn. ;
Buphthalmum tanaceti minoris foliis ^ Bciuh. Pin. 134:
cette efpece , qui efl vivace , fe trouve dans les pâturages
fecs 6c montueux des Provinces Méridionales de Ja
C A M K17
France , de l'AUemsgne , en Italie & en ptufieurs autres
Contrées de l'Europe ; elle eft d'une forme élégante, &
d'un afpedl très-agréable lorfqu'elle efl en fleur ; elle
mérite d'être employée comme ornement dans les par-
terres; elle eu vulnéraire, apéritive &c déteriive; dans
le Nord, on s'en fert dans la teinture des laines, aux-
quelles elle communique une affez belle couleur jaune.
La camomille Arabique , AJîerlfcus annuiis trianthophorus
craiFas Arahïbus dicîus ^ Snaw Afr. 58, tab. i;6 , f. 58;
Anthémis caule decompofuo , calicibus ramiferîs , Linn,
Hort. Clif. 413, tab. 24.
CAMPAGNOL. C'eft le mus agreflls minor , de Gefner;
le mus agrejiis , capite grandi , de Ray & de KUin ; le mus
campefiris minor ^ de Briffon ; & le rat de terre , des Mi"
moires de l' Académie, ann. \y6G\ Petit animal encore plus
commun & plus généralement répandu que le mulot .*
celui-ci ne fe trouve guère que dans les terres élevées.
Le campagnol fe trouve par- tout , dans les bois , dans les
champs , dans les prés , & même dans les jardins. Il efl
remarquable par la grolTeur de fa tête , &: aulTi par fa
queue courte & tronquée , qui n'a guère qu'un pouce de
long , & eil recouverte de poils ; au lieu que celle du
mulot en efl dépourvue. Ce petit animal reflemble
touî-à-fait au rat d'eau pour l'organifation intérieure ;
mais à l'extérieur , il en diitere beaucoup , ainfi que par
le naturel & les mœurs. Sa longueur, depuis le bout du
nez jufqu'à l'origine de la queue , n'ed tout au plus
que de trois pouces. Il ne fe jette point à l'eau comme
le rat d'eau , 6c ne fe nourrit point de pciiTon.
Le campagnol fe pratique des trous en terre , divifés
en deux loges , comme ceux du mulot ; mais ils font
moins ijîacieux &; moins enfoncés fous terre. Ils y
habitent plufieurs enfemble , & y font tout leur petit
ménage. Lorfque les femelles font prêtes à mettre bas ,
elles apportent dans leur trou, des herbes peur faire
un lit à leurs petits, & ce lit a en quelque forte la
forme d'un nid. Elles produifent au printemps ôc en
6iS C A M
eîé ; les portées ovdinaires ionc de cinq ou lîx , 5r
quelquefois <Je iept ou huit.
Les campagnols font provifion dans leurs trous de
grains , de noifettes ^ de glands. Cependant il paroîr
ciu'ils préfèrent le blé à toutes les autres nourritures.
Dans le mois de Juillet, lorfque les blés font mûrs ,
les campagnols arrivent de tous côtés des bois , &
font fouvent de grands dommages , en coupant les
tiges du blé pour en manger l'épi. Ces brigands fem-
blent fuivre les Moifîbnneurs ; ils profitent de tous
les graips tombés & des épis oubliés. Lorfqu'ils ont
tout olané , ils vont dans les terres nouvellement enfe-
mencées , & détruifent d'avance la récolte de l'année
fuivante. En automne ^ en hiver , la plupart fe reti-
rent dans les bois , oii ils trouvent de la faîne ^
(Voyez Hêtre^ des noifettes & du gland. Ces petits
animaux paroiflent en ii grand nombre dans certaines
années , qu'ils détruiroient tout , s'ils fubfiftoient long-
temps ; mais pareils à CQS individus qui trouvent
dans leurs femblabks leurs plus mortels ennemis, les
campagnols fe détruifent eux-mêmes , &C le mangent
les uns \qs autres dans les temps de difette de vivres ;
ils fervent d'ailleurs de pâture aux mulots, de gibier
ordinaire au renard , au chat fauvage , à la marte 6c
aux belettes. Voyez ces mets.
Campagnol volant. Foyc^ à Vartick Chauve-
SOLTJS (14.^ Efpece).
CAMPA NE JAUNE & Ai au , Ixla-lulhocoamm ;
Narcïjfus fylvejiris pallidus , calice luteo , Pitt. Toiirn. i ;
Pfiudo-narcïjfus ^ Linn. 414. C'eil une efpece de
narci[fz fauvage , dont la hampe efl haute d'un pied
ou environ , for tant d'un fpatlie ; fa fleur eft jaime ,
dorée , &: a en fon centre une campane pâle , garnie
à fa bcdé de fix pièces jaunes ; à cette fleur fuccede
un fruit rond , relevé de trois coins : les feuilles
partent de la racine ; elles font longues , linéaires ,
5c liffes : fa racine eil bulbeufe , vii'qucufe 6c pur-
C A M 619
gatlve. Cette plante croît dans les lieux humides des
bois , &ic.
On diftingue le narcijfe fauvage à fieur double , Nar-
cijjus fylvejirls multipUx ; on l'appelle narcijjc di
Goumas. Voyez NARCISSE.
M. Dufrefnoy , Médecin à Valenciennes , a obtenu ^
par le moyen de l'extrait du narcijfe des près ou carn-
pane jaune , des fuCs pour la guérifon des convidiions.
CAxMPANETTE. Foyei Bllbocode.
CAMPANULE , Campanula, Nom d'un genre de
plantes à fleurs monopétalées , '6l qui comprend un
grand nombre d'efpeces qui font des plantes à fuc
laiteux , à feuilles fnnples 6c alternes , & dont les ileurs ,
qui relfemblent communément à de petites cloches , font
d'un afped agréable , mais elles fe flétriffent fans tomber;
il y a cinq étamines : le fruit eil une capfuie angiileufe,
ovale y ou turbinée , ou prifmatique , divifée intérieure-
ment en trois à cinq loges polyfpermes, & qui s'ouvre
fur les côtés par un pareil nom.bre de trous.
M. le Chevalier de La Marck diflingue les Camp^^
nuks , en :
Campanules dont Us feuilles font prefque l[jf^^s , &
point rudis au toucher ; les fînus du calice non rljUcliis,
Telles font : La campanule petite , du Mont Cenis ;
fa fleur eft bleue. La campanule unifLore , de la Laponie.
La campanule à feuilles de cymbalaire ; elle le trouve dans
les lieux couverts & humides en Europe. Celle à fcuiV.es
de cochlearla , des Alpes. La campanule élatine , des
montagnes de l'Europe Auilrale. Celle a tiges filiformes ,
d'Autriche , Campanula pulla , Linn. Celle à feuilles
rondes , des pâturages fecs & montueux de l'Europe.
Celle à feuilles de Un , du Mont d'Or. La campanule
étalée , Campanula patula , Linn. ; elle croît dans les
Alpes de la Suiffe , en Suéde & en Angleterre. La
campanule appelée raiponce , Voyez ce mot, La campa"
nuU à feuilles de pêcher , Campanula perjic(z folio ,
16io C A iM
Linn. 131 , Tourn. 1 10 ; cette efpece eft vîvace, &
fe trouve dans les lieiix incultes &: ombragés, en
Europe. On en trouve une belle variété à fleurs
doubles dans les bois , & qui efl fouvent employée
comme ornement dans les parterres ; Campanula anguf"
tifolïa , nemorofa , jTiagno flore , Tourn. 1 1 1 . La cam-
panule à feuUUs de ptanniqut ; Tournefon l'a obfervée
dans l'Arm.énie. Celle à feuilles de lïnaïre ; cette efpece
a été obi'ervée , par M. Commerfon > à Monte- Video ,
près de Buenos-Ayres.
De la même fous-diviiion font encore : La campa--
mile pyi'amidale , Campanida pyramidalïs ^ Linn. 232;
elle eii bifannuelle. Selon M. Scopoli , cette très-belle
efpece croit naturellement dans la Carniole ; elle efl
employée comme ornement dans les jardins , fur les
terraffes , &:c. Elle pouffe plufieurs tiges très-droites y
effilées , fimples , glabres , hautes de quatre ou cinq
pieds , & feuillées dans toute leur longueur ; ( les tiges
vigoureufes pouiTent des rameaux latéraux ; ) les feuilles
font vertes , glabres 6c crénelées ; les radicales font
cordiformes ôc ont de longs pétioles ; celles de la tige
font ovales-lancéolées , & à pétioles bien moins longs ;
les fleurs font bleues , quelquefois blanches , &: vien-
nent plufieurs enfemjDle , par bouquets latéraux &
terminaux , fur des péduncules courts , 6l forment
dans la partie fupérieure de chaque tige , un long épi
pyramidal d'un afped fort agréable. La campanule à
fleurs planes, Trachelium Americanum minus ^ flore cceruleo.
patulo , Dodart ; an Campanula Americana , Linn. ? La
campanule à longs flyles , de la Sibérie & de la Tar-
tarie. La campanule a feuilles de périploque ; elle fe
trouve dans la Sibérie , ainfi que celle à feuilles de lis ,
& que l'efpece dite campanule gentianoïde ; les fleurs
de cette dernière font très-grandes , & d'un bleu
magnifique. La campanule à feuilles rhomboïdaUs , des
pâturages fecs &: montueux du Dauphiné , de la
Provence , de la Suiile 6c de l'Italie, La campanule
C A M 621
'S^Alph ; elle croît en Italie , près de Baffano , dans
des lieux couverts & humides. La campanuU à feuilles
crépues , Campanula Or'untalïs ^ folioriim crcnis amplio^
rihus & crijpis ^ flore patulo ^ Tourn. Cor. 3. Ce Botaniile
l'a obfervée dans l'Arménie. La campanule de l'Iile de
Bourbon ; fes feuilles reffemblent prefque à celles de
Vyiicca, La campanule verticillée , de la Tartarie
Orientale.
Campanules a faùlhs rudes au toucher; les Jinus
du calice non réfléchis.
Il y a : La campanule à feuilles larges; elle croît
dans les endroits montiieux & couverts de la SuiiTe ^
de la Suéde & de l'Angleterre. La campanule gantelée , ou
Gant de Notre-Dame^ Campanula vulgatior ^ foliis urticœ ;
yd major & afperior^ C. B. Pin. 94 ; Trachelïum majus
Jive Cervicaria y Merc. Bot. i , 73 ; Campanula tra-
chelïum ^ Linn. 235. C'eil une plante dont la racine
eil vivace , allez groffe , longue , branchue , blanche ,
& d'un goût aufîi agréable que celui de la raiponce :
elle poulie plulieurs tiges à la hauteur de deux pieds ^
cannelées , droites , rougeâtres ôc velues, ^ts feuilles
font difpofées alternativement le long des tiges , char-
gées de poils courts , & allez femblables à celles de
l'ortie commune : les fleurs font bleues ou violettes
ou blanches , axillaires , &: contenant un pillil dont
le Higmate ell divifé en trois pièces, & cinq étamines
attachées à autant de petites lames qui ferment le fond
de la corolle. Aux fleurs fuccede un fruit membraneux
placé fous le calice , divifé en plufieurs loges trouées
latéralement , & qui renferment beaucoup de femences
menues , luifantes & roulTâtres. Cette plante contient
un fuc laiteux, qui la rend aflringente & déterfive.
Elle croît fréquemment dans les bois taillis , dans les
haies , dans les prés , &c. en Europe. Elle fleurit en
été , & fa graine mûrit vers l'automne. On la cultive
dgns quelques jardins poti^gers, à caufe de fes. jeunes
<5i2 C A M
racines que l'on mange dans les faïades au commen<-
cernent du printemps : mais les Curieux ont trouvé
Tart de faire porter à celte plante de belles fleurs
doubles blanches , doubles bleues , même triples Se
quadruples. Une expérience de M. Marchand , rap-
portée dans les volumes de V Académie Royale des
Sciences^ nous apprend que ii l'on coupe une racine
de campanule par tranches de l'épaifleur de trois ou
quatre lignes , chacune de ces rouelles mife Séparé-
ment en terre , produit une plante de la même elpece.
Nous devons convenir ici que , long-temps avant la
découverte de M. Marchand^ les Fleuriiles d'Angle-
terre, de Hollande & de Flandres , ne connoifToient
pas de meilleure m.éthode pour multiplier leurs belles
fleurs à racine tubereufe ; méthode qu'ils continuent
toujours de fuivre avec fuccès , & qui prouve alfez
ce que peut l'induftrie pour arracher les iecrets de la
Nature. La campanule rapunculoïde ; cette elpece fe trouve
dans les lieux iecs & fur le bord des vignes, en
France , dans la SuifTe & en Autriche. La campanule
en longs épis , terminaux ; elle croît aux environs de
Bologne & dans la Carniole. La campanule à feuilles
de chiendent , Campanula gramànifolla , Linn. ; elle fe
trouve fur les montagnes , en Italie. La campanule k
fleurs ram.affées en tête , Cainpamda glomerata , Linn. ;
elle croît dans les lieux fecs & montagneux de l'Eu-
rope. La campanvle de roche , Campanula petrœa , Linn. ;
cette efpece ie trouve en Italie , fur le Mont Baldo,
parmi les rochers. La cam.panule cervlcairc , Flor.
Franc. , Campanula ccrvicaria , Linn. ; elle eil toute
hcrifiée de poils blancs qui la rendent rude au toucher;
les fleurs font bleues , ramaflces en tête , en partie
terminales & en partie axiilcures : cette efpece croît
dans les bois , & les endroits pierreux des montagnes
de l'Europe. La campamde à fleurs enthyrle , Cam.panula
thyrfoidcs , Linn. ; Campamda Alpïna , echioïdes pyra-
midatay Tourn. 109 : cette eîpece croît àms les
C A M 615
montagnes de la Provence , de la SuiiTe , de rAutnche
& de la Carniole; elle eil: hérillee comme la précé-
dente, mais fes fleurs font d'un blanc-jaunâtre, nom-
breufes & dllpcfées en épi denfe , ferré , cylindrique
ou pyramidal , terminal , & long de quatre ou cinq
pouces. La campanuU lamigÏTieuJl , de Tartarle , Cam^
panula lanuginofa , Hort. Reg. , Bauh. Pin. 94 ,
Tourn. j 10 : il y en a une eil^ece toute tomenteufe,
& dont les feuilles radicales font fpatulées, Tourn.
Cor. 3 . La campanule à feuilles argentées , de l'Arménie ,
Campanula Orientalïs , JaxatUls , a^genteo leucoii folio ,
Tourn. Cor. 3. La canipamiU à feuilles de calament,
CampanuLi faxatilïs , foins inferïorïhus bdlidis , cœteris
nummularl(Z fubliiifutis ^ crenatis ac veludrugojis , Tourn.
Cor. 3. Tourn fort a trouvé cette efpece dans l'ifle de
Naxe , dans l'Archipel. La campanule érlm , Fl. Fr. ,
Campanula erinus , Linn. ; Campanula minor annua ,
fcliis incifis , Tourn. i i 1 : ct^tte efpece fe trouve dans
les parties Auftrales de la France , de l'Efpagne & en
Italie. La campanule irincïde , d'Afrique , Campanula
erinoïdes , Linn. La campanule hifpide _, du Cap de
Bonne-Efpérance , Fl. Franc.
Campanules dont le calice efl à flnus réfléchis.
Il y a : La campanule naine ^ des Alpes. La campawil^
CL tig: fourchue , de la Sicile & du Levant. La camp.muk
à grolfes fleurs , Campanula médium , Linn. ; 6* hortenfis
folio & flore oblcngo , Bauh. Pin. 94 ; Fiola mariana ,
Dod. Pempt. 163 ; cette efpece croit dans les lieux
arides de la Provence , de l'Italie ^z de l'Ailemagne. La
campanule à corolle blanchâtre , marquée de points pour-
pres à rintérieur ; elle croît dans la Sibérie. Celle dont
la corolle , d'un bleu pâle , eft prefque en baffin ; elle
fe trouve dans Tlfle de Candie, ainii que l'eipece à
corolle tubuleufe. Celle à corolle b-irbue à l'intérieur,
Campanula fVis echii , fl'-tribus villcfls , Bauh. Pin. 94 ,
Tourn. iio; cette eloece croît dans les montaî?,nes
«14 C A M
du Dauphiné , de la Sulffe , du Piémont & de l'Au-
triche ; il y en a une petite efpece lanugineufe dans
les Alpes. La campanule, à fleurs en épi lâche ^ du Valais,
Campanula Alpma , altïjjima hirfuta , parvo flore ,
Tourn. 1 1 0. La campanule à feuilles de pâquerette ; elle
fe trouve dans l'Ifle de Candie , parmi les rochers &
les pierres. Celle à capfules triloculaires , de Sibérie.
Celle à feuilles de violette , de Sibérie. La campanule
hétérophylle , des rochers de l'Archipel. Celle à feuilles
à trois dents , du Levant. Celle à petites fleurs , mais
très-nombreufes , du Levant. Celle dont les feuilles
font en lyre , de la Grèce. La campanule , de Syrie ,
Campanula jiricia y Linn. Elle fe trouve aufîi dans la
Paleffine.
Campanules à capfules columniformes ou prifmatiques.
Il y a : La campanule à tige Ugneufe , du Cap de
Bonne-Efpérance 5 Campanula fruticofa ^ Linn. La
campanule doucette , délignée par Bradley , dans fon
Calendrier des Jardiniers , fous le nom de Miroir de
Vènus^Campanulafpeculum{^ ,Linn. 2.38; Campanula
arvenfis erecla ^ Tourn. m , Bauh. Pin. 215. Cette
efpece , qui eft annuelle , fe trouve dans les champs parmi
les blés ; fes fleurs font d'un pourpre- violet , folitaires
& terminales ; la corolle ell plane , en roue , &
en fe fermant le foir , elle forme un pentagone dont les
angles font minces & tranchans. La campanule bâtarde
des champs , Campanula hy brida , Linn. , eil une
variété de la précédente , ainfi que la campanule
pentagone , de Thrace. La campanule à feuilles de
limonium , du Levant. La campanule perfoliée , de la
Virginie ; fes feuilles font cordiformcs àl amplexicaules.
Enfin , M. Linnœus fils , cite plufieurs autres cfpeces
de campanules moins connues ; les unes du Cap de
Bonne-Efpcrancc , les autres de Madère ^ de l'Arabie.
CAMPHRE , Camphora. C'efl une réfme végétale ,
blanche , tranfparente , friable , légère , concrète , très-
volatile ,
C A M 6ï^
Volatile , éthérée , fort odorante , furnageant à l'eau ,
& y brCilant , d'ailleurs inflammable à la manière des
huiles eilentielles , liquéfiable par le moyen du feu ,
dillbluble dans l'efprit de vin , cependant différente
des huiles 6c des réfmes par pluiieur.> propriétés eifen-
tielles qui lui font particulières. Cette fubftance eu
d'un goût acre , amer , échauir'.-int beaucoup la bou-
che , 6c fi combuftible , qu'elle brûle entier ment far
l'eau ; propriété qui la tait employer dans la matière
des feux d'artifice. On prétend que le camphre ctoit
aufii un des principaux ingrédkns àwfzu g-égeois , dont
on faifoit aiul'efois tant d'ufage. On en mêle auffi dans
quelques compofitions de vernis , particulièrement dans
celui qui eu defliné à imiter le vieux laque. On dit
que dans les Cours des Princes Orientaux , on le brûle
avec de la cire pour éclairer pendant la nuit.
Le camphre des boutiques dccoule du tronc 6c des
grofies branches d'un arbre qui croît abondamment
dans la partie Occidentale du Japon 6c dans les liles voi-
fmes , Camphor'ifcra arbor , ex quâ camphora officinarum ,
Kermann. Catalog. ; Arbor camphorfcra Japorâca , foUls
laurlnïs ^ fruttu parvo glolojo ^ calice brevïjfuno ^ Breyn.
Cent. la. Cet arbre, qui eft une véritable elbece de
laurier, s'appelle dans le pays caphura^ 6c en lang'.e
Malaie , capu- & cafur ; il égale en hauteur les tilleuls
6c le chêne. Etant jeune , fon tronc e^ rond , revcîu
d'une écorce lifie & verdâtre ; devenu vieux , il ell
raboteux, & fon écorce efl couverte de boffes. Son
bois , ainfi que celui àes racines , ell d'un tilïïi peu
ferré , d'abord blanc , enfuite rougeâtre , panaché
comme le bois de noyer , 6c d'une odeur forte 6c
aromatique : on en fait plufieurs ouvrages. Ses feuilles,
femblables à celles du laurier, font petites à propoition
de fa grandeur ; étant froiiiées , elles ont une odeur
de camphre^ de même que tout le relie de l'arbre. Des
aiffclles de ces feuilles , s'élève un pédicule long de
deux pouces, portant plufieurs petites fleurs !)lanches.
Tome IL R r
6x6 C A M
en forme de tuyau , à neuf étamines garnies de fommets
ëc d'un piflil tendre. A ces fleurs fuccedent des baies
de couleur pourpre , brillantes , ligneufes , de la grof-
feur d'un pois , portées chacune fur un calice très-
court , 6l d'une faveur tenant du girofle &: du camphre ,
renfermant une amande blanchâtre , huileufe , couverte
d'une peau noire , fe féparant en deux lobes.
Le camphrier de Bornéo & de Sumatra s'appelle i'/^ii;
Arhor camphorïfera Sumatrana , Grimm. Raii Hifi:. ; 6*
follis carycphyllï aromatici longiiis mucronalis , frucfu
majore oblongo , calice amplijfuno ^ tulipœ fie^iiram qiwdam"
modh rcprefentarzte , Breyn. Il eft plus petit ; fongueux
comme le fureau , ayant des nœuds comme le rol'eau ,
& des fruits de la grofîeur d'une aveline , que l'on
confît pour en faire ufage contre le m.auvais air. Cet
arbre contient très-peu de camphre ; il s'y trouve en
petites larmes concrètes ; &: il fufHt de réduire le bois
en petits morceaux comme des allumettes , & de les
froiffer , pour le retirer au moyen d'un crible. Il
parvient très-peu de camphre de Bornéo en Europe ;
il efl réfervé pour les Grands du Pays : celui du Japon
eil moins eflimé au Japon même , puil'que les Com-
merçans de cette Contrée donnent depuis loo livres
jufqu'à 600 livres pefant du leur , pour en avoir
feulement une livre de celui de Bornéo ou de celui
de Sumatra près Barras.
Le camphre elt diiperfé fur toutes les parties de
l'arbre caphur. Kœmpfer dit que dans les Provinces de
Satfuma & de Goteo , les payfans coupent la racine
& le bois du camphrier par petits morceaux ; ils les
font bouillir avec de l'eau dans un pot de fer fait en
veflie , fur lequel ils placent une forte de grand cha-
piteau argileux , pointu , & rempli de chaume ou de
natte : le camphre fe fublime com.me de la fuie blanche ;
ils le détachent en fecouant le chapiteau , & ils en font
des mafles friables , grenelées , jaunâtres ou bifes comme
de la caiioiiadej remplies d'impuretés : telle eft l'ef-
C A M 6ij
pece de camphre, mie les Hollandois nous apportent
des Indes. Ils ont leuls Part de le raffiner en grand ;
& quoique Poma , Létnery <k M. Geoffloy nous en
aient donné le procédé , on a été toujours fort in-
décis fur la méthode que les Hollandois emploient
pour y parvenir. L'opinion la plus commune 6c la
plus reçue , efl que l'état où nous recevons le camphrs.
purifié , efl un effet de la fufion , & cette opinion
efl fondée fur ce que les huiles effentielles concrètes
( comme eil le camphre, ) ne peuvent fe fondre qu'à un
degré de chaleur femblable à celui de l'eau bouillante,
& qu'elles fe décompofent à un degré plus fort, tel
qu'il feroit néceffaire pour opérer la fublimation du
camphre ; que le camphre , en fe refroidiffant , prenoit
la forme du fond intérieur du vafe où il s'étoit li-
quéfié. Auffi , difoit~on, le camphre purifié a dû conferver
la figure du ' ponds de la bouteille^
Cet objet excita ma curiofité dans un de mes voyages
en Hollande. J'entrai dans un laboratoire à raffinerie
de camphre , & je vins à bout de découvrir une grande
partie de l'appareil néceffaire à l'opération. Un corps
de fourneaux à hauteur d'appui , pourvu d'un grand
nombre de capfules garnies de fable & d'autant de
bouteilles à cul plat, fous des couvercles de fer étamé,
un feu de tourbe très-gradué , joints à plufieurs autres
circonllances , me firent foupçonner que le raffinage
du camphre fe faifoit par fublimation. La forme des
pains de camphre^ concave d'un côté & convexe de
l'autre , avec un ombilic femblable à celui qu'on ol>-
ferve dans les pains de fel ammoniac fublimé , ne favo-
rifoit pas l'idée de la feule fufion. Ainfi je me perfuadai
que le camphre purifié étoit fublimé.
De retour à Paris , je voulus m'affi,irer fi mon
foupçon étoit fondé , & j 'ai fait à ce fùjet plufieurs
expériences fur divers camphres bruts , tant du Japon
que de Bornéo , &c. De ce travail , dont j'ai rendu
compte eh 1761 à l'Académie Royale des Sciences ^ U
Rr a
6ii C A M
réililte : i .^ Que l'axiome adopté le plus généralement y
que le camphre chauffé au degré à^ l'eau bouillante ,
éc même au-deiTus , ne peut lé fiiblimer fans fe dé-
compcfer , doit fouffrir quelque exception : 2.^ Que
pour parvenir à la fublimaticn du camphre ( qui eft fa
puriiication ) , le feu doit être gradué & alTez violent:
3.'^ Que l'ufage d'un vafe de verre vert convient moins
pour cette opération que le verre blanchâtre, & que
ces vafes ou bouteilles de verre n'ont point leur fond
intérieur convexe , ainfi qu'on le difoit ; il eft au con-
traire très-plat : 4.^ Que l'ufage des couvercles efl de faire
la fondion d'un réverbère qui, confervant & réflé-
chifTant la chaleur , accélère la fufion du camphre ,
étant nécefTaire à fa purification & à fa fublimàtion :
5.° Que le contad: de l'air extérieur bien ménagé ,
contribue à faciliter l'opération ; le truite ou le tre-
zalé qu'on obferve fur les parties extérieures des pains
de camphre , ne provient que d'un refroidillément fubit
ou très-prompt à l'inflant où l'on retire les bouteilles
du bain de fable encore chaud , & qu'on les expofe à
l'air libre ; alors on entend un cliquetis qui produit
des lignes ou des raies en tout fens , comme le feroit
un coup de marteau fur un morceau de criflal ou
d'eau convertie en glace : 6.° Que le camphre bru.t du
Japon ne perd que peu ou point de fon poids étant
mis feul fur le feu dans un vafe fublimatcire ; mais
qu'étant mêlé avec le même camphre purifié , il déchet
d'un feptieme : le camphre purifié au contraire , étant mis
feul à fublimer , ne diminue point ; tandis que le camphre
brut de Bornéo perd un vingtième de fon poids : 7.^ Que
la partie du pain de camphre qui touche immédiatement
à la pointe du bouchon ( qui eft fait de coton ) , au
bas intérieur du goulet de la bouteille , &: même
l'incrufle , efl commiunément poreufe , fans confifîance
& d'un ^ris-rouffâtre : pour obtenir ces pains , on cafTe
les bouteilles à l'aide d'un petit marteau , enfuite on
prend v^n inflrument de fer dont la partie tranchante
C A M 629
tû c?.mbrée , on pare les fuperiicles de chaque pain ,
notamment celles du cote du verre ; &c pour parvenir
à retirer tout le coton ^ on en arrache une partie au
moyen des doigts , &: l'on en obtient le reile en tail-
lant 61 perçant la maile de part en part avec le même
indrument de fer , de manière à faire un trou qui y
refte , & qu'on obferve au centre des pains de camphre :
8." Enfin, que la manière de purifier le camphre telle
que je l'ai exécutée , n'ell: pas auffi compliquée que
celle qu'on lit dans les Auteurs , & notamment dans
la DiJJertanon de M. Jean- Frédéric Gronovlus , qui efl
inférée dans la Matière Médicale de M. Geoffroy , & qu'il
feroit peut-être difficile de répéter. Néanmoins toutes
ces efpeces de camphre expofées à l'air ^ s'y font tota-
lement difiipées à la longue, & m'ont entièrement
convaincu que le camphre eft \\n(t fubflance toute par-
ticulière 5 & qui a des caraderes qui la diilinguent de
tous les autres corps du règne végétal.
On retire auffi du camphre , du thim , du romarin ,
des lauriers , de Vaurone , de la lavande ^ de lâfauge, &c
de prefque toutes les labiées ( Conliiltez Cartheuser ),
même de i'écorce & de la racine du canncUer ^ des
racines de :^êdoaire , de la menthe , du jonc odorant de
l'Arabie & de Perfe. Voye^^ ces mots.
Le camphre eil calmant, fédatif , antiputride & réfo-
hitif : il réufîit merveilleufement dans les afredions du
genre nerveux ; il eft aufîi d\m très-grand fecours dans
les maladies contagieufes & inflammatoires du bétail ;
il eil, félon M. Bourgeois ^ très-recommandable dans
les fièvres mialignes &: putrides , accompagnées de délire
& d'infomnie ; on en donne deux grains avec vingt
grains de nitre de trois heures en trois heures , avec
le plus grand fuccès , dans une once d'eau de tilleul.
Quelques perfonnes prétendent que le camphre détruit
les feux de l'amour; & l'on dit même que fon odeur
rend les hommes impuiffans ( Camphora per nares cûjhat
edore marcs ) j mais il efl certain que les gens qui tia*
tS'^o C A M
Vaillent continuellement fur le camphre , n'ont jamais
rien éprouvé de iemblable. Il n'en efl pas moins vrai
entièrement à l'air. Il imprègne donc l'air facilement
c fa propre fubfiance. Si l'on jette du camphre dans
un balîin fur de l'eau-de-vie , qu'on les faiTc bouillir
jufqua leur entière évaporation dans quelque lieu
étroit & bien fermé, èc qu'on y entre enfuite avec
un flambeau allume , tout cet air rentermé prend feu
fp" le champ , &: paroît comme un éclair , fans
inconiinodet- les ipettateurs ni endommager le bâtiment.
CAMPHR EE de Montpellier , Camphorata Monf-
pelienfis , J. B. ; & hiijiita , C. B. Pin. 486 ; Cam-
phorofma Munjpséiaca ^ Linn. 178. Plante ou fous-
arbrifTeau qui croît aux lieux fablonneux de TEfpagne ,
de la Tartarie , du Languedoc & de la Provence ;
fa racine ell vivace & ligneufe ; fes tiges font nom-
Breufes , un peu groffes , hautes d'un pied ou en-
viron , ligneufes , cylindriques , rameufes , comme
velues & blanchâtres , garnies de nœuds placés alter-
nativement , de chacun defquels fortent beaucoup de
pentes feuiU.es étroites , un peu rudes & velues , en-
taflees & médiocrement roides, d'une odeur aroma-
tique , & qui approche un peu du camphre lorfqu'on les
frotte entre les doigts , d'une faveur un peu acre.
Cette plante fleurit au mois d'Août & de Septembre ;
fa fleur eil un petit vafe herbeux fans pétales ; elle a
quatre étamines garnies de fommets de couleur de
rofe ; le calice eft perfiflant , échancré en quatre
parties ; le "fruit efl une capfule environnée par le
calice , & qui contient une petite graine noire , liu-
fante & arrondie.
L'd camphrée eu vulnéraire , apéritive, céphalique ,
fudorifiqiîe , & elle excite les règles : elle eft fort en ufage
à Montpellier pour les hydropifies ; on la prend en
C A M C A N ^31
guife de thé : 'A faut la faire infufer avec précaution.
On en met une demi-once fur une pinte d'eau ou de
vin blanc ; on choifit les brins les plus tendres , les
plus déliés comme étant le« plus aromatiques , & on
rejette le reile. Cette plante eft d'autant meilleure ,
qu'elle eft plus récente; cependant elle fe conferve
très-bien une année entière. On l'emploie encore avec
les plus grands fuccès dans l'ailhme, fur-tout fi l'on
joint à cette tifane , qu'il faut prendre dans l'accès ou
avant l'accès , cinq ou fix gouttes d'effence de vipère ,
& autant de laudanum, '
Linnœus fait mention de plufieurs autres camphrées %
favoir , celle à feuilles aiguës^ de la Tartarie & d'Italie;
celle à feuilles glabres , de la Suiffe ; celle à péduncuUs
enjiformes & dilatés , de l'Arabie. M. Linnœus fils ,
cite une camphrée a paillettes , du Cap de Bonne-Ef-
pérance.
C AMPHUR. Sous ce nom , les Anciens ont défigné
un animal d'Arabie & d'Ethiopie , une licorne terrejire ,
une efpece ^dne fauvage , portant une corne unique ,
pofée au milieu du front. Cet animal eft inconnu , ou
mal décrit , & même fabuleux. On en peut dire autant
du bréhis. Voyez ce mot.
CAMPULOTE, Campulotus, Nom donné par
M. Guettard aux tuyaux de mer en tire-bourre ou
villebrequin ; les fpires en font plus ou moins régu-
lières.
CANADE , Gaflerofleus Canadus , Linn. Poifîbn du
genre du Gaflré-^ on le trouve dans les mers de la
Carohne. Selon Linnœus , ce poifîon a le corps oblong;
la première nageoire dorfale eft garnie de huit rayons ,
tous épineux ; la féconde en a trente-trois ; les pec-
torales en ont chacune deux ; les abdominales , fept ;
celle de l'anus en a vingt-fix , dont aucun n'efl épi-
neux ; cette nageoire eft comme échancrée ; celle de
la queue eft à deux lobes , & garnie de vingt rayons,
CANAL DE MER ou Pas. Foyzi Détroit. Oa
Rr 4
6}î C A N
dit Canal di Mofam bique , Canal de Bahama & Détroit
de BabelniandeL Celui de Bahama ell dans le Nouveau
Monde , le canal où Teaii de la mer a le plus de
rapidité.
CANANG, i/v^n^. Selon M. /^ Chevalier de la
Marck, cei\ un genre de plantes à fleurs monopctalées ,
de la tamille des Aïones^ qui a beaucoup de rapports
avec le coroflol , 6cq. 6c qui comprend des arbres 6c
des arbrifllaux exotiques, dont les feuilles font fimples
Se alternes ; les ëtamincs trcs-nombrcules ; il y a fix
pétales : les fruits viennent en grand nombre enfemble
de la même fleur , attachés à un réceptacle commun ;
ils contiennent une à fix femcnces.
Canang odorant, Cananga , Rumph. Amb.; Jrbor
fanguifan^ Raj. Supp. Luz. 83. Les fleurs font verdâtresou
jaunâtres, 6c ort une odeur forte, mais très-agréable;
dans cette efpece , les pétales font prefque linéaires ,
très- pointus , 6c longs d'un pouce 6c demi. Cet arbre
croît naturellement dans les Moluques , dans Tlfle de
Java & à la Chine. On le cultive dans les bourgs ,
près des maif^^ns , à caufe de l'odeur agréable que
répandent au loin fes fleurs. Les Indiens mettent fes
fleurs dans leurs appartemens , dans leurs habits 6c
dans la pommade dont ils fe fervent , afin de leur
communiquer une bonne odeur.
Canang aromatique , vulgairement poivre d'Ethiopie,
Voyez ce mot.
Ca'^X'NG farmenieux ^ des Indes Orientales, Uvarla
Zeylanlca ^ Linn. ; N arum-panel ^ Rheed. Mal.; F unis
mi/Jarlus ^ Rumph. Amb. C'elt un arbrlfîeau farmen-
teux 6c grimpant; {^s fleurs, d'abord jaunes, devien-
nent d'un rouge de fang , 6c font enduites d'un fuc
vifqucux qui en découle ; les fruits font d'un jaune-
rougcâtre , 6c d'un goût d'abricot ; fon écorce 6c fes
feuilles font aromatiques.
Canang monofperme , Cananga ouregou , Aublet.
C'efi im arbre giû s'élève à cinquante pieds 6: phis, fur
C A N 633
deux pîeds de diamètre ; il croît dans les grandes forêts
de la Guiane ; fes plus grandes feuilles ont dix pouces
de longueur, fur une largeur de trois pouces &;deini.
Canang à feuilles Xorv^w^s^Uv aria long) folia^ Sonner.
C'efl un arbre fort grand & très-droit , ce qui lui a
fait donner le nom £ arbre de mature ; fes feuilles
font longues de fept à huit pouces , larges d'un peu
plus d'un pouce par leur bafe. M. Sonmrat a obfervé
cet arbre à la Côte de Coromandel ; comme il donne
beaucoup d'ombrage, on en fait des allées aux environs
de Pondichery.
Il y a encore quelques autres efpeces de canjuigs ,
mais peu connues. On diilingue cependant le canang
à trois pétales, , àj^s Moluques ; & le canang du Japon ,
Uvaria Iiponica , Linn. ; Futo-kadfura , Jap.
CANARD , Anas, Sous ce nom générique nous
parlerons des canards tant fauvages que domeiliques ,
& des canards , foit de mer , foit de rivière , &c. On
trouvera égalemefît dans cet article les oifeaux étran-
gers qui ont des noms françois , tels que le canard
di M.idagaf.:ar , le cana'd à crête noire , le canard dt
Barbarie ou C-inm de Guinée , &c. Quant au C3/gne &:
à l'oie que plufieurs Ornithclogiil:es aboient rangés fous
le nom gcncriqiie précédent , nous en parlerons fépa-
rément. Voyei^ chdcim de ces mots. Le caradcre du
canard ell d'avoir quatre doigts , favoir trois antérieurs
joints enfemble par des membranes entières , & le
doigt poflérieur féparé ; le bec eil denticulé comme
une lime , convexe en deffus , plane en deflbus ,
plus large qu'épais ; ( l'oie , au contraire , Ta plus
épais que large , ) le bout du bec onguiculé & obtus ;
û. ce bec varie de forme, ainfi que la couleur du
plumage , fuivant l'efpece.
Canards domejliques.
Le Canard domestique , pi. enl. 776 , le mâle
777 P la faiiçlle; en latin, Anas domepca, çft ti'ès-^
634 _ C A ÎJ
privé , quoiqu'il vienne originairement d'œuf âe
canard iauvage. Ces deux races font certainement de
la même eipece , ilTues de la mêm^e fouche , & il naît
de leur union un produit fécond.
Le mâle de la race domeftique , & qui eft le canard
proprement dit , ou le malard des Normands , efl un
peu plus gros que la femelle , du volume d'une poule :
Ion envergure a près de trois pieds ; il pefe depuis
deux livres jufqu'à trois , & a toujours au-defîlis du
croupion quelques plumes frifées ou retournées en
rond. Les couleurs de fon plumage font belles , ordi-
nairement brillantes & variées ; la tête , la gorge , &
environ la première moitié du cou font d'un v^rt
brillant , changeant en violet : au-delTous de cette
couleur efl une zone étroite qui forme un collier blanc ;
le bas du devant du cou & la poitrine font d'un mar-
ron très-foncé ; la partie fupérieure du corps eil rayée
en zigzag de gris-blanc & de cendré-brun ; le crou-
pion eft d'un noir changeant en vert foncé ; l'aile
traverfée par une large bande d'un violet chatoyant
le vert-doré ; au deffus eft une bande blanche , mais
bien plus étroite. La femelle , appelée canne ou boure ,
eil communément grifâtre , variée de brun. Les plumes
principales des ailes font au nombre de vingt-quatre ;
outre que les fix premières varient plus ou moins en
couleur , elles font encore recouvertes d'autres plumes
plus courtes : la queue efl ccmpofée de vingt plumes ,
& efl pointue à l'extrémité ; les quatre du milieu font
d'un noir-verdâtre , &: recourbées en demi- cercle vers
la partie fupérieure ; les latérales font d'un gris-brun,
bordées de blanc. Le canard a les jambes plus courtes
que le corps, & un bec d'un jaune-vert, (rougeâtre
chez la femelle , ) large , terminé par une efpece de
croc ou de clou : la couleur des pattes ou doigts qui
font unis par une membrane , ainfi que celle des jambes,
efl orangée ; les ongles des trois doigts antérieurs noi-
râtres y 6c celui du doigt poftérieur rougeâtre : fér
^ _C A N ^ 635
ïnarche paroît gênée ; il s'élève peu ie terre pour
voler. Telle eu. la couleur la plus commune chez les
canards domeftiques , & la plus confiante dans l'efpece
fauvage.
Cet oifeau , devenu domeftlque , efl d'une grande
refiburce à la campagne , & de peu de dépenfë : il
vit & le multiplie au milieu de nos habitations ; il
fe nourrit de racines , de plantes aquatiques , de vers
&: d'autres infedes qu il trouve : on appelle ce canard
le harhouux , parce qu'il fe vautre dans les lieux
bourbeux , dans les ruiiTeaux , aux bords des étangs
& des marais 011 il trempe fon bec pour y trouver
fa nourriture. Il eft fi vorace & fi glouton qu'il fe met
quelquefois en befogne pour avaler un pcifTon eu
une grenouille entière ; mais fouvent il en efl étran-
glé : il ne fe croit pas railafié , qu'il ne foit contraint
de rejeter une partie de ce qu'il a^avalé. (On trouve
à l'article oifmu , des détails curieux fur le fuc gaf-
îrique & le ventricule mufculeux du canard. ) On
doit être attentif à ce que les eaux 011 vont ces bipèdes
nageurs , ne contiennent pas des fangfues qui font
périr les jeunes , en s'attachant à leurs pieds. La canne.
pond de deux en deux jours , & dépofe dix , quinze
ou vingt œufs , aufîi gros que ceux des poules , aflez
bons à manger , & qui ont la coquille un peu plus
épaifie , d'une couleur blanchâtre , teinte de vert mêlé
de bleu. Le jaune qu'on trouve dans ces œufs efl
gros & rougeâtre ; un feul mâle fuffit à trois femelles
qu'il s'approprie , qu'il conduit & protège ; l'incuba-
tion eft de vingt-huit à trente jours. Les nouveaux
nés portent le nom de bourets,
La chair du canard efl plus ou moins eftimée : il
y a des eftomacs qui la digefënt difficilement & qui
la trouvent pefante. Le cri naturel ou le ramage ce
cet oifeau exprime alTez bien can-cam ; d'où l'on pré-
tend que l'on a formé fon nom de canard,
11 eil inutile de faire l'énumération de la variété
636 C A N ^
des canards domciîiques ; les variétés les plus frap-
pantes , & qui s'éloignent le plus de la race primi-
tive, font les canards à plumage tout blanc , ceux à bec
courbé , Anas curviroftra ^ dont la livrée varie comme
celle des canards ordinaires , & qui n'en différent que
parce qu'ils ont le bec tors & courbé en bas ; ennn ,
les canards huppes , Anas domejlka cïrrhata , dont il y
en a de différent plumage , de tout blancs , & dont
l'attribut tfl une petite touffe de duvet en forme de
huppe fur le fonimet de la tête.
La mue des canards eil très-prompte , elle s'opère
quelquefois en une feule nuit ; chez le mâle, c'eft
sprès la pariade ; & chez la femelle , c'efl après la
couvée : ceci paroit indiquer que la mue efl l'effet de
répuifement , du moins pour ces oifeaux.
Canards fauvagcs , {Anas fcra^.
Ceux qui étudient les oifeaux reconnoiffent autant
de difitrence entre les canards privés & les fauvages ,
qu'il y en a entre les oies domefliqucs & les fauvages.
A l'égard à^'ô couleurs , nous avons àHi^xii celles
qui font , en général , aufH confiantes clans les canards
fauvages , qu'elles font communément variées dans
les domeiliques.
Entre les oifeaux défignés plus ou moins vérita-
blement fous le nom de canards faiivagzs , les uns fré-
quentent les eaux douces d'étangs , de lacs , & par-
ticulièrement de rivières : ce qui les fait appeler
oifeaux de. rivières : tels font le canard fauv âge ordinaire^
le canard a large bec & à ailes bigarrées , le canard à
mciLches , le canard à qj^euc pointue en fer de pique , la
farcclk , &c. Les autres femblent fe plaire davantage
dans les eaux fnk'es ; auffi ne quittent-ils guère les
lieux mariiîmes , parce qu'ils y trouvent leur principale
Ecurriture : tels font Veidredon appelé improprement
canard a duvet ^ la macrcufi ^ le canard eux yeux d'or y
C A N <ÎÎ7
le canard a hec large èc arrondi en forme de bouclier,
le canard crête, appelé morillon ^ le canard à quaic
dliironddk , &:c.
Canards de Rivières,
Canard sauvage ordinaire , petit Canard
DE RIVIERE A COLLIER : Bofchas , anas torquata minor^
aut Anas fylveflris vera. Cet oifeau a un grand rapport
avec le canard privé ou domeftique ; il eil: de palîae^e
& va par troupes pendant l'hiver; il commence à
arriver à la mi-Odobre, dans nos contrées , par petites
bandes , qui font bientôt fuivies de troupes plus nom-
breufes ; ils viennent des régions les plus Septentrionales
de l'Europe , telles que la Sibérie, la Laponie , le
Spitzberg ; la troupe dans les airs eil difpofée en deux
colonnes : celvii qui efl placé à la tête fend J^'air , c>C
facilite le vol des deux colonnes qui le fuivenî ;
fatigué , il va fe placer à la queue d'une colonne :
celui qui étoit placé derrière lui , prend ia place, fend
l'air le premier. Chacun à fon tour devient ainfi le
condudeur. Les canards fauv âges pafTent la plus grande
partie du jour fur les eaux , 4oin du rivage : ils s'y
repofent, ôc on les voit fouvent la tête fous l'ime
de leurs ailes , dans l'attitude d'un oifeau qui dort ;
ils ne s'écartent des étangs qu'autant qu'on leur donne
la chaffe , ou qu'ils font pourfuivis par des oifeaux
de proie ; mais dès que le foleil efl couché , ils quit-
tent les eaux pour aller pâturer dans les prairies oL
les terres enfemencées; lorfque les eaux dormantes
font gelées , ils le réfugient fur les eaux coulantes ; ii
la terre eft couverte de neige , ils s'approchent àciis.
lifieres des bois , & ils y cherchent des glands ; fi le
froid devient trop rigoureux , ils s'éloignent pour
pafîer en des contrées plus tempérées ; c:Q.Çi ordi-
nairement de nuit qu'ils voyagent. Lorfque X^'^
froids foiit paiîés , ces canards partent , mais en
petites bandes , quelquefois par couples , &: retour-
638 C A N
nent dans leur climat natal , oii ils pafTent l'été pour
y propager leur efpece en fureté dans les joncs 6c les
roleaux des marais immenfes dont ces terres font cou-
vertes. Il en relie toujours quelques-uns dans nos pays.
C'eft au printemps que , parmi ces traîneurs , le mâle
fuit la femelle ; alors ils marchent par paires ; le mâle
paroît s'occuper du {(An de rechercher 6c de décou-
vrir un lieu propre à pofer le nid ; c'efl ordinaire-
ment une touffe de joncs ifolée au milieu d'un marais :
la femelle lui donne la forme convenable, en arran-
geant, en pliant 6c en coupant les joncs. Cependant
on trouve aufïï quelquefois des nids fur des troncs
d'arbres mutilés , & fur des amas de paille dans les
terres labourées , même dans les bruyères ; la femelle
garnit l'intérieur du nid du duvet qu'elle s'arrache ,
6c elle ^n couvre les œufs toutes les fois qu'elle les
quitte ; elle ne revient à fon nid qu'avec la précau-
tion de s'abattre à cent pas au moins , & de le regagner
en fuivant une route tortueufe ; la ponte ell depuis
dix jufqu'à feize &: dix-huit œufs ; ils font d'un blanc-
verdâtre; l'incubation ell de trente jours; pendant ce
temps , le mâle veille près du nid , accompagne fa
femelle à la picorée 6c la défend de la pourfuite des
autres mâles ; le lendemain que les petits font nés , la
mère defcend du nid , les appelle 6c les conduit à
l'eau ; fi le nid eil trop élevé , elle les emporte , à fon
bec , l'un après l'autre ; ils font long-temps couverts
d'un duvet jaunâtre ; ils ne commencent gueres à voler
qu'à trois mois. Les jeunes fe nomment canards liaU-
hrands^ ou cannctofisfauvagzs , {aîiaticiùa^ ; la chair de ces
canards efl trèî.-bonne , cependant m.oins délicate que
celle du canard di rivière de la Louifiane , car l'efpece
du canard fauvagz fe retrouve au Nord de l'Amérique.
On compte aufïï dans l'efpece de canard fauvagd
quelques variétés ; il y' a : Le grand canard fauvage ; on
en trouve de noirs , de couleur de fuie y de gris , de
tachetés.
C A N 639
Il n'y a peut-être pas d'oifeaii plus diflicile à appro-
cher , plus rufé , qui fe mélie davantage des pièges , que
le canard faiiv âge ; ma*' s comme fa chair eft un manger
très-eflimé , on a imaginé un grand nombre de moyens
pour furprendre & s'emparer de ces oifeaux. On tue
ces canards fauvages au fufil dans les grandes pièces
d'eau ; on les y prend aufîi avec des hameçons amorcés
àc attachés à une ficelle fixe ; d'autrefois on en prend ,
&Len très-grand nombre, par le moyen des canards
domijliques , auxquels on a coupé les plumes du vol.
On donne à ces canards privés , le nom de canards
traîtres ou appdlans , parce que leur cri invite les
canards fauvagcs à s'abattre , ëic. On appelle les pièces
d'eau ou étangs , qu'on emploie à cet ufage , des
canardiercs.
Canard de rivière gobbe - mouche , Anas
muf caria. Cet oii'eau eft ainfi nommé de l'efpece de
nourriture qu'il attrape fur la furface des eaux ; en
marchant il fufpend fes pas pour attraper les mouches ,
& la nuit il pouffe un cri femblable à ceUii d'un
homme qui s'attrifre ; ce canard a les pieds jaunes ,
les -doigts &: la membrane jaune-noirâtre , le bec
jaune '6c dentelé : fon plumage efl communément
magnifique , de différentes couleurs , noir , vert clair
mêlé de couleur de feu , blanc & de couleur de
belette , confondues enfemble dans des endroits ,
réparées dans d'autres : c'efl un très-bel oifeau. La
Canne mouche eff de cette efpece.
Canard de rivière dit Sarcelle. Voycr^ ce mot.
On donne encore ce nom quelquefois à un petit
canard^ dont le plumage de la tête eff roux comme
le poil du renard ou de la belette : il a beaucoup de
reffemblance avec la far celle proprement dite. Quand
il efl un peu roux , on l'appelle cajiard de rivière roux.
Canard huppé jaune ou Canard de Marsilly ,
Anas crifiata Jlavefcens. Il a quelquefois un pied de
iong j le bçç très-rouge ; le front élevé , garni de
(?4o C A N
plumes molles & d'un beau jaune, qui defcendent fiïf
le bec ; le cou , la poitrine , la queue d'un gris-bleuâtre ;
les jambes blanches , 6c les pieds d'un beau pourpre :
quelques-uns l'appellent fircdle huppèz.
Canard étoile , Anas jkllata. La fmgularité de
ce canard ccxnlifie en ce que les yeux font environnés
d'une tache ovale &: noire , placée très-haut , &: que
fon dos efl conflamment couvert d'une étoile blan-
che : quelques Ornithologilles rangent dans cette claffe
le Canard blanc , Anas albdla : mais Klein penfe
que ce n'eil qu'un plongeon du Rhin.
Canard a tête rousse ou Canne Pénélope;
c'eft le Millouin. Voyei ce mot.
Canne petiere appelée improprement canard de pré
de France , & par quelques-uns Canne pÉtrotte ,
Canne pÉtRACE , Anas campejlris & pratenfis GalUca.
Cet oifeau eft particulier à la France ; il efl de la
groffeur d'un failan , &; vit de graines , de fourmis ,
d'efcarbots , de petites mouches & du blé en vert :
fa chair eft aufli délicate que celle du faifan : cet ani-
m.al n'eft point un canard.^ &C nous croyons avec Belon ^
que c'eft une petite efpece d'outarde, ^oje^ a la fuite
du mot Outarde.
Le canard appelé SoucHET ou le RouGE ; c'eft le
canard d' Amérique au grand bec , de Catcsby. Voyez
SOUCHET.
Oiseaux appelés par quelques-uns Canards de Mer.
Le Canard Colin ou Grisard , ou Canard de
Belon, Larus gavia major. Cet oifeau eft le goéland
varié. Voyez cz mot.
Canard a duvet ou a plumes molles , ou de
Saînt-Cutbert , ou Canard de l'Isle de Farne
&: d'Islande , Anas Farnenfis ^plumis mollijjîmis. Cet
oifeau eft Yeidredon ou Veider des Danois , pi. enl. 209,
le mâle ; 208 , la femelle ; c'eft l'o/g à duvet propre-
ment dite, & dont le duvet chaud & léger eft appelé-
Edredon
C A N _ 641
'£Jredôn ou Eidcrdon , par les François , & par corrtio-
tion aigUdon. Cet oifeau aquatique , du même genre
que Voie , fe trouve au Nord des deux Continens ; ils
ne différent que par quelques nuances du plumat^e ;
nous ne parlerons que de Veidcr d'Europe.
Veider n'eft pas fi gros que Voie commune ^ mais il
eft plus grand que le canard vulgaire. Son envergure
eft de deux pieds huit pouces ; fon bec efl court , le
milieu en eft rouge, le bout noir, plus cyli»?driaue
& plus pointu que dans nos canards domejîiques ^ &
terminé par un crochet qui ne joint pas en cet endroit
la mâchoire inférieure. Ce bec eil dentelé fur les
côtés : il a dans le milieu deux trous oblongs qui fer-
vent à la refpiration. On diilingue le mâle à la couleur
du plumage : il a le fommet de la tête d'un noir de
velours qui fe prolonge par le moyen de plumes très-
courtes , en trois traits , dont un s'avance fur le milieu
du bec 5 &: les deux latéraux fur fes côtés , jufque
près des narines ; ce même noir s'étend fur le derrière
de la tête , & y forme deux bandes féparées par une
raie blanche &: étroite ; le derrière du cou eft d'un vert-
pomme fort clair ; le ventre &: le milieu du croupion
îbnt d'un beau noir ; les grandes couvertures des ailes
font noirâtres , ainfi que les pennes de la queue ; le
refte du plumage efl blanc ; la partie nue des jambes ,
les pieds , les doigts , leurs membranes &: les ongles
font noirâtres. La femelle eft affez de la couleur du
faifan bruyant ; elle a le ventre brun ; on l'appelle
quelquefois faifan de mer.
Dans cette forte d'oifeau uniquement , & tant
mâles que femelles , Tellomac eft garni de plumes ou
d'une forte de duvet très-doux , très-moëlieux , fort
léger 5 fort chaud &: très-recherché pour les lits : ce
duvet a encore un avantage très-précieux ^ c'efl qu'il
a beaucoup d'élaflicité & eil très-durable ; en un mot ,
il l'emporte par tous ces avantages , fur tous les autres
duvets. L'oifeau s'arrache ce duvet dans le temps
Tome IL S s
641 C A N_
qu'il Couve les œufs; il en garnit l'intérieur de {on
nid dans la vue de conferver une chaleur propre aux
petits qui en doivent éclore. Son nid eu fait de moufle.
Cet oifeau , que l'on regarde comme une efpece
d'o/e, & qu'on appelle oie à duvet ^ Anfcr lanugincfus ;
cet oifeau , dis-je , habite les lieux maritimes ; on voit
des eiders , en Gothland , qui font leur nid au pied
du genévrier dans les rochers , & y pondent ; on en
trouve aufli dans les liles de Feroë , & particulière-
ment dans les rochers de l'Iflande , ce qui le fait encore
appeler canard d'IJlande ; auiîi les Iflandois ne par-
viennent à ces nids qu'avec beaucoup de rifque , parce
qu'il faut y defcendre avec des cordes. Ceux qui font
voiiins des pays fablonneux de ces petites Ifl:s oii cette
efpece d'oifeaux eft encore abondante , ne manquent
pas atn rechercher beaucoup les nids immédiatement
après le départ des petits , éc d'en ôter avec précau-
tion ce tendre & précieux duvet ^ que nous appelons
édredon : l'on a foin , fi la femelle efl encore fur fon
nid , de l'éloigner fans l'efFrayer trop précipitamment;
car alors elle lâche fa fiente fur le duvet , le falit , &
il faut beaucoup de foins pour le nettoyer & le faire
fécher fur des claies. Les plumes à duvet qu'on arra-
che de ces oies , dans tout autre temps , ne font pas
fi eftimées.
Andcrfon dit , que non - feulement cet oifeau efl
naturellement très - fécond , mais qu'on peut encore
augmenter fa fécondité en plantant dans fon nid un
bâton d'environ un pied de haut ; par ce moyen ,
dit-il , l'oifeau ne ceffe de pondre jufqu'à ce que fes
ceufs aient couvert la pointe du bâton , & qu'il puifTe
fe coucher defîiis pour les couver. Les Habitans de
riflande ont long - temps pratiqué cette manœuvre
pour avoir une plus grande quantité de ces œufs dont
lé goût eft des plus e::quis ; mais ce moyen de faire
produire à l'oifeau une ponte furabondante , aiFoiblit
l'animal au point de le ;6u'e înourir.
C A M §4^
M. Ênmiche y favant Danois, a donné, en 1763 ,
Une DifTertation avec iignres fur Veider : aujourd'hui
les Wandois veillent avec un grand intérêt à la eonfer-
vation & à la réprodudion de cet oifeau , à cauié dit
profit qu'ils retirent des œufs & du duvet. Ils forment
de petites îfles folitaires &: tranquilles , pour leur pro-
curer une retraite agréable ; c'eil une propriété cer-*
taine & confiante. Ils parviennent même à les rendre
familiers au point que ces animaux s'établifTent autour
de leur habitation. La femelle y conllruit fon nid , le
tapiiie de fon duvet &i y pond cinq à fix œufs oblongs
& d'un vert foncé. Ji on fe contente de retirer le nid
avant le terme de l'incubation , la femelle , fans fe
décourager , en conflruit un autre , fe dépouille encore
une fois , garnit fon nid , fait u«e nouvelle ponte
( qui n'eii: plus que de trois œufs ) dont l'illandois
profite. Si l'on retire encore ce nid , elle en confiruit
un troifieme , & y pond ; mais le duvet de celui-ci
efl fourni par le mâle. Le propriétaire éclairé fur {es
intérêts , refpefte cette troifieme & dernière couvée ,
qui n'efî ordinairement que de deux œufs , bien fur
que l'année fuivante la nouvelle famille y établira foa
domicile , & fournira à fon tour une abondante ré-
colte. Les petits eUers éclos & en campagne , on recueille
le duvet de cette dernière couvée ; il efl blanc : c'efl celui
du mâle. Celui de la femelle efl; gris & efl moins eflimé*
Comme dans Tefpece de VeUer^ il y ^ P^^^s de
mâles que de femelles , les premiers fe combattent
avec acharnement dans le temps de la pariade*
M. Bruniche dit que la femelle tranfporte les petits
à la mer d'un vol doux , peu d'heures après leur naif-
fance , les tenant placés fur fon dos ; dès-lors le
mâle, qui avoit fait fcntinelle autour du nid pendant
l'incubation , quitte fa famille , & les mères feules
en prennent foin ; elles ne reviennent plus à terre ,
& le tiennent conflammcnt fur l'eau qu'elles battent
juicefTamment pour faire monter du fond les infe£les
S s 2,
644 . ^. ■^ ^
& les plus petits coquillages dont fe nournffent îer^
petits , qui ne peuvent encore plonger. Tous les petits
eiders font couverts d'un duvet noirâtre , & les mâles
ne prennent un plumage décidé qu'à trois ans ; le
développement de celui des femelles efl moins lent ,
& elles font aufîi plutôt fécondes. Les eiders adultes
pourfuivent avec beaucoup de vivacité le poifîbn , en
plongeant très-profondément ; ils fe nourrifîent auffi
de difFérens coquillages. On trouve de ces oifeaux juf-
qu'au Spitzberg , 6c dans le point oppofé jufqu'aux
Ifles Kerago & Kona , près des côtes d'Ecoffe.
Le girfaut fournit auiïi un duvet fort fin , très-léger
& très-chaud , que des Marchands vendent pour le
véritable cdrcdon ; on le tire du cou , du ventre & de
defibus les ailes. Veider fe trouve auffi dans le Canada ;
car depuis quelque 'temps l'on nous envoie de ce pays
une grande quantité d'^aigledon , c'efl-à-dire d^cdrcdon.
Le véritable cdrcdon n'eft en ufage en France que depuis
la fin du dix-feptieme fiecle.
Canard a bec étroit de quelques-uns. C'eft le
fou. Voyez ce mot»
Canard de mer a crête noire , Anas marina
crïjlata nigra. Cette forte de canard ^ qui n'habite que
les rivages de la mer , eft regardée comme une efpece
de petit plongeon ; fon corps eil: court , large , un
peu aplati ; il a derrière la tête une crête qui pend
de la longueur d'un pouce & demi : tout le ref(e de
la partie fupérieure de fon corps efl: d'un brun - noi-
râtre ; fon ventre eft blanc , &: il a fur les ailes une
raie tranfverfale blanche ; fes doigts font longs.
Canard de mer noir , Anas nigra. On en con-
noît de deux efpeces , l'une grande , l'autre petite ,
qui eft la macrenfe^ Voyez ce mot. Le grand canard de
mer noir , eft plus grand que le canard vulgaire.
Le Canard tacheté de noir et de blanc ,
eft , félon Klein &c quelques autres Obfervateurs , un
oifeau fort joli dont on connoît dçux efpeces ^ l'ime
C A N 645
foiîs le nom de fargon , en latin clanguU , & l'autre
€ft le qiiatti ocdii des Italiens , ou le garrot {^pUty-
rhyncos mas , ) pi. enl. 482. Ces canards font plus petits
que le canard ordinaire ; il fréquente nos étangs en
hiver & fe retire au printemps vers le Nord. Il niche
€n Suéde dans le creux des arbres. Le fargon a la tête
d'un bleu-verdâtre &: d'un noir qui chatoie le pour-
pre. Le quattr'occhi a une tache blanche fur les joues
& proche du bec. A l'égard du canard quatre ailes ,
Voyei Quatre ailes.
Grand Canard a large bec ou Canard des
Allemands , Anas clypeata Gcrmanorum. C'efl un
très-bel oifeau qu'on trouve dans toute l'étendue de
la Suéde , du Groenland , de l'Iile de la mer Baltique &:
notamment en Allemagne. Il efl plus petit que le ca-
nard domefhque : il a la moitié de la tête , du cou ,
& des petites ailes , d'un beau bleu ; le milieu des
grandes plumes eft d'un vert luifant ; le relie de la
poitrine & du ventre eft rouge jufqu'au croupion , le
deffous de l'anus eft noir. Ce canard femble être le
même que le canard de V Amérique au large bec.
Le canard arctique eft une efpece de mouette. Voyez
ce mot.
La canne de mer , ou la canne au collier blanc de
Bdon y efl le crayant. Voyez ce mot»
Autres CANARDS étrangers.
Canard musqué, Anas mofchata^i^hnch. enl. 9^9-
GroJJe Canne de Guinée^ de Belon , vulgairement Canard
d'Inde^ Canard de Barbarie , Canne de Guinée ; par quel-
ques-uns , Canne de Libye , Canne du Caire , Canard de
Turquie^ Canard de Mofcovie. C'efï , félon Ray ^ la
plus grande efpece de canard qui foit connue ; fa lon-
gueur efl de deux pieds un pouce , & fon envergure de
trois pieds m.oins un pouce. Les noms par lef quels on a
coutume de défigner ce canard , ferablent indiquer qu'il
ell originaire des côtes d'Afrique ^ cependant les Voya-
Sf 3
64^ C A N
geiirs n'en font pas mention ^ &: en le trouve en grand
nombre dans les favannes noyées de la Guiane ; les
Européens établis dans ces cantons , l'ont nommé
canard ' franc ; 6c il efl probable que cet oifeau , fi
répandu aujourd'hui en Europe , efl originaire de cette
contrée de l'Amérique , & qu'il nous tut apporté du
temps de Bc/cri, Il s'cfl habitué à notre clim.at , &
perpétué dans les balles -cours oii il multiplie facile-
ment. Les Seigneurs Suédois en ont toujours dans leurs
ménageries , & ces canards ont pris à Dantzig , depuis
long- temps , une efpece de droit de bcurgeoifie , tant
îi y en a. Ils font feulement un peu moins gros que
dans leur pays natal.
Le plunjcge, deffus le corps, efl d'un noir luflré ,
à reflets partie verdâtres & partie rougeâtres ; fur les
ailes une large bande tranfverfale blanche ; autour des
yeux une peau nue 5 femée de papilles d'un rouge fort
vif; elle couvre la plus grande partie des joues , s'étend
derrière les yeuTc & forme une caroncule fur la racine
du bec ; les plumes du fom>rnet de la tête 6c du haut
du derrière du cou font prolongées, étroites, & un
peu contournées ; elles forment une huppe ; le bec efl
rouge , large , court , barré de bandes noirâtres ; la
partie r^ue des jambes, les pieds, les doigts & leurs
mem.branes font rouges , les ongles blanchâtres. La
femelle de ce canard n'a point de huppe, & Ion plu-
mage efl brun-noirâtre. Dans l'état de domefticité, quel-
Cjues individus de cette efpece , font devenus entiè-
rement blancs. Dans l'état de liberté , ces canards ni-
chent fur le tronc des arbres qui tom^bent de vétufté;
la mère tranfporte fes petits à Peau , en les prenant
par le bec , à. fouvent ils fervent de pâture aux Caï-
mans qui en détruifent un grand nombre.
jilhiii clit que ce car.ard a la partie naturelle d'un
pouce de groffeur fur quetre à cinq de longu^uir, ëc
rouge comme du fang : fa voix efl rauque & ne fe
fait entendre que quand il eft en colère \ Li femelle eu
C A N 647
tïès-féconde & fait plufieurs pontes dans l'année. La
chair du canard mufqué efl d'une odeur un peu muf-
quée & d'un goût exquis. On prévient Pinçon vénient
de l'odeur ou faveur mufquée , en coupant le croupion
aufli-tôt qu'on a faigné le canard ; ce goût n'étant
communiqué à la chair que par le reflux de l'humeur
de certaines glandes fituées fur le croupion.
On prétend que les canards de Kanahi , fur les Côtes
Occidentales de l'Afrique, différent peu de la canne
ou canard d'Inde : après s'être baignés , ils s'envolent
fur le plus haut des arbres pour y prendre l'air &; s'y
fécher.
Canard de Ma-DAGASCAR^ Jnas Madag^fiarien/is.
Cet oifeau eft d'une couleur des plus belles & des
plus brillantes ; il eu plus grand que le canard pnvé;
il vient ordinairement de Madagafcar dans les Indes
Orientales : plufieurs Curieux en ont en Angleterre.
Son bec & la poitrine font d'un brun-jaunâtre ; l'irïs
des yeux d'un beau rouge ; le cou Sc la tête d'un
vert fombre ; le dos d'un pourpre foncé mêlé de bleu ;
les bords des plumes rouges ; les plumes longues des
ailes font rouges aux bords.
Canard de Bahama. royei Marec.
Canard huppé de l'Amérique, Jnas crlfiata
Amzrkana, On reconnoît cet oifeau à ion bec , rouge
au milieu &: tacheté de noir à l'extrémité ; il a l'iris
jaune , avec un cercle de pourpre ; deux plumes lon-
gues , comme chevelues , &: bariolées de bleu , de vert
& de pourpre , pendent de chaque côté de la tête qui
eft d'une couleur violette ; la poitrine eil rouge ,
ponduée de blanc; le delTus des ailes de diverfes
couleurs : cet oifeau porte au croupion deux plumes
étroites , jaunes aux bords : fa queue eft bleue ôc
pourprée ; {es pieds font bruns & rouges.
Canard siffleur, Anas fiflularïs^ pi. enl. 815.
C'eft le penru de la Baffe - Bretagne ; on l'appelle
m^nard dc^os quelques-unes de nos Provinces. Ce carM,ri
Ss 4
<548 C A N
doit fon furnom à fon cri qui efl un fiiîlement aîgii ;
il le fait entendre en volant , &c fe décelé par ce cri
qu'il pouffe plus fréquemment lorfqu'il vole ôc qu'il
voyage , & c'efî ordinairement de nuit. Ce canard
arrive des contrées du Nord dans nos Provinces mari-
times vers le mois de Novembre : alors le gris , chez
les adultes , eft leur couleur dominante ; mais quand
ils quittent notre climat , vers le mois de Mars , par
un vent de Sud , ils ont pris leurs belles couleurs : la
tête efl fauve clair , tachetée de noirâtre ; la gorge
eft d'un gris -marron; le dos & le croupion offrent
des raies en zigzags , blanches & noirâtres ; la
poitrine & le ventre d'un beau blanc ; chaque aile
offre deux larges bandes , l'une d'un noir de velours ,
l'autre d'un vert -doré ; les deux pennes du milieu
de la queue , plus longues , pointues , & d'un cendré-
bnm ; les latérales grifes & bordées de blanchâtre ;
le bec eft d'un cendré-bleu en deffus , noirâtre en
deffous ; l'onglet noir ; fes jambes , fes pieds , doigts
& membranes , font de couleur de plomb , &: les
ongles noirâtres. La femelle de ce canard a la
poitrine & le ventre blancs ; le gris efl la couleur
du reffe du plumage ; les plaques ou bandes qui
traverfent l'aile font bien moins larges 6c leurs teintes
bien moins vives.
Le canard Jiffleur efl plus petit que le canard domef-
tique ; on le retrouve à la Louifiane , fous le nom de
canard gris. M. de Buffon croit que c'efl à cette efpece
qu'on doit rapporter le vingeon des habitans de Saint-
Domingue êc de Cayenne. On diftingue encore : Le
canard Jiffîeur à bec noir , de la Jamaïque & de Saint-
Domingue , /?/. cnL 814. Le canard Jifflcur à^ Cayenne ,
pL enl. 826, à bec rouge & narines jaunes. hQ canard
Jiffieur huppé ; il eff un peu plus gros que le canard
Jauvage : fa huppe eu élégante , compofée de plumes
douces com.me de la foie , longues , effilées , & d'un
rpux clair ; fon bec eft d'un beau rouge , ainfi que fes
C A N 649
ïambes , fes pieds , fes doigts ; mais les membranes font
noires. Brijjon ^ tom. VI. pag. 398.
Canard de Nankin. Cet oifeau qui efl du genre
de la farcelle , n'eft encore guère connu en France
que par les relations des Voyageurs , & la defcription
qu'en ont donnée MM. Edwards , Brijfon Sc Linnœiis,
Nous allons le décrire d'après deux individus , l'un
mâle & l'autre femelle , qui ont été apportés à Paris
en 1773 , & dépofés parmi la Colledion de M. Mdu-
duyt 5 Dodeur en Médecine. M. Edwards a donné une
figure affez correde du mâle, tom, 11^ p. 101, pi. cii.
On en voit un de ce fexe, au Cabinet de Chantilly.
M. Brijjon n'a décrit non plus que le mâle , & n'en
a parle que d'après MM. Edwards &c Linnœus, Il a
nommé le canard de Nankin , la farcdU de la Chine ,
(/>/. enL 805 le mâle , 806 la femelle. ) Mais je
préfère l'autre dénomination , parce que ce canard ne
îe trouve pas dans toute l'étendue de la Chine , mais
feulement dans la province de Nankin, & parce que
les Voyageurs le connoiffent fous cette même déno-
mination.
Le mâle eft un peu plus gros que la femelle : il
eft plus fort que noxxe farcelle commune , & d'un tiers
moins gros que le canard de baile-cour. Les plumes
qui couvrent fa tête & fon cou , font longues &
étroites : celles qui s'étendent depuis la racine du bec
en delTus , jufqu'au milieu de la tête , font d'un vert
îuHré & foncé ; les iuivantes , qui deviennent beau-
coup plus longues , jufqu'au derrière de la tête , font
d'un pourpre luilré. Les plumes qui partent de l'oc-
ciput , & qui font les plus longues de toutes , font
d'un très-beau vert. Les plumes qui font fur les côtés,
entre l'œil & la bafe du bec , font courtes & d'un
marron clair : celles qui font au-deffus de l'œil, &
en arrière jufqu'à l'occiput , font blanches. Les der-
nières de ces plumes font très-longues , & fe mêlent
parmi les plumes vertes qui n^lient de l'occiput. Il
6p C A N
réf^alte de l'arrangement des plumes que je \îens
de décrire , une huppe qui prend fon origine à la bafe
du bec , dont la direction efl inclinée en arrière , 6c
dont la pointe flottante tombe fur le milieu du cou.
Cette huppe ed d'abord verte dans fon milieu , puis
pourpre , enfuite verte , & blanche fur les côtés ,
avec un mélange de cette dernière couleur à l'origine
des plumes vertes qui partent de l'occiput. Les plumes
du cou font d'un marron foncé ; elles Ibnt longues ÔC
étroites , &: forment comme un^ crinière , fi ce terme
convient à un oifeau : celles qui lont en devant fur
les côtés , font rayées , dans leur milieu , par un filet
longitudinal d'un marron plus clair que le refle des
plumes. Le bas du cou en devant , &: la poitrine fur
les côtés , font pourpres. Le haut de la poitrine , dans
{on milieu , le ventre tout entier & le deffous de la
queue , font d'un très-beau blanc. Les plumes laté-
rales du ventre , qui recouvrent l'aile quand elle eil
fermée , font d'un marron clair , fiUonnées par des
raies tranfverfales , noires , ondoyantes , 6c très-rappro-
chces les unes des autres. L'extrémité des dernières de
CQS plumes , eft traverfée par trois raies plus larges &
plus fortement exprimées. La première efl noire , la
féconde cfi blanche , &c la troifieme , qui eu la plus
large 6c qui termine les plumes, efr noire. Entre le
pli de l'aile & le cou , il y a quatre raies traniverfales
fur chaque côté ; une blanche , enfuite une noire ,
puis une blanche 6c ime noire. Le dos efl brun ; mais
quand les ailes font pliées , on n'en apperçoit que
le haut. Les couvertures de la queue font de la
même couleur que le dos. La queue efl grife , afTez
longue 6c pointue ; mais elle efl couverte par quatre
plumes longues qui partent du bas du croupion ,
qui la cachent 6l la font paroître d'un vert obfcur
& changeant. Les petites plumes des ailes font d'un
brun-gris : les grandes font de la même couleur à
Uwx origine j mais Içur çùié extériçur fç nuance de
C A N 651
blanc , qui devient d'autant plus vif, qu'on approche
de l'extrémité de la plume. Cette même extrémité
du côté intérieur , ed terminée par un vert ail'ez vif.
Les plumes m.oyennes des ailes font nuancées de
noir velouté , de blanc & de couleur d'acier poli.
Ces nuances forment fur le milieu de l'aile , quatre
larges raies longitudinales , deux blanches , & deux
d'un noir de velours.
Les Natur£lilles n'ont parlé jufqu'à préfent que
d'une plume plus large que les autres , qui part du
milieu de l'aile , fe relevé , s'incline ou s'arque en
dedans, &c recouvre le dos. Cependant il y a trois
plumes à l'aile qui ont cette conformation : mais , à
la vériïé , les deux premières, quoique plus larges
que les autres plumes , le font beaucoup moins que
la troifieme , qui eu la plus extérieure, &: qui les
couvre. Ces deux plumes ont leurs barbes internes
brunes , Se les externes , qui font les feules que l'œil
découvre , d'un noir d'acier poli , animé d'une nuance
de vert. La troifieme plume a une forme triangulaire.
Son plus grand côté efî à fa partie poftérieure , fon
plus petit du côté de l'aile , 61 le moyen du côté du
dos. Le plus grand côté a trois pouces ; en forte que
cette plume , au lieu de fe terminer en pointe , finit
par un épanouiilement de trois pouces de diamètre.
Le tuyau de cette plume eft fortement exprimé dans
les deux tiers de fa longueur , & formie une raie cou-
leur de paille. Les barbes internes qui font très-Ion-?
gués , font de couleur marron , terminées au fom^met
du triangle par un blanc fale , & à f a bafe par du
noir couleur d'acier poli. Les barbes externes ibnt
couleur d'acier poli , 6c forment une large raie longi-
tudinale. La plume cil: donc marron dans fon milieu,
bordée en bas à fon extrémité par un filet noiï cou-
leur d'acier , en haut par un limbe blanchâtre , &
bordée du côté de l'aile par une large bande couleur
d'acier bruni, Cettç plume k dirige naturellement fur
^52 C A N
le dos : celles de chaque côté venant à fe rencontrer^
en couvrent la plus grande partie.
Le bec efl d'un rouge de laque foncé ; l'extrémité
de la mandibule fupérieure ou l'onglet , efl blanchâtre.
Les pieds font rougeâtres , les ongles font blancs
&: non pas noirs , comme l'a écrit M. Brïjfon, L'iris
eil d'un rouge allez vif. C'eft au moins ce qui a été
€té attefté à M. Mauduyt par des perfonnes qui ont
vu l'animal vivant.
La femelle eft un peu moins groiTe que le mâle. En
deffus ëc fur les côtés fa tête ^ fon cou font gris. Il y
a derrière la tête une huppe affez courte , dirigée en
arrière &: pendante , de la même couleur. A la bafe du
bec , fur les côtés , on voit une raie blanche , étroite
& perpendiculaire, oL derrière l'œil il y a une raie de
même couleur , mais horizontale. La poitrine eil: grife ,
mouchetée de taches fauves ; la gorge & le ventre font
blancs ; les cuiiTes font grifes ; les plumes latérales du
ventre , que recouvrent les ailes fermées , font de la
même couleur que la poitrine ; les ailes , le dos & la
queue font gris , m.ais le dos efl chatoyant &: renvoie
des reflets verdâtres ; les grandes plumes des ailes font,
comme celles du m.âle , bordées de blanc en dehors ,
& terminées de vert en dedans , mais fans cette plume
qui diflingue le mâle ; l'iris , le bec , les pieds , les
ongles font comme dans le mâle.
J'ai été forcé de m'étendre fur la defcription d'un
oifeau dont on parle fouvent , que les Voyageurs
vantent beaucoup , qu'on connoît peu en Europe , &:
dont on n'avoit que des notions imparfaites.
Les Chinois font le plus grand cas du canard de
Nankin ; on le tranfporte vivant , de cette province où
il efl fauvage , dans tout l'Em^pire. Ses mœurs font
douces & aimables. Il s'apprivoife facilement; il recon-
noit les perfonnes qu'il a coutume de voir , il les fuir,
il les careiTe , & à leur vue il exprime fes fenfations
pai' des mouvemens vifs & agilçs, Cependant il nç
C A JSf (^53
perd jamais l'idée de la liberté , & il en conferve
toujours le défir. Si l'on n'a pas foin de lui couper les
ailes 5 il profite de l'avantage qu'on lui laiiTe , s'envole
& ne revient pas. Toutes les perfonnes allées ont à
la Chine des canards de Nankin. On a communément
le mâle &: la femelle , qui ont l'un pour l'autre beau-
coup d'attachement. On les laifie en liberté , mais les
ailes coupées , dans ces cours ou jardins qui féparent
à la Chine les corps-de-logis , qui font entourés de
murs 5 au milieu defquels il y a un baiTin rempli de
poiffons & où on élevé des plantes & des animaux
rares , dont le foin e(l un ùqs. plus doux amufemens
àes Chinois. On regarde encore à la Chine le canard
de. Nankin comme le fymbole de la fidéhté conjuo^ale.
Cette idée a contribué à lui faire valoir un prix qui eil
toujours très -haut dans les Provinces éloignées de
celle oii il efl: naturel. De cette idée auiïi eiî venu
Fufage fuivant ; Lorfqu'une fille de fam^ille honnête fe
marie , les jeunes perfonnes de fon fexe , de fa famille
& de {^s amies , lui font préfent , quelques jours
avant fon mariage , ou le jour même , d'iyie paire de
canards de Nankin vivans , ornés & liés de rubans.
On en a vu dans une pareille occafion payer une paire
deilinée à la fille d'un Mandarin , la valeur de fept
cents livres argent ^e France. Le prix le plus bas
de la paire de ces oifeâux vivans , efl de cinquante
écus ou deux cents livres monnoie de France, On
tient de M. Poivre , connu par fon 2pVit pour
l'Hilloire Naturelle , par fes lumières , & qui a fait
plufieurs voyages à la Chine , qui y a féjourné ^ y a
€U des canards de Nankin dans fa maifon , les détails
que l'on vient de donner. Il en faut préfumer que
le canard de Nankin ne multiplie -pas , même à la
Chine , dans letat de domefliciié , autrement fon
prix auroit néceffairem.ent baiiîe. Les Chinois repré-
fentent fouvent ce canard ^ fur leurs papiers peints 6c
iiir leur porççlaine»
6^4 d A N
Les Canards de la Cote d'or , ceux du Cap
de Bonne-Elpérance , de la Jamaïque &C de Cayenne ,
font également lauvages dans chacun de ces pays :
on les trouve dans les fa vannes ; leur chair eft un
peu falfandée &c bonne à manger : ce font autant de
canards mufqués , Voyez ce mot. On diilingue le canard
domïniquabi , du Cap de Bonne-Eipérance. Voyages
aux Indes & à. la Ch'uu , tom. II. p, 22/.
Canard du Mexique , Anas Mcxlcana. Cet oifeaii
eft de la grandeur du canard privé ; il eft fort fingulier
& mérite d'être connu. Il a une tête groft'e & noire ,
garnie d'une huppe bien iournie ; le ventre & le bas
du cou couleur d'argent comme au grèbe ; le bord
des yeux eft garni ae plumes blanches chez le mâle ,
& jaunes chez la femelle. Il marche mal , vole difHcile-
ment , mais il nage bien dans les lacs. Il fait fes petits
dans les rofeaux & dans les joncs. La grande crédulité
des Indiens porte les habitans de cette contrée à dire
qu'on trouve dans la tête de cet oifeau une pierre
précieufe d'un grand prix , ck: qui ne doit être confacrée
qu'à Dieu. On voit encore au Brcfil un canard fauvagc
ou de paftage , que les Indiens appellent tzmpatlahaou :
il eft remarquable par fon plumage , orné de taches lui-
fantes , fouvent femblables aux miroirs de la queue du
paon , ou à la plante nommée toiin^cfol : le defibus de la
queue eft d'un vert brillant ; le deffus eft blanchâtre.
Canard branchu, ou le beau canard huppé ^ ou le
canard d'été de M. BriJJon, Cet oifeau , l'un des plus
beaux de fon genre , n'eft guère plus gros qu'une f?r-
celle : les François établis à la Louîfiane, 6c les Créole?,
l'ont nommé canard branchu , parce qu'il aime à
fe percher fur les plus hautes branches des arbres les
plus élevés , propriété que n'ont que peu ou point les
autres canards d'Europe. Les plumes du devant de la
tête font d'un vert-doré brillant ; celles de l'occiput
font fort longues , étroites & comme foyeufes : elles
font difpofées par touffes , les unes blanches , les autres
C A N 65J
d'un beau vert-doré , & les troiiîefnes d'un violer
éclatant ; toutes ces toufFes , parallèles de chaque côté ,
forment une huppe élégante qui pend en arrière 6c
dont la pointe tombe fur le milieu du dos : les joues
& le haut du cou font d'un beau violet ; la gorge &:
le devant du cou font blancs ; le dedus du corps d'un
brun foncé changeant en vert-doré ; la poitrine efl
d'un pourpre-vineux , femée de taches blanches trian-
gulaires ; chaque côté ofFre deux bandes traniVerfales,
l'une d'un noir de velours , l'autre d'un beau blanc ;
les plumes fcapulaires chatoient le vert-doré, le bleu
& le cuivre-rofetîe ; l'iris eft couleur de ncifette ; les
paupières font d'un rouge fort vif; le bec , en defTus ,
eil jaune à fa bafe , eniuite d'un rouge vif, puis marqué
d'un peu de blanc ; le bout eft noir ainfi que toute la
mâchoire inférieure ; la peau nue des jambes , les pieds
& les doigts font d'un jaune obfcur ; les membranes
brunâtres, 6c les ongles noirs. La femelle a le plumage
brun-grifâtre , une huppe brune, courte 6c peu foiu-nie,
la gorge blanchâtre.
Le canard hranchu fe trouve à la Louifiane , à la
Caroline 6l à la Virginie : il niche dans des troncs
d'arbre , & particulièrement dans les trous abandonnés
par les pies. Le canard hranchu eil: indiqué fous le nom
de canard huppé de la Louiliane, dans les pi, enl, 980
le mâle , 98 1 la femelle.
L'enfemble des belles couleurs de fon nlumaee , fait
rechei#ier cet oifeau par les Indiens : ils ornent de la
peau de fon cou le tuyau de leurs calumets. La chair
de ce canard eu un peu mufquée.
On trouve dans l'Ornithologie de M. Brijfon , & dans
d'autres Auteurs , une plus grande lille de canards ; entre
autres : Le canard d'hiver qui niche dans les arbres , qui
6c croît dans l'eau.
Le canard d'hiver de M. Bfi^on , ou le petit canard
à grojje tête , parce que les plumes qui la couvrent font
très-longues , 6c lui donnent l'apparence d'un foit
6^6 C A N
volume ; ce canard fe trouve à la Caroline, encore r/y
paroît-il que l'hiver.
Les canards à longue queue , dont une efpece appelée
pîUt , ( pi. enl. 9 54 ) , eu pennard^ fe voit à la Louifiane ;
un autre appelé canard de Mïclon , Ifle de l'Amérique ,
(/?/. ml, ioo8 , ) & qu'on trouve aufîi à Terre-Neuve
& en Mande ; le milieu de la queue Onre deux plumes
très- longues.
Le canarda face blanche ; c'efî: le canard du Maragnon ,
pi. enl. 8o8. ^
Le canard à tête grife ou le canard de la Baie d'Hudfon;
il eft bien plus grand que notre canard domejlique : il
eu coiffé d'une calotte cendrée - bleuâtre & can-ée ,
iéparée par une double ligne de points noirs fem-
blables à des guillem.ets ; le bec eÛ rouge & lurmonté
de deux bourlets qui refTemblent, iuivant Edwards ^
à peu près à des fcves.
Le canard du Nord appelé marchand. Voyez MA-
CREUSE A BEC ROUGE.
Le canard à collier , de Terre-Neuve, (/?/. enl, 978
le mâle , 979 la femelle. ) Ce cellier elî une bande
blanche tranfveriale entre deux bandes d'un noir de
veloius; ce canard {q retrouve au Kamtfchatka & dans
riflande. C'eit VAnas h'ijirionïca de Linnaus,
M. Pallas a deiliné & décrit un canard chantant
( Anas glccïtans ) ; oifeau très-rare & qui ne fe trouve
que dans la partie Orientale de la Siléfie. Confultez
Mémoires de V Académie Royale des Sciences de Miede y
ann, lyy^,
Ohfervations fur les CANARDS,
D'après cette defcription des différentes efpeces prin-
cipales de canards , on reconnoîtra que ces oifeaux font
palmes ; OC malgré ce rapport commun avec Voie , ils
en diîierent en ce qu'ils ont les pieds placés hors du
centre de gravité ; en marchant , ils vacillent de la
poitrine , chancellent du derrière, 6c iemblent fe
mouvoir
C A N (ÎJ7
moiivolrv-difficilement : ils marchent avec lenteur , &:
volent avec plus de vîteffe ; mais ils font fi pefans & Ci
peu agiles , que leurs ailes, en volant, font toujours beau-
coup de bruit. La Nature a choifi dans leur conftruc-
tion , la forme qui leur éîoit la plus favorable pour
nager avec faclliré. Le camird eH , en quelque forte ,
un oifeau amphibie ; il nage , il marche fur terre , &c
vole dans l'air , mais plus difficilement encore dans le
temps de la mue , qui arrive vers la fin de Mai , lorfque
les cannes commencent à couver. Au contraire , la mue
des cannes n'arrive que quand leurs petits font devenus
grands 6c capables de voler; tous peuvent voler de
nouveau , après avoir recouvré leurs plumes. Dans
Tefpace d'une femaine , & quelquefois de vingt-quatre
heures , toutes les vieilles îom_bent. On croit que la
mue dans les oifeaux , provient de la mêm.e caufe que
la chute du poil dans les hommes & dans les autres
animaux nouvellement refaits à la fuite d'une maladie
ou d'un épuifement critique, La pafTion de l'amour
caufe également aux canards &c à tous les animaux
rnâles , non-feulement une efpece de fièvre , mais en-
core ils deviennent tous m.aigres , parce que leur corps
s'efl épuifé par les dcfirs 6i l'uiage des plaifirs que
l'amour infpire &c procure. Quant aux femelles , le
temps eu de la couvaifon , ou de la portée 6c de
l'éducation de leurs petits , équivaut à une m.aladie
ou à un long jeûne , attendu que , pendant ce temps-
là , elles fe macèrent par la diète , 6l fouvent par un
travail continuel. Lorfque ces temps font paffés , les
deux fexes recouvrent en peu de temps leur ancien
embonpoint , & fe rengraiffent.
La langue de ces oifeaux eft munie d'efpeces de
petites dents des deux côtés , & armée de nerfs ex-
quis , qui leur fuffifent pour faire , par le goût feul
êc fans y voir , le choix des alimens. Le canard a la
voie plus foible , plus raiique ou moins perçante que
la canm. Aldroyande ^ étonné de ;i/oir que cet oifeau
Tome //, T t
6^S ^ C A N
pouffe un cri û grand & fi aigu , & qu'il ti^it fa têî&
û long-temps dans Peau , prétend qu'il en faut cher-
cher la caule dans la figiire de fa trachée , qui , à
l'endroit où elle fe partage en deux branches pour
aller aux poumons , a une forte de veiîie dure , carti-
lagineufe & concave , & qui eu penchée du côté droit ,
oii elle paroît beaucoup plus grande. Leurs femelles,
ainfi que celles des oies , font fujettes à pondre des
ceufs monftrueux. Lorfque le temps paroît orageux ,
ils crient plus que de coutume , battent des ailes , &
fe jouent fur l'eau. Ils plongent entre deux eaux^
lorfqu'ils veulent éluder les pourfuites de leurs ennemis.
CANAPJ. f^oyei Serin. A l'égard du canari fauvage ,
Voyez Penduline.
CANARI VULGAIRE , CanariiLm commune , Linn.
Mant. 1 27 ; aut vidgarc , Rumph. Amb. Nom d'un
arbre réfmeux , de la famille des Balfamiers^ qui s'élève
à une grande hauteur , & dont le tronc , recouvert
d'une écorce blanchâtre, porte une cime étalée &
bien garnie : fon bois eft blanchâtre , afîez folide ,
mais peu durable ; il efl bon à brûler ; fes feuilles font
ovales , oblongues , acuminées , glabres , entières ; fes
fleurs lont dioiques, terminales, blanchâtres : le fruit
tii une efpece de noix ovale , &: qui renferme un
noyau trigone &: pointu.
Le canari croît dans les Indes Orientales , dans les
Ifles Moluques , ck à la Nouvelle Guinée. Les naturels
de ce pays , tirent eii grande partie leur nourriture des
amandes de fes fruits , qu'ils mangent crues , ou dont
ils font une efpece de pain ; ils en expriment une
huile , dont ils fe fervent pour cuire le poidon ou
pour préparer d'autres alimens. Les vieux arbres don-
nent une réfnie blanche & tenace , que Ton emploie à
Am]:)oine comme flambeau , en l'enveloppant dans des
feuilles feches. ( Encyclop. Mith. )
CANCAME. Foyez^ GOMME cancame.
CANCERILLE. C'cil le ^arou des bois. Voyez Garou;
C A N ^59
CANCHE. Voyzi Foin.
CANCRE, Cancer, Les cancres font des animaux:
xrulhcées dont il y a un plus grand nombre d'efpeces
que parmi les crabes. Quelques Auteurs ont rangé
improprement avec les cancres., la langoufie., le homard^
la J quille , Vécrevijfe d'eau douce , les crabes & tourlou-
roux , &c. Mais nous ne parlerons ici que des cancres
proprement dits & les plus connus. Pour les autres
cruftacées de ce genre , Voye?^ aux noms particuliers
qu ils portent. Voyez maintenant IVrr/c/t: CrustacÉes.
On divife les cancres ielon les lieux qu'ils habitent
le plus communément : on appelle ceux qui vivent
autour des xookiQx^ ., faxatiUs ; ceux qui vivent dans la
boue , limoji; ceux qu'on trouve dans le fable , arenoji;
ceux qui fe plaifent dans l'algue , a.lgofi.
Une autre divifion adoptée par plufieurs Natura-
îiiles , eil de les diflinguer en cancres de mer &" en
cancres de rivière. Il ne fe trouve point de ces derniers
dans nos fleuves ; mais ils reffemblent , par la couleur
& par la forme , aux cancres de mer.
Les cancres ont le corps arrondi ou cordiforme , &
différent en cela des écrevijfes de mer & des langoujîes
qui l'ont très-long , & des crabes qui l'ont fort évafé.
îl y en a de différentes grandeurs & couleurs; tous
ont dix pattes , en comptant les deux bras fourchus ,
tantôt longs , tantôt courts ; leur queue efl repliée
par deifous. La tête , le corps & le ventre différent
îliivant la diverfité de l'efpece ; leur écaille ou croûte
leur tient lieu d'os : c'eff d'elle que les mufcles tirent
leur origine , ainfi que leurs infertions. Ils font privés
de fang , & tiennent , dit-on , de la nature des ovi-
pares éc des vivipares. Voyez ces mots.
La première efpece de cancre eft V araignée de mer ^
Aranea crujlata. Sa chair eft dure &: de mauvais goût :
elle habite peu la Méditerranée, plus communément
l'Océan & la Mer Atlantique. Le bras droit de V araignée
de mer efl y ainii que chez la plupart des cruflacées ,
Tt 2
€66 C A N
ordinairement plus gros que le gauche ; les bouts Ou
les doigts en font quelquefois noirâtres , mais moins
communément que dans les crabes. Ce cancre a quatre
cornes devant les yeux , deux courtes qui fortent du
milieu du front , & deux plus longues qui fortent au-
defTous des yeux : elles font proches l'une de l'autre;
6c il avance fes ferres , qui font repliées & mobiles ,
à volonté. On diftingue facilement ce i:fl«cA-e des autres
cfpeces , i.'^ moins per fa grandeur, que par la tête
de fa cuiraiîe plus diftinâ:e , plus pointue &: plus'
avancée; 2.° par fcs pieds longs & menus; 3.^ par
fes yeux qui font placés Pun auprès de l'autre, &
qui font fort faillans.
Il y a des araignées de mzr très-petites , d'autres qui
font allez groilos ; elles ont fous la cuiraffe inférieure
quelques petites veffies qui s'enflent comme font
les gorges des grenouilles, La queue des femelles eil
large &: arrondie; celle des mâles efl étroite & longue.
Cancre Cavalier ou Coureur, Cancer eques
eut curfor. Ces cancres font gros comme une châtaigne ;
il n'y a prefque rien à manger ; ils font en quelque
forte amphibies , puifque dans les chaleurs de l'été ,
fur le midi , ils fortent en troupe de la mer pour
paiTer le refte du jour au foleil ou à Tombre , ou ,
peut-être , pour n'être pas dévorés des gros poiifons.
Ils ne cherchent que les lieux pierreux &: bourbeux
pour y trouver leur noiirriture ; ils ië promènent hors
de la mer en long &: en large , tantôt autour des ri-
vages oii ils font nés, tantôt plus loin. Belon dit
qu'en partant de Memphis pour Jérufalem, il en vit
fur les confins de l'Egypte qui retournoient à la mer ^
& couroient d'une fi grande vîteffe , qu'il n'étoit pref-
que pas pofTible de les atteindre. Il ajoute qu'un lézard
qui étoit à l'ombre fous une plante nommée ambrojie ,
ayant apperçu un de ces cancres , le pourfuivit ; &:
que ce cancre^ qui parolffoit plutôt voler cjue courir,
lui échappa.
C A N é6i
Cancre commun , Cancer maritlmus. Il tient le
milieu entre le cancre, de rivière 6c le cancre de mer.
Il a les bras fourchus & courts ; les pieds longs , finif-
fant en pointes , deux petites cornes au front. Il vit
long-temps hors de l'eau ; fa chair efl fort nourriffante.
Cancre en forme de cœur , Cancer figura cordis.
Il eft petit; le tronc de fon corps a la forme d'un
cœur ; les deux bras font fourchus ; les ferres en font
fort courtes; il a deux cornes au front. Il vit dans
la haute mer. Rondelet dit en avoir fouvent trouvé
<lans le corps des plus grandes morues : on en trouve
aulîi dans l'eflomac des merlans.
Cancre d'Héraclée ou Coq marin. On en pêche
dans le Pont-Euxin; mais il vit en haute mer. Il dif-
fère du précédent par fa coquille qui ell: brune , {^ts
pieds plus courts & plus menus; les cornes qu'il a
devant les yeux font jointes enfemble.
Cancre marbré , Cancer marmoratus aut varias.
Sa coquille eft très-dure , unie en delTus , découpée
près des côtés des yeux comme une fcie. Durant la
vie de l'animal elle efl variée de différentes couleurs ,
noires , bleues , vertes & cendrées , comme le marbre
ou le jafpe : elles difparoiffent après fa mort. Il a les
bouts des pieds renflés , &: deux petites cornes au
front. Il vit dans les trous des rochers , s'y cache au
moindre bruit , &; s'y cramponne avec les pieds fi
fortement , que l'on a de la peine à l'en arracher.
Cancre -Ours ou Migraine , Cancer urfus. Il fe
fert , comme ce quadrupède , de fes pieds de devant
ou de fes deux bras fourchus. Il m.et fes bras devant
fes ynetix , &: on prétend qu'il dort ainfi tout ramaffé
comme les ours. Il eft gros & court, d'une figure
informe & de la couleur de grenade : fes pieds fe
reftérrent à volonté contre fon corps : il vit dans la
fange : fa chair eft de mauvais goût. Le cancre-ours
r.e paroît être , félon Rumphius , qu'une fqullle lar^€
ces Injdes.
Tt î
66î C A N
Cancre des Moluques , ou Crabe epee ;
Cancer Mollucmjis, Ce cruftacée dont la carapace ref-
femble au clos d'un gros Icarabée , porte horizontale-
ment au milieu poftérieur de fon corps ou de fa cuirafle
un dard gros & fort long , très-pyramidal , fouvent
épineux & toujours à charnière. Les Chinois eiliment
fa chair comme un mets exquis. Ce cancre fmgulier
par la forme extérieure , la configuration des bouts
de fes pattes , &:c. efl gravé dans la tah. 12. l'ut. A, B.
du Thef, Imag. pifc, de Rumphius,
Cancre parasite. Nous donnons ce nom au^
petits cancres , dont la coquille eft tendre & molle ,
& qui , pour être à l'abri de toute infulte , fe retirent
& fe logent dans les coquilles vivantes de quelques
tellacées. Celui qui vit dans les huîtres eil rouge fur
le dos &: blanc par tout le refte , gros comme une
fève. Ceux qui vivent dans les moules &: les nacres ,
fe nourrilTent du même mets bourbeux que les tefta-
cées, dans lefquels ils habitent. On en trouve aulîi
qui prennent pour hôte les coquilles de S. Jacques OC
la nérite ; d'autres enfin , comme bernard- Vkzrmiu ,
fe logent dans des coquilles univalves &; vides. Le pin"
notere qui fait fentinelîe , dit-on , dans la pinne-marine ,
eil auiîi compté au nombre des cancres parajites. D'autres
cancres fe retirent dans des trous d'épongés , dans des
fentes de rocher. La plupart de ces cruftacées font de
véritables crabes. Voyez ce mot.
Cancres a pieds larges , Cancer latîpes. Il n'efl
pas plus gros qu'une noix ; il a deux bras fourchus ,
6c ell armé de petites dents. Les deux derniers pieds
ou jambes de derrière font courtes ou larges au bout ^
&: ont fix articulations. Il a quatre petites cernes au
front ; fa coquille efl liffe. La mer le jette communé-
ment fur le rivage.
Cancres a pinces courtes. Cancer brackiis brc^
nbus. Il efl petit , d'un rouge-noirâtre , & bien diffé-
rent des autres j en ce qu'il a le derrière large & le
C A N 66-i
<!€vant pointu ; fes deux jambes de devant font courtes
oc couvertes de poils menus ; les deux fuivantes fort
longues , groiTes , pointues & velues ; les autres de
chaque côté font pareillement longues & menues ,
mais fans poils.
Cancre de rivière ou d'eau douce , Cancer
jlnviatilis. Il reffemble entièrement au cancn de mer ;
mais fa coquille eft plus tendre, plus légère ; les pieds,
les bras fourchus , plus gros & plus longs , à propor-
tion de fa grofieur. La queue du mâle eft étroite &
ferrée contre le corps ; celle de la femelle efl plus
large , en forme d'écullbn , pour mieux couvrir iç:^
œufs. La chair en ell douce & bonne : on les fait
mourir dans du lait pour les rendre plus délicats. Ce
cancre , avec le temps , fe dépouille également de fa co-
quille. On trouve beaucoup de ces cancres en Grèce ,
en Candie , en Italie , en Sicile , en Egypte dans
le Nil.
Cancre squïnade, nommé ainfi, de ce que fa
chair a un goût femblable à celle de la f quille ; on
le nomme aufli cancre pagurus. Il efl armé aux deux
côtés de la partie de devant , de lix aiguillons longs
& forts ; &: fur fon front il porte deux pointes rondes
& fermes. Il a deux petites cornes , proche defquelles
font les yeux qui regardent plus de côté que devant ;
fes cornes font aflez éloignées l'une de l'autre : fa co-
quille eft raboteufe & couverte d'aiguillons ; fes pieds
font longs & gros , un peu épineux ; fa queue efl:
garnie en deffous de plufieurs tablettes , oii l'on trouve
quelquefois des œufs rouges , joints enfemble , en
forme de grappe de raifm : il a des efpeces d'ouïes.
On aiTure que ce cancre n'ell plein & de bon goût ,
que dans le croifTant de la lune ; mais il eft prefque
vide, & d'un goût peu agréable dans un autre temps.
On en trouve dans la Méditerranée.
Il fe dépouille de fa croûte ou coquille , comme le
ierpe^ît de fa peau. Les Anciens regardoient ce change-
Tt 4
664 ^, ^ , ^
ment involontaire & nécefTité , comme une fagefTe cfe
l'animal ; c'eil pourquoi ils le pendoient au cou de la
flatue de Diane d'Ephefe , DéclTe de la Sageffe. Lorfque
ce cancre a mis bas fa coquille cruftacée , il le tient
caché jurqu'à ce qu'il en ait une autre ; 6c quand le
temps de ce dépouillement approche , il court çà & là,
& fe remplit de nourriture fi abondamment, que fa
couverture eu obligée de tomber. D'autres, au con-
traire , veulent qu'elle l'abandonne par maladie &C
par maigreur, f^ojei cette mue des cruflacées fur Vartîcls
ECREVISSE.
Can'CRE velu , Cancer hirfutus. On en diflingue
de trois fortes : i .^ Ceux qui ont des poils en plulieurs
endroits du corps , fur les bras ôc.les pieds, avec une
figure de cœur fur le milieu de la coquille fupérieure :
le bout du bras eft noir ; la partie antérieure de la
cuirafîe eft dentelée comme une fcie , &: armée fur le
front de deux petites cornes. 2.° Ceux qui n'ont point
de noir à l'extrémité des bras , &: qui font plus petits
que les précédens. 3."^ Enfin , ceux qui ne différent de
la féconde efpece que par leur petitefTe.
CANCRELAS. Au Bréfil , ell le nom du gros ravet.
Voyez ce mot.
CANCRITES. On appelle ainfl les cancres fojjîles
ou pétrfiés ^ Voyez Cancre. Les cancrïtes fe trouvent
fur la Côte de Coromandel , à Sheppy, Ifle Angloife,
ÔC à Pappenheim.
CANDELBERY. Nom que les Anglois donnent à
V arbre de cire , de la LouiHane. Voye^^ ce mot.
CANDIDE , Phicomcne , Efper. Nom d'un papillon
qui a beaucoup de rapports avec celui nommé Xefoufre;
le fond des ailes eil blanc , & bordé de vert-noir, avec
une tache jaune dans le mâle.
CANÉFICIER. Koyei Casse.
CANETON. Petit Canard. Voyei Canard.
C AN J AL AT. Urium polïpoides , Rumph. Amb. ;
Malaïcc ubi gorita. Plante qui croît à Amboine , dans les
C A N 66^
Î30ÎS humides Si fur le bord des rivières. Elle a le port
de la clématite. Les habitans , en prenant du thé , font
ufage de fes racines confites au fucre : elles font compo-
fées de tubérofités ncmbreufes , cylindriques , longues ,
ramaiTées en faifceau , noirâtres en dehors , fuccu-
ientes , & naturellement d'un goût amer & défagréable.
CANIAR de Belon , eil le goéland varié,
CANICA. Efpece d'épicerie qu'on trouve dans l'Ifle
de Cuba. Suivant M. Dcleuie , elle a le goût du clou
de glrcfie , &C efl d'ufage en médecine.
CANICHE. Femelle du barkt. Voyez Chien.
CANICULE , Caniada , eft le nom d'une des étoiles
de la conftellation du grand chim , qu'on appelle aufîi
fimplement V étoile du chien &c Jirius. C'efl la féconde
étoile dans les Catalogues de Ptolomée & de Tycho :
elle eft lituée dans îa gueule du grand chim , & ell
de la première grandeur ; c'efl: même la plus grande
& la plus brillante de toutes les étoiles du ciel.
Quelques Auteurs anciens ont écrit que le jour oii
la canicule s'élève , toute la Nature en reçoit des in-
fluences qui produifent mille accidens fâcheux , & fur-
tout beaucoup de maladies chroniques dans les ani-
maux , & des chaleurs contagicufes : voilà bien des
chimères. Si la canicule avoit la propriété d'apporter le
chaud , ce devroit être plutôt aux habitans de l'hé-
milphere Méridional qu'à nous , puifque cette étoile
n'ell que dans cet hcmifphere , de l'autre côté de
rÉquateur : cependant il eil certain que ces peuples
font alors en hiver. La canicule & les autres étoiles
font trop éloignées de nous pour produire fur nos
corps ni fur notre fyflême planétaire aucun eifet fenfible.
Foyei r article ÉTOILE , à la fuite du mot PLANETE.
Les Romains étoient li periïiadés de la malignité de
la canicule , que pour en écarter les influences , ils lui
facrifioient tous les ans un chien roux. Cette efpece
d'animal avoit eu la préférence dans le choix àzs vic-
times, à caufe de la conformité des noms. Ce n'ell pas
666 C A N
la feule occafion oii cette conformité ait donné naif-
fance à des branches de faperfrition. EncydopUlu,
CANIFÎCIER. C'efl ainfi que l'on nomme aux An-
tilles le cajjicr ou l'arbre qui produit la cajfc. Voyez
ce mot,
CANNA. Nom que les Hottentots donnent à \m
des plus grands animaux à pieds fourchus de l'Afrique
Méridionale » les CafFres le nomment ïmpof. D'après
la defcription que des Auteurs ont faite du canna ^ il
nous paroîtique ce quadrupède bifulce a beaucoup de
rapports avec le condoma , Voyez ce mot. Les cornes ,
dans les deux fexes de l'une & l'autre efpeces , font
allez lilTes , avec une groffe arête qui forme deux tours
de fpirale dans leur longueur : ces cornes font creufes,
êc foutenues par un os qui leur feri de noyau ; ainfi
elles font permanentes. Le canna 6c le condoma ont
ime crinière ; mais le canna manque de larmiers , Se
marche en troupes de cinquante 6l pUv:. : on en trouve
quelquefois cent , ^ trois cents eniemble , près des
fontaines. Le condoma , au contraire , a des larmiers &
ne va point en grandes troupes. Il rélulte de cet ex-
pofé , de ces légères différences , que le canna efr Tef-
pece fauvage qui habite les hautes montagnes ; le
condoma habite les plaines.
CANNA BINE , Datifia. Nom d'un genre de plantes
à fleurs incomplètes , qui a beaucoup de rapports avec
le chanvre , & qui comprend des herbes dont les
feuilles font alternes &: ailées , avec impaires , &; dont
les fleurs font petites , axillaires &: en grappes termi-
nales : les fleurs font à fexes féoarés fur des pieds
cifférens : le fruit eft une capfule oblongue , trian-
gulaire , & s'ouvre par trois valves ; il contient beau-
cou^> de petites femences.
îl y a : La cannabine. glaire , de l'Ifle de Candie , Da-
tifca cannahina^ Linn. ; Cannahïna Cntïca florifira & fruc-
tlfcra , Tourn. Cor. 5 2 ; elle a un peu l'afpecl: d'une
ortie ou d'un chanvre, ha cannabine hirïjfle , de la
C A N 6(,f
Penfylvanle , Datifca caule hlrfuto , Lînn. ; elle eft en-
core plus grande que la précédente qui a de quatre à
fix pieds de hauteur.
CANNAMELLE. Foyci Canne a sucre.
CANNANGOLIS ou Angoli. Les habitans de Ma-
labar donnent le premier de ces noms à la poule fultam
de Madras , de M. Br'jjon. Cet oifeau eft de la grofleur
d'un canard \ le plumage fupérieur ell cendré; l'infé-
rieur ed blanc , avec quelques taches noires en forme
de croiflant.
CANNE ou Cane. C'eft la femelle du canard. Voyez-
en les efpeces à La fuite du mot Canard.
Canne épineuse. Voye^^ à l'article Rotin.
Canne a main. Efpece de rofeau des Indes. Voyei
à l'article PvOTiN.
Canne a sucre ou Cannamelle , Arundo fac--
charifira^ C. Bauh. , Sloan. ; Calamus faccharinus ^ Ta-
bernasm. ; Canna mellaa , Csefalp. ; Viba , Tacomaréc ^
Pifon, Caniche des Caraïbes. C'eft une efpece de ro-
feau articulé , dont la moelle fucculente fournit par
exprefîion , le fucre , ce fel eflentiel , doux oC agréable ,
dont un ii grand nombre de Nations font ufage dans
nos Colonies , en Amérique. Ce rofeau , qui eft de
la famille des Graminées^ s'élève à huit ou dix pieds
de hauteur & davantage , fur un pouce & demi de
diamètre : fa tige eil pelante , caifante , d'un vert
tirant fur le jaune : les nœuds qui font à trois doigts ou
environ les uns des autres , font faillans , en partie blan-
châtres , & en partie jaunâtres. De ces nœuds partent
des feuilles qui tombent à mefure que la canne mûrit;
les nœuds contiennent donc le principe des feuilles ".
on voit d'abord paroître un bouton alongé d'un brun-
rougeâtre , qui , peu à peu , fe dilate , verdit &: devient
une feuille longue de trois à quatre pieds , plane, droite ,
pointue , large d'un pouce , d'un vert-jaunâtre , ilriée
dans fa longueur , avec une côte blanche au milieu ,
alternativemsiit pofée , embraiîant la tige par fa bafe ,
668 C A N
glabre, mais armée fur les côtés de petites dents im-
perceptibles. Il arrive quelquefois que les canms , par-
venues à onze ou douze mois de croiffance , pouffent
à leur fommet un jet de fept à huit pieds de hauteur ,
& de cinq à fix lignes de diamètre , liffe , fans nœuds ;
c^Q^ ce qu'on appelle flechz. Ce jet porte un pani-
cuîe ample , long d'environ deux pieds ,^ divifé en
plufieurs épis noueux , fragiles, compofés de plufieurs
petites fleurs foyeufes &: blanchâtres ,' fans pétales,
dans lefquelles on diftingue trois étamines dont les
anthères font un peu oblongues; Tembryon efl alongé
&: porte deux ftyles : à ces ileurs fuccedent quelquefois
( car elles font fouvent ilériles ) è^s femences oblon-
gues , pointues. Il faut obferver qu'une m^^me tige ne
fleurit & n^fiechi jamais qu'une fois. Lorfque la caniw
approche de fa maturité , alors la tige efl jaune &
pefante ; fon écorce eft liffe, luifante , ôc la matière
ou fubftance blanchâtre , facculente & fpongieufe que
contient la tige' dans fon intérieur , fe brunit ; fa racine
eft épaiffe , fucculente , grifâtre , genouillée & fibrée.
La canne à fucre croît naturellement dans les Indes
Orientales , dans les Ifles. Canaries , & dans les pays
chauds de l'Amérique. Elle fe plaît dans les terrains
gras , humides & bien aérés : les terres maigres , ufées ,
qui n'ont pas de fond , ou qiii font pelantes , ne pro-
duifent que de petites cannts barbues , pleines de nœuds ,
dont on ne retire que peu de fucre difficile à fa-
briquer. Les fourmis , les pucerons , & les rouleurs ,
font beaucoup de tort par leurs dégâts , à la canut à
fucre.
Les plantations de cannes à fucre fe font très-facile-
ment. On couche les plants de cannes dans des filions
alignés & parallèles entre eux; les trous alignés font
plus ou moins éloignés les uns àts autres , depuis deux
pieds jufqu'à trois pieds OC demi , fuivant la qualité
du terrain ; on les fait de quinze à vingt pouces de
longueur , de quatre à cinq de largeur , 6l de
C A N 669
fept à huit de profondeur; on met dans chaque trou
deux ou trois morceaux de cannz , longs de quatorze
à dix-huit pouces , & qu'on prend au haut de la
canne ; on les 'couche au fond du trou horizontale-
ment , & on les couvre de terre. Lorfque le terrain
efl: comme marécageux &: plein d'eau , on place, le
plant de façon que le bout fupérieur forte hors de terre
de quatre à cinq pouces ; c'eft ce qu'on appelle planter
en canon. On plante ordinairement les cannes dans le
temps qu'on les récolte , afin de profiter du plant. Quand
le temps a été favorable , au bout de fept à huit jours
que les cannes font en terre , on voit fortir des œille-
tons , à l'endroit de chaque nœud ou articulation , un
bourgeon de la forme d'une petite afperge , qui , quel-
ques jours après , fe divife en deux feuilles minces ,
longues , peu larges & cppofées : la tige continue de
s'élever en pointe ; elle produit peu de temps après
deux autres feuilles , & ainfi de fuite. Quand elle efî:
parvenue à la hauteur d'environ un pied, il fort de fa
bafe d'autres bourgeons plus ou moins nombreux , fui-
vant la qualité du terrain : le farclage efl ici néceffaire ^
^ y à défaut de pluies , il faut arrofer. Au bout de
dix , douze à quinze mois , félon la vîteiTe de la végé-
tation , les cannes à fucre font parvenues à leur matu-^
rite ; on les coupe très-près de la racine ; (ces fouches
reproduifent deux ou trois fois de nouvelles coupes ; )
on rejette les feuilles , & , au moulin , on comprime
ces cannes entre deux rouleaux, qu'on appelle roks ^
faits d'un bois très-dur , & qui tournent en fens con-
traire : les cannes répandent par ce moyen une liqueur
douce , viiqueufe , appelée miel de canne , & que l'on
fait cuire enfuite juiqu'à la conûftance du fucre. On
procède promptement à la cuifTon de cette liqueur , car,
au bout de vingt-quatre heures , elle s'aigrit ; & même
iî on la gardcit plus long-temps , elle fe changeroit en
fort vinaigre. Les fagots de cannes exprimées portent
îe nom de hamacs ^ 6c Iç fuç ou jus de la canne celui
670 C A N
de vzfou. Quelques-uns l'appellent aufîî vin de canne.
M. Dutrôm-la-Coutun , Médecin , a propofé un moyen
pour convertir ce lue exprimé , en une liqueur analogue
au cidre , ou au vin. Joiim, dz Phyf. Septembre lySy,
En quelques endroits de l'Amérique, on donne ibuvent
aux chevaux les tiges de cannes àfucre exprimées ; ces
animaux en font friands , & prennent beaucoup d'em-
bonpoint : plus communément les hagaces fervent à
chauffer les chaudières.
On fait bouillir , pendant environ fix heures , en
verfant de temps en temps de l'eau , la liqueur extraite
des rofeaux .• on l'écume , & cette lie qui fumage fert
à nourrir les animaux. Pour purifier davantage lefucre^
on y jette , pendant l'ébullition , une forte leiTive de
cendres de bois & de chaux vive , & on écume conti-
nuellement ; enfuite on paiTe la liqueur au travers d'une
étofle de gros drap blanc ; d'autres fois , on tranfvafe
feulement la liqueur , à différentes reprifes. C'eft dans
l'art d^enivrer ou purifier ainfi le vefu que confifle l'art
du manufadurier ; car trop de cendres le grille, 6c trop
de chaux le rougit ordinairement. Le marc fert en
quelques endroits à nourrir ou les efclaves ou les
pourceaux ; d'autres , en y mêlant de l'eau & le
laifTant fermenter , en font une liqueur vineufe : on
fait bouillir de nouveau cette liqueur vefou ; on ap-
paife l'impétuofité des bouillons en verfant quelques
gouttes d'huile ou de fuifila plus petite quantité de
fuc acide empêcheroit le fucre de fe criflallifer 6c
de prendre une confilfance folide. On verfe la liqueur
encore chaude , dans des moules de terre en forme
de cônes creux, (ce^ moules doivent avoir été humedés
auparavant par Peau , & cerclés aux deux extrémités) :
ouverts par les deux bouts , 6c dont le petit trou qui
efl à la pointe , efl bouché avec du bois , ou de la
paille , ou du linge mouillé. Les Caraïbes appellent
canlcke-ira , le JUS de la canne , le firop i 6c choucre-^
le fucre.
C A N _ (Ç7,
Toutes les cpérations que l'on fait dans îa pré-
paration du fucre 6c dans l'art de le raffiner , tendent à
débarraffer Se purger ce fel eilentiel d'un fuc mielleux ^
qui lui ôte la blancheur , la iolidité , la finefle & le
brillant du grain qu'on lui procure en le bradant à
droite & à gauche avec \ine palette. On ouvre eniiiite ^
au bout de quelques jours , le petit trou pour donner,
écoulement au llic mielleux. On verlé l'ur la partie
fupérieure du cône une bouillie claire , faite avec de
la terre blanche argUeufe détrempée dans de l'eau.
Ce menftrue le charge d'une fubllance glutineufe de
îa terre , & paiTant à travers la malîe du fucre , lave
les petits grains & les purifie du fuc mielleux. Au
bout de quarante jours ou environ , le fucre eft
defîéché.
Celui qui eft en morceaux , de couleur roufTe , s'ap*
pelle alors fucre terré rouge ou de Chypre : il eft pur-
gatif. S'il eii d une couleur grife , blanchâtre , & en
morceaux friables , il prend le nom de mofcouadç
moyenne : c'efl-là la matière dont on fait toutes les
autres efpeces de fucre. Lorfque la mofcouade a fubi de
nouveau à peu près les mêmes opérations dont nous
venons de parler , elle ell purifiée de fuc mielleux ; &
c^eft alors de la cafjonade ou cafonade , dont la meil-
leure efl blanche , lèche , aya.ot une odeur de violette.
La caffonade purifiée elle-même par les mêmes moyens
que ci-defTus , ou par les blancs d'oeuf, ou par le
fang de bœuf, donne le fucre raffiné , le fucre fin ou
le j'ucre royal , ainii nommé parce qu'on n'en peut
faire de plus pur , de plus blanc , ni de plus brillant.
Ce fucre étant très-fec & frappé avec le doigt , pro-^
duit une forte de fon ; frappé ou frotté dans l'obfcu-
rité avec un couteau , il donne un éclat phofphorique :
douze cents livres de bon fucre ne doivent produire
que iix cents livres de fucre royal ; aufîi la plupart des
RafFmeurs & des Marchands font-ils pafTer le plus beau
fucrs raffiné pour Jucre royal , ovi au moins pour du
67i C A N
demi-royal. La llc|ueiir mielleiife qui découle des
meules , ne peut s'épaiiîir que jufqu'à la confiftance
de miel ; c'efl: pourquoi on l'appelle vùd de fucre ,
remet ^ & plus communément melaîje ou doucette. Quel-
ques-unb la font fermenter avec de l'eau & en retirent
une liqueur vineufe qui , diftillée , donne une eau-
de-vie nommée tafia, Lç: fucre candi n'ell que à\\ fucn
fondu à diverfes tois & criflallilé : il y; en a du blanc
&: du rouge.
Il fe fait en Hollande un commerce très-confidé-
table àe fucre de toutes fortes, fpécialement des Indes
Orientales , du Bréfii , des Barbades , d'Antigoa , de
Saint - Domingue , de la Martinique & de Surinam.
Le fucre du Bréfil eft moins blanc , plus gras & plus
huileux que celui àes Barbades , de la Jamaïque & de
Saint-Domingue. La majeure partie desfucres arrivent
préfentement tout raffinés ; au lieu qu'autrefois ils
venoient bruts en France , Se on les raffinoit à Dieppe
& à Orléans. Cn regarde comme une faute commune
aux Anglois 6c aux François d'avoir foufFert des raffi-
neries de fucre dans les colonies qui le produifent ;
car pour tirer le plus grand avantage poiTible des
colonies de l'Amérique , il faut les mettre dans le
cas de ne fe pouvoir paffer ni des fabriques , ni des
denrées de l'Europe.
Quoi qu'il en foit , des fucres qui fe raffinent encore
en France , celui de l'affinage d'Orléans paffe pour le
meilleur ; il eft moins blanc que ceux de Hollande &
d'Angleterre ; mais il fucre davantage , parce qu'il efl
moins dépouillé de (es parties mielleufei &i viiqueufes.
On remarque la même différence entre la cajfonade
comparée mi fucre raffiné ^ & même entre, la manne
grafle 6c la manne en larmes. Le fucre qui vient d'E-
gypte par la voie du Caire , paile pour être plus doux
& plus agréable que celui d'Amérique.
Cependant on ne fait uiage en Europe que du fucre
d*Amérique , 6c on l'apporte préfentement en û grande
qua.ntité^
C A N ^ (S75
quantité , qu'on le met parmi les premières marchan-
difes de ce nouveau Monde. Il eil étonnant de voir
combien l'on confume de fucre dans les ciiifmeii
& dans les Pharmacies : il n'y a point d'alimens
agréables , s'ils ne font aiTaifonnés de fucre , fur-tout
dans les deiïerts ; c'ell ce qui a donné naifTance à
im nouveau genre d'Artifles, (les Confifeurs) incon-
mis aux Anciens.
L'ufage m.odéré du fucn peut être très-utile ; car il
engraiffe , adoucit ce qui eil acre , émouffe les acides,
rend plus doux ce qui efl: âpre & préferve. les fruits
de la corruption , &c. Un petit morceau de fucre à la
iin d'un repas , après avoir beaucoup m.angé , aide la
digeffion, & arrête communément le hoquet. I^q fucre.
fondu dans de l'eau-de- vie , eft un très-bon vulné-
raire , &u*cfiile à la pourriture. Le fucre candi ou crif-
lallifé réduit en poudre &: foufflé dans les yeux ,
diilipe la taie de la cornée. M. Bourgeois dit que le
ficre canarie broyé fur une afîiette d'étain avec un
morceau de plom.b jufqu'à ce qu'il ait acquis une
couleur d'un gris-cendré , efî beaucoup plus efficace
pour cette maladie. Le fucre entre dans les firops ,
les marmelades, les éleûuaires , les tablettes , &: les
liqueurs & ratafias.
Les Anciens retiroient un fucre naturel du bambou ,
efpece de rofeau de l'Inde Orientale , appelé mamba.
ou hamho'è , dans la Province de Malabar. Ce bambou
eil le tahaxir à'^vicenne , que Juha dit croître dans
les îiles Fortunées ou Canaries , & produire du fucre.
On retire auffi une efpece de fucre gras & brunâtre
de l'érable de Canada; Foyei Érable & Bois de
Bambou. On efl parvenu à retirer auffi dai fucre de
plufieurs autres plantes , telles que la bette-rave & le
chervi. Il y a en lilande une efpece d'algue dont on
retire une forte de fucre; Voyez Algue. On retire de
i'apocin , dans les pays chauds , une efpece de nian/ie
ou de fucre nommé aihajjer. Voyez Apocîn.
Tome IL V y
(Î74 C A N
Il paroît encore par la tradition , que les Anciens
ont connu un fiicre qui naiffoit dans l'Arabie ; ce
fucre eft nommé par Archigem , lel Indien. Strabon ,
Lucaïn , Séncquc , Gallen , PUnc & Diofcorïâe en ont
également fait mention ; mais comme ils l'ont décrit
avoir toujours été mielleux , peut-être n'étoit-ce que
le fuc extrait du fruit q^xq porte le carmbur\ peut-
être auiîi n'étoit'ce que la manne , ou le miel y ou le
fucre du rofeau en arbre. Voyez ces mots.
Nous ignorons fi qç: fucre avoit bien la qualité du
nôtre ; étoit-il auiîî favoureux , aiifîi propre à nourrir ;
en \\r\. mot , étoit-il inflammable &: lufceprible de
phofphorefcence , comme le fucre des Modernes ?
On cultive dans quelques jardins l'efpece de canne
à fucre appeîéeyl'cr^ de Ravenne , Saccharum Ravennœ ,
Murr. 'è'^o '^ Gramen panïculatum arundinacemn ramojuîji^
panïculâ dznsâ fericcd y Tourn. 523. Cette plante
vivace eft auiîi de l'ordre des Graminées ; fa tige eft
ime efpece de rofeau haut de trois à quatre pieds ,
ferme , fouvent rougeâtre vers fon fommet ; les feuilles
font longues d'un pied , larges de trois à quatre lignes ,
ftriées & garnies d'une nervure blanche ; les fleurs en
panicule rameux , de fix à huit pouces , im peu Q.Qn{e ;
la balle fert de calice ; elle eft velue en dehors , ce qui
diilingue , dit-on , les fucres des rofeaux. Cette canna-
mellz de Ravenne fe trouve en Italie, en Provence &
dans l'Efpagne , fur le bord des niilTeaux Ck dans les
lieux marécageux.
On diilingue encore : La cannamellefpontanée^àes lieux
aquatiques du Malabar , Saccharum ffontaneum , Linn. ;
Kcrpa. ; Rheed. Mal. La cannamelU de Tènlriffe ., Linn.
fils. La cannamelle à éui cylindrique & droit , du Levant ,
de l'înde ck des contrées Méridionales de la France,
Gramen tomentofum fpicatum ^ Bauh. Pin. 4 ; Tourn. 518.
La cannamelle à épi plumeux & pourpré , de Madras ,
Tsjeria-kurbi'-pullu , Rhecd. Mal. La cannamelle à p-^.t
de punis , des Indes Orientales,
C A N 67.5
Canne Bamboche. Foye^ Bois de bambou.
Canne-Congo. A Cayenne on donne ce nom à
une elpece de roieaii qui elt le Jinoiirou de Barrcrc ,
7. Alpïna fpicata purpurca cannacorï foUis , ablctis conuni
ufirens^ Bcirr. Eff. p. 7; Jacuanga^ Piibn 1648, 98;
P^co càotinga , Pii'. 1658 , 214; c'eft Canachiri ài^s
Caraïbes : fa fleur efî: d'une feule fc-uille ; le calice ,
qui dans la fuite devient le fruit , eil enveloppé avec
la fleur dans une efpece d'étui. Le fuc exprimé de la
îacine de celte plante , bit en guife de tifane matin &:
Ibir 5 s'emploie avec fuccès dans le pays pour la gué-
iiibn des aphtes^ Malfon Ruft» à Vufagz de Cayenne.
Canne ou Jonc a écrire , Calamus fcrïptorlus y
aut Arundo fcrlptoria. Nom donné à une elpece de
rofeau dont on fait, dans une grande partie du Levant^
àit^ liylets pour écrire fur le parchemin ou fur le
papi.r.
En Italie on donne le nom de canu,e à une efpece
de rofeau dont on fe fert au lieu de dofTes , pour garnir
les travées entre les cintres dans la conftruclion des
voûtes. Les payfans s'en fervent auiTi pour couvrir
leurs niaifons. AVk^{ à l'article R.OSEAU.
Canne d'Inde. Foye^ Balisier.
CxiNWE iMARONE, (Seguine). Nicolfon dit, dans fon
ÉJjdifur rHlJl.-Naturi de Saint-Domingue^ que « cette
» plante ne doit pas être confondue avec la canne
>> dUndi , ni avec la canne de rivière dont parle Jacquin
y» au mot Alplnla, Sa tige efl ronde , droite , articulée ,
» divifée par des nœuds peu éloignés les uns <les autres ,
» d'un pouce de diamètre, haute de cinq à fix pieds, re-
» vêtue d'ime pellicule verte , jaunâtre , mince , coriace ,
» remplie d'une pulpe blanche , fpongieu{e, fucculente ,
» extrêmement mordicante , qui fait fur les étoffes &:
» fur le linge , une tache qu'on ne peut effacer; {^s.
» feuilles font larges , très-pointues , longues , liffes ,
» d'un vert foncé, aflez femblables à celles d'un jeune
>i bananier ; le5 anciennes fe fanent , & tombent à
V v 2
(Î7<î . C A N
» mefiire qii'll en pouffe d'autres. Il s'eîeve du centre
>> de la tige un corps cylindrique , alongé , qui efl le
^> fruit de cette plante. On n'y remarque ni corolle ,
M ni filets , ni piilil , mais feulement des anthères &i
» plufieurs nectaires difpofés autour du fniit. Cette
M plante croît fur le bord des étangs , des rivières Se
M dans les endroits marécageux. C'eft vm poifon
» violent. Quelques habitans la font entrer dans la
» compofition d'une leffive qui fert à purifier hficre».
Canne FÉTIERE- ou canne pétracc ou canne pkroitc»
C'efi la petite outarde.
Canne de Tabago. Voyc:^ â rartkk CccoTiER de
Guinée.
CANNEBERGE , ou Coussinet des ?^arais ;
Oxy caecum , Tourn. 431 ; Vacc'miiim ^ oxyccccos ,
Linn. 500. Cette plante qui rampe fur la terre, croît
dans les marais , & fes tiges îrè:>-déliées , filiformes ,
rameufes cC étalées fur la terre , perfiftantes l'hiver ,
font garnies de feuilles affez femblables à celles du
ferpolet , petites , ovales , oblongues , un peu roulées
en leur bord ; elles portent des fleurs purpurines ,
moncpétaîes , découpées en quatre parties , aux-
quelles fuccedent des baies rondes ou ovales , piquetées
de points rouges ^ &: ornées d'un ombilic purpurin en
croix; leur goût aigrelet les rend déterfives & aflrin-
'gentes , & M. Halhr dit qu'on les mange dans le Nord
après qu'elles ont éprouvé la gelée. Cette plante efl
du genre des Airelles.
CANNELLE, Clnnamcmum. C'eil la féconde écorce
d'un petit arbre appelé cannellier , lequel efl très-
comniun dans l'Ifle de Ceylan ; il y eft nommé par les
Naturels du pays , Kurundu. On en cultive maintenant
dans nos colonies en Amérique , mais en très-petite
quantité. Les Naturalifles le nomment Laurus cïmiamô"
mum , feu Cannella Zeylanica , C. B. Pin. 408 ; Cafjîa
cinnamomea^WoxX. Lugd. Bat. 129. CinnamomuirAx^^niti'^
aufîi arbre odorant de la Chine, Cet arbre, que Linnms
C A N &iy
idéligne aînfi, Laurus folïis ohlongo-ovads ^trlncrviis y
niticiis , planïs , croît à la hauteur de trois ou quatre
toifcs ; fes racines font groffes , fîbreufes &: couvertes
cî'une écorce qui a une odeur de camphre ; le bois en
efl dur , blanchâtre & fans odeur ; le tronc ell cou-
vert , aUiîi bien que les branches qui font en grand
nombre , d'une écorce qui eil verte d'abord &: qui
rougit enfuite avec le temps. Le bois reffemble à celui de
la racine ; fes feuilles , aflez femblables à celles du lau-
rier & du malabathrum , en différent par leur odeur de
cannelle. Cet arbre porte des ileurs petites , étoilées ,
blanchâtres 5 à fix pétales , & difpofees en gros bouquets
à l'extrémité des rameaux : elles ont une odeur admi-
rable , . &: qui fe fait fentir en mer à plufieurs milles
de diftance du rivage , lorfque le vent (buffle de terf e.
Aux Heurs fuccedent des baies ovales , loîigues de
quatre à cinq lignes , d'un brun-bleuâtre , tachetées de
points blanchâtres , & qui contiennent , fous une pulpe
verte ^ onQueufe , aftringente & aromatique , un petit
noyau caiîlmt qui renferme une amande de couleur
purpurine. Dans la faifon cii la fève efï abondante ^
& oii les arbres commencent à fleurir , on détache
î'écorce des petits canndlkrs de trois ans : on jette
l'écorce extérieure qui eil épaiffe , grife &; raboteufe.
On coupe par lames , longues de trois à quatre pieds,
l'écorce intérieure, (l'intermédiaire, entre l'épiderme
&; le hber ) qui eil mince ; on l'expofe au foleil ,
oc elle s'y roule d'elle-même de la groiTeur du doigt ;
fa couleur eft un jaune-rcugeâîre ; ion goût eil acre ,
piquant , mais agréable &; arom.atique ; fon odeur
eil très-fuave & très-pénétrante. L'âge des arbres „
leur poiition, leur culture , les diverfes parties de
l'arbre dont on retire la canndk , en font diilinguer trois
fortes : la fine , la moyznnz 6c la groffzere. La canmlk
la plus vantée eil celle que les Naturels du pays ap-
pellent vafcz comnde. Après qu'on a enlevé la cannelle ,
i'a-'bre reile nu pendant deux eu trois ans : enlin.
678 C A N
au bout de ce temps , le canmllUr fe trouve revêtu
d'une ncuvelle écorce , & eil propre à la même opé-
ration. M. Foivre , qui dans Ion voyage aux Indes
Orientales , a été en Cochinchine , nous apprend qu'il
s'y trouve , quoique en petite quantité , une cannelle
fupérieure à celle du Ceylan , & que les Chinois
payent trois ou quatre fci>; plus cher que celle que
les Hollandois leur apportent.
Toutes les parties du canndllcr font utiles : fon
écorce , fa racine , fon tronc , fes tiges , fes feuilles ,
fes fleurs &: fon fruit. On en tire des eaux diflillées ,
des fels volatifs , du camphre , du fiûf ou de la cire ,
àt^ huiles précieufes : Ton en compofe des firops , des
pallilles , des eiiehces odoriférantes , d'autres qui con-^
vertiffent en hypocras toutes fortes de vins , ou font
la baie de ces épices fuaves qui entrent dans la con-
fe£i:on de nos ragoûts : en un mot , le canndlkr eft
le roi des ar]}res à tous ces égards ; & c'eit ce qu'on
peut prouver par les détails fuivans.
On retire d'une livre de canndlz , lorfqii'elle eft
récente , plus de trois arcs d'huile eUentielle ; mais
très-peu lorfqu'elle eiî: vieille. Auffi l'huile de canndk^
que vend la Compagnie Hollandoife , eft-elle difiillée
à Ceylan ou à Batavia. Com.me cette huile efl d'un
bon débit , & qu'elle vaut jufqu'à 70 &: 90 livres
l'once , on la falfifie quelquefois en la mêlant avec
l'huile de girofle , ou mieux encore avec l'huile de
ben : l'excellence de fon parfum la fait employer dans
les mélanges d'aromates , qu'on ^omme pots-pourris^
Les Chingalois l'emploient comme flomachique ^l en
oignent leurs bougies pour parfumer leurs appartemens^
Du coton trempé dans cette huile efTentielle de canndk ^
& mis dans le creux des dents lorfqu'clles font mal ,
appaife les douleurs, parce qu'elle deiToche & brûl?
le nerf par fon âcreté cauiiique. Rien de plus agréable,
ni de plus admirable pour animer , échauffer & fortifier
tçvU d'un cou.p 1^ machine , tjue ccîle huile piife avec
C A N 679
du fiicre. Les femmes froides de la Géorgie & de
Goa , &c. en font ufage avec fuccès. Cette huile
eiîentielle de l'écorce du canmWxr va au fond de l'eau ,
quand elle efl pure : il la faut garder dans un flacon
hermétiquement bouché ; &: l'on a obfervé que la
plus grande partie s'efl quelquefois transformée en un
iel qui a les vertus de la cannelle , & qui fe difTout
dans l'eau. On retire aulîi par la diriillation de l'écorce
de la racine , une huile & un fel volatil ou camphre.
L'huile efl d'un goût fort vif; elle fe diffipe aifé-
taQnt : fon odeur tient le milieu entre le camphre &c
la cannelle. Elle eft employée extérieurement , aux
Indes , dans les rhumatifmes 6c dans les paralyfies ;
on l'y donne intérieurement broyée avec du fucre
pour provoquer les fueurs , les- urines , & chalTer les
vents. Le camphre de la cannelle çû très-blanc : il a
ime odeur beaucoup plus douce que le camphre ordi-
• naire ; il eft très-volatil , s'enflamm.e très-prompte-
ment, &c ne laiiTe point de réfidu après avoir été
brûlé. Les Indiens efliment ce camphre le meilleur
dont on puiiTe faire ufage en Médecine ; on le garde
avec foin &i on le defline pour les Rois du pa^'s , qui
le prennent comme un cordial d'une efficacité peu
commune. On obtient , par la diilillation des feuilles
du cann.ll'.er , une huile à odeur de girofle , d'abord
trouble , mais qui s'écîaircit bientôt & acquiert pref-
que les mêmes propriétés que celle de l'écorce ; cette
huile paffe dans le pays pour un correctif des violens
purgatifs. On fait ufage des feuilles dans les bains
aromatiques. L'eau diftillée des fleurs de cannelU a une
odeur des plus agréables. On s'en fert pour ranimer
les efprits , pour adoucir la mauvaife haleine , &:
pour donner du parfum & de l'agrément à différentes
fortes de mets : on en fait aufu une conferve d'un
trè:,-bon goût. Les fruits donnent deux fortes de fub-
flances ; on en tire par la diflillation une huile effentielle
dont l'odçur tient du girofle ; du genièvre 6c de la
Vv 4
'68o - C A N ^
cannelle : par la décoction on en tire une efpec^ de
graiffe d'une odeur pénétrante , de la couleur &; de
la confiilance du fuif , & qu'on met en pain comme
le favon. La Comnasinie des Indes Orientales Hollan^
doile nous l'apporte fous le nom de cire Je cannelle^
parce que le Roi de Candy , Province du Mogoliilan ,
en fait faire fes Bougies & fes flambeaux , qui rendent
une odeur très-fuave , & font réfervés pour fcn ufage
& celui de fa Cour. Elle fert d'un remède intérieur 6c
extérieur chez les Indiens , foit pour les contufions ,
foit dans les onguens nervins. Quelques Voyageurs
prétendent ou'on en fait aujo\u"d'hui une excellente
pommade oaorante pour nettoyer & adoucir la peau ,
pour les petits boutons , les gerçures , les enge-
lures , tkc,
Dans les vioix troncs du canmlller , il y a des
nœuds réfmeux qui ont l'odeur du bon bois de rofe.
Nos Ebcniftes pourroient en tirer parti pour certains
ouvrages.
En Europe , la cannelle &c toutes les fubilances qu'on
€n retire , données à propos , font un excellent effet ,
comme cordiaux & flomachiques chauds ; mais leur
ufage trop long- temps continué 5 difpofe à l'inflamma-
tion : un peu de cannelle dans une médecine , en corrige
le mauvais goût , oL prévient les flatuofités &: les
tranchées.
Les Ilollandois font prefque parvenus à faire feuls
le commerce de la cannelle , ainfi que celui du ^irojh
& de la mufcade , en conquérant fur les Portugais ,
d^'un côté , les iHes Moluques , qui produifent feules
le girofle ( Voye^ Girofle ) , &: de l'autre , l'îfle
de Ceylan , autrefois Taprobane , feule féconde en
canndU. Les ^oUandois , poyu fe rendre maîtres exclu-
fivementdu commerce de cette écorce precieufe , après
avoir chaffé les Portugais de Ceylan , conquirent
encore fur eux le Royaume de Cochin fur la côte de
Malabar, pQvir leur' enlever' fe comiriefç^ d'une can-.
^. ^ C A N ^ 6Si
mile qui croiffolt dans ce pays , &C qu'ils vendoient
fous le nom de cannelle Portugaife , cannelle fauvagc
ou cannelle gr'ife. La première chofe qu'ils firent après
cette conquête <» fut d'arracher cette cannzlk (auvagc.
Toute la cannelle dont les Holîandois fcurniflent les
deux hémifpheres , fe récolte dans un efpace d'environ
quatorze lieues , le long des bords de la mer à Ceylan.
Cet endroit, qui porte le nom de champ de la cannellz^
eft depuis Negambo jufqu'à Gallieres. Ils ne laiilent
croître qu'une certaine quantité de ces arbres, & ont
im grand foin de faire arracher de temps en temps une
partie des cannellïers qui croiffent fans culture ^ ou
même ceux qui feroient cultivés ailleurs que dans
certains diflrids de l'ïfle , fâchant par une expérience
de plus de cent vingt ans , la quantité de cannelle qu'il
leur faut pour le com.merce , ck perfuadés qu'ils n'en
débiteroient pas davantage , quand même ils la don-
neroient à meilleur marché. On eilime que ce qu'ils
en apportent en Europe va à iix cents mille livres
pefant par an, & qu'ils en débitent à-peu-près autant
dans les Indes. Il s'en conlbmme une grande quantité en
Amérique , particulièrement au Pérou , pour le cho-
colat dont les Efpagnols ne peuvent fe paffer. Telle
eil l'hiiloire abrégée de la cannelle , ce^tréfor de luxe
6c de commerce , qui de fuperflu eft devenu nécelTaire.
Nous donnerons à l'article Muscade , un détail de
ce que les Holîandois font en Europe quand la récolte
de la cannelle , du projle & de la miifcade a été mé-
diocre, & quand elle a été abondante.
Cannelle blaîsîche ou Cannelle du Pérou,
Cojlus conicofus. C'eil la deuxième écorce du canndlier
propre à l'Amérique , Cinnamomum Amerïcammi , can^
nella P émana ^ C. B. ; Cafjîa cinnamomea ^ Pluk.
Elle eil nommée dans l'Ifle des Tortues & à Saint-
Domingue , cannelle bâtarde poivrée : elle efl en gros
rouleaux épais, d'un blanc fale-, d'une odeur aro-
pîaticjuej à d'un goût qui tient dç la camielle 3 du
682 C A N
girofle &c du gingembre. L'on prétend , fans fon-
dement , que l'arbre qui la porte eft le même que
celui qui donne le caffia-lignea , dont le goût eft
diîFcrent ( f'^ojc:^ ce mot ) , mais qui , tranfplantë dans
la Jamaïque , a beaucoup changé. Ce même arbre ,
que M. Linnœus range parmi les efpeces de laurur ^
& M. Adanfon dans l'ordre des garous , eit aujour-
d'hui cultive dans les Terres Magellaniques , où il efl
appelé , comme à Madagaicar , jimpi, C'eft de cet
arLre que découle la gomme alcuchï.
Quelques-uns ont confondu avec la canndU blanchi
réccrce appelée icom dz Wïnur ^ du nom de GuiUaumc
Wmte'- , Capitaine de vaiiieau , qui accompagna ,
en I 567, François Drack julqu'au détroit de Magellan,
fans aller p-us loin. Wïnur a découvert cette écorce
fur les côtes de Magellan ; c'efl le premier qui l'ait
apportée en Europe. Cette écorce avoit été fort utile
à tous ceux qui étoient fur fon vaifleau ; elle leur
avoit fervi d'epiçes pour leurs mets , & d'excellent
remède contre le fcorbut. Les habitans du détroit de
Magellan font toujours munis de ctt antidote , pour fe
prélerver des accidens qui arrivent à ceux qui mangent
imprudemment de la chair de lion marin , ù. qui elr \m
veau marin vénéneux, ^(Ojy^:^ ces mots ; auiïi appellent-
ils Vkorci de Winur , écorce fans pardlU, On la vend
encore quelquefois dans la droguerie , fous le nom
^korce dz caryocojlin. Cette écorce efl roidée en tuyaux,
grifaire , un peu fongui ufe , chargée de crevafiés ,
intérieurement lolide , denfe , rouflâtre , d'un goiit de
poivre aromatique &: d'une odeur pénétrante. Comme
ti'e e(l fort rare en Europe , on lui fubftitiie toujours
Ja cannelle blanche. Voyez maintenant Écorce de
\yiNTER.
La cannelk blanche fert aux habitans de la Jamaïque
dans les n^coûts à la place du poivre & des clous de
girofle : fon u'age nuit à ceux qui ont le tempérament
bieux &: cciiaLiitç, On en ccnSt dans la verdeur j
C A N 68>
alors on l'emploie avec un grand fuccès contre le
icorbut.
L'arbre qui donne la canndU blanche ne s'élève guère :
fa tige tfl droite, peu greffe . On y diflingue deux écorces ;
l'une externe qui eft liile , grifâtre ; l'autre interne
qui eft blanchâtre, plus épaifle que mince , d'un goût
aromatique & piquant ; ion bois ell dur , pefant ,
quoique corruptible ; fes feuilles fermes , bien nour-
ries, d'un vert obfcur, attachées par un pédicule au
fommet des tiges , difpofées par bouquets , garnies de
trois côtes faillantes , d'une faveur de canndU ; les
fleurs font à cinq pétales, de couleur pourpre-violet;
il leur fuccede un petit fruit arrondi , très-aromatique.
Cet arbre fe trouve dans les Ifles , à Saint-Domingue
dans les mornes. On fait avec fon fruit une liqueur
ftomachique très-agréable.
Cannelle DE la Chine. Il croit à la Chine, fur
quelques montagnes , une efpece de cannelle de couleur
griie , qui , quoique plus épaifTe & moins odoriférante
que celle de Ceylan , ell cependant a-iïez bonne , & croît
en allez grande quantité , pour qu'on n'ait point befoln
à la Chine de celle de Ceylan.
Cannelle Giroflée ou Cannelle noire ,
EcoRCE DE Girofle , Bois de Girofle , Capelet,
Bois de Grave , ou Bois de Clou du Para ,
Canmlla caryophyllata, C'ell: une écorce roulée comme
la cannelle , mais un peu plus grofie , grifâtre exté-
rieurement , brune , noirâtre , & comme rouillée en
dedans , d'une légère odeur de girofle. Sa faveur ell
plus m.ordicante , & approche de celle du girofle , ce
qui la fait nommer , quoique improprement , éccrcc de
gircjlc ^ car elle ne fe tire point de l'arbre qui porte
le girofle , m.ais d'un autre que l'on ne connoit pas
encore , & qui croît dans les Ifles de Cuba & de
Madagafcar, dans le Bréfil & dans les provinces Mé-
ridionales de Guianc & de Maranhon. Barrerc , France
MquinaxiaUy dit cependant que ç'eft un fort cubrifeau
684 C A N
qui croît dans la terre ferme du coté de la rlvîefe
d'Ourapeu : Myrtus arborea caryophyUi aromatid odore ,
BaiT. , Eugenhi , & qu'il a vu des carbets d'Indiens faits
tout de ce bois , qui eil aromatique. C'eil le caningua.
de quelques Auteurs. Les Indiens le nomment en leur
langue ravmd-fara. Les Portugais appellent fon écorce
canndia gafofanatà : elle eit la bafe de leurs épices.
Les Colporteurs &c autres gens de mauvaife foi ^
altèrent le clou de girofle en poudre avec cette écorce,
qui eil à meilleur marché. L'arbre dont on retire la
^anntlk girofiie , porte des fruits de la grolTeur des
noix de galle, ayant l'odeur ^ la faveur du girofle;
ce qui les a fait nommer improprement noix de girofle ^
ou noix de Madagafcar. Les Indiens les nomment vao-
ravend-fara , &: par corruption,- arahim-jara, L'écorce
& les fruits font céphaliques , flomachiques , & peu-
vent être employés en aflaifonnement. Il efl parlé de
ctXXç: écorce -dans la. Matière Médicale^ fous le nom de
Cafje giroflée. Voyez ce mot.
M. de la Condamine dit que le fruit du bois de Cravc
cil: à peu près de la groffeur d'une olive , & qu'îl
entre dans la compofition de diverfes liqueurs fortes
en Angleterre & en Italie. Le bois 4e Grave , dit cet
Académicien , eft fort commun au Para , ville Por-
tugaife près de la rivière des Amazones , où les habi-
tans l'appellent pao de cravo, .C'efî le palo de clavo
des Efpagnois.
Cannelle matte. C'efl: le nom qu'on donne
à l'écorce des vieux troncs de cannelliers / OC qu'on
rejette , étant fort inférieure par fon odeur ^ fon goût
^ fes vertus, à la ûxié cai2ndle. , . ]
'Cannelle FOI VRÉE.. A^(>y^{ Cannelle blanche.
Cannelle sauvage. Dans nos colonies Améri-
-caines , on donne ce nom à un véritable caundlier
dont- - l'écorce n?a pas la bonté dé celle de Ceylan ,
mais qui pourra 1 acquérir par la culture , c'eil:-à-dire>
-par-unetranfplaatiition répétée. On dqnne auffi Iç
C A N 6S^
nom de hoîs de canndk à l'écorce appelée camidU
blanche. L'arbre qui la donne efî le canndlkr du Pérouç
Voyt7^ Cannelle blanche.
CANNELLIER DE WINTER. Voyci à Urt'uk
Cannelle blanche.
CANONNIER. Foye^^ Bombardier.
CANOT des Sauvages, ou Pirogue , Zz;z/£t.
De même que les hommes polices , les Sauvages ont
leur induflrle. De fimples écorces d'arbres font les
barques de ceux-ci ; on les a appelés canots^ parce
que lès Sauvages ne s*en fer virent d'abord que fur
des canaux qui communiquoient à"de' grands fleuves;
Les crz^o/^ n'étant point leiîés, ils ont été de tout
temps fujets à fe culbuter : le Sauvage s'en effraya
dans les premiers momens ; mais enhardi par le belbin
& Tadreife 5 il apprit à fe jeter à l'eau, à nager, à
braver èri quelque forte cet élément , & fut bientôt
relever fa barque , la vider & la remettre à flot. Il
y a des Sauvages qui courbent les éccrces d'arbres
avec art^ les aiTujettiffent ^ leur donnent une forme
dé gondole. Ces pirogues font très-légères , elles n'ont
que deux ou trois pieds de largeur t<. douze à qua-
torze de longueur.- Lorf qu'en voguant les Sauvages
rencontrent des chutes d'eau, des catarades , ils vont
abord pour defcendre à terre: ils portent la barque
flir leurs épaules , &: la remettent à flot au-delà de la
catara£le. Les Sauvages du détroitde- Davis & les Groen-
îandois eonftruifent des pirogus-s qui flottent & V02;uent
fwu^ les eaux avec une légèreté -étonnante , & qui ne
-peuvent jamais être fubmergées. Ces canots font formés
'd'un cMlîîs en bois recouvert ' de peau de chien de
mer'ou 'd'iin autre cuir bien tendu ;. ce font autant
de coiires longs, très - pointus par les deux bouts.
Le Sauvage ménage un trou dans le ïtiilieu/s'y place,
s'y feeen fe fanglant le pourtour du corps avec la
peku même qui tait partie du canot ^ en cet endroit ;
il mgé fur î'eau comme uja balioji^ ^^m rames lui
6È6 C A N
fervent à ie conduire où il veut , 6c à exécuter les
lïîouvernens ou les contre - temps les plus brufqiieSrf
On le voit attaquer hardiment les baleines à coups
de harpon ; fou vent d'un coup de queue la baleine
lance en l'air l'homme 6c la pirogue , qui retombent
&i furnagent auiïi - tôt. On voit de ces canots k
rAmiraiité d'Amfterdam , dans le Mujkum de Londres
Ôc ailleurs.
Les canots des Nègres de Guinée font des troncs
d'arbres qu'ils ont creufés exprès. Huit à dix hommes,
tous poiuvus de rames , s'y tiennent à la file l'un de
l'autre ; ils font voler cette pirogue fur la furface des
eaux avec tant de rapidité , qu'vme chaloupe ne peut
les fuivre : un bâton dans le milieu fert de mât ; des
nattes de jonc fervent de voiles. Sur les bords du Sé-
négal 5 on fait avec le tronc du ceiha des pirogues
bien phis grandes. Voyc^^ à r article Ceiba. M. l'Abbé
TeJJîer , dans un Mémoire lu à l'Académie des Sciences,
dit qu'à la Louifiane on fait, avec un feul tronc du
Cyprès à feuilles d'acacia , Cuprejfus dijîicha ^ Linn*
plufieurs pirogues d'un pouce d'cpaifl'eur , &: en état
de porter juiqu'à quatre milliers & au-delà.
CANSCHY , efl un gros, arbre du Japon, dont les
habitans du pays fe fervent pour faire une efpece de
papier. Foye^ à la fuite de l'article PAPYRUS, au mot;
Papier.
CANTARELLE. Voyei Proscarabée.
CANTHARIDE, Mouche Canth aride ou
Mouche d'Espagne , Canthandes. La caïuharide n'efl
point une mouche , c'eft un fcarabée obîong , dont
les ailes membraneufes font recouvertes par des étuis
id'un vert-doré. M. Ddeii^e dit avec raifon qu'on donne
quelquefois, dans le langage vulgaire, le nom dt can-'
iharidcs à divers infectes coléoptères qui ne reffem-
blent aux camkaridcs eue x?r la couleur , tels que le
grand buprefte vert-doré , ^'émeraude , &c. Voilà pour-
,quoi on cite plufieurs efpeces de cantJmridis qui dif-
C A 5l '6îi
ferent entre elles par leur grandeur , leur ' figure 6c
leur couleur : il y en a de plus greffes qu'un hanneton.
Entre ces cantkarides il y en a dont la couleur ell de
pur azur ; lés autres paroiffent ornées d'or pur; d'autrc^s
Ibni mêlées d'or &: d'azur étincelans ; d'autres enfin
font d'un vert-bleu doré ; mais toutes ont un brillant
qui charme la vue. Celles dont on fait ufrige dans lei
Pharmacie , & qui font les véritables , ont environ
neuf lignes de longueur , fur d. ux ou trois de large :
elles font d'une couleur verte , luifante , azurée , mêlée
de couleur d'or. La Nature les a habillées fuperbement.
La bouche de cette efpece d'infe£le cantharlde eil
munie de mâchoires & de dents , avec deux efpeces
de pinces articidëes , propres à faifir & à approcher
la nourriture de leur bouche. Sur le front font àQS
yeux de couleur d'or, un peu faillans ; & au-deffous,
deux antennes noires , fihfbrmes , pyramidales & qui
font mobiles au moyen de douze articulations égales.
Le fommet de la tête eft partagé en deux hémifpheres
extrêmement liffes. Cet infeôe a fix jambes. M. Geoffroy
divife les cantkarides en deux familles : la première à
tarfes nus & fans broffes ou pelottes ; la féconde
famille a les tarfes garnis de pelottes. Les deux pre-
mières paires de jambes ont cinq articulations aux
tarfes, & la dernière en a quatre. Son corfelet efl: un
peu raboteux &; non bordé , cependant il y a une
pointe mouffe de chaque coté. Sa poitrine un peu
aplatie , efl: remplie intérieurement de trachées ou
vaiffeaux aériens , avec leurs valvules d'une flni£lure
merveilleufe. Les fauffes ailes font flexibles, àc les
-côtés du ventre pliffés.
Les cantkarides naiffent d'œufs d'où fortent des ver-
milTeaux qui ont une figure approchante de cqWq
d'une vraie chenille : ces larves habitent dans les terres
& pénètrent fouvent dans les fourmillieres , où elles
fe nourriffent de fourmis & de nymphes de fourmis,
cUçs y font mê»ie levu* coque. Les mouches cantha-
688 C A N
rides font plus communes dans les pays chauds &
dans les provinces Mériaionales de la France , que dans
les pays froids : il s'en trouve cependant prefque par
toute l'Europe dans . certains temps de l'année. Ces
mouches dévorent les feuilles de plufieurs efpeces
d'arbres & arbriffeaux , tels que les chèvrefeuilles ^
lilas > rofiers , noyers , troènes & peupliers : les
feuilles <le la grande efpece de frêne font fujetîes
au/Ti à être dévorées par ces mouches ; elles caufent
encore beaucoup de dommage aux blés ôc dans
les prés. ,::
Quelques-uns prétendent que l'accouplement des
cantharïdis eil vif , & néanmoins qu'il dure aifez long-
temps. Elles s'accouplent fur les arbres dans les plus
grandes chaleurs du jour. On prétend encore que les
plus groiîes cantharicks ^ c'eil- à-dire les femelles pleines
d'œufs, font les avances &: montent alors fur les mâles ,:
cette attitude ne feroit pas fans exemple dans l'Hiftoire
. à&s> infectes. Mais M. le Vicomte de ^Qncrhcént , homme
■ infrruit, nous mande ^quef>> ceux qui ont parlé de l'ag-
coupiement des cantkarldcs {q font trompés , lorfqu'ïls
ont dit quil étoit fort vif. ïls ont pris le prélude de
,î accouplement pour , l'accouplement mqme. Le mâle
beaucoup plus ardent que fa femelle ,. après être
monté fur elle , tache de d'exciter à répondre ^(q^
défirs par des mouvemens brufques ôc fréquens de la
partie poflérieure de fon -corps contre celle de, fa fer
melle , & en lui pinçant :1a tête à plufieurs reprifes.
Ge - n'eil qu'après , ces .préludes , qui . font quelquefois
longs, que raccouplemenî a ^ea,;^; pendant lequel
ces infedles attachés fortement, i'n-n à l'autre , iont
.tranquilles. Cette adhérence du îîifiie à la femelle efi il
.foi-te qu'en les mettant, lorsqu'ils. font ^accoiiplés , dans
dvL .vinaigre, ils y péiifTent.faus fe^féparer. Quoique
jaie icuvent , obfervé ces infe£les, je n'ai jamais viii
les fe,niielles monter far les. mâles ^&: je. doute mpm^
que cela foitj vu la pétulance dçs d^nycr§.«, :!^
C A N 689
Les canthandes multiplient beaucoup , & font
quelquefois réunies en fi grand nombre , qu'elles
paroifTent en l'air comme un efTaim qui feroit
pouffé par les vents ; alors elles font précédées par
ime odeur défagréable qu'elles répandent au loin ,
fur -tout quand le foleil efl prés de fe coucher.
Ordinairement cette mauvaife odeur qui approche
beaucoup de celle de la fouris , fert de guide lorf-
qu'on cherche à ramaffer de ces infeftes pour les
faire fécher. Quand ils font fecs , ils deviennent li
légers 5 que cinquante pefent à peine un gros. Les
parties volatiles qu'exhalent les canthandes font iî
vives & fi corrofives , qu'il arriva à un hom.me
d'être attaqué de la fièvre pour s'être endormi feus
un arbriffeau où il y avoit des cantharides , & en
avoir refpiré la mauvaife odeur. Au rapport de
Boyle , quelques perfonnes pour avoir tenu dans
leurs mains des canthandes feches , ont fenti une
douleur confidérable autour du col de la veffie , &
' ont même eu quelques-unes des parties qui fervent
à la fécrétion de lurine , oiienfées. Les Auteurs de la
Matière Médicale nous apprennent que des domeftiques
ayant ramaffé fur des frênes, dans un beau jour d'été,
une grande quantité de canthandes fans précaution &:
avec les mains nues, furent enfuite attaqués d'une
ardeur d'urine à laquelle fuccéda un piffement de fang.
Une perfonne ayant pris en potion des cantharides qui.
lui avoient été ordonnées pour un emplâtre , en fut
empoifonnée : tout ce que l'on put faire à force de
remèdes , fut de lui fauver la vie ; mais elle en perdit
la raifon.Oans ces cas , les rem.edes les plus avanta-
geux font les adouciffans & les mucilagineux ; tels
que l'huile d'olive , celle d'amande douce , le lait pris
en grande abondance , les émulfions. On peut encore
prendre des demi - bains d'eau tiède , & faire , s'il ell
poffible , des injedions dans la veffie avec de la décoc-
tion de graine de Un, de racine de guimauve & de
Tom6 //• X X
6^0 C A N
nénuphnr. Le camphre pafTe aiifTi pour être un puiffant
correCtït du venin de ces infe6^es.
Quoique les cantharidcs , prifes intérieurement ^
piiiiî'ent être regardées comme un poifon , quelques
Médecins en ont prefcrit l'ulage intérieur avec iliccès ,
en les mêlant avec quelque corredif , dans l'hydro-
pifie & les fupprelîions d'urine. On fait grand ufage
des cantharidcs à l'extérieur : c'eft la bafe de tous les
véiicatoires qu'on prépare pour l'ordinaire en mêlant
de la poudre de cantharidcs avec du levain ou quelque
onguent convenable. On les applique dans les cas
où il faut réveiller le fentimerU dans quelques parties ,
ou détourner les humeurs qui menacent de quelque
dépôt dangereux. M» Bourgeois obferve que les Mé-
decins modernes font un ufage beaucoup plus fréquent
des cantharidcs appliquées extérieurement , que les
Anciens ^ & preique toujours avec un grand fuccès
dans un grand nombre de maladies aiguës , fur-tour
dans les fièvres putrides malignes , miliaires , fièvres
chaudes, le mal de gorge gangreneux, dans tous les
cas où le malade eft menacé ou attaqué de rêveries.
L'ufage de ce remède , tant intérieur qu'extérieur ,
demande beaucoup de prudence & d'expérience de la
part du Médecin. Nous avons connu deux jeunes gens
<]ui vivoient avec des courtifanes : celles - ci les ayant
prefque épuifés par la fréquence de l'adle vénérien ,
& voulant rappeler chez eux les feux éteints de
i'amour , elles leur firent avaler à leur infu de la
poudre de cantharidcs dans des truffes. Les deux
athlètes fe trouvèrent attaqués d'un priapifme con-
tinuel , les urines devinrent enfanglantéél ; ils en
moururent. Nous devons ajouter ici une obfervation
du célèbre Dodeur Werlhoff fur l'efficacité des can--
tharidcs pour prévenir les fuites de la morfure des
animaux enragés. Ce Médecin eft toujours parvenu
à dompter ce venin en en faifani prendre intérieure-
ment un grain chaque jour pendant fix femaines ,
C A N .691
avec un grain & demi de mercure doux & dix grains
de camphre ; le tout incorporé avec le mucilage de
la gomme adragante.
On trouve , au rapport à^Aldrovande , aux environs
de Bologne en Italie , des cantharides aquatiques qui
ont à peu près la forme d'une punaife. Leur couleur
noire paroît verte au foleil. Lorique ces mouchés
font portées fur les eaux, elles jettent un éclat auilî
brillant que celui de l'argent. Ces cantharides aqua--
tiques volent aufli quand elles veulent.
CANTHENE, S parus cantharus ^ Linn. ; Cantheno ^
des Efpagnols. Poiiîbn du genre du Spare : il eft affez
commun dans la Méditerranée; il eft très -connu à
Borne & à Gênes : fa chair a le goût de celle du
fargue. Ronddet penfe que le nom de cantharus donné
à ce poifTon , & qui iignifîe en Grec un efcarbot^
défigne %. manière de vivre de ce poifTon , qui aime
à fe cacher dans la fange , & s'y tient plongé pendant
l'hiver , femblable en cela à Pefcarbot auquel las lieux
les plus fales fervent de retraite ordinaire. JFillughby
dit que ce poilTon a les dents arrondies & aiguës ; le
corps eft noirâtre , marqué dans fa longueur , de
pluiîeurs lignes jaunâtres ; les iris des yeux ont un
éclat très-argenté ; les lignes latérales fort larges &
très-apparentes. C'eft notamment aux bords des ports
de mer , à l'embouchure des fleuves , & dans les en-
droits où les flots entraînent & dépofent les immon-
dices , que l'on prend ce poiflbn.
C ANUDE ou C ANUS, Labrus Cynœdus^ Linn. PoiiTon
de mer, du genre du Labre ; il fe trouve dans la Médi-
terranée. Selon Rondelet , fa chair eft molle , friable ,
fans vifcofité , & facile à digérer. Il fe tient entre les
rochers ; fa longueur eft d'environ un pied ; fa gueule
cil petite; les dents font ferrées les unes contre les
autres ; le dos eft rouge , & le refte du corps jaune.
La nageoire dorfale s'étend depuis la tête jufqu'à la'
ijueue^ ôc eft garnie de raygns épinçvix.
69i e A N _
CANUT , Canutus, Cet oifeaii quî vît committie-
ment dans le Nord de l'Europe , fe trouve fouvent
dans les provinces Septentrionales de l'Angleterre où
il eft nommé knot ; il eil à peu près de la groiTeur
de la maubêchc gr'ife ; il efl du LXXV^ g^nre de la
Méthode de M. Bnjfon. A chaque côté de fa tête
eft une bande blanche, au-deffiis de laquelle en eft
une autre d'un brun foncé. Il eft varié de blanc &
de cendré-brun par des taches qui imitent un croif-
fant 5 à la partie inférieure du dos & au croupion :
le bec eft d'un cendré très - foncé , les pieds & les
ongles d'un brun-verdâtre. Cet oifeau , qui fe nourrit
fur lé bord des eaux , eft très-bon à manger lorfqu'iî
cft gras. Fillughby dit que cet oifeau étoit le mets
favori du Roi Canm , d'oii vient le nom qu'on a
donné à cet oifeau.
CAOLIN. Voyci Kaolin.
CAOUAC. Dans les Iftes du Vent on donne ce
nom à une efpece de tuf jaunâtre qui y eft très-abon-
dant y & que l'on vend fecrétement dans les marchés
publics. Les Nègres Caraïbes font ft friands de cette
terre , qu'il n'y a point de châtimens qui puiftent les
empêcher d'en manger : le défir accroît par la défenfe ,
ils ne peuvent y réfifter. Cependant cette terre que
les Noirs mangent aufîi dans la Guinée , leur caufe
un mal d'eftomac mortel. On regarde comme perdu
un Nègre qui en eft attaqué. Voyage, à la Martinique»
CAOUANNE. Nom donné à une efpece de tortue
de mer. Voye^ a l'article Tortue. Plufieurs Natu-
raliftes regardent la caouanne comme une efpece on
variété du carret. Voyez ce mot.
CAOUT-CHOUC. Voyei Résine élastique.
Fin du Tome fécond.
.g***?.
'^^
'âh.. à,
^^
-Nj"
hy