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Dictionnaire Étymologique
de la
Langue Française
DU MEME AUTEUR
LIBRAIRIE HACHETTE ET C'"
Rutebeuf (dans la Collection des Grands Écrivains français).
LiftRAIRIE CHAMPION
Revue de philologie française. Paraît depuis 1887. Tables à la
fin des tomes X et XX.
LIBRAIRIE LE SOUDIER
Grammaire raisonnée de la langue française, préface de Gaston
Paris.
Notions d'histoire de l'orthographe.
Cours de grammaire française, en collaboration avec M. Gou-
gère, directeur d'École normale.
Grammaire classique du français.
1811-13. — Coulommiers. Imp. Paul BRODARD. — P12-13.
Ui CLE DAT
Professeur à l'Université de Lyon.
Dictionnaire Étymologique
de la
Langue Française
TROISIEME EDITION REVUE, CORRIGEE
Ouvrage couronné par V Académie française
PARIS (1
LIBRAIRIE HACHETTE ET G'^
79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, "79
V
t
191
Tous «Iroils de traduction, de reproduction
et d'adaptation réservés pour tous pays.
PREFACE
Lorsque Auguste Brachet a fait son dictionnaire
étymologique, qui, avec celui de Scheler, a mis à la
portée du grand public les premières découvertes des
romanistes, les études de phonétique française com-
mençaient seulement à se développer, et c'est le point
de vue phonétique, alors nouveau, qui devait prévaloir
dans la conception d'un pareil livre.
Aujourd'hui il n'en est plus ainsi; il y a des ouvrages
spéciaux, facilement accessibles, et si la discussion
phonétique des mots conserve naturellement son impor-
tance dans les livres d'érudition, Ihistoire des sons doit
nécessairement céder le pas, dans un dictionnaire de
vulgarisation, à l'histoire des sens.
C'est pourquoi il nous a semblé indispensable de
classer les mots par familles, parfois même de rap-
procher les mots de familles différentes, mais de sens
analogues. Chaque groupe se trouve placé, suivant les
cas, sous le mot qui offre la forme la plus simple ou
sous le dérivé qui se présente le premier dans l'ordre
alphabétique. Mais comme chaque mot figure à son
rang alphabétique, sauf à être suivi, quand il y a lieu,
d'un simple renvoi, il est toujours facile de se retrouver.
Le renvoi ne préjuge pas la question de dérivation, il
VI PRÉFACE
avertit seulement que le mot est expliqué dans l'article
visé.
Ce sont les mots d'origine gréco-latine qui forment
les familles les plus nombreuses i ; pour en faire saisir la
filiation, il est souvent nécessaire d'indiquer le supin
du verbe latin à côté de l'infinitif, et de donner deux
cas du même nom, surtout pour les noms neutres.
Lorsqu'un cas suffit, c'est l'accusatif qui est indiqué,
en grec comme en latin (sauf, suivant l'usage, pour les
noms féminins de la première déclinaison), parce que
les formes françaises se rattachent en principe à l'accu-
satif.
Quant aux mots qui ne viennent ni du grec ni du latin
et qui se présentent isolément ou avec un très peiit
nombre de dérivés, il nous a paru suffisant de marquer
leur origine par un terme général, tel que germanique
ou celtique, en mentionnant à l'occasion, pour les mots
germaniques, la forme actuelle allemande ou anglaise.
Nous transcrivons les mots grecs en caractères latins,
e et d représentant Vêta et ïoméga. Pour comprendre
les transformations que les sons grecs et latins ont
subies, il est indispensable de les reproduire avec leur
véritable valeur. Toutes les letti'es se prononcent,
e n'est jamais muet, il n'y a pas de voyelles nasales (par
exemple an sonne comme a suivi d'une n) ; au se prononce
aw, ai comme l'interjection aïe. Le c a la valeur Ar, même
devant e, i, et g est aussi toujours dur. L'm latin se
prononce ou, le jf comme un y, le v comme un li; anglais.
Enfin, pour se rendre compte de la formation populaire
des mots d'origine latine, il faut placer l'accent tonique
comme les Latins, c'est-à-dire presque toujours sur la
pénultième; dans les mots de formation populaire, la
place de l'accent français indique sauf de rares excep-
tions celle de l'accent latin. Étant donné le mot latin luna^
qui a produit le français lune, si on dit luna comme on
1. Lorsque le français remonte au grec par rintermédiaire du latin,
nous donnons de préférence le mot grec, à moins que la forme latine ne
Boit nécessaire pour cotnprendrç la forme française.
PREFACE VII
prononce il pluma, avec ii français et en appuyant sur
la dernière syllabe, on profère un mot barbare, qui n'a
jamais appartenu à aucune langue; si on dit louna en
appuyant sur la première syllabe comme dans le fran-
çais lune, et en donnant à Va sa valeur latine, on a
l'avantage de prononcer comme faisaient les Latins, à
très peu de chose près, et comme les Espagnols et les
Italiens prononcent encore le même mot.
Bien que les mots français viennent souvent de formes
latines altérées par le langage populaire, nous donnons
toujours aux mots latins la forme classique, c'est celle
qui importe pour la généralité des lecteurs; d'ailleurs
ceux qui s'intéressent à la phonétique sauront bien par
exemple que, si naître « se rattache » au classique nasci,
il ne peut dériver que d'une forme populaire *nascere.
Il ne faul pas chercher dans ce livre des définitions,
mais seulement, sauf exception, des éléments histo-
riques de définitions. S'il est utilisé pour l'enseigne-
ment, comme nous le souhaitons, nous concevons très
bien un exercice qui consisterait à faire établir par les
élèves la définition d'un mot, en parlant de l'étymologie,
et en précisant les modifications diverses que l'usage a
introduites dans la signification première. On apprendra
vite à connaître les conditions générales du dévelop-
pement des sens des mots. En les étudiant de près, on
a pu réduire à quatre les procédés logiques de trans-
formation '. Ce sont d'abord 1' « extension » et la « res-
triction », qui, en supprimant ou en ajoutant une parti-
cularité, créent des acceptions s'appliquant à un plus
grand nombre ou à un moins grand nombre d'objets;
c'est par restriction que, du sens général de plume
(d'oiseau) on a tiré l'acception de « plume d'oie, taillée
pour écrire », c'est par extension que, du sens de
« instrument pour écrira » fait avec une plume d'oie, on
a passé au sens de (v instrument quelconque pour
1. Bévue de philologie française, t. IX, 1895, p. 49, et, doux ans après.
M. Michel Bréal dans son Essai de sémantique (librairie Hachette).
VIII PREFACE
écrire ». D'autre part, il y a connexion logique entre
la cause et l'effet, le tout et la partie^ le contenant et
le contenu, le signe et la chose signifiée, etc., et c'est
par « connexion » qu'un même mot verre désignera
une matière, un objet fait de cette matière et le contenu
de cet objet (boire un verre d'eau). Enfin la <' comparai-
son » est une source inépuisable d'acceptions nou-
velles : une feuille de papier s'appelle ainsi par compa-
raison avec l'épaisseur de la feuille d'arbre, etc.
C'est seulement dans les cas particulièrement difficiles
que nous nous attachons à montrer la filiation des
acceptions. Partout ailleurs, nous comptons sur la
collaboration du lecteur; ainsi le simple rapprochement
de front et de fronton suffira, je pense, à suggérer
l'image qui explique le sens du second de ces mots, et,
en se reportant à l'article du préfixe com-, on aura
l'explication de confronter. Il importait en effet de réduire
au minimum le volume de ce livre, et c'est ce qui nous
a fait aussi négliger complètement les mots qui peuvent
vraiment se passer d'interprétation, comme la presque
totalité des adverbes en -ment et un bon nombre de
verbes commençant par le préfixe re-. Pour les formes
composées en général, quand nous ne signalons pas
spécialement l'acception particulière qui résulte du
préfixe, c'est qu'elle est évidente par elle-même, ou au
contraire qu'elle n'apparaît pas. Le préfixe a pu mar-
quer à l'origine un détail secondaire que nous ne dis-
tinguons plus avec sûreté. Souvent, d'ailleurs, il ne fait
quaccentuer une idée déjà incluse dans la racine, ce
quon exprime inexactement en disant qu'il a une valeur
« augmentative », il n'augmente que les idées conformes
à sa propre signification*.
Nous aurons dit l'essentiel quand nous aurons ajouté
que, faute de pouvoir entrer dans les développements
I. Les différents préfixes sont mentronnés et étudiés à leur rang alpha-
bétique. Pour les suffixes nous nous permettons de renvoyer à notre
Grammaire historique (Paris, Garnier), § 201-209 et 214-251, et à notre
Grammaire classique (Paris, Le Soudier), § 214-218 et 227-264.
PREFACE VA.
techniques, nous avons dû écarter les étymologies trop
controversées. Depuis les études étymologiques de
Diez, depuis le dictionnaire de Littré et celui de Dar-
mesteter, Hatzfeld et Thomas, les revues spéciales ont
publié de nombreuses recherches de détail, souvent fort
ingénieuses, enregistrées dans le dictionnaire étymolo-
gique de Kôrting, et dans celui de Meyer-Lûbke, en
cours de publication. Notre rôle était plus modeste,
nous devions nous en tenir aux étymologies les moins
douteuses et à celles qui ne sont guère contestables; à
ce titre, il nous a semblé que nous pouvions faire état
de la distinction des deux verbes « passer » proposée
par nous dans le tome XIV de la Revue de philologie
française.
En ce qui touche l'histoire des mots à l'époque
grecque et à l'époque latine, le Dictionnaire étymologique
latin de Bréal et Bailly n'a pas cessé de rendre des
services; nous avons aussi tiré grand profit de celui
d'Aloïs Walde (2« édition 1910) et du dictionnaire éty-
mologique grec d'Emile Boisacq, en cours de publica-
tion. Sur ce terrain spécial, nous avons eu un guide
excellent, c'est notre collègue M. Cuny, de la Faculté
des Lettres de Bordeaux, qui a bien voulu revoir avec
soin notre manuscrit et nos épreuves ; nous lui
devons les corrections les plus utiles, et nous ne sau-
rions trop le remercier de son inlassable obligeance.
Nous sommes aussi très reconnaissant à M. Paul Por-
teau de sa très active collaboration pour la correc-
tion des épreuves et l'amélioration du texte.
L. Clédat.
Décembre 1913.
J'ai utilisé pour cette nouvelle édition les remarques
critiques qu'on a bien voulu me communiquer ou que
j'ai relevées dans les comptes-rendus. Je remercie parti-
culièrement MM. E. Bourciez, A. Dauzat, P. Barbier fils.
Toutefois, je n'ai pas cru devoir m'arréter au repro-
X PREFACE
che d'avoir dépassé le but et d'avoir fait, en même temps
qu'un dictionnaire étymologique du français, un diction-
naire étymologique des mots latins et grecs passés en
français.
J'ai voulu remonter aussi haut qu'il se pouvait, et je
m'en tiens, sur ce point, à l'avis du meilleur des juges,
M. Antoine Thomas, qui m'écrivait : « Votre livre fera
pénétrer dans les masses des notions d'étymologie latine
et grecque qui sont comme la parure de l'étymologie
française. »
L. C.
DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE
DU FRANÇAIS
A, prép., vient du latin ad que l'on retrouve sous sa forme
latine, comme préfixe, dans les mots savants (ou qui ont
subi une influence savante) tels que adjacent, adjuger, etc.
Ce mot marque la direction vers (dans l'espace ou dans le
temps, au propre ou au figuré), d'où par connexion les idées
de rapprochement, de proximité et même de coïncidence
(aller à Paris, de dix heures à midi; être à Paris, déjeuner
à midi) et aussi celles d'appropriation, de possession, d'uti-
lisation (chapeau à plumes, verre à boire, ce livre est à lui,
travail fait à la main).
— Le préfixe a- (correspondant à ad-), accompagné ou non
du redoublement de la consonne qui suit ou sous la forme
savante ad-, marque aussi la direction vers ou la tendance,
au propre et au figuré : affoler, rapprocher de l'état de folie,
rendre fou; aborder, aller au bord; atterrir, aller à terre;
apporter, porter vers, tandis que emporter = porter loin de.
A- préfixe. Il y a trois préfixes a-, celui qui est signalé
dans l'article précédent, celui qui est signalé dans l'article
suivant, et un troisième, d'origine grecque, a- ou an- dit pri-
vatif, dans amoral, anarchie, par exemple. Le plus fréquent,
de beaucoup, est le préfixe a = ad-.
— On remarquera que le préfixe grec a- ou an- a le même
sens que le préfixe latin dit in négatif. L'opposition qui existe
entre immoral et le néologisme amoral ne tient donc pas au
préfixe. Lorsqu'on a formé immoral, le mot pouvait logique-
ment signifier : qui n'a pas de loi morale, ou : qui n'a pas
DICT. ÉTYM. FRANC. 1
2 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Abolir
une conduite morale. C'est le second sens qui lui a été
donné, et, lorsqu'on a voulu exprimer la première idée, on
a formé un mot nouveau avec le préfixe grec. Mais la diffé-
rence de sens tient uniquement à la valeur donnée à
« moral » dans l'un et l'autre mot.
Ab-, abs-, préfixe latin qui marque éloignement, au propre
ou au figuré. C'est le même mot que le préfixe grec apo-. Il
peut avoir la forme a-, dans aversion par exemple, et av- dans
les mots français d'origine populaire tels que avant, avorter.
Abandonner, d'origine germanique, signifie propre-
ment : livrer au pouvoir de.... Le mot contient le préfixe a-
venant de ad.
Abaisser, v. bas. Abatage, abatis, abattoir,
Abasourdir, u. balourd. abattre, u. battre-.
Abbé, féminin abbesse, dérivé abbaye, se rattache, par
l'intermédiaire du grec et du latin, à un mot syriaque;
formes latines : abbatem, abbatissa, abbatia. Du sens de
« ecclésiastique gouvernant un monastère )>, on a passé,
par extension, à celui de a ecclésiastique », et ensuite, par
restriction, à celui de « vicaire » (par opposition au mot
curé). Autre dérivé, d'origine savante : abbatial.
Abcès, V. céder ^. Abdomen, v. dé à jouer 2.
Abdication , abdiquer , v.
dire 3.
Abéeé, abécédaire, noms formés avec les premières
lettres de l'alphabet (v. ce mot).
Abeille, diminutif, sous la forme provençale, du mot
latin apem, nominatif apis, qu'on retrouve dans les dérivés
savants apiculture, apiculteur. La forme française a été
aveille, et on a eu aussi avette. Cf. ache.
Aberration, v. errer 1. Abhorrer, v. horreur.
Abîme, mot savant d'origine gréco-latine. Il se rattache
au mot grec abusson (sans fond). Le verbe dérivé abîmer
signifie proprement : plonger dans un abîme; puis, par
affaiblissement extensif, mettre en mauvais état.
Abject, V. jeter '^. Ablution, u. déluge.
Abjurer, v. jurer '^. Abnégation, v. ne.
Ablatif, ablation, u.o^rir 2. Aboi, aboiement, v. bayer.
Ablette, v. aube.
Abolir, emprunté au latin abolere, contient le préfixe ab-
Acacia] du français. 3
et, croit-on, le radical qui se trouve dans adolescent et qui
signifie grandir. Le sens propre est : empêcher de grandir,
détruire. Dérivé abolition. Le même radical est joint au
préfixe ad- dans adolescent et adulte dont l'un est propre-
ment le participe présent et lautre le participe passé d'un
verbe qui n'a pas passé en français, et qui signifie : aller
en grandissant.
— Avec le préfixe pro- le latin avait formé le mot prolem
signifiant « qui grandit devant, lignée », d'où prolifique
(*pro-oli-fique) = qui produit une lignée, fécond (sur le com-
posant -fiqucy V. faire '), et prolifère, v. ojfrir^. Autre dérivé :
prolétaire (doù prolétariat), désignant celui qui ne donne à
lEtat que des enfants, l'homme du peuple.
— On soupçonne une parenté entre ces mots et la famille
du mot aliment.
Abominable, abomination, abominer, contiennent le
préfixe ah- et le mot latin omen, génitif ominis, qui signifie :
présage. Abominer, c'est proprt écarter un présage fâcheux,
d'où détester.
Abonder, u. onde. Abréviation, y. bref.
Abonner, u. borne. Abri et abriter, origine
Aborder, v. bord. douteuse.
Aborigène, v. orient. Abricot, v. cuire.
Aboucher, v. bouche. Abroger, i'. rogations.
Aboutir, v. bouter-. Abrupt, v. rompre.
Aboyer, v. bayer. Abrutir, v. brut.
Abréger, v. bref. Absent, v. êlre^.
Abreuver, v. boire.
Abside, latin absida (cercle, voûte), d'origine grecque.
Absinthe, latin absinthiam^ grec apsinthion.
Absorber, latin absorbere, proprt avaler, supin absorp-
tiim; résorber, avaler de nouveau; dérivés : absorption,
résorption.
Absoudre, v. soluble. Absurde, v. sourd.
Abstenir, v, tenir -. Abus, abuser, abusif, v. us.
Abstraire, u. traire *. Acabit, origine inconnue.
Abstrus, V. intrus.
Acacia, forme latine d'un mot grec, signifie proprt plante
à piquants, v. aigre. Un bon nombre de noms de fleurs ont
été faits sur le modèle de ce mot. Le pétunia est une fleur
semblable à celle du pélan ou tabac {v. tabac). La plupart de
ces noms en -ia sont faits sur des noms de personnes :
4 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [AcCOUrir
Bégon, intendant général de St-Domingue au commence-
ment du xviii" siècle, a donné son nom au bégonia; c'est en
rtionneur du père Gamelli, botaniste du xviii® siècle, que le
camélia a été ainsi nommé par Linné; le dahlia conserve le
nom du botaniste suédois Dabi, du môme siècle, et le fuchsia
celui de Fucbs, botaniste bavarois du xvi" siècle; le gar-
dénia a été ainsi nommé en l'honneur du botaniste écossais
Garden, xviii'' siècle. Hortense, femme de l'horloger célèbre
Lepaute, du même siècle, a donné son nom à l'hortensia, et
Magnol, botaniste français mort en 1715, a eu les honneurs
du magnolia. Le paulownia est ainsi nommé en l'honneur
de la fille du tsar Paul P*"; le zinnia, du botaniste Zinn.
Académie signifie proprt jardin d'Académos, où Platon
tenait école; d'où, par comparaison, outre le sens scolaire
du mot, le sens de « société littéraire », et celui de : établis-
sement où l'on pratique certains arts (musique, danse, équi-
tation); dérivés : académicien, académique.
Acajou, mot portugais d'origine brésilienne.
Acanthe, v. aigre.
Acariâtre, origine inconnue. Le mot a d'abord signifié
fou, ce qui a suggéré l'idée de le rattacher à saint Acaire,
qu'on invoquait pour la guérison des fous. Le suffixe -âtre,
latin -astrum, d'origine grecque, a pris une valeur péjorative :
marâtre, blanchâtre, etc.
Accabler signifie proprt : écraser sous des projectiles. Le
mot est formé du préfixe a- et du bas grec katabolê, qui dési-
gnait une machine de guerre ; comparez catapulte et para-
bole.
Accalmie, v. calme. Acclamer, v. calendes 2.
Accaparer, u. arrhes et ca- Acclimater, v. cligner,
pahle 1. Accointance, v. connaître.
Accéder, v. céder ^. Accolade, v. col.
Accélérer, v. célérité. Accommodation , accom-
Accent, V. chant. moder, v. mode 3.
Accepter, v. capable"^. Accompagner, v. pain.
Accès, accessible, accessit, • Accomplir, v. plein.
V. céder ^. Accord, accorder, v. cœur.
Accident, v. choir 2.
Accort, origine italienne, accorto. V. régir ^\
Accoster, v. côte. Accouder, u. coude.
Accoter, origine inconnue. Accoupler, v. apte 2,
Accoucher, u. lieu. Accourir, v. courir.
Ad-] DU FRANÇAIS. 5
Accoutrer, origine incon- Acculer, u. cul.
nue. Accumuler, u. comble.
Accoutumer, v. coutume. Accuser, u. chose.
Accréditer, i\ croire. Acerbe, acéré, acétate.
Accroc, accrocher, u. croc. etc., v. aigre.
Accroire, v. croire. Achalander, v. chaloir.
Accroître, v. croître. Acharner, v. chair.
Accroupir, i'. croupe. Achat, v. cap *.
Accue 11 r, V. lire^.
Ache, origine latine, apium, l'herbe aux abeilles, v. abeille.
Acheter, v. cap *. Achoppement, v. chopper.
Achever, v. cap 3. Acide, acier, v. aigre.
AeolYte, mot d'origine grecque, akolouthon, qui signifie
proprt u suivant ».
Aconit, grec akoniton.
Acoquiner, v. coquin.
Acoustique, d'origine grecque, signifie proprt relatif à
l'audition.
Acquérir, acquêt, v. quérir. Acquisition, v. quérir.
Acquiescer, v. coi. Acquitter, u. coi.
Acre, mesure agraire, est d'origine germanique, ail. mod.
acker, champ, v. agraire.
Acre, acrimonie, v. aigre.
AcPO-, mot composant d'origine grecque, apparenté à la
famille latine des mots aigre, aigu, et qui exprime l'idée de
pointe, extrémité. On le trouve dans acropole, proprt ville
haute, V. police i, dans acrostiche, v. ce mot, dans acrobate,
dont le sens propre est : qui marche sur la pointe du pied,
V. venir. Dérivés d'acrobate : acrobatie, acrobatique, cf.
funambule au mot ambulance.
Acropole, v. acro- et police 1.
Acrostiche, d'un mot composé grec. Sur la première
partie, v. acro-, la seconde signifie « vers » et se retrouve dans
hémistiche (demi-vers) et distique (réunion de deux vers).
Le premier sens d'acrostiche est : commencement de vers;
puis on a donné ce nom à une pièce de vers caractérisée par
le choix spécial de la première lettre de chaque vers.
Acte, V. agir i *' 3_ Actuel, v. agir 3.
Acteur, actif, v. agir 3. Ad-, préflxe, v. à, préposi-
Action, V. agir i " ^, tion.
6 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Affable
Adage, mot savant d'origine latine, adagium.
Adagio, v. aisance. Addition, u. dé à jouer 2.
Adapter, v. apte 1. Adepte, v. apte'^.
Adhérer, adhérent, adhérence, adhésion, mots
savants, du verbe latin adhœrere, supin adhœsain, et de
ses dérivés. Nous n'avons pas le verbe simple « hérer » ni
d'autres composés, mais du composé avec le préfixe in-
dérive le participe adjectivé inhérent, et du composé avec
co- l'adjectif correspondant cohérent (avec incohérent,
incohérence) et le substantif d'état cohésion.
— Sur le supin du verbe simple s'était formé un fréquen-
tatif lalin qui est notre verbe hésiter, proprt adhérer par
intermittence, balancer, dérivé hésitation.
Adieu, V. dieu 1.
Adipeux, mot savant d'origine latine : adipem, graisse.
Adjacent, v. gésir. Admonester, v. moniteur.
Adjectif, V. jeter '^. Adolescent, v. abolir.
Adjoindre, v. joindre^. Adonner, v. dé à jouer *.
Adjudant, v. aider. Adopter, u. opter.
Adjuger, v. jurer^. Adorer, v. oral.
Adjurer, v. jurera. Adosser, v. dos.
Adjuvant, v. aider. Adouber, v. dauber.
Admettre, v. mettre 2. Adoucir, v. doux.
Administrer, v. moindre'^ "-. Adresser, adroit, v. régir ^.
Admirer, v. mirer.
Adulation, aduler, mots savants d'origine latine, adu-
latlonem, adalari.
Adulte, V. abolir. Adversaire, adverse, ad-
Adultère, D. autre ^. versité, v. vers^.
Advenir, adventice, v. ve- Aérer, aérien, aérolithe,
nir. aéronaute, aérostat, v. air.
Adverbe, v. parole *.
Affable se rattache au verbe latin affari (préfixe ad- -{-fari,
parler).
1. Le verbe simple signifie parler, et le composé avec le
préfixe ad- : adresser la parole à. Affable = h qui on peut
adresser la parole, comme abordable = qu'on peut aborder.
Le composé avec ex-, effari, exprimer par la parole, nous a
laissé ineffable, proprt « qui ne peut pas être exprimé ». Au
composé avec le préfixe prœ- se rattache préface, discours
préliminaire.
Affable] du français. 7
2. Le participe passé fatum du verbe simple s'employait
substantivement avec le sens de « ce qui a été dit, annoncé,
ce qui est inévitable ». Et nous avons emprunté au latin ou
formé plusieurs dérivés de ce substantif : fatal, fatalité,
fatalisme, fataliste, fatidique (sur ce dernier, v. dire-). Feu,
adjectif, latin populaire *fatulum, « qui a accompli son des-
tin )).
3. Le participe présent, précédé du préfixe négatif sous sa
forme française en-, ou sous sa forme latine in-, a produit
infant (qui nous vient par l'Espagne et qui désigne spécia-
lement le puiné de la famille royale) et enfant. Ces mots
signifient proprt : qui ne parle pas encore (dérivés : enfan-
tillage, enfantin, enfanter et les mots savants infanticide,
infantile;. L'enfance est originairement l'âge où on ne parle
pas encore, comme Vaphasie (mot grec formé de même) est
l'état de celui qui ne peut plus parler. Par extension, les
mots enfant et enfance dépassent de beaucoup les limites de
la signification originaire. Et l'extension est plus considé-
rable encore dans infanterie, corps des soldats Je petite
taille, qui combattent à pied. Ce mot est d'origine italienne
aussi bien que fantassin (avec chute du préfixe négatif), qui
signifie proprt petit soldat, soldat d'infanterie. Fantoche,
également d'origine italienne, signifie petit personnage (en
bois), marionnette.
4. Du verbe simple du latin dérivent : a, fable, latin
fabula, proprt récit, (d'où le verbe latin fabalari, en espagnol
hablar, parler, qui nous a fourni hâbleur, grand parleur,
vantard, hâbler et hâblerie); dérivés français de fabula h
forme savante : fabuleux, fabuliste, affabulation; dérivé
français à forme dialectale : fabliau; b, le substantif faconde,
abondance de paroles; c, un autre substantif latin, fama,
qui avait le sens de « bruit de paroles, renommée », et dont
nous avons conservé les dérivés et composés famé (mal),
fameux, diffamer ^ ses dérivés, infâme, infamie.
5. A la racine du verbe fari se rattache un autre verbe
latin, fateri, déclarer, dont les composés pro/ï/eri et confderi
nous ont fourni nos verbes professer et confesser, v. con-
fesser.
6. Au verbe grec de même racine, phanai, parler, futur
phêsô, se rapportent : aphasie, signalé plus haut, d'où apha-
sique; euphémisme, proprt bonne parole, et euphémique;
blasphémer v. blâmer; prophète, proprt celui qui parle
8 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Agile
devant, celui qui expose (cf. professeur, formé de même avec
des éléments latins), d'où interprète, interprète de la divinité ;
dérivés : prophétie, prophétique, prophétiser.
Affadir, v.fade. Afféterie, v. faire 5.
Affaiblir, u. faible. Afficher, v. ficher.
Affaire, v. faire ^, Affidé, u. foi.
Affaisser, u. faix. Affiler, u. fil 2,
Affaler, v. hâter. Affilier, v. fils.
Affamer, v. faim. Affiner, affinité, v. fin.
Affecter, affection, v. faire ^. Affirmer, v. ferme.
Afférent, v. offrir 2. Affleurer, v. fleur.
Affermer, affermir, u. ferme.
Affliger, proprt abattre, vient d'un composé latin de
fllgere, battre, snpïn flic tu m. Dérivés : affliction, et aftlicut
qui a passé du sens de affligeant au sens de déshonorant :
peine afflictive et infamante. Notre substantif conflit vient
d'un autre composé qui signifie proprt se heurter. Infliger,
c'est frapper quelqu'un d'une peine, la lui appliquer.
Affluer, V. fleuve. Affouillement, v. fosse.
Affoler, V. fou. Affranchir, v. franc.
Affouage, v. feu.
Affres, dorigine germanique, a produit l'adjectif affreux,
qui signifie proprt laid à faire peur. Cf. âpre.
Affriolant, v. frire. Affût, Affûter, v. fût.
Affront, affronter, v. front. Afin, v. fin.
Affubler, v. ficher.
Agacement, agacer, agaceries, origine germanique.
Agape, du mot grec agapê qui signifie amour, à l'origine
banquet fraternel des premiers chrétiens.
Agate vient du grec par l'intermédiaire du latin achaten.
Age, anciennement edage, eage, formé avec un suffixe sur
le mot latin œtatem, auquel se rattachent aussi éternel, qui
dure, et, par restriction, qui dure sans fin, et éternité, éter-
niser. JElalem dérive lui-même de aevum, qui a le môme
sens et qu'on retrouve dans médiéval (du moyen âge) et
médiéviste (qui étudie le moyen âge, v. mi ^.)
Agence, v. agir 3. Agglomérer, v. globe.
Agencer, v. génital. Agglutiner, v. glu.
Agenda, v. agir 3. Aggraver, v. grief.
Agenouiller, v. genou. Agile, v. agir 3,
Agent, v. agir^.
Agir] DU FRANÇAIS. 9
Agio, mot italien d'origine douteuse, dérivés : agiotage,
agioter, agioteur.
Agir, du latin agere {-igere dans les composés), supin
actum, qui signifie proprt pousser, mettre en mouvement,
faire marcher.
1. Le sens primitif se retrouve dans le dérivé actionner,
et, avec plus ou moins de netteté, dans quelques acceptions
du substantif action (d'où inaction) : Vaction oratoire, les
mouvements, les gestes de l'orateur ; action opposé à réaction ;
une action en justice, le fait de porter sa cause devant la
justice, et une action de Société, titre qui vous donne le droit
d'intenter une action judiciaire (comme Vobligatiod est un
titre qui « oblige » juridiquement la Société qui fait l'émis-
sion) ; l'action dramatique, qui est la marche des événements,
et qui est subdivisée en plusieurs actes. (Dans une autre
acception, un acte est une pièce au bas de laquelle il y avait
le mot latin actuni =^ fait à....)
2. Au sens primitif se rattache aussi la signification du
dérivé coaguler et de son doublet cailler (d'où caillot), dont
le s-ens propre est « pousser ensemble, réunir » les parties
solides; du fréquentatif agiter, pousser souvent, auquel se
rattache le vieux verbe cuider, latin cogitare (agiter en soi-
même, penser) dont il nous reste l'adjectif outrecuidant
« qui se croit plus qu'il n'est », et son dérivé outrecuidance ;
d'un autre fréquentatif composé avec le préfixe co-, *coacticare^
qui a produit en formation populaire notre verbe cacher.
Le sens primitif de cacher est « rassembler » pour soustraire
à la vue (dérivés : cachette, cachot, cachotterie) et aussi,
simplement, a presser », d'où écacher et cachet, qui a formé
cacheter, décacheter, et dont le sens primitif est « cire
pressée »: il faut peut-être ajouter catir {*coactire), presser
une étoffe pour lui donner du lustre, d*où décati, « délustré )>.
3. Au sens du verbe français agir^ se mettre soi-même en
mouvement, faire quelque chose, se rattachent les acceptions
non signalées plus haut des mots action et acte, dont agis-
sement est étymologiquement un synonyme. La personne
qui agit est un agent ou un acteur; les deux mots ont pris,
comme il était naturel, des acceptions divergentes. Dérivé
d'agent : agence (mais non point agencer, qui se rattache à
gent, v. génital). Actif et ses dérivés activité, inactif, inac-
tivité, rétroactif, peuvent se passer d'explication. Actuel a
primitivement le même sens qu'adi/, Mme de Sévigné
10 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Agir
emploie encore « service actuel » pour « service actif » ; le
mot est arrivé à signifier « qui agit présentement », par
opposition à « qui a cessé d'agir », d'où : appartenant au temps
présent. Agenda est un mot tout latin qui signifie proprt
choses devant être faites, comme légende = ce qui doit être
lu. Agile, « qui agit facilement », d"où agilité.
4. Le composé exiger, doù exigible, signifie proprt pousser
dehors, d'où forcer à donner, réclamer impérieusement ;
exigence et exaction sont étymologiquement synonymes,
mais le second s'est incorporé une idée accessoire d'excès;
en latin, exigere signifiait en outre « pousser jusqu'au bout,
achever », c'est à cette valeur que se rattache le sens de
l'adjectif participial exact, d'où exactitude et inexact,
inexactitude; dans exigu, exiguïté, on arrive au sens de
« restreint ». — Transiger, c'est proprt pousser à travers, d'où
au figuré régler une affaire, dérivés intransigeant, intran-
sigeance, et transaction qui a produit à son tour transac-
tionnel. — Rédiger, c'est pousser en arrière, ramener,
réduire, d'où condenser par écrit; dérivés rédacteur, rédac-
tion. — Réagir, de formation française, signifie agir en
retour, dérivés réactif, réaction, d'où réactionnaire.
5. Nous n'avons pas emprunté au latin le composé avec le
préfixe anib-, ambigere, dont le sens est : pousser de deux
côtés, douter; mais nous avons les dérivés de ce composé :
ambigu, ambiguïté (rapprocher amphibologie, qui contient
le préfixe grec correspondant) et ambages. — Nous n'avons
pas non plus un verbe *prodiger, correspondant au composé
avec prod- {v. pour), pousser devant, dépenser, mais nous
avons les dérivés : prodige (d'où prodigieux), événement
imprévu, miraculeux; et prodigue, dépensier, d'où prodi-
guer, prodigalité. Prodige a été aussi rattaché à dicere, dire.
G. Les éléments -iguer, -iger, -ige des mots tels que
naviguer, mitiger, litige, se rattachent aussi à agere; navi-
guer (d'où navigation, navigateur), c'est proprt « pousser »
le navire; mitiger, c'est « rendre » doux; le litige « amène »
le litem, le procès.
7. Avec la racine ag- et le préfixe ex- comme dans exaction,
et avec la désinence substantive -men, les Latins avaient fait
le mot examen (pour *exngtujn), que nous avons emprunté
tel quel, et dont nous avons tiré d'autre part, par voie popu-
laire, le mot essaim, qui évoque étymologiquement l'idée de
la poussée hors de la ruche ; il y a aussi extraction et poussée
Agréger] du fhançais. 11
dans l'opération du pesage, dans la vérification, sens d"où
dérive l'acception actuelle du mot français examen.
8. Le grec a la même racine, que Ton retrouve dans
démagogue, démagogie, démagogique (idée de pousser le
peuple . pédagogie, pédagogique, pédagogue (idée de pousser,
de conduire, les enfants , dans synagogue (préfixe syn-), ras-
semblement, assemblée, église ; et aussi, sous une autre
forme, dans chorège, proprt celui qui mène les chœurs,
stratège (d'où stratégie, stratégiste, stratégique, strata-
gème), celui qui conduit une armée, cynégétique, proprt
relatif au dressage des chiens, v. chien, exégèse (d'où exé-
gète\ extraction du vrai sens, interprétation. (F. Sappl.)
Agneau se rattache au mot latin agnuin, dont le nomi-
natif agnus est bien connu parce qu'il commence une des
prières de la messe et qu"il sert à désigner la partie corres-
pondante des messes en musique; agneau est ua diminutif
qui a produit le sous-diminutif agnelet.
Agonie vient du mot grec agônia, qui signifie lutte. C'est
la lutte contre la mort. Dérivé : agoniser. Composés : anta-
gonisme, antagoniste (préfixe grec anti-, contre), protago-
niste (sur le préfixe proto-, v. pour'').
Agrafe, agrafer, v. grappe.
Agraire se rattache au mot latin agrum, ail. acker, qui
signifie champ. Autres dérivés : agreste, comparez céleste;
agricole, agriculteur, v. colon; agronome, v. autonome.
— Sur agrum a été fait peregrinum (qui va à travers champs,
préfixe per-, v. par), français pèlerin, d"où pèlerinage, pèle-
rine, et le mot savant pérégrination. — Cf. acre et onagre.
Agrandir, v. grand. Agréable, agréer, v. gré.
Agréger (d'où désagréger) se rattache au mot latin
gregem, troupeau, et signifie proprt réunir en troupeau ou
réunir au troupeau, de là les sens de « unir en un ensemble »
et de K unir à un ensemble ». Dans la langue universitaire,
l'agrégation est le concours à la suite duquel on est agrégé,
c'est-à-dire admis à faire partie du corps des professeurs
titulaires. — Ségrégation (sur se-, v. sans), séparation de la
masse. — Dans le mot congrégation, le préfixe accentue
l'idée d'ensemble. Une congrégation est une association d'une
espèce particulière; un congréganiste (mot formé sur le
modèle d'organiste) est un membre d'une congrégation. —
Le néologisme grégaire a le sens figuré de moutonnier.
42 DICTIONNAIBE ÉTYMOLOGIQUE [Aigre
Agrément, v. gré. teur, agronome, v. agraire,
Agrès, v. corroyer. colon et autonome.
Agresseur,agression, agrès- Aguerrir, v. guerre.
sif, V. grade. Aguets, v. guetter.
Agreste, agricole, agricul- Ahuri, v. hure.
Aider, latin adjutare, formé sur le supin jatum de juvare.
Le substantif de la langue médicale adjuvant est le participe
présent du composé de juvare, et coadjuteur est formé
sur le supin avec un double préfixe. La forme savante de
notre verbe aider serait *adju.ter\ dans aider, au préfixe a-
s'est joint un i provenant du j initial de la racine, et le d
vient du t du supin comme dans le mot adjudant que nous
avons emprunté à l'espagnol ayudante; de telle sorte
qu'adjudant et notre participe présent aidant sont des dou-
blets.
Aïe. On a voulu faire de cette interjection l'impératif
archaïque du verbe aider; mais c'est plus vraisemblable-
ment une onomatopée. On trouve souvent dans les éditions
de Molière l'orthographe ahi, Vh ayant la même signification
que notre tréma, destiné à empêcher la lecture ai = é. Le
Dictionnaire Général fait à tort de ce ahi un mot différent
de aïe et prononcé en deux syllabes; à ce compte, le vers
suivant de VEtourdi (dernière scène) aurait quatorze syl-
labes :
Aïeul vient d'un diminutif affectueux du mot latin avum,
qui a le môme sens. Un autre diminutif, avunculum, a pro-
duit notre mot oncle; dès avant l'époque latine, le mot
s'était précisé dans le sens de la parenté qu'il exprime
aujourd'hui. Sur atavum, désignant le père du trisaïeul,
nous avons formé atavisme, at- signifie « au delà ».
— Au xvii° siècle, le pluriel de aïeul était aïeuls aussi bien
au figuré qu'au propre. Puis le pluriel archaïque aïeux a été
remis en honneur (sous l'influence de la rime), au sens
figuré.
Aigle, du latin aquila, d'où l'adjectif aquilin; dérivé de
aigle : aiglon.
Aigre. Le latin acrem a produit aigre et son doublet
savant acre. La racine ac-, qu'on retrouve dans le grec
akron {v. acro-), et qui prend en français la forme aig-, ég-,
ou, particulièrement dans les mots savants, ac-j a les sens
Aimer] DU français. 13
de « aigre » et de « piquant », dont il est aisé de voir le
rapport. L'idée daigreur, au propre ou au figuré, prévaut
dans : aigre, aigrelet, aigrir, aigreur, griotte pour agriotte;
acre, acrimonie i^même suffixe que dans cérémonie); acide
et son diminutif acidulé, acétate, acéteux; acerbe, exacer-
bation. L'idée de piquant prévaut dans : aigu, aiguiser,
aiguille, aiguiller, aiguillette, aiguillon; églantier, églan-
tine; acier, acéré; acacia, v. ce mot, acanthe. Cf. oxalique.
Aigrefin, origine inconnue. Aiguille, ^aiguiller, aiguil-
Aigrette, v. héron. lette, aiguillon, aiguiser, v.
Aigu, V. aigre. aigre.
Aigue-marine, aiguière, v.
eau.
Ail, du latin allium (dérivé alliacé). Le pluriel aux, d'ail-
leurs inusité, s'écrit avec une /, seul de tous les pluriels de
mots en ail, pour éviter une confusion bien invraisemblable
avec l'article aux.
Aile, du latin ala; dérivés : aile, aileron, et aussi aleter,
devenu haleter par onomatopée; le sens propre de ce verbe
est : battre précipitamment de l'aile. Le latin ala est pour
*axla, d'où le diminutif axi//a, français aisselle.
— Le mot grec pteron [v. pétition'^), qui signifie aile, se
trouve dans aptère = sans aile, et dans coléoptère, v. ce
mot.
Ailleurs, v. autre 3.
Aimant. Le mot latin d'origine grecque adamantem, qui
signifie « fer très dur, acier » et « diamant », avait pris
aussi la forme diamantem, par confusion avec les mots com-
mençant par le préfixe grec dia-. A la première forme et au
premier sens se rapporte, par la dérivation populaire, notre
substantif aimant, tandis que diamant, mot d'emprunt, se
rattache à la seconde forme et au second sens; dérivés :
diamanté, diamantifère [v. offrir 3). Cf. magnétique.
Aimer, latin amare. Les rapports entre ce verbe et ami,
amour (doù énamouré, amoureux, amourettes), sont évi-
dents. S'amouracher est formé sur un dérivé italien. Il est
faux de dire qu'amour soit du masculin au singulier et du
féminin au pluriel; il a passé entièrement du genre féminin
au genre masculin, mais on l'emploie archaïquement avec
l'ancien genre, surtout dans des locutions où il se trouve
être au pluriel. Amant est l'ancien participe présent d'aimer.
— L'adjectif aimable se rattache directement à aimera
14 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Airain
amiable, amical et amitié à ami. Ma mie, sa mie sont pour
m'amie, s' amie, anciennes formes de mon amie, son amie. Le
mot ennemi contient ami et le en- négatif dont la forme toute
latine in- se retrouve dans le mot savant inimitié. Aménité
est de la même famille, et, en français comme en latin,
s'est appliqué à un lieu avant de s'appliquer à une per-
sonne : « L'aménité des rivages de la Grèce », écrit encore
Chateaubriand.
— L'amateur, c'est proprt celui qui aime. Le mot cor-
respondant du provençal, amadou, a conservé son sens fort
d'amoureux, et l'amadou, en français, est ainsi appelé,
croit-on, par comparaison avec un amoureux (qui prend
feu); amadouer quelqu'un, se le rendre ami, viendrait du
même mot provençal. L'explication est très douteuse.
Aine, jadis eigne, latin inguina, d'où inguinal; le mot
grec qui signifie aine nous a donné bubon.
Aîné, V. ant- et naître.
Ains s'employait encore au sens de « mais » au commen-
cement du xvii*^ siècle; La Bruyère en regrette la perte. Le
mot a d'abord signifié avant ou plus avant, v. ant-. Le pas-
sage du sens de « avant » au sens de « mais » s'explique
comme pour mais lui-même, dont la signification première
est « plus », V. magne ^.
Ainsi, V. si adverbe.
Air, du latin aer conservé tel quel dans les mots savants
d'origine latine aérer, aérage, aérien. Le mot grec est sem-
blable au mot latin, et se trouve sous la forme aéro- dans
les composés : aérolithe, pierre de l'air {v. litho-) ; aéromètre,
instrument qui mesure l'air; aéronaute, navigateur de
l'air {v. nef); aéroplane {v. plain); aérostat, qui se tient
dans l'air {v. estera). Cf. orage.
— Pour le mot français air, du sens de « air qu'on respire »
on a passé par figure au sens de « sentiment qu'on respire,
mine indiquant un état de Tâme (ou du corps) », et le sens
de «■ mine » a engendré celui de musique d'une chanson
(c'est la manière de la présenter), puis de morceau de
musique en général. Diminutif ariette, d'origine italienne.
Airain vient d'un dérivé du latin aes, génitif aeris, qui a
le même sens. Le mot grec de même signification est
kalkhon, airain, cuivre, sur lequel est formé calchographie
(u. archal). Le pluriel aéra désignait des jetons de métal
Albumine] du français. 15
pour le calcul, d'où le substantif féminin aéra, calcul des
années, qui a produit le français ère.
— Le mot aes, aeris, au sens de monnaie, se retrouve
dans obérer, charg-er de dettes, et dans estimer qui signifie
proprt évaluer en airain (en monnaie) la valeur d'un objet.
Estimer a pris une valeur figurée, à laquelle correspond le
substantif estime, tandis qu'estimation se rattache à la
valeur propre. Autres dérivés : estimable, mésestimer,
inestimable.
Aire, du latin area, qui signifie : sol uni. De là l'accep-
tion géométrique du mot et les sens de : aire à battre le blé,
surface de rocher où l'aigle fait son nid. C'est d'area qu'on
a tiré le mot are, mesure de surface, d'où centiare.
Airelle, origine inconnue.
Ais, doublet populaire de axe, du latin axem, qui signifie
à la fois planche et essieu. Notre mot essieu, jadis aissiea,
vient d'un dérivé de axem. Axonge (formé avec le verbe
d'où vient oindre), graisse pour essieux, puis graisse fine.
Aisance, aisé, et aise substantif et adjectif, ont été con-
sidérés comme apparentés au mot anse (^latin ansa), les
anses étant une facilité (pour saisir un vase). Mais l'opinion
qui prévaut aujourd'hui rattache ces mots à adjacent
iv. gésir), dont le substantif aise serait une sorte de doublet
populaire, avec l'idée de facilité résultant de la proximité;
l'a initial remonterait donc au préfixe latin ad- (comme dans
aider), et is représenterait le radical gés- ou gis- de gésir. La
forme italienne d'aise est agio, d'où adagio, proprt « à l'aise »,
mouvement musical lent. Composés : malaise et malaisé,
V. mal 1 ^' 2^
Aisselle, v. aile. Ajouter, v. joindre ^.
Ajonc, origine inconnue. Ajuster, v. jurer 2.
Ajourner, v. jour.
Al-, article arabe, par lequel commencent un certain
nombre de mots français empruntés directement ou indi-
rectement à l'arabe; alcoran a été réduit à coran.
Alambic, d'origine arabe, al-anbik. Dérivé : alambiqué,
qui signifie « compliqué de détours » plutôt que « raffiné ».
Alanguir, v. languir. Alarme, alarmer, v. armer.
Albâtre, du latin alabastram, grec alabastron.
Albinos, album, albumine, v. aube.
16 DICTIONNAIRE ETYMOLOGIQUE [Aligner
Alcade, de l'arabe al-qadi, le juge {v. al-) par l'intermé-
diaire de Tespagnol.
Alcali, de l'arabe al-qali {v. al-), dérivé : alcalin.
Alcarazas, de l'arabe al-korraz, la cruche {v. al-), par l'in-
termédiaire de la forme espagnole, dont on a pris le pluriel
pour un singulier (comparez albinos au mot aube).
Alchimie, v. chimie.
Alcool, de l'arabe al-qohl {v. al-), qui désigne l'antimoine
réduit en poudre.
Alcôve vient, en passant par l'Espagne, de l'arabe al-
qobbah {v. al-)^ qui désigne la chambre à coucher.
Alcyon, du latin alcyonem, d'origine grecque.
Aléa, mot tout latin, qui signifie hasard, dérivé : aléatoire.
Alêne vient d'un mot germanique (ail. mod. ahle), dont
les Italiens on fait lésina, que nous leur avons emprunté. La
« Compagnie de la lésine », c'est-à-dire Compagnie de l'alêne,
était une association d'avares qui raccommodaient eux-mêmes
leurs souliers. On voit comment le mot lésine a pu être
extrait de cette locution avec le sens de : avarice sordide.
Dérivé : lésiner.
Alentour, v. tour.
Alerte, de l'italien alVerta! qui signifie proprt : à la mon-
tée! (pour guetter l'ennemi). L'interjection est devenue un
substantif exprimant, par connexion, la circonstance qui fait
pousser le cri. Cf. alarme, au mot armer, et v. régir ^ et SuppL
Alevin, u. léger.
Alexandrin, vers employé dans un roman du moyen âge
consacré à Alexandre.
Alezan, mot d'origine arabe, qui nous vient de l'espagnol
alazan.
Algarade, mot d'origine arabe, qui nous vient de l'espa-
gnol algarada, proprt tumulte guerrier.
Algèbre, origine arabe.
Alguazil, v. vizir.
Algue, du latin alga.
Alibi, V. autre ^.
Aliboron, nom donné à l'âne par La Fontaine, origine
inconnue, signifie proprt : habile à tout faire. Jésus-Christ,
dans la Passion de Gréban, est appelé « Maître aliboron ».
Aliéner, aliène, v. autre^. Aligner, v. lin.
Allécher] du français. 47
Aliment, alimentaipe, alimenter, se rattachent au
verbe latin alere, qui, comme nutrire, d"où vient nourrir,
avait le sens de nourrir.
1. Le participe passé altam, nourri, d'où grandi, grand, a
donné haut (avec une h sous l'influence de l'ail, hoch), hau-
teur, hautain, et le dérivé savant altitude, ainsi que le
substantif altesse et l'adjectif altier par l'intermédiaire de
l'italien.
— Nous avons aussi emprunté à l'italien les mots alto,
instrument qui donne les notes hautes (comparativement à
la basse) et contralto = voix haute (comparativement à la
voix de basse, mais moins haute que les autres voix de
femme); le préfixe introduit l'idée de : s'opposera une autre
voix (en l'accompagnant).
— Un hautbois est un bois (instrument de bois) qui donne
les notes hautes; cf. basson au mot bas. Un haut-le-cœur
est un soulèvement du cœur.
2. Le dérivé hausser (d'où hausse, haussement) signifie
élever, et exhausser ou exaucer, — car ce sont deux ortho-
graphes d'un même mot, — signifie proprt : élever en tirant
dune position inférieure, d'où, au figuré, en parlant de la
divinité, élever à soi des prières, les accueillir, sens attribué
à l'orthographe exaucer. Exalter est une forme purement
savante, qui a pris une acception figurée différente. Autre
composé : rehausser.
3. Le même adjectif participial altum a donné le dérivé
allare d'où vient autel; le sens primitif est : « lieu élevé »
où l'on offre les sacrifices. Autan, vent de la haute mer.
4. Enfin à la même famille appartient coalition, proprt
réunion de gens qui se sont nourris et qui ont grandi
ensemble.
Alinéa, v. lin.
Alise, alisier, germanique *alizo, ancien ht ail. élira.
Aliter, v. lit.
Alizé, peut-être apparenté à lisse 2 (avec l'idée d'unifor-
mité); les vents alizés soufflent uniformément toute l'année.
Allaiter, v. lait.
Allécher n'a aucun rapport avec lécher, mais vient d'un
mot formé sur le participe passé allcctum du verbe latin
allicere, attirer, séduire; çf, le mot apparenté lacs.
DICT. ÉTYM, FRANC, 2
18 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [AlIusion
— Avec la même racine, en substituant le préfixe de- au pré-
fixe ad-, on obtient : délice, délicieux, délicat, délicatesse,
délecter, délectable, le dérivé italien dilettante d'où dilet-
tantisme, et les surcomposés indélicat, indélicatesse. Une
chose délicieuse est souvent fine, fragile, d'où les acceptions
de délicat, dont le doublet populaire est délié : un fil délié,
un esprit délié. — Il est faux de dire que délice soit du
masculin au singulier et du féminin au pluriel, ce sont deux
mots différents de même origine, dont l'un s'emploie exclu-
sivement au singulier et l'autre exclusivement au pluriel.
Alléger, v. léger.
Allégorie contient la forme grecque de la racine qu'on a
dans autre (v. ce mot), jointe au verl3e grec agoreuein appa-
renté à agora (« assemblée » et « place publique ») et signi-
fiant « discourir » ; c'est proprement le fait de dire une chose
pour en faire comprendre une autre. — Catégorie, même
racine avec le préfixe cata-, affirmation (d'où catégorique)
et distinction. — Panégyrique (d'où panégyriste), proprt
prononcé dans une assemblée générale, v. panacée. Cf. /a;v
tasmagorie au mot fantaisie.
Allègre, jadis alaigre, du latin alacrem ; dérivé allégresse.
Alléguer, v. loi.
Aller est d'origine incertaine, v. o^ffrir"^. (Je vais et j'irai
viennent de deux verbes latins différents, v. envahir et
errer 2, A.). L'allure est la façon d'aller. Allée est un sub-
stantif participial du même verbe, exprimant Faction d'aller
— allées et venues — et un chemin par où l'on va. Préalable
signifie proprt qui doit aller devant ; comparez préambule,
au mot ambulant. Sur aller au sens de « convenir », v. seoir -,
Alliacé, V. ail. Allonger, v. long.
Alliage, alliance, allier, u. Allopathie, v. pâtir ^.
lier. Allouer, v. lieu.
Alligator, v. lézard. Allumage, allumer, allu-
AUocation, v. lieu. mette, v. luire.
Allocution, V. locution. Allure, v. aller.
Allusion se rattache au verbe latin ludere (supin lusum),
qui partageait avec jocare [v. jeu) le sens de jouer. Faire une
allusion, c'est proprt rappeler comme en se jouant, sans
insister. Une collusion, ce fut d'abord une entente fraudu-
leuse entre joueurs. Une illusion, d'où désillusion, illusoire,
c'est une impression fausse, dont nous sommes le jouet.
Amateur] du français. 19
— Nous avons emprunté au latin le composé préluder,
substantif verbal prélude, un prélude est proprement un jeu
préalable. — Éluder, c'est éviter comme en se jouant. — Un
ludion, proprt histrion, est une figurine qui flotte en vertu
du principe d'Archimède.
Alluvion, V. déluge.
Almanach, du bas grec almenakhon, par l'intermédiaire
du bas latin.
Aloès, du latin a/oe, génitif aloes, mot dorigine grecque;
on s'explique mal que le mot français ait la forme du génitif.
Aloi, V. lier. Alors, v. heure.
Alose, du latin alausa qui lui-même est un mot gaulois.
Alouette, diminutif du vieux français aloue, latin alaudoy
d'origine gauloise.
Alourdir, v. lourd. Aloyau, origine inconnue.
Alpaga, espagnol alpaque, mot américain.
Alphabet, latin alphabetuni, formé avec les noms grecs
des deux premières lettres^ alpha et bêta (a et 5), v. abécé.
Altérable, altération, alter- alternatif, alterner, v. autre^ .
cation, altérer, alternance, Altesse, v. aliment.
Althsea, mot latin d'origine grecque : proprt plante qui
guérit.
Altier, altitude, alto, v. aliment.
Aluminium, formé sur le latin alamen, génitU aluminis,
que nous avons emprunté en outre sous la double forme
alun et alumine.
Alvéole, V. auge. Amaigrir, v. maigre.
Amabilité, amadou, ama- Amalgame, origine incer-
douer, v. aimer. taine.
Amande, doublet populaire d'amygdale, calqué sur le
latin aniygdala, d'origine grecque, qui signifie amande. Les
glandes du gosier ont été assimilées à des amandes. Dérivé :
amandier.
Amant, u. aimer. Amaranthe, u. marasme.
Amarrer, composé du préfixe a- et du hollandais maaren,
attacher. Substantif verbal amarre. Autre composé démarrer.
Amasser, u. masse. Amateur, v. aimer.
20 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Ame
Amaupose, grec amaurôsin (obscurité), d'un adjectif qui
sig-nifie obscurci, faible (en pariant de la vue).
Amazone, latin amazon, venu du grec et interprété dans
cette langue, par étymologie populaire, comme composé de
a- privatif et du mot grec qui signifie mamelle.
Amb-, ambi-, parfois an-, préfixe qui est apparenté au
mot latin ambo, signifiant (( les deux » : des deux côtés,
autour. Même origine que le préfixe grec amphi-. — V. ambu-
lance.
Ambages, u. ag'ir 3,
Ambassade, ambassadeur nous viennent de l'italien,
et. ont une origine germanique : ambaht, homme de service.
Ce dernier mot a lui-même été emprunté au gaulois.
Ambiant, u. erre/' 2, fî. Ambitieux, ambition, v.
Ambigu, u. agir^. errer 2, B.
Amble, v, ambulant.
Ambre, arabe anbar.
Ambroisie, latin ambrosia, d'origine grecque , proprt
breuvage des immortels. Le grec a-mbroton ou a-broton
{a- privatif) signifie immortel, *mbroton correspond au latin
mortiiiim, v. mort. Le dérivé grec abrotonon, nom d'une plante
toujours verte, a produit le latin abrotonum, français aurone.
Ambulance, ambulant. Ambulant est le participe
présent du verbe latin ambalare, formé sur ambo [v. amb-,
ambi-), qui signifie : aller des deux côtés, aller et venir. Une
ambulance est un hôpital ambulant. L'amble est une allure
particulière du cheval. Un préambule est ce qui va devant,
une préface; comparez préalable au mot aller. Un noctam-
bule se promène la nuit; un funambule marche sur une
corde (cf. acrobate à l'article acro-).
Ame vient du latin anima, qui a aussi une forme mascu-
line animum, et partage avec elle les sens de souffle de vie,
esprit, âme. Dérivés savants : animer, inanimé, ranimer,
animal; animation, animosité (animation poussée jusqu'à
la malveillance), animadversion (proprt direction d'esprit
vers, V. vers''; le sens de ce mot s'est restreint dans une
acception nettement péjorative); unanime (d'un esprit
unique) et unanimité; longanimité, long souffle, au figuré,
longue retenue; magnanime, v. magne^; pusillanime, v. ce
mot.
— La racine de celte famille de mots signifie proprt
Amphore] du français. 21
« souffle » (comme celle d'esprit, v. ce mot). On la retrouve
dans le mot grec anemon, vent; dérivés : anémomètre,
instrument pour mesurer le vent; anémone, proprt fleur du
vent (qui ne s "épanouit que sous le vent, dit Pline).
— Sur un autre mot grec qui signifie à la fois souffle et
âme, V. psychique.
Améliorer, u. meilleur.
Amen, mot hébreu.
Aménager, i'. manoir.
Amender, du latin emendare, améliorer. Dérivés : amen-
dable, amendement. Le substantif verbal amende, répara-
tion, s'est restreint au sens de : peine pécuniaire infligée en
réparation.
Amener, u. mener. Aménité, v. aimer.
Amer, latin amarum. Dérivé : amertume. Dérivé italien
marasca, pour amarasca, cerise amère, d'où marasquin.
Améthyste, origine grecque : a- privatif et un verbe qui
a le sens de s'enivrer. Cette pierre précieuse passait pour
préserver de l'ivresse.
Ameublement, ameublir, Amiante, u. miasme.
ameuter, v. mouvoir i. Amidon, v. moudre ^.
Ami, amiable, v. aimer. Amincir, v. mince.
Amiral, du mot arabe amir, qui a aussi la forme émir.
Amitié, v. aimer.
Ammoniaque, grec ammoniakon, ainsi appelé parce qu'on
en trouvait près du temple de Jupiter Ammon.
Amnésie, amnistie, v. mé- Amortir, v. mort,
moire ^ . Amour , s'amouracher ,
Amoindrir, u. moindre. amoureux, v. aimer.
Amollir, v. mou. Amovible, v. mouvoir'^.
Amonceler, amont, u. monf. Amphi-, u. amb-.
Amorce, u. mordre. Amphibie, v. vivre ^.
Amorphe, v. forme. Amphibologie, v. parole 2.
Amphigouri, d'origine incertaine, parait contenir le
préfixe grec amphi-.
Amphithéâtre, v. théâtre.
Amphitryon, celui chez qui l'on dîne, allusion au mot
de Sosie dans V Amphitryon de Molière : « Le véritable
Amphitryon est l'Amphitryon où l'on dîne. »
Amphore, v. offrir^.
22 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Ananas
Ample, latin amplum. Dérivés : ampleur, amplitude,
amplifier, amplification (sur -fier, -ficatloii, v. faire '), am-
pliation, spécialisé dans le sens de duplicata.
Ampoule, ampoulé, v. offrir '^.
Amputer se compose du préfixe amb- et de putare au
sens primitif d'émonder, v. conter^, d'où : « couper des
deux côtés ». Dérivé : amputation. Députer, c'est propre-
ment détacher en coupant, d'où au figuré déléguer; dérivé
députation.
Amulette, emprunté au latin amaletam, même sens.
Amuser, v. muse. Amygdale, v. amande.
An, latin annum, qui aurait d'abord eu le sens de cercle
{v. anneau). Année a été t'ait sur an; il y a, entre les deux
mots, la même nuance de signification qu'entre jour et
journée. Autres dérivés : suranné (v. ce mot), annuel et
bisannuel, annuaire, annuité, annales (histoire année par
année, comparez chronique), anniversaire (retour annuel,
V. vers^), solennel (proprt qui ne revient que chaque année,
V. seul) et solennité; biennal, triennal, quinquennal, sep-
tennal d'où septennat, décennal, qui revient tous les deux
ans, tous les trois ans, etc. ; pérennité, de l'adjectif latin
perennem, proprt qui se continue année par année, éternel;
antan, l'année d'avant, v. ant-.
An- préfixe, v. a-, amb- et ant-.
Ana-, préfixe grec qui équivaut souvent au préfixe d'ori-
gine latine re- (de nouveau, et en arrière), et signifie aussi :
de bas en haut.
Ana, substantif masculin, tiré de la désinence des titres
latins tels que menagiana, recueil de « traits relatifs à
Ménage ». C'est le suffixe latin qui a produit le suffixe fran-
çais -ain,-aine, {mondain, mondaine = Te\a,i'd au monde). Un
ana est un recueil de traits relatifs à tel ou tel auteur.
Anabaptiste, v. baptême.
Anachorète est, en grec, l'équivalent de retiré (du
monde).
Anachronisme, v. chroni- Analogie, analogue, v. U.-
qae. gique'^.
Anagramme, v. graphie 3. Analyse, v. soiuble.
Ananas, origine brésilienne.
Angine] du français, 23
Anarchie, u. arch-. Anatomie, v. tome.
Anathème, v. thèse 2. Ancêtre, v. ant- et céder 3.
Anche, de l'ancien haut ail. ancha : d'abord tuyau d'em-
bouchure, puis lame vibrante d'embouchure.
Anchois, espagnol anchoa, d'origine douteuse.
Ancien, v. ant-. Ancolie, v. eau.
Ancre vient du grec par l'intermédiaire du latin ancora.
Dérivé : ancrer. A la racine grecque se rattache ankyloser,
proprt courber. On a rattaché angle à la même racine.
Andante, participe présent du verbe italien qui est l'équi-
valent de notre verbe aller, proprt en allant, sans se
presser.
Andouille, v. duire 2, Androgyne, v. gynécée,
Andouiller, v. œil.
Ane, du latin asinum. Dérivés : ânesse, ânon, ânerie,
ânier. Le mot grec de même sens, onon, se trouve dans
onagre, âne sauvage. Le grec agrion, sauvage, est apparenté
au latin agrum, v. agraire.
Anéantir, u. étre^. Anémomètre, anémone, u.
Anecdote, v. dé à jouer i. âme.
Anémie, u. sang. Anerie, ânesse, v. âne.
Anesthésie, v. esthétique.
Anévrisme, proprt dilatation, origine grecque : préfixe
ana- et racine ayant le sens de large.
Anfractuosité, v. fraction^.
Ange, du mot latin angélus, transporté tel quel en fran-
çais pour désigner une prière qui commence par ce mot.
Dérivé : angélique. Le mot latin vient lui-même d'un mot
grec qui signifie messager, et qu'on retrouve dans évangile,
bon message {eu- est le préfixe grec eu). Dérivés : évangé-
liaire, évangélique, évangéliser, évangéliste.
Angélus, v. ange.
Angine, mal qui serre la gorge, se rattache au verbe latin
angere, serrer, parfait anxi, d'où : probablement angle, coin
resserré (dérivés savants angulaire, anguleux, triangle, rec-
tangle), sûrement angoisse, serrement de cœur au propre
et au figuré (dérivés angoisser, angoisseux) , anxieux,
anxiété, ce dernier n'étant séparé d'angoisse au figuré que
24 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Anomal
par une nuance de signification. Le grec kun-ankhê, d'où
esquinancie, est de la même famille.
Angle, angoisse, v. ancre Angora, u. noms propres
et angine. (Mots tirés de).
Anguille, latin anguilla.
Angulaire, anguleux, v. Animadversion, animal,
angine et ancre. animation, animer, animo-
Anicroche, v. croc. site, v. âme.
A.
Anier, v. âne.
Anis, grec anison, dérivé anisette.
Ankyloser, v. ancre. Annales, v. an.
Anneau. Les formes latines annelliim et anmilum ont
produit l'une anneau, d'où annelé, l'autre annulaire. Cer-
tains rattachent ces mots à annum {v. an), qui aurait eu le
sens de cercle.
Année, v. an. Annelé, v. anneau.
Annexe, annexer, annexion, se rattachent au verbe
latin nectere, supin nexum, qui signifie lier, comme ligare
[v. lier). Composé similaire à annexe, avec un autre préfixe :
connexe, doù connexion, connexité.
Annihiler, formé avec le préfixe ad- et le mot latin nihil
ou nihilum (rien), lequel se compose lui-même de la néga-
tion ni pour ne {v. ne) et de hilum, désignant une très petite
chose, la raie noire du haut de la fève. La négation se trouve
donc renforcée ici exactement comme dans les locutions
françaises a ne pas, ne point, ne mie ». Sur nihil, on a
formé aussi nihilisme, doctrine tendant à l'anéantissement
des institutions d'un pays, et nihiliste.
Anniversaire, v. an. Annulaire, v. anneau.
Annoncer, v. neuf 2. Annuler, v. ne.
Annoter, v. connaître, B, 2°. Anoblir, u. connaître, B, 3°.
Annuaire, annuel, annui-
té, V. an.
Anodin, proprt sans douleur, composé de an- privatif et
d'une racine grecque qui signifie douleur. Comparez le syno-
nyme inoffensif, qui ne fait pas de mal.
Anomal, anomalie, irrégulier, irrégularité (a- privatif
et nomon, v. autonome et comparez anormal) ; comme termes
d'astronomie, inégal, inégalité [an- privatif et homon,
V. homéo-, homo-).
Anthrax] du français. 25
-i . ,. Anonyme.v. connaître, B,^°.
Auon, ânonner, V. ane. -ni > »
Anormal, v. norme.
Anse, latin ansa: cf. aise.
Ant- ou anté-, préfixe latin, ant- ou anti-, préfixe grec,
sont de même origine, mais ont pris des significations diver-
gentes : avant ou devant pour anté, vis-à-vis et contre poi>r
antl. L'un a parfois été employé pour l'autre, d'autant plus
que, dans certains mots latins et en italien, anté a pris la
forme anti; c'est ainsi qu'antéchrist est pour antichrist
(contre le Christ), et antichambre, antidater, pour anté-
chanibre, aniédater. Cf. antan à a/î, et empa/^er h pair ^.
— Le préfixe latin peut être réduit à an- : ancêtre [v. céder^).
Il a eu la forme ains- (probablement de *antius, comparatif
populaire de ante), dans ainsné, devenu aîné [u. naître).
Cf. ains.
— Précédé du préfixe ab- devenu av-, ante, qui n'était pas
seulement préfixe, mais aussi adverbe et préposition en latin,
a produit notre préposition adverbiale avant, sur laquelle a
été formé devant par la substitution du préfixe de- à a-. Les
deux mots ont eu des emplois communs et ont pris des
acceptions divergentes. — Sur avant ont été faits : avancer,
d'où avance et avancement; avantage, d'où davantage,
avantager, avantageux et désavantage, désavantageux,
désavantager; vieux français paravniiL d'où auparavant. —
Sur devant ont été faits : devancer, devancier, devanture.
— L'adverbe latin ante est la racine de l'adjectif au com-
paratif antérieur, d'où antériorité (comp. extérieur, infé-
rieur, intérieur, postérieur, supérieur), et des adjectifs
antique (d"où antiquité, antiquaire, antiquaille) et ancien
(d'où ancienneté). Comparez archaïque.
Antagonisme, antagoniste, Anté-, v. ant-.
V. agonie. Antécédent, v. céder 3.
Antan, u, an. Antéchrist, v. ant-, anté-.
Antarctique, u. arctique. Antédiluvien, v. déluge.
Antenne, latin antenna, d'abord antenne de navire, puis,
par figure, antenne d'insecte.
Antérieur, v. ant-, anté-. Anthracite, v. le suivant.
Anthémis, anthologie, v.
fleur.
Anthrax, mot tout grec, qui signifie charbon, et qui, par
figure, désigne une espèce d'abcès (notre mot cliarbon a un
double sens analogue) ; dérivé anthracite.
26 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [ApO-
Anthropologie, du mot grec anthrôpon, homme. Sur le
composant -logie^ v. logique'^. On a encore le mot anthrôpon
dans misanthrope et philanthrope (v. ces mots), dans
anthropomorphisme, v. forme, anthropophage et anthropo-
phagie, où il est joint à la racine grecque phag-, qui signifie
manger et qu'on retrouve dans sarcophage, v. cercueil, et
dans œsophage, v. ce mot.
Anthropomorphisme, an- Anticiper, v. capable 2.
thropophage, anthropopha- Antidater, antidote, o. dé
gie, V. anthropologie. h jouer i.
Anti-, antichambre, v. ant-
oii anté-.
Antienne se rattache à une forme latine du grec anti-
phôna, proprt chant où une voix répond à une autre (préfixe
anti-). Du second élément du mot grec, sur lequel v. phoné-
tique, il ne reste que la syllabe ne. Dérivé savant antipho-
naire, livre des antiennes.
Antilope, mot d'origine inconnue, que nous avons
emprunté aux Anglais.
Antimoine, origine incon- Antipyrine, u. feu.
nue. Antiquaille, antiquaire,
Antinomie, v. autonome. antique, antiquité, v. ant- ou
Antipathie, u. pdfir 3. anté-,
Antiphonaire, v. antienne. Antiseptique, v. septique.
Antiphrase, v. phrase. Antithèse, u. thèse 2.
Antipode, v.pied *.
Antre, du grec antron, par l'intermédiaire du latin.
Anus, mot tout latin.
Anxiété, anxieux, u. angine.
Aorte, du grec aorte.
Août, V. oiseau ^. Apercevoir, v. capable^.
Apaiser, v. pacte i. Apéritif, v. ouvrir.
Apanage, v. pain. Aphasie, v. affable 6.
Aparté, V. part /, A. Aphone, v. phonétique.
Apathie, apathique, v. pâ- Aphorisme, u. horizon,
tir 3.
Aphte, proprt inflammation, grec aphte.
Api (poirime d'), v. noms Aplanir, y. plain.
propres (Mots tirés de). Aplatir, v. place.
Apiculture, u. abeille. Aplomb, v. plomb.
Apitoyer, v. pie, adj.
ApO", préfixe grec qui correspond au préfixe latin ab-, et
Apprécier j du français. 27
qui, comme lui, marque le point de départ et exprime l'idée
d'éloignement, au propre ou au figuré.
Apocalypse se rattache au verbe grec kaluptein, couvrir,
et 8ignifie proprt découverte, révélation; mais, comme cette
révélation est faite en termes peu clairs, apocalyptique
signifie très obscur, très couvert. Sur le môme verbe a été
l'ait eucalyptus, proprt bien couvert (parce que la fleur se
dégage tardivement du calice), ou peut-être « au bel
ombrage ». Kaluptein est sans doute apparenté à celer.
Apocryphe, v. crypte.
Apogée, v. terre.
Apologie, apologue, u. lo-
gique 3.
Apophtegme, dun mot grec composé du préfixe apo- et
dune racine qui a le sens de parole, de telle sorte quapo-
logue {v. logique'^) et apophtegme sont formés du même
préfixe et de deux racines ayant à peu près la même signifi-
cation. Mais, par des spécialisations divergentes, apologue a
pris le sens de récit détaillé, puis de fable, et apophtegme
celui de sentence.
Apoplexie, v. plaindre.
Apostasie, v. ester''.
Aposter, V. site 2,
Apostiller, du préfixe a- et du vieux français postille,'qui
n'est autre chose que le latin post illa [v. puis et il) qui
signifie proprt : après ces choses.
Apostolat, apostolique, v.
épître.
Apostrophe, apostropher,
u. strophe.
Apothéose, u. dieu *.
Apothicaire, v. thèse 1.
Apôtre, V. épître.
Apparaître, v. paraître.
Apparat, v. pair^.
Appareil, appareiller, v.
pair 1.
Apparence, apparent, v.
paraître.
Apparenter, v. parent.
Apparier, v. pair 1.
Apparition, appariteur, v.
paraître.
Appartement, y. part 1, B.
Appartenir, v. tenir 2.
Appas, appât, appâter, v.
paître '2.
Appauvrir, v. parent *.
Appeau, appel, appella-
tion, appeler, v. pouls.
Appendice, appendre, ap-
pentis, y. pendre 1.
Appesantir, y. pendre 2.
Appétit, u. pétition 2.
Applaudir, y. plausible.
Applicable, application,
appliquer, y. pliera.
Appoint, appointement,
appointer, y, poindre.
Apport, apporter, u. port.
Apposer, apposition, v.
site -K
Appréciable, appréciation,
apprécier, y. prix.
28 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Arabesque
Appréhender, appréhen- Approfondir, v. fond.
sion, appiendi-e, apprenti, Approprier, y. propre.
apprentissage, v. prendre. Approuver, v. probe.
Apprêt, apprêter, v. site^. Approvisionner, v. voir^.
Apprivoiser, v. priver. Approximatif, approxima-
Approbation, v. probe. tion, v. proche.
Approcher, v. proche. Appuyer, v. pied^.
Apre, latin asperam. Dérivés âpreté et son doublet aspé-
rité, qui s'est spécialisé au sens de <( parties saillantes »
d'un objet, rudes au toucher. Composé exaspérer, d'où exas-
pérant, exaspération. Affres a été rattaché à asperum.
Après, V. près. A- propos, v. site^.
Apreté, v. âpre.
Apte (dérivés : aptitude, inaptitude), calqué sur le latin
aptum, participe passé du vieux verbe apere qui signifie atta-
cher.
1. On a passé du sens de « attaché à » au sens de « propre
à ». Attitude vient du doublet italien d'aptitude; l'attitude
est l'aptitude, la disposition d'esprit, traduite par la dispo-
sition du corps. Inepte (d'où ineptie), formé avec le suffixe
négatif in-, signifie proprt : qui n'est apte à rien. A l'adjectif
apte se rattache le composé adapter, dérivé adaptation.
2. A la racine ap- du verbe latin se rattache le substantif
*co-apula, devenu copula, qui signifie lien, réunion, et d'où
dérivent notre mot savant copule (d'où copulatif) et son
doublet populaire couple, spécialisé dans le sens de : réu-
nion de deux. Composés : accoupler, d'où accouplement;
découpler. La différence de genre entre les deux acceptions
du mot français couple est purement arbitraire; d'ailleurs
une couple est tombé en désuétude, avec le sens particulier
qui lui était attribué. On ne dit plus une couple d'œufs mais
deux œufs. Couplet, proprt ensemble de vers accouplés par
la rime.
Aptère, v. aile. tique, aqueduc, aqueux, v.
Apurer, v. pur. eau.
Aquarelle, aquarium, aqua- Aquilin, v. aigle.
Aquilon, latin aquilonem, proprt le vent noir, d'aqui-
lum = brun. Cf. bise.
Arabesque, d'origine italienne, comme l'indique le
suffixe, signifie proprt arabe. On a donné ce nom à un genre
d'ornement qui rappelle l'ornementation arabe.
Arc] DU FRANÇAIS. 29
Arable (terre) se rattache au verbe latin arare, supin
aratam, qui signifie labourer (v. ce mot). Autre dérivé :
aratoire (instrument).
Araignée se rattache au latin aranea, d'origine grecque,
qui a produit le vieux français araigne ou aragne, encore
dans La Fontaine. Araignée a d'abord désigné la toile d'arai-
gnée. Sur musaraigne, v. moule^.
Aratoire, v. arable, , Arbalète, v. parole'-.
Arbitre, latin arbitram, désigne celui qui est chargé de la
conciliation entre deux parties, et qui a plein pouvoir pour la
faire. Le dérivé arbitriam désigne l'acte de conciliation, et
exprime en outre, par extension, l'idée de plein pouvoir. Les
deux mots ont produit arbitre en français; mais arbitre =
arbitriam s'est restreint au sens de « plein pouvoir » (libre
arbitre; dérivé arbitraire), tandis que l'autre sens d'arbi-
trium était attribué à un mot nouveau, arbitrage.
Arborer, arbouse, u. arbre.
Arbre. Le mot latin arbos ou arbor, accusatif arborera,
qui a produit arbre, et auquel se rattachent arbuste, arbou-
sier (et arbouse) et le diminutif arbrisseau, se retrouve sous
sa forme toute latine dans le dérivé arborer, qui signifie
proprt : dresser comme un arbre, et dans arboriculture,
arboriculteur, v. colon. Il faut voir aussi le mot arbre
déformé dans l'élément -able du substantif érable = ér-able,
la syllable ér- ayant à elle seule la signification d'érable
(latin acerem), de telle sorte qw'érable équivaut à : érable-
arbre. Cf. rhododendron au mot rose.
— Sur arborera, avec les suffixes iser et iste, on avait fait
les mots arboriser, arboriste, dans lesquels, en pensant aux
herbes, on a substitué herb- non pas à arbor, comme il eût
été naturel, mais seulement à la première syllabe arb-, de
telle sorte que ces mots offrent un mélange bizarre d'arbre
et d'herbe.
Arbrisjeau, so-buste, u. arbre.
Arc, latin arcum, arme en bois « courbé », d"où les
diverses acceptions figurées. Forme féminine arche (d'un
pont), mot différent de celui qui signifie proprt coffre, qui
est aussi d'origine latine {arca, d'où arcanes, secrets) et qui
figure dans les expressions de l'histoire sainte « Varche
sainte, Varche de Noé ».
30 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Archal
— Dérivés d'arcum : les diminutifs arceau et archet-
archer; arçon, d'où désarçonner, pièce de la selle en bois
cintré; arquer, arcade. Sur arbalète, v. parole^. C'est par
erreur détymologie qu'on a dit arquebuse au lieu d'aque-
buse (proprt boite à croc) ; on a là non pas le mot arc, mais
un terme germanique qui désigne le croc retenant le canon
de l'arme sur le chevalet.
Arcade, arcanes, v. arc. Arceau, u. arc,
Arc-boutant, v. bouter.
Areh-, archi-, préfixe d'origine grecque, exprime une
idée de primauté (d'où la valeur superlative d'archi- dans
archifou, archimillionnaire, etc.). Il se rattache en effet au
verbe grec arkhein qui signifie passer avant, commander,
et qui est l'origine des éléments -arque, -archie, des mots
tels que : monarchie, gouvernement d'un seul, monarque;
anarchie {an- privatif), absence de gouvernement, dérivés
anarchiste, anarchique, etc. ; gymnasiarque, hérésiarque,
V. gymnase et hérésie. Les archanges passent avant les
anges, l'archevêque (adjectif à forme savante : archiépis-
copal) avant l'évoque, l'archidiacre avant le diacre, l'archi-
prétre avant les autres prêtres, l'archiduc avant le duc.
L'archipel {-pel, abréviation du mot grec qui signifie mer)
est la mer principale pour les Grecs, la mer Egée, parsemée
dîles, d'où le sens de « groupe d'îles ». L'architecte (grec
architectôn) est le constructeur en chef (dérivés architec-
ture, architectonique).
— Le verbe grec arkhein avait aussi le sens de venir
avant, d'où la valeur du préfixe sous la forme arche- dans
archétype, type primitif, et l'adjectif arkhaion, ancien, d'où
dérivent archa'isme, archa'ique (comparez antique, ancien),
archéologie [v. logique *).
— Le mot archives se rattache par le latin archivum à un
dérivé grec qui désigne le lieu de réunion des chefs, des
magistrats, et l'ensemble des documents qu'on y conservait.
Dérivé archiviste.
Archaïque, archaïsme v. arch-, archi-.
Archal (fil d'archal), doublet populaire d'orichalque,
lequel est formé des mots grecs oros, montagne {v. mont),
et khalkon, airain, cuivre (chalcographie, gravure sur
cuivre, chrysocale, pour c/irysoca/gue, proprt cuivre d'or).
Arguer] du français. 31
Archange, v. arch-, archi-, prêtre, architecte, y. arc'.-,
Arche, v. arc. archi-.
Archéologie, archéologue, Architrave, v. travée.
V. arch-, archi-. Archives, archiviste, v.
Archer, archet, u. arc. arch-, archi-.
Archétype, archevêque, Archivolte, u. vouie i.
archidiacre, archiduc, ar- Arçon, v. arc.
chiépiscopal, archipel, archi-
Aretique, d'origine grecque, signifie proprt : de l'ours,
du côté de la Grande Ourse, du côté du nord. Le grec arkton
est le même mot que le latin ursum, français ours, d'où
ourson, oursin. Le septentrion, c'est aussi le côté de la cons-
tellation aux sept étoiles, de la Grande Ourse.
— Avec le préfixe anti-, on a fait antarctique, opposé à
arctique. Les noms du vent du nord, boreas, et du vent du
midi, auster, ont servi à former les adjectifs boréal et
austral, qui équivalent à arctique et antarctique. Hyperbo-
réen, proprt au delà du nord, à l'extrême nord.
— Quant aux mots nord et sud, ce sont des mots germa-
niques. Sur midi et méridional, v. jour; le midi, point car-
dinal, c'est la direction d'où vient la lumière du soleil à
midi. .
Ardent, ardeur, u. aride. Ardoise, ardoisière, origine
Ardillon, v. hart. inconnue.
Ardu, latin arduum.
Are, V. aire.
Arène, du latin arena, sable.
Aréopage, mot grec, qui signifie « colline d'Ares, de
Mars », le tribunal suprême siégeant sur cette colline.
Arête, du latin arista, qui signifie : barbe d'épi, d'où,
par comparaison, arête de poisson. Par une nouvelle compa-
raison, l'arête de poisson a engendré le sens d'arête de mon-
tagne.
Argent, du latin argentum. Dérivés : argenter^ argen-
terie, argentin (son), argentier.
Argile, argileux, latin argilla.
Argot, origine inconnue. Argousin, v. vizir.
Arguer, latin arguere, supin argutum. Le sens primitif
est : indiquer, expliquer. Un argument (dérivé argumenter)
est. une explication, un exposé, d'où, par restriction, le sens
d'élément de discussion. Arguer, c'est s'appuyer sur un
32 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [ArmCf
argument. Des arguties sont des arguments subtils; rédar-
guer, c'est proprt rétorquer des arguments. Tous ces mots
sont d'origine savante.
Argument, argumentation, argumenter, v. arguer.
Argus, personnage mythologique aux cent yeux.
Argutie, v. arguer.
Aride, latin aridiim, sec. Dérivés : aridité, ardent et
ardeur. Ardent est originairement le participe présent d'un
verbe qui avait passé en vieux français sous la forme ardre.
On est allé par connexion de l'idée de desséché à l'idée de
brûlé (cf. torride), et, par figure, à l'idée de passionné.
Ariette, v. air.
Aristocrate, aristocratie, aristocratique, sont formés
de deux mots grecs : ariston = \e meilleur (équivalent du
latin optimum, v. copie) et kratcin, gouverner. Le second
élément se retrouve dans : démocrate, démocratie, démo-
cratique; autocrate, qui gouverne par lui-même, sans con-
trôle, V. auto-; bureaucratie.
Arithmétique, v. nombre.
Arlequin, nom d'un personnage de la comédie italienne,
vêtu d'un costume fait de pièces et de morceaux; dérivé
arlequinade.
Armateur, armature, arme, armée, v. le suivant.
Armer, du latin armare (apparenté à art, v. ce mot),
signifie proprt arranger, adapter, équiper, apprêter [armer
d'armes défensives, armer un navire, armer un fusil).
Substantif participial armée; substantif verbal arme; déri-
vés armateur (celui qui arme un navire), armement, armure
(armes défensives, mais armurier, marchand d'armes de
toutes sortes) et son doublet armature, assemblage de pièces
de soutien, armoire, meuble destiné à contenir un équipe-
ment, des vêtements ou des objets quelconques; le vieux
verbe armoyer, orner d'armes héraldiques, et son dérivé
armoiries, sur lequel ont été faits armorier et armoriai;
armistice {v. ester'').
— Composés : désarmer, d'où désarmement; alarme,
d'abord exclamation, « aux armes! »; dérivé alarmer;
cf. alerte.
Art] DU FRANÇAIS. 33
Armet, y. heaume. Arraistice, armoire, armoi-
ries, V. armer.
Armoise, grec artemisia, proprt plante d'Artémis.
Armoriai, armorier, armure, armurier, y. armer.
Arnica semble être une déformation du grec ptarmikê,
latin ptarmica = qui fait élernuer.
Arôme, aromate, grec arôma, gé'nitif arômatos, dérivé :
aromatique.
Arpège, v. harpe.
Arpent, d'où arpentage, arpenter, arpenteur, d'origine
gauloise.
Arquebuse, arquer, u. arc. Arrérages, v. re- ou ré- 3.
Arracher, u. rapt. Arrestation, arrêt, arrêter,
Arranger, u. rang. v. ester-.
Arrhes, latin arrhas, mot d'origine grecque ; accaparer,
que nous avons emprunté aux Italiens, se compose du mot
arrhes, du préfixe ad- et d'une racine cap- qui introduit l'idée
de prendre {v, capable^); c'est proprt s'emparer d'avance en
donnant des arrhes.
Arrière, v, re- ou ré-. Arrondir, arrondissement,
Arriver, v. rive. v. roue^.
Arrogance, arrogant, s'ar- Arroser, arrosoir, v. rosée.
roger, v. rogations.
Arsenal, mot dorigine arabe, dont le sens propre est
« construction », et qui nous vient par l'italien ; de même
darse.
Arsenic, grec arsenikon, d'origine persane.
Art, latin artem, proprt combinaison (cf. armer). Le
latin a aussi artum, de même racine, apparenté au grec
arthron (d'où arthritique) et qui signifie : jointure de
membre.
— A ce dernier se rattache le dérivé article, dont le sens
propre s'est conservé, avec une spécialisation, dans la forme
populaire orteil pour arteil, mais qui sous la forme savante
ne s'emploie plus qu'au figuré, au sens de partie compo-
sante d'un traité, d'un journal, d'un dictionnaire, d'un com-
merce, de la durée (exclusivement aujourd'hui dans la
locution « à l'article de la mort ») et aussi élément de la
désignation des objets dans le langage (mot qui indique la
détermination du nom). Autres dérivés : articuler (com-
DICT. KTYM. FRANC. 3
34 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [AsSaUt
posés désarticuler, inarticulé), articulaire, articulation,
où l'on retrouve le sens propre.
— Dérivés de art : artiste, artistique; artifice, procédé
ingénieux [v.faire'^)^ d'où artificiel, artificieux, artificier;
artisan (qui nous vient de l'italien) ; le vieux verbe artiller
(reforination d'atiller, d'origine inconnue), munir d'engins
de guerre, d'où artilleur, artillerie. Composés : inerte,
inertie, proprt manque d'art, d'initiative.
Artère, du latin arteria, d'origine grecque, qui a d'abord
désigné la trachée-artère {trachée est un adj. qui signifie
raboteuse), et qui s'est ensuite appliqué aux vaisseaux où
circule le sang sortant du cœur. Dérivé : artériel; composé
artériosclérose, v. sclérose.
Artésien, v. noms propres Arthritique, v. art.
(Mots tirés de).
Artichaut, de l'italien articiocco, qui parait être d'ori-
gine arabe.
Article, articulaire, arti- lerie, artilleur, artisan, ar-
oulation, articuler, artifice, tiste, artistique, v. art.
artificiel, artificier, artil-
As, latin assem, unité.
Ascendant, ascenseur, ascension, v. échelle.
Ascète, ascétique, du grec askêtên, « pratiquant ».
Asile, latin asylam, d'origine grecque, proprt inviolable.
Aspect, V. épice^.
Asperge, du latin asparagum.
Asperger, v. épars. Aspersion, v. épars.
Aspérité, u. âpre.
Asphalte, du grec asphalton, bitume.
Asphodèle, du grec asphodelon.
Asphyxie, du grec asphuxia [a- privatif), proprt arrêt des
battements du pouls; dérivé : asphyxier.
Aspic, latin aspidem. Le mot aspic, terme culinaire, pré-
senté comme d'origine inconnue par le Dictionnaire
Général, peut être un emploi figuré de aspic =■ serpent (compa-
raison avec un serpent enroulé).
Aspiration, aspirer, v. Assaisonner, v. saison,
esprit. Assassin, assassiner, v.
Assaillir, v. saillir. hachisch.
Ass'Unlr, u. sain. Assaut, v, saillir.
Assouvir] du français. 35
Assemh'aae, assembler, v. Assermenté, v. sacrer,
sembler. Assertion, v. série.
Asséner, v. seing. Asservir, v. serf-.
Assentiment, v. sentir. Assesseur, v. seoir ^.
Asseoir, v. seoir ^.
Assez, formé avec le préfixe ad- sur Tadverbe latin satis,
qu'on retrouve comme préfixe dans satisfaire (d"où satisfai-
sant, satisfaction, et satisfecit, mot tout latin, qui signifie :
il a satisfait). Dérivés ou apparentés : satiété, saturer (d'où
saturation), saoul (d'abord sadoul), dont le sens propre est
(( qui en a assez », et son dérivé saouler. Composés : rassa-
sier, et le mot savant insatiable.
Assidu, assiduité, v. seoir ^. Assolement, v. sol.
Assiéger, v. seoir ^. Assombrir, v. sombre.
Assiette, v. seoir ^. Assommer, assommoir, v.
Assignation, assigner, v. somme 3.
seing. Assomption, v. exempt^.
Assimiler, v. sembler. Assonance, v. sonner.
Assise, V. seoir 3. Assortiment, assortir, u.
Assistance, assister, v. sort,
ester -i. Assoupir, v. assouvir.
Association, associer, v. Assouplir, v. plier 2.
suivre 3. Assourdir, v. sourd.
Assouvir, d'où inassouvi, est le doublet d'assoupir, et
signifie proprt endormir, calmer (en donnant satisfaction).
Il se rattache à un substantif latin soporem, qu'on retrouve
dans le mot savant soporifique = qui produit le sommeil
{v. faire ').
— La racine latine sop- a formé *sopnam, devenu ensuite
somnum, qui a produit notre mot somme (faire un bon
somme), dont sommeil (dérivé sommeiller) est un dimi-
nutif, et le mot savant somnifère (apportant le sommeil,
V. olfrir^), qui exprime la même idée que soporifique.
Autres dérivés : somnolent, somnolence; somnambule {v.
ambulant); insomnie, formé avec in- privatif. Enfin le dérivé
latin soninium a produit le français songe et songer, son-
geur. Il est remarquable que songer soit arrivé à signifier
u imaginer », en éliminant l'idée de sommeil exprimée par
la racine.
— Le grec hnpnon, sommeil, d'où hypnotique, hypno-
tisme, hypnotiser, est apparenté à somnnni. Les mots faits
sur hupnon ayant été employés pour désigner un sommeil
36 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Atrc
d'une nature spéciale, « sommeil hypnotique » ne constitue
une locution pléonastique qu'au point de vue de l'étymo-
logie.
Assujettir, assujettisse- Assurance, assurer, v.
ment, V. jeter ^. cure^.
Assumer, v. exempt 2. Astérisque, v. astre.
Asthme, d'où asthmatique, grec asthma, gén. asthmatos.
Asticot, asticoter, origine douteuse.
Astiquer semble fait sur l'anglais stick, bâton, qui aurait
produit astic, polissoir, d'où le verbe. Cf. stimuler.
Astracan, v. noms propres (Mots tirés de).
Astragale, grec astragalon, vertèbre, osselet, d'où, au
figuré, petite moulure.
Astre, grec astera et astron, latin astrum. Dérivés : asté-
risque (d'origine grecque), signe en forme d'étoile, astral.
Composés : malotru, proprt né sous un mauvais astre;
désastre (préfixe dés-, marquant séparation), proprt le fait
d'être abandonné par son étoile, avec le dérivé désastreux;
astrologie, astrologue, astronomie et astronome [v. logique^
et autonome), avec leurs dérivés astrologique, astronomique.
Parmi tous ces mots, malotru est le seul d'origine populaire.
— La racine indo-européenne d'astre se retrouve dans le
latin Stella [v. étoile).
Astreindre, astringent, v. astrologue, astronome, as-
étreindre. tronomie, astronomique, v.
Astrologie, astrologique, astre.
Astuce, astucieux, latin astutia.
Atavisme, v. aïeul.
Ataxie, ataxique, grec ataœia, irrégularité, v. syntaxe.
Atelier, v. haste. Athée, athéisme, v. dieu *.
Atermoiement, v. terme.
Athlète, grec athlêtên, lutteur.
Atlas, Atlantique, v. noms Atone, v. ton.
propres (Mots tirés de). Atour, v. tour.
Atmosphère, atmosphéri- Atout, v. tout.
que, V. sphère. Atrabilaire, v. bile.
Atome, atomique, v. tome.
Atre, d'origine germanique, cf. allemand estrich, proprt
sol dallé.
Attraper] du français. 37
Atroce, d'où atrocité, latin atrocem.
Atrophie (dérivé : atrophier), grec atrophia, composé de
a- privatif et d'une racine grecque ayant le sens de nourrir,
qu'on retrouve dans limitrophe; « pays limitrophe » a
d'abord signifié, croit-on : pays assigné aux troupes de
frontière pour leur nourriture, puis simplement : pays qui
touche la frontière; hypertrophie équivaut à suralimenta-
tion, tout en ayant l'acception connexe de : accroissement
excessif.
Attabler, v. table.
Attacher, d'origine incertaine. Adjectif participai atta-
chant, uniquement employé au figuré; substantif verbal
attache; dérivé : attachement; composé avec un autre préfixe
détacher, d'où détachement; surcomposé rattacher, d'où
rattachement.
— Les verbes attacher et attaquer sont le même mot, la
seconde forme, d'origine italienne, ayant le sens de s'atta-
cher à un adversaire, le joindre, prendre contact pour le
combat. Substantif verbal attaque; dérivé : attaquable, d'où
inattaquable.
— Le substantif taquet se rattache au même radical.
Attarder, u. tard. Atteindre, atteinte, v. tan-
gent 2.
Attelage, atteler, formé avec le préfixe ad- et le latin
teliun qui signifie «. trait » (qu'on lance) et qui est arrivé à
désigner le timon, par une figure semblable à celle qui a
donné à flèche le sens de « flèche de voiture )>. Composé
avec un autre préfixe : dételer.
Attenant u. tenir-. Atténuer, v. ténu.
Attendre, v. tenir ^. Atterrer, atterrir, v. terre.
Attendrir, v. tendre, adjec- Attester, v. témoin i.
tif. Attiédir, v. tiède.
Attentat v. tenir 3. Attifer, origine inconnue.
Attente, attentif, atten-
tion. V. tenir *.
Attique, nom donné à un petit étage au-dessus des
autres, à la manière attique.
Attirail, attirer, u. tirer. Attouchement, v. toucher.
Attiser, v. tison. Attraction, attrait, v.
Attitré, V. titre. traire *.
Attitude, u. apte^. Attraper, v. trappe.
38 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [AumÔnC
Attrayant, v. traire *. Attrouper, v. troupe.
Attribuer, attribut, attri- Aubade, u. aube.
bution, V. tribu. Aubaine, v. autre 3.
Attrister, v. triste.
Aube, moment où l'horizon blanchit, et tunique blanche
des officiants, vient du féminin alba de l'adjectif latin qui
signifie blanc. Dérivés : aubade, chant du matin (nous vient
du provençal), aubépine, proprt blanche épine, aubier,
couche blanche du bois de certains arbres, et obier, arbre
à bois blanc.
— Nous avons emprunté l'adjectif latin tel quel sous sa
forme neutre dans notre mot album, proprt cahier de feuilles
blanches. Du substantif latin albumen^ génitif albuminis,
substance blanche, nous avons tiré albumine, blanc dœuf.
De l'adjectif latin les Portugais avaient tiré un nouvel
adjectif, albino, dans la locution negros albinos, proprt
nègres blancs. Lhabitude d'entendre cette locution au
pluriel nous a fait dire un albinos (au lieu de : un albino)
pour désigner un de ces hommes. Pour une confusion
semblable, v. alcarazas. Autre dérivé : ablette (pour *alblette]f
petit poisson blanc. — Cf. candide.
Auberge, aubergiste, v. héberger.
Aubergine, mot d'origine arabe, emprunté au catalan.
Aubier, v. aube. Aucun, v. autre ^.
Audace, audacieux, se rattachent au verbe latin audere,
supin auswn, dont le sens primitif est : être désireux de
(même racine que dans avare). C'est d'un nouveau verbe
dérivé du supin que vient le verbe français oser, adjectif
participial osé.
Audience, auditeur, auditif, audition, auditoire, v. oreille.
Auge, du latin alveum, creux, dont le diminutif alveolum
est passé en français sous la forme savante alvéole.
Augmenter, v. auteur. Aujourd'hui, v. jour.
Augure, augurer, auguste,
V. oiseau^.
Aumône, jadis almosne, du mot grec eleêmosunê, dont la
racine est le verbe qui signifie avoir pitié et qu'on trouve à
l'impératif dans l'invocation Kyrie eleison, Seigneur, aie pitié
{v. kyrielle). Dérivés : aumônier, proprt chargé de faire
Automne] du français. 39
l'aumône, ou disposé à la faire; aumonière, proprt bourse
de l'arg-ent des aumônes.
i. Aune, arbre, latin alnum, v. vergue.
2. Aune, ancienne mesure de longueur, de l'ancien haut
allemand e///m = avant-bras (comparez coudée). Dérivés :
auner, aunage.
Auparavant, v. ant- ou Auriculaire, v. oreille,
anté-. Aurifier, v. or.
Auprès, V. près. Aurone, v. ambroisie.
Auréole, v. or.
Aurore, latin aurora.
Ausculter, v. oreille. Aussi, aussitôt, u.si adverbe,
Auspice, V. oiseau^. et tôt.
Austère, latin austerum, emprunté au grec, dérivé : aus-
térité. Sens grec primitif : desséché.
Austral, V. arctique. Autant, y. tant.
Autan, V. aliment 3. Autel, v. aliment 3.
Auteur se rattache au verbe latin augere, supin auctum,
(dérivé aiigmentum sur lequel a été fait notre verbe aug-
menter, d'où augmentation). Vauteur est proprt celui qui
augmente, d'où celui qui produit, ou celui qui concède un
droit. Au dernier sens se réfèrent les acceptions des dérivés
savants autoriser, autorité, autoritaire. Le doublet d'auto-
riser est octroyer, d'où octroi. Autre dérivé : auxiliaire,
proprt qui apporte une augmentation, une aide.
Authenticité, authentique, authentiquer, se ratta-
chent au grec authentikon, qui agit de lui-même (v. le mot
suivant), qui fait autorité.
Auto-, préfixe d'origine grecque signifiant « même, lui-
même, par lui-même », Cf. tautologie, au mot logique *.
Autochtone, v. terre. Autocrate, v. aristocrate.
Autodafé, locution portugaise, proprt acte de foi, sup-
plice ordonné par l'Inquisition.
Autodidacte, v. didactique. autographier, autographi-
Autographe, autographie, que, v. graphie -.
Automate, automatique, automatisme, préfixe auto-
ot verbe grec ayant le sens de se mouvoir.
Au.toiQédon,v. noms propres Automobile,»', mouvoir^.
(Mots tirés de).
Automne, latin autamnum.
40 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [AutrC
Autonome, proprt qui vit d'après la loi qu'il fait lui-
même, préfixe auto- et nomon, loi. Dérivé autonomie.
— L'idée de loi se retrouve dans les mots suivants : éco-
nome (v. ce mot), proprt qui fait la loi de la maison ; dérivés ;
économie, économiser, économiste, économat; astronome,
agronome, où le second élément -nome équivaut à : personne
qui étudie les lois (de la course des astres, de la culture des
champs, v. astre et agraire); l'astronomie et l'agronomie
sont les sciences de ces lois; adjectifs dérivés : astrono-
mique, agronomique. — Antinomie, contradiction entre
deux lois (préfixe anti-). — Le métronome règle la mesure,
V. mesure. — Anomal, v. ce mot.
— La même racine grecque nom- exprime l'idée de partager
(d'où monôme pour *mononôme^ cf. tragi-comédie, binôme,
polynôme, v. multi-) et celle de faire paître (d'où nomade,
proprt qui change de pâturage) ; v. aussi numismate.
Autopsie, u. voir ^. 1. Autour, préfixe et adv.
Autorisation , autoriser , v. tour.
autoritaire, autorité, v. au- 2. Autour, oiseau de proie,
leur. V. noms pj'opres (Mots dérivés
de).
Autre, cas régime autrui (qui continue à ne jamais s'em-
ployer comme sujet).
1 . Le latin avait deux mots pour rendre l'idée de cet adjectif :
alium et alterum. Le second, d'où vient autre, étant une
forme comparative par rapport au premier, s'employait spé-
cialement en parlant de deux, et cette valeur s'est conservée
dans la sous-famille alterner, venir l'un après l'autre, d'où
alternance, alternatif adj., alternative subst., subalterne,
placé sous un autre. Autre dérivé : altérer, proprt rendre
autre, corrompre (aussi modifier, affecter par la soif, sens
auquel se rattache désaltérer), d'où altération, altérable,
inaltérable. Dans adultérer, le préfixe najoute rien à
l'idée d'altérer, de corrompre; mais le substantif et l'adjectif
adultère et le dérivé adultérin se sont spécialisés dans le
sens de violation de la foi conjugale. Altercation, proprt
réplique, échange de propos violents.
2. Le latin alium n'est resté en français que sous la forme
de dérivés et de composés. Aliéner, céder à un autre, laisser
aller à un autre (d'où perdre une affection), détourner vers
autre chose, égarer (d'où : un aliéné); dérivés d'aliéner :
Avarie] du français. 4i
aliénation (vente), aliénable, inaliénable, aliénation men-
tale, médecin aliéniste.
3. Le latin aliorsum, pour *alioversum [v. vers *) a produit
ailleurs, autre part. — Alibi, mot tout latin, formé comme ibi
[u. idem), avait le même sens qu'aliorsum; sur ce mot, avec
le suffixe -ain, a été fait albain, aubain, « qui est d'ailleurs »,
étranger, d'où aubaine, d'abord succession détranger, puis
profit inattendu. — Le sens propre de aussi, autant (v. si
adverbe et tant) est : une autre fois ainsi, une autre fois tant,
d'où : pareillement. — Le mot aucun signifie proprt quelqu'un
d'autre, quelqu'un, et n'a pris la valeur négative que sous
l'influence de la négation ne : ce mot se compose de aa :=
autre, de c, seul reste de qui indéfini au sens de « n'importe
qui », enfin de l'indéfini un. L'analyse étymologique de je
n'en ai aucun est donc : je n'en ai pas un autre n'importe
lequel. — Algo, forme espagnole de auc-, signifie « quelque
chose » : hidalgo, fils de quelque chose, de bonne race.
4. La forme grecque de alium est allon, que l'on trouve
dans allopathe {v. pâtir ^), médecin qui traite par les con-
traires, par des effets autres que ceux de la maladie, et dans
allégorie (v. ce mot). Parallèle est formé avec un mot
grec où allon est répété, et signifie proprt à côté l'un de
l'autre; dérivés : parallélisme; parallélogramme, proprt
dessin de lignes parallèles, v. graphie^; sur parallélipipède,
V. pied *.
— Le mot grec qui correspond à alierum est heteron, d'où
hétéroclite {v. cligner), hétérodoxe {v. dogme), hétérogène
[v. génital^).
Autrefois, v, autre ^ et fois. Auxiliaire, u. auteur.
Autrement, V. autre ^. Aval, avalanche, avaler,
Autruche, v. oiseau *. v. val.
Autrui, V. autre. Avance,avancement,avau-
Auvent, v. vent. cer, v. ant-, anté-.
Avanie, origine orientale non précisée; le mot a eu d'abord
le sens restreint de : vexation imposée par les Turcs aux
Chrétiens.
Avant, avantage, avantageux, v. ant-, anté-.
Avare, d'où avarice, comme avide, d'où avidité, se rat-
tache au verbe latin avère [v. avé) dont le sens primitif est
se plaire à, et, par suite, désirer ardemment, v. aussi audace.
Avarie (d'où avarier), mot italien d'origine arabe, s'est
^2 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Avoîr
d abord appliqué spécialement aux navires et aux marchan-
dises.
Avatar, sanskrit avatâra, incarnations successives de la
divinité, dans la religion de l'Inde.
Avé, nom d'une prière latine qui commence ainsi. Ce mot
a d'abord signifié « réjouis-toi », formule de salut. C'est
l'impératif du verbe avère, v. avare.
Avec, d'abord adverbe, proprt près de cela, v. ce, pro-
nom ^ Dans ce mot, av- est un préfixe spécial, venant de
la préposition latine apud, qui signifie près de.
Aveline, espèce de noisette, proprt d'Abella (en Gam-
panie) ; Abella est elle-même la ville des pommes, cf. angl.
applCf ail. apfel, pomme.
Avenant, avènement, ave- Avide, avidité, v. avare.
nir, avent, aventure et ses Avilir, avilisseinent, v. vil.
dérivés, avenue, v. venir. Aviné, v. vin.
Avéré, V. voire. Avion, v. oiseau^.
Averse, v. vers'^. Aviron, v. virer. ♦
Aversion, avertir, v. vers^. Avis, aviser, aviso, v. voir^.
Aveu, V. vœu. Aviver, v. vivre 2.
Aveugle, v. œil. Avocat, v. voix.
Aviation, aviateur, avicul-
ture, V. oiseau 1.
Avoine, latin avena.
Avoir (d'où ravoir), latin habere, supin habitam, dont le
sens primitif est « tenir » et aussi « se tenir ».
1. Mots formés sur les dérivés latins : habit, proprt tenue,
puis vêtement; habitude, propt manière de se tenir, et habi-
tuel, habituer, déshabituer ; habile, proprt qui peut se tenir,
d'où : qui peut ou sait s'adapter (dérivés : malhabile, habi-
leté, habiliter, réhabiliter), et habiller (d'où habillement,
déshabiller, rhabiller, rhabilleur), proprt adapter, puis vêtir.
Il y a deux formes négatives de l'adjectif habile, Vnne avec
le préfixe in-, l'autre avec le préfixe dé-, qui marque éloigne-
ment : inhabile, dont le sens est exactement le contraire de
celui d'habile, et débile (d'où débiliter, débilité), qui se rap-
proche du sens primitif : « qui ne peut se tenir ». Malade,
* malehabilum : qui se tient, se trouve, dans de mauvaises
conditions; dérivé maladie.
2. Le mot étique (pour heclique) est formé sur le verbe
grec ekhein, qui a la même valeur que le latin habere, de
sorte que « élique » est la traduction grecque de « habituel » ;
Axonge] du français. 43
on a dit d'abord « fièvre étique », fièvre, continuelle, sans
répit, puis étiqae (doù étisie) a servi à désigner l'état de
ceux qui sont minés par la fièvre. Cachexie (y. cacochyme) est
la traduction grecque de maladie, le second élément du mot
dérivant aussi du verbe grec ekhein. V. aussi époque et
ennuque.
3. Le fréquentatif de habere a produit habiter, proprt se
tenir usuellement, demeurer dans. Dérivés : habitant, habi-
table, inhabitable, inhabité, habitation, habitacle, habitat.
4. Les composés de habere avaient un i à la place de Va :
-hibere, supin -hibitum. De là : exhiber, proprt tenir en
dehors, dérivé : exhibition; prohiber, proprt tenir en avant,
écarter, empêcher, dérivés prohibition, prohibitif; rédhi-
bitoire (idée de tenir à nouveau, de reprendre), dont le sens
propre est : qui donne lieu à la reprise d'un objet vendu, à
l'annulation d'un marché; prébende, et sa forme populaire
provende, proprt ce qui doit être tenu devant, fourni.
5. Le latin debere (pour * dehibere), supin debitum, d'où
vient devoir, est aussi un composé de habere et signifie
proprt « dés-avoir », ou encore : tenir de quelqu'un, avoir à
rendre; surcomposé redevoir, d'où redevance, redevable.
Adjectif et substantif participial dû, d'où dûment, indu.
Dette est la forme populaire de l'ancien participe passé
féminin, et débit (au sens de compte de ce qui est dû), la
forme savante du participe passé masculin, l'une et l'autre
employées substantivement. Dérivé : débiteur. L'autre mot
débit, au sens de « action de détailler » est le substantif
verbal de débiter, qui lui-même dérive de débit 1. Débiter,
c'est proprt ouvrir un compte de débit, d'où vendre au détail,
puis, par extension, détailler (débiter un chêne), puis, par
comparaison, détailler un récit.
Avoisiner, v. voisin, Avouable, v. vœu.
Avortement, avorter, avor- Avoué, subst., v. voix.
ton, V. orient. Avouer, v. vœu.
Avril, latin aprilem, d'après une ingénieuse hypothèse,
signifierait « le second »; c'est le second mois de l'année
romaine.
Axe, V. ais.
Axiome, grec axiômay proprt croyance.
Axonge, v. ais.
44 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Bachelier
Azalée, du grec azaleon, sec.
Azote, V. zoologie.
Azur et le mol du moyen âge lapis-lazuli (qui commence
par un mot latin signifiant pierre, v. pierre) viennent l'un
et l'autre d'un mot persan qui désigne une pierre précieuse
bleu clair. Dérivé : azuré.
Azyme» origine grecque, a- privatif et zamê, levain.
B
Baba, nom d'un gâteau, mot polonais.
Babil, babillage, babillard, sont tirés de babiller, ono-
matopée.
Babine, origine inconnue, peut-être même racine que
dans babouin et dans bâfrer.
Babiole, italien babbola, d'origine douteuse.
Bâbord, V. bord.
Babouche, origine persane par l'intermédiaire de l'arabe,
proprt ornement du pied.
Babouin, v. babine.
Baby, mot anglais prononcé bébé, et qu'on trouve sou-
vent écrit phonétiquement.
Bac, du néerlandais bak, auge, d'où bateau. Diminutifs :
bachot, baquet. Bassin et bâche (caisse à châssis et, par
extension, couverture) semblent se rattacher au même mot;
dérivés de bassin : bassinet, bassinoire, et bassiner, qui
signifie humecter, et chauffer à la bassinoire.
Baccalauréat, u. bachelier. Baccara, origine inconnue.
Bacchanales, latin bacchanalia, fêtes en l'honneur de
Bacclîus, d'où au singulier orgie bruyante, et, au masculin,
bacchanal, tapage désordonné. Chanson bachique, chanson
à boire.
Bâche, V. bac. Bachelette, v. bachelier.
Bachelier, mot d'origine incertaine, désigne un jeune
gentilhomme, d'où, par figure, un étudiant pourvu du pre-
mier grade universitaire. Dans le dernier sens, par fausse
I
Paie] DU FRANÇAIS. 45
étymologie ou par plaisanterie, le latin du moyen âge tra-
duisait bachelier par baccalaureum, mot formé avec les mots
latins qui signifient baie et laurier, et le grade s'appelait
haccalaureaiiim, d'où le français baccalauréat. Diminutif
féminin de bachelier : bachelette.
B?. chique, v. bacchanales. Bachot, v. bac.
Bacille, du latin bacillum petit bâton ; bactérie, d'origine
grecque, a la même racine et la même valeur, tandis que
microbe signifie « être à petite vie, à vie courte » [v. micro-
scope et vivre^) et qu'un vibrion est proprt animé de
mouvements vibrants. Imbécile (préfixe in-) signifie proprt
qui nest pas appuyé sur un bâton, d'où faible, puis faible
d'esprit. Dérivé : imbécillité. Baguette, qui nous vient de
l'italien, a la même racine et la même valeur que bacille, et
a conservé son sens propre.
— On retrouve la même racine dans bâcler, qui signifie
« arrêter comme avec un bâton », d"où obstruer le courant
d'une rivière, en parlant des glaces; la débâcle est la rupture
de cet obstacle. Un travail bâclé est proprt un travail arrêté,
interrompu, avant d'être achevé, d'où le sens de : fait pré-
cipitamment.
Bâcler, bactérie, v. bacille. Badaud, u. bayer.
Baderne, bas breton badern, tresse de vieux cordages,
d'où le sens figuré.
Badigeon, badigeonnage, Badin, badinage, badine,
badigeonner, origine incon- badiner, v. bayer.
nue. Bafouer, origine incertaine.
Bâfrer, v. babine.
Bagage se rattache au vieux mot bagues, d'origine ger-
manique, qui signifie bagages.
Bagarre, origine inconnue. Bagne, v. bain.
Bagatelle, v. baie i.
Bagou, mot d'argot.
Bague, v. baie i. Baguette, v. bacille.
Baguenauder, origine in- Bahut, origine incertaine,
connue.
Bai, rouge-brun, latin badium, même sens.
i. Baie, fruit, du latin baca, qui signifie baie, perle et
anneau, et qui nous a donné aussi, par l'intermédiaire du
provençal, le mot bague, et par l'intermédiaire d'un diminutif
46 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Balai
italien, le mot bagatelle (qu'on a rattaché aussi à bagues
= bagage, v. bagage).
2. Baie, golfe, du bas latin baia, pourrait être rattaché à
baie^.
3. Baie, trou dans un mur. Baigner, baigneur, bai-
V. bayer. gnoire, v. bain.
Bail, V. bailler.
Bailler. Au latin bajiilum, portefaix, se rattachent les
vieux verbes : bailler, porter, donner, employé notamment
dans les locutions « la bailler bonne à quelqu'un » et « bailler
à ferme », d'où le substantif verbal bail, location; et baillir,
administrer, d'où baillif et bailli, nom dun ofticier de jus-
tice de l'ancienne France, dérivé : bailliage, circonscription
judiciaire. A bailler se rattache bailleur, employé encore
au sens général dans « bailleur de fonds », mais usité
surtout pour désigner celui qui donne à bail. Féminin
bailleresse.
Bâiller, v. bayer. Bâillon, bâillonner, v.
Bailleresse , bailleur, bailli , bayer.
bailliage, v. bailler.
Bain, du latin balneum, qui, sous la forme italienne
devenue bagne en français, a pris le sens de : établissement
de bains transformé en prison (à Constantinople), puis lieu
de détention pour les forçats dans un port de mer. Bain a
formé baigner, d'où baigneur, baignoire. Sur balneum on a
fait le mot savant balnéaire : station balnéaire.
Baïonnette, v. noms propres (Mots tirés de).
Baiser, verbe dont l'infinitif s'emploie substantivement,
vient du latin basiare.
Baisser, w. bas.
Bajoue, composé de joue et de la particule péjorative 5a-
{v. bis et joue).
Bal, substantif verbal du vieux verbe baller, latin popu-
laire ballare, danser. Diminutif ballet ; adjectif participial
ballant dans « bras ballants ». Dérivés d'origine provençale :
ballade, d'abord chanson à danser, et baladin, proprt sau-
teur ; d'origine portugaise : bayadère, balladeira.
Balafre, u. lèvre.
Balai, probablement du mot celtique qui signifie genôt,
Balustre] du français. 47
les genêts étant employés à faire des balais et s'appelant
encore balais dans plusieurs régions. Dérivés : balayer,
balayure, balayage, balayette.
Balance, latin * hilancea^ à deux plateaux, de his (v. ce
mot) et d'une racine grecque, latin lancem, qui signifie
u plateau ». Dérivé : balancer, d'où balancier, balançoire,
balancement. Le mot bilan, balance des recettes et des
dépenses, vient d'une forme italienne de balance^ bilancio.
Balayage, balayer, balayette, balayure, v. balai.
Balbutier se rattache au latin balbatire, formé sur
balbam, bègue. Dérivé balbutiement. Composé populaire de
balbum : ébaubi, proprt rendu bègue.
Balcon, italien balcone, d'origine germanique, à rappro-
cher du terme maritime bau, poutre.
Baldaquin, u. noms propres (^Mots tirés de).
Baleine, du macédonien balaina (qui correspond au grec
phalaina), par l'intermédiaire d'une forme latine. Ce mot
n'a pas de rapport avec le phalaina d'où vient phalène, v.
fantaisie.
Balistique, v. parole 2. Ballant, ballade, v. bal.
Baliveau, Baliverne, mots
d'origine inconnue.
Ballast, mot anglais.
1. Balle (d'où déballer, déballage, emballer, etc.),
origine germanique, allemand moderne bail. Dérivés :
ballon, d'où ballonner ; ballot, petite balle de marchan-
dises, et ballotte, petite balle à jouer, d'où ballotter, faire
aller comme une balle, notamment les candidats dont aucun
n'a la majorité, et dont on dit qu'ils sont en ballottage.
Ballotte a aussi signifié boule de vote, et ballotter voter.
2. Balle (d'avoine), v. bla- Ballet, v. bal.
gue. Balnéaire, v. bain.
Balourd, venu d'Italie (cf. lourd), a formé, outre balour-
dise, le verbe abalourdir qui a disparu, mais sur le modèle
duquel, avec l'adjectif sourd, on a fabriqué un autre verbe
qui existe encore : abasourdir, synonyme d'assourdir
employé au figuré.
Balsamine, balsamique, v. baume.
Balustrade, balustre, inots d'origine italienne, qui se
rattachent au grec balauslion, grenade [balauste, mot fran-
48 DfCTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUK [Banalité
çais de la langue botanique) : les piliers de la balustrade
sont ordinairement renflés comme une grenade.
Balzan, forme italienne du vieux français baucent, se
rattache au latin balleum, ceinturon (le cheval balzan a une
bordure blanche au-dessus des sabots). Le même mot latin
semble nous avoir donné baudrier par l'intermédiaire d'une
forme germanique.
Bambin, de l'italien bambino, diminutif à côté duquel
existe la forme péjorative bamboccio (personnage contrefait,
marionnette), d'où bambocher, mener une vie de pantin, se
débaucher, dérivé bambocheur.
Bambocher, bambocheur, v. bambin.
Bambou, mot malais.
Bamboula, mot africain.
Ban, mot d'origine germanique. Un ban, c'est propre-
ment une proclamation (francique bannjan, proclamer).
Bans de mariage, proclamation, devenue aujourd'hui
simple affichage, des promesses de mariage. Une batterie
de tambours, dans les revues militaires, ouvre et ferme le
ban, c'est-à-dire la proclamation des nouveaux décorés, et
cette batterie s'appelle aussi un ban. Les seigneurs usaient
du « ban » dans bien des circonstances, notamment pour con-
damner solennellement (d'où l'expression actuelle : être au
ban de l'opinion), pour proscrire, d'où le verbe bannir
actuel (dérivé : bannissement) et l'expression a en rupture
de ban » appliquée au condamné revenu sur un territoire
qui lui est interdit. On appelait aussi ban et arrière-ban
l'ensemble des vassaux que le seigneur avait le droit de
convoquer par un ban de guerre. La banlieue, c'était proprt
la « lieue du ban », la lieue au delà et tout autour de la
ville, où les bans avaient force de loi comme dans la
ville. Le four banal était le four désigné par le ban du
seigneur pour l'usage commun des habitants d'un village,
d'où le sens actuel du mot banal (dérivé : banalité) : qui sert
à tout le monde, qui manque d'originalité. Le mot bandit,
d'où banditisme, proprt hors la loi, dérive de la forme
italienne du participe passé banni. Contrebande (d'où
contrebandier), également d'origine italienne, désigne des
opérations contre le ban, contre la loi. Un forban est hors
\e ban, hors la loi.
Banal, banalité, v. ban.
Baragouin] du français. 49
Banane, d'où bananier, nous vient de l'Inde, comme
l'arbre.
Banc, du germanique bank. Bancal = qui a les jambes
divergentes, comme beaucoup de bancs. Une banque, — le
mot nous vient dltalie, — est originairement un banc de
changeur; dérivé : banquier; la banqueroute {v. rompre) est
la rupture du banc du changeur failli. Banquet et banquette
signifient proprt petit banc; on s'assoit sur un banc ou un
(( iDanquet )> pour un repas de corps, et le mot banquet, par
connexion, a désigné le repas, doù banqueter. Banquise,
banc de glace, angl. ice, glace, cf. iceberg. Banquiste, forain
qui a un banc sur la place. Saltimbanque, v. saillir.
Bandet Un certain nombre de mots commençant par
ban- ou band-, comme ceux qui sont groupés sous le mot
ban, et qui sont aussi d'origine germanique, n'appartiennent
pas à la famille de 5a/i-proclamation. Ce sont tous ceux qui
expriment l'idée de bande d"étofîe (cf. ail. mod. binden, lier),
d'objet tendu, de drapeau, de troupe réunie sous un même
drapeau, et, par extension, de troupe quelconque : bande
d'étoffe, les diminutifs bandeau et bandelette, le verbe
bander (d'où bandage), le mot d'origine espagnole bandou-
lière, bande pour soutenir un sabre, etc.; bannière, doù
banneret, et bandière (d'où front de bandière, alignement
des drapeaux), banderole, bande flottante; bande de soldats.
Le verbe débander a les trois sens : enlever une bande
d'étoffe, détendre un arc, et détacher d'une troupe, d'où
débandade.
Bandit, u. ban. Banlieue, v. ban.
Bandoulière, u. bande.
Banne, benne dans certaines régions, origine gauloise.
Banneret, bannière, u. Banque, banqueroute, ban-
bande. queroutier, banquet, banque-
Bannir, bannissement, v. ter, banquette, banquier,
ban, banquise, banquiste, v. banc.
Baptême, baptiser, baptismal, baptiste, baptistère,
du grec baptizein, tremper. Anabaptiste {v. ana-), qui se
fait baptiser une seconde fois.
Baquet, v. bac.
Baragouin, proprt langue bretonne, d'où langage peu
intelligible : bara, pain, et gwin, vin, en bas breton ; dérivé :
baragouiner. Comparez charabia.
DIGT. ÉTYM. FRANC. «
50 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Barque
Baraque, baraquement, italien baracca.
Baratte, origine inconnue.
Barbacane, espèce de rempart; ce mot, d'origine arabe,
a été rapporté par les Croisés.
Barbare, proprt étranger, vient du grec par l'intermé-
diaire du latin barbaram. Dérivés : barbarie, barbarisme;
rhubarbe, proprt racine barbare; v. aussi brave.
Barbe, latin barba; dérivés : barbiche; barbu; barbet,
petit chien à barbe; barbeau, barbillon, petit poisson à
barbe ; barbelé, garni de barbes ; barbon, it. barbone, proprt
grande barbe; barbier, barbifier v. faire'^. Composés :
imberbe; ébarber; joubarde, u, dieu^; rébarbatif se dit de
la mine de quelqu'un qui « se rebarbe », qui se retourne
contre les gens; cf. se rebéquer, au mot bec.
Barbeau, barbelé, barbet, barbillon, barbon, u. barbe,
barbiche, barbier, barbifier,
Barboter, origine inconnue.
Barbouiller, d'où barbouilleur, barbouillage, origine
inconnue. Composés : débarbouiller, embarbouiller.
Barbu, v. barbe. Barcelonnette, v. bercer.
BarcaroUe, v. barque.
Barde, poète gaulois, mot d'origine celtique.
Bardé, mot d'origine arabe, signifie proprt couvert d'une
armure (en parlant d'un cheval, puis d'un chevalier) et, par
comparaison, entouré comme d'une armure : un chevalier
bardé de fer, une alouette bardée de lard.
Barège, Barème, v. noms Barguigner, origine incon-
propres (Mots tirés de). nue.
Baril, barillet, origine inconnue ; même racine que dans
barrique et dans barricade, retranchement fait de barriques
et autres obstacles, d'où barricader.
Bariolage, barioler, origine Barlong, u. long.
inconnue. Baromètre, v. grief.
Baron, latin populaire baronem, d'origine incertaine,
dérivés : baronnet, baronnie, baronnage.
Baroque, espagnol barrueco, perle de forme bizarre, d'où,
par extension, l'idée générale de bizarrerie.
Barque, d'origine égyptienne parrintermôdiaire du grec,
du latin et de l'italien. Composés : embarquer d'où embarca-
Bastille] du français. 5i
tion, embarquement; débarquer, d'où débarquement; débar-
cadère, embarcadère, mots à désinence espagnole; dérivé:
barcarolle, mot d'origine italienne, qui signifie proprt chant
de gondolier.
Barre, origine inconnue. Dérivés : barreau, barrière,
barrer, d'où barrage. Sur barre d'une part et, dautre part,
sur un dérivé italien de ce substantif, ont été faits : embarrer
(enfoncer, en vieux français), d'où rembarrer ; et embarrasser
(entraver), débarrasser, doù embarras, débarras. Embargo
est un mot espagnol qui parait être de la même famille.
Barrette (de cardinal) et béret se rattachent à birrum,
adjectif latin, qui serait lui-même dérivé du grec pur [v.feii)
et qui signifierait proprt couleur de feu. Le premier de ces
mots nous vient de l'italien, l'autre du provençal.
Barricade, v. baril. Barrique, v. baril.
Barrière, v. barre. Baryte, baryton, v. grief.
Bas, du latin bassum, surtout usité en latin comme
surnom. Cet adjectif s'emploie substantivement au masculin,
pour désigner la partie basse d'un objet quelconque (le bas,
pièce du vêtement, est l'ancien bas de chausses) et au
féminin, comme terme musical, notamment pour désigner
la voix ou un instrument à cordes qui donne les notes
basses et que la contrebasse complète; dérivé basson,
comparez hautbois. Le diminutif basset s'emploie comme
nom d'un chien bas sur pattes. Autres dérivés : bassesse;
baisser, d'où abaisser, rabaisser et rabais (action de
remettre bas), surbaissé; soubassement. Locution adver-
biale composée : en contre-bas.
Basalte, basaltique, latin basalien, d'origine africaine.
Basane, d'où basané, vient de l'arabe par le provençal.
Bascule, basculer, v. cul. Base, v. venir.
Basilic, basilique, se rattachent au mot grec basilea, qui
signifie roi. Le basilic-serpent est proprt un petit roi, le
basilic-fleur est la fleur royale. Une basilique est d'abord un
palais royal, un tribunal. La forme populaire de basilique est
basoche (d'où basochien), corps des clercs du palais.
Basoche, v. basilic. Bassin, bassiner, bassinet.
Basque, basquine, v. noms bassinoire, v. bac.
propres (Mots tirés de). Basson, v. bas.
Basse, V. bas. Bastide, bastille, v. bât.
52 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Battre
Bastingage^ origine italienne.
Bastion, bastonnade, v. bât.
Bât semble se rattacher à la racine du verbe grec bas-
tazeiii, qui signifie porter. Verbes : bâter et débâter. Dérivé :
bâtard, dont le sens propre serait : engendré sur le bât par
quelque muletier. On a voulu voir aussi dans ce mot une
racine basl- qui aurait le sens de « pousse », et dès lors
bâtard (suffixe péjoratif -ard) signifierait sauvageon et bâton
tige (cf. canne).
— L'idée de porter, supporter, peut cependant expliquer
aussi, comme sens primitif, un sens encore fréquent du mot
bâton. Dérivés : bâtonnet, bâtonnier (proprt : qui tient le
bâton de la bannière, comme chef de la confrérie), bâtonner,
bastonnade emprunté à l'espagnol. « Mener une vie de bâton
de chaise », cest être toujours en mouvement comme les
bâtons de chaise à porteurs, cf. patachon.
— Élever une construction sur le support du sol, c'est bâtir.
Dérivés et composés : bâtiment, bâtisse, débâtir, rebâtir.
Dérivés de forme et d'origine méridionale, comportant l'idée
spéciale de construction militaire : bastide, bastille, bastion.
Bataille, batailler, batail- Bâtard, bâtardise, bâté,
leur, bataillon, v. battre. v. bât.
Bateau, germanique bat. Dérivés : batelier, batellerie ;
V. paquebot au mot paquet.
Bateleur, origine inconnue. Batelier, batellerie, v. ba-
teau.
Batifoler, proprt jouer sur les remparts, se rattache à
l'italien baitifolle, boulevard.
Bâtiment et 1. Bâtir (construire), u. bât.
2. Bâtir, coudre, origine germanique.
Batiste, v. noms propres Battage, batte, batterie,
(Mots tirés de). battoir, v. le suivant.
Bâton, bâtonnier, v. bât.
Battre, latin battuere. Comme le dit très justement
Guizot, on n'est jamais battu qu'on ne soit frappé, mais on
peut être frappé sans être battu; battre suppose des coups,
répétés.
1. Du sens de « frapper de coups répétés », on a passé, par
connexion, à ceux de « produire ou subir des mouvements
de va et vient » et de « produire des sons répétés ». Battre
BaUj DU FRANÇAIS. 53
en retraite, c'est proprt exécuter la batterie de tambour qui
commande le mouvement de retraite, d'où exécuter ce mou-
vement. Se battre, c'est proprt lutter ensemble en parlant
de deux adversaires; de là on passe à l'idée pure et simple
de « lutter », par suppression de l'idée de réciprocité, et on
peut dire : « se battre contre ou ai'ec quelqu'un ». Substantif
verbal de battre : batte, instrument de blanchisseuse, sabre
de bois d'Arlequin, etc. Substantifs participaux : battue,
spécialement action de battre les bois; battant, partie bat-
tante de certains objets. Dérivés : battement du cœur,
d'ailes, etc.; battaisons, action débattre le blé; batterie,
action de se battre (aimer les batteries), action de battre les
métaux et produits de cette action (batterie de cuisine),
action de battre une position ennemie et instrument de
cette action [batterie d'artillerie et, par comparaison, batterie
électrique), sons produits par l'action de battre [batterie de
tambour), etc. ; bataille (d'où batailler, batailleur^ ensemble
de combats, ordre de combat (en bataille rangée^ et aussi,
jadis, corps de troupe, d'où le dérivé bataillon : battoir,
instrument pour battre le linge; batteur (batteur d'estrade,
proprt batteur de routes, v. estrade\ batteuse, machine
pour battre le blé.
2. Composés : abattre, proprt faire tomber en battant, et
rabattre, abattre en ramenant à l'état primitif, d'où : abat-
tement, qui ne s'emploie plus qu'au figuré, abatage. abatis
(parties abattues d'une volaille qu'on pare\ abatteur et rabat-
teur, abattoir; rabat, action de rabattre et résultat de cette
action (pièce du col rabattue"* : mots composés commençant
par abat- ou rabat-, abat-jour, rabat-joie, etc. ; débattre,
agiter une question, et se débattre, s'agiter fortement,
débat, action de débattre, s'ébattre, proprt s'agiter en
dehors, et, par connexion, se divertir en s'agilant, d'où
ébats, ébattement: combattre, proprt battre avec, par con-
séquent lutter, doù combat, combattant, combatif, comba-
tivité: rebattre, battre à nouveau et fréquemment {rebattre
les oreilles).
3. Sur basculer, qui contient le verbe battre, v. cul. Cour-
batu (d'où courbature) signifie proprt battu à bras rac-
courcis, d'où : ressentant une grande lassitude dans tous les
membres; sur courbature a été fait courbaturé, qui remplace
courbatu.
Bau, V. balcon.
64 DICTIOiNNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Béat
Baudet, diminutif du vieux français baud, germanique
bald, auquel se rattachent Tarchaïque s'ébaudir et son
dérivé ébaudissement. Baudet signifie donc proprt animal
guilleret (Il ne semble pas possible de le tirer, comme on l'a
fait, de l'anglais bald, chauve). Cf. ribaud.
Baudrier, v. balzan. Baudruche, Bauge, mots
d'origine inconnue.
Baume (composé embaumer) nous vient de l'hébreu par
l'intermédiaire du grec et du latin balsamam. Dérivés savants :
balsamine, nom de fleur, et balsamique.
Bavard, bavardage, bavar- Bavaroise, v. noms propres
der, V. bave. (Mots tirés de).
Bave, onomatopée, exprimant à la fois une idée de salive
et de babil. A l'idée de babil se rattachent les dérivés bavard,
bavarder, bavardage ; à l'idée de salive écumeuse : bavette,
baveux, baver, bavure.
Bavolet, v. voler '^. Bayadère, u. bal.
Bavure, v. bave.
Bayei*» Le verbe du latin populaire *batare, d'origine
inconnue, et son fréquentatif *bataculare ont produit :
1° baer, d'où béer et bayer; 2» baailler, bâiller, d'où bâille-
ment, bâillon (qui empêche de fermer la bouche), entre-
bâiller. Béant est le participe présent et bée (jadis béée),
dans « bouche bée », le participe passé féminin de la forme
béer, ce dernier employé substantivement avec l'orthographe
baie, pour désigner une ouverture béante. Sur bégueule,
V. gueule.
— A la racine de * batare, par l'intermédiaire de formes
méridionales, se rattachent badaud, badin, proprt celui qui
va bouche bée; mais badin, par l'intermédiaire de « qui fait
rire », a passé au sens favorable de « qui plaisante agréable-
ment », dérivé badiner, d'où badinage.
— A la même racine parait se rattacher aboyer, jadis
abaier, ouvrir la bouche, d'où crier.
Bazar, mot persan.
Béant, v. bayer.
Béat, emprunté du latin beatum, bienheureux; s'est à
peu près restreint à la langue religieuse, particulièrement
dans les dérivés béatitude, béatifier, mettre au rang des
Bélître] du français. 55
bienheureux, des saints. Béat a pris une acception péjora-
tive.
Beau, V. bon. Beaucoup, v. coup.
Beaupré, altération de l'anglais bowsprit.
Beauté, V. bon. Bébé, u. baby.
Bec, mot celtique. Dérivés : bécasse, bécassine, oiseaux
au long- bec; béquille, canne à traverse en forme de bec;
béquée, béqueter; bec-figue, pour bèque-figue; bec de
corbin (de corbeau); béjaane, pour bec jaune, oiseau qui a
encore le bec jaune, d'où niais (niais lui-même implique une
figure semblable, v. nid) ; se rebequer, proprt retourner son
bec contre quelqu'un, comparez rébarbatif au mot barbe.
Bécarre, emprunté à l'italien, signifie b carré, comme
bémol signifie b mol (arrondi).
Bécasse, bécassine, bec- de- Bêche, origine incertaine;
corbin, bec-figue, v. bec. dérivé bêcher.
Béchamel, v. noms propres Bedaine, bedon, origine
(Mots tirés de). inconnue.
Bedeau, d'abord « huissier », origine germanique.
Bedon, y. bedaine. Bée, u. bayer.
Beffroi, origine germanique.
Bégaiement, bégayer, v. Bégueule, v. gueule,
bègue. Béguin, béguinage, v. noms
Bégonia, y. acacia. propres (Mois tirés de).
Bègue, origine inconnue ; Beige, u. bis 1.
dérivé bégayer, d'où bégaie-
ment. Cf. balbutier.
Beignet, pâtisserie soufflée, se rattache à un mot germa-
nique qui signifie tumeur.
Béjaune, y. bec. Bel, y. bon.
Bêler, d'où bêlement, latin balare et onomatopée.
Belette, u, bon.
Bélier, belin, désignent proprt le mouton à la clochette,
du flamand bell, clochetle; ce mot a produit aussi bélière,
dont le sens primitif est : anneau portant le battant d'une
cloche.
Bélître, allemand bettler, mendiant, sens primitif du mot
français.
56 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Besaiguë
Belladone? de ritalien bella donna, belle femme, plante
qui fournit une eau de toilette.
Bellâtre, u. bon. Belvédère, v. voir^.
Belligérant, belliqueux, v. Bémol, v. bécarre.
deux '■',
Bénédicité, proprt bénissez, impératif du verbe latin doù
vient bénir, v. dire'^.
Bénédictin, u. noms propres Bénévole, v. vouloir.
(Mots tirés de). Bengali, u. noms propres
Bénédiction, v. dire^. (Mots tirés de).
Bénéfice, bénéficiaire, bé- Bénin, bénigne, bénignité,
néficier, v. faire"'. v. génital^.
Benêt, v. dire^. Bénir, bénitier, v. dire"^.
Benjoin, benzine viennent d'une expression arabe qui
signifie essence de Java.
Benne, u. banne. Bercail, v. brebis,
Béquée, béqueter, béquille,
V. bec.
Berceau et bercer, d'où berceuse, du vieux français
bers, d'origine inconnue; dérivé bercelonnette, que l'Aca-
démie écrit à tort barcelonnette.
Béret, v. barette.
Bergamote nous vient, par l'intermédiaire de l'italien,
d'une expression turque qui signifie : poire du seigneur.
Berge, origine inconnue. Berline, v. noms propres
Berger, bergerie, berge- (Mots tirés de),
ronnette, v. brebis.
Berlingot, italien berlingozzo.
Berlue, v. luire. Berne (pavillon en), ori-
gine inconnue.
Berner, proprt faire sauter sur une couverture, origine
espagnole.
Béryl» grec bêrallon, émeraude transparente. Le mot a
eu la forme béricle et le sens de verre de lunette, qui est
resté à besicles pour béricles. A béryl se rattache l'italien
brillare, proprt avoir un éclat de béryl, dont nous avons fait
briller, d'où brillant, brillantine.
Besace, besacier, v. sac.
Besaiguë, outil à deux tranchants [aigu et préfixe bes-,
V. bis 2).
Bifurquer] du français. 57
Besant, v. noms propres Besogne, besogneux, ?;.
(Mots tirés de). besoin.
Besoin, forme masculine de besogne, d'origine inconnue.
La besogne est ce qu'on a à faire, et le besoin est ce qui
pousse à le faire. Dérivé de besoin, besogneux; dérivé de
besogne, besogner.
Bestiaire, bestial, bestiole, bêta, bétail, u. bête.
Bête se rattache au latin bestia. Dérivés et composés :
bétail, bêta, bêtise, bêtifier, abêtir, embêter (abêtir à
force d'ennui), et, avec le maintien de \'s latine, bestiole,
bestiaire, bestial, bestiaux.
Béton (dérivé : bétonner), forme ancienne de bitume, latin
bitumen, génitif bituminis. Dérivés : bitumer, bitumineux.
Bette, latin beta ; betterave = bette-rave.
Beugler, v. bœuf.
Beurre, latin butyrum, d'origine grecque, d'où beurrier,
beurrer.
Bévue, V, voir i. Biais, origine douteuse,
Bi-, préfixe, V. bis 2. dérivé biaiser.
Bibelot a été beubelot et parait venir de bel répété, com-
parez bonbon; le mot a eu aussi la forme bimbeloth laquelle
se rattache bimbeloterie.
Biberon, v. boire. Biceps, v. cap^.
Bible et les mots com- Biche, origine douteuse,
raençants par biblio-, v. livre
masc.
Bicoque, italien bicocca.
Bicorne, v. cor. Bicyclette, v. cycle.
Bidet, italien bidetto.
Bidon, origine inconnue.
Bief, germanique bed, proprt lit.
Bielle, origine inconnue. par), v. le second élément du
Bien, v. bon (sur bien que, mot composé {vouloir pour
y. combien). bienveillant).
Bien- (mots commençant Biennal, v. an.
i» Bière, cercueil, germanique bêra.
2. Bière, boisson, allemand bier.
Biffer, origine inconnue. Bifurquer, v. fourche.
58 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Biner
Bigame (dérivé : bigamie), marié deux fois, se rattache au
mot grecgamon, mariage. Monogame, d'où monogamie, qui
n'a qu'une femme. Polygame, qui en a plusieurs. Crypto-
games, plantes dont le mode de reproduction n'est pas appa-
rent [v. grotte).
Bigarrer (dérivé : bigarrure), origine inconnue. Les
bigarreaux sont des cerises dont la chair est rouge d'un côté
et blanche de l'autre.
Bigot, origine inconnue, Bigre, v. bougre.
V. cagot. Bihebdomadaire, v. sept.
Bigoudi, origine inconnue.
Bijou, du bas breton bizou^ anneau; dérivés : bijoutier,
bijouterie.
Bilan, v. balance.
Bilboquet. Le premier élément du mot est bille 1 ; le
second est probablement une forme dialectale de bouche au
sens figuré de « ouverture qui reçoit la boule »; la dési-
nence est le suffixe diminutif -e^
Bile, du mot latin bilem. Dérivés : bilieux, biliaire; atra-
bilaire (à bile noire), cf. mélancolique.
Bilingue, v. langue. Billard, v. le suivant.
Bill, V. boule.
i . Bille, boule, mot d'origine incertaine (cf. boule), qui
a formé billard. Le billard est à l'origine la queue destinée
à pousser les billes, puis le jeu, enfin la table sur laquelle on
joue. Autre dérivé : gobille, dont la première syllabe n'est
pas expliquée.
2. Bille, bas breton bill, tronc d'arbre (dérivé : billot) ;
signifie aussi lingot de métal (or en bille), d'où billon, dési-
gnant un alliage spécial. Autre sens figuré : bâtonnet de
chocolat.
Billet, V. boule.
Billevesée se rattache au vieux français billevèze, corne-
muse, d'origine incertaine.
Billion, formé par la substitution du préfixe bi- [v. bis 2) à
la syllabe initiale de million; sur billion on a fait de même
trillion.
Billon, billot, v. bille 2. Binage, binaire, biner, v.
Binabeloterie, v. bibelot. bis 2.
Bimensuel, i;. bis 2 et mois.
Bistre] du français. 59
Binette, u. noms propres Biographe, biographie,
(Mots tirés de). biologie, y. vivrez.
Binocle, y. bis 2. Bipède, v. pied i.
Bique, biquet, u. bouc.
1. Bis, adjectif, et beige, mots qui paraissent appartenir
à la même famille, mais dont l'origine est inconnue.
2. Bis, adverbe, interjection et préfixe, de la même famille
que deux (v. ce mot), qui signifie « deux fois » (dérivé : bisser,
crier bis), et qui peut avoir aussi une valeur péjorative. Le
préfixe est souvent réduit à bi- ; sa forme populaire est bes-
ibesaiguë), devenu bé- devant une consonne {bévue); on
trouve aussi ber- {berlue), bar- {barlong), ba- {balance,
bajoue), be- {besace) et même b- {brouette). — Sur bis ont
été formés : l'adjectif binaire ; le verbe biner, faire deux
fois la même chose, d'où binage; binocle, à deux yeux;
binôme, v. autonome. Combiner, d'où combinaison, c'est
proprt arranger ensemble (préfixe com-) deux choses.
— On a passé de la valeur propre du préfixe à sa valeur
péjorative par l'idée de redoublement anormal : voir double
expose aux erreurs, d'où la signification de bévue.
— Le préfixe bis- ou bi- a une valeur équivoque devant un
radical exprimant une durée. Il peut signifier : qui revient
après cette durée doublée (bisannuel dans l'un de ses sens)
ou qui a cette durée en double (bisannuel dans l'autre sens),
ou qui revient deux fois pendant cette durée (bihebdoma-
daire, bimensuel).
— La forme grecque de bis, bi- est dis, di- : dicotylédone.
Bisannuel, v. le précédent.
Bisbille, onomatopée, qui nous vient de l'italien bisbiglio.
Biscaïen, y. noms propres Biscornu, y. cor.
(Mots tirés de). Biscuit, y. cuire.
Bise, peut-être onomatopée, plutôt féminin de bis 1
employé substantivement, cf. aquilon, le vent noir.
Biseau, biseauter, origine inconnue.
Bismuth, mot anglais d'origine inconnue.
Bison, mot latin d'origine grecque.
Bisque et Bisquer, mots Bistouri, origine inconnue,
d'origine inconnue. Bistoumer, y. tour.
Bissac, u. sac. Bistre, origine inconnue.
Bissextile, y. six.
60 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Blet
Bitter, d'un mot hollandais qui signifie amer.
Bitume, bitumineux, v. béton.
Bivouac, bivouaquer, allemand beiwache.
Bizarre, espagnol bizarro, d'abord brave, puis emporté,
puis : singulier. Dérivé : bizarrerie.
Blackbouler, proprt donner une boule noire, de l'anglais
black et du français boule.
Blafard, origine germanique.
Blague, petit sac, allemand balg, sur lequel aurait été fait
aussi le mot balle de « balle d'avoine ». Blague, plaisan-
terie, d'où blaguer, blagueur, est d'origine douteuse.
Blaireau a été rattaché hypothétiquement à blé; le nom
anglais de Tanimal signifie marchand de blé. Par connexion,
on appelle blaireau un pinceau en poils de blaireau.
Blâmer, doublet de blasphémer, latin blasphemare, d'ori-
gine grecque. C'est la syllabe initiale qui exprime l'idée défa-
vorable, comme le préfixe dis- dans dijfanier. Les éléments
(( -phème » et « -famer » contiennent la racine gréco latine
signalée au mot affable. Un blasphème est un blâme, une
injure, contre la divinité. Dérivés : blâmable, blasphéma-
teur, blasphématoire.
Blanc, origine germanique. Dérivés : blanchâtre (sur le
suffixe -âtrsy v. acariâtre)^ blanquette, blancheur, blanchir,
blanchissage, blanchiment, blanchisseur, blanchisserie.
Cf. aube.
Blanquette, v. blanc. Blasphémateur, blasphé-
Blaser, origine inconnue. mer, u. blâmer.
Blason, d'où blasonner, ori-
gine douteuse.
Blé, d'après Diez, signifierait proprt « récolte » et vien-
drait du latin ablalam, auquel se rattache ablation [v. offrir ^).
Étymologie très .peu sûre. Déblayer, d'où déblai, c'est
proprt enlever le blé, puis enlever des matériaux; rem-
blayer, remettre des matériaux; emblaver, ensemencer en
blé.
Blême, blêmir, origine inconnue.
Bléser, du latin blaesum, bègue.
Blesser, blessure, origine incertaine.
Blet, germanique blet, livide.
Bohème] du français. 61
Bleu, germanique blau. Dérivés : bluet, bleuâtre (sur le
suffixe -âtre, v. acariâtre), bleuir, bleuté.
Blindage, blindé, blinder, de lall. blenden, aveugler,
boucher.
Bloc, germanique bloch. Dérivés : bloquer au sens de
mettre en bloc, d'où blocage; blocaille; débloquer, au sens
d'enlever une lettre bloquée.
Blocus. L'allemand blockhaus signifie maison en bois,
fortin. Blocus, qui en est une déformation, a eu d'abord le
même sens, avant d'arriver, par connexion, à signifier
investissement. Dérivé : bloquer au sens d'investir, d'où
débloquer.
Blond, d'où blondin, blondir et le substantif blonde,
origine inconnue.
Bloquer, u. bloc et blocus. Blottir (se), origine incer-
taine.
Blouse de billard et blouse-vêtement sont l'un et l'autre
d'origine inconnue. Au premier se rattache blouser, faire
tomber dans la blouse, d'où se blouser au sens figuré.
Bluet, V. bleu. Bluteau, bluter, v. bure.
Bluette, i'. luire.
Boa, mot latin.
Bobèche, origine inconnue.
Bobine, d'où bobiner, débobiner, embobiner (même sens
figuré q\ï entortiller), n'est pas encore expliqué.
Bocage, v. bois.
Bocal nous vient du grec baukalion par le latin et
l'italien.
Bock, V. bouc.
Bœuf, latin bovem. Dérivés : bouvier, d'où bouvreuil,
pour bouvereuil, le petit bouvier; bovine (race), bovidés.
On a le mot bœuf sous sa forme anglo-normande dans
bifteck et rosbif, anglais becfsteak, tranche de bœuf, et
roastbeef, bœuf rôti. A bœuf se rattachent aussi : le verbe
beugler, dont meugler est une altération imitative; bou-
limie, proprt faim de bœuf, hécatombe [v. cent) et buco-
lique, pastoral, ces trois derniers d'origine grecque. Buffle
nous vient du grec boubalon par le latin et litalien; dérivé :
buffleterie, proprt bandes de buffle dans le costume militaire.
Bohème, v. noms propres (Mots tirés de).
62 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Bombe
Boire, latin bibere. La forme latine se retrouve dans
biberon et dans le composé imbiber (doublet emboire), qui
a pris le sens de « faire boire » au figuré, par confusion
avec un verbe latin d'une tout autre origine, imbuere; imbu,
pénétré de. Sur boire on a fabriqué, outre pourboire, le
verbe composé déboire, qu'on a tout de suite employé sub-
stantivement avec le sens de : arrière goût désagréable,
d'où la valeur figurée actuelle. Le latin populaire avait aussi
fait un dérivé, au sens de faire boire, d'où viennent breu-
vage et abreuver. Un animal fourbu est proprt un animal
qui a bu hors de propos [v. fors). Cf. poison.
— Sur le radical du participe présent, on a fait buveur,
buvard, buvable, buvette. Quant à boisson, ce mot est à
boire ce que leçon est à lire, etc.
Bois, bas latin *boscum, d'origine inconnue, cf. ligneux.
Dérivés : bosquet; bouquet, d'abord bouquet d'arbres;
bocage pour boscage; boquillon, pour bosquillon, bûcheron;
boiser (et reboiser, déboiser), d'où boisement, boiserie,
boisage; peut-être aussi déboucher, au sens de sortir d'un
défilé, le mot aurait d'abord signifié « sortir d'un bois », cf.
embuscade au mot bûche.
Boisseau, u. boîte. Boisson, v. boire.
Boîte (dont boisseau est une sorte de diminutif) vient du
grec pnxida par l'intermédiaire du latin. Dérivés : boîtier,
boiteux (qui souffre de la boite, de l'articulation), doù boiter ;
boussole, it. bussola, petite boîte. Composés : emboîter,
déboîter, d'où emboîtage, emboîtement, déboîtement.
Boiter, boiteux, v. boîte.
i. Bol, coupe, de l'anglais bowl.
2. Bol (alimentaire), du grec bôlon. Bol d'Arménie, cor-
rompu en brouillamini {v. brouillon), remède venant
d'Arménie.
Bolet, champignon, latin boletum, d'origine grecque.
Bolide, V. parole'^. Bombance (jadis bobance),
origine inconnue.
Bombe se rattache peut-être au latin bonibum, bruit, d'où
projectile bruyant (de forme arrondie). Dérivés : bomber
(comparez ballonner fait sur ballon), bombarde, d'où bom-
barder, bombardement; bombonne, d'origine provençale.
Bonde] du français. 63
Un dérivé de bombum, *bombitire, a produit bondir (d'où
bond, rebondir), qui a d'abord signifié résonner, se réper-
cuter, en parlant d'un son, puis, par figure, sauter en
parlant d'un animal.
Bon vient du latin bonum, dont la forme adverbiale est
bene (français bien, adverbe et substantif), qu'on retrouve
comme première partie composante dans bénédiction, bénin
et autres mots semblables. Notre adjectif bel, beau, vient
du latin bellam, que l'on considère comme provenant d'un
*benlam, dérivé de bene, auquel se serait attachée l'idée du
bien esthétique (une bonne peinture est une belle pein-
ture).
— Dérivés de bon : bonace, désignant le calme de la
mer, trop ancien pour être rattaché à l'italien bonacia, et
bonasse adjectif; bonnet, d'abord bonne petite étoiïe dont
on faisait des coiffures, puis la coiffure elle-même (dérivés :
bonnetier, bonneterie, le vieux verbe bonneter, prodiguer
les coups de bonnet, d'où bonneteur, filou obséquieux, et
bonneteau, jeu de bonneteur); boniment, formé sur le
modèle de compliment, propos destinés à mettre les gens en
bonnes dispositions; bonbon, d'où bonbonnière, mot de la
langue enfantine formé par le redoublement de bon; bonté;
bonifier, d'où bonification, v. faire ^ : bonheur, v. heur ;
boni, forme toute latine = du bon; débonnaire (de bonne
nature; l'origine de aire est douteuse).
— A bel, beau, se rattachent : beauté; belette, la belle
petite bête; bellâtre {v. acariâtre); embellir, doù embellie,
embellissement. La locution avoir beau a signifié d'abord
avoir une belle occasion, pouvoir trop facilement faire une
chose, d'où la faire vainement : « a beau mentir qui vient
de loin ». Beau, terme daffection devant les mots père,
mère, fils, frère, sœur, est arrivé à marquer un mode par-
ticulier de parenté. Sur les dérivés du mot grec qui signifie
beauté, v. calligraphie.
Bonace, bonasse, bonbon, Bond, v. bombe.
bonbonnière, u. bon.
Bonde, origine germanique, ail. spund\ (le mot, en raison
d'une de ses valeurs anciennes, a été expliqué aussi comme
un doublet de borne). Dérivés : bondé, proprt rempli jusqu'à
la bonde; bondon, bonde d'un tonneau et fromage en forme
de bonde. Composé débonder.
64 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Bottîne
Bondir, v. bombe. bonneteau, bonneterie, bon-
Bondon, v. bonde. neteur, bonnetier, bonté, v.
Bonheur, bonification, bo- bon.
nifier, boniment, bonnet, Boquillon, v. bois.
Borax, mot d'origine arabe.
Bord (d'où rebord), mot germanique, dont le sens
propre est « revêtement en planches d'un navire », d'où,
par comparaison, rive de la mer, d'un cours d"eau, extré-
mité d'un objet. Dérivés : bordée, décharge des canons du
bord, et, dans la locution « courir des bordées », mouve-
ments de flanc du navire gêné par le vent; bordereau,
proprt relevé sur le bord d'un compte; border, d'où bor-
dure; aborder (et abord, abordage, inabordable) ; déborder
(et débordement); transborder (et transbordement).
Bâbord, c'est le bord du château d'arrière et tribord le bord
du gouvernail; les mots composants sont germaniques; on
ne sait d'où vient la première syllabe de sabord.
Bordée, border, bordereau. Borgne, d'où éborgner, cri-
bordure, V. bord. gine inconnue.
Boréal, V. arctique.
Borne, d'où borner, bas latin bodina, d'origine incertaine.
Une autre forme du mot en vie-ix français est bonne, d'où
abonner, abonnement, dont le sens propre est : « limita-
tion » du prix et de la durée dune jouissance. Au point de
vue du sens, borne est à rapprocher de limite. La limite,
latin limitem (qui veut dire aussi sentier, chemin de traverse)
est la ligne transversale qui forme l'extrémité d'un domaine,
la borne est ce qui marque la limite; v. lice 3.
Bosquet V. bois. Bossage, v. le suivant.
Bosse, origine inconnue. Dérivés : bossu, d'où bossuer,
et le populaire bosser, rire comme un bossu; bossette, petit
ornement en bosse; bossage, saillie en bosse; bosselé,
déformé par des bosses, comme cabossé (particule péjora-
tive ca-, d'origine inconnue).
Bot (pied), origine germanique.
Botanique, botaniste, v. botter, bottier, bottine, dé-
herbe. botter, origine inconnue.
1. Botte (d'asperges, etc.), 3. Botte d'escrime, u.6oufer.
d'où botteler, origine dou- Botteler, v. botte 1.
teuse. Botter, bottier, bottine, v.
2. Botte, chaussure, d'où botte 2. ■
Bougre] du français. 65
Bouc^ allemand bock: le mot allemand est devenu fran-
çais au sens de verre de bière, d'abord verre d'une espèce
de bière appelée bockbier (bière de bouc) et particulièrement
capiteuse. Dérivés de bouc : bouquetin, boucher et boucherie
(dabord viande de bouc). Bique et biquet semblent se rat-
tacher à la même racine.
Bouche, latin bucca. Dérivés : bouchée; boucle, forme
diminutive de bouche, d'où boucler, déboucler et bouclier,
écu à boucle. Composés : emboucher, d où embouchure;
aboucher; déboucher, sortir dun lieu resserré (v. toute-
fois bois). Dérivé savant : buccal; dialectal : bouquin, embou-
chure.
1. Boucher, verbe. L'ancien français bousche, faisceau
de feuillage, a formé bouchon (de feuillage, de paille, de
liège, — dérivé : bouchonner) et le verbe boucher, d'où
déboucher, enlever ce qui bouche.
2. Boucher, substantif, v. Boudin, u. boyau,
bouc. Boudoir, v. bouder.
Boucle, boucler, bouclier, Boue, d'où boueux, origine
V. bouche. inconnue.
Bouder, boudeur, boudoir Bouée, origine douteuse,
(pièce où l'on s'isole), origine
inconnue.
Bouffe, adj., et bouffon, d'où bouffonnerie, mots d'ori-
gine italienne.
Bouffer, d'où bouffée, et bouffi, d'où bouffissure, et
aussi pouffer, expriment des idées de souffle et de gonfle-
ment ou dégonflement, par imitation du bruit que Ton fait
quand après avoir gonflé ses joues on souffle brusquement.
Ajoutez s'ébrouer et esbroufe, esbroufeur, qui viennent
du provençal. Il semble que pouf, tabouret, appartienne à l:i
même famille, mais on ne voit pas bien le rapport de sens :
cependant le pouf est comme gonflé, étant rembourré.
Cf. rebuffade.
Bouffi, bouffissure, u. bouf- Bougie , v. noms propres
fer. (Mots tirés de).
Bouffon, bouffonnerie, v. Bougon, bougonner, ori-
bouffe adj. gine inconnue, peut-être ono-
Bouge, origine inconnue. mnlopée.
Bougeoir, v. bougie. Bougran, v. noms propres
Bouger, v. boule. (Mots tirés de).
Bougre, forme populaire de Bulgare; les Bulgares avaient
DICT. ÉTYM. FRANC. 5
66 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Bourdon
mauvaise réputation au moyen âge. Dérivés bougrement et
rabougri (rapprochez racception du mot dans « pauvre
bougre »). Bigre et bigrement sont des altérations voulues
des formes en ou.
Bouilleur, bouilli, bouillir, Boulanger, boulangerie,
bouilloire, bouillon, bouillon- origine inconnue.
ner, bouillotte, v. boule.
Boule (cf. bille i), et le doublet savant bulle, du latin
bulla, qui avait le sens de bulle d'eau ou d'air et celui de
bijou en forme de bulle. Les actes officiels avaient au moyen
âge une bulle de plomb attachée au sceau, et, par connexion,
le mot bulle a désigné une lettre scellée, particulièrement
de l'empereur ou du pape. Cf. l'anglais bill. Billet, bulletin,
d'abord petite lettre ou petite pièce constatant un droit
quelconque, sont des diminutifs de bulle. Dérivés de boule :
boulet; boulette; boulon, boulonner, déboulonner; bou-
lotte; bouleverser (proprt verser en boule); boulingrin
(anglais bowling green), pelouse pour jeu de boules; black-
bouler, V. ce mot. Caramboler, d'origine espagnole, paraît
contenir le mot boule.
— De bulla dérivent les verbes latins bullire et *bullicare,
se mettre en bulles, en parlant de l'eau. Le premier, auquel
se rattache le mot savant ébullition, a produit notre verbe
bouillir, d'où dérivent : les substantifs bouilli et bouillie;
bouilleur, bouilloire, bouillotte; bouillon, d'où bouil-
lonner; ébouillanter. Le second a produit bouger, dont le
sens propre est bouillir, d'où, au figuré, s'agiter, et, par
atténuation, faire un mouvement même léger. (F. Suppl.)
Bouleau, diminutif d'un mot latin dorigine celtique.
Bouledogue, v. dogue. Boulet, boulette, v. boule.
Boulevard, ail. boUwerk, proprt ouvrage en planches.
Bouleverser, v. boule. Bouquet, bouquetier, y.
Boulimie, v. bœuf. bois.
Boulingrin, boulon, bou- Bouquetin, v. bouc.
lotte, V. boule.
Bouquin, proprt petit livre, d'origine germanique ;
dérivés : bouquiner, bouquiniste. — Cor à bouquin, v. bouche.
Bourbe (d'où embourber), Bourde, origine inconnue,
bourbeux, bourbier, bourbil- dérivé bourdon, faute d'im-
lon, origine inconnue. pression.
Bourru] du français. 67
1. Bourdon de pèlerin, du latin burdonem, mulet, c'est
le (c mulet )> du pèlerin.
2. Bourdon, v. bourde,
3. Bourdon, d'origine inconnue, signifie résonance
(d'où faux bourdon, terme de musique), grosse cloche,
espèce d'abeille. Dérivé bourdonner, d'où bourdonnement.
Bourg, germanique barg. Dérivés : bourgade (d'origine
italienne); bourgeois, d'où bourgeoisie; burgrave, proprt
comte d'un bourg; bourgmestre, maître d'un bourg; fau-
bourg [^our forsboiirg , u. Jaillir ^), d'où iaubourien.
Bourgeon, bourgeonner, v. bourre.
Bourrache remonte à une expression arabe, qui signifie
« père de la sueur », traduite par borraginem dans le latin
du moyen âge, d'où l'adjectif borraginé.
Bourrade, v. bourre.
Bourrasque, italien burrasca.
Bourre. Les deux formes, burra et *bara, d'un mot du
latin populaire, ont donné l'une bourre, amas de poils,
l'autre bure, étoffe grossière.
— Dérivés de bourre : bourrer (composés rembourrer,
débourrer), remplir de bourre, d'où, par figure, bourrer
quelqu'un de coups, dérivé : bourrade ; bourru ; bourrelet ;
bourrelier, qui fabrique des harnais rembourrés; boutgeon,
d'où bourgeonner; ébouriffé, mot d'origine provençale, d'où
ébouriffer, ébouriffant.
— Dérivés de bure : bureau (d'abord étoffe de bure, puis
table recouverte d'étoffe, puis pièce où se trouve le
bureau, etc.), d'où buraliste, mot mal formé (pour * burel-
liste), et bureaucratie {v. aristocratie). Bureter, puis buleter^
belaler, bluter, proprt passer au tamis de bure.
Bourreau, origine inconnue ; dérivé bourrelé, dans
bourrelé de remords = torturé par le remords ; par fausse
étymologie, on pense à : bourré de remords.
Bourrée, danse d'Auvergne, Bourrelet,bourrelier,bour-
origine inconnue. rer, v. bourre.
Bourrelé, v. bourreau. Bourriche, origine incon-
nue.
Bourrique et bourriquet nous viennent du provençal et
se rattacheraient au grec purrikhon, roux, v. pur au mot
feu.
Bourru, v. bourre.
68 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Bouter
Bourse, latin bursa, cuir, d'origine grecque. Dérivé :
boursier. Composés : débourser, doù débours; rembourser,
d'où remboursement, remboursable.
Boursoufler, boursouflure, Bousculer, v. cul.
V. enfler.
Bouse, origine inconnue; dérivés : bousier, insecte; bou-
siller, proprt construire en bouse, en torchis, faire de mau-
vais travail, d'où bousilleur et bousillage.
Boussole, V. boîte. Bout, boutade, v. bouter i.
Bouteille, diminutif d'un vieux mot français, d'origine
incertaine, qui signifie outre.
Bouter, pousser, mettre, d'origine germanique.
1. Ce vieux verbe ne s'est guère conservé que dans quel-
ques mots composés comme boutefeu, boute-selle, boute-
en-train, arc-boutant. Le mot botte (d'escrime), dorigine
italienne, est de la même famille. Buter est une autre forme
de bouter. Substantifs verbaux : bout, partie extrême, par
laquelle on « boute )>, on pousse, et but, terme extérieur de
l'action de bouter ou buter. Entre boutoir (coup de boutoir)
et butoir, il y a la même différence qu'entre bout et but.
Forme féminine de but, butte : être en butte à.
— Autres dérivés de bouter : boutade, de désinence ita-
lienne, poussée dliumeur (au figuré), la vieille forme fran-
çaise était boutée; bouture, pousse de plante; bouton de
fleur et, par comparaison, bouton d'habit, dérivés bou-
tonner, boutonneux, boutonnière, et composés débou-
tonner, reboutonner.
2. Composés de bouter : débouter, rebouter d'où rebou-
teur, qui remet un membre en place. Composés avec bout :
aboutir, venir à bout (comparez achever, mener à chef),
d'où aboutissement; embouter, d'où embout; un objet
debout se tient du bout, du pied, sur son pied; le vent
debout vient du bout du navire, de l'avant.
— Composés de buter ou de but : culbuter, v. cul; débuter
(d'où début), d'abord terme de jeu, dégager le but, première
opération du jeu, d'où commencer une carrière, un dis-
cours, etc.; rebuter (d'où rebut), où l'on voit la confusion
des deux formes en u et en ou, car ce verbe a été aussi
rebouter (bouter en arrière, repousser), distinct du rebouter
cité plus haut (bouter de nouveau en place). De but en blanc,
pour de bute-en-blanc (comp. la locution d' arrache-pied),
Brand] du français. 69
en boutant dans le blanc, en allant directement au but.
Boutique, boutiquier, v. ner, boutonneux, bouton-
thèse K nière, bouture, i'. bouter^.
Boutoir, bouton, bouton- Bouvier, bouvreuil, bovi-
dés, bovine, v. bœuf.
Boxe, boxer, boxeur, origine anglaise.
Boyard, mot d'origine russe, qui serait mieux écrit
boYcu\ signifie proprt seigneur.
Boyau, dabord boel, du latin botelliim, dont boudin
pourrait être une forme méridionale à suffixe différent.
S'ébouler, d'abord s'esboueler = perdre ses boyaux ; dérivés :
éboulement, éboulis.
Boycotter, v. noms propres Brachycéphale, v. bref et
(Mots tirés de). cap K
Bracelet, v. bras. Braconnage, braconner,
braconnier, v. braque.
Braies, latin populaire bracas, d'origine gauloise; dérivé :
braiel, ceinture de braies, qui a disparu en nous laissant le
composé débraillé.
Braillard, brailler, v. le suivant.
Braire, latin populaire *bragere. dont un dérivé *bra-
gulare a produit brailler, dérivé braillard. Comparez bâiller
à côté de bayer.
Braise, origine germanique, dérivé : braisé. Dérivés et
composés formés sur la racine : brasier, brasero, le second
forme espagnole du premier; brasiller; embraser, d'où
embrasement. Braise est sans doute apparenté à brandon,
V. brand.
Bramer, origine germanique.
Brancard, brancardier, branchage, u. le suivant.
Branche, latin populaire branca, d'origine inconnue.
Dérivés et composés : branchage, branchu, brancher et
ébrancher, embrancher, d'où embranchement. Brancard,
d'où brancardier, est un dérivé provençal.
Branchies, du grec branhhia.
Brand, épée, en vieux français, du germanique brand,
tison, épée. Au sens de tison se rattache brandon, et au sens
d'épée brandir, agiter comme une épée, et brandade , venu
du provençal), mélange qu'on agite. Brandir a formé bran-
deler, aujourd'hui branler, faire osciller, d'où branlement,
70 DiCTiONNAïuE ÉTYMOLOGIQUE [Bredouiller
ébranler, ébranlement, inébranlable. Le substantif verbal
branle a eu le sens de hamac, d'où branle-bas, mise à bas
des hamacs en vue du combat.
Brandebourg, v. noms propres (Mots tirés de).
Brandevinier, mot d'origine flamande, proprt brûleur
de vin. Cf. brandon, au mot brand.
Brandir, brandon, branle, branle-bas, branler, u. brand.
Braque, origine germanique, espèce de chien de chasse
(au figuré : un peu fou). Sur le vieux cas régime bracon,
on a fait braconner, d'où braconnier, braconnage.
Braquer, origine inconnue.
Bras, du mot latin brachium, emprunté au grec. Forme
féminine brasse. Dérivés : brassée, brassard, bracelet
(jadis petit bras), brassière. Composés : embrasser, d'où
embrassement, embrassade, embrasse de rideau.
Brasero, brasier, v. braise. Brassard, brasse, brassée,
V. bras.
Brasser, — d'un mot celtique qui signifie orge, — mani-
puler Torge pour faire la bière, d'où remuer en général, et,
au figuré, manier des affaires. Dérivé brasseur (de bière ou
d'affaires).
Brassière, v. bras.
Brave, italien et espagnol bravo, qui parait provenir
d'une déformation populaire du latin barbaruni, v. barbare.
Nous avons aussi emprunté à l'italien bravache, bravoure
et l'adjectif bravo lui-même comme interjection. Sur brave
a été fait braver, défier en brave, d'où bravade, dérivé de
forme italienne.
Brebis. Le latin vervecem avait donné en vieux français
berbis; dérivés : bercail, berger, bergerie, bergeronnette.
Vervecem avait le sens de mouton; c'est ovem, sur lequel
V. ouaille, qui avait le sens de brebis.
Brèche, doù ébrécher, origine germanique, même
famille que broyer.
Bredouiller, origine inconnue. Dérivés : bredouillement,
bredouillage, bredouilleur. L'adjectif verbal bredouille a dû
signifier à l'origine : u qui bredouille de confusion n pour
avoir perdu sans faire un point ou n'avoir rien tué à la
chasse.
Brioche] du français. 71
Bref, anciennement brief, conservé dans brièvement,
vient du latin brevem, nominatif brevis. A cet adjectif se
rattachent les mots savants abréviation, abréviatif, et les
formes populaires abréger, abrègeipent Employé substan-
tivement, bref a pris le sens de courte lettre officielle —
bref pontifical — et le diminutif brevet, d'où breveter,
celui de lettre officielle conférant un droit. Bréviaire, latin
breviarium, signifie proprt abrégé, manuel de prières ;
brimborion, jadis breborion, parait en être une déforma-
tion plaisante (le mot signifie menues prières chez Rabe-
lais). Le latin brama, d'où brume (v. ce mot), parait être un
superlatif archaïque de bref : le jour le plus court, d'où, par
connexion, le temps qu'il fait au moment des jours courts.
Au latin brevis correspond le grec brakhus, d'où brachycé-
phale, L». cap ^
Brelan, origine germanique.
Breloque, bijou et batterie. Bretelle, origine inconnue,
(u. Supplément.)
Bretteur, porteur de brette, épée peut-être bretonne,
d'où viendrait le nom.
Breuil, bois taillis, origine celtique.
Breuvage v. boire. Bribe, origine inconnue, ce
Brevet, breveter, bré- mot a pu influencer le sens
viaire, v. bref. de brimboriorif v. bref.
Bric-à-brac, onomatopée.
Brick, mot anglais.
Bricole, italien briccola, d'origine inconnue, dérivé : bri-
coler.
Bride, germanique brida, d'où brider, débrider, bridon.
Brie, v. noms propres (Mots tirés de).
Brigade, proprt troupe, d'où brigadier, embrigader, et
d'autre part brigand, proprt qui va en troupe (pour voler),
d'où brigandage et brigantin (proprt bâtiment de pirate),
sont empruntés à l'italien. Brigue, italien briga^ dérivé
briguer, a été rattaché aux mots précédents, et les uns et
les autres à la racine germg^nique d'où vient broyer; pour le
rapport des sens, cf. route au mot rompre.
Brillant, brillantine, hril- Brimer, v. brume.
1er, u. béryl. Brin, d'où brindille, origine
Brimade, v. brume. inconnue.
Brimborion, y. bref. Brioche, origine inconnue.
72 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Broder
Brique, anglais brick, dont le sens primitif est fragment
(cf. broyer). Dérivés : briquette, briquetier, briqueterie, et
peut-être aussi briquet, par comparaison. Le mot imbriqué,
disposé en tuiles, n'a aucun rapport avec brique, il se rat-
tache au latin imbricèm (de imbrem, pluie), tuile creuse,
protection « contre la pluie n.
Brise, origine incertaine.
Briser, origine incertaine, probablement celtique; le
substantif verbal de briser, bris, est généralement remplacé
aujourd'hui par celui d'un composé inusité {débriser),
débris. Substantifs participiaux : brisées, proprt branches
brisées, et brisant, écueil qui brise la lame. Dérivés : bri-
seur, brisure.
Broc. Le latin a broccum, « qui a les dents saillantes »,
d'où viendrait, par comparaison, broc, vase à anse.
Brocanter, brocanteur, cri- Brocard, brocart, broca-
gine inconnue. telle, brochage, v. le suivant.
Broche, latin populaire *brocca, forme féminine du
broccum d'où viendrait broc. Dérivés : brochet (poisson au
museau pointu), brochette; brocher, travailler avec une
broche, coudre les cahiers d'un ouvrage, d'où brocheur,
brochure, brochage et le composé débrocher, découdre les
cahiers d'un livre. Composés avec broche : débrocher,
enlever de la broche, et embrocher. Forme dialectale de
broche : broque, d'où la vieille locution avaler de broque en
bouche, altérée en de broc en bouche, qui signifie a sans
délai » : « On y roue les gens de broc en bouche », écrit Vol-
taire. A la forme broque se rattachent brocart, étoffe bro-
chée, d'où brocatelle, et brocards, sarcasmes piquants; on
appelait aussi brocards des aphorismes à la manière de ceux
du recueil de Borcardus (Burckard) évêque de Worms;
V. aussi broder.
Brocher, brochet, brochette, brochure, v. broche.
Brodequin, altération du flamand brosekin, probable-
ment sous l'influence de broder.
Broder (dérivés : brodeur, broderie), d'une racine
germano-celtique qui signifie pointe, de telle sorte que
brocher et broder signifient proprt l'un et l'autre « travailler
avec une pointe », mais la pointe est dans un cas une
broche et dans fautre une aiguille. On tirait jadis broder de
Brûler] du français. 73
border, par métathèse de Vr, en lui attribuant à Torigine le
sens de : orner le bord d'une étoffe.
Broncher, origine douteuse.
Bronches, latin bronchia, d'origine grecque. Dérivé :
bronchite.
Bronze, bronzer, v. noms propres (Mots tirés de).
Brosse se rattache à un mot germanique qui signifie
poil de cochon. Dérivés : brosser, d'où brosseur; brous-
saille.
Brou, u. brouter.
Brouet, espèce de bouillon, mot d'origine germanique,
apparenté à l'italien brodo, bouillon. Bruine, pour broiiine,
d'où bruiner, parait formé sur la même racine; c'est une
pluie fine qui vous u trempe comme une soupe ». {V. Suppl.)
Brouette, v. roue.
Brouhaha, onomatopée.
Brouillamini, v. bol 2 et Brouillard, brouillasser, u.
brouiller. le suivant.
Brouiller, origine douteuse. Substantif verbal brouille.
Composés : embrouiller, débrouiller, d'où débrouillard.
Dérivés : brouillerie, brouillon, brouillard, doù brouil-
lasser, verbe impersonnel. Le sens de brouillamini (i;. bol2)
s'est altéré sous l'influence de brouiller. Mot italien de la
même famille : imbroglio, embrouillement.
Brouillon, v. brouiller. Broussaille, v. brosse
Brouter, germanique brustôn. Substantif verbal :J)rout
(dérivé : broutille), d'où brou, enveloppe verte de la noix.
Broyer, origine germanique {v. brèche), cf. ail. brechen,
rompre; dérivés : broyeur, broiement. Même famille que le
latin frangere, v. fraction. Rapprocher aussi brique et bri-
gade.
Bru, origine germanique (cf. ail. braut, angl. bride, fiancée).
Bruant, v. bruire. Bruine, v. brouet.
Brugnon, v. prune.
Bruire, origine douteuse. Dérivés : bruit (d'où ébruiter);
bruissement; bruant, pour bruyant, espèce de passereau.
Brûler. Le latin urere, supin ustum (et aussi -burere,
supin -bustum) signifie brûler. Du composé comburere
74 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [BuColique
viennent : comburant et combustion; combustible, incom-
bustible. Un nouveau verbe latin, formé sur le supin,
ustulare ou *busialare, a pu devenir *brustalare sous
l'influence de la racine germanique bren- ; de là brûler.
Dérivés : brûlure, brûlot, brûloire.
— Une autre racine latine, ayant le sens de brûler, se trouve
dans incendie {v. candeur)^ et une autre dans cremare, d'où
crémation.
— Du verbe grec kaiein, futur kausô, qui signifie aussi
brûler, dérivent : cautère, cautériser; holocauste, proprt
combustion complète; caustique, qui brûle, dont le composé
encaustique a d'abord désigné une espèce de peinture à la
cire liquéfiée au feu. Encre, d'abord enqae (dérivés : encrier,
encrer, encrage), est le doublet populaire d'encaustique.
Autre dérivé populaire chômer (grec kauma, chaleur),
proprt se reposer pendant la chaleur, comparez hiverner.
Brume, latin brunia, v. bref. Composé embrumer, d'où
embrun. Dérivés : brumeux, brumaire, mois des brumes.
Dune plante compromise par la brume ou par toute autre
intempérie, on a dit qu'elle était brimée (pour brumée),
d'où le verbe brimer (dérivé : brimade) au sens métapho-
rique de (c soumettre à des vexations ».
Brun, origine germanique. Dérivés : brunette, brunâtre
{v. acariâtre), brunir, d'où brunisseur, brunissage.
Brusque, italien brusco, d'origine douteuse. Dérivé :
brusquer, d'où brusquerie. Un verbe busquer, chercher,
d'origine espagnole, s'est altéré en brusquer, dans la locu-
tion « brusquer fortune » fréquente au xviii^ siècle.
Brut, latin brutum. Dérivés : brute, brutal, d'où bruta-
liser, brutalité. Composé abrutir, d'où abrutissement.
Bruyant, v. bruire.
Bruyère, origine celtique.
Buanderie, buandière, u. Bubon, bubonique, v. aine,
buée. Buccal, v. bouche.
Bûche parait se rattacher à la même racine que bois.
Dérivés : bûchette; bûcher, substantif; bûcher, verbe, d'où
bûcheron. Composés : le vieux verbe embûcher et son
doublet d'origine italienne embusquer (d'où embûche et
embuscade), signifient proprt poster pour guetter dans le
bois, et débucher, débusquer, faire sortir du bois.
Bucolique, v. bœuf.
Cabale] DU français. 75
Budget, d'où budgétaire, mot anglais, qui vient de
lancien mot français, d'origine celtique, bougette (prononcé
boudgette), petit sac.
Buée, substantif participial du vieux verbe buer, d'ori-
gine germanique, qui signifie lessiver. Buée, qui n'a plus
que le sens de vapeur d'eau, a eu aussi celui de lessive, d'où
buanderie et buandière.
Buffet, origine inconnue. Buire, origine douteuse,
Buffle, buffleterie, v. bœuf. dérivé burette.
Buis, latin buxum, d'où peut-être buisson, qui aurait
d'abord désigné un groupe de buis, puis, par extension, un
groupe d'arbrisseaux quelconques. Dérivé de buisson : buis-
sonnier.
Bulbe, latin bulbum, oignon.
Bulle, bulletin, v. boule. Burette, y. buire.
Buraliste, bure, bureau, Burgrave, u, bourg.
bureaucratie, v. bourre.
Burin, d'où buriner, sans doute de l'ail, bohren, percer,
qui est le même mot que le latin forare, v. forer.
Burlesque, origine italienne.
Burnous, arabe bournous.
Buse, d'où busqué, origine italienne.
Buse, latin buteo, oiseau de proie.
Buste, italien busto.
But, buter, v. bouter.
Butin, d'où butiner, origine germanique. Flibustier, qui
nous vient du hollandais par l'anglais, signifie proprt
« libre faiseur de butin ».
Butoir, V. bouter. Buvable, buvard, buve-
Butor, origine iaconnue. tier, buvette, v. boire.
Butte, V. bouter.
Ça, abréviation de cela, v. Çà, adverbe, v. ce, pronom 2.
ceci.
Cabale, hébreu kabbâlah, doctrine traditionnelle, d'où
76 DICTIOiNNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [CactUS
doctrine secrète, d'où manœuvres secrètes. Dérivés : cabaler,
cabaleur; cabalistique, d'une obscurité mystérieuse.
Caban, espagnol gaban, d'origine arabe.
Cabane, d'où cabanon, mot provençal d'origine inconnue.
Forme anglaise cabin, doù cabine et cabinet. Forme hol-
landaise cambuse.
Cabaret, d'où cabaretier, origine inconnue; en argot
caboulot.
Cabas, v. capable^. Cabestan, v. capable i.
Cabillaud, origine hollandaise.
Cabine, cabinet, u. cabane.
Câble, mot d'origine douteuse, à forme provençale; il n'a
aucun rapport d'origine avec le radical du verbe accabler,
jadis acaabler, mais il lui a emprunté par erreur Taccent cir-
conflexe qu'expliquaient les deux a primitifs de ce radical.
Dérivé câbler.
Caboche, cabochon, u. cap*. Caboulot, v. cabaret.
Cabosser, v. bosse. Cabrer, cabri, cabriole,
Cabotage, caboter, cabo- cabriolet, v. chèvre.
tin, V. cap 2. Cabus, v. cap 2.
Cacao, mot mexicain.
Cacatois, onomatopée. Le mot s'écrivait aussi, phonéti-
quement, cacatoès (prononcé cacatwè), du temps où la
diphtongue oi se prononçait wè. On a repris cette orthographe
en déformant la prononciation.
Cachalot, origine inconnue. Cacher, cachet, cacheter,
Cache, cachette, v. agir'^. cachette, v, agir^.
Cachemire, v. noms propres Cachexie, v. cacochyme.
(Mots tirés de). Cachot, cachotterie, ca-
chottier, V. agir 2.
Cachou, mot indien.
Cachucha, mot espagnol.
Cacique vient de l'Amérique centrale.
CacochYme, d'origine grecque, se compose de khumon
qui veut dire humeur au sens propre (cf. ecchymose), et de
l'adjectif kakon qui veut dire mauvais et qu'on retrouve dans
cachexie, mauvais état, dépérissement (comparez malade au
mot avoir-), dans cacographie, cacophonie, v. graphie^ et
phonème.
Cacolet, mot béarnais.
Cactus, grec de Sicile kaktos.
Caiandrer] du français. 77
Cadastre, d'où cadastral, mot provençal d'origine dou-
teuse.
Cadavre, cadavérique, latin cadaver.
Cadeau, v. cap'^. Cadet, v. cap^.
Cadenas, cadenasser, v. Cadran, v. quatre^,
chaîne. Cadre, v. quatre *.
Cadence, cadencer, v. Cadrer, v. quatre^,
choir 1. Caduc, v. choir.
Caducée, latin cadiiceum, déformation du grec kêrukeion,
baguette de messager.
Caecum, v. cécité.
Cafard, faux dévot, origine inconnue; l'insecte est ainsi
appelé à cause de sa robe noire.
Café, dun mot arabe prononcé à la turque; dérivés :
caféier, caféine, cafetier, cafetière.
Cage, v. cave. Cagnotte, origine incon-
Cagne, cagneux, v. chien. nue.
Cagot, du béarnais cagot, lépreux. Le sens actuel a peut-
être été amené par un rapprochement avec bigot.
Cagoule, latin cuculla.
Cahier, v. quatre i.
Cahin-caha viendrait du latin qua hinc^ quahac, par ci,
par là.
Cahot, cahoter, origine Cahute, origine inconnue,
inconnue.
Caille, origine germanique.
Cailler, caillot, v. agir 2. Caillou, caillouter, cail-
Caillette, femme frivole, louteux, v. chaux.
V. noms propres (Mots tirés Je).
Caïman vient de l'Amérique espagnole.
Caisse, caissier, caisson, u. châsse.
Cajoler, d'origine inconnue, a d'abord signifié jacasser,
puis échanger de tendres propos et flatter par de tendres
propos. Dérivés : cajoleur, cajolerie.
Cal, latin callunij dérivé : calleux (mains calleuses], d'où
callosité.
Calame, calamité, calami- Calandre, caiandrer, v.
teux, V. chaume. c;ylindre.
78 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Calendes
Calcaire, v. chaux. Calciner, calcium, calcul,
Calcanéum, v. chausser. calculer, v. chaux.
Calcédoine, v. noms propres 1, Cale de navire, v. caler ^.
(Mots tirés de).
2. Cale, coin (d'où caler, assujettir par une cale), parait
être d'origine germanique, allemand keil, cf. quille 1.
Calebasse, espagnol calabaza.
Calèche, origine polonaise, par l'intermédiaire de l'alle-
mand koloska, « voiture à roues ».
Caleçon, u. chausse. Calembour, calembredai-
ne, origine inconnue.
Calendes (d'où calendrier), latin calendasj se rattache au
verbe calare, grec kalein, appeler.
1 . Les calendes étaient le jour où le pontife « annonçait » les
nones. Intercaler, c'était annoncer un jour supplémentaire,
par exemple tous les quatre ans entre le sixième et le cin-
quième jour des calendes de mars; par extension, c'est
introduire un objet entre deux autres. Ùekklêsia, église, est
l'assemblée des fidèles convoqués, puis Je lieu de réunion.
Un concile est proprement une réunion de gens « appelés
ensemble », et de même conciliabule; l'un et l'autre ont
pris des acceptions restreintes en sens inverse; concilier
(dérivés : conciliation, conciliateur, conciliable,. inconci-
liable), c'est proprt appeler à s'entendre, et réconcilier,
remettre d'accord, dérivés : réconciliation, irréconciliable.
2. Le verbe latin clamare, crier, d"où clamer, clameur et
peut-être se chamailler, appartient à la même famille, et de
même nomenclature, qui est originairement l'action d'ap-
peler par son nom, de désigner. Composés de clamer :
déclamer, d'où déclamation, déclamateur, déclamatoire;
acclamer, crier vers quelqu'un, d'où acclamation; s'excla-
mer, laisser s'échapper des cris, d'où exclamation, excla-
matif; proclamer, crier devant, d'où proclamation;
réclamer, proprt se récrier, d'où réclamation et réclame.
Chamade vient d'un dérivé portugais de clamare et signifie
« appel » de tambour. Le paraclet (origine grecque) est
proprt celui qu'on appelle à soi, celui qu'on invoque, préfixe
para-.
3. A la même racine se rattache clair, latin claruni, qui
signifie d'abord sonore, puis, par figure, brillant de lumière ;
en français, clair s'applique aussi au son et à la lumière. Le
composé déclarer, d'où déclaration, peut s'expliquer par
Calomel] du français. 79
l'un ou l'autre des deux sens. On a l'idée de lumière dans
clarté, clairet, clairière, clairsemé, clarifier, v. faire"', et
dans éclairer (d'où éclair, éclairage, éclaireur, éclaircir,
éclaircie. éclaircissement), et l'idée de son dans clairon et
clarinette. Éclaircir semploie aussi pour le son. Autre
dérivé : glaire, blanc dœuf, etc., doù glaireux. — Enfin on
rattache encore à la même famille c/assicum, appel, d"où vien-
drait glas, et classem, réunion, doù classe (de personnes,
d'élèves), dérivés : classique, classer, classement, déclasser,
déclassement, classification, v. faire ^
Calepin, v. noms propres (Mots tirés de).
1. Caler des voiles, du grec khalâii (laisser aller, faire
descendre), par l'intermédiaire du latin et de l'italien, sub-
stantif verbal cale, fond d'un navire.
2. Caler, assujettir, v. cale 2.
Calfater, calfatage, nous viennent de l'arabe par le pro-
vençal. Calfater a été altéré dans sa forme et dans son sens,
sous linfluenee de feutre, de là calfeutrer.
Calibre, italien calibro, d'origine arabe. Dérivé calibrer.
Calice» Nos deux mots calice^ vase sacré, et enveloppe de
la corolle (puis, par connexion, la corolle elle-même), se
rattachent l'un à un mot latin, calicem, l'autre à un mot
grec, kaluka, sans doute apparentés. Le premier seul signifie
coupe, mais, par étymologie populaire, on a considéré le
second comme un emploi métaphorique du premier.
Calicot, V. noms propres Câlin, d'où câliner, câline
(Mots tirés de). rie, origine inconnue.
Califourchon, v. fourche. Calleux, u. cal.
Calligraphie, calligraphe. Sur le second élément de
ces mots, v. graphie *. Le premier élément est le mot grec
kallos, beauté, qu'on retrouve dans hémérocalle, nom de
fleur, proprt beauté d'un jour. L'adjectif kalon, beau, se
retrouve dans calomel, v. mélancolie, et dans kaléidoscope,
V. épice ^.
Callosité, V. cal.
Calme, subst., calme, adj., et calmer, mots d'origine
incertaine, ont été empruntés à l'italien; le dérivé accalmie
(comparez embellie) vient du vieux verbe accalmir, formé sur
calme comme adoucir sur doux.
Calomel, v. mélancolie.
80 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Campane
Calomnie, d'où calomnier, calomnieux, calomniateur,
vient da latin caUimnia, dont la forme populaire française
est chalenge, que nous avons repris aux Anglais comme
terme de sport. Le sens primitif de chalenge est chicane, d'où
provocation, défi, sens actuel.
Calorie, calorifère, calori- Calque, calquer, y. c/iausser.
fique, calorique, v. chaloir. Calumet, v. chaume.
Calotte, d'où calotter, calo-
tin, origine inconnue.
Calvaire, du latin d'église calvarium, formé sur calva,
crâne {u. chauve), pour traduire le mot hébreu golgotha, crâne,
d'où le sens de cimetière de suppliciés.
Calville, v. noms propres Calvitie, u. chauve.
(Mois tirés de).
Camaïeu, qui a d'abord eu le sens de « camée », se rat-
tache au mot grec kamein, qui signifie « travailler » et qui
a aussi produit l'italien cameo, d'où nous avons tiré camée.
Camail, v. cap^. Cambouis, origine incon-
Camarade, camaraderie, nue.
V. chambre. Cambrer, cambrioleur,
Camard, u. camus. cambrure, v. chambre.
Camarilla, v. chambre. Cambuse, v. cabane.
Camée, v. camaïeu.
Caméléon, d'un mot grec qui signifie proprt « lion qui se
traine », ce reptile ayant une grosse tête (à rapprocher de
chenille, qui signifie « petite chienne »). La racine khamai =
à terre, se retrouve dans camomille (proprt pomme de
terre, v. mélinite), plante ainsi nommée en raison de l'odeur
de sa fleur. Cf. autochtone au mot terre.
Camélia, v. acacia. camionnage, camionneur,
Camelot, camelote, y. cha- origine inconnue.
meau. Camisade, camisole, v. che-
Camérier, camériste, ca- mise.
merlingue, u. chambre. Camomille, y. caméléon.
Camion, d'où camionner,
Camouflet, origine inconnue. « Donner des camouflets »
a d'abord signifié : souffler de la fumée au nez avec un
cornet de papier allumé.
Camp, campagnard, campagne, campagnol, y. champ.
Campane, bas latin campana, cloche, d'origine incertaine;
I
Candeur] du français. 81
campanule, plante à clochettes; dérivé italien campanile,
clocher.
Campêche (bois de), v. Campement, camper, v.
noms propres (Mots tirés de). champ.
Camphre, d'où camphrer, camphrier, origine arabe.
Gampos, v. champ. Canaille, v. chien.
Camus, camard, origine Canal, canalisation, cana-
incoiinue. User, v. canne.
Canapé est formé sur un mot grec dont le sens propre
est moustiquaire, de kônôpa moustique.
Canard, canarder, canar- Canari, v. noms propres
dière, u. cane. (Mots tirés de).
Canette, v. canne.
Cancan, d'où cancanier, vient de la conjonction latine
quanquam, quoique, par laquelle commençaient beaucoup
de harangues universitaires. Le mot a signifié harangue
fastidieuse, puis propos fastidieux et malveillants. Cancan,
au sens de danse libre, parait être un mot différent.
Cancer, doù cancéreux, est un mot latin qui signifie
crabe. Le tropique du Cancer est celui qui correspond à la
constellation du Cancer. Le mot cancer et son doublet popu-
laire chancre désignent au figuré, lun une tumeur, l'autre
un ulcère, assimilés à un crabe (cf. lupus). Un corsage
échancré est comme rongé sur le bord. Une troisième
forme du même substantif, cancre, désigne un crabe, et,
par comparaison, un élève qui va à reculons, dont on ne
peut rien tirer. Cancrelat, du hollandais kakerlat, a été
modelé sur cancre.
Candélabre, u. candeur.
Candeur et candide, qui évoquent Tidée de blancheur
au figuré, se rattachent au verbe latin candere, qui signifie
chauffer à hlanc. Dérivés : incandescent, incandescence.
Les candidats, dans l'ancienne Rome, étaient revêtus d'une
robe blanche. De la même famille : chandelle, doù chan-
delier, et le mot savant candélabre. La Chandeleur est
proprt la fête « des chandelles ». Un composé de candere,
incendere, supin incensuiHy a produit : 1" le mot encens
(proprt substance qu'on brûle) du français populaire, dérivé:
encenser, d'où encenseur, encensoir, 2^ les mots savants
incendie, incendier, incendiaire. Cf. brûler.
DICT. ÉTYM. FRANC. "
82 DICTIONNAIRE ÉTYxMOLOGiQUE [Cannette
Candi, v. canne. Candidat, candidature,
candide, u. candeur.
Cane, d'où canard et caneton, origine inconnue. Une
canardière est un fusil spécial pour la chasse au canard
sauvage. Canarder quelqu'un, c'est proprt tirer sur lui
comme sur un canard. Un caniche va à l'eau comme un
canard. Caner, cest fuir comme une cane.
Canéphore, mot d'origine grecque, porteuse de corbeille,
proprt de corbeille de jonc (même racine que dans canne);
sur -phore, v. offrir *.
Caner, caneton, v. cane. Caniche, v. cane.
Canevas, v. chanvre. Canicule, u. chien.
Canif, origine germanique, cf. angl. knife.
Canin, u. chien. Caniveau, origine incon-
nue.
Canne, latin canna, signifie proprt roseau, jonc, d'où le
sens de tube, qu'on a dans canal (dérivés : canaliser, cana-
lisation) et son doublet chenal, dans canon, gros tube,
d'où canonner, canonnade, canonnier, et dans canule, can-
nelle, cannette, tous mots dont la signification première
est petit tube. A noter, pour cannelle, les sens spéciaux de
(c robinet de tonneau », et de « écorce desséchée et enroulée »
d'un certain laurier, et le dérivé canneler, d'où cannelure;
pour cannette, les sens de récipient à bière, et de bobine
creuse des tisseurs, et le dérivé canut : le canut est
l'ouvrier de la canette, le tisseur. A noter aussi le verbe
canner (une chaise), garnir de jonc, et le mot arabe candi,
qui signifie sucre de canne. C'est sous l'influence de canne,
que sarbatane est devenu sarbacane, v. ce mot.
— Se rattache à la même racine le dérivé grec canon (à
distinguer du canon, d'origine italienne, signalé plus haut),
dont le sens primitif semble être tige de jonc, règle, doù,
parmi les sens dérivés, ceux de loi de l'Eglise, liste des saints
régulièrement reconnus par l'Église, thème qui sert de règle
aux différentes parties de certaines compositions musicales.
Canonique et son doublet populaire chanoine, pourvu d'un
canonicat, signifient proprt : conforme aux règles de
l'Église. Canoniser, c'est proprt inscrire au canon des saints;
un canoniste est un juriste en droit canon.
Canneler, cannelle, cannelure, canner, cannette, v. canne.
Cap] DU FRANÇAIS. 83
Cannibale, espagnol canibal, autre nom des Caraïbes,
peuplade anthropopliage, d'où le sens d'anthropophage.
Dérivé : cannibalisme.
Canon, canonial, canoni- nade, canonner, canonnier,
cat, canonique, canonisation, canonnière, v. canne.
canoniser, canoniste, canon-
Canot, mot espagnol d'origine américaine, dérivés :
canoter, canotage, canotier.
Cantaloup, v. noms propres Cantate , cantatrice , u.
(Mots tirés de). chanter.
Cantharide, mot latin d'origine grecque. Cf. chanterelle.
Cantilène, v. chant.
Cantine, italien canlina, d'origine inconnue, buvette et
aussi mallette servant à transporter des liqueurs, d'où, par
extension, mallette d'officier. Dérivés : cantinier, canti-
nière.
Cantique, v. chant. nal, cantonnement, canton-
Canton, cantonade, canto- ner, cantonnier, v. chant 2.
Canule, canut, v. canne.
Caoutchouc, mot américain.
Cap vient du latin capiit, gén'itiî capilis, qui signifie tête
et qui a produit chef en formation populaire. La forme cap
et les dérivés qui ont soit un c au lieu de ch, soit p ou b
au lieu de v. et à plus forte raison ceux qui réunissent ces
deux caractères, sont d'origine savante ou empruntés soit à
une langue méridionale, soit à un dialecte du français.
1. Chef a. encore le sens de tête dans le Cid : u Immolez
donc ce chef que les ans vont ravir ». Aussi dans couvre-
chef, et dans bêche de tête-bêche, v. tête. Cap a encore la
même valeur dans la locution archaïque « armé de pied en
cap ». Ailleurs l'idée est exprimée soit par tête (v. ce mot),
qui a pris complètement la place de chef au sens propre,
soit, dans certains composés, par le mot grec kephalé :
brachicéphale, à tête courte, v. bref: encéphale, ce qui est
dans la tète, le cerveau ; etc.
— On retrouve aussi le sens propre dans certains dérivés
ou composés d'origine savante ou d'origine populaire : le
chevet est la partie du lit où repose la tête (d'où, par figure,
le chevet d'une église); les cheveux, latin capillos, sont les
poils de la tête (dérivés : chevelu, chevelure, échevelé,
84 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Cap
dérivé savant capillaire au sens figuré, d'où capillarité).
Un breuvage capiteux monte à la tête. La peine capitale
menace la tète; l'adjectif capiia/ a surtout le sens figuré de :
qui se rapporte aux parties saillantes, très important. Le
langage familier dit plaisamment la caboche pour la tête
(d'où cabochon au sens figuré). Un camail est proprt un
couvre-chef en mailles. Décapiter, c'est couper la tête; pré-
cipiter, c'est pousser la tête en avant, d'où le sens de préci-
pice, et, au figuré, de précipitation. Occiput, mot tout latin
formé avec le préfixe ob- qui marque opposition, désigne le
derrière de la tête. Sur capuchon et chapeau, v. cape.
2. Sens figuré de « qui est à la tête » : d'abord chef lui-
même (et chef-lieu, chef-d'œuvre), puis capitaine, capitan,
caporal, désignant des « chefs » à difTérents degrés de la
hiérarchie. Dans les bandes gasconnes, les capitaines s'appe-
laient des cadets; le sens actuel du mot vient de ce que ces
cadets étaient ordinairement des puînés.
— Autres sens figurés, concrets ou abstraits : le chapi-
teau est la tête de la colonne ; un chou cabus est un chou à
tête frisée; le biceps est un muscle « à deux têtes »;
« mettre le cap sur », c'est imprimer une direction à la
tête, à lavant du navire ; capoter et chavirer, proprt virer
par le chef, par la tête, cest être renversé, en parlant d'un
bateau; capoter a passé dans le langage de l'aviation. Une
pointe de terre a été aussi assimilée à une tête, d'où l'un des
sens de cap; caboter, c'est aller de cap en cap, d'où cabotin,
qui va de ville en ville; dérivés : cabotage, cabotinage.
3. Par comparaison avec la tête (à moins qu'on n'ait là
le sens primitif, v. capable ci-dessous), on a appelé chef le
bout d'une chose : achever (d'où inachevé, parachever),
c'est mener à chef, mener à bout (comp. aboutir, au mot
bouter"^); de rechef, en reprenant par le bout, en recom-
mençant.
4. Le substantif capital (d'où capitaliste, capitaliser),
désigne la partie principale de l'avoir, le principal opposé
aux revenus; le doublet populaire est chetel (l'Académie
écrit ce mot avec un p parasite, qui est en train d'en
déformer la prononciation), le chetel est un u capital )> en
têtes de bestiaux. Capui avait en latin le sens de « capital »,
et *ad'Capitare du latin populaire, proprt réunir à son
capital, a produit notre verbe acheter, jadis achater, d'où
achat, racheter, rachat.
Capable] du français. 85
— La forme capitale, pour une lettre, est celle qu'on lui
donne « en tête » d'une phrase et des noms propres. Le mot
méridional capdel (comparez cadet plus haut, § 2), devenu
cadeau en français, signifie originairement» lettre capitale
ornée », d'où « passe-temps agréable et futile, divertisse-
ment galant », enfin « présent de fête ».
5. Le chapitre (latin capilulum) est originairement
l'en-tête delà subdivision d"un ouvrage, et, par connexion,
la subdivision elle-même. C'est aussi la lecture « initiale »
d'une assemblée de religieux, et, par une autre connexion,
l'assemblée elle-même. Chapitrer quelqu'un, c'est proprt le
traduire devant le chapitre. Capitulaire est un adjectif de
forme savante dont une forme plus populaire serait *chapi-
trier\ employé substantivement au pluriel, dans l'histoire
mérovingienne et carolingienne, le mot désigne ua texte de
loi divisé en chapitres, en articles. Capituler c'est proprt
arrêter « les articles » d'une convention, puis accepter les
conditions du vainqueur, se rendre; dérivé : capitulation.
Récapituler, d'où récapitulation, c'est reprendre article par
article.
Capable et capacité expriment l'un sous la forme adjec-
tive, l'autre sous la forme substantive, la contenance, la
puissance ou l'aptitude. Ces mots se rattachent au verbe
latin cnpere, supin captum, qu'on suppose apparenté au mot
précédent, car caput a peut être été primitivement le bout
par lequel on « prend » quelque chose.
1. Le verbe capere avait le sens de contenir, qu'on
retrouve notamment dans le dérivé provençal cabas, et
aussi d'absorber, de prendre : accaparer, c'est proprt
prendre pour soi (préf. ad-) en donnant des arrhes, v. arrhes.
Le chevétre (latin capistrum) est, en terme d'architecture, la
barre qui relie les solives; enchevêtrer, d'où enchevêtre-
ment, c'est, au propre, engager les solives dans le chevétre,
et, au figuré, engager les unes dans les autres les différentes
parties d'une chose. Capistrum, dont cabestan parait être
un dérivé, a eu d'abord en latin le sens de licou, d'où, par
comparaison, corde de poulie, et, par conne".; :i. poulie,
treuil, sens de cabestan.
— Au supin et au participe passé se rattachent : a, cap-
ture, d'où capturer, et captif (captiver, captivité), dont
le doublet populaire chétif a eu le sens de prisonnier, puis
de malingre; 6, deux nouveaux verbes, captare et 'captiarCy
86 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Capable
dont le premier a donné capter (d'où captation, captieux)
en formation savante, et le second chasser en formation
populaire, tous les deux ayant à Torigine la signification de
« tâcher de prendre ». Pour chasser, on a passé du sens de f
poursuivre pour prendre ou pour tuer à celui de poursuivre
purement et simplement, d'où celui de pousser dehors.
Composés : pourchasser; entrechasser, d'où entrechas (écrit
à tort entrechat), pas de danse où les pieds s'entrepoussent;
un chassé (croisé quand les danseurs se croisent) est un
pas où un pied pousse lautre.
2. Les composés latins de capere avaient la forme -cipere,
supin -cepliim. Les verbes latins en -cipere ont donné des
verbes français en -cevoir (forme populaire) ou en -ciper
(forme savante), et aussi des verbes créés sur le supin et
qui ont la forme savante -cepter.
— Le verbe accepter signifie prendre pour soi (ce qui est
offert) ; dérivés : acceptable, inacceptable. Acceptation est
le substantif d'action d'accepter, et acception (le fait de
prendre en considération ou de prendre un mot dans un
certain sens) est celui d'un verbe non existant en français,
qui serait *acciper ou *acevoir. C'est ainsi que nous avons
d'une part exciper (d'où exception et exceptionnel) et
excepter : prendre en enlevant, d'où mettre en dehors.
Exciper di reçu la valeur juridique de : fournir une exception.
Incipit, mot tout latin, signifie proprt : prend dans cet
endroit, commence là.
— Prendre ce qui est donné, envoyé, présenté, c'est rece-
voir. Dérivés : réception, récepteur, réceptacle; receveur,
recevable. Le substantif recette est une forme archaïque de
participe passé féminin [recepta en latin). Récépissé est
l'infinitif passé latin et signifie : avoir reçu. Récipient, parti-
cipe présent latin : ce qui reçoit; récipiendaire, celui qui
doit être reçu.
— Le composé percevoir, signifie proprt saisir entière-
ment. Dérivés : perception, percepteur, perceptible,
imperceptible. Le surcomposé apercevoir signifie proprt
ramener à soi ce qu'on perçoit; avec in- négatif, ina-
perçu.
— Recevoir en soi un germe, une idée, c'est concevoir.
Dérivés : concevable et inconcevable; conception; concept
et son doublet italien au pluriel concetti, « pensées »
'brillantes. Préconçu, conçu d'avance.
Cape] DU FRANÇAIS. 87
— Prendre et tirer de haut, faire déchoir d'une espérance,
c'est décevoir, d'où déception.
— Prendre dans Tintervalle, au passage, c"est inter-
cepter. L'adjectif susceptible, dont nous n'avons pas le
verbe, signifie proprt : qui peut recevoir en dessous, se
charger de. d'où : capable de, et aussi « qui peut recevoir
facilement une impression ».
— Nous n'avons pas *préciper, ni *précevoir, ni *précepter,
mais nous avons précepte et précepteur. Un précepte est
un enseignement « préalable », une règle de conduite. Un
précipu, écrit à tort préciput, — latin prœcipuum, — est ce
qu'on prend « avant » tout partage.
— Prendre d'avance, c'est anticiper, d'où anticipation.
Prendre part, c'est participer, d'où participe, participa-
tion.
3. A la même famille appartiennent : 1° occuper (d'où
occupation, inoccupé), proprt prendre au-devant, s'emparer
de, et préoccuper, d'où préoccupation, occuper d'avance;
2^^ récupérer, reprendre, et son doublet populaire recouvrer,
dérivés : recouvrement, irrécouvrable, récupération.
4. Le composant latin -ceps (qui prend), génitif -cipis,
se trouve dans princeps (édition princeps) et dans les
dérivés principal, principauté, principat. Princeps est un
mot tout latin, dont la forme française est prince (d'où
princier) et qui signifie proprt : qui prend la prime place
{v. pour^). Le dérivé neutre principiiim, ce qui prend la
première place, nous a fourni principe. Un dérivé analogue
mancipium (prise en main) n'a rien donné en français, mais
se retrouve dans le composé émanciper (d'où émancipa-
tion), affranchir. Un municipe est constitué par ceux qui
« prennent les charges », c'est le gouvernement d'une ville,
V. commun.
Caparaçon, caparaçonner, u. cape^.
Cape et le doublet populaire chape viennent du latin
populaire cappa, qui est considéré aujourd'hui comme une
abréviation de capitalare, « couvre-chef », de telle sorte que
caput [v. cap), capere [v. capable) et "cappa appartiendraient
à la même famille.
1. Cappa désigne un manteau à capuchon, d'où le sens
restreint de capuchon qu'on constate dans bon nombre de
dérivés, à commencer par capuchon lui-même : capucin,
88 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Car
religieux à capuchon; capucine, nom d'une fleur dont le
calice avance comme un capuchon. Autres dérivés de cape :
capeline, capulet, capot, capote; caparaçon, mot d'origine
espagnole qui désigne une espèce de harnachement assimilé
à une cape; capilotade, autre mot espagnol désignant
proprt une sauce qui couvre la viande comme une cape.
Décaper, c'est enlever ce qui recouvre une surface métal-
lique.
2. Diminutifs de chape : chapeau; chaperon (d'où chape-
ronner), espèce de coilTe et personne qui en « couvre » une
autre, porte-respect; dérivé de chapeau : chapelier, d'où
chapellerie. A l'origine, le chapelet est le petit chapeau.de
la Vierge, sa couronne de roses, le rosaire. Une chapelle,
d'où chapelain, est proprt un endroit où on conserve la
chape d'un saint.
3. Le verbe échapper a d'abord signifié : se dégager de sa
chape (pour fuir) ; dérivés : échappée, échappement,
échappatoire, réchapper. Sur chape-chute, v. choir ^.
Capeline, v. cape^. Capitaine, v. cap'^.
Capharnaûm, v. noms pro- Capital, v. cap i et 4,
près (Mots tirés de). Capitaliser, capitaliste, v.
Capillaire, capillarité, v. cap *.
cap 1. Capitan, u. cap 2.
Capilotade, v. cape *. Capiteux, u. cap i.
Capitonner, origine italienne.
Capitulaire, capitulation, 2. Capot, terme de jeu, ori-
capituler, v. cap 5. gine inconnue.
Capon, caponner, u. c/iopon. Capote, v. cape^.
Caporal, v. cap -. Capoter, v. cap 2.
1, Capot, tambour couvert
sur un navire, v. cape^.
Câpre vient du grec kapparin par l'intermédiaire du
latin et de l'italien, dérivé : câprier.
Capricant, caprice, capri- tivité, capture, capturer, u.
cieux, capricorne, u. chèvre. capable^.
Capsule, V. châsse. Capuchon, capucin, capu-
Captation, capter, cap- cine, capulet, y. cape i.
tieux, captif, captiver, cap-
Caque, origine flamande, dérivé : encaquer.
Caqueter, d'où caquet, caquetage, onomatopée, cf. coq.
Car, latin qaa-re, proprt pour laquelle raison. Ca- est
donc le pronom relatif féminin à l'ablatif, et Vr finale de car
Cardon] DU français. 89
n'est pas autre chose que Vr initiale de notre mot rien, qui
signifie proprt chose, ici raison.
Carabin, d'origine inconnue, a d'abord désigné des
soldats de cavalerie légère, armés d'une petite arquebuse
qui prit d'eux le nom de carabine, appliqué ensuite à un
fusil léger. Et sur carabine on a fait carabinier, comme on
avait fait carabine sur carabin. Par une comparaison plai-
sante, les garçons chirurgiens ont été appelés carabins
d'hôpital ou carabins à genoux, d'où le nom donné aujour-
d'hui, avec une nuance péjorative, aux étudiants en méde-
cine.
Carabiné, très fort, origine Caraco, v. casaque.
inconnue. Caracoler, u. escargot.
Caractère, d'abord « trait gravé », latin charactereni,
d'origine grecque. Dérivés : caractériser, caractéristique.
Carafe, d'où carafon, mot arabe qui nous vient d'Italie.
Carambolage, caramboler, u. boule.
Caramel, mot espagnol d'origine douteuse.
Carapace, espagnol carapacho.
Carat vient du grec keration (par l'arabe et l'italien),
petit fruit cornu, petite quantité, cf. cerf.
Caravane et caravansérail (sérail ou hôtel de caravane),
origine persane.
Caravelle, mot italien, origine méditerranéenne.
Carbonaro, carbone, carboniser, u. charbon.
Carcan, origine germanique.
Carcasse, mot italien d'origine inconnue.
Carder, u. cardon. Cardiaque, y. cœur.
Cardinal, qui se rattache au latin cardinem, gond, comme
charnière, a le sens figuré de : important comme les gonds
le sont pour la porte; comparez le sens figuré de pivot. Les
nombres cardinaux servent à former les autres; les points
cardinaux indiquent les quatre directions principales; les
cardinaux sont les dignitaires les plus importants du clergé,
et, comme ils sont vêtus de rouge, on donne le nom de
cardinal à un oiseau, à un papillon et à un glaïeul, en raison
de leur couleur rouge. Dérivés : cardinalice (la pourpre) et
cardinalat.
Cardon, emprunté au provençal, et son doublet français
chardon, viennent d'un dérivé du latin carduum. Une autre
90 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Cartilagineux
forme, carde, désignait à l'origine la tête d'une espèce de
chardon très épineux, dont on se servait pour démêler la
laine; de là le verbe carder et cardeur. Chardonneret
signifie petit amateur de chardon ; cet oiseau est gourmand
de la graine de chardon.
Carême, v. quatre 3.
Carence se rattache au verbe latin carere, manquer, d'où
Texpression juridique : procès-verbal de carence.
Carène, lat. carina, proprt coquille de noix, v. girofle.
Caresse, caresser, v. cher. Cariatides, v. noms propres
Cargaison, carguer,u.c/iar. (Mots tirés de).
Caricature, v. char.
Carie, d'où carier, latin cariem, proprt pourriture.
Carillon, v. quatre^. Carlin, v. noms propres
(Mots tirés de).
Carmagnole, vêtement, viendrait de Carmagnole, ville
du I^iémont; par connexion, le nom de la veste des révolu-
tionnaires a passé à leur ronde.
Carmin, origine incertaine. Carnet, v. quatre^.
Carnage, carnassier, car- Carnier, Carnivore, caro-
nassière, carnation, carna- gne, v. chair.
val, carné, v. chair.
Carotide, mot grec, de karon, engourdissement, les
carotides étant considérées comme jouant un rôle spécial
dans ie sommeil.
Carotte, latin carota, d'origine grecque, dérivés : carotter,
carotteur, carottier.
Caroubier, origine arabe. '
Carpe, latin carpa, dérivés : carpeau, carpillon.
Carpette, angl. carpet, apparenté à charpie.
Carquois, origine persane.
Carré, V. quatre^. Carrer, carrier, 1. Car-
Carreau, V. quatre *. rière, v. quatre s.
Carrefour, v, quatre 6. 2. Carrière, carriole, car-
Carrelage, carreler, v. qua- rossable, carrosse, carros-
tre'^. sier, v. char.
Carrousel, emprunté à Titalien, origine inconnue.
Carrure, v. quatre s. Cartable, carte, cartel, v.
charte.
Cartilage, cartilagineux, latin cartUnginem.
Casser] du français. 91
Cartomancie, divination par les cartes. Dérivé carto-
mancien. Le composant d'or, grecque -mande (cf. manie 1)
se retrouve dans chiromancie, divination par les mains,
nécromancie, divination par révocation des morts. Tous
ces mots ont des dérivés en -ien.
Carton, cartonnage, car- Cas, u. choir.
tonner, cartonnier, cartou- Casanier, v. case.
che , cartouchière , cartulaire ,
V. charte.
Casaque (doù casaquin), mot italien d'origine incer-
taine : il faut peut-être en rapprocher caraco.
Cascade, caseatelle, italien cascata, cascatella.
Case, latin casa, signifie proprt petite maison, d'où com-
partiment; dérivés : casier, caser. La forme française d'ori-
gine populaire est chèse ou chaise (sans aucun rapport avec
chaise = siège) conservée dans les noms de lieu tels que La
Chaise-Dieu (la maison de Dieu), et aussi dans la préposition
chez = dans la maison de ... Chasuble (vêtement ecclésias-
tique comparé à une hutte) se rattache à casula, diminutif
de casa. — Le dérivé casanier, dorigine italienne, signifie :
qui aime à garder la maison ; et casemate, de même origine,
signifierait proprt fol abri. Casino, mot tout italien, à dési-
nence diminutive, signifie petite maison. Caserne, d'origine
incertaine, ne semble pas se rattacher à case.
Casemate, caserne, casernement, caserner, casier, v. case.
Casimir vient de l'anglais kersey-mere (pure étoffe de
Kersey) ; on l'a cru à tort une déformation de cachemire.
Casino, v. case.
Casoar, mot malais.
Casque, de l'espagnol casco, qui signifie crâne; dérivés :
casquette, casquer.
i. Casse, purgatif, grec kasia.
2. Casse d'imprimerie, i'. 3. Casse, action de casser,
châsse. V. le suivant.
Casser. Ce verbe est formé sur le supin quassum du latin
^classique quatere qui signifie secouer.
1. Substantif verbal : casse; dérivés : cassation, casseur,
issure, incassable, cassonade (sucre cassé); composé : con-
isser, proprt casser ensemble; v. fracasser.
2. Les composés latins de quatere, quassum, sont en -cutere
92 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Cata-
cassum. De là discuter, discutable, indiscutable, et discus-
sion (le sens propre de discuter est secouer en séparant, d'où
agiter une question). De là aussi le mot de la langue médi-
cale percuter, dont la langue ordinaire a le dérivé percussion
et le composé répercuter (proprt frapper en retour), sur
lequel a été fait répercussion. Nous n'avons pas emprunté
le verbe conculere, secouer fortement, ébranler, doù au
figuré extorquer, mais nous avons le dérivé concussion et
concussionnaire.
3. Les deux seuls verbes de cette famille qui aient passé
en français par la voie populaire sont : 1° succutere (agiter
de bas en haut), en vieux français secourre, devenu secouer
par changement de conjugaison, et dont l'ancien participe
féminin secousse est employé substantivement; 2^ excutercy
secouer pour retirer, en vieux français escourre, surcomposé
rescourre, dont nous connaissons encore le substantif parti-
cipial rescousse par la locution archaïque : à la rescousse.
Casserole, origine dou- Cassette, u. châsse.
teuse. Cassis, origine inconnue.
Cassolette, espagnol cazoleta.
Cassonade, cassure, v. cas- Caste, v. chaste,
ser. Castel, v. château.
Castagnette, v. châtaigne.
Castor, grec kastôr.
Castrat, castration et le mot de formation populaire
châtrer, mutiler, se rattachent au latin castrare.
Casuel, casuiste, casuistique, v. choir.
Cata-, préfixe d'origine grecque, signifie proprt de haut
en bas, sans passer un échelon, d'où résulte aussi une valeur
distributive. La préposition grecque kata avait passé en
latin populaire notamment dans l'expression cata unum,
*catunum, « par un », d'où le sens de : chacun. D'autre part,
l'indéfini latin quisque (chaque), suivi du même ununi, avait
produit *quiscunum qui avait le môme sens que *catunum.
Ces deux mots se sont fondus en *cascunum, d'où le français
chascun, chacun, et de chacun nous avons tiré chaque. De
t€lle sorte que, dans chacun et chaque, la syllabe cha- est la
forme populaire du préfixe grec kata-, et c ou qu qui suit
est ce qui reste dans ces mots de l'indéfini latin quisque, qui
avait le sens de chaque.
Cave] DU FRANÇAIS. 93
Cataclysme, originairement inondation, se rattache au
verbe grec klazein. qui signifie arroser, nettoyer. On retrouve
ce verbe dans clystère, et on a sans doute la racine latine
correspondante dans cloaque, égout (qui nettoie), d'où le
sens de réduit infect.
Cataeombe, mot italien d'origine incertaine.
Catafalque, v. échafaud. Cataplasme, v. plastique.
Catalepsie, u. épilepsie.
Catalogue, cataloguer, v.
logique^.
Catapulte, mot latin dorigine grecque, apparenté à
pousser.
Cataracte, mot grec, proprt rupture.
Catarrhe, v. rhume. Catégorie, catégorique, v.
Catastrophe, v. strophe. allégorie.
Catéchiser, catéchisme. Cathédrale, v. chaise.
catéchumène, v. écho. Catholique, v. olographe.
Catin, abréviation arbitraire de Catherine; c'est un
exemple de nom propre employé dans un sens péjoratif.
Cauchemar, y, chausser. Caustique, v. brûler.
Caudal , caudataire , v. Cauteleux, v. caution,
queue. Cautère, cautériser, cau-
Gausal, causalité, cause, térisation, v. brûler.
causer, causerie, causette,
causeur, v. chose.
Caution se rattache au verbe latin cavere, supin cautum,
qui signifie prendre garde. Une caution est une garantie;
dérivés et composés : cautionner, cautionnement, précau-
tion, se précautionner. Un homme cauteleux prend garde,
se défie; ici le sens s'est compliqué d'une idée accessoire de
finesse hypocrite; cauteleux est fait sur l'ancien français
cautèle (mot savant), défiance.
Cavalcade, cavale, cavalerie, cavalier, v. cheval.
Cavatine, mot italien.
Cave, adj. (des yeux caves), vient de l'adjectif latin cavnm,
qui signifie creux, et le substantif cave est le même adjectif
employé substantivement.
1. Dérivés : caveau, cavité, concave et concavité,
caverne et caverneux ; excavation ; encaver, d'où encavage
et encaveur. Chai (entrepôt de vins) pourrait être la forme
populaire d'un dérivé de cavum. Nous avons emprunté à
^^ DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Ce
litalien un verbe caver, qui se rattache à la même racine,
avec le sens spécial de creuser sa poche pour en extraire la
somme qu"on engage au jeu; cette somme a été désignée par
un nouveau substantif caue, tiré de ce verbe caver; le joueur
est décavé quand il a perdu sa « cave ».
2. De Tadj. cavum, le latin avait tiré les substantifs cavea
et caveola altéré en * gaveola, lun et Tautre ayant le sens de
« loge d'animal, cage », qui ont produit en français cage et
jaiole devenu geôle. Composés ; encager au sens propre et
enjôler au sens figuré, d'où enjôleur. Après avoir eu le sens
de cage, geôle, par une figure facile à comprendre, a pris
celui de prison, d'où geôlier. La forme provençale de cage,
« gabi », au sens figuré de hune, a engendré gabier, nom
d'un matelot qui se tient dans les hunes.
Caverne, caverneux, cavité, v. cave.
Ce, pronom neutre, latin ecce-hoc. Sur le préfixe ecce qui
a produit iç-, ç-, v. ici.
1 . Le pronom hoc signifie à lui seul « cela » ; la locution toute
latine ad hoc équivaut à « pour cela », une réponse ad hoc
est celle qui convient pour la circonstance. Ce mot est
représenté dans le pronom proclitique ce par un simple e
après le préfixe ç-, il est plus reconnaissable dans avec
= av-ec (v. ce mot), et plus encore dans l'affirmation pro-
vençale oc, qui signifie proprt « cela, c'est cela ». La vieille
affirmation française est la même, avec le pronom personnel
en plus : « Est-il venu? — (= oc) il (est venu) » ; puis oil
s'est employé quel que fût le sujet du verbe non exprimé
de la réponse, et ultérieurement oil est devenu oui (d'où
l'exclamation familière ouiche) par la chute de l final et
par le changement régulier de l'o initial en ou.
— Le latin hoc a la valeur non plus de pronom, mais d'ad-
jectif démonstratif, dans hodie, ce jour, dont le français a
fait le vieil adverbe ui, hiii; aujourd'hui équivaut étymoio-
giquement à « au jour de ce jour ». Dans hui, cest hu- qui
représente le latin ho-,-i est ce qui reste du mot latin signi-
fiant jour, que nous avons conservé dans mi-di {v. jour).
— Hoc est donc devenu, dans la composition des mots fran-
çais dont il fait partie, tantôt ec, tantôt ou, tantôt ui en se
combinant avec di, tantôt simplement e.
2. Le démonstratif latin hoc semployait adverbialement
sous les formes hic et kac = dans cet endroit. Ce soot ces
céder] du français. 95
deux mots qui, précédés du préfixe, ont donné en français
ici, ci et çà. Hic est conservé tel quel dans la locution « c'est
là le hic » qui équivaut à : c'est dans cet endroit que git la
difficulté. On avait également liuc = par là, d'où le vieux
mot hucher, appeler en criant.
3. Hac était aussi une forme adjective du féminin. Hac-
hora, qui signifie à celle heure-ci, a produit ore, or, aussi
ores, ors, dont le sens primitif est <( maintenant », de même
que illac hora {v. il) a donné lor, lors (d'où alors et lorsque),
dont le sens primitif est à cette heure-là. Dans ces deux
mots, l'o représente la fusion de l'a du démonstratif féminin
et de l'o du substantif hora, lequel o, sans démonstratif
agglutiné, a donné en formation populaire la voyelle eu
d'heure, v. ce mot.
Ce adjectif, cet, cette, se composent du préfixe latin ecce,
réduit à ç- [v. ici) et du démonstratif latin islum, féminin
istam. De là les vieilles formes : masculin cest, devenu cet, et
même ce devant les consonnes; féminin cesie, devenu cette.
Le pluriel ces, des deux genres, est une forme contractée.
Céans, se compose de ça [v, ce, pronom 2) et de ans, sur
lequel voyez en, A.
Ceci. Dans ceci, cela, abrégé en ça, celui-ci, celle-ci,
celui-là, etc., les adverbes ci et là [v. ici et il) sont de simples
renforcements des pronoms démonstratifs [v. ce, pronom,
et celui), déjà renforcés dans le latin populaire par le pré-
fixe devenu ç-; ce préfixe se trouve deux fois dans ceci
(= ecce hoc ecce hic), celui-ci, etc.
Cécité se rattache au latin cœcum, aveugle, conservé tel
quel dans le nom de la première partie du gros intestin, qui
forme cul-de-sac.
Céder, du verbe latin cedere, supin cessum, qui signifie
proprt aller, d'où s'en aller, renoncer, abandonner.
1. Dérivés : cession, cessible et incessible; cesser, ne
pas continuer, interrompre, d'où cesse, cessation, inces-
sant, continuel, incessamment, sans interruption entre le
moment où l'on parle et celui de l'action du verbe, par con-
séquent à très bref délai.
2. Composés de céder au sens transitif d'abandonner :
concéder (le préfixe introduit l'idée d'une entente avec celui
qui reçoit), d'où concession, sur lequel a été fait conces-
sionnaire; rétrocéder, — d'où rétrocession, — et recé-
der, qui ont la même valeur étymologique {v. re- ^), mais
96 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Céder
entre lesquels l'usage a établi des nuances de signifi-
cation.
3. Composés de céder au sens primitif d'aller. — Accéder,
proprt aller vers, au figuré se rallier à; dérivés : accès avec
les sens divergents de « possibilité d'approcher » et de
« atteinte d'un mal »; accessible, accession; accessoire,
proprt qui se joint à, d'où, par connexion, u qui n'est pas le
principal » ; accessit, forme toute latine qui signifie « il a
approché ».
— Avec le préfixe pro-, on a procéder, proprt aller en avant,
avancer, au propre ou au figuré, d'où « sortir de, être
engendré par », et « agir dune certaine manière » ; les
dérivés processus, forme latine, avec son doublet procès,
procession, procédure et le substantif participial procédé,
expriment tous les cinq en principe l'action d'avancer, mais
chacun d'eux a été spécialisé arbitrairement, processas dans
le sens de marche progressive (particulièrement des idées),
procès, d'où processif, dans le sens de poursuite judiciaire,
procession dans le sens de marche solennelle, procédé dans
le sens figuré de manière d'agir, procédure dans celui de
manière régulière d'agir en justice.
— Avec le préfixe inter-, on a intercéder, d'où interces-
seur, intercession, proprt aller dans le milieu, intervenir,
d'où solliciter en faveur de quelqu'un.
— Les préfixes latins ab-, de-, et ex- expriment tous les
trois l'éloignement, l'extraction, l'origine, mais les composés
de céder formés avec ces préfixes se sont spécialisés dans
des directions difîérentes, abcéder comme terme médical,
décéder, en passant du sens latin de sortir de charge (d'où
prédécesseur, proprt celui qui est sorti de charge avant) au
sens de sortir du monde vivant, excéder dans l'acception de
sortir des bornes, et dans le sens plus général de dépasser
(d'où excédent), chacun de ces verbes étant accompagné
d'un substantif dérivé du supin : abcès, proprt « sortie »
de pus, et, par connexion, tumeurqui contient le pus, décès,
sortie de la vie, excès (d'où excessif), sortie des bornes
légitimes.
— Le préfixe sub- indiquant dans le temps la postériorité,
succéder a pu prendre le sens de « venir après, venir
ensuite » (d'où successif), celui de « remplacer )> (d'où suc-
cédané, successeur, successoral, succession), celui de
(c avoir une bonne ou mauvaise issue )>, en parlant d'une
Cellier] du français. 97
entreprise (d'où succès, qui s'est spécialisé dans le sens de
bonne issue).
— Avec le préfixe pré- on a précéder, proprt aller avant ou
devant un autre, doù précédent, précession des équinoxes;
nous n'avons pas *aniécéder qui aurait signifié aussi aller
avant, mais nous avons antécédent et le dérivé de forma-
tion populaire ancêtre : les ancêtres sont proprt ceux qui
nous ont précédés.
Cédille, espagnol cedllla, petit c.
Cédrat, v. citron.
Cèdre, grec kedron.
Cédule, latin schedtda, d'origine grecque.
Ceindre, latin cingere, supin cinctum. Dérivés : sangle,
(et sangler), jadis cengle, latin cinguliimj d'où cingler 2,
frapper dun coup enveloppant; ceinture, d'où ceinturon;
cintrer, cintrage, cintre. Composé : enceindre, d'où le
substantif enceinte; l'adjectif enceinte signifie <.< sans cein-
ture >•>, en- négatif, v. en 1°. Composé savant : l'adjectif parti-
cipial succinct, proprt ceint en dessous, retroussé, resserré
(au figuré).
Ceinture , ceinturon , v. Cela, v. ceci.
ceindre.
Célèbre, latin celehrem, fréquenté, d'où illustre. Dérivés :
célébrité; célébrer, rendre célèbre, publier, vanter, solen-
niser, doù procéder à une solennité, dérivé : célébration.
Celer (d'où déceler, receler, recel, receleur), latin
celare. Même racine dans clandestin, dans occulte (dérivé :
occultation), proprt caché devant, dont la cause nous
échappe. Cf. apocalypse.
Céleri vient du grec selinon par l'intermédiaire de l'ita-
lien seleni, forme dialectale seleri. 11 y avait aussi le petro-
selinon {selinon sauvage, qui pousse dans les rochers), d'où
vient notre mot persil, dérivé : persillade.
Célérité, iatin ccleritateni, formé sur l'adjectif celerem,
rapide, d'où accélérer, dérivé : accélération.
Céleste, v. ciel.
Célibat, d'où célibataire, latin cœlibatum.
Celle, V. celui. Celle-ci, v. ceci.
Cellier, dérivé du latin cella dont cellule (dérivé : cellu-
laire) est un diminutif. Cellérier, chargé du cellier.
DICT. ÉTYM. FRANC. »
98 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Centaurée
Celui, et celle, ceux, jadis icelui, icelle, iceiix, mots
composés du préfixe ecce [v. ici) et des formes du démons-
tratif latin qui ont produit nos pronoms personnels lui,
elle, eux, {v. il).
Celui-ci, celui-là, celle-ci, etc., v. le précédent et ceci
Cénacle, latin cenacaliim. salle où les apôtres se réunis-
saient pour la cène (latin cena, souper), d'où, avec une
valeur souvent péjorative, groupe de personnes qui se font
les apôtres d'une idée.
Cendre, latin cinerem, d'où cendrier, cendré, nom de
couleur, et Cendrillon, nom de l'héroïne d'un conte de fées.
Dérivé ?avant : cinéraire, adjectif qu'on joint à urne, et
nom d'une plante à feuilles cendrées par-dessous. Composé
savant : incinérer, d'où incinération.
Cénobite, v. vivre 5.
Cénotaphe. Le premier élément de ce mot est l'adjectif
grec kenon, qui signifie vide. Le second, taphon, tombeau,
se retrouve dans épitaphe, inscription sur un tombeau.
Comparez sarcophage au mot cercueil.
Cens se rattache au verbe latin censere, supin censum et
censitum, qui signifie déclarer, dire solennellement, compter,
doù : recenser, recenseur, recensement; recension, proprt
'j dénombrement » des fautes de lecture commises dans une
édition.
— Le sens propre de cens est « dénombrement en vue
d'établir les impôts, les redevances, la classe de chacun »,
d'où au moyen âge redevance féodale, et, de nos jours, quo-
tité de l'impôt qui donnait le droit électoral, et qui le donne
encore dans les pays de régime censitaire. « Être censé
riche », c'est, au figuré, être classé comme riche.
— A Rome le censeur était chargé de faire le cens et aussi
de réprimer les fautes contre les mœurs, d'où les sens
actuels de censeur, censure, censurer.
Cent, latin cenfam, dont la forme grecque, [he)kalon, se
trouve dans le préfixe multiplicatif heclo- et dans hécatombe,
proprt sacrifice de cent bœufs. Dérivés : centaine, cente-
naire, centennal, v. an, centième {\a.iin centesinium., cen-
time, centésimal, et le préfixe diviseur centi-. Composés :
centuple, centupler, v. plier '^, centiare, v. aire; centi-
grade, V. grade; centigramme, v. graphie^, etc.
Centaurée, fleur du centaure Ghiron.
Cerf] DU FRANÇAIS. 99
Centon, latin centonem, proprt vêtement rapiécé.
Centre, latin centrurrij d'origine grecque, proprt point.
Dérivé : central, d'où centraliser, centralisation, décentra-
liser, décentralisation. Composés : centrifuge, qui fuit le
centre, et centripète, qui tend au centre, v. pétition ^ ; con-
centrique, concentrer, d'où concentration; excentrique,
doù excentricité.
Cep, doublet populaire de cippe, latin cippum, proprt
pieu et demi-colonne. Dérivé : cépage. Le mot cèpe, champi-
gnon, est le même substantif avec une autre acception et
une autre orthographe : l'Académie, dans ce sens, admet
aussi « un ceps », d'après le pluriel gascon, cf. albinos à
aube.
Cependant, v. ce pronom et Cérat, v. cire,
pendre^. Cerceau, cercle, cercler,
Céphalique, v. cap i. v. cirque.
Céramique, céramiste, v.
pot.
Cercueil, doublet populaire de sarcophage, mot d'origine
grecque, dont le premier élément est le mot qui signifie
chair, et le second le verbe qui signifie manger [v. anthro-
pophage). La forme ancienne de cercueil était sarqucu, \'l
mouillée a été ajoutée par analogie avec les mots terminés
en -euil. Le mot savant sarcophage ayant été appliqué dabord
aux cercueils des anciens, aujourd'hui vides, on a été
amené à donner ce nom à la représentation du cercueil dans
les grandes cérémonies commémoratives. Comparez céno-
taphe.
Céréale, latin cerealem, présent de Gérés.
Cérébral, v. cerveau.
Cérémonie, latin cœrimonia, proprt service religieux;
dérivés : cérémonial, cérémonieux.
Cerf, latin cervum, proprt animal à cornes. Dérivé : cer-
vier dans loup-ceruier = loup qui attaque le cerf (mais
l'animal ainsi nommé est plus voisin du chat que du loup).
Composé : cerf-volant, insecte ailé à cornes, et, par compa-
raison, le jouet d'enfant qui devient un appareil d'aviation.
— Le grec keras, corne, qu'on retrouve dans rhinocéros
{v. nez), est de la môme famille, ainsi que le latin corna
{v. cor), le grec kranion {v. crâne), le latin cerebrum, d'où
dérive cerveau (contenu du crâne), le latin cervicem, nuque
100 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Certain
(qui touche à la bcase du crâne, v. cervical), le grec kara,
tête {v. cerveau).
Cerfeuil, latin cœrefolium, adapté du grec khaire-phallon,
V. feuille.
Cerise, doù cerisaie, cerisier, se rattache au grec
kerason, emprunté aussi par l'allemand : kirsche, cerise,
d"où kirsch-wasser, proprt eau de cerises, abrégé en kirsch.
Même famille de mots que cornouille (d'où cornouiller),
diminutif du latin cornuni, grec kranon.
Cerne, cerneau, cerner, v. cirque.
Certain, dérivé de l'adjectif cerlum; certes est une
forme adverbiale venue de certas.
1. Certain se rattache lui-même au verbe ceriiere (cf. crité-
rium), qui signifie trier (d'où le sens du dérivé crible) et
voir ce qui doit être fait, le décider; ce qui est décidé est
certain. Dérivé : certitude. Composés : certifier {v. faire ''),
d'où certificat; incertain, incertitude.
2. Les composés latins de cerAiere étaient : decernere, supin
decretum, d'où décerner et décret; discernere, supin dis-
crelam, d'où discerner et discret; excernere, sui^in excretum,
nettoyer en triant, d'où excrément, excrétion; secernere,
supin secretum, d'où secret; concernere, d'où concerner.
Nous allons reprendre la plupart de ces mots pour indiquer
la filiation des sens.
— Le sens français le plus ancien de décerner est
décider, décréter; par restriction, le mot s'est appliqué à une
décision relative à une récompense. Secret signifie proprt
trié à part, mis de côté (sur se- préflxe, v. sans); secrétaire,
à l'origine dépositaire des secrets, dérivé : secrétariat; la
sécrétion est proprt une mise à part, une élimination,
dérivé : sécréter. Discerner, c'est trier par la vue, dérivé :
discernement; fadjectif participial discret, doù indiscret,
a en français la valeur active : qui a du discernement, qui
sait ce qu'il faut taire. La discrétion, doù indiscrétion, est
la qualité de celui qui est discret, et aussi le pouvoir de
« discerner » au sens latin de décider, d'où le dérivé discré-
tionnaire. Une affaire qui concerne quelqu'un est une affaire
qui le « regarde ».
3. Le verbe dérivé certare et son composé concertare signi-
fient débattre, rivaliser, d'où, en italien, u s'entendre »,
(rivaliser d'efforts concordants), v. concert.
Césure] du français. 101
Certes, certificat, certifier, certitude, v. certain.
Céruse, latin cerussa, sans doute d'origine grecque,
cf. cire.
Cerveau. Sur cerehrum, auquel se rattache cérébral, le
latin populaire avait fait le diminutif à deux genres cere-
bellum, "cerebella, qui a produit cerveau et cervelle.
Dérivé : cervelet; composé : écervelé.
— La racine est la même que dans le grec kara, tête,
auquel se rattache chère, substantif : « faire bonne chère à
quelqu'un » a d'abord signifié lui faire bonne mine, bon
accueil, doù lui offrir une bonne nourriture. Cf. cerf.
Cervelas, italien ce.ruellato. Le rapport sémantique avec
cervelle n'est pas clair.
Cervelet, cervelle, v. cerveau.
Cervical se rattache au latin cervicem, nuque. Cf. cerf.
Cervier, v. cerf.
Cervoîse, origine celtique.
Césarienne (opération), u. Cesser, cession, v. céder,
césure.
Césure se rattache au verbe latin cœdere, supin cœsum,
qui signifie couper et tuer; on appelait csesar Tenfant tiré
par une opération sanglante des entrailles de sa mère, d'où
« opération césarienne ». Sur un supin populaire *cisum au
lieu de cœsum, ont été faits cisaille et ciseau, d"où ciseler,
ciselure. Le mot cœmentiim, d'où vient ciment, signifie
proprt biocaille, menu moellon.
— Les composés de cœdere sont en -cidere, supin -cisiim ; de
là les mots en -cide qui signifient a meurtre de.. » et parfois,
en même temps, « meurtrier de.. » : homicide, parricide,
suicide (u. se) d'où se suicider, infanticide, etc. Occire,
latin occidere, c'est tuer. Les autres composés se rattachent
à l'idée de couper : décider, c'est proprt couper de, trancher
une difficulté ou un diiïérend, dérivés : décision, indécision,
indécis. La forme populaire de ce verbe serait "décire.,
comme circoncire, qui signifie couper autour, dérivé : cir-
concision; la concision est la qualité qui consiste à couper
les détails superflus: la précision coupe « devant )>, limite
strictement la pensée. Adjectifs correspondants : concis et
précis. Faire une incision, c'est couper dans. Être incisif,
c'est, au figuré, couper dans le vif. Une incise est une petite
102 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Chair
proposition coupée (qu'on peut couper) dans une phrase, qui
est insérée dans la phrase mais qui en est indépendante;
pour incidente, v. choir ^. Excision, d"où exciser, ablation
par coupure.
Cet, V. ce, adjectif.
Cétacé se rattache au grec kêtos, gros poisson.
Cette, V. ce, adjectif. Ceux, v. celui.
Chacal, mot persan et turc, d'origine hindoue.
Chacun, v. cata-, préfixe. Chafouin, v. chat.
!• Chagrin, adjectif et substantif, origine inconnue;
dérivé : chagriner.
2. Chagrin (peau de), origine turque, dérivé : chagrinée
(peau).
Chai, V. cave.
Chaîne, latin catena. Dérivés : chaînette, chaînon,
chignon (d'abord au sens de chaînon des vertèbres cervi-
cales); cadenas qui est d'origine provençale. Composés :
enchaîner, d'où enchaînement; déchaîner, d'où déchaîne-
ment.
Chair, du latin carnem, dont le sens primitif est
<c morceau ». La forme française régulière, char, d'abord
charn, s'est conservée dans charcutier, marchand de
« char » cuite, et charcuterie, d'où charcuter. Char est
peut-être devenu chair par assimilation avec le mot chère,
sur lequel voyez cerveau. Pour désigner la chair comes-
tible, le mot a été remplacé, à une époque relativement
récente, par viande, qui a étymologiquement le sens très
général de nourriture, v. vivre ^. Dérivés de l'ancien français
charn ou char : charnier, charnu, charnel, charogne; com-
posés : décharné, s'acharner, d'abord terme de chasse, au
sens de s'attacher à la chair de la bêle, en parlant des
chiens, dérivé : acharnement.
— Dérivés savants bu empruntes aux langues méridionales :
carnation, carnage, carnassier et carnier. Composés :
carnaval, mot italien, dont le second élément est dorigine
douteuse; Carnivore, qui dévore la chair; incarner, incar-
nation; incarnat et incarnadin (diminutif italien), couleur
de chair.
— Un des mots grecs qui signifient chair, kreas, génitif
kreatos (qui n'a aucun rapport d'origine avec chair^ mais
Chaloupe] du français. 103
qui est apparenté à cru) se retrouve dans pancréas, qui
signifie proprt <c tout chair )> v. panacée, et dans pancréa-
tique; dans créatine, substance quon trouve dans la chair;
dans créosote, proprt qui conserve la chair. Un autre mot
grec, sarka, se retrouve dans sarcophage, proprt qui mange
la chair, et dans sarcasme (d'où sarcastique;, proprt arra-
chement de chair.
Chaire et chaise, d'abord chadiédre, chaière, latin cathe-
dra, d'origine grecque (préfixe cata- et hedra, mot apparenté
à siège, v. seoir). La cathédrale est l'église où se trouve le
siège épiscopal. Le mot chaire signifie proprt siège, sens
qu'a retenu le doublet chaise (dérivé : chaisier), tandis que
chaire prenait le sens connexe de : sorte d'estrade fermée,
tribune surélevée ou suspendue où siège un professeur ou
un prédicateur. Le mot latin est conservé dans ex cathedra,
du haut de la chaire. Sur chaise dans certains noms de
lieux, V. case.
1. Chaland, grand bateau 2. Chaland, client, v. cha-
plat, origine douteuse. loir.
Chalcographie, v. archal.
Châle, d'origine persane, mot venu par l'anglais.
Chalenge, v. calomnie.
Chalet, mot suisse.
Chaleur, chaleureux, v. le suivant.
Chaloir, du latin calere, avoir chaud, et au figuré être
chaud pour quelque chose. Nous connaissons encore la
locution archaïque « peu m'en chaut », mais Finfinitif n'est
plus employé que substantivement sous la forme négative
nonchaloir, d'où nonchalant, nonchalance. A noter le
substantif participial chaland (client empressé), sur lequel a
été fait achalander.
— De calere les Latins avaient tiré un substantif, un
adjectif, et un verbe composé (avec faire), qui sont nos
mots : chaleur, d'où chaleureux; chaud, d'où chaudière,
chaudron (d'abord chauderon), chaudronnier, échauder;
chauffer,d'oùchaufferette, chauffeur, chaufferie, échauffer,
échauffement, peut-être échauffourée; réchauffer, réchaud,
réchauffement, surchauffer. Dérivés savants du substantif
calorem, chaleur : calorie, calorifère {v. offrir^), calorique.
Chaloupe, hollandais sloep, ou grec kelaphos, coquille.
104 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Champ
Chalumeau, v. chaume. Chamade, chamailler (se)
u. calendes^.
Chamarré, du vieux mot français chamarre, emprunté
à l'espagnol et équivalent de simarre qui lui-même nous
vient, par Titalien, d'une origine inconnue.
Chambellan, v. chambre. Chambranle, origine incon-
nue.
Chambre, du latin caméra, grec kamara, dont la signi-
fication primitive est voûte, doù le sens de cambrer (dérivé :
cambrure). Dérivés de chambre : chambrette, à rapprocher
de camarilla, diminutif espagnol, « cabinet » du roi, d'où
entourage fanatique ; chambrier, à rapprocher de camérier,
emprunté à Titalien, et de chambellan, qui nous vient de
l'Allemagne et dont la forme italienne est camerlingue;
chambrière, à rapprocher du mot espagnol camériste;
chambrée dont le doublet, emprunté à l'espagnol, est cama-
rade, proprt homme de la même chambrée; le verbe cham-
brer, enfermer dans une chambre, au figuré accaparer
quelqu'un. Composé antichambre, v. ant- ou anté-. Cf.
Targot cambrioleur, dévaliseur de chambres.
Chameau, latin camelum. Dérivés : chamelle, chame-
her; camelot, grosse étoffe dans la fabrication de laquelle
il entrait du poil de chameau. Camelot, colporteur, parait
être un mot d'argot, d'où on a tiré camelote, objet de paco-
tille.
Chamiois, origine germanique, ail. moderne gemse.
Champ, latin campiim, dont camp est une forme tirée de
l'italien. On a le pluriel du mot latin dans la locution
archaïque « donner campos » qui équivaut à « donner la clef
des champs )>. Dérivés à forme dialectale : campagne, cam-
pagnard, campagnol, rat des champs; se rattachent au sens
italien de « installation d'une armée dans les champs », les
mots camper, campement, décamper, et aussi l'un des sens
de campagne, expédition militaire et, par figure, expédition
scientifique. Il faut rapprocher de décamper le vieux verbe,
d'origine italienne, escamper [d'où escampette dans la locu-
tion « prendre de la poudre d'escampette «) et le mot espa-
gnol escampativo employé au pluriel par Molière. A la forme
française champ se rattachent : champêtre (comparez ter-
restre fait sur terre); champion, qui combat en champ clos;
champignon, qui pousse dans les champs; champis, enfant
Chant] DU français. lOo
trouvé dans les champs. Composés : champart, droit féodal
sur une part du champ; émail champlevé, fait en enlevant
du champ de la plaque à émailler. Voyez d'autre part chant 2,
que TAcadémie écrit à tort champ.
Champart , _ champêtre , champis , champlevé , u.
champignon , champion , champ.
Chance, v. choir.
Chanceler se rattache au mot latin cancellos, qui signifie
barreaux, balustrade, et d*où dérive chancelier, proprt huis-
sier qui se tient près de la balustrade. Le verbe du latin popu-
laire cancellare avait pris le sens de faire des barres pour
effacer, d"où, par figure, zigzaguer, ne pas bien se tenir sur
ses jambes, français chanceler.
Chancelier, chancellerie, Chancre, v. cancer.
V. chanceler. Chandeleur, chandelier,
Chanceux, v. choir *. chandelle, v. candeur.
Chanfrein, peut-être des mots latins camum et frenum,
l'un et l'autre ayant le sens de frein ; dérivé : enchiffrené,
gêné comme par un chanfrein.
Changer, latin populaire *canibiare, d'origine celtique.
Substantif verbal change. Dérivés : changement; changeur,
qui change les monnaies. Composés : interchanger, doù
interchangeable; échanger, doù échange, échangeable,
libre -échange; rechange de l'ancien verbe rechanger.
Chanoine, u. canne. Chanson, chansonnette,
chansonnier, v. le suivant.
1 . Chant se rattache au verbe latin canere, chanter, supin
cantum (doù cantilène, cantique), sur lequel ont été faits :
a, un nom d'agent, cantor, accusatif cantorem, d'où dérivent
les mots français chantre et chanteur; b, un nom d'action,
cantionem, qui a produit chanson et les dérivés chansonnier,
chansonnette, chansonner; c, un nouveau verbe, cantare,
français chanter (doù chantonner), dont cantate est le
substantif participial italien, et cantatrice le nom italien
d'agent au féminin. Cantatrice double la forme féminine
française chanteuse. Composés de chanter : déchanter,
proprt cesser de chanter, ou changer de chant, chanter à
rebours; enchanter (d'où enchanteur, enchantement,
désenchanté et le dérivé savant incantation), qui signitie
proprt chanter sur, d'où ensorceler, et, par atténuation, ravir
106 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Chantepleurc
de plaisir. Comparez charmer, qui signifie proprt réciter
des vers magiques, et qui est d'ailleurs apparenté à chant.
— « Faire chanter » quelqu'un, c'est, au figuré, l'obliger
à faire quelque chose malgré lui. Dans la locution maître
chanteur, le mot chanteur désigne non celui qui chante au
sens actuel mais celui qui fait chanter. Et de même le chan-
tage, c'est l'action de « faire chanter » mais c'est aussi, au
sens primitif, l'action de chanter, de faire du bruit, dans
une certaine espèce de pêche, pour amener le poisson dans
le filet; c'est dans ce sens, et par figure, qu'on a pu dire que
le maître chanteur chante et fait du chantage.
— Dans un instrument à cordes, la chanterelle est la
corde qui chante par excellence (quant à chanterelle, nom
de champignon, c'est un diminutif du grec kantharon,
coupe, d'abord scarabée, cf. cantharide).
— Le mot accent vient de accentani, composé latin de
cantum avec le préfixe ad-. Ce mot a d'abord signifié élé-
vation de la voix. Accentuer, c'est élever la voix, donner
de l'intensité à un son, puis à un tracé, à une opinion, etc.
Par connexion, on a appelé accent le signe de l'élévation de
la voix, puis un signe semblable ayant différentes valeurs
conventionnelles.
2. Chant; mot que l'Académie écrit à tort champ, parait
venir du grec kanthon, coin, côté. Mettre un objet de chant,
c'est le poser de coin sur son côté étroit. Dérivés : chanteau,
coin de pain; décanter, verser par le coin du vase; échan-
tillon, au moins dans sa forme et dans son sens actuels,
morceau coupé au coin d'une étoffe, d'où spécimen, et objet
conforme au spécimen réglementaire (pavés d'échantillon).
Le mot canton, d'abord coin de pays, qui nous vient de l'ita-
lien, se rattache à la même racine ou au latin cantum
(cercle de fer), d'origine espagnole. Dérivés : cantonal; can-
tonnier, chargé d'un coin de route, d'une section; can-
tonner, d'où cantonnement, établir dans un coin de pays;
cantonade, mot tout italien, coin de la scène, — . parler à la
cantonade, c'est parler comme à quelqu'un qui serait dans
la coulisse.
Chantage, v. chant 1. Chanteau, u. chant 2.
Chantepleure, espèce de robinet, a été expliqué comme
un composé de chanter et de pleurer, h cause du bruit par-
ticulier du liquide qui s'écoule. On a aussi considéré le mot,
Charbon] du français. 107
en raison d'une certaine ressemblance de forme entre cet
objet et une chenille, comme une altération de chatte peleuse
(chatte poilue), nom populaire de la chenille {v. chien).
Chanter, chanterelle, chanteur, v. chant 1.
Chantier, latin canterium, proprL cheval hongre, puis
poutre, d'oïl : matériaux reposant les uns sur les autres, puis
lieu où l'on dépose des matériaux.
Chantonner, chantre, v. chant i.
Chanvre, latin cannabem. dont chènevis, graine de
chanvre, et chènevière sont des dérivés français; canevas,
grosse toile, est un dérivé normand.
Chaos, mot tout grec, dérivé chaotique.
Chape, chapeau, chape- chapelle, chapellerie, v.
lain, chapelet, chapelier, cape^.
Chapelure, du verbe peu usité chapeler (latin capulare,
frapper), qui signifie enlever la croûte du pain et la broyer.
Chaperon, chaperonner, v. Chapiteau, v. cap 2.
cape 2. Chapitre, chapitrer, v. cap^.
Chapon (d'où chaponner), et son doublet capon, latin
caponem ; capon a le sens figuré de poltron, d'où caponner.
Chaque, v. cata-, préfixe.
Char, latin carram, d'origine celtique. Dérivés : charrette,
d'où charretée, charretier; sans doute charrue; les dérivés
d'origine italienne carrière, au sens de « espace à par-
courir » (d'abord par les chars), carriole et carrosse, d'où
carrossable, carrossier, carrosserie; charron et charron-
nage; charrier, doù chariot; charroyer, doù charroi;
charger, mettre sur un char ou comme sur un char, d*où
charge, chargement, chargeur (composés décharger, sur-
charger, et décharge, surcharge). Carguer (une voile) est
un doublet de charger, d'origine provençale, comme cargai-
son, doublet sémantique de chargement^ et caricature, dessin
en charge, est un dérivé du verbe italien correspondant.
Charabia, espagnol algarabia, proprt langue arabe. Com-
parez baragouin.
Charade, provençal charrado, d'origine douteuse.
Charançon, origine inconnue.
Charbon, latin carbonem, d'où les mots savants carbone,
carbonique, etc. Dérivés de charbon : charbonneux, char-
108 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Charte
bonner, charbonnage, charbonnier, dont la forme italienne
est carbonaro, nom que se donnent les membres dune société
révolutionnaire. Composés de carboneni : escarboucle, proprt
petit extrait de charbon (enflammé), d'où, par figure, grenat
de couleur vive; escarbille, petit fragment de charbon. Com-
parez anthrax.
Charcuter , charcuterie , ger, chargeur, chariot, v.
charcutier, v. chair. char.
Chardon, chardonneret, v. Charitable, charité, v. cher,
cardon. Charivari, origine incer-
Charge, chargement, char- taine.
Charlatan, d'où charlatanisme, italien ciarlatano.
1. Charme, arbre, latin carpinum. Dérivé : charmille.
2. Charme, du latin carmen (pour *can-men, v. chant 1),
dont le sens propre est formule magique en vers. Dérivé
charmer d'où charmeur; cf. enchanter, au mot chant i.
Charmille, v. charme 1. Charnière, v. cardinal.
Charnel, charnier, v. chair. Charnu, charogne, v. chair.
Charpentier, du mot latin carpentarium, carrossier. On
a passé de l'armature d'une voiture à celle d'un édifice.
Dérivé : charpenter, d'où charpente.
Charpie, substantif participial d'un vieux verbe qui se
rattache au latin carpere, cueillir, effiler. Dérivé : écharper,
proprt mettre en charpie. Cf. carpette, métacarpe, gercer.
Charretée, charretier, char- ron, charronnage, charrue,
rette, charrier, charroi, char- v. char.
Charte, latin charta, doublet savant carte (dérivé : carton,
d'où cartonnier , cartonner et cartonnage, composé : encarter,
mettre entre feuillets), se rattache au mot grec khartèn, qui
signifie feuille de papyrus ; et précisément papier (dérivés :
paperasse, paperassier, papetier, papeterie) qui s'est sub-
stitué à charte dans son sens primitif, est formé sur papyrus,
« roseau d'Egypte >->, également d'origine grecque. Charte a
eu en vieux français une forme diminutive, chartre (latin
chartula), sur laquelle a été fait chartrier, recueil de chartes,
et chartula a engendré le mot savant cartulaire qui signifie
aussi recueil de chartes. Autres dérivés : cartouche, venu
d'Italie (dont gargousse est une altération et cartouchière
un dérivé), signifie encadrement en forme de carte, et tube
de carton; un cartel, également d'origine italienne, est un
papier de défi et un cartouche décoratif; un cartable est un
Châtaigne] du français. 109
carton d'écolier. Pancarte, proprt papier pour tous, v.
panacée. Sur cartomancie, v. ce mot.
— On rattache aussi à carte : écarter, terme de jeu, son
substantif verbal écart et le substantif participial écarté.
1. Chartre, charte, v. le précédent.
2. Chartre, prison, dans la locution archaïque « tenir en
chartre privée », vient du latin carcerem, qui nous a donné
aussi les mots savants incarcérer, incarcération, empri-
sonner, emprisonnement.
Chartreuse, v. noms propres Chas. y. châsse.
(Mots tirés de). Chasse, v. capable i.
Ghartrier, u. charte.
Châsse, dont caisse (d où caisson, caissier, encaisser et
encaissement; est une forme provençale, vient du latin
capsa, coffre, dont le diminutif capsula nous a donné capsule.
Chas, trou de l'aiguille (qui enserre le fil), est la forme mas-
culine de châsse, dont enchâsser est un composé et châssis
un dérivé. La forme italienne du même mot nous a fourni
casse (d'imprimerie) et le diminutif cassette.
Chassé, pas de danse, et Chasser, chasseur, v. capa-
chassê-croisé, i'. capable^. ble'^.
Chasselas, v. noms propres Chassieux, origine incon-
(Mots tirés de). nue.
Châssis, V. châsse.
Chaste et chasteté, du latin castam, pur, qui nous a
donné aussi, par Tintermédiaire du portugais, le substantif
caste, proprt race pure. Inceste (adjectif archaïque et sub-
stantif), d'où incestueux {in- négatif), signifie : impur,
impureté. Châtier, d'où châtiment, c'est proprt purifier.
Chasuble, u. case.
Chat, latin populaire catlum. Dérivés : chaton, petit
chat (et touffe de petites fleurs de certains arbres, rappe-
lant la queue d'un chat); chatterie; chatière: chatoyer,
d'où chatoiement, avoir les reflets changeants de l'œil du
chat. Composés chafouin, chafouine = moitié chat, moitié
fouine; chattemite, dont le sens étymologique est proba-
blement chatte douce, de l'adjectif latin miteni conservé par
le mot savant mitiger. Sur chat-huant, i'. chouan. Du mot
lalin fêle m, qui signifie chatte, dérive notre adjectif félin.
Châtaigne, latin castanea, dont le diminutif venu
no DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [ChaUSSe
d'Espagne est castagnette. Dérivé châtaignier, d'où châtai-
gneraie. L'adjectif de couleur châtain n'est pas autre chose
que la forme masculine de châtaigne, comme violet est la
forme masculine de violette.
Château, dont la forme provençale est castel, vient du
latin castellum. Dérivés : châtelet; châtelain, d'où châtel-
lenie. Un grand nombre de noms de villes, Castres,
La Châtre, etc., se rattachent à ce mot latin.
Chat-huant, v. chouan. Châtiment, v. chaste.
Châtier, v. chaste. Chatoiement, 1. Chaton, v.
Chatière, v. chat. chat.
2. Chaton (de bague), apparenté à l'ail, kasten, caisse;
composé encastrer, de provenance italienne.
Chatouiller, d'où chatouillement, chatouilleux, origine
douteuse.
Chatoyant, chatoyer, u. dron, chaudronnier, chaut-
chat. fage, chauffe, chauffer,
Châtrer, v. castrat. chaufferette, chaufferie,
Chattemite, chatterie, v. chauffeur, v. chaloir,
chat. Chaufournier, chauler, v.
Chaud, chaudière, chau- chaux.
Chaume, latin calanmm, du grec kalamon, signifie proprt
roseau, tuyau, d'où paille. Une chaumière, une chaumine,
sont des maisons couvertes de chaume. Les diminatifs
chalumeau, et chalumet ou calumet, signifient proprt petit
roseau, tuyau, d'où le sens, pour lun, de flûte en roseau,
pour les autres de tuyau de pipe, pipe. On emploie quelque-
fois, au sens de <c roseau à écrire », le doublet savant de
chaume, calame. Le dérivé calamité a d'abord désigné un
fléau s'abattant sur les plantes à paille, sur les céréales.
Chausse. Au latin calcem, talon (d"où le mot savant
calcanéum, os du talon), par un dérivé *calcea, se rattache
notre mot chausse, doù chaussette, chausson, chausser,
chaussure. Les chausses couvraient les cuisses (haut de
chausses) et les mollets et les pieds (bas de chausses,
aujourd'hui bas tout court). Le mot italien correspondant à
chausson, mais désignant des culottes de dessous, est passé
en français sous la forme caleçon. Une chausse-trape est
une trappe qui chausse en quelque sorte les pattes ,de
l'animal pris.
— Nous venons de voir que chausser vient du dérivé
*calcea, mais sur calcem le latin avait fait le verbe calcare,
Chemise] du français. 111
fouler du talon, dont le composé inculcare nous a donné
notre verbe inculquer, « fouler dans » au figuré, faire péné-
trer dans lesprit. Nous avons emprunté calquer (d'où
calque et décalquer) à litalien, au sens figuré de presser
un papier sur un dessin pour le reproduire. Le vieux fran-
çais avait chaucher dont une forme dialectale se retrouve
dans cocher, couvrir la femelle, en parlant des oiseaux, et
dans cauchemar, proprt démon (germanique mara) qui
foule, qui oppresse. Récalcitrant, proprt qui résiste en
ruant.
Chaussée, v. chaux. chausson, chaussure, u.
Chausser, chaussette, chausse.
Chauve, adjectif latin calvum, d'où le mot savant
calvitie. Le substantif calva, crâne (assimilé à une tête
chauve) se retrouve dans Calvaire, v. ce mot.
Chauvin, d'où chauvinisme, v. noms propres (Mots tirés de).
Chaux (d'où chaussée, route maçonnée à la chaux,
chaufournier, ouvrier d'un four à chaux, et chauler), vient
du latin calcem, chaux, d'où les mots savants : calcaire, et
calciner, proprt réduire en chaux par le feu. Sur calcem les
Latins avaient fait le diminutif calculam, proprt pierre à
chaux, puis pierre en général, caillou; ils appelaient
notamment ainsi les pierres dont ils se servaient pour les
opérations arithmétiques, d'où le sens étymologique de
notre verbe calculer (dérivé : incalculable) dont calcul, dans
l'un de ses sens, est un dérivé, tandis que, dans l'autre,
« calcul du foie, de la vessie », il vient directement du
latin. En formation populaire, calcalum avait donné chail et
dialectalement cai/ d'où caillou; on a dit « chail de moulin »
pour pierre meulière.
Chavirer, chef, chef-d'œuvre, chef-lieu, u, cap 2.
Chelem, terme de jeu, anglais slam.
Chélidoine, v. hirondelle.
Chemin, origine celtique, d'où cheminer, chemineau,
cheminot, et s'acheminer, acheminement.
Cheminée se rattache par le latin au grec kaminorif
fourneau, sans doute apparenté à kamara, v. chambre.
Chemise, latin populaire camisia, d'origine gauloise
Dérivés : chemisette, chemisier; camisole et camisade,
qui nous viennent de l'italien. Camisade signifie proprt
U2 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Chevet
attaque on chemise, avec une chemise passée sur les armes.
Chenal, v. canne.
Chenapan, de l'allemand schnapphahn, proprt voleur de
coq.
Chêne, d'origine celtique, dérivé : chênaie.
Chéneau, origine douteuse. Ghènevière, chènevis, v.
Chenet, v. chien. chanvre.
Chenil, chenille, v. chien.
Chenu se rattache au latin cani, cheveux blancs.
Cheptel, V. cap *.
Chèque, anglais check.
Cher, du latin carum, dont le sens primitif est : d'un
prix élevé, d'où précieux et, au figuré, aimé. Dérivés :
cherté, sens propre, et charité, sens figuré; le mot de
provenance italienne caresse, témoignage d'affection, et son
dérivé caresser; chérir, avec ses composés, qui rejoignent
le sens propre, enchérir, d'où enchères, enchérisseur;
renchérir, surenchérir, d'où surenchère.
Chercher, v. cirque. Chérir, chérissable, cherté,
Chère, substantif, v. cerveau v. cher.
et chair.
Chérubin, mot hébreu, c'est un pluriel en hébreu, nous
en avons fait un singulier, cf. albinos. Cf. séraphin.
Chétif, V. capable i.
Cheval. Le mot du latin classique qui signifiait cheval,
eqiiuni, ne se retrouve que dans les mots savants équestre,
équitation (du verbe equilare, qui équivaut à chevaucher).
Il avait été remplacé dans le latin populaire par caballum,
d'origine grecque, qui signifie proprt rosse. En revanche,
rosse lui-même (d'où rosser, traiter comme on traite une
rosse) vient de l'allemand ross, cheval de bataille, cf.
roussin. Le féminin cavale est une forme italienne. Dérivés :
chevalet, proprt petit cheval; l'adjectif chevalin; chevalier
et cavalier, chevalerie et cavalerie ; chevaleresque ; che-
vaucher, d'où chevauchée (doublet cavalcade) et chevau-
chement. Sur les dérivés du mot grec hippon qui veut dire
cheval et qui est identique à eciuum^ v. hippique.
Chevalet, v. cheval. Chevelu, chevelure, che-
Chevance, u. chevir. vet, u. cap^.
Chevaucher, u. clieval.
Chien] du français. 113
Chevètre, v. capable ^. Cheville, cheviller, che-
Gheveu, v. cap^. villette, v. clou^.
Chevir, vieux verbe signifiant « disposer de )>, d'où
chevance, bien, avoir. On explique ce mot soit comme un
dérivé de chef, soit par un verbe latin ^capire, autre forme
de capere sur lequel v. capable K
Chèvre, latin capra. Dérivés : chevrette et la forme dia-
lectale crevette (qui saute comme une chèvre); chevreau,
chevreuil et chevrotine (balle pour le chevreuil); chevrier;
chevrons, pièces de bois se rejoignant en angle (pour la
métaphore comparez chevalet); chevroter. Dérivés savants
ou d'origine méridionale : capricant; provençal cabri, se
cabrer; caprice (italien), d'où capricieux; cabriole, d'où
cabriolet dont l'anglais cab est un abrègement. Composés :
capricorne, proprt qui a des cornes de chèvre; chèvre-
feuille, plante grimpante.
Chevreuil, chevrier, che- ment, chevroter, chevrotin,
vron, chevronné, chevrote- chevrotine, v. chèvre.
Chez, u. case.
Chic (d'abord finesse de chicane, puis élégance), abrévia-
tion de chicane, qui vient de chicaner, origine inconnue;
autres dérivés : chicaneur, chicanier.
1. Chiche, avare, origine inconnue.
2. Chiche, de « pois chiche », est une altération inexpli-
quée du latin cicer dont le nom propre Gicéron est un dérivé.
Chicon, origine inconnue.
Chicorée se rattache au grec kikhorê par l'intermédiaire
du latin et de l'italien.
Chicot, origine inconnue. « amer comme chicotin », u.
Chicotin, dans la locution noms propres (Mots tirés de).
Chien, latin canem. Dérivés : chenet, support terminé en
tète de chien; chenil; chenille (proprt petite chienne, à
cause d'une certaine ressemblance de la tête, comparez
chante-pie lire); le doublet savant canicule désigne l'étoile
du chien, Sirius; sur chenille a été fait écheniller, et cani-
culaire sur canicule. Dérivés savants ou méridionaux de
canem : canine (les dents « canines » rappellent les crocs du
chien); canaille, proprt troupe de chiens, dérivés : canail-
lerie, s'encanailler; cagneux, dont le sens s'explique sans
doute par une comparaison avec un basset. Composé chien-
DICT. ÉTYM. FRANC. 8
114 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Chirurgie
dent, V. dent. Le mot caniche, attribué souvent à cette
famille, se rattache plutôt à cane (v. ce mot).
— La racine du latin caneni se retrouve dans le ^rec kan-,
d'où cynique, cynisme, cynocéphale (à tête de chien) ;
cynégétique, proprt relatif au dressage des chiens, relatif à
la chasse, cf. agir^.
Chiendent, u. dent.
Chiep, régulièrement formé sur le latin cacare, onoma-
topée enfantine; dérivé : chiure (de mouche).
Chiffe, dérivé : chiffon, d'où chiffonnier, chiffonner,
origine incertaine.
Chiffre, d'où chiffrer, déchiffrer, déchiffrement, déchif-
frage, indéchiffrable, vient de l'arabe çifr, qui signifie
zéro. Zéro est la forme italienne du mot.
Chignon, v. chaîne. Chimère, v. noms propres
(Mots tirés de).
Chimie, d'origine incertaine, est le même mot qu'alchi-
mie, avec l'article arabe en moins. Dérivés : chimique,
chimiste et alchimiste. Les alchimistes étaient les chimistes
du moyen âge.
Chimpanzé est un mot du Congo.
China, plante de Chine.
Chinchilla est un mot du Chili.
Chiner, tisser à la chinoise; chinoiseries, formalités à
la chinoise.
Chiourme, d'origine italienne, qui signifie groupe de
rameurs, de forçats (composé : garde-chiourme), se rattache-
rait au grec keleasma, chant du chef des rameurs.
Chipie et chipoter, doù chipotage, chipotier, paraissent
être d'une même famille, d'origine inconnue.
Chique, d'où chiquer, cri- Chiquenaude, origine in-
gine douteuse. connue.
Chirographe, mot d'origine grecque, signifie proprt
u écrit de la main ». C'est donc proprt un synonyme de
manuscrit {v. main ^) et aussi d'autographe [v. graphie -) ; un
acte chirographaire s'oppose à un acte notarié. Le premier
élément du mot est le radical grec kheir-, main, comme
dans chiromancie {v. cartomancie) et chirurgie, proprl
œuvre do la main.
Chirurgie. Nous venons de voir le premier élément de ce
Choir] DU FRANÇAIS. lio
mot. Le second est le grec ergon, (cf. ail. iverk, angl. luork),
qu'on a dans exergue, proprt inscription « hors de l'œuvre»,
en marge; dans énergie (d'où énergique), proprt action sur,
force agissante; dans énergumène, celui sur qui un autre
agit, possédé (même désinence passive que dans catéchu-
mène, V. écho): dans liturgie (doù liturgique), proprt action
publique, au sens de culte public, formes du culte; dans
métallurgie, v. médaille; dans dramaturgie, i'. drame: thau-
maturgie, action miraculeuse (en mauvaise part); théurgie,
commerce magique avec les esprits célestes, v. dieu''. Il est
à noter que les noms d'agent, correspondant à ces noms
d'action, se terminent soit par -gien {chirurgien), soit par
-gisle [métallurgiste), soit par -gfe {dramaturge, thaumaturge).
Chlore, du grec khlôron, vert. Dérivés et composés :
chlorate; chlorose, maladie qui se manifeste par un teint
verdâtro; chlorophylle, matière verte des feuilles {v. feuille);
chloroforme, acide formique {v. fourmi) contenant du
chlore, etc.
Choc, V. choquer.
Chocolat nous vient d'Amérique par l'Espagne.
Chœur, latin chorum, nominatif chorus conservé dans la
locution « faire chorus ». Le mot, d'origine grecque, com-
porte une idée de danse et une idée de chant. La première
idée s'est particulièrement appliquée au dérivé khoreia,
d'où : chorée, danse de Saint-Guy, chorégraphie, art de la
danse, proprt description des danses. La seconde a prévalu
dans choral, choriste. Le chorège avait la haute main sur
les chœurs de théâtre comme le stratège sur les troupes,
V. agir ^.
Choir vient du latin cadere (d"où caduc, caducité), supin
casum. On remarquera que, dans ce verbe, la voyelle du
radical a disparu; on la retrouve sous la forme d'un é dans
(( échéance » et sous la forme d'un a ou d'un i dans les
mots d'origine savante : décadence, incident, elc.
1. Le mot chute est originairement une forme du parti-
cipe passé de choir; la vieille locution « attendre chape
chute » signifie : attendre un manteau qui tombe et dont on
puisse s'emparer. Parachute est formé avec le p ré fi .\e para-,
sur lequel v. pair^. Dérivé en -a/îce : chance (d'où chanceux,
malechance), c'est le fait, pour ce qui arrive, de u tomber »
bien ou mal : bonne et mauvaise chance. Le doublet italien
116 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Choîr
de chance nous a fourni cadence qui signifie : chute dune
phrase, d'un vers, etc., d'où rythme. Cas, mot calqué sur
le substantif latin dérivé du supin, a aussi le sens de
chute, cest la terminaison des mots qui se déclinent, c'est
un fait qui se produit; « faire cas d'une chose », c'est proprt
en faire une aiîaire, la considérer comme importante. Casuel
signifie « qui dépend de cas déterminés »; casuiste : qui
discute les cas de conscience.
2. Composés : échoir, c'est proprt tomber en se déta-
chant; on comprend que le mot ait pu s'appliquer à un
héritage, il s'applique aussi à un terme de paiement,
de là échéance. Dans déchoir , le préfixe dé- appelle
l'attention sur le point plus élevé d'où part la chute (au
figuré) ; déchéance et son doublet savant décadence
expriment naturellement deux nuances différentes de
l'idée de chute; le déchet est ce qui tombe d'une matière
qu'on travaille ; le mot populaire dèche est sans doute le
substantif verbal de déchoir. Méchant signifie proprt tom-
bant mal (sur mé-, v. moindre ^), ne réussissant pas, d'où
malfaisant, par une évolution de sens analogue à celle qui
a fait passer misérable de l'acception de « malheureux » à
celle de « coquin )>. '
— Rechoir, aujourd'hui inusité, a produit rechute; dérivés
savants avec le même préfixe : récidive, d'où récidiver,
récidiviste. Les composés latins de cadere avaient en effet
la forme -cidere; de là accident, ce qui tombe vers ou sur,
ce qui survient. Un incident est ce qui interrompt une
suite d'événements en tombant au milieu, un événement
accessoire; une incidente interrompt la suite de la phrase;
ajoutez incidence, et co'incidence, co'incider, où le préfixe
00- introduit l'idée de simultanéité. Occident signifie proprt
qui tombe au-devant de l'horizon, qui se couche (en parlant
du soleil), d'où : le couchant, région de l'espace où le soleil
se couche. Dans le mot occasion (d'où occasionner, occa-
sionnel), qui se rattache aussi au verbe latin occidere, on
passe de l'idée de « tomber devant quelqu'un i», en parlant
d'une circonstance, à celle de « se présenter favorable-
ment » ; comparez chance plus haut : une occasion est une
bonne chance.
— Les mots de cette famille ressemblent parfois à ceux
de la famille de césure, et il peut y avoir entre les uns et
les autres des rapports de sens fortuits, par exemple entre
Chrême] du FRANÇAié. 117
incidente et incise, mais dans le premier mot on a l'idée
de chute, et celle de coupure dans le second, v. césure.
Choisir, d'où choix, même racine que dans goût.
Choléra, cholérique, v. fiel. Chômage, chômer, v. brû-
ler.
Chope, d'où chopine, allemand schoppen.
Chopper, d'où achoppement, origine incertaine.
Choquer, d'où choc, entrechoquer, cf. anglais shock.
Choral, chorée, chorège, chorégraphie, choriste, cho-
rus, V. chœur.
Chose, du latin causa, qui a passé, dans la langue popu-
laire, des sens de procès et de raison des choses au sens de
chose. Le mot savant cause a conservé les deux sens pri-
mitifs. Dérivés : causal, causalité, et deux verbes causer,
l'un au sens de <c être cause de », l'autre, auquel se ratta-
chent causeur, causette, causerie, ayant pris la significa-
tion de « s'entretenir avec quelqu'un », en parlant du sens
latin de : alléguer des raisons.
— Les verbes latins composés avec causa ont un u au lieu
de au] de là accuser, excuser, récuser. Accuser, dérivés :
accusateur, accusation, c'est mettre en cause quelqu'un,
lui imputer une faute, ou, dans un sens plus général, faire
connaître une chose quelconque, accuser réception, accuser
les formes en parlant d'un vêtement. Excuser, c'est mettre
hors de cause, dérivés : excuse, excusable, inexcusable.
Récuser, c'est mettre en arrière de la cause, ne pas accepter,
dérivés : récusation, récusable, irrécusable.
Chou, du latin cauleni, apparenté au grec kaulon, v. aussi
colza. Le mot choucroute est une déformation de l'alle-
mand sauerkraut, où c'est le second élément qui a le sens
de chou, la première partie du mot signifiant aigre; cette
première partie dérive de la même racine germanique que
notre adjectif sur.
Chouan, espèce de hibou, mot d'origine germanique,
dont chat-huant semble être une déformation par fausse
élymologie populaire. Autres formes du mot : chouart,
chouette.
Choucroute, v. chou. Choyer, origine inconnue.
Chouette, u. chouan.
Chrême, d'origine grecque, signifie huile à onction, et
118 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Cidre
christ : oint, v. messie. Dérivés de Christ : chrétien, mot
partiellement populaire, et christianisme, mot savant. Cf.
crétin.
Chrestomathie signifie proprt : ce qu'il est utile d'ap-
prendre. I.a première partie de ce mot a le sens d'utile, et
la seconde se rattache au verbe grec manthaiiein qui veut
dire apprendre. La seconde partie se retrouve dans mathé-
matique = relatif à la science (entendez la science par
excellence).
Chrétien, Christ, u. c/irème. Chromatique, chromoli-
thographie, V. couleur.
Chronique se rattache au mot grec khronon, qui veut dire
temps. Gomme adjectif, chronique signifie proprt qui dure,
qui s'attarde. Gomme substantif, il signifie : récit dans
l'ordre du temps; dérivé : chroniqueur. Comparez, au mot
an, annales et annaliste. La chronologie établit le temps, la
date des événements, v. logique'*. Un chronomètre mesure
le temps (comparez, au mot heure, Vhorloge, qui « dit »
l'heure). Le mot synchronique est formé d'éléments grecs
de même signification que les éléments latins qui entrent
dans contemporain, v. temps K L'anachronisme déplace le
temps des événements (préfixe ana-). Sur le premier élément
du mot isochrone, v. isocèle.
Chrysalide, chrysanthème, chrysocale, v. or.
Chuchoter, d'où chuchotement, onomatopée; de môme
chuintant (consonnes chuintantes, che et je) et chut interjec-
tion.
Chute, V. choir *.
Chyle, du grec khulon, suc.
i. Ci, abréviation de ceci dans « comme ci, comme ça ».
2. Ci, V. ici.
Cible, origine germanique, cf. ail. scheibe.
Ciboire, latin ciborium, d'origine grecque.
Ciboule, V. cive.
Cicatrice, d'où cicatriser et cicatrisation, du latin cica-
tricem.
Cicérone, v. noms prop/'es (Mots tirés de).
Cidre, du grec sikera, lui-même emprunté à l'hébreu.
Cinq] DU français. 119
Ciel, latin cœlum, dérivé : céleste.
Cierge, v. cire.
Cigale nous vient,. par le provençal, du latin cicada.
Cigare, doù cigarette, cigarière, espagnol cigarro.
Cigogne, latin ciconia.
Ciguë, latin ciciita.
Cil, latin cilium, dérivé : ciller. Dans sourcil, d'où arcade
sourcilière. sourciller, sourcilleux, nous avons une forme
exceptionnelle du préfixe sur-. Autre composé : dessiller.
Cime, grec kuma^ proprt flot, soulèvement; dérivés :
cimier, sommet du casque; cimaise, moulure au sommet
du soubassement.
Ciment, cimenter, v. césure.
Cimeterre, origine persane.
Cimetière, grec koimêtêrion, proprt lieu où Ton dort.
Cimier, v. cime.
Cinabre, grec kinnabarl, origine orientale imprécise.
Cinématographe se rattache au grec kinèina, génitif
kinêmatos, mouvement, u. graphie^ et citer.
Cinéraire, v. cendre.
1. Cingler, naviguer, cf. a,\\. segeln.
2. Cingler, frapper, v. ceindre.
Cînname, grec kinnamon, origine hébraïque.
Cinq (d'où cinquième), du latin qiiinqiie, sur lequel ont
été faits quinquennal, v. an, et quinconce, v. once. Cf. alle-
mand/iÏAî/, anglais fiue. La forme ordinale est quintam, d'où :
Charles Quint; l'adverbe quinto; quintuple {v. plier '^), une
quinte en musique, la fièvre quinte, une quinte de toux
(comportant en principe cinq reprises), dérivé : quinteux;
un quintette; la quintessence, plus subtile que les quatre
autres {v. être ^) ; esquinter, d'origine provençale, proprt
mettre en cinq morceaux, comparez la locution « se mettre
en quatre )>. La forme distributive de ce nombre, qninas,
par cinq, a produit quines, aujourd'hui quine, terme de jeu.
L'équivalent grec de qiiinque est pente, penla- qu'on trouve
dans pentamètre, « vers à cinq pieds », et dans pentagone,
qui contient, comme polygone, etc., le mot grec signifiant
angle, v. décagone.
— Le latin quindecini, composé de quinque cinq, et de
120 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Cirque
decem dix, a produit quinze (d'où quinzième, quinzaine),
de telle sorte que l'élément final -ze, dans ce mot et les mots
semblables, et notre nom de nombre dix sont deux trans-
formations diiïérentes du mot latin decem.
— Cinq dizaines se disaient en latin quinqaaginta, mot
qui a produit cinquante, d'où cinquantième, cinquantaine
et le dérivé savant quinquagénaire. La forme ordinale
de ce nombre était au féminin qiiinquagesima, d'où
le mot savani Quinquagésime, désignant le cinquantième
jour avant Pâques. L'équivalent grec du latin quinqua-
gesima est pentêkostê, d'où Pentecôte, cinquantième jour
après Pâques.
— Le mot quintaine appelle une explication particu-
lière. Le latin quintana, d'où il vient, désignait la voie
placée entre la cinquième et la sixième cohorte et où se
trouvait notamment le marché du camp. Par connexion,
quintaine est arrivé à désigner un poteau ou un manne-
quin servant à des jeux militaires dans une partie réservée
du camp.
Cinquantaine, cinquante, Cintre, cintrer, v. ceindre.
cinquantième, cinquième, v.
cinq.
Cipaye? spahi, deux formes différentes d'un même mot
persan.
Cipolin, V. cive. Circuit, v. errer 2, B.
Cippe, V. cep. Circulaire, circulation, cir-
Cirage, v. cire. culer, circum- préfixe, v.
Circon-, préfixe, et mots cirque.
commençant par ce préfixe,
V. cirque.
Cire, du latin cera (grec kêron), dont le dérivé *cericam
a produit cierge. Sur cire a été formé cirer, d'où cireur,
cirage. Dérivé savant : cérat.
Ciron, origine germanique.
Cirque, mot d'origine savante fnit sur le latin circum,
cercle et cirque, autour duquel se groupaient, dans le latin
populaire, les dérivés circulum, circellum, circinum. A cir-
culuni se rattache, outre les mots savants circulaire, cir-
culer, circulation, la forme populaire cercle, doù cercler,
encercler. A circellum se rattache cerceau, et à circinum le
vieux mot cerne, doù cerner qui a produit lui-même cer-
neau, noix à moitié mûre que l'on « cerne » avec le couteau
Citer] DU FRANÇAIS. 121
pour enlever l'amande. Le mot grec ayant le sens de cercle
était kiiklon, v. cycle.
— A côté du substantif circum le latin possédait l'adverbe
circuniy autour, que nous avons comme préfixe sous la
forme circon- ou circum- (circumnavigation) ou ser- (dans
serfouir, v. fossé), et sur lequel le latin populaire avait fait
le verbe circare, proprt aller autour, vieux français cercher
(d'où angl. search), aujourd'hui chercher; dérivé : cher-
cheur, composé rechercher, doù recherche.
— Mots commençant par le préfixe circon- : circoncire,
V. césure: circonférence, v. offrir''; circonflexe, v. fléchir;
circonlocution, v. locution; circonscription, v. écrire; cir-
conspect, circonspection, v. épice^; circonstance, i'. ester'*;
circonvallation, v. intervalle; circonvenir, v. venir; circon-
voisin, V. voisin; circonvolution, v. voûte*.
Cis-, préfixe (dans les noms géographiques), préposition
latine qui signifie en deçà de; dérivé : citérieur, cf. antérieur,
à ant- ou anté-.
Cisaille, ciseau, ciseler, ciseleur, ciselure, v. césure.
Ciste, du grec kistê, corbeille; les canéphores (v. ce mot)
s'appelaient aussi des cistophores.
Cistre, autre forme de cithare et de guitare, s'écrivait et
se prononçait d'abord citre; il est devenu cistre sous l'in-
fluence du mot sistre, lequel désigne aussi un instrument de
musique, mais vient d'un autre mot grec. Le mot guitare a
passé par l'Espagne. La forme grecque est kithara.
Citadelle, citadin, cité, v. civil.
Citer se rattache au verbe latin ciere, supin citum, appa-
renté à la racine grecque de cinématographe, v. ce mot. Le
latin ciere avait le sens de mettre en mouvement (comme le
verbe d'où vient mouvoir), et aussi d'appeler en justice.
Citer, d'où citation, a retenu les deux sens, en donnant au
premier la valeur figurée de mettre en évidence, de signaler,
oralement ou par écrit, une pensée, une action, une per-
sonne.
— Composés : inciter, d'où incitation, c'est proprt
pousser sur; exciter (d'où excitable, excitabilité, excita-
tion, et surexciter, d'où surexcitation), c'est pousser hors
de. Réciter, c'est produire, en le reprenant, un texte qu'on a
appris par cœur, — d'où récitatif, récitation, — et aussi,
jadis, rapporter des paroles, un événement, d'où récit. Sus-
122 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Cîvil
citer, c'est mouvoir de bas en haut, faire surgir; et ressus-
citer, c'est faire surgir de nouveau (cf. résurrection au mot
régir^), ramener à la vie, d'où l'acception intransitive de
revenir à la vie. Précité, cité devant.
— Un composé avec le vieux latin soUam (= tout, v. seul),
solliciter en formation savante, soucier en formation popu-
laire, signifie proprt mouvoir ou émouvoir tout à fait, faire
une demande instante [solliciter) ou inquiéter vivement (sou-
cier, d'où souci, insouciant, insouciance, soucieux, et le
mot savant sollicitude).
Gitérieur, v. cis-.
Citerne, latin cisterna.
Cithare, v. cistre. Citoyen, v. civil.
Citron, dérivé du latin citrum, sur lequel on a fait aussi
citrique, citrin, citrate et cédrat, ce dernier d'origine ita-
lienne. Dérivés de citron : citronnier, citronnelle, et aussi
citrouille, de l'italien citruolo, quoique la citrouille ne soit
pas du même jaune que le citron.
Cive, latin cepa. Dérivés : civette au sens de variété
d'ail; ciboule (latin cepulla) et ciboulette, qui nous viennent
du provençal ; chipolata (ragoût aux ciboules) qui nous vient
de l'italien ainsi que cipolin, marbre dont les veines rap-
pellent les feuilles de l'oignon. Ciué, proprt sauce aux cives,
a changé de suffixe et s'écrit aujourd'hui civet.
1. Civette, v. le précédent.
2. Civette, espèce de martre, origine arabe.
Civière, origine inconnue.
Civil, latin civilem, se rattache à civem, citoyen. Civil
et civique sont étymologiquement synonymes. Le pre-
mier a ajouté à sa signification originaire le sens de « poli
par la vie de la cité, se conformant aux usages de la bonne
société, plein d'urbanité » (notez qu'urbanité est formé sur
le mot latin qui signifie ville). A ce sens se rattachent ceux
des mots civilité, incivil, incivilité, civiliser, d'où civili-
sation. La cité est l'ensemble des citoyens, et le mot citoyen
lui-même d'où concitoyen, qui remplace le civem latin, vient
de cité. Le civisme est la qualité d'un bon citoyen.
— L'ensemble des habitations des citoyens, que nous appe-
lons aujourd'hui ville (v. ce mot) s'appelait en latin urbem^
Claudication] du français. 123
d'où nos mots urbain, suburbain, interurbain, et urbanité
signalé plus haut; cf. police 1.
Civilisation, civiliser, civi- Clabauder, d'où clabau-
que, civisme, v. civil. dage, origine incertaine.
Claie, d'où clayon, origine celtique.
Clair, clairet, v. calendes^. Clairvoyance, clairvoyant,
Claire- voie^ y. voir ^ . v. voir^.
Clairière, clairon, clair- Clameur, v. calendes'^.
semé, V. calendes^. Glampin, origine inconnue.
Clan, mot gaélique.
Clandestin, v. celer.
Clapet, dérivé de l'ail, klappe.
Clapier, origine inconnue.
Clapoter, d'où clapotis, et clapper, d'où clappement,
onomatopée ou origine germanique (cf. clapet).
Claque, claquement, claquemurer, v. le suivant.
Claquer est probablement une onomatopée, comme cli-
quer. Substantif verbal de claquer : claque, coup bruyant,
et aussi pièce de la chaussure qui s'applique aujourd'hui à
la bottine (d'où bottines claquées) mais qui jadis en était
séparée et claquait sur le sol. Dérivés : claquement, claqueur,
claquet, pièce de moulin, claquette; claquemurer, réduire
quelqu'un à claquer les murs en se retournant, l'enfermer
étroitement.
— Se rattachent à l'ancienne forme cliquer : clique,
proprt groupe de braillards, cliquet, cliquette, cliqueter,
cliquetis, déclic. Clicher est une variante de cliquer, et
l'opération d'imprimerie à laquelle le mot s'applique a été
appelée ainsi en raison du bruit sec que produisait le procédé
primitif. Une autre variante a été clinquer d'où clinquant
(dérivé : quincaillerie, pour *clinquaillerie) dont la signifi-
cation a passé, par figure, de l'idée de sonorité à l'idée de
brillant; comparez l'évolution de clair, au mot calendes^.
Clarifier, clarinette, clarté, classification, classique, v.
classe, classement, classer, calendes^.
Claudication se rattache au latin claudum, boiteux; ce
mot n'est pas de la môme famille que le verbe clocher, dont
il se rapproche par le sens.
124 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Cligner
Clause, claustral, v. clou °. Clayon, v. claie.
Claveau, clavecin, clave- Clef, v. clou.
lée, clavette, clavicule, cla-
vier, V. clou ^.
Clématite, d'origine grecque, proprt plante à sarments.
Clémence, clément, v. cligner 2.
Clenche, ail. klinke, d'où déclencher, déclenchement.
Clerc, latin clericiim, qui se rattache au grec klêron (cf.
nocher, au mot nef) ; c'est proprt celui à qui échoit une
fonction. Dérivés populaires : clergeon, clergé; dérivés
savants : cléricature; clérical d'où anticlérical; clérica-
lisme, anticléricalisme.
Cliché, clicher, clicheur, v. claquer.
Client, latin clientem (dérivé : clientèle), [contiendrait la
racine du-, entendre, que l'on a dans ausculter, v. oreille.
A l'origine, client aurait signifié « celui qui obéit ».
Cligner, d'où clin, clignement, clignotant, c'est proprt
incliner la paupière.
4. Incliner vient du latin inclinare; la mouillure de Vn
dans cligner s'explique par une désinence populaire en-tare
au lieu de -are. On a la même racine dans le latin cliuuin,
pente, d'où déclivité. DHncliner dérivent : inclinaison, avec
son doublet inclination, et l'adjectif de formation populaire
enclin. Autre composé avec le même radical : décliner,
proprt pencher en éloignant d'un point plus élevé; suivant
les acceptions, c'est tantôt lidée de descente, tantôt l'idée
d'éloignement qui prévaut. Substantif verbal déclin; dérivés :
déclinaison, déclinatoire, terme juridique; déclinable et
indéclinable. Décliner un nom ou un adjectif, c'est proprt
faire descendre du nominatif les différents cas.
2. On rattache à la môme famille clément, latin clementem.,
(d'où clémence, inclémence), dont le sens propre serait :
incliné, propice.
3. La langue grecque avait la même racine, d'où elle avait
tiré : 1*^ le substantif ktinê, lit, auquel se rattache notre mot
clinique, enseignement près du lit du malade; 2° le sub-
stantif Mima, génitif klimatos (d'où climat), qui signifie
proprt inclinaison, inclinaison de la terre relativement au
soleil, d'où conditions atmosphériques ; dérivé : climatérique ;
composé : acclimater, d'où acclimatation; 3° enklilikon et
proklitikon, penché sur ou en avant, français enclitique et
Clou] DU FRANÇAIS. 125
proclitique; hétéroclite signifie proprt : qui penche d'un
autre côté, v. autre''.
Clignotement, clignoter, Clinique, u. cligner 3,
V. cligner. Clinquant, clique, cliquet,
Climat, climatérique, v. cliqueter, cliquetis, cliquette,
cligner 3. v. claquer.
Clin, V. cligner. Cloaque, v. cataclysme.
Cloche, probablement onomatopée. Dérivés : clochette,
clocher, clocheton. Par comparaison, le mot cloche et sa
forme normande cloque désignent une ampoule sur la peau.
Clocher, verbe, se rattache au latin populaire cloppum,
d'origine incertaine, sur lequel ont été faits : le verbe * clop-
pare^ vieux français doper, d"où éclopé, clopiner, clopin-
clopant, et le verbe * cloppicare, français clocher.
Cloison, cloisonné, cloître, Ciopin-clopant, v. clocher,
cloîtrer, v. clou ^. verbe.
Cloporte, origine douteuse. Dans plusieurs langues et
dialectes le cloporte est appelé (f petit porc ». On suppose en
conséquence que le second élément de cloporte est une alté-
ration du mot porc, provenant d'une étymologie populaire.
Cloque, V. cloche. Clore, clos, closerie, clô-
ture, V. cloa^.
Clou, d où cloutier, clouer, enclouer, déclouer, vient du
latin clauurn, qui a le même sens, et dont une forme en -em,
clavem (cf. le grec kleida, au mot ophicléide), a produit notre
mot clef, la clef étant originairement une manière de clou
servant à fermer.
1. Clef et clou, par l'effet des lois phonétiques, peuvent
avoir l'un et l'autre des dérivés commençant par clav-. A
clou, au sens de furoncle, se rattachent claveau et clavelée
qui désignent une maladie éruptive des moutons. A clef se
rattachent : claveau au sens de clef de voûte, et enclaver,
d"où enclave; clavette; clavicule et son doublet populaire
cheville = petite clé, les clavicules étant assimilées à des
clefs ; clavier, proprt ensemble des touches qui ouvrent et
ferment les tuyaux de l'orgue (le clavecin est étymologi-
quement un clavier-cymbale). Le conclave est proprt un
ensemble de pièces sous la même clé.
2. Le verbe latin claudere (dérivé de clavem, clef), supin
clausum, a produit clore; participe passé employé substan-
tivement clos, d'où closerie. Dérivés : clause, mot savant.
426 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Coccînelle
désignant une formule fermée, fixée, un article précis;
cloison, clôture, cloître avec le dérivé savant claustral.
Clovisse, mot d'origine provençale, est le nom dune espèce
de mollusques comestibles qui se ferment dans leur coquille.
3. Les composés de claudere étaient en -cladere, supin
-cliisum. Mais pour plusieurs de ces composés, nous trouve-
rons des formes populaires en o d'après clore, à côté des
formes savantes en ii. Éclore (dérivé : éclosion) et exclure
(dérivés : exclusif, exclusion) sign i fien t proprt : fermer dehors,
faire sortir, mais le premier a pris le sens de « sortir » de
l'œuf, et, par analogie, du bouton; une écluse (dérivé : éclu-
sier), cest l'eau séparée du courant, forclore, terme juri-
dique {v. fors), c'est aussi fermer dehors, exclure, dérivé :
forclusion. Enclos et inclus (dérivé : inclusivement) signi-
fient proprt : fermé dedans. Déclore, c'est enlever ce qui
ferme, ouvrir. Un reclus, — dérivé : réclusion, — est un
homme renfermé. Être perclus, c'est être « tout à fait »
fermé, entravé (sur le préfixe, v. par *). Conclure, c'est
proprt fermer ensemble, la conclusion renferme les
prémisses. Remarquez la contradiction orthographique entre
exclu, conclu, sans s finale, et inclus, reclus, perclus, éclos,
enclos, forclos. L'occlusion ferme en avant; dérivé : occlusif
(consonnes occlusives).
Clovisse, coquille, v. clou^.
Club, mot anglais, peut-être apparenté à globe.
Clystère, v. cataclysme.
Co-, forme ordinaire du préfixe cum-, avec, devant une
voyelle; v. com-.
Coadjuteur, v. aider. Coaliser, coalition, u. ali-
Coaguler, v. agir^. ment^.
Coasser, grec koax, onomatopée.
Cobalt, mot allemand.
Cobaye, mot américain.
Coca, mot du Pérou, dérivé : cocaïne.
Cocagne, origine inconnue. Cocasse, origine inconnue.
Cocarde, v. coq.
Coccinelle se rattache au mot latin coccum, d'origine
grecque, qui désigne la couleur écarlate. Il en est de même
de cochenille, emprunté à l'espagnol. Lun de ces insectes a
les ailes rouges, l'autre fournit une teinture rouge.
Cœur] DU FRANÇAIS. 127
Coccyx, du grec kokkux, qui signifie aussi coucou.
1. Coche, entaille, origine inconnue. Dérivé : cocher,
enlfiiller. Composés : encocher, d'où encoche; décocher.
2. Coche, bateau, origine germanique.
3. Coche, voiture, d'où cocher, subst., et porte-cochère,
ail. Imtsche.
Cochenille, v. coccinelle. Cocher, u. chausse.
Cocher, verbe, v. coche 1. Cochet, v. coq.
Cocher, subst., v. coche 3.
Cochon, origine inconnue. Dérivés : cochonner, cochon-
nerie; cochonnet, petit cochon, et, par comparaison plai-
sante, petite boule servant de but.
Coco, mot portugais. Dérivé : cocotier. (F. Supplément.)
Cocon, V. coque. Coction, v. cuire.
Cocotier, v. coco. Coda, v. queue.
Cocotte, poule, v. coq.
Code vient du latin codex (tablette à écrire) conservé tel
quel au sens de recueil officiel des formules pharmaceu-
tiques. Code, — doù codifier, codification y(v. faire ^), —
désigne un recueil de lois. Le diminutif codicille s'est
spécialisé dans une autre direction; c'est un petit écrit
ajouté à un testament, contenant des clauses additionnelles.
Coefficient, v. faire 3.
Coercitif se rattache au verbe latin noercere (préfixe co-
et arcere), supin coercitum, qui signifie : contenir, arrêter,
doù le sens d'incoercible. Un autre composé avec le même
radical, exercere, supin exercitum, est passé en français sous
la forme du mot savant exercer, d'où exercice. Exercer,
c'est proprt contenir pour un dressage, mettre à l'épreuve,
d'où mettre en pratique.
Cœup (d'où écœurer, qui signifie proprt enlever le cœur,
et écœurement), vient du latin cor, génitif cordis, qui se
retrouve sous la forme cour- dans les dérivés populaires tels
que courage et sous la forme cord- dans les mots savants
tels que cordial, cordialité. La langue latine considérait le
cœur comme le siège non seulement de la sensibilité, mais
encore de la mémoire, et nous disons encore : réciter par
cœur. J. de Maistre voyait dans courage un mot composé,
rage du cœur. En réalité, -âge est un simple suffixe comme
dans hommage. Dérivés de courage : courageux; encou-
128 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Coi
rager et encouragement : décourager et découragement.
— D'après une étymologie ingénieuse de Gaston Paris,
courroux (d'où courroucer) signifierait proprt cœur rompu,
V. rompre.
— Verbes composés : accorder, c'est proprt rapprocher
du cœur, du sentiment, du désir d'une personne, soit une
autre personne, soit un objet, de là les expressions :
accorder deux personnes et, par comparaison, deux objets
entre eux, accorder quelque chose à quelqu'un. Substantif
verbal accord (doù désaccord, et accordéon, instrument
qui fait des accords); dérivés et surcomposés : accordeur,
accordailles; raccorder, d'où raccord et raccordement. —
Concorder, d'où concordant, concordance, c'est s'accorder
ensemble : la concorde est l'union des cœurs; le dérivé
concordat, d'où concordataire, désigne certains accords
spéciaux.
— Le vieux verbe discorder, d'où discordant, discor-
dance, signifie u être en désaccord » : la discorde, c'est la
séparation des cœurs, le manque d'accord.
— Le vieux verbe recorder signifie « remettre au cœur, à
la mémoire, rappeler » ; un record, terme de sport, repris à
l'anglais, c'est proprt le rappel d'un maximum obtenu; les
recors, ce sont les assistants d'un huissier (qui peuvent
rappeler, comme témoins, les faits constatés).
— Autre composé : miséricorde, d'où miséricordieux,
cordialité pour les misérables.
— Une vieille forme latine de cœur se retrouve dans le
verbe latin credere, français croire, proprt donner son
cœur, sa confiance à, v. dé à jouer ^ et croire.
— La racine grecque correspondant au latin cord- a la
forme card-, d'où cardiaque (même suffixe que dans élé-
giaque, démoniaque), endocarde (pour le préfixe, v. en, B),
péricarde, enveloppe du cœur (pour le préfixe, v. par).
Coffre, latin cophinum, panier, d'origine grecque;
dérivés : coffrer, coffret.
Cognassier, v. coing. Cohérence, cohérent, co-
Cognée, cogner, v. coin. hésion, v. adhérer.
Cohorte, v. cour.
Cohue, origine celtique.
Coi vient du latin quietum, qui est le participe passé d'un
verbe quiescere, se reposer, dont nous avons le composé
acquiescer (s'apaiser dans une adhésion). La véritable
Col] DU FRANÇAIS. 129
forme savante de quietum serait *qmet (dérivé : quiétude),
semblable à inquiet, dérivés : inquiétude, inquiéter. La
forme quitte résulte d'une altération du mot dans la langue
juridique. Le composé acquitter, d'où acquit, acquitte-
ment, signifie proprt rendre quitte, et c'était là aussi un
des sens du verbe simple quitter, d'où quittance; mais
quitter a eu également et a gardé le sens moins spécial de
laisser tranquille, d"où abandonner. On a ajouté à quitte
une désinence latine dans la locution <( donner quitus ». Le
mot tout latin requiem, « retour à la tranquillité », est le
nom dune prière latine qui commence par ce mot. Citons,
à titre de curiosité, lopinion de Furetière, d'après lequel
le nom du requin lui viendrait de ce que, après sa morsure,
on n"a plus quà chanter le requiem.
Coiffe paraît se rattacher à l'allemand kopf, tête.
Dérivés : coiffer, coiffeur, coiffure. Composé : décoiffer.
Coin, du latin cuneuni (doù cunéiforme), coin à fendre
le bois, d'où cognée, cogner, et coincer, caler avec des
coins. L'instrument nommé coin étant terminé en angle,
on a appelé de même l'angle formé par l'extrémité d'un
objet quelconque (un quignon de pain parait être pour un
(( coignon »), puis, dans un objet creux, l'intérieur de cet
angle, par exemple un coin de placard, et, dans ce sens, on
a les dérivés encoignure, et recoin, coin retiré.
Coïncidence, coïncider, u. chair.
Coing, latin coloneuin, du grec kudônion, pomme de Kudô-
nia, aujourd'hui La Ganée en Crète; mais c'est proba-
blement un mot déformé par étymologie populaire, car on
n'a jamais signalé spécialement le coing en Crète. De coto-
neum dérive le provençal coudougnat, confiture de coings,
qui a pris en français la forme altérée cotignac. Dérivé
français : cognasse, coing sauvage, d'où cognassier.
Coke, mot anglais.
Col et cou viennent du latin collum, cou. Notre mot
colis a été rattaché au pluriel italien colli, proprt « charges du
cou ». Dérivés de col : collet, d'où se colleter, décolleter;
collier, d'où collerette. Composés : encolure; accoler, d'où
accolade, racoler (recruter en prenant en quelque sorte au
collet), racoleur et racolage; décoller, au sens de décapiter,
d'où décollation; colporter, d'où colporteur, colportage;
licol ou licou, qui lie le cou.
Q
DICT. KTYM. FfiANÇ. «'
^^^ DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [CoIombC
Colchique, plante de Colchide.
Coléoptère, propit qui a les ailes dans un étui. Un
autre mot grec, eUitron, qui signifie étui comme koleoiiya
précisément formé élytre, nom des ailes extérieures des
coléoptères. Sur le second élément de coléoptère, v. aile.
Colère, v fiel.
Colibri, mot caraïbe ou dérivé de colahra, v. couleuvre
Colifichet, origine dou- Colimaçon, v. limace.
teuse.
Colique, proprt maladie du « côlon » ou gros intestin
(grec kôlon).
Colis, V. col. Collatéral, v. latéral.
Collaborateur, collabora- Collation, coUationner, v.
tion, collaborer, v. labeur. offrir'^.
Collage, v. colle.
Colle, grec kolla. Dérivés : coller, d'où colleur, collage
et un nouveau substantif colle, action de coller au figuré
(d'immobiliser, d'embarrasser par une question) ; collodion
(mais collyre, autre racine). Composé : décoller, d'où décol-
lement. Protocole, doù protocolaire, signifie proprt : pre-
mière feuille collée [v. pour^).
Collecte, collecteur, collée- Coller, v. colle.
tif, collection, collectionner. Collerette, collet', colleter,
collectiviste, collectivité, v. v. col.
lire 3. Colleur, v. colle.
Collège, collégial, collé- Collier, v. col.
gien, collègue, i'. loi. CoUiger, v. lire 3.
Colline se rattache au latin collem, et appartient à la
même famille que culminant, que colonne, et que exceller
(d'où excellent, excellence) dont le sens propre est :
s'élever au-dessus des autres. De même colmatage, d'ori-
gine italienne : exhaussement de terrain.
Collision, v. lèse. Colloquer, v. lieu.
Collocation, v. lieu. Collusion, u. allusion.
Collodion, v. colle. Collyre, v. colle.
Colloque, v. locution. Colmatage, v. colline.
1. Colombe, latin colamba. Dérivé : colombier, latin
columbarium. La forme latine palumbem, doù palombe, est
attribuée au dialecte osque.
2. Colombe, solive, u. colonne.
Combien] du français. 131
Colon, doù colonie, colonial, coloniser, se rattache au
verbe latin colère, supin ciiltum, qui signifie cultiver. Nous
n'avons pas le participe passé « culte », mais nous avons
inculte ; la signification du substantif culte s'explique par
l'idée de u soigner » le service divin. Du supin cultum vien-
nent, outre l'adj. inculte et le subst. culte, le substantif cul-
ture et le verbe cultiver, dérivés : cultivable, cultivateur.
Composé de colère avec préfixe : receler, d'où récolement,
proprt cultiver à nouveau, au figuré repasser dans son
esprit, puis vérifier à nouveau. Dans agricole, agriculture,
agriculteur, composés avec le verbe colère et le subst.
agrum, champ, on voit alterner les formes col- et cul- de la
racine; il en est de même dans horticole et horticulteur
(v. ce mot), dans viticole, viticulteur, viticulture {v.
vrille), etc. Le composant -cote signifie : relatif à la culture.
Colonel, V. colonne. teur, colonisation, u. colon.
Colonial, colonie, colonisa- Colonnade, v. le suivant.
Colonne, latin columna, v. colline. Dérivés : colonnette,
colonnade, colonel (d'après le sens figuré de colonne : corps
de troupe disposé en la forme d'une colonne couchée). Une
forme anormale, colombe, a pris le sens métaphorique de
solive verticale de cloison.
Colophane, v. noms propres (Mots tirés de).
Coloquinte, concombre amer, du grec kolokuntliida, qui
signifie à la fois citrouille et coloquintef
Coloration, colorer, colorier, coloris, coloriste, v. couleur.
Colosse, grec kolosson, dérivé colossal.
Colportage, colporter, col- Columbarium, u. colombe.
porteur, i'. col.
Colza, d'un mot hollandais, apparenté à chou, qui
signifie proprt graine de chou.
Com-, con- ou co- (cou- dans couvent et couture), en
latin cum, com-, con-, co-, préfixe qui signifie avec ou
ensemble, et qui est avec contre (v. ce mot) dans le même
rapport que en avec entre, v. en, B.
Coma, mot grec dont le génitif est cômatos et qui signifie
sommeil profond; dérivé comateux.
Combat, combatif, combattre, v. battre '^.
Combien, composé de comme et de bien ; la vieille locu-
132 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Commun
tion combien que, si bien que, quoique, s'est abrégée en
bien que.
Combinaison, combiner, v. bis 2.
Comble, substantif, vient du latin ciimuluin, qui signifie
monceau, d'où surcroît, point culminant. Le dérive com-
bler, d'où peut-être encombrer, encombre, encombrement,
décombres, désencombrer, a pour doublet savant cumuler,
d'où cumul, cumulard, cumulatif et accumuler, accumu-
lateur, accumulation. L'adjectif comble est tiré du verbe
combler.
Combustible, combustion, v. brûler.
Comédie, du latin comoedla, transcription d'un mot grec
qui signifie proprt chanson de fête, de ode [v. ode) et kômon
banquet, fête dionysiaque. Dérivés : comédien, comique.
Comestible, u. manger.
Comète, d'un mot latin dorigine grecque qui signifie
chevelu.
Comice, u. errer 2, B. commanditaire, comman-
Comique, u. comédie. dite, commanditer, v. main^.
Comité, V. mettre-. Comme, v. mode'-''.
Commande, commander, Commémorer, v. mémoire.
commanderie, commandeur. Commencer, y. errer 2. B.
Commensal, proprt qui partage la même table (com-
parez compagnon = qui est au même pain), du latin mensa,
table, V. mesure.
Comment, composé de Comminatoire, v. menace,
comme {v. mode^) et de -ment Commis, v. mettre -,
(v. mémoire^). Commisération, v. misère.
Commentaire, commenta- Commissaire, commissa-
teur, commenter, v. mé- riat, commission, commis-
moire 2. sionnaire, commissionner,
Commérage, v. mère commissure, v. mettre-.
Commerçant, commerce, Commode, commodité, u.
commercial, v. marché^. mode'^.
Commère, v. mère. Commodore, v. main *.
Commettant, commettre. Commotion, v. mouvoir 2.
V. mettre -. Commuer, v. muer.
Comimun, latin communem, se rattache au substantif
munia, qui a le sens de charges (au figuré). Un municipe
{v. capable''] est constitué par ceux qui « prennent » les
charges, et le substantif commune signifie proprt ensemble
Campère] du français. d33
de ceux qui ont part aux charges, de telle sorte que, malgré
la diversité de leur composition, le mot commune et le
mot municipalité, — qui remplace aujourd'hui muhicipe et
en dérive par l'intermédiaire de l'adjectif municipal, — sont
élymologiquement synonymes. L'immunité est proprt une
exemption de charges (m- négatif). L'adjectif commun
implique l'idée de charge à laquelle on participe ensemble,
puis, par extension, l'idée de participation égale à n'importe
quoi; le suffixe -o.l ajouté à l'adjectif commun n'en change
pas la signification propre, mais communal peut aussi se
rapporter au substantif commune et équivaut alors à : « de
la commune », c'est le sens ordinaire aujourd'hui. Sur com-
munal a été fait communauté, qualité de ce qui est commun,
ou réunion de personnes qui mènent la vie commune. Les
dérivés communisme et communiste se passent d'explica-
tion. Le latin avait fait sur communem le verbe communicare,
d'où communiquer et son doublet communier; dérivés :
d'une part communication et communicatif, de l'autre com-
munion, communiant, excommunication, excommunier.
— Un autre composé avec munia est munificence [u. faire''),
mais ici la racine a le sens non plus de charges mais de
présents. On passe d'une acception à l'autre par l'intermé-
diaire des sens de « office, service rendu au pubHc ». C'est
aussi la valeur d'une autre forme de munia, munera, qu'on
retrouve dans rémunérer, rémunération, rémunérateur; le
préfixe accentue l'idée d'une attribution a en retour », d'où le
sens de rétribution.
Communal, communauté,
commune , communicable,
communicatif, communica-
tion, communier, commu-
nion, communiquer, com-
munisme , communiste , u.
commun.
Commutateur, commuta-
tion, i'. muer.
Compact, V. pacte ^.
Compagne , compagnie ,
compagnon, compagnon-
nage, V. pain.
Comparable, comparaison,
V. pair^.
Comparaître, v. paraître.
Comparatif, comparer, v.
pair ■^.
Comparoir, comparse, v.
paraître.
Compartiment, v.parl /, D.
Comparution, v. paraître.
Compas, compassé, v. pas.
Compassion, compatible,
compatir, compatissant, v.
pâtir '-.
Compatriote, v. père.
Compendieusement, v. pen-
dre^.
Compensation, compenser,
V. pendre 2.
Compère, u. père^
134
DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Concrétion
Compétence, compétent,
compétiteur, compétition, v.
pétition ".
Compilateur, compilation,
compiler, v. piller.
Complainte, v. plaindre.
Complaire, complaisance,
complaisant, v. plaire.
Complément, complémen-
taire, complet, compléter,
complétif, V. plein.
Complexe , coraplexion,
complexité, v. plier '^.
Complication, v. plier ^.
Complice, complicité, v.
plier 2.
Compiles , compliment ,
complimenter, complimen-
teur, V. plein.
Compliquer, v. plier '^.
Complot, d'où comploter,
origine inconnue.
Componction, v. poindre.
Comporter, v. port.
Composer, composite, com-
positeur, composition, com-
posteur, compote, compotier,
V. site 3.
Compréhensible, comprê-
hensif, compréhension, com-
prendre, V. prendre.
Compresse, compressible,
compressif , compression ,
comprimer, v. près.
Corapromettre, compro-
mis, compromission, v. met-
tre 3.
Comptabilité, comptable,
compte, compter, compteur,
comptoir, v. conter K
Compulser, v. pouls.
Comput, V. conter'^.
Comte, comté, v. errer 2, B.
Concasser, v. casser^.
Concave, concavité, v. cave.
Concéder, v. céder 2.
Concentration, concentrer,
concentrique, v. centre
Concept, conception, i>. ca-
pable 2.
Concerner, u. certain-.
Concert, tiré de l'italien concerto [v. certain^), que nous
employons tel quel avec un sens particulier. Dérivé : con-
certer, d'où concertant et déconcerter. Le sens musical de
concert et de concertant est une spécialisation de la signifi-
cation plus générale : accord, accorder.
Concession , concession-
naire, V. céder 2.
Concetti, concevable, con-
cevoir, V. capable 2.
Conchyliologie, v. coque.
Concierge, d'où concier-
gerie, origine inconnue.
Concile, conciliable, conci-
liabule, conciliateur, conci-
liation, concilier, v. calendes '.
Concis, concision, v. césure.
Concitoyen, v. civil.
Conclave, v. clou i.
Conclure , conclusion, u.
clou •^.
Concombre, latin cucumerem. Cf. coloquinte.
Concomitant, v. errer 2, B.
Concordance, concordat,
concordataire, concorde, con-
corder, V. cœur.
Concourir, concours, i'.
courir.
Concret , concrétion , u.
croître.
Conforme]
DU FRANÇAIS.
135
Concubinage, concubine,
V. couver.
Concupiscence, v. convoiter.
Concurremment, concur-
rence, concurrent, v. courir.
Concussion, concussion-
naire, V. casser 2.
Condamnable, condamna-
tion, condamner, v. dam.
Condor, mot péruvien.
Conducteur, conductlbi-
Condensateur , condensa-
tion, condenser, v. dense.
Condescendance, condes-
cendre, i'. échelle.
Condiment, v. dé à jouer 3.
Condisciple, v. disciple.
Condition , conditionnel ,
conditionner, v. dire -.
Condoléance, u. douleur.
lité, conduire, conduit, con-
duite, V. duire *.
Cône, grec kônon. Dérivés : conique; conifère, qui
porte des fruits en forme de cône, comme le pin {v. offrir^)
Confection, confectionner,
V. faire ^.
Confédération, confédérer,
V. foi.
Conférence, conférer, u.
offrir 2.
Confesser est formé sur confessurriy participe passé du
verbe latin confiteri (confiteor, je confesse), qui lui-même
se rattache à la même racine que affari {v. affable). Le
lalin confiteri et le français confesser (substantif verbal
confesse) signifient proprt parler avec, puis déclarer, avouer.
Autres dérivés de confessum : confession, d'où confes-
sionnal; confesseur.
— Avec le préfixe pro- substitué au préfixe con-, on a
professer, profession, professeur (d'où professoral, pro-
fessorat). Professer, c'est proprt parler devant, puis déclarer
hautement et enseigner. L'idée de déclaration prévaut
dans profession (profession de foi), d'où le sens de métier
déclaré; dérivé, dans ce sens, professionnel. Un profès est
un religieux qui a fait profession ; un enseignement ex pro-
fesse est un enseignement doctrinal.
Confiance, confidemment,
confidence, confident, confi-
dentiel, confier, v. foi.
Configuration, v. feindre.
Confiner, confins, v. fin.
Confire, v. faire '•'.
Confirmation, confirmer,
V. ferme.
Confiscation, u. fisc.
Confiserie , confiseur , u.
faire ■'•.
Confisquer, v. fisc.
Confiture, v. faire 5.
Conflagration, u. flagrant.
Conflit, t'. affliger.
Confluent, v. fleuve.
Confondre, v. fondre.
Conformation , conforme ,
136
DICTIONNAIRE ETYMOLOGIQUE
[Connaître
conformer, conformité, v.
forme.
Confort , confortable , u.
fort.
Confraternité , confrère ,
confrérie, v. frère.
Confrontation, confronte r,
V. front.
Confus, confusion, v. fon-
dre.
Congé, mesure de capacité, latin congium, apparenté à
conque, v. coque.
Congé, congédier, v. méat.
Congélation , congelé , v.
gel.
Congénère, congénital, v.
génital '.
Congestion ,
ner, v. gérer 2.
Conglomérat ,
rer, v. globe.
Congratulation, congratu-
ler, V. gré.
congestion-
conglomé-
Congre, du latin congrum, emprunté du grec.
Congréganiste, congréga-
tion, V. agrégé.
Congrès, v. grade.
Congru, du latin congruum, dont la signification propre
est : coïncident, convenable, d'où incongru = qui ne con-
vient pas, et incongruité. La « portion congrue » est propi t
la portion quïl « convenait » de réserver au curé sur la
dime, et qui, à défaut de casuel, lui aurait à peine permis
de vivre. Congrument = convenablement.
Conifère, conique, v. cône.
Conjectural, conjecture,
conjecturer, v. jeter 2.
Conjoint , conjointement ,
conjonctif, conjonction, con-
jonctivite, conjoncture, v.
joindre *.
Conjugaison, conjugal, con-
juguer, V. joindre 2,
Conjungo, v. joindre'^.
Conjuration, conjuré, con-
jurer, V. jurer *.
Connaître (d'où connaissance, connaisseur), vient dun
composé du latin gnoscere, supin gnotuni (cf. anglais knoiu,
allemand kcnnen), devenu noscere, not.um. Surcomposés r
reconnaître, d'où reconnaissant, reconnaissance, recon-
naissable; méconnaître (sur le préfixe, v. moindre *), d'où
méconnaissance, méconnaissable ; inconnu (forme ita-
lienne incognito), inconnaissable. Le / des formes dinfi-
nitif s'explique comme le d de coudre, v. ce mot. Le parti-
cipe passé latin, cognitum, avait produit le vieux français
coint, au sens de personne connue, connaissance, personne
avec qui on est lié, d'où le dérivé accointance.
Connaître] du français. 137
i A. La langue grecque avait la même racine, que l'on
retrouve dans les mots suivants : diagnostic, sur lequel a
été formé diagnostiquer, « discerner » les symptômes; pro-
nostic, d'où pronostiquer, pronostiqueur, proprt connais-
sance anticipée; physionomie, d'où physionomiste, proprt
discernement de la nature, v. physique.
B. A la racine latine se rattachent :
l"^ Notion, notice, à peu près synonymes à l'origine;
notoire, d'où notoriété, notifier et notification, v. faire''.
2^ Note, d'où notule, proprt marque qui permet de
reconnaître; le verbe noter (dont nota, dans nota bene, est
l'impératif latin) et ses dérivés et composés : notation ;
notable d"où notabilité; notaire, « qui prend note »,
d'où notariat, notarié; annoter, annotation, annotateur;
dénoter.
3^ Noble, latin nobilem, — doù noblesse et nobiliaire, —
dont la signification propre est « qui peut être connu, qui
est digne d'être connu », comme meuble = qui peut être
mû; composé avec in- privatif : ignoble, où l'on retrouve
le g de la racine primitive. La différence d'acception entre
anoblir et ennoblir est moderne et arbitraire, car a- et en-,
dans la formation des verbes en -ir, expriment la même
idée : comparez engourdir et affaiblir.
A" Nom (cf. ail. et angl. name), proprt appellation sous
laquelle une chose ou une personne est connue, du latin
nomen, génitif nominis. Dérivés et composés : pronom et
pronominal; prénom, surnom, nom en sus, et surnommé
(cf. sobriquet, au mot sur, préposition 2) ; nominal, nomi-
naliste, nominatif, nomination, nomenclature {v. calendes ^) ;
nommer, nommément, innomé, dénommer, désigner par un
nom, et dénomination, dénominateur; renommer, avec le
substantif verbal renom, le substantif participial renommée,
et l'adjectif participial renommé, nommé souvent; igno-
minie et ignominieux (cf. ignoble, plus haut, B 3°). — La
forme grecque de nomen est onoma, génïliî onomalos, qu'on
retrouve dans-: onomastique; onomatopée, « création »
de nom [v. poète) par harmonie imitative, en opposition
avec la dérivation; anonyme {an- privatif), qui équivaut
à innomé; homonyme, semblablement nommé et nom
semblable {v. hnméo-,homo-); synonyme, nom qui par-
tage une signification « avec » d'autres; pseudonyme, nom
<( supposé »; métonymie (préfixe meta-), proprt transpo-
138 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Constiper
sition de nom; paronyme (préfixe para-), nom à côté,
approximatif; patronymique, qui reproduit le nom du père.
G. A la môme racine latine, tantôt avec un o, tantôt avec
un a, se rattachent : ignorer, ignorant, ignorantin (fait
d'après jacobin), ignorance, ignare; et aussi narrer, proprt
faire connaître, doù narration, narrateur, narratif, iné-
narrable (deux préfixes, in- négatif et é-).
Connétable, v. ester i.
Connexe, connexion, con-
nexité, v. annexe.
Connivence se rattache au verbe latin connivere, qui
signifie cligner des yeux, d'où : fermer les yeux par com-
plicité.
Conque, u. coque.
Conquérant , conquérir ,
conquête, v. quérir.
Consacrer, v. sacrer.
Consanguin, v. sang.
Conscience, consciencieux,
conscient, v. savoir.
Conscription, conscrit, v.
écrire.
Consécration, u. sacrer.
Consécutif, v. suivre 2.
Conseil, conseiller, v.
seoir "^ .
Consentement, consentir,
V. sentir.
Conséquemment , consé-
quence, conséquent, v. sui-
vre'^.
Conservateur , conserva-
tion , conservatoire , con-
serve, conserver, V. serf^.
Considérable , considéra-
tion, considérer, v. sidéral.
Consignataire , consigna-
tion, consigne, consigner, v.
seing.
Consistance, consistant,
consister, consistoire, u.
ester 2,
Console, origine inconnue.
Consoler, v. souloir.
Consolidation, consolider,
V. sol.
Consommateur , consom-
mation, consommé, consom-
mer, V. exempt'^ et somme ^.
Consomption, v. exempt^.
Consonance, consonne, v.
sonner.
Consort, v. sort.
Conspirateur , conspira-
tion, conspirer, v. esprit.
Conspuer, composé du verbe latin spuere, cracher, en
grec ptaeln, d'où hémoptysie, crachement de sang.
Gonstable, i'. ester 1.
Constance, constant, cons-
tat, constatation, constater,
V. ester '^,
Constellation, consteller,
V. étoile.
Consternation, consterner,
V. estrade.
Constiper, composé du verbe latin stipare, rendre com-
pact, dérivé : constipation.
Conter] du français. 139
Constituer, constitutif, Consumer, v. exempt-.
constitution , constitution- Contact, contagieux, con-
nel, V. eslcr >>. tagion, contamination, con-
Constrictor, v. étreindre'-. taminer, v. tancent'-.
Constructeur, construc- Conte, u. conter.
tion, construire, v. structure. Contemplateur, contem-
Consul, consulaire, consu- platif , contemplation , con-
lat, consultatif, consultation. templer, v. temple.
consulter, v. seoir'-. Contemporain, v. temps K
Contempteur se rattache à un composé du verbe latin
temnere, mépriser : conlemnere, supin contemptiim.
Contenance, contenir, con- Contentieux, contention,
tant, contentement, conten- v. tenir *.
ter, V. tenir -.
Conter vient d'un composé du verbe latin putare, qui
signifie calculer, puis penser.
1. De calculer on a passé au sens de dénombrer, puis
détailler un récit, faire un récit. Dans cette acception on écrit
le mot phonétiquement ; dans le sens de dénombrer, on
lagrémente dun m et d'un p. De computare, on a tiré le mot
savant comput, compte qui règle le calendrier ecclésiaslique.
Le substantif verbal de conter ou compter, est conte ou
compte; le substantif dagent est conteur ou compteur;
entre les deux orthographes de chacun de ces mots, les sens
se répartissent comme entre conter et compter. Se rattachent
exclusivement au sens de compter : comptoir; l'adjectif et
le substantif comptant; comptable d'où comptabilité;
décompter et décompte; escompter ^proprt décompter,
payer avant l'échéance, origine italienne) et escompte:
mécompte (préfixe péjoratif mé-). Se rattache exclusivement
au sens de conter : raconter, d'où raconlard, écrit racontar.
2. Le verbe latin putare avait des composés avec d'autres
préfixes que com-; ils sont représentés en français par un
certain nombre de mots savants : supputer, proprt calculer
de bas en haut, soupeser par la pensée, d'où supputation; la
réputation de quelqu'un, ce qu'il est réputé être, c'est proprt
la pensée des autres à son sujet (putatif, terme de droit,
« réputé pour être ce quïl n'est pas nécessairement »); dis-
puter, d'où dispute, disputeur, c'est proprt penser différem-
ment, différer d'avis; imputer une chose à quelqu'un, d'où
imputation, c'est la mettre à son compte.
3. Nous trouvons encore putare avec son sens le plus
140 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Contre
ancien, qui est « couper, émonder », dans amputer et
députer [v. amputer).
Contestable, contestation, Continence, continent,
conteste, contester, v. té- continental, v. tenir ^.
moin 2. Contingence, contingent,
Conteur, v. conter^. v. tangent^^.
Contexte, contexture, v. Continu, continuateur, con-
tisser. tinuation, continuel, conti-
Contigu, contiguïté, v. tan- nuer, continuité, v. tenir ^.
gent 2.
Contondant, participe présent du verbe latin contun-
dere, écraser, dont le supin contasum a produit contusion,
d'où le néologisme contusionner. Avec le préfixe ob-, le
latin avait fait obtundere, supin obtusum, d'où obtus, proprt
écrasé, émoussé, et obturer proprt fermer en pressant,
obturation, obturateur. Au supin pertusum dun autre com-
posé se rattachent pertuis, trou, et percer, faire un trou, d'où
percement, percée, percerette, transpercer. V. aussi tuer.
On a proposé de rattacher percer à errer 2 et de l'expliquer
par un verbe * peritiare, aller à travers.
Contorsion, v. tordre. Contraignable, contrain-
Contour, contourner, v. dre, v. élreindre^.
tour. Contraire, v. contre.
Contra-, préfixe, v. contre. Contrçilto, v. aliment^.
Contracte, contracter, con- Contrarier, contrariété, u.
tractile, contraction, con- contre.
tractuel, v. traire'*'. Contraste, contraster, u.
Contradicteur, contradic- ester'''.
tion, contradictoire, v. dire 2. Contrat, v. traire^.
Contravention, v. venir.
Contre, du latin contra, préposition et préfixe qui dérive de
cum {v. corn-) dont il est une forme comparative. De l'idée
d'adjonction, exprimée par cum, on passe facilement aux
idées de proximité, de position en face et d'opposition
exprimées par contre, de telle sorte que la même racine sert
à marquer la collaboration et l'hostilité (comparez sub et
super au mot sou-, préfixe). Dérivés de contra : contraire,
d'où contrarier et contrariété ; encontre (et à rencontre de),
d'où encontrer, vieux verbe et malencontreux (qui se ren-
contre mal) ; rencontrer, substantif verbal rencontre : con-
trée, proprt pays situé en face. Une contredanse est à l'ori-
gine une danse de campagne, le mot venant d'Angleterre et
contenant country (fr. contrée) = campagne.
Convulsion]
DU FRANÇAIS.
441
Contrebande , contreban-
dier, V. ban.
Contre-bas (en) , contre-
basse, V. bas.
Contrecarrer, v. quatre s.
Contredanse, u. contre.
Contredire, contredit, v.
dire 2.
Contrée, i'. contre.
Contre-épreuve, v. probe.
Contrefaçon, contrefac-
teur, contrefaire, contrefait,
V. faire ^.
Contrefort, v. fort.
Contremaître, v. magne'^.
Contremander, v. main *.
Contremarque, v. marque.
Contrepied, v. pied ^.
Contrepoids, v. pendre 2.
Contrepoint, v. poindre.
Contrescarpe, v. escarpe.
Contreseing, contresigner,
y. seing.
Contretemps, v. temps '.
Contrevenir, v. venir.
Contribuable, contribuer,
contribution, v. tribu.
Contrister, v. triste.
Contrit, contrition, v. tri-
turer.
Contrôle, contrôler, con-
trôleur, V. roue 3.
Controuver, i'. trope.
Controverse, controversé,
V. vers *.
Contumace, adj., du latin contiimacem, récalcitrant;
contumace, subst., de contumacio..
Contusion, v. contondant.
Convaincre, v. vaincre.
Convalescence, convales-
cent, V. valoir.
Convenable, convenance,
convenir, convention, con-
ventionnel, conventuel, v.
venir.
Converger, doù convergent, convergence, est formé
comme diverger, d'où divergent, divergence, sur le verbe
latin vergere, incliner.
Convers , conversation ,
converser, conversion, con-
vertible, convertir, conver-
tissement, v. vers *.
Convexe, convexité, v.
voie 1.
Convict , conviction , v.
vaincre.
Convier, convive, v. vivre^.
Convocation, v. voix.
Convoi, V. voie 3.
Convoiter, doù convoiteux, convoitise, a été formé sur
l'adjectif latin cupidum, passé dans la langue sous la forme
savante cupide, d'où cupidité. Cet adjectif vient lui-même
du verbe cupire, désirer, auquel se rattache le nom du dieu
Cupidon, et qui, avec le préfixe cum- et le suffixe inchoatif,
a formé le nouveau verbe concapiscere, doù concupiscence.
Convoler, v. voler 3.
Convoquer, v. voix.
Convoyer, convoyeur, v.
voie 3.
Convulsé, eonvulsif, convulsion (d où convulsion-
naire) se rattachent au verbe composé latin convellere, supin
14â DtCTiONNAiRE ÉTYMOLOGIQUE [Coquelourde
convulsain, qui signifie arracher complètement, ébranler
violemment. Il y avait aussi le composé revellere, supin
revulsum, tirer violemment en arrière, d'où viennent les
mots savants révulsion et révulsif. Ajoutez évulsion,. arra-
chement, qu'il faut rapprocher du composé d'origine ita-
lienne svelte (d'où sveltesse), proprt arraché, dégagé au
figuré.
Coopérateur, coopératif, Cooptation, v. opter.
coopération, coopérer, v. Coordination, coordonner,
œuvre. v. ordre.
Copahu, mot brésilien.
Copain, v. pain. Copeau, origine douteuse.
Copie, d'où copier, copiste, recopier, vient du latin copia,
qui a produit aussi copieux et qui signifie proprt abondance;
les copies multiplient l'original. Dans ce mot, le c est ce qui
reste du préfi.ve co-; Vo s'est confondu avec l'o initial de op,
qui représente la racine quon retrouve dans opulent, d'où
opulence, et dans opime et le latin optimum (d'où optimiste),
qui, avant de marquer rexcellence, marquaient l'abondance.
Optimum et optime ont servi de superlatif à bonum, bon, et
à beiie, bien; Toptimisme est la disposition d'esprit à trouver
que tout va très bien.
Copieux, copiste, v. copie. Copulatif, copule, v. aptc'^.
i. Coq, cocotte, coquerico (comparez caqueter), onoma-
topées servant à désigner l'une le coq, l'autre la poule, la
troisième le chant du coq. Cette dernière, altérée en coque-
licot, sert à nommer la fleur qui, par sa couleur et la façon
dont elle se dresse, rappelle la crête du coq. Dérivés de coq :
l'adjectif coquet, d'où coqueter, coquetterie ; le substantif
cochet, jeune coq; cocarde (assimilation avec la crête).
2. Coq, dans « iriaître coq », v. cuire.
Coque, coquille (d'où coquillage), grec konkhê, konkhu-
lion. Conque {v. congé) est un doublet et cocon un dérivé
provençal de coque. Un coquetier sert à manger les œufs à
la coque; les marchands dits coquetiers vendent des œufs.
Recoquiller (proprt retrousser en forme de coquille) a été
amalgamé avec vrille dans la foime recroqueviller. V. cuiller.
Coquecigrue, origine in- Coquelourde, origine incon-
connue. nue.
Coquelicot, v. coq.
Corbeau] du français. 143
Coqueluche, origine inconnue. Le sens primitif est capu-
chon. Comparez « être la coqueluche de quelqu'un » et
u être coiffé de quelqu'un ». Une espèce de toux épidémique
a pris le nom du capuchon, dit coqueluche, dont on se
couvrait la tête quand on en était atteint.
Coquemap, d'origine incertaine, peut-être apparenté à
cuire.
• Goquerico, coquet, coque- Coquetterie, v. coq.
ter, u. coq. Coquillage, coquille, u. co-
Coquetier, y. coque. que.
Coquin, d'où coquinerie, acoquiner, origine inconnue.
Cor, jadis corn, vient du latin cornu, dont le pluriel a
produit notre féminin singulier corne. Cf. cerf. Un cerf
« dix cors » a dix cornes, dix andouillers. Un cor, instru-
ment de musique, est originairement une corne évidée. Les
cors aux pieds sont une matière cornée.
Dérivés de corn ou corne : cornet, proprt petite corne ou
petit cor; corniche au sens de petite corne, et son dérive
cornichon; cornette. coifTure et pavillon dont les extré-
mités forment deux pointes; Tadjectif cornu et le substantif
féminin cornue, vase à col recourbé; le substantif cornée
désignant une membrane ayant l'aspect de la corne; corna-
line, pierre précieuse; cornard; le verbe corner.
Composés : encorné; licorne, altération du latin unicor-
nem, à une corne; bicorne; biscornu, employé au figuré
avec une idée péjorative qui se rattache au préfixe bis]
tricorne; cornemuse où muse (v. ce mot) a le sens de
musette; écorner (d'où écornifler), dont une acception
retient un sens ancien, aujourd'hui disparu, du mot cor, le
sens de « coin »; racornir, d'où racornissement.
Corail, latin coralliuni.
Coran, jadis alcoran {v. al-), vient de l'arabe qorani qui
signifie lecture; comparez Écritures désignant les livres
saints des chrétiens. An quarante semble être une déforma-
tion d'akoran, dans la locution « s'en moquer comme de
Van quarante ».
Corbeau est un diminutif du vieux français corp, latin
corvunj, que l'on retrouve dans cormoran, proprt corbeau
marin, jadis corniaran (la désinence est germanique, cf.
chambellan). Un autre dérivé, corbin, se retrouve dans « bec
de corbin ». Composé : encorbellement (de corbeau, pierre
saillante). Même racine que dans corneille.
144 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [CofpS
Corbeille, latin corbicula. Dérivé : corbillon. Un autre
mot latin de même racine, corbita, auquel se rattache cor-
vette, avait le sens de bateau en forme de corbeille.
Corbillard, v. noms propres Gorbin, v. corbeau.
(Mots tirés de). Corbleu, v. Dieu.
Corbillon, v. corbeille.
Corde, grec khordê, corde en boyau. Dérivés : cordeau et
cordelle, d'où cordelette et cordelier (une cordelière est
une corde comme en portent les Cordeliers); cordon, d"où
cordonnet; cordage; cordier, d'où corderie; corder, d'où
décorder. Gourdin, d'origine italienne, a eu le sens de
corde pour frapper les forçats. Monocorde, v. moine.
Cordial, cordialité, v. cœur. Cordier, cordon, cordon-
net, V. corde.
Cordonnier, jadis cordouanier, devenu cordonnier sous
l'influence de cordon, proprt ouvrier en cuir de Cordoue;
dérivé : cordonnerie.
Coriace, v. cuir.
Coriandre, grec koriandron, « qui sent la punaise ».
Corme et cormier, peut-être du grec komaron, arbouse.
Cormoran, v. corbeau.
Cornac, mot hindou.
Cornaline, cornard, corne, corné, cornée, v. cor.
Corneille, latin cornicula. Cf. corbeau.
Cornemuse, corner, cor- Cornouiller, v. cerise.
net, cornette, 1. Corniche, Cornu, cornue, v. cor.
V. cor. Corollaire, corolle, v. cou-
2. Corniche, terme d'archi- ronne.
lecture, origine inconnue. Corporal, corporation, cor-
Cornichon, u. cor. porel, v. le suivant.
Corps, du latin corpus, entré tel quel en français au
sens de recueil. Dérivés populaires : corsage, corset (doù
corsetier), corselet; 'corser, proprt donner du corps.
•Dérivés savants : corpuscule; corpulent et corpulence;
corporal, linge sur lequel on dépose Thostie consacrée,
corps du Christ (le génitif latin est corporis); corporel; cor-
poration, d'où corporatif. Composé : incorporer, d'où incor-
poration.
I
Cote] DU FRANÇAIS. 14 D
Corpulence, corpulent, Correspondance, corres-
corpus, corpuscule, i'. corps. pondre, v. époux.
Correct, correcteur, cor- Corridor, v. courir.
rectif, correction, correction- Corriger, w. régir ^.
nel, corrégidor, v. régir '^. Corroborer, v. rouvre.
Corrélatif, corrélation, v,
offrir 2.
Corroder, d'où corrosif, se rattache au verbe latin
rodere, ronger, par lequel on a tenté aussi d'expliquer notre
verbe ronger (v. ruminer). Composé avec un autre préfixe :
érosion. A cette famille appartient aussi le mot rostrum, bec,
éperon de navire, en français rostre. Les rostres, c'était la
tribune ornée d'éperons de navires.
Corrompre, v. rompre. Corrosif, v. corroder.
Corroyer (dérivé : corroyeur) signifie proprt préparer,
d'où, par restriction et peut-être par fausse étymologie,
préparer le cuir. Le mot est de la même famille que le vieux
français arroi (préfixe ad-), arrangement, sur lequel nous
avons fait désarroi. La racine est d'origine germanique. On
a la même dans gréer (cf. ail. *gereiten), garnir un navire,
d'où agrès, et dans rade (angl. road), proprt lieu où on
prépare les navires.
Corrupteur, corruption, v. Corselet, corser, corset,
rompre. corsetier, v. corps.
Corsage, v. cor'ps. Cortège, v. cour.
Corsaire, v. courir. Corvée, v. rogations.
Corvette, v. corbeille.
Coryphée, proprt « chef » des chœurs, se rattache au
mot grec koruphê, sommet de la tête.
Coryza, grec koruza.
Cosmétique d'une part, cosmographie et cosmopolite
d'autre part, se rattachent au même mot grec kosmon, qui
signifie proprt ordre, d'où ordre dans la tenue, toilette, et
ordre dans l'univers, l'univers lui-même. Cf. monde. Sur les
éléments -graphie et -polite, v. graphie * et police 1 .
Cosse, d'où écosser, origine douteuse, le mot est peut-
être apparenté à cotte. Le dérivé cossu signifie proprt bien
fourni, comme une plante abondante en cosses, d'où : témoi-
gnant d'une grande aisance.
Costume, costumer, costumier, u. coutume.
Cote vient de quota, dérivé du latin quot, qui lui-même
DICT. KTY.M. FRANC. 10
146 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [CottC
se rattache au pronom relatif et interrogatif qui et signifie
« quel nombre? ». La cote (d'où coter) indique quel est le
nombre, le chiffre des impôts, d'un niveau, d'un classe-
ment, d'une vente au cours du jour; c'est en somme
l'emploi substantif de l'adjectif conservé avec l'orthographe
latine dans quote-part. Dérivés : quotité, cotiser d'où
cotisation; quotient, dont le sens propre est u combien de
fois ». Dans quotidien, où entre le mot di, jour (u. jour),
l'adjectif signifie non plus « en quel nombre » mais « en
tel nombre »; un fait quotidien se produit tant qu'il y a de
jours, chaque jour.
Côte, jadis caste, du latin costa, qui signifie côte de la
poitrine, d'où, par comparaison, chacun des flancs d'une
colline et le rivage battu par le mouvement des flots, qui
est comme la respiration de la mer. Au sens de côte de la
poitrine, ou à l'image directe qu'on en peut tirer, se ratta-
chent le diminutif côtelette et l'adjectif côtelé, drap
côtelé. Au sens de pente de colline se rattache le diminutif
coteau. Au sens de côte de la mer se rattachent l'adjectif
côtier et le verbe côtoyer, au propre et au figuré. Le
dérivé côté désigne l'une des deux régions des côtes, d'où
l'une des faces d'un objet. Accoster, qui nous est venu par
l'italien, est à coste, côte, ce qu'aborder est à bord; mais ce
verbe a eu aussi le sens de « être à côté de ». Autre composé :
intercostal.
Coteau, côtelé, côtelette, Coter, v. cote.
V. côte.
Coterie se rattache au vieux français cote, cabane (cf.
anglais cot et cottage). 11 désigne originairement une asso-
ciation de paysans détenant en commun un héritage.
Côtier, v. côte. Cotillon, v. cotte.
Gotignac, v. coing. Cotisation, cotiser, v. cote.
Coton, mot arabe. Dérivés : le substantif et l'adjectif
cotonnier; cotonnade; cotonneux. Hoqueton, casaque de
coton, jadis auqueton, alcoton, n'est autre chose que coton
précédé de l'article arabe.
Côtoyer, v. côte. Cottage, v. coterie.
Cotte, origine germanique (cf. cosse). Dérivé : cotillon.
L'anglais coa/, qui vient de cotte, se trouve dans riding-coat,
que nous avons altéré en redingote, proprt vêtement pour
aller à cheval, cf. reître.
Couler] DU français. 147
CotYlédon, grec kotuledona, proprt creux, écuelle.
Dérivés : acotylédone (a- privatif) ; monocotylédone, v.
moine; dicotylédone, v. bis-.
Cou-, préfixe, v. com-. Couchage, couchant, cou-
Cou, V. col. che, coucher, couchette, cou-
Couard, couardise, y. gueue. cheur, r. lieu.
Couci couça, transformation de « comme ci, comme
ça )), sous rinfluen(î^ de l'italien cosi = ainsi.
Coucou et cocu, onomatopée qui se retrouve en grec
[v. coccyx), en latin, en allemand, en anglais.
Coude, latin cabitum. Dérivés : coudée; couder; cou-
doyer, doù coudoiement. Le nominatif latin cubitus sert à
désigner le gros os de Tavant-bras; dérivé : cubital.
Coudre, jadis cousdre, vient de consacre dont le supin
est consutani (d'où coustare, couture, et, sans le préfixe,
suture). Dans ce verbe, le d est une lettre euphonique qui
s"est intercalée jadis entre Vs du radical et l'r de la flexion.
Sous la forme actuelle il ne reste plus trace du radical,
représenté par su dans suture ; il n'y a plus que le préfixe
cou- et la désinence -re avec l'ancienne lettre euphonique,
mais on retrouve Vs du radical dans cousant, cousu, etc.
Composé : découdre. Dérivés de couture : couturier, couturé.
Coudrier, dérivé du vieux français coudre, latin corulum
altéré en colurum dans le latin populaire. Autre dérivé :
coudrais, lieu planté de coudres ou coudriers.
Couenne. Le latin avait deux mots pour désigner la peau
(outre corium, cuir, pour la peau apprêtée) : cuteni et
pellem. Du premier il nous reste le dérivé savant cutané,
d'où sous-cutané, et le dérivé populaire couenne, qui
s'applique à la peau de porc flambée et raclée et aux fausses
membranes de la gorge, d'où « angine couenneuse ». Sur
le second, v. peau.
— Il y avait aussi deux mots grecs, diphthera et derma,
d'où diphtérie et épiderme, pachyderme (proprt à la peau
épaisse).
Couette, latin culcita ; une autre forme, coûte, se trouve
dans coutepointe (couette piquée), déformé en courtepointe.
Coutil, étolîe pour couettes.
Couler se rattache au latin colum, filtre. Le sens primitif
est faire passer un liquide, par exemple couler du bronze,
et, par figure, couler des jours heureux, puis, intransitive-
ment, passer en parlant d'un liquide, avec différentes accep-
148 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [CoUpe
tions figurées. Dérivés : coulant, coulée; l'adjectif et le
substantif coulis (on retrouve lidée du filtrage dans coulis
d'écrevisses, etc.); coulisse pour faire couler ou glisser un
rideau, un décor, d'où le sens d'arrière-scène, et, par com-
paraison, de partie de la Bourse réservée aux courtiers, aux
coulissiers; coulage ; couloir, qui sert à couler ou à passer.
Composés : écouler, d'où écoulement; découler.
Couleur vient du latin colorem, d'où colorer, coloris,
colorier, coloration, coloriste, tricolore, multicolore,
décolorer, incolore.
Le mot grec signifiant couleur est khrôma, génitif khrô
matos, d'où chromolithographie, lithographie en couleur,
polychrome, exactement formé en grec comme multicolore
en latin, bien que les deux mots aient pris, comme il est
naturel, des acceptions un peu dilférentes. On passe, par
figure, des couleurs aux sons dans « gamme chromatique »
et des sons aux couleurs dans <( gamme de couleurs ».
Couleuvre, latin colabra ; dérivé coulevrine, canon
allongé.
Coulis, coulisse, coulisser, coulissier, couloir, u. couler.
Coup nous vient, par le latin, du grec kolaphon, proprt
coup de poing, puis coup en général. Couper, c'est proprt
partager en donnant un coup. Substantif verbal coupe (d'un
bois, etc.). Substantifs participiaux : coupé (en quelque sorte,
moitié de voiture), coupée, coupant. Dérivés : couperet;
coupeur, coupage ; coupure, coupon. Composés : découper,
entrecouper, surcouper. Composé de coup : beaucoup;
avoir beaucoup de livres, c'est avoir « un beau coup », une
belle quantité, de livres; tout à coup, proprt tout à fait sur
le coup.
Coupable, dérivé du verbe latin culpare (d'où culpabi-
lité), dont nous avons des composés savants dans disculper
et dans inculper, d'où inculpation. Culpare vient lui-même
du substantif culpa, faute, en vieux français colpe^ employé
archaïquement sous la forme coulpe; voyez meâ-culpâ au
mot me.
Coupage, 1. Coupe, v. coup.
2. Coupe, vase, vient du latin cuppa, dont une autre
forme, cupa, a produit cuve, d'où cuvette, cuvier, cuvage,
cuver, cuvée, encuver. A coupe se rattachent coupelle, et
coupole qui nous vient d'Italie; composé : soucoupe.
Courir] DU FRANÇAIS. 149
Coupé, coupée, v. coup. Couple, coupler, couplet.
Coupelle, V. coupe. v. apte ~.
Couper, couperet, v. coup. Coupole, v. coupe.
Couperose, v. cuivre. Coupon, coupure, r. coup.
Coupeur, v. coup.
Cour, doublet de cohorte, vient du latin cohortem (dont
la seconde partie est sans doute apparentée à horlam, jardin,
que nous avons dans horticulture). Le latin cohortem
signifie proprt enclos, d'où division du camp, puis division
de la légion. Le sens primitif du mot cour est donc celui
qu'il a conservé dans « cour de maison, basse-cour ». Par
connexion, il a désigné une ferme, un domaine rural, le
domaine royal des mérovingiens, enfin la résidence et l'en-
tourage d'un souverain. On a d'abord écrit (et prononcé)
court, d'où le vieux mot courtil, « jardin à la campagne »,
qui a formé courtilière, nom d'un insecte qui ravage les
jardins. Autres dérivés : courtois, d'où courtoisie et dis-
courtois; courtisan, courtisane, courtiser. Le mot cor-
tège, d'origine italienne, désigne une escorte d'honneur,
rappelant une cour princière. Les Cours, en Espagne, les
Cartes, étaient les Etats royaux.
Courage, courageux, v. Courbature, courbaturer,
cœur. V. battre ^.
Courant, v. courir.
Courbe, latin curviim. Dérivés : courbette, courber,
courbure. Composé : recourbé. Composé savant : curviligne,
à lignes courbes.
Courge. Le latin populaire devait avoir une forme *cuc«r-
bica, qui a donné courge, à côté de cucarbita, qui a donné
courde, devenu gourde. Dérivé savant : cucurbitacées.
Courir. Le latin currere, supin cursum, a d'abord donné
courre (conservé dans : chasse à courre), dont nous avons
fait courir, d'où coureur, courrier, corridor, d'origine ita-
lienne (comparez couloir), et courtier, jadis courretier,
courtage, dont l'acception s'explique par l'idée de courir de
l'un à l'autre. Un dérivé latin de currere, currum, avait le
sens de char, d'où curriculum, carrière.
— Dérivés du supin cursum : les substantifs cours et
course, d'où coursier; les mots savants curseur, cursif, et
le mot d'origine italienne corsaire.
— Composés de courir : accourir, courir vers: concourir,
courir avec, d'où concours et les mots savants concurrent,
150 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [CoUtil
concurrence ; discourir, — d'où discoureur, discours, dis-
cursif, — proprt courir de divers côtés, au figuré parler de
diverses choses, traiter les diverses parties d'un sujet;
encourir, proprt courir sur, s'exposer à, dérivé savant
incursion; parcourir, d'où parcours; recourir, proprt
revenir en courant, d'où recours; secourir, proprt courir
sous, venir à l'aide, d'où secourable, secours et le mot
savant succursale. Mots composés qui n'ont pas en français
dïnfinitif correspondant : décours, proprt course de haut
en bas, décroissance; excursion, course en dehors; précur-
seur, qui court devant; occurrence, événement qui proprt
court au-devant de nous, se présente à nous (comparez
occasion au mot choir).
— Sur les mots d'origine grecque exprimant l'idée de
courir, v. dromadaire.
Courlis, onomatopée.
Couronne, latin corona. Dérivé : couronner, d où couron-
nement, découronner. Corolle est un diminutif de couronne,
d'où corollaire qui a en latin le sens de couronne donnée
en gratification, et en français le sens figuré de « couronne-
ment », conséquence, d'un théorème.
Courre, courrier, v. courir.
Courroie, latin corrigia.
Courroucer, courroux, v. Cours, course, coursier, v.
rompre. courir.
Court, latin cur/izm. Dérivé: courtaud. Composés écourter,
raccourcir, d'où raccourcissement; sur courbature, v.
battre ^.
Courtage, v. courir. Courtier, v. courir.
Courtaud, v. court. Courtil, courtilière.u. cour.
Courtepointe, v. couette.
Courtine, latin cortina.
Courtisan, courtisane, 1. Cousin, y. sœur.
courtiser, courtois, courtoi-
sie, V. cour.
2. Cousin, moustique, se rattache au latin ciilicem.
Coussin, coussinet, u. cuisse. Coûter, coûteux, v. ester ^.
Coût, V. ester -. Coutil, v. couette.
Couteau, coutelas, coute-
lier, coutellerie, v. coutre.
Couvrir] DU FRANÇAIS. loi
Coutre, latin cultrum, dont le diminutif c«//e//Hm a donné
couteau. Dérivés de couteau : coutelier, d'où coutellerie ;
îoutelas.
Coutume et le doublet d'origine italienne costume,
proprt vêtement adopté par lusage, se rattachent au verbe
latin suescere, supin suetum^ qui parait se rattacher lui-
même à suum, sien, et signifier « reconnaître comme étant
sien, comme lui étant propre », d'où s'habituer à. Dérivés
et composés de coutume et costume : l'adjectif et le substantif
coutumier, le verbe accoutumer, et inaccoutumé; costu-
mier, costumer.
— Le verbe suescere avait un composé avec de-, supin
desuetum, d'où le néologisme désuet et désuétude (la
forme savante de coutume, latin consuetudinem, serait *con-
suétude). La mansuétude (mot composé avec manum, main)
est la qualité qui consiste proprt à être habitué à la main,
apprivoisé, doux. Un dérivé latin *mansuetmum a donné en
formation populaire mâtin, proprt chien apprivoisé, d'où
mâtiné, provenant d'un croisement avec un matin.
Couture, couturer, coutu- Couvent, v. venir.
rier, v. coudre.
Couver vient du latin cubnre, qui signifie être couché,
d'où les composés savants incubation, concubine et concubi-
nage. La poule qui couve, la couveuse, est <( couchée ^) sur
les œufs pour les faire éclore. Couver s'emploie intransitive-
ment au figuré dans le sens de : être dans la période qui
précède l'éclosion (le feu couve sous la cendre). Le mot
savant incube désigne un démon qui est couché sur sa vic-
time endormie. Comparez cauchemar au mot chausse. Il y a
en latin des composés de cubare sous une forme nasalisée,
incumbere, succumbere, en français incomber, succomber.
Succomber, c'est proprt se coucher dessous, tomber sous :
une obligation qui incombe à quelqu'un « pèse sur lui ».
Couvercle, couvert, couverture, couvreur, v. le suivant.
Couvrir, du latin cooperire, formé sur operire; ce der-
nier a produit notre verbe ouvrir (v. ce mot), mais il avait
en latin le sens de « fermer », d'où l'on passe facilement
au sens de « couvrir ». Dérivés et composés : couvercle,
couverture, couvreur; découvrir et découverte; recou-
vrir. A noter les restrictions successives par lesquelles le
substantif participial couvert est arrivé à signifier à la fois ;
1^2 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [CraSSeux
tout ce dont on couvre une table pour le repas (mettre le
couvert), Tassiette, le verre, les cuillères, fourchettes et cou-
teaux d'un convive (enlever un couvert), enfin la cuillère et
la fourchette seules (une douzaine de couverts).
Coxalgie, v. cuisse.
Crabe, origine germanique, ail. krabbe.
Cracher, origine germanique. Dérivés : crachat, crache-
ment, crachoir, crachoter; recracher, rendre en crachant.
Sur les mots du latin et du grec qui avaient ce sens, v. cons-
puer.
Craie vient du latin creta, d'où crétacé. Dérivés popu-
laires : crayeux, crayon, d'où crayonner, crayonnage
Craindre, d'où crainte et craintif, vient du latin tre-
mere, trembler, d'où l'adjectif tremulum, qui, employé subs-
tantivement, a produit le mot français tremble, nom
d'arbre, et le mot italien trémolo, terme musical. Sur tre-
mulum a été fait *tremulare, qui a produit trembler, d'où
tremblement, trembleur, trembloter. La substitution d'un
c au ^ initial dans craindre reste inexpliquée. — Le verbe
latin qui signifiait « craindre )>, timere, et le substantif
timorem ne nous ont laissé que timide, d'où timidité,
intimider, intimidation, et timoré.
Cramoisi, v. kermès.
Crampe, mot d'origine germanique (angl. cramp), dont le
sens primitif est « recourbé ». Dérivé : crampon, d'où cram-
ponner.
Cran, entaille, se rattache au latin populaire crena.
Dérivé : créneau, d'où crénelé.
i. Crâne, subst., grec kranion. Cf. cerf. Dérivé : crânien,
et aussi migraine, pour *hémigraine {v. semi-), douleur qui
prend la moitié de la tête.
2. Crâne, adjectif, d'où crânerie, origine douteuse.
Crapaud a été rattaché à divers radicaux germaniques.
La crapaudine est une façon d'accommoder le pigeon en
l'aplatissant comme un crapaud.
Crapule, du latin crapula, ivresse, emprunté au grec.
Dérivé : crapuleux.
Craquer, onomatopée. Dérivés : craquement; craquelé,
fendillé; craquelin, gâteau craquant.
Crase, v. cratère. Crasse, crasseux, v. gras.
Crêpe] DU FRANÇAIS. 153
Cratère, du grec kratêr, grande coupe où Ton mélangeait
Teau et le vin. Le sens de grande coupe doù sort un
mélange explique la signification française.
— Lidée de mélange, exprimée par la racine de cratère, se
retrouve dans le terme grammatical crase. Idiosyncrasie,
tempérament (proprt mélange) particulier, v. idiome. On a
la même racine dans sincère, latin sincerum, d'où sincérité,
proprt sans mélange, v. sans. Sur hypocras, v. ce mot.
Cravache, doù cravacher, ail. karbatsche.
Cravate, v. noms propres Gréatine, v. chair.
(Mots tirés de). Créateur, création, créa-
Grayeux, crayon, crayon- ture, v. créer.
ner, i'. craie. Crécelle, origine incertaine.
Créance, créancier, v.
croire.
Crèche, origine germanique.
Crédence, crédit, créditer, credo, crédule, crédulité, u.
croire.
Créer, latin creare. Dérivés : créateur, création, créa-
ture. Composé récréer, proprt redonner la vie, puis sauver
de lennui, doù récréation, récréatif. Autre composé : pro-
créer, doù procréation. Creare a engendré le verbe cres-
cere, croître, la croissance étant une conséquence de la
création.
Crémaillère, origine dou- Crémation, v. brûler.
teuse.
Crème se dit en latin cremorem. Dérivés : crémeux, cré-
mier, crémerie, crémer. Composé écrémer, d'où écrémage.
Crémone désigne un système de fermeture dont on usait
à Crémone et aussi en Espagne, d'où le double nom de
crémone et d'espagnolette.
Créneau, crénelage, crénelé, v. cran.
Créole, espagnol criollo.
Créosote, v. chair.
Crêpe, du latin crispum, qui a produit aussi le verbe
savant crisper, d'où crispation. Crêpe désigne à la fois une
étoffe et une pâle ondulée, et s'emploie au masculin dans un
sens, au féminin dans l'autre. Dérivés : crépu, crépon, cré-
pine, crépinette; crêper, doublet de crisper; crépir auquel
se rattachent le substantif participial crépi, le nom d'action
crépissage et le composé décrépir. Sur décrépit, v. crever.
154 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [CrîSSCr
Crêper, crépi, crépine, cré- Crépitation, crépiter, v.
pinette, crépir, crépissage, crever.
V. crêpe. Crépu, v. crêpe.
Crépuscule, d'où crépusculaire, latin crepusculam.
Crescendo, v. croître.
Cresson, d'où cressonnière, cf. allemand kresse.
Crétacé, v. craie.
Crête, latin crista.
Crétin, forme dialectale (avec sens péjoratif) de chrétien;
dérivés : crétinisme, crétiniser.
Cretonne, v. noms propres (Mots tirés de).
Creux, d'où creuser, origine inconnue; creuset, jadis
croiset, a été rapproché de creux par fausse étymologie.
Crever, du latin crepare, supin crepitum, éclater. Dérivé
français crevasse, d'où crevassé. L'adjectif participial com-
posé decrepitum a produit décrépit, lézardé, d'où décrépi-
tude. Dérivé latin de crepare : crepitare, français savant
crépiter, d'où crépitation.
Crevette, v. chèvre. Crible, cribler, v. certain *.
Cri, criailler, criaillerie. Cric, origine douteuse.
criard, u. crier.
Cricri, onomatopée.
Crier, du latin quiritare, proprt appeler à son aide les
« quirites », les citoyens. Substantif verbal cri, substantif
participial criée. Dérivés : criéur, criard, criailler, d'où
criaillerie. Composés : décrier, d'où décri, proprt crier la
déchéance de quelqu'un ou de quelque chose; s'écrier; se
récrier, réagir en s'écriant.
Crime, latin crimen, génitif criminis. Dérivés : criminel,
criminalité, criminaliser, criminaliste. Composés : incri-
miner, accuser; récriminer, proprt retourner une accusa-
tion, se plaindre de son côté, doù récrimination.
Crin, latin crinem, dérivé crinière; composé crinoline,
proprt jupe faite avec un tissu de crin et lin.
Crique, mot d'origine Scandinave, anglais creek.
Criquet, onomatopée.
Crise, v. critérium. Crispation, crisper, u.
crêpe.
Crisser, onomatopée.
Croître] du français. 1-J5
Cristal, grec kriistallon, proprt glace. Dérivés : cristallin
(transparent ou sonore comme le cristal), cristallerie, cris-
talliser. Cf. croûte.
Critérium oa critère, crise et critique se rattachent au
verbe grec krinein, apparenté au latin cernere [v. certain),
qui signifie distinguer et décider. Cne crise est un moment
critique, décisif. Un critérium permet de « distinguer » le vrai
du faux. La critique « décide » de la valeur des œuvres, en
fait ressortir les défauts, d'où le sens habituel de critiquer
et de critiquable. Un signe diacritique sert à distinguer.
Dans hypocrite (proprt acteur), hypocrisie (jeu d'un rôle),
toute la valeur de lexpression réside dans le préfixe
hypo = sous ; cf. les locutions : être en dessous, se cacher
sous un masque.
Croasser, onomatopée.
Croc, origine douteuse. Dérivés : croche, crochu, crochet,
d'où crocheter, crocheteur, crochetable, crochetage; et
crosse, proprt bâton recourbé, doù crosse et crosser. Com-
posés : accrocher, raccrocher, d'où accroc, raccroc;
décrocher; anicroche, mot dont la première partie reste
obscure; et le composé italien escroquer (d'où escroc,
escroquerie), qu'on pourrait aussi rattacher à croquer.
Crocodile, grec krokodilon.
Croire, du latin credere [v. cœur), supin creditum. Le sens
primitif de ce verbe est : avoir confiance. La forme credo,
« je crois ». est entrée en français comme nom d'une prière,
et, au figuré, avec le sens de profession de foi. Substantif
participial crédit (et discrédit), doù créditer, discréditer et
accréditer. Le dérivé latin credentia a donné une triple
forme : crédence (emprunté à l'italien), nom de la table sur
laquelle se faisait l'essai des mets pour donner confiance au
seigneur, créance, d'où créancier, et croyance. A rapprocher
de créance, au point de vue de la forme, le composé mécréant.
Autres dérivés : croyable et incroyable ; crédule, latin
credulum, d'où crédulité, incrédule, incrédulité. L'ancienne
langue avait le composé se recroire, se rendre à merci, d'où
recru, épuisé de fatigue, et récréance, proprt remise.
Croisade, croisée, croise- ment, croiseur, croisière,
croisillon, v. croix.
Croître, du latin crescere {v. créer), supin cretum. Le
gérondif de ce verbe, crescendo (en augmentant), et son com-
456 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [CrottC
posé decrescendo sont entrés tels quels dans la langue
musicale, d'abord en italien. Dérivé : croissance.
— Substantif verbal croît, dont nous employons surtout le
composé surcroît. — Substantifs participiaux : croissant,
forme de la lune pendant qu'elle croît; cru, terroir où croit
la vigne (les bouilleurs de cru distillent les produits de leur
propre cru); crue, augmentation d'une rivière.
— Composés : accroître, d'où accroissement; décroître,
d'où décroissance; recroître, d'où recrue, proprt augmen-
tation nouvelle (d'une troupe), et recruter, recruteur,
recrutement. Nous n'avons pas * concroîlre, mais nous avons
l'adjectif concret, fait sur le supin, dont le sens propre est :
formé par agrégation, d'où consistant, réel. A défaut
d'*eœ croître, nous avons excroissance. Le t de croître
s'explique comme le d de coudre, v. ce mot.
Croix vient du latin cracem, d'où crucifère {v. offrir''^),
crucial, en forme de croix, et crucifix, crucifier {v. ficher).
Dérivés : croisillon, croiser. Substantif participial : croisée,
fenêtre en croix et croisement de chemins, dont le doublet
croisade se rattache à un sens spécial de « se croiser ».
Dérivés de croiser : croisement; croiseur, bâtiment qui
circule en croix, et croisière, expédition d'un ou de plusieurs
croiseurs. Composé : entre-croiser.
Croquer, onomatopée, se dit, particulièrement au par-
ticipe présent, de ce qui fait un bruit sec sous la dent, et
signifie surtout manger une chose croquante, opération dont
la _rapidité explique l'emploi figuré du verbe au sens de
prendre un paysage ou une figure en quelques traits de
crayon ou quelques coups de pinceau, d'où le dérivé croquis.
« Joli à croquer )> signifie proprt appétissant, joli à manger
de caresses, et non pas, comme on l'a dit, joli à peindre. Un
croque-mort vit des morts, et un croque-note de la musique ;
on ne sait pas quel est le second élément de croquemitaine.
Les paysans révoltés qui se battaient au cri de « sus aux
croquants », c'est-à-dire sus aux mangeurs du peuple,
auraient été appelés eux-mêmes croquants par allusion
plaisante à leur cri de ralliement, et telle serait l'origine de
notre substantif croquant, homme de rien. Une croquette
est une boulette croquante. Sur escroquer, v. croc.
Croquignole, origine incon- Croquis, v. croquer.
nue. Grosse, crosser, v. croc.
Crotte, origine inconnue. Dérivés et composés : crottin,
Crypte] du français. 157
crotter; décrotter, doù décrotteur. décrottoir et indécrot-
table.
Crouler, v. roue 3.
Croup, origine écossaise.
Croupe, origine germanique, cf. ail. kropf. Dérivés :
croupion; croupière; croupier, proprt celui qui monte en
(Toupe, d'où : celui qui assiste ou remplace le banquier dans
une maison de jeu; croupir, proprt se tenir sur sa croupe
d'où s'accroupir), puis rester accroupi dans la saleté, se
corrompre faute de mouvement. Le radical germanique, qui
signifie proprt masse arrondie, a produit aussi l'italien
groppo, d'où vient notre mot groupe, dérivé grouper, doù
groupement.
Croustade, croustillant, v. le suivant.
Croûte, du latin crasta, qui signifie proprt glace (com-
parez cristal), la glace formant comme une croûte au-dessus
de l'eau. Dérivés savants : crustacé; incruster, d'où incru-
station, proprt mettre comme dans une croûte, ou garnir
comme d'une croûte. Le doublet populaire d'incruster est
encroûter. Dérivés populaires : croûton, et les mots d'ori-
gine méridionale croustade, croustillant (croquant comme
une croûte, appétissant, comparez/ria/id).
Croyable , croyance , v. 1. Cru, « lerroir », u. croître,
croire.
2. Cru, adjectif, latin crudum, d'où nos mots savants :
crudité; recrudescence, retour à l'état cru, vif, Crudiim
est apparenté au grec kreas, v. chair. Dérivé d'origine popu-
laire : cruel, proprt d'une nature crue, qui n'a pas subi d'atté-
nuation, barbare, d'où cruauté. Composé : écru, qui est dans
son état naturel.
Cruche, origine germanique, ail. krug; dérivé : cruchon.
Crucial, crucifère, cruci- Crue, u. croître.
fiement, crucifier, crucifix. Cruel, u. cru 2.
crucifixion, v. croix. Crural, v. jambe.
Crudité, v. cru 2. Crustacé, v. croûte.
Crypte se rattache à l'adjectif grec krupton, caché,
d'où cryptogame {v. bigame), cryptographie, écriture
cachée [v. graphie^). Grotte, doublet de crypte, nous vient
de l'Italie, comme grotesque, dont le sens primitif est :
bizarre comme certains ornements trouvés dans les grottes
158 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Cuivre
(on appelait ainsi les ruines enfouies des monuments anti-
ques, notamment le palais de Titus à Rome). Apocryphe
signifie proprt caché, éloigné des regards.
Cube, grec kubon, dérivés : cubique et cuber.
Cubital, cubitus, v. coude. Cueillette, cueillir, v. lire^.
Cucurbitacées, v. courge. Cuider, v. agir^.
Cuiller, cuillère, latin cochleare, proprt instrument à
coquille, se rattache au grec kokhlon, qui signifie escargot
et coquille (cf. coque). Dérivé : cuillerée.
Cuir, latin coriam, d'où excorier, excoriation. L'adjectif
coriace et le substantif cuirasse sont faits l'un sur la forme
latine, l'autre sur la forme française du mot cuir, avec
le même suffixe diversement orthographié. Une cuirasse
(dérivés : cuirasser, cuirassier) est proprt un objet en cuir,
d'où, par spécialisation, une arme de protection en cuir;
puis ridée amenée par la spécialisation persiste seule et
l'idée primitive de cuir disparait dans l'acception extensive
actuelle. La cuirée, aujourd'hui curée, est proprt le con-
tenu du cuir de la bête, de sa dépouille, dans laquelle on
abandonnait aux chiens leur part de la chasse.
Cuirasse, cuirasser, cuirassier, v. cuir.
Cuire, du latin coquere, supin coctum (d'où les mots
savants coction et décoction). Substantif participial cuite.
Le substantif verbal latin coquus, cuisinier, a donné queux
en français, et nous l'avons aussi emprunté sous la forme
germanique coq : maître-queux ou maître-coq. Le mot latin
culina, cuisine, où la racine est moins facile à reconnaître,
a produit notre adjectif culinaire. Dérivés : cuisson; cui-
sine, d'où cuisinier et cuisiner. Composés : le mot savant
précoce, d'où précocité, qui signifie proprt cuit ou mûr
avant le temps (au latin prœcocem se rattache abricot, proprt
fruit précoce, par l'intermédiaire du bas grec, de l'arabe et
du portugais) ; charcutier, marchand de chair cuite {v. chair) ;
biscuit, proprt cuit deux fois.
Cuisse vient du latin coxa, d'où coxalgie, mot hybride
où entre le grec algos, douleur. Dérivés de caisse : cuissot,
cuissard, et aussi coussin, — iadis coissin, — d'où cous-
sinet.
Cuistre, origine incertaine. Cuite, subst., v. cuire.
Cuivre, latin cupreum^ « de Chypre ». Dérivés : cuivré et,
Cure] DU FRANÇAIS. 159
aussi, semble-t-il, couperose, par Tintermédiaire de la
forme anglaise copper.
Cul, latin culiim. Dérivés : culot; culotte, culotter,
culottier; culier (dans boyau culier) : culée, pilier contre
lequel une arche est acculée; culasse; le vieux verbe culer,
buter du derrière. Composés : acculer; reculer, d'où recul,
reculement, reculade et à reculons : éculé, dont le talon
est emporté; culbuter, dpù culbute; bousculer, d'où bous-
culade, altération de bouteciiler, faire buter le derrière;
basculer, d'où bascule, altération de bacaler, faire battre
le derrière contre le sol.
Culasse, culbute, culbuter, Culpabilité, v. coupable.
culée, culier, v. cul. Culte, cultivable, cultiva-
Culinaire, v. cuire. teur, cultiver, culture, v.
Culminant, v. colline. colon.
Culot , culotte , culotter,
culottier, v. c\jl.
Cumin, grec kiiminon.
Cumul, cumulard, cumu- Curaçao, v. noms propres
latif, cumuler, v. comble. (Mots lires de).
Cunéiforme, v. coin. Curage, u. cure'^.
Cupide, cupidité, Cupidon,
V. convoiter.
Curare, mot américain.
Curatelle, curateur, curatif, v. le suivant.
Cure, latin cura, signifie : soin, souci, — sens général
conservé dans « n'avoir cure de... ».
1. Sens dérivés par restriction : 1° soins de santé, traite-
ment, d'où curable et incurable, et « traitement curatif »
opposé à « traitement préservatif » ; 2° soin des âmes, d'où
charge du soin des âmes et fonction et habitation du prêtre
à qui cette charge est confiée. A ce second sens se rattache
le substantif curé.
— Un autre sens spécial, « soins de propreté », se mani-
feste dans le verbe curer, nettoyer, d'où curage, et dans les
noms composés tels que cure-dent. — Un curateur (terme
de droit) prend soin des intérêts d'un mineur ou d'un inca-
pable, et exerce la curatelle; comparez tuteur et tutelle.
2. L'adjectif curieux, d'où curiosité, a signifié : qui
prend soin de, puis : qui prend intérêt à, et aussi : qui
excite l'intérêt. L'incurie est l'absence de soin. La sécurité
160 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Cymbale
(d'où insécurité) est l'état de celui qui est sans souci {v. sé-
oii se-, préfixe), doublet populaire : sûreté, qui se rattache
à l'adjectif sûr, dont le sens propre est : sans souci. Par
application des lois phonétiques, le c initial de cure, con-
servé dans sécurité, a disparu dans sûr et sûreté. Composes
de sûr : assurer, d'où assurance, et rassurer (remettre en
état de sécurité), réassurer, assurer de nouveau. Une siné-
cure (le mot est emprunté à langlais) est une situation sans
souci, V. sans.
3. Composés français du verbe curer : écurer et récurer.
Composé latin passé en français : procurer, proprt prendre
soin de produire un eiïet, de fournir une chose ou une
personne. Le procureur est celui qui procure, celui à qui
on s'en remet pour différents soins. La procuration est
proprt l'action de procurer, d'où l'acte en vertu duquel
s'accomplit légalement cette action.
Curé, V. cure K Curieux, curiosité, u,cu/"e 2.
Curée, u. cuir. Curseur, cursif, v. courir.
Curer, v. cure^. Curviligne, v. courbe.
Curie, v. viril.
Cuscute, origine arabe.
Cutané, v. couenne. Cuvage, cuve, cuver, cu-
vette, cuvier, v. coupe.
Cycle, du grec kuklon, cercle, a les sens figurés de
période, de durée, et d'ensemble de poèmes sur une même
matière, dérivé cyclique. On retrouve le sens propre dans
cyclamen, plante aux feuilles arrondies, et dans les composés :
hémicycle, v. senii-; bicyclette, bicycle, tricycle. Le
substantif encyclique est léquivalent du substantif d'origine
latine circulaire, c'est une lettre destinée à circuler. Une
encyclopédie (dérivés : encyclopédique, encyclopédiste)
« englobe » l'ensemble des connaissances humaines ; le second
élément du mot, -pédie, grec paideia, signifie proprt instruc-
tion des enfants {v. pédagogie). Le mot cyclone, qui nous
vient d'Angleterre, est un dérivé de kuklon, et signifie
proprt : qui se meut en cercte. Le mot cyclope signifie : à
l'œil rond {v. voir ^) ; cyclopéen = de l'époque des Cyclopes.
Cygne, grec kuknon, proprt « le blanc ».
Cylindre, d'où cylindrer, cylindrique, grec kulindron;
calandrer, paraît être un doublet de cylindrer.
Cymbale, d'où cymbalier, grec kumbalon; composé :
clavecin, v. clou *.
Dandiner] du français. jGI
Cynégétique, cynique, cynisme, cynocéphale, t\ chien.
Cyprès, latin cypressum, grec kiiparisson.
Cystite, v. kyste.
Cytise, grec katison.
D
Da, dans « oui-da », origine Dactyle, dactylographie,
incertaine. v. doigt.
Dadais, origine inconnue.
Dague, italien et espagnol daga, peut-être du latin daca.
(épée) de Dacie.
Dahlia, v. acacia. Daigner, v. digne.
Daim, féminin daine, latin damw/n.
Daintier, v. digne.
Dais, doublet de disque, grec diskon, a d'abord signifie
plateau, puis table, puis tenture en forme de ciel de lit.
Composé de disque : discobole, v. parole -
Dalle, doù daller, dallage, origine incertaine.
Dalmatique, Daltonisme, v. noms propres (Mots tirés de).
Dam, mot savant, latin damnum, d'où indemne, sans dom-
mage, indemniser, rendre sansdommage, et indemnité, com-
pensation dun dommage. Le mot dommage, jadis damage,
est formé lui-même sur dam; dérivé dommageable; com-
posés : endommager; dédommager, qui équivaut à indem-
niser, d"où dédommagement, qui équivaut à indemnité.
— Sur damnum, le latin avait fait le verbe damnare, infliger
une peine, doù damner, dérivés damnable. damnation;
composé condamner, d'où condamnable, condamnation.
Damas, damasquiner, da- Damnable, damnation,
masser, v. noms propres (Mots damner, v. dam.
tirés de). Damoiseau, damoiselle, v.
Dame, dameret, dam,ier, dôme-.
V. dôme 2.
Dandiner, et se dandiner, se balancer c(»uime la ciocbe
qui l'ait da/j, din. Dérivé : dandin, niais.
DICT. ÉTYM. FHANÇ. 11
162 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [De
Dandy» d'où dandysme, mot anglais.
Dangereux, danger, v. Dans, v. en, A.
dôme *.
Danser, origine germanique (cf. Sappl.). Substantif verbal
danse. Dérive : danseur. Composé : contredanse, v. contre.
Dard, d'où darder, origine douteuse.
Dars:, v. arsmal.
Dartre, d'où dartreux, paraît être d'origine celtique.
Date, dater, datif, v. dé à Datte, dattier, v. doigt.
jouer 1.
Datura vient du sanscrit.
Dauber, pour doiiber, composé adouber (d'où radouber
et radoub), mot d'origine germanique qui nous vient dltalie.
Le sens primitif est frapper, puis apprêter, et, pour adoube/-,
armer chevalier en frappant du plat de l'épée. Dauber (sub-
stantif verbal daube, dérivé daubière) a passé au sens spé-
cial d'accommoder une viande d'une certaine façon, puis, au
figuré, accommoder quelqu'un de la belle manière.
Dauphin, grec delphina. Apollon était appelé Delphinios
parce qu'il était adoré sous la forme d'un dauphin, dieu
Cretois.
Davantage, v. ant- ou antê-.
De, préposition et préfixe, vient du latin de, également
préposition et préfixe, qui signifie proprt du haut de, et qui
est arrivé à marquer l'extraction (comme ex), l'origine et la
cause.
1. La forme du préfixe de- en français est souvent dé-; mais
il y a un autre préfixe dé-, dés- devant voyelle, venant de
dis- (v. ce mot), et, d'autre part, dé- est quelquefois un pré-
fixe double : de -\- é- venant d'ex. Dé-, quelle que soit son
origine, et de- ont d'ailleurs souvent la même valeur, mais
de- ou dé- correspondant au latin de- (et non pas à dis-) peu-
vent simplement marquer le point de dépari de faction, sans
indiquer ni éloignement ni enlèvement : comparez « démar-
cation » à côté de « de'marquer •», v. marquer.
2. Cette préposition, comme plusieurs autres, a eu une
forme adjective; détériorent en est le comparatif et se trouve
avec de dans le même rapport qu'ex te riorem avec ex, v. è- ^.
Deteriorein signifie proprt : qui descend davantage, pire, d'où
le sens du verbe français détériorer, dérivé : détérioration.
Dé] DU FRANÇAIS. 163
Dé-, préfixe, V. le précédent. Dé à coudre, u. doigt.
Dé i|à jouer) paraît venir de datum, participe passé du latin
dare, donner. Ce serait donc le substantif participial d'un
verbe qui signifie donner, et le sens primitif serait : don (du
sort).
1. Le verbe dare correspond à deux racines, fondues en
latin, mais restées distinctes en grec, dont l'une signifie
donner et l'autre placer {v. thèse), cette dernière seulement
dans les composés. Notre mot date (d'où dater, antidater,
postdater) est un mot savant qui vient du participe passé
féminin, par lequel commençait, dans les chartes, lindica-
tion du lieu et du jour, comme nous dirions aujourd'hui
« donnée à... le... ». Autre dérivé : datif, cas auquel on met
le nom de la personne à qui on donne. Le verbe grec qui
correspond à dare entre dans la composition des mots anti-
dote, proprt donné contre, et anecdote (préfixes an- privatif
+ eky V. a- et è-), proprt c non donné dehors », inédit; du
sens de particularité inédite on a passé au sens de parti-
cularité inédile ou non. V. aussi dose.
2. Les composés de dare étaient en -dere, supin -ditum,;
de là en français des verbes en -dre comme perdre idoù
perte) et des dérivés en -dit- comme perdition, déperdition.
Tandis que dans mordre, coudre et autres verbes en -dre, le
d est la consonne finale du radical ou une consonne eupho-
nique introduite entre le radical et la terminaison, dans
perdre, après le préfixe per-, il constitue à lui seul le radical
ou ce qui reste du radical de dare. Perdre signifie proprt
placer de travers, dissiper, d'où ruiner, etc.; éperdu, égaré
au figuré; éperdument, follement. Reddere en latin, en fran-
çais rendre (d"où rendement, rente, proprt ce qui est donné
périodiquement en retour, renter et rentier, dérivé savant :
reddition), c'est donner en retour; l'n de rendre provient
d'une assimilation avec prendre. Vendre, c'est mettre à prix
[V. vénal), d où vente, vendeur, mévente, revendre, reven-
deur. — De même croire (ici il ne reste plus trace du radical
de dare) signifie proprt donner son cœur, sa confiance,
V. cœur et croire. Sut mander et ses composés, v. main''.
— Pour certains composés de dare, nous n'avons pas de
verbe français en -dre, mais seulement des dérivés : addition,
action de mettre près, d'ajouter; éditer linédit) et édition,
action de faire sortir, de mettre une œuvre au jour (sur
édit, V. dire ~). Le mot latin devenu français abdomen, génitif
164 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Débîatércr
abdominis (d'où abdominal) signifie proprt ce qui est placé
en retrait, préfixe ab- : c"est du moins l'une des explications
plausibles de ce mot.
3. Une forme secondaire de dare en composition était
-dire : audire, proprt se mettre dans l'oreille, français ouïr,
dérivés savants : audition, etc. {v. oreille). Un condiment est
proprt ce qu'on met avec, un assaisonnement. Le latin
populaire * tradire, d'où trahir, signifie mettre au delà, faire
passer (d'où le sens des mots savants tradition, traditionnel),
et livrer ; dérivé d'agent : traître, d'où traîtreusement,
traîtrise ; dérivés d'action : trahison, doublet de tradition,
et extradition, d'où extrader.
4. A dare se rattachent encore : l** dotem, français dot,
d'où dotal et doter, dérivé : dotation; le doublet populaire
de doter est douer, dérivé : douaire, espèce de dot, d'où
douairière, veuve qui jouit d'un douaire; 2° donum, français
don, d'où : donner, qui a produit donnée, donation, donneur,
donateur, donataire, le substantif verbal donne, terme de
jeu, et maldonne, de mal donner; s'adonner; pardonner,
donner complètement, faire complet abandon d'une l'auto, la
remettre, d'où pardon, pardonnable, impardonnable.
Débâcle, v. bacille. Débarbouiller, v. barboiiil-
Déballage, déballer, v, 1er.
balle 1. Débarcadère, v. barque.
Débandade, débander, v.
bande.
Débardeur, formé sur le mot technique bard, d'origine
inconnue, désignant une sorte de civière pour transporter
des fardeaux.
Débarquement, débarquer. Débarras, débarrasser, v.
V. barque. barre.
Débat, débattre, v. battre -.
Débaucher (d'où débauché, débauche), embaucher, ébau-
cher, d'où ébauche, sont formés sur un vieux mot baiiche,
de sens douteux et d'origine inconnue.
Débile, débilitant, débili- Débit, débitant, débiter,
ter, V. avoir ^. débiteur, v. avoir ^.
Débine, débiner, origine Déblai, v. blé.
inconnue, v. Suppl,
Déblatérer, latin deblaterare^ sorte d'onomatopée.
Décharné]
DU FRANÇAIS.
165
Déblayer, v. blé.
1. Débloquer, v. bloc.
2. Débloquer, v. blocus.
Déboire, v. boire.
Déboîtement, déboîter, v.
boîte.
Débonder, v. bonde.
Débonnaire, v. bon.
Débordement, déborder, u.
bord.
Déboucher. L'un de nos
verbes déboucher se rattache
à bouche ou à bois, l'autre au
verbe boucher, v. ces mots.
Déboulonner, v. boule.
Débourrer, v. bourre.
Débours , débourser , v.
bourse.
Debout, débouter, v. bou-
ter 2.
Déboutonner, v. bouler^.
Débraillé, i'. braies.
Débrider, v. bride.
Débris, i'. briser.
Débrocher, v. broche.
Débrouillard, débrouiller,
V. brouiller.
Débucher, débtisquer, v.
bûche.
Début, débuter, i*. bouter ~,
Déca-, préfixe, v. dix.
Deçà, composé de de et çà.
Décacheter, v. agir 2.
Décade, v. dix.
Décadence, décadent, v.
choir '-.
Décadi, v. jour.
Décagone, grec dekagônon, composé de deka (v. dix) et
de gdnia, angle; diagonal (préfixe dia-), qui traverse dun
angle à Tautre. Les noms des figures géométriques, à partir
de cinq côtés, sont en -gone: pour trois côtés, on a la
forme latine triangle [*trigone dans trigonométrie) ; pour
quatre côtés, c'est le mot latin signifiant « côté •>■> qui entre
en composition : quadrilatère, cf. lez.
Décalogue, v. logique^.
Décalquer, v. chausser.
Décamper v. champ.
Décanal, décanat, v. dix.
Décanter, u. chant -.
Décaper, v. cape i.
Décapiter, v. cap ^.
Décatir, v. agir^.
Décavé, v. cave^.
Décéder, v. céder 3.
Déceler, v. celer.
Décembre, v. dix.
Décennal, v. dix et an.
Décent, latin decentem, con\ena.h[e. Dérivés et composés :
décence, indécent, indécence. A la même racine se ratta-
chent digne, v, ce mot, le verbe decorare, honorer, français
décorer, et l'adjectif décorum que nous avons emprunté tel
quel, au sens de convenance. Substantif verbal de décorer :
décor. Dérivés : décoration, décoratif, décorateur.
Déception, v. capable 2.
Décerner, v. certain 2.
Décès, i', céder 3.
Décevoir, v. capable 2.
Déchaîner, v. chaîne.
Déchanter, v. chant 1.
Décharger, r. char.
Décharné, v. chair.
166
DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Décrochcr
Déchausser, v. chausser.
Dèche, déchéance, déchet,
y. choir ^.
Déchiffrable, déchiffrage,
déchiffrement , déchiffrer ,
déchiffreur, v. chiffre.
Déchiqueter et le vieux français chiqueter se rattachent
peut-être à l'espagnol chico, petit.
Déchirer, origine germanique. Dérivé : l'adjectif parti-
cipial déchirant, et déchirement, déchirure, le premier qui
s'emploie principalement au figuré, le second exclusivement
au propre.
Déchoir, v. choir '^.
Décider, v. césure.
Décimal, décime, décimer,
V. dix.
Décisif, décision, v. césure.
Déclamateur , déclama -
tion, déclamatoire, décla-
mer, V. calendes 2.
Déclaration, déclarer, dé-
classement, déclasser, v. ca-
lendes 3.
Déclenchement, déclen-
cher, V. clenche.
Déclic, V. claquer.
Déclin, déclinable, décli-
naison, déclinatoire, décli-
ner, déclivité, v. cligner^.
Déclore, v. clou -.
Déclouer, v. clou.
Décocher, v. coche 1.
Décoction, v. cuire.
Décoiffer, v. coiffe.
Décollation, v. col.
Décollement et 1. Décoller,
V. colle.
2. Décoller et décolleter,
y. coi!.
Décolorant, décoloration,
décolorer, v. couleur.
Décombres, u. comble.
Décommander, y. main'^.
Décomposer, décomposi-
tion, y. site 3.
Décompte, décompter, y.
conter ^.
Déconcerter, u. concert.
Déconfire, déconfiture, v.
faire 5.
Déconsidération, déconsi-
dérer, y. sidéral.
Décontenancer, y. tenir-.
Déconvenue, y. venir.
Décor, décorateur, décora-
tif, décoration, y. décent.
Décorder, u. corde.
Décorer, y. décent.
Décortiquer, y. écorce.
Décorum, y. décent.
Découcher, y. lieu.
Découdre, y. coudre.
Découler, y. couler.
Découpage, découper, dé-
coupeur, y. coup.
Découpler, y. apte 2.
Décpupure, y. coup.
Découragement, découra-
ger, y. cœur.
Découronner, y. couronne.
Décours, y. courir.
Découvert , découverte ,
découvrir, u. couvrir.
Décrasser, y. gras.
Décrépir, décrépissage, v.
crêpe.
Décrépit, décrépitude, y.
crever.
Decrescendo, y. croître.
Décret, décréter, y. cer-
tain -.
Décri, décrier, y, crier.
Décrire, u. écrire.
Décrocher, v. croc.
Défroquer]
DU FRANÇAIS.
467
Décroissance, décroître, v.
croître.
Décrotter, décrotteur, dé-
crottoir, V. crotte.
Décuple, décupler, v. dix.
Dédaigner , dédaigneux ,
dédain, v. digne.
Dédale, v. noms propres
(Mots tirés de).
Dedans, v. en, A.
Dédicace, dédicatoire, dé-
dier, V. dire 3.
Dédire, dédit, v. dire 2.
Dédommagement, dédom-
mager, V. dam.
Dédorer, v. or.
Dédoublement, dédoubler,
V. deux 1,
Déduction, déduire, déduit,
V. duire *.
Déesse, u. dieu. 1.
Défaillance, défaillir, u.
faillira
Défaire, défaite, v. faire 6.
Défalcation, défalquer, v.
faux, subst.
Défaut, V. faillir 1.
Défaveur, défavorable, v.
faveur.
Défectif, défection, défec-
tueux, défectuosité, V. faire ^.
Défendre vient du latin defendere, supin defensum. Le
sens primitif de la racine -fendere, heurter, s'est conservé
dans offense (d'où offenser, offenseur) et offensif, inof-
fensif, qui expriment l'idée d'une attaque en face. Défendre,
c'était heurter pour éloigner, repousser, d'où dune part :
s'opposer à une chose, l'interdire; d'autre part : protéger
quelqu'un en repoussant son ennemi. Les deux idées d'inter-
diction et de protection coexistent dans défendre et dans
défense. Dans défendeur, défendable, indéfendable, défen-
seur et défensif , l'idée d'interdiction n'apparait pas.
— A la même famille paraît bien se rattacher infester, qui
signifie proprt harceler, et aussi l'adjectif manifeste, dont
le sens propre est : que l'on peut tâter de la main, palpable,
évident. Dérivé : manifester, rendre manifeste, sur lequel
ont été faits manifestation et le substantif verbal manifeste.
Déférence, déférent, déférer, u. offrir 2.
Déferler, proprt se déployer, est formé sur le mot
technique /f^Wer, qui signifie plier (en parlant des voiles),
oria-ine inconnue.
Défi, défiance, u. foi.
Déficeler, v. fd^.
Déficit, V. faire s.
Défigurer, v. feindre.
Défilé, défiler, v. fU 2. •
Définir, définitif, défini-
tion, V. Jin.
Déflagration, v. flagrant.
Déflorer, u. fleur.
Défoncer, v. fond.
Déformer, v. forme.
Défraîchi, v. frais, adj.
Défrayer, v. fraction L
Défricher, v. friche.
Défriper, v. friper.
Défriser, 0. friser.
Défroque, défroquer,
froc.
y.
1G8 D.'GTiONNAiHE ÉTYMOLOGIQUE [Délacer
Défunt, V. fonction. Dégoter, origine inconnue.
Dégagement, dégager, v. Dégourdir, v. gourd.
Oog<^- Dégoût, dégoûter, i'. goût.
Dégaine, dégainer, u. gfa/nc. Dégoutter, v, goutte.
Dégât, V. gâter. Dégradant, dégradation.
Dégel, dégelée, dégeler, v. dégrader, v. grade,
gel. Dégrafer, v. grappe.
Dégénérer, dégènéresoen- Dégraissage , dégraisser ,
ce, V. génital '. dégraisseur, v. gras.
Dégingandé, origine incon- Degré, u. ^rade.
nue. Dégrever, v. grief.
Déglutition, v. glouton. Dégringoler, dégringolade,
Dégoiser, v. gosier. origine inconnue.
Dégonfler, v. enfler. Dégriser, v. gris.
Dégorgement, dégorger. Dégrossir, v. gros.
V. gorge. Déguenillé, v. guenille.
Déguerpir, origine germanique, cf. ail. werfen.
Déguiser, v. guise. Déhiscent, u. hiatus.
Dégustation déguster, v. Dehors, v. fors,
goût. Déicide, déifier, déisme,
Déhanché, v. hanche. déiste, déité, v. dieu^.
Déjà, formé avec la préposition dès et Tancien adverbe
ja, latin jam, que Ton trouve aussi dans jamais. Ja et déjà
signifient dès le moment présent ou dès le moment dont on
parle, et mais (v. ce mot) équivaut à « davantage », de sorte
que (( il ne voudra jamais » signifie proprt : il ne voudra
pas davantage à partir de maintenant; d'où : à aucun
moment. Jadis : il y a longtemps déjà, sur le second
élément du mot, v. jour.
Déjection, déjeter, u.je/cr 1. Déjouer, v. jeu.
Déjeuner, v. jeun. Déjuger, v. jurer 3.
Delà, composé de de et de là, signifie proprt : de cet
endroit-là, de ce côté-là, de l'autre côté. Le u delà )>, dans
la locution au delà de, c'est lautre côté. Delà s'employait
jadis comme préposition, sans être suivi de de : « delà les
mers », écrit Corneille, et nous l'employons encore ainsi
dans la locution par delà, qui signifie proprt « par de l'autre
côté )), et 0X1 par n'ajoute rien, en somme, à l'idée exprimée
par delà; comparez par-devant, par-dessus, par-dessous.
Délabré, délabrement, d'origine inconnue, peut-être
apparentés à lambeau, lui-même inexpliqué.
Délacer, i;. lacs.
Délirer] du français. 169
Délai est formé sur un verbe délayer, autre que celui qui
est mentionné plus bas. Ce délayer, comme relayer, est un
composé du vieux verbe layer, d'origine douteuse, qui avait
le même sens que laisser. Un délai, c'est du temps laissé
pour s'acquitter d'une obligation, d"où le sens de u retard ».
Comparez dilatoire au mot offrir-. Relayer quelqu'un, c'est
le laisser en arrière, le remplacer quand il est las; les
relais sont des remplacements organisés, pour les cbiens de
chasse, pour les chevaux, — on écrit toujours ce mot avec
une s finale parce que l'habitude de l'employer au pluriel a
causé une méprise sur sa véritable forme, ou peut-être sous
l'influence de laisser.
Délaissement, délaisser, v. Délateur, délation, u. of-
lâcher. frir -.
Délassement, délasser, v. Délaver, v. laver,
las. . Délayer, d'où délayage,
origine inconnue.
Deleatur signifie « soit effacé ». C'est une forme verbale
toute latine. Indélébile = qui ne peut s'effacer.
Délectable , délectation , Délégation, déléguer, u. loi.
délecter, v, allécher. Délester, u. lest.
Délétère, grec délêtérion, destructeur, peut-être appa-
rente à deleatur.
Délibératif, délibération, Délicat, délicatesse, délice,
délibéré, délibérer, v. livre, délicieux, v. allécher.
poids.
Délictueux et délit se rattachent au verbe latin
linquere, supin lictiim, qui signifie laisser (sur la racine
grecque correspondante, v. éclipse). Le mot reliquias, d'où
vient notre pluriel reliques (d'où reliquaire), et qui signifie
« restes », est formé sur le composé de ce verbe avec le
préfixe re-, et de même reliquat. Le composé avec de-,
delinquere, supin delictam,' nous a donné délinquant et
délit, délictueux; le "sens primitif est : laisser de côté,
omettre une obligation.
Délié, fin, u. allécher. Délinquant, u. délictueux.
Délier, v. lier. Déliquescent, v. liqueur.
Délimiter, u. lice 3.
Délirer, latin delirare, signifie proprt sortir du sillon
(comparez dérailler). Delirium, formé sur delirare et bien
170 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Démentir
connu par la locution delirium tremens (proprt délire
tremblant, v. craindre), nous a donné d'autre part délire.
Délit, V. délictueux. Déloger, v. loge.
Délivrance, délivrer, v. Déloyal, déloyauté, v. loi.
libre.
Delta, nom de la lettre grecque qui correspond à notre d,
et qui, en majuscule, a la forme d'un triangle isocèle.
Déluge, latin diluvium, d'où diluvien, se rattache au
verbe liiere, « laver », tout comme alluvion, dont le sens
primitif est inondation. Le composé diluere, auquel se
rattache directement diluvium, adonné en formation savante
diluer, d'où dilution.
— De la même famille est lastrum, cérémonie de purification
se renouvelant tous les cinq ans, qui a donné le français
lustre, période de cinq ans, et eau lustrale. Voyez aussi
laver.
Déluré, V. leurre. démagogue, v. peuple el agir ^.
Délustrer, u. luire. Démailler, démailloter, v.
Démagogie, démagogique, maille i.
Demain, d'où endemain, Vendemain, lendemain et surlen-
demain, signifie proprt : du « matin », le prochain matin,
d'où le jour prochain. Ce mot se compose de la préposition
de et de l'adverbe latin maiie = de bonne heure, qui contient
la même racine que matidinum, d'où matin, matinée,
matinal, matines, matineux, matutinal, et que maturum,
français mûr, dont le sens primitif est « matinal, précoce ».
Le verbe maturare, qui correspond à notre mûrir, a d'abord
signifié <c rendre précoce », d'où mûrir. Dérivé savant :
maturité; composé : prématuré, proprt mûri d'avance,
trop hâtif.
Démancher, v. main'^. Démasquer, u. masque.
Demande, demander, de- Démâter, v. mât.
mandeur, v. main^. Démêlé, démêler, démêloir,
Démangeaison, démanger, v. mêler.
V. manger. Démembrement, démem-
Démanteler, v. manteau. brer, v. membre.
Démantibuler, v. manger. Déménagement, démena-
Démarcation, V. marquer. ger, déménageur, u. //la/iOi"/* 2.
Démarche, v. marche. Démence, v. mémoire 2.
Démarquer, v. marquer. Démener, v. mener.
Démarrage, démarrer, v. Démenti, démentir, v. mé-
amarrer. moire ^.
Dent]
DU FRANÇAIS.
171
Démérite, démériter, u. mé-
rite.
Démesuré, v. mesure.
Démettre, v. mettre^.
Démeubler, v. mouvoir^.
Demeurer, latin demorari, dont le sens propre est
tarder, d'où s'arrêter, rester, puis habiter. Le substantif
verbal demeure, aujourd'hui habitation, a eu le sens de
retard : il y a péril en la demeure; mettre quelqu un en
demeure, c'est projprt le mettre en état de retard légal, d'où
le sommer d'agir sans autre délai. Le substantif participial
demeurant se rattache au sens de rester : au demeurant =
au reste. Les intérêts moratoires, terme de droit, sont des
intérêts dus pour un retard de paiement.
Demi, v. mi 3.
Démission, demi issionnaire,
V. mettre 3.
Démocrate , démocratie ,
démocratique, u. peuple et
aristocratie.
Démodé, v. mode ^.
Demoiselle, v. dôme 2.
Démolir, démolissement,
démolisseur, démolition, u.
môle.
Démon, grec daimona, proprt génie présidant à la
destinée d'un homme. Dérivés : démoniaque, même suffixe
que dans élégiaqiie, zodiaque, etc. ; pandémonium, mot
fabriqué par Milton pour désigner l'enfer, sur pan- v.
panacée.
Démonétiser, u. monnaie.
Démonstratif, démonstra-
tion, V. moniteur.
Démonter, v. mont.
Démontrable, démontrer,
V. moniteur.
Démoralisation, démorali-
sateur, démoraliser, v. mœurs.
Démordre, v. mordre.
Démoucheté, v. mouche. .
Démunir, v. munir.
Démuseler, v. museau.
Dénaturer, v. naître.
Dénégation, déni, v. ne.
Déniaiser, dénicher, déni-
cheur, V. nid.
Denier, u. dix.
Dénier, v. ne.
Dénigrement, dénigrer, v.
noir.
Dénombrement , dénom-
brer, V. nombre.
Dénominateur, dénomina-
tion, dénommer, v. connaî-
tre, B, â\
Dénoncer , dénonciation .
dénonciateur, u. neu/, adjectif.
Dénoter, u. connaître, B, 2".
Dénouement, dénouer, v.
nœud.
Denrée, v. dix.
Dense, latin densum. Dérivés : densité; condenser, d'où
condensation, condensateur.
Dent, du latin denteni {v. manger). La forme grecque du
mot est odonta, d'où odontalgie, odontalgique (sur -algie,
172 DICTIONNAIRE ETYMOLOGIQUE [Déraper
V. coxalgie), mastodonte [v. maman). Dérivés de dent :
dental, dentition, dentier, dentaire, dentiste, et les termes
figurés denté, dentelé, dentelure, denture; dentelle, d'où
dentellière. Composés : redan (pour redent); surdent;
trident, v. trois; édenté; dentifrice, mot dont la seconde
partie est apparentée h friction [v. frayer), chiendent, nom
d'une plante dont les racines ont fait penser aux dents du
chien.
Dénudé, dénûment, dénué,
V. nu.
Dépareillé, v. pair'^.
Déparer, v. pair^.
Départ, départager, dépar-
tement, départemental, dé-
partir, V. part 1, B.
Dépassement, dépasser, v.
pas.
Dépaver, v. paver.
Dépayser, v. pays.
Dépeçage, dépecer, v. pièce.
Dépêche, dépêcher, v.pied 3.
Dépeindre, v. peindre.
Dépenaillé, v. empenné.
Dépendance , dépendant ,
dépendeur, dépendre, v. pen-
dre 1.
Dépens, dépense, dépen-
ser, dépensier, v. pendre^.
Déperdition, v. dé à jouer 2.
Dépérir, dépérissement, u.
errer, 2, A.
Dépêtrer, v. paître^.
Dépeuplement, dépeupler,
V. peuple.
Dépiauter, v. peau.
Dépilatoire, v. poil.
Dépister, v. pétrir.
Dépit, dépiter, v. épice 3.
Déplacement, déplacer, v.
place.
Déplaire, déplaisant, dé-
plaisir, V. plaire.
Déplier, déploiement, v.
plier 1.
Déplorable, déplorer, v.
pleurer.
Déployer, v. plier '.
Déplumer, v. plume.
Dépoli, V. polir.
Déponent, v. site ^.
Dépopulation, v. peuple.
Déportation, déportement,
déporter, v. port.
Déposer, dépositaire, dé-
position, V. site 3.
Déposséder, dépossession,
V. seoir ^.
Dépôt, V. site 3.
Dépoter, dépotoir, v. pot.
Dépouille, dépouillement,
dépouiller, v. spolier.
Dépourvu, V. voir'^.
Dépravation, dépraver, v.
par^.
Déprécation, v. prier.
Dépréciation , déprécier ,
V. prix.
Déprédation, v. proie.
Déprendre, v. prendre.
Dépression, déprimer, v.
près.
Depuis, V. puis.
Dépuratif, v. pur.
Députation, député, dépu-
ter, V. amputer.
Déraciner, v. raifort.
Dérailler, v. rail.
Déraisonner, v. raison.
Dérangement, déranger, v,
rang.
Déraper, origine germanique.
Desideratum]
DU FRANÇAIS.
173
Dératé, v. rate.
Derechef, i'. cap 3.
Dérèglement, dérégler, v.
régir
Dérider, v. rider.
Dérision, dérisoire, v. rire.
Dérive, dans la locution « à la dérive », substantif
verbal d'un verbe peu usité, dériver, au sens daller à la
dérive, qui vient de langlais to drive (pousser et être poussé),
avec étymologie populaire Tinterprétant par rive.
Dériver, dérivation, v. ruis-
seau.
Derme, v. couenne.
Dernier, dernièrement, v.
re- ou ré- 3.
Dérobée, dérober, v. robe.
Dérogation, déroger, v. ro-
gations.
Dérouiller, v. rouge.
Dérouler, v. roue-^.
Déroute, dérouter, v. rom-
pre.
Derrière, u. re- ou re-3.
Derviche, d'un mot persan qui signifie « pauvre ».
Dés-, préfixe, v. de préposi-
tion et préfixe.
Dès, préposition, v. é- *.
Désabuser, v. us.
Désaccord, v. cœur.
Désaffecter, désaffection,
i'. faire 5,
Désagréable, v. gré.
Désagrégation, désagrégé,
V. agréger.
Désagrément, v. gré.
Désaltérer, i'. autre *.
Désappointement, désap-
pointer, V. poindre.
Désapprendre, v. prendre.
Désapprobation, désappro-
bateur, désapprouver, v.
probe.
Désarçonner, v. arc.
Désarmement, désarmer,
V. armer.
Désarroi, v. corroyer.
Désarticuler, v. art.
Désassorti, v. sort.
Désastreux, désastre, v.
astre.
Désavantage, désavanta-
ger, désavantageux, v. ant-
ou anté-.
Désaveu, désavouer, v.
vœu.
Descellement, desceller, v.
seing.
Descendance, descendant,
descendre , descente , v.
échelle.
Descriptif, description, v.
écrire.
Désemparer, v. pair 3,
Désemplir, v. plein.
Désenchanté, v. chant 1.
Désencombrer, v. comble.
Désenfler, v. enfler.
Désennuyer, v. odieux.
Désensorceler, v. sort.
Désert, déserter, déser-
teur, désertion, v. série.
Désespérance, désespérer,
désespoir, v. espérer.
Déshabiller, déshabituer,
V. avoir ^ .
Déshérence, déshériter, v.
hoir.
Déshonnête, déshonneur,
déshonorant, déshonorer, v.
honneur.
Desideratum, v. sidéral.
174
DICTIONNAIRE ETYMOLOGIQUE
[Déterrer
Désignation, désigner, v.
seing.
Désillusion , désillusion-
ner, V. allusion.
Désinence, u. site i.
Désinfecter, désinfection,
V. faire ^.
Désintéressé, désintéresse-
ment, désintéresser, v. être"^.
Désinvolture, v. vaûte *.
Désir, désirable, désirer,
désireux, v. sidéral.
Désistement, désister (se),
V. ester 3.
Désobéir, désobéissance,
désobéissant, v. oreille.
Désobligeant, désobliger,
V. lier.
Désœuvré, désoeuvrement,
V. œuvre.
Désolation, désoler, v. seul.
Désopilant, v. pétrir.
Désordonné, v. ordre.
Désorganisation, désorga-
niser, V. orgue.
Désorienter, v. orient.
Désormais, v. mais.
Désosser, v. os.
Despote, du grec despotên, maître. Dérivés despotique,
despotisme. Cf. pouvoir, même racine.
Dessin, dessinateur, dessi-
ner, V, seing.
Dessouder, v. sol.
Dessous, y. sou- 2.
Dessus, V. sur 1.
Destin, destinataire, desti-
nation, destinée, destiner, v.
ester *.
Destituer, destitution, v.
ester ^.
Desquamation, v. écaille.
Dessaisir, dessaisissement,
V. saisir.
Dessaler, v. sel.
Dessèchement, dessécher,
V. sec.
Dessein, v. seing.
Dessert, desserte, desser-
vant, desservir, v. serf^.
Dessiccation, v. sec.
Dessiller, v. cil.
Destrier, cheval quon menait de la main droite, se rat-
tache au latin dextrum, représenté en vieux français par
destine, adjectif et substantif féminin, puis refait en dextre
par les savants. Le mot latin signifiait à la fois « qui est à
droite » et « qui est adroit », d'où le sens des mots savants
dextérité, dextrement.
Dételer, v. atteler.
Détendre, v. tenir ^.
Détenir, v. tenir 2.
Détente, v. tenir ^.
Détenteur, détention, v.
tenir 2,
Détérioration, détériorer,
V. de préposition 2.
Déterminatif , détermina-
tion, déterminer, détermi-
nisme, V. terme.
Déterrer, v. terre.
Destructeur , destructif ,
destruction, v. structure.
Désuétude, v. coutume.
Désunion, désunir, v. un.
Détachement, 1, Détacher,
V. attacher.
2. Détacher, v. tache.
Détail, détaillant, détailler,
V. tailler.
Détaler, v. stalle.
Détaxer, v. tangent'-^ et syn-
taxe.
Déteindre, v. teindre.
Deux] DU FRANÇAIS. 175
Détersif se rattache au verbe latin tergere, supin tersum,
qui sig-nifie nettoyer.
Détestable, détester, v. Détresse, u. étreindre'.
témoin -. Détriment, détritus, u. tri-
Détirer, v. tirer. tarer.
Détonant, détonation, dé- Détroit, v. étreindre 2.
toner, v. tonner. Détromper, v. tromper.
Détonner, v. ton 2. Détrôner, u. trône.
Détordre, détortiller, y. tor- Détrousser, détrousseur, v.
dre. torse.
Détour, détournement, dé- Détruire, v. straclare.
tourner, v. tour. Dette, v. avoir ^.
Détracteur, v. traire *. Deuil, v. douleur.
Détraquer, v. traquer. Deutéronome, v. le suivant.
Détrempe, détremper, v.
temps -.
Deux, latin duo, duos. Cf. ail. zwei, angl. two.
1. Dérivé deuxième; la forme grecque de cet adjectif
numéral est deuieron, que Ion trouve dans deutéronome,
nom d'un livre de la Bible, proprt livre des secondes lois
(sur le second élément -no/ne, v. autonome). Le latin et italien
duo est entré tel quel dans la langue comme terme musical.
Dérivés savants : dualité, dualisme, duel (d'où duel-
liste).
— Le latin duodecim, composé de duo, deux, et de decem,
dix, conservé tel quel dans duodécimal, a produit en forma-
tion populaire douze (cf. ce qui est dit de quinze au mot
cinq). Dérivés de douze : douzième, douzaine. — La forme
grecque de duodecim est dôdeka, d'où dodécagone, v. déca-
gone.
— Duplicem ou duplum, qui a produit double, signifie
proprt à deux plis {v. plier ^). Dérivés savants de duplicem. :
duplicata, réduplicatif, et duplicité, expression figurée.
Dérivés de double : doublet,- double forme d'un mot; dou-
blon, pièce de monnaie qui en vaut deux autres; doubler,
Joù les substantifs douîslé, doublement, doublure et les
composés redoubler, dédoubler (et redoublement, dédou-
blement).
2. A la même racine du- se rattache dubitare (d'où indu-
bitable, dubitatif), qui a produit douter (dérivé : douteux) et
dont le sens propre est : hésiter entre deux avis, ne pas
savoir si une chose est vraie, d'où : 1" la considérer simple-
ment comme possible, la supposer (se douter de), 2*^ avoir
176 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [DiaboliqUC
des inquiétudes, craindre, sens conservé dans le composé
redouter, dérivé : redoutable.
3. Duo est apparenté d'un part au préfixe dis- (v. ce mol)
où l'idée de dualité aboutit à une idée de séparation, d'autre
part à l'adverbe bis (v. ce mot). La famille du mot bellLim,
guerre, a été rattachée à la môme racine; hélium serait un
doublet de daellum et aurait désigné d'abord une lutte entre
deux adversaires. Nous avons remplacé ce mot par guerre,
d'origine germanique, mais nous avons des dérivés savants
du mot latin : belliqueux, belligérant [v. gérer '^), se rebeller,
rebelle, rébellion.
Dévaler, v. val.
Dévaliser, v. valise.
Devancer, devancier, de-
vant, devanture, v. ant- ou
anlé-.
Dévastateur, dévastation,
dévaster, v. gâter.
Déveine, v. veine.
Développateur, développe-
ment, développer, v. envelop-
per.
Devenir, v. venir.
Dévergondage, dévergon-
dé, V. vergogne.
Devers, v. vers ^.
Déverser, déversoir, v.
vers 2.
Dévêtir, v. veste.
Déviation, v. voie •^.
Dévider, dévidoir, v. va-
guer.
Dévier, v. voie^.
Devin, deviner, devine-
resse, V. dieu 2,
Devis, V. veuf.
Dévisager, v. voir 2.
Devise, deviser, v. veuf.
Dévisser, v. vis.
De visu, V. voir ~,
Dévoiement, v. voie 3.
Dévoiler, v. voie i.
Devoir, v. avoir ^.
Dévolu, dévolution, v.
voûte *.
Dévorer vient d'un composé du verbe latin vorare,
auquel se rattachent vorace, voracité, et le composant -vore
que Ion trouve dans Carnivore {v. chair), herbivore, frugi-
vore {v. fruit), omnivore {v. omnibus).
Dévot, dévotion, dévoue- Dextérité, dextre, v. des-
ment, dévouer, v. vœu. trier.
Dévoyer, v. voie^,
Di-, préfixe grec signifiant « deux fois » et correspondant
à bis-, bi-, du latin, ou préfixe latin sur lequel voyez dis-.
Dia-, préfixe grec qui, comme le préfixe latin dis- auquel
il est apparenté, part d'une idée de dualité pour aboutir à
une idée de séparation, et aussi de passage à travers.
Diabète, diabétique, v. Diable, diablerie, diablesse,
venir. diablotin, diabolique, v. pa-
role 2.
Dieu] DU FRANÇAIS. 177
Diacre, du grec diakonon, serviteur; dérivé : diaconat.
Diacritique, v. critérium.
Diadème, grec diacléma.
Diagnostic, diagnostiquer, Diamant , diamanté , v.
V. connaître, A. aimant.
Diagonal, v. décagone. Diamétral, diamétrale -
Diagramme, v. graphie ■^. ment, diamètre, v. mesure,
Dialectal, dialecte, dialec- 1. Diane, déesse, v. dieu^.
tique, V. logique^. 2. Diane, v. jour.
Dialogue, v. logique •^. Diantre, v. parole 2.
Dialyse, u. soluble. Diapason, v. panacée.
Diaphane, v. paraître.
Diaphragme, grec diaphragma, proprt ce qui ferme en
séparant, l'idée de séparation étant exprimée par le préfixe
dia-.
Diapré, mot d'origine incertaine, est à rapprocher de
jaspé, au moins pour le sens. Dérivé : diaprure.
Diarrhée, v. rhume.
Diastole, proprt distension (préfixe dia-), et systole,
proprt contraction (préfixe syn-), se rattachent au verbe grec
stellein préparer, envoyer, v. épître.
Diathèse, u. thèse. Dicotylédone, t'. cotylédon.
Diatribe, v. triturer.
Dictamie, grec diktamnon, plante aromatique qu'on trou-
vait en Crète sur la montagne de Dicté, au figuré remède
moral souverain.
Dictateur, dictatorial, die- dictionnaire, dicton, v.dire^.
tature. dictée, dicter, diction.
Didactique se rattache au verbe grec didaskein, ensei-
gner. Autodidacte, qui s'est instruit lui-même v. auto-. Ces
mots sont apparentés à la famille latine de docte.
Dièse, grec diesin (cf. dia-, préfixe), proprt séparation,
intervalle, passage d'un ton à un autre.
1. Diète, grec diaita, proprt régime de vie. V. zoologie.
2. Diète, assemblée, v. jour;.
Dieu, latin deum, fém. deani.
1. Ont été faits sur Dieu l'interjection et substantif
adieu et les diverses formules : pardieu, altéré intention-
nellement en pardienne. parbleu; mordieu, par la mort de
Dieu, altéré en mordienne, morbleu: vertudieu, par la
vertu de Dieu, altéré en tudieu et vertubleu; corbleu, par
DICT. KTYM. FRANC. 12
178 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Digitigrade
le corps de Dieu; palsambleu, par le sang de Dieu. — Mots
savants faits sur le latin deuni, deam : déité, déesse ; déiste,
et déisme. Composés : déicide, v. césure; déifier, v. faire '^.
Le mot deum se trouve tel quel dans te deum, nom d"uh
hymne qui commence par « Toi, Dieu, nous te louons ».
2. L'adjectif tiré de deum était divum, sur lequel a été
greffée une nouvelle forme, divinum. Sur le féminin de
divum ont été faits l'italien diva, déesse d'opéra, diminutif
divette, et l'adjectif dive, de l'expression rabelaisienne
(c dive bouteille )>. De divinum dérivent divin, divinité, divi-
niser, et aussi divination, divinatoire, dont le sens se rap-
proche de la signification prise par les mots de formation
populaire devin, doublet de divin, devineresse, deviner.
3. Le mot deum signifie originairement « le brillant », il
est étroitement apparenté au mot diem, jour (sur lequel
voyez l'article jour) et au nom du dieu grec Zeus, latin Jov-
contracté en Ju- dans Jupiter = Zeus père. Les noms des
déesses Diane et Junon en dérivent. Le mot joubarbe, nom
de plante, équivaut à « barbe de Jupiter » et l'adjectif jovial
signifie proprt sous l'influence de la planète Jupiter, cet
astre passant pour être une source de joie. Jeudi [v. jour),
c'est le jour de Jupiter.
4. Le mot theon, qui signifie dieu en grec, et qui n'a
aucun rapport avec deum, se trouve sous la forme théo- ou
-thée au commencement ou à la fin d'un bon nombre de mots
savants; athée, athéisme (tandis que déisle, déisme ont la
racine latine); polythéisme, polythéiste, v. multi-, mono-
théisme, V. moine; théologie, théologien, théologique,
théologal, v. logique^; apothéose (préfixe apo-), proprt
action d'élever au rang des dieux; théocratie, théocratique,
V. aristocratie ; théodicée, proprt justice de Dieu (grec diké,
cf. syndic]; théosophie, proprt sagesse de Dieu; théurgie,
V. chirurgie. Enthousiasme, proprt inspiration divine;
dérivés : enthousiasmer, enthousiaste.
Diffamateur, diffamation, Difforme, difformité, v.
diffamatoire, diffam;er, u. forme,
affable'''. Diffraction, y. fraction-.
Différence, différencier, Diffus, diffuser, diffusion,
différend, différent, différen- v. fondre.
tiel, différer, v. offrir -, Digérer, digestible, diges-
Difficile, difficulté, di.tfi- lif, digestion, v. gérer-,
cultaoux, V. faire '>■. Digital, digitale, digiti-
grade, V. doiijL
Diplôme] du français. 179
Digne, latin dignum, d'un plus ancien *dec-nom, v. décent ;
la forme populaire eût été * deing, comme seing est le doublet
populaire de signe. Dérivés et composés savants : dignité,
doù dignitaire; indigne, indignité, indigner, indignation;
s'indigner, c'est trouver une chose indigne, se révolter, d'où,
pour indigner, l'acception transitive de « révolter ». Dérivés
populaires : daigner, trouver digne de..., d'où dédaigner,
dédain, dédaigneux; le vieux mot deintié (aujourd'hui
déformé en daintier, et doublet de dignité), qui au pluriel,
.^omme terme de chasse, désignait « les honneurs » de la
pièce abattue, le morceau d'honneur.
Digression, v. grade.
Digue, d'où endiguer, origine germanique.^
Dilapidation, v. pierre.
Dilater est formé sur l'adjectif latam, qui a produit lé,
largeur d'étoffe, et qui se confond, pour la signification, avec
l'adjectif /a7'{/«m, français large, dans son acception concrète,
de telle façon que dilater équivaut à peu près à élargir et
dilatation à élargissement. Dérivés de latum : laize; lati-
tude, qui signifie largeur, d'où au figuré « permission ».
Dérivé de large au sens de u généreux », largesse; largue,
d"où larguer, est la forme provençale de large.
Dilatoire, v. offrir 2. Dilection, v. lire^.
Dilemme, grec dilêmma, signifie proprement double
argument, préfixe di-.
Dilettante, dilettantisme, Dînatoire, i'. jeun.
y. allécher. Dinde , dindon , dindon-
Diligence, diligent, i'. /ire*, neau, v, noms propres (Mots
Diluer, dilution, diluvien, tirés de).
V. déluge. Dîner, dînette, dîneur, v.
Dimanche, v. jour et dôme^. jeun.
Dîme, V. dix. Diocésain, diocèse, v, éco-
Dimension^ v. mesure. ■ nome.
Diminuer, diminutif, dimi- Diorama, v. voir ^.
nution, v. moindre 2 i». Diphtérie, y. couenne.
Dinanderie, v. noms propres Diphtongue, u. sonner.
(Mots tirés de).
Diplôme, du grec diplônia, génitif diplômatos, proprt
objet doublé, plié en deux, d'où charte. Il y a un premier
adjectif diplomatique, qui signifie relatif aux diplômes, aux
chartes. Le substantif diplomatie, formé sur cet adjectif, a
180 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Dire
pris Facceplion spéciale de science des diplômes ou traités
qui règlent les relations internationales, d'où le sens actuel
du mot, au propre et au figuré, et celui des dérivés, le sub-
stantif diplomate et le nouvel adjectif diplomatique.
Diptyque, triptyque, polyptyque, mots formés avec
les préfixes di-, tri-, poly- et ptakha, pli, feuillet, volet. Au
sens de registre de dépouillement, le mot polyptyque a aussi
la forme populaire très altérée pouillé.
Dire, du latin dicere, supin dictum.
1. La forme participiale dite, d'après l'italien detto « dit »,
s'emploie pour éviter la répétition d'un mot déjà dit: dicton
n'est pas autre chose que le participe passé neutre dictum,
légèrement déformé; un dicton est proprt ce qu'on dit, une
sentence pro^^rbiale. Dérivés : diction, proprt action de
dire, doù (( mot », sens conservé dans le dérivé dictionnaire,
et manière dédire; diseur; indicible, qui ne peut pas être
dit; dicter, verbe fréquentatif (marquant répétition de l'ac-
tion), formé sur le supin, d'où dictée, dictateur, celui qui
dicte les ordres, et dictature.
2. Composés de dire. Nous n'avons pas le composé * con-
dire, mais seulement 1° le surcomposé écondire, transformé
en éconduire par fausse étymologie, qui signifie proprt
mettre hors de toute condition, refuser absolument (l'idée
de « congédier » résulte de la confusion avec conduire), 2^ le
substantif condition (d'où conditionnel), qui exprime proprt
u ce qui est dit avec » pour indiquer soit les clauses d'un
acte, soit la subordination d'une action à une autre, soit les
circonstances d'un fait, l'état d'une personne; conditionner,
c'est faire un objet dans les conditions précisées par les
adverbes bien ou mal ajoutés au verbe.
— Contredire, c'est dire contre, dérivés : contredit (sans
contredit), contradiction, contradicteur, contradictoire. —
Dédire, détruire ce qui a été dit, substantif participial dédit.
— Édit (dérivé : édicter) signifie proprt (( dit hors, publié ».
— Du composé latin indicere, proprt dire sur, viennent le
mot savant indiction et le mot populaire endit, Vendit,
aujourd'hui le lendit, dont le sens propre est « fixation )> ;
le lendit est la fixation d'une foire, d'où, par connexion, la
foire même, et spécialement une foire célèbre au moyen âge,
qui se tenait près de Paris, aujourd'hui une fête scolaire
sportive; sur indicere le latin avait formé un substantif
index, que nous avons emprunté tel quel (cf. doigt et pouce),
Dire] du français. 181
et dont nous possédons aussi deux dérivés, le substantif
indice et le verbe indiquer, d'où indication, indicateur,
indicatif.
— Interdire, d'où interdit, interdiction, c'est interposer
une défense entre un sujet et une action, défendre une action
à une personne ou enlever à quelqu'un le libre usage de ses
facultés intellectuelles (cette nouvelle l'a interdit). — Médire,
dire du mal de quelqu'un (sur le préfixe mé-, v. moindre *)
d'où médisant, médisance.
— Maudire, latin maledicere, prononcer de mauvaises
paroles contre quelqu'un, lui souhaiter du mal, d"où malé-
diction; pour exprimer lidée opposée on a bénédiction, mais
le verbe benedicere {v. bénédicité) a subi une évolution parti-
culière qui l'a amené à la forme bénir, d'où bénisseur : ce
verbe a eu successivement trois participes passés : benoît,
devenu nom propre et employé au sens de « confit en dévo-
tion », puis <c niais » avec la prononciation benêt, bénit
conservé dans quelques locutions et dans le dérivé bénitier,
d'abord eaiibénitier, enfin béni.
— Prédire, dire d'avance, d'où prédiction. — Redire,
substantif participial redite. — Susdit.
— Composés avec des substantifs : juridique, d'où juri-
diction, V. jurer ^-^ fatidique, proprement qui dit le destin,
V. affable'^; véridique, v. voire; revendiquer, v. venger;
juger, làimjudicare, v. jurer ^.
3. A côté de dicere, le latin avait une autre forme verbale,
dicare, qui avait pris le sens spécial de « prononcer solen-
nellement des paroles rituelles ». Nous avons les dérivés de
ce verbe : dédier, « consacrer », au propre ou au figuré,
d'où dédicace ; abdiquer, d'où abdication (préfixe ab- mar-
quant éloignement), renonciation solennelle à l'autorité
qu'on exerce, au propre ou au figuré; prœdicare, français
prêcher, proprt faire devant le public un discours reli-
gieux, d'où prêcheur et son doublet savant prédicateur,
prêche et prédication; prœdicare avait aussi ci latin
le sens plus général de « dire hautement », d'où le terme
grammatical prédicat, ce qui est dit, ce qui est affirmé d'un
objet.
4. A la même famille se rattache le verbe grec deiknunai,
montrer, d'où paradigme (préfixe para-), proprt ce qu'on
montre à côté, exemple, type de formes grammaticales.
Notre mot police (d'assurance) vient du provençal palissa,
182
DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [DÎSSéquer
qui se rattache lui-même au grec apodeixin (préfixe
apo-), preuve. Même racine dans théodicée et syndic.
Direct, directeur, direc- dirigeable, diriger, v. ré-
tion, directoire, directorial, gir, i *' 5
Dirimant, v. exempt i.
Dis- OU di-, préfixe latin devenu dés-, dé- {v. de-) dans
les mots de formation populaire, et sur l'origine duquel
V. deux '^. Ce préfixe, sous sa forme latine ou sa forme fran-
çaise, comme son équivalent grec dia-, marque séparation,
dispersion, et il arrive à avoir une valeur négative devant
un adjectif, par exemple dans dissemblable. V. di-, préf. grec.
Discernement, discerner, v. certain 2.
Disciple (d'où condisciple), latin discipulum, de discere,
apprendre. Se rattache au même verbe : discipline, ensei-
gnement, d'où règle de conduite et règlement, et enfin
instrument de mortification. Dérivés : discipliner, sou-
mettre à la règle, et disciplinaire, indiscipline, indiscipliné.
Discobole, v. dais. Disparaître, v. paraître.
Discontinu, discontinuer, Disparate, disparité, v.
discontinuité, u. tenir ^. pair i.
Disconvenir, u. venir.
Discordance , discordant,
discorde, v. cœur.
Discoureur, discourir, dis-
cours, i'. courir.
Discourtois, discourtoisie,
V. cour.
Discrédit , discréditer , u.
croire.
Discret, discrétion, discré-
tionnaire, V. certain^.
Disculper, v. coupable.
Discursif, v. courir.
Discussion, discutable, dis-
cuter, V. casser -.
Disert, v. série.
Disette, origine inconnue.
Diseur, v. dire i.
Disgrâce, disgracier, dis-
gracieux, i'. gré.
Disjoindre, disjonction, v.
joindre '.
Dislocation, disloquer, v.
lieu.
Disparition, v. paraître.
Dispendieux, v. pendre ■^.
Dispensaire, dispensateur,
dispense, dispenser, v. pen-
dre 2.
Disperser , dispersif , dis-
persion, V. épars.
Disponibilité , disponible,
dispos, disposer, dispositif,
disposition, v. site 3.
Disproportion , dispropor-
tionné, V. part i, A.
Dispute, disputer, dispu-
teur, V. conter 2.
Disqualifier, v. quel.
Disque, u. dais.
Dissection, v. scier.
Dissemblable, dissemblan-
ce, V. sembler.
Dissémination , dissémi-
ner, V. saison.
Dissension, dissontiment,
V. sentir.
Disséquer, i'. scier.
Dividende] du français. 183
Dissertation, disserter, v. Dissimilation , dissiniula-
série. teur, dissimulation, dissimu-
Dissidence, dissident, v. 1er, v. sembler,
seoir 3.
Dissiper, latin dissipare. Dérivés : dissipation, dissipa-
teur.
Dissociation, dissocier, v. Dissonance, dissonant, v,
suivre^. sonner.
Dissolu, dissolution, dis- Dissoudre, v. soluble.
solvant, V. soluble.
Dissuader se rattache au verbe latin suadere, supin
siiasum. Autre composé : persuader, d'où persuasif, per-
suasion. Le sens primitif de suadere est « être doux,
prendre par la douceur )>, ainsi s'explique la parenté avec
suave, latin siiavem, dérivé suavité.
Dissyllabe, dissyllabique, Distance, distancer, dis-
u, épilepsie. tant, i'. ester ^.
Distendre, v. tenir ^.
Distiller, latin distillare, fait sur stilla, goutte. Dérivés :
distillerie, distillation, distillateur, distillation. Le grec
stalazein, couler goutte à goutte, auquel se rattachent stalac-
tite et stalagmite, n'a avec stilla qu'un rapport très loin-
tain; le premier de ces deux mots d'origine grecque
exprime plutôt l'action entrain de se faire, l'autre l'action faite.
Distinct, distinctif , distinc- Distribuer , distributeur ,
tion, distinguer, distinguo, distributif. distribution, v,
V. stimuler. tribu.
Distique, v. acrostiche. District, v. étreindre^.
Distraction, distraire, dis-
trait, V, traire^.
Dithyi'arttbe, d'où dithyrambique, grec dithurainborif
proprt hymne en l'honneur de Bacchus.
Dito, V. dire^. Divagation, divaguer, v.
Diurne, v. jour. vague, adjectif.
Diva, V. dieu 2.
Divan, mot d'origine persane, dont douane est une
autre forme; désigne une salle de conseil et, par connexion
10 une espèce de siège, 2'^ une administration.
Divergence, divergent, di- sion. diversité, divertir, di-
verger, V. converger. vertissement, i», vers ^.
Divers, diversifier, diver- Dividende, v. veuf.
I8i DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Doge
Divin, divination, divina- bilité , divisible, division,
toire, diviniser, divinité, v. divisionnaire, v. veuf.
dieu 2. Divorce, divorcer, v. vers '.
Diviser, diviseur, divisi- Divulgation, divulguer, v.
vulgaire.
Dix (d'où dixième, dizain, dizaine) vient du latin deeem
(cf. allemand zehn, anglais ten) dont la forme grecque est
notre préfixe multiplicateur déca- et se retrouve dans le
dérivé décade. A decem se rattachent decembrem, décembre,
dixième mois de l'année romaine, et decanum (chef d'un
groupe de dix) qui nous a donné le mot populaire doyen,
d'où doyenné, et les dérivés savants décanal, décanat. A la
(în des noms de nombre de onze à seize, decèm est réduit
à -ze, V. quinze au mot cinq. Sur décennal, v. an.
— La forme ordinale de decem en latin est decimum, d'où
les doublets dîme et décime, les dérivés savants décimer,
décimal, et notre préfixe diviseur déci-.
— La forme « multiplicative » est decuplum, d'où décuple
[v. plier '^) et décupler.
— "La forme distributive est denos, par dix, d'où vient dena-
riiim, denier, sens primitif : valant dix as. Denrée, dérivé
de denier, signifie originairement : marchandise d'un
denier.
Do, syllabe sonore arbitrairement formée pour remplacer
ut, nom de la première note de la gamme.
Docile, docilité, v. docte.
Dock, hollandais dok et anglais dock.
Docte se rattache au verbe latin docere, instruire (supin
docium), qui a donné en vieux français un verbe duire
différent de celui qui est signalé à l'article duire. Dérivés en
doc- : docile, proprt qui se laisse instruire, d'où indocile,
docilité, indocilité; document, proprt ce qui instruit, d'où
documenter, documentaire. Dérivés du supin, outre docte :
docteur, doctoresse, doctoral; doctrine, proprt enseigne-
ment, d'où endoctriner, doctrinal, doctrinaire, où s'est
introduite une idée péjorative.
— La famille grecque de didactique (v. ce mol) est appa-
rentée à celle de docte.
Dodécagone, v. deux *.
Dodeliner, dodiner, onomatopées.
Dodu, origine inconnue. Doge, u. duire ^.
Dôme] DU FRANÇAIS. 185
Dogme, comme -doxie des mots tels que orthodoxie
{v. ortho-), se rattache au verbe grec dokein, et sitrnifie
proprt avis, croyance. Dogme, d'où dogmatique, dogma-
tisme, a pris l'acception de croyance autoritaire. Paradoxe
(doù paradoxal) signifie : qui est à côté de la croyance
commune; hétérodoxe, qui diffère de cette croyance (au
sens religieux du mot), v. autre *•.
Dogue, anglais dog, chien. Bouledogue, anglais bulldog,
proprt chien-taureau. Dog-cart, mot anglais qui signifie
voiture à chiens, le siège de ces voitures ayant été disposé
à Toriginc pour y loger des chiens de chasse.
Doigt, d'où doigté, doigtier, latin digitum. Le dérivé
digitalem a. produit en formation populaire le substantif
deel, devenu d'une façon anormale notre dé à coudre, et en
formation savante l'adjectif digital, dont le féminin digi-
tale, employé substantivement, est le nom d'une plante bien
connue, à fleurs disposées comme des doigts. Composés
savants : prestidigitateur, «. homme aux droits prestes »,
et digitigrade, qui marche sur les doigts {v. grade).
— Le mot grec daktulon, qui n'est pas apparenté à digitum,
a le même sens. Il a produit le mot populaire datte, nom
de fruits disposés comme les fleurs de la digitale (dérivé :
dattier) et le mot savant dactyle, nom d'un pied métrique
composé d'une longue et de deux brèves comme le doigt est
composé d'une phalange et de deux phalangettes. Cf. dacty-
lographie à graphie *.
— On admet une parenté entre doigt et la racine du verbe
dire, dont le sens premier est montrer. Digitum a d'abord
signifié i< qui dit, qui montre », et, pour désigner certains
doigts, on a tiré d'autres mots de la même racine, index,
V. dire -, et pouce, v. ce mot.
Dol, du latin dolum, ruse; adjectif dérivé dolosum, d'où le
mot juridique dolosif.
Doléance, dolent, v. douleur.
Dollar, mot anglais, altération de l'ail, thaler.
Dolmen, v. menhir. Domaine, v. dôme 3
Dôme, que nous avons emprunté à l'italien, vient du
latin domum.
1. Ce mot signifie proprt maison, d'où les sens de « maison
de Dieu », cathédrale, puis en français coupole, la coupole
étant la partie caractéristique d'un certain nombre de
186 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [DÔmC
cathédrales italiennes. Nous avons le mot avec son sens
primitif dans le composé majordome, proprt major de
maison, maître d'hôtel, et dans les dérivés : domestique,
proprt « de maison », d'où domesticité, domestiquer; domi-
cile, d'où domicilié, domiciliaire.
2. Un dérivé latin, dominum, — sur lequel ont été formés
dominer, dominateur, domination, prédominer, — a
produit la forme populaire dame (d'où madame), des deux
genres à l'origine; dérivés: damoiseau; damoiselle et son
doublet demoiselle (d'où mademoiselle), dont donzelle est
une forme méridionale; dameret; damier, du jeu de
« dames »; vidame, proprt vice-seigneur, v. fois. Le mot
dame (dont la forme espagnole féminine est duègne, et
madone la forme féminine italienne précédée de l'adjectif
possessif) signifie étymologiquement maître ou maîtresse de
maison ; devant les noms propres, dom est une forme
ecclésiastique ou portugaise et don une forme espagnole du
mot masculin. Les interjections dame et (archaïque) trédame
sont des abrègements de Notre-Dame.
3. Le nom propre Dominique signifie « du maître, du
Seigneur »; les dominicains sont les religieux de Saint-
Dominique. On a deux formes populaires de dominiqiie
dans : domaine, employé substantivement au sens de « terre
de maître », et *domanche, conservé dans dimanche, pour
*di-domanche, jour du Seigneur, v. jour. Sur le latin domi-
nicum s'est formé l'adjectif dominical, qui signifie aussi
« du Seigneur », l'oraison dominicale, mais qui peut avoir
le sens de <( du dimanche », le repos dominical. Cet adjectif,
employé substantivement, désignait le voile dont les femmes
se couvraient la tête pour communier, pour recevoir « le
Seigneur », et aussi un camail de prêtre, à capuchon; le
dominical est devenu le domino, par une déformation popu
laire issue du latin d'église, où le mot domino revient si
souvent. En vertu d'une comparaison plaisante, on a aussi
appelé domino : 1"^ un vêtement de bal à capuchon, 2° les
pièces, à revêtement uniforme, d'un certain jeu. (D'après
une autre explication, on aurait ainsi appelé le coup par
lequel on gagne, et ensuite les pièces du jeu.)
4. Le mot latin dominum nous a donné deux autres
dérivés : donjon, proprt tour du seigneur, et danger, dérivé
dangereux, dont le sens primitif est (( domination ». Le sens
actuel est tiré de la locution « être en danger », qui a passé
Douleur] du français. 187
facilement de l'acception de être sous la puissance de... à
celle de : être exposé aux coups, n'être pas en sûreté.
Domesticité, domestique, Dominicain, dominical, do-
domestiquer, domicile, domi- mino, v. dôme -K
cili&ire, domicilié, v. dôme K Dommage, dommageable,
Dominateur, domination, y. dam.
dominer, u. dôme^.
Dompter, latin domitare. Dérivés : dompteur, indompté,
indomptable.
Don, donataire, donateur, Donjon, v. dôme *.
donation, u. de à jouer *. Donne, donnée, donner.
Donc, origine incertaine. donneur, v. dé à jouer ^.
Dont, composé de la préposition de et de ladverbe latin
unde, dont le sens propre est : de quel endroit ou duquel
endroit. Dont est donc à l'origine un synonyme de la locu-
tion d'où. Par extension, on a passé du sens de « duquel
endroit )> au sens de : « de laquelle chose » et même u de
laquelle personne ».
Donzelle, v. dôme 2. Dorénavant, y. heure.
Dorade, u. or. Dorer, doreur, u. or.
Dorloter, mot dorigine inconnue, dont le sens primitif
est friser.
Dormir, latin dormire, supin dormitum, d'où dormeur,
dortoir, endormir, endormeur.
Dorsal, y. dos. Dorure, y. or.
Dos vient du latin dorsum, d'où dorsal. Dérivé : dossier;
dans l'une de ses acceptions, un dossier est une liasse de
pièces avec un a dos )> sur lequel on inscrit des indications.
Composé : endosser, d'où endos, endosseur. Le latin dorsum
vient de *de-versum (cf, vers *) et signifie proprt a le
retourné ».
Dose (d'où doser, dosage), grec dosin, proprt action de
donner, v. dé à jouer *.
Dot, dotal, dotation, doter. Douceâtre, doucereux, dou-
douaire, douairière, v. dé h cette, douceur, y. doux.
jouer*. Douche, doucher, dou-
Douane, douanier, y. divan. cheur, u. duire^.
Double , doublé , double- Doué, y. dé à jouer *.
ment, doubler, doublet, dou- Douille, douillet, y. duire^.
blon, doublure, y. deux^.
Douleur se rattacjlie au verbe latin dolere^ vieux français
188 DICTIONNAIRE ETYMOLOGIQUE [Drogmail
douloir, dont deuil est le substantif verbal et dolent la
forme savante du participe présent employée adjectivement;
indolent, doù indolence, signifie proprt insensible;
doléance, d'où condoléance, se rattache à une forme
archaïque française de participe présent. Dérivés de dou-
leur : douloureux, le mot de formation savante endolori.
Doute, douter, douteux, y. Douve, origine douteuse.
deux 2,
Doux vient du latin dulcem, d'où le mot savant dulci-
fier, V. faire '. La forme italienne de cet adjectif est dolce,
employé comme terme musical. Dérivés de doux : dou-
ceâtre, le diminutif doucette employé substantivement
pour désigner une salade; douoeur, d'où doucereux. Com-
posés : adoucir, d'où adoucissement et radoucir; édulcoré.
Douzaine, douze, douziè- Dracéna, v. dragon.
me, V. deax^. Draconien, v. noms propres
Doyen, doyenné, v. dix. (Mots tirés de).
Dragée, d'où drageoir, déformation du grec tragêma,
friandise.
Dragon, latin draconem^ du grec draconta, féminin
dracaina, d'où dracéna. Le dragonnier et la variété de cette
plante nommée dracéna sont ainsi appelés en raison de leur
résine rouge dite sang-dragon (ce mot parait être une
déformation, par étymologie populaire, du latin sa/idaracum,
grec sandarakê). Les cavaliers dont le drapeau portait un
dragon étaient appelés des dragons. La dragonne est une
pièce de l'équipement des dragons; une dragonnade est une
expédition de dragons.
Drague, draguer, anglais to drag.
Drain, anglais drain; dérivé : drainer, d'où drainage.
Drame, du grec drama, génitif dramatos, qui signifie
proprt action. Dérivé : dramatique. Composé: dramaturge,
grec draniatourgon, dont le second élément est apparenté à
ergon, œuvre, et signifie auteur. — Comparez thaumaturge^
faiseur de miracles, et voyez chirurgie.
Drap, origine inconnue. Dérivés : drapeau, proprt petit
drap, lange ou étendard; draperie, drapier, draper.
Dressage, dresser, dressoir, Drisse, v. régir ^.
V. régir''. Drogman, u. trucheman.
Drille, origine douteuse.
Duire] DU français. 189
Drogue, origine douteuse, dérivés : droguiste, dro-
guerie, droguer.
Droguet, espèce d'étoffe, Droit, droitier, droiture,
origine inconnue. v. régir ^.
Drôle, drôlesse, origine douteuse; dérivés : drôlerie,
drolatique.
Dromadaire se rattache au grec dromada, qui signifie
coureur. A dromon, qui exprime la même idée et qui
désigne aussi le lieu où l'on court, se rattachent prodrome,
symptôme précurseur, avant-coureur, et hippodrome
[v. hippique). Il y a des composés récents en -drome faits
sur des mots qui n'ont rien de grec comme vélo (pour vélo-
cipède) : vélodrome.
Dru, origine douteuse.
Druide, doù druidique, druidisme, origine celtique.
Dû, V. avoir ^. duché, duchesse, v. duire ^ .
Dualisme, dualité, u. deux i. Ductile, i'. daire-.
Dubitatif, v. deux ~. Duègne, v. dôme -.
Duc, ducal, ducat, ducaton, Duel, duelliste, v. deux*.
Duire, vieux verbe qui se rattache au substantif latin
diicem, proprt celui qui mène, chef.
1. Le latin ducem a produit doge, forme italienne, et la
forme savante française duc, dérivés : duchesse, duché,
ducal; ducat, originairement monnaie des doges, et duca-
ton, petit ducat.
2. Le verbe latin ducere, supin diictum (d'où les dérivés
français en -dactioriy -ductif, -diicteur) signifie <c tirer,
mener », d'où, pour duire, le sens de « être attirant pour,
plaire à », qu'on trouve encore dans La Fontaine :
Genre de mort qui ne duit pas
A gens peu curieux de goûter le trépas.
— A ce verbe se rattache un adjectif signifiant « qui peut
se tirer » ou « qui peut s'étirer », et dont nous possédons la
forme populaire douille et la forme savante et scientifique
ductile, adjectif. La douille d'une bêche ou d'une baïonnette
est la partie qui peut se tirer du manche ou du fusil. Au
sens de « qui peut s'étirer, mou », nous n'avons plus que le
diminutif douillet. On aurait pu former sur duire un nom
*duit ou *duile, *duct ou *duciion ; nous avons une forme
î90 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Duîre
italienne douche, mot qui désigne originairement un con-
duit d'eau, puis un jet, et aussi la forme -dact dans aqueduct
(conduite d'eau), aujourd'hui écrit aqueduc; le viaduc est
une construction analogue à l'aqueduc, mais qui porte une
voie (latin via) au lieu d'une conduite d'eau.
3. Composés de daire avec le préfixe in- ou en- : nous
avons les doublets enduire et induire, le premier signifiant
« mener sur », revêtir un objet d'une substance adhérente,
et le second <c mener dans » au figuré, amener à une conclu-
sion. Enduire (d'où enduit) a eu aussi le sens de « mener
dans » au propre, et il nous en reste le dérivé endouille,
qu'on écrit andouille (pour la forme, comparez douille, plus
haut, § 2); on fait l'andouille en « introduisant » de la
chair, hachée ou non, dans un boyau. Dérivés d'induire :
inductif, induction, termes de logique; il y a un autre mot
induction, terme de physique, c'est la détermination de
courants électriques, dits induits, par l'influence d'aimants.
4. Autres composés de duire :
Conduire, proprt mener avec soi, d'où : conduit, con-
duite, inconduite; conducteur avec le doublet italien con-
dottiere; conductibilité; reconduire; sur éconduire, v.
dire 2.
— Le verbe déduire, doù déduction, déductif , signifie tirer
de; il a, eu le sens figuré de distraire, d'où le vieux mot
déduit, plaisir, encore employé par La Fontaine.
— Introduire, mener à l'intérieur de, d'où introduction,
introducteur, introductif.
— Produire, proprt tirer ou mener devant, d'où produit,
production, producteur, productif, improductif et le sur-
composé reproduire, doù reproduction, reproducteur.
— Réduire, d'où réduction, réductible, irréductible, c'est
ramener (un membre luxé à son état normal, un rebelle à
la soumission, une chose à un état amoindri) et aussi retirer,
sens primitif, d'où réduit, retraite, et le doublet féminin
d'origine italienne, redoute, désignant une fortification
isolée et un lieu de fête, puis la fête elle-même.
— Séduire, proprt mener à part, d'où séduisant, séduc-
teur, séduction.
— Traduire, proprt mener à travers, fairb passer en
justice, faire passer dans une autre langue, d'où traduc-
teur, traduction, traduisible, intraduisible.
5. A la même racine se rattache cducare, français édu-
É-] DU FRANÇAIS 191
quer. proprt faire qu'on soit tiré de, élever, former. Dérivés :
éducation, éducateur, éducable.
Dulcifier, y. doux. Dûment, y. avoir s.
Dune, diminutif dunette, vient d'un mot néerlandais
considéré comme étant d'origine celtique.
Duo, duodécimal, y. deux ^.
Dupe, autre forme du nom de la huppe, oiseau d'appa-
rence stupide. Dénvé : duper, d'où duperie, dupeur.
Duplicata, duplicité; u. deux^.
Dur, latin durum. Dérivés : duriuscule, durillon,
dureté, induration, induré : durcir, d'où endurcir, endur-
cissement. Le verbe latin darare a signifié « être dur,
résistant », d'où le sens de notre verbe durer, substantif
participial durée, participe présent employé comme prépo-
sition durant, dérivé durable. Le composé endurer, d'où
endurance, se ramène au sens primitif de « être résistant )>,
d'où : avoir la patience de supporter.
Duvet. La forme ancienne dumetj qu'on trouve dans
Rabelais, permet de rapprocher ce mot du germanique don
qui entre dans la composition d'édredon = duvet d'eider.
(L'eider est aussi appelé oie du Nord, le mol est suédois.)
Dérivés de duvet : duveté, duveteux.
Dynamique, dynamisme, dynamite, dynamomètre
se rattachent au grec dunamin, force. Dynastie, d'où dynas-
tique, est de la même famille; dunasteia signifie proprt :
force, puissance.
Dys-, préfixe péjoratif d'origine grecque. Dysenterie,
u. en, A. Dyspepsie, dyspeptique, v. pepsine. Dyspnée,
V. pneumonie. Dyssymétrie, dyssymétrique, v. mesure.
E
É-, préfixe (ess-, p. e. dans essor), dont la forme latine est
ex ou e, et la forme grecque ex ou ek, exprime une idée de
mise hors, d'éloignement, et parfois d'achèvement. Ex,
comme préfixe, marque aussi la sortie d'un état antérieurct
dès lors, devant un substantif, équivaut à anciennement.
192 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Eatt
ci-devant : « ex-député ». Dans les formes verbales, la racine
exprime Tétat nouveau : éborgner, égayer.
1. Le préfixe extra- est le comparatif de ex et signifie
proprt plus en dehors, sens voisin de celui d'ultra et de
trans = au delà; ces trois mots, le troisième sous sa forme
française très, servent à former des superlatifs absolus :
« extra-fin, ultra-fin, très fin », équivalant à « au delà de fin,
plus que fin ». Cf. la valeur superlative de par, v. ce mot.
Sur extra, abréviation d'extraordinaire , v. ordre.
2. Exteriorem, d'où extérieur, extérioriser, est le compa-
ratif de l'adjectif exterum sur lequel est formé extra (et qui
est déjà lui-même un comparatif), adjectif auquel se rat-
tache le mot êtres, abords d'une maison; extremuni, d'où
extrême, extrémité, in extremis, en est le superlatif et
marque la dernière limite. Comparez intérieur et intime à
l'article en, B. L'adverbe extrêmement sert à former des
superlatifs, comme extra, ultra et très : extrêmement fin.
3. Deux autres adjectifs ont été faits sur extra, l'un a
donné externe en formation savante, et l'autre étrange en
formation populaire. Dérivés d'externe : externat, externer.
Le sens primitif d'étrange a passé à son dérivé étranger,
tandis qiiétrange lui-même prenait le sens d'extraordinaire,
d'où étrangeté. La syllabe -in- (comme dans inde, v. en 2°)
et l'adverbe secus, que l'on trouve dans extrinsecus (d'où
extrinsèque, cf. séquestrer), expriment une idée d'éloigne-
ment comme extra lui-même, l'idée est donc exprimée trois
fois ; en partant et en s'éloignant au dehors.
4. La préposition dès vient de de-ex (à partir et en sortant
de). — L'adverbe grec exô, dehors, a formé exotérique,
enseigné publiquement, et exotique, étranger.
Eau vient du latin aqua. La forme intermédiaire éve s'est
conservée dans le dérivé évier, qui, malgré la divergence de
sens, n'est qu'un doublet du mot tout latin aquarium. Une
forme dialectale aiguë explique : aiguière, forme féminine
d'aquarium, qui a eu le sens de vase comme celui de réser-
voir; aigue-marine, émeraude ainsi appelée en raison de sa
couleur vert de mer; et les noms de lieux tels que Aigues-
Mortes et Aix. Dérivés d'aqua, outre aquarium : aqueux,
aquatique, et aquarelle (d'où aquarelliste), diminutif ita-
lien qui signifie petite peinture à Teau. Sur la forme italienne
deau-forte a été fait le substantif aquafortiste. Pour
aqueduc, v. duire^.
Échafaud] du français. 193
— Le nom de plante ancolie vient du latin des botanistes
aquilegia = qui recueille l'eau (dans ses fleurs), le mot a été
formé avec légère au sens de recueillir, v, lire ^.
Ébahir, probablement formé sur l'interjection bahl
Dérivé : ébahissement.
Ébarber, v. barbe. tre (s'), u. battre 2.
Ébat, ébattement, ébat- Ébaubi, v. balbutier.
Ébaucher, origine incertaine, v. débaucher. Substantif
verbal : ébauche. Dérivé : ébauchoir.
Ébaudir, ébaudissement, v. baudet.
Ébène, grec ebenon, emprunté à l'égyptien. Dérivés :
ébénier, ébéniste d'où ébénisterie.
Éblouir, racine germanique, allemand blôde. Dérivés :
éblouissant, éblouissement.
Éborgner, v. borgne. Ébrasement, ébraser, ori-
Ébouillanter, v. boule. gine inconnue.
Éboulement, ébouler, ébou- Ébrécher, y. brèche.
lis, i'. boyau. Ébriété, v. ivre.
Ébouriffant, ébouriffé, Ébrouer (s'), v. bouffer,
ébouriffer, i'. bourre. Ébruiter, v. bruire.
Ébrancher, v. branche. Ébullition, v. boule.
Ébranlement, ébranler, v. Écacher, i'. agir "-.
brand.
Écaille se rattache à une racine germanique qui a le sens
de « tuile » et qui a produit aussi écale. Dérivés d'écaillé :
écailleux, et le verbe écailler, doù écaillère. Dérivé à'écale :
écaler (des noix), doù écaleuse. Le latin avait le mot
squama, doù squameux et desquamation.
Écarlate, origine inconnue; sur ce mot a été fait le
latin médical scarlatina, d'où scarlatine.
Écarquiller, écart, v. qua- Écarteler,écartenient,écar-
tre 2. ter, écarteur, v. quatre'^.
Écarté, v. charte.
Ecchymose, du grec ekkhumâsin, dont le sens propre est
déplacement d'humeur, comme cacochyme (v. ce mot)
signifie : qui a de mauvaises humeurs.
Ecclésiastique, u. caie/ides *. Écervelé, v. cerveau.
Échafaud, formé avec le préfixe é- sur le vieux français
chafaud, latin populaire * calafalicumj d'où catafalque
emprunté à l'italien. Calafalicnm est lui-même formé avec le
DICT. ÉTYM. FRANC, 13
194 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Échelle
préfixe grec kata-, v. chacun, et le mot latin/a/as désignant des
espèces de loges d'amphithéâtre au cirque. Le sens commun
à catafalque et à échafaud, c'est « estrade en charpente »,
d'où la signification du verbe échafauder et de son dérivé
échafaudage.
Échalas se rattache au grec kharakion, même sens.
Échalier, y. échelle. Échancrer, échancrure, u.
Échalote, v. noms propres cancer.
(Mots tirés de). Échange, échangeable^,
échanger, v. changer.
Échanson, origine germanique, cf. ail. schenk.
Échantillon, échantillon- échappement, échapper, u»
ner, u. chant 2. cape 3.
Échappatoire , échappée ,
Écharde, origine germanique, cf. ail. scharte.
Échappe, primitivement bourse suspendue au cou, ori-
gine germanique.
Écharper, v, charpie,
Échasses, d'où échassier, mot d'origine germanique,
apparenté à l'anglais skating.
Échauder , échauf f ement , Échauguette, v. guetter.
échauffer, échauffourée, v. Échéance, v. choir 2.
chaloir.
ÉcheC) du persan schâh, roi, dérivé : échiquier.
Échelle, latin scala. Dérivés : échelon, d'où échelonner;
échalier (sorte de marche pour franchir une haie) et son
doublet escalier, d'origine provençale. Dans la signification
qui lui est donnée lorsqu'on dit « les échelles du Levant »,
le mot échelle a pour doublet escale, emprunté à l'italien;
il s'applique aux ports où le navire fait relâche et abat
l'échelle de débarquement. Une escalade, d'où escalader,
est proprt un assaut donné à l'aide d'échelles.
— Scala se rattache au verbe latin scandere qui signifie
monter, et dont nous avons tiré scander avec le sens très
spécial de séparer les pieds d'un vers (comme sont séparés
les degrés d'une montée). Les composés de scandere sont en
-scendere, supin -scensum. Descendre, d'où descente, des-
cendant, descendance, c'est faire le mouvement inverse de
la montée; surcomposé condescendre, proprt se mettre à la
portée d'un inférieur, d'où condescendance. Ascension,
Éclipse] DU FRANÇAIS. 195
ascenseur, ascendant, ascendance expriment la montée ou
la remontée vers. Avec le préfixe trans-, on a : transcen-
dant, « qui s'élève par delà », au figuré, d'où transcendance
et transcendental. Cf. esclandre.
Échenillage, écheniller, v. Écheveau, origine incon-
chien. nue.
Échevelé, y. cap i.
Échevin, d'où échevinage, or. germanique, cf. ail. schôjfe.
Échine (d'où échiner, proprt rompre l'échiné), origine
germanique.
Échiquier, y. échec.
Écho, du grec êkhô, son répercuté. C'est la racine des
mots catéchisme, catéchiser (préfixe cata-) qui expriment
l'idée d'un enseignement oral. Le catéchumène est celui qui
reçoit l'enseignement; on a, dans ce mot, la même dési-
nence passive du grec que dans énerg amène, v. énergie, et
dans œcuménique, v. économe.
Échoir, y. choir 2,
Échoppe, ail. schoppen.
Échouer, d'où échouage , Éclair, éclairage, éclaircie,
origine inconnue. éclaircir, éclaircissement,
Éclaboussement, éclabous- éclairer, éclaireur, v. calen-
ser, éclaboussure, y. éclater. des 3..
Éclater, origine douteuse. Substantif verbal éclat, dérivé
éclatement. Éclabousser, d'où éclaboussement, éclabous-
sure, semble se rattacher à éclater, dont esclaffer parait
être une altération.
Éclectique, éclectisme, y. logique^.
Éclipse et ellipse viennent de mots grecs formés l'un
avec le préfixe ek~ [ex- latin), l'autre avec le préfixe en- {in-
latin) et le verbe leipein qui a la même racine et la môme
signification que le verbe latin linquere. laisser {v. délie-
tueux). Bien que ces préfixes soient en principe opposés, il
ne font ici qu'accentuer l'un et l'autre l'idée fondamentale,
qui est celle d'abandon, aboutissant à lidée de manque. Le
soleil ou la lune manquent dans l'éclipsé. L'ellipse, figure
de géométrie, est en quelque sorte un cercle manqué, impar-
fait. Dans l'ellipse, figure de rhétorique, il manque des mots.
— Dérivés d'éclipsé : écUpser; écliptique, courbe de la route
i96 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Écorcc
apparente du soleil, où se produisent les éclipses. — Dérivés
Â'ellipse : elliptique, ellipsoïde (sur -ide, v. forme).
Eclisse, ail. schleissen.
Écloper, V. clocher, verbe. Écœurant, écœurement,
Éclore, éclosion, écluse, écœurer, v. cœur.
éclusier, v. clou 3.
Ecole, dérivé écolier, vient du latin schola, mot d'origine
grecque. Dérivés savants : scolaire, d'où scolarité; scola-
stique, dont le vieux mot écolâtre est un doublet, escolasire
a été une corruption d'escolaste, nous n'avons pas ici le
suffixe péjoratif -aire. La scolastique est proprt l'enseigne-
ment des écoles (au moyen âge), î ecolàtre était un ensei-
gnant, le directeur de l'école attachée à une église. Une
scolie (grec skholioji), c'est proprt un commentaire comme on
en fait dans les écoles; un scoliaste est un commentateur.
Éconduire, v. dire^.
Econome, v. autonome. La première partie du mot vient
du grec oikon, maison, et précisément ménager, qui se
rapproche du sens d'écononte, se rattache au mot maison,
d'origine latine [v. manoir^).
— Le mot oikon, maison, habitation, est la forme grecque
qui correspond à vicam, village (u. voisin). On le retrouve
dans œcuménique, proprt « qui concerne la terre habitée,
qui s'étend à la terre habitaljle ». — Métèque, metoikon,
formé avec le préfixe meta- qui marque changement,
signifie : qui a changé de maison, de patrie, étranger. —
Paroisse, paroikia, formé avec le préfixe para-, qui marque
proximité, signifie proprt groupe de maisons voisines;
dérivés : paroissial, paroissien et l'italien parroco, curé,
dont perroquet (sur lequel a été fait perruche) est un dimi-
nutif, l'oiseau bavard ayant été assimilé plaisamment au
curé. — Diocèse, dioikêsin, formé avec le préfixe dia-, qui
marque séparation, signifie proprt groupe d'habitations
séparé des autres, circonscription territoriale; dérivé :
diocésain.
Écorce a été rattaché au latin corticem, écorce, d'où
décortiquer, mais vient plutôt d'un dérivé de scorium, peau.
La parenté des idées de peau et d'écorcc est encore attestée
par écorcher (dérivés : écorcheur, écorchure), qui vient
régulièrement d'un verbe latin formé sur corticem; on a fait
un autre verbe sur le français « écorce », écorcer.
Écrire] du français. 197
Écorner, écornifler, v. cor. Écosser, v. cosse,
Écot, origine germanique, cf. angl. scot.
Écoulement, écouler, v. cou- Écoutes, écouter, écouteur,
1er. écoutille, v. oreille.
Écourter, v. court.
Éeouvillon, diminutif du vieux français escouve qui vient
du latin scopa, balai.
Écrabouiller, origine incer- Écran, origine incertaine.
taine.
Écrasement, écraser, origine Scandinave.
Écrémer, v. crème.
Écrevisse, cf. ail. krebs.
Écrier, v. crier.
Écrin, latin scriniiim.
Écrire, du latin scribere (d*où scribe), supin scriptum
(d'où la formule latine post-scriptum, écrit après). Sub-
stantif participial écrit, d'où écriteau. Dérivés : écriture,
écritoire: écrivain, écrivailler, écrivasser doù écri-
vassier.
— Composés : circonscrire, proprt écrire autour, limiter
de tous les côtés, dérivé : circonscription; conscrits,
« inscrits ensemble ■» sur les listes de recrutement (d'où
conscription), inscrits à Rome sur la liste des sénateurs
(pères conscrits); décrire, écrire d'un point déterminé ou
d'après un modèle, dérivés : description, descriptif, indes-
criptible; inscrire, écrire sur, dérivé : inscription: pres-
crire, écrire en avant, en tête, d'où dune part recom-
mander par écrit, d'autre part prendre acte d'une possession
ou d'une abrogation résultant d'un certain laps de temps,
dérivés : prescription, imprescriptible; proscrire, proprt
écrire devant, afficher, exiler par une décision affichée
(comme bannir, c'est exiler par proclamation), dérivés :
proscription, prescripteur; rescrit, proprt réponse écrite;
souscrire, écrire en dessous, signer au bas, dérivés : sous-
cription, souscripteur; suscription, ce qui est écrit au-
dessus; transcrire, proprt écrire à travers, reproduire,
dérivé transcription. Sur manuscrit,, v. main ^.
— Le mot grec graphein a le même sens que scribere^
auquel il n'est sans doute pas apparenté. Il en résulte que
198 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Édîcule
graphie équivaut à écriture, greffier à écrivain, épigraphe à
inscription, etc., v. le mot graphie.
1. Écpou à vis, origine douteuse, cf. ail. schraube.
2. Ecpou de prison (d'où écrouer), ail. schrot, d'abord
morceau de parchemin, puis article d'un registre de prison.
Éerouelles se rattache au latin scrofalas, d'où scrofu-
leux.
Écrouer, v. écrou2. Écru, v. cru.
Écroulement, écrouler, u.
roue 3.
Ecu, latin scutum, bouclier long. L'éca-monnaie est à
l'origine une pièce de monnaie portant un écu sur une de
ses faces. L'écusson est une manière d'écu, un écu d'armoi-
ries ou d'ornement, et un morceau d'écorce, en forme d'écu,
pour la greffe. L'écuyer est primitivement celui qui porte
l'écu du seigneur, et plus tard simplement un homme qui
monte à cheval, un cavalier de cirque; le mot écurie
{écuyerie) dérive à'écuyer et désigne à l'origine le logis des
écuyers et de leurs montures. Notre mot écuelle, d'où
écuellée, vient du latin populaire scutclla, auquel on
attribue une origine grecque, mais qui, en tout cas, avait
subi l'influence de scutum, probablement par comparaison
de l'objet avec un écu bombé, comme la joue (v. ce mot) a
été comparée à une écuelle.
Éeueîl, latin scopulum, emprunté au grec skopelon, v.
épice ^.
Éculé, u. cul.
Écume, origine germanique, cf. ail. schaum. Dérivé :
écumer, d'où écumeur et écumoire.
Écurer, v. cure 3.
Ecureuil se rattache au grec skiouron.
Écurie, écusson, écuyer, écuyère, v. écu.
Eczéma, mot d'origine grecque, signifie proprt ébullition.
Éden, proprt jardin, mot hébreu. Cf. paradis.
Édenté, v. dent. Édicter, v. dire 2.
Édicule vient d'un diminutif du mot latin aedein, qui
signifie maison. L'édile était le magistrat chargé des bâti-
ments publics. Composés : édifice, v. faire ', édifier, qui
signifie construire et au figuré instruire {instruire a eu lui-
Égosiller]
DU FRANÇAIS.
199
même les deux sens), mais spécialement instruire au moral
par le bon exemple, puis instruire sur le compte de quel-
qu'un par l'exemple de ce dont il est capable. Édification a
le sens propre et les sens figurés d'édifier.
Édit, V. dire'^.
Éditer, éditeur, édition, u.
dé h jouer 2,
Édredon, v. duvet.
Éducable, éducateur, édu-
cation, V. duire ^.
Édulcorer, v. doux.
Éduquer, v. duire 5.
Éfaufiler, v. fil^.
Effacement, effacer, u. /ace.
Effarement, effarer, v. ef-
frayer.
Effaroucher, u.yîer, adjectif.
Effectif, effectuer, v. faire 5.
Efféminer, v. foin.
Effervescence , efferves-
cent, V. fervent.
Effet, V. faire ^.
Effeuiller, v. feuille.
Efficace , efficacité , effi-
cient, V. faire ^.
Effigie, v. feindre.
Effilé, effiloché, v. fil^.
Efflanqué, v. flanc.
Effleurer, efflorescence, u.
fleur.
Effluve, V. fleuve.
Effondrement, effondrer,
V. fond.
Efforcer (s'), effort, v. fort.
Effraction, v. fraction'^.
Effraie, subst., origine in-
connue.
Effrayer signifie proprt mettre hors de paix >(de l'ail,
/riede. paix); comparez la formation du mot émoi. Substantif
verbal effroi, doù effroyable. Frayeur est tiré d'effrayer.
De l'ancienne forme effraer, par meta thèse de l'r, provient
effarer, d'où effarement.
Effréné, v. frein.
Effriter, v. fraction *.
Effroi, V. effrayer.
Effronté , effronterie ,
front.
Effroyable, v. effrayer.
Effusion, V. fondre.
Égal, égaler, égaliser, éga-
litaire, égalité, v. équité.
Égard, v. garder.
Égarer est composé du préfixe é- et d'un radical germa-
nique qui signifie « garder », ail. wahren. Dérivé : égare-
ment.
Égayer, v. gai.
Égide, grec aigida, interprété « le bouclier à la chèvre », le
bouclier de Pallas étant couvert de la peau de la chèvre
Amalthée.
Eglantier, églantine, v.
aigre.
Église, V. calendes^.
Églogue, v. logique i.
Égoïsme, égoïste, v. je.
Égorgement, égorger ,
égorgeur, v. gorge.
Égosiller (s'), v. gosier.
200 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Elle
Égotisme, u. je. Égrillard, origine incon-
Égout, égoutier, égoutte- nue.
ment, égoutter, u. goutte. Éhonté, v. honte.
Égrainer, v. grain. Eider, v. duvet.
Égratigner, égratignure, Élaboration, élaborer, u.
V. gratter. labeur.
Égrener, v. grain. Élagage, élaguer, origine
1. Élan, ail. elen.
douteuse.
2. Élan, élancement, élan- Élargir, élargissement, u.
cer, V. lance. dilater.
Elastique, fait sur le grec elasteon.
Eldorado, v. or. électoral, électorat, v. lire 2.
Électeur, électif, élection,
Electrum, alliage vulgairement appelé or vert. Ce mot
tout latin est tiré du grec êlektron, qui a le môme sens et
qui désigne aussi l'ambre jaune. Gomme l'ambre jaune est
doué de propriétés électriques, c'est sur son nom grec
qu'on a formé les mots électrique et électricité pour
exprimer ces propriétés des corps, et le verbe électriser,
d'où électrisation, électrisable, ainsi que les termes scien-
tifiques nombreux qui commencent par électro-. Sur élec-
trolyse, v. soluble.
Électuaire, élégance, élégant, v. lire'^.
Elégie, élégiaque, grec elegeia, poème plaintif.
Élément, d'où élémentaire, latin elementum, qu'on a
expliqué par les noms des lettres /, m, n, suivis du suffixe
-tarn, comparez alphabet.
Éléphant, grec elephanta, éléphant et ivoire (comparez
le mot baleine désignant les fanons de la baleine). Nous
avons de ce mot, au sens d'ivoire, et, par connexion, de cor
d'ivoire, une forme populaire altérée, olifant. Dérivés
savants : éléphantiasis, maladie qui rend la peau rugueuse
comme celle de l'éléphant; éléphantin, d'ivoire.
Élevage, élévateur, éleva- Élimer, v. lime.
tion, élévatoire, élève, éle- Éliminer, u. lice 3.
ver, éleveur, u. léger. Élire, v. lire 2.
Élider, v. lèse. Élision, v. lèse.
Éligibilité, éligible,u./ire2. Élite, v. lire^.
Élixir, mot arabe.
Elle, V. il.
Embryon]
DU FRANÇAIS.
201
Ellébore, grec elleboron.
Ellipse, ellipsoïde, v. éclipse.
Élocution, V. locution.
Éloge, élogieux, y. logique^.
Éloignement, éloigner, v.
long.
Éloquence, éloquent, u. lo-
cation.
Élucider, élucubration,élu-
cubrer, u. luire.
Éluder, u. allusion.
Élytre, u. coléoptère.
Émacié, v. maigre.
Em-, préfixe, v. en-.
Émail, origine germanique, cf. anglais smell. La racine
exprime l'idée de fusion. Dérivé : émailler, d'où émailleur.
Smalt nous vient de la forme italienne du mot.
Émanation, v. émaner. Émancipation, émanciper,
V. main 3.
Emaner, d'où émanation, se rattache au latin manare,
couler.
Émargement, émarger, v.
niêirge.
Emballage, emballement,
emballer, emballeur, v. balle.
Embarbouiller, v. barbouil-
ler.
Embarcadère , embarca-
tion, V. barque.
Embardée, origine incon-
nue. V. Suppl.
Embargo, v. barre.
Embarquement , embar-
quer, V. barque.
Embarras, embarrasser,
embarrer, v. barre.
Embaucher, embaucheur,
V. débaucher.
Embaumement, embau-
mer, V. baume.
Embellie, embellir, embel-
lissement, V. bon.
Emberlificoter, emberlu-
coquer(s'), origine inconnue.
Emblaver, v. blé.
Emblée, v. voler 3.
Emblématique, emblème.
Embobiner, v. bobine.
Emboire, v. boire.
Emboîtage, emboîtement,
emboîter, v. boîte.
Embolie, v., parole 2.
Embonpoint, v. poindre.
Emboucher, embouchure,
V. bouche.
Embourber, v. bourbe.
Embout, embouter, v. bou-
ter 2.
Embranchement, embran-
cher, V. branche.
Embrasement, embraser,
braise.
Embrassade , embrasse ,
embrassement, embrasser, y.
bras.
Embrasure, origine incon-
nue.
Embrigader, u. brigade.
Embrocher, v. broclie.
Embrouiller, v. brouiller.
Embrumer , embrun , u.
brume.
V. parole 2.
Embryon, d'où embryonnaire, vient du grec emhruon^
dent le sens propre est : qui croit à Tinlérieur.
202 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Empâter
Embûche, embuscade, embusquer, v. bûche.
Émeraude, grec smaragdon.
Emerger se rattache au latin mergere, supin mersum,
qui signifie plonger. Composés avec d'autres préfixes :
immerger, d'où immersion; submerger, d'où submersible,
insubmersible.
Émeri, du grec smurida, par l'intermédiaire de l'italien.
Émerillon, d'où émeril- Émeute, émeutier, u. mou -
lonné, origine inconnue. voir^.
Émérite, v. mérite. Émiettement, émietter, v.
Émerveiller, v. mirer, mie.
Émétique, v. vomir. Émigrant, émigration, émi-
Émettre, v. mettre 3. gré, émigrer, v. migration.
Émincé, v. mince.
Éminence, éminent, émînentissime se rattachent au
verbe Isitïn-minere, qui signifie s'élever et qui est apparenté
à mont. Surcomposés : prééminent, prééminence, proémi-
nent, proéminence, les deux premiers s'employant au
figuré et les deux autres au propre. Composés avec un autre
préfixe : imminence, imminent, dont l'idée première est
celle de pencher sur, menacer.
Émir, V. amiral. Emmêler, v. mêler.
Émissaire, émission, v. Emménager, u. manoir 2.
mettre 3, Emmener, v. mener.
Emmagasinage, emmaga- Emmieller, v. miel.
siner, v. magasin. Emmitoufler, v. mitaine.
Emmailloter, u. maille 1. Emmurer, v. mur.
Emmancher, . emmanchu-
re, V. main ^.
Émoi, substantif verbal d'émayer, émoyer, vieux verbe
d'origine germanique qui signifie proprt priver de force,
comme ejjrayer signifie priver de tranquillité. La racine
se trouve dans l'allemand môgen.
ÉmoUient, v, mou. Émouvoir, v. mouvoir 2.
Émolument, v. moudre^. Empaillage, empailler, em-
Émonder, v. monde. pailleur, v. paille.
Émotion, v. mouvoir 2. Empaler, v. pieu.
Émoucher, émouchet, v. Empan, v. épanouir,
mouche. Empanaché, v. empenné.
Émoulu, V. moudre'^. Empaqueter, v. paquet.
Émousser, v. mousse. Emparer, v. pair '^.
Émoustiller, origine incon- Empâtement, empâter, v.
nue. pâte.
En]
DU FRANÇAIS.
203
Empaumer, y. paZme. Empeigne, origine incon
Empêchement, empêcher, nue.
empêcheiir, v. pied ^,
Empenné se rattache au latin penna, plume, aile iv. péti-
tion^]. Dérivé : pennon, sorte de drapeau, d*où le diminutil
panonceau, écusson de notaire. Panache, dérivé dorigine
italienne, d'où empanaché, panaché (varié de couleurs
comme le sont souvent les panaches), panachure. Dépe-
naillé équivaut à déplumé.
Empereur, v. empire.
Empeser, u. poix.
Empester, v. peste.
Empêtrer, v. paître^.
Emphase, emphatique,
fantaisie i.
Emphytéose, v. physique.
Empiècement, v. pièce.
V,
Empierrement, empierrer,
V. pierre.
Empiétement, empiéter* u.
pied 1.
Empiffrer, v. piper.
Empilement, empiler, y.
pile 1.
Empire (latin imperium) et empereur (latin imperatorem)
sont solidaires l'un de l'autre. Dérivés savants dïmperium :
impérial (d'où impérialisme, impérialiste) et impérieux.
Imperatorem est le nom d'agent formé sur le verbe impe-
rare, commander, auquel se rattachent aussi les mots sa-
vants impératrice et impératif.
Empirer, v. par 2.
Empirique, empirisme, v.
expérience.
Emplacement, v. place.
Emplâtre, emplâtrer, v.
plastique.
Emplette, v. plier i.
Emplir, v. plein.
Emploi, employer, v. plier ^.
Emplumé, v. plume.
Empocher, v. poche.
Empoigner, v. poing.
Empois, V. poix.
Empoisonnement, empoi-
sonner, empoisonneur, v. poi-
son.
Empoissonner, v. poisson.
Emportement, emporter,
V. port.
Empoter, v, pot.
Empourprer, v. pourpre.
Empreindre, empreinte,
empressé, empressement,
empresser (s'), v. près.
Emprisonnement, empri-
sonner, V. prendre.
Emprunt, emprunter, em-
prunteur, V, muer.
Empyrée, v. feu.
Émule, d'où émulation, latin aemulum.
Emulsion, liquide laiteux, se rattache au latin mulgere,
traire, supin mulsum.
En. Il faut distinguer trois en :
1° En- venant de in- négatif du latin, dans les mots tels
204 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [En
que ennemi {v. ami)y enfant {v. affable^); à rapprocher du a-
privatif d'origine grecque, v. a-,
2° En adverbe et en- ou em- préfixe venant du latin mdc =
de cet endroit, puis de cette chose, de cette personne ; c'est
le préfixe des verbes emporter (porter de là), enfuir (fuir de
là), etc.; rien, dans la forme, ne le distingue de en 3^, sauf
dans l'adverbe composé souvent (souv-ent) où souv- vient du
préfixe latin sab-, le sens propre est « en remontant de là »,
d'où (( en reprenant, en recommençant )>.
3^^ En préposition et en- ou em- préfixe venant de in, la
préposition-préfixe du latin. A noter que cette préposition
peut avoir le sens de sur : casque en tête, portrait en pied.
— Deux de ces particules, en 1° et en 3^, figurent dans les
mots savants sous la forme latine. Bien que n'ayant entre
elles aucun rapport d'origine ni de sens, elles sont identi-
quement im- devant b, m, p, in- ailleurs (ou simplement i
suivi de r ou l double). Par exemple impoli, c'est « non poli »,
et importé : « porté dans ».
A. Le in correspondant à notre en 3'^ (et au grec en) doit
nous arrêter plus longuement. Il a formé l'adverbe intus « à
rinLérieur », d'où provient notre vieil adverbe ens, ans, qui,
en s'adjoignant le préfixe de-, a donné dans, et, en redou-
blant le préfixe, dedans. Céans vient de ça ens et signifie :
par ici dedans. Dans, devenu préposition, est substitué par
l'usage courant à en, qui s'est d'ailleurs conservé dans un
grand nombre de locutions. Intas a formé intestin, adjectif
et substantif, dérivé : intestinal;' le dérivé grec enteron
a formé, de son côté, entérite et dysenterie, dont la signi-
fication étymologique est la même : « maladie de l'intestin »,
le préfixe dys- exprimant la même idée péjorative que le
suffixe- ite; ajoutez lienterie, proprt écoulement intestinal, et
mésentère, v. mi. Ces mots sont à rapprocher d'entrailles
qui se rattache à un autre dérivé de in, intra, d'où pro-
viennent également les verbes entrer, rentrer, substantifs
participiaux entrée et rentrée, et ladjectif intrinsèque, qui
exprime proprt un mouvement vers l'intérieur, comme
extrinsèque le mouvement inverse, v. è- ^.
B. Le même préfixe in- prend quelquefois la forme intro-
ou, plus rarement, indu- {industrie) ou indi- [indigène,
V. génitat ^), cf. le préfixe endo- d'origine grecque (endocarde,
endosmose). In a engendré aussi la préposition-préfixe inter-,
qui est un comparatif (comme intra et intro) devenu simple-
Endiguer] du français. 205
ment une forme adverbiale, et qui signifie « en dedans », d'où :
parmi, pendant, et de lun à Tautre. Inter, d'où vient noire
préposition-préfixe entre (v. ce mot), a produit dautre
part : 1° ladverbe intérim, qui signifie « dans l'intervalle»
et dont nous avons fait un substantif, dérivé : intérimaire;
2*^ l'adjectif m/er/i«m,françaisinterne,doùinternat, interner
et internement; 3° l'adjectif au comparatif i/^/ério/vm, fran-
çais intérieur; le superlatif correspondant est intimum, le
plus en dedans, tout à fait en dedans, français intime, d'où
intimité et le verbe juridique intimer, aller au fond, au
bout, dans un procès, assigner en appel, puis, par figure,
signifier un ordre. Comparez les formes extérieur et extrême
à l'article é- -, inférieur et infime h l'article enfer, supérieur
et suprême à Tarticle sur ^, postérieur et posthume, à puis.
Énamouré, u. aimer. seur, encensoir, v. candeur.
Encadrement, encadrer, Encéphale, v. cap ^.
encadreur, u. quatre *.
Encaisse , encaissement ,
encaisser, encaisseur, v. châs-
se.
Encan, v. quant.
Encanailler, v. chien.
Encaquer, v. caque.
Encarter, v. charte.
Encastrer, v. chaton 2.
Encaustique, v. brûler.
Encavage, encaver, enca-
veur, V. cave *.
Enceindre, enceinte, u.
ceindre.
Encens, encenser, encen-
Encercler, v. cercle.
Enchaînement, enchaîner,
V. cfiaine.
Enchantement, enchanter,
enchanteur, v. chant t.
Enchâsser, v. châsse.
Enchère, enchérir, enché-
risseur, i'. cher.
Enchevêtrer, v. capable i.
Enchifrené, v. chanfrein.
Enclave, enclaver, v. clou^.
Enclin, v. cligner i.
Enclitique, v. cligner 3.
Enclore, enclos, v. clou 3.
Enclouer, v. clou.
encrasser.
Enclume, latin populaire *incudinem, formé sur incudem.
Encoche, encocher, v. co-
che 1.
Encognure, u. coin.
Encolure, u. col.
Encombre, encombrement,
encombrer, v. comble.
Encontre, v. contre.
Encorbellement,!), corbeau.
Encore, v. lœure.
Encorné, v. cor.
Encouragement, encoura-
ger, V. cœur.
Encovirir, v. courir.
Encrassement,
y. gras.
Encrage, encre, encrer, en-
crier, V. brûler.
Encroûter, v. croûte.
Encuver, v. coupe 2.
Encyclique, encyclopédie,
V. cycle.
Endémique, v. peuple.
Endetter, v. avoir s.
Endèver, origine inconnue.
Endiablé, v. parole'^.
Endiguer, v. digue.
206 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Engin
Endive, déformation du grec entubon.
Endocarde, v. cœur. Endommager, v. dam.
Endoctriner, v. docte. Endormeur, endormir, v.
Endolori, u, douleur. dormir.
Endosmose, formé avec le grec ôsmon, poussée; sur le
préfixe endo-, v. en, B.
Endosser, endosseur, u. dos. Énervant, énervement,
Endroit, u. régir 5. énerver, v. nerf.
Enduire, enduit, u. duire ^. Enfance, enfant, enfan-
Endurance, endurant, en- tement, enfanter, enfantil-
durcir, endurcissement, en- lage, enfantin, v. affable 3.
durer, u. dur. Enfariner, v. farine.
Énergie, énergumène, y.
chirurgie.
Enfer vient du latin infernum, d'où infernal. Infernum
dérive d'm/er«m qui est un comparatif dont le positif manque
en latin, et qui signifie proprt « plus en bas ». Superlatif
infimum, d'où infime, tout à fait en bas. Sur infenim a été'
fait inferiorem, doublement comparatif, qui a le même
sens, français inférieur, d'où infériorité. Comparez, à l'ar-
ticle é-2, extérieur et extrême, et, â l'article en B, intérieur
et intime.
Enfermer, v. ferme. Enfilade, enfiler, u. fU 2.
Enferrer, v.fer. Enfin, u. fin.
Enfiévrer, v. fièvre. Enflammer, v. flagrant.
Enfler (d'où désenfler, enflure, renfler et renflement) se
rattache au latin Jîare, souffler. Flatuosité dérive du supin
flatum. Autres composés : gonfler (pour confier), qui nous
vient de l'italien, d'où gonfle, gonflement, dégonfler,
dégonflement; souffler, d'où souffle, soufflet, souffleter,
essouffler, essoufflement, boursoufler (dont la syllabe ini-
tiale est inexpliquée, dérivé : boursouflure), et le surcomposé
savant insuffler.
Enfoncement, enfoncer, Enfumer, v. fumer.
enfonceur, v. fond. Engageant, engagement.
Enfouir, enfouissement, v. engager, v. gage,
fossé. Engainer, v. gaine.
Enfourcher, enfourchure, Engeance, origine incon-
V. fourche. nue.
Enfourner, v. four. Engelure, v. gel.
"Enfreindre, V. fraction^. Engendrer, v. génital *^.
Enfuir, v. fuir. Engin, v. génital 3.
Ensemencer]
DU FRANÇAIS.
20'
Englober, v. glohe.
Engloutir, engloutisse-
ment, V. glouton.
Engluer, v. glu.
Engoncé, v. gond.
Engorgement, engorger, v.
gorge.
Engouer, d'où engouement, origine inconnue ; les sens
anciens sont : avaler goulûment, puis sétrangler en avalant;
comparez l'expression « gober quelqu'un )>.
Engouffrer, v. golfe.
Engoulevent, v. gueule.
Engourdir, engourdisse-
ment, V. gourd.
Engrais, engraisser, u. gras.
Engranger, y. grain.
Engraver, v. grève.
Engrenage, engrener, u.
grain.
Engueuler, v. gueule.
Enguignonné, u. guignon.
Enguirlander, u. guirlande.
Enhardir, u. hardi.
Énigme, grec ainigma, génitif ainigmatos, d'où énigma-
tique.
Enivrant, enivrement, çni-
vrer, v. ivre.
Enjambée, enjambement,
enjamber, u. jambe.
Enjeu, V. jeu.
Enjoindre, v. joindre *.
Enjôler, enjôleur,, v. cave^.
Enjolivement, enjoliver,
enjolivure, v. joli.
Enjouer, enjoûment, v.jeu.
Enlacement, enlacer, v.
lacs.
Enlaidir, enlaidissement,
V. laid.
Enlèvement, enlever, v.
léger.
Enliser, v. glaise.
Enluminer, enlumineur,
enluminure, v. luire.
Ennemi, v. aimer.
Ennoblir, v. connaître, B, 3*.
Ennui , ennuyer, ennuyeux,
u. odieux.
Énoncé, énoncer, énoncia-
tif, énonciation, v. neuf 2.
Enorgueillir, v. orgueil.
Énorme, énormité, v. nor-
mal.
Enquérir, enquête, enquê-
teur, V. quérir.
Enraciner, v. raifort.
Enrager, v. rage.
Enrayer, v. rai.
Enrégimenter, v. régira.
Enregistrement, enregis-
trer, enregistreur, v. gérer 3^
Enrhumer, v. rhume.
Enrichir, enrichissement,
V. riche.
Enrochement, v. roche.
Enrôlement, enrôler, v.
roue 3.
Enrouement, enrouer, v.
ranque.
Enroulement, enrouler, v.
roue^.
Enrubanner, v. ruban.
Ensablement, ensabler, u.
sable.
Ensacher, v. sac.
Ensanglanter, v. sang.
Enseigne, enseignement,
enseigner, v. seing.
Ensemble, v. sembler.
Ensemencement, ensemen-
cer, V. saison.
208
DICTIONNAIRE ETYMOLOGIQUE
[Envahir
Enserrer, v. serrer.
Ensevelir, ensevelisse-
ment, V. sépulture.
Ensoleillé, v. soleil.
Ensorceler, ensorcelle-
ment, ensorceleur, v. sort.
Ensuite, v. suivre.
Ensuivre (s'), v. suivre 2.
Entablement, v. table.
Entacher, v. tache.
Entaille, entailler, v. tailler.
Entamer, v. tangent 3.
Entassement, entasser, v.
tas.
Entendement, entendeur,
entendre, entendu, entente,
V. tenir *•.
Enter, v. physique.
Entérinement, entériner,
V. tangent i.
Entérite, v. en, A.
Enterrement, enterrer, v.
terre.
Entêté, entêtement, entê-
ter, V. tête.
Enthousiasme, enthousias-
mer, enthousiaste, v. dieu *.
Enticher, v. tache.
Entier, v. tangent^.
Entité, v. être ^.
Entoilage, entoiler, v. tissu.
Entomologie, entomolo-
giste, V. tome.
1. Entonner, v. tonne.
2. Entonner, v. ton.
Entonnoir, v. tonne.
Entorse, entortillement,
entortiller, v. tordre.
Entourage, entourer, en-
tournure, V. tour.
Entrailles, v. en, A.
Entrain, entraînant, en-
traînement, entraîner, en-
traîneur, V. traire ^.
Entrave, entraver, u. travée.
Entre, préposition et préfixe;. nous indiquons l'origine et
la valeur de ce mot à l'article en, B. Il faut noter en outre que
le préfixe entre- peut marquer que l'action s'arrête au milieu
de son développement, reste incomplète : entr'ouvrir.
Entrebâiller, v. bayer.
Entrechat, v. capable *.
Entrecouper, u. coup.
Entrecroiser, v. croix.
Entrée, v. en. A,
Entrefaite, v. faire 6,
Entrefilet, v. Jil^.
Entregent, v. génital 2.
Entrelacement, entrela-
cer, entrelacs, u. lacs.
Entrelarder, v. lard.
Entremêler, v. mêler.
Entremets, entremetteur,
entremettre, entremise, v.
mettre '^.
Entrepont, v. pont.
Entreposer, entrepositai-
re, entrepôt, v, site ^.
Entreprenant, entrepren-
dre, entrepreneur, entre-
prise, V. prendre.
Entrer, v. en, A.
Entresol, v. sol 2.
Entretemps, v. tant.
Entretenir, entretien, v.
tenir 2.
Entrevoie, v. voie 3.
Entrevoir, entrevue, v.
voir'^.
Entripaillé, v. tripe.
Entr'ouvrir, v. ouvrir.
Énucléation, v. noix.
Énumératif, énumération,
énumérer, v. nombre.
Envahir, latin invadere, supin invasum, d'où invasion;
Épars] DU FRANÇAIS. 209
envahir, c'est proprt aller sur ou dans. Dérivés : envahisse-
ment, qui double invasion, et envahisseur. Vadere est l'un
des verbes latins qui signifiaient aller [v. errer 2 et aller);
nous n'en avons gardé que les formes va, je vais, tu vas, ils
vont, et l'impératif tout latin dans le nom composé vade-
mecum, qui signifie : va avec moi. — Le composé savant
avec le préflxe é-, s'évader signifie : aller hors de. Dérivés ;
évasion; évasif, qui permet de s'évader, au figuré, qui
ménage une porte de sortie.
Envelopper est fait, avec le préfixe en-, sur un radical
d'origine inconnue. Substantif verbal : enveloppe, dérivé :
enveloppement. Composé avec le préfixe dé- : développer,
d'où développement, développateur.
Envenimer, u. venin. Envisager, v. voir^.
Enverguer, envergure, v. Envoi, v. voie 3.
verge. Envolée, envoler (s'), v.
Envers, v. vers *. voler 3.
Envi (à 1'), V. inviter. Envoûtement, envoûter, v.
Enviable, envie, envier, vouloir.
envieux, v. voir <*, Envoyer, envoyeur, u.
Environ, environnant, en- voie ^.
vironner, v. virer.
Eolien, proprt qui vibre au souffle dÉole, dieu du vent.
Épagneul, v. noms propres (Mots tirés de).
Épais, latin spissum. Dérivés : épaisseur, épaissir d'où
épaississement.
Épanchement, épancher, épandre, u. pas.
Epanouir, d'un verbe germanique qui signifie étendre la
main. La forme ancienne est épanir, qui s'est altéré sous
l'influence d'évanouir. Dérivé : épanouissement. A cette
racine se rattache aussi empan, jadis espan, mesure de lon-
gueur formée par la main étendue.
Épargner, origine germanique, cf. ail. sparen. Substantif
verbal épargne.
Éparpillement, éparpiller, v. le suivant.
Épars se rattache au latin spargere, répandre, supin
sparsum. Les composés sont en -spergere, -spersum : fran-
çais asperger, aspersion. Nous n'avons pas* disperger, mais
nous avons dispersion et un nouveau verbe formé sur le
supin, disperser. Éparpiller, doù éparpillement, parait se
rattacher à cette famille.
DICT. ÉTYM. FRANC. 14.
210 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [ÉpicC
Épatant, épatement, épa- Épaule, épaulement, épau-
ter, V. patte. 1er, épaulette, v. épée.
Épave, u. peur.
Épeautre, latin spelta.
Épée, grec spathê, en latin spatha d'où le diminutif spa-
tule, instrument dont un bout est élargi et aplati. Le doublet
populaire de spatule est épaule qui a d'abord signifié omo-
plate; dérivés : épaulette, et épauler d'où épaulement.
Notre mot espalier, mur d'appui, est un dérivé de la forme
italienne d'épaule. La forme italienne d'épée nous a donné
les dérivés espadon et spadassin. — Le mot latin pour dési-
gner les épaules était scapulas, d'où scapulaire.
Épeler. Ce mot, d'origine germanique, a subi dans sa
forme Tinfluence du verbe appeler.
Éperdu, éperdument, v. dé à jouer 2.
Éperlan, origine germanique, ail. spierling.
Éperon, origine germanique, ail. sporn. Dérivé : épe-
ronner.
Éperviep, origine germanique, ail. sperber.
Éphémère, éphéméride, u. jour.
Épi, substantif, du latin spicum. pointe. Cf. porc-épic.
Épi', préfixe grec qui est apparenté au préfixe latin ob- et
qui a le plus souvent le sens de « sur ».
Épice et espèce sont des doublets venant du latin speciem
qui signifie proprt « aspect, apparence )> d'où, par connexion,
espèce en général (les espèces se différenciant par l'aspect),
puis, par restriction, espèce d'assaisonnement.
1. Dérivés d'épice : épicer; épicier, doù épicerie. Dérivés
savants de speciem : spécial (qui a le caractère d'une espèce),
d'où spécialiser, spécialité, spécialiste ; spécieux, qui a de
l'apparence. Composés : spécifique, qui caractérise fespèce,
et spécifier d'où spécification {v. faire ').
2. Trois autres substantifs latins se rattachent directement
à la même racine : spécimen et spéculum, que nous avons
empruntés tels quels, et spectrum, emprunte au grec par le
latin, et dont nous avons fait spectre; un spécimen est un
exemple spécifique; un spectre et un spéculum sont proprt
l'un une vision, fautre un miroir, et ces deux mots se rap-
prochent plus que les autres du sens primitif de la racine,
car tous dérivent d'un verbe latin qui avait le sens de
Épice] DU FRANÇAIS. 211
(( regarder » et dont les composés, en -spicere, supin -spectum,
ont produit un bon nombre de mots français.
3. Au composé de * specere ayec le préfixe ad- se rattache
aspect, vue. Le composé avec circum- nous a donné circon-
spect, proprt qui regarde tout autour, et circonspection. Le
composé avec de-, qui signifiait « regarder de haut » nous a
laissé le mot populaire dépit; en dépit de signifie proprt en
dédain de; puis, par connexion, dépit, sur lequel a été
formé dépiter, a pris le sens de : chagrin causé par le dédain.
Le composé avec in- a produit inspection, action de regarder
dans, inspecteur, et un nouveau verbe formé sur le supin
du premier, inspecter. Au composé avec per- se rattachent
1'^ perspicace (qui voit à travers, clairvoyant), d"où perspi-
cacité : 2° perspective, aspect des objets ou de l'avenir en
tenant compte de leloignement. Le composé avec pro- a
donné le mot tout latin prospectus, proprt vue anticipée. Le
respect, c'est proprt l'action de regarder en arrière, d"où
l'idée d'égards, de déférence, qu'on retrouve dans respecter,
respectable, respectabilité, respectueux, irrespectueux,
celle de ménagement qui est au fond du doublet populaire
de respect, répit, et l'idée de réciprocité conservée par res-
pectif. On a aussi rétrospectif, où l'idée première de regard
en arrière s'est mieux maintenue. Au composé avec sub- se
rattachent le mot populaire soupçon, d'où soupçonner,
soupçonneux, dont le sens propre est « action de regarder
en dessous », et les mots savants suspicion, suspect,
suspecter. V. aussi auspice au mot oiseau -^
4. Sur le supin du verbe simple les Latins avaient formé
un nouveau verbe de même sens, spectare, d'où dérivent
spectacle, spectateur, spectatrice. Nous avons signalé plus
haut les verbes inspecter, respecter, suspecter, qui se ratta-
chent au supin des composés avec m-, re- et sub-. Nous
n'avons pas * expecter mais nous avons les dérivés expec-
tative et expectant (médecine expectante), où l'idée de
regarder en dehors amène celle d'attendre.
5. Un autre verbe latin sorti de la même racine, speculari,
nous a donné spéculer, dont le sens propre est observer,
d'où faire des théories, et opérer en bourse d'après des théo-
ries, des combinaisons. Dérivés : spéculatif, spéculation,
spéculateur.
6. Le verbe grec de même racine nous a donné sceptique
(d'où scepticisme), dont le sens propre est ; qui examine.
212 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [ÉpisCOpat
Le grec episcopon, qui a produit évêque et les dérivés
savants épiscopal, épiscopat, est Téquivalcnt d'inspecteur,
révéque est proprt un surveillant. Le télescope permet de
voir au loin, le microscope de voir les petits objets, dérivé
microscopique, le kaléidoscope de voir de belles apparences
{v. calligraphe et forme); l'horoscope « observe l'heure )> de
la naissance dans ses rapports avec les astres. Le grec sko-
pelon, auquel se rattache le français écueil, signifie : rocher,
du haut duquel on « voit )> au loin.
• Épidémie, épidémique, v. Épiderme, v. couenne,
peuple.
Épier, origine germanique, ail. spàhen. Dérivé à forme
italienne : espion, qui a produit espionner, d'où espionnage.
Épieu, origine germanique.
Épigramme, épigraphe, épigraphie, épigraphique,
épigraphiste, v. graphie 2,
Épilepsie, épileptique se rattachent au verbe grec qui
signifie prendre, de telle sorte qu.' épilepsie (préfixe épi-)
équivaut à « surprise )>, comme syllepse, syllabe et syllabus
(même racine et préfixe syn-) renferment l'idée de « com-
prendre, prendre ensemble ». Ces mots ont d'ailleurs pris
des acceptions très différentes, greffées sur le sens étymo-
logique. La syllepse embrasse deux sens ou l'idée dans son
ensemble, la syllabe comprend les sons réunis dans la même
émission de voix, le syllabus est une liste où sont réunies et
rappelées sommairement les questions traitées. Dérivés et
composés de syllabe : syllabique, syllabaire, monosyllabe,
dissyllabe (préfixe di-), etc. Catalepsie signifie proprt : prise
de haut en bas.
Épiler, épilatoire, v. poil. Épilogue, épiloguer, v. lo-
gique 3.
Épinard nous vient de l'arabe par l'espagnol.
Épine, latin splna. Dérivés : épinette, instrument de
musique dont les cordes étaient pincées par des pointes de
plumes; épineux, épinaie, épinière (moelle), le diminutif
épingle d'où épingler; e/)moc/ipr, altéré en pignocher, proprt
manger de l'épinoche, poisson épineux. Composés : aubépine
{v. aube); épine-vinette {v. vin).
Épingle, v. épine. Épiscopal, épiscopat, u.
Épique, V. épopée. épice <>.
Époux] DU FRANÇAIS. 213
Épisode, grec epeisodion, signifie proprt : ce qui survient;
dérivé : épisodique. Le mot est formé avec le préfixe épi-
(sur) eteisodon = entrée, qui lui-même contient hodon, route,
chemin.
— A hodon se rattachent : exode, sortie; période, proprt
circuit, dérivés : périodique, périodicité: méthode (préfixe
meta-), proprt route à travers, dérivé : méthodique; synode,
réunion, cf. convention au mot venir.
Épistolaire, épistolier, v. Épitaphe, v. cénotaphe,
épître.
Épithalame, d'origine grecque, signifie proprt : qui a
comme thème (préfixe épi-) le lit nuptial.
Épithète, V. thèse^. Épitomé, u. tome.
Épitoge, u. toit.
Épître, du latin epîstola, d'origine grecque, sur lequel
ont été faits épistolaire, épistolier. Ces mots contiennent,
outre le préfixe épi-, la racine grecque qui signifie « envoyer »
et qu'on retrouve, avec le préfixe apo-, dans apôtre, aposto-
lique et apostolat : l'apôtre est proprt un envoyé. Cf. dias-
tole.
Épizootie, v. zoologie. Éplucher, épluchure, u.
Éploré, V. pleurer, poil.
lBployé,v. plier ^, Épointer, u, poindre.
Éponge, d'où éponger, latin spongîé^û' origine grecque.
Dérivé savant : spongieux.
Épopée, grec epopeia, mot composé dont le premier élé-
ment, qui signifie proprt parole, a formé notre adjectif
épique. Sur le second élément, v. poème.
Époque, grec epokhê. Ce mot contient le préfixe épi- et le
verbe grec qui signifie « avoir, tenir « comme le latin habere
{v. avoir ^). Le sens propre d'epokhê est : ce qui retient,
arrêt.
Époumoner, v. poumon. Épouvantable, épouvan-
Épousailles, épouse, épou- tail, épouvante, épouvanter,
ser, épouseur, v. époux. v. peur.
Épousseter, v. poudre.
Époux (d'où épousailles, épouser, épouseur) signifie
proprt K engagé )> et a eu d'abord le sens de fiancé.
— C'est le participe passé d'un verbe spondere^ supin
sponsum, dont répondre est un composé. Répondre signifie
214 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Équité
proprt s'engager de son côté, et c'est encore la valeur du mot
dans la locution u répondre de quelqu'un )>. On a passé du
sens de « s'engager de son côté » à celui de « affirmer de son
côté », d'où l'acception ordinaire actuelle. Substantifs parti-
cipiaux : répons, terme liturgique, et réponse. Dérivés :
responsable, responsabilité, irresponsable, irresponsa-
bilité, et riposte, riposter, formes italiennes.
— Dans correspondre, d'où correspondance, le premier
préfixe introduit lidée d'une entente, d'un échange habituel
ou d'une concordance.
Éprendre (s'), u. prendre. Équerre, v. quatre *.
Épreuve, éprouver, éprou- Équestre, v. cheval.
vette, V. probe. Équi-, mot composant, v.
Épuisement, épuiser, v. équité,
puits. Équidistant, v. ester * et
Épuration, épure, épurer, équité.
V. pur. Équilatéral, v. lez.
Équarrir, équarrisseur, y. Équilibre, équilibrer, équi-
quatre 5. libriste, v. livre, poids.
Equateur, équation, équa- Équinoxe, v. nuit.
torial, y. équité.
Équiper. Un mot germanique, représenté aujourd'hui
par langlais ship et l'allemand schiff, avait donné en vieux
français les deux formes esquif et esqiiipe. A la seconde se
rattache le verbe équiper, armer un esquif, puis, par figure,
pourvoir du nécessaire un soldat, un chasseur, etc., d'où le
sens du dérivé équipement. Une équipée est à l'origine une
aventure sur mer. Le substantif verbal équipe et le dérivé
équipage, qui ont en principe la même valeur, continuent
à désigner des matelots, mais on dit aussi « une équipe
d'ouvriers », et équipage a pris le sens de : ensemble des
bagages, des voitures, du matériel d'une armée, puis train
de voitures aristocratique, enfin le mot est arrivé à s'appli-
quer à une seule voiture attelée, et, d'autre part, il peut
être un synonyme d'équipement.
Équitable, y. équité. Équitation, u. cheval.
Équité, — dérivé : équitable, — avait en latin le double
sens d'égalité et de justice, et se rattache à l'adjectif œquum
conservé dans ex-aequo {= de façon égale). Cet adjectif
signifie « uni, égal », et prend la forme œqui-, en français
équi-, dans les composés tels qn'équinoxe, équivoque, etc.
Sur œquum s'était formé un verbe œquare, égaliser, dont
Errer] du français. 215
nous avons les Jérivéi : équation, formule exprimant une
ég-alité, et équateur (doù équatorial), ligne séparant le
globe terrestre en deux parties égales: péréquation, éga-
lisation. Avec le in- privatif, on obtient radjectif inique, —
dérivé : iniquité, — qui avait en latin le double sens d'inégal
et d'injuste. Sur ce même œquiim s'était formé œqaalem,
dont nous avons fait égal, d'où : égalité, qui a produit
égalitaire ; égaler, égaliser, inégal, inégalité.
Équivalence, équivalent, Érailler, origine douteuse,
équivaloir, v. valoir. Ère, v. airain.
Équivoque, équivoquer, u. Érection, v. régir 6.
voix. Éreintement, éreinter, v.
Érable, v. arbre. rein.
Érafler, éraflure, v. rafler. Érésipèle, v. érysipèle.
Ergo, (c donc », mot tout latin, sur lequel on a fait le
verbe ergoter, abuser des « donc», chicaner, doù ergoteur.
Ergot, origine inconnue. Ériger, u. régir 6.
Ergoter, ergoteur, v. ergo.
Ermite, d'où ermitage, se rattache au mot grec erêmorij
qui signifie désert.
Érosion, u. corroder.
Erotique se rattache au mot grec erôs, accusatif erôta,
amour. ♦
Errant (dans juif errant)^ v. errer 2.
i. Errer, du latin errare, dont nous avons emprunté le
substantif participial neutre sous les formes du singulier et
du pluriel : erratum, errata. Dérivés : erreur, erroné,
erratique. Le composé aberrare, errer en s'éloignant,
s'égarer, nous a donné le dérivé aberration, que nous
employons au figuré.
2. Errer, marcher, dont il ne nous reste plus que le
participe présent dans les locutions archaïques «Juif errant,
chevalier errant », vient du latin populaire *iterare. Ce
verbe était formé sur le substantif iter, géniiiî iti ne ris (d'où
itinéraire), qui signifie : action d'aller, voyage, route. Le
substantif verbal d'errer, erre, était encore usité au
x\[i'^ siècle dans la locution « à grand erre », à grande
allure. Le dérivé errement est particulièrement employé
dans l'expression « suivre les anciens errements », cest-à-
dire les anciennes marches, les anciens procédés, et non pas
216 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Errer
les anciennes erreurs comme on le croit souvent en ratta-
chant instinctivement ce substantif à l'autre verbe errer.
A. Le latin iter se rattache lui-même au verbe ire, aller,
d'où dérivent notre futur irai et notre conditionnel irais,
qui servent pour le verbe aller (v. ce mot). Nous n'avons
pas l'infinitif simple *ir, mais nous avons les composés
subir, périr, transir.
— Sabir signifie proprt(c aller sous, en dessous », d'où le
sens latin et français de « être soumis à (des ennuis, un
châtiment, etc.) », et le sens latin de <c venir à Timpro-
viste » représenté par l'adjectif dérivé subit. (L'idée de « à
l'improviste » est exprimée par le préfixe sar- dans sar-
prendre, v. sou-). Le mot sabit avait en vieux français une
forme populaire, que l'on retrouve, suivie du suffixe -ain,
dans soudain; ainsi s'explique la synonymie de subitement,
de soudainement, et de la forme toute latine subito. Autre
dérivé de soudain : soudaineté-
— Périr, transir et trépasser ont à peu près la même
valeur étymologique, puisque le premier signifie proprt
aller au travers ou de travers, le second aller au delà, le
troisième passer au delà. Tous les trois ont pris le sens
figuré de <c mourir », mais transir est arrivé à ne plus
signifier que « être engourdi par le froid », sauf dans le
dérivé transes, inquiétudes mortelles. Dérivés et composée
de périr : périssoire (bateau dangereux à manœuvrer),
périssable, impérissable, dépérir, dépérissement. X-es
dérivés de transir ont conservé le sens propre ou pris de
nouvelles acceptions figurées : transit, transition, transi-
toire, transitif, intransitif. Un autre composé du latin ire,
avec le préfixe ob-, avait aussi le sens de mourir; il nous en
reste les substantifs obit, cérémonie en mémoire d'un mort,
et obituaire, liste des morts.
B. Un bon nombre d'autres composés du latin ire n'ont
pas passé en français, mais nous ont laissé des dérivés : l'air
ambiant {v. anib- préfixe), c'est l'air qui va autour; étymo-
logiquement la caractéristique de l'ambitieux, de l'ambition
(dérivé : ambitionner), c'est de « tourner autour » des hon-
neurs. Le préfixe circum- signifie également « autour », d'où
le sens du mot circuit. Le composé avec com- nous a fourni
comice, réunion, comte (latin comitcm, dérivé : comté^, dont
le sens primitif est « compagnon de route;», et le surcom-
posé concomitance. Sur connétable, apparenté à comte,
Escargot] du français. 217
V. ester ^. Le composé avec ex-, exire, nous a donné le mot
tout latin exeat (= qu'il sorte), et avnit produit en vieux
français le verbe issir (part, passé issu), dont issue est un
substantif participial; réussir, d'où réussite, est un sur-
composé dorigine italienne. Au composé avec in-, qui avait
le sens d'entrer, commencer, se rattachent initial, initier,
initiation, initiative, et le surcomposé commencer {*ciun-
initiare) d'où commencement, recommencer. L'intro'it est
la prière d' « introduction » de la messe, sur intro-,
V. en B. Le préteur, magistrat romain, — dérivés : prétoire,
prétorien, — est proprt celui qui va devant {*prœ-itor). Au
composé avec prœter- se rattachent : prétérit, temps au
delà duquel on est allé, temps passé ; prétérition, action
d'aller au delà, d'omettre. Avec le préfixe séd- (u, sans), on
a sédition, doù séditieux, proprt action d'aller à part,
sécession.
Erreur, erroné, u. errer I. Éruptif, éruption, u. rompre.
Érudit, érudition, u. rade.
Érysipèle, grec erusipelas, apparenté à roage et à peùa.
Es-, préfixe archaïque, v. é-.
Es, contraction archaïque de en les (docteur es lettres).
Esbroufe, esbroufeur, u. bouffer.
Escabeau, latin scabellum.
Escadre, escadrille, esca- Escalade, escalader, esca-
dron, V. quatre *. le, escalier, v. échelle.
Escalope, origineinconnue.
Escamoter, d'où escamoteur, escamotage, espagnol
escamotar, d'origine inconnue.
Escampativo, escampette, Escapade, u. cape 3.
V. champ. Escarbille, v. charbon.
Escarbot, grec skarabeion, forme savante scarabée.
Escarboucle, u. charbon.
Escarcelle, italien scarsella.
Escargot, provençal escaragol, espagnol caracol. Sur la
forme espagnole nous avons fait caracoler, qui équivaut à
(( escargoter » et qui exprime une allure capricieuse, à
droite et à gauche, rappelant la trace de l'escargot. C'est
ainsi qu'un mot qui se rattache à un mouvement des plus
lents peut arriver à exprimer un mouvement très vif.
218 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Esprit
Escarmouche, italien scaramuccia, d'origine incertaine.
Escarole, italien scariola, se rattache au latin escariiim,
bon à manger.
Escarpe, italien scarpa, pente d'un fossé de fortification.
Dérivés : escarpé, escarpement. Composé : contrescarpe.
Escarpin, italien scarpino.
Escarpolette, italien scarpoletta.
Escient, v. savoir. Esclaffer (s'), v. éclater. -
Esclandre, doublet de scandale, grec skandalon, pierre
d'achoppement. On croit le mot grec apparenté au latin
scandere, monter, marcher, v. échelle. Dérivés savants :
scandaleux, scandaliser.
Esclave, Escobar, v. noms propres (Mots tirés de).
Escogriffe, origine inconnue ; nous citons à titre de
curiosité Texplication par « qui a les griffes d'un escroc ».
Escompte, escompteur, escompter, v. conter^.
Escopette, italien schioppetto, qui a d'abord signifié
petit bruit, du latin scloppum, bruit qu'on fait en frappant
sur une joue gonflée, sans doute onomatopée.
Escorte, escorter, u. régir 6. Escouade, u. quatre *.
Escrime, d'où escrimer, escrimeur, origine germa-
nique. Cf. ail. schirmen, protéger.
Escroc, escroquer, escroquerie, escroqueur, v. croc,
Espace, du latin spatium (d'où spacieux). Dérivé : espacer,
doù espacement.
Espadon, v. épée. cf. épagnenl à Tarticle noms
Espadrille, v. sparterie. propres (Mots tirés de).
Espagnolette, v. crémone et Espalier, v. épée.
Espèce, V. épice.
Espérer, latin sperare. Substantif verbal : espoir. Dérivés
et composés : espérance, désespérer, désespoir, inespéré,
inespérable. Les mots prospère, prospérer et prospérité
appartiennent à la même famille, la prospérité est proprt la
conformité aux espérances conçues.
Espiègle, v. noms propres Esplanade, v. plain.
(Mots tirés de). Espoir, v. espérer.
Espion, espionnage, espion-
ner, V. épier.
Esprit) latin spiritiirrif souffle et âme {v. âme), d'où : spi-
Ester] ' DU français. 219
rite et spiritisme ; spiritueux, qui contient de l'esprit-de-vin ;
spirituel et ses dérivés spiritualisme, spiritualiste, spiritua-
liser. Le mot spiritum se rattache au verbe spirare, souffler,
dont nous avons les composés aspirer, respirer, soupirer,
expirer, inspirer, conspirer (proprt respirer ensemble),
transpirer, avec leurs dérivés : aspirant, aspiration; respi-
ration, respiratoire, respirable, irrespirable; soupir, sou-
pirant, soupirail ; expiration ; inspirateur, inspiration ;
conspiration, conspirateur; transpiration.
Esquif, y. équiper.
Esquille se rattache au grec skhizein, fendre, par l'inter-
médiaire du latin schidia.
Esquinancie, v. angine. Esquinter, v. cinq.
Esquisse, ital. schizzo, grec skhedion, à l'improviste.
Esquiver, origine germanique, par l'intermédiaire de
l'italien, cf. allemand scheuen.
Essai, V. essayer. Essarter, v. sarcler.
Essaim, essaimer, v. agir"^.
Essayer se rattache au grec exagion, balance. Substantif
verbal essai. Dérivés : essayage, essayeur, essayiste. V. agir^.
Essence, essentiel, u. éfrei. Essoriller, v. oreille.
Esseuler, v, seul. Essoufflement, essouffler,
Essieu, V, ais. v. enfler.
Essor, V. orage. Essuyer, v. suc.
Est, d'origine germanique (comme nord, sud et ouest),
anglais cast.
Estacade, italien steccata, v. stimuler.
Estafette, estafier, estafilade se rattachent à l'italien
staffa, étrier, lui-même apparenté à Fallemand stapfe, pas.
Vestafette est proprt un courrier à cheval; Y estafier est un
valet qui tient l'étrier; une estafilade est proprt un coup
d'étrivière.
Estaminet, wallon staminet, mot inexpliqué.
Estamper, proprt presser, est d'origine germanique,
anglais io s ta mp. Substantif verbal : estampe (image obtenue
par pression). Dérivés : estampage; estampille, emprunté
à l'espagnol, et son dérivé estampiller.
Ester, conservé dans la locution « ester en justice )>,
vient du verbe latin stare (ail. stehen, angl, to stay), qui
signifie : être ou se tenir debout, immobile. L'imparfait,
220 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Ester
troisième personne, de ce verbe latin est stabat, doù le
nom. du chant religieux qui commence ainsi.
1. Dérivés : stable, qui peut se maintenir debout (d'où
stabilité, instable, instabilité, établir, établi, établisse-
ment, rétablir, rétablissement); station (d'où stationner,
stationnement, stationnaire), proprt position debout; statue
(d'où statuaire) et stature, représentation et taille dune
personne ou d'un animal sur ses pieds; statuer, prendre
une décision qui doit rester debout, au figuré, d'où statut,
statutaire; état, proprt manière de se tenir, dêtre; statu
quo, abrévation d'une formule latine qui signifie u dans le
même état gu'avant)) ; statistique, d'où statisticien, relatif à
Vétat numérique; stance, proprt arrêt, couplet d'un nombre
arrêté de vers; le vieux français étance, d"où étançon, pièce
de soutien; stage et son doublet étage, le premier expri-
mant une position provisoire, qui précède la position dite
assise, le second désignant chacune des parties superposées
dune habitation (où l'on peut se tenir debout), d'où, par
comparaison, le sens du dérivé étagère; étang (v. ce mot),
eau qui demeure immobile; étamine, proprt fil de quenouille
qui sert de chaîne, sur lequel létofl'e a s'établit », d'où
étoffe légère et, d'autre part, organe filiforme des fleurs;
étable, latin stabulum, proprt endroit a où se tiennent » les
chevaux, les bestiaux, d'où le mot connétable, dont con-
stable est la forme anglaise, et qui signifie à l'origine
(( comte de l'étable, de l'écurie )>. Vestibule est formé de
stabiihim et d'un ancien mot italique vero, qui signifie
(( porte », le vestibule est un endroit où l'on stationne.
2. Il existe une autre forme du verbe latin, avec sist- au
lieu de st-, sistere, et l'on trouve des composés parallèles,
avec les deux formes et deux sens plus ou moins divergents :
instance, tiré de l'adjectif participial instant, et insistance,
formé sur insister, expriment, avec des nuances, l'action
de « se tenir sur », de presser; Vinstant, d'où instantané,
instantanéité, est le moment qui arrive ou qui vient
d'arriver, qui nous presse. — Rester, d'où reste, et résister,
d'où irrésistible, c'est proprt se tenir en réagissant; rétif =
qui s'arrête, au lieu d'avancer; arrêter, d'où arrêt, arres-
tation, c'est faire rester, empêcher d'aller. — La constance
ou la consistance, d'où inconstance, inconsistance, c'est
proprt la qualité de ce qui se tient ensemble, au moral dans
le premier cas, au physique dans le second; mais le verbe
Ester] DU français. 221
auquel se rattache consistance a un autre sens : consister
en, c'est u exister avec » des éléments exprimés par le com-
plément; un consistoire est proprt un lieu où Ion se tient
ensemble. L'adjectif constant (et de même inconstant) a un
sens qui correspond à la sig-nifi cation du substantif con-
stance, mais il signifie de plus, en parlant d'un fait : qui se
tient, qui est établi, reconnu. C'est aussi la valeur du sub-
stantif français constat, sur lequel on a fait constater,
d'où constatation, et qui n'est autre chose que la troisième
personne de l'indicatif présent du verbe latin constare, être
établi; le même constare, par une évolution phonétique
régulière, a produit coûter (d'où coût, coûteux), qui n'a
gardé qu'un des sens du verbe latin : exister à titre d'objet
de vente, moyennant un prix de... (comparez : cet objet est
de trois francs). — La substance, d'où substantiel, trans-
substantiation, substantif, est ce qui « se tient •>-> sous la
forme sensible des corps; la subsistance est ce qui permet
de subsister, de « se maintenir après )>, de continuer à
vivre; sur cette valeur du préfixe sub-, v. sou- *.
3. D'autres composés de sistere sont : exister, d'où exis-
tence, proprt se tenir en sortant, être né, être au monde;
assister, d'où assistant, assistance, se tenir vers; persister,
persistance, se tenir en durant, se maintenir; se désister,
cesser de se maintenir, d'où désistement.
4. Les composés de stare sont nombreux aussi. A ceux
que nous avons signalés, ajoutons : distant, qui se tient
éloigné, d'où distance, distancer, équidistant; latin
obstare, se tenir devant ou en face, s'opposer, d'où :
obstacle, nonobstant (qui indique que l'objet dont on
parle ne fait pas obstacle à l'action, ne l'empêche pas),
obstétrique, science de l'accouchement (idée spécialisée
d'assistance médicale), sans doute aussi ôter (idée de se
tenir devant un objet pour en prendre possession). Un con-
traste, d'où contraster, est l'effet de deux objets qui « se
tiennent à l'encontre » l'un de l'autre, qui s'opposent. Les
circonstances, d'où circonstancié, circonstanciel, sont les
faits qui se groupent « autour )> d'un événement. La pres-
tance est l'attitude de celui qui « se tient en avant )>, qui en
impose; ce substantif se rattache à prêter (d'où le sub-
stantif prêt), anciennement prester, latin prœstare, qui a
passé en français avec un sens différent, celui de faire tenir
un objet en avant, le mettre à la disposition de quelqu'un,
222 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Ester
le fournir (d'où prestation), et spécialement le fournir pour
un temps limité.
— Un armistice est un arrêt des armes, une suspension
d'armes, le solstice est l'arrêt du mouvement apparent du
soleil; un interstice est ce qui se trouve entre deux parties
d'un objet; la superstition (d'où superstitieux), c'est une
« survivance » des anciens temps.
— A la même racine se rattachent : 1° destiner, proprt
établir de haut, fixer d'avance, d'où destination, destina-
taire, et destin, destinée, prédestiné, prédestination;
2» s'obstiner, d'où obstiné, obstination, proprt (c se tenir en
face )) et n'en pas bouger.
5. Nous avons signalé plus haut statuer^ latin stataere,
qui signifie proprt mettre debout, dresser. Les composés de
statuere étaient en -stituere et nous ont fourni : constituer,
dresser dans son ensemble, d"où constitutif, constitution,
constitutionnel, reconstituer, reconstituant, reconstitu-
tion; destituer d'où destitution, mettre en bas; instituer,
établir sur, fonder, élever (d'où institution, institut) et, au
figuré, élever des enfants, les instruire (d'où instituteur),
— instruire signifie lui-même construire sur, v. structure;
prostituer, mettre devant, exposer au public; restituer
d'où restitution, mettre dans l'état ou dans la situation
antérieure; substituer d'où substitution, substitut, mettre
en dessous, mettre à la place dun autre objet.
6. A la racine grecque qui correspond au latin stare se
rattachent : aérostat, d'où aérostation, « qui se tient dans
l'air »; extase, d'où extasier, extatique, état de celui qui
est hors de soi; apostat et apostasie, d où apostasier, qui
expriment l'idée de se tenir loin de, de se séparer; statique,
relatif à léquilibre des forces, hydrostatique, équilibre des
liquides, hémostatique, proprt qui arrête le sang {v. sang);
prostate, glande qui (c se tient en avant »; système (pré-
fixe sy/t ), proprt ce qui se tient ensemble, d'où systéma-
tique, systématiser.
— On considère comme appartenant à la môme famille le
mot grec stulon, colonne [v. hypostyle et péristyle), d'où :
stylite, qui vit sur une colonne; style, lat. stylum, poinçon
pour écrire, puis manière décrire, de concevoir un art; le
diminutif stylet (qui nous vient par l'italien avec le sens de
poignard), les verbes styler, donner du style (au figuré),
et styliser. Sur stylographe, v. graphie *.
Estuaire] du français. 223
Esthétique se rattache au verbe grec aisth-anesthai , qui
signifie sentir, et qui a produit aussi anesthésie {an- pri-
vatif), état d'insensibilité.
Estimable, estimatif, esti- Estival, u. estuaire.
mation, estime, estimer, v.
airain.
Estoc^ longue épée, d'où estocade, se rattache à un mot
germanique qui signifie piquer, cf. stimuler. Notre mot
estoc, au sens de souche, a la même origine (cf. ail. et angl.
stock, emprunté tel quel, d'autre part, au sens de dépôt de
marchandises). En vieux français le pluriel d'estoc était estos
prononcé ultérieurement été, et désignant particulièrement
les deux pièces de bois de Tinstrument qu'on emploie à
serrer les objets. Notre mot étau n'est autre chose qu'un
singulier tiré de cet ancien pluriel.
Estomac, grec stomakhon. Dérivés : stomacal, stoma-
chique et estomaquer, tirés de dérivés latins. L'estomac
était regardé comme le siège de la colère, d'où le sens
d'estomaquer. — Au mot grec gastera, qui signifie aussi
estomac, se rattachent : gastrique, gastrite et gastralgie
(cf. coxalgie au mot cuisse); gastronomie, art de satisfaire
l'estomac, d'où gastronome, gastronomique (sur le second
élément de ces mots, v. autonome).
Estomper, d'où estompe, origine douteuse.
Estrade, doublet provençal du vieux français esirée, se
rattache au verbe latin sternere, supin stratum, qui signifie
étendre à terre. Ce substantif a le sens de route dans la
locution archaïque « batteur d'estrade », mais désigne ordi-
nairement une plate forme établie au-dessus du sol. D'estrade
au sens de route, rapprochez l'angl. street et l'ail, strasse,
également empruntés. Composés de sternere : consterner
(d'où consternation) qui signifie proprt jeter à terre pêle-
mêle; prosterner, jeter en avant, d'où prosternation et
prostration, ce dernier employé au figuré; substratum, mot
tout latin dont le sens propre est : ce qui est étendu dessous;
stratifier, stratification, disposition par couches, v. faire''.
Estragon, origine douteuse.
Estrapade, italien strappata, d'origine germanique.
Estropier, italien stroppiare, d'origine douteuse.
Estuaire, du latin œslunriiim qui signifie proprt endroit
224 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Éteule
OÙ Teau bout, bouillonne. Le vieux français avait estier,
doublet populaire d'estuaire, d'où dérive étiage, niveau des
plus basses eaux. Notre mot été, saison brûlante, se rattache
à la même racine; dérivé savant : estival. Môme racine, sous
sa forme grecque, dans éther, partie la plus subtile de l'air
et liquide volatil, dérivé : éthéré; les anciens croyaient que
le feu venait de l'éther.
Esturgeon, origine germanique.
Et, latin et, qui se prononce comme en latin dans la locu-
tion et cetera = et les autres choses.
Étable, établi, établir, éta- blissement, étage, étager,
étagère, u. ester ^.
Étai, origine germanique, dérivé : étayer.
Etain, latin stannum, dérivé irrégulier : étamer, d'où
étameur, étamage, rétamer, rétameur. Le mot tain est
une altération de étain.
Étal, étalage, étale, adj,, 1. Étalon, v. stalle.
étaler, v. stalle.
2. Étalon, mesure, origine germanique, cf. ail. stieL
Étamage, étamer, étameur, Étanche, étancher, v. étang.
V. étain. Étançon, v. ester i.
Étamine, v. ester ^.
Étang, latin stagnum, d'où stagnant, stagnation. Étang
a formé étancher, « empêcher de couler n, dont l'adjectif
verbal étanche signifie : à travers quoi un liquide ne sau-
rait couler; v. ester ^.
Étape, origine germarique.
État, V. estera. Étendage, étendard, éten-
Étau, V, estoc. doir, étendre, étendue, v.
Étayer, v. étau tenir *.
Et cetera, v. et. Éternel, éterniser, étemi-
Été, V. estuaire. té, v. âge.
Éteignoir, éteindre, v. sti-
muler.
Éternuep, d'où éternûment, se rattache au latin ster-
nuere, d'où sternutatoire (poudre).
Éteule, du latin stipula, paille. L'usage de rompre une
paille, pour prendre et recevoir un engagement, explique le
sens du verbe latin stipulari, d'où nous vient stipuler,
dérivé : stipulation.
Etrangeté] du français. 225
Éther, éthéré, éthériser, Éthique, v. mœurs.
V. estuaire.
Ethnique, ethnographie, ethnologie se rattachent au
mot grec ethnos, peuple, race, v. logique ^ *=' ^.
Éttage, v. estuaire.
Étincelle, latin scintilla, doù scintiller, scintillement.
Par métathèse du c et du t, comme dans l'espagnol mosquito
devenu moustique {v. mouche], scintilla était devenu *slin-
cilla, ce qui explique estincelle, étincelle. Dérivé : étinceler,
d'où Tadjectif participial étincelant.
Étioler, origine inconnue.
Étiologie se rattache au mot grec ai^ion, cause, v. logique ^.
Étique, V. avoir 2.
Étiquette, origine germanique. Dérivé : étiqueter. L'an-
glais ticket vient du français, v. stimuler.
Étirer, v. tirer. Étoffe, d'où étoffer, origine
Étisie, V. avoir 2. inconnue.
Étoile, latin stella, d'où le mot savant stellaire. Dérivés
d'étoile : étoile, étoiler. Composés : constellation, ensemble
d'étoiles, constellé. Cf. astre.
Étole, grec stolê.
Étonnement, étonner, v. tonner.
Étouffer, origine inconnue. Dérivés : étouffement,
étouffoir. Le mot étouffée, dans la locution u cuit à
Yétoujfée », est la transcription française de l'italien stufata,
dont nous avons d'autre part l'équivalent exact dans étuvée,
V. étuve.
Étoupe, d'où étouper, latin stuppa, d'origine grecque.
Stopper (d'où stoppeur, stoppage), boucher un trou,
refaire une partie détoiïe, est la forme wallonne d'étouper,
dont les Anglais ont fait leur verbe stop^ que nous avons
repris avec un sens spécial sous la forme de notre autre
verbe stopper , proprt arrêter le fonctionnement d'une
machine.
Étourdir, origine incertaine. Adjectifs participiaux :
étourdi d'où étourderie, et étourdissant. Dérivé : étourdis-
sement.
Étourneau, diminutif du latin starnum, même sens.
Étrange, étranger, etrangeté, u. é-, préfixe >*.
DICT. ÉTYM. FRANC. 15
226 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Étrécir
Étrangler, d'où étranglement, étrangleur, latin stran-
gulare, d'origine grecque. Dérivé savant : strangulation.
Cf. étreindre.
Être, jadis estre, latin classique esse, latin populaire
*essere.
1. Le véritable radical de ce verbe est es-; le t s'est intro-
duit comme son de transition entre Vs du radical et Vr de
la désinence. Sur ce radical es- s'est formé le substantif
essence, qui signifie proprt manière d'être, véritable nature,
d'où principe fondamental, etc. La quintessence, c'était la
cinquième essence, le cinquième élément et le plus subtil
de la matière, les quatre autres étant l'eau, la terre, l'air
et le feu. — Sur le substantif pluriel êtres, au sens de
« disposition des lieux », v. é-, préfixe 2.
— La forme latine du participe présent du verbe être
s'est conservée dans présent et absent, qui signiiîent proprt
« étant devant, étant éloigné » et sans doute aussi dans
néant, ce qui n'existe pas. Composés de néant : néanmoins,
anéantir, anéantissement, fainéant, fainéantise; l'équiva-
lent italien de néant estniente de farniente, v. faire ^ Dérivés
d'absent : absence, s'absenter. Dérivés de présent : pré-
sence; présenter, rendre une chose présente, d'où le sub-
stantif verbal présent (chose présentée et, par restriction,
donnée), et les dérivés présentation, présentable ; le
composé représenter signifie présenter à nouveau ou sous
une autre forme, et manifester extérieurement l'autorité
dont on est revêtu ; dérivés : représentant, représentatif,
représentation.
— Sur un participe présent *entem (au lieu de -seniem)
s'est formé le substantif entité, de la langue philosophique.
2. Un composé latin du verbe esse, interesse, signifie
« être au milieu de, participer à », d'où pour notre sub-
stantif intérêt, tiré de l'indicatif présent, le sens de <( part
prise à un fait dommageable ou profitable » (ce qui explique
la synonymie avec dommage dans la locution archaïque
u dommages et intérêts »), puis profit, avantage, et aussi :
part sympathique qu'on prend à un événement réel ou
fictif. Dérivé : intéresser, faire participer, au propre ou au
figuré; l'adjectif participial intéressé a pris le sens de « qui
ne songe qu'à ses intérêts ». Composé désintéresser, d'où
désintéressé, désintéressement.
Étrécir, v. Iç svjivant.
Étui] DU FRANÇAIS. 227
Étreindre, du latin slringere, supin strictum, signifie
proprt serrer. La racine est peut-être la même que dans le
mot grec doù dérive étrangler.
1. Substantif participial étreinte. Le participe passé latin
de ce verbe a été conservé dans le mot savant strict, dont la
forme populaire est étroit (dérivés : étroitesse, étrécir.
rétrécir, rétrécissement). Les rapports de sens entre strict
et étroit sont faciles à voir; un devoir strict lie étroitement.
Un dérivé de stringere, strigitem, a produit le substantif
étrille (idée de frottement), espèce de brosse pour les ani
maux, d'où étriller; un autre a produit strie, cannelure
(produite par pression), d'où strié.
2. Nous n'avons pas le verbe composé * détreindre, mais
nous avons le substantif participial détroit (espace resserré,
cf. isthme), dont la forme savante est district, territoire
resserré. Dérivé : détresse, « serrement )> de cœur. —
Astreindre, c'est serrer à, lier à, d'où le sens figuré de
« obliger ». Le participe présent latin a donné le mot savant
astringent = qui resserre. — Restreindre, c'est ramener à
un état plus serré, dérivés : restriction, restrictif. — Con-
traindre, écrit à tort contraindre, d'où contrainte, c'est
proprt serrer ou lier ensemble, d'où un sens voisin de celui
d'astreindre; le boa constrictor est ainsi appelé parce qu'il
serre sa proie dans ses anneaux.
— Le composé latin prœstringere, effleurer, avait le sens
figuré déblouir, il nous a donné prestige, d'où prestigieux.
Étrenne, d'où étrenner, latin strena.
Êtres, V. é- préflxe 2.
Etrier, origine germanique. Dérivé : étrivière, proprt
courroie de l'étrier. Cf. estafdade.
Étrille, étriller, v. étrein- Étriper, v. tripe,
dre 1.
Etriqué, origine germanique.
Étrivière, v. étrier. Étroit, étroitesse, v. étrein-
dre 1.
Étron, origine germanique.
Étude, latin stadium^ d'où studieux. Dérivé : étudier,
d'où étudiant.
Étui, origine inconnue,
228 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Examiner
Étuve, latin populaire stupa, d'origine inconnue. Dérivé :
étuver, d'où étuvée (cf. étouffée).
Étymologie, étymologique, étymologiste, v. logique 2.
Eu-, préfixe grec qui signifie « bien ». Il a la forme év-
dans évangile, v. ange.
Eucalyptus, v. apocalypse.
Eucharistie, proprt action de grâces {eu-, biei?, et kharis,
grâce).
Eunuque, proprt gardien du lit {eunê, lit, et ekhein, tenir,
V. avoir ^).
Euphémique, euphémisme, Euphonie, euphonique, v.
V. affable 6. phonétique.
Euphorbe, plante recommandée par Euphorbe, médecin
de Juba.
Evaser, u. vase.
Évasif, évasion, v. envahir.
Évêché, V. épice ^.
Éveil, éveiller, v. vigueur.
Événement, v. venir.
Évent, éventail , éventaire,
éventer, v. vent.
Éventrer, v. ventre.
Éventualité, éventuel, v.
venir.
Évèque, v. épice 6.
Évertuer, v. viril.
Éviction, v. vaincre.
Évidence, évident, v. voir^.
Évider, v. vaquer.
Évier, v. eau.
Évincer, u. vaincre.
Éviter, composé du verbe latin vitare, même sens; d'où
évitable, inévitable.
Eurythmie, v. rime.
Eustache, v. noms propres
(Mots tirés de).
Eux, V. il.
Évacuation, évacuer, v.
vaquer.
Évader, v. envahir.
Évaluable , évaluation, éva-
luer, V. valoir.
Évangéliaire, évangélique,
évangéliser, évangéliste,
évangile, v. ange.
Évanouir, évanouissement,
v. vaquer.
Évaporation, évaporer, v.
vapeur.
Évocateur, évocation, v.
voix.
Évoluer, évolution, évolu-
tionniste, v. voûte *.
Évoquer, v. voix.
Évulsion, V. convulsé.
Ex-, préfixe, v. é-.
Ex abrupto, v. rompre.
Exacerbation, v. aigre.
Exact, exacteur, exaction,
exactitude, v. agir^.
Ex aequo, v. équité.
Exagération, exagérer, y.
gérer 2.
Exaltation, exalter, v, ali-
ment 2.
Examen, examinateur,exa-
miner, r. agir ',
Exemption]
DU FRANÇAIS.
229
Exanthème, v. fleur.
Exaspération, exaspérer, v.
âpre.
Exaucer, v. aliment 2,
Ex cathedra, v. chaire.
Excavation, v. cave^.
Excédent, excéder, v. cé-
der 3.
Excellence, excellent, ex-
celler, V. colline.
Excentricité, excentrique,
V. centre.
Excepter, exception, ex-
ceptionnel, V. capable-.
Excès, excessif, v. céder 3.
Exciper, v. capable 2.
Exciser, excision, v. césure.
Excitabilité, excitable, ex-
citant, excitation, exciter, v.
citer.
Exclamatif, exclamation,
exclamer, v. calendes 2.
Exclure, exclusif, exclu-
sion, V. clou 3.
Excommunication, excom-
munier, V. commun.
Excoriation, excorier, v.
cuir.
Excrément, excrétion, ex-
créteur, V. certain 2.
Excroissance, v. croître.
Excursion, excursionniste,
V. courir.
Excusable, excuse, excu-
ser, V. chose.
Exeat, V. errer 2, B.
Exécrable , exécration ,
exécrer, v. sacrer.
Exécutable, exécutant, exé-
cuter, exécuteur, exécutif,
exécution, exécutoire, v. sui-
vre 2.
Exégèse, exégète, v. agir 8.
Exemplaire, exemple, v. le
suivant.
Exempt et exemption, d"où exempter, se rattachent au
verbe composé latin eximere, supin exemptum, qui signifie
proprt enlever. Le verbe simple est emere, prendre. Un
exempt est à l'origine un sous-officier k exempt » du service
ordinaire. Un exemple est proprt un échantillon prélevé,
d"où le sens du substantif exemplaire ; mais exemple a pris
le sens restreint de « modèle )>, d"où la signification de
l'adjectif exemplaire.
1. Mots français venant d'autres composés d'emere : la
préemption est l'action de prendre avant, d'acheter le pre-
mier; une prime (latin prœmium pour * prœ-emium) c'est
un (c avantage » fait dans certaines conditions, dérivé :
primer. — Dirimant (préfixe dir-, forme du préfixe dis- devant
voyelle) signifie proprt qui sépare, d'où « qui empêche •>•>.
— Périmé, où per- {v. par-) a sa valeur péjorative, signifie
détruit, annulé, d'où le sens de péremption, annulation, et
de péremptoire, qui annule ce qu'on pourrait opposer. —
Rédimer, reprendre, racheter, d'où rédempteur, racheteur,
rédemption et son doublet populaire rançon qui a formé le
nouveau verbe rançonner; en latin du moyen âge on avait
fabriqué l'infinitif * re-emerej réméré (au lieu de red-imere)^
230 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Exister
et on l'emploie encore substantivement comme terme de
droit, un réméré, convention de rachat. — Prompt, d'où
promptitude, vient du participe passé du composé avec pro-,
et signifie à l'origine tiré en avant, mis à laportée (impromptu,
locution toute latine, à la portée, sous la main, sans prépa-
ration).
— Le mot latin vindemia, d'où vendémiaire, vendange, ven-
danger, vendangeur, signifie proprt enlèvement du vin ; ce
mot se rattache à demere, composé d'emere avec le préfixe de-.
2. Un composé d'emere avec le préfixe très rare su- est
suniere, supin sumpium, qui signifie aussi prendre. Le sub-
stantif siimptum, dérivé du supin, signifie proprt « argent
pris pour la dépense, dépenses », d'où les mots français
somptuaire et somptueux qui a produit somptuosité.
— A son tour le verbe sumere a des composés qui ont
passé en français : assumer signifie « prendre à soi » au
figuré, se charger d'une responsabilité; l'assomption, c'est
l'action de prendre à soi au propre, l'enlèvement. Résumer,
c'est reprendre (en abrégeant). Présumer, c'est proprt
prendre d'avance, d'où accueillir (une idée) avant d'avoir
une certitude ; la présomption (d'où présomptueux) est
l'action de présumer et spécialement de présumer trop de
soi-même ; un héritier présomptif est un héritier « pré-
sumé », au sens de : indiqué d'avance. Consumer, c'est
prendre dans son ensemble, d'où détruire tout à fait, et spé-
cialement, dans l'ancienne langue, détruire un objet par
l'usage qu'on en fait (consumer des aliments) ; dans ce der-
nier sens, par une impropriété grossière aujourd'hui passée
dans l'usage, nous employons consommer, dont le sens véri-
table est (c accomplir jusqu'au bout »; la consomption est
une maladie qui « détruit » la substance du malade.
Exequatur, v. suivre 2. Exhaussement, exhausser,
Exercer, exercice, u. coer- v. aliment ^.
citif. Exhiber, exhibition, v.
Exergue, u. chirurgie. avoir ^.
Exhalaison, exhaler, u. ha- Exhilarant, u. hilare,
leine.
Exhorter, d'où exhortation, latin exhortari.
Exhumation, exhumer, v. exigible, exigu, exiguïté, v.
terre. agir *.
Exigeant, exigence, exiger, Exil, exiler, v. sol.
Existence, exister, v. cslcr^.
Extinction]
DU FRANÇAIS.
234
Exlibris, v. livret.
Exode, i'. épisode.
Exonération, exonérer, v.
onéreux.
Exorbitant, v. orbite.
Exorciser, exorcisme, v.
jurer i .
Expansif , expansion, v.pas.
Expatrier, v. père.
Expectant, expectative, v.
cpice ^.
Expectorer, v. pis, substan-
tif.
Expédient, expédier, expé-
diteur, expéditif, expédition,
expéditionnaire, v. pied'^.
Exorde, v. ourdir.
Exotérique, exotique, v. é-
préflxe *.
Expérience, d'où inexpérience, se rattache au verbe
latin expcriri, qui signifie éprouver, part, passé expertum,
d'où : expert et expertise, expertiser. Ge verbe avait pro-
duit un autre substantif sur lequel ont été faits : expéri-
menté, doù inexpérimenté; expérimental; expérimenter,
doù expérimentation, expérimentateur.
— Au verbe simple dont experiri est un composé se rat-
tachent : impéritie (avec in- privatif), proprt manque d'expé-
rience; péril (d'où périlleux et péricliter), latin periculam,
proprt essai, puis hasard, danger.
— A la racine grecque correspondante se rattachent empi-
rique et empirisme, et aussi pirate, « qui explore » les
mers, et piraterie.
Expiation, expiatoire, ex-
pier, V. pie, adjectif.
Expirant, expiration, expi-
rer, V. esprit.
Explétif, V. plein.
Explicable, explicatif, ex-
plication, explicit, explicite,
expliquer, exploit, exploita-
ble, exploitation, exploiter,
exploiteur, v. plier i.
Explorateur, exploration,
explorer, v. pleurer.
Explosible, explosif, explo-
sion, V. plausible.
Exportateur, exportation,
exporter, v. port.
Exposant, exposé, exposer,
exposition, y. site ^.
Exprès, express, expressif,
expression, exprimer, v. près.
Expropriation, exproprier,
V. propre.
Expulser, expulsion, v.
pouls.
Expurger, v. pur.
Exquis, V. quérir.
Exsangue, v, sang.
Extase, extasier, extatique,
V. ester 6.
Extenseur, extensible, ex-
tensif, extension, extenso (in),
V. tenir *.
Exténuation, exténuer, v.
ténu.
Extérieur, extérioriser, u.
é- préfixe ~.
Exterminateur, extermina-
tion, exterminer, v. ternie.
Externat, externe, y. e- pré-
fixe 3.
Extincteur, extinction, v.
stimuler.
232 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Fabrique
Extirper, d'où extirpation, se rattache au substantif latin
stirpem, souche.
Extorquer, extorsion, v. Extraordinaire, v. ordre,
tordre. Extravagance, extrava-
Extra, u. e- préfixe*. gant, extravaguer, v. vague.
Extraction, v. traire *. Extravaser, v. vase.
Extrader, extradition, v. Extrême, extremis (in), ex-
dé à jouer 3. trémité, v. è- 2.
Extraire, extrait, u. traire'*. Extrinsèque, v. é-^.
Exubérance, exubérant se rattachent au verbe latin
exaberare, produire en abondance.
Exulter, v. saillir.
Exutoîre se rattache au verbe latin exaere^ dépouiller.
Ex-voto, V. vœu.
F
Fa, nom d'une note de musique, a été tiré arbitrairement,
comme les autres notes, des premiers vers de l'hymne de
saint Jean-Baptiste :
Ut queant Iaxis resonare fîbris
Mira gestorum famuli tuorum,
Solve polluti labii reatum,
S. I. (Sancte lohannes).
— D'après « sol, fa )>, nous avons fait solfier, et les Italiens
solfeggiare, d'où solfège.
Fable, fabliau, v. affable^.
Fabrique et son doublet populaire forge (d'où forger,
forgeur, forgeron), viennent du latin fabrica, qui se rat-
tache au mot fabruni, ouvrier, représenté en français par
des noms propres, Faure, Favre, Faiure, ainsi que par le mot
fèvre contenu dans orfèvre (d'où orfèvrerie), ouvrier tra-
vaillant l'or. De fabrica \ïeni fabricare, français fabriquer
(doublet de forger), d"où : fabricant, fabricateur, fabrica-
tion. Il est à peine besoin de faire remarquer que forge ei
SCS dérivés ont subi une restriction de sens très forle. A
Paîbie] DU FRANÇAIS. 233
fabrique au sens de « conseil s'occupant de Tentretien d'un
édifice religieux » se rattache le dérivé fabricien.
Fabuleux, fabuliste, v. af-
fable *.
Façade, v. le suivant.
Face, latin faciem (doù facial), de la famille du verbe
faire, est d'abord synonyme de façon au sens de « forme >^
[v. faire ^). C'est la forme, l'aspect d'une chose quelconque,
et, par restriction, du visage. Un face-à-main est comme
une face, des yeux qu'on tient à la main, comparez binocle.
Les divers côtés d'un objet offrent différentes faces, et,
quand on ne considère que deux côtés, le côté antérieur et
le côté postérieur, le mot s'applique spécialement au côté
antérieur. Cf. une évolution de sens analogue dans l'histoire
du mot front. On emploie quelquefois le mot latin lui-même
au nominatif, faciès, au sens de a physionomie ». Dimi-
nutif facette. Le dérivé façade, à désinence italienne,
désigne la « face» d'un bâtiment. Sur /ace a été fait le verbe
effacer, proprt ôter la face, la forme, faire disparaître,
d où effacement, ineffaçable. Le composé surface, proprt
face supérieure, extérieure, a pour doublet savant superficie
(une qualité superficielle est toute en surlace) ; les deux
mots ont pris d'ailleurs des acceptions différentes, le second
exprimant la mesure du premier.
Facétie, d'où facétieux, latin facetia.
Facette, u. face.
Fâcher, fâcherie, fâcheux,
V. faste 1.
Facial, faciès, v.face.
Facile, facilité, faciliter, u.
faire *.
Façon, v. faire^.
Faconde, v. affable *.
Façonner, façonnier, u.
faire '-.
Fac-similé, v. faire i et sem-
bler.
Facteur, u. faire ^^
Factice, v. faire ^.
Factieux, faction, faction-
naire, V. faire -.
Factitif, V. faire *.
Factotum, factum, v.faire^ .
Facture, facturer, v.faire^.
Facultatif, faculté, v.faire^.
Fadaise, v. fat.
Fadasse, fade, fadeur, v.
vapeur.
Fagot, origine inconnue. Dérivé : fagoter, mettre en
fagots, et arranger comme un fagot, sans soin.
Faible, latin Jlebilem, dérivé du verbe flere qui signifie
pleurer. Le sens primitif de faible est donc « déplorable ».
Dérivés : faiblard; faiblesse, faiblir. Affaiblir, d'où affai-
234 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Faire
blissement, n'est pas un composé de faiblir, mais a été
formé directement sur faible.
Faïence, faïencerie, faïen- cier, v. noms propres (Mots
tirés de).
1. Faille, espèce de soie, mot hollandais.
2. Faille, coupure dans une couche de terrain, v. le mot
suivant.
Faillir et falloir se rattachent au même verbe latin fal-
lere, supin falsum, qui signifie tromper. 11 n'y a eu à l'ori-
gine qu'un seul verbe avec deux formes d'infinitif (comme
courir et courre), puis les acceptions de ce verbe se sont
réparties entre les deux formes d'infinitif, le reste de la con-
jugaison demeurant uniforme, enfin une conjugaison spé-
ciale a été attribuée à chacun des infinitifs, d'où les deux
verbes actuels. Il est facile de comprendre qu'on ait pu
passer du sens de tromper à celui de faire défaut, manquer,
et du sens de manquer, qui est encore celui de /a//oir dans
« il s'en faut )>, au sens ordinaire de ce verbe, être néces-
saire.
1. Se rattachent particulièrement à faillir : faille, défaut
de continuité dans une couche de terrain; les termes com-
merciaux faillite et failli; faillible et infaillible, infaillibi-
lité ; défaillir, proprt faire défaut, et défaillance. Autres
dérivés : faute et fautif; défaut; fallacieux, trompeur.
2. L'adjectif /a/s«m, qui nest autre que le participe passé
passif de fallere, a donné en formation savante : falsifier,
falsification, falsificateur, v. faire '', et en formation popu-
laire faux, doù fausset (voix qui ne semble pas vraie), faus-
seté, faussaire, fausser.
— Dans un bon nombre de mots qui commençaient par
le vieil adverbe fors (= hors), où l'r avait cessé de se pro-
noncer, cet adverbe, par fausse étymologie, a été confondu
avec l'adjectif/aux ; de là faubourg, jadis /ors6o«r^, faufiler,
jadis /orsy?/'er {v. fil^); faux-fuyant, iadis forsfuyant, proprt
moyen de fuir dehors, de s'échapper.
Faim, latin famcm. Dérivés : famine, malefaim, famé-
lique; affamer; fringale, altération inexpliquée de faim-
valle, mot dont le second élément nest pas expliqué non plus.
Faîne, u. fouet. Fainéant, fainéantise, v.
faire ^ et èlre i.
Faire vient du latin/acere, supin/ac/u/n {-ficere et -fectixm
Faire] du français. 23y
dans les composés). Faire et les mots en -fire, fais-, fis-, fait-,
fit-, sont les formes populaires de cette famille; les mots en
fac-, fact-, fie-, fect-, tous ceux où le c est maintenu, sont
des formes savantes.
1. Le substantif fait n'est autre chose que le participe
passé du verbe faire employé substantivement (tout à fait
= entièrement à l'état fait, accompli). La forme latine de
ce participe, au neutre, est factum, entré tel quel en fran-
çais au sens de « exposé d'un fait », puis exposé tendan-
cieux. L'infinitif, précédé de la préposition à, a formé notre
substantif affaire, — d'où affairé, — aux acceptions si
variées. Le mot factotum est une locution toute latine, dont
le sens propre est : qui fait tout. Un fac-similé (c fait le sem-
blable », reproduit exactement. Un fainéant, d'où fainéan-
tise, ne fait rien, et le farniente, mot italien, c'est proprt le
« ne rien faire », sur niente, v. être ^.
2. Pour exprimer substantivement l'action de faire, on a
les doublets façon et faction, et aussi facture, factage. Le
mot faction s'est spécialisé dans les sens de 1° action poli-
tique, d'où parti politique et factieux, homme de parti;
2° action de guerre (comparez le mot action lui-même au
sens d'action militaire), dans la locution « être en faction »,
proprt être en guerre, occuper un poste de combat, et, par
restriction, monter la garde, dérivé factionnaire. Faire,
c'est agir, d'où les sens ci-dessus de faction, mais c'est aussi
fabriquer un objet, d'où les sens généraux des mois façon et
facture (dérivés : manuf^iCture, manufacturer, manufactu-
rier) ; la façon d'un objet s'oppose à la matière de cet objet,
d'où le sens du dérivé façonner, mettre en œuvre une matière,
fabriquer. Du sens d'action de faire, façon a passé à ceux
de manière de faire (dérivés : façonnier et le mot anglais
fashionable) et de forme donnée à un objet. Le mot facture,
au sens de fabrication, est arrivé à s'appliquer spécialement
aux instruments de musique, aux œuvres d'art; mais il
reste quelque chose de sa signification générale dans
l'acception de « relevé des prix de fabrication, et, par exten-
sion, des prix de vente », en parlant d'objets quelconques
(dérivé : facturer), acception dont il n'y a pas lieu de faire
un mot à part. Quant k factage, il a été fait sur le modèle de
colportage, magasinage, et il se rattache à l'acception spéciale
qui a fait du facteur un agent de transport, v. le paragraphe
suivant.
236 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Faire
3. Pour exprimer l'agent de l'action défaire, on a le mot
faiseur, de formation française, et facteur dont le doublet
populaire est -faiteur dans bienfaiteur (qui fait du bien), et
dans malfaiteur (qui fait le mal ; remarquez que le premier
de ces deux mots est le seul à se construire avec un com-
plément, parce que bien y signifie non pas action louable,
mais action généreuse envers quelqu'un). Facteur signifie
proprt : 1° qui fait, dans facteur de pianos, facteur d'un
produit (en arithmétique), 2° qui agit, agent des postes
(chargé de remettre les lettres), agent de transport (d'où le
sens de factage, signalé plus haut), jadis agent d'affaires
(dérivé : factorerie).
4. L'adjectif facile (d'où difficile) signifie : qui fait ou qui
se fait sans peine, comme agile =qui agit sans peine. Fai-
sable (d'où infaisable), de formation française, signifie : qui
peut être fait. Facilité, d'où le verbe faciliter, et faculté,
d'où facultatif, sont deux formes savantes très voisines, qui
à l'origine expriment la même idée : facilité à..., ou pouvoir
de..., on passe aisément d'une idée à l'autre ; les facultés
de l'âme sont ses principales fonctions, et les facultés d'une
université sont les principales fonctions que remplit l'uni-
versité, les grandes divisions de l'enseignement. Difficulté
s'oppose par la forme h faculté et par le sens h facilité.
— L'adjectif factice signifie proprt : qui provient d'une
fabrication, qui n'est pas naturel; fétiche (dieu fabriqué),
d'où fétichisme, en est la forme portugaise. On a donné
arbitrairement en grammaire au mot factitif le sens de
« qui fait faire l'action », alors que le fréquentatif latin /ac-
tilare signifie « faire souvent ».
5. Il y a des composés latins de facere qui n'ont pas
passé en français, mais dont nous avons des dérivés.
— Le composé avec ad- signifie « agir près de, faire
impression sur ». Substantif dérivé affection, impression
faite sur l'âme (passion, amitié vive) ou sur le corps (état
maladif). Adjectif correspondant affectif. Un autre adjectif,
affectueux, et le substantif désaffection ne se réfèrent qu'à
l'idée d'amitié vive. A ce composé se rattache un nouveau
verbe, passé en français, affecter, qui a le sens du premier,
faire impression sur, et qui signifie aussi : A, façonner pour,
appliquer à; B, se faire une apparence contraire à sa nature
(comparez ci-dessus, § 4, le sens de /acfice) ; G, agir pour,
viser à, rechercher, sens tombé en désuétude. Le substantif
Faire] du français. 237
affectation a les sens A et B [offectaiion et désaffectation d'un
édifice, ojjectalion de familiarité), et a eu le sens C. D'affec-
tation au sens B il faut rapprocher le mot de formation popu-
laire afféterie. Le verbe affectionner a eu des acceptions
correspondant à plusieurs des sens d'alfeciion, mais il n"a
conservé que la valeur de : être attaché par le cœur à.
L'adjectif affectionné, dans la formule « votre affectionné )>,
est le participe passé de l'ancienne forme pronominale
s'affectionner à.
— Le composé avec le préfixe com- a passé en français, c'est
confire, qui a le sens propre de : faire dans son ensemble,
d'où achever, et, spécialement, faire subir à une chose, sus-
ceptible de se corrompre, une préparation qui l'imprègne et
la conserve indéfiniment. Dérivés : confiseur, confiserie;
confiture, fait sur le participe passé, qui a d'abord signifié
action de confire des fruits ou d'embaumer, et qui désigne
aujourd'hui le produit d'une préparation particulière des
fruits. — Le mot savant confection exprime l'action de
c( confire » au sens général et primitif d'achever; ce sub-
stantif et le verbe dérivé confectionner se sont spécialisés
dans une autre direction que confire, en s'appliquant plus
particulièrement aux vêtements. Il aurait pu se faire que la
spécialisation fût inverse, que confiture reçût les sens qu'a
conjection, et vice versa. — En ajoutant le préfixe dé- à
confire, on obtient déconfire, qui signifie démolir, au propre
et au figuré, spécialement défaire les ennemis; adjectif par-
ticipial déconfit, sur lequel a été formé le substantif décon-
fiture.
— Le composé avec le préfixe de- marquant éloignement
avait le sens de « faire défaut ». Nous avons conservé
comme substantif la troisième personne de l'indicatif pré-
sent de ce verbe latin, déficit; en outre deux adjectifs se
rattachant au supin, défectif et défectueux d'où défectuosité
(comparez affectif et affectueux ci-dessus), le substantif
d'action défection, et le surcomposé indéfectible, « qui ne
peut faire défaut )>.
— Le mol effet, d'abord effect, se rattache à un composéoù
le préfixe ex- introduit l'idée de « résultat tiré de l'action »,
c'est un fait qui résulte d'un autre. Sur ce substantif ont
été formés le nouveau verbe effectuer, mettre à eiïet, et
l'adjectif et le substantif effectif = qui a été mis à elfet,
qui existe réellement; V effectif d'une armée^ c'est le nombre
238 DiCTiONNAïUE ÉTYMOLOGIQUE [Paire
effectif, réel, des soldats qui la composent. Au même verbe
latin se rattachent : efficient, qui produit réellement, coef-
ficient, qui contribue à produire (c'est une espèce particu-
lière de fadeur arithmétique), Fadjectif efficace, d'où effi-
cacité, inefficace, inefficacité, et le vieux substantif effi-
cace, qui avait le sens attribué aujourd'hui à efficacité.
— Le composé avec le préfixe in- avait le sens de « agir
dans, pénétrer, imprégner, corrompre ». Au supin de ce
verbe se rattachent infection, d'où infectieux, et infect,
d'où infecter, désinfecter, désinfection.
— Le composé avec prœ-, au sens de « faire ou mettre
devant », nous a laissé préfet, proprt placé à la tête, d'où
prélecture, préfectoraL
— Le composé avec pro-, au sens de » faire en avant,
faire des progrès, réaliser un gain », nous a laissé profit,
sur lequel a été fait profiter, qui retrouve la valeur du com-
posé primitif, recueillir ou procurer un profit : au second
sens se rattache l'adjectif profitable.
— Le composé avec le préfixe sub- a passé en français,
c'est suffire, dont le sens propre est : faire ou mettre sous,
d'où fournir ce dont on a besoin, être en quantité satisfai-
sante en parlant des choses. Un homme suffisant est à
l'origine un homme qui suffit à sa besogne, mais qui en
tire vanité : « Le suffisant, dit La Bruyère, est celui en qui
la pratique de certains détails, que l'on honore du nom
d'affaires, se trouve jointe à une très grande médiocrité
d'esprit ». Surcomposé insuffisant, d'où insuffisance, se
référant au sens ordinaire de suffisant.
6. D'autres composés nous offrent sans altération la forme
du simple faire. Nous allons les examiner successivement,
en laissant de côté satisfaire^ dont nous avons parlé au mot
assez.
— Avec l'adverbe bien avait été formé l'ancien composé
bienfaire, dont il nous reste bienfait, bienfaiteur, et bien-
faisant d'où bienfaisance.
— Préfixe contre : contrefaire, c'est proprt faire une
chose en face d'une autre (par restriction, semblable à
l'autre), d'où reproduire artificiellement. Le participe passé
contrefait s'applique à la chose faite ou déformée par imi-
tation de l'autre : une signature contrefaite. D'ailleurs, avec '
certains compléments, contrefaire a le sen^ non plus
d'imiter, mais de modifier (pour qu'on ne reconnaisse pas) ;
Faire] du français. 239
contrefaire sa voix. Comme une chose modifiée pour en
imiter une autre est généralement enlaidie, contrefait a
pris de bonne heure le sens de «. difforme », sans aucune
idée d'imitation. Dérivés : contrefaçon, contrefacteur.
— Préfixe dé- : le sens ordinaire de défaire, au propre et
au figuré, se passe d'explication. Se défaire a pris le sens de
(c défaire ses vêtements », puis, par extension, se débar-
rasser de n'importe quoi. Le substantif défaite se rapporte
tantôt à défaire, la défaite de l'ennemi, tantôt à se défaire,
c'est alors un prétexte pour se défaire d'un importun, pour
sortir d'embarras. Sur défectif, défection, etc., v. § 5.
— Avec le préfixe entre, il n'y a pas de composé de /aire;
on a seulement formé un participe passé employé substan-
tivement dans la locution « sur ces entrefaites », locution
qui équivaut à : « dans cet intervalle », à ce moment.
— Préfixe /or- : forfaire, c'est faire quelque chose hors de
ce qu'on doit, d'où la locution « forfaire à l'honneur ». Le
substantif participial forfait a aujourd'hui plus de force que
le verbe : un forfait est un grand crime. En revanche, le
mot a reçu en anglais, et nous l'avons repris aux Anglais
avec cette valeur, le sens de « refus de faire courir un
cheval engagé ». Il y a un autre substantif /or/ai/, qui n'a
aucun rapport avec le verbe forfaire, et qui signifie « prix
fait », V. for, substantif.
— Préfixes mé- et mal-. Méfaire, mal agir (sur le préfixe
mé-, V. moindre ^), aujourd'hui inusité, a formé le substantif
méfait. A rapprocher de malfaire, qui n'est plus usité qu'à
l'infinitif, mais dont le participe présent malfaisant est
employé adjectivement, et qui a produit le nom d'agent
malfaiteur, signalé plus haut § 3, Quant à malfaçon, ce
n'est pas l'action de malfaire, c'est une « maie façon »,
V. mal 1.
— Préfixes par- et per-. Parfaire, c'est faire complète-
tement, achever de faire. Adjectif participial parfait. Dérivés
savants du supin perfectum : perfection, d'où imperfection;
perfectible, « que l'on peut parfaire, améliorer », d'où
imperfectible, perfectibilité. Sur perfection a été fait le
nouveau verbe perfectionner (d'où perfectionnement), qui,
moins fort que parfaire, signijîe seulement : rapprocher de
la perfection.
— Préfixe re- : refaire. Dérivés savants du supin refeetum :
réfection; réfectoire, salle où l'on se refait.
240 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Faire
— Préfixe sur- : surfaire, c'est faire un objet, — au sens
de « en indiquer le prix », — au-dessus de sa valeur.
7. A Jacere se rattachaient aussi des substantifs en
-ficium, -ficentia, des adjectifs en -ficum, des verbes en
-ficare.
— Le mot office, latin offwium pour opificiuni [v. œuvre)^
signifie : ce qu'on fait d'utile, d'où les deux sens d'emploi
que l'on exeice, particulièrement au nom de l'autorité, et de
service que Ton rend (bons offices). Au sens d'emploi exercé
au nom de l'autorité se rattache le dérivé officiel, et au
sens de service rendu le dérivé officieux; l'usage a ainsi
spécialisé chacun de ces mots, sans que la difïerence de
valeur tienne à la différence des suffixes. Un officier exerce
une charge officielle, civile ou militaire; l'officier de
santé (d'où officiât) avait à l'origine une charge officielle;
lofficial (d'où officialité) était un officier de justice ecclé-
siastique. Parmi les emplois non officiels que peut désigner
le mot office, figure le service de table, d'où l'usage du mot
(dans ce cas il est féminin), pour désigner le lieu où se pré-
pare ce service; le mot s'applique aussi au service divin,
doù le verbe officier et le substantif participial officiant.
Maléfice signifie proprt dommage, et bénéfice bienfait,
avantage, d"où charge avantageuse (bénéfice ecclésiastique)
et profit; dérivés : bénéficier et bénéficiaire. Un composé en
-fice peut avoir à peu près la môme signilication que le pre-
mier élément à lui tout seul, si c'est un substantif : art et
artifice étaient synonymes en latin ; v. orifice au mot oral.
— Le mot officine, latin officina pour opificina, d'où offi-
cinal, signifie proprt fabrique, et contient le substantif opw^*,
V. œuvre; usine, d'où usinier, en est le doublet populaire.
— Le second élément des mots en-fique signifie proprement
« qui fait)) (honorifique, magnifique, horrifique), mais peut
marquer une relation quelconque avec 1 idée exprimée par
le premier élément : pacifique, scientifique, etc ... Dérivés
en -ficence : la munificence est la qualité de celui qui fait
des présents, v. commun, et la magnificence {v. magne ^) la
qualité de celui qui fait grandement les choses, qui est
« magnifique )> ; en formation française, c'est -faisance qui
correspond à la forme savante -ficence : bienfaisance.
— Un pontife, du latin po/t/(^cem, d'où pontifical, ponti-
ficat, est proprt un faiseur de ponts ; la construction des
ponts était une œuvre religieuse. Pontifier est formé avec
Fanfare] du français. 241
pontife et le suffixe verbal -ier. Mais en général, dans
les verbes en -fier, tels que amplifier, sacrifier, etc., -fier
vient de -ficare, qui dérive de facere; ce sont dailleurs des
mots de formation savante; amplifier^ c'est rendre ample,
sacrifier, c'est proprt rendre sacré Le sacrificateur est
celui qui sacrifie; le sacrifice est l'action de sacrifier, mais
en général les noms d'action tirés de ces verbes sont en
-fication parfois en -faction : stupéfaction , comme les noms
d'agenlsont en -ficatear : amplification, fortification, etc., etc.
Xous retrouverons ces mots à chacun des mots composants
qui en forment la première partie. Crucifier devrait être
cracifiger et n'a aucune parenté avec faire [v. ficher).
Faisan, faisandeau, faisan- Faiseur, v. faire '.
der, faisanderie, v. nomi pro- Faisselle, v. fisc,
près (Mots lires de). Fait. v. faire ^.
Faisceau, v. faix.
Faîte, origin-^ germanique, cf. aU.first. Dérivés : faitage,
faitière tuile .
Faix, latin fascem, d'où faisceau, fascine et le diminutif
savant fascicule. Composés : portefaix : affaisser, proprt
courber sous le faix, d'où affaissement.
Falaise, origine germanique, cf. ail. felsen.
Falbala, origine inconnue. Fallacieux, falloir, r./tu7h>.
1. Falot, <c effacé et un peu ridicule », a eu le sens de
coquin, drôle. Rabelais écrit : k II est un goud fallot », jeu
de mots qui n'indique nullement qu'il faille tirer falot de
l'anglais /e//ou; {good felloiv, bon compagnon).
2. Falot, fa.mLl,v. fantaisie-. Famé, v. affable^.
Falsificateur, falsification, Famélicpie, v. faim.
falsifier, i'. faillir -. Fameux, i\ affable *.
Famille, du latin familia, qui désigne l'ensemble des
habitants de la maison. Dérivés : familial, familier, d'où
familiariser, familiarité.
Famine, r. Jaim. Fanal, v. fantaisie 2.
Fanatique, dont le sens primitif est «inspiré des dieux»,
se rattache au latin fanum, lieu consacré. Dérivés : fana-
tisme, fanatiser. L'adjectif profane, d'où profaner et profa-
nation, signifie proprt : qui est « devant » le lieu consacré,
hors du temple; sur le préfixe pro-, v. pour.
Faner, faneur, v. foin.
Fanfare, peut-être onomatopée.
DICT. BTTM. FRA5C. 16
242 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Fantaisie
Fanfaron, d'où fanfaronnade, espagnol /a/i/arroAi.
Fanfreluche, italien fanfalaca, déformation du grec
pompholaga, bulle.
Fange, d'où fangeux, origine douteuse.
Fanion et fanon, origine germanique, cf. ail. fahne;
dans gonfanon, d'où gonfalonier, le premier élément signifie
combat.
Fantaisie est un mot de la même famille grecque que
diaphane, phénomène, fantôme, sur lesquels v. l'article
paraître. Les mots de cette famille se rattachent à l'idée de
« montrer » ou à celle de « se montrer, paraître )>.
1. Une fantaisie, c'est proprt une image qui apparaît à
notre esprit, une imagination, d'où ensuite imagination
capricieuse. Dérivé : fantaisiste. Fantasia est la forme ita-
lienne du mot. Un fantôme est une « apparition » pure-
ment imaginaire. Un récit fantastique est aussi purement
imaginaire. Un être fantasque (ce mot est le doublet do fan-
tastique) est un fantaisiste extravagant. Une fantasmagorie
est une évocation de fantômes, v. allégorie. Au vieux verbe
pantoiser, avoir un cauchemar, ou le p correspond au ph ou
/ des autres mots de la famille, se rattache pantois, essoufflé,
d'où panteler, adjectif participial pantelant.
— L'élément final -phante signifie « qui montre » : hiéro-
phante, interprète des choses sacrées; sycophante, proprt
délateur de ceux qui faisaient la contrebande des figues,
V. figue.
— L'épiphanie, c'est la « manifestation » aux rois mages.
Une phase est un des « aspects » successifs d'un astre.
L'emphase (d'où emphatique) est une « apparence » qui ne
répond pas à la réalité, une exagération de la pensée.
2. De la même famille : un fanal et un falot, qui servent
à montrer les objets, à les éclairer, à les rendre visibles.
Les plantes phanérogames, proprt à mariage visible, sont
celles dont le système reproducteur est visible. Phénol, d'où
phénique, signifie proprt substance brillante ; phalène
(masc. ou fém.) désigne un papillon qui brille la nuit.
3. Il n'est pas impossible qu'il y ait une relation entre ces
mots et le substantif grec phos, lumière, génitif phôios,
dont nous avons les composés : phosphore (d'où phosphate,
phosphorescent), substance qui luit, v. offrir''; photogra-
phie, etc., V. graphie''; photogravure, etc.
Fastueux] du français. 243
Fantasmagorie, fantasque, Fantoche, v. affable^.
V. fantaisie ^. Fantôme, v. paraître.
Fantassin, v. affable 3. Faon, v. foin.
Fantastique, u. fantaisie *.
Faquin, italien /acc/iiVio, portefaix, d'origine inconnue.
Faquip, mot arabe, dont le sens propre est « pauvre )>.
Farandole, mot provençal d'origine douteuse.
Faraud, u. fier, adjectif. Farce, farceur, v. farcir.
Farein, latin farcimen.
Farcir, latin /arcire, même sens. Dérivé : farce, hachis
pour farcir. On a appelé « pièces farcies » des pièces de la
littérature médiévale, dont le latin était farci de mots de la
langue vulgaire. Notre mot farce, pièce de théâtre, puis
plaisanterie (d'où farceur) se rattache à cette signification.
Fard, farder, origine dou- Fardeau, d'où fardier, ori-
teuse. gine douteuse.
Farfadet, peut-être onomatopée.
Farfouiller, v. fosse. Faribole, origine inconnue.
Farine, d'où farineux, enfariné, d'un dérivé latin de far,
blé, farina.
Farniente, V. faire ^. Fasce, bande, latin /ascta.
Farouche, v. fier, adj. Fascicule, fascine, v. faix.
Fasciner, d'où fascinateur, fascination, d'un dérivé
latin de /oscmum, charme.
Fashionable, v. faire'^.
i. Faste, substantif, du latin fastiim, orgueil, mépris.
Dérivés : fastueux, et fastidieux qui vient d'un composé
latin dans lequel entre sans doute le mot tœdiam, dégoût,
ennui. Le verbe du latin populaire *fastidiare a produit le
verbe français fâcher (d'où fâcherie, fâcheux), qui a eu le
sens de dégoûter, chagriner, irriter.
2* Faste, adjectif, dans k jour faste », et son composé
néfaste, se rattachent au latin fas qui désigne le droit reli-
gieux par opposition au droit civil, jus {v. jurer); néfaste
signifie donc proprt « interdit par la loi divine ». Notre
substantif fastes vient d'un pluriel latin qui signifie calen-
drier, liste de jours fastes, puis annales.
Fastidieux, fastueux, v. faste 1.
244 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Fécondité
Fat, du latin /af««m, insipide. Dérivés: fadaise, qui nous
vient du provençal; fatuité, infatué, infatuation.
Fatal, fatalisme, fataliste, Fatidique, v. affable 2 et
fatalité, v. affable ~. dire 2.
Fatiguer, latin fatigare. Subst. verbal fatigue; adjectif
participial fatigant; composé infatigable.
Fatras, origine inconnue. faucon, fauconnerie, faucon-
Fatuité, V. fal. nier, v. faux, substantif.
Faubourg, faubourien, v. Faufiler, v. fil 2.
bourg. Faune, v. faveur.
Fauchaison, faucher, fau- Faussaire, fausser, fausset,
cheur, faucheux, faucille, fausseté, v. faillir 2.
Faute, V. faillir 1.
Fauteuil, origine germanique, ail. stahl, siège, avec un
premier élément qui signifie pliant (cf. aW. falten).
Fauteur, v. faveur. Fautif, i'. faillir^.
Fauve, d'où fauvette, origine germanique, cf. allemand
falb.
1. Faux, adj., v. faillir^.
2t Faux, substantif, latin falcem, d'où les mots de for-
mation savante défalquer, couper comme avec une faux^ et
défalcation. Dérivés populaires : faucille; faucher, d'où
faucheur, son doublet faucheux, nom dune araignée, et
fauchaisons. On rattache à la môme racine le nom du
faucon (doù fauconnier, fauconnerie), qui serait ainsi
appelé à cause de la forme de son bec.
Faux-fuyant, v. faillir''^. Faux-saunier, v. sel.
Faveur, latin favorem, d'où favorable, défavorable,
défaveur, et favoriser, se rattache au verbe latin favere,
supin faiilam, qui avait le sens de favoriser. Favori (jadis
favorlt), féminin favorite, dérivé favoritisme, vient du par-
ticipe passé italien favorilo. Le supin a produit fauteur,
proprt celui qui favorise.
— Les Faunes et la déesse Falua sont proprt des « protec-
teurs » des champs ; c'est du premier de ces noms qu'on
appelle faune (subst. féminin) Lcnsemble des espèces ani-
males; le second a produit fée, d'où féerie, féerique.
Féal, V. foi. Fécond, fécondation, fécon-
Fébrifuge, fébrile, v. fièvre. der, fécondité, v. foin.
Fécal, V. fécale.
I
Fer] DU FRANÇAIS. 245
Fécule, latin fœciila, d'où féculerie, féculent, se rat-
tache kfœcem, qui signifie « lie » ; c'est le dépôt que forment
les sucs de certains végétaux. L'adjectif fécal a la même
racine.
Fédéral, fédéralisme, fédé- Fée, féerie, féerique, v. fa-
raliste, fédératif, fédération, veur.
fédéré, v. foi.
Feindre, du latin fingere, supin fictiiin, qui signifie
pétrir, façonner un objet, puis façonner la vérité. Au der-
nier sens se rattachent le substantif participial feinte, et
les dérivés du supin : fiction, fictif. On retrouve le sens pri-
mitif dans figuline, vase de terre cuite, dans figure, proprt
forme, d'où figurine, figurer, figuration, défigurer, confi-
guration, transfigurer, transfiguration, et dans effigie,
expression ou représentation d'une figure.
Fêler, d'où fêlure, origine inconnue.
Félicité latin felicitatem, de l'adjectif felicem, heureux.
Autre dérivé féliciter, proclamer heureux, complimenter,
doù félicitation.
Félin, V. chat.
Fellah, mot arabe qui signifie laboureur.
Félon, d'où félonie, v, fiel. ser, femme, femmelette, u.
Fêlure, u. fêler. foin.
Femelle, féminin, fémini-
Fémup, latin /emur, génitif /emoris, d'où fémoral.
Fenaison, fenil, v. foin.
Fendre, du latin findere, supin classique fissam, supin
populaire 7^/idi/am. Fesse et fente sont deux substantifs
participiaux se rattachant à l'une et à l'aatre forme du supin.
Fissiim a produit en outre fissure. De fendre dérivent : fen-
dant, fondeur, fendoir, fendiller. Composés : pourfendre,
proprt fendre en avant, d'où pourfendeur; refendre, d'où
refend (mur de), qui refend, au figuré, lintérieur d'un
bâtiment.
Fenêtre, Iditin fenestra ; dérivé : défenestration.
Fenouil, fenouillet, v. foin. Féodal, féodalité, v. fief.
Fente, v. fendre.
Fer, latin ferrum. Dérivés : ferret ; ferraille, doù fer-
railler, ferrailleur; ferron, marchand de fer, d'où ferron-
246 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Perronnière
nerie par l'intermédiaire de ferronnier (ferronnière, bijou
semblable à celui de la Belle Ferronnière dans le portrait
de Léonard de Vinci) ; ferrer, d'où ferrure et les composés
déferrer, enferrer; ferrugineux (latin ferruginem, rouille
de fer). Composés : fer-blanc, doù ferblantier, ferblan-
terie ; maréchal ferrant.
Férié (d'où jours fériés) et son doublet foire, viennent
du latin /eria qui signifie jour de repos, et dont la racine a
fourni aussi les adjectifs fesiam, festivum, auxquels se rat-
tachent nos mots fête, festival et festin, ce dernier d'ori-
gine italienne. Dérivés de fête : fêter, festoyer, fêtard. Le
mot feston (d'où festonner), d'origine italienne, a d'abord
désigné une décoration de fête, guirlande de feuillage.
Férir, du latin ferire, frapper. Ce verbe n'est plus usité
que dans la locution « sans coup férir », et au participe
passé féru dans une acception figurée; v. férule.
Ferme, adjectif, est le latin firmum, doù le mot savant
infirme (m- privatif), sur lequel ont été faits infirmité et
infirmier qui a produit à son tour infirmerie.
— Dérivés et composés de l'adjectif /erme : le substantif
fermeté; affermir, doù raffermir; fermer (d'où enfermer
et renfermer), qui a d'abord signifié rendre ferme, puis fixer
(une porte, un volet), puis donner à un objet la position
contraire à celle qui est exprimée par le verbe ouvrir;
dérivés de fermer : fermeture, fermoir.
— Le substantif ferme signifie convention ferme, spécia-
lement pour lexploitation indirecte d'un domaine, puis 1*^10
domaine lui-même, 2° son revenu, et, par extension, des
revenus perçus dans les mêmes conditions, par exploitation
indirecte. Sur le substantif ferme ont été faits le verbe
affermer et les substantifs fermier, fermage.
— Mots de formation savante se rattachant à firmum
(outre infirme, etc., cités plus haut) : firmament, proprt le
support des astres dans l'ancienne conception astrono-
mique; affirmer, faire une déclaration ferme, infirmer et
confirmer, etleurs dérivés : affirmation, affirmatif ; infirma-
tion; confirmation, confirmatif.
Ferment, fermentation, Féroce, férocité, v. fier^
fermenter, v. ferveur. adj.
Fermer, fermeté, ferme- Ferraille, ferrailler, ferrail-
ture, fermier, fermoir, v. leur, ferrer, ferret, ferron-
ferme. nerie, ferronnier, ferronnière,
Feuille] du français. 247
ferrugineux, ferrure, v. fer. User, fertilité, v. offrir *.
Fertile, fertilisable, ferti- Féru, v. férir.
Férule, du latin /erw/a, espèce de plante dont la tige ser-
vait à administrer des corrections (compar. fouet), v. férir.
Ferveur, latin fervorem, se rattache au verbe ferverc,
bouillonner, dont fervent est le participe présent; dérivés :
effervescence ; ferment, d'où fermenter et fermentation.
Fesse, etc., u. fendre. Fétiche, fétichisme, u.
Festin, festival, feston, fes- faire *.
tonner, festoyer, fêtard, fête,
fêter, V. férié.
Fétide, latin fœtidum.
Fétu se rattache au latin /esïuca, paille.
Feu, substantif (sur feu, adj., voy. affable^), du latin
focum, qui a le sens du dérivé foyer. Autres dérivés : fouace,
proprt galette cuite sous la cendre; fouage, impôt levé sur
chaque foyer; affouage, droit de ramasser du bois pour se
chauffer; focal, mot savant; fusil (d'abord instrument pour
faire jaillir le feu, et, par analogie, pour aiguiser), d'où
fusilier, fusiller, fusillade.
— Le mot latin ignem, feu, auquel focum s'est substitué,
se retrouve dans les mots savants igné, ignition. — Le mot
grec de même signification, pur, se trouve dans : pyrite,
sulfure inflammable; antipyrine, substance employée contre
la fièvre; pyrograver; pyrotechnie, proprt art du feu;
empyrée, la sphère qui contenait les astres, d'après la con-
ception antique, etc.
Feudataire, v. fief.
Feuille se rattache au latin folium. Le mot a la forme
masculine dans cerfeuil. In-folio, expression toute latine,
désigne un format où la feuille reste entière, bien que
pliée en deux. Nous avons emprunté à l'italien la forme
folio, sur laquelle a été fait folioter.
— Dérivés savants : foliole, foliacé, interfolier. Dérivés
de feuille : feuillage, feuillée, feuillu; feuillet, d'où feuil-
leton, le bas dune « feuille » de journal; feuilletoniste;
feuilleter, disposer en feuillets et tourner les feuillets d'un
livre. Folliculaire a été fait par Voltaire au sens de « mau-
vais rédacteur de feuille publique » sur le latin /o//tc«/«m,
qui, en réalité, n'a aucun rapport avec feuille^ et signifie
248 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Picf
« petit sac », v. follicule. Composés : effeuiller, défeuiller,
chèvrefeuille,, v. chèvre.
— La forme grecque de foliiim est phallon d'où chloro-
phylle [v. chlore), phylloxéra, proprt dessèchement des
feuilles, et la syllabe finale -Jle de girofle, v. ce mot, et de
trèfle, grec triphullon, latin trifoliam, v. trois.
Feuillette, demi-pièce de vin, origine inconnue.
Feutre, mot d'origine germanique, doublet de filtre qui
a produit filtrer, d'où filtrage, s'infiltrer, infiltration.
Dérivés parallèles de feutre : feutrer et feutrage. Filtrer,
c'e«t proprt passer au feutre, et feutrer : garnir de feutre.
Sur calfeutrer, v. calfater.
Fève, latin faba.
Février se rattache au verbe latin februare qui signifie
purifier; c'est le mois des purifications.
Fez, Fiacre, v. noms propres Fiançailles, fiancer, v. foi.
(Mots tirés de). Fiasco, v. flacon.
Fibre, d'où fibrille, fibrine, fibrome, fibreux, latin fibra,
filament, fibre. Le latin fimbria, probablement de la même
famille, a produit frange, d'où franger.
Fibule, V. ficher. Ficeler, ficelle, v. fil i.
Ficher semble se rattacher au latin figere, supin flxum,
qui a le même sens. Quand on emploie ficher par euphé-
misme, le participe passé est fichu. Substantif verbal fiche,
marque qu'on fiche en terre ou qu'on fixe à tin objet, et, par
comparaison, note destinée à être classée alphabétiquement.
Composé : afficher, « fixer à » une paroi, doù affiche, affi-
cheur, affichage. Sur le supin fixum ont été faits affixe,
préfixe, suffixe, et l'adjectif fixe, d'où fixité et le verbe
fixer, qui a produit lui-môme fixatif, fixation. Crucifix
signifie fixé à la croix; sur le latin ecclésiastique crucifigere
on a fait crucifier au lieu de * crucifiger {v. faire '').
— Au même \eThe figere se rattache fibule, objet qui sert
pour fixer un vêtement, agrafe, d'où affubler, habiller.
Fichu, substantif, origine Fidéicommis, fidèle, fidé-
inconnue. lité, fiduciaire, v. foi.
Fictif, fiction, v. feindre.
Fief, origine germanique. Fieffé, pourvu d'un fief, d'où,
par figure, pourvu d'un défaut spécifié par le mot qui pré-
Pii] DU FRANÇAIS. 249
cède. Dérivés savants : feudataire, féodal, féodalité,
inféodé.
Fiel, du latin /e/; même racine que dans le grec kholon,
qui signifie bile et fiel. Dérivés de fiel : fielleux, enfiellé,
et peut-être félon. Dérivés de kholon : colère (accès de bile,
au figuré), son doublet choléra, et mélancolie, bile noire,
V. ce mot.
Fiente se rattache au latin fimum, comme fumier et
fumer (au sens de garnir de fumier), d'où fumure.
Fier, verbe, v. foi.
Fier, adjectif, latin ferum, apparenté au grec thêra,
V. Ihériaqae. Dérivés : fierté, farouche d'où effaroucher;
faraud: féroce doù férocité.
Fièvre, doù fiévreux, enfiévré, latin febrem. Dérivés
savants : fébrile, fébrifuge {v. fuir).
Fifre, v. piper. Fignoler, v. fin.
Figer, v. ficjue.
Figue, d'où figuier, vient du latin populaire fica, par
l'intermédiaire du provençal. Un adjectif dérivé de fica et
signifiant « farci de figues » a produit notre substantif foie
(les oies étant engraissées avec des figues), et aussi notre
verbe figer, le sang coagulé ayant quelque ressemblance
avec le foie. — Le mot grec qui signifie foie, hêpar, génitif
hêpatos, a produit hépatique et hépatite.
— Le mot grec qui correspond à fica est sukon, d'où syco-
phante {v. fantaisie *), sycomore, arbre qui rappelle à la
fois le mûrier et le figuier, faux platane.
Figuline, figurant, figura- tion, figvire, figurer, figurine,
V. feindre.
Fil, Idiiin filum.
1. Dérivés : filet, petit fil, trait (d'où entrefilet), tranche
mince, morceau de viande facile à couper en tranches
minces; un second substantif filet, écrit jadis filé, et dont
le sens propre est, comme celui de filoche, « réseau de fils,
de ficelles »; filin, cordage; filon, « fil» qu'on suit dans une
mine; filament, doù filamenteux; filasse, matière textile
non filée; ficelle, d'où ficeler, déficeler: filière, instrument
pour étirer les métaux en fils de plus en plus fins, doù
série des étapes que l'on doit régulièrement franchir pour
arriver à une situation déterminée. — Sur fil a été fait
250 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [FilS
aussi le verbe filer, faire du fil avec la matière textile en la
déroulant, développer ou se développer en mince filet ou en
droite ligne. Substantif verbal de filer : file, suite de
personnes ou de choses sur une même ligne. Dérivés :
filage, fileur, fileuse, filandière, filateur, filature, filan-
dreux.
2. Les verbes affiler, effiler, enfiler, défiler, faufiler ne
sont pas des composés de fiier, mais sont formés surfil ou
sur fiie avec les différents préfixes et la désinence verbale
■er. Affiler, c'est donner le fil à un instrument tranchant;
d'affilée, c'est à la file. — Effiler, eîfilocher, c'est amener
à l'état de fil. — Enfiler, c'est traverser par un fil, faire
passer le fil dans le trou de l'aiguille ou faire un mouve-
ment analogue, une enfilade est une disposition de choses
qui sont comme traversées par un même fil. — Défiler,
c'est <c désenfiler », égrener, ou passer à la file; un défilé
c'est Faction de passer à la file, ou un endroit étroit où l'on
passe nécessairement à la file. — Faufiler, jadis forsfiler
[y. faillir^), c'est proprt passer un fil en dehors de la
couture à faire; se faufiler, c'est s'insinuer par un mouve-
ment semblable à celui du fil quand on faufile; éfaufiler,
c'est tirer le fil d'une étoffe. — Tréfiler [v. traire *), d'où
tréfileur, tréfilerie, faire passer par la filière.
3. Autres composés de fil : filiforme, en forme de fil,
filigrane, mot d'origine italienne, proprt fil à grains, dessin
fait en fils de métal ou de verre. Dans profil, profiler,
(préfixe pro-, en avant), le contour d'un objet est assimilé à
un fil.
Filage, filaments, filan- Filiforme, filigrane, u. /t/ 3.
dière, filandreux, filasse, fi- Filin, v.fil^.
lateur, filature, file, filer, fi- Fille, fillette, filleul, v.Jîls.
lerie, filet, fileur, v. fil^. Film, v. peau.
Filial, filiation, v. fils. Filoche, filon, v. fil i.
Filière, v. fil^. Filoselle, v. follicule.
Filou, d'où filouter, filouterie, origine inconnue.
Fils vient du nominatif latin Jilius, et fille du féminin
fiUa. Dérivés : filleul, qui a proprt le môme sens que fils,
avec une idée diminutive; filial; filiation; fillette; affilier
doù affiliation. A noter que, dans l'une des acceptions de
fille, comme da.ns fillette, l'idée de parenté disparaît complè-
tement. A l'origine les adjectifs petit et beau placés devant
les noms fils ei fille n'en modifiaient pas la valeur; puis
Fissure] du français. 251
petit- fils, petite-fille ont fini par s'employer exclusivement
en parlant des enfants du fils ou de la fille, et beau-fils en
parlant du gendre, belle-fille en parlant de la bru. Forme
espagnole de fils, ht- dans hidalgo, v. autre 'K
— Le sens propre du latin filius est « nourrisson », et
certains rattachent à la même racine le mot femina, femme,
dont le sens primitif aurait été « nourrice ».
Filtrage, filtration, filtre, filtrer, v. feutre.
Fin, substantif, latin fînem. Dérivés : final, d'où finalité,
le vieux verbe finer, qui, du sens de finir, aurait passé à
celui de terminer un marché, payer, d'où finance, moyen
de payer, ressources, dérivé : financier (ces deux derniers
mots ont été aussi rattachés à une racine germanique); enfin
notre verbe finir. Composés de finir : infini, infiniment,
infinité, infinitif, infinitésimal: définir (analogue à déter-
miner, formé sur terme), définitif, définition, indéfini,
indéfinissable.
— Composés du substantif fin : afin, enfin, confins,
limite commune de deux territoires, d"où confiner à, avoi-
siner, et confiner dans, enfermer dans les limites de. Affi-
nité signifie proprt voisinage; la paraffine {parum, peu)
est une substance qui a peu d'affinité avec les autres.
— L'adjectif fin est une sorte d'adjectif verbal de finir,
signifiant proprt : qui va jusqu'au bout, puis : d'une extrême
délicatesse, subtil, d'une extrême petitesse. Dérivés de cet
adjectif : finette, finaud, finesse, finasser d'où finasserie,
fignoler; composés : affiner, raffiner, et leurs dérivés :
surfin, superfin et extrafin, v. sur et é-*.
Finance, financer, finan- naud, finesse, finette, finir,
cier, finasser, finasserie, fi- u. fin.
Fiole se rattache au grec phialê.
Fioriture, v. fleur. Firmament, v. ferme.
Firman, mot turc d'origine persane.
Fisc, d'où fiscal, fiscalité, vient du latin fiscum qui
signifie proprt corbeille d'osier, puis corbeille pour l'argent,
cassette, trésor public. Le diminutif fiscella a donné en
formation populaire notre mot faisselle, vase à trous pour
le fromage. Composé : confisquer, proprt réunir au fisc, d'où
confiscation.
Fissure, v. fendre.
252 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Plammcrole
Fistule, \ai\n fis tula, proprt tuyau.
Fixateur, fixatif, fixation, fixe, fixer, fixité, v. ficher.
Flacon, bas-latin Jîasconein, cf. ail. flasche. La forme
italienne (sans le suffixe) est fiasco, que nous employons
au sens d'échec.
Flagellation, flageller, u. fléau.
1. Flageolet, déformation du latin phaseohim, mot
d'origine grecque qui signifie petite fève.
2. Flageolet, instrument de musique, mot d'origine
inconnue. Dérivé flageoler, proprt jouer du flageolet, puis,
par figure, trembler des jambes (comparez la locution popu-
laire jouer des flûtes).
Flagorner, d'où flagorneur, flagornerie, origine
inconnue.
Flagrant, du participe présent du verbe latin fîagrare,
brûler. Dérivés des composés latins de fîagrare : déflagra-
tion, conflagration. A la même racine se rattachent
flnmma, d"où flamme, fulgiir, d'où foudre, et sans doute
aussi les mots d'origine grecque phlox, proprt flamme, nom
donné à une fleur, et phlegmon, tumeur inflammatoire,
cf. flegme.
— Le latin fiilgur, qui a produit /oudre, d'où foudroyer,
foudroiement, signifie proprt éclair, et ce sens s'est
conservé dans les dérivés savants fulgurant, fulguration.
Le mot latin qui signifie foudre esifulmen, toujours delà
même racine, d'où fulminer et fulmicoton, coton fulminant.
— Se rattachent à yZamme : flammé, flammèche, flamme-
role, flambeau, flamber, flambée, flamboyer; enflammer,
les dérivés savants inflammable, inflammation, inflamma-
toire. Le flamant est ainsi appelé en raison de la couleur
feu de ses ailes.
Flairer, latin frag are, proprt exhaler une odeur agréable ;
en ce sens le mot s'est altéré en fleurer, sous l'influence de
fleur. Au sens dérivé de « discerner par l'odeur » se
rattache le substantif verbal flair.
Flamant, flambeau, flambée, flamber, v. flagrant.
Flamberge, altération de Floberge, nom de l'épée de
Renaud de Montauban.
Flamboyant, flamboyer, flamme, flammèche, flamme-
role, V. flagrant.
Pleur] DU FRANÇAIS. 253
Flan, mot d'origine germanique, cf. ail. Jtaden, gâteau
plat, V. flatter.
Flanc, doù flanquer, efflanqué (proprt qui n"a plus de
flancs), origine inconnue.
Flandrin, v. noms propres (Mots tirés de).
Flanelle, origine celtique.
Flâner, d'où flânerie, flâneur, flanocher, origine
inconnue.
1. Flanquer, u. Jlanc.
2. Flanquer (lancer), jadis yZag«er, forme employée par
La Bruyère, onomatopée.
Flaque deau, et l'adjectif flasque, se rattachent au latin
flaccum, flasque. La même racine se retrouve dans l'un de
nos verbes flétrir, jadis y?«is/rir, proprt rendre flasque.
Flatter, et flétrir (jadis Jlatrir) au sens de (c marquer
d'une empreinte », se rattachent à un radical germanique
qui signifie plat, cf. jlan. Flatter, d'où flatteur, flatterie,
c'est proprt caresser du plat de la main. Flétrir, c'est mar-
quer d'un fer chaud, d'où le sens figuré auquel se rapporte
flétrissure.
Flatuosité, v. enfler.
Fléau, du lai'mjlagellum, fouet, auquel se rattache le mot
savant flageller, d'où flagellation.
Flèche, origine douteuse. Par figure, le mot s'applique
au timon mobile d'une voiture, cf. atteler. Le mot latin
•signifiant flèche est sagitta, d'où sagittaire, nom d'une des
constellations du zodiaque.
Fléchir, d'où fléchissement, fléchisseur, infléchir,
origine inconnue. Malgré la similitude de sens, il est diffi-
cile de rattacher ce mot au verbe latin flectere, sur lequel
V. flexion.
Flegme, d'où flegmatique, grec phlegma, génitif phleg-
maios, de la même famille que phlegmon {v. flagrant);
phlegma signifie proprt humeur glaireuse, pituite (d'où
caractère sombre, froid), résultat d'une inflammation
suivant les anciens.
1. Flétrir (en parlant d'une 2. Flétrir, marquer d'igno-
plante, etc.), v. flaque. minie, flétrissure, v. flatter.
Fleur, latin florem. Dérivés : fleuron (d'où fleuronné),
ornement en forme de fleur; fleurette ; fleuret, sorte d'épée
254 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Flexion
terminée par un bouton ; fleuriste ; fleurer [v. flairer) ;
fleurir, forme italienne /torirc, doù fioriture. Dérivés avec
au lieu de eu : floral, floraison, florissant; floréal, mois
des fleurs; florin, pièce de monnaie portant une fleur de
lis; déflorer, efflorescence. 11 est fâcheux que dans le sens
figuré de prospérer on ait substitué Jlorissait ei florissant à
fleurissait et fleurissant, ce qui rend l'image moins nette.
— Sur fleur ont été faits les composés effleurer, proprt
enlever la fleur, la superficie, d'où toucher à peine, et
affleurer, être à fleur, à niveau.
— Du nom de la déesse des fleurs. Flore, on a tiré le mot
qui désigne l'ensemble des plantes d'un pays.
— Le mot grec qui signifie fleur, anthos, se retrouve dans :
anthémis; anthère, proprt fleuri; exanthème, qui équivaut
h efflorescence ', anthologie [v. logique ^), — proprt recueil de
fleurs, de morceaux choisis, — qui équivaut à florilège;
chrysanthème, pr(»prt fleur d'or.
Fleuve, latin fîuuium, d'où fluvial, se rattache au verbe
latin flaere, supin fluxum, qui signifie couler. De la même
famille : fluide, qui coule; superflu, d'où superfluité, sura-
bondant; effluve, épanchement; affluer, proprt couler vers,
d'où affluent, affluence ; influer, couler sur ou dans, d'où
influent, influence et son doublet italien influenza; con-
fluent et le nom de lieu Conflans, endroit où deux rivières
coulent l'une avec l'autre; refluer, couler en sens inverse;
flux, afflux, reflux, proprt action de couler, de couler vers,
de refluer. La signification primitive de fluxion ne diffère
pas de celle de flux (comparez acte et action) ; le mot est
arrivé à signifier : maladie ou indisposition causée par un
afflux de sang ou d'humeur, cf. rhume.
— Se rattachent à la même famille, mais avec une altération
due à une influence germanique : flot, flotter, flottement,
flotteur, flottaison et son doublet fluctuation, mais non pas
flotte (v. ce mot). Renflouer, c'est remettre à flot.
— Le mot grec qui signifie fleuve, potamon, se retrouve
dans Mésopotamie, Entre-deux-fleuves, hippopotame, proprt
cheval de fleuve.
Flexion se rattache au verbe latin flectere, supin /[da:«m,
qui signifie courber, plier une articulation, d'où donner à
un mot ses diverses désinences. Flexible, inflexible et flexi-
bilité, inflexibilité, qualité de ce qui peut ou ne peut pas
être plié. Un accent circonflexe se plie suivant une ligne
Foi] DU FRANÇAIS. 255
courbe. L'inflexion est une « flexion sur soi-même », une
modulation de la voix. La réflexion, c'est proprt un fléchis-
sement en arrière, un retour sur soi-même, comme le reflet
(d'où refléterai, qui nous vient de litalien ; un réflecteur
produit la réflexion de la lumière; mouvement réflexe.
— Sur réflexion, avec le verbe yZéc/iir,d"u ne autre origine
mais de même sens queflectere, on a fait réfléchir, qui a le
sens propre et le sens figuré attribués à réflexion. Surcom-
posé irréfléchi.
Flibustier, u. hutin.
Flirter, anglais^Zir/, qui a d'abord signifié railler, et qui
n'a pas de rapport avec le vieux français y?e«re/er.
Floche et flocon, d où floconneux, se rattachent au latin
flocciini, flocon de laine.
Flonflon, onomatopée.
Floraison, floral, flore, flo- Florilège, florin, florissant,
réal, u. fleur. v. fleur.
Florès (faire), origine dou- Flot, flottaison, v. fleuve.
teuse.
Flotte, mot d'origine inconnue, a d'abord signifié troupe,
ensemble de personnes ou d'objets, et n'a pris que plus tard
le sens restreint actuel. Dérivé : flottille.
Flottement, flotter, flot- Flottille, v. flotte.
teur, V. fleuve.
Flou, mot d'origine germanique, qui a eu jadis le sens de
mince, diminutif fluet.
Flouer, mot d'argot, dérivé : flouerie.
Fluctuation, v. fleuve. Fluide, fluidité, v. fleuve.
Fluet, V. flou.
Flûter (jadis flaûter), dont flûte, — d'où flûtiste, —
serait le substantif verbal, a été ingénieusement expliqué
par un verbe *falaiitare, qui aurait été fabriqué au moyen
âge sur les notes /*a, la, ut; mais ce mot semble être plus
ancien.
Fluvial, flux, fluxion, v. fleuve.
Foc, mot Scandinave.
Focal, V. feu. Fœtus, v. foin.
Foi vient du latin fidem, auquel se rattachent : fidèle
(ancienne forme populaire féal), d'où fidélité; perfide, qui
256 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [FoirC
transgresse la foi jurée, et perfidie; fidéicommis, proprt ce
qui est commis à la bonne foi de quelqu'un, fidei est le datif
latin; infidèle et infidélité.
— Sur un dérivé *ficlare du latin populaire ont été faits :
fier, d'où fiancer et fiançailles par l'intermédiaire du vieux
français fiance; confier, d'où confiance, confiant, à côté
desquels on a les mots savants confidence, confident, confi-
dentiel; défier, proprt se dégager de la foi .jurée envers quel-
qu'un, le provoquer (d'où défi), et, sous la forme pronomi-
nale, manquer de confiance, d'où défiance; se méfier et
méfiance (préfixe mé-, v. moindre ^); les mots savants affidé
et fiduciaire.
— Sur un mot latin issu de la même racine, /œdus, géni-
tif fœderis, qui signifie acte de bonne foi, traité, alliance,
ont été faits : fédéré, fédération, fédératif et fédéral, d'où
fédéralisme, fédéraliste; confédérer, confédération.
Foie, V. figue.
Foin, du latin fenum, qui signifie proprt production,
comme fétus (écrit à tort fœtus) signifie produit, comme
femina, français femme, signifie productrice (sur une autre
étymologie de femina , v. fils), etfecundum, français fécond,
qui produit abondamment. Nous allons reprendre chacun
de ces mots.
— L'adjectif /éco/id, d'où infécond, fécondité, féconder,
fécondation, a conservé le sens le plus général, puisqu'il
s'applique à la fois à la terre et aux animaux. Fenum eifeius
se sont spécialisés en s'appliquant exclusivement l'un à une
production végétale, l'autre aux animaux.
— Mots de formation populaire dérivés de fenum : fenil; fe-
nouil, diminutif fenouillet; fenaison; faner, d'où faneuse,
et se faner au figuré, perdre sa fraîcheur. Composé : sainfoin,
espèce de foin particulièrement saine.
— Un dérivé de fétus a produit faon, qui désigne à l'ori-
gine le petit d'un animal quelconque. Superfétation, forma-
tion d'un fœtus sur un autre, surcharge inutile.
— Feniella, français femelle, est le diminutif de /<?mi/ia et
signifie proprt petite femme; les deux mots latins se sont
dits des animaux en général. Diminutif français de femme :
femmelette. Dérivés savants de femina : féminin, efféminé,
féminiser. V. gynécée.
1. Foire, v. férié.
Fond] DU FRANÇAIS. 2o7
2. Foire, diarrhée, latin /oria.
Fois, du latin vicem, tour. Tourner, c'est changer, d'où le
sens du dérivé vicissitudes. Vice versa est une expression
latine qui signifie : le tour étant interverti. Le mot fois
exprime le « retour » d'un même fait; composés : autrefois,
quelquefois, parfois.
— D'autre part, dans une évolution circulaire, les diffé-
rentes sections du cercle se remplacent successivement au
même point; de là l'idée de remplacement exprimée par
vicaire et les deux autres formes du mot, viguier et voyer,
et par le préfixe vi- ou vice- dans vidame, proprt vice-sei-
gneur, V. dôme-, et dans vice-président, etc. Sous l'influence
du mot voie, « voyer » a pris le sens que nous lui donnons
dans agent-voyer, et le dérivé voirie a subi la même évo-
lution.
— Fois a été arbitrairement substitué à voies dans la
vieille locution toutes voies = de toutes manières; de là
toutefois.
Foison, foisonnement, foi- Folichon, folichonner,folié,
sonner, v. fondre. u. fou.
Fol, folâtre, folâtrer, v.fou. Folio, foliole, folioter, u.
Foliacé, v. feuille. feuille.
Follicule, latin folliculum, petite enveloppe. La forme
italienne filosello (pour follicello) nous a donné notre mot
filoselle, bourre de soie. Le latin /o//ic«/am est un diminutif
defollem, qui a produit /ou, v. ce mot.
— Sur folliculaire, v. feuille.
Fomenter, d'où fomentation, vient d'un verbe latin qui
signifie réchauffer.
Foncer, foncier, i'. fond.
Fonction se rattache au verbe latm fungi, participe passé
functuin, qui signifie s'acquitter de. Dérivés : fonctionnaire,
fonctionnel, et fonctionner, d'où fonctionnement. Le com-
posé defunclum, « qui a achevé de s'acquitter », a produit
défunt.
Fond. A côté du substantif masculin fundum, il y avait
en latin populaire une forme neutre, nominatif-accusatif
*fundus. De la première forme dérive le français fond, de la
seconde le français fonds, jadis fons (et tréfonds, proprt
ce qui est au delà ou au-dessous du fonds, v. irans-). On
a partagé arbitrairement les acceptions entre ces deux
DICT. ÉTYM. FRANQ. 1~
2;)8 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Pondre
orthographes et chacune d'elles a des dérivés particu-
liers.
— A fond se rattache fonder, d où fondateur, fondation,
iondement et fondamental. Au même fond se rattachent
encore plafond, v. place, et profond, d'où profondeur, appro-
fondir. Au figuré, fondé signifie a qui a Une raison » ou
« qui a un titre » pour agir : être fondé à réclamer, un
fondé de pouvoirs.
— A fonds se rattachent foncier et le verbe foncer, dont
les acceptions sont très variées : mettre un fond, pousser à
fond (une couleur), charger à fond (sur quelqu'un), fournir
des fonds. Composés faits sur fonds : enfoncer d"où enfon-
ceur, enfoncement, renfoncement; défoncer d'où défonce-
ment.
— La présence d'une r et la signification particulière
qu'on relève dans fondrière et dans effondrer, effondrement,
s'expliquent par l'influence du verbe fondre, qui avait jadis
entre autres sens celui de s'affaisser (Bossuet : Lorsque ce
grand édifice que la colonne soutenait /o/îd sur elle); ces
mots renferment l'idée d'un fond, d'un trou, résultant d'un
affaissement.
Fondre, du latin fundere, supin fusum, qui signifie
verser, répandre, d'où les sens de mélanger, liquéfier, et les
acceptions intransitives correspondantes; d'où aussi le sens
de se précipiter sur.
— Dérivés : fonte, fondeur, fonderie, fuser, se répandre
en fondant, fusible, fusion, d'où fusionner, et le doublet de
fusion, foison, abondance, d'où foisonner, foisonnement.
Pour l'idée d'abondance dérivée de lidée de verser, comparez
la locution « à verse » ; la forme savante fusion a d'ailleurs
elle-même ce sens quand elle est précédée du préfixe pro-
avec sa valeur exlensive, v. ci-dessous.
— Composés .confondre, mélanger, brouiller, et au figuré
troubler, d'où confus, confusion; diffus, répandu de coté et
d'autre, et diffusion; effusion; infus, versé dans ou sur, et
infusion, infuser, infusoire (qui se développe dans les infu-
sions); profusion ot profus, idée d'abondance comme dans
foison ci-dessus; refondre, d'où refonte; transfusion; sur
morfondre, v. morve.
— A un ancien supin *futum au lieu (\c fusum, se ratta-
chent : futile, proprt qui répand, en pariant d'un vase (un
esprit futile laisse échapper les choses importantes); réfu-
Forme] du français. 259
ter, « renverser » un argument. Dérivés de ces derniers
mots : futilité, réfutation, irréfutable.
Fondrière, fonds, u. fond.
Fontaine se rattache au latin fontem, vieux français font
dont nous avons conservé le pluriel dans la locution «. fonts
baptismaux ». Dérivés ifontainier, fontanelle, petite ouver-
ture du crâne des enfants.
1. Fonte, V. fondre.
2, Fonte, de ViidMen fonda, poche.
Fonts, V. fontaine. For-, préfixe, u. fors.
For, substantif, du latin forum, place publique, lieu du
marché, du tribunal ; le for intérieur est le tribunal de la
conscience. Un travail à forfait est « à marché fait »
d'avance, à prix fait.
— Le mot/or«m a aussi produit fur ; on a dit : « à nnlfar »,
à aucun marché, à aucun prix; « au fur du travail », au
prix correspondant au travail fait, proportionnellement au
travail; puis Tidée de prix s'efface, et il ne reste plus que
l'idée de proportionnalité, précisée par le mot mesure
ajouté h fur : « au fur et à mesure ».
Forain, v. fors. Forceps, v. thermes.
Forban, u. ban. Forcer, v. fort.
Forçat, force, v. fort. Forclore, forclusion, v.
Forcené, v. fors. clou 3.
Forer, latin forare, cf. burin. Dérivés : forage; foret,
outil à forer. Composé perforer, doù perforation.
Forestier, forêt, v. fors. 2. Forfait, u. for.
Forfaire, 1 . Forfait, v.faire^ .
Forfanterie, ital./ur/a/iferia,proprt coquinerie.
Forge, forger, forgeron, V. formaliste. formalité, v.
fabrique. forme.
Forligner, v. lin. Formariage, u. mari.
Formaliser , formalisme ,
Forme vient du latin forma. Dérivés : formule, forme
d'expression, d'où formuler, formulaire; formel, exprimé
(( en forme », c'est-à-dire dans une forme précise; forma-
lité, " règlement pour la forme » de certains actes publics;
formalisme, d'où formaliste, attachement aux formes; se
formaliser, c'est proprt et anciennement se conformer à,
260 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [ForS
.prendre fait et cause pour, puis pour ou contre, puis seule-
ment contre, d'où le sens actuel; JËromage, jadis /orma^e, fait
dans une forme; former, d'où : format, substantif participial
à désinence calquée sur le latin, formateur et formatrice ;
formation.
— Composés de /orme : plate-forme; les adjectifs informe,
conforme d'où conformité, conformiste; difforme d'où dif-
formité, V. dis-; uniforme, multiforme.
— Composés de former : conformer, d'où conformation,
conformateur; déformer, d'où déformation ; informer, proprt
mettre en forme, mettre dans les conditions voulues pour
savoir, dérivé information; réformer (d'où réforme, réfor-
mation, réformateur, réformable), ramener à une meil-
leure forme, et reformer, former de nouveau; transformer,
d'où transformation, transformisme. Performance se rat-
tache à fournir.
— Le synonyme grec de même origine que forma est
morphê, mais il y a un autre mot grec de même sens, eidos
{v. idée). Ce dernier est l'élément -ide des mots tels que :
typhoïde, en forme de typhus, anthropoïde, qui a la forme
de l'homme, etc.; idylle, proprt petite forme, petit genre,
en est le diminutif; on le trouve aussi dans kaléidoscope,
proprt instrument pour regarder de belles formes [v. calli-
graphe et épice^). — Quant à morphê, on le trouve dans :
morphologie, étude des formes; anthropomorphisme, attri-
bution à la divinité de la forme humaine; polymorphe,
équivalent de multiforme; amorphe, équivalent d'informe;
métamorphose, équivalent de transformation, etc.
Formidable, latin formidabilem.
Formique, v. fourmi. Formulaire, formuler, for-
mule, V. forme.
Fors. Ladverbe latin foris a produit fors, et le composé
deforis : dehors, d'où on a tiré hors qui s'est substitué à
fors. Dérivés : forain, proprt venu du dehors, étranger au
pays : forêt (d'où forestier), proprt bois hors des murs.
Composés : hormis, en mettant en dehors, en exceptant;
forsené, incorrectement écrit forcené, hors du sens;forfaire
et forfait 1 {v. faire '^); forban, v. ban; fourbu, v. boire;
fourvoyer, v. voie, etc. Sur le préfixe for- devenu fau-, v,
faillir^. Dans un certain nombre de mots, /or- paraît s'être
substitué à un préfixe d'origine germanique fer-, allemand
moderne ver.
Pouet] DU FRANÇAIS. ^&i
Fort, de l'adjectif latin fortem. La forme italienne forte
est un terme musical. Dérivés : fortin, forteresse, forcer.
Composés de fort : contrefort, forte maçonnerie dappui ; le
vieux werhe conforter, soutenir, d'où réconforter; fortifier,
doù fortification. Le substantif verbal de conforter, confort,
a reçu en Angleterre un sens spécial avec lequel nous l'avons
repris, ainsi que confortable. Composés de forcer : s'effor-
cer, déployer sa force, d'où effort; renforcer, doù renfort,
renforcement. La locution toute latine a fortiori signifie
proprt « en partant du plus fort », et annonce une consfé-
quence justifiée par l'axiome : qui peut le plus peut le moins.
Fortioit, y. le suivant.
Fortune, du latin fortuna (dérivé du substantif fortem,
hasard, auquel se rattache aussi fortuit), sort bon ou mau-
vais, sort heureux, richesse. Dérivés et composés de fortune :
infortune, fortuné, infortuné.
Fosse, d'où fossette, fossé, fossoyeur, vient dùn sub-
stantif participial du verbe latin fodere, supin fossum, qui
signifie creuser, et qui a produit le vieux verbe /ouïr; com-
posés : enfouir, d'où enfouissement, enfouisseur; serfouir,
d'où serfouette, proprt creuser autour {ser- vient ici de
circum, v. cirque). Au même supin fossum se rattache
l'adjectif fossile, « trouvé en creusant ».
— Un nouveau verbe enté sur le premier a produit fouil-
ler et, avec un préfixe d'origine inconnue, farfouiller.
Autre composé,: affouiller (creuser vers) d'où affouillement.
Substantif verbal de fouiller, fouille ; dérivés : fouilleur ;
fouillis, proprt action de fouiller et résultat de cette action,
masse confuse d'objets.
Fou, fol, d'où follet, folichon, folie, vient du latin /o//em
qui signifie proprt sac gonflé (cf. follicule), d'où l'idée de
K tête sans cervelle ». Sur fol a été formé affoler, d'où affo-
lement et raffoler, être affolé. Fou est arrivé à marquer la
quantité dans les expressions telles que « il y a un monde
fou », c'est-à-dire une quantité folle, extravagante.
Fouace, fouage, v. feu. Fouailler, u. fouet.
1. Foudre, tonneau, ail. /«der.
2. Foudre, foudroyant, foudroyer, v. flagrant.
Fouet (diminutif du vieux mot fou, latin fagum, hêtre)
signifie proprt paquet de branches de hêtre, poignée de
262 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Pourchc
verges, d'où les acceptions actuelles, où l'idée de hêtre a
totalement disparu. Dérivé : fouetter, sur lequel, avec un
autre suffixe, on a fait fouailler. La fouine, d'où fouiner, est
la martre des hêtres (sur chafouin, v. chat). Le fruit du
hêtre s'appelle encore faîne, mot tiré régulièrement du latin
*fagina. Mais pour désigner l'arbre lui-même, nous avons
substitué h fou le mot hêtre, d'origine germanique; dans
certaines régions on emploie un dérivé defagum, fayard.
Fougère se rattache a.ula.iin filice m.
Fougue, doù fougueux, italien /ogfa, d'origine inconnue.
Fouille, fouiller, fouilleur, Foulage, foule, foulée, fou-
fouillis, V. fosse. 1er, fouleur, fouloir, v. le sui-
Fouine, fouiner, v. fouet. vant.
Foulard, origine inconnue.
Foulon, latin fullonem. Fouler, c'est proprt procéder
comme le foulon, presser à coups répétés, d'où endommager
par pression, même dun seul coup. Foule, substantif verbal
défouler, signifie proprt action de fouler, mais, dans celte
acception, il a été remplacé par le dérivé foulage, tandis quil
prenait lui-même le sens de réunion de gens qui, en raison
de leur nombre, se foulent, se pressent, cf. lun des sens du
substantif « presse ». Fouler, qui vient du nom d'agent
foulon, a produit un autre nom d'agent, fouleur, qui s'em-
ploie pour une espèce différente de foulage. Substantif parti-
cipial foulée; nom d'instrument fouloir; une foulure est le
résultat de l'action de <( se fouler » un membre. Composé
refouler, repousser en foulant, d'où refoulement.
Four, latin/ur/ium, d'où le diminutif fourneau, l'augmen-
tatif fournaise, le substantif participial fournée, les autres
dérivés ou composés fournil, fournier (et chaufournier,
V. chaux), enfourner.
Fourbe, vieux substantif féminin remplacé par fourberie,
et les mots de la même famille, l'adjectif fourbe et le vieux
verbe fourber, sont d'origine inconnue bien qu'on ait essayé
de les rattacher k fourbir.
Fourbir, d'où fourbisseur, fourbissage, origine germa-
nique.
Fourbu, V, boire.
Fourche vient du \al\nfurca, d'où bifurquer, bifurcation.
Dérivés de fourche : fourchette, fourchu; fourcher, dévier.
Composés : enfourcher, d'où enfourchure; califourchon,
Fraction] du français. 263
dont le préfixe cali- n'est pas expliqué; carrefour, constitué
avec la forme masculine fourc et ladjectif numéral d'où
dérive carré [v. quatre^), proprt chemin qui « fourche »
dans quatre directions, cf. trivial au mot voie ^.
Fourgon, origine inconnue.
Fourmi, latin classique /ormica, d'où l'adjectif formique,
« sécrété par les fourmis ». Verbe dérivé : fourini-er, four-
miyer, devenu par analogie fourmiller, d'où fourmilière,
fourmillement. A la forme grecque de même origine,
miirinêka, se rattache le nom des Myrmidons, peuple changé
en fourmis.
Fournaise, fourneau, fournée, fournier, fournil, v.four.
Fournir, d'abord fornir ou formir, origine germanique.
Dérivés : fourniment, fourniture, fournisseur. A la forme
avec m se rattache performance, mot que la langue moderne
a repris à l'anglais comme terme technique, proprt qualités
nécessaires à un cheval pouru fournir » une course jusqu'au
bout.
Fourrage se rattache à une racine germanique, confondue
dans l'ail, mod. futter avec celle de fourreau, gaine, et de
fourrer, garnir comme d'une gaine et introduire comme dans
une gaine. A l'idée de nourriture se rattachent, outre/o«rraj/e
(qui a produit lui-même l'adjectif féminin fourragère et le
verbe fourrager, aller au fourrage, d'où ravager) : fourrier,
militaire qui s'occupe du fourrage (et aussi des vivres et du
logement pour les hommes), et fourrière, proprt grenier à
fourrage. A l'idée de garniture enveloppante se rattachent
les dérivés de fourrer : fourrure, spécialement peau d'animal
avec son poil, fourreur, et, au figuré, fourré, bois épais
comme une fourrure d'animal.
Fourvoyer, v. voie *. Frac, origine inconnue.
Foyer, v. feu.
Fracasser d'où fracas, italien fracassare, même racine
que dans casser.
Fraction, d'où fractionnaire, fractionner, fractionne-
ment, se rattache au verbe latin frangere, supin fractum,
qui signifie briser. Cf. broyer.
1. Autres dérivés : frêle et son doublet savant fragile, qui
a produit fragilité (comparez grêle et gracilité); friable;
fretin, proprt menus morceaux; effriter; fragment, d'où
264 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Fraîse
fragmentaire, fragmenter; fracture, d'où fracturer; le
substantif pluriel frais, désignant proprt les bris, les dégâts,
composé défrayer.
2. Les composés defrangere étaient en -fringere, -fractam :
enfreindre, dérivé savant infraction; nous n'avons pas
* effreindre, mais effraction; souffreteux, formé sur le vieux
substantif participial souffraite, privation (proprt rupture en
dessous, manque), mais la signification de soiijjreleux a été
influencée par l'étymologie populaire, qui la rattaché par
erreur à souffrir. — Termes scientifiques : réfraction
(auquel se rattachent réfracter, réfrangible, réfringent),
brisement ou déviation d'un rayon (à rapprocher du mot
populaire refrain, déviation uniforme des couplets, retour
d'un même vers, d'un même groupe de vers); diffraction,
brisement en différentes directions. — Dans suffrage,
suffragant, réfractaire, irréfragable, l'idée essentielle serait
celle de « fragment » de poterie avec quoi on vote, vote; le
suffragant vote pour, assiste, le réfractaire vote contre,
résiste; irréfragable, contre quoi on ne peut voter, irréfu-
table. Toutefois, d'après une autre explication, suffrage,
sans cesser d'appartenir à la même famille, se rattacherait à
l'idée de u fracas », éclat des applaudissements.
3. Autres composés présentant la même racine : saxifrage,
proprt plante qui brise les pierres {saxum = rocher) ; nau-
frage, d'où naufragé, proprt bris de navire; orfraie, v. os;
anfractuosité (préfixe amb-) proprt contour en ligne brisée.
— Au verbe grec qui correspond à frangere, mais pour
le sens seulement, se rattache hémorragie, proprt éclate-
ment du sang, v. sang.
Fracture, fracturer, fra- fragmentaire, fragmenter, u.
gile, fragilité, fragment, fraction^.
Frai, v. frayer.
i. Frais, adjectif, origine germanique, ail. /risc/i; dimi-
nutif populaire frisquet. Dérivés et composés : fraîcheur,
fraîchir, défraîchi; rafraîchir, d'où rafraîchissement. La
forme italienne fresco nous a donné le mot fresque, pein-
ture « à frais ».
2. Frais, substantif, v. fraction i.
i. Fraise, d'où fraisier, se rattache au latin fraga.
2. Fraise (de veau), mot qui, par figure, s'applique à la
Prelon] du français. 265
collerette empesée qu'on portait au xvi'-' siècle; origine
inconnue.
Framboise, d'où framboisier, d'un mot germanique qui
signifie mûre et dont la consonne initiale a été assimilée à
celle de fraise.
Franc, mot germanique, nom de peuple et nom dune
monnaie qui avait comme légende, la traduction latine de
«Jean, roi des Francs », plus tard monnaie de compte iden-
tique à la livre, puis unité monétaire. Le mot s'est employé
comme adjectif au sens de : libre, exempt de charges, et aussi
qui parle sans contrainte, qui ne dissimule pas sa pensée,
d'où le substantif franchise et la locution à la bonne fran-
quette. A franc au sens de libre se rattachent : affranchir,
d'où affranchi, affranchissement, franchir un obstacle,
proprt s'en libérer, dérivé infranchissable. Le mot tout
italien franco est une abréviation de « porto franco », port
ou transport franc. Français, dérivé de Franc, désigne les
Francs romanisés; franciser, c'est rendre français.
Frange, franger, v. fibre. Franquette, v. franc.
Frangipane, i'. noms propres Frapper, d'où frappeur, ori-
(Mots tirés de). gine inconnue.
Frasque, italien /rasca, d'origine inconnue.
Frater, fraternel, fraterni- ser, fraternité, fratricide, i'.
frère.
Fraude, latin fraudem'. Dérivés : frauduleux, frauder,
d'où fraudeur. A la môme famille appartient frustrer.
Frayer, du latin fricare, frotter, supin fricatum (d'où
consonnes fricatives), ou/rici«m, d'où friction et frictionner.
Composé : dentifrice. Frayer avec quelqu'un, c'est proprt se
frotter à lui; /rayer un chemin, c'est proprt frotter le sol
pour l'établir; le poisson qui /raye (d'où le substantif verbal
frai) frotte le sable pour y déposer ses œufs.
Frayeur, v. effrayer. Fredon, d'où fredonner, ori-
Fredaine,origineinconnue. gine inconnue.
Frégate, ital. fregata, d'origine inconnue.
Frein, latin frenum. Composés : effréné; refréner ou
réfréner, ramener par le frein, au figuré. V. chanfrein.
Frelater, hollandais verlaten, proprt transvaser.
Frôle, V. fraction^.
Frelon, origine germanique.
266 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Frire
Freluquet, origine inconnue.
Frémip d'où frémissement, se rattache au verbe latin
fremere.
Frêne, latin fraxinum.
Frénésie, frénétique et phrénologie se rattachent au
grec phrena, esprit: /miesie, proprt maladie de Tesprit.
Fréquent, latin frequentein. Dérivés : fréquence; fré-
quenter, d'où fréquentation, fréquentatif.
Frère, latin fratrem, dont le nominatif frater a été
employé tel quel aux sens de moine et de barbier-chirurgien.
Dérivés savants : fraternité, fraterniser, fraternel, fratri-
cide {v. césure). Composés : confrère et confrérie.
Fresque, v. frais, adjectif. Fressure, origine inconnue.
Fret, d'un mot germanique qui signifie salaire: dérivé :
fréter, qui a eu, comme affréter, le sens de prendre un
navire en location, mais dont le sens ordinaire est., par
connexion, équiper un navire.
Frétiller, d'où frétillant, frétillement, semble être une
onomatopée.
Fretin, friable, u./z'acf ion 1. Friand, friandise, v. frire.
Fricandeau et fricasser, doù fricassée et fricot, origine
inconnue.
Fricatif, u. /rayer. Friction, frictionner, v.
Friche, d'où défricher, ori- frayer.
gine inconnue. Frigidité, frigorifique, fri-
Fricot, fricoter, v. fricasser. leux, v. froid.
Frimas, d'où frimaire, origine germanique.
Frime et frimousse, encore inexpliqués, ne paraissent
pas avoir de rapports d'origine.
Fringale, u. faim. Fringant,origine inconnue.
Friper, friperie et fripier se rattachent à un vieux
mot français qui signifie « guenille » et qu'on n'a pas
encore expliqué.
Fripon se rattache à un vieux verbe friper, d'origine
inconnue, qui signifie avaler en glouton et voler. Dérivés :
friponner, friponnerie.
Frire, d'où friture, friteur, IdLiinfrigere, faire rôtir. Ce
verbe, comme cuire et griller, se dit de la personne qui
soumet à l'action du feu, et aussi, intransitivement, de
l'objet soumis à cette action. Le participe présent, au sens
Front] DU français. 267
figuré de « frétillant, appétissant » (comparez croustillant),
a produit notre adjectif friand, doù le dérivé friandise. Le
vieux verbe frioler, formé sur frire, nous a laissé le composé
affriolant. Le frisson (d'où frissonner) est proprt le mou-
vement de la friture; comparez grelotter.
1. Frise, ital. fregio, proprt ornement à la mode phry-
gienne. La forme populaire du mot est *froi dans le vieux
mot orfroi, proprt or phrygien, bordure brodée d'or.
2. Frise, dans « cheval de frise », instrument de défense
en forme de poutre, est le nom de la province des Pays-Bas.
Cf. poutre au mot poule ^
Friser, doù frisure, frisette, frison, frisotter, défriser,
origine inconnue.
Frisquet, v. frais, adjectif. Frisson, frissonner, Iriteur,
friture, v. frire.
Frivole, d"où frivolité, latin /rfi'o/î/m.
Froc, doù frocard, défroqué et défroque, origine dou-
teuse ; le mot parait apparenté à rochet, nom d'un vêtement
ecclésiastique, cf. allemand rock, robe.
Froid, latin /rf^ic/um, doù frigidité. Dérivés : froideur,
froidure, refroidir, refroidissement. De la même famille :
frigorifique [v. faire '^), frileux, réfrigérant.
Froisser, d'où froissement, froissure. se rattache au
latin frustum, morceau, et a d'abord signifié « mettre en
morceaux ».
Frôler, d'où frôlement, ori- Froment, v. fruit.
gine inconnue. Froncer, d'où froncement,
Fromage, fromagerie, v. origine incertaine.
forme.
Frondaison se rattache au latin frondem, feuillage.
Fronde, laiinfunda. De l'emploi historique du mot dérive
la signification actuelle de fronder et de frondeur.
Front, latin /ron^cm. Dérivés : frontal: fronton; fron-
tière, ligne où un pays fait front au voisin. Composés :
affronter, qui a eu l'acception de « tenir tête à, insulter »,
d'où le sens du substantif verbal affront; confronter, d'où
confrontation; effronté, proprt privé de front, sans pudeur,
d'où effronterie. Ajoutez frontispice, dont le second élément
vient d'un verbe qui signifie regarder {v. épice), proprt
aspect du front.
i268 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [F^Umcr
Frotter, d'où frottée, frotteur, frottage, frottement,
frottis, origine inconnue.
Fructidoir, fructification, frugalité, frugivore, v. le sui-
fructifier, fructueux, frugal, vant.
Fruit, latin friidum, se rattache au participe passé d'un
verbe qui signifie jouir de. Dérivés et composés en fruit- ou
en fruct- : fruiterie, fruitier ; fructueux, infructueux,
fructifier, d'où fructification, v. faire ' ; fructidor, nom de
mois dans le calendrier républicain; usufruit, droit d'user
des fruits, d'où usufruitier.
— A la même famille appartient le premier élément de
frugivore, frugifère [v. offrir^), frugal, d'où frugalité. —
Môme racine dans le Idiiin friimentam, d'où froment.
Frusques et saint-frusquin, mots dargot.
Fruste, italien frusto, d'origine incertaine.
Frustrer, v, fraude. Fugace, fugitif, fugue, v. le
Fuchsia, fuchsine, v. acacia suivant,
et noms propres (Mois tirés de).
Fuir se rattache au latin fagere, supin fugitam, d'où le
substantif participial fuite, et le dérivé savant fugitif.
Fugue, qui signifie proprt fuite, est un substantif verbal de
forme italienne. Autres dérivés : fuyard, fugace. Composés
populaires ou savants : s'enfuir; refuge, retraite pour la
fuite, d'où se réfugier; transfuge, qui passe en fuyant dans
un autre camp ; fébrifuge [v. fièvre), faux-fuyant [v. faillir ~) ;
subterfuge, moyen en dessous, détourné, d'éviter; sur le
préfixe subter-, v. soa-.
Fulgurant, fulguration, v. flagrant.
Fuligineux se rattache au mot latin fiiliginem, suie.
Fulminer, v. flagrant. 1. Fumer (des terres), v.
fiente.
2. Fumer se rattache au latin famum (fumée), d'où
dérivent aussi : fumeux, fumiger et fumigation {v. aglr^),
fumivore. Substantif participial de /«mer : fumée; dérivés :
fumet, fumeron, fumerole, fumeur, fumoir, fumage (du
jambon). Composés de fumer : parfumer, proprt répandre
une fumée, d'Où : parfum, parfumeur, parfumerie ; enfumer.
La fumeterre, proprt fumée de la terre, est une plante qui
produit sur les yeux l'elTet de la fumée. Dérivé de fumée :
fumiste, d'où fumisterie.
Fuyard] du français. 269
Fumier, u. fiente. Fumure, v. fiente.
Fumigation, fumiger, fu- Funambule, v. ambulance et
miste, fumisterie, fumivore, funiculaire.
fumoir, v. fumer.
Funèbre se rattache au Idilm fanus, génitïî funeris, qui
a le sens du dérivé funérailles et qui désigne aussi la mort.
Autres dérivés : funéraire, funeste.
Funiculaire dérive du diminutif du latin /«nem, câble.
Composé de fanem : funambule, danseur de corde, v. ambu-
lance.
Furt V. for.
Furet, diminutif français du latin /urem, voleur. Dérivé
de furet : fureter, d'où fureteur. Dérivé defurem: furtif.
Le mot farunculum, qui a produit furoncle, est aussi un
diminutif defurem et avait en latin les sens suivants : petit
voleur, tige secondaire de la vigne (qui dérobe la sève aux
tiges principales), bosse qui se forme à l'endroit où la vigne
donne un bouton, furoncle.
Fureur, latin furorem, se rattache au verbe furere^
être fou. Autres dérivés : furie, furieux, furibond.
Furoncle, furtif, v. furet.
Fusain (arbrisseau qui sert à faire des fuseaux, et
charbon à dessin fourni par l'arbrisseau), ainsi que fuseau
et fusée, viennent de dérivés du latin jfusum, qui signifie
« fuseau )). Dérivés de fuseau : fuselé, allongé comme
un fuseau ; fuselage, assemblage de pièces en forme de
fuseaux.
Fuser, fusible, v. fondre. Fusion, fusionner,u. fondre.
Fusil, fusilier, fusillade, Fustiger, v, le suivant,
fusiller, v. feu.
Fût, latin fastem, bâton, d'où fustiger et futé (affiné par
la bastonnade). Fût a les sens divers de : tronc d'arbre
d'où le dérivé futaie; tige de colonne; tonneau de bois,
d'où le dérivé futaille. Composé : le vieux verbe affûter,
installer près d'un arbre à la chasse, et installer un canon
sur son support, d'où les deux sens du substantif verbal
affût. Par extension, affûter a pris le sens de « préparer
un objet quelconque », d'où ensuite, par restriction,
« aiguiser un outil )>, sens actuel.
Futaine, v. noms propres Futile, futilité, v. fondre.
(Mots tirés de). Futur, i'. physique.
Futé, V. fût. Fuyard, v. fuir.
270 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE . [Gaillard
G
Gabare, bateau, provençal gabarra, d'origine inconnue.
Dérivé : gabarit ou gabari, proprt modèle de bateau.
Gabegie, fraude, est un mot du patois bourguignon,
dont l'origine est inconnue.
Gabelle, impôt sur le sel, vient du provençal gabda,
peut-être apparenlé à l'arabe kabala, impôt. Dérivé : gabelou,
proprt employé de la gabelle; le suffixe dialectal -o« (com-
parez amadou, au mot aimer) correspond aux suffixes fran-
çais -ear et -eux. Rabelais emploie gabelleur.
Gabier, v. cave. Gâche de serrure, d'où gâ-
chette, origine inconnue.
Gâcher, mot d'origine germanique (cf. allemand waschen),
signifie proprt laver. Substantif verbal gâche, outil de
maçon. Du sens de gâcher du plâtre, on a passé à laccep-
tion figurée de : faire sans soin. Dérivés : gâcheur, gâchis.
Gadoue, origine inconnue.
Gaffe, d'où gaffer, origine arabe.
Gage, d'origine germanique (cf. ail. ivette), a engendré
gagiste et gager, d'où gageure dont la prononciation cor-
recte est « gajure ». Composés de gager : engager (dérivés :
engageant, engagement, rengager) qui signifie proprt
mettre en gage ou lier par un gage, doù lier par un traité
ou par une simple promesse, par conséquent priver de sa
liberté, ce qui amène aux acceptions de « imprimer une
direction à, conseiller » ; dégager, d'où dégagement, c'est
rendre sa liberté à ce qui était engagé.
Gagner, mot d'origine germanique, cf. allemand weiden,
dont le sens propre est <( paître ■». On a passé au sens de
« trouver à paître )> au figuré, faire un profit, conquérir,
obtenir, atteindre (un lieu). Le sens primitif s'est conservé
dans regain, pousse d'herbe qui permet de paître à nouveau.
Substantif verbal de gagner : gain. Dérivés : gagneur et le
vieux mot gagnage, pâturage. Composé : regagner.
Gai, d'où gaîté, égayer, origine douteuse.
Gaillard, galant et le mot gala, fête, emprunté à l'ita-
lien, se rattachent probablement à la môme racine germa-
Gamme] du français. 271
nique (F. SuppL). Dérivés de gaillard : gaillardise, ragail-
lardir. Dérivés de galant : galantin, galanterie. Régal, doù
régaler, régalade, nous vient de l'italien et signifie proprt
partie de plaisir.
Gain, u. gagner.
Gaine, latin vagina. Dérivé : gainier, d'où gainerie, et le
diminutif espagnol vanille, proprt petite gaine. Composés :
dégainer, substantif verbal dégaine, manière de dégainer,
doù manière de se tenir; engainer, rengainer.
Gala, V. gaillard. Galantine, origine incer-
Galandage, v. guirlande. taine.
Galant, galanterie, galan- Galbe, origine douteuse.
tin, V. gaillard. Gale, d'où galeux, encore
inexpliqué.
Galéopsis, mot grec qui signifie aspect de belette, v. voir ^.
Galère, italien galera (dérivé : galérien) et galion, galiote,
se rattachent au bas-grec galaia.
Galerie, origine inconnue.
Galet, d'où galette, galet au figuré, n'est pas encore
expliqué.
Galetas, v. noms propres Galimatias, origine incon-
(Mols tirés de). nue.
Galette, v. galet. Galion, galiote, v. galère.
Galeux, V. gale.
Galle, latin galla, excroissance végétale; en raison de sa
forme, la galle du chêne est appelée « noix de galle ».
Gallican, gallicisme, u. gau- Galoche, u. pied,
lois. Galonner, d'où galon, t)ri-
Gallinacés, v. geline. giûs inconnue.
Galoper, origine douteuse. Substantif verbal galop. Déri-
vés : galopade, galopin (cf. trottin).
Galvaniser, galvanisme ont été faits daprès le nom du
physicien italien Galvani. Sur le second élément de galva-
noplastie, V. plastique.
Galvauder, origine incon- Gambade, gambader, v,
nue. jambe.
Gamelle, latin camélia, vase en bois.
Gamin, d'où gaminerie, origine douteuse.
Gamme, de gamma, nom d'une lettre de l'alphabet que
272 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [GargOUÎHe
l'on employait arbitrairement pour désigner la première note
de la gamme.
Ganache, dont le sens propre est « mâchoire de cheval »,
semble se rattacher au grec gnathon, mâchoire, qu'on retrouve
dans prognathe, « qui a la mâchoire en avant ».
Gandin, v. noms propres (Mots tirés de).
Ganglion, grec ganglion.
Gangrène, d'où gangrener, grec gangraina, pourriture.
Gangue, ail. gang, proprt chemin; c'est le « filon » con-
sidéré comme enveloppant le minerai.
Ganse, provençal ganso.
Gant, origine germanique. Dérivés : gantelet; gantier
d'où ganterie ; ganter et le composé déganter.
Garage, v. guérir. Garance, origine inconnue.
Garant, origine germanique. Dérivés : garantie, garantir.
Warrant, forme anglaise de garant, récépissé en garantie.
Garçon, dorigine inconnue, avait pour cas sujet gars,
qui est devenu un mot à part. Féminin garce, qui a pris une
acception péjorative. Dérivés de garçon : garçonnet, garçon-
nière. Dérivé de garce : garcette, nom donné par les marins
à une petite corde.
Gardénia, v. acacia.
Garder, origine germanique, cf. ail. warlen (à rapprocher
de garer, guérir). Substantif verbal : garde, action de garder,
et garde, gardien, celui qui garde. Garde, au sens de « celui
qui garde » ou « ce qui garde », est aussi le premier élément
d'un bon nombre de mots composés. Dérivés : gardeur, gar-
derie, mégarde (mauvaise garde; sur le préfixe, v. moindre^).
Pour bien garder, il faut avoir l'œil ouvert, d'où la signifi-
cation des composés regarder et égarder (vieux français) et
de leurs substantifs verbaux regard et égard; le second a
pris le sens figuré de « considération », et regard a eu un
sens voisin, qu'on retrouve dans la locution archaïque « au
regard de ».
Gare, garenne, garer, v. guérir.
Gargariser, dérivé gargarisme, grec gargarizein.
Gargote, d'où gargotier, origine douteuse.
Gargouille, comme gargouiller, d'où gargouillement,
gargouillis, parait être une onomatopée.
Gaulois] DU FRAiNÇAIS. 273
Gargoulette, origine dou- Gargousse, u. charte.
teuse. Garnement, v. le suivant.
Garnir, origine germanique, cf. allemand luarneiiy avertir
dun danger. Ce verbe a eu le sens de protéger; un mauvais
« garnement )> est proprt un mauvais protecteur, un mauvais
sujet; l'habitude d'employer le mot avec l'adjectif mauvais a
fait que garnement, même employé seul, a gardé la signifi-
cation de la locution « mauvais garnement ». Du sens de
protéger, garnir a passé aux sens de munir, remplir, com-
pléter. Dérivés : garniture ; garnison, troupe qui défend une
place, doù garnisaire. Composé : dégarnir.
Garrot, d'où garrotter, cri- Gars, u. garçon.
gine inconnue.
Gaspiller, d'où gaspilleur, gaspillage, origine inconnue.
Gastralgie, gastrique, gas- mie, gastronomique, u. esto-
trite, gastronome, gastrono- mac.
Gâteau, v. le suivant.
Gâter, du latin vastare, dont dévaster (d'où dévastation,
dévastateur) est un composé de formation savante. Pour
gâter, on a passé du sens de détériorer au sens de choyer à
lexcès, d'où gâterie et peut-être aussi gâteau (toutefois le
mot parait antérieur à l'emploi figuré du verbe gâter). Un
gâteux (pour gâteur) est ainsi appelé parce qu'il gâte et salit
tout. Dégât est le substantif verbal du vieux verbe dégâter,
doublet de dévaster. Xotre mot vaste vient d'un adjectif
latin vastam, même sens, qui n'est pas apparenté à dévaster.
Gauche, doù gaucher et gaucherie, est l'adjectif verbal
de gauchir, mot d'origine germanique dont le sens primitif
est faiblir, fléchir, ail. luanken.
Gaudir, gaudriole, y. jouir.
Gaufre, d'où gaufrette, gaufrer, gaufrage, est d'origine
germanique, cf. ail. wajfel et angl. wafer, qui signifient
gaufre, et ail. tvabe, proprt gâteau d'abeille.
Gaule, d'où gauler, origine douteuse.
Gaulois. Sur le latin Gallum, Gaulois, ave<', deux suffixes
dilTérents se sont formés les dérivés gaulois, gallican, le pre-
mier d'origine populaire. Gaulois a été employé au sens de
« archaïque, grossier », et sert à qualifier des propos fort
libres comme les aimaient nos pères (sans remonter bien
entendu à l'époque gauloise). Dans gallican et dans gallicisme,
DICT. ÉTYM. FRANC. 18
274 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Gémissement
la racine évoque non plus une idée d'archaïsme ni de liberté
de langage, mais une idée de nationalité « française ».
Gausser (se), origine inconnue.
Gaver se rattache à un mot de la vieille langue qui signifie
gosier.
Gavotte, proprt danse des gavots. Le mot gavot, nom
donné aux montagnards dans le midi, est d'origine douteuse.
Gaz, mot créé par l'alchimiste hollandais Van Helmont,
pour désigner une substance subtile. Dérivés : gazeux, gazier,
gazomètre, etc.
Gaze, d'où gazer, origine douteuse.
Gazelle, arabe ghazal.
Gazette, d'où gazetier, a été dabord le nom d'une monnaie
vénitienne, c'était le prix du journal.
Gazon, d'où gazonner, origine germanique, cf. allemand
wasen.
Gazouiller, d'où gazouillement, gazouillis, semble être
une onomatopée.
Geai, origine inconnue.
Géant vient, par l'intermédiaire du latin, du grec giganta;
dérivé italien : gigantesque.
Geindre vient du latin gemere qui a donné, en formation
savante, gémir, d'où gémissement.
Gel, latin gelu. Dérivés : gélif ; geler, d'où gelée et géla-
tine. Composés de geler : le vieux verbe engeler, d'où enge-
lure; congeler, d'où congélation; dégeler, d'où dégelée.
— A la même famille appartient glace, latin glaciem, d'où :
glacial, glaciaire, glacier, glacière; glaçon; glacer, quia
produit glacis, terrain en pente, où l'on glisse (comme sur
la glaee); verglas, dont la première syllabe n'est pas exjtli-
quée.
— Notre verbe glisser, d'où glissement, glissade, a clé
ididisglier, forme d'origine germanique (cf. ail. gleiten, angl.
glide) devenue glisser sous l'influence de glace.
Gélatine, gélatineux, gelée, geler, gélif, v. gel.
Geline, d'où gelinotte, vient du latin gallina, d'où gal-
linacés. Geline a été remplacé par pou/e, et le masculin latin
gallum par coq, v. ces mots.
Gémeau, géminé, u.jumeuu. Gémir, gémissement, y.
geindre.
Génital] du français. 275
Gemme, du latin gemma, bourgeon et pierre précieuse.
Gémionies, latin Gemonias, lieu où Ion jetait les corps des
suppliciés.
Gencive, latin gingiua, d*où gingivite.
Gendarme, d'où gendarmerie, se gendarmer, est tiré du
pluriel gens d'armes.
Gendre, latin generam.
Gêne est un mot d'origine germanique qui signifie proprt
aveu, et dont le sens a subi linfluence du mot géhenne
(proprt vallée de supplice), d'origine hébraïque. Dérivé :
gêner, d'où gêneur, gênant; on a passé, par extension, de
l'idée de torture à celle de simple embarras.
Généalogie, généalogique, généalogiste, v. génital 3.
Génépi, mot savoyard.
Gêner, v. gêne. tion, généreux, générique,
Général, généraliser, gêné- générosité, genèse, v. génital ^ .
ralité, générateur, généra-
Genêt, arbrisseau, latin genista. Cf. balai.
Genêt, petit cheval, espagnol ji/je/e, d'origine arabe.
Genévrier, v. genièvre. Génial, génie, v. génital^.
Genièvre, d'où genévrier, genevrette, latin juniperam.
GéHisse, v. jeune.
Génital et congénital (produit avec nous, apporté en nais-
sant) se rattachent au verbe latin gignere, produire, supin
genitum, d'où viennent aussi génitif, cas où l'on met le nom
d'un objet présenté comme produit par un autre, et le vieux
mot géniture, remplacé par le composé progéniture. Le vieil
adjectif gent (sur lequel a été fait agencer, rendre agréable,
commode, d'où agencement) est ladjeclif participial de gignere
et signifie proprt « né », d'où bien né, puis élégant, gracieux.
Sur la racine de ce verbe, qui lui est commune avec naître.
se sont formés les noms latins genus, gentem, genium.
1. A genus, qui signifie naissance, espèce, et dont le génitif
est generis, se rattachent : genre et générique; congénère;
général, proprt qui embrasse tout le genre, toute l'espèce,
qui est chargé d'un commandement d'ensemble (dérivés :
généralité, généraliser d'où généralisation); génération et
générateur, régénération; engendrer; dégénéré, dégéné-
rescence; généreux, d'où générosité, dont le sens primitif
est " de bonne race ».
276 DICTIONNAIRE ETYMOLOGIQUE [Géologique
2. A gentem, qui signifie aussi race et nation, se rattachent :
le substantif gant, race (la gent ailée), nation (le droit des
gens)y au pluriel « personnes » ; entregent, habileté à se con-
duire entre les gens; gentil, de race (gentilhomme), puis
simplement agréable (dérivé : gentillesse), aussi, en style bi-
blique, appartenant aux nations étrangères à Israël (la con-
version des gentils).
3. Le latin genium signifie proprt : esprit divin « qui pré-
side à la naissance », qui protège, puis, sous Finfluence
d'ingenium (v. ci-dessous), talent supérieur (dérivé : génial)
et en français art de l'ingénieur.
— Le latin ingenium, signifie proprt esprit naturel (inné),
d'où ingénieux, « habile », s'ingénier, ingéniosité; ladjectif
ingenuum, d'où le français ingénu, ingénuité, signifie naturel ;
naïf a, la même signification primitive {v. naître). Le mot de
formation populaire venant d'ingeniam est engin, instrument
ingénieux, et l'ingénieur est primitivement un constructeur
d'engins.
4. Les adjectifs bénin, du latin beni-gnum, et malin, du
latin mali-gnum, signifient proprt : qui produit du bien, qui
produit du mal. Dans ces mots français, la racine est réduite
à la consonne n [gn dans le féminin bénigne et les dérivés
bénignité, malignité).
5. La forme grecque de la racine de gignere se retrouve
dans généalogie, tableau des générations apparentées, doù
généalogique, généalogiste [u. logique^); dans genèse,
proprt génération; dans homogène, de genre semblable
{v. homéo-), hétérogène, de genre différent [v. autre ^);
dans beaucoup de mots terminés par -gène, où ce composant
signifie : qui engendre. — Sur indigène (proprt né là), qui
est de formation latine, voy. en, B. Quant à aborigène, il est
d'une autre famille, v. orient.
Genou, jadis genouil, vient d'une forme diminutive du
latin genu. Dérivé : genouillère. Composés : agenouiller et
le mot savant génuflexion.
Genre, v. génital i. Gent, adjectif, u. génital.
Gens;gent,subst.,u.^eAii/af2.
Gentiane, latin gentiana.
Gentil, gentilhomme, gen- graphie, géographique, y.
tillesse, gentiment, y. yt'Miiai'^. terre.
Génuflexion, v. genou. Geôle, geôlier, v. cave'^.
Géodésie, géographe, géo- Géologie, géologique, géo-
Germandrée] du français. 277
logue, géomètre, géométrie, Gérance, v. gérer.
géométrique, u. terre. Géranium, v. grue.
Gerbe, origine germanique, cf. ail. garbe.
Gercer, d'où gerçure, parait venir d'un dérivé du latin
carpere, déchirer, cf. charpie.
Gérer, d'où gérant, gérance, latin gerere^ supin gestum,
d'où gestion. Gerere signifie proprt porter, d'où : avoir la
charge de, accomplir.
1. C'est le dernier sens qui prévaut pour le substantif
féminin geste dans « chanson de geste » et dans la locution
« faits et gestes ». Le geste, c'est proprt le port, l'attitude du
corps, d'où : mouvement significatif de la main, de la tête;
dérivé gesticuler. La gestation, c'est le fait, pour la mère,
de porter dans son sein. Gérondif se rattache au participe
futur passif du verbe latin et désigne un temps des verbes
qui s'applique à « ce qui va être accompli »,
2. Le sens primitif de « porter » se retrouve dans les
composés : digérer, proprt porter de divers côtés, distribuer,
s'assimiler les aliments, dérivés : digestif, digestible, diges-
tion, indigeste, indigestion; — ingérer, porter dans, d'où
ingestion, action d'ingérer, au propre, et ingérence, action
de s'ingérer, au figuré; — suggérer, apporter sous, au figuré;
dérivés : suggestion et suggestif. La congestion, d'où con-
gestionner, c'est l'apport ou l'afflux du sang, s'amassant
dans un organe. Exagérer, avec un double préfixe, c'est
proprt amonceler, dérivé : exagération. Le belligérant porte
ou fait la guerre, v. deux^.
— Le bas latin avait un mot composé regesta signifiant
« choses faites » ou « choses rapportées » {v. rien), c'est
l'origine de notre mot registre, d'où enregistrer, enregis-
trement; interprété faussement comme un dérivé de régir,
ce mot, dans certaines expressions, a pris le sens de régula-
teur (d'un orgue, d'un fourneau); les registres de l'orgue
mettent en jeu différentes séries de notes, d'où le sens du
mot quand on parle des registres de la voix.
Gerfaut est composé avec l'ancien cas sujet de faucon,
fauc, et un mot germanique qui veut dire vautour, ail. geier,
Germain, v. germe.
Germandrée, altération du mot grec khamaidrua, petit
chêne (cf. caméléon); cette plante est ainsi nommée en
raison de la forme des feuilles.
278 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Girolle
Germe, latin germen, génitif germinis. Dérivés : ger-
minal; germain, proprt de la même souche; germer, latin
genninare, doù germination.
Gérondif, v. gérer ^.
Gésier se rattache au bas latin gigeria qui signifie <c en-
trailles des victimes ».
Gésir, d'où gésine, gisant, gisement, gîte, vient du latin
jacere, être étendu. Composé savant : adjacent, étendu
auprès. Ce verbe se rattache à celui d'où vient jeter, il
exprime Tétat d'un objet qui a été jeté. F. aisance.
Gesse, origine inconnue. Gestion, v. gérer.
Gestation, geste, gesticu-
ler, V. gérer i.
Geyser, mot islandais dont le sens propre est : furieux.
Gibbosité se rattache au latin gibba, bosse.
Gibecière, gibelotte, v. gibier.
Giberne nous vient de l'italien et semble se rattacher au
latin zaberna, valise.
Gibet, origine germanique, cf. angl. gib.
Gibier, origine inconnue. Dérivés : les anciens verbes
giboyer, d'où giboyeux, et gibecer, d'où gibecière. Le mot
gibelotte paraît être de la même famille.
Giboulée, origine inconnue. Gifle, d'où gifler, origine
Gibus, V. noms propres (Mots douteuse,
tirés de). Gigantesque, v. géant.
Gigot, d'où gigoter, paraît se rattacher au vieux verbe
gigiier, gambader (d'où gigue), lui-môme d'origine inconnue.
Gilet paraît venir du turc yelek.
Gindre, v. jeune.
Gingembre, grec zingiberin.
Gingivite, v. gencive.
Girafe, origine arabe.
Girandole, giratoire, v. virer.
Girofle (d'où giroflée, à odeur de girofle), vient d'un mot
grec qui signifie « feuille de noyer », karuophnUon; la
racine du premier élément se retrouve dans carène; sur
le second, v. feuille.
Girolle, v* virer»
Glousser] du français. 279
Giron, mot d'origine germanique, désigne en vieux fran-
çais le pan du vêtement allant de la ceinture au genou.
Girouette, v. virer. Givre, origine inconnue.
Gisant, gisement, gîte, v.
gésir.
Glabre, latin glabrum.
Glace, glacer, glaciaire. Gladiateur, glaïeul, v.
glacial, glacier, glacière, gla- glaive.
ois, glaçon, v. gel. Glaire, glaireux, v. calen-
des 3.
Glaise, latin pop. *glitia, composé enliser.
Glaive et le vieux mot glai viennent du latin gladiiim,
d'où gladiateur. Le mot glaïeul est un diminutif de glai
(allusion à la forme des feuilles).
Gland, d'où glandée, latin glandem, dont le diminutif
glandula a produit glande et le dérivé glandulaire.
Glaner, origine inconnue. Substantif verbal glane.
Dérivés : glaneur, glanure.
Glapir, d'où glapissement, semble être une altération,
par onomatopée, du latin glaitire.
Glas, V. calendes ^.
Glauque, grec glaukon.
Glèbe, latin gleba.
Glissade, glissement, glisser, glissoire, u. gel.
Globe, latin globum. Dérivés : globule, global. Composé
englober. Sur glomus, génitif glomeris (peloton), qui appar-
tient à la même famille, ont été faits : agglomérer, doù
agglomération; conglomérat. Cf. club.
Gloire, latin gloria. Dérivés : gloriole, glorieux. Com-
posé glorifier, d'où glorification {v. faire '). On a appelé
gloria le café additionné d"eau-de-vie, qui termine tout bon
repas populaire, comme le verset commençant par Gloria
(Gloire au Père, etc.) termine tous les psaumes.
Glose, d'où gloser, glossateur, proprt explication d'un
mot, se rattache au grec glôssa, langue et mot, qu'on retrouve
dans glossaire (cf. dictionnaire au mot dire '). La forme
attique de glôssa a produit glotte, ouverture du larynx, qui
sert à l'émission des sons de la langue. Polyglotte, qui
parle plusieurs langues.
Glousser, d'où gloussement, se rattache au latin glocire.
280 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Goinfre
Glouton, doù gloutonnerie, vient du latin gluttoneni,
lui-môme dérivé du verbe glutiire, auquel se rattachent :
engloutir, d'où engloutissement; déglutition. Même
famille que gueule, v. ce mot.
Glu, d'où gluant, gluau, engluer, se rattache au latin
gluten, colle, que nous avons d'autre part emprunté tel
quel, et qui a produit agglutiner.
Glucose, V. glycine. Gluten, u. glu.
Glycine et glycérine, comme glucose, se rattachent
au grec glukun, doux, qualité qui s'applique à l'odeur de la
glycine, aux effets (adoucissants) de la glycérine, à la nature
sucrée de la glucose. Réglisse est une déformation du grec
glukurriza^ proprt racine douce, à rapprocher du terme
botanique rhizome.
Glyptique, v. hiéroglyphe au mot hiératique.
Gnome, nom donné par Paracelse, le médecin mystique
du xvi*' siècle, aux petits génies qu'il disait présider aux
choses de la terre. On ignore si, en créant le mot, il a
pensé au grec gnome, intelligence.
Gobelet, origine inconnue.
Gober se rattache à un radical celtique qui veut dire
bouche. Substantif verbal gob, aujourd'hui go dans « tout
de go )), proprt k tout d'un trait ». Dérivé : gobeur, et peut-
être aussi gogo.
Goberger (se), origine in- Gobille, i'. bille.
connue.
Godailler (d'où godailleur) et godelureau, dorigine
inconnue, semblent être de la même famille que goguette.
Goder, origine inconnue. Godet, origine inconnue.
Godiche, dérivé de Godon, déformation enfantine de
Claude. Comparez golon.
Godille, d'où godiller, ori- Godiveau, origine incon-
gine inconnue. nue.
Goéland, mot bas breton, auquel goélette semble se
rattacher.
Goémon, mot bas breton.
Gogo, V. gober. Goguette, u. godailler.
Goguenard, origine incon- Goinfre, origine inconnue,
nue.
Goujat] DU FRANÇAIS. 281
Goitreux, d'où goitre, se rattache au latin guttur, gosier,
qui a produit guttural.
Golfe et gouffre se rattachent au grec kolpon, sein,
golfe. Composé de gouffre : engouffrer.
Gomme, mot d'origine égyptienne. Dérivés : gommier;
gommeux; gommer, d'où dégommer. Dans gomme-gute,
gomme de Geylan, les deux mots signifient gomme, v. gutta-
percha.
Gond, grec gomphon, cheville. Composé : engoncer, proprt
gêner dans ses mouvements; cf. gourmé, proprt bridé.
Gondole, doù gondolier et gondoler (par allusion à la
forme recourbée de la gondole), italien gondola.
Gonfalon, gonfalonnier, u. Gonfle, gonflement, gon-
fanion. fier, v. enfler.
Gong, mot malais.
Goret, origine inconnue.
Gorge, malgré les difficultés phonétiques, semble se
rattacher au latin gurgitem, gouffre, qui a produit ingur-
giter. Dérivés : gorgée, gorgerette, gorgerin; gorger.
Composés : engorger, obstruer le passage, d'où engorge-
ment, et se rengorger, proprt retirer la télé en avançant la
gorge; dégorger, doù dégorgement, dégorgeoir; regorger,
proprt vomir; égorger, doù égorgement, égorgeur. Gomme
terme de fauconnerie, gorge signifie « ce qui entre dans la
gorge )), ce qui explique les expressions : rendre gorge;
gorge chaude, chair encore palpitante donnée au faucon,
d'où : nouvelle palpitante, etc.
Gorille, nom donné par le voyageur carthaginois Hannon
à des hommes et femmes velus qu'il disait avoir rencontrés.
Gosier, dégoiser, égosiller, se rattachent à un même
radical inconnu.
Goton, déformation enfantine du prénom Marguerite.
Gouache, de l'italien gaazzo, qui signifie détrempe.
Gouailler, d'où gouailleur, origine inconnue.
Gouape, mot d'argot.
Goudron, d'où goudronner, goudronnage, origine arabe.
Gouffre, V. golfe.
Gouge, latin gubia, burin.
Goujat, mot provençal d'origine inconnue.
282 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [GoÛt
Goujon, latin gobionem.
Goule, mot arabe.
Goulet, goulot, goulu, v. gueule.
Goupillon, d'abord guipillon, mot d'origine germanique,
refait sous Finfluence de l'ancien nom du renard, goupil
(diminutif du latin valpem), l'objet ayant été comparé à une
queue de renard. L'un des mots germaniques proposés
comme racine a le sens de « rameau feuillu ».
Gourd, latin giirdum. Composés: dégourdir; engourdir,
doù engourdissement.
Gourde, latin cucurbita, d'où cucurbitacées.
Gourdin, v. corde. Gourgandine, origine in-
connue.
Gourmand, origine inconnue. Dérivé : gourmandise, et
aussi gourmander, dans l'ancienne acception de a manger
avec gourmandise )>. Quant à gourmander au sens de répri-
mander, nous y voyons un autre verbe qui se rattache à
goiirmer (v. ce mot). Gourmet, « fin gourmand», est une
sorte de diminutif de gourmand; quelques-uns le rattachent
au vieux français groumet [v. groom), mais il faut alors
admettre que le mot a été influencé par gourmand dans sa
forme et dans son sens.
Gourme, maladie des jeunes chevaux et croûte de lait,
origine incertaine.
Gourmer, brider, origine inconnue. Dérivé : gourmette.
Le participe passé gourmé a le sens figuré de u raide dans
ses manières » (comparez engoncé, à gond). Le verbe
gourmer a pris aussi le sens figuré de porter la main à la
figure, pour frapper, d'où gourmade, et il semble bien avoir
donné naissance au verbe gourmander dans le sens de gou-
verner par la bride (un cavalier qui gourmande la bouche de
son cheval, écrit Fénelon), gouverner en général, puis répri-
mander.
Gousse, doù gousset, origine inconnue. Le sens primitif
est « enveloppe des graines des plantes légumineuses »,
d'où, par comparaison, tête d'ail, et, sous la forme diminu-
tive, petite poche.
Goût, latin gustum (cf. ail. arch. kiesen, angl. choose, et
V. choisir). Dérivé : le verbe goûter, qui s'emploie aussi
comme substantif. Le composé savant déguster (d'où dégusta-
tion, dégustateur) signifie « goûter de », tandis que dégoûter
Grade] du français. 283
(d'où dégoût), formé sur goût et non sur goûter, signifie
proprt enlever le goût. Pour exprimer l'idée de <( redonner
le goût à quelqu'un », on a fait, avec les deux préfixes re- et
a-, le verbe ragoûter, aujourd'hui inusité, mais dont il nous
reste ladjeclif participial ragoûtant et le substantif verbal
ragoût, ce qui réveille le goût. V. augure, au mot oiseau ^.
Goutte, latin gutta. Dérivés : gouttelette; gouttière;
goutter, d'où dégoutter et égoutter dont égout (dérivé :
égoutier) est le substantif verbal. La maladie appelée goutte
'd'où goutteux) a reçu ce nom parce qu'on l'attribuait à
des gouttes d'humeur, cf. rhumatisme au mot rfiume.
Gouverner, mot venu du grec par Tintermédiaire du
latin. Substantif verbal : gouverne; substantif participial :
gouvernante. Dérivés : gouvernable, gouverneur, gouver-
nail, gouvernement, doù gouvernemental.
Grabat, grec krabaton.
Grabuge, italien garbuglio.
Grâce. gracier, gracieuseté, Gracilité, v. grêle.
gracieux, v. gré.
Grade, ital. grado, du latin gradam (pas); le composé
populaire degradum a produit degré; les grades sont des
degrés, et ce sont des pas que Ton fait. Dérivés et composés
de grade : gradin, gradé, gradation, graduel, graduer doù
graduation; centigrade, à cent degrés; plantigrade, qui
marche sur la plante des pieds; digitigrade, qui marche sur
les doigts; un verbe dégrader, enlever le grade, avilir, dété-
riorer; un autre dégrader (origine italienne), diminuer une
teinte par degrés; rétrograder, rétrograde.
— Les composés latins apparentés à gradum étaient en
-gredi, participe passé -gressum, de là : agression, proprt
marche vers, attaque, agressif, agresseur; congrès,
réunion, d'où congressiste ; digression, proprt éloignement,
le fait de s'écarter du sujet; ingrédient, ce qui va dans, ce
qui entre dans une préparation; progrès, action d'aller en
avant, d'avancer, de se développer, doù progresser; il
s'est ajouté à progression et à progressif une idée de
rapport constant ; régression, marche en arrière; transgres-
sion, transgresser, action de passer outre.
— Il est curieux de rapprocher progrès, progression, de
procès, procession ; ces mots pourraient être synonymes,
étant formés avec le même préfixe sur des racines de môme
284 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Graphie
valeur [v. céder ^); ils ont évolué dans des directions très
différentes, mais a priori la répartition des sens aurait pu
être tout autre ou môme inverse.
Graffite, d. graphie^. Graillon, r>. gril.
Grain. Le latin granum et son pluriel grana ont produit
l'un notre masculin grain, l'autre notre féminin graine
(comparez tonneau et tonnelle); à la forme graine s'est
associée plus particulièrement l'idée de semence. Composés :
engrener (d'où engrenage), proprt mettre en mouvement un
moulin en y plaçant le grain; égrener, d'où égrènement;
granivore [v. dévorer). Dérivés : grener, grange (d'où
granger), grenier, à l'origine lieu où l'on serre le grain;
grènetier; grenu (cf. saugrenu h sel): granit (origine ita-
lienne), pierre « à grains », d'où granitique; grenaille,
grènetis, granule, granulation. Le mot grenade signifie
proprt fruit à grains, puis projectile en forme de grenade
(d'où grenadier, soldat lançant la grenade, ensuite soldat
d'élite); le sirop de grenadine est fait avec des grenades; le
grenat est une pierre et une couleur qui rappellent la
couleur des grains de la grenade. V. aussi grog.
Graisse, graisser, graisseur, graisseux, v. gras.
Gramen, gazon, mot tout latin, dont le génitif était gra-
minis, d'où graminées.
Grammaire, grammairien, grammatical, gramme, u.
graphie ^.
Grand, latin grandem. Dérivés : grandelet, grandeur,
grandiose (d'origine italienne), grandiloquent [v. locution),
grandir. Composé de grandir : agrandir, d'où agrandisse-
ment. Sur un autre mot latin ayant le sens de grand,
V. magne.
Grange, granit, granitique, granivore, granulation, gra-
nule^ granuleux, i'. grain.
Graphie, d'où l'adjectif et le substantif graphique, se
rattache au verbe grec graphein, écrire et dessiner, parfait
passif gegrammai (d'où gramme, v. plus loin).
1. Le mot graffite, d'origine italienne, désigne les écri-
tures et les dessins qu'on trouve sur les murs antiques.
, Le graphite est une substance qui sert pour écrire (dont on
fait les crayons). Le sens actuel du mot greffe, pousse
Graphie] du français. 285
d'arbre (dérivé : greffer, d'où un second mot greffe, action
de greffer) provient d'une comparaison avec un stylet pour
écrire, car tel est le sens primitif du mot; le greffier est
proprt celui qui se sert du stylet (pour écrire les jugements),
d"où un troisième mot greffe = lieu où sont conservées les
minutes des jugements. La graphologie est l'étude des écri-
tures (u. logique'^); le graphomètre est un instrument qui
mesure les angles dessinés.
— Le mot grammaire, d'où grammairien, signifie proprt
étude des lettres, et vient du latin granimatica, calqué sur
le grec, d'où Tadjectif grammatical; comparez, pour la cor-
respondance des formes, mire et médecine, au mot médecine.
Grammaire a été altéré en grimoire, avec une acception
péjorative.
— Le mot grec gramma, génitif grammatos, n'avait pas
seulement le sens de « lettre », il désignait aussi un poids
léger, doù notre mot gramme et ses composés centigramme,
kilogramme, etc.
2. Un bon nombre de mots se. terminent par -graphe, qui
signifie « qui écrit », par -gramme, qui signifie u qui est
écrit », et par -graphie, écriture, dessin, description, étude.
Graphe pouvant avoir la valeur passive comme gramme, on
comprend que épigraphe et épigramme puissent être étymo-
logiquement synonymes; mais épigraphe a pris le sens de
formule inscrite sur, et épigramme celui de pièce écrite sur
ou contre, doù : trait satirique. Le mot épigraphie (d'où
épigraphiste) doit être décomposé, non pas en épi -f- graphie,
mais en épigraphe -{- le, c'est la science des « épigraphes »,
des inscriptions [v. écrire). De même, paléographie doit
s'analyser en paléographe-\-ie, c'est la science des « anciennes
écritures », dérivé : paléiographe = qui connaît les anciennes
écritures. L'élément ûndA-graphe a encore la valeur passive
dans paragraphe (préfixe para-), proprt : signe « écrit à côté »,
d'où division indiquée par ce signe; dans orthographe,
écriture supposée correcte; dans paraphe {^our paragraphe),
dessin à côté du nom, et dans autographe, « qui est écrit
par l'auteur lui-même » ; autographier, opposé à imprimer,
c'est reproduire l'écriture même de l'auteur ou du copiste,
V. autonome.
3. Principaux composés avec gramme : anagramme,
forme retournée d'un mot \u. ana-, préfixe); diagramme,
proprt tracé à travers; monogramme, « lettre unique »
286 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [GraS
représentant un mot [v. moine) ; programme, détail publié
(cf. proscription au mot écrire) d'une cérémonie annoncée,
d'une action politique ou autre.
4. Aux noms abstraits terminés par -graphie, corres-
pondent le plus souvent des verbes en -graphier, des adjec-
tifs en -graphique et des noms de personnes (rarement de
choses) en -graphe. La sténographie est proprt une écriture
<( serrée »; dérivés : sténographier, sténographique, sténo-
graphe. La télégraphie est l'art d'écrire « de loin », le télé-
graphe l'instrument de cet art, le télégraphiste l'employé
qui télégraphie, le télégramme l'écriture transmise, le
message télégraphié; ici, le dérivé en -graphe ayant été
appliqué à l'instrument, le nom d'agent de l'action a été
formée avec le suffixe -iste. La photographie est lart d'écrire
avec la lumière, de fixer l'image, c'est aussi l'image ainsi
fixée; dérivés : photographier, photographique, photo-
graphe. La lithographie est l'art d'écrire, de dessiner sur
une « pierre » ; la dactylographie, Tart d'écrire en promenant
<( les doigts » sur des touches. La géographie est la descri-
ption, l'étude de la terre (comp. géologie au mot logique * et 5^ •
l'ethnographie est la description des races {v. ethnique),
l'hydrographie, celle des eaux. Le mot cartographie, formé
avec le mot français carte, venu du grec, désigne l'art de
dessiner les cartes géographiques, de les établir. Une mono-
graphie est une écriture, un écrit, sur un seul objet, sur un
seul sujet, sur un point spécial. Une cacographie est une
mauvaise graphie. Le polygraphe est l'écrivain qui écrit sur
beaucoup de matières et l'instrument qui écrit beaucoup
d'exemplaires. Stylographe, stylet pour écrire, v. ester <'.
— Le phonographe, le graphophone, le gramophone sont
des instruments qui écrivent la voix; la différenciation de
ces trois mots est arbitraire, ils ont la même valeur étymo-
logique. Le cinématographe écrit le mouvement.
Grappe, d'origine germanique, a eu d'abord le sens de
crochet, d'où grappin et agrafer, agrafe, dégrafer. Autres
dérivés : grappillon, grappiller, cueillir les grappillons,
d'où grappillage.
Gras vient du latin crassum, épais, sur lequel a été fait
le mot d'origine savante crasse, doù crasseux, encrasser,
décrasser. Dérivés de f/ras : grasset, grassouillet, grasseyer.
Un dérivé latin de crassum a produit graisse, doù grais-
seux et graisser, qui a produit lui-même graissage, grais-
Gré] DU FRANÇAIS. 287
seur, engraisser (d'où engrais), dégraisser (d'où dégrais-
seur, dégraissage).
— Le mot grec qui signifie graisse est stear, d'où stéarine.
Gratification, gratifier, u. Gratin, gratiner, u. gra^^er.
gré. Gratis, gratitude, u. gré.
Gratter, origine germanique, cf. ail. kratzen. Substantif
verbal gratte. Dérivés : grattage, grattoir, gratin (d'où
gratiner), proprt ce qui sattache à la casserole et qu'on
détache en grattant; regratter, proprt gratter après les
autres, faire de petits profits, d'où regrattier, revendeur.
Gratuit, gratuité, v. gré. Graveleux, gravelle, v.
Gravats, v. grève. grève.
Grave, v. grief.
Graver, origine germanique, cf. ail. graben. Dérivés :
graveur, gravure, pyrograver (v.feu).
Gravier, v. grève. Gravois, v. grève.
Gravir, origine inconnue. Gravure, v. graver.
Gravitation, gravité, gra-
viter, V. grief.
Gré, latin gratum, signifie proprt ce qui plait, ce qui
est loué, approuvé. Agréer, c'est plaire ou trouver- bon;
l'agrément, c'est la qualité de ce qui plaît (d"où agrémenter)
ou faction de trouver bon; agréable, digne d'être agréé,
plaisant; composés : désagrément, désagréable. L'adjectif
latin gratum signifiait non seulement qui plaît, mais encore
qui provoque ou qui éprouve de la reconnaissance, doù le
sens des mots savants gratitude, ingrat, ingratitude, et de
la locution « savoir gré -». Sur malgré et maugréer, u. mal '.
— Le substantif dérivé gratia, français grâce, a le sens
passif du mot agrément (d'où gracieux dans un de ses sens
et disgracieux) et aussi son sens actif : être en grâce auprès
de quelqu'un, c'est avoir son agrément, lui agréer, d'où
avoir ses faveurs (composé : disgrâce) ; demander grâce à
quelqu'un, c'est faire appel à son agrément, à sa pitié, doù
gracier, faire grâce; grâce a en outre le sens de reconnais-
sance : rendre grâccy action de grâces.
— L'adverbe latin gratis, que nous avons emprunté tel
quel, signifie proprt: par faveur; gratifier, d'où gratifica-
tion, c'est faire une faveur {v. faire '). Gratuit, d'où gratuité,
se rattache à la môme acception, et aussi gracieux dans la
locution (( à titre gracieux » .
288 DICTIONNAIRE ÉTYxViOLOGiQUE [Grève
— Le verbe congratuler, d'où congratulation, signifie
proprt trouver agréable avec quelqu'un, s'associer à sa
satisfaction.
Grèbe, mot savoyard d'origine inconnue.
Grec, latin grœcum. Grégeois est formé sur grœcuni
comme gaulois sur gallum. Grègues, culotte, est une forme
méridionale du féminin grecque. Grive et grièche sont
aussi des formes féminines de grec, d'origine populaire;
V. aussi grivois. Le mot grivèlerie parait se rattacher au
nom de la grive, oiseau pilleur.
Gredin, d'où gredinerie, greffier, greffoir, u. gfrap/itei.
origine inconnue. Grégaire, v. agréger.
Gréer, v, corroyer. Grège, origine douteuse.
Greffe, greffer, greffeur, Grégeois, grègue, v. grec.
1. Grêle, adjectif, latin gracilem, d'où gracilité (comparez
frêle et fragilité).
2. Grêle, substantif. La grêle, d'où grêler, grêlon, a
pu être ainsi appelée en raison du bruit grêle qu'elle pro-
duit; mais on rattache plutôt ce mot à grésil (d'où grésiller),
dont le sens primitif aurait été a petit fragment », et qui
dériverait du nom de roche et de terre sablonneuse grès,
d'origine germanique, cf. ail. gries.
Grelot, d'origine inconnue; dérivé : grelotter, trembler
comme un grelot.
Grenade, grenadier, grena- ner, grèneterie, grènetier,
dine, grenaille, grenat, gie- grènetis, grenier, v. grain.
Grenouille, d'où grenouillère, latin populaire * ranuncula,
d'où renoncule, nom d'une plante aquatique, appelée aussi
grenouillet et grenouille tte. * Ranuncula vient lui-même de
rana, qui a produit en vieux français rame, d'où rainette.
Grenouille et rainette sont donc deux diminutifs différents
d'un même mot latin. Rainette (écrit souvent reinette dans
ce sens par fausse étymologie) est aussi le nom d'une espèce
de pomme, tachetée comme la grenouille. Le mot grec qui a
le sens de grenouille se trouve dans batracien.
Grenu, u. grain. Grès, grésil, grésiller, v.
grêle 2.
Grève, mot d'origine celtique, qui a d'abord désigné la
grève de la mer ou d'un fleuve, puis spécialement la grève
(le la Seine à Paris, puis l'état des ouvriers sans travail qui
so réunissaient place de Grève, enfin la cessation concertée
Grille] du français. 289
du travail (d'où gréviste. Dérivés : gravier, sable de grève,
d'où gravats et gravois, graveleux, proprt qui contient
du gravier, au figuré licencieux, cf. scabreux. Composé :
engraver.
Grever, v. grief.
Gribouiller, d'où gribouilleur, gribouillage, gribouillis,
origine inconnue.
Grièche, v. grec.
Grief, vieil adjectif, qui ne s'est conservé que dans l'ad-
verbe grièvement, est le doublet de grave et se rattache au
Iditin g rauem. pesant, sérieux, bas (en parlant dusonV Dérivé
populaire : grever, peser au figuré, qui se conjuguait je
grief, nous grevons, et dont le substantif grief est le substan-
tif verbal; le sens primitif de ce substantif est : dommage,
d'où, par restriction, dommage reproché à quelqu'un, sujet
de reproche. Dérivés savants : gravité, caractère sérieux,
et pesanteur des corps, d'où gravitation et graviter, mots
formés en latin par Newton; aggraver, d'où aggravation.
— On a la forme grecque de cette racine dans baryton,
proprt ton grave, et dans baromètre, d'où barométrique,
instrument qui mesure la pesanteur de lair.
Griffe, d'où griffer, griffonner, griffonnage, signifie
proprt organe pour saisir, et se rattache à une racine ger-
manique (cf. ail. greifen, saisir), qui a produit également
le verbe gripper, saisir, conservé dans grippe-sou, et son
composé agripper. La grippe est proprt une fantaisie qui
nous saisit. — d'où : prendre quelqu'un en grippe, — et,
par comparaison, un mal soudain. Grimper, d'où grimpeur,
grimpereau, est une autre forme de gripper et signifie :
saisir pour monter, monter en s'accrochant.
Griffon se rattache au grec grupa, latin gryphum.
Griffonner, v. griffe.
Grigner, origine germanique (cf. ail. greinen), a d'abord
signifié montrer les dents, en plissant les lèvres, puis
K plisser » en parlant d'une étoffe. Grignoter, manger du
bout des dents, semble se rattacher à grigner.
Grigou, origine inconnue.
Gril et grille sont une double forme d'un diminutif
latin formé sur cratem, treillis. Le premier s'est spécialisé
dans le sens d'instrument pour exposer les objets ;ui Uni.
niCT. KTYM. FRANC. i^
290 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [GrognCI*
Nous avons deux verbes griller, l'un se rattachant à gril,
l'autre à grille. Une grillade est cuite sur le gril ; le graillon
est l'odeur de graisse grillée; un grillage, d'où grillager,
grillageur, est fait en forme de grille.
Grillon se rattache au latin grillum.
Grimace, grimacer, grimacier, v. grimer.
Grimaud semble fait sur le radical de grimoire, v.
graphie K
Grimer, rider artificiellement, vient de l'italien grimo,
ridé, d'origine incertaine. Grimace et ses dérivés semblent
bien se rattacher à grimer.
Grimoire, v. graphie^. Grimper, grimpereau,
grimipeur, v. griffe.
Grincer, comme crisser, peut être une onomatopée.
Dérivés : grincement, et sans doute aussi grincheux, qui
peut être une prononciation dialectale de l'ancien grinceur.
Gringalet, origine incon- Grippe, gripper, grippe-
nue, sou, V. griffe.
Griotte, v. aigre.
Gris, origine germanique, cf. ail. greis, vieillard. Ce mot,
qui désigne une couleur intermédiaire entre blanc et noir
(dérivés : grisaille, grisâtre, et grison d'où grisonner), a été
employé pour exprimer un état intermédiaire entre létat
normal et létat d'ivresse; dérivés dans ce sens: griser, gri-
serie, dégriser.
Grisou, mot du patois wallon, origine incertaine.
Grive, grivèlerie, v. grec.
Grivois signifierait proprt soldatesque et aurait d'abord
désigné un mercenaire allemand portant une grivoise ou
tabatière (allemand reibeisen, fera râper). On a aussi rattaché
grivois à grec, v. ce mot.
Grog, mot anglais. Grog était le sobriquet d'un amiral
anglais qui obligea ses hommes à mettre de l'eau dans leur
rhum. Ce mot contient notre adjectif gros et la première
lettre de grain, car l'amiral était ainsi surnommé parce
qu'il portait des culottes de grogram, c'est-à-dire d'une étoffe
à « gros grains ».
Grognert Le latin grunnirc ou grundire, pousser le ckï
du cochon, a produit en vieux français gronir et grondir,
verbes dont le radical était groign- au subjonctif présent et
Guépard] Dû français. 201
au participe présent, ce qui explique d'une part le sub-
stantif groin, d'autre part la reformation de gronir en gro-
gner d'après le participe présent grognant; dérivés : gro-
gnon, grognement, grognard, rognonner pour grognonner.
Quant à grandir, en changeant de conjugaison, il est devenu
gronder, d'où grondement, grondeur, gronderie, et aussi
grondin, nom dun poisson ainsi appelé en raison du bruit
qu'il fait entendre lorsqu'il est pris. •
Grommeler, allemand grummeln.
Gronder, i'. grogner.
Groom. Ce mot anglais et le vieux français groumet se
rattachent à un mot germanique qui signifie « garçon ».
Le groumet était un garçon marchand de vin, dégustateur
de vins; ce mot a pu devenir gourmet, en subissant une
évolution de sens, sous l'influence de gourmand.
Gros, latin grossum, épais. Dérivés : les substantifs gros
et grosse; grosseur, grossesse; grossier, d'où grossièreté;
grossir, d'où grossissement, dégrossir; grossoyer, mettre
en grosse écriture; engrosser. « Grosso modo », formule
de mauvais latin, = d'une manière grosse. V. aussi grog.
Groseille, d'où groseiller, se rattache à l'allemand kraus
[beere), proprt fruit crêpé. La groseille à maquereau est
ainsi appelée parce qu'on la servait jadis autour du maque-
reau.
Grotesque, grotte, v. crypte.
Grouiller, d'où grouillant, grouillement, origine incer-
taine.
Groupe, groupement, grouper, u. croupe.
Gruau, mot d'origine germanique, cf. ail. grûtze; à la
même famille se rattache gruger, proprt écraser, puis cro-
quer, dévorer au figuré.
Grue, latin gruem. Le mot grec geranon, d'où géranium,
proprt bec de grue (allusion à la forme du fruit), appartient
à la même racine imitative ger, crier.
Gruger, v. gruau.
Grumeau, d'où grumeleux, diminutif du latin grumum.
Guano, mot du Pérou.
Gué, doù guéable, latin vadum.
Guenille, d'où guenillon, déguenillé, origine inconnue.
Guenon, origine inconnue. Guépard, v. lion.
292 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Guichct
Guêpe, d'où guêpier, latin vespa.
Guère ou guères, mot d'origine germanique dont le sens
propre est a beaucoup »; naguères, pour n'agaères, signifie
proprt : il n'y a guère de temps.
Guéret, latin vervactani, proprt terre en friche.
Guéridon serait un nom propre emprunté à une chanson.
Guérilla, v. guerre.
Guérir, jadis garir, mot d'origine germanique, cf. ail.
wehren. Garer est une autre forme du même verbe, lidée
commune primitive est celle de protéger. Dérivés de guérir :
guérison; guérissable, inguérissable; guérisseur, et sans
doute guérite, qui se rattache à garer pour le sens. Dérivés
de garer : l'interjection impérative garai le substantif
verbal gare; garage; garenne, dont le sens primitif est
réserve (pour la pêche ou la chasse). A rapprocher de égarer.
Guerre, origine germanique, cf. angl. war. Dérivés :
guerrier, guerroyer, aguerrir et le diminutif espagnol
guérilla. Sur le mot latin hélium, guerre, et ses dérivés,
V. deux'^. Le mot grec qui signifie guerre est polemon, d'où
polémique, polémiste, mots employés au figuré.
Guet, V. guetter. Guêtre, origine inconnue.
Guetter, mot d'origine germanique, cf. ail. wac/ien, veiller.
Substantif verbal guet; un guet-apens, pour guet à apens,
est proprt un guet « apensé », organisé, prémédité. Dérivé :
guetteur. Composés : le vieux verbe aguelter, d'où aguets ;
échauguette, proprt guet de troupe (ail. scharwachl, le
premier élément du mot se retrouve dans le vieux français
échelle, bataillon).
Gueule, latin gula {v. glouton). Dérivés et composés de
gueule : gueuler, gueulard, gueuleton, engueuler ; bégueule,
jadis bée-gueule, proprt qui reste gueule béante {v. bayer).
Dérivés de gula : goulot, goulet, goulu ; engoulevent,
proprt qui « engoule » le vent, nom d'un oiseau qui vole
le bec ouvert; margoulette (casser la margoulelte) où le
préfixe mar- est obscur.
Gueules, terme de blason, v. rose.
Gueux, d'où gueuser, gueuserie, mot d'argot.
Gui, latin viscuin, d'où visqueux, viscosité.
Guichet (d'où guichetier), proprt petite porte, parait être
d'origine germanique.
Gymnase] du français. 293
Guider, origine germanique, avec influence de formes
méridionales. Substantif verbal guide, personne qui guide
et objet qui sert à guider. Dérivé : guidon.
i. Guigne (d'où guignolet), cerise, probablement d'ori-
gine germanique.
2. Guigne, mauvais sort, v. le suivant.
Guigner, mot d'origine inconnue, sur lequel a été fait
guignon, proprt mauvais œil. Guigne, au sens de mauvais
sort, est tiré de guignon, qui a produit aussi guignonnant,
enguignonner, déguignonner.
Guilledou, origine incon- Guillemet, u. noms propres
nue. (Mots tirés de).
Guilleret parait se rattacher au vieux verbe guUler^
d'origine germanique, qui signifie tromper, se moquer de.
Guilloeher est peut-être tiré du nom propre Guilloclie,
cf. guillemet.
Guillotine, d'où guillotiner. Guimbarde, origine incon-
i'. noms propres (Mots tirés de). nue.
Guimauve, v. mauve.
Guimpe, origine germanique, cf. ail. wimpel.
Guinder, proprt élever avec une machine, mot d'origine
germanique, cf. ail. luinden.
Guinée , y. noms propres Guinguan, Guingois, Guin-
(Mots tirés de). guette, tous mots d'origine
inconnue.
Guipure se rattache à un radical germanique, cf. ail.
weifen. tourner.
Guirlande, jadis garlande (d'où galandage, entourage
de briques, cloison), est d'origine douteuse. Composé ;
enguirlander.
Guise, origine germanique, cf. ail. weise; déguiser, d'où
déguisement, cest enlever la « guise », la manière d'être
propre à quelqu'un, la dissimuler.
Guitare, d'où guitariste, v. Guivre, v. parent^,
cistre.
Gutta-percha, mot malais qui signifie gomme de Pertcha,
île de Sumatra.
Gutte, V. gomme. Guttural, v. goitreux.
GYninase, grec gamnasion, proprt endroit où l'on s'exerce
294 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Hâlc
nu [gumnon : nu), aujourd'hui lycée en Allemagne. On a
la môme racine dans gymnique. Dérivés : gymnaste, doù
gymnastique; gymnasiarque, proprt directeur de gymnase,
V. arch-, archi-.
Gynécée se rattache au grec gunalka, femme; c'est
l'endroit où se tiennent les femmes. On retrouve le nom
grec de la femme (nominatif gunê) dans misogyne (u. misan-
thrope), dans androgyne, homme-femme (cf. scaphandre).
Gypse, grec giipson, plâtre, d'origine sémitique. Dérivé :
gypseux.
H
Habile, habileté, habiliter, Habitude, habituel, habi-
habillement, habiller, habil- tuer, v. avoir ^.
leur, habit, u. avoir i. Hâbler, hâblerie, hâbleur,
Habitable, habitacle, habi- v. affable^,
tant, habitation, habiter, v.
avoir ^.
Hache, mot d'origine germanique. Dérivés : hachette;
hacher, d'où hachis, hachoir; hachures (traits faits comme
à la hache).
Hachisch, mot arabe qui signifie « foin ». Dérivé :
assassin, proprt mangeur de hachisch, c'était le nom quon
donnait au xiii*' siècle aux gens du Vieux de la Montagne;
dérivé d'assassin : assassiner, d'où assassinat.
Hagard, v. haie.
Hagiographe, d'où hagiographie, du grec hagion. saint;
sur le second élément, v. graphie '*.
Haie, origine germanique, cf. ail. hag. Dérivé dialectal :
hagard; un faucon hagard est un faucon des haies, qui ne
peut s'apprivoiser, farouche.
Haillon, origine douteuse. Haine, haineux, v. le sui-
vant.
Haïr, origine germanique, cf. ail. hassen, angl. to haie.
Dérivés : haine, d'où haineux; haïssable.
Haine, « chemisette de crin )>, mot d'origine germanique,
cf. ail. haar, poil.
Halage, v. haler, Hâle, v. hâler.
HardeSj du français. 295
Haleine se rattache au verbe latin a/i/ie/are, être essoufflé,
qui est lui-même un composé de halare, souffler, auquel
nous devons encore : exhaler, d'où exhalaison : inhaler,
doù inhalation. Dans aniielare, on a le préfixe amb-.
Haler, doù halage, mot d'origine Scandinave; même
racine dans affaler, qui signifie proprt tirer vers le bas.
Hâler, d'où hâle, origine Haletant, haleter, v. aile.
douteuse.
Halle, origine germanique, cf. ail. halle.
Hallebarde, hallebardier, Hallier, buissons, origine
V. heaume. douteuse.
Hallucination, halluciné, latin hallucinationem, halla-
cinatum.
Halo, du grec halos, disque.
Halte, allemand hait.
Haltère, u. saillir.
Hamac vient de la langue des Caraïbes.
Hameau, origine germanique; cf. angl. homey demeure,
ail. heim, chez soi.
Hameçon vient d'un dérivé du latin hamum, même
sens.
Hampe, origine douteuse.
Hanap, origine germanique, cf. ail. napf.
Hanche, d'où déhancher, origine germanique.
Hangar, origine inconnue.
Hanneton se rattache à l'allemand hahn, coq, qui a aussi
dans certaines régions le sens de hanneton.
Hanter, d'où hantise, origine douteuse.
Happer, d'où happe, hollandais happen, mordre, saisir.
Haquenée, mot d'origine inconnue, passé du français en
anglais sous la forme hackney.
Haquet, origine inconnue.
Harangue, d'où haranguer, probablement d'origine
germanique.
Haras, origine douteuse. Harceler, v. herser.
Harasser, origine douteuse. Hardes, origine douteuse.
296 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Hauban
Hardi, d'où hardiesse, enhardir, origine germanique,
cf. allemand hart.
Harem, mot arabe dont le sens propre est u chose
défendue ».
Hareng, d'où harengère, origine germanique, ail.
hàring.
Hargneux se rattache au vieux français hargner (mani-
fester de la mauvaise humeur), dorigine inconnue.
Haricot de mouton, ragoût, mot d'origine inconnue. La
« fève de haricot », aujourd'hui haricot, s'appelait ainsi
parce qu'on l'employait dans le haricot de mouton. V. Suppl.
Haridelle, origine inconnue.
Harmonie, du grec harmonia, qui signifie proprt ajuste-
ment, et qui est apparenté au latin armare, équiper
{v. armer). Dérivés : harmonique, harmonieux, harmo-
niser, harmonium, harmonica (forme féminine latine de
l'adjectif harmonique). Composé : harmoniflûte.
Harnais, origine inconnue (le mot allemand et le mot
anglais correspondants viennent du français). Dérivé : har-
nacher, d'où harnachement.
Haro, sorte d'onomatopée.
Harpe, d'où harpeur, harpiste, mot germanique, cf. ail.
harfe. Un arpège, — le mot nous vient dltalie, — est un
égrènement de notes qui rappelle le jeu de la harpe.
Harpie, grec harpuia (cf. la famille latine de rapt);
notre mot harpon, d'où harponner, parait se rattacher à la
môme racine, et aussi le vieux mot harpailleiir, tireur de
sables aurifères, transformé en orpailleur sous l'influence
du mot or.
Hart, lien, corde, cheville, est encore inexpliqué. Dérivé :
ardillon, jadis écrit hardillon.
Hasard, d'abord jeu de dés, mot d'origine orientale;
dérivés : hasardeux, hasarder.
Hase, motgermaniquc; en allemand, hase signifie lièvre.
Hast (armes iVhast) et haste, pique, et barre allongée de
certaines lettres, se rattachent au latin hasta. Le vieux mot
français astelle, diminutif de Jiasta, signifiait bâton, éclat
de bois; il a produit astelier, aujourd'hui atelier, qui a
d'abord désigné un chantier de charpentiers.
Hâte, d'où hâter, hâtif, origine germanique.
Hauban, origine germanique.
Hennir] du français. 297
Haubert, v. héberger. Haut, hautain, hautbois,
Hausse, haussement, haus- hauteur, haut-le-cœur, v. ali-
ser, V. aliment "-. ment '.
Hâve, origine inconnue.
Havre, origine germanique, cf. allemand hafen.
Havresac, v. sac.
Heaume, d'une racine germanique à laquelle se rattache
l'espagnol alniete, que nous avons déformé en armet; le
mot hallebarde, doù hallebardier, signifie proprt hache de
heaume.
Hebdomadaire, v. sept.
Héberger se rattache à un substantif germanique qui
signifie « protection de l'armée, tente » (le haubert est
proprt la protection du cou, ail. hais, cou) ; le substantif nous
est arrivé lui-même sous une double forme : héberge, aujour-
d'hui inusité, et auberge, d'où aubergiste, qui nous vient
du provençal.
Hébéter, latin hebetare, signifie proprt émousser.
Hébreu, hébraïque, hébraïsant, se rattachent au grec
hebraion, hébreu.
Hécatombe, v. cent. Hecto-, v. cent.
Hectare, v. cent et aire.
Hégémonie, grec hégemonia.
Hégire, mot arabe qui signifie fuite.
Hélas, u. las.
Héler, anglais hall.
Hélice, ligne et appareil en forme de vis, grec helica,
cf. voûte"".
Hélio- (Mots commençant Hémi- (Mots commençant
par), i'. soleil. par), v. semi-.
Héma- (Mots commençant Hémo- (Mots commençant
par), V. sang. par), v. sang.
Hémérocalle, v. jour. Hendéca — (Mots commen-
çant par), V. un.
Henné, teinture jaune, de l'arabe hinna, nom de l'arbuste
dont les feuilles pulvérisées servent à teindre.
Hennin, coiffure de femme au moyen âge , origine
inconnue.
Hennir, d'où hennissement, latin hinnire.
298 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [HcrSC
Hépatique, hépatite, v. fi- Hepta- (Mots commençant
gue. par), v. sept.
Héraut, origine germanique ; sur héraut on a fait
héraldique, le héraut étant chargé de A^eiller aux armoi-
ries.
Herbe, latin herba. Dérivés : herbu, herbeux, herbier,
herbage, herbacé. Composés : herbivore, v. dévorer; les
noms propres Malherbe, mauvaise herbe, et Malesherbes,
mauvaises herbes. Sur herboriser, herborisation, herbo-
riste, herboristerie, v. arbre. — Le mot grec ayant le sens
de « herbe » est botaiiê, d'où botanique, botaniste.
Hère, mot d'origine douteuse, qui ne s'emploie plus que
dans la locution « pauvre hère ». Est-ce l'allemand herr,
seigneur? Comparez : triste sire.
Héréditaire, hérédité, v. hoir.
Hérésie se rattache au grec hairesin, proprt choix,- c'est
le fait de choisir dans le dogme. Dérivés : hérétique ; héré-
siarque, proprt chef d'hérésie, v. arch-, archi-.
Hérisser, hérisson, se rattachent au latin hericium,
hérisson.
Héritage, héritier, hériter, v. hoir.
Hermaphrodite, proprt fils d'Hermès (Mercure) et
d'Aphrodite (Vénus), personnage mythologique ayant les
deux sexes.
Hermétique. Une fermeture hermétique est proprt la
fermeture pratiquée par les alchimistes, disciples d'Hermès
ïrismégiste.
Hermine, latin armenia, arménienne; l'hermine est la
martre d'Arménie.
Hernie, latin hernia.
Héroïne, héroïque, héroïsme, v. héros.
Héron ou aigron (d'où aigrette), mot d'origine germa-
nique; le héron blanc porte sur la tête un faisceau de plumes.
Héros, grec héros. Le maintien de l'aspiration, qui a dis-
paru dans le féminin héro'ine et dans héro'isme, héro'ique,
s'explique sans doute par l'influence du mot liéraut, bien que
les deux mots n'aient aucun rapport d'origine ni de sens.
Herpès, v. ramper.
Herse, d où herser et, au figuré, harceler, latin hirpicem.
Hiératique] du français. 299
Hésitation, hésiter, u. adhérer.
Hétaïre, grec hetaira, amie.
Hétéro- (Mots commençaut Hêtre, v. fouet.
par), V. autre ^.
Heur, vieux mot français, d'où dérivent heureux, bonheur,
malheur (mauvais heur), et qui est le doublet populaire
d'augure (u. oiseau). Bonheur, c'est proprt : « bon augure »,
sort favorable. Heur avait pris à lui tout seul l'acception de
« sort favorable », ce qui explique heureux, au lieu de <( bon-
heureux », en face de malheureux; on a créé bienheureux,
pour la symétrie, en préposant à heureux l'adverbe bien,
tandis que mal est adjectif dans malheur et son dérivé mal-
heureux. L'h de tous ces mots vient d'un rapprochement
factice avec le mot heure.
Heure, latin hora, d'où horaire. A l'article ce pronom ^,
nous avons expliqué la formation des adverbes or et lors. On
a cet or ou are, ores, dans encore, dont la première partie
est d'origine douteuse; dans désormais {v. mais) ; dans d'ores
et déjà; dans dorénavant, « d'or en avant », de maintenant
dans l'avenir; et dans alors. lorsque. Le latin hora vient lui-
même du grec hora qui a formé horloge (qui dit l'heure,
V. logique^), cf. chronomètre au mot chronique.
Heureux, v. heur.
Heurter, d'où heurt, heurtoir, origine probablement
germanique.
Hexagone, hexamètre, y. six.
Hiatus, proprt bâillement, la bouche restant ouverte
entre plusieurs voyelles consécutives. Ce mot tout latin se
rattache au verbe hiare, bâiller, d'où déhiscent, qui com-
mence à s'ouvrir, qui s'entrouvre.
Hiberner, r. hiver. Hidalgo, i». fils et autre 3.
Hibou, origine inconnue. Hideux, d'où hideur, ori-
Hic, V. ce, pronom 2, gine incertaine.
Hie, origine germanique.
Hièble, latin ebuluin, a été écrit avec une h pour empêcher
qu'on ne put lire « jèble », cf. huile.
Hier, d'où avant-hier, latin heri.
Hiératique, proprt qui concerne les choses sacrées, se
rattache au grec hieron, sacré, dont nous avons plusieurs
300 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Hoir
composés : hiéroglyphe, proprt caractère sacré (grec glaphê,
gravure, à rapprocher de glyptique, art du graveur) ; hiéro-
phante, V. fantaisie^; hiérarchie [v. arch-, archi-), proprt
commandement des choses ou personnes sacrées, d'où clas-
sement par ordre d'importance des chœurs célestes, puis des
situations sociales, dérivé : hiérarchique.
Hilare, hilarité, exhilarant, se rattachent au grec hila-
ron.
Hile, y. annihiler.
Hippique se rattache au grec hippon [v. cheval), dont nous
avons plusieurs composés : hippocampe, proprt poisson-
cheval; hippodrome, terrain pour les courses de chevaux
{v. dromadaire); hippogriffe, proprt griffon-cheval, mot
fabriqué par lArioste; hippopotame, v. fleuve.
Hirondelle se rattache au latin hirundinem. Le mot ché-
lidoine se rattache à la forme grecque khelidona; c'est le
nom d'une fleur et d'une pierre, on croyait que l'hirondelle
avait la pierre dans l'estomac et se servait de la plante pour
guérir ses petits aveugles.
Hirsute, latin hirsulam.
Hisser, origine Scandinave, cf. ail. hissen.
Histoire nous vient du grec historia (examen des témoi-
gnages) par le latin. Dérivés : historique, historiette, his-
torien; historisr, d'abord raconter en détail, puis agré-
menter de détails. Historiographe {v. graphie'') ne signifie
rien de plus qu'historien, mais on a attaché à ce mot une
idée de charge officielle.
Histrion, latin histrionem.
Hiver, latin hibernum, se rattache au latin hiemem hiver,
dont on trouve la forme sanskrite dans Hima-laya, proprt
séjour des neiges. Hiver est étymologiquement un adjectif
(cf. jour) ; devenu substantif, il a été remplacé comme adjectif
par hivernal. Autre dérivé : hiverner, d'où hivernage: on a
aussi la forme hiberner.
Hobereau, mot d'origine germanique, dont le sens propre
est : petit faucon.
Hocher, secouer, notamment dans la locution <( hocher la
tète » et dans le composé hochequeue, origine douteuse;
dérivé : hochet, jouet qu'on secoue.
Hoir, dérivé hoirie, se rattache au latin heredem, d'où
hérédité, héréditaire. Le substantif héritier est le doublet
Honneur] du français. 301
de ladjectif héréditaire. Autre mot de formation populaire :
hériter, d'où héritage, déshériter, déshérence.
Holocauste, v. brûler et olographe.
Homard, origine germanique, cf. ail. hummer.
Hombre, v. homme.
Homélie, grec homilia, proprt réunion, comparez confé-
rence qui signifie à la fois réunion et discours familier. V.
Tarticle suivant.
Homéo-, homo-, viennent du grec homon et de son dérivé
homoion, qui signifient « semblable », et qui sont de la même
famille que semblable. Comme pour semblable, l'idée pre-
mière est celle de « ensemble » {d'où homélie, d'abord réunion).
Homéopathie, v. pâtir. Homicide, hommage, v. le
suivant.
Homme, latin honiinem, dont le cas sujet homo a produit
on, ce qui explique l'article que l'on place souvent devant ce
mot : on et Von s'emploient encore exclusivement comme
sujet. Dérivés : homicide, v. césure: hommage, proprt acte
par lequel on se déclare l'homme de quelqu'un. Composé :
surhomme. La forme espagnole du mot homme est hombre,
nom d'un jeu. Notre adjectif humain, d"où humanité et
humanitaire, inhumain, surhumain, humaniser, humaniste,
se rattache à une forme latine archaïque de homo, avec u au
lieu de o, et cette forme est apparentée à humus {v. terre);
l'homme est proprt le terre.stre, par opposition aux dieux
célestes. Voy. aussi viril, et androgyne, anthropologie.
Homogène, homogénéité, Homophone, homophonie,
V. génital -K v. phonétique.
Homologue, homologuer. Hongre, hongrer, v. noms
V. logique -^ propres (Mots tirés de).
Homonyme, v. connaître, Honnête, honnêteté, v. le
B, ft°. suivant.
Honneur, d'où déshonneur, latin honorem, dont le sens
primitif parait avoir été charge. Dérivés : honoraire, qui a
l'honneur (sans la fonction, dérivé : honorariat), et rétribu-
tion pour une fonction particulièrement honorable; honorer,
d'où honorable, honorabilité, déshonorer; honorifique,
V. faire ' ; honnête, qui a le sentiment de l'honneur-probité, ou
simplement des convenances, d'où honnêteté, malhonnête,
302 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [HÔtC
et malhonnêteté ; déshonnête restreint sa signification à un
certain ordre de convenances.
Honnir, origine germanique, cf. ail. hôhnen. Dérivé :
honte, d'où honteux et éhonté (qui n'a plus de honte).
Honorabilité , honorable , Honte, honteux, v. honnir.
honoraire, honorariat, hono- Hôpital, v. hôte.
rer, honorifique, v. honneur.
Hoquet paraît être une onomatopée.
Hoqueton, u. colon. Horaire, v. heure.
Horde, mot tartare, qui signifie proprt camp.
Horion, origine inconnue.
Horizon, grec horizon, accusatif horizonta (d'où horizon-
tal), se rattache au verbe ho rizein, borner, comme aphorisme
(préfixe apo-), proprt définition, maxime.
Horloge, horloger, horlo- Honnis, v. fors.
gerie, v. heure. Horoscope, v. épice 6.
Horreur et horrible se rattachent au verbe latin horrere,
être hérissé. Composés : abhorrer, s'éloigner avec horreur;
horrifique, v. faire': horripilant, proprt qui hérisse le poil;
ordure, d'où ordurier, saleté repoussante.
Hors, V. fors. Hortensia, v. acacia.
Horticulteur, horticulture (sur le second élément, v.
colon), sont formés avec le latin hortum, qui correspond
étymologiquement à l'allemand garlen, angl. garden, et par
conséquent aussi à notre mot jardin, d'où jardinet, jar-
diner, jardinier et jardinage. Dérivé de hortum : ortolan,
proprt jardinier, oiseau des jardins, mot emprunté au pro-
vençal.
Hospice, hospitalier, hospitaliser, hospitalité, v. hôte.
Hostie, latin hosiia, victime.
Hostile, hostilité, se rattachent au mot latin hostem,
ennemi, qui avait donné en vieux français ost, primitivement
armée ennemie, puis armée. Le premier sens de hostem a été
« étranger », et le mot hospilem, doù vient hôte, signifie
proprt maître de l'étranger, le second élément du mot étant
apparenté b. potentem, v. pouvoir.
Hôte, latin hospitem (v. l'article précédent), signifie en
même temps celui qui reçoit et celui qui est reçu, il désigne
les deux personnes unies par les liens de l'hospitalité ; le
Hublot] DU FRANÇAIS. 303
féminin hôtesse n"a que la première signification. Les dérivés
hospice, hôpital, hôtel, les deux derniers remontant à la
même forme latine, signifient proprt lieu où on reçoit des
étrangers ; mais hospice s'est spécialisé dans le sens de maison
où on reçoit à demeure des infirmes, des vieillards, hôpital
dans le sens de maison où Ton traite les malades; hôtel a le
sens d'hôpital dans hôtel-dieu, celui de grande maison (où
l'on peut recevoir!, dans « hôtel particulier, hôtel de ville »,
celui aussi de maison garnie où Ton peut loger en payant, et
dans ce dernier sens on" a le dérivé hôtelier, qui a produit
hôtellerie. L'adjectif hospitalier se rapporte soit à Tidée
exprimée par hospitalité (accueil hospitalier), soit à l'idée
exprimée par hôpital et hospice (services hospitaliers); dans
le premier sens, on a le composé inhospitalier, dans le
second un autre dérivé, le verbe hospitaliser.
Hotte, origine germanique.
Houblon, d"où houblonnière, origine germanique.
Houe, d'où hoyau, origine germanique, cf. ail. haae.
Houille, d'où houiller, adj., et houillère, subst.. mot
wallon d'origine inconnue.
Houle, d'où houleux, cri- Houlette, origineincounue.
gine inconnue.
Houppe, doù houppette, et huppe dans ses deux sens,
oiseau et touffe, paraissent bien se rattacher au latin upupa,
nom de l'oiseau (onomatopée).
Houppelande, origine inconnue.
Hourder, fortifier, origine germanique, cf. allemand
hûrde, claie.
Houri, mot lurc d'origine arabe,
Hourvari, origine inconnue.
Houseau, sorte de guêtre, diminutif du vieux mot heuse,
botte (ail. mod. hose), qu'on retrouve dans le nom histo-
rique Robert Gourte-heuse.
Houspiller, v. le suivant
Housse, qui a eu le sens de manteau, parait être d'ori-
gine arabe. Composé : houspiller, jadis houssepeigner, proprt
peigner la housse, battre.
Houx, d'où houssine (d'abord verge de houx), mot d'ori-
gine germanique, cf. allemand hulst.
Hoyau, V. houe. Hublot, origine douteuse.
304 DICTIONNAIRE ETYMOLOGIQUE [Humeur
Huche, mot d'origine douteuse, peut-être apparenté à
Fallemand hûten, garder.
Hucher, appeler, v. ce, pronom 2.
Huer (d'où huée, chat-huant, cf. chouan), parait être une
onomatopée.
Huguenot, déformation de l'allemand eidgenossen, « con-
fédérés », modelé peut-être sur le nom de quelque réformé
qui s'appelait Huguenot, le petit Hugon.
Huile. Le latin avait les deux formes olea et oliva, qui
désignaient Tune et l'autre l'arbre et le fruit. A la seconde
se rattache olive, d'où olivier, olivâtre (sur le suffixe, v.
acariâtre) ; à la première huile et le dérivé savant oléagi-
neux. Huile a d'abord été uile, on a ajouté Vh arbitrairement
pour empêcher la lecture « vile », alors que l'a et le v s'écri-
vaient de même. Dérivés : huileux, huilier; huiler, d'où
huilage; œillette, espèce de pavot dont on tire de l'huile. Le
pétrole est proprt de l'huile de rocher, v. pierre.
Huis, latin ostium, porte; dérivé : huissier, proprt pré-
posé à la porte. Vh initiale s'explique dans ces mots comme
dans huile.
Huit, latin et grec octo (ail. acht, angl. eight] ; Vh s'explique
comme dans huile. Dérivés : huitain, huitaine, huitième.
Dérivés savants : octave, proprt huitième; le vieux mot
octante, huit dizaines; octidi, v. Jour; octogone, à huit
côtés, V. décagone; octobre, le huitième mois de Tannée
romaine primitive; octogénaire, âgé de huit dizaines
d'années. In-octavo, expression toute latine, format où la
feuille est pliée en huit
Huître, latin ostrea, d'où ostréiculture. L'/i s'explique
comme dans huile. Ostrea est apparenté à os (v. ce mot), et il
a la même racine que le grec ostrakon, coquille ou tesson
avec quoi on votait, d'où ostracisme, vote de bannissement.
Hulotte paraît se rattacher à l'allemand eule.
Humain, humaniser, hu- Humble, u. ferre,
manisme, humaniste, huma- Humecter, v. humeur.
nitaire, humanité, v. homme. Humer, origine inconnue.
Humérus, mot tout latin qui signifie épaule, os du bras;
à la forme grecque du mot se rattache omoplate, proprt
•épaule plate.
Humeur, du latin huniorem, qui se rattache au verbe
humere (être humide), comme humide, d'où humidité et
Hydrostatique] du français. 305
humecter. Le mot humeur nous est revenu d'Angleterre
sous la forme humour, avec un sens spécial, dérivé humo-
riste, d'où humoristique.
Humiliation, humilier, hu- Humoriste, humoristique,
milité, V. terre. humour, v. humeur.
Humus, V. terre.
Hune, mot sans doute Scandinave.
Huppe, huppé, v. houppe.
Hure, d'où huron, sauvage, et ahuri (dont la tête se hé-
risse U origine inconnue.
Hurler, latin ululare; l'aspiration semble s'être introduite
par harmonie imitative; dérivés : hurlement, hurleur.
Hurluberlu, origine dou- Huron, v. hure.
teuse.
Hurrah, mot anglais.
Hussard, mot d'origine hongroise.
Hutte, ail. hutte.
Hybride, « de deux espèces différentes », latin hybrida,
d'origine grecque.
Hydr-, hydro-. Les mots commençant par hydr- ou
hydro- se rattachent au mot grec hudôr', eau, qu'on retrouve
aussi dans anhydre, sans eau, et dans clepsydre, horloge à
eau. L'hydre est un serpent d'eau. L'hydropisie est une
accumulation de liquide, l'hydrate est une combinaison avec
l'eau. Le grec hudôr est apparenté à unda, v. onde.
Hydraulique, formé avec le mot grec aulon, tuyau, com-
porte ridée d'une circulation d'eau « dans des tuyaux >> ; mais
ridée de tuyau disparait dans plus d'un emploi : chaux
hydraulique, qui durcit dans l'eau.
Hydrocéphale, atteint d'hydropisie de la tête, v. cap ^
Hydrogène, proprt qui engendre l'eau, v. génital'^.
Hydrographie, d'où hydrographe {v. graphie''), étude
des eaux; l'hydrologie [v. logique'') s'occupe spécialement
des eaux minérales.
Hydromel, mélange de miel et d'eau.
Hydrophobe, qui a l'horreur de l'eau; le composant
-phobe, d'où -phobie, se rattache au grec phobon, crainte.
Hydropique, hydropiaie, v. Hydrostatique, u. ester 6.
hydr-.
DICT. ETYM. FnANÇ.
20
306 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Ibis
Hydrothérapie, d'où hydrothérapique, traitement par
l'eau, V. thérapeutique.
Hyène, grec hualna.
Hygiène, doù hygiénique, se rattache au grec hugieia,
santé.
Hygromètre (grec hugron, humide) d'où hygrométrique,
désigne un instrument qui mesure l'humidité.
Hymen, grec humên, hyménée, humenaion.
Hymne, grec humnon.
Hyper-, préfixe, v. sur. Hypnotique, hypnotiser,
Hyperbole, v. parole i. hypnotisme, v. assouvir.
Hyperboréen, v. arctique. Hypo-, préfixe, v. sou- pré-
Hypertrophie, V. atrophie. fixe.
Hypocondriaque, grec hupokhondriakon (d'où hypo-
condrie), proprt malade des hypocondres, région placée
« sous les côtes » et qu'on croyait atteinte dans l'état de
mélancolie.
Hypocoristique, dérivé du verbe hupokorizein [koron,
enfant), traiter en enfant, en fillette, donner de petits noms
d'amitié, se dit des formes familières et affectueuses, comme
Guite pour Marguerite, etc.
Hypoeras, altération du nom du médecin Hippocrale,
qui passait pour a>ùoir inventé ce breuvage; comme c'était
un mélange, on a transformé hippocrale en hypoeras qui
signifie proprt sous-mélange, v. cratère.
Hypocrisie, hypocrite, v. Hypogée, v. terre.
critérium.
Hypostyle, proprt sous-colonne, sous un plafond que
supporte une colonnade, v. ester^.
Hypoténuse, y. tenir *, Hypothèse, hypothétique,
Hypothécaire, hypothè- u. thèse.
que, hypothéquer, v. thèse ^.
Hysope, mot d'origine hébraïque.
Hystérique, d'où hystérie, grec husterikon.
I
ïambe, d'où iambique, grec iambon.
Ibidem, v. idem.
Ibis, mot grec.
Idiome] du français. 307
Iceberg, proprt montagne de glace, anglais iceberg^ sué-
dois isberg, cf. banquise au mot banc.
Ichtyologie, ichtyophage, v. poisson.
Ici, ci. Il faut mettre à part, dans ces deux mots, l'adverbe
inséparable -i (distinct du mot indépendant i, écrit y), et le
préfixe iç-, ç-, qui vient de Tad verbe latin ecce = voici, bien
connu par la parole évangélique « ecce homo », voici
Ihomme. Le préfixe iç-, quon trouve encore dans les formes
archaïques icelle, icelui [v. celui), mais qui est généralement
réduit à ç-, renforce les adverbes et adjectifs ou pronoms
démonstratifs dans ci, çà, celle (= ç-elle), etc. Sur Tadverbe
inséparable -i, qui vient du latin hic, v. ce, pronom -.
Iconoclaste, iconographie, v. image.
Idée, grec idea (apparence, conception de Tesprit), se rat-
tache à une racine qu"on trouve d'une part dans le composant
-ide (en forme de, v. forme) et dans le mot idole, grec eidô-
lon, proprt image, de l'autre dans le verbe latin videre, v.
voir. Dérivés : idéal, d'où idéaliser, idéalisme, idéaliste;
idéologue, proprt qui étudie les idées, v. logique'^ (le mot a
pris une acception péjorative); idéographique, qui écrit
l'idée (au lieu décrire le son), v. graphie'^.
Idem, ibidem, item, mots tout latins, dans lesquels i- et
ibi' (qu"on retrouve dans alibi, v. autre^) sont différentes
formes d'un même démonstratif, qui ont le sens de <( cela,
dans cet endroit, de cette manière » [ibi a produit notre
adverbe y =^ dans cet endroit). La syllabe finale -dem ou
'iem, marque que l'objet, l'endroit ou la manière ont été
déjà indiqués. Le même démonstratif se trouve dans le latin
ipse, où il est suivi de la syllabe -pse, d'une valeur analogue
à celle de -dem. Le latin populaire *metipsimum, à désinence
superlative, qui a produit en français meïsme, même, con-
tient ipse et commence par met-, qui est une simple syllabe
de renforcement, de telle sorte que, au point de vue séman-
tique, même équivaut à peu près à idem et qu'il sert à le tra-
duire [le même).
— A idem se rattachent identité, caractère de ce qui est
le même, identique, identifier, d'où identification [v. faire"').
Idéographique, idéologue, v. idée.
Idiome, grec idiôma, génitif idiômatos (d'où idiomatique),
se rattache à l'adjectif idion, « propre, particulier ». Un
308 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Il
idiome est la langue particulière d'un peuple. Un idiot, d'où
idiotie, se particularise, se distingue des autres en mal, n'a
pas le cerveau développé comme les autres. Le substantif
idiotisme peut se rapporter soit à idiome, soit à idiot; dans
le premier cas il signifie particularité linguistique, dans le
second, c'est un synonyme dHdiotie. Sur idiosyncrasie ,
V. cratère.
Idiot, idiotie, idiotisme, v. idiome.
Idoine, latin idoneum.
Idolâtrie, pour * idololâtrie [cL tragi-comédie). Sur le pre-
mier élément, v. idée; le second est le mot grec latreia, qui
signifie service, culte. Dérivés : idolâtre, idolâtrer. Le latin
latronem (d'où larron), apparenté à latreia, a d'abord signifié
soldat mercenaire, puis brigand.
Idylle, idyllique, v. forme.
If, mot probablement celtique.
Ignare, v. connaître, C. Ignorance, ignorant, igno-
Igné, ignition, v. feu. rantin, ignorer, y. connaî-
Ignoble, y. connaître, B, 3°. tre, C.
Ignominie, ignominieux, y.
connaître, B, W.
Il, elle, latin ille, illa. Ce pronom se déclinait comme suit
en latin populaire :
Singulier masculin, nominatif *illi, français il;
datif * illui, français lui (qui s'emploie aussi après les pré-
positions);
accusatif itlum, forme française proclitique le.
Pluriel, nominatif illi, français it, puis ils;
^é/ii/i/ (devenu aussi datif) illoram, français leur(= d'eux
et à eux);
accusatif iltos, forme française proclitique les, après une
préposition els, puis eux.
— Les formes du féminin sont moins compliquées :
Singulier, nominatif et après une préposition, elle [illa),
accusa/// proclitique la [illam);
datif lui, comme au masculin;
Pluriel, nominatif et après une préposition elles {illas)\
accusa/i/ proclitique les, comme au masculin;
génitif -datif leur, comme au masculin.
— Le pronom i//c, illa, avait aussi une valeur adjective, où
Image] ou français. 309
il équivalait à ce, cette, où il était toujours proclitique, et où
il s'est conservé uniquement sous la forme de l'accusatif,
devenu cas unique : le, la au singulier; les, des deux genres,
au pluriel; c'est notre article, identique, naturellement, aux
formes correspondantes du pronom. Précédés des prépositions
de, à, en, les articles le et les se sont fondus avec elles : de le
en du, à le en au, à les en as, aux, de les en des, en les en es
(licencié es lettres).
— L'adjectif démonstratif féminin, sous la forme archaïque
illac, s'est joint à hora, et a produit lors, v. ce, pronom ^
— Le pronom ille avait aussi une forme adverbiale illac,
qui a produit là, « dans cet endroit ». Comparez les formes
adverbiales hic et hac de l'autre démonstratif latin, au mot
ce, pronom '-. L'averbe là a formé le composé delà, v. ce mot.
Ile, latin insala, d'où le dérivé savant insulaire. Le mot
péninsule est exactement l'équivalent de presqu'île, car le
préfixe pén-, qu'on a aussi dans pénultième .{v. outre),
signifie proprt : presque. Le mot isolé, qui nous vient de
l'italien, ne se rattache pas à seul, malgré le voisinage de
sens, mais à île, il équivaut à « île )> (déjà en latin insula
signifie pâté de maisons séparé des autres). Le verbe iso-
ler, d'où isolement, en dérive.
— Le mot grec nêson, qui signifie île, se trouve dans :
Péloponèse = île ou presqu'île de Pélops; Mélanésie, lies
des Noirs, v. mélancolie; Polynésie, v. multi-.
Iliaque se rattache au latin ilia, flancs, qui a produit
aussi l'espagnol ijada, français jade, nom d'une pierre qui
passait pour guérir les coliques iliaques.
I11-. Dans les mots commençant par ill-, il- n'est autre
chose que le préfixe latin in-, soit in- négatif {illégal), soit
in- au sens de « dans » ou « sur » {illuminer) ; v. en 3^.
Illégal, illégitime, v. loi. Illumination, illuminer, u.
Illettré, V. lettre. luire.
Illicite, V. loisir. Illusion, illusoire, v. alla-
Illico, V. lieu. sion.
Illimité, y. lice 5. Illustration, illustre, illus-
lUisible, v. lire i. trer, v. luire.
Illogique, v. logique.
Ilote, grec heilota.
Im-, préfixe, i". en 3°.
Image, latin imaginem, d'où imaginer, imagination,
310 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Imperfection
imaginatif, imaginaire, imaginable, inimaginable. Dérivés
français d'image : imagé, imagerie. — Le mot grec qui a le
même sens est eikona, d'où iconoclaste, briseur d images,
iconographie, description des images, des monuments
figurés {v. graphie'').
— A la famille d'imaginem se rattache sans doute le
verbe imitari, français imiter, reproduire limage de;
dérivés : imitateur, imitation, imitatif, imitable, irxmi-
table.
Imbécile, imbécillité, v. ba-
cille.
Imberbe, v. barbe.
Imbiber, v. boire.
Imbriqué, u. brique.
Imbroglio, v. brouiller.
Imbu, imbuvable, v. boire.
Imitable, imitateur, imii-
tatif, im.itation, imiter, v.
image.
Immaculé, v. maille'^.
Immanent, v. manoir 'K
Immangeable, v. manger.
Immanquable, v. manchot.
Immatériel, v. matière.
Immatriculation, immatri-
culer, V. mère.
Immédiat, v. mi, adjectif 2.
Immémorial, i'. mémoire.
Immense, immensité, v.
mesure.
Immerger, immersion, v.
émerger.
Immérité, v. mérite.
Immeuble, v. mouvoir ^.
Immigration, immigrer, v.
migration.
Imminence, imminent, v.
éminence.
Immiscer , immixtion , v.
mêler.
Immobile, immobilier, im-
mobiliser, immobilité, v. mou-
voir^.
Immodéré, immodeste, im-
modestie, V. mode^.
Immolation, immoler, u.
moudre *.
Immonde, immondice, v.
monde.
Immoral, immoralité, v.
mœurs.
Immortaliser , immorta-
lité, immortel, v. mort.
Immuable, immutabilité,
V. muer.
Immunité, v. commun.
Impair, v. pair i.
Impalpable, v. palper.
Impardonnable , v. dé à
jouer ^ .
Imparfait, v. faire ^.
Imparité, v. pair i.
Impartial, impartialité, v.
part 1, A.
Impartir, v. part /, B.
Impasse, v. pas.
Impassibilité, impassible,
impatience, impatient, im-
patienter, V. pâtir ^.
Impatroniser, v. père.
Impayable, impayé, v.
pacte^.
Impeccabilité, impeccable,
V. pécher.
Impénétrabilité , impéné-
trable, impénitence, impéni-
tent, V. pénates.
Impératif, impératrice, v.
empire.
Imperceptible, v. capable 2.
Imperfectible , imperfec-
tion, V. faire 6.
Inachevé]
DU FRANÇAIS.
311
Impérial, impérialiste, im-
périeux, V. empire.
Impérissable, v. errer 2, A.
Impéritie, i'. expérience.
Imperméable, v. méat.
Impersonnalité, imperson-
nel, V. personne.
Impertinence , imperti-
nent, V. tenir 2.
Imperturbable, v. tourbe 2.
Impétrant, v. père.
Impéiuevix. impétuosité, v.
pétition 1.
Impie, impiété, impitoya-
ble, V. pie, adjectif.
Implacable, v. plaire.
Implanter, v. plante.
Implicite , impliquer , v.
plier 1.
Implorer, v. pleurer.
Imprégner, latin imprœgnare, féconder.
Impoli, impolitesse, l'.po/tr.
Impolitique, v. police 1.
Impondérable, v. pendre-.
Impopulaire, impopularité,
V. peuple.
Importance, importateur,
importation, importer, im-
portun, importuner, impor-
tunité, V. port.
Imposable, imposant, im-
poser, imposition, u. site'^.
Impossibilité, impossible,
V. pouvoir.
Imposte, imposteur, inipos-
ture, impôt, v. site 3.
Impotence, impotent, v.
pouvoir.
Impraticable, v. pratique.
Imprécation, v. prier.
Imprenable, imprésario, v.
prendre.
Imprescriptible, v. écrire.
Impression, impressionna-
ble, impressionner, impres
sionniste, v. près.
Imprévoyance, imprévo-
yant, imprévu, v. voir ^.
Imprimer, imprimerie, im-
primeur, V. près.
Improbable, improbation,
improbité, v. probe.
Improductif, v. duire *.
Impromptu, v. exempt i.
Impropre, impropriété, v.
propre.
Improuver, v. probe.
Improvisateur, improvisa-
tion, improviser, improviste,
imprudence, imprudent, v.
voir '*.
Impudence, impudent, im-
pudeur, impudicité, impudi-
que, V. pudeur.
Impuissance, impuissant,
V. pouvoir.
Impulsif . impulsion , i'.
pouls .
Impunément, impuni, im-
punité, V. peine.
Impur, impureté, v. pur.
Imputable , imputation ,
imputer, v. conter'^.
In, préposition devant un mot français dans in-douze,
in-dix-huit (plié en douze, en dix-huit feuillets); cette forme
latine de la préposition en a été empruntée aux expressions
toutes latines in-quarto, in-octavo.
In-, préfixe, i'. en 3°. Inaccessible, i'. céder 3.
Inabordable, v. bord. Inaccoutumé, v. coutume
Inacceptable, v. capable-. Inachevé, y. cap^.
312
DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Incompatible
Inactif, V. agir 3.
Inaction, v. agir^.
Inactivité, v. agir^.
Inadmissible^ u. mettre 2.
Inadvertance, u. vers '*■.
Inaliénabilité, inaliénable,
u. autre-.
Inaltérabilité, Inaltérable,
V. autre 1.
Inamovibilité, inamovible,
V. mouvoir 2,
Inanimé, v. âme.
Inanité, inanition, se rattachent au latin iiianem, vide,
vain.
Inaperçu, v. capable^.
Inappétence, v. pétition 2.
Inapplicable, v. plier ^.
Inappréciable, u. prix.
Inaptitude, v. apte^.
Inarticulé, v. art.
Inassouvi, v, assouvir.
Inattaquable, v. attacher.
Inattendu, inattentif, inat-
tention, V. tenir '^.
Inaugural, inauguration,
inaugurer, v. oiseau 3.
Inavouable, v. vœu.
Incalculable, v. chaux.
Incandescence , incandes-
cent, V. candeur.
Incantation, v. chant i.
Incapable, incapacité, v.
capable 1.
Incarcération, incarcérer,
V. chartre 2.
Incarnadin, incarnat, in-
carnation, incarner, v. chair.
Incartade, origine incon-
nue.
Incendiaire, incendie, in-
cendier, v. candide.
Incertain, incertitude, v.
certain 1.
Incessamment, incessant,
incessible, v. céder 1.
Inceste , incestueux , v .
chaste.
Inchoatif se rattache au verbe inchôare, commencer;
se dit d'une catégorie de verbes latins qui exprimaient un
commencement d'action, et des verbes français qui en déri-
vent.
Incidence, Incident, u.
choir -.
Incinération, incinérer, u.
cendre.
Incipit, y. capable 2.
Incise, inciser, incisif, in-
cision, V. césure.
Incitation, inciter, v, citer.
Incivil, incivilité, v. civil.
Inclémence, inclément, v,
cligner 2.
Inclinaison , inclination,
incliner, v. cligner *.
Inclus, V. clou 3.
Incoercible, v. coercitif.
Incognito, v. connaître.
Incohérence , incohérent ,
V, adhérer.
Incolore, v couleur.
Incomber, v. couver.
Incombustible, v. brûler.
Incommensurable , v. me-
sure.
Incommode, incommoder,
incommodité, v. mode'\
Incomparable, v. pair^.
Incompatibilité, incompa-
tible, V. pdUr.
Indigence]
DU FRANÇAIS.
313
Incompétence , incompé-
tent, V. pétition ~.
Incomplet, i'. plein.
Incompréhensible, v. pren-
dre.
Incompressible, v. près.
Incompris, v. prendre.
Inconcevable, u. capable 2.
Inconciliable, v. calendes ^.
Inconduite, v. duire ^.
Incongru, incongruité, v.
congru.
Inconnaissable , inconnu ,
u. connaître.
Inconscience, inconscient,
V. savoir.
Inconséquence , inconsé-
quent, i'. suivre '^.
Inconsidéré, i'. sidéral.
Inconsistance , inconsis-
tant, V. ester 2.
Inconsolable, i'. souloir.
Inconstance, inconstant, v.
ester -.
Inconstitutionnel, v. ester ^.
Incontestable, incontesté,
V. témoin '-.
Incontinence, incontinent,
V. tenir -.
Inconvenance , inconve-
nant, inconvénient, v. venir.
Incorporation, incorporer,
V. corps.
Incorrect, incorrection, in-
corrigible, i'. régir ^.
Incorruptibilité, incorrup-
tible, V. rompre.
Incrédule, incrédulité, v.
croire.
Incriminer, v. crime.
Incroyable, incroyant, v.
croire.
Incrustation, incruster, i'.
croiite.
Incubation, incube, v. cou-
ver.
Inculpation, inculper, v.
coupable.
Inculquer, v. chausse.
Inculte, u. colon.
Incunable (du latin incunabiila, berceau), livre dont l'im-
pression remonte au « berceau » de limprimerie.
Incurable, v. cure^.
Incurie, v. cure'^.
Incursion, v. courir.
Indécence, indécent, u. dé-
cent.
Indéchiffrable, u. chiffre.
Indécis, indécisibn, v. cé-
sure.
Indéclinable, v. cligner^.
Indécrottable, v. crotte.
Indéfectible, v. faire ^.
Indéfendable, v. défendre.
Indéfini, indéfinissable, v.
fin.
Indélébile, v. deleatur.
Indélicat, indélicatesse, v.
allécher.
Indemne, indemniser, in-
demnité, V. dam.
Indéniable, i'. ne.
Indépendance , indépen-
dant, v. pendre^.
Indéracinable, v. raifort.
In«lescriptible, v. écrire.
Indestructible, v. structure.
Indéterminé, v. terme.
Index, indicateur, indica-
tif, indication, indice, indi-
cible, indiction, v. dire'-.
Indifférence , indifférent ,
V. ojjrir^.
Indigence, latin indigentia, indigent, indigentem.
314
DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE
[Infatué
Indigène, v. génital 5.
Indigeste, indigestion, u.
gérer 2.
Indigo, mot espagnol qui signifie indien.
Indignation, indigne, indi-
gner, indignité, v. digne.
Indiquer, v. dire^.
Indirect, v. régir ^.
Indiscipline, indiscipliné,
V. disciple.
Indiscret, indiscrétion, v.
certain 2.
Indiscutable, v. casser^.
Indispensable, v. pendre 2.
Indisponible, indisposer,
indisposition, v. site^.
Indissolubilité , indissolu-
ble, V. soluble.
Indistinct, v. stimuler.
Individu , individualiser ,
individualité, individuel, in-
divis, indivisibilité, indivi-
sible, indivision, v. veuf.
In-dix-huit, v. in, préposi-
tion.
Indocile, indocilité, v. docte.
Indolence, indolent, v. dou-
leur.
Indomptable, indompté, v.
dompter.
In-douze, v. in, préposition.
Indu, V. avoir ^.
Indubitable, v. deux 2.
Inductif , induction , In-
duire, V. duire 3.
Indulgence, latin indulgentia, indulgent, indalgentem,
du verbe indulgere, supin indultiim (français ecclésiastique
induit).
Induration, indurer, v. dur.
Industrie, industriel, in-
dustrieux, v. structure.
Inébranlable, v. brand.
Inédit, V. dé à jouer "2.
Ineffable, u. affable i.
Ineffaçable, v. face.
Inefficace, inefficacité, v.
faire ^.
Inégal, inégalité, v. équité.
Inélégance, inélégant, iné-
ligible, V. lire'^.
Inéluctable, v. lutter.
Inénarrable, t'. connaître, C.
Inepte, ineptie, v. apte^.
Inépuisable, v. puits.
Inerte, inertie, v. art.
Inespérable, inespéré, v.
espérer.
Inestimable, v. airain.
Inévitable, v. éviter.
Inexact, inexactitude, v.
agir '*.
Inexcusable, v. chose.
Inexécution, v. suivre 2.
Inexorable, v. oral.
Inexpérience , inexpéri-
menté, V. expérience.
Inexpiable, v. pic, adjeclif.
Inexplicable , inexpliqué,
V. plier 1.
Inexploré, v. pleurer.
Inexprimable, v. près.
Inexpugnable, v. poing.
In eJttenso, v. tenir '►.
Inextinguible, v. stimuler.
In extremis, v. é-'-.
Inextricable, v. intrigue.
Infaillibilité, infaillible, v.
faillir 1.
Infamant, infâme, infamie,
V. affable'*.
Infant, infanterie, infan-
ticide, infantile, v. affable -K
Infatigable, v. fatiguer.
Infatuation, infatué, v. fat.
In partibus]
DU FRANÇAIS.
3i5
Infect, infecter, infectieux,
infection, v. faire ■^.
Inféodé, V. fief.
Inférer, v. offrir 2.
Inférieur, infériorité, in-
fernal, t'. enfer.
Infester, v. défendre.
Infidèle, infidélité, u. foi.
Infiltration, infiltrer (s'),
V. feutre.
Infinie, v. enfer.
Infini, infinité, infinitési-
mal, infinitif, v. fin.
Infirme , infirmer , infir-
merie, infirmier, infirmité,
V. ferme.
Inflammable , inflamma-
tion, inflammatoire, v. fla-
grant.
Infléchir, v. fléchir.
Inflexibilité, inflexible, in-
flexion, V. flexion.
Infliger, v. affliger.
Influence, influencer, in-
fluent, influenza, influer, in-
flux, V. fleuve.
In-folio, V. feuille.
Information, informe, in-
former, V. forme.
Infortune, infortuné, v. for-
tune.
Infraction, v. fraction 2.
Infranchissable, v. franc.
Infructueux, v. fruit.
Inf us , infuser , infusion,
infusoire, v. fondre.
Ingambe, v. jambe.
Ingénier (s'), ingénieur, in-
génieux, ingéniosité, ingénu,
ingénuité, v. génital 'K
Ingérence, ingérer, inges-
tion, i'. gérer ^.
Ingrat, ingratitude, v. gré.
Ingrédient, v. grade.
Inguérissable, v. guérir.
Inguinal, v. aine.
Ingurgiter, u. gorge.
Inhabile, i'. avoir ^.
Inhabitable, inhabité, v.
avoir 3.
Inhalation, v. haleine.
Inhérent, v. adhérer.
Inhospitalier, i'. hôte.
Inhumain, inhumanité, v.
homme.
Inhumation, inhumer, v.
terre.
Inimagi-nable, inimitable,
V. image.
Inimitié, v. aimer.
Inintelligence', inintelli-
gent, inintelligible, v. lire'*.
Ininterrompu, v. rompre.
Inique, iniquité, v. équité.
Initial, initiateur, initia-
tion, initiative, initier, v.
errer 2, B.
Injecter, injection, v. jeter-.
Injonction, v. joindre *.
Injure, injurier, injurieux,
injuste, injustice, injustifia-
ble, i'. jurer-.
Inné, V. naître.
Innocence, innocent, inno-
center, innocuité, v. nuire.
Innombrable, u. nombre.
Innomé, v. connaître, D, 't''.
Innovateur, innovation, in-
nover, V. neuf, adjectif.
Inobservance, v. serf^.
Inoccupé, V. capable 3.
In-octavo, v. huit.
Inoculation , inoculer , v.
œil.
Inodore, v. odeur.
Inoffensif, v. défendre.
Inondation, inonder, v.
onde.
Inopiné, v. opiner.
Inopportun, v. port.
Inorganique, v. orgue.
Inouï, V. oreille.
In pace, v. pacte 1.
In partibus, v. part 1, A.
316
DICTIONiNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Intelligible
In petto, V. pis, substantif.
Inqualifiable, v. quel.
Inquiet, inquiéter, inquié-
tude, V. coi.
Inquisiteur, inquisition, in-
quisitori.al, v. quérir.
Insaisissable, v. saisir.
Insalubre, insalubrité, v.
sauf.
Insanité, v. sain.
Insatiabilité, insatiable, v.
asse::.
Insciemment, v. savoir.
Inscription , inscrire , v.
écrire.
Insécable, insecte, insecti-
cide, insectivore, v. scier.
Insécurité, v. cure^.
In-seize, v. in, préposition.
Insensé, insensibilité, in-
sensible, V. sentir.
Inséparable, v. pair^.
Insérer, insertion, v. série.
Insidieux, v. seoir 3.
Insigne, insignifiant, u.
seing.
Insinuant, insinuation, in-
nuer, v. sein.
Insipide, insipidité, v. sa-
voir.
Insistance, insister, u.
■ester 2.
Insociable, v. suivre ^.
Insolation, v. soleil.
Insolence, insolent, inso-
lite, V. souloir.
Insoluble , insolvabilité ,
insolvable, v. soluble.
Insomnie, v. assouvir.
Insondable, v. sonde.
Insouciance , insouciant ,
insoucieux, v. citer.
Insoumis, v. mettre'^.
Insoutenable, v. tenir 2.
Inspecter, inspecteur, ins-
pection, V. épice-^.
Inspirateur , inspiration ,
inspirer, v. esprit.
Instabilité , instable , v.
estera.
Installation, installer, v.
stalle.
Instance, instant, instan-
tané, instantanéité, u. estera.
Instar, mot tout latin, qui signifie modèle.
Instigateur, instigation,
instinct, instinctif, v. stimu-
ler.
Instituer, institut, institu-
teur, institution, v. ester ^.
Instructeur, instructif, ins-
truction, instruire, instru-
ment, instrumental, instru-
mentation , instrumenter ,
instrumentiste, v. structure.
Insubmersible, v, émerger.
Insubordination, insubor-
donné, V. ordre.
Insuccès, V. céder 'K
Insuffisance, insuffisant, v.
faire ^.
Insuffler, v. enfler.
Insulaire, v. île.
Insultant, insulte, insulter,
insulteur, v. saillir.
Insupportable, v. port.
Insurger (s'), v. régir^.
Insurmontable, v. mont.
Insurrection, insurrection-
nel, V. régir 6.
Intact, intangible, v. tan
gent 1.
Intarissable, v. tarir.
Intégral, intégrant, intè-
gre, intégrité, v. tangent '.
Intellect, intellectuel, in-
telligence, intelligent, intel-
ligible, V. lire *.
Intestinal
DU FRANÇAIS.
31-
Intempérance, intempérie,
)'. temps 2.
Intempestif, v. temps ^.
Intenable, v. tenir ^.
Intendance, intendant, in-
tense, intensif, intensité, in-
tenter, intention, intention-
né, intentionnel, v. tenir *.
Inter-, préfixe, v. en, B.
Intercalaire, intercalation ,
intercaler, v. calendes i.
Intercéder, u. céder 3.
Intercepter, interception,
V. capable^^.
Intercesseur, intercession,
V. céder 3.
Interchangeable , inter-
changer, V. changer.
Intercostal, v. côte.
Interdiction, interdire, in-
terdit, V. dire '-.
Intéressant, intéresser, in-
térêt, V. étre^.
Interfolier, v. feuille.
Intérieur, intérim, intéri-
maire, V. en, B.
Interjection, interjeter, v.
jeter 2.
Interligne, interligner, in-
terlinéaire, V. lin.
Interlocuteur , interlocu-
toire, V. location.
Interlope, anglais interloper, proprt qui court entre, qui
se glisse entre, s'est dit d'abord des bateaux fraudeurs.
Interloquer, v. locutioji.
Intermède, intermédiaire,
V. mi, adjectif 3.
Interminable, v. terme.
Intermittence, v. mettre^.
Internat, v. en, B.
International, v. naître.
Interne, internement, in-
terner, V. en, B.
Internonce, v. neuf, adj .
Interpellation, interpeller,
V. pouls.
Interpoler, d'où interpolation, latin interpolare, inter-
caler.
Interposer, interposition,
V. site 3.
Interprétatif , interpréta-
tion, interprète, interpréter,
V. prix.
Interrègne, v. régir ^.
Interrogateur, interroga-
tif, interrogation, interroga-
toire, interroger, v. rogations.
Interrompre, interrupteur,
interruption, v. rompre.
Intersection, v. scier.
Interstice, v. estera.
Interurbain, v. civil.
Intervalle se rattache au latin vallam, masculin, « pieu »,
ou valliim, neutre, « fortification », et a dû signifier à l'ori-
gine : espace qu'il y a entre deux pieux, ou fortification
coupée par des espaces, puis espace entre deux objets. A la
même racine se rattache circonvallation, retranchements
qui entourent une place.
Intervenir, intervention,
V. venir.
Interversion, intervertir,
V. vers *•,
Intervie^w, interviewer, v.
voir'»-.
Intestat, u. témoin^.
Intestin, intestinal ,v.en,A.
318
DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE
[Iota
Intimation, intime, inti-
mer, 11. en, B.
Intimider, v. craindre.
Intimité, v. en, B.
Intituler, v. titre.
Intolérable , intolérance ,
intolérant, v. tolérer.
Intonation, v. ton.
Intoxication, intoxiquer, v.
toxique.
Intraduisible, v. duire *.
Intraitable, v. traire^.
In transitif, v. errer 2, A.
In-trente-deux, v. in, pré-
position.
Intrépide, intrépidité, v.
trépidation.
Intriguer, le substantif verbal intrigue et l'adjectif
verbal intrigant, sont des formes italiennes qui se ratta-
chent au latin tricas, embarras, difficultés; autre composé :
inextricable.
Intrinsèque, v. en, A.
Introducteur, introductif,
introduction, introduire, u.
daire'* et en, B.
Introït, V. errer 2, B.
Intronisation , introniser ,
V, trône.
Introuvable, v. trope.
Intrus, d'où intrusion, latin intrusum, proprt poussé
dans, et abstrus, éloigné, au figuré « obscur ».
Intuitif, intuition, u. tutelle. Inverse, inversion, u. vers '►.
Inusable, inusité, inutile,
inutilité, v. us.
Invalidation, invalide, in-
valider, invalidité, v. valoir.
Invariabilité, invariable, v.
vair.
Invasion, v. envahir.
Invective, invectiver, v.
voie 1.
Inventaire, inventer, in-
venteur, inventif, invention,
inventorier, v. venir.
Invertébré, v. vers •^.
Invertir, v. vers *.
Investigateur, investiga-
tion, V. vestige.
Investir, investissement,
investiture, v. veste.
Invétéré, v. vieux.
Invincible, v. vaincre.
Inviolabilité, inviolable, v.
viol.
Invisibilité, invisible, v.
voir'^.
Inversable, v. vers'^.
Inviter^ latin invitare, subst. verbal invite, dérivé :
invitation, cf. convier au mot vivre. Le vieux français avait
le doublet populaire envier, inviter, provoquer, rivaliser,
d'où à l'envi, en rivalisant, à qui mieux mieux.
Invocation, v. voix. Invraisemblable, invrai-
Involontaire, V. vouloir. semblance, v. voire.
Invoquer, v. voix. Invulnérable, v. vulnérable.
Iode, d'où iodé, iodure, etc., grec iôdên, violet, les
vapeurs d'iode étant de couleur violette. V. violette.
Iota, nom grec de la lettre la plus menue de l'alphabet, i.
Issue] DU FRANÇAIS. 319
Ipécacuana, abrégé en ipéca, mot d'origine américaine.
Ire, colère, latin ira; dérivé : irascible.
Iris, d"où irisé, est un mot grec dont laccusatif était
irida, doù iridium; iris est le nom de larcen-ciel, et, par
figure, celui de la partie colorée de Tœil et d'une fleur d'un
bleu violacé.
Ironie, d'où ironique, du grec eirôneia, dont le sens
propre est : interrogation, ou feinte.
Irr-; dans la plupart des mots commençant par irr-, ir-
n'est autre chose que le préfixe latin in-, soit in- négatif
[irrésistible), soit in- au sens de <■<■ dans » ou « sur » [irri-
guer), V. en 3"^.
In^diation, irradier, v. rai. Irrémédiable, v. médical.
Irraisonné, irrationnel, v. Irrémissible, v. mettre '^.
raison. Irréparable, v. pair 3.
Irréalisable, v. rien. Irrépréhensible, u. prendre.
Irréconciliable, y. caie/idesi. Irrépressible, v. près.
Irrécouvrable, v. capable 3. Irréprochable, v. proche.
Irrécusable, v. chose. Irrésistible, y. ester-.
Irréductible, v. duire *. Irrésolu, v. soluble.
Irréfléchi, y. flexion. Irrespectueux, y, épice 3.
Irréfragable, y. fraction 2. Irrespirable, y. esprit.
Irréfutable, y. fondre. Irresponsable, y. époux.
Irrégularité, irrégulier, y. Irrévérence, irrévéren-
régir 3. cieux, y, vergogne.
Irréligieux, irréligion, y. Irrévocable, y. voix,
lire *.
Irriguer, doù irrigable, irrigation, irrigateur, vient
d'un composé du latin vigare, verser de l'eau, cf. rigole; il
y avait en latin populaire un substantif verbal riga, qui a
produit raie 2, v. ce mot.
Irriter, d'où irritable, irritation, latin irrilare.
Irruption, y. rompre.
Isabelle, nom propre d'origine hébraïque (Jézabel) et
nom de couleur; l'anecdote relative à la princesse Isabelle,
fille de Philippe II, est douteuse.
Isard, mot gascon d'origine douteuse.
Isocèle, grec ison, égal, et skelos, jambe.
Isochrone, isochronisme. Isotherme, v. isocèle et ther-
V. chronique et isocèle. mes.
Isolé, isolement, isoler, v. Issu, issue, y. errer 2 B
île.
320 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Jaillir
Isthme grec isthmon, passage étroit, cf. détroit au mot
étreindre '-.
Item, V. idem.
Itératif se rattache au verbe latin iterare, recommencer,
d'où réitérer.
Ithos, V. mœurs. Itinéraire, u. errer 2.
Ivoire se rattache au latin ehur, génitif eboris.
Ivre, latin ebriiim, d'où ébriété. Dérivés : ivresse;
ivraie, plante qui produit une sorte d'ivresse; ivrogne, d'où
ivrognerie. Composé : enivrer, d'où enivrement. Ebrium,
précédé du préfixe négatif se-, a produit sobrium, d'où en
français le mot savant sobre et le dérivé sobriété.
Jabot, d'où jaboter, jaboteur, origine inconnue.
Jacasser, d'où jacasse, jacasserie, semble formé sur le
prénom Jacques, avec une idée péjorative.
Jachère, origine inconnue.
Jacinthe, grec huakinthon, nom de plante attribué aussi
à une pierre précieuse; même mot que le nom propre Hya-
cinthe (héros dont le sang, dans les récits mythologiques,
donna naissance à la fleur).
Jacobin, adjectif fait sur la forme latine, Jacobum, du
nom propre Jacques. Les dominicains de Paris {v. dome^)
étaient appelés Jacobins parce que leur couvent était situé
rue St-Jacques, et ce nom a passé aux révolutionnaires dont
les réunions se tenaient dans le couvent, dérivé jacobi-
nisme. Sur la forme dialectale Jacme a été fait le dérivé
Jaquemart, v. noms propres (Mots tirés de). Jaquette, nom
de vêtement, et jaquet, nom de jeu, semblent être aussi des
dérivés du prénom Jacques; ci. jacasser et le nom historique
Jacquerie. Cf. aussi jockey.
Jactance, jaculatoire, v. Jade, v. iliaque,
jeter. ' Jadis, v. déjà.
Jaguar, origine brésilienne.
Jaillir, d'où jaillissement, rejaillir, rejaillissement, est
Javel] DU FRANÇAIS. 321
d'origine inconnue; des raisons phonétiques empêchent de
le rapprocher du xerhe jeter.
Jais se rattache au grec gagatên.
Jalon, doù jalonner, jalonnement, origine inconnue.
Jalouser, jalousie, jaloux, Jamais, v. mais.
V. zèle.
Jambe, du latin populaire gamba (jarret), qui parait être
le grec kampê, courbure. Dérivés : jambette; jambon, d'où
jambonneau, petit jambon; jambière; jambage, nom donné
par figure à des objets verticaux peu larges qui vont ordinai-
rement par deux; peut être aussi jante. Composé : enjamber,
d'où enjambée, enjambement. Dérivés et composés empruntés
à l'italien : gambade, d'où gambader; ingambe, proprt sur
ses jambes.
— Pour exprimer l'idée de jambe, le latin classique avait
le mot crus, génitif cruris, d'où notre adjectif crural.
Janissaire, d'une expression turque qui signifie nouvelle
milice.
Jante, v. jambe.
Janvier, latin januarium, mois de Janus.
Japper, d où jappeur, jappement, onomatopée.
Jaquemart, jaquetjjaquet- ner, jardinet, jardinier, u.
te, V. jacobin. horticulteur.
Jardin, jardinage, jardi- Jargon, d'où jargonner, ori-
gine inconnue.
Jarre, mot arabe qui nous vient du provençal.
Jarret, d'où jarretière, origine celtique.
Jars, origine inconnue. Jaser, d'où jaseur, origine
inconnue.
Jasmin, mot persan.
Jaspe, d'où jasper, jaspure, grec iaspida; diaprer semble
se rattacher à une altération de la forme latine de iaspida.
Jatte, doublet de joue (d'où bajoue, v. bis, et joufflu, avec
une sorte d'harmonie imitative), vient du latin gabata,
écuelle; la joue a été comparée à une écuelle.
Jauge, d'où jauger, origine incertaine.
Jaune, d'où jaunet, jaunâtre, jaunisse, jaunir, latin gal-
binum.
Javel, quartier de Paris où l'on fabriquait l'eau dite
aujourd'hui « de Javel ».
DICT. ÉTYM. FRANC. 21
322 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Jeter
Javelle, mot d'orig-ine probablement celtique; même pro-
babilité pour javelot, d'où javeline.
Je, latin ego, apparenté à l'allemand ich et à l'anglais /.
Ego est devenu eo, puis io, jo, je. Sur ego ont été faits les
mots savants égoïsme (aussi égoïste), et égotisme; ce der-
nier nous vient d'Angleterre avec la signification particulière
de « disposition à parler de soi », tandis qu'on a attribué à
la forme égoïsme le sens de disposition à tout rapporter à soi.
Jérémiade, u. noms propres (Mots tirés de).
Jésuite (d'où jésuitique, jésuitisme), appartenant à l'ordre
de Jésus, fondé au xvi*^' siècle.
Jeter se rattache au verbe latin jacere (d'où jaculatoire),
supin jac/wm.
1. Du supin vient le nouveau verbe jacfare, d'où jactance,
disposition à u jeter » de la poudre aux yeux, ostentation
dans les propos. C'est de jactare, altéré en *jettare, que vient
notre verbe je/er. Substantif verbal jet. Substantif participial
jetée, action de jeter, et pierres jetées à l'entrée d'un port.
Dérivé : jeton, sorte de pièce qu'on « jette » pour marquer le
gain au jeu, etc. Composés : déjeter, jeter hors de sa posi-
tion normale; surjeter (d'où surjet), proprt jeter sur,
exprime un point particulier de couture; rejeter (d'où rejet),
jeter en retour, ou à une autre place, — le sens possible de
« jeter de nouveau » explique le dérivé rejeton.
2. Les composés latins de jacere étaient en -jicere, supin
-jectum. De là : abject, proprt jeté loin (c'est une des valeurs
de rejeté), méprisé, d'où méprisable; abjection, état de ce
qui est abject; adjectif, mot qu'on « jette auprès » du nom;
conjecture (d'où conjecturer, conjectural), proprt action de
jeter ensemble, au sens très spécial de réunir les éléments
d'une question à résoudre; déjection, rejet de matières;
injection et injecter, action de jeter dans; interjection,
exclamation jetée au milieu du discours; interjeter (au lieu
dHnterjccter, d'après j'^/er), jeter en quelque sorte un appel
au milieu de la procédure; objection et objecter, action de
jeter en face, d'opposer un argument ; objet, jadis object,
chose devant laquelle on se place; objectif, qui concerne
l'objet (d'où objectivité) ou qui est tourné vers l'objet; pro-
jection, proprl action de jeter en av.iul ; projectile, ce qu'on
jette en avant; projeter (d'où projet), — au lieu de projecter.
d'après je/er, — mettre une idée en avant; sujet (jadis siib-
Jeune] DU FRANÇAIS. 323
jecl), celui qui est jeté ou placé sous, soumis à (de là : sujé-
tion), ou bien ce qui est sous une chose, la matière ou la
cause (l'une action, la matière dune opération de l'esprit,
le mot qui exprime l'agent d'une action, une personne
considérée comme matière d'observation, d'où « c'est un sujet
distingué » en parlant d'un homme; subjectif (d'où subjec-
tivité), qui se rapporte, dans l'expression de la pensée, au
sujet pensant; trajet (jadis trajecl), proprt action de se jeter
au delà, d'aller d'un point à un autre; trajectoire, ligne de
trajet.
— Il y avait en latin un autre verbe jacere, qui se pro-
nonçait différemment, avec l'accent sur la seconde syllabe,
et qui exprimait l'état d'un objet jeté, d'une chose ou d'une
personne étendue, c'est notre verbe gésir, v. ce mot.
Jeu (d'où enjeu, ce qu'on met au jeu), lai'xnjocum. Dérivé :
jouer, d'où jouet, joujou, joueur, jouable, et les composés :
enjoué (d'où enjouement), qui se fait un jeu des choses;
déjouer, déranger le jeu d'une combinaison. Sur jouer s'est
aussi formé joel, aujourd'hui joyau, dérivé joailler. d'où
joaillerie.
— Un verbe latin dérivé de jociim avec un suffixe dimi-
nutif a engendré le substantif jongleur, aujourd'hui jon-
gleur, d'après lequel on a fait jonglerie et jongler; le jon
gleur de jadis était un « amuseur » au sens le plus général
et parfois le plus élevé du mot.
— A côté de jocum, les Latins avaient un autre mot,
ladum, pour exprimer l'idée de jeu, v. allusion.
Jeudi, V. jour.
Jeun (à), jeûner (d où jeûneur), se rattachent aux mots
latins jejunium, jejunare. Jeûne est le substantif verbal de
jeûner. Quant au composé déjeuner (formé avec le préfixe
dé-, latin dis-), suivant une ingénieuse hypothèse de Gaston
Paris, on l'aurait conjugué je déjeune, tu déjeunes, il déjeune,
nous dinons, vous dînez, ils déjeunent; puis chacun des deux
radicaux aurait donné naissance à un verbe particulier avec
acception spéciale. On conjuguait de même, très régulière-
ment, il mandue (plus tard il manjue), nous mangeons, vous
mangez, ils manduent, mais ici l'un des deux radicaux a sim-
plement prévalu sur l'autre, sans qu'il y ait eu dédoublement.
Dérivé de dîner : l'adjectif dînatoire.
Jeune, d'où jeunet, jeunesse, rajeunir, rajeunissement,
324 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Joindre
vient du latin juvenem, d'où le mot savant juvénile. Le
comparatif de J«ue/iem,jffmior, a produitjomdre, puis gindre,
qui a d"abord signifié jeune garçon, puis garçon boulanger
(appelé gindre, dit Ménage, parce qu'il épouse généralement
la fille de son patron !) Une forme diminutive a produit jou-
venceau, d'après lequel le vieux français jouvente, latin
Javeiita, a été changé en jouvence : dame de jouvence, la fon-
taine fabuleuse de Jouvence. Un autre dérivé, junicem pour
*juvenicem, a produit génisse, jeune vache.
Joaillerie, joailler, v. jeu. Jobard, d'oùjobarderie, ori-
gine inconnue.
Jockey, mot anglais, diminutif du prénom Jack. V.
Jacobin.
Jocrisse vient du nom donné à un personnage comique.
Joie, V. jouir.
Joindre, laiinjungere, su^pin junctum.
1. Substantif participial joint, d'où jointoyer. Dérivés :
jointure et le mot savant jonction. Composés : adjoindre,
d'où adjoint, adjonction; conjoindre, doù conjungo, mot
tout latin qui signifie « j'unis », conjoint, conjonction, con-
jonctive (membrane qui joint l'œil aux paupières, dérivé :
conjonctivite), conjoncture, réunion dé circonstances; dis-
joindre, doù disjonction; enjoindre, proprt joindre à, d'où
imposer, dérivé savant : injonction; rejoindre; subjonctif,
mode de l'action jointe et subordonnée à une autre.
2. A la même famille se rattache le mot jugum, français
joug. Composés savants : conjuguer, proprement unir
ensemble, d'où conjugaison; conjugal, cf. plus haut conjoint',
subjuguer. Un quadrige est « attelé » à quatre. Jumentum,
français jument, a d'abord signifié attelage, puis bête de
somme, enfin femelle du cheval. Le mot grec qui correspond
au latin jtz^Mm est zugon, d'où le mot savant syzygie (préfixe
sun-, V. syn-) qui équivaut à conjonction.
3. Le dérivé ju^«/«m, d'où jugulaire et juguler (égorger)
signifie jointure du cou.
4. La préposition latine jaxta signifie « joint à ». Elle a
formé le verbe jouter (d'où joute, jouteur), proprt se joindre,
en venir aux mains; le composé ajouter nous ramène à la
signification du verbe adjoindre (v. plus haut), formé direc-
tement sur joindre. Surcomposé: surajouter.
Jour] DU FRANÇAIS. 325
Joli, jadis jofi/, mot d'origine germanique, composé : enjo-
liver
Jonc, latin juncum, dérivé : joncher (proprt couvrir de
jonc), d'où jonchée, jonchet; diminutif espagnol jonquille,
nom de fleur.
Jonction, u. joindre i. Jongler, jonglerie, jon-
gleur, V. jeu.
Jonque, mot chinois.
Jonquille, v. jonc. Jouer, jouet, joueur, v.jeu.
Jouable, v. jeu. Joufflu, v. jatte.
Joubarbe, v. dieu 3. Joug, v. joindre'^.
Joue, V. jatte.
Jouir se rattache au latin gaudere, dont le dérivé gaudium
a produit joie, d'où joyeux. Doublet savant de jouir : se
gaudir, d'où gaudriole. Dérivés : jouissance, jouisseur.
Composé : réjouir (doù réjouissance), qui a d'abord eu le
sens intransitif de « être joyeux », d'où « rendre joyeux ».
Jour, d'abord jor/i, est le doublet de diurne. 11 s'est sub-
stitué au vieux mot di (sur lequel v. ci-dessous), dont il était
en latin le dérivé adjectif comme nocturne est le dérivé
adjectif de nuit, et il a formé à son tour le substantif journée
(comp. an et année) et deux adjectifs : i° journel conservé
dans l'adverbe journellement; 2° journal, variante de
journel, sur lequel s'est greffé un nouvel adjectif, journa-
lier, et qui est devenu substantif au sens de publication
quotidienne, doù journalisme et journaliste. Composés :
ajouré; ajourner, remettre à un autre jour, d'où ajourne-
ment; séjourner, rester quelques jours, d'où séjour (préfixe
sub-).
— Le vieux substantif dl ou le latin diem {v. dieu^), repré-
sentés par le j initial de jour, sont mieux reconnaissables
dans les mots suivants : diurne ; triduum, cérémonies qui
durent trois jours ; quotidien, de chaque jour, v. cote ; méri-
dien, méridional {v. mi-^), où le soleil passe ou que le soleil
éclaire particulièrement au miii^n du jour; midi, mi-jour
(cf. arctique); dimanche, d'où endimancher, jour dominical,
V. dôme'^; lundi, jour de la lune; mardi, jour de Mars;
mercredi, jour de Mercure; jeudi, jour de Zeus, Jupiter,
V. dieu^; vendredi, jour de Vénus; samedi, jour du sabbat;
décadi (et mots semblables en -di), dixième jour, v. dix.
— Autres mots formés sur diem ; hui, ce jour, v. ce, pro-
326 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [JutneaU
nom * ; diète, proprt assemblée à jour fixe; diane, qui nous
vient par Tcspagnol, batterie ou sonnerie au lever du jour.
L'adverbe latin diu (pendant des jours, longtemps) se retrouve
dans jadis, il y a déjà longtemps, v. déjà, et dans tandis que,
proprt aussi longtemps que.
— Le mot grec hêmera, qui signifie jour, se trouve dans :
éphémère (préfixe épi-, sur), qui ne dure qu'un jour; éphé-
mérides, relation jour par jour; hémérocalle, nom de fleur
[v. calligraphe), proprt beauté d'un jour.
Malherbe :
Toutes les faveurs humaines
Sont hémérocalles d'un jour.
Joute, jouter, jouteur, v. Jovial, jovialité, v. dieu 3.
joindre'^. Joyau, v. jeu.
Jouvence, jouvenceau, u. Joyeuseté, joyeux, u. jouir.
jeune.
Jubé, impératif latin qui signifie « ordonne » et qui est le
premier mot d'une prière; on a donné ce nom à la galerie
où on chantait le « jubé ».
Jubilé vient, par l'intermédiaire du latin, d'un mot hébreu
qui signifie son du cor; chez les Hébreux, la fête du jubilé se
célébrait tous les cinquante ans. Dérivés : jubilaire, et jubi-
ler, manifester une joie vive, d'où jubilation.
Jucher, origine inconnue. Judiciaire, judicieux, juge,
Judas, V. noms propres (Mots jugement, juger, i>. jurer 3.
tirés de). Jugulaire, juguler, v. join-
dre^.
Juif vient, par l'intermédiaire du latin, du grec loiidaion^
d'où le dérivé savant judaïque.
Juillet, juin. Ces deux mois s'appelaient en latin juHum
eijuniiun, de deux noms propres célèbres à Rome : le pre-
mier est le nom de Jules César, le second est sans doute celui
de Junius lirutus, un des fondateurs de la république. Le
français juin vient directement de juniain; juillet est un
diminutif de julium. Cf. août au mot oiseau ^.
Jujube, doù jujubier, grec zizuphon.
Julep, mot arabe.
Julienne, v. noms propres (Mots tirés de).
Jumeau, latin (jemellum, est le diminutif de geminum,
double, d'où géminé; on a aussi la forme gémeaux, employée
Jurer] du français. 327
exclusivement aujourd'hui pour désigner un des signes du
zodiaque (Castor et Pollux) ; à noter, parmi les sens figurés
de jumelles, celui de lorgnette double.
Jument, v. joindre 2.
Jungle, mot sanskrit avec son orthographe anglaise.
Jupe, doù jupon et juponner, arabe djnbbah.
Jurer, du latin jurare, qui signifie proprt « attester le
droit », étant formé sur jhs, génitif juris, droit.
1. Dérivés de jurer : juron, se rattache à lacception péjo-
rative du verbe; juré, proprt qui a juré; jury, réunion de
jurés, le mot nous vient d'Angleterre; jurande, charge de
juré. Composés : abjurer, proprt renoncer par serment,
dérivé: abjuration; adjurer, s'adresser à quelqu'un avec
serment, le sommer solennellement, dérivé adjuration: con-
jurer, se lier par un serment contre quelqu'un (d'où le sub-
stantif participial conjuré), jurer ensemble la perte de quel-
qu'un, écarter un ennemi par un serment, par des pratiques
religieuses ou magiques (ce verbe peut aussi être synonyme
d'adjurer), dérivé : conjuration: parjurer, se parjurer, jurer
de travers, faire un faux serment, violer son serment, d'où
les deux substantifs parjure, désignant l'un le faux serment
ou la violation du serment, l'autre la personne qui commet
le parjure. — Le mot grec qui signifie serment est horkon,
auquel se rattache exorciser (d'où exorcisme, exorciste),
qu'il faut rapprocher de conjurer dans une de ses acceptions.
2. Une objurgation (jurgare, de jus et de agere) est une
réprimande, fondée sans doute à l'origine sur un droit comme
celui du père sur son fils. Le latin jus, juris se retrouve
encore dans les mots suivants : jurisconsulte, conseiller en
droit, jurisprudence, science du droit, juriste; injure (d'où
injurier, injurieux), qui a signifié injustice, puis offense
injuste, puis offense: juste, conforme au droit, d'où injuste,
justice, injustice, justicier; le vieux yerhe justicier, sou-
mettre à une juridiction, d'où justiciable ; justifier et ses
dérivés, v. faire''; — juste, au sens de conforme à ce qui
doit être, convenable, s'adaptant bien et même s'adaptant
trop, à ce sens se rattachent : justesse : justaucorps : l'une des
acceptions de l'adverbe justement: ajuster, ajustement et
rajuster.
3. Un bon nombre de mots sont composés de jus, juris, et
du verbe dicere, dire : juridique, proprt qui dit le droit, et
328 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [KyrielfC
juridiction; juge (latin judicem) et judiciaire, relatif aux
jugements: judicieux, qui a du « jugement », au sens figuré
du mot; astrologie judiciaire, qui, d"après les astres, « juge »
des événements; préjudice d'où préjudiciable), jugement
précipité, puis dommage, et préjudiciel, qui précède le juge-
ment; juger [laiin judicare) avec ses dérivés jugement, ju-
geotte, et ses composés : déjuger (se), réformer son juge-
ment, préjuger (doù préjugé», juger d'avance; adjuger,
attribuer juridiquement, et les dérivés savants adjudication,
adjudicataire.
Jus, doù juteux, verjus {jus de raisin vert), latin jus.
Jusque se rattache au latin usque.
Jusquiame, d'un mot composé grec qui signifie fève de
porc.
Justaucorps, juste, juste- Juvénile, v. jeune.
ment, justesse, justice, jus- Juxta-, préfixe, v. joindre^.
ticiable, justicier, justifiable, Juxtalinéaire, r. lin.
justificatif, justification, jus- Juxtaposer, juxtaposition,
tifier, v. jurer '-. v. site *,
Juteux, V. jus.
K
Kaléidoscope, u. épice^.
Kangupou, mot australien.
Kaolin, mot chinois qui signifie colline élevée, argile
venant des collines.
Képi, origine germanique, cf. ail. kappe.
Kermès, arabe kiriniz, dont le dérivé kirmczi a produit
cramoisi. A été rapproché du latin verniem, v. ver.
Kermesse, d'ufi mot flamand dont le sens propre est :
messe de l'église.
Kilo-, préiixe tiré du grec khilious, mille.
Kiosque, mot turc d'origine persane.
Kirsch, y. cerise.
Knout, mot russe d'origine germanique, qui signifie
proprt fouet à nœuds.
KY^iellej proprt litanie, mot formé sur le vocatif kurie
Lâcher] du français. 329
du mot grec qui signifie seigneur, d'après rinvocation kyrie
eleison : sur eleison, v. aumône.
Kyste, du grec kastin, vessie, poche, d'où cystite, inflam-
mation de la vessie.
La, article et pronom, et là, La, note de musique, v. fa.
adverbe, v. il.
Labdacisme ou lambdacisme (mot grec avec la dési-
nence française en -e), prononciation vicieuse de la lettre /,
laquelle s'appelle labda ou lambda en grec.
Labeur, latin laborem, d'où laborieux; sur laborem a été
formé le verbe latin laborare, français labourer (d'où
labour, laboureur, labourage), travailler la terre; cf.
arable. Autre dérivé : laboratoire, local pour des expé-
riences scientifiques. On retrouve le sens général de
travailler dans les composés : élaborer, d'où élaboration;
collaborer, d'où collaboration, collaborateur.
— Le mot latin laborem, qui a eu le sens de fatigue,
appartient à la famille du verbe labi, tomber, glisser, parti-
cipe passé lapsum, auquel se rattachent : le mot tout latin
lapsus, ie substantif laps dans « laps de temps )>, et l'adjectif
relaps, proprt retombé.
Labial, labiée, v. lèvre. bour, labourable, labourage,
Laboratoire, laborieux, la- labourer, laboureur, u. /ateur.
LabYi'inthe, d'un mot grec d'origine anatolienne.
Lac, d'où lacustre, latin lacum, dont le dérivé lacuna a
luurni lacune et son doublet lagune, d'origine italienne.
Lacer, v. lacs.
Lacérer, d'où lacération, latin lacerare. V. iancinant.
Lacet, V. lacs.
Lâcher. Le verbe laxare, qui appartient à la famille de
languir (v. ce mot), et d'où proviennent les mots savants
laxatif et relaxer, a produit en formation populaire les deux
verbes lâcher et laisser. Adjectif verbal de lâcher : lâche,
d'où lâcheté; dérivé : lâcheur; composé : relâcher (doublet
330 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Lambrequin
de relaxer), d'où relâchement. — Substantifs verbaux de
laisser: lais, écrit aujourd'hui legs par erreur d'étymologie,
et laisse ; composé : délaisser, d'où délaissement. Il y avait
en vieux français un verbe /ater, synonyme de laisser; sur
ce verbe et ses dérivés, v. délai.
Lacis, V. lacs.
Laconique, proprt de Laconie, et laconisme, mots
d'origine grecque.
Lacrymal, lacrymatoire, v. larme.
Lacs, latin laqueum, apparenté à allécher. Dérivés : lacet;
lacer, d'où lacis; lasso, de la forme espagnole lazo. Com-
posés : délacer; enlacer, d'où enlacement; entrelacer, d'où
entrelacs, entrelacement.
Lactaire, lacté, u. lait. Ladre, ladrerie, v. noms
Lacune, lacustre, v. lac. propres (Mots tirés de).
Lagune, v. lac.
Lai, adjectif, doublet de laïque, grec laïkon, proprt « du
peuple », dérivés savants : laïcité, laïciser.
Lai, substantif (petit poème du moyen âge), origine proba-
blement germanique.
Laid, d'où laideron, laideur, enlaidir, mot d'origine ger-
manique, cf. allemand leid.
Laie, femelle du sanglier, mot d'origine inconnue.
Laine, latin lana; dérivés : lainage, laineux, lanier
(mou), lange (étoffe de laine, d'où langer).
Laïque, v. lâi, adjectif. Laisse, laisser, v. lâcher.
Lait, latin arch. laclem. Dérivés populaires : laiteux, lai-
tage, laitier, laitance, allaiter d'où allaitement. Dérivés
savants : lacté; lactescent, qui a un suc laiteux, qualité du
champignon nommé lactaire et de la laitue.
Laiton, origine inconnue. Laize, v. dilater.
1. Lama, au sens de prêtre de Bouddha, mot thibétain.
2. Lama, animal, mot péruvien.
Lambeau, originedouteuse, Lambourde, origine incon-
cf. délabré. nue.
Lambin, lambiner, v. noms
propres (Mots lires de).
Lambrequin, mot d'origine flamande. Cf., pour la forme,
le mot mannequin.
Languir] du français. 331
Lambris (d'où lambrissé), doublet de lambruche, latin
labrusca, vigne sauvage; les lambris sont sans doute
appelés ainsi en raison de leur ornementation primitive.
Lame, d'où lamé, le diminutif lamelle, et les mots
savants laminer, laminoir, latin lamina. Les vieux mots
alemelle et alemeiie signifient proprt lamelle, et aleniette,
par métathèse, a produit amelette, d'où probablement
omelette, ce mets ayant une forme aplatie.
Lamenter, d'où lamentable, lamentation, latin lamen-
tari.
Lampas, étoffe, origine inconnue.
Lampe, d'où lampion, lampiste, et le dérivé savant lam-
padaire, grec lampada.
Lamper (d'où lampée) et laper semblent se rattacher à
une même racine germanique, aujourd'hui anglais lap.
Lamproie, latin lampetra.
Lance, latin lancea. Dérivés : lancette ; lancier ; lan-
céolé; lancer, proprt jeter la lance, puis jeter violemment à
travers l'espace. Dérivé de lancer : lancement; composés :
s'élancer, d'où élan, élancement; relancer le gibier, le
poursuivre iJans sa retraite pour le faire repartir, d'où le
sens figuré.
Lancinant, participe présent de lancinare, déchirer, de
la même famille que lacérer; le sens du mot a été influencé
par élancement.
Landau, v. noms propres (Mots tirés de).
Lande, origine celtique.
Landier, d'abord l'andier, origine probablement gauloise.
Langage, i'. langue. Langoureux, v. languir.
Lange, i'. laine.
Langouste, déformation du latin locusta, qui veut dire
sauterelle et langouste.
Langue, latin lingua, qui est identique à l'anglais longue^
allemand zunge. Dérivés : languette, langage. Dérivés et
composés savants : lingual, sublingual, linguiste d'où lin-
guistique, bilingue, trilingue. Cf. glose.
Languir se rattache au latin languere^ et appartient à la
famille de lâcher et de laisser [laxare); dérivé : langueur (il
y a un rapport de sens entre le relâchement et la langueur),
d'où langoureux; composé alanguir.
332 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Latin
Lanier, v. laine. Lanière, origine douteuse.
Lansquenet, allemand landsknecht, proprt serviteur du
pays.
Lanterne, latin lanterna. Le mot a eu au pluriel le sens
de détails ternes, peu intéressants, où l'on s'attarde; de là la
signification du verbe lanterner.
Laper, v. lamper. Lapidaire, lapider, u,pjt;rre.
Lapin, d'où lapereau, lapinière, origine inconnue.
Lapis-lazuli, v. azur. Laps, v. labeur.
Laquais, espagnol lacayo, d'origine inconnue.
Laque, doù laquer, du persan lak, qui signifie teinture
rouge.
Larbin, mot d'argot.
Larcin, v. larron.
Lard, d'où larder (dérivés : lardon, lardoire, entre-
larder), latin lardiim.
Lares, v. larve. Larigot, origine inconnue.
Large, largesse, largeur,
larguer, v. dilater.
Larme, de lacryma, mot latin d'origine grecque. Dérivés :
larmier, corniche par où la pluie s'égoutte; larmoyer, doù
larmoiement; les mots savants lacrymal, vase lacryma-
toire.
Larron, latin latronem, auquel se rattache aussi le dérivé
larcin. Cf. idolâtrie.
Larve, du latin larva (fantôme hideux), mot que les
anciens rattachaient, sans doute avec raison, au nom des
dieux Lares.
Larynx, d'où laryngé, laryngien, laryngite, grec
larunga, nominatif larunx.
Las, latin lassum. Dérivés : lassitude, lasser, d'où
délasser, délassement, inlassable. L'interjection hélas con-
tient ra<ljectif las au sens ancien de « malheureux ».
Lascif, latin lasciuum.
Lasso, V. lacs.
Latent, participe présent du verbe latin lalere, être
caché. Mrme famille que léthargie.
Latéral, v. lez.
Latin, d'où latinisme, latiniste, latiniser, latin latinum.
Légende] du français, 333
Latitude, v. dilater. Latrine, v. laver.
Latte, d'où latter qui a formé lattis, ail. laite.
Laudanum, corruption de ladanum, qui vient du grec
ladanon, gomme-résine.
Laudatif, laudes, i'. louer.
Laurier, formé sur le latin laiirum, qui a le même sens
et d'où dérivent également laurelle, lauré, lauréat, cf.
bachelier.
Lavabo, lavage, lavande, lavandière, lavasse, v. laver.
Lave, italien lava, d'origine douteuse.
Laver, du latin lavare, supin lotiim, d'où lotion. Lavabo
— je vais laver) est emprunté aux parties rituelles de la
messe et sert à désigner un meuble ou un cabinet de
toilette. Autres dérivés : lavette, lavis, lavoir, laveur,
lavure, lavage, latrine (comparez cloaque), lavement,
lavasse, lavandier, et aussi lavande, mot d'origine italienne
désignant une plante utilisée pour l'eau de toilette. Com-
posé : délaver. La racine est la même que dans déluge,
V. ce mot.
Laxatif, i'. lâcher.
Layette, diminutif d'un mot germanique dont la forme
allemande est /ade (coffre, cf. layetier, marchand de coffres),
a d'abord signifié tiroir, puis contenu de tiroir, puis trous-
seau de nouveau-né.
Lazaret, lazarone, v. noms Lazuli, v. azur,
propres (Mots tirés de).
Lazzi, mot italien.
Le, V. il. Lé, V. dilater.
Lécher (trivialement licher), d'où se pourlécher, est
d'origine germanique, ail. lecken, à rapprocher du grec
leikhein, d'où dérive lichen, la plante parasite, qui lèche.
Le mot lèchefrite est une altération, sous Tinfluence de
frire, de la vieille forme lèchefraie {v. frayer) qui signifie
proprt lèche-frotte, le rôti placé au-dessus de la lèchefrite
étant comme léché et frotté, essuyé.
Leçon, lecteur, lecture, v. ser, légalité, légat, légataire,
lire^. légation, v. loi.
Légal, légalisation, légali- Légendaire, légende, v.
lire 1.
334 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Léopard
Légep (d'où légèreté) et liège, écorce légère, viennent
de dérivés del'adjectif latin levem, qui est apparenté, croit-on,
à lallemand leicht, anglais light.
— Sur levem a été formé le verbe levare, proprt rendre
léger, qui a produit le français lever, d'où levée, levier,
levure, levain, levis (dans pont-/euis), levant et levantin.
Composés de lever : élever, substantif verbal élève, dérivés :
élevage, éleveur, et les mots savants élévation, élévateur,
doublet d'éleveur; l'alevin est proprt le poisson qu'on
élève; — enlever, doù enlèvement; — prélever, d'où
prélèvement; — relever, avec le substantif verbal relief,
les substantifs participiaux relevé, relevée, et les dérivés
relèvement, relevailles; — soulever, d'où soulèvement;
— le surcomposé surélever, d'où surélévation. Champlever,
c'est enlever une partie du champ dune plaque.
— Sur le môme adjectif levem, le latin populaire avait
formé le verbe *leviare, auquel se rattachent : alléger, d'où
allégeance, allégement; l'ancien verbe soulager, devenu
ensuite soulager, peut-être sous linfluence du vieux mot
soûlas [v. souloir). Les rapports de sens entre élever et
alléger, soulever et soulager, sont faciles à retrouver.
Légiférer, v. loi. Legs, v. lâcher.
Légion, légionnaire, u. hre^. Léguer, v. loi.
Législateur, législatif, lé- Légume, légumier, légu-
gislation, législature, légiste, mineux, v. lire'^.
légitimation, légitime, légi- Lendemain, v. demain.
timer, légitimiste, légitimité, Lendit, v. dire 2.
V. loi.
Lénitif, lénifier, se rattachent à l'adjectif latin lenem,
doux.
Lent, d'où lenteur, latin lentum, proprt flexible (cf. len-
tille), doù indolent; composé ralentir, d'où ralentissement.
Lentille, diminutif du latin leiilem (cest une plante grim-
pante, même idée de flexibilité que dans lentum, lent). Divers
objets ressemblant à la graine ont été appelés lentille.
Lentisque, latin lentiscum.
1. Léonin, v. lion.
2. Léonin (vers), pourvu de rimes intérieures, inventé,
dit-on, par le chanoine Léon au xii*^ siècle; on appelle aussi
léonine la rime portant sur plusieurs syllabes.
Léopard, v. lion.
Lèvre] du français. 335
Lèpre, d'où lépreux, léproserie, latin lepra, d'origine
grecque.
Lequel, v. quel. Les, v. il.
Lèse, adjectif qui ne s'emploie que dans « crime de lèse
-majesté )> et dans les expressions qui en dérivent, n'est
autre chose que le participe passé féminin du verbe latin
lœdere. qui signifie proprt heurter. Dérivés : léser, lésion.
Les composés de lœdere étaient en -lidere, supin -lisum; de
là collision, heurt entre plusieurs objets; élider, d'où
élision, proprt expulser en heurtant.
Lésine, lésiner, lésinerie, Lésion, v. lèse.
V. alêne.
Lessive, d'où lessiver, latin lixivia.
Lest, d'où lester, délester, origine germanique.
Leste nous vient par l'italien et doit être sans doute
rapproché du latin \siib]lestiim. léger.
Léthargie, d'où léthargique, du grec lêthargia, formé
avec lêthê, oubli (cf. le Léthé, fleuve de l'oubli) ; v. latent.
Lettre (d'où lettré, illettré, lettrine, contre-lettre),
vient du latin littera ou litera, dont le premier sens est
caractère d'écriture. Dérivés savants : littéral, littéraire,
littérature, littérateur. Composés : allitération, proprt
retour à la même lettre; oblitérer, proprt cacher la lettre,
effacer.
Leur, V. il.
Leurre, d'où leurrer et déluré (proprt : qui ne se laisse
plus leurrer), mot d'origine germanique, a d'abord désigné
l'oiseau artificiel qu'on montrait au faucon pour le faire
revenir.
Levain, levant, levantin, levée, lever, levier, levis, v.
léger.
Lévite, proprt Israélite de la tribu de Lévi, puis prêtre,
vêtement de prêtre ou vêtement analogue.
Lèvre. Le latin avait deux mots de même sens et de
même racine, labruni et labium. Le premier a donné lèvre;
au second se rattachent labial et labiées (fleurs en forme de
lèvresi. Balafre, d'où balafré, vient du préfixe péjoratif ba-
[v. bis 2) et du mot germanique qui correspond au latin
labrnm. CL lippe.
336 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Libre
Levrette, lévrier, y. lièvre. Lexique, lexicograplie, etc.,
Levure, v. léger, v. logique^.
Lez, à côté de... (dans Plessis-/ez-Tours, etc.), vient du
mot latin lalas qui signifie côté. Au génitif /azéris se ratta-
chent : latéral, collatéral; équilatéral, dont les côtés sont
égaux, V. équité; quadrilatère, v. quatre^; légat a latere,
pris pour un temps parmi les cardinaux qui sont <cà côté »
du pape.
Lézard, d'où lézarde et lézardé, latin lacertum, en espa-
gnol lagarto, dont l'anglais alligator est une déformation.
Liais ou lias (forme anglaise), origine inconnue.
Liaison, liane, liant, u. lier. Lias, v. liais.
Liard, d'où liarder, origine Liasse, v. lier.
douteuse.
Libation, latin libationem.
Libelle, libeller, u. livre, ralité, libérateur, libération,
masculin. libérer, liberté, libertin, li-
Libellule, v. livre, féminin. bertinage, v. libre.
Libéral, libéralisme, libé- Libidineux, v. le suivant.
Libitum, dans la locution toute latine ad libitum (confor-
mément à ce qui plaît, suivant son bon plaisir), est le parti-
cipe passé neutre du verbe latin libère, plaire, archaïque
lubere, qui est de la même famille que l'allemand liebeii et
l'anglais love. Nous avons le même verbe à la 3^ personne
de l'indicatif présent dans quolibet, latin quod libet, ce qui
plaît; un quolibet est originairement ce qu'on dit ad libi-
tum, une remarque fantaisiste . Le substantif libidinem
(caprice), dérivé de ce verbe, a engendré notre adjectif
libidineux, qui a pris une acception nettement péjorative.
Lubie, fantaisie, paraît se rattacher au même radical.
Libraire, librairie, v. livre, masculin.
Libre, latin liberum. Dérivés : liberté; libéral, qui
convient à un homme libre, qui livre ou donne volontiers,
qui aime la liberté, doù libéralité, libéralisme; libertin,
proprt alTranchi (au point de vue religieux, puis au point
de vue de la règle des mœurs), et libertinage; livrer (proprt
laisser libre, laisser à la disposition de quelqu'un) et son
doublet savant libérer, le premier avec livreur, livrable,
livraison, livrée (proprt vêtements livrés aux gens de la
maison), le second avec libération, libérateur. Composé
I
Lier] du français. 337
avec dé- : délivrer, d'où délivrance, qui réunit les accep-
tions des simples libérer et livrer. Quant à délibérer, il paraît
se rattacher à une autre famille, v. livre, féminin.
liibretto, librettiste, i». livre, 2. Lice, palissade (entrer en
masculin. lice), origine douteuse.
1. Lice, femelle de chien de
chasse, origine inconnue.
3. Lice^ écrit aussi lisse, latin licium, trame, fils mis en
travers. Trélis, aujourd'hui treillis {v. treille) signifie
proprt tissu à trois fils.
— A la même famille se rattachent : a, oblique, d'où
obliquer, obliquité ; b, limite, proprt sentier qui traverse,
d'où limiter, délimiter, illimité, limitation, limitatif, limi-
trophe [v. atrophie) et le dérivé populaire linteau, traverse;
c, le mot latin limen, génitif liminis, traverse en bas et en
haut de la porte, c'est-à-dire seuil ou linteau; dérivés :
liminaire, préliminaire, éliminer (chasser du seuil', élimi-
natoire, élimination, et aussi sublime (d'où sublimité,
sublimer), qui a signifié à l'origine « pendu sous le linteau,
élevé )).
Licence, licenciement, li- Licorne, v. cor.
cencier, licencieux, v. loisir. Licou et licol, u. col.
Lichen, v. léclier. Licteur, v. lier.
Licitation, licite, liciter, u. 1. Lie, adjectif archaïque,
loisir. V. liesse.
2. Lie, substantif, probablement d'origine celtique.
Liège, v. léger. Lienterie, v. en, A.
Lien, v. lier.
Lier, latin ligare. Dérivés : liaison, lieur, liasse, lien,
ligament, ligature, ligoter, et au figuré ligue, liguer,
ligueur, sans doute aussi licteur, porteur de faisceaux, et
liane, plante qui s'enlace; composé licou, v. col. Les limiers,
jadis liemiers (mot formé sur lien), sont des chiens qu'on
mène en laisse.
— En vieux français, lier avait aussi la forme loyer (com-
parez p/ier et ployer), d'où aloyer, substantif verbal aloi, au
sens d'alliage, dans « monnaie de bon aloi » ; avec le même
préfixe a- et la forme lier, on a allier, d'où : alliance et
alliage: mésallier et mésalliance (préfixe mes , v. moindre '),
rallier, ralliement. Autre composé : relier, d'où relieur,
reliure.
DICT. ÉTY.M. FRANC. 22
338 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Lieutenant
— Composé savant avec ob- : obliger, lier par un ordre ou
par un service, d'où obligeant, obligeance, d'une part,
obligatoire, obligation, obligataire, d'autre part (cf. au mot
agir^ la signification financière des mots ac/io/i, ac/io/inai/*e).
Désobliger, d'où désobligeant, c'est proprt rendre un mau-
vais service.
— Sur un synonyme latin de ligare, v. annexe.
Lierre, d'abord L'ierre^ latin hedera.
Liesse, latin lœtitia, formé sur lœtum, joyeux, dont nous
avons la forme féminine archaïque dans « faire chère lie »;
sur chère, v. cerveau.
Lieu, latin locum, est à louer, locare, ce que jeu est à
jouer. Le cas ablatif de locum se trouve dans locomotion,
changement de lieu [v. mouvoir ^), locomotive, locomobile,
et dans l'adverbe tout latin illico, qui signifie proprt sur le
lieu (comparez le sens de la locution « sur-le-champ )>).
Dérivés savants : local, localiser, localité; composés :
lieutenant, non-lieu, déclaration qu'il n'y a pas lieu.
— Le sens propre de louer, c'est mettre dans un lieu,
placer, puis placer moyennant salaire ou redevance (dans le
sens où on dit qu'un domestique se place) soit une personne,
soit un objet, et recevoir dans les mêmes conditions une
personne ou un objet. Dérivés : loyer, loueur, louage, et,
en formation savante, locataire, locatif, location. Dans
le composé allouer, proprt placer auprès, doù le dérivé
savant allocation, toute idée de redevance est absente, cest
simplement mettre au service de quelqu'un, lui attribuer
(un avantage, une somme d'argent). Composés savants :
colloquer, proprt placer avec (sur colloque, v. loculion) ;
dislocation et disloquer, action d'enlever de leur lieu, de
déplacer violemment des parties jointes.
— Notre verbe coucher, doublet populaire de colloquer, a
pris le sens spécial de placer par terre ou dans un lit, d'où
étendre, et intransitivement s'étendre pour dormir; sub-
stantif verbal couche, d'où couchette, substantif participial
couchant, dérivés : couchage, bon ou mauvais coucheur;
composés : recoucher, découcher et aussi accoucher
(dérivés : accouchement, accoucheur) dont le sens actuel
est une spécialisation du sens primitif de « se cou-
cher ».
Lieue, origine celtique. Cf. banlieue au mot ban.
Lieutenance, lieutenant, u. lieu.
Lin] DU FRANÇAIS. 339
Lièvre, latin leporem, dérivés : levraut, et lévrier, sur
lequel le mot levrette a été formé.
Ligament, ligature, v. lier. Lignage, ligne, lignée, vjm.
Lige, origine douteuse.
Ligneux, d'un dérivé du latin lignum, bois, proprt bois
(( qu'on ramasse » (cf. lire ^).
Ligoter, ligue, liguer, ligueur, v. lier.
Lilas vient du persan par l'intermédiaire de l'arabe et de
l'espagnol.
Liliacé, V. lis.
Lilliputien, du pays de Lilliput dans le « Gulliver » de
Swift.
Limace, d'où limaçon, et limon, limoneux, se rattachent
au latin limum, fange. Dans colimaçon, co- est inexpliqué.
Limaille, v. lime. Limande, origine douteuse.
Limbe, du latin limbiim, bord.
Lime, latin lima; dérivé : limer, doù limaille, élimer.
Limier, v. lier. 1. Limon, terre molle, u.
Liminaire, limitatif, limi- limace.
tation, limite, limiter, y. 2. Limon, brancard, d'où
lice 3. limonier, origine inconnue.
Limitrophe, v. atrophie.
3. Limon, espèce de citron, d'où limonade, limonadier,
vient de l'arabe.
Limousine, v. noms propres (Mots tirés de).
Limpide, d'où limpidité, latin limpiduin, apparenté à
lympha, v. lymphe.
Lin, latin linum, dont le dérivé linea, proprt fil de lin, a
produit notre mot ligne. Nous mentionnerons successive-
ment les dérivés spéciaux de l'un et l'autre mot.
— Dérivés de lin : linge et linceul qui signifient toile de
lin, linceul est encore employé par La Fontaine au sens de
drap de lit, linge a produit lingère et lingerie; linon, espèce
de toile de lin; linotte, oiseau qui mange la graine de lin.
— Du sens de fil de lin, ligne a passé à ceux de ficelle,
tracé, etc. ; les troupes de ligne sont destinées à combattre en
ligne. Le lignage est la ligne, la série, des ascendants, et la
lignée celle des descendants; la spécialisation de ces deux
mots (qu'on a aussi rattachés à lignum, v. ligneux) aurait
340 DICTIONNAIUE ÉTYMOLOGIQUE [Lire
parfaitement pu être inverse. Forligner, c'est s'écaricr de
la droite ligne, v. fors; autres Gojiiposés : interligne et
interligner, souligner. — Dérivés et composés faits sur le
latin linea : linéaire, linéament, juxtalinéaire (cf. joi/jdre*).
Alinéa est formé de deux mots latins et signifie : en s'éloi-
gnent de la ligne, puis : partie dun texte comprise entre
deux passages à la ligne ; comparez paragraphe au mot
graphie ^.
Lingot, pour l'ingot, anglais i/i^oi.
Lingiial, linguiste, linguistique, v, langue.
Liniment, latin linimenlum.
Linon, linot, linotte, v. lin. Linteau, v. lice 3.
Lion, latin leonem, d'origine grecque. Dérivés : lionceau,
léonin (sur léonin, terme de prosodie, v. ce mot). Léopard,
dont guépard parait être une altération, se compose de
deux mois latins dont le second, emprunté au grec comme
le premier, désigne à lui tout seul l'animal. Cf. caméléon.
Lippe, d'où lippée, lippu, est l'allemand lippe, lèvre. •
Liqueur, latin liquorem, d'où liquoreux, liquoriste, se
rattache au verbe liquere, qui signifie « être limpide » et
c( couler », et qui a produit également liquide, d'où, au figuré,
liquider, avec liquidation et liquidateur. Composés : liqué-
fier, d'où liquéfiable et liquéfaction, v. faire''; prolixe,
d'où prolixité, proprt qui coule en abondance; déliques-
cent, qui se fond en eau.
Lire, du verbe latin légère, qui existe aussi en grec sous
la forme legein, et dont le sens primitif parait avoir été
(( assembler » d'où : assembler des lettres, des sons et des
mots par les yeux (lire) ou par la parole (dire), le premier
sens étant latin et le second grec. C'est au verbe grec que
se rattache une abondante catégorie de mots avec la racine
log- [v. logique).
1. Le mot légende vient du participe futurpassif de /^'gfpre
et signifie proprt « ce qui doit être lu » : l'inscription d'une
piè(îe de monnaie, les vies de saints qu'on lisait dans les
couvents, et, par extension, des récits populaires quelcon-
ques. Pour le suffixe -ende, cf. dividende, multiplicande, etc.
— Le supin de légère était leclum, d'où lecture, lecteur,
et aussi leçon, dont la forme savante serait *leciion {v. col-
lection, élection, ci-dessous). Dérivé populaire de iire : lisible,
d'où illisible.
Lire] du français. 341
2. Dérivés de légère au sens primitif de « assembler,
choisir » : la légion est un corps formé par prélèvement;
les légumes sont des plantes (potagères) cueillies, dérivés :
légumier, légumineux. Un sacrilège, cest originairement
Tenlèvement, le vol d'une chose sacrée; un sortilège, c'est
proprt un assemblage ou un choix de « sorts », d'objets
destinés à prédire l'avenir. Élire est un composé de lire, ou,
plus exactement, vient d'un composé de légère, au sens
latin de « choisir » et non pas au sens, seul conservé en
français, de » lire ». Dérivés savants formés sur le supin :
électeur, d'où électoral, électorat; élection; électif; un
électuaire est un médicament de choix. Autres dérivés :
éligible, inéligible, éligibilité. Élite vient d'un ancien par-
ticipe passé d'élire. Dérivés d'une forme *elegare : élégant,
qui choisit, qui a du goût, d'où élégance, inélégant, inélé-
gaQce.
3. Dans cueillir, d'où cueillette (forme savante du verbe :
coUiger, dérivés : collecte, collection, collectionneur, col-
lectif, etc.), le préfixe ne fait que renforcer l'idée exprimée
par la racine. Le verbe cueillir s'emploie spécialement
aujourd'hui en parlant des fleurs et des fruits, et même,
avec effacement de l'idée d'assemblage, en parlant d'une
fleur ou d'un fruit isolés. Le surcomposé recueillir a con-
servé le sens primitif et non spécialisé de cueillir; substantif
verbal recueil, substantif participial de forme italienne
récolte, d'où récolter. Se recueillir, c'est réunir ses forces
morales en s'isolant, dérivé : recueillement.
— Du composé avec le préfixe se-, qui accentue l'idée de
choisir (en séparant), nous avons gardé le substantif sélec-
tion.
4. Le composé avec le préfixe di-, qui marque aussi triage,
avait pris le sens spécial de : choisir pour aimer ou pour
soigner, aimer particulièrement ou prendre grand soin. Au
premier sens se rattachent dilection, prédilection; au
second l'adjectif participial diligent et son dérivé diligence,
soin, activité, rapidité; une diligence était une berline
publique, qui permettait de '( faire diligence ».
— Le composé avec le préfixe inter- signifie sans doute à
l'origine recueillir au dedans de soi, d'où comprendre,
entendre les choses; nous n'avons pas gardé ni repris l'infi-
nitif, mais nous avons : l'adjoctif participial intelligent,
d'où intelligence, inintelligent, inintelligence; intelligible
342 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [LîtrC
et inintelligible ; intellect, intellectuel sont formés sur le
supin. <c Être d'intelligence » avec quelqu'un, c'est s'entendre
avec lui; la mésintelligence est un défaut d'entente.
— Nous avons gardé sous la forme savante, négliger, le
composé avec le préfixe nec- [v. ne). Négligent et négligence
s'opposent à diligent, diligence, signalés plus haut. Autres
dérivés : négligé, négligeable.
— Le composé avec le préfixe re-, relegere, signifiait
proprt recueillir avec soin, et le sens primitif de religionem,
qui en dérive, est : soin, scrupule, puis pratiques cultuelles.
Mots français se rattachant à ce composé : religion, irréli-
gion; religieux, d'où religiosité, irréligieux.
Lis, d'où liseron vient du la.iin liliuni, d'où lilial, liliacé.
Liseré, i'. lisière. 1. Lisse, « tapisserie », v.
Liseur, liseuse, lisible, v. lice 3.
lire. 2. Lisse , adj ecti f , d'où lisser.
Lisière, d'où liseré, origine lisseur, origine douteuse,
inconnue.
Liste, — d'où liteau (jadis listeau), baguette de bois, raie
de serviette, et litre (jadis listre), bande noire, — vient
d'un mot germanique qui signifie bande, cf. ail. leiste.
Lit, d'où litière, literie, s'aliter, latin lectam; à la forme
grecque lektron se rattache le vieux français letrin, devenu
lutrin, pupitre où reposent les livres. Le mot lutrin a été
aussi rattaché à lire.
Litanie, grec litaneia, prière.
Liteau, v. liste. Literie, v. lit.
Litho-, mot composant qui vient du grec lithon, pierre,
et qu'on retrouve dans lithiase, maladie de la pierre, dans
monolithe^ fait d'une seule pierre [v. moine), dans aérolithe
[V. air). Mots commençant par litho- : lithographie, d'où
lithographier, lithographe, lithographique, gravure sur
pierre, v. graphie'-; lithotritie, opération qui consiste à
broyer la pierre dans la vessie, le mot est formé avec le
verbe grec qui correspond à triturer.
Litière, v. lit.
Litige, d'où litigieux, se rattache au latin litem, procès.
1. Litre, bande noire, v. liste.
2. Litre, mesure de capacité, du grec litra^ qui désignait
Livret] du français. 343
un poids et une monnaie comme le mot livre, lequel vient
du latin libra, apparenté à litra.
Littéraire, littéral, littérateur, littérature, v. lettre.
Littoral se rattache au latin littiis, rivage, génitif littoris.
Liturgie, du grec leitourgia, charge publique; sur le
second élément -iirgîe, v. chirurgie.
Livide, d"où lividité, latin lividam.
Livrable, livraison, v. libre.
1. Livre, masculin, latin librum, dont le nominatif liber
est encore employé en botanique dans son sens primitif
d'écorce (pellicule entre le bois et i'écorce, sur laquelle on
écrivait), et l'ablatif pluriel dans lexpression toute latine
ex-libris qui signifie « des livres de..., de la bibliothèque
de... » Dérivés : livret et son doublet italien libretto, d'où
librettiste; un autre diminutif libelle, qui a pris le sens
décrit diffamatoire, mais qui a signifié aussi acte juridique,
d'où libeller, formuler un acte; librairie et libraire.
— Le mot grec biblion, qui signifie livre et dont le sens
propre est « liber du papyrus », a produit bible, biblique et
les mots commençant par biblio- : bibliographie {u. gra-
phie'^), description des livres relatifs à une question, d"où
bibliographe et bibliographique: bibliomanie, bibliomane,
V. manie: bibliothèque, bibliothécaire, v. thèse ^i biblio-
phile, V. phil-.
2. Livre, féminin, latin libra, apparenté au grec litra
qui avait le même sens et qui a été appliqué en français à
une mesure de capacité. Le latin libra et ses dérivés dési-
gnaient : 1" un poids déterminé, 2° l'instrument pour peser
ou 3*^ pour mesurer la hauteur relative, 4° une monnaie. En
français livre exprime un poids et une monnaie (de compte);
délibérer, mot savant, d'où délibération, délibératif, cest
peser le pour et le contre, Fadjectif participial délibéré
exprimant l'état de décision qui suit normalement la délibé-
ration; délibérer a été aussi rattaché à liberum, libre
(choisir librement). L'équilibré (d'où équilibrer, équili-
briste) est constitué par l'égalité de poids, v. équité.
— Le diminutif libellum a produit le français livel (angl.
leveï)^ devenu niveau, d'où niveler, nivellement, et libellule,
qui signifie proprt petit niveau, insecte qui plane.
Livrée, livrer, v. libre. Livret, v. livre, masculin.
344 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Logîquc
Lobe, d'où lobule, grec lobon.
Local, localiser, localité, locataire, locatif, location,
V, lieu.
Loch, anglais log.
Locher, origine germanique, cf. ail. locker, « qui branle ».
Locomobile, locomoteur, locomotive, locomotion, v. lieu.
Locution se rattache au verbe latin loqiii, participe
passé lociitum, qui signifie parler. Le sens propre de locution
est langage, d'où, par spécialisation, « expression composée
de plusieurs mots ». Dans loquace et loquacité, le suffixe
péjoratif introduit une idée d'excès. Le verbe composé avec
le préfixe è- (qui najoute pas d'idée nouvelle, marquant sim-
plement le point de départ de l'action) a produit les dérivés
élocution, éloquence et éloquent; les deux derniers se sont
incorporé une idée d'élévation, de caractère persuasif, qui
s'ajoute à la signification étymologique ; comparez grandi-
loquent, qui parle « grand ».
— Autres dérivés de composés latins : allocution, paroles
adressées à; colloque, conversation; soliloque, cf. mono-
logue a\i moi moine; circonlocution, expression qui fourne
autour de l'idée; interlocuteurs, qui parlent entre eux
interloquer, proprt interrompre le discours de quelqu'un
d'où lui faire perdre la suite de ses idées; arrêt interlocu
toire, qui interrompt la procédure; ventriloque, proprt qui
parle du ventre.
— L'idée de « parler » était exprimée en outre, en latin, par
le verbe /a?'i, v. affable, et en latin populaire par *parabolare,
V. parole.
Lof, partie du navire frappée par le vent (d'où louvoyer),
mot d'origine Scandinave, anglais loof.
Logarithme, v. nombre.
Loge, origine germanique, cf. ail. laube, tonnelle ; dérivés :
logette et le verbe loger, d'où logis, logement, logeur,
logeable et déloger. La forme italienne de loge est loggia.
Logique se rattache au verbe grec legein (parler et
choisir, v. lire).
1. La rncine de ce verbe se trouve sous la forme Irg- ou
lec- dans prolégomènes, « choses dites avant », dans dialecte
et dialectique,* qui expriment proprt l'idée d'une connnuni-
calion (préfixe din-) i)ar la parole, et, pour dialccliqur, d'une
discussion, dans éclectique, « qmclioisil entre les doctrines»;
Logique] du français. 345
sous la forme lex- dans lexique, recueil de mots (comparez
dictionnaire au mot dire, vocabulaire au mot voix, glossaire
au mot glose); enfin et principalement sous la forme log-
qui exprime un choix dans anthologie, proprt choix de
fleurs {v. fleur), et dans églogues, proprt pièces choisies,
mais dont les significations rappellent surtout celles du
substantif grec logon : parole, propos, et raisonnement,
rapport.
2. La logique est l'art de raisonner juste {logique, d'où
illogique, a aussi une valeur adjective) ; le syllogisme est
une forme de raisonnement (le préfixe indiquant combinai-
son d'idées); un néologisme est une façon nouvelle de dire;
une logomachie est proprt une dispute de mots (cf. nauma-
chie au mot nef); un logogriphe est une énigme de mots;
létymologie, d'où étymologique, étymologiste, indique la
vérité des mots, leur origine exacte [etumon, vrai).
3. I/élément final -loge ou -logue peut avoir une valeur
active ou une valeur passive, et signifier « qui dit » ou « qui
est dit )) : analogue (préfixe ana = re) équivaut à « rapporté,
rapproché, comparé, comparable » (et l'analogie, doù analo-
gique, est le caractère de ce qui est analogue) ; l'apologue
est proprt un récit détaillé (mais l'apologie, d'où apologiste,
apologétique, est un discours pour détourner une accusa-
tion); un catalogue (préfixe cala- au sens distributif) désigne
chaque objet d'une collection; le martyrologe est le cata-
logue des martyrs; le décalogue est constitué par les dix
paroles, les dix commandements de Dieu ; un éloge (sans
doute pour euloge, eu- = bien), ce sont des propos bienveil-
lants; un épilogue est ce qui est dit sur, à la fin (épiloguer,
c'est parler sur ce qu'a fait ou sur ce qu'a dit quelqu'un);
des termçs homologues ont une même raison d'être,
V. homéo-, hoino- (homologuer un acte, c'est le rendre homo-
logue à ceux qui sont faits dans toutes les formes); l'horloge
dit l'heure (la chronologie dit le temps); un dialogue, ce
sont des propos échangés, comparez dialecte ci-dessus, § 1;
un monologue est proprt le discours d'un seul, un prologue
est un discours préalable.
4. Aux quelques mots en -logie signalés dans les para-
graphes précédents, il faut ajouter phraséologie, manière
de dire ou de construire les phrases, tautologie, redite « des
mêmes choses » (en grec ta auta, cf. auto-); trilogie, tétra-
logie, groupe de trois œuvres, de quatre.
346 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Loi
— Mais le plus grand nombre des mots français en -logie
désignent des sciences. En général, c'est la première partie
du mot qui indique l'objet de la science, le second signifiant
« étude raisonnée de »; il en est différemment dans philo-
logie où, à l'inverse, la première partie du mot signifie
étude de prédilection (proprt amour) et la seconde indique
l'objet de l'étude, qui est le langage.
— Aux mots en -logie désignant des sciences, corres-
pondent ordinairement des mots en -logue, parfois en -logiste,
désignant le. savant qui se livre à l'étude spécifiée, et des
adjectifs en -logique. L'anthropologie est létude de l'homme;
l'archéologie est l'étude des choses primitives {v. archaïque);
l'astrologie est l'étude des astres, — la défaveur qui s'at-
tache à ce mot, étymologiquement synonyme d'astronomie,
tient uniquement à ce que, au temps où l'astronomie portait
ce nom, elle était a judiciaire », c'est-à-dire qu'elle compor-
tait le jugement de l'avenir; l'ethnologie est l'étude des
races; la géologie est l'étude de la terre, v. terre; la grapho-
logie est l'étude de l'écriture, v. graphie; Tontologie (v. ce
mot) est l'étude de l'être en soi; la paléontologie est létude
des êtres anciens; la physiologie est proprt l'étude de la
nature, v. physique; la psychologie est l'étude de lame; la
théologie est l'étude de la divinité, celui qui se livre à cette
étude est appelé théologien et non « théologiste » ni « théo-
logue », signalons aussi l'adjectif théologal (à côté de théo-
logique), qui a un emploi substantif; la zoologie étudie les
animaux, la biologie étudie la vie, etc. Dans terminologie,
-logie exprime une idée, non pas d'étude, mais de simple
énumération, d'ensemble (de termes techniques).
5. Graphie (v. ce mot) signifie description, d'où science,
de telle sorte que ethnologie et ethnographie sont à peu près
synonymes. Bien que le sens propre de graphie convienne
particulièrement à la géographie, la différence entre géogra-
phie et géologie tient surtout à ce que la terre est considérée
sous deux aspects différents dans l'un et l'autre mot; on
envisage d'une part la profondeur et de l'autre la surface.
Logis, V. loge. Logogriphe, logomachie, v.
logique.
Loi, du latin legem, dont le génitif est legis; dérivé : loyal
(idée de fidélité à la loi qu'on a acceptée), d'où loyauté,
déloyal, déloyauté, loyalisme; dérivés savants : légal,
r
Long] DU FRANÇAIS. 347
illégal, légalité, illégalité, légaliser, légitime, légitimiste,
légitimité, légitimer, légiste, légiférer, législateur, légis-
lation, législature (pour ces derniers, u. offrir^). Un privi-
lège est une loi privée; un collège est proprt une association
(préfixe com-) régie par une loi, par un règlement, dérivés :
collégien, collégiale ; des collègues font partie de la même
corporation.
— Sur le mot legem, qui avait aussi le sens de convention,
condition, les Latins avaient formé un nouveau verbe,
legare, d'où notre léguer. La signification primitive est :
confier une chose à quelqu'un, ou bien charger quelqu'un
d'une chose, dans des conditions déterminées. A la première
acception se rattachent léguer, déléguer (un pouvoir), léga-
taire (mais non pas legs, qui, en dépit de l'orthographe
actuelle, vient de laisser). A la seconde acception se rat-
tachent déléguer (quelqu'un), légat (délégué du pape),
légation (résidence d'un ministre plénipotentiaire), déléga-
tion. Reléguer, c'est proprt envoyer en arrière, d'où les
acceptions actuelles de ce verbe et de relégation. Allé-
guer, proprt envoyer vers, d'où, par une restriction très
spéciale, adresser un argument à quelqu'un, invoquer une
raison. Dérivé : allégation.
Loin, lointain, u. long.
Loir, latin glirem.
Loisir, ancien infinitif, qui a produit loisible comme
faillir a produit faillible, vient du latin licere, être permis,
dont licite (d'où illicite) est le participe passé. A licere se
rattache aussi licence, qui signifie proprt permission, d'où :
permission d'enseigner (dérivé dans ce sens : licencié),
excès de liberté (dérivé dans ce sens : licencieux); licencier,
d'où licenciement, c'est rendre la liberté. Le verbe latin
licere avait aussi le sens de « être offert à l'acheteur, se
vendre aux enchères », d'où les termes juridiques licitation
et liciter, action de mettre aux enchères un bien indivis.
Lombe, d'où lombaire, longe de veau et lumbago, du
latin hunbuni, rein.
Long, du latin longum[a.\\. lang, an^l long). Dérivés : lon-
guet; longer; longe, au sens de lanière; longueur et longi-
tude, ce dernier ayant pris un sens spécial que n'a pas le
dérivé longitudinal. Loin, d'où lointain, éloigner, éloigne-
ment, dérive de la forme adverbiale de longuni. Composés :
348 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Lougre
oblong, proprt long au devant, allongé; barlong, d'une
longueur irrégulière, i;. bis 2; allonger, allongement et ral-
longe; prolonger, d'où prolonge, prolongement, prolonga-
tion; longtemps; longévité (long âge), mot formé avec
œvum dont œtatem {v. âge) est un dérivé; sur longanimité,
V. âme. Selon signifie proprt : sous le long, v. sou-.
Lopin, origine inconnue. Loque, d'oii loqueteux, ori-
Loquace, loquacité, v. locu- gine douteuse.
tion.
Loquet, d'où loqueteau, origine germanique, cf. anglais
lock.
Lorgner, d'où lorgnon, lorgnette, origine inconnue.
Loriot, V. or 2. Losange, origine douteuse.
Lors, lorsque, u. heure.
Lot, mot d'origine germanique, cf. anglais lot. Dérivés :
lotir, d'où lotissement; loterie, emprunté à l'italien. Loto
est la forme italienne de lot, le mot sest spécialisé pour
désigner un jeu de hasard particulier.
Lotion, u. laver. Lotte, origine inconnue.
Lotir, loto, u. lot.
Lotus, mot tout latin qui vient du grec lotos ] mélilot,
espèce de lotus à odeur de miel.
Louable, v. lou»r 2. 1. Louche, grande cuillère,
Louage, u. lieu. origine douleuse.
Louange , louangeur , u.
louer 2.
2. Louche, d'où loucher, vient du latin luscum, qui
signifie borgne; le mot grec qui signifie louche est straboii,
d'où strabisme.
1. Louer, v. lieu.
2. Louer, latin laudare. Dérivés : louable; louange, d'où
louangeur; le mot savant laudatif. Le verbe laudare dérive
d'un substantif dont le pluriel, laudes, a donné d'une part
le mot liturgique laudes, heure où l'on chante les psaumes
consacrés aux louanges de Dieu, d'autre part le vieux mot
los, que regrette La Bruyère, et auquel s'est substitué
louanges.
Loueur, i'. lieu.
Lougre, anglais lugger.
Luire] du français. 349
Louis, t). noms propres (Mots tirés de).
Loup, du latin /«p«m (compar. ail. et angl. ii'o//^ féminin
louve, dérivés : louvat. louveteau, louvetier, d'où louve-
terie . Garou, d'origine germanique, signifie « homme-
loup » {v. viril), et la finale -ou vient de ivolf: par con-
séquent, dans loup-garou, l'idée de loup est exprimée deux
fois. Sur loup-cervier, v. cerf. Le nominatif latin lupus
sert à désigner un ulcère qui dévore la chair (cf. cancer).
Le féminin lapa (d'où lupanar) et sa forme française louve
ont eu le sens de « femme de mauvaise vie ».
— La forme grecque lukon se trouve dans lycanthrope,
homme qui se croit changé en loup, d'où lycanthropie, et
dans lycopode, proprt pied de loup, nom de plante.
Loupe, origine inconnue.
Lourd, d'où lourdaud, lourdeur, alourdir et balourd
[v. bis 2) est rattaché au latin laridum, jaunâtre; on aurait
passé par les sens de : sale, paresseux, d'où difficile à mouvoir.
Loustic, de l'allemand lustig, gai.
Loutre, latin luira.
Louvat, louveteau, louve- Loyal, loyauté, v. loi.
terie, louvetier, v. loup. Loyer, v. lieu.
Louvoyer, v. lof. Lubie, v. libitum.
Lubrique, d'où lubricité, vient du latin lubricum, qui
indique simplement un penchant, car il signifie « glissant »,
et le sens primitif se retrouve au propre dans le composé
lubrifier, v. faire ^
Lucarne, lucide, lucidité, luciole, v. luire.
Lucre, d'où lucratif, latin lucrum.
Ludion, v. allusion. LueuT, v. luire.
Luette, V. raisin.
Lugubre, latin lugubrem, se rattache au verbe /ugere qui
signifie : être dans le deuil.
Lui, V. il.
Luire, latin luçere. Composé : reluire, d'où l'adjectif
participial reluisant. A la même racine se rattachent :
lueur, bluette, jadis beluette, d'abord étincelle, et berlue,
proprt mauvaise lumière {v. bis 2 et comparez bévue, au mot
voir, avoir la berlue fait commettre des bévues), lucide
(d'où lucidité, élucider, translucide), et probablement
350 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Luth
lucarne; luciole, diminutif qui nous vient dltalie; élucu-
brer, d'abord produire à la lumière de la lampe, à force de
veilles; luzerne, forme provençale qui signifie « ver lui-
sant » et qui a été appliquée, on ne sait pourquoi, à la
plante que nous nommons ainsi; — lustrer, proprt « faire
briller », et délustrer; lustre, au sens d'éclat et dappareil
d'éclairage; illustre et illustrer, doù illustration; lustrine,
étoffe lustrée; sans doute aussi luxe, ce qui brille, d'où
luxueux, luxuriant, luxure (d'abord abondance, excès au
figuré) et luxurieux.
— Parmi les mots de cette famille, à laquelle appartiennent
l'allemand licht et l'anglais light, ceux qui se rattachent au
substantif latin lumen, génitif laminis, méritent par leur
nombre une place à part : lumière et son doublet luminaire,
(d'après lumière, le vieux français limegnoriy bout de mèche,
d'origine inconnue, a été refait en lumignon); lumineux;
allumer, d'où allumeur, allumage, allumette ; illuminer
et enluminer, étymologiquement synonymes, le premier
avec illumination, le second avec enluminure.
— A la même famille se rattache lune, latin luna, et ses
dérivés : lunette, proprt petite lune (d'où lunetier); lunule;
lunaire, sublunaire; lunaison; lunatique, soumis à l'in-
fluence de la lune, bien ou mal luné; lundi, v.jour; demi-
lune, fortification demi-circulaire. — Le mot grec signifiant
lune était selênê; la sélénite (ancien nom du sulfate de
chaux) était ainsi appelée parce qu'on considérait ce corps
comme soumis à l'influence de la lune; le sélénite est un
sel où entre le sélénium, lequel est ainsi appelé parce qu'il
ressemble au tellure (i». terre) comme la lune à la terre.
Lumbago, u. tombe. naire, lumineux, lunaire, lu-
Lumière, lumignon, lumi- naison, lunatique, v. luire.
Lunch, d'où luncher, mot anglais.
Lundi, lune, luné, lunetier, lunette, lunule, v. luire.
Lupin, latin lupinum.
Lupus, V. loup. riode de cinq ans, v. déluge.
Luron, origine inconnue. 2. Lustre, éclat, et lustrer.
Lustral et 1. Lustre, pé- lustrine, i>. luire.
Lut, d'où luter, latin lutum, proprt boue.
Luth, d'où luthier, origine douteuse.
Macaron] du français. 351
Lutin, doù lutiner, peut-être déformation, sous Tinfluence
de lutter, du vieux français netun, doublet de Neptune.
Lutrin, u. lit.
Lutter, d'où lutte et lutteur, vient du latin luctariy d'où
inéluctable, contre quoi on ne peut lutter, dont on ne peut
se dégager.
Luxation, v. luxer. Luxe, u. luire.
Luxer, doù luxation, latin laxare, que quelques-uns rat-
tachent à oblique.
Luxueux, luxure, luxu- Lycée, d'où lycéen, y. noms
riant, luxurieux, luzerne, propres (Mots tirés de).
luzernière, v. luire. Lycopode, v. loup.
Lycanthrope , lycanthro-
pie, V. loup.
Lymphe, d*où lymphatique, vient du latin lympha (eau),
apparenté à limpide, et confondu par l'étymologie populaire
avec le mot d'origine grecque nympha, français nymphe,
divinité des sources.
— De nymphe dérive nymphéa, autre nom du nénufmr.
La nymphe est proprt la « fiancée », celle qui est recouverte
ou voilée, d'où le nom donné au second état de la larve. Le
mot est apparenté avec nubile, v. noce.
LYneher, appliquer la loi de John Lynch.
Lynx, mot grec, nom savant du loup-cervier.
Lyre, d'où lyrique, lyrisme, grec lura.
M
Ma, V. me.
Macabre, mot tiré, par erreur de lecture, de l'ancienne
locution (( danse Macabre », c'est-à-dire danse de Macabre,
probablement imaginée par un nommé Macabre. Quant à ce
nom propre, c'est une déformation de Machabée.
Macadam, d'où macadamiser, v. noms propres (Mots tirés de).
Macaque, mot du Congo.
Macaron, mot vénitien d'origine inconnue. Bien que
macaroni soit originairement le pluriel de macaron, ces
352 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Madrigal
deux mots sont arrivés à désigner deux espèces et deux
formes de pâtes fort différentes. L'adjectif macaronique est
appliqué plaisamment à un langage qui est une espèce de
faux italien, où les mots modernes sont affublés de termi-
naisons latines.
Macédoine; la signification de ce mot, comme nom com-
mun, est peut-être une allusion à l'empire d'Alexandre,
composé de pays fort divers.
Macérer, d'où macération, latin macerare.
Macfarlane, u. noms propres Mâche, origine inconnue.
(Mots tirés de).
Mâchefer a été expliqué comme signifiant « crotte de
1er », la première partie du mot étant une forme dialectale;
cf. scorie.
Mâcher, v. manger. Mâchicoulis, origine incon-
nue.
Machine. Le substantif grec mêkhanê et l'adjectif qui en
dérive, mêkhanikon, ont été empruntés par le latin à des
époques différentes sous les formes machina et mechanicum,
d'où en français machine et mécanique. Se rattachent à
machine : le masculin familier machin pour désigner un
objet dont on na pas le nom présent à l'esprit; machinal,
machinerie, machinisme, machiniste, machiner d'où ma-
chination. Dérivés de mécanique : mécanicien, qui est une
sorte de doublet de machiniste; mécanisme; mécaniser.
Mâchoire, mâchonner, mâchure, mâchurer, v. manger.
Maçon, d'où maçonner, maçonnerie, franc-maçon, ma-
çonnique, latin populaire macionem, d'origine douteuse.
Macreuse, origine inconnue.
Macrocéphale, formé avec le mot grec qui signifie tête
•{v. cap *) et l'adjectif makron, grand (cf. un autre mot grec,
de signification voisine, à l'article magne ^).
Maculé, ?). maille. Madras , v. noms propres
Madame, mademoiselle, (Mots tirés de).
madone, v. dôme 2.
Madré, mot d'origine germanique qui signifie proprt
tacheté (cf. ail. maser), puis, au figuré, varié dans ses moyens.
Madrier, u. matière.
Madrigal, mot italien d'origine douteuse.
Magne] du français. 3H3
Magasin nous vient, par l'italien, d'un mot arabe qui est
le pluriel de makhzen, grenier; dérivés : magasinage, emma-
gasiner.
Mage, latin magiim, dorigine persane, signifie prêtre
dans rois mages^ et a eu aussi le sens qui s"est conservé
dans le dérivé magicien. Autres dérivés : magie, magique.
Sur mage dans u juge mage », v. magne *.
Magister, magistère, ma- gistral , magistrat, magistra-
ture, V. magne 2.
Magnanerie se rattache au provençal magnan, ver à soie,
d'origine douteuse.
Magne se rattache à une racine mag- ou meg-, exprimant
ridée de grand.
1. On retrouve cette racine dans l'adjectif grec megas,
génitif megalou, d"où mégathérium [v. thériaque), mégali-
thique {v. pierre), et mégalomanie. Cette racine a produit
en latin : l'adverbe magis, doù mais, dont le sens primitif
est « plus », conservé dans n'en pouvoir mais^ v. mais; le
nom du dieu Maïus, qui préside à la croissance, nom donnée
un mois, français mai; l'adjectif magnum, français Magne^
surnom de l'empereur Charles; le comparatif major, repré-
senté par le substantif maire (proprt le plus grand de la
ville), par major, forme toute latine, par majeur et par le
provençal maje écrit mage dans u juge mage » ; le superlatif
maximum. Nous allons voir les dérivés de chacun de ces
mots.
2. A magis se rattache le substantif latin magister, em-
prunté tel quel avec son dérivé magistère, et dont la forme
populaire en français est maître, proprt celui qui est plus
que les autres, comme le ministre [v. moindre) est celui qui
est moins; composé contremaître, maître adjoint; dérivé :
maîtrise, d'où maîtriser; notez l'emploi de maîtrise au sens
restreint de a chœur dirigé par un maître de chapelle ».
Autre dérivé de magis : magistrat, d'où magistrature. Des
spécialisations plus ou moins anciennes ont différencié les
sens de magister, de maître et de magistrat. Ajoutez magis-
tral et son doublet provençal mistral, vent « magistral ».
3. Magnum se retrouve non seulement dans Charlemagne,
mais aussi dans magnanime (à lame grande, v. âme), dans
magnificence et magnifique, v.faire\ et dans magnificat,
nom dun cantique latin qui commence par ce mot, troisième
DICT. KTYM. FRANC. 23
334 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Maille
personne de l'indicatif présent du verbe latin qui signifie
« exalter ».
4. A major, plus grand, se rattachent, outre maire, ma-
jeur, major et juge mage : majorité, majorer, majoration,
majorât (proprt propriété du plus grand, de Tainé); majus-
cule (proprt un peu plus grande), majesté, majestueux,
majordome {v.dome^).
5. Le mot latin maximum, qui signifie en latin très grand
et le plus grand, a été emprunté tel quel, ainsi que son plu-
riel maxima. Notre mot maxime n'est pas autre chose que ce
superlatif employé substantivement en sous-entendant l'idée
de « pensée, sentence»; c'est proprt une pensée très grande,
de grande importance, une règle de conduite.
Magnésie (d'où magnésium, et manganèse venu par l'ita-
lien) se rattache au grec magnés, génitif magnétos (d'où ma-
gnétique, magnétiser, magnétisme), dont le sens propre
est : de Magnésie, ville abondante en aimants, puis : aimant.
La substance dite magnésie est ainsi appelée par assimilation
de forme et de couleur avec l'aimant naturel.
Magnificat, magnificence, Magnolia, y. acacia.
magnifier, magnifique, u. 1. Magot, trésor, origine
magne^. douteuse, u. mijoter.
2. Magot, gros singe et statuette chinoise, a été rattaché
au Magog de la Bible, peuple d'Asie Mineure.
Mai, V. magne i.
Maie, grec magida, pétrin.
Maigre, latin macrum. Dérivés : maigrelet, maigrichon,
maigreur, maigrir. Composé amaigrir, d'où amaigrisse-
ment. L'adjectif émacié est de la même famille-
Mail (d'où maillet), masse de bois servant à pousser une
boule, du latin malleum, marteau, d'où malléable, qu'on
peut façonner au marteau.
1. Maille, boucle, d'où maillon, démailler, tramail (filet
à trois nappes de mailles), camail {v. cap^), maillot (com-
posés : emmailloter, démailloter), vient du latin macula, qui
signifie tache et boucle. Le sens de tache se retrouve dans
les mots savants maculé, immaculé. La forme italienne
macchia, broussaille et tache, a engendré notre mot maquis;
maquette, proprt simple tache, ébauche, en est le dimi-
nutif.
Main] du français. 355
2. Maille, v. métal. Maillet, u. mail.
Manlech-ort, V. noms propres Maillon, v. maille i.
(Mots lires de). 1. Maillot, lange, u. maille l.
2. Maillot, caleçon collant, nom de linventeur.
Main, da latin manum, qui désigne aussi le bras (d'où le
sens de manche féminin et de ses dérivés».
1. Dérivés : manette; menotte; manuel: manier doù
manîment, maniable, remanier, remaniment: manière (pro-
prt façon de manier), doù maniéré; manche féminin, d'où
manchette, manchon, mancheron, emmanchure: manche
masculin fqu'on tient à la main), doù emmancher, déman-
cher; la Manche, c bras » de mer; manège, d'origine ita-
lienne, proprt maniement (d'un cheval, etc.) : manivelle
(racine germanique luell-, tourner); manigance.
2. Composés de main : main-d'œuvre; main-forte dans ;
prêter main-forte) ; mainlevée :. mainmise, mainmorte pos-
session sans transmission); maintenir, proprt tenir avec la
main, d'où maintien (action de maintenir et manière de se
maintenir au sens ancien de se comporter, se tenir) et
l'adverbe maintenant, qui n'est autre chose que le gérondif
de maintenir, et dont le sens primitif est : sans quitter la
main, de suite; à rapprocher la forme savante manutention,
manipulation, v. tenir '^.
3. Composés de manum, outre manutention : manifeste et
ses dérivés, v. défendre: manipuler (proprt se remplir la
main de), d'où manipulation: manœuvre, mot d origine
populaire, d'où manœuvrer; mansuétude,!', coutume; manu-
facture. V. faire -; manuscrit, écrit avec la main; la manci-
pation, terme juridique, c'est proprt la prise de possession
avec la main (latin capere, v. capable *), d'où émanciper,
K soustraire à la main » du père, du tuteur, du seigneur, et
émancipé, au propre et au lîguré, émancipation.
4. Un composé de manum qui a une nombreuse famille
est mander, latin mandare'v. dé à jouer), qui signifie proprt
donner en main, faire remettre un ordre, une instruction,
une information, convoquer. Dérivés : mandement, mandat
doù mandater, mandataire. Composés : contremander;
commander, donner des ordres, d'où commande, comman-
dement, commandant, commandeur (dont la forme espagnole
commcndador a été altérée par les Anglais en commodore"),
commanderie , et les termes commerciaux commandite,
remise de fonds, commanditer, commanditaire; les surcom-
350 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Mal
posés décommander et recommander, d'où recommandation,
recommandable ; recommander, c'est proprt remettre entre
les mains de quelqu'un le soin d'une affaire, d'une personne;
demander, doù demande, demandeur, se rapproche du sens
de u commander un objet », charger quelqu'un de le pro-
curer.
— Le mot grec qui signifie main est kheira, d'où chiro-
graphe, etc., v. chirographe.
Maint, origine douteuse, v. Maintenant, maintenir,
multi-. maintien, v. main 2.
Maire, mairie, v. magne ^.
Mais. Sur l'origine du mot, v. magne K Gomme conjonc-
tion, il s'est d'abord employé avec le sens de « de plus, plus
encore ». Puis l'idée copulative est devenue une idée adver-
sative; c'est ainsi que la conjonction et s'emploie quelquefois
pour marquer une opposition : « Tu le vois, et tu te tais ».
Désormais signifie proprt dès maintenant plus (sur or, v. ce,
pronom"^), et jamais: « dès ce moment plus », v. déjà.
Maïs, mot espagnol d'origine américaine.
Maison, v. manoir 1. Majolique, u. noms propres
Maisonnée, maisonnette, u. (Mots tirés de).
manoir'^. Majorât, majoration, ma-
Maitre, maîtrise, maîtriser, jordonie, majorer, majorité,
u. magne ^. majuscule, v. magne'*.
Majesté, majestueux, ma-
jeur, V. magne *.
Mal, adjectif et substantif, du latin malum ; dérivé : malice,
d'où malicieux.
1. L'adjectif mal, indépendamment de son emploi comme
substantif, s'est conservé dans quelques locutions comme :
malheur, v. heur; malechance, v. choir ^•, malgré, proprt
mauvais gré, d'où le verbe maugréer avec / vocalisée en u ;
maldonne pour maledonne; malfaçon pour malefaçon; ma-
laise; malencontre d'où malencontreux; bon an, mal an;
bon gré, mal gré; maltôte (v. ce mot).
2. L'adverbe latin maie a donné aussi mal, qu'on trouve
dans un grand nombre de composés sous la forme mal- ou
maa-. Composés latins : maléfice, malfaiteur, v.faire^''^ ';
malin, malignité, v. génital '*\ malade d'où maladie, maladif,
maladrerie (influencé par ladre), v. avoir ^; malédiction,
V. dire -; malévole, v. vouloir; malversation, v. vers-; mau-
dire, V. dire"^; maussade, v. savoir. Composés français :
Manant] du français. 357
maladroit d'où maladresse; malaisé (formé indépendam-
ment de malaise), malappris, malavisé, malentendu, mal
famé (u. affable^}, malhabile, malhonnête, malintentionné,
malmener, malotru [v. astre), malpropre, malsain, malséant
{v. seoir-], malsonnant, maltraiter, malveillant {v. vouloir).
Mal-. Les mots commençant par mal-, qui sont des com-
posés de Tadjectif ou de l'adverbe mal, ne seront pas relevés
ci-après. Ils sont signalés à larticle précédent, ou bien il
suffira de chercher le second mot composant.
Malachite se rattache au grec malakhê, mauve.
Malade, v. avoir i.
Malandrin, italien malandrino, d'origine douteuse.
Malart, canard sauvage, parait être un nom propre
d'homme, d'origine germanique.
Malaxer se rattache au grec malasseim^ar l'intermédiaire
dune forme latine.
Mâle, latin masculum, d'où masculin; on rattache géné-
ralement à la même famille mari, marier d'où mariage,
formariage (mariage hors de sa condition), et marital.
Malice, malicieux, u. mal. Malin, v. génital *.
adjectif. Malingre, origine inconnue.
Malle, d'où mallette, mallier, origine germanique.
Malléable, v. mail. Malotru, y. astre.
Malt, mot anglais.
Maltôte, formé avec l'adjectif mal et l'anci'i'n français
iolte, impôt, qui se rattache au verbe latin tollere, enlever,
V. tolérer.
Malversation, v. vers^.
Maman, onomatopée enfantine, commune à bien des
langues; à la forme latine mamma, par l'intermédiaire d'un
diminutif, se rattache mamelle, d'où mamelon et mamelonné
et le dérivé savant mamillaire; ajoutez mammifère, qui
porte des mamelles, v. offrir K Le grec employait le mot
maston d'où mastoide, en forme de mamelon (u. forme) et
mastodonte, aux dents mamelonnées {v. dent).
Mameluek, mot arabe, dont le sens propre est u esclave ».
Mammouth, mot sibérien.
Manant, u. manoir i.
358 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Manger
Mancenille (d'où mancenillier), d'origine espagnole,
proprt espèce de petite pomme.
Manche, mancheron, manchette, manchon, v. main^.
Manchot, diminutif d'un vieux mot venant du latin
mancuin, même sens. Sur mancuni, en substituant l'idée
générale de « privation » à l'idée particulière de » privation
dun bras )>, les Italiens ont fait le verbe mancare, qui est
notre manquer. Substantif verbal manque. Dérivés : man-
quement, immanquable. Manquer s'est dit de celui qui n'a
pas et de la cbose qu'on n'a pas (il manque d'habileté,
l'habileté lui manque), de celui qui ne réalise pas une
entreprise et de l'entreprise qui ne se réalise pas (il a
manqué son coup, le coup a manqué); il s'est dit non seule-
ment de la chose qui fait défaut, mais de la personne qui
échappe à un risque (il a manqué tomber), qui se soustrait
à un devoir (manquer à sa parole), etc.
Mandarin, origine portugaise; dérivés : mandarinat,
mandarinisme, aussi mandarine (allusion à la couleur de
certaines robes de mandarins).
Mandat, mandataire, man- Mandibules, u. manger.
dater, mandement, mander,
u. main *.
Mandoline, d'un mot italien qui lui-même se rattache
peut-être au vieux français mandore, pour pandore, grec
pandoiira.
Mandragore, grec mandragoran.
Mandrin, tige, origine in- Manège, u. main i.
connue.
Mânes, latin mânes, proprt bons génies, même famille
que mane, de bonne heure, v. demain.
Manette, v. main'^. Manganèse, v. magnésie.
Manger, latin manducare. Dérivés : mangeur, mangeable
d'où immangeable, mangeoire, mangeaille, mandibules
d'où démantibuler, proprt (lislo([uer la mâchoire. (A)inposé :
démanger, d'où démangeaison.
— A la même racine se rattachent mâcher et son doublet
mastiquer, latin niaslicarc; dérivés : mâchoire, mâchonner,
mâchelier (v. maxillaire), màchure d'où mâchurer (qui s'est
confondu avec le vi(nix verbe mtischerer, tacher, d'origine
germanique), et le dérivé savant mastication. A rappro-
Manoir] DU français. 359
cher du grec mastaka, proprt lèvre supérieure, d'où dérive
moustache par linlermédiaire de l'ilalien mostaccio.
— Il y avait en latin, au sens de manger, un autre verbe
(parent de l'anglais fo ea/ et de l'allemand essen), dont l'infinitif
était edere et le supin esiim, d'où comestible, mangeable, et
obèse, proprt bien nourri, d'où obésité. Dent vient du par-
ticipe présent primitif de ce verbe.
Manie, d'où l'adjectif maniaque, le nom des Ménades et
les nombreux mots terminés en-ma/ii"Ê',-ma/îe(biblioma/îe, etc.),
vient du grec mania, délire, folie, passion, v. manie 1.
Maniement, manier, ma- Manifestation , manifeste ,
nière, maniéré, manieur, u. manifester, v. défendre,
main •. Manigance, manigancer, y.
main • .
Manille, jeu de cartes, espagnol malilla, d'origine dou-
teuse.
Manioc, mot américain.
Manipulation, manipuler, y. main ^ et plein.
Manitou, mot américain.
Manivelle, v. main '.
1. Manne, « nourriture tombée du ciel >} et sens figurés,
mot hébreu.
2. Manne, panier d'osier, origine germanique.
Mannequin, du diminutif flamand du mot germanique
qui veut dire homme. Même suffixe que dans lambrequin.
Manœuvre, manœuvrer, v, main •' et œuvre.
Manoir, infinitif employé substantivement, du latin
manere, supin mansuni, qui signifie demeurer.
1. Le substantif manant est à l'origine le participe présent
du verbe manoir et signifie proprt qui demeure, sédentaire,
d'où vilain, paysan. Au supin se rattachent mansura, qui a
donné masure, et mansionem qui a produit maison, d'où
ménage (anciennement maisnage), qui signifie administra-
tion de la maison, etc. Mansion, lieu de l'action dans le
théâtre du moyen âge, est le doublet savant de maison. Sur
un autre mot ayant le sens de maison, v. dôme.
2. Dérivés de maison : maisonnée, maisonnette. Dérivés
de ménage : l'adjectif ménager (comparez économe, formé
sur le mot grec qui signifie maison), le verbe ménager, et
ménagement, dont le sens est voisin de celui de l'adjectif;
360 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Marâtre
les verbes déménager, emménager, formés indépendamment
sur ménage, et leurs dérivés déménagement, déménageur,
emménagement; ménagerie, qui a signifié étable et basse.-
cour, dépendances de la maison.
3. Deux composés latins de manere ont été empruntés
sous la forme du participe présent : permanent (d'où per-
manence), « qui demeure tout à fait ». et immanent, « inclus
à demeure dans les choses ».
Manque, manquement, Mansion, u. manoir'^.
manquer, u. manchot. Mansuétude, v. coutume.
Mansarde, v. noms propres
(Mots tirés de).
i. Mante, insecte, du grec mantin, qui signifie proprt
devin (agité du délire prophétique, même famille que manie,
cf. cartomancie); la mante dite « religieuse » croise souvent
ses pattes de devant dans une attitude qu'on a assimilée à
un geste religieux.
2. Mante, latin populaire mantiim. Diminutif manteau,
diminutif espagnol mantille, sous-diminutif mantelet. Com-
posé, au sens figuré, démanteler, d'où démantèlement.
Manuel, v. main i. Manutention, v. main -.
Manufacture, manufactu- Mappemonde, v. nappe.
rer, manufacturier, v. main ^ 1. Maquereau, poisson, ori-
eifaire^. gine inconnue.
Manuscrit, v. main 3.
2. Maquereau, entremetteur, parait se rattacher à la
même racine germanique que maquignon, d'où maqui-
gnonner, maquignonnage.
Maquette, v. maille i. Maquignon, v. maquereau2.
Maquiller, d'où maquillage, mot d'argot.
Maquis, v. maille 1.
Marabout, origine arabe.
Marais ('l mare, origine germanique, cf. ail. mariT/i,angl.
mnrsh. Marais a été aussi expliqué par le latin mariscum,
jonc. Dérivés : maraîcher, qui cultive les terrains humides;
marécage, d'où marécageux.
Marasme et amarante se rattachent au grec niarainein,
flétrir. Le marasme est un état de consomption, l'amarante
{a- privatif) est proprt la fleur qui ne se flétrit pas.
Marasquin, v. amer. Mar&tre, v. mère.
Marché] " du français. 361
Maraud, doù marauder, maraude, maraudeur et
maroufle 1, origine douteuse.
Marbre, latin marmor, d'où marmoréen; dérivés :
marbré, marbrure, marbrier, marbrerie.
1. Mare (poids et monnaie), mot germanique, conservé
dans la locution au marc le franc, « partiellement et propor-
tionnellement à la somme totale n, comme on dit aujourd'hui :
<( donner le sou du franc )>.
2. Marc, résidu, v. marcher. Marcassin, origine incon-
nue.
Mareassite, origine arabe.
Marchand, marchandage, marchander, marchandise,
V. marché.
1. Marehe, pays frontière, d'où marquis, proprt chef
dune marche, et margrave (comte de la marche), est un
mot d'origine germanique, ail. mark; on appelle marquise
la femme d'un marquis et un appareil élégant de protection
contre la pluie ou le soleil.
2. Marche, v. marcher.
Marehé, latin mercatum, dérivé de mercem, marchandise.
1. Dérivé de mercatum : marchand, d'où marchandise,
mercantile, mot venu par l'italien, et le verbe marchander
(discuter un prix comme un marchand), qui a engendré
marchandeur et marchandage.
2. Dérivés de mercem : mercier, — d'où mercerie, —
spécialisé dans le sens de marchand de menus objets pour
le vêtement; mercenaire, celui qui vend son travail ; merci,
mot de formation populaire, latin mercedem, dont le sens
propre est rétribution d'un travail, au figuré reconnaissance
d'où remercier, manifester sa reconnaissance, et remer-
cîment), ou simplement faveur, grâce, comparez gratitude
el grâce, au mot gré; Mercure, dieu du commerce (qui a
donné son nom au mercredi, v. jour), d'où mercuriale,
plante dite « herbe de Mercure », tableau des prix des den-
rées, réunion du Parlement le mercredi pour entendre les
remontrances du président, puis remontrance; le vif argent
est appelé mercure en raison de sa mobilité, dérivé dans ce
sens : mercuriel.
3. Composé avec mercem : commerce, d'où commercial,
commercer, commerçant, où le prélixe com- accentue l'idée
d'échange déjà contenue dans la racine.
362 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Marmoréen
Marcher, origine douteuse. Substantifs verbaux : marc,
ce qu'on foule aux pieds, et marche, action de marcher (d'où
démarche et contremarche), et place disposée pour le pied
(d'où marchepied, où le second élément ne fait que préciser
l'idée). Dérivé : marcheur.
Marcotte, d'où marcotter, Mare, marécage, maréca-
origine douteuse. geux, u. mai^ais.
Mardi, v. jour.
Maréchal, d'orig. germanique, signifie proprt serviteur
{v. sénéchal) chargé des chevaux, d'où parallèlement 1° ferreur
de chevaux (dérivé : maréchalerie), 2° sous-officier de cava-
lerie, 3° dignitaire chargé des écuries royales, général en
chef. La maréchaussée est une troupe de maréchaux, une
troupe de cavalerie chargée de la police; comparez sergent
de ville, le sergent ayant dans l'infanterie le grade corres-
pondant à celui de maréchal des logis dans la cavalerie.
Marée, v. mer. Margarine, v. marguerite.
Marelle, palet, origine in-
connue.
Marge, d'où margelle, émarger (proprt signer dans la
marge), vient du latin marginem, dont marginal est un dérivé
savant.
Margotin, v. marguerite. Margrave, u. marche 1.
Margoulette, v. gueule.
Marguerite vient du latin margarita, qui est d'origine
grecque, et qui signifie proprt perle. C'est par assimilation
de couleur que la pâquerette a été nommée marguerite et
qu'un certain acide a été qualifié de margarique d'où mar-
garine, nom d'un beurre artificiel, dans la composition
duquel entre l'acide margarique. Marguerite est aussi
devenu un prénom, dont la forme familière, Margot, se
retrouve dans margotin, proprt petite Margot, poupée, nom
donné à de petits fagots; comparez marotte.
Marguillier, v. mère. noms propres (Mots tirés de).
Mari, mariable, mariage, Marjolaine, origine incoii-
marier, marieur, v. mâle. iiuo.
Marin, marinade, mariner. Marmaille, u. marmotter.
marinier, v. mer. Marmelade, u. miel.
Marionnette, u. marotte. Marmite, d'où marmiteux,
Marital, v. mâle. marmiton, origine inconnue.
Maritime, v. mer. Marmoréen, v. marbre.
Maritorne, Marivauder, v.
Mars] DU français. 363
Marmotter parait être une onomatopée, et marmot et
marmotte peuvent être deux formes du substantif verbal de
ce verbe : lune et l'autre ont eu le sens de singe, et les
singes ont pu être ainsi nommés en raison d'une de leurs
grimaces qui leur donne l'air de marmotter entre leurs dents.
Il n'est pas extraordinaire que les enfants et les « rats des
Alpes » aient été appelés « petits singes », marmots et mar-
mottes. Sur marmot on a fait marmaille, et marmouset
semble se rattacher au même radical. A côté de marmotter,
on a dit aussi marmonner, qui a peut-être engendré maronner,
éprouver du dépit,
Marne, d'où marneux, marnière, vient d'un mot latin
d'origine celtique.
Maronner, v. marmotter. Maroquin, v. noms propres
(Mots tirés de)
Marotte a été une forme familière du prénom Marie,
comme Marion et son diminutif marionnette. Ces deux
noms, marotte et marionnette ont été donnés à des poupées,
le premier à la poupée de la Folie, d'où le sens subséquent
de (( toquade )>. Comparez margotin au mot marguerite.
1. Maroufle, synonyme de 2.Maroufle, forte colle, d'où
maraud, v. ce mot. maroufler, origine inconnue.
Marquer, origine germanique, cf. allemand merken. Sub-
stantif verbal marque, d'où contremarque (marque adjointe,
carte d'entrée supplémentaire). Adjectif participial marquant.
Dérivés : marqueur, marqueter, d'où marqueterie. Com-
posés : démarquer, enlever la marque, et démarcation,
action de marquer, de limiter, le préfixe n'est pas le même
dans les deux mots [v. de^); remarquer, d'où remarque,
remarquable, qui signifie proprt marquer à part soi, dans
son esprit, fixer son attention sur quelque chose.
Marquis, marquisat, mar- Marraine, v. mère.
quise, v. marche.
Marri, origine germanique.
1. Marron, d'où marronnier, mot d'origine inconnue,
employé d'abord à Lyon.
2. Marron, « qui n'est pas dans une situation régu-
lière '), mot d'origine incertaine.
Mars, nom de mois, de martium, dérivé latin du nom du
dieu Mars, accusatif Martem. Un autre dérivé a produit
martial. Composé mardi, v. jour.
364 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [MaSSCr
Marsouin, mot d'origine germanique, cf. ail. meerschwein,
proprt pourceau de mer.
Marsupiaux, animaux à poche, se rattache au grec mar-
supion, sac.
Marteau, du latin populaire * marteUum, même sens;
dérivé : marteler (d'où martelage), dont martel, tourment,
— employé seulement aujourd'hui dans la locution « martel
en tète )> — est le substantif verbal.
Martial, v, mars. cheur, v. noms propres (Mois
Martinet et Martin -pê- tirés de).
Martingale, à l'origine courroie des chausses que por-
taient, dit Ménage, les habitants des Martigues, puis courroie
de harnachement, puis, par une figure difficile à préciser,
procédé de joueur. On a proposé aussi uneétymologie arabe.
Martre, origine germanique, allemand marder.
Martyr, grec martura, témoin, et martyre, grec martu-
rion, dérivés : martyriser, martyrologe {v. logique^).
Mascarade, v. masque 2.
Mascaret, mot gascon d'origine inconnue.
Mascaron, v. masque 2. Masculin, v. mâle.
Mascotte, v. masque i.
1. Masque, terme d'injure employé au xvir siècle, vient
peut-être du provençal masco, sorcière, dont l'origine est
inconnue et dont mascotte est un diminutif.
2. Masque, mascarade et mascaron (tête d'architec-
ture) nous viennent de Titalien; dérivés de masque : mas-
quer, démasquer.
Massacre, d'où massacrer, est un mot d'origine inconnue
dont le sens primitif est : boucherie.
Massage, v. masser 3.
1. Masse, du latin massa, qui est emprunté au grec maza,
pâte. Dérivés : massif, masser, réunir en masse. Composés:
amasser, d'où amas; ramasser, d'où ramas, ramassis;
massepain, emprunté à l'italien (le premier élément du
mot avait à l'origine la forme inexpliquée marse, devenue
masse par étymologie populaire).
2. Masse, d'où massue, massier et masser (au billard),
du latin populaire * mallea.
1. Masser, v. masse 1. 2. Masser, v. masse 2.
Mâture] du français. 365
3. Masser, pétrir les muscles, d'où masseur, masseuse,
de l'arabe mass, palper.
Mastic, d'où mastiquer au sens de garnir de mastic, grec
mastikhê.
Mastiquer, mâcher, v. manger
Mastoc, de l'allemand mastochs qui signifie proprt bœuf
à l'engrais.
Mastodonte, mastoïde, v. Masure, v. manoir,
maman.
1. Mat, terme du jeu d'échecs, d'où mater, vient de l'arabe
mat, « il est mort », par l'intermédiaire du persan.
2. Mat, terne, d'où matité, a été, sans grande vraisem-
blance, rattaché au précédent.
Mât, d'où mater, mâture, démâter, ail. mast.
Matadop, mot espagnol qui signifie tueur, et matamore,
proprt tueur de Mores.
Matelas, d'où matelasser, matelassier, mot d'origine
arabe, cf. l'italien materasso.
Matelot, d'où matelote (mets apprêté à la manière des
matelots), vient de l'ancien hollandais.
Matérialiser , matérialis- Maternel , maternité , v.
me, matérialiste, matéria- mère.
lité, matériaux, matériel, v.
matière.
Mathématique, mathématicien, se rattachent au grec
mathêma, génitif mathématos, qui signifie science, c'est la
science par excellence, v. chrestoniathie.
Matière, du latin materia, dont le premier sens est
(c bois », sens retenu par les dérivés madrier, merrain, bois
de construction (latin populaire * mater lame n), vieux français
marment (latin populaire *materiamentum), d'où marmen-
teau, bois de haute futaie. Dérivés savants de materia, au
sens du français matière : matériel, d'où immatériel, maté-
rialité, matérialisme, matérialiste; matériaux, pluriel de
l'ancienne forme matérial, doublet de matériel.
Matin, matinal, matinée. Mâtin, mâtiné, v. coutume.
matines, v. demain. Matité, u. mat 2.
Matois a été rattaché à l'argot.
Matou et Matras sont l'un tricule , matrimonial , ma-
et l'autre d'origine inconnue. trône, v. mère.
Matrice, matriculaire, ma- Mâture, v. mât.
366 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Mèchc
Maturité , matutinal , v. Mausolée, v. noms propres
demain. (Mois lires de).
Maudire, v. dire 2. Maussade, maussaderie, v.
Maugréer, v. mal 1. savoir.
Mauvais, origine douteuse.
Mauve, latin malva; le grec ibiscon, guimauve, accolé au
latin malva, a produit le français guimauve.
Mauviette, origine douteuse.
Maxillaire se rattache au latin maxilla, mâchoire ; le
doublet populaire de maxillaire est le vieux français maisse-
lier, devenu mâchelier sous Finfluencede mâcher, v. manger.
Maxima, maxime, maxi- Mayonnaise, v. noms pro-
mum, V. magne^. près (Mots tirés de).
^ Mazette, origine inconnue.
Mazurka, mot polonais, proprt danse mazovienne. Cf.
polka.
Me et moi viennent du même mot latin me, suivant que
ce mot s'appuyait ou non, dans la prononciation, sur le mot
voisin.
— Au latin me se rattache l'adjectif possessif meum qui
a produit mon, et mea qui a produit ma. Meum, quand il ne
s'appuyait pas sur le mot ({ni suit, a produit mien, sur lequel
a été fait le féminin mienne. Le féminin latin mea, au cas
ablatif, se trouve dans la locution meâ-culpâ, par ma faute,
V. coupable.
— Le pluriel, meos masculin et meas féminin, a produit
uniformément mes. Cette forme était en même temps dans
l'ancienne langue un cas sujet masculin singulier (latin
meus) : messire, monseigneur.
Mé- ou mes-, préfixe, v. Méandre, v. noms propres
moindre^. (Mots tirés de).
Méat, canal, se rattache au verbe latin meare, passer,
d'où perméable, pénétrable, et imperméable, impénétrable.
Le composé commealum, proprt circulation, a produit en
formation populaire congé, permission de circuler ou invi-
tation à circuler, d'où congédier, venu par l'italien.
Mécanicien , mécanique , Méchanceté, méchant, v.
mécaniser, mécanisme, v. choir'-.
machine.
Mèche, origine douteuse; dérivé : éméché, proprt qui a
les cheveux en mèches (désordre occasionné par l'ivresse).
Mégissier] DU français. 367
Mécompte, i'. conter '. ment, mécontenter, v. tenir^.
Méconnaissable , mécon- Mécréant, v. croire.
naissance, méconnaitre, t'. Médaille, médaillé, médail-
connaître. lier, médaillon, v. mêlai.
Mécontent , mécontente-
Médecine , latin medicinaj d'où médicinal. Le mot
médecin a été tiré de médecine; pour exprimer cette idée les
Latins avaient medicum, d'où médicastre, venu dltalie et
formé avec le suffixe péjoratif -as/re, v. acariâtre. Le latin
medicum, sur lequel a été fait l'adjectif médicaL avait donné
en formation populaire miège et mire (comparez grammaire
au mot graphie '); la première forme s'est conservée comme
nom propre de personne, la seconde est bien connue par le
titre dun fabliau du moyen âge, a Le vilain mire », doù a
été tiré le sujet du « Médecin malgré lui ». Cf. le nom propre
Lemire.
— Il y avait aussi en latin un verbe medicare, auquel se
rattachent médication et médicament, d'où médicamenter.
— La racine de ces mots se trouve sous une forme plus
simple dans le verbe latin mederi, soigner, d'où ont été
tirés, avec le préfixe re-, qui marque réaction, les mots
remède, remédier, irrémédiable.
Médial, v. mi '^. dication, médicinal, v. méde-
Médian, v. mi ^. cine.
Médiat, médiateur, média- Médiéval, médiéviste, v.
tion, médiatiser, v. mi'^. mi^.
Médical, médicament, mé- Médiocre, méd'ocrit'", v.
dicamenter, médicastre, mé- mi 2.
Médire, médisance,!', rf/rr 2,
Méditer, d'où méditation, méditatif, préméditer, pré-
méditation, latin meditari.
Méditerranée, v. mi 3. Méduse, méduser, v. noms
Médium, médius, v. mi. propres (Mots tirés de).
Médullaire, v. moelle.
Meeting, mot anglais, rassemblement.
Méfait, u. faire 6. Mégarde, v. garder.
Méfiance, méfiant, méfier Mégathérium, v. thériaque.
(se). 11. foi. Mégère, v. noms propres
Mégalithique , mégaloma- (Mots tirés de),
nie, V. magne *.
Mégissier, d'où mégisserie, est tiré de mégis (pâte pour
assouplir les peaux), mot teclinique d'origine douteuse.
368 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Membre
Meilleur, latin meliorem (d'où améliorer, amélioration) ;
le neutre melius a produit mieux.
Mélancolie, mélancolique ; sur la seconde partie de ces
mots, V. fiel; la première est l'adjectif grec melana, noir, qui
se retrouve dans calomel (proprt beau ou bon noir, v. calli-
graphie), poudre noire qui devient blanche quand elle est
préparée, et dans Mélanésie, îles des Noirs, v. île.
Mélasse, v. miel.
Mêler, latin populaire *m,isculare, se rattache au latin
classique miscere, qui a produit s'immiscer, promiscuité, et
dont le supin mixtam a donné mixte, mixture, immixtion,
et les dérivés populaires méteil, seigle et froment mêlés, et
métis, de races mélangées.
— Substantif participial de mêler : mêlée. Dérivé : mélange,
d'où mélanger. Composés : emmêler, entremêler, démêler
(d'où : démêloir; démêlé, discussion pour démêler une
affaire), pêle-mêle, dont le premier élément n'est pas
expliqué, et méli-mélo, vieux français mêle-mêle, peut-être
influencé par le grec mêlomeli, boisson de pommes et de
miel, V. mélinite.
Mélèze, mélilot, v. miel. Méli-mélo, v. mêler.
Mélinite, formé sur le latin melinum qui signifie « cou-
leur de coing ». Ce mot latin se rattache lui-même au grec
melon qui a signifié fruit en général, puis pomme et coing
(le mot kudônion, sur lequel v. coing, a d'abord été un
adjectif se rapportant à melon).
— En réunissant melon pomme et meli miel, le grec avait
fait les deux mots composés mêlomeli {v. mêler), et meli-
mêlon, pomme douce, d'où dérive marmelade, v. miel.
— On rattache également au grec melon le latin melonem
qui a produit melon; v. aussi camomille au mot caméléon.
Mélisse, mellifère, v. miel.
Mélodie, d'où mélodieux, mélodique, grec melôdia formé
avec melos, rythme musical, et ôdè chant {v. ode). Autres
composés de melos : mélodrame, drame avec musique;
mélomane, mélomanie, v. manie; mélopée, proprt forma-
tion de rythme musical (pour accompagner la diction), sur
-pée, V. poème.
Melon, melonnière, v. mélinite.
Membre, doù membre, membru, membrure, démem-
Mener] du français. 369
brer, latin membrum, dent un dérivé, membrana, peau, a
produit membrane, doù membraneux.
Même, mêmement, v. idem.
Mémoire, latin memoria, doù mémorial et immémorial.
Memoria dérive de Tadjeclif meniorem, auquel se rattachent
aussi : mémorable, mémorandum (ce qui doit être rappelé,
cf. légende h lire^), commémorer, doù commémoration;
remémorer, remettre en mémoire , et son ancien doublet
remembrer, doù remembrance.
1. Ces mots ont été rattachés au verbe latin dont nous
avons emprunté limpératif mémento, proprt « souviens-toi »,
et dont un composé nous a fourni réminiscence, et par là
au grec mnêmê, mémoire, mnêmona, « qui se souvient »,
d'où : mnémonique, mnémotechnie et mnémotechnique
{v. technique): Mnémosyne, mère des Muses; amnésie (a-
privatif), perte de la mémoire; amnistie, oubli, et amnistier.
2. La racine latine parait se trouver dans le mot mentem,
esprit (comparez l'angl. mind, pensée, et, de plus loin, Tall.
meinen, penser), d"où mental, mentalité, dément, démence,
et la désinence adverbiale -ment (latin mente) qui signifie
proprt « dans un esprit...., d'une façon.... ». Comment
(comme-ment) renferme un pléonasme, puisque comme =^
de quelle manière, i'. mode'K A mentem se rattachent encore :
mention, proprt rappel, doù mentionner; mentir idoù :
menteur, menterie, mensonge, mensonger, démentir,
démenti), dont le sens primitif est imaginer; commenter,
proprt appliquer son esprit à..., d'où commentateur, com-
mentaire; enfin le nom de Minerve, déesse des métiers,
des arts.
Menace, d'où menacer, menaçant, latin vulgaire minacia.
Ménage, ménagement, ménager, ménagerie, v. manoir * "'^ 2,
Mendier, d'où mendiant et le mot savant mendicité,
latin mendicare; les quatre mendiants, ce sont les quatre
ordres mendiants, d'où, par figure, un dessert assorti de
quatre espèces de fruits secs.
Meneau, origine inconnue.
Mener, du latin populaire minare, qu'on a des raisons de
rattacher au verbe minari, menacer. Substantif participial
menée, moyen employé pour mener une aiïaire. Dérivé :
meneur. Composés : amener et ramener; se démener,
DICT. ÊTYM. FRANt;. 2*
370 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Mère
s'agiter; emmener {v. en 2°); malmener; promener, proprt
mener en avant, dérivés : promeneur, promenade, prome-
noir; surmener, mener en dépassant la mesure, dérivé : sur-
menage.
Ménestrel, ménétrier, u. moindre, 2, a.
Menhir, proprt pierre longue, mot celtique. Dolmen
signifie table de pierre.
Menin, y. mignon.
Méninge, d'où méningite, grec mêninga.
Menotte, v. main^. Mensuel, v. mois.
Mense, v. mesure. Mental , menterie , men-
Mensonge, mensonger, v. teur, v. mémoire 2.
mémoire 2.
Menthe, grec mintha.
Mention, mentionner, mentir, v. mémoire^.
Menton, d'où mentonnière, se rattache au latin mentam.
Menu, menuet, menuiserie, menuisier, v. moindre *2, 6.
Méphitique, latin mephiticum.
Méplat, V. place. Méprise, v. prendre.
Méprendre (se), v. prendre. Mépriser, v. prix.
Mépris, méprisable, v.prix.
Mer, latin mare. Dérivés : marin, marine, d'où marinier,
mariner (faire séjourner dans l'eau salée, dérivé : marinade) ;
marée; le mot savant maritime; romarin, proprt rosée
marine, comparez cormoran.
— Au grec ponton, mer, se rattachent les noms géogra-
phiques Pont-Euxin et Hellespont (mer d'Hellé). Un autre
mot grec de même sens se trouve dans archipel, v. arch-,
archi-.
Mercantile , mercantilis- mercure, mercuriale, mer-
me, mercenaire, mercerie, curiel, v. marché^.
merci , mercier , mercredi ,
i. Mère, adjectif féminin dans « mère goutte », le pre-
mier vin qui coule de la cuve, du latin mcrum, sans mélange.
2. Mère, latin nialrem (ail. rnutter, angl. mother). Com-
posé commère, proprt « mère avec, autre mère », marraine,
puis bonne femme du voisinage, d'où commérage, propos
de commère. Dérivés : marâtre (sur le suffixe, v. aca-
riâtre)y marraine; et les mots savants : matrone, dame;
MésaUier] du français. 371
matrimonial, qui concerne le matrimonium ou mariage
(comparez, au mot père, patrimoine); maternité, maternel;
matrice, organe de la mère, moule dont on tire des exem-
plaires, registre officiel dont on fait des extraits comme on
tire des exemplaires d'un moule. Au sens de registre d'in-
scription pour une société, un régiment, on emploie le dimi-
nutif matricule, d'où immatriculer, immatriculation, action
d'inscrire sur un registre; une inscription de ce genre est
dite matriculaire. Le doublet populaire de matriculaire est
marguillier, on appelait ainsi les membres du conseil de
fabrique chargés des registres, du budget de la paroisse;
plus tard le mot est devenu synonyme de sacristain. Les
enveloppes du cerveau étaient appelées « mère » : pie-mère
(u. pie 2) la plus tendre, et dure-mère la plus dure. La
forme grecque de matrem est mêlera, d"où métropole,
proprt ville-mère, et métropolitain, v. police 1.
Méridien, méridional, u. Meringue, origine inçon-
jour. nue.
Mérinos, mot espagnol, d'origine inconnue, qui désigne
les moutons transhumants; c'est, comme albinos, un pluriel
pris pour un singulier^
Merise, d'où merisier, origine inconnue.
Mérite, latin merilum; dérivés et composés : mériter,
méritoire, démérite, démériter, immérité; en latin, mérite
ne signifie pas seulement au neutre « ce dont on est digne »
(d'où, par connexion, qualité qui rend digne), mais aussi,
en parlant de quelqu'un, « qui est digne, qui s'acquitte de
ses fonctions », et l'adjectif émérite signifie proprt : sorti de
fonctions (dérivé : éméritat), d'où : expert dans son métier.
Merle se rattache au latin merula qui signifie à la fois
merle et merlan; merlan est formé avec le suffixe germa-
nique qu'on a dans chambellan; merlus. et merluche, qui
nous viennent du provençal, semblent être aussi des dérivés
de merula. Diminutif de merle : merlette (terme de blason),
oiseau représenté sans bec et sans pattes.
Merlin, masse de boucher Mes, adj. poss., u. me.
origine inconnue. Mes-, piélixe, v. inoindreK
Merluche, v. merle. Mésalliance, mésallier, v.
Merrain, v. malicre. lier.
Merveille, merveilleux, v.
mirer.
372 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Métacarpe
Mésange, origine germanique, cf. allemand meise.
Mésarriver, v. rive. Mésestime, mésestimer, u.
Mésaventure, v. venir. airain.
Mésentère, v. en A et mi. Mésintelligence, v. lire *.
Mesquin, d"où mesquinerie, italien meschino, qui vient de
l'arabe mesidn, pauvre, petit.
Mess, message, messager, Messéant, messied, v.sfioir^.
messagerie, messe, u. meffrei. Messidor, u. moisson.
Messie, d'un mot hébreu qui veut dire « oint » et dont
Christ est la traduction grecque.
Messire, v. me.
Mesure, d'où mesurer, démesuré, mesurable et mesu-
rage, latin mensiira, se rattache au verbe latin metiri, mesu-
rer, participe passé mensum, d'où dérivent également : dimen-
sion (préfixe dis-), « mesure de côté et d'autre »; immense
(doù immensité), « qui n'est pas mesuré » ; incommensurable,
« qui n"a pas de commune mesure », qui n'est pas mesurable.
Le mol latin inensa, qui veut dire table {v. commensal) et d'où
vient mense [mense épiscopale, revenu affecté à la table de
l'évoque), n'est autre chose que le participe passé féminin de
metiri, c'est proprement une planche à dimensions détermi-
nées.
— A la môme famille appartient le mot grec metron, mesure,
qui est notre mot mètre, appliqué à l'unité de longueur, d'où :
métrique (qui a pour base le mètre, ou qui se rapporte au
mètre des vers, à la versification), métrer, métreur. Com-
posés : métromanie, manie des vers; métronome, qui règle
la mesure (musicale), v. autonome ; diamètre, d'où diamétral,
proprt mesure à travers, comparez dimension ci-dessus ; péri-
mètre, proprt mesure autour; baromètre, v. grief; chrono-
mètre, V. chronique; géomètre, v. terre; thermomètre, v.
thermes; dynamomètre, v. dynamique, etc. On a le môme
mot grec dans symétrie, correspondance de mesure, préfixe
gu/i- = ensemble, (d'où symétrique, dyssymétrique, formé
avec le préfixe dys-).
Mésuser, v. us.
Meta-, préfixe grec qui marque succession ou change-
ment, et qui se trouve équivaloir au préfixe latin trans-.
Métacarpe, grec metacarpion, proprt ce qui est après le
poignet (les os de la paume de la main); un autre mot grec
1
Métope] DU FRANÇAIS. 373
karpon a le sens de fruit, et le péricarpe est ce qui entoure
le fruit; dans ce sens karpon a la même racine que le latin
carpere, cueillir, v. charpie.
Métairie, v. ini^.
Métal, latin metallum (grec metallon), dont un dérivé a
produit les doublets médaille, d'origine italienne, et maille
(petite monnaie), de formation française. Ce mot maille s'est
conservé dans les locutions : n'avoir ni sou ni nmille, et avoir
maille à partir (proprt un demi-denier à partager) avec quel-
qu'un.
— Dérivés et composés de métal : métallique, métalliser,
métalloïde, v. forme, métallurgie (doù métallurgique, mé-
tallurgiste), travail du métal; sur le second élément -urgie,
V. chirurgie.
— Dérivés de médaille : médaillon, qui peut désigner une
petite médaille ou une grande médaille, de métal ou d'autre
matière; médailliste, connaisseur en médailles; médaillier,
meuble pour collection de médailles ; le verbe médailler, gra-
tifier d'une médaille.
Métamorphose, d'où meta- Métaphore, métaphorique,
morphoser, v. meta-, préfixe, v. offrir^.
et forme Métaphysicien, métaphysi-
qae, v. physique.
Métatarse, proprt ce qui est après le tarse (qui, dans le
pied, correspond au poignet), v. métacarpe.
Métathèse, v. thèse. Méteil, v. mêler.
Métayage, métayer, v.mi^. Métempsycose, u.psyc/iigue.
Météore, grec meteôron qui signifie proprt « soulevé »,
d'où d'une part gonflé (dérivés : météorisé, météorisme),
d'autre part phénomène atmosphérique, au figuré ce qui
brille d'un éclat passager (composés : météorologie, météo-
rologique, V. logique^).
Méthode, méthodique, v. épisode.
Méticuleux, latin meticulosum, proprt qui a de petites
craintes, de petits scrupules.
Métier, v. moindre, 2, a. Métonymie, v. connaître^
Métis, V. mêler. B, W.
Métope, grec metopê, les métopes sont proprt des ouver-
tures intercalées (préfixe meta-), v. voir ^.
374 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Mettre
Métrage, raètre, métrer, Métropole, métropolitain,
miétreur, métrique, métro- v. mère et police 1.
manie, métronome, u. mesure. Mets, v. le suivant.
Mettre, substantif participial mise, d'où miser, vient du
latin mittere, supin missum, dont le sens primitif est laisser
aller, d'où envoyer, d'une part, et déposer, placer, d'autre
part. Dérivés : mettable, qui peut se mettre, présentable, en
parlant d'un vêtement; metteur (en scène, en œuvre).
1. Le participe passé latin, dont les dérivés savants sont
mission (d'où missionnaire) et missive, avait produit en for-
mation populaire le vieux français mes avec trois valeurs :
1° au féminin, cérémonie religieuse terminée par le missaest,
formule de congé des fidèles après l'office, dérivé savant :
missel; 2*^ au masculin, «. envoyé », dérivé message, qui a
produit messager, lequel a produit à son tour messagerie,
où l'idée de transport de messages disparait pour faire place
à celle de transport de voyageurs et de paquets ; T au neutre,
ce qu'on dépose sur la table, aliments; dans ce sens le mot
s'écrit aujourd'hui mets (d'où entremets) et il nous est
revenu dAngleterre sous la forme mess, au sens de table
d'officiers.
2. Composés de mettre : admettre, proprt laisser venir,
dérivés : admission, admissible, inadmissible, admissibilité;
— commettre, proprt laisser aller ensemble, d'où 1^ réunir
des personnes (dérivé : commission dans une de ses acceptions,
et comité, mot qui nous vient d'Angleterre), mettre des per-
sonnes aux prises, sens ancien auquel se rattache, avec une
idée péjorative, l'acception du réfléchi « se commettre avec
quelqu'un » ; 2" réunir une personne et une chose, c'est-à-
dire confier à quelqu'un (une charge, un soin), ou préposer
à une charge (une personne), dérivés : commission, au sens
de charge, mission (d'où commissionnaire), commis, com-
missaire, préposé à une besogne momentanée ou perma-
nente, et commissariat; 3° réunir des choses (dérivé dans
ce sens commissure, par exemple commissure des lèvres) ou
combiner un acte, l'accomplir, aujourd'hui avec une idée
péjorative.
3^ Autres composés de mettre : démettre (préfixe français
dés-), déplacer (un membre), et démettre (d'où démission,
démissionner, démissionnaire, pn'lixe latin de-), faire des-
cendre d'une dignité; — émettre, faire sortir, dérivés :
émission, émissaire; — intermittent (d'où intermittence)
Mî] DU FRANÇAIS. 375
proprt qui laisse aller par intervalles, discontinu; s'entre-
mettre, se mettre entre, dérivés : entremise et entremetteur
— omettre, d"où omission, proprt laisser aller en avant; —
permettre, d'où permis, permission, proprt laisser passer;
— prémisses, proprt propositions mises avant les autres;
— promettre, proprt lancer devant, annoncer, d'où s'enga-
ger, dérivés : prometteur, promesse ; surcomposé compro-
mettre, jadis : s'engager mutuellement (d'où compromis, et,
avec une idée péjorative, compromission), aujourd'hui : aven-
turer, sens voisin de la signification primitive de promettre;
— remettre, mettre à nouveau, mettre entre les mains de
quelqu'un (doù au figuré pardonner), mettre à un autre
moment, substantif participial remise (doù remiser), action
de remettre et lieu où Ion remet, dérivés savants : rémission,
irrémissible; — soumettre, doù soumission, soumissionner
(soumettre une proposition en vue d'une adjudication), insou-
mis: — transmettre, proprt envoyer au delà, doù transmis-
sion, transmissible.
Meuble, meubler, v. mou- Meule, meulière, meunerie,
voir 1. meunier, v. moudre^.
Meuglement, meugler, v.
bœuf.
Meurtre, mot d'origine germanique mais de là même
famille que mort, dérivés meurtrier et meurtrir; le verbe
n'a plus aujourd'hui que le sens de : écraser la chair en y
laissant une tache livide, d'où meurtrissure.
Meute, V. mouvoir^. Mezzo-soprano, v. sur^.
Mévente, v. vénal. Mi, note de musique, v. fa.
Mi, adj., du latin médium dont la forme italienne est mezzo
(mezzo-soprano, v. sur-) et qui correspond à l'allemand mitte
et au grec meson (mésentère, proprt milieu de l'intestin, v.
en, A : Mésopotamie, v. fleuve). Le latin médium et son nomi-
natif masculin médius sont entrés tels quels en français,
où ils s'écrivent avec un accent sur l'e, l'un dans les sens de
« partie moyenne de la voix » et de « intermédiaire dans
les expériences de spiritisme », l'autre dans le sens de «■ doigt
du milieu ».
1. Medianum et medietatem, dérivés de médium, ont produit
en formation populaire moyen (forme savante médian) et
moitié. I/adjectif moyen qualifie une situation au milieu,
iulermédiaire, le substantif moje/i désigne un intermédiaire
376 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Mie
entre la volonté et sa réalisation; moyennant, gérondif de
l'ancien verbe moyenner, signifie proprt « par le moyen de »
et annonce une condition ; misaine, italien mezzana, désigne
la voile du màt du milieu. Dérivés de moitié : moiteen, devenu
mitoyen (d'où mitoyenneté), et moitoier devenu métayer,
celui qui reçoit pour son travail la moitié des récoltes, d'où
métayage et métairie. V. mitaine.
2. Dérivés savants de médium, outre médian, signalé plus
haut : médial ; médiat, d'où médiatiser et immédiat (sans
intermédiaire dans l'espace ou sans intervalle dans le temps) ;
médiocre, de valeur moyenne, d'où médiocrité; médiation,
d'où médiateur, action de se mettre, pour les concilier, au
milieu des combattants.
3. Composés de mi : demi, formé sur mi comme dedans sur
dans; midi, v. jour; minuit; miparti, partagé par le milieu,
i;. partir; milieu'; mi-carême, etc.; parmi, proprt par Je
milieu. Composés savants : intermède et intermédiaire, qui
se place entre et au milieu, médiéval et médiéviste, v. âge;
Méditerranée, placée au milieu des terres; méridien (pour
*médidien, transformation euphonique qui remonte au latin)
et méridional, v. jour. Sur un autre mot de même sens,
V. semi-.
Miasme, émanation de matières corrompues, et amiante,
proprt qui ne se corrompt pas [a- privatif), se rattachent au
verbe grec miainein, corrompre.
Miauler, d'où miaulement, onomatopée.
Mica, V. mie 1.
Miche, origine germanique.
Micmac, espèce d'onomatopée, dans le genre de patati-
patata, cf. zigzag, ou peut-être corruption du vieux français
mutemaque, émeute, mot hybride formé en Flandre avec le
français meute [v. mouvoir) et maken (allemand machen),
faire.
Micocoulier, mot provençal d'origine douteuse.
Micro-, préfixe, du grec micron, petit.
Microbe, v. bacille. Midi, v. Jour et arctique.
Microscope, d'où microsco-
pique, V. épice '^.
i. Mie du pain, du latin mica, emprunté tel quel au sens
de métal friable, dérivés : miette, émietter, émiettement;
peut-être mioche; la vieille formule négative ne... mie.
Mille] DU FRANÇAIS. 377
2. Mie, amie, v. aimer.
Miel, du latin mel, o-énilif mellis. Dérivés et composés :
mielleux, emmiellé, mellifère [v. offrir'"^) ; mélasse, emprunté
à l'espagnol; mélèze (au lieu de *larèze, latin laricem), mot
alpin désignant un arbre au suc mielleux.
— Au grec meli, même sens, se rattachent : mélisses-
abréviation d'un mot grec qui signifiait « plante des mouches
à miel, des abeilles »: hydromel, proprement miel à l'eau;
mélilot, V. lotus. Du grec melimêlon, proprt pomme douce,
dérive l'espagnol /nerme/ada, français marmelade, cf. mélinite.
Mien, v. me. Mièvre, d'où mièvrerie,
Miette, v. mie l. origine inconnue.
Mieux, V. meilleur.
Mignon, du celtique min, petit, ou de la forme ancienne
de l'allemand minne, amour. Dérivés : mignonnette ; par
substitution de suffixe, mignard, d'où mignardise; forme
espagnole menin, menine, garçon ou fille d'honneur.
Migraine, v. crâne.
Migrateur et migration se rattachent au verbe latin
migrare, changer de résidence, d"où émigrer, émigrant,
émigré, émigration; immigré, transmigration.
Mijaurée, origine inconnue.
Mijoter, dérivé du vieux français mijot (que l'on croit être
une autre forme de magot 1) au sens de fruitier, lieu où les
fruits mûrissent doucement.
1. Mil, V. mille.
2. Mil, d'où millet, fièvre miliaire (à éruption en forme
de grains de mil), latin milium.
Milan, oiseau de proie, dérivé provençal du latin mil-mun.
Milice, d'où milicien, et militaire, militer, d'où militant,
se rattachent au latin militem, soldat (peut-être u faisant
partie d'une troupe de mille combattants »).
Milieu, V. mi.
Mille a été jadis le pluriel de mil (latin mille); on disait
miZ et plusieurs mille. Dérivés : millier; millième ; millénaire,
proprt qui contient mille unités; million, d'où millionième,
millionnaire, et billion, v. ce mot; milliard, d'où milliardaire;
milliasse; le préfixe milli-, signifiant millième partie de; le
dérivé savant millésime, proprt millième. Employé substan-
378 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Mînîum
tivement, mille exprimait un espace de mille pas, d'où : borne
milliaire. — Du mot grec qui signifie « mille » dérive : kilo-.
Mime, du grec mimon, qui signifie proprement imitateur,
acteur; le pantomime (proprt qui imite tout) exprime uni-
quement par des gestes les idées et les sentiments des per-
connages, et cette idée restrictive s'est introduite dans la
signification des dérivés de mime : mimique et mimer; on
appelle aussi pantomime (fém.), par connexion, Icxpression
des sentiments par les gestes et une pièce de tliéàtre où la
parole n'est pas employée; dans l'antiquité un mime était
aussi une petite comédie familière. Mimosa, mot tout latin,
est le nom d'une plante qui grimace, qui se contracte au
toucher.
Minable, v. miner.
Minaret, mot arabe.
Minauder, minauderie, minaudier, v. mine i.
Mince, d'où minceur, amincir, émince, origine inconnue.
i. Mine, air du visage, d'où minois, minet (petit chat qui
fait des mines), minauder, minaudier, origine douteuse.
2. Mine, poids et monnaie antiques, latin mina, venu du
grec, qui l'avait emprunté à l'assyro-babylonien.
3. Mine, mesure de capacité, grec hêmina, dérivé : mino-
tier (lé grain et la farine se mesuraient à la mine ou au
minot), d'où minoterie.
4. Mine, v. le suivant.
Miner, creuser la terre pour extraire ou pour faire écrou-
ler, origine probablement celtique. Substantif verbal mine,
d'où mineur, minier, minière, qui ont eux-mêmes produit
minéral et minerai ; dérivés de minéral : minéraliser, miné-
ralogie, minéralogique, minéralogiste, v. logique^. Le verbe
miner a aussi produit minable, « qui peut être renversé par
une mine », d'où : fragile, misérable.
Minet, u. mine i. Minima, minime, mini-
Mineur, V. miner ou moin- mum, v. moindre^,
dre 1. Ministère, ministériel, mi-
Miniature, V. minium. nistre, v. moindrc^^-^.
Minier, v. miner.
Minium, mot latin désignant une substance colorante
rouge, d'où miniature (dérivé : miniaturiste), qui est d'ori-
I
Mite] DU FRANÇAIS. 379
gine italienne et qui s"est d'abord appliqué à la peinture
rouge sur parchemin.
Minois, V. mine^. minutieux, v. moindre 2,6,
Minorité, v. moindre K Mioche, v. mie i.
Minoterie, minotier, v. Miparti, d. partir.
mine 3. Mirabelle, v. noms propres
Minuit, V. nuit. (Mots tirés de).
Minuscule, v. moindre 1. Miracle, mirage, mire, v.
Minute, minuter, minutie, le suivant.
Mirer se rattache au latin mirari (cf. anglais smile), dont
le sens primitif a sans doute été « sourire », puis s'étonner,
admirer, regarder. Substantif verbal mire. Dérivés : mireur;
mirage: miroir, d'où miroiter, miroitement, miroitier; mi-
racle et miraculeux ; le mot de formation populaire merveille
(latin mirabilia), et merveilleux, sémerveiller, émerveille-
ment. Composés : admirer, d'où admiration, admirateur,
admirable, admiratif: mirifique, qui produit l'émerveille-
ment, V. faire"'. Sur mirobolant, v. myrobolan.
— Le mot grec qui signifie miracle est thauma, génitif
thaumatos, d'où thaumaturge, thaumaturgie, v. chirurgie.
Mirliflore, Mirliton, mots Miroton, origine inconnue,
d'origine inconnue. Misaine, v. mi, adjectif.
Miroir, miroitement, mi-
roiter, miroitier, v. mirer.
Misanthrope et misanthropie (comme misogyne, v. gy-
nécée) contiennent le verbe grecmisein, haïr; v. anthropologie.
Mise, miser, v. mettre.
Misère. Au latin miserum, malheureux, se rattachent les
dérivés français : misère, miséreux, misérable, et les com-
posés : commisération ; miséricorde, miséricordieux, v. cœur.
Miserere est l'impératif du verbe latin misereri et signifie
proprt : aie pitié, doù le nom donné à des coliques intolérables.
Misogyne, v. misanthiope et Mistigri, origine inconnue.
gynécée. Mistral, v. magne"^.
Missel, mission, mission-
naire, missive, v. mettre *.
Mitaine et l'ancien français mitoujle (d'où emmitouflé)
dérivent du vieux mot mite, qui a le môme sens et qui parait
se rattacher à médium {v. mi), c'est une moitié de gant.
Mite, insecte, se rattache au radical germanique mit-, qui
380 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Mode
signifie « couper menu » ; autre dérivé : mitraille (jadis mi-
taille), d'où mitrailler, mitrailleuse.
Mitîger, latin mitigare, dérivé de mitem, doux, v. agir^.
Mitonner, origine incon- Mitoyen, mitoyenneté, v.
nue. mi, adj. i
Mitraille, v. mite.
Mitre, grec mitra; les garçons pâtissiers ont été proba-
blement appelés mitrons parce qu'ils portent une coiffure
spéciale qu'on a assimilée plaisamment à une mitre.
Mixte, mixture, v. mêler. Mobile, mobilier, mobili-
Mnémonique, mnémo- sable, mobilisation, mobili-
technique, v. mémoire^. ser, mobilité, v. mouvoir^.
Mode, du latiq modum, qui signifie mesure et manière.
1. Dérivés : modal, d'où modalité ; modique, proprt mesuré,
d'où modicité ; modiste, qui soccupe des modes ou manières
de se vêtir, et spécialement de la coiffure des dames ; moduler,
doù modulation, proprt mesurer les sons, les cadencer;
modérer, proprt mesurer, d'où modéré, immodéré, modéra-
tion, modérateur, modérantisme ; modeste, modéré dans sa
tenue, dans ses prétentions, d'où immodeste, modestie ; muid
(latin modium), mesure de capacité, et moyeu de roue (qui
ressemble à un petit muid); trémie pour trémuie, proprt
mesure de trois muids.
— Le diminutif module désigne originairement la mesure
diamétrale d'une colonne, à laquelle se rapportent les autres
dimensions, d'où le sens de « type » attribué au doublet
populaire moule (dérivés : mouler, mouleur, moulure, mou-
lage, surmouler), et celui d'objet d'imitation attribué au
diminutif italien modèle (dérivés : modeler, proprt faire un
modèle, modeleur, modelage); modillon, également d'origine
italienne, a la même racine.
2. L'adverbe modo signifie « dans un temps modiquement
éloigné, récent », d'où moderne, moderniser, modernisme,
moderniste.
3. Composés de modum ou de mode : comme (proprt de quel
mode), où -me représente mode, et co- le pronom relatif h
l'ablatif, latin quomodo ; sur comment, v. mémoire - ; démodé ;
modifier, faire un arrangement, dérivé : modification, v.
faire"'; commode (préfixe corn-), proprt qui s'arrange avec,
approprié, dérivés : commodité, accommoder, accommoda-
Moindre] du français. 381
tion. raccommoder, raccommodement, raccommodeur,
incommode, incommodité, incommoder.
Mod-. Chercher dans l'arti- cle précédent tous les mots
commençant ainsi.
Moelle, d'où moelleux, vient du latin mediiUa, d'où médul-
laire ; le mot grec qui signifie moelle est muelon, d'où myélite,
affection de la moelle.
Moellon, origine inconnue.
Mœurs, du latin mores, coutumes, caractère. Dérivés :
morose, latin morosum (qui a trop de caractère, original, sin-
gulier, grognon); l'adjectif moral, relatif aux mœurs, ou
relatif à l'âme, ou conforme aux bonnes mœurs, d'où : le
substantif morale, moraliser, moraliste, moralité, immoral
et amoral {v. a- préfixe), immoralité ; démoraliser, proprt
ôter le moral, qui a produit à son tour démoralisation, démo-
ralisateur.
— Le mot grec qui signifie mœurs est êthos, d'où le sub-
stantif éthique, qui équivaut à morale; le mol ithos dans la
locution a l'ilhos et le pathos » (les mœurs et la passion)
n'est autre chose qu'une graphie d'êthos conforme à la pro-
nonciation grecque moderne.
Mohair est la forme anglaise de moire, d'origine arabe;
du sens d'étoffe brillante en poil de chèvre, qui est encore
le sens de mohair, on a passé au sens d'étoffe chatoyante,
dérivé : moirer, d'où moirage.
Moi, V. me. Moignon, origine inconnue.
Moindre (d'où amoindrir), latin minor, et moins, latin
minus, sont originairement deux formes, l'une masculine et
féminine, l'autre neutre, d'un mot qui signifie « plus petit »,
cf. allemand minder.
1. Le doublet savant de moindre est mineur, qui se
retrouve sous la forme tout à fait latine dans le dérivé :
minorité. La forme latine du neutre moins se retrouve dans
le diminutif minuscule. Minus lui-même a produit, outre
moins, notre préfixe péjoratif mes-, mé-, qu'on peut traduire
ordinairement par « mal », mais qui signifie proprt moins ou
en moins (l'évolution du sens a peut-être été favorisée par
le préfixe germanique missa).
— Le superlatif qui correspond à ce comparatif est
minime, dont la forme latine neutre est au singulier
382 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Moîne
minimum et au pluriel minima, mots que nous avons
empruntés tels quels.
2. A minor, minus, se rattachent :
a. Le substantif ministre (dérivés : ministère, adminis-
trer, etc), dont le sens primitif est : inférieur, serviteur,
celui qui agit sous les ordres d'un maître. Le doublet popu-
laire de ministère est métier. Les dérivés ménestrel et
ménétrier, d'origine populaire, désignent, avec des nuances
de signification, des gens faisant « métier )) d'amuser le
public par leurs chants et leur musique.
b. Un verbe au sens de « rendre plus petit », qui n'a passé
en français que dans le composé diminuer (rendre moindre
en séparant, dérivés : diminution, diminutif) ; nous avons
le participe passé de ce verbe sous la forme populaire de
l'adjectif menu, latin miniitam, et sous la forme savante du
féminin minute, employé substantivement aux sens de :
subdivision de l'heure, brouillon en écriture menue, d'où
minuter. L'adjectif menu, employé substantivement, signifie
proprt programme de repas « divisé en menus articles »,
détaillé (cf. diviser, au mot veuf, et tailler). De minutam
dérivent encore : le verbe menuiser (d'où menuisier),
détailler du bois pour faire des meubles; le substantif
menuet, danse à petits pas; le mot savant minutie, petit
détail, doù minutieux.
Moine, grec monakhon, d'où monacal, signifie proprt
homme qui vit seul, ermite {ermite lui-même signifie : qui
vit au désert). Un monastère est une maison où l'on vit non
pas seul, mais isolé du monde profane; ce mot a un dou-
blet populaire, moutier = monastère, église. Moine a pro-
duit les diminutifs moineau, moinillon, le premier appliqué
par plaisanterie à un oiseau, v. passereau.
— Le grec monakhon dérive de l'adjectif monon, seul, qui
se retrouve dans : monade, proprt unité; monôme, proprt
suite unique, ininterrompue [v. autonome); monarque, qui
commande seul [v. arch-, archi-) ; monochrome, dune
seule couleur, v. couleur; monocle, qui sert pour un seul
œil; monogame, qui n'a qu'une femme, v. bigame; mono-
gramme, mot écrit avec un seul caractère, v. graphie'^;
monographie, écrit sur un seul sujet; monomanie, manie
portant sur un seul point; monolithe, fait dune seule
pierre; monologuer, parler seul, v. logique ^; monopole,
proprt commerce d'un seul, du grec pôlein, vendre; mono-
Monde] DU français. 383
tone, d'un ton; monothéisme, doctrine n'admettant qu'un
dieu, V. dieu''; monosyllabe, etc. Cf. seul, mot d'origine
latine exprimant la même idée.
Moineau, v. moine. Moire, raoirer, v. mohair.
Moins, V. moindre.
Mois, du latin mensem, qui est apparenté au nom de
la lune en allemand, mond, et en anglais, moon; c'est proprt
la période lunaire. De mensem dérivent les mots savants :
mensuel, d'où mensualité; bimensuel, v. bis; trimestre,
d'où trimestriel, v. trois; semestre, d'où semestriel, v.six.
Moisir, moisissure, u. mucus.
Moisson, d'où moissonner, moissonneur, se rattache au
latin messis, sur lequel a été l'ait messidor.
Moite, moiteur, u. moussel. Mol, v, mou.
Moitié, V. mi ^. Molaire, v. moudre K
Môle, venu par l'italien, est le latin molem, masse.
Dérivés : molécule, proprt petite masse, d'où moléculaire;
molester, proprt embarrasser. Composé : démolir, d'où
démolition, démolisseur. Cf. meule (de foin) à moudre *.
Moleskine, anglais mole-skin, proprt peau de taupe.
Molester, v. môle. Molosse, v. noms propres
Molette, V. moudre^. (Mois tirés de).
Mollasse, mollesse, mollet, Moment, momentané, v.
molleton, mollir, mollusque, mouvoir i.
V. mou.
Momerie, proprt et anciennement déguisement, dérivé
de l'allemand mummen, masquer.
Momie, d'où momifier, momification, se rattache au
persan mûm, cire.
Mon, V. me. narque, monastère, monas-
Monacal, v. moine. tique, v. moine.
Monade, monarchie, mo- Monceau, v. mont.
narchique, monarchiste, mo-
Monde, du latin mundum qui signifie à la fois ordre dans
l'univers, univers, et ordre dans la toilette, propreté. A une
acception dérivée du premier sens se rattachent mondain,
d'où mondanité, et mappemonde, v. nappe. Au second sens
se rattachent : le vieil adjectif monde, pur, d'où immonde,
immondices, orge mondé, émonder. Comparez aux deux
sens de mundum, les deux sens de kosmon, v. cosmétique.
384 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Mont
Monétaire, u. monnaie.
Moniteur, proprt avertisseur, se rattache au verbe
monere, supin moiiitiim, avertir, appeler l'attention, faire
souvenir. Autres dérivés et composés : monitoire et pré-
monitoire ; semondre, proprt avertir en dessous, d'où
semonce; admonition, admonester, et admonestation;
monument, proprt édifice commémoratif, et monumental;
monstre, d'où monstrueux, monstruosité, proprt avertisse-
ment céleste, prodige; montrer, doù montre, action de
montrer, et instrument montrant l'heure (dans ce sens, le mot
a dabord désigné le cadran), montreur, démontrer, démon-
trable, démonstration, démonstrateur; remontrer, repré-
senter un tort, d'où remontrance.
Monnaie (doù monnayé, faux monnayeur, monétaire,
démonétiser), du latin moneta, identique à l'épithète moneta,
proprt « la donneuse d'avis » (cf. moniteur), surnom donné
à Junon en raison des avertissements qu'elle avait adressés
aux Romains; le temple de Junon Moneta était en même
temps un atelier monétaire, d'où le nom donné aux pièces
qui en sortaient. D'après une autre étymologie le surnom de
Junon viendrait de l'atelier monétaire, et moneta (toujours
de la famille de monere, mais d'origine grecque) aurait le
sens de « signe d'échange ».
Mono- (Mots commençant Monsieur, u. seigneur.
par), V. moine, et cherchez le Monstre, monstrueux,
mot qui forme le second élé- monstruosité, u. moniteur.
ment du nom composé.
Mont, latin monteni. Dérivés et composés : amont :
montueux, monticule ; montagne, d'où montagneux, mon-
tagnard ; monceau, d'où amonceler, amoncellement ;
ultramontain, d'au delà des monts; promontoire, proprt
(( élévation qui s'avance » dans la mer; tramontane (préfixe
tra-), étoile et vent du nord, d'au delà des monts pour les
Italiens, le mot nous venant d'Italie.
— Le mot grec qui signifie montagne est oros, d'où oro-
graphie, orographique, v. archal. Cf. aussi le mot germa-
nique berg dans iceberg.
— Sur montem a été fait le verbe monter, aller en haut,
élever (notamment élever le poids d'une horloge, d'où, par
analogie, tendre les ressorts d'un mécanisme), mettre (une
machine) sur pieds. Substantils participiaux : montant et
Morillon] du français. 385
montée. Dérivés : monteur, montoir, monture, montage.
Composés : démonter, pioprt désarçonner, aussi défaire
une macliine « montée », d'où démontable, démontage:
remonter, d'où remonte, remontée, remontoir; surmonter,
monter au-dessus, doù insurmontable.
Montrable, montre, mon- Moquer, d'où moquerie,
trer, montreur, i'. moniteur. moqueur, origine douteuse.
Montueux, monture, v. Moquette, éloffe, origine
mont. inconnue.
Monument, monumental,
V. moniteur.
Moraine, provençal mourreno, d'origine douteuse.
Moral, morale, moraliser, Moratoire, v. demeure.
moraliste, moralité, v. mœurs.
Morbide se riittache au latin morbum, maladie (cf.
pathologie, k pâtir ^); morbidesse, emprunté à Titalien,
signifie proprt aspect maladif, d'où délicatesse.
Morbleu, v. dieu^. Morceau, morceler, mor-
cellement, V. mordre.
Mordoré, proprt brun doré, comprend le nom propre
Maure (de Mauritanie), dont moricaud, morillon sont des
dérivés.
Mordre se rattache au latin mordere, supin morsum.
Dérivés : mordant, mordeur, mordiller, mordicant; mor-
dicus, adverbe tout latin qui signifie en mordant, sans
démordre; mors (de cheval); morsure, morseau (proprt
fragment coupé avec les dents), écrit à tort morceau, d'où
morceler, morcellement; remords, reproche de la con-
science, assimilé à une morsure. Sur morfondre, v. morue.
Morganatique se rattache vraisemblablement à l'alle-
mand morgen, matin; se dit d'un mariage princier contracté
clandestinement.
Morgue, d'origine inconnue, a d'abord désigné l'endroit
où les prisonniers étaient examinés attentivement pour
qu'on pût les reconnaître, d'où : lieu d'exposition pour les
cadavres ; on explique difficilement le sens de « air hautain »,
c'est peut-être un autre mot.
Moribond, u. mort. Morigéner, origine dou-
Moricaud, v. mordoré. teuse.
Morille, origine germanique, cf. ail. morchel.
Morillon, v. mordoré.
DICT. ÉTYM. FHANÇ. 2o
386 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [MoU
Morion, casque, mot espagnol.
1. Morne, adjectif, origine germanique (cf. anglais to
moiirn, être triste).
2. Morne, subst., colline, mot venu des Antilles.
Morose, v. mœurs. Morphologie, v. forme.
Morphine, morphinomane. Mors, morsure, v. mordre.
V. noms propres (Mots tirés de).
Mort, latin mortem, de la même famille que ambroisie
et meurtre, v. ces mots, et que l'anglais murder et Talle-
mand mord. Dérivés et composés : mortel, mortalité (et
immortel, immortaliser, immortalité); mortuaire; male-
mort, V. mal, adjectif. Du verbe latin mari, issu de la même
racine, participe passé mortuum , dérive mourir, d'où:
moribond; mortifier, rendre mort (la chair), et mortifica-
tion, V. faire'; amortir, uniquement employé au figuré,
d'où amortissement, amortissable.
Mortadelle, v. mortier. Mortalité, mortel, v. mort.
Mortaise, origine inconnue.
Mortier, du latin mortariiim, vase à piler, et sable pilé,
mélangé à la chaux ; la mortadella italienne, français morta-
delle, est faite avec de la chair pilée.
Mortif ication , mortifier, Morue, origine inconnue,
mortuaire, v. mort.
Morve, d'où morveux, origine douteuse ; morfondu
signifie proprt fondu en morve, et s'est dit d'abord d'un
cheval catarrheux; sens figuré : « pénétré de froid ».
Mosaïque, mosaïste, u. mwse.
Mosquée, origine arabe.
Mot, d'où motet (petit morceau de chant) et peut-être
aussi le mot plaisant motus (pas un mot!), parait se ratta-
cher au latin muttum, grognement.
Moteur, motif, motion, Motte, origine inconnue,
motiver, v. mouvoir^. Motus, v. mot.
Mou, mol, latin mollem. Dérivés : mollet, adjectif (d'où
molleton) et substantif; mollasse; mollesse; mollusque;
mollir, latin mollire, d'où émollient, mot savant, ramollir
et ramollissement. Mouiller, d'où mouillette, mouillage
(endroit où on mouille les ancres) et mouillure, vient d'un
dérivé *molliare, du latin populaire, proprt amollir.
Moudre] du français. 387
Mouche, latin musca. Dérivés : moucheron; mouche-
rolle, petit oiseau; mouchet, devenu émouchet, petit faucon;
mouchard, comparé à la mouche qui sïnsinue partout;
moucheter, parsemer de points (de mouchetures) ou garnir
d'un petit tampon, assimilé à une mouche; moustique
(d'où moustiquaire), tiré de l'espagnol mosquito, avec une
métathèse de consonnes semblable à celle qu'on constate
dans étincelle, v. ce mot. Composés : émoucher, débarrasser
des mouches, d'où émoucheur; démoucheter, enlever la
(( mouche » d'un fleuret.
— Le mot français mousquet (d'où mousqueton, mous-
queterie, mousquetaire), vient delà forme italienne d'^'mou-
chet, et signifie proprt faucon, l'arme ayant été comparée à
l'oiseau de proie et de chasse.
Moucher, mouchette, moucheur, mouchoir, v. mucus.
Moudre, anciennement moldre, latin molere, broyer,
supin molitum. Le d n'a de raison d'être qu'à linfinitif et
aux temps qui en dérivent), où il a été consonne de transi-
tion entre / et r.
1. Dérivés : mouture; moulin, d'où mouliner, moulinet
(faire le moulinet, c'est proprt faire le petit moulin); meu-
nier (jadis mounier) et meunerie; meule à moudre (latin
mola), d'où pierre meulière ; par comparaison, le nom de
meule a été donné aussi aux pierres à aiguiser, et aux tas
arrondis de foin ou de paille; toutefois meule, dans le der-
nier sens, a été rattaché à une racine celtique ou au latin
molem, v. môle. De mola dérivent molette et molaire (dent
qui broie).
2. Les composés émoudre, part, passé émoulu, et rémou-
leur, se rattachent pour le sens à la signification de « pierre
à aiguiser » attribuée à meule. Le mot rémoulade, d'origine
italienne, a désigné jadis un onguent où entraient des élé-
ments moulus très menus.
3. Le latin emolumenium, français émolument, s'est
d'abord appliqué au gain du meunier.
4. Le composé latin immolare signifie proprt : mettre sur
la victime la mola ou gâteau sacré en forme de meule, puis
sacrifier; en français immoler, d'où immolation.
5. Le mot grec qui correspond au latin mola est mule, d'où
le dérivé amulon (qui n'a pas été préparé à la meule, a-
privatif) devenu en français amidon.
388 DICTIONNAIREÉTYMOLOGIQUE [MoUStiqUC
Moue, probablement onomatopée.
Mouette, racine germanique, cf. anglais mew, ail. môwc.
Moufle, espèce de gant et système de poulies, origine
germanique.
Mouflon (mouton sauvage), mot sarde.
Mouillage, mouiller, mouil- Moulage et 1. Moule, u.
lette, mouillure, v. mou. mode.
2. Moule, espèce de mollusque, et son doublet savant
muscle (d'où musclé, musculaire, musculature), viennent
du latin miisculiim, qui signifie proprt petit rat, souris. Les
muscles sont ainsi appelés en raison de leur forme allongée,
et il y a aussi une certaine analogie de forme entre la moule
et la souris. Musaraigne signifie proprt « rat araignée ».
— La forme grecque du mot qui signifie « souris, moule
et muscle » est mus, génitif miios (cf. ail. maus, angl. moiise):
composés : myosotis, proprt oreille de souris, v. oreille, et
myotomie, dissection des muscles.
Mouler, mouleur, v. mode. Mouron, origine inconnue.
Moulin, mouliner, mouli- Mousquet, mousquetaire,
net, V. moudre. mousqueterie, mousqueton,
Moulure, u. mode. v. mouche.
Mourir, v. mort.
1. Mousse. La mousse est molle, humide, boursouflée,
arrondie; de là les sens divers qu'ont pris les deux formes,
moite et mousse, de l'adjectif populaire muscidum dérivé du
latin muscum (qui désigne la plante mousse, ail. moos) :
mousse employé substantivement, la plante et l'écume;
mousse adjectif, « qui ne coupe pas », dérivé émousser;
moite, d'où moiteur, légèrement humide. Ambroise Paré
réunit les deux formes : « yeux pleurans, moites ou mousses ».
— Dérivés de mousse plante : mousseron, espèce de cham-
pignon, et moussu. Dérivés de mousse écume : mousser et
mousseux.
2. Mousse, apprenti marin, de l'italien mozzo ou de l'es-
pagnol mozo.
Mousseline, u. noms propres Mousser, mousseron, mous-
(Mots tirés de). seux, v. moufse i.
Mousson s6 rattache à un mot arabe qui signifie saison.
Moussu, V. mousse 1. Moustiquaire, moustique
Moustache, moustachu, u. v. mouche,
manger.
Moyeu] du français. 389
Moût, latin mustiiin; la moutarde (dérivé moutardier) est
faite de graine de sénevé broyée avec du moût de vin. Sur
Tautre sens de moutarde, v. sénevé.
Moutard, origine inconnue. Moutier, v. moine.
Mouton, origine douteuse, dérivés : moutonnier, mouton-
neux, moutonner, moutonnement, ces derniers s'appliquant
aux accumulations de petits nuages blancs ou de petites
vagues blanches qui font penser à la toison des moutons.
Mouture, v. moudre.
Mouvoir, latin movere, supin motum {*movitam en latin
populaire).
1. Dérivés : mouvance, terme féodal, et mouvement idoù
mouvementé), dont moment est le doublet savant (la durée
se mesurant par des mouvements, cf. la locution en un clin
d'œil). Dérivé de moment : momentané.
— A la racine de movere se rattachent l'adjectif mobile
(automobile, v. auto-, locomobile, v. lieu) et son doublet
meuble, proprt qui peut se mouvoir, d'où mobilité, mobili-
ser, mobilisable, mobilisation, mobilier, meubler, démeu-
bler, ameublement, ameublir, immobilité, immobiliser,
immobilier, immeuble. On a dit a le premier mobile », dans
l'ancienne astronomie, en parlant de « la première sphère
céleste, qui, tout en se mouvant, donne le mouvement aux
autres », c'est ainsi que premier mobile, devenu ensuite
mobile tout court, a passé (sauf en mécanique) du sens de
u qui se meut » au sens de « qui meut », mobile d'une
action.
— Au supin se rattachent : meute, mise en mouvement
(d'où partie de chasse, puis troupe de chiens), ameuter, mu-
tin, se mutiner, émeute et émeutier; moteur et locomo-
teur, V. /feu; motion et locomotion; motif et locomotive;
motion et motif [d'où, motiver) expriment l'un et l'autre, à
des points de vue différents, une idée de mise en mouvement ;
faire une motion, c'est mettre une idée en avant.
2. Composés de mouvoir et du latin movere : amovible,
qui peut être écarté, inamovible, inamovibilité; commotion,
mouvement d'ensemble, ébranlement; émouvoir, mouvoir
hors de (hors du repos), troubler, et émotion: promouvoir,
mouvoir en avant, au figuré, et promotion, promoteur; re-
mous, d'origine provençale, action de mouvoir en arrière.
Moyen, moyennant, v. mi^. Moyeu, v. mode^.
390 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Mulet
Muciis, mot tout latin, qui désigne proprt l'écoulement
nasal, d'où le sens de liquide visqueux. Dérivés savants :
muqueux, muqueuse, mucosité, mucilagineux. De mucus
viennent deux verbes latins : mucere en latin classique,
*maccare en latin populaire. Le premier a produit moisir,
d'où moisissure; le second a produit moucher, doù mou-
choir, mouchettes, moucheur; mouchoir a d'abord désigné
un morceau d'étoiTe carré pour se moucher, puis, par exten-
sion, un morceau d'étofîe carré soit pour se moucher, soit
pour se couvrir le cou, ou, dans certains pays, la tête.
Muer (d'où mue), vient du latin mutare, changer. Déri-
vés et composés : mutation; immuable, immutabilité; com-
mutateur, commuer; remuer, remuement; permuter, per-
mutation ; transmuer, transmutation. A ladjectif dérivé
muhuim, réciproque, se rattachent : mutuel, doù mutualité,
mutualiste ; ce même adjectif latin s'employait substantive-
ment au neutre dans le sens de << prêt » (réciprocité d'enga-
ment pécuniaire) et le composé prom«/««m [pro= en avant)
signifiait proprt avance d'argent, d'où le surcomposé popu-
laire *impromutuare qui a produit le français emprunter, où
pru- est une forme exceptionnelle du préfixe pro-, et où nt
est ce qui reste de la racine mutuum; substantif verbal
emprunt, dérivé : emprunteur. Un air emprunté est un air
qui semble ne pas appartenir à la personne, qui n'est pas
naturel, d'où le sens de « gauche ».
Muet, diminutif de l'ancien français mu, dont il reste
trace dans la locution « rage mue » et qui vient du latin
mulum; dérivé savant : mutisme; composé : samuïr, en par-
lant d'un son.
Mufle, museau, et, au figuré, homme méprisable (d'où
muflerie), origine inconnue.
Mugir, d'où mugissement, latin mugire.
Muguet, v. musc. Muid, v. mode^.
1. Mule, latin mula; dérivés : mulet, d'où muletier;
mulâtre, produit d'un croisement analogue à celui d'où
vient le mulet.
2. Mule, pantoufle, est proprt le nom d'un poisson qu'on
appelle ordinairement mulet (latin mullum) ou rouget: la
chaussure ainsi nommée était à l'origine de couleur rou^e.
Mulet, V. mule 1 et mule 2.
Musculature] du français. 391
Nulot, souris des champs, mot d'origine germanique,
cf. anglais mole et ail. maulwurf.
Multi-. Les mots commençant ainsi se rattachent à
ladjectif latin multum qui signifie « beaucoup de » et qui
avait donné en vieux français molt, moût, écrit à tort moult.
Dérivés et composés de mu//ant : multitude; multiple, proprt
à beaucoup de plis, souvent répété, d"où multiplicité, multi-
plier, multiplication, multiplicateur, multiplicande proprt
qui doit être multiplié, part, futur passif) ; multicolore, mul-
tiforme, etc.
— Le mot maint, d'origine douteuse, a le même sens que
multum, et de même le préfixe poly-, qui vient du grec polu,
(cf. plèbe au mot peuple), de telle sorte que polychrome
équivaut à multicolore et polymorphe à multiforme, v. couleur
et forme. Toutefois poly- indique souvent la simple pluralité
plutôt que le grand nombre.
Municipal, municipalité, municipe, munificence, v.
commun.
Munir, du latin munire, apparenté à murum, mur; dérivé :
munition; composés : démunir; prémunir, munir d'avance.
Muqueux, u. mucus.
Mur, latin murum (cf. munir); dérivés : muraille, mural,
murer, emmurer.
Mûr, V. demain.
Mûre, subst., d'où mûrier, se rattache au latin morum^
grec 7/jdro/i, d'où sycomore, v. figue.
Mûrir, u. demain.
Murmurer, d'où murmure, latin murmurare.
Musaraigne, v. moule 2. Musard, musarder, v. muse.
Muse, latin muséum. Dérivés : musqué; muscat et mus-
cade, d'origine provençale, qui signifient proprt musqué,
musquée, d'où muscadier, arbre qui produit la noix muscade ;
muscadin, tiré de lïtalien moscardino, signifie proprt pastille
au musc. Notre mot muguet, nom de fleur, semble bien se
rattacher aussi à musc. Au figuré on a appelé muguets et
muscadins de jeunes élégants qui se parfument. Par une
autre figure, on appelle encore muguet une exsudation blan-
chàlre de la bouche.
Muscle, musculaire, musculature, u. moule 2.
392 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Myrobolan
Muse, latin masa, qui est le grec mou^a. Les Muses prési-
daient à la poésie, à la danse, à la musique, etc., de là les
divers sens des dérivés : musique, d'où musical, musicien,
musiquette; musette et cornemuse [v. cor), instrument de
musique: muséum, mot tout latin, et son doublet musée,
qui signifie proprt « temple des muses, des arts » ; mosaïque,
travail artistique spécial (d'où mosaïste), le mot nous vient de
ritalien; probablement aussi muser, dont le sens propre
serait « cultiver les muses », d'où flâner comme un artiste,
dérivés et composés : musard, d'où musarder, amuser, d'où
amusement, amuseur.
Museau, d'où museler, muselière, démuseler, origine
incertaine.
Musée , muser , musette , Mutabilité , mutation , u.
muséum, musical, musicien, muer.
musique, musiquer, v. muse.
Musqué, V. musc.
Mutiler, d'où mutilation, latin mutilare
Mutin, mutiner, mutine- Mutisme, v. muet.
rie, V. mouvoir^. Mutualité, mutuel, u. muer.
Myope (d'où myopie), grec muôpa; sur le second élément
du mot, V, voir^, le premier élément est le verbe miiein,
fermer; le myope ferme à demi les yeux. Au verbe muein se
rattachent : mystique (d'où mysticisme), proprt qui a une
signification fermée, cachée; mystère, d'où mystérieux; et
sans doute mystifier, mystification {v. faire ') ; le mot grec
muein avait, entre autres sens, celui de fermer la bouche,
ne pas révéler.
Myélite, v. moelle. Myosotis, myotomie, v.
moule 2.
Myriade, du grec muriada qui signifie à la fois « nombre
infini » et « nombre de dix mille », d'où myriamètre, my-
riapode [v. pied).
Myrmidon, v. fourmi.
MYrobolan, du grec murobalanon, proprt gland parfumé,
préparation pharmaceutique; on a tiré de ce mot, par plai-
santerie et en songeant sans doute h la racine du verbe
admirer, l'adjectif mirobolant, merveilleux. On rattache à
muron, parfum, le mot grec miirrhê, français myrrhe.
Naître] du français. 393
Myrte, d'où myrtille (proprt petit myrte), vient du grec
murlon.
Mystère, mystérieux, mys- ticisme, mystification, mys-
tifier, mystique, i'. myope.
Mythe, du grec muthon, récit, fable cf. fable au mot
ajfnble*]. Dérivés : mythique, mythologie, mythologique,
mythologue, v. logique *.
N
Nabab, mot arabe.
Nabot, origine inconnue. Nacelle, v. nef.
Nacarat, v. nacre.
Nacre, origine persane; dérivé : nacré, dont la forme
espagnole nacarado, français nacarat, désigne une couleur
rougeàtre à reflets analogues à ceux de la nacre.
Nadir, mot arabe qui signifie « opposé »; le zénith,
« chemin droit », désigne le point du ciel qui est directement
au-dessus de nos têtes, et le nadir, celui qui est directement
au-dessous de nos pieds; les deux mots sont dorigine arabe.
Nage, nageoire, nager, na- Naguère ou naguères, u.
geur, v. nef. guère.
Naïade, du grec naiada, qui se rattache au verbe naieiriy
couler.
Naïf, V. naître.
Nain, latin naniim, d'origine grecque.
Naître (jadis naistre), d'où renaître, se rattache au latin
nasci. Le t n'a de raison d'être qu'à l'infinitif et aux temps
qui en viennent, comme le d de moudre, v. ce mot ; on ne le
trouve pas dans les dérivés naissance, renaissance. Le verbe
latin commençait jadis par un g, il est de la même famille
quegénUal. Le participe passé latin est nalum, d'où né, inné
(né en nous), aîné, v. ant-^ puîné, i'. puis.
— Dérivés de natum : natif, né et naturel, et son doublet
populaire na'if, naturel, sans art, d'où nativité et na'iveté;
natal (d'où natalité), et son doublet populaire Noël (jour
nalal); nature, ensemble de la création, principe créateur,
3Ô4 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Navct
caractère inné ; dénaturer; naturel, d'où surnaturel, natu-
ralisme, naturaliste, naturaliser (assimiler aux naturels
d'un pays), naturalisation; nation, proprt race, puis peuple,
d'où national, qui a produit à son tour nationalité, nationa-
lisme, nationaliste, nationaliser, dénationaliser, interna-
tional.
Naïveté, u. naître.
Nanan, mot enfantin.
Nankin, v. noms propres (Mots tirés de).
Nantir, d'où nantissement, origine germanique.
Naphte, d'où naphtaline, mot d'origine persane.
Nappe, dérivé napperon, vient du latin mappa, d'où
mappemonde, « nappe du monde ».
Narcisse, v. le suivant.
Narcotique se rattache au grec narkê, assoupissement,
comme narcisse, nom de fleur, donné ensuite à un person.
nage mythologique.
Nard, grec nardon.
Nargue et narguer, origine incertaine.
Narguilé, mot persan.
Narine, v. nez.
Narquois, mot d'argot.
Narrateur, narratif , narra- User, nasarde, naseau, nasil-
tion, narrer, v. connaître, G. lard, nasillement, nasiller,
Nasal, nasalisation, nasa- v. nez.
Nasse, latin nassa.
Natal, natalité, v. naître.
Natation, natatoire, se rattachent au latin /lafare, nage-.
Natif, nation, national, na- tionaliser, nationalité, nati-
vité, y. naître.
Natron, origine arahe.
Natte, d'où natter, dénatter, latin malta.
Naturalisation , naturali- Naumachie , nauséabond,
ser,naturalisnie, naturaliste, nausée, nautique, nautonier,
nature, naturel, v. naître. naval, i', nef.
Naufrage, naufragé, v. nef
et fraction •*.
Navet, diminutif du latin napum.
Nef] DU FRANÇAIS. 395
Navette, navigabilité, na- gation, naviguer, navire, v.
vigable, navigateur, navi- nef.
Navrer, d'où navrant, proprt blesser, origine germa-
nique, cf. ail. narbe.
Ne et non viennent des adverbes latins ne {ni- comme
préfixe dans nihil, v. annihiler] et non = ne unum. Nul est
formé de ne et d'un dérivé de unum, ulluni, et a produit
nullité, annuler, annulation. Nenni est formé de non et du
pronom il, cf. oui au mot ce, pronom'.
— A côté de ne, le latin avait nec, conjonction négative
représentée en français moderne par ni; c'était jadis ne,
conservé dans la locution archaïque « ne plus, ne moins ».
Le latin nec est préfixe dans négliger, v. lire^, et dans
négoce, v. oiseux. Il est racine dans negare, supin negatum,
d où vient nier, dérivé : niable, composés : dénier, d'où déni
et indéniable, et renier; dérivés et composés savants :
négatif, négation, dénégation, renégat, « qui a renié »,
abnégation, renoncement. — Sur néant et ses dérivés, v.
être '.
Nébuleux, d'où nébulosité, vient d'un dérivé du latin
nebula, brouillard (cf. l'allemand nebel), qui a produit nielle
(maladie du blé) en formation populaire. On a la même
racine dans ninibum, fr. nimbe, qui signifie proprt nuage.
Nécessaire, latin necessarium, dérivé de necesse, qui a le
même sens; autre dérivé : nécessité, doù nécessiter, néces-
siteux.
Nécro- (Mots commençant par), v. noyer 2.
Nectar, grec nektar.
Nef, latin navem, vaisseau. Dérivés : navette, proprt petit
bateau; navire, nacelle, naval. Composés : naviguer {v.
agir ^) et son doublet nager, qui a encore, comme terme de
marine, le sens archaïque de ramer; naufrage, v. fraction^.
Dérivés de naviguer : navigable, d'où navigabilité; naviga-
teur, navigation. Substantif verbal de nager: nage; substan-
tif participial : nagée. Dérivés et composés : nageur, na-
geoire, surnager.
— Le mot grec qui correspond au latin navem est, au no-
minatif, naus, et la plupart des dérivés et composés par nau-
sont d'origine grecque : noliser, pour nauliser, qui nous
vient par l'italien, affréter un navire; nautique, nautonier;
aéronaute, v. air; nausée, d'où nauséabond, mal de navire,
396 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Neuf
mal de mer, avec son doublet populaire noise dont le sens
ancien est tumulte; naumachie, combat sur des bateaux,
cf. logomachie au mot logique-; nocher, proprt patron de
bateau, ce mot nous vient, par l'italien, du grec nauklêron,
cf. clerc.
Néfaste, V. faste 2.
Nèfle, d'où néflier, latin mespilum, d'origine grecque.
Négatif, négation, v. ne. ciant, négociateur, négocia-
Négligé, négligeable, né- tion, négocier, v. ne et oiseux.
gligence, négligent, négliger, Nègre, négresse, négrier,
V. ne et lire *. négrillon, v. noir.
Négoce, négociable, négo-
Neiger (d'où neige et neigeux), névé, du patois des Alpes,
et nivôse, se rattachent au latin nivem, neige, cf. anglais
snow, ail. schnee.
Nenni, v. ne.
Nénufar, origine arabe.
Néo- (Mois commençant Néphrétique, néphrite, v.
par), V. neuf 2. rein.
Népotisme, v. neveu.
Nerf, latin nerviim, qui correspond au grec neiiron. Déri-
vés : nerveux, d'où nervosité, nervosisme; nervure; éner-
ver, d'où énervement; et les dérivés et composés grecs :
névrose, état nerveux; névralgie, d'où névralgique, comparez
coxalgie au mot cuisse.
Néroli,u. noms propres (Mots Nerprun, v. prune.
tirés de).
Net, latin nitidum, brillant; dérivés : netteté et nettoyer,
d'où nettoyage.
i. Neuf, nom de nombre, latin novem, qui correspond à
l'allemand /leun et à l'anglais nine. Dérivés : neuvième, neu-
vaine ; novembre, neuvième mois de l'année romaine ; nones,
latin nonas, le neuvième jour en comptant à rebours à partir
des ides; none, la neuvième heure de la liturgie catholique;
nonidi, v. jour; nonante, vieux mot pour neuf dizaines;
nonagénaire, qui a neuf dizaines d'années.
2. Neuf, latin novum, qui correspond au grec néon (cf.
l'ail, neu et langl. new). Dérivés : nouveau, nouvelle, d'où
nouvelliste, nouveauté, renouveler, renouvellement; no-
vice, d'où noviciat; novateur et les composés innover d'où
i
Nid] DU FRANÇAIS. 397
innovation, rénovateur, rénovation. Au grec néon se rat-
tachent néologisme, v. logique"^, et néophyte, proprt nouveau
rejeton, v. physique.
— On rattache aussi à novum le mot nuntium, messager
(celui qui donne les nouvelles), forme française nonce (d'où
nonciature, et internonce, nonce intérimaire). Composés de
muitiuni : annoncer, annonce et annonciation ; dénoncer,
proprt déclarer, et dénonciation, dénonciateur; énoncer et
énonciation; prononcer, proprt annoncer publiquement, à
haute voix, et prononciation, prononçable ; renoncer, annon-
cer qu'on se retire, d'où renoncement, renonciation.
Neume, v. pneumatique.
Neutre, d'où neutraliser, neutralité, vient du latin
neatrum qui contient la négation ne et signifie proprt ni
l'un ni l'autre.
Neuvaine, neuvième, u. Névé, v. neiger,
neuf 1.
Neveu vient du latin nepotem (cf. ail. neffe), qui signifie
à lorigine petit-fils; un dérivé du féminin nepiim a produit
nièce. Sur nepotem a été fait népotisme, prédilection qu'on
manifeste pour ses neveux.
Névralgie, névralgique, névrose, i'. nerf.
Nez, latin nasum. Dérivés : naseau; nasal, d'où nasaliser,
dénasaliser, nasarde, proprt chiquenaude sur le nez;
nasiller, d'où nasillard. Une autre forme latine, nares, a
produit narine. Sur punais, v. pourrir. Renâcler, renifler
avec répugnance, semble se rattacher aussi à nasum.
— Le mot grec qui signifie nez est rhina, d'où : rhino-
plastie [v. plastique), réfection du nez; rhinocéros, qui aune
corne sur le nez, v. cerf.
Ni, niable, v. ne. Niche, nichée, nicher, v.
Niais, niaiserie, v. nid. nid.
Nickel, d'où nickeler, mot d'origine Scandinave.
Nicodème, Nicotine, v. noms propres (Mots tirés de).
Nid, latin nidum. Le dérivé niais, doù niaiserie, déniaiser,
signifie proprt « qui n'a pas encore quitté le nid »; nigaud,
dont la seconde syllabe n'est pas encore expliquée, semble
se rattacher à la même idée. Nidificnre. faire son nid
(i'. faire"'), devenu *nifficare, a produit nicher en formation
398 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Noix
populaire; substantif participial nichée. Composé de nid :
dénicher, doù dénicheur. Le mot niche, petit réduit, mal-
gré sa ressemblance avec l'italien nicchia, semble être le
substantif verbal de nicher, employé au figuré; niche, au
sens de (c attrape », est peut-être un autre mot.
Nièce, V. neveu. Nihilisme, nihiliste, v. an-
1. Nielle, v. nébuleux. nihiler.
2. Nielle, v. noir. Nimbe, nimbé, v. nébuleux.
Nier, v. ne. Nippe, d'où nipper, origine
Nigaud, v. nid. inconnue.
Nique, de l'allemand nicken, faire signe de la tète.
Nitouche (n'y touche), dans « sainte Nitouche », qui a
Tair de ne pas y toucher.
Nître, d'où nitrate, nitrifier, nitrique, grec nitron.
Niveau, niveler, niveleur, Nobiliaire, noble, noblesse,
nivellement, v. livre fém. u. connaître, B, 3°.
Nivôse, V. neiger.
NoceSj latin nuptias, d'où nuptial, se rattache au verbe
niibere, se voiler, se marier en parlant d'une femme, d'où
nubile, qui se dit surtout des femmes; cf. nymphe au mot
lymphe. Dérivé de noce au sens extensif de « parfeie de
plaisir » : noceur.
Nocher, v. nef. Nocturne, v. nuit.
Nocif, V. nuire. Nodosité, v. nœud.
Noctambule, noctambu- Noël, u. naître.
lisme, V. ambulant et nuit.
Nœud, latin nodum. Dérivés : noueux et le mot savant
nodosité; nouer, d'où nouure, dénouer, dénouement,
renouer. V. aussi noyau au moi noix.
Noir, d'où noirâtre, noiraud, noircir, noirceur, vient
du latin nigram, d'où les mots savants : Nigritie, pays des
Noirs; dénigrer, noircir au figuré, et dénigrement. Un
diminutif de nigram, nigella, a produit nielle, plante à
graines noires et incrustation démail noir, d'où niellé (sur
nielle, maladie du blé, v. nébuleux). Nègre est la forme
espagnole de noir; dérivés : négrillon, négrier. Qf. nerprun
au mot prune.
— Sur le mot grec qui signifie noir, v. mélancolie.
Noise, V. nef. Noisette, noisetier, v. le
su i va ni.
Noix, latin nucem. Dérivés : noyer; noyau, la partie dure
Noms propres] du français. 399
que recouvre la chair des fruits étant assimilée à une noix
(d"après une autre explication, le mot noyau se rattacherait
à nœud); noisette, doù noisetier; nougat, forme provençale
qui signifie proprt « fait avec des noix». Composé : énucléa-
tion, proprt enlèvement du noyau.
Noliser, v. nef. Nomade, v. autonome.
Nom, u. connaître. B, U\
Nombre, doù nombreux, nombrer, dénombrer, dénom-
brement, innombrable, surnombre, vient du latin numerum,
doù les mots savants : numérique, numéral, numération,
numérateur; numéro, forme italienne, et numéroter, numé-
rotage; numéraire, proprt qui sert à compter; énumérer,
énumération. surnuméraire.
— Le mot grec qui signifie nombre est arithmon, d'où
arithmétique et logarithme, proprt « rapport » de nombre,
V. logique^.
Nombril, du latin umbilicuni (cf. ail. nabel], qui dérive
du même mot que umbonem, bosse de bouclier; du doublet
savant ombilic vient l'adjectif ombilical.
Nomenclature,», connaître, minateur, nominatif, nomi-
B, 4>°, et calendes -. nation, nommément, nom-
Nominal, nominaliste, no- mer, v. connaître, B, U".
NOMS PROPRES (Mots tirés de). — Un bon nombre de
ces mots sont bien connus : menlor, du nom du conseiller
de Télémaque; mécène, du nom du ministre d'Auguste;
crésus, du nom du roi de Lydie; hercule (d'où herculéen);
cognac, tartufe et sosie, d'après les personnages de Molière;
zoïle, du nom d'un critique grec, etc. Nous en signalons
quelques-uns à l'article acacia ; d'autres, pour des raisons
diverses, sont expliqués à leur rang alphabétique dans le
corps du dictionnaire. Le plus grand nombre sont réunis
ci-dessous :
Angora, proprt chat d'An- Assassin, nom des secta-
gora en Asie Mineure. leurs du Vieux de la mon-
Api (dans pomme d'api), tagne, au xiii" siècle, v. ha-
jadis Apple, pour Appius, chisch.
nom d'un jardinier romain Astracan, proprt peau pré-
que la culture de ces pommes paréeà Astrakhan, en Russie,
avait rendu célèbre. Atlas; ce nom grec d'un
Artésien (puits, puits géant qui portait le monde
creusé comme en Artois. sur ses épaules, et dune
400
DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Noms propres
montagne d'Afrique (génitif
Atlantos), a été donné par
Mercator à un recueil de cartes
au XVP siècle, et a servi aussi
à dénommer l'Océan qui
baigne l'Afrique occidentale.
Automédon, nom du con-
ducteur du char d'Achille, cf.
phaéion ci-dessous.
Autour, latin asturem,
oiseau des Asturies.
Baïonnette, arme qu'on a
d'abord fabriquée à Bayonne.
Baldaquin, proprt étoffe
de Bagdad, le mot nous vient
d'Italie.
Barège, étoffe de Barèges
(Hautes-Pyrénées).
Barème, espèce de tableau
imaginé par François Bar-
réme au xvii* siècle.
Basques et Basquines,
à la mode du pays Basque.
Batiste, toile fabriquée
par Batiste, de Cambrai.
Bavaroise, boisson que
des Bavarois se faisaient ser-
vir au café Procope.
Béchamel, sauce ainsi
nommée en l'honneur de
M. de Béchamel, gourmet du
xvii^ siècle.
Béguine, religieuse de
l'ordre fondé par Lambert le
Bègue; un béguin est une
coiffe comme en portaient
les béguines; « avoir un
béguin pour quelqu'un »,
c'est en être coiffé.
Bénédictin, religieux de
l'ordre de Saint-Benoît, Bene-
diclns en latin.
Bengali, oiseau du Ben-
gale.
Berline, voiture à la mode
de Berlin.
Besant, monnaie de By-
sance.
Binette, perruque de Bi-
net, coiffeur de Louis XIV,
d'où le sens de tête ridicule.
Biscaïen, boulet de Bis-
caye.
Bohème, qui mène une
vie de Bohême, c'est-à-dire
de Bohémien.
Bon-chrétien, espèce de
poires ainsi nommées en
l'honneur de saint François
de Paule, dit « le bon chré-
tien », qui apporta ces poires
d'Italie en France.
Bougie (d'où bougeoir),
chandelle de Bougie, en Al-
gérie.
Bougran vient de Bou-
khara en Asie.
Bougre, qui se conduit
en Bougre (forme populaire
de Bulgare).
Boycotter, traiter quel-
qu'un comme les fermiers
Irlandais traitèrent le gérant
Boycott en 1880.
Brandebourgs, garni-
tures à la mode du Brande-
bourg.
Brie, fromage de la Brie.
Bronze (d'où bronzer^
métal de Brundusium, aujour-
d'hui Brindisi; cf. cuiure, ci-
dessous.
Cachemire, tissu de Ca-
chemire, près du Thibet.
Noms propres] du français.
Caillette, nom d'un bouf-
fon du xvi^ siècle, s'appli-
quait aussi bien aux hommes
qu'aux femmes.
Calcédoine, pierre de
Chalcédoine, en Bithynie.
Calepin, d'abord diction-
naire comme celui de Gale-
pino (1502), puis petit regis-
tre de poche.
Calicot, à l'origine, toile
de Calicot, dans les Indes.
Calville, pomme de Cale-
ville, en Normandie.
Campêche (bois de), ve-
nant de la baie de Campêche
en Amérique.
Canari, oiseau des îles
Canaries,
Cantaloup, melon de Can-
talupo, villa des papes aux
environs de Rome.
Capharnaùm, endroit en-
combré, comme la maison
de Capharnaùm où Jésus fut
suivi par la foule.
Cariatides,proprt femmes
de Carye, en Péloponèse.
1 . Carlin, monnaie napo-
litaine de Carlin (diminutif
italien de Charles), c'est-à-
dire de Charles d'Anjou.
2. Carlin, chien à museau
noir comme le masque de
l'acteur italien Carlin, qui
jouait le rôle d'Arlequin à
Paris au xvni'' siècle.
Céladon, nom du héros
de l'Astrée. Cf. lovclace, ci-
des.sous.
Chartreux, religieux d'un
ordre loiulé dans une localité
Wl
du Dauphiné nommée la
Chartreuse
Chasselas, espèce de rai-
sin qu'on a d'nbord cultivée
à Chasselas, en Saône-et-
Loire.
Chauvin, personnage du
Soldat laboureur de Scribe.
Chicotin, déformation de
socotrin, nom d'un aloès de
l'île de Socotora.
Chimère, d'où chiméri-
que, fantaisie irréelle comme
la Chimère.
Cicérone, personnage qui
a la loquacité de Cicéron.
Colophane, résine de Co-
lophon, en Asie Mineure,
Corbillard, à l'origine,
coche de Paris à Corbeil .
Cravate, autre forme de
Croate, pièce du costume,
d'origine croate.
Cretonne, toile de Creton,
en Normandie.
Cuivre, latin cupreum,
métal de Chypre, cf. bronze,
ci-dessus.
Curaçao, liqueur faite
avec les oranges de Curaçao,
dans les Antilles.
Dalmatique, tunique de
Dalmatie.
Daltonisme, maladie dé-
crite par Dalton.
Damas, étoffe de Damas;
damassé, tissé, damasquiné,
incrusté, à la mode de
Damas.
Dédale, enchevêtrement
compliquai comme le laby-
rinthe de Dédale.
DICT. ETYM. FRANC.
26
402
DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [NoiTlS propres
Dinanderie, vaisselle de
Dinant, en Belgique.
Dinde, poule d'Inde, déri-
vé : dindon, d'où dindon-
neau.
Draconien, sévère comme
les lois de Dracon.
Échalote, ail d'Ascalon,
en Palestine.
Épagneul, chien espa-
gnol. Cf. espagnolette, ci-des-
sous.
Esclave, originairement
prisonnier slave; dérivé : es-
clavage, d'où esclavagiste.
Escobar, d'où escobar-
derie, vient du nom d'Esco-
bar, casuiste espagnol du
xvi" siècle.
Espagnolette, fermeture
de fenêtre à l'espagnole, cf.
épagneul, ci-dessus.
Espiègle, doù espiègle-
rie, allemand Eulenspiegel
(proprt miroir aux chouettes,
cf. hulotte), personnage dun
roman allemand, traduit en
français au xvi° siècle.
Eustaehe, couteau fabri-
qué parEustache Dubois, de
Saint Etienne.
Faïence, terre de Faenza,
en Italie. Dérivés : faïencier,
faïencerie.
Faisan, oiseau du Phase,
fleuve de Colchide. Dérivés :
faisandeau, faisanderie, fai-
sandé.
Fez, coiffure de Fez.
Fiacre, au xvii*^ siècle,
voiture quon louait à Ihùtel
Saint-Fiacre à Paris.
Flandrin, homme des
Flandres, Flamand.
Fontange, aj ustement mis
à la mode par la duchesse
de Fontanges, maîtresse de
Louis XIV.
Frangipane, parfum in-
venté par la famille italienne
des Frangipani.
Fuchsine, teinture lancée
par la maison Renard de
Lyon (fachs est la traduction
allemande de renard). Cf.
fuchsia au mot acacia.
Futaine, étoffe de Fostat,
faubourg du Caire.
Galetas a d'abord désigné
un logement haut perché,
par allusion à la tour de
Galata, à Gonstantinople.
Gandin, habitué du bou-
levard de Gand, à Paris.
Gibus, espèce de chapeau,
du nom de l'inventeur.
Grecque, ornement d'ori-
gine grecque; pour d'autres
dérivés, v. le mot grec, à
son rang alphabétique dans
le Dictionnaire.
Guillemets, ainsi appelés
du nom de leur inventeur
Guillemet.
Guillotine, instrument
proposé par le médecin
Guillotin.
Guinée, monnaie anglaise
de la compagnie de Guinée.
Hongre (cheval), d'où
hongrer, cheval traité à la
hon^Toise.
Jacquemart, nom propre
dérivé de Jacques [v. Jaco-
Noms propres] du français.
bin). On a donné arbitraire-
ment ce nom au personnage
qui frappe les heures sur la
cloche d'une horloge.
Jérémiades, lamenta-
tions qui rappellent celles du
prophète Jérémie.
Judas, personnage traître
comme Judas, et ouverture
dune porte, qui permet de
voir sans être vu.
Julienne, potage imaginé
par un cuisinier nommé
Jules ou Julien. Cf. ci-dessus
béchamel.
Ladre est la forme popu-
laire de Lazare, nom du pau-
vre, couvert dulcères, de
l'Évangile (cf. lazaret etlaza-
rone ci-dessous) ; ladrerie,
avarice sordide.
Lambin, doù lambiner,
semblable au savant Lambin,
du xvi^ siècle, qui traînait
dans ses harangues.
Landau, espèce de voiture
originairement fabriquée à
Landau, en Allemagne.
Lazaret, mot d'origine
italienne, désigne à l'origine
une léproserie, comme laza-
rone désigne un lépreux,
semblable au Lazare de l'É-
vangile ; V. ladre, ci-des-
sus.
Limousine. vêtement
qu'on porte en Limousin (on
a donné aussi ce nom à une
espèce de voiture fermée).
Louis d'or, proprt pièce
d'or à l'effigie du roi Louis.
Lovelace, héros du roman
403
célèbre de Richardson; cf.
céladon, ci-dessus.
Lycée, quartier d'Athènes
où enseignait Aristote.
Macadam, nom de l'in-
venteur écossais Mac Adam.
Macfarlane, sorte de vê-
tement, qui parait être ainsi
appelé d'après le nom de celui
qui Ta lancé.
Madras, fichu de Madras,
dans l'Inde.
Mailleehort vient de Mail-
lot et Chorier, noms de deux
inventeurs lyonnais.
Majolique, faïence de
Majorque.
Mansarde, toit et fenêtre
à la Mansard.
Margot , v . ci - dessous ,
pierrot.
Maritorne, fille mal tour-
née, comme la Maritorne du
Don Quichotte.
Marivauder, raffiner sur
l'amour comme les person-
nages de Marivaux.
Maroquin, d'où maroqui-
nier, maroquinerie, peau
apprêtée à la mode du Maroc.
Martinet, le petit Martin,
nom donné à une espèce
d'hirondelle (à rapprocher de
Martin-pêcheur), et à une
espèce de fouet (à rapprocher
de Martin bâton).
Mausolée, tombeau sem-
blable à celui de Mausole.
Mayonnaise, sauce ainsi
appelée en souvenir de la
prise de Mahon par le duc
de Richelieu en 1756.
404
Dictionnaire étymologique' [Noms propres
Méandre, nom d'une ri-
vière de Phrygie, aux détours
sinueux.
Méduse, d'où méduser,
nom d'un monstre mytho-
logique qui changeait en
pierre ceux qui le regar-
daient.
Mégère, nom d'une des
Furies.
Mirabelle, prune de Mi-
rabel.
Molosse, chien de Mo-
lossie.
Morphine, substance so-
porifique, du nom de Mor-
phée , dieu du sommeil;
dérivé : morphinomane.
Mousseline, petite étoffe
légère de Mossoul en Turquie
d'Asie.
Nankin, toile de Nankin
en Chine, et couleur de cette
toile.
Néroli , parfum inventé
par la princesse Néroli.
Nicodème, personnage
des Évangiles.
Nicotine, ainsi appelée du
nom de Nicot, ambassadeur
à Lisbonne, qui introduisit
le tabac en France au xvi®
siècle.
Olibrius, empereur pré-
senté comme un fanfaron
dans la légende de sainte
Marguerite.
Orphéon , doù orphéo-
niste, société musicale placée
sous le patronage d'Orphée..
Orviétan, panacée inven-
tée à Orviéto.
Ottomane, siège à la
mode ottomane.
Pandour, soldat de Pan-
dour, en Hongrie.
Pantalon, culotte longue
de Pantalon, personnage de
la comédie italienne. Dérivé :
pantalonnade, bouffonnerie.
Parchemin, latin perga-
menum, peau préparée à Per-
game. Dérivé : parcheminé.
Patelin, doù pateliner,
patelinage, enjôleur comme
le Patelin de la farce.
Pèche, latin persica (d'où
persicaire), fruit de Perse.
Périgueux , espèce de
pierre, qu'on trouve aux en-
virons de Périgueux.
Péronnelle, doublet de
Pétronille , nom propre de
femme employé comme nom
commun avec une valeur
péjorative.
Perse, toile des Indes,
qu'on croyait venir de Perse.
Persienne, contrevent à
la mode de Perse.
Phaéton, cocher (cf. auto-
médon, ci-dessus), du nom du
fils du Soleil, qui conduisit
un jour le char de son père;
le mot désigne également
une espèce de voiture.
Phare, tour lumineuse
comme celle de l'île de Pha-
ros, près d'Alexandrie.
Pierrot, diminutif de
Pierre, nom donné au pas-
sereau (v. ce mot); à rappro-
cher de Margot, nom donné
à la pie, de Jacquot, nom
Noms propres] du français.
donné au perroquet, et de
sansonnet, le petit Samson,
nom donné à une espèce
d'étourneau. V. aussi, ci-des-
sus, martinet et martin-pê-
cheur.
Pont-neuf, chanson com-
me on en chantait sur le
Pont-Neuf à Paris.
Praline, bonbon inventé
au xvii<^ siècle par le cuisi-
nier du maréchal du Plessis-
Praslin.
Protée, homme qui, com-
me le diej Protée, prend
toutes sortes de formes.
Prusse (bleu de), — d'où
acide prussique, — couleur
trouvée par un Berlinois.
Quinquet, à l'origine,
lampe fabriquée par M. Quin-
qutt.
Reine-Claude, prune
ainsi nommée en l'honneur
de la reine Claude, femme de
François I*^"".
Robinet, le petit Robin,
nom donné par plaisanterie
à la cannelle dun tonneau.
Robin est une forme familière
de Robert.
Rodomont, d'où rodo-
montade, nom d'un fanfaron
des romans de chevalerie.
Sacripant, de Sacripante,
personnage de Bojardo,
Sandwich, disposition de
tranches de pain et de viande
imaginée par un comte
de Sandwich pour pouvoir
manger sans cesser de
jouer.
405
Sansonnet, v. ci-dessus
Pierrot.
Santonine, plante de Sain-
tonge.
Sardine, proprt poisson de
Sardaigne; sardoine, pierre
précieuse de Sardaigne; rire
sardonique, originairement
rire convulsif produit par
une herbe vénéneuse de Sar-
daigne.
Sarrasin, blé de Sarra-
sins, blé noir.
Séide, nom d'un esclave
de Mahomet, mis sur la scène
par Voltaire.
Silhouette, dessin légère-
ment tracé, qui sefîace vite
et dure très peu, par allu-
sion au contrôleur général
Etienne de Silhouette, dis-
gracié au bout de quelques
mois (1759).
Simonie, d"où simonia-
que, vice de Simon le magi-
cien qui voulut acquérir à
prix d'argent le privilège,
réservé à saint Pierre et
aux apôtres, de conférer le
Saint-Esprit.
Spencer, vêtement mis à
la mode par lord Spencer.
Stras, faux diamant lancé
au xviii« siècle par le bijou-
tier Stras.
Sybarite, d'où sybari-
tisme, vient du nom des
habitants de Sybaris, en Ita-
lie, renommés pour leur mol-
lesse.
Tilbury, voiture imaginée
par le carrossier Tilbury.
406
DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [NoStalgic
Tulle, tissu qui fut d'abord
fabriqué à Tulle.
Turlupin, d'où turlupi-
ner, turlupinade, nom de
théâtre d'un acteur comique
du xvii° siècle.
Tufquoise, pierre pré-
cieuse turque (pour laforme,
comparez grégeois au mot
grec).
Valenciennes , dentelle
de Valenciennes.
Vandale, d'où vanda-
lisme, nom d'un peuple bar-
bare.
Vespasienne, du nom de
Vespasien, qui mit un impôt
sur les urinoirs.
Volcan, de Volcano, forme
italienne du nom du dieu
Vulcain.
Tontine, espèce d'associa-
tion imaginée par l'Italien
Tonti, qui prit un brevet en
France en 1653.
Topaze, pierre de To-
pazos, île de la mer Rouge.
Topinambour, plante du
pays des Topinambous, au
Brésil.
Tripoli, terre à polir,
qu'on faisait venir de Tripoli.
Truie, serait le doublet de
Troie; les Romains quali-
fiaient de (( troyen » le co-
chon farci, par allusion au
cheval de Troie, farci de
guerriers. C'est du moins
létymologie traditionnelle,
généralement adoptée ; on a
proposé récemment une éty-
mologie celtique.
Non, V. ne.
Nonagénaire, nonante, v.
neuf 1.
Nonce, v. neuf 2.
Nonchalance, nonchalant,
nonchaloir, v. chaloir.
Nonne, d'où nonnain, nonnette, latin ecclésiastique
nonna, d'origine inconnue.
Nonobstant, v. ester i-.
Nopal, origine américaine.
Nord, V. arctique.
Norme, latin norma, équerre, règle. Dérivé : normal, d'où
anormal, comparez anomal. Composé : énorme, proprt hors
de la règle, d'où énormité.
Nos, V. nous.
Nostalgie, proprt soulTrance causée par le désir du
retour. La première partie du mot est le grec noston, retour;
sur -algie, v. coxalgie.
Nonciature, u. neuf 2.
None, nones, nonidi,
neuf 1.
Non-lieu, v. lieu.
V.
Nuit] DU FRANÇAIS. 407
Notabilité , notable , no- fier, notion, notoire, noto-
taire, notariat, notarié, nota- riété. v. connaître, B, 1°.
tion. note, noter, v. connaî- Notre, nôtre, v. nous,
trc, B, 2°. Notule, v. connaître, B, 2".
Notice, notification, noti- Nouer, noueux, v. nœud.
Nougat, v. noix.
Nouille, ail. midel.
Nourrir, latin nutrire. Dérivés : nourrissage, nourrisson,
nourrisseur: nourrice, d'où nourricier; nourrain. petit
poisson qu'on nourrit [c(. alevin h léger): nutritif, nutrition.
Cf. aliment.
Nous, du latin nos. Le dérivé latin nostrum, dont la dési-
nence a une valeur oppositive, signifie proprt : à nous et non
pas à vous ; c'est la valeur de l'adjectif autre dans la locution
populaire « nous autres ». Nostrum donne en français notre
ou nôtre suivant que le mot est ou non proclitique. Le
pluriel de la forme proclitique s'est contracté en nos.
Nouure, v. nœud. Novembre, v. neuf 1.
Nouveau, nouveauté, nou- Novice, noviciat, v. neuf 2.
velle, nouvelliste, novateur, Noyade, v. noyer 2.
V. neuf 2. Noyau, 1. Noyer, v. noix.
2. Noyer, d'où noyade, latin necare, dont le sens propre
est : faire périr de mort violente. A la même famille se
rattachent pernicieux, nuire (v. ce mot), et le grec nekron,
mort, qu'on trouve dans les mots : nécrologe, liste des morts,
nécrologie, notice sur un mort, nécrologique, v. logique^;
nécromancie et nécromancien ou nécromant, v. carto-
mancie: nécropole, v. police 1; nécrose, proprt mortifica-
tion.
Nu, latin nudum, dérivés et composés : dénué, dénue-
ment, dénuder, nudité.
Nuage, nuageux, nuance, Nubile, v. noce.
nuancer, v. nue. Nudité, v. nu.
Nue, substantif, se rattache au latin nubem. Dérivés :
nuée, nuage, d'où nuageux ; nuances d'où nuancer), tons
dégradés comme les reflets des nuages, et différences de tons.
Nuire, latin nocere, apparenté à necare, d'où vient le
verbe noyer. Dérivés : nuisible et les mots savants : nocif;
innocent, innocence, innocenter; innocuité.
Nuit, d'où nuitée, nuitamment, minuit {v. mi^), vient
du latin noctem (ail. nachi, angl. nighl , d'où les mots
savants : nocturne, noctambule et noctambulisme, v. anibu-
408 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [OboIC
lanl: équinoxe, — d'où équinoxial, — qui signifie proprt
égalité de la nuit, v. équité.
Nul, nullité, v. ne, mérique, numéro, numéro -
Numéraire, numéral, nu- tage, numéroter, v. nombre.
mérateur, numération, nu-
Numismate et numismatique se rattachent, pari inter-
médiaire dune forme latine, au grec nomisma, monnaie,
génitif nomismatos , apparenté au mot nomon, sur lequel
i'. autonome.
Nuptial, u. noee.
Nuque, de l'arabe nukha^ moelle épinière.
Nutritif, nutrition, v. nour- Nymphe, nymphéa, v. lym-
rir. phe.
Oasis, mot grec, qui paraît être d'origine égyptienne.
Ob- et o-, préfixe qui est apparenté au grec epi, mais qui a
des acceptions différentes. Ob- signifie proprt devant, comme
pro- et pré-, et c'est ainsi que offrir (proprt porter devant)
et proposer (proprt poser devant) expriment des idées
analogues; mais, pour ob-, l'idée de « devant » a évolué
dans le sens de « en face, en opposition », d'où la grande
différence de signification entre proposer et opposer. Quant
à pré-, il exprime surtout lidée de « avant dans le temps »,
ou une idée comparative, v. pour.
Obédience, obéir, obéissance, v. oreille.
Obélisque, grec obeliskon, proprt broche.
Obérer, v. airain. Obligatoire, obligation,
Obèse, obésité, v. manger. obligataire, obligeance, obli-
Obier, v. aube. géant, obliger, ii. lier.
Obit,obituaire,u.(î7Ver 2, A. Oblique, obliquer, obli-
Objecter, objectif, objec- quité, v. lice 3.
tion, objectivité, objet, u. Oblitération, oblitérer, v.
jeter'-. lettre.
Objurgation, v. jurer ^, Oblong, v. long.
Oblat, oblation, i'. offrir 2.
Obole, grec obolon.
Odeur] du français. 409
Obscène, doù obscénité, latin obscemim, d'explication
incertaine, sens primitif : de mauvais augure.
Obscur, doù obscurité, obscurcir, obscurcissement,
latin obsciiriim.
Obsécration, v. sacrer. Obstacle, obstétrique, obs-
Obséder, v. seoir ^. tination , obstiné, obsti-
Obsèques, obséquieux, ob- ner (s'), i'. estera.
séquiosité, v. suivre -. Obstruction, obstruer, v.
Observable, observance, structure.
observateur, observation. Obtempérer, v. temps-.
observatoire, observer, v. Obtenir, obtention, v. te-
serf^. nir 2.
Obsession, obsidional, u. Obturateur, obturation,
seoir '^. obturer, obtus, v. contondant.
Obus, doù obusiep, allemand haubitze, d'origine tchèque.
Obvier, v. voie^. Occlusion, v. clou^.
Ocarina, origine inconnue. Occultation, occulte, v.
Occasion, occasionnel, oc- celer.
casionner, occident, occiden- Occupant, occupation, oc-
tal, V. choir ^. cuper, v. capable-^.
Occipital, occiput, u. cap^. Occurrence, v. courir.
Occire, v. césure.
Océan, grec ôkeanon.
Ocellé, V. œil.
Ocre, grec ôkhron, qui exprime l'idée d'une couleur jaune
pâle.
Octante, octave, in-octavo, Octroi, octroyer, v. auteur.
octidi, octobre, octogénaire. Oculaire, oculiste, v. œil.
octogone, v. huit.
Odalisque, proprt femme de chambre, turc odalik.
Ode, doù odelette, du grec ode, chant. Dérivés et com-
posés savants : odéon, proprt salle de musique; mélodie et
comédie (v. ces mots), où od-, éd- représente le mot ode et
exprime l'idée de chant; parodie, proprt chant à côté, et
palinodie, chant à rebours; prosodie, proprt chant d'accord
avec; psalmodie, v. psaume; cf. aussi rapsodie.
Odeup, d où odorat, odorant, subodorer, odoriférant
{v. ojfrir^), latin odorem. A la forme al- de la racine od- se
rattache olfactif, proprt qui fait l'action de sentir. Du grec
ozcin, exhaler une odeur, dérive ozone, oxygène modifié
par l'électricité, qui a une odeur caractéristique.
410 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Œuvre
Odieux vient d'un dérivé du substantif latin oclium, qui
signifie à la fois désagrément et haine, et sur lequel a été
fait en latin populaire le verbe *inodiare, français ennuyer,
d'où ennui, ennuyeux, désennuyer.
Odontalgie, u. dent et coxal- Odorant, odorat, odorifé-
gie. rant, v. odeur.
Œcuménique, v. économe.
Œdème, œdémateux, du grec oidêma, génitif oidê-
matos, qui signifie gonflement.
Œil, latin oculain (cf. ail, auge, angl. eye). Dérivés popu-
laires : œillet, proprt petit œil, œillade, œillère; cuiller un
tonneau, proprt le remplir jasquà l'œil (jusqu'au trou de la
bonde); andouiller du cerf, ramification qui lui pousse
devant les yeux {and- pour ant-, v. ant-, préfixe); aveugle
(préf. ab-), d'où aveugler, aveuglement, à l'aveuglette.
Aveugle a été aussi expliqué ipar * alboculum, à l'œil blanc,
V. aube. Dérivés et composés savants : oculaire, oculiste,
binocle,!;, bis; inoculer (d'où inoculation), proprt insérer,
greffer, un œil ou bouton de plante ; ocellé, formé sur le
diminutif ocellum.
— Le mot grec ophthalmon, qui signifie œil, appartient à
la même famille; dérivés : ophtalmie; ophtalmologie,
V. logique *•. Sur les autres mots tirés de la même racine
grecque, v. l'article voir^.
Œillette, v. huile. Œnologie, v. vin.
Œsophage, grec oisophagon, proprt qui porte les ali-
ments; sur -phage, v. anthropologie.
Œstre, grec oistron.
Œuf et son doublet ove, terme d'architecture, latin ovum,
d'où : ovaire, ovule, ovale; ovo'ide, v. forme; ovipare,
V. parent^. A la forme grecque don se rattache le diminutif
oïdium, proprt petit œuf.
Œuvre, avec son doublet italien opéra, est le mot latin
opéra, à côté duquel il y avait la forme opus, d'où opuscule
et office, officine, v. faire \ Composé : manœuvre, nom
de personne et nom d'action {v. main ^), d'où manœuvrer.
Le verbe operarc a produit les doublets opérer et ouvrer.
— Dérivés d'ouvrer : ouvrier, ouvrable (jours ouvra!)les,
où l'on travaille), ouvroir; ouvrage, d'où ouvragé. Dérivés
et composés d'opérer : opération, opérateur, opérable,
inopérable, inopérant, coopérer, coopération, coopéra-
Offrir] DU FRANÇAIS. 411
teur, coopératif. Le composé désœuvré est formé directe-
ment sur œuvre, et désœuvrement, sur désœuvré.
— I/idée d'œuvre est exprimée en grec par le mot ergon,
sur lequel v. chirurgie.
Offense, offenser, offen- officiant, officiât, officiel, of-
seur, offensif, v. défendre. ficier (verbe et substantif),
Offertoire, v. offrir-. officieux, officinal, officine.
Office, officiai, officialité, v. faire '.
Offrir se rattache au latin offerre, composé de ferre,
porter, qui est de la même famille que l'anglais to bear et que
l'allemand ge-baren.
1. Dérivé déferre : fertile, « qui porte » des fruits, d'où
fertilité, fertiliser, fertilisable.
2. Les composés ont donné, à côté de deux formes popu-
laires en -frir, offrir et souffrir, des formes savantes en
-férer. D'autre part, le supin de ferre, emprunté à un verbe
tout différent [v. tolérer), était latum, de telle sorte que, par
exemple, à côté de l'infinitif transférer, on a le nom d'action
translation. Nous allons reprendre ces différents composés
dans l'ordre alphabétique de la première lettre du pré-
fixe.
— Tout d'abord le participe passé avec le préfixe ad-, alla-
tum, qui signifie proprt porté vers, est peut-être l'origine du
participe allé qui nous sert pour le verbe c< je vais », auquel
cas l'infinitif aller et les autres formes en ail- auraient été
créées d'après le participe passé. Afférent, qui revient à
quelqu'un, en parlant d'un droit, d'une part. — Ablation,
enlèvement, et ablatif, cas auquel on met le nom de l'objet
d'où on enlève. — Circonférence, ligne qui entoure. — Con-
férer, c'est porter avec, d'où rapprocher, attribuer, se rappro-
cher pour s'entretenir; confer, impératif latin, abrégé en cf.,
« rapprochez » ; conférence, entretien ; collation, rapproche-
ment, avait aussi, dans les couvents, le sens de u conférence »
du soir, et de u léger repas » à la suite de cette conférence, et
on arrive ainsi au sens actuel de « petit repas ». — Déférer,
c'est proprt porter d'un endroit à un autre, d'où traduire
quelqu'un devant une juridiction, attribuer quelque chose,
s'en remettre à la décision d'un autre, ce qui explique la
signification du substantif déférence et de l'adjectif déférent;
la délation (nom d'agent : délateur), c'est l'action de délérer
quelqu'un à une autorité, mais en se dissimulant, restriction
412 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Offrir
qui est naturellement étrangère au sens propre du mot, —
Différer, c'est propt porter de côté et d'autre, d"où, en parlant
de plusieurs objets, ne pas se ressembler, c'est aussi porter
à un autre moment, d'où retarder (comparez reporter) ; au
premier sens se rattachent différent et différend (deux ortho-
graphes pour deux emplois du même mot), différence, diffé-
rencier, différentiel, indifférent (qui ne se porte d'aucun
côté), d'où indifférence; au second sens se rattache la signi-
fication de Tadjectif dilatoire. — Inférer, c'est porter (un
raisonnement) d'un point à un autre, conclure; comparez
induire, au mot diiire ^. — Offrir, c'est porter en face, pré-
senter, d'où : offre, offrande, offertoire et ohlation; oublée,
devenu oublie, d'abord pain d'autel préparé pour Toblation
et l'offertoire; oblat, laïque qui s'offre à un couvent avec sa
fortune.— Préférer (d'où préférable, préférence), c'est porter
devant, mettre devant; un prélat, c'est proprt celui qui est
mis devant, à la tête, et se prélasser, c'est s'allonger non-
chalamment comme un prélat. — Proférer, c'est porter (la
parole) en avant, prononcer. — Se référer, d'où référence,
référé, c'est se reporter, une relation est un rapport, relater,
c'est faire une relation ; une chose relative est en rapport
avec d'autres; un conseiller référendaire est chargé de ce
qui doit être rapporté; une corrélation, d'où corrélatif, est
une relation de deux termes l'un avec l'autre. — Souffrir,
d'où souffrance, c'est proprt « porter dessous », on comprend
dès lors la synonymie fréquente de souffrir et de subir
[v. errer 2, A), supporter; suggérer [v. gérer '^) a la même
valeur étymologique, mais a pris une acception très spé-
ciale. — Superlatif, porté au plus haut point. — Transférer,
d'où transfert, translation, c'est porter au delà.
3. Composés avec des substantifs : crucifère, qui porte les
pétales en croix; somnifère, qui apporte le sommeil, etc.;
odoriférant; légiférer, proprt porter une loi, et législateur,
législation, législatif, législature, v. loi. Sur vociférer,
V. voix.
4. A la forme grecque déferre se rapportent : périphérie,
proprt ce qui est porté autour, surface extérieure; métaphore
(d'où métaphorique), transport du sens d'un mot, par compa-
raison, d'une idée à une autre; phosphore, proprt qui porte la
lumière; amphore, vase qu'on porte par deux anses [v.
amphi-); ampoule, d'où ampoulé, vient d'un diminutif latin
archaïque d'amphore.
Oiseux] DU FRANÇAIS. 4l3
Offusquer, latin offiiscare, proprt obscurcir.
Ogive, d'où ogival, origine douteuse.
Ogre, origine inconnue; on y a vu un doublet de hongre,
hongrois.
Oïdium, y. œuf. Oignon, u. un.
Oie, V. oiseau.
Oindre, latin ungere, supin undum; dérivés : onction,
onctueux, onguent; composé : axonge, v. ais.
Oiseau et oie viennent de dérivés du latin auem, oiseau,
nominatif avis.
1. Dérivés d'oiseau : oiselet, oisillon, oison, oiseleur. Dé-
rivés savants d'avis : aviculture, v. colon ; aviation, aviateur,
avion; le mot aviation figure comme néologisme dans le Dic-
tionnaire Général (fin du xix^ siècle) avec cette définition :
« système de navigation aérienne où Ton se servirait dappa-
reils plus lourds que l'air ».
2. Le mot grec qui signifie oiseau est omis, génitif or/u7/ios,
doù ornithologie, ornithologiste, v. logique''.
3. Pour désigner les prêtres qui prédisaient l'avenir en
observant les oiseaux, les Latins avaient formé deux mots
composés, l'un avec la racine qu"on a dans épice et qui signifie
« regarder », l'autre avec la racine qu'on a dans goût et qui
signifie « éprouver ». Au premier se rattache auspices,
proprt présage; au second se rattache augure, prêtre et pré-
sage, doù augurer, et inaugurer, inaugural, inauguration
qui comportent étymologiquement Tidée d'une consultation
des dieux au début dune entreprise. Auguste parait signifier
« consacré par les augures »; le sixième mois de l'année
romaine avait été appelé auguste, du nom de l'empereur; la
forme française (populaire) du mot est août, cî. juillet et
juin. — Le doublet populaire d'au^ure-présage est le vieux
moteur devenu heur, v. ce mot.
4. Autres composés : autruche, où au- vient d'auis, et la
seconde partie du mot du grecstroulhion, autruche; outarde,
proprt oiseau lent, cf. tard.
Oiseux, sur lequel s'est formé oisif, d'où oisiveté, vient
d'un dérivé du latin otiuni, repos, loisir. Négoce {v. ne)
signifie proprt absence de loisir, occupation, afl'aires, dérivé :
négocier, d'où négociant, négociable, négociateur, négo-
ciation; parmi ces dérivés, les uns se rattachent à l'idée de
faire du commerce, les autres à l'idée de s'entremettre dans
une affaire quelconque.
-il^ DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Onde
Oison, u. oiseau i. Olibrius, v. noms propres
Oléagineux, v. huile. (Mots lires de).
Olfactif, V. odeur. Olifant, v. éléphant.
Oligarchie, d'où oligarchique, commandement du « petit
nombre )>, mot d'origine grecque ; sur -archie, v. arch-, archi-.
Olivâtre, olive, olivier, v. huile.
Olographe {v. graphie^), mot formé avec le grec holon,
« entier », apparenté peut-être à sauf et qu'on retrouve dans
holocauste, proprt entièrement brûlé [v. brûler) et dans
catholique, proprt répandu dans le monde entier (préfixe
distributif cala-).
Olympiade, période entre deux célébrations des jeux
d'Olympie.
Ombelle , ombellifère , v. Ombilic, ombilical, v. nom-
ombre, bril.
Ombre, latin umbra. Dérivés: ombreux, ombrer; om-
brage, ombre des feuilles (d'où ombrager), et ombrageux,
qui a peur d'une ombre; ombrelle, « petite ombre» portative,
dont la forme ombelle, d'où ombellifère, est un terme de
botanique. Sur le préfixe de pénombre, v. île. — Ombre est
aussi un nom de poisson, comme le latin umbra.
Omelette, v. lame. Omettre, omission, v. met-
tre 3.
Omnibus signifie proprt «pour tous ». C'est le datif plu-
riel du latin omnis, tout, qu'on trouve dans omnipotence, v.
pouvoir, omniscience, v. savoir, omnivore, v. dévorer. Sur le
mot grec qui a le même sens, v. panacée.
Omoplate, v. humérus. Onagre, v. âne.
On, V. homme.
Onques, latin unquam, même sens.
Once, latin uncia, qui désigne à la fois un poids et une
longueur; comme longueur, c'est un pouce, et les lettres
onciales sont proprt des lettres d'un pouce; le latin quin-
cuncem désigne une monnaie de cinq onces figurées par cinq
boules, dont la disposition est l'origine de la signification de
notre mot quinconce.
Oncle, i'. aïeul. Onction, onctueux, v. oin-
dre.
Onde, latin unda, de la même famille que le grec liudôr^
Opprimer] du français. 415
V. hydr-. Dérivés : ondée, ondine; ondoyer, se mouvoir
comme les ondes et asperger, d'où ondoyant, ondoiement;
onduler, d'où ondulation, ondulatoire, onduleux. Composés :
abonder, proprt déborder, d'où abondant, abondance, sura-
bonder, surabondance; inonder, d'où inondation; redon-
dant, proprt qui reflue, d'où redondance.
Onéreux se rattache au mot latin omis, génitif oneris, qui
signifie fardeau. Composé : exonérer, d'où exonération.
Ongle, d'où onglée, engourdissement du bout des doigts,
et onglet, vient d'un diminutif du latin unguem, même sens.
La forme grecque du mot est oniix, d'où onyx, nom donné
à une pierre précieuse en raison de sa transparence cornée.
Le latin panaricium, d'où vient panaris, est considéré comme
une déformation de parôniikliia, proprement mal « à côté de
l'ongle )).
Onguent, v. oindre. Onomastique, onomatopée.
u. connaître, B, U°.
Ontologie, grec onlologia {v. logique *), proprement science
de l'être, comme la paléontologie {v. paléo-) est la science des
êtres anciens, fossiles.
Onyx, V. ongle. Onze, onzième, v. un.
Opale, d'où opalin, grec opallion.
Opaque, d'où opacité, latin opacum.
Opéra, opérateur, opérer, opérette, i\ œuvre.
Ophicléide et ophidien contiennent le mot grec ophin,
serpent; Y ophicléide est un « serpent » d'église avec des clefs;
le grec Idcida, clef, est de la même famille que clavem, v. clou.
Ophtalmie, u. œil. Opiler, v. pétrir.
Opiacé,, opiat, v. opium. Opime, u. copie.
Opiner, latin opinari. penser, exprimer sa pensée. Dérivés
cl composés: préopinant; inopiné, à quoi on ne pensait pas;
opinion, d'où opiniâtre, tenace dans ses opinions {v. aca-
ridlrc'^, sur lequel ont été faits opiniâtreté, s'opiniâtrer.
Opium, forme latine du grec opion, proprt extrait d'un suc
(le suc de pavot), d'où opiacé et opiat (médicament opiacé).
Opoponax (pour opopanax) est formé avec opon, suc, et un
second élément sur lequel v. panacée.
Opportun, opportunisme, ser, opposition, v. site *.
opportuniste, opportunité, v. Oppresser, oppresseur, op-
porl. pressif, oppression, oppri-
Opposablc, opposant, oppo- mer, i'. près.
4J6 dictionNxVire étymologique [Oral
Opprobre, latin opprobrium.
Opter, du latin optare, qui signifie choisir, puis souhaiter.
Dérivés : option, choix ; optatif, mode du souhait. Composés :
adoption, choix pour soi, adopter et adoptif; cooptation,
proprt choix par entente commune.
Opticien, v. voir^. Opulent, opulence, u. copie.
Optimisme, optimiste, cf. Opuscule, v. œuvre,
aristocrate et v. copie. 1. Or, adverbe et conjonc-
Option, V. opter. tion, v. ce, pronom 3.
Optique, v. voir^.
2. Or, substantif, latin aurum. Dérivés : auréole, d'où
auréolé, proprt couronne d'or; loriot, pour Voriot, l'oiseau
au plumage doré. Composé dorer (préfixe de-), d'où doreur,
dorure, dorade (forme provençale), poisson aux écailles
dorées, eldorado, mot espagnol, qui signifie proprt « le pays
doré », et dédorer. Autres composés : aurifier, aurification,
V. faire'^; aurifère, v. offrir^; oriflamme, proprt flamme
d'or; orfroi, broderie d"or, proprt or phrygien, orfèvre, doù
orfèvrerie, proprt ouvrier en or, v. fabrique; oripeau,
proprt peau ou feuille d'or (qui brille comme de l'or). Or a
contribué à la formation d'orange et d'orpailleur, v. ces mots.
— Le mot grec qui exprime la même idée est khruson,
d'où chrysalide, cocon doré, chrysanthème, proprt fleur
d'or, V. /leur, chrysocale, pour chrysocalque, proprt cuivre
d'or, V. archal.
Oracle, v. oral.
Orage, d'où orageux, se rattache au latin aura, souffle,
vent. Composé : le vieux verbe essorer, mettre à l'air, sub-
stantif verbal essor. Aura est apparenté à aer, air.
Oraison, v. le suivant.
Oral est formé sur le substantif latin os, génitif oris,
bouche. Un orifice est ce qui forme bouche, au figuré,
V. faire"^.
— Le verbe dérivé orare, qui a produit oraison et orateur,
oratoire, adjectif et substantif, signifiait à la fois parler et
prier [oraison a encore le sens de discours dans « oraison
funèbre ») ; pérorer, doù péroraison (conclusion), c'est proprt
discourir jus(iu'au bout; un oracle, c'est ])roprt la « parole »
d'un dieu. Le mot tout l^tin orémus, prière, emprunté à la
liturgie catholique, est un subj. à la première pers. du plu-
Ordre] Du français. 417
riel, et signifie « prions )>. Adorer, d'où adoration, adora-
teur, signifie proprt adresser une prière (ou porter la main
à la bouche, geste d'adoration): le composé exorare, sur
lequel a été fait inexorable, avait le sens de « arriver au
résultat que Ton poursuit en priant », fléchir. Un oratorio
(forme italienne) est une sorte dopera religieux sous forme
de symphonie.
Orange, d'où orangeade, oranger, orangerie, et le mot
provençal oronge (champignon qui rappelle l'orange), a été
d'abord *arange, de l'arabe narandj : est devenu orange
sous l'influence du mot or.
Orang-outang, mot malais qui signifie homme des bois.
Orateur, oratoire, oratorio, v. oral.
Orbe, du substantif latin orbis, accus, orbem, rond. Déri-
vés : orbiculaire, de forme courbe; orbite, cavité ou ligne
de forme courbe, d'où exorbitant, proprt qui sort de son
orbite, qui dépasse les bornes.
Orchestre, d'où orchestrer, orchestration, vient du grec
orkhêstra, lequel se rattache à un verbe qui signifie « danser,
évoluer »; l'orchestre était la partie du théâtre grec où le
chœur faisait ses évolutions.
Orehis, d'où orchidée, plante dont la racine a la forme
dune glande, grec orkhis.
Ordinaire, ordinal, ordina- car, ordonnateur, ordonner,
tion, ordonnance, ordonnan- v. le suivant.
Ordre, d'où désordre, vient du latin ordinem, qui signifie
proprt rangée, puis arrangement (cf. orner). Le mot avait
aussi en vieux français la forme orne, d'où ornière, et dési-
gnait particulièrement sous cette forme les rangs de tranchées
ouvertes par la charrue, c'est-à-dire les sillons; les ornières
sont les sillons des roues. Les dérivés tout à fait savants sont
enordin-, pour les autres on a passé de ordener à ordonner,
probablement sous l'influence de donner.
— Le mot ordre réunit les sens suivants : 1^ Rang; dérivé
dans ce sens : ordinaL 2" Rang hiérarchique (les trois ordres,
les ordres majeurs et mineurs) ; dérivés dans ce sens :
ordonner un prêtre, l'ordination. 3° Arrangement; dérivés :
ordonner au sens d'arranger, ordonnance au sens d'arran-
gement, ordonnateur dans une de ses acceptions, coordonner
et coordination. 4° Arrangement normal (ordre des choses);
dérivé : ordinaire, d'où extraordinaire, abrégé en extra dans
DICT. KlYM. KHANÇ. 27
418 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Oreilie
certaines acceptions, par exemple « un extra » en parlant
d'un garçon employé momentanément comme suppléant ou
auxiliaire. 5" Arrangement prescrit; donner un ordre, c'est
proprt prescrire un arrangement, puis, par extension, pres-
crire une action quelconque; dérivés : ordonner, au sens de
commander, ordonnance, aux sens de commandement et de
militaire chargé spécialement de faire exécuter des ordres
(puis domestique militaire d'un officier), subordonner, proprt
placer sous les ordres de quelqu'un, subordination, insubor-
donné, insubordination. 6*^ Prescription de payer; dérivés
dans ce sens : ordonnancer, ordonnancement, ordonnateur
dans une de ses acceptions.
Ordure, ordurier, v. horreur.
Orée, dérivé du latin ora, bord; le diminutif *oriilam a
produit le vieux français ourle; d'où le sous-diminutif ourlet,
}3ord replié, et le verbe ourler.
Oreille (d'où le vieux verbe français essoriller, couper
les oreilles), vient du latin aiiricuJa, — diminutif de aurein, —
sur lequel a été fait le moi savant auriculaire. Dérivés
d'oreille : oreiller, oreillette, oreillons. A aurem se rattache
le verbe audire {v. dé à jouer 3), français ouïr, d'où ouïe,
inouï, ouï-dire, prononciation archaïque pour ouir-dire, et
les dérivés savants : auditeur, auditoire, auditif, audition.
Audience a signifié auditoire; sens actuels : réception d'un
postulant qui demande à être entendu, et séance d'un tri-
l3unal pour entendre les débats.
— Le composé oboedire, français obéir, signifie proprt
avancer ou prêter l'oreille, écouter quelqu'un, dansle sens
de faire ce qu'il dit, dérivés : obéissant, obéissance, déso-
béir, désobéissance, et le mot savant obédience. — Aus-
culter (doublet : écouter) contient la vieille forme ans- =
oreille, et la racine verbale qu'on a dans client, v. ce mot.
Dérivé d'ausculter : auscultation; dérivés d'écouter : écoutes,
écouteur, écoutille, ouverture par laquelle on communique
d'un étage à l'autre d'un bateau.
— Le mot de la même famille qui signifie oreille en grec
est ous, génitif o/os, d'où otite, maladie de roreille, parotide,
glande à côté de l'oreille (préfixe para-), et myosotis, proprt
oreille de souris, v. moule 2; les otaries sont des phoques à
oreilles apparentes. — Au mot grec qui signifie entendre,
akoueiiif se rattache acoustique.
Orient] DU français. 419
Orémus, v. oral. Organdi, origine inconnue.
Ores, V. heure. Organe, organique, orga-
Orfèvre, orfèvrerie, v. or 2 nisateur, organisation, orga-
et fabrique. niser, organisme, organiste,
Orfraie, i'. os. v. orgue.
Orfroi, v. or 2.
Organsin, italien organzino, d'origine douteuse.
Orge, doù orgelet (proprt petit grain d'orge), orgeat,
du latin hordeum.
Orgie, d'où orgiaque, grec orgia, proprt fêtes deBacchus.
Orgue, doublet d'organe, se rattache, par l'intermédiaire
du latin, au grec organon, qui signifie proprt instrument.
Un organe, d'où organique, organisme, inorganique, est
l'instrument d'une fonction, notamment d'une fonction
vitale. Organiser, d'où organisation, organisateur, c'est
arranger les choses de manière à en faire les instruments
d'une entreprise. Les orgues, ce sont proprt les organes,
les différents tuyaux d'un instrument de musique qui s'est
d'abord appelé pour cela orgues au pluriel, puis orgue au
singulier, la signification originelle du pluriel s'étant
effacée; c'est par archaïsme qu'on dit encore les orgues en
parlant d'un seul instrument. Dérivé : organiste.
— Le genre primitif du mot français orgue était le fémi-
nin: employé au singulier, il est devenu masculin, sous
l'influence du genre du mot instrument, et il conserve ce
genre quand on l'emploie au pluriel pour désigner plusieurs
instruments. Il est donc faux de dire que orgues au féminin
pluriel est le pluriel du masculin orgue, ce n'est un pluriel
que pour la forme, c'est un singulier pour le sens actuel.
Orgueil, d'où orgueilleux, s'enorgueillir, origine germa-
nique,
Orichalque, y. archal.
Orient est proprt le participe présent du verbe latin oriri,
supin orlum. qui signifie s'élever, prendre naissance.
Dérivés : oriental, d'où orientalisme, orientaliste; orienter,
proprt tourner vers l'orient, d'où orientation, désorienter.
L'orient d'une perle, c'est son reflet particulièrement coloré,
considéré comme la marque de son origine orientale.
— Dérivés du verbe oriri : origine, d'où originaire ; ori-
ginal, « qui est l'origine d'une chose, qui sert de modèle, qui
n'imite pas »,d'où originalité; originel, doublet du précédent,
mais qui en a été différencié par le sens (« qui remonte à
420 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Oscîller
l'origine »); aborigène, originaire d'un pays, comparez
indigène au mot génital ^.
— Dérivé du supin : avorter (préfixe ab-), ne pas naître,
ne pas donner naissance, d'où avortement, avorton, proprt
produit mort-né, et le mot savant abortif.
Orifice, v. oral. nalité, origine, originel, v.
Oriflamme, v. or 2. orient.
Originaire, original, origi- Oripeau, v. or 2.
Orme, doù ormeau (jadis petit orme), latin ulmun
Orner, du latin ornare, qui signifie proprt arranger, même
famille que ordre. Dérivé : ornement, doù ornemaniste,
ornemental, ornementer, ornementation. Composé : subor-
ner, doù suborneur, proprt orner pour séduire.
Ornière, v. ordre. Orographie, orographique,
Ornithologie, ornitholo- v. mont.
giste, V. oiseau^. Oronge, v. orange.
Orpailleur, v. harpie.
Orphelin, d"où orphelinat, se rattache au mot grec
orphanon.
Orphéon, v. noms propres Orpiment, u. peindre.
(Mois tirés de). Orteil, v, art.
Ortho- vient du grec orthon, qui signifie droit : ortho-
doxe, d'où orthodoxie, conforme à la droite croyance,
V. dogme; l'orthographe, d'où orthographier, orthogra-
phique, est censée la bonne manière décrire; lorthopédie,
d'où orthopédique, orthopédiste, c'est proprt le redresse-
ment des enfants, v. pédagogie; lorthoépie, c'est la pronon-
ciation correcte; sur -épie, v. épopée.
Ortie, latin urtica, d'où urticaire.
Ortolan, v. horticulteur. Orviétan, v. noms propres
Orvet, origine inconnue. (Mots tirés do).
Os, latin os, génitif ossis. Dérivés : osselet, ossements,
osseux, ossature, fait sur le modèle d'armature; ossuaire.
Composés : désosser; ossifier, ossification, v. faire"';
orfraie, latin ossifraga, proprt qui brise les os, v. fraction^.
— La forme grecque du mot est osteon, doù ostéite,
maladie des os, ostéologie, v. logique^, périoste, enveloppe
des os, préfixe pé/'i-. V. aussi Juiitrc.
Osciller, d'où oscillation, oscillatoire, se rattache au
latin osciUum, balançoire.
Outre] DU FRANÇAIS. 421
Oseille, origine inconnue, Oser, v. audace.
cf. oxalique.
Osier, doù oseraie, origine inconnue; l'ancienne gra-
phie par au éloigne ce mot du grec oison.
Ossature, osselet, osse- Ostracisme, ostréiculture,
ments, osseux, ossification, u. huître.
ossifier, ossuaire, v. os. Otage, v. seoir 3.
Ost, V. hostile. Otarie, v. oreille.
Ostéite, u. os. Oter, u. ester'*-.
Ostensible, ostensoir, os- Otite, v. oreille.
tentation, v. tenir '*. Ottomane, v. noms propres
Ostéologie, v. os. (Mots tirés de).
Ou, conjonction, latin aw/.
Où, adverbe, vient du latin ubi, apparenté au pronom
relatif qui, et qui signifie « dans quel ou dans lequel endroit »;
le dérivé ubique, d'où ubiquité, signifie : dans n'importe quel
endroit.
Ouaille, diminutif du \aXin ovem, brebis, doù : race ovine.
Le verbe latin avare, d'où ovation, parait être fait sur ovem^
le petit triomphe se célébrant par le sacrifice d'une brebis.
Ouate, doù ouater, semble venir d'Egypte.
Oublie, subst., v. offrir '-.
Oublier, doù oubli, oubliettes, oublieux, se rattache
au supin oblitum du verbe oblivisci qui signifie proprt
effacer.
Ouest, anglais west. Cf. est.
Oui, ouiche, u. ce, pronom '. Ouiller, u. œil.
Ouï-dire, orne, u. oreille. Ouïr, v. oreille.
Ouistiti, onomatopée (cri de l'animal).
Ouragan, mot des Antilles.
Ourdir, latin ordiri, ourdir et commencer, d'où exorde,
proprt mise des fils sur le métier, et primordial, de tout
premier commencement, v. prime au mot pour ^.
Ourlet, ourler, v. orée. Outil, outillage, outiller.
Ours, oursin, ourson, u. v. us.
arctique. Outrage, v. le suivant.
Outarde, v. oiseau *.
1. Outre, préposition et adverbe, latin ultra, au delà.
Dérivés et composés : outrage, proprt parole ou acte qui
dépasse les bornes, d'où outrager, outrageux; outrer, doù
422 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Ozone
outrance; outrecuidant, outrecuidance, v.agir^; outremer
(le bleu d'outremer est le bleu d'orient) ; outrepasser. Com-
posé avec ultra : ultramontain, v. mont, d'où ultramonta-
nisme. Ultra s'emploie comme préfixe superlatif, de même
q\lextra [v. é-^), et substantivement au sens de : personne
aux idées extrêmes.
— Le comparatif d'ultra est ultérieur, et le superlatif est
ultime, « tout à fait au delà, dernier », d'où pénultième {v.
île), et ultimatum, dernier mot. Comparez, à larticle é- -,
extérieur et extrême.
2. Outre, subst., latin utrem, diminutif savant utricule.
Ouverture, i'. ouvrir. ger, ouvrer, ouvrier, u. œuu/v.
Ouvrable, ouvrage, ouvra-
Ouvrir, doù ouverture, entr'ouvrir {v. entre), se rattache
au latin aperire, sur lequel a été fait le mot savant apéritif
(qui ouvre l'appétit). Dans le latin populaire, operire s'était
substitué à aperire. En formation populaire, apéritif seràii
* ouvrif. V. couvrir.
Ouvroir, v. œuvre. Ovine, v. ouaille.
Ovaire, ovale, v. œuf. Ovipare, ovoïde, ovule, v.
Ovation, v. ouaille. o?u/.
Ove, i'. œuf.
Oxalique se rattache au mot grec oxalida, oseille, qui lui-
même dérive d'oxun. Cet adjectif, comme la racine ac-, sur
laquelle voyez aigre, a à la fois les sens de « aigu » et de
« acre, acide )>. Le paroxysme est une exacerbation; dans ce
mot, le préfixe para- a une valeur de superlatif. Sur oxun a
été fait oxygène, dont le sens propre est « qui engendre les
acides », v. génital •' ; on a fait ensuite oxyde (d'où oxydation
et oxyder) pour désigner un composé de l'oxygène qui n'est
pas un acide.
— Le mot oxyton, formé avec tonon [v. ton, substantif)
signifie proprt : qui se termine par l'accent aigu; paro-
xyton, qui a l'accent à côté, sur l'avant-dernicre syllabe;
proparoxyton, qui a Faccenl avant ravant-dernière.
Ozone, V. odeur.
Paille] DU FRANÇAIS. 423
Pacage, pacager, u.paffre*. Pacificateur, pacification,
Pace (in), i». pacte ^. pacifier, pacifique, u. pacte *.
Pachyderme, i'. couenne. Pacotille, v. paquet.
Pacte, doù pactiser, vient, du participe passé du verbe
latin pangere, qui signifie « fixer » au propre et au figuré,
arrêter une convention. Du composé compactum, proprt fixé
ensemble, vient notre adjectif compact.
1. i.a môme racine a produit d'autre part pacem, français
paix, doù paisible, apaiser, apaisement, et les mots savants
pacifique, pacifier, avec pacification, pacificateur, v. faire'.
In pace, locution toute latine qui signifie « en paix » et qui
s'applique par ironie à un cachot. Sur le substantif pocÊ-m,
1q latin avait fait le verbe pacare, français payer, proprt
apaiser un créancier, d'où payeur, payable, impayable,
impayé, paiement, l'adjectif participial payant, le substantif
verbal paye.
2. A la même racine se rattachent encore : pagina, fran-
çais page, proprt feuillet collé, d'où paginer, pagination;
propaginem, français populaire provin, — d'où provigner,
— proprt ce qu'on fixe en avant; propagare^ français savant
propager (d'où propagande, propagateur, propagation»,
dont le sens étymologique est : provigner; parpaing, pierre
fichée à travers le mur et dont on voit les deux parements.
— V. aussi pal.
Pagaie, d'où pagayer, vient de la langue des Caraïbes.
Paganisme, i'. pays. Pagination, paginer, v,
l.Page, substantif féminin, pacte -.
V. pacte -. Pagne, v. pan.
2. Page, substantif mascu-
lin, origine incerlaine.
Pagode, mot indien emprunté aux Portugais.
Paiement, v. pacte ^. Païen, u. pays.
Paille, latin palea. Dérivés : paillon: paillasse, d'où
paillasson: paillard, proprt qui couche sur la paille: pail-
lette, d'où pailleté. Compusés : empailler, d'où empailleur,
rempailler, rempailleur, rempaillage.
424 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Pair
Pain, latin panem. Dérivés : panier (d'abord corbeille à
pain), pané, panade, panetier. Composés : panification,
V. faire'^; apanage, proprt « nourriture » assurée; com-
pagnon et copain, proprt commensal, puis camarade, d'où
compagne, compagnie, compagnonnage, accompagner, qui
a produit à son tour accompagnement, accompagnateur.
Pair, latin parem, égal, d'où « égal aux plus hauts digni-
taires ».
1. Dérivés : pairie, dignité de pair; parage, dans « haut
parage »; paire, groupe de deux choses égales; impair,
proprt inégal ; parité, égalité, et imparité, disparité ; parier,
jadis mettre de pair (d'où apparier), mettre des enjeux égaux
(d'où pari, parieur) ; parisyllabique, imparisyllabique, dun
nombre égal ou inégal de syllabes; pareil, qui a produit :
appareiller, apparier, d'où arranger régulièrement, préparer
(dérivés : appareil, appareillage, appareilleur) et dépa-
reiller.
2. Sur parem, les Latins avaient fait le verbe parare,
mettre à la hauteur de, égaliser, d'où apprêter ; c'est à ce
second sens que se rattachent les acceptions de « préparer,
orner », qu'a notre verbe parer (d'où parement, parure), et
aussi celle de « se mettre en état d'éviter » (d'où parade,
terme d'escrime, et le préOxe para-, d'origine italienne, dans
les mots tels que parasol). Le mot parade, d'où parader, au
sens d'évolutions de cavaliers ou de troupes, est d'origine
espagnole; quant à parages, au sens de « régions mari-
times côtières », on n'en a pas encore d'explication satis-
faisante.
3. Les composés de parare se rattachent soit à l'une soit
à l'autre des deux idées exprimées par parare, mettre de pair
et arranger. Des composés avec ad- et avec dis-, il ne reste
que les mots apparat et disparate. Autres composés :
comparer, proprt accoupler, mettre en parallèle, d'où com-
paraison, comparatif, comparable, incomparable; préparer,
arranger d'avance, d'où préparation, préparateur, prépa-
ratif, préparatoire : réparer, arranger ce qui a été dérangé,
d'où réparation, réparateur, réparable, irréparable : séparer
(préf. se'-), disjoindre, et son doublet sevrer, d'où : sevrage,
séparation, séparable, inséparable, séparatiste, sépara-
tisme. 11 r.Hit ajouter déparer, formé sur le français parer,
et emparer, d'origine provençale (préfixe anl-, v, aiit- ou
anté-), dont le sens primitif est préparer une défense, forti-
Palefroi] du français. 425
fier, munir, doù rempart (dont le t final n'a aucune raison
dêtre), désemparé et s'emparer.
Paisible, i'. pacte •.
Paître, du latin pascem, supin pas^wm.
1. Dérivés : pacage, jadis pascale, d'où pacager; pâture,
d'où pâturer, pâturage ; pasteur, pastoral, et le mot de
formation populaire pâtre. — Le moi pâture a désigné aussi
l'entrave qu'on met parfois aux animaux avant de les laisser
au pâturage, et le paturon est l'endroit de la jambe où l'en-
trave s'adapte. Pour désigner cette entrave, les Latins avaient
le mot * pastoria, et mettre l'entrave, c'était *impastoriare,
d'où le français empêtrer, employé surtout au figuré, et son
contraire dépêtrer.
2. Sur le supin pastum a été fait le composé appât, proprt
nourriture apportée, puis moyen d'attirer, dérivé : appâter;
au pluriel, il n'y a aucune raison d'écrire appâts au sens
propre et appas au sens figuré. Autres dérivés, désignant
des aliments très différents : panais, jadis pasnais, et pas-
tille.
3. Composé de paître : repaître, d'où repas, jadis repast.
Paix, i'. pacte i.
Pal (d'où empaler, palis, pahsser, palissade), et son
doublet pieu, viennent du latin palum qui appartient à la
famille de pangere, fixer, v. pacte et travail.
Paladin, v. le suivant.
1. Palais, du latin palatium, nom d'une colline de Rome,
aujourd'hui appelée le Palatin, où Auguste établit sa rési-
dence. Ce mot a aussi formé l'allemand pfalz. Dérivés : pala-
tin, et son doublet italien paladin, proprt officier du palais;
palatine, sorte de vêtement garni de fourrures.
2. Palais (de la bouche), d'où consonne palatale, voûte
palatine, latin palatum.
Palan, v. phalange.
Palanquin, mot sanskrit, qui nous vient par le portugais.
Palatal, v, palais 2. Palatin, v. palais 1, et pa-
lais 2.
Pâle, d'où pâlot, pâlir, pâleur, latin pallidum.
Palefroi, d'où palefrenier, vient du latin populaire para-
vereduiriy. composé du préfixe grec para- qui signifie à côté
426 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Palper
et de veredum, « cheval de voyage », mot gaulois (cf. angL
ride, ail. reiten, et v. r<?i//'e) ; les chevaliers avaientleur des-
trier pour la bataille, et à côté le palefroi.
Paléo-, paie-, du grec palaion, ancien; paléographie,
paléographe, paléographique, v. graphie'^; paléontologie,
V. ontologie.
Palestre, grec palaistra.
Palet, V. pelle. Palette, v. pelle.
Paletot, d'où paltoquet, on- Pâleur, v. pâle.
gine douteuse.
Palier, d'où porte palière, origine inconnue; la forme
ancienne ne permet pas de songer h paille.
Palimpseste, du mot grec palimpsêston, qui signifie
proprt frotté de nouveau; palingénésie (u. génilal^), proprt
action de renaître ; palinodie, proprt chant à rebours (u. ode),
le préfixe grec palin-, comme re~ latin, marquant tantôt
répétition et tantôt retour.
Pâlir, V. pâle. Palis, palissade, palissa-
der, palisser, v. pal.
Palissandre, mot de la Guyane.
Palladium, gage de salut pour un peuple ; c'est la forme
latine du grec Palladion, proprt statue de Pallas.
Pallium, mot tout latin qui avait le sens de (.< manteau,
couverture » et dont la forme française est poêle, substantif
masculin, au sens de « étoffe tendue, dais ». Dérivé : le verbe
pallier, proprt couvrir, dissimuler, atténuer, d'où palliatif.
Palme, du latin palma. qui signifie paume de la main,
et, par comparaison, feuilles ayant l'aspect dune main
ouverte (d'où palmier, palmeraie), et pied d'animal ayant le
môme aspect, doù palmé, palmipède, v. pied^. Au sens de
feuille de palmier se rattache le mot tout latin palmarès,
qui désigne proprt les concurrents vainqueurs, honorés des
palmes, d'où : liste des prix. Au jeu dit de paume, on lançait
la balle avec la paume de la main; empaumer quelqu'un,
c'est, au figuré, le saisir dans la main, « lavoir dans la
main ».
Palombe, v. colombe i. Pâlot, v. pâle.
Palper, latin palj)nre, toucher légèrement de la main,
dérivé : palpable, doù impalpable. — Palpiter, dérivé
palpitation, signifie proprt toucher fréquemment, d'où
Panique] du français. 427
(( avoir des mouvements répétés )>, comparez une significa-
tion semblable de battre: c'est à cette valeur que se rattache
le sens originel de paupière, latin palpebra.
Palsambleu, v. dieu i. Paltoquet, v. paletot.
Paludéen, palustre et paludisme (on dit aussi dans
le même sens impaludisme, infection produite par les marais),
se rattachent au latin paludem, marais.
Pâmer (d'où pâmoison et spasme, spasmodique, se rat-
tachent au grec spasma.
Pamphlet, d'où pamphlétaire, mot anglais d'origine
incertaine.
Pamplemousse, mot tamoul.
Pampre, latin pampiniim.
Pan, morceau d'étotre, et, par extension, morceau de mur,
de bois, eic, vient du latin pannum, qui a produit aussi le
mot espagnol d'où vient pagne; dérivé : panneau, pan et
filet tendu. La forme féminine panne désigne la voilure
d'un bateau dans une position telle que le bateau ne bouge
pas.
Panacée, grec panaketa^ proprt remède pour tout, cf.
opopanax. Le mot grec pan, tout, génitif pantos, se trouve
encore dans pancréas, d'où pancréatique, v. chair, dans
pancarte, v. charte, dans panoplie, proprt armure complète,
panorama, vue totale, v. voir^, pantomime, v. mime, panto-
graphe, qui écrit tout, Panthéon, temple de tous les dieux,
panthéisme, doctrine qui fait de l'ensemble de la matière
un dieu, panthère, béte tout à fait sauvage, v. thériaque;
dans diapason, formé avec le génitif pluriel féminin du mot
grec et qui signifie proprt à travers toutes (toutes les notes);
dans pandémonium, i'. démon, et panégyrique, v. allégorie.
Cf. omnibus et tout.
Panache, panacher, pana- Pandémonium, v. démon.
chure, i'. empenné. Pandour, v. noms propres
Panade, v. pain. (Mots lires de).
Panais, V. paître 2. Panégyrique, panégyriste,
Panaris, v. ongle. v. allégorie
Pancarte, v. charte. Paner. paneterie,panetier,
Pancréas, pancréatique, u. panier, panière, panifica-
chair. tion, panifier, v. pain.
Panique, proprt u qui vient du dieu Pan ».
428 * DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Papillon
Panne, u. pan. Panonceau, v. empenné.
Panne, origine douteuse. Panoplie , panorama , v.
Panneau, u. pan. panacée.
Panse d'où pansu, lalin panticem.
Pansage, pansement, pan- panthéon, panthère, v. pana-
ser, V. pendre"^. cée.
Pantalon, pantalonnade, u. Pantin, origine douteuse.
noms propres (Mots tirés de). Pantographe, v. pcnacée.
Pantelant, panteler, v. fan- Pantois, v. fantaisie,
taisie. Pantomime, v. mime.
Panthéisme, panthéiste. Pantoufle, origine incon-
nue.
Paon, latin pavonem, d'où, vraisemblablement, pavane.
danse où l'on fait la roue, et se pavaner. Le coquelicot était
aussi appelé ponceau, petit paon, d'où le nom de couleur.
Papa, onomatopée enfantine qui existe aussi en latin et
en grec. C'est au latin ecclésiastique que se rattache notre
mot pape, aussi bien que le mot russe pope. Dérivés de
pape : papable, papal d'où papauté; papalin; probablement
aussi papelard, avec le suffixe péjoratif (car la plaisanterie
du xiii« siècle, sur celui qui pape ou mange le lard, ne saurait
être considérée comme une étymologie) ; papeline, devenu
popeline, nom d'une étoffe qu'on fabriquait dans la ville
papale d'Avignon; papisme, papiste.
Papavéracées, u. pavot. Pape, v. papa.
Papegai, proprt perroquet, origine arabe.
Papelard, papelardie, pa- Paperasse, paperasser, pa-
pelardise, v. papa. perassier, papeterie, pape-
I tier, papier, v. charte.
Papille, latin papilla, diminutif de papula, bouton, d'où
nous avons tiré papule.
Papillon et son doublet populaire pavillon viennent du
latin papilionem, papillon et tente (en forme de papillon).
Dérivés de papillon : papilionacé; papillonner, dont la
signification se rapporte au vol du papillon; papilloter
(d'où papillote, proprt paillette brillante, et papillotage),
dont la signification se rapporte à l'éclat miroitant des ailes.
Le mot provençal parpaillot, papillon, a d'abord été appliqué
aux Calvinistes comme sobriquet. A noter, parmi les sens
figurés de pavillon^ celui qu'il a dans « pavillon » d'un
Paradigme] du français. 429
instrument de musique (analogue à une tente ronde), et
« pavillon » de Toreille.
Papisme, papiste, v. papa.
Papoter, d'où papotage, onomatopée.
Papule, V. papille. Papyrus, v. charte.
Pâque, d'où pascal et pâquerette, fleur de Pâques, vient
d'un mot hébreu qui signifie passage.
Paquet, anglais packet; dérivés et composés : paqueter,
d'où paquetage, empaqueter; pacotille, proprt menus
paquets; paquebot, proprement bateau des paquets, au sens
ancien de : « paquets de lettres », courrier.
Par, préposition et préfixe, vient du latin per, que nous
avons aussi comme préfixe dans un grand nombre de mots
savants. Per, dont le sens propre est « à travers », corres-
pond à la fois aux deux particules grecques para (à côté et
au delà) et péri (au-dessus de, autour et vers). La préposition
par, comme per latin, marque le passage à travers (par
monts et par vaux), d'où, par figure, le moyen, linstrument,
la manière, la durée et même la cause, qui sont en quelque
sorte les intermédiaires entre le sujet et l'action. Par marque
la cause dans parce que = à cause de ce que. Sur de par,
V. part 1, A.
1. Du sens de « à travers » on passe facilement à Tidée de
(c en dépassant », d'où la valeur superlative de par et de par
dans perfection, par trop, parfait, etc. Cf. la valeur ana-
logue d'extra à l'article è- ', de sur et de saper au mot sur.
2. Per avait aussi la signification de « de travers », ce qui
explique la valeur péjorative de son comparatif pejor, neutre
pejus, en français pire et pis, d'où empirer et le dérivé
savant péjoratif (proprement qui empire le sens). Le super-
latif pessimum se retrouve dans pessimisme, pessimiste. On
a la même racine dans l'adjectif latin pravum, « qui est de
travers », d'où dépraver, dépravation, dépravateur.
Para-, par-, préfixe d'origine grecque, v. par; il y a un
autre préfixe para-, qui signifie « pour parer, pour éviter »,
i'. pair-.
Parabole, parabolique, v. Parachute, v. choir,
parole^. PsiTOiclel, v. cilcndcs'^.
Parachever, v. cap ^ et Parade, parader, v. pair'-,
par *. Paradigme, v. dire*.
430 DiCTiONxNAiRE ÉTYMOLOGIQUE [Parapluie
Paradis, d'où paradisiaque, vient d"un mot persan qui
signifie « enclos », par rinlerinédiaire du grec et du latin (cf.
éden); le doublet populaire est parvis, nom donné au por-
tique de St-Pierre de Rome.
Paradoxal, paradoxe, v. Parages, u, pair 2.
dogme. Paragraphe, v. graphie 2,
Parafine, v. fin.
Paraître se rattache au latin parère, supin parltam.
Composés : apparaître; comparaître, proprt paraître avec;
transparaître, paraître à travers; reparaître, disparaître.
Dans ces verbes -aître est une désinence inchoative, qui
introduit l'idée de « commencer à » (à se montrer). Plusieurs
d'entre eux ont eu la forme sans désinence inchoative :
comparoir, encore usité dans la langue juridique; apparoir,
qu'on trouve chez La Bruyère et qui se conjuguait : « il appert,
nous apparons ». Il appert s'emploie encore dans la langue
juridique comme verbe impersonnel. Apparent, transparent,
viennent des formes latines du participe présent, sans syl-
labe inchoative, ce sont comme des doublets de apparaissant,
transparaissant; substantifs dérivés : apparence, transpa-
rence. — Apparition, disparition, appariteur, se rattachent
aussi aux formes latines sans syllabe inchoative; l'appari-
teur est proprt celui « qui se montre » quand on l'appelle.
Coniparition est devenu comparution, sous l'influence de la
formule juridique « a comparu »; un comparse (le mot est
d'origine italienne) est proprt celui qui parait seulement
avec les autres, un figurant.
— Le mot grec qui a le sens de paraître se trouve sous les
formes p/ia/2-,/a/i-, phén-, dans diaphane, phénomène, fan-
tôme (écrit jadis phantôme). Diaphane est en quelque sorte
le modèle grec de transparent, puisque le préfixe grec dia-
a le môme sens que le préfixe latin trans-. Phénomène, d'où
phénoménal, c'est proprt ce qui apparaît; ce mot et fantôme
sont les formes grecques qui correspondent au mot d'ori-
gine latine apparition, v. fantaisie.
Parallèle, parallélipipède, Parapet, v. pis, substantif,
parallélogramme, r. autre '>■. Paraphe, parapher, i'. j/ra-
Paralyser, paralysie, para- phie -.
\y tique, V. solution. Paraphrase, paraphraser,
Pai-angon , origine dou- v. phrase.
tcuse. Parapluie, u.pieuuoir.
Parer] Du français. 431
Parasite, doù parasitisme, grec parasitons proprt qui se
nourrit à côté, chez le voisin.
Parasol, v. soleil. Paravent, v. vent.
Paratonnerre, v. tonner. Parbleu, v. dieu i.
Pare, origine douteuse, dérivé : parquer. Le diminutif
parquet signifie enceinte réservée (au tribunal, à la Bourse,
au théâtre) et compartiments assortis (d"où parqueter).
Parcellaire, parcelle, v. Parchemin, parcheminé, u.
part 1, A. noms propres (Mots tirés de).
Pareimonie, d'où parcimonieux, se rattache au verbe
latin parcere, épargner, supin parsiim.
Parcourir, parcours, u. Pardon, pardonnable, pai>-
courir. donner, v. dé à jouer *.
Pardessus, v. sur i. Pareil, v. pair i.
Pardieu, v. dieu^. Parèîis, v. soleil.
Parement, u. pair 2.
Parent, lai'in parentem, d*où parenté, signifie proprt c qui
a mis au monde », et, par extension, membre de la famille.
Ce mot se rattache au verbe parère, supin partum, doù
part, terme juridique, et parturition.
1 . On a la même racine dans : ovipare, qui met au monde
des œufs: vivipare, qui met au monde des êtres vivants. Le
latin vipera, doù vipère (adj. vipérin) et le doublet popu-
laire guivre, équivaut à vivipare; vive, pour *vivrej nom
de poisson, signifie proprt vipère d'eau (ce poisson passait
pour dangereux). Sur le premier élément de puerpéral
[fiëyre puerpérale, fièvre d'accouchement), v. poule.
2. Le sens de « mettre au monde » est une restriction du
sens primitif de parère, qui avait la signification générale de
mettre, produire, procurer. Ainsi s'explique le composé latin
reperire (d'où répertoire et repère dans la locution « point
de repère »), qui contient l'idée de procurer de nouveau, de
retrouver; le mot repère a été aussi rattaché à repaire^
V. père: dérivé : repérer.
3. D'après une explication plausible, le latin pauperem (dé-
rivé : paupérisme), d'où vient pauvre (et pauvreté, appau-
vrir), se composerait de pau{cum), d'où vient peu, et de notre
racine, qui aurait ici le sens de « produire pour soi-même »;
le pauvre est celui qui acquiert peu.
Parenthèse, v. thèse'^. Parer, v, pcdr^.
432 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [ParoîC
Paresse, d'où paresser, paresseux, latin pigritia.
Parfaire, parfait, u. /aire 6, merie, parfumeur, v. fumer.
Parfois, v. fois. Parhélie, v. soleil.
Parfum, parfumer, parfu- Pari, v. pair^.
Paria, mot tamoul.
Parier, v. pair i. Parieur, v. pair *.
Pariétaire, pariétal, y.
paroi.
Parisis, parisien, avec le suff. qu'on a dans Cambrésis.
Parisyllabique, v. pair i et parlementer, parler, parleur,
épilepsie. parloir, parlote, v. parole 3.
Parité, v. pair^. Parmi, v. mi^.
Parjure, parjurer, u.jureri. Parodie, parodier, paro-
Parlement, parlementaire, diste, v. ode.
Paroi, latin pa rie fem, d'où : pariétal; pariétaires, plantes
qui poussent sur les murs.
Paroisse, paroissial, paroissien, v. économe.
Parole est le doublet populaire de parabole, et se rat-
tache au verbe grec ballein, jeter.
1. Le mot signifie proprt action de jeter à côté, de mettre
à côté, comme Ihyperbole est Faction de jeter au delà, doù
les sens, pour l'un, dexpression indirecte de la pensée,
allégorie (plus tard, sous la forme parole, expression quel-
conque) et, pour l'autre, d'expression exagérée. L'hyperbole
et la parabole (comme Vellipse, v. éclipse) sont aussi des
courbes géométriques dans lesquelles une certaine mesure
est plus grande qu'une autre pour l'hyperbole, et égale pour
la parabole, le préfixe para- impliquant l'idée d'une compa-
raison, d'une similitude.
2. Le radical grec se trouve dans les mots français tantôt
sous la forme bol-, tantôt sous la forme- bal-, tantôt sous la
forme blè-.
— On a bol-, non seulement dans parabole et hyperbole,
mais encore dans : bolide, proprt « corps jeté » dans
l'espace; embolie, accident produit par un caillot qui « se
jette dans » une artère; amphibologie, doù amphibologique,
proprt manière de parler qui <( se jette ou se porte de deux
côtés », qui a deux sens; diable, grec diabolon, ])roprt qui
« se jette à travers », (;alomniateur, d'où diabolique, dia-
blesse, diablotin, diablerie (diantre est une déformation
Part] DU FRANÇAIS. 433
voulue de diable, cf. parbleu pour pardieu au motd/ea^);
discobole, lanceur de disque; symbolo (d'où symbolique,
symbolisme, symboliste), dont léquivalent latin est conjec-
ture, mais qui s'est spécialisé dans une autre direction, cf.
emblème plus bas.
— On a bal- dans : balistique, étude des projectiles; arba-
lète, d'où arbalétrier, instrument particulier pour lancer,
en forme d'arc.
— On a -blè- dans : problème, grec problêma^ génitif
problématos, proprt question <.< jetée devant », proposée,
dérivé problématique; emblème, grec emblêma, génitif
emblématos, proprt chose jetée dans, intercalée, ornement en
relief, combinaison symbolique, dérivé : emblématique.
3. Revenons au mot parole, expression de la pensée, mot.
Il a formé le verbe parler, dérivés : parleur, parloir, parlote,
pourparler. Le mot parlement (dérivé : parlementaire) signi-
fie proprt action de parler, de négocier, d'où le sens de parle-
menter.
4. Le mot latin qui signifie <( parole » est verbum ail. luorty
angl. Word), français verbe (d'où adverbe); on a le sens
primitif dans : « avoir le verbe haut », dans verbeux, ver-
bosité, verbiage, proverbe (proprt parole mise en avant),
dans l'une des acceptions de verbal et dans verbaliser;
autrefois les procès-verbaux se faisaient verbalement. On
rattache à la même racine verve (d'où verveux), dont le pre-
mier sens est : langage. Sur deux verbes latins ayant le sens
de parler, voyez les articles affable et locution, et comparez
verbiage, hâblerie, faconde et loquacité.
Paroli, origine inconnue.
Paronyme, v. connaître, Parpaillot, v. papillon.
B, li°. Parpaing, v. pacte'-.
Parotide, v . oreille. Parquer, parquet, parque-
Paroxysme, paroxyton, v. ter, v. parc.
oxalique. Parrain, parricide, v. père»
Parsemer, v. saison.
1. Part (d'où la plupart, la plus grande part, et cham-
part, V. champ) vient du latm partem, qui réunit les sens des
mots français part, partie et parti.
A. Nous avons l'ablatif singulier du mot latin dans la locu-
tion aparté =^ à part (soi), et l'ablatif pluriel dans in parti-
bus, abréviation de la formule in partibus infidelium, dans
les régions des infidèles : un évêque m partibus n'a pas de
DICT. ÉTYM. FRANC. 28
434- DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Part
fonction réelle, d'où le sens figuré de l'expression. Le mot
français s'écrit aujourd'hui par, en raison d'une confusion,
dans la locution prépositive de par : « de par le roi » = de
la part du roi. Dérivés : partiel; partial, quia un parti pris,
d'où partialité, impartial, impartialité; colon partiaire, qui
participe aux bénéfices; partenaire, qui est du même côté,
dans un jeu (c'est un vieux mot français altéré, que nous
avons repris à Tanglais); parcelle, petite part, d'où parcel-
laire; portion, proprt mise en parts, division, lot: proportion
(d'où proportionnel, proportionner, disproportionné), gran-
deur d'un objet pour sa part d'un ensemble, d"où rapport
exact ou équitable entre deux grandeurs; particule, petite
partie, petit mot, et particulier, proprt relatif à une petite
partie, à un objet limité, d'où particularité, particulariser,
particularisme. Sur participer, qui vient d'un composé
latin de partem, v. capable-.
B. Le verbe partir signifie proprt diviser en parts, sens
conservé dans les composés et dans la vieille locution a avoir
maille à partir avec quelqu'un )>, v. métal; on a dit d'abord
se partir de quelqu'un, se séparer de lui, puis partir intran-
sitivement avec le sens de se partir, auquel se rattachent
aussi le dérivé partance et l'une des acceptions de départ,
V. ci-dessous.
— Substantifs participiaux de partir au sens ancien de
<( séparer » : partie (d'où contre-partie, partie qui s'oppose),
et parti (d'où partisan, mot d'origine italienne). On appelle
aussi partie un plaisir ou un jeu partagé avec d'autres.
Dérivés : partage, d'où partager, partageable, partageux,
départager; partitif, qui se rapporte à une partie; par-
tition, division en parties et ensemble des parties (d'un
opéra).
— Composés de partir au sens ancien de « séparer » :
appartement, habitation séparée dans une maison; compar-
timent, division combinée; départir, proprement séparer
une chose d'une autre, d'où départ, action de « départir » et
action de « partir » au sens nouveau, département, division
administrative, dérivé : départemental; impartir, donner à
quelqu'un pour sa part; mipartir, partager par moitié, dont
on n'emploie que le participe miparti.
— Avec le préfixe re- on a deux composés, l'un de partir
au sens de partager, où l'on prononce ré (d'où répartiteur,
répartition), l'autre de partir au sens de s'éloigner, où l'on
Pas] DU FRANÇAIS. 435
prononce re. Repartir, au figuré, c'est répliquer vivement,
d'où le substantif repartie.
2. Part, enfantement, u. Particulariser, particula-
parent. risme. particulariste, parti-
Partage, partageable, par- cularité, particule, particu-
tager, partageux, partance, lier, v. part i, A.
V. part 1, B. Partie, u. part 1, B.
Partant, adverbe, v. tant. Partiel, v. part /, A.
Partenaire, v. part /, A. Partir, partisan, partitif.
Parterre, u. terre. partition, v. part 1, B.
Parti, L'. part 1, B. Partout, v. tout.
Partial, partiaire, partia- Parturition, v. parent.
lité.partibus(in),i'. pa/*f /, A. Parure, i'. pair'-.
Participation, participe. Parvenir, u. venir.
participer, i'. capable -. Parvis, v. paradis.
Pas se rattache au supin pansum ou passum du verbe
pandere, déployer, qui a produit : répandre : expansion,
expansif, épandre; épancher, d'où épanchement; et
l'adverbe tout latin passim, qui exprime une idée de disper-
sion, u çà et là ».
— Le substantif pas signifie proprt déploiement,
mouvement de la marche qui consiste à mettre un pied
devant l'autre, d'où, par connexion, espace parcouru dans
ce mouvement et trace du pied. Dans ne pas, pas s'explique
comme mie dans ne mie.
— L'espace du pas sert de mesure, ce qui explique le sens
du vieux verbe compasser, formé sur pas et non pas sur
passer, « mesurer ensemble » (d'où compas, instrument de
mesure linéaire), puis « ordonner rigoureusement » d'où la
signification de l'adjectif participial compassé.
— Sur pas a été fait le verbe passer, traverser en mar-
chant (il y a un autre verbe passer, sur lequel v. pâtir), et
passer a engendré un nouveau substantif pas, au sens de
« passage » : le Pas de Calais, le pas de la porte, etc. Autre
substantif verbal : passe (et impasse^ Substantifs partici-
piaux : passé et passant. Dérivés : passerelle, passoire, pas-
sade, passage, d'où passager, adjectif et substantif (pasirtô/e
se rattache à pâtir) ; passementerie, ouvrage fait en passant
des fils.
— Composés : dépasser, d'où dépassement; repasser,
avec les sens spéciaux de faire passer une lame sur la meule
et du linge sous un fer chaud, d'où repassage, repasseur,
repasseuse; surpasser; trépasser, d'où trépas, proprt
436 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Patent
passer au delà, v. trans-; passe-debout, permission de faire
passer des marchandises, mais debout, sans les décharger;
passe-passe, commandement répété s'adressant à la muscade
de l'escamoteur; passe-poil, qui dépasse le poil de l'étoffe;
passeport, v. port.
Pascal, V. Pâques. ger, passant, passe, mots
Passable, v. pâtir i. commençant par passe-, pas-
Passade , passage , passa- ser, v. pas.
Passereau, diminutif du latin passerem, oiseau commu-
nément appelé (c petit moine » {moineau) et « petit Pierre »
{pierrot).
Passerelle, passeur, v. pas. sionner, passivité, v. pâtir ^.
Passible, passif, v. pâtir. Passoire, v. pas.
Passim, v. pas. Pastel, pastelliste, y, pâte.
Passion, passionnel, pas-
Pastèque, origine arabe.
Pasteur, V. paître ^. Pastoral, pastourelle, u.
Pastiche, pasticher, u.pd^e. paître^.
Pastille, V. paître 2.
Pataehe, mot espagnol d'origine douteuse; dérivé : pata-
chon, conducteur de patache, toujours en route.
Pataquès, mot tiré, raconte-t-on, de la phrase plaisante :
(( Je ne sais pas-t-à qu'est-ce » pour « je ne sais pas à qui
c'est ».
Patate, mot d'origine américaine, emprunté à l'espagnol.
Patatras, onomatopée.
Pataud, patauger, v.patte.
Patchouli, anglais palch-leaf, proprt feuille de patch,
plante de l'Inde.
Pâte, latin pasta, qui vient du grec pas tê. Dérivés : pâté,
pâtée, pàtisser, pâtissier, pâtisserie, et les mots d'origine
italienne pastel, — d'où pastelliste, — couleur réduite en
pâte, et pastiche, proprL pâté, d'où pasticher.
Patelin, patelinage, pâte- Patène, v. poêle 3.
.liner, v. noms propres (Mots Patenôtre, v. père.
tirés de).
Patent, du participe présent du verbe latin paiera, qui
signifie « être ouvert, être étendu »; les lettres patentes
restaient ouvertes, et la patente (d'où patenté) avait la
forme dune lettre patente. Patibulum, fourche où l'on
Pâtir] DU FRANÇAIS. 437
« étendait » les condamnés, se rattache à patere, et le dérivé
français patibulaire signifie proprt digne du gibet. Cf. aussi
poêle 3.
Pater, v. père. Pathétique, pathologie, pa-
Patère, v. poêle 3. thologique. pathos, v. pâtir ^.
Paterne, paternel, pater- Patibulaire, v. patent.
nité, y. père. Patience, patient, patien-
Pâteux, V. pâte. ter, v. pâtir i.
Patin, patinage, v. patte.
Patine, oxydation, et 1. Patiner, « donner de la patine »,
origine douteuse.
2. Patiner, et patineur, v. patte.
Pâtir se rattache par l'italien au latin pafi, souffrir, parti-
cipe passé passum.
1. Dérivés : patient, celui qui souffre et celui qui supporte
sans se plaindre, d'où patience, patienter, impatient, impa-
tience, impatienter ; passif, qui supporte sans réagir, d'où
passivité; passible, proprt qui peut souffrir (puis : qui peut
être frappé dune peine), d'où impassible, qui ne peut pas
souffrir, insensible à la douleur et à l'émotion; passion,
souffrance, supplice (la Passion, dans l'Évangile), et mouve-
ment de l'àme, d'où passionnel, passionner.
— Il faut rattacher aussi à patl l'un des deux verbes
passer (l'autre se rattache à pas, v. ce mot), qui signifie
subir, dans « passer un examen », tolérer, accepter, per-
mettre, dans « passer une faute à quelqu'un, se passer une
fantaisie », et aussi, intransitivement,, être accepté, dans
« passe encor de bâtir, passer pour compétent », d'où pas-
sable; forme pronominale se passer de, tolérer une priva-
tion.
2. Composés de pâtir : compatir, proprt souffrir avec,
d'où compatissant, compassion, et aussi compatible (d'où
incompatible, incompatibilité), dont le sens propre est :
« qui peut être toléré, accepté, en même temps qu'autre
chose », conciliable.
3. Le mot grec pathos, auquel nous avons donné le sens
péjoratif de « pathétique affecté » (cf. ithos au mot mœurs)^
mais qui avait la double signification de souffrance et de
passion, appartient à la môme famille ; compassioAi et sym-
pathie, compatir et sympathiser sont étymologiquement
synonymes, le préhxe latin com- et le préfixe grec syni-
438 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [PaUSe
ayant la même valeur. Dérivés de paf/ios au sens de passion,
émotion : pathétique ; apathie, absence démotion, d'où
apathique ; sympathie et sympathique ; antipathie et anti-
pathique; télépathie, émotion à distance. Dérivés de pathos
au sens de souiïrance, maladie : pathologie, d'où patholo-
gique, V. logique''; homéopathie, proprt traitement des ma-
ladies par le semblable, v. homéo-, d'où homéopathe,
homéopathique; allopathie (d'où allopathe), traitement par
le contraire, V. autre''.
Pâtisserie, pâtissier, v. cien, patrie, patrimoine, pa-
nâte. triiïionial, patriote, patrioti-
Patois, V. père. <ïue, patriotisma, patrologie,
Patraque, origine incon- patron, patronage, patronal,
nue. patronat, patronner, patron.
Pâtre, V. paître^. nesss, patronyniique, u. père
Patres (ad), patriarcal, Patrouille, patrouiller, v.
patriarcat, patriarche, patri- le suivant.
Patte, origine douteuse, à rapprocher de l'allemand p/ofe.
Dérivés : pattu; pataud, proprt lourd de pattes, doù patau-
ger; patouiller, patrouiller, patauger, d'où patrouille,
ronde de nuit, où Ion patauge, et tripatouiller (fusion de
tripoter ei de patouiller), tripatouillage, action de remanier
un texte en l'altérant; patin, proprt chaussure, d'où patiner,
patinage, patineur. Composé : épater, proprt aplatir en fai-
sant fléchir les pattes, d'où écraser au figuré (nez épaté), ren-
verser au sens moral, dérivés : épatant, épatement.
Patte-pelu, v. poil. Paume, v. palme.
Pâturage, pâture, pâturer, Paupérisme, v. parent 3.
paturon, u. paître^. Paupière, v. palper.
Paulownia, v. acacia.
Pause vient du latin paasa, cessation, d'origine grecque.
Sur pausa, le latin populaire avait fait pausare, d'où notre
verbe poser. Ce verbe signifie proprt faire une pause, cesser
d'aller, s'arrêter, se tenir immobile. Dans reposer intransitif,
se reposer, et dans le substantif repos, le préfixe re-, mar-
quant réaction sur l'état antérieur, a introduit l'idée de
délassement. Le substantif verbal de poser, pose, a encore
son sens primitif, arrêt de mouvement, quand on l'applique
à une danseuse; on comprend fort bien que poser et pose
aient pu s'appliquer aussi à l'immobilité d'un modèle, puis
à une attitude aflectéc.
— Mais la ressemblance de poser avec position, qui vient
Peau] DU FRANÇAIS. 439
du latin ponere, placer (u. si/e*), a fait attribuer en outre à
poser le sens de <( placer », d'abord par la langue littéraire,
suivie ensuite par la langue commune; des acceptions cor-
respondantes ont été aussi ajoutées, pour pose, poseur, repo-
ser (la pose d'une pierre, etc.), à celles que ces mots tenaient
de leur étymologie vraie. Tous les composés de poser, sur
lesquels v. Tarticle site^, ont été formés en pensant à la
signification de ponere, et point du tout au sens étymologique
du verbe français poser.
— A la rigueur, on pourrait admettre que poser a passé
normalement de l'idée de « arrêter son propre mouvement »
à celle de « arrêter le mouvement d'un objet qu'on déplace »,
mais cette évolution de sens aurait été à tout le moins favo-
risée par la comparaison avec ponere.
Pauvre, pauvret, pauvreté, Pavane, pavaner, v. paon.
V. parent 3.
Paver, d'où pavé, pavement, pavage, paveur, dépaver,
se rattache au latin pavire.
Pavillon, v. papillon.
Pavois, de l'italien pavese (de Pavie?), signifie d'abord
bouclier, puis décoration avec écusson, dérivé pavoiser, d'où
pavoisement.
Pavot se rattache ou latin papaver, d'où papavéracées.
Payable, payant, paye, payer, payeur, v. pacte i.
Pays, d'où paysage, paysagiste, paysan, payse, dépay-
ser, se rattache au latin pagum, village et territoire, sur
lequel a été fait aussi paganum, français pa'ien, qui signifie
proprt paysan, le culte des dieux étant particulièrement
conservé dan« les campagnes, dérivé savant : paganisme.
Péage, péager, u. pied^.
Peau, d'où peausserie, peaussier, dépiauter, vient du
latin pelleni (all./e//) sur lequel ontété faits aussi : pelletier,
d'où pelleterie ; pelisse et surplis, jadis surpelis; le dimi-
nutif savant pellicule. Composés : oripeau, v.or2; pellagre,
proprt qui s'empare de la peau, mot formé avec le com-
posant grec qu'on a dans podagre, v. pied *. Sur les autres
mots, d'origine latine ou grecque, qui ont le sens de peau,
V. l'article couenne. A la racine germanique qui correspond
au latin pelleni se rattache l'anglaisyt/m, pellicule.
440 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Peine
Peccadille, peccant, v. pé- 1. Pêche, fruit, v. noms pro-
cher. près (Mois tirés de).
2. Pèche, V, poisson.
Pécher, latin peccare. Dérivés : péché, pécheur, péche-
resse; peccant (humeurs pecca/i^es); peccadille, diminutif
qui nous vient d'Espagne; impeccable, impeccabilité.
1. Pêcher, arbre, v. pêche 1. 2. Pêcher, verbe, et pêche-
rie, pêcheur, v. poisson.
Peeque, d'origine provençale, et pécore se rattachent
au latin pecus, bétail, génitif pecoris. Le mot latin pecwiia,
monnaie, d'où pécuniaire, a sans doute signifié à l'origine
« richesse en bétail ». Autre dérivé : peciilium, français
pécule, d'où péculat. Notre verbe picorer a été rattaché à
l'espagnol pecorear, voler les troupeaux, marauder, d'où :
chercher sa nourriture de droite et de gauche.
Pectoral, v. pis 2. Péculat, pécule, pécu-
niaire, V. pecqûe.
Pédagogie, pédagogique, pédagogue ; sur la seconde
partie de ces mots, v. agir^, la première est formée par le
mot grec paida, enfant, qu'on retrouve dans l'élément final
-pédie des mots tels que : orthopédie (d'où orthopédique,
orthopédiste), proprt redressement des enfants, v. ortiio-;
encyclopédie, v. cycle. Il a sans doute formé aussi le mot
italien pédante, français pédant, d'où pédanterie, pédan-
tisme, pédantesque.
Pédale, pédaler, v. pied'^. Pédestre, pédicule, pédi-
Pédant, pédanterie, pédan- cure, pédoncule, v. pied'^.
tesque, pédantisme, v. péda-
gogie.
Peigne, doù peigner, peignée (au fig., action de prendre
aux cheveux), peignoir, pénil (en forme de peigne), vient
du latin pectinem.
Peindre, du latin pingere, supin pictum. Dérivés et com-
posé : peintre, peinture, dépeindre. Pintade, mot d'ori-
gine portugaise, signifie proprt (( peinte ». Mots formés sur
le supin : pictural: pittoresque, d'origine italienne. Pig-
ment signifie proprt matière colorante, d'où le sens général
de drogue, auquel se rattache l'acception spéciale de
piment, dérivé : pimenter; orpiment, sulfure jaune qu'on
emploie en peinture.
Peine, latin pœna, emprunté au grec. Dérivés : peineux,
Pendre] du français. 441
peiner; pénal, d'où pénalité; pénible: penaud, piteusement
peiné; penard, qui a dabord signifié geignard; punir, doù
punition, punissable, impuni, impunément, impunité.
Peintre, peinture, v. peindre.
Pékin, étoffe de Pékin; au sens de civil, opposé à mili-
iaire, le mot est inexpliqué.
Pelade, pelage, v poil. Pèlerin, pèlerinage, péle-
Pèle-mèle, v. mêler. rine, v. agraire.
Peler, v. poil.
Pélican, mot dorigine grecque, qui se rattache à pe/e/f«/î,
hache.
Pelisse, pellagre, v. peau.
Pelle, latin pala, dérivés : pellée, pelletée : palet, palette,
objets plats comme une pelle.
Pelletier, pellicule, v. peau.
Pelote, doù peloter, peloton, pelotonner, est un dimi-
nutif comme pilule, mot savant, du latin pila, balle et boule.
Pelouse, pelu, peluche. Pénal, pénalité, penard,
pelucheux, pelure, v. poil. v. peine.
Pénates, dieux intérieurs, dieux du foyer. A la même
racine latine se rattache pénétrer, d'où pénétrant, péné-
tration, pénétrable, impénétrable.
Penaud, v. peine. Penchant, pencher, pen-
dant, V. le suivant.
Pendre se rattache au verbe latin pendère, qui signifie
« être suspendu ». 11 y avait un autre verbe pendëre, supin
pensum, de même Racine et qui, après avoir signifié sus-
pendre, et particulièrement suspendre à une balance, avait
pris le sens de peser et aussi de payer. Les mots français de
cette famille se rattachent à lune de ces trois significations.
1, Idée de suspension : pendre, transitif et intransitif;
pendule, balancier et, par connexion, petite horloge; pen-
diller et pendeloque: penderie, pendoir: pendaison, pen-
dable, pendard; pendant, qui pend (doù pendant d oreille)
et qui dure (d'où la préposition pendant et cependant, pen-
dant que); pendentif: pente, proprt suspension, doù incli-
naison; pencher, incliner, doù penchant; poêle (Jatinpen-
silem, dérivé : poélier), proprt « suspendu » sur le foyer,
chauffé par-dessous; ce mot désigne encore en Lorraine
442 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Pendre
(comme chez Descartes) la seule chambre chauffée de la
maison. Composés : appendice (d'où appendicite), proprt ce
qui pend après, prolongement; le verbe dépendre au sens
de détacher ce qui pend; l'autre verbe dépendre, pendre
d'un point déterminé, au figuré, d'où dépendance, dépen-
dant, indépendant, indépendance; propension, penchant
en avant; le latin perpendiculum, fil à plomb, d'où perpen-
diculaire; suspendre, proprt pendre en haut, d'où suspens,
suspension, suspensif; soupente, proprt objet pendu en
dessous, réduit sous le plafond.
2. Idée de poids, d'estimation : vilipender, proprt juger
vil. Le substantif latin pensum, tiré du supin de pendere, a
produit poids (d'où contrepoids), dont l'orthographe est
erronée ; il avait particulièrement en latin le sens de « poids
de laine à filer », d'où tâche, et c'est dans le sens de « tâche
supplémentaire » que nous l'employons sous la forme toute
latine pensum. Les Latins avaient tiré du même supin le
verbe pensare, représenté en français par les doublets peser
et penser, ce dernier au sens figuré de « peser dans son
esprit », d'où juger, appliquer son esprit à un objet, soigner
attentivement (dans la dernière acception on l'écrit panser,
d'où pansement, pansage), substantif participial pensée,
dérivés : penseur, pensif. Dérivés et composés de peser :
pesée, peson, pesage, pesant, appesantir, pesanteur, sou-
peser. Mots savants tirés de composés de pensare : com-
penser, proprt contre-balancer, dérivés : compensation,
compensateur, récompenser et récompense; dispenser,
proprt répartir une tâche ou de l'argent, répartir (d'où dis-
pensaire, proprt répartition), puis attribuer une faveur (doù
dispensateur), donner une autorisation et spécialement
décharger d'une obligation, d'où les significations de dis-
pense et d'indispensable.
— La racine pond- est une forme alternante de la racine
pend-, on la trouve dans pondérer, équilibrer, pondération,
pondérable, impondérable, prépondérant, d'où prépondé-
rance imr pré-, v. pour).
3. Idée de paiement : pension, proprt paiement (dérivés :
pensionner, pensionnaire, pensionnat); dépens et dépense,
qui sont synonymes à l'origine, et dépensier, dépenser.
Composés savants : dispendieux et son contraire compen-
dieux, économique, restreint, d'où, au figuré, résumé; c'est
par un véritable contresens qu'on emploie souvent compen-
Perche] du français. 443
dieux au sens de « abondamment développé ». Autre com-
posé : stipendier, pioprt payer la solde.
Pendule, v. pendre^.
Pêne vient de la forme latine du grec passalon, verrou.
Pénêtrabilité, pénétrable, Pénible, v. peine.
pénétrant, pénétration, pé-
nétrer, V. pénates.
Péniche, déformation de l'anglais pinnace, v. pin.
Péninsulaire, péninsule, u. île.
Pénitence, pénitencier, pénitent, pénitentiaire et
repentir, repentant, repentance, se rattachent au verbe
latin pœnilere, avoir du regret.
Penne, penné, pennon, v. Pensum, v. pendre 2
empenné. Pentagone, v. cinq et déca-
Pénombre, v. ombre. gone.
Pensée, penser, penseur, Pentamètre, v. cinq et me-
pensif, V. pendre 2. sure.
Pension, pensionnaire, Pente, v. pendre^.
pensionnat, pensionner, v. Pentecôte, v. cinq,
pendre 3, Pénultième, v. outre.
Pénurie, latin penuria.
Pépie, pellicule de la langue des oiseaux, mot d'origine
douteuse; on a tenté de l'expliquer comme un doublet de
pituite, latin piiuita, mucosité.
Pépin, d'où pépinière, et pépite, proprt grain, sont
encore inexpliqués.
Péplum, forme latine du grec peplon.
Pepsine et dyspepsie, dyspeptique {v. dys-) se rat-
tachent au grec pepsin, digestion.
Par-, préfixe, v. par.
Percale, d'où percaline, mot indien.
Perçant, perce (en perce), perception, v. capable'^.
percée, percement, v. conton- Percer, ercerette, v. con-
dant. tondant.
Percepteur, perceptible. Percevoir, v. capable'^.
1. Perche, poisson, du latin perça, emprunté au grec
perkê.
2. Perche, d'où percher (proprt se tenir sur une perche)
et perchoir, vient du latin pertica.
4i4 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Périhélie
Perclus, V. clou 3. Perdable, perdition, per-
Percussion, u. casser 2. dre, v. dé à jouer ~.
Perdrix, dont perdreau est une sorte de diminutif, vient
du latin perdicem, qui est le grec perdika.
Père, d'où compère, latin pairem (cf. angl. father, ail.
vater). Le nominatif du mot latin se trouve dans pater, nom
dune prière qui commence ainsi, et, avec une légère alté-
ration, dans Jupiter (= Zeus père, v. dieu ^), Taccusatif plu-
riel dans la locution toute latine ad patres (envoyer ad
patres, proprt vers ses ancêtres). Sur les mots latins pater
noster (notre père), qui commencent le pater, on a fait le mot
patenôtre, prière, avec une idée péjorative.
— Dérivés de patrem : parrain, « père spirituel », mot de
formation populaire, d"où parrainage: paterne, paternité,
paternel; patrimoine, bien des pères, doù patrimonial
(cf. matrimonial au mot mère); parricide, v. césure: patrie,
pays des pères, doù patriote (et patriotique, patriotisme),
compatriote, expatrier, rapatrier, et le vieux verbe popu-
laire repairer, revenir chez soi, dont le substantif verbal
repaire a pris le sens spécial de retraite de brigands, retraite
de bêtes sauvages. Patois semble avoir été formé sur le
radical pat-, avec la désinence ethnique -ois, au sens « de
langage du pays ». Sur patronymique, v. connaître, B, 4f".
— Le patron est celui qui protège ou qui dirige comme
un père (ou un objet sur le modèle duquel d'autres sont
faits), d'où patronal, patronat, patronne, patronnesse,
patronner, patronage, impatroniser, « établir en patron,
en maitre. »
— Le verbe latin patrare, a produire » une action, a
formé perpetrare, français perpétrer, l'accomplir jusqu'au
bout (avec une idée péjorative), et impétrer (subst. parti-
cipial impétrant), obtenir.
Pérégrination, u. agraire. Performance, v. fournir.
Péremption, péremptoire. Péri-, préfixe, v. par.
V. exempt 1. Péricarde, pôricardite, v.
Pérennité, v. an. cœur.
Péréquation, v. équité. Péricarpe, v. métacarpe.
Perfectible, perfection, Péricliter, v. expérience.
perfectionnement, perfec- Péridot, origine inconnue,
tionner, v. faire^. Périgée, v. terre.
Perfide, perfidie, v. foi. Périgueux, v. noms propres
Perforation, perforer, v. (Mots tirés de).
forer. Périhélie, v. soleil.
Personne] du français. 445
Péril, périlleux, v. expé- Période, périodicité, pério-
ricnce. dique, v. épisode.
Périmer, v. exempt^. Périoste, périostite, u. os.
Périmètre, v. mesure.
Péripatéticien se rattache au verbe grec peripateiriy cir-
culer, et signifie proprt promeneur.
Péripétie, u. pétition^. Périr, périssable, péris-
Périphérie, V. offrir *. soire, v. errer 2, A.
Périphrase, v. phrase.
Péristyle, proprt entourage de colonnes, v. ester ^.
Péritoine, péritonite, v. Permettre, permis, permis-
tenir'i'. sion, permissionnaire, v.met-
Perle, perler, perlier, i'. tre'K
poire. Permutant, permutation,
Permanence, permanent, permuter, u. muer.
V. manoir 3. Pernicieux, v. noyer 2.
Perméabilité, perméable,
V. méat.
Péroné, grec peronê, proprt agrafe.
Péronnelle, u. noms p/'op/'es Perplexe, perplexité, v.
(Mots lires de). plier '^.
Péroraison, pérorer, u. oral. Perquisition, perquisition-
Perpendiculaire, y. pendz'e*. ner, v. quérir.
Perpétrer, v. père. Perron, v. pierre.
Perpétuel, perpétuer, per- Perroquet, permche , v.
pétuité, V. pétition i. économie.
Perruque, d'où perruquier, mot dorigine inconnue,
emprunté à litalien.
Pers, origine inconnue. Persécuter, persécuteur,
Perse, u. noms propres (Mois persécution, v. suivre 2.
tirés de). Persévérance, persévé-
rant, persévérer, i'. sévère.
Persieaire, plante à feuilles de pêcher, v. le mot pêche
à Tarticle noms propres (Mots tirés de).
Persienne, u. noms propres Persil, persillade, v. céleri.
(Mots lires de). Persistance, persistant,
Persiflage, persifler, per- persister, u. es/t^r-^.
sifleur, v. siffler.
Personne, du latin persona, mot emprunté à l'étrusque,
qui signifie d'abord masque de théâtre, puis rôle, acteiy,
individu. Dérivés : personnage, personnel, d*où imper-
446 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Pétition
sonnel, personnalité, personnaliser. Composés : person-
nifier, d'où personnification, v. faire'^; unipersonnel, v. un.
Perspective, perspicace, Pertinacité, u. tenir i.
perspicacité, v. épice 3. Pertinemment, pertinent,
Persuader, persuasif, per- u. tenir '^.
suasion, v. dissuader. Pertuis, v. contondant.
Perte, v. dé à jouer 2.
Pertuisane, déformation (sous l'influence de pertuis) dr
l'italien partegiana, d'origine douteuse.
Perturbateur, perturbation, v. tourbe 2.
Pervenche, latin pervinca.
Pervers, perversion, per- pesée, peser, peson, v. pcn-
versité, pervertir, pervertis- dre 2 .
sèment, u, vers^. Pessimisme, pessimiste, y.
Pesage, pesant, pesanteur, par 2.
Peste, latin pestem. Dérivés : pester, « proférer l'interjec
iion peste! )>, pestilent, d'où pestilence, pestilentiel. Com-
posés : empester, malepeste, v. mal, adjectif; pestiféré, par-
ticipe passé d'un verbe inexistant qui signifierait « porter la
peste », sur -férer, v. offrir ^.
Pet, latin peditum. Dérivés : pétard, d'où pétardier;
Pétaud, nom propre plaisant, d'où pétaudière; pétarade,
mot d'origine provençale; péter; pétiller, d'où pétillant,
pétillement.
Pétale, du grec petalon, feuille.
Pétiole, pétiole, v. pied^.
Petit, origine douteuse. Dérivés et composé : petiot,
petitesse, rapetisser; le mot grec exprimant la même idée
est mikron, sur lequel v. micro-.
Pétition se rattache au verbe latin pe/ere, supin petiium.
4. Les sens primitifs de ce verbe, <.< voler vers » et « se
précipiter » sont représentés en grec par deux verbes dilTé-
rents de môme racine, ptesthai et piptein. On a l'idée de vol
dans les mots d'origine grecque tels que aptère, v. aile,
aussi dans le mot latin penna, plume, v. empenné. On a
ridée de précipitation dans le latin propitium, proprt qui
tombe en avant, penché, favorable, français propice, d'où
propitiatoire (sur une autre étyiuologie, v. procfie): dans
impétueux, d'où impétuosité, dans pétulant, pétulance, et
dans le mot d'origine grecque péripétie, « ce qui surgit dans
Pétunia] du français. 447
une action dramatique >k v. aussi symplome. Dans perpé-
tuel, perpétuer, perpétuité, le préfixe introduit une idée
de continuité, de permanence, qui prévaut. Centripète, qui
se précipite vers le centre.
2. De ridée de précipitation on passe facilement à celles
ùô vif désir et de sollicitation, doù, d'une part, appétit,
appétissant, appétence, inappétence, d autre part pétition,
pétitionner, pétitionnaire, compétition, compétiteur (dans
compétent, compétence, incompétent, incompétence, il ne
s"agit pas d'une coïncidence de demandes, mais d'une coïn-
cidence de tendances, dune convenance, d'un rapport non
plus de personnes entre elles, mais de personne à objet).
3. Dans le composé latin avec le préfixe re-, l'idée qui
prévaut est celle de direction vers un lieu ; repetere, français
répéter, c'est proprt regagner un lieu, revenir, au propre
et au figuré, d'où recommencer. Dérivés : répétition, répé-
titeur, répétailler. Le mot répétition, comme terme juri-
dique, exprime l'action de redemander. « Ce qui a été payé
sans être dû, dit le Code civil (article 1235), est sujet à répé-
tition ».
Peton, V. pied *. Pétrification, pétrifier, v.
Pétrel , origine douteuse. pierre.
Pétrin et pétrir, d'où pétrisseur, pétrissage, se rat
tachent au verbe latin pinsere. battre, tasser, supin pinsitum
ou pislum, nom d'agent pistorem, boulanger. Pisé est le
participe passé d'un autre verbe de même racine et de même
signification.
— Les substantifs pistil, piston et pilon sont étymologi-
quement synonymes, le pistil est proprt un petit pilon, et
pilon dérive d'un verbe piler, qui se rattache à la même
famille, de même que pile, pilier, pilastre, pilot. pilotis,
empiler, où l'idée de tassement prévaut. La piste est proprt
la ligne de terrain battue par l'animal; composé : dépister,
découvrir la piste ou au contraire faire qu'on s'en éloigne,
suivant la valeur donnée au préfixe dé-. Le vieux verbe
opiler signifie proprt tasser devant, obstruer, comparez
obturer, au mot contondant: désopiler, c'est proprt désob-
struer, une histoire désopilante est censée désopiler la rate.
Pétrole, pétroler, pétro- Pétulance, pétulant, v. pé-
leur, u. huile. tition^.
Petto (in), u. pis, substantif. Pétunia, v. acacia.
448 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Phalange
Peu, latin paucum (cf. anglais few) auquel se rattache
pauvre, v. parent ^
Peuple, latin popiilum, auquel se rattache Tadjectif
piiblicuin. Dérivés : peuplade; peupler, doù peuplement,
dépeupler, dépeuplement, repeupler; populace, d où popu-
lacier; populaire, d'où popularité, populariser, impopu-
laire, impopularité; populeux; population, dépopulation;
public, doù publicain, publicité, publier, publication,
pubiiciste. Composé de public : république, proprt chose
publique [v. rien), d'où républicain, républicanisme.
— Le mot latin qui exprime Tidée de peuple opposée à
celle de noblesse est pletem, génïiif plebis, français plèbe,
d'où plébéien, et plébiscite, consultation du peuple. On a
vu dans plebem la même racine que dans popalum, d'une
part, et dans plénum de l'autre {v. plein), et aussi dans l'an-
glais folk et l'allemand volk. Le sens primitif serait celui
de (( foule », d'où un autre rapprochement avec le grec
polu, sur lequel v. lartiçle multi-.
— Le mot grec qui signifie peuple est démon, qui entre
dans la composition de démocrate, démocratie, démocra-
tique (sur le second élément de ces mots, v. aristocratie), de
démagogie, démagogique, démagogue (sur le second élé-
ment, V. agir^), de endémique, proprt qui est dans le peuple
d'une certaine région, épidémie, épidémique, proprt qui est
(accidentellement) sur le peuple.
Peuplier, dérivé du vieux français peuple, latin /)op«/«m,
même sens.
Peur, d'où malepeur [u. mal, adjectif) et peureux, vient
du latin paforem. L"adjectif pauidum, précédé du préfixe ex-,
a produit le mot français épave, qui signifie proprt effrayé,
et, par connexion, égaré (d'abord en parlant des animaux),
puis objet rejeté par la mer et sans propriétaire. Sur le par-
ticipe présent du verbe paî^ere, avoir peur, a été fait en latin
populaire *cxpaventare, français épouvanter, d'où épou-
vante, épouvantable, épouvantail.
Peut-être, proprt « cela peut être ».
Phaéton, v. noms propres (Mots tirés de).
Phalange, du grec phalanga, dont le sens primitif était
<( bâton, rouleau ». Le mot palan, dabord rouleau, est un
doublet de phalange. Les os allongés du doigt ont été com-
parés à des bâtons (dérivé : phalangette) et la légion macé-
Phonétique] du français. 449
(Ionienne à une ligne rigide comme un bâton. Dans le sys-
tème de Fourier, la phalange est une association d'un
certain nombre de familles, et le phalanstère (mot bizarre-
ment formé avec la désinence de monastère), une sorte de
monastère de « phalanges ».
Phalène, phanérogame, u. Phare, u. noms propres (Mots
fantaisie-. tirés de).
Pharisien, pharisaïque, mots de forme grecque et d'ori-
gine hébraïque.
Pharmacie, d'où pharmacien, et pharmaceutique se
rattachent au grecpharmakon, remède.
Pharynx, d où pharyngien, pharyngite, du grec pha-
runga, gorge, nominatif p/iarunx.
Phase, V. fantaisie i.
Phébus, mot tout latin, grec Phoibos, nom du dieu de
la poésie, sert à désigner, dans un emploi péjoratif, une
manière de parler ampoulée et obscure.
Phénique, v. fantaisie 2.
Phénix, grec phoinix, qui signifie proprt le rouge.
Phénol, phénoménal, phénomène, v. fantaisie 2 et paraître.
Phil-, philo-, se rattachent au grec philein, aimer, que
l'on retrouve dans l'élément final -phile, de bibliophile, ami
des livres {v. livre masc), anglophile, ami des Anglais,
et l'élément initial de : philanthrope, philanthropique,
V. anthropologie; philharmonique ; philologie, philologique,
philologue, v. logique * ; philosophe, philosophie et leurs
dérivés, v. savoir. Mais philistin est d'origine hébraïque, et
philippine, nom d'un jeu, vient de l'allemand philipchen,
considéré comme une altération de viel-liebchen, bien-aimé;
ici, par con^séquent, phil- signifierait « beaucoup », et 1 idée
d'aimer serait exprimée par -lippine.
— Une philippique est une attaque violente comme les
discours de Démosthène contre Philippe (le nom propre Phi-
lippe signifie lui-même : qui aime les chevaux).
Philtre, grec philtron.
Phlébite, phlébotomie, v. Phlegmon, phlox, y. fia-
veine, grant.
Phonème et phonétique dérivent du mot grec phoné^
qui signifie son et voix, et qu'on retrouve dans phon}-
DIGT. ÉTYM. FRANC. 29
4^J0 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Physique
graphe, graphophone, gramophone, sur lesquels v. graphie ''*,
ainsi que dans -phone, -phonie, -phonique, des mots tels
que : aphone et aphonie (a- privatif), sans voix; téléphone
et ses dérivés, v. télé-; cacophonie, v. cacochyme; euphonie,
euphonique, formés avec eu = bien, et exprimant l'idée
d'un son agréable; homophone, homophonie, idée d'un son
pareil, v. homéo-, homo-; symphonie, d'où symphonique,
proprt ensemble de sons. Cf. son et voix.
Phoque, grec phôkê. rique, photographe, photo-
Phosphate , phosphite , graphie, photographier, pho-
phosphore, phosphore, phos- tographique, photogravure,
phorescence, phosphores- photolithographie, v. fantai-
cent, phosphoreux, phospho- sie^.
Phrase, grec phrasin, géniliî phraseôs. Dérivés : phraser,
phraseur. Composés : antiphrase, proprt langage contre,
qui dit le contraire de ce qu'il semble dire: paraphrase,
proprt langage à côté, développement: périphrase, proprt
langage autour, circonlocution; phraséologie, v. logique^.
Phrénologie, v. frénétique.
Phtisie, d'où phtisique, grec phthisin, proprt dépérisse-
ment.
Phylloxéra, phylloxéré, v. feuille.
Physique se rattache au grec phusin, nature, génitif
phuseôs, e* signifie proprt, comme adjectif, « qui concerne
la nature >>, et, comme substantif, <.<■ science de la nature »,
mais physiologie {v. logique ^) signifie aussi « science de la
nature » ; cette signification est assez large pour se prêter à
des spécialisations variées; au moyen âge, la physique était
la médecine, et le physicien était le médecin. Dérivés de
physiologie : physiologique, physiologiste. Métaphysique,
d'où métaphysicien, désigne la science dont traite Arislote
après la physique (préfixe meta-), et qui se trouve être celle
des choses au-dessus de la nature. La physionomie, c'est
originairement le « discernement de la nature » des gens
(i>. connaître, A) d'après leur visage, doù : l'expression du
visage.
— Le mot grec phusin se rattache au verbe phuein, qui
signifie produire, faire pousser, et, intransitivement, se
produire, pousser. De là néophyte, proprt nouveau rejeton,
V, neuf, et eraphytéose, d'où emphytéotique, proprt per-
Picrîque] du français. 451
mission de planter (concédée par un bail). Le grec emphuton,
plantation ou greffe, d'où dérive emphytéose, a donné en
formation populaire, par l'intermédiaire d"une forme latine,
notre mol ente, doù enter, greffer, et, par figure, remonter
des bas.
— On a la même racine dans le latin fui, français je
fus, et dans fiiturum (qui sert de participe futur au verbe
esse, être), français futur, dont le sens propre est : qui doit
se produire.
Piaffer, origine inconnue, peut-être onomatopée greffée
sur le mot pied.
Piailler, v. pic i. Piaulement, piauler, v. le
Pianiste, piano, v. plain. suivant.
, Piastre, u. plastique.
i. Pic, oiseau, vient du latin picum, dont le féminin pica
a produit pie. Piailler et piauler, doù piaulement, sont
formés sur pie, ou sont peut-être des onomatopées. Com-
posé : pivert. Sur pie-grièche, v. grec.
2. Pic, instrument pointu et pointe de montagne, origine
inconnue, peut-être onomatopée. Dérivés : pique, arme, et
figure du jeu de cartes en forme de fer de pique: picot; pro-
bablement pioche, d'où piocher, piocheur, et piolet, mot
du patois des Alpes.
— Sur pic a été fait le verbe piquer (d'où picoter et pico-
tement^. Substantif verbal de piquer : pique, au sens figuré
de brouille. Adjectifs et substantifs participiaux : piquant;
piqué, genre d'étoffe faite jadis de deux tissus piqués
ensemble. Dérivés : piquet, bâton qu'on pique (piquet, jeu
de cartes, est, d'origine incertaine) ; piquette, boisson
piquante ; piqûre ; piqueur et son doublet espagnol picador ;
piqueté; piquage, action de piquer, et au figuré, dans
(( piquage d'once », action de voler de petites quantités de
soie.
Picaillon, provençal picaioun, d'origine douteuse.
Pichenette, origine incon- Picot, picotement, picoter,
nue. u. pic 2.
Pichet, origine douteuse. Picotin, origine douteuse,
Picorée, picorer, picoreur,
V. pecque.
Picrique, d'où picrate, se rattache au grec pikron^
amer.
452 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [Pied
1. Pie, substantif, v. pic i.
2. Pie, adjectif (dans œuvre pie), du latin pium. Dérivés
et composés : pieux, piété, impie, impiété; pitié, piteux,
pitance, pitoyable, impitoyable, les acceptions primitives
de cette seconde catégorie de mots se rattachent à l'idée de
charité inspirée par la piété. Sur pie-mère, v. mère. Com-
posé de piété (au sens de pitié) : mont de piété. Sur l'adjectif
pium, les Latins avaient fait le verbe piare, offrir des sacri-
fices, apaiser, dont nous avons le composé expier, proprt
purifier par un sacrifice, puis subir la peine d'une faute,
dérivés : expiation, expiatoire, inexpiable.
Pièce, origine douteuse. Dérivé : piécette. Composés :
dépecer, rapiécer, empiècement,
Pied vient du latin pedem; cf. grec poda, allemand ff^ss,
anglais foot. Les dérivés de ce mot où le suffixe commen-
çant par une voyelle est précédé d'un d comme dans péd-
estre, sont des mots d'emprunt; dans les mots de formation
populaire française, le d a disparu devant une voyelle con-
formément aux lois phonétiques, mais on trouve parfois un
t de liaison.
1. Nous avons plusieurs diminutifs : la forme familière
peton, la forme piédouche, d'origine italienne, les mots de
la langue botanique pétiole (d'où pétiole), pédicule et
pédoncule. — Autres dérivés : piétiner, pédale et pédaler;
péage, droit de passer (« à pied » d'abord) sur un chemin
ou sur un pont; les doublets pédestre et piètre d'une part,
piéton et pion (d'où pionnier) d'autre part. La valeur péjora-
tive de piètre et de certaines acceptions de pion attestent
le mépris où l'on tenait les gens qui voyageaient sans mon-
ture. — Noms composés avec pied ou pedem : piédestal,
V. stalle; pédicure, v. cure^; palmipède, v. palme; trépied,
instrument à trois pieds; bipède, quadrupède; prendre le
contre-pied, terme de chasse, c'est proprt suivre à rebours
les traces de la bête. Verbe composé avec pied : empiéter,
d'où empiétement.
2. Verbes latins composés avec pedem : impedire, entraver
la marche, d'où le mot savant impedimenta, pluriel neutre
latin; expedire, dégager la marche, permettre d'aller vile
(d'où le sens dexpéditif) ou simplement, par atténuation,
envoyer, dans les dérivés français expéditeur et expédition.
Ce dernier signifie envoi (d'où l'un des sens d'expédition-
naire) et spécialement envoi de troupes, envoi de cher-
Pierre] du français. 453
cheurs; il a aussi le sens de mise au point, mise au net,
d'où une autre acception d'expéditionnaire. Notre mot expé-
dient vient du participe présent d'expedire, c'est un moyen
de débarrasser la marche (d'une affaire, au figuré). Sur
expédient, mais en pensant aux sens d'expédition, a été fait
le verbe expédier, faire aller les choses vite, envoyer.
3. Un dérivé latin de pedem a une importance particulière,
c'est pedica, entrave pour les pieds et engin où les pieds se
prennent. Il a produit en français : 1° piège, 2» empêcher
(d"où empêchement, empêcheur), qui signifie mettre une
entrave, au figuré; cf. entrave lui-même, dérivé d'un mot
latin qui désigne une grosse pièce de bois, et empêtrer
{v. paître *), formé sur un mot désignant une entrave qu'on
mettait aux animaux dans les pâturages. Dépêcher, c'est
proprt enlever l'entrave, d'où la synonymie partielle avec
expédier, signalé plus haut; une dépêche est une commu-
nication envoyée par voie expéditive.
4. De la forme grecque poda dérivent : myriapode, mille-
pieds (proprt dix mille pieds); podagre, goutte aux pieds et
goutteux; antipodes, ce qui est sur la terre à l'opposé de
nos pieds ; et aussi le mot grec podion, latin podium, pié-
destal, support, balcon, place élevée. Podium a produit notre
mot puy, montagne, et le verbe appuyer, proprt placer
contre un support, substantif verbal appui. Galoche se rat-
tache à kalopoda, qui signifie pied de bois. Polype et ses
deux doublets pieuvre et poulpe, viennent du latin polypum,
qui a été fait sur le grec polupoda, proprt aux pieds nom-
breux. Le mot grec pedon signifie sol (où posent les pieds)
et epipcdon « surface », de là parallélipipède, solide aux
« surfaces )> parallèles. Trapeza, pour *tetrapeza [v. quatre)^
français trapèze, signifie proprt table à quatre pieds.
Piège, v. pied 3. Pie-mère, v. mère.
Pie-grièche, v. grec.
Pierre, du Ihimpetra, rocher, d'origine grecque. Dérivés :
pierraille , pierreries , pierreux . perron. Composés :
empierrer, pétrifier et pétrification, v. faire "^i persil,
V. céleri: pétrole, proprt huile de rocher, d'où pétroler,
pétroleuse, pétrolette.
— Deux autres mots latins avaient le sens de « pierre » :
calculum, français calcul, v. chaux, et lapis, accusatif
lapidem, conservé dans lapis-lazuli [v. azur), et dans : style
454 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [PinCCr
lapidaire, « qui rappelle les inscriptions sur pierre » ; un
lapidaire, ouvrier en pierres précieuses; lapider, qui a pro-
duit lapidation, dilapider, détruire comme à coups de
pierres, et dilapidation, dilapidateur.
— Le mot grec qui signifie pierre est lithon, qu'on trouve
dans : lithographie, v. graphie'^; monolithe, v. moine; monu-
ments mégalithiques, faits en grandes pierres, v. magne ^.
Pierrot, diminutif du prénom Pierre, nom donné au
moineau et à un personnage de pantomime. V. ce mot à
l'article noms propres (Mots tirés de).
Piété, y. pie 2. Pieuvre, v. pied ^.
Piéter, piétiner, piéton. Pieux, v. pic 2.
piètre, v. pied i. Piffre, v. piper.
Pieu, V. pal.
Pigeon, d'où pigeonneau, pigeonnier, latin pipionem.
Pigment, v. peindre. Pignocher, v. épine.
Pignon se rattache au latin pinna, créneau de muraille,
d'où dérive pinacle.
Pilastre, et 1. Pile, u.pefrm. Piler, v. pétrin.
2 Pile, revers d'une mon- Pileux, v. poil.
naie, origine inconnue. Pilier, u. pétrin.
Piller, d'où pillard, pillage, se rattache au latin pilare,
dont le composé compUare a donné le mot savant compiler,
d'où compilation, compilateur.
Pilon, V. pétrin. Pilot, v. pétrin.
Pilori, origine inconnue.
Pilote, doù piloter, pilotage, italien piloto, d'origine
douteuse.
Pilotis, V. pétrin. Piment, pimenter, i». pein-
Pilou, V. poil. drc.
Pilule, V. pelote. Pimpant, v. piper.
Pimbêche, origine incon- Pimprenelle, origine incon-
nue, nue.
Pin, latin pinum, dérivés : pinéal, en forme de pomme
de pin; pineau, plant de vigne dont la grappe rappelle la
pomme de pin; pinasse ou ^inace {nng\. pinnace, v. péniche)^
bateau originairement en bois de pin.
Pinacle, v. pignon. Pince, u. pincer.
Pinceau se rattache à penicilliim, prnprt petite queue.
Pincer, d'où pince, pincette, pinçon, origine inconnue.
Pis] DU FRANÇAIS. 45a
Pinéal, pineau, v. pin. Pinte, origine inconnue.
Pingouin et Pingre sont Pioche, piocher, piocheur,
des mots d'orjfiine inconnue. piolet, v. pic 2.
Pinson, origine douteuse. Pion, pionnier, v. pied^.
Pintade, v. peindre.
Piper a été fait sur le latin pipare, et signifie d'abord *
pousser de petits cris, en parlant d'un oiseau, et imiter un
cri d'oiseau (cf. piauler et piailler au mot pic 1), d'où le
sens de « tromper, falsifier ». Au sens extensif de « produire
un son », on dit encore : ne pas piper mot. Substantif par-
ticipial pipée.
— Le substantif verbal de piper, pipe, et son diminutif
pipeau, ainsi que les mots d'origine germanique, mais de
même famille, fifre, piffre (italien piffero) signifient proprt
instrument pour piper, puis espèce de flûte. Comme l'instru-
ment est creux, on comprend que l'un de ces mots, pipe,
par l'intermédiaire du sens de « tuyau », ait pu arriver aux
significations actuelles de pipe de fumeur, et de mesure
pour les liquides, futaille. Comme, d'autre part, cet instru-
ment peut prendre la forme d'une cornemuse, on comprend
que, par comparaison avec le sac de la cornemuse (ou avec
les' joues gonflées du joueur), un autre de ces mots, piffre,
ait pu prendre le sens de k personne ventrue », d'où s'empif-
frer.
— Par connexion de sens, le mot pipeau désigne non
seulement l'instrument qui sert à attirer les oiseaux, mais
aussi la baguette enduite de glu, où ils viennent se prendre.
— L'adjectif participial pimpant est considéré comme
une autre forme de pipant, au sens de « attirant, sédui-
sant ».
Piquage, piquant, pique, piquette, piqueur, piqûre,
piqué, y. pic 2. v. pic 2.
Pique-nique, origine in- Pirate, piraterie, v. expé-
connue. rience.
Piquer, piquet, piqueté, Pire, y. par 2.
Pirogue, mot américain.
Pirouette, d'où pirouetter, 1. Pis, adverbe, v. par 2.
origine inconnue.
2. Pis, substantif, du latin peclus, génitif pec/on's, poi-
trine. Nous employons la forme italienne petto dans la
locution <c in petto », proprt « dans la poitrine », dans le
secret du cœur- l'italien parapelto, proprt pare-poitrine
456 DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE [PlaCC
(u. pair'^), nous a fourni le mot parapet. Dérivés : pectoral,
mot savant, et poitrine, — d'où poitrinaire, — poitrail,
d'où le néologisme dépoitraillé. Composés : expectorer,
expectoration, action de rejeter hors de la poitrine. Le
substantif pis, qui s'est restreint au sens de mamelle
d'animal, s'employait encore au xvii*' siècle dans le sens
primitif : se battre le pis, se frapper la poitrine.
Pisciculteur, piscine, u. Pisé, u. pétrin,
poisson.
Pisser, d'où pissat, pisseux, pissotière, origine inconnue ;
composé pissenlit, nom dune plante diurétique. Le mot
latin exprimant la même idée est mingere, supin mictum,
d'où miction, action d'uriner.
Pistache, doù pistachier, grec pistakion.
Piste, pistil, v. pétrin.
Pistolet, italien pistolese, signifie proprt arme de Pistoie,
poignard, et, par comparaison, petite arme à feu qu'on tient
d'une main comme un poignard. Sur pistolet, en considé-
rant la désinence -et comme le suffixe diminutif, on a fait
pistoie, pour désigner un gros pistolet de cavalerie. Gomme
le mot écu, nom d'une arme défensive, servait à désigner
une monnaie {v. écu), on a, par plaisanterie, donné une
fonction semblable aux mots pistolet et pistoie, particulière-
ment au dernier.
Piston, V. pétrin. Pitre, origine inconnue.
Pitance, piteux, pitié, v. Pittoresque, v. peindre,
pie 2. Pituite, v. pépie.
Piton, origine douteuse. Pivert, v. pic i.
Pitoyable, v. pie 2.
Pivoine, fleur « de Péon », médecin des dieux.
Pivot, doù pivoter, origine inconnue; pour l'emploi
figuré, comparez le mot cardinal.
Placage, placard, placarder, v. plaquer.
Place, latin /)/a/ea, m